Echec & Mat

Q U E S T I O N S D ’ A R B I T R A G E
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■ Gil Vignon : Dans un rapide, un joueur joue un coup,
lâche sa pièce (sans avoir appuyé sur la pendule), puis
joue un autre coup, réclamation de l'adversaire, le joueur
incriminé lui répond que le coup n'est effectué en totalité
qu'après avoir enclenché la pendule et comme cela n'a
pas été le cas, il a parfaitement le droit de jouer un autre
coup, quel doit être la position de l'arbitre dans ce cas de
figure ?
■ Stéphane Escafre : La position de l’arbitre ? Debout,
toujours debout, même dans l’adversité ! Sinon, du
moment que la pièce est lâchée, le coup est joué, il ne
peut pas être modifié. La confusion doit venir du fait que
le joueur a le droit de reprendre un coup illégal, tant qu’il
n’a pas appuyé sur la pendule.
■ Carlo Leorini : Au cours d'une partie amicale (mais
tout de même avec pendule en 2 x 30 minutes), j'ai joué
à deux reprises un coup illégal sans aucune volonté délibérée
de tricher.
Ce sont malheureusement des choses qui peuvent arriver
quand on est un peu fatigué… (ça ne m'est arrivé que
cette fois-là, je vous rassure).
Aussitôt, moi-même, mon adversaire et la dizaine de
spectateurs présents, nous nous en apercevons. Et je
reprends simplement mon coup, sans aucune forme de
sanction.
Je ne finis par gagner la partie.
Que fallait-il faire ? Quelle aurait dû être la sanction ?
Mon adversaire a pