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Haiti Liberte 7 Mai 2014

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Suite de la page (7)<br />

communauté internationale sur la République<br />

d’Haïti et ses richesses naturelles<br />

: or, pétrole, plutonium, uranium, iridium…<br />

Et cela se fera avec les anciens et<br />

nouveaux « duvaliéristes »… Ou avec<br />

un autre mouvement politique d’extrême<br />

droite. D’ailleurs, les groupes radicaux de<br />

droite prennent naissance tous les jours<br />

et se multiplient sur le terrain.<br />

Les États-Unis, le Canada, la<br />

France ont fermé les yeux durant 29 ans<br />

sur les crimes perpétrés par la satrapie<br />

duvaliérienne. Ils l’ont même protégée<br />

en mettant leurs réseaux d’intelligence<br />

et d’espionnage au service des despotes.<br />

Ils connaissaient l’existence de Fort-Dimanche,<br />

des Casernes Dessalines… mais<br />

se contentaient d’applaudir, de dénoncer<br />

et de prévenir ce qu’ils appelaient euxmêmes<br />

le danger d’un autre Cuba dans<br />

la région. Ils se bouchaient consciemment,<br />

volontairement les oreilles pour ne<br />

pas entendre les cris de souffrances des<br />

condamnés qui provenaient des couloirs<br />

de la torture et de la mort.<br />

…Et pourtant, la chanson triste,<br />

affreuse, terrifiante, traumatisante…<br />

des « loups-garous de minuit »<br />

retentissait sans arrêt sur les stations<br />

de radio de la capitale et des villes de<br />

province : « Mache pran yo Divalye,<br />

mache pran yo... (Saisissez-les Duvalier,<br />

saisissez-les… ou Foutez-les en prison<br />

et débarrassez-vous en…) Les mélodies<br />

sinistres étendaient le voile de la frayeur<br />

et de la désolation sur la République. Ces<br />

refrains diffusés sur plusieurs chaînes de<br />

radio du pays étaient porteurs de messages<br />

cadavériques… D’inscriptions funéraires…<br />

Annonciateurs d’ « une saison<br />

en enfer »… Ils répandaient d’une<br />

ville à l’autre une senteur insupportable<br />

de cimetière… Une odeur indisposante<br />

de cadavres tuméfiés… Les familles<br />

éprouvées n’avaient même plus la liberté<br />

de pleurer en public… Elles portaient leur<br />

deuil en silence dans les cages caverneuses<br />

de la hantise… La machine de la<br />

dictature écrasait les individus comme le<br />

moulin du meunier qui broie les grains<br />

de maïs ou les graines de café pour en<br />

faire de la farine ou de la poudre…Malgré<br />

tout, les habitants avaient continué<br />

à se taire comme des moutons… Se taire<br />

pour survivre… Survivre même au prix<br />

du déshonneur… Survivre dans la peur,<br />

la honte et l’humiliation !<br />

« Kay la pa pou mwen<br />

Kay la pa pou mwen<br />

Se kay lenba<br />

Dife lakay la<br />

Jete dlo<br />

Le dictateur François Duvalier au centre avec son arme assassine. Flanqué<br />

de ses sbires, il inocula à son fils Jean-Claude Duvalier (premier à gauche)<br />

