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connaître pour mieux protéger

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micronecton abondante et la présence de calamars. Les<br />

eaux autour de Rapa sont connues <strong>pour</strong> être une zone de<br />

production primaire importante.<br />

Les connaissances des poissons benthiques de<br />

profondeur des Australes sont très limitées et ne<br />

concernent pratiquement que les fonds inférieurs à 700<br />

m. Au total, 45 espèces de poissons ont été identifiées, ce<br />

nombre <strong>pour</strong>rait être bien plus important avec la<br />

réalisation de campagnes d’inventaires <strong>pour</strong> approcher<br />

leur réelle diversité. On notera que les poissons profonds<br />

observés dans la zone sont en moyenne plus grands<br />

qu’ailleurs. Des centaines d’invertébrés ont également<br />

été identifiés. La majorité de ces espèces sont<br />

cosmopolites et ce n’est guère que sur les monts sousmarins<br />

que s’affichent des endémismes. Selon des<br />

prospections réalisées sur d’autres monts sous-marins<br />

que ceux des Australes, cet endémisme peut varier de<br />

15% à 36% selon les groupes zoologiques considérés,<br />

qu’il s’agisse d’invertébrés ou de poissons. Ce patrimoine<br />

de biodiversité des Australes est donc important, la<br />

destruction de ces habitats profonds amènerait la<br />

disparition de centaines d’espèces de notre planète.<br />

les oiseaux marins reproducteurs<br />

L’avifaune marine de l’archipel des Australes se<br />

distingue par l’originalité et la diversité de ses<br />

peuplements. L’archipel présente l’assemblage<br />

d’oiseaux marins le plus diversifié de Polynésie française,<br />

avec 24 espèces reproductrices sur les 28 que compte la<br />

Polynésie française. La moitié de ces oiseaux marins<br />

nicheurs sont des Procellaridae (pétrels et puffins) et des<br />

Oceanitidae tandis que l’abondance des phaétons et la<br />

faiblesse du groupe des fous le distingue des autres<br />

archipels. Plusieurs espèces se retrouvent également<br />

aux Gambier et dans les îles du groupe Pitcairn, et<br />

confère à l’archipel un profil bien particulier. Enfin<br />

chacune des 7 îles présente un profil spécifique <strong>pour</strong> les<br />

oiseaux marins, offrant des conditions d’habitat diverses<br />

et de nombreux lieux de nidification adaptés. Cette<br />

population d’oiseaux marins unique en Polynésie<br />

française est cependant menacée par la prédation des<br />

rats et des chats et la destruction de l'habitat des sites<br />

de nidification. L’ensemble des espèces reproductrices<br />

dans l’archipel est inscrite sur la liste rouge de l'UICN.<br />

les espèces emblématiques de la conservation<br />

Sur les 5 espèces de tortues recensées en Polynésie<br />

française, 3 sont présentes aux Australes : la tortue<br />

verte observée dans toutes les îles habitées , la tortue<br />

caouanne uniquement repérée à Tubuai et la tortue<br />

imbriquée à Raivavae et Tubuai. La distribution de ces<br />

espèces dans les îles de l’archipel sera élargie par de<br />

prochaines prospections mais il semblerait que les<br />

tortues luth et olivâtre soient absentes. Toutes ces<br />

espèces sont protégées en Polynésie : la tortue verte est<br />

considérée comme rare ou d’intérêt particulier alors<br />

que la caouanne et l’imbriquée sont considérées comme<br />

vulnérable ou en danger. Il est important de préserver<br />

les sites de ponte de la tortue verte dans toutes les îles<br />

où ils ont été observés, notamment à Rurutu, Tubuai et<br />

Raivavae. On connait les problèmes que posent la<br />

protection des tortues compte tenu des aspects<br />

culturels et traditionnels qui se rattachent à leur<br />

consommation. Les infractions à la législation sont<br />

assez nombreuses dans toutes les îles. On notera<br />

toutefois que cette consommation ne constitue pas dans<br />

les îles un apport alimentaire indispensable et que la<br />

sensibilisation des adultes et l’éducation des jeunes<br />

devraient amener à un respect de ces espèces<br />

migratrices emblématiques et à leur protection<br />

conformément à la législation adoptée et au plan d’action<br />

diligentée par le Ministère de l’Environnement en 2013.<br />

L’archipel des Australes compte 10 espèces de<br />

mammifères marins signalées sur les 21 en Polynésie<br />

française. La baleine à bosse caractéristique de<br />

l’archipel est la seule baleine à fanons fréquente dans<br />

toutes les îles, alors que les rorquals sont absents. En<br />

revanche toutes les baleines à dents de Polynésie<br />

française (cachalots et baleines à bec) se trouvent<br />

également aux Australes. Pour les dauphins, la diversité<br />

aux Australes est moindre que dans les eaux plus<br />

septentrionales de la ZEE. A l’exception des baleines à<br />

bosse et du grand cachalot, la densité des espèces est<br />

très faible dans les eaux des Australes comparativement<br />

aux autres archipels. Toutes les espèces de<br />

mammifères marins sont protégées en Polynésie<br />

française depuis 1995 et l’ensemble de la ZEE a été<br />

déclaré sanctuaire <strong>pour</strong> leur protection et leur<br />

sauvegarde en 2002. La réglementation en vigueur<br />

précise les conditions d’approche des mammifères<br />

marins <strong>pour</strong> les observer. Aux Australes, le whalewatching<br />

a débuté à Rurutu en 1996 et s’est récemment<br />

développé à Tubuai ; les possibilités existent à Raivavae<br />

et Rimatara mais ne sont pas encore mises en place. La<br />

population de baleines à bosse des Australes et des îles<br />

de la Société constitue un ensemble au plan génétique<br />

avec une population réduite qu’il convient de préserver.<br />

La création d’aires marines protégées <strong>pour</strong>rait être une<br />

contribution utile et efficace <strong>pour</strong> la sauvegarde de cette<br />

