16/<strong>Avion</strong> Notre ville
Gens d’iciLa seconde guerre mondiale a changé le <strong>des</strong>tin de nombreux avionnaisRobert Vansteenkiste, uneconscience et une mémoireSur proposition du <strong>Conseil</strong>Municipal, le nouveaubéguinage inauguré le 23février dernier a pris lenom de RobertVansteenkiste. Cetémoignage dereconnaissance peutparaître dérisoire auregard de ce qu’à vécu etenduré RobertVansteenkiste, ancienrésistant et déportéavionnais, pendant laseconde guerre mondiale.Victime <strong>des</strong> atrocitéscommises par le régimenazi, il s’engagera ensuitedans le combat pour unmonde meilleur. Cetengagement humaniste etcommuniste auprès de lajeunesse d’aujourd’huis’inscrit dans la volontéd’entretenir le devoir demémoire.L’accueil au pas de sa porte est chaleureux.On est loin de l’horreur du terriblecamp de concentration de Mauthausen,en Autriche. Robert Vansteenkiste faitpartie <strong>des</strong> rares rescapés de l’universconcentrationnaire nazi. Evoquer aveclui ces quatorze mois d’horreur n’estpas sujet tabou. Néanmoins, ses yeuxdeviennent humi<strong>des</strong> car les souvenirssont précis, vivaces et hantent, quelquefois encore malgré ses 89 printemps,son esprit quand ils refont surface. « AMauthausen, je me suis improvisé métallurgiste.C’est ce métier et ma malicequi m’ont sauvé la vie, précise RobertVansteenkiste. Assise en face de lui, àla fois discrète et présente, GabrielleVansteenkiste, la fille d’un de ses camara<strong>des</strong>d’incarcération qu’il a épouséaprès la guerre, le rassure : « <strong>Le</strong> Françaisest débrouillard. Tu le sais, c’est bienconnu ». La voix canalisatrice s’est exprimée.Car le moins que l’on puissedire c’est que la vie de son mari a toujoursété celle d’un homme engagé. Parceque Robert Vansteenkiste a été résistantaux côtés <strong>des</strong> ses camara<strong>des</strong> cheminots.<strong>Le</strong> prix à payer pour ce choix : la clan<strong>des</strong>tinité.Un goût pourl’engagementPour l’un <strong>des</strong> principaux dirigeants <strong>des</strong>jeunesses communistes de l’époque, leProgramme du <strong>Conseil</strong> National de laRésistance, adopté le 15 mars 1944,était une avancée politique importantepour la classe ouvrière. « Si toutes lesidées figurant dans ce programmeavaient été mises en pratique par lasuite, nous ne serions pas aujourd’huiconfrontés à certaines difficultés, estime-t-il.Rappelons tout de même quele programme du CNR est historiquementle socle du modèle social français, élaboréavant la Libération, dans une Franceen partie détruite et ruinée, où l’industrieétait tournée encore vers l’effort deguerre allemand ». Suite à une dénonciation,le responsable <strong>des</strong> Francs Tireurset Partisans pour le secteur d’Armentièresest arrêté à Lille, le 10 décembre1941, par la police française. RobertVansteenkiste n’aura donc pas l’occasionde prendre part à son élaboration. Maisplutôt commence alors pour lui un longcalvaire. Robert Vansteenkiste sera seulementlibéré en mai 1945, trois joursavant la capitulation hitlérienne.Un homme reconnupar la NationPour son dévouement à la patrie, il areçu la reconnaissance de la nation. <strong>Le</strong>sdistinctions ne manquent pas. Il est titulairede la médaille militaire, de lacroix de guerre, de la médaille de la Résistance.Elever au rang de Chevalierpuis d’Officier de la Légion d’Honneur,il a aussi accroché au revers de sa vesteles Palmes Académiques. Habituellement,elles permettent de mettre à l’honneurceux qui se sont distingués dansle domaine de l’éducation. « Ce n’estpas moi qui est important, assure RobertVansteenkiste. C’est le fait que mon nomserve à quelque chose. L’essentiel pourmoi est que mon identité rappelle unpassé qui a existé : celui de la résistanceet de la déportation. C’est quelque chosequ’on ne devrait plus revoir ». Justement,depuis son retour de l’enfer, Robert Vansteenkisteporte plus que jamais sontémoignage auprès <strong>des</strong> jeunes générations.Aux collégiens et lycéens de larégion, Robert Vansteenkiste décrit cequ’à était l’indicible horreur que portenten eux le fascisme mais aussi le nazismeet ce qu’a était la Résistance à l’occupant,ses souffrances, ses sacrifices, ou encoreses espoirs. Une évocation de RobertVansteenkiste que l’on peut retrouverdans son livre : « Des cheminots de <strong>Le</strong>ns-<strong>Avion</strong>-Méricourt dans la résistance ». «Il faut expliquer à la jeune générationles atrocités de la guerre, la barbarienazie, la vie dans les camps de concentrationet d’extermination, martèle-t-il.Nous ne sommes plus beaucoup de survivantsà pouvoir encore relater cettepériode noire du 20e siècle. Nous nousaccrochons donc à l’éducation nationalecar les professeurs sont nos relais ».Des témoignagespoignantsTémoigner pour ne pas oublier bien sur,mais aussi pour ne plus jamais permettreà la peste brune de refaire surface. Plusieurssupports ont servi à faire passerle message. Archives en main, RobertVansteenkiste, qui collectionne chez luide nombreuses traces de ce passé, illustreses témoignages par <strong>des</strong> documentset <strong>des</strong> photos de l’époque. Uneautre méthode consiste, avec le concoursdu <strong>Conseil</strong> Général du Pas-de-Calais, àemmener <strong>des</strong> centaines de collégienssur les lieux de mémoire. Ces sorties degroupe passent par la visite d’ancienscamps de concentration ou <strong>des</strong> sitescomme, Ouradour sur Glane, Izieu oule maquis du Vercors. « Il faut conserverle plus d’images, de récits et d’expositionspossibles sur la réalité de ces crimes», prévient-il. Parce que Robert Vansteenkistea offert cette connaissance,cette mémoire, ce savoir ô combien précieuxencore aujourd’hui, les <strong>Avion</strong>naissont nombreux à le connaître ou à le reconnaître.Une reconnaissance sincèrequi transpire une amitié et un respectindéfectible vis-à-vis d’un combat detoute une vie faite d’engagement, deconviction, de souffrance et d’espoir.<strong>Avion</strong> Notre ville/17