le venin de la dictature et de l’assassinat politique<br />

Dife lakay la... »<br />

« La maison n’est pas à moi<br />

La maison n’est pas à moi<br />

Elle appartient aux esprits<br />

La maison est en feu<br />

Apportez des seaux d’eau<br />

La maison est en feu… »<br />

Et encore…<br />

« En avant Duvalier<br />

En avant Duvalier<br />

Poursuivez-les<br />

Foutez-les en prison<br />

En avant Duvalier<br />

Lorsqu’ils voient Duvalier<br />

Ils se mettent à trembler<br />

C’est le peuple qui le demande… »<br />

Et quel peuple ? Des masses paysannes<br />

sans âme, maintenues arbitrairement<br />

sous le joug de l’analphabétisme,<br />

déracinées chaque 22 septembre de leurs<br />

milieux naturels, empilées dans les camions<br />

de transports publics réquisitionnés,<br />

puis entraînées de force jusqu’à la<br />

capitale, pour être déversées comme des<br />

sacs de détritus devant les pelouses du<br />

palais national, aux pieds d’un empereur<br />

lui-même sous l’emprise de la démence<br />

incontrôlable…<br />

Le romancier Jacques Stephen<br />

Alexis, qui aurait eu 92 ans le 22 avril<br />

<strong>2014</strong>, a été trahi et dénoncé… Certains<br />

camarades l’avaient pourtant prévenu du<br />

danger qui l’attendait à Port-au-Prince.<br />

Confiant, fougueux, brave et intrépide<br />

comme le Cacique Caonabo, il décida de<br />

revenir dans son pays. Revenir continuer<br />

la lutte pour défendre « sa vérité »<br />

– comme le disait Guevara – et, peut-être,<br />

réaliser son rêve de vivre sur une terre totalement<br />

libérée de l’INJUSTICE SOCIALE<br />

et de l’ABSURDITÉ HUMAINE.<br />

Non, nous ne pouvons plus<br />

revenir aux temps où les poètes<br />

s’exprimaient en métaphores exagérément<br />

hermétiques pour témoigner<br />

sur les douleurs muettes d’un pays<br />

ravagé et apeuré.<br />

R.L<br />

1.- Personnage principal du roman<br />

de Jacques Stephen Alexis, Compère<br />

Général Soleil.<br />

Suite de la page (12)La terrorisme...<br />

Cuba est accusé d’héberger des terroristes<br />

en fuite des États-Unis, de leur accorder<br />

des logements, de la nourriture et des<br />

soins médicaux. Il s’agit des survivants<br />

du groupe des Panthères noires !<br />

L’Iran est accusé de soutenir la Résistance<br />

au Levant (ce qu’il revendique)<br />

(Hezbollah, Jihad islamique, FPLP) et au<br />

Yémen, et surtout d’héberger des bases<br />

d’Al-Qaïda (?) sous le commandement<br />

de Muhsin al-Fadhli. Le rapport assure<br />

que le gouvernement iranien autorise le<br />

transfert de fonds et de jihadistes par son<br />

territoire vers la Syrie (?). Selon lui, l’Iran<br />

est donc l’allié d’Al-Qaïda en Syrie et lutte<br />

aux côtés de l’État et des terroristes contre<br />

« l’opposition pacifique ». Pas un mot<br />

sur l’assassinat de scientifiques iraniens,<br />

ni sur les attentats des Moujahidines du<br />

Peuple.<br />

Le gouvernement soudanais serait<br />

un partenaire des États-Unis dans la lutte<br />

contre le terrorisme, mais il persiste à<br />

soutenir le Hamas, raison pour laquelle le<br />

pays est toujours sous « sanctions ». Le<br />

rapport semble ignorer que le Hamas est<br />

dirigé depuis le fidèle et exemplaire Qatar.<br />

La Syrie est accusée de soutenir<br />

la Résistance au Levant (ce qu’elle<br />

revendique). Le rapport souligne que,<br />

malgré son adhésion au MENA-FATF,<br />

le pays est incapable de contrôler le financement<br />

du terrorisme parce que 80<br />

% de ses ressortissants effectuent leurs<br />

transactions en liquide, échappant à la<br />

surveillance des banques. Enfin, la Syrie<br />

a pris l’engagement de détruire ses armes<br />

chimiques dont on sait qu’elles auraient<br />

pu être utilisées par des groupes terroristes.<br />

Et c’est tout.<br />

En 2013, il n’y a pas eu de terrorisme<br />

en Syrie, selon le département<br />

d’État, bien qu’il s’agisse de la principale<br />

destination d’Al-Qaïda et que cet afflux<br />

de milliers de jihadistes pose un problème<br />

aux États-Unis et à leurs alliés. Au contraire,<br />

« le régime a essayé tout au long<br />

de l’année de présenter le pays comme<br />

victime du terrorisme, caractérisant tous<br />

ses opposants armés de terroristes ». Les<br />

têtes coupées qui ornent les entrées et<br />

les places centrales des « zones libérées<br />

» et soutenues par l’Otan n’intéressent<br />