population de baleines à bosse alors que l’espèce est<br />

classée comme « vulnérable » depuis 1996 par l’UICN.<br />

Les requins et les raies, espèces côtières et pélagiques,<br />

sont représentés par 17 espèces parfaitement<br />

identifiées (14 requins et 4 raies) alors que la Polynésie<br />

française en compte 25. Peuvent se rajouter 6 espèces<br />

de requins et une espèce de raies dont la présence est<br />

fortement probable mais reste à confirmer. Les requins<br />

gris, corail ou à pointe noires sont les espèces côtières<br />

alors que les requins marteau, soyeux, chagrin, renard,<br />

peau bleu et crocodile sont de haute mer ou de<br />

profondeur. On notera la présence du requin des<br />

Galápagos qui n’a été observé à ce jour que dans les<br />

Australes et aux Gambier. On sait peu de choses sur les<br />

zones de nurseries aux Australes et sur les rapports des<br />

diverses populations insulaires entre elles. Toutes ces<br />

espèces sont protégées dans le cadre d’un vaste<br />

sanctuaire avec les pays voisins des îles Cook, Tokelau<br />

et les îles Samoa américaines.<br />

les minerais sous-marins<br />

Les minerais, encore incomplètement documentés<br />

dans l’espace de l’archipel des Australes, sont les<br />

nodules polymétalliques et les terres rares dans les<br />

plaines abyssales ainsi que les encroutements<br />

cobaltifères sur les flancs et les sommets des monts<br />

sous-marins. Hormis des concentrations de certains<br />

métaux intéressantes sur les fonds marins de Polynésie<br />

française, ces ressources n’ont rien d’originales. Les<br />

densités de nodules au mètre carré y sont peu élevées<br />

comparativement à d’autres fonds du Pacifique. Les<br />

minerais des fonds océaniques ne donnent lieu à<br />

aucune exploitation actuellement mais il est clair que<br />

celle-ci entrainerait des dégradations des fonds<br />

marins et de leurs peuplements. Ces conditions<br />

environnementales de protection ont déjà fait l’objet de<br />

colloques et de recommandations.<br />

les intérêts culturels du patrimoine marin des australes<br />

histoire culturelle dans la longue durée<br />

Si les habitants des Australes appartiennent<br />

linguistiquement à la famille austronésienne, cet<br />

archipel est parmi les derniers à avoir été peuplé par<br />

les Polynésiens, à une période toutefois antérieure à<br />

Aotearoa/Nouvelle-Zélande. De tous les archipels de la<br />

Polynésie française d’aujourd’hui, c’est sans doute le<br />

moins connu car peu de recherches en sciences<br />

humaines y ont été réalisées. La majorité des travaux<br />

menés aux Australes relève de l’archéologie. Travaillant<br />

à l’échelle de plusieurs centaines d’années, les seuls<br />

faits matériels relevés sont les marae et les objets<br />

(parures, pierres polies, ornements, etc.). Cela a<br />

conduit nombres d’archéologues à considérer deux<br />

périodes. La première s’étend depuis l’installation des<br />

premiers Polynésiens dans ces îles au début du<br />

millénaire jusqu’à une époque qui varie entre 1250 et<br />

1500 AJC. La seconde période débute vers 1250<br />

jusqu’au contact avec les Européens. Cette dichotomie<br />

se retrouve aussi à travers l’interprétation que les<br />

archéologues font de l’activité humaine. La première<br />

période est dominée par l’installation dans les îles puis<br />

des échanges réguliers avec les autres archipels à une<br />

double échelle inter-îles et régionale (comprenant le<br />

triangle îles de la Société-îles Cook-îles Australes). La<br />

seconde est marquée par un isolement relatif des<br />

populations des îles Australes par rapport aux autres<br />

archipels. Ces résultats en archéologie ne concordent<br />

pas avec les travaux en ethnologie qui soulignent la<br />

continuité des traditions, des mobilités culturelles et de<br />

l’appréhension de l’Océan (moana) par les insulaires.<br />

En particulier, l’examen des relations spécifiques des<br />

insulaires des Australes vis à vis de leur océan (moana)<br />

montre qu’au-delà de la barrière de récif, l’océan<br />

imprégnait l’ensemble des relations humaines relatives<br />

aux mythologies, aux dieux, aux systèmes de<br />

classification et d’ethno-taxonomie, les relations de<br />

pouvoir et statutaires, les alliances entre chefferies,<br />

les protections du monde invisible, la capture et la<br />

consommation des poissons et des animaux<br />

emblématiques. Parmi les espèces emblématiques qui<br />

ont une importance historique dans cet archipel, il<br />

convient de noter l’importance des baleines, de la<br />

tortue, des requins, des raies qui, de près ou de loin,<br />

sont intégrés dans les cosmogonies polynésiennes. Le<br />

rapport nature/culture est aux Australes, comme dans<br />

l’ensemble de l’Océanie, un rapport généalogique.<br />

D’autres travaux seront sans doute nécessaires tant<br />

en archéologie qu’en ethnologie <strong>pour</strong> préciser les<br />

différentes périodes et la richesse des continuités/<br />

interruptions culturelles aux Australes.<br />

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