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L’afrique

Annuaire2014-2015

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14 L’Afrique des Grands Lacs: Annuaire 2014-2015<br />

partie de l’armée, conduite par le général Niyombare, tente un putsch. Accueilli<br />

par des liesses populaires dans la capitale, il est cependant déjoué au<br />

lendemain de sa tentative grâce à la détermination des unités en charge de la<br />

protection des institutions à défendre la radio nationale, point stratégique où<br />

se déroule l’essentiel des combats. Si ce coup de force était un scénario envisageable<br />

au vu de la gravité de la crise et de l’ampleur des réactions au projet<br />

du président, il a en revanche beaucoup surpris par sa désorganisation. Ce<br />

faisant, des informations crédibles parlent de trahisons et de retournements de<br />

dernière minute de hauts responsables militaires pour justifier la faillite de ce<br />

projet. Les principaux responsables du putsch sont arrêtes le 15 mai et traduits<br />

devant la justice le lendemain. Ils sont depuis lors pour la plupart détenus<br />

dans diverses prisons tandis que d’autres ont pu prendre la large à l’instar du<br />

général Niyombare.<br />

L’échec de la tentative du putsch a, un court laps de temps, démobilisé<br />

la contestation de rue, qui va cependant reprendre dans les jours qui suivent.<br />

Face à la persistance des manifestations dans certains quartiers et dans certaines<br />

localités en province, les forces de l’ordre vont intensifier la répression et<br />

faire désormais usage systématique d’armes de guerre contre les manifestants.<br />

La nuit, la police tente d’ailleurs de prendre le contrôle des principaux axes<br />

routiers des quartiers contestataires en tirant régulièrement à balles réelles<br />

sur tout ce qui bouge. Elle est parfois appuyée dans certains quartiers par des<br />

Imbonerakure armés.<br />

L’usage disproportionné de la force par la police, le lourd tribut payé par<br />

les manifestants, leur épuisement sont quelques-uns des facteurs qui contribuent<br />

à l’essoufflement du mouvement de contestation après 45 jours de manifestations<br />

quasi quotidiennes. Mi-juin 2015, Bujumbura est sortie de son<br />

agitation et a repris un semblant de vie normale.<br />

3.3. Vers un état de non-droit ?<br />

Au Burundi, l’un des thermomètres pour jauger la situation de l’état de<br />

droit consiste dans l’évaluation des prestations des corps de défense et de sécurité,<br />

et en particulier le SNR. Ce dernier, totalement incontrôlé et au-dessus<br />

de la loi au cours du premier mandat de Nkurunziza, a connu quelques améliorations<br />

au plan comportemental à la faveur des formations, des pressions et<br />

de l’instauration d’un cadre de concertation avec différents partenaires, dont<br />

la société civile.<br />

S’il est vrai que les périodes de crise favorisent la transgression de certaines<br />

lois et procédures, la crise en cours a notamment conforté dans leur puissance<br />

un quartet de généraux déjà très influents et, partant, entraîné de graves<br />

régressions et dysfonctionnements dans le comportement et la conduite des<br />

services de sécurité. Cet état de fait se traduit entre autres par des exécutions<br />

extrajudiciaires, des arrestations massives suivies de détentions en dehors

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