pas Washington. Au contraire, celui-ci se<br />

félicite qu’Al-Nosra et l’ÉIIL se soient désolidarisés<br />

de la Coalition nationale qu’il<br />

sponsorise officiellement.<br />

On comprend que sur cette logique<br />

négationniste, l’administration Obama<br />

ne pouvait pas accepter les demandes de<br />

la délégation syrienne aux pourparlers de<br />

Genève.<br />

On notera que la Syrie est l’État<br />

le plus cité du rapport. En effet, il observe<br />

que le jihad en Syrie est devenu un<br />

problème pour 26 pays qui fournissent<br />

des combattants et craignent de les voir<br />

rentrer pour commettre des actions chez<br />

eux. Si les notices des principaux États<br />

européens et arabes comportent cette rubrique,<br />

seul le Kirghizistan est mentionné<br />

dans le reste du monde, alors que ce problème<br />

est largement discuté ailleurs, en<br />

Indonésie notamment. Pourtant, on apprend<br />

dans d’autres passages du rapport<br />

que le problème se pose aussi dans toute<br />

l’ancienne Union soviétique.<br />

Les contradictions du département<br />

d’État<br />

En définitive, ce rapport comprend tellement<br />

de contradictions que force est<br />

de constater qu’il n’est plus possible à<br />

Washington de masquer son jeu. Pourquoi<br />

ignorer le rôle d’Abdelhakim Belhaj<br />

en Libye ? sinon pour masquer son rôle<br />

dans la conquête du pays par l’Otan, puis<br />

dans l’attaque de la Syrie. Pourquoi ignorer<br />

le financement d’Al-Qaïda par des<br />

fonds publics publics turcs détournés par<br />

le Premier ministre ? sinon parce que ce<br />

pays est membre de l’Otan. Pourquoi accuser<br />

le Hamas d’être une organisation<br />

terroriste contre Israël et ignorer qu’il est<br />

domicilié au gentil Qatar ? sinon parce<br />

que la politique de Washington vis-àvis<br />

des Frères musulmans est incertaine.<br />

Pourquoi ignorer les collectes du ministre<br />

koweïtien de la Justice ? sinon parce<br />

qu’elles financent précisément Al-Qaïda<br />

en Syrie. Pourquoi ignorer le rôle du<br />

prince Bandar ben Sultan, dit « Bandar<br />

Bush » ? sinon parce qu’il agissait pour le<br />

compte de la CIA.<br />

Si certains doutent encore que la<br />

« guerre contre le terrorisme » est une<br />

escroquerie, que le terrorisme en général<br />

et Al-Qaïda en particulier sont des instruments<br />

de la politique états-unienne, ce<br />

rapport est une preuve de plus.<br />

Notes<br />

[1] "Terrorism is an anxiety-inspiring<br />

method of repeated violent action,<br />

employed by (semi-) clandestine<br />

individual, group or state actors, for idiosyncratic,<br />

criminal or political reasons,<br />

whereby - in contrast to assassination<br />

- the direct targets of violence are not<br />

the main targets. The immediate human<br />

victims of violence are generally chosen<br />

randomly (targets of opportunity) or<br />

selectively (representative or symbolic<br />

targets) from a target population, and<br />

serve as message generators. Threatand<br />

violence-based communication processes<br />

between terrorist (organization),<br />

(imperilled) victims, and main targets<br />

are used to manipulate the main target<br />

(audience(s)), turning it into a target of<br />

terror, a target of demands, or a target of<br />

attention, depending on whether intimidation,<br />

coercion, or propaganda is primarily<br />

sought" in Political Terrorism : A<br />

New Guide To Actors, Authors, Concepts,<br />

Data Bases, Theories, And Literature, par<br />

Alex P. Schmid et Alebert J. Jongman,<br />

Transaction Publishers, 1988, pp. 1-2.<br />

[2] “Premeditated, politically<br />

motivated violence perpetrated against<br />

non-combatant targets by subnational<br />

groups or clandestine agents”. Cf. Section<br />

2656f(d) of Title 22 of the United States<br />

Code.<br />

[3] « Erdogan recevait secrètement<br />

le banquier d’Al-Qaida », et « Al-Qaida,<br />

éternel supplétif de l’Otan », par Thierry<br />

Meyssan, Réseau Voltaire, 2 et 6 janvier<br />

<strong>2014</strong>.<br />

[4] « Le ministre de la Justice du<br />

Koweït, financier d’Al-Qaïda », Réseau<br />

Voltaire, 26 avril <strong>2014</strong>.<br />

Réseau Voltaire 2 mai <strong>2014</strong><br />

Suite de la page (12)<br />

des dépenses publiques. Là se trouve<br />

l’explication- clairement idéologique- de<br />

