vanti ! - mda-vaud

Journal du MdA VaudGaleries de portraitsA la rencontre de nouvelles personnalités avec Anne-Marie GauthierPortrait d’une tricoteuseJ’ai une sœur. Une petite sœur d’à peine 72 ans. Ma cadette de 13 mois.Une sœur qui a réalisé ses ambitions de jeune fille. Une sœur qui fait magnifiquementla cuisine, une sœur généreuse, tendre et gaie, une sœurqui s’est mise à tricoter.Car ma sœur a froid aux pieds le soir en regardant la télé et n’avait encorerien trouvé d’assez chaud pour ses pieds mignons que de l’acrylique etdes laines qui grattent ! Aucune autre issue que celle de se mettre à tricoter.Elle fut donc dans un magasin spécialisé dans la haute qualité detout ce qu’il propose à ses clientes : du vrai bon cachemire et des aiguillesidoines et la voilà partie avec volupté dans le tricotage de la tige d’unechaussette, une maille à l’endroit, une maille à l’envers. Ivresse de la tigequi monte, qui monte…. Arrivée au célèbre « petit talon », elle se renditcompte qu’elle ne se souvenait plus des leçons de couture scolaires suiviesavec ennui.Elle retourna dans la boutique spécialisée qui lui dit qu’un jour par semaine,une jeune femme très sympathique venait donner des conseilsaux tricoteuses émérites mais néanmoins parfois embarrassées. Elle, avecson minuscule problème d’un stupide « petit talon » n’osait se présentermais le besoin de chaud aux pieds la talonnait – si j’ose dire – et toutehonte bue elle se présenta le jour dit. La jeune femme spécialisée étaitde très mauvaise humeur, ne le cachait pas et reçut très mal ma sœur quiquitta la boutique indignée et blessée. Que faire ?Elle commença une grande série de téléphones à toutes les grands-mèresde la famille y compris celles qui habitent le sud de la France sans trouverpersonne qui puisse la sortir de ce considérableproblème. L’unique solution fut deretourner dans le magasin. Elle blinda sonamour propre, poussa la porte et les vendeuseslui sautèrent presque au cou, lui disantqu’elles avaient été ulcérées par l’attitudede leur spécialiste, qu’elles espéraientbien que, malgré cet accueil réfrigérant,ma sœur repasse tout de même à la boutiquecar ô bonne nouvelle, elles avaient deleur côté trouvé la solution du problème…sur Internet !Je crois que la paire de chaussettes est terminée dans la fierté, le plaisir etle chaud aux pieds à portée…de pieds !18