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L’afrique

Annuaire2014-2015

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Le futur incertain du secteur agricole au Sud-Kivu 191<br />

ales dans la ligne développée par De Schutter. 28 Mais il s’agit d’une coexistence<br />

entre des grandes exploitations agricoles commerciales, à la limite les<br />

« mega-firms » de l’« agribusiness », et un secteur traditionnel évoluant vers<br />

des entités de production et de commercialisation plus grandes, mais dont la<br />

petite paysannerie garderait le contrôle, grâce à des nouvelles formes organisationnelles<br />

et à une structure de droits de propriété adéquate. Même s’il<br />

ne fait pas partie de la liste des localisations sélectionnées dans le cadre du<br />

Programme national, le territoire de Kalehe serait à même de constituer un<br />

terrain attrayant pour le développement de l’agro-industrie souhaité par les<br />

autorités congolaises. La production d’huile de palme pourrait en effet attirer<br />

de grands investisseurs locaux comme étrangers. Mais qu’en est-il du secteur<br />

traditionnel ?<br />

Cette stratégie de coexistence doit reposer sur un processus complexe<br />

d’innovations en termes de changements de comportements, de techniques,<br />

de structures organisationnelles et institutionnelles. Nos neuf villages, le<br />

territoire de Kalehe, sont-ils à même de s’engager dans un tel processus de<br />

transformation ? En dépit de toutes les difficultés soulignées dans les pages<br />

précédentes, des possibilités existent.<br />

Une première « innovation » consisterait à développer de nouvelles productions.<br />

Si l’on raisonne en termes globaux pour l’ensemble du territoire et<br />

de sa population, la diversification des produits est centrale pour dégager de<br />

meilleures rentabilités pour les exploitations paysannes. Elle ouvrirait de nouveaux<br />

débouchés et diminuerait les risques. L’exemple le plus évident pour<br />

la région serait la culture du riz de montagne et de marais, qu’on rencontre<br />

beaucoup sur le territoire. La demande de riz, forte dans la province, est excédentaire<br />

par rapport à l’offre domestique, avec pour conséquence d’importantes<br />

importations. Une augmentation de la production se heurte toutefois à<br />

plusieurs difficultés. La taille des parcelles, très exiguës comme nous l’avons<br />

vu, rend difficile la mise en culture de nouveaux produits au niveau d’une<br />

exploitation individuelle. Une telle diversification doit donc se faire à une<br />

échelle collective au niveau du village ou du groupement, par consolidation<br />

des terres et mise en œuvre de nouvelles terres.<br />

D’autres innovations peuvent porter sur la nature technique des processus<br />

de production comme des processus organisationnels. L’amélioration technique<br />

de la production d’huile de palme est certes difficile faute de sources<br />

d’énergie autres que le travail. La carence de la société nationale d’exploitation<br />

de l’électricité (SNEL) est flagrante. Le développement des mini-centrales<br />

hydroélectriques pourrait y pallier comme c’est déjà le cas dans le territoire<br />

de Kabare. La culture du manioc bénéficierait sans nul doute de boutures<br />

améliorées. La culture de haricot, tomate et choux pourrait faire usage de semences<br />

améliorées. Mais, les vraies innovations de processus « techniques »<br />

28<br />

Ceci correspond au « troisième scénario » de DE SCHUTTER, O., op. cit., pp. 260-261.

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