tant de campagnes de calomnies contre<br />

la solidarité cubaine dans le monde.<br />

Cuba Informacion, 24 avril <strong>2014</strong><br />

Traduit de l’espagnol par Marc<br />

Harpon Changement<br />

de Société 1er mai <strong>2014</strong><br />

Campagnes contre Cuba, fomentée dans les médias privés vénézuéliensqui<br />

constituent 80% des médias du pays et sont entièrement tenus par<br />

l’opposition bourgeoise<br />

[Au cœur des quartiers, ndt], les premeirs<br />

coopérants cubains étaient arrivés<br />

en 1999, comme personnel humanitaire,<br />

après les inondations extrêmement<br />

graves subies par l’État de Vargas.<br />

<strong>Mai</strong>s les agressions violentes<br />

contre le personnel cubain au Venezuela<br />

ne datent pas d’aujourd’hui. Elles<br />

se produisent, depuis plus de dix ans,<br />

à chaque offensive déstabilisatrice de<br />

l’opposition. En avril 2013, après la<br />

victoire électorale du président Nicolas<br />

Maduro, 25 cabinets de consultation<br />

tenus par les coopérants cubains ont<br />

été attaqués. Curieusement, en octobre<br />

de cette année, le journal espagnol El<br />

Pais, publiait un reportage sur les attaques<br />

de coopérants dans le monde.<br />

Il parlait de 274 victimes d’agressions<br />

en tous genres. <strong>Mai</strong>s il ne faisait pas la<br />

moindre référence aux agressions contre<br />

le personnel cubain. Pas plus qu’au<br />

Venezuela. Les coopérants mentionnés<br />

étaient issus, exclusivement, des pays<br />

du Premier Monde, en cohérence avec<br />

la mentalité néocoloniale habituelle des<br />

médias occidentaux. Sur son site web,<br />

dans la section consacrée aux dépêches,<br />

n’apparaît pas non plus la moindre référence<br />

aux agressions de cubains.<br />

Cette même mentalité est celle<br />

qui conduit les médias à ignorer les gigantesques<br />

programmes de coopération<br />

Sud-Sud que Cuba mène dans le monde.<br />

Dans le seul domaine de la santé, 50<br />

000 professionnels venus de l’île développent<br />

des programmes d’assistance<br />

aux populations défavorisées dans 66<br />

pays. Eh bien, les mêmes médias qui<br />

n’ont jamais informé au sujet de cette<br />

Au Venezuela, il y a plus de 30 000 coopérants médicaux cubains qui<br />

soignent près de onze millions de personnes, principalement dans les<br />

quartiers populaires<br />

coopération extraordinaire cubaine,<br />

disposent de services couvrant la « coopération<br />

», services qui se consacrent,<br />

fondamentalement, à exalter le travail<br />

-souvent anecdotique- de certaines ONG<br />

européennes. Un exemple. En avril de<br />

cette année, le journal espagnol El Mundo<br />

publiait une page complète sur les<br />

actions d’appui à un orphelinat d’Haïti<br />

accueillant 40 mineurs. <strong>Mai</strong>s sur les 14<br />

années qu’a duré la coopération cubaine<br />

dans ce pays, coopération qui a mené à<br />

bien l’alphabétisation de 320 000 personnes<br />

et en a opéré 367 000, pour ne<br />

citer que deux chiffres, pas même un<br />

mot dans le journal en question.<br />

Un autre journal espagnol de référence,<br />

El Pais, a publié ces dernières<br />

semaines des reportages et des articles<br />

qui essaient de dénigrer le travail de<br />

solidarité médicale de Cuba au Venezuela.<br />

En revanche, aux mêmes dates, il<br />

publiait jusqu’à trois papiers, essentiellement<br />

de propagande, sur le soutien de<br />

la Reine Sofia aux projets de coopération<br />

espagnole au Guatemala- projets<br />

d’impact insignifiant, si on les compare<br />

aux programmes cubains au Venezuela.<br />

C’est que la coopération de Cuba<br />

au Venezuela- et dans d’autres paysfait<br />

vaciller les schémas construits par<br />

l’imaginaire médiatique occidental.<br />

Cuba n’accomplit pas que de simples<br />

actions d’aide. Elle contribue à la construction<br />

à long terme de systèmes<br />

publics de santé dans d’autres pays du<br />

Sud. Des systèmes de santé qui, en règle<br />

générale, avaient été abandonnés ou<br />

délaissés durant des décennies de néolibéralisme<br />

et de politiques de réduction<br />

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14<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 7 • No. 43 • Du 7 au 13 <strong>Mai</strong> <strong>2014</strong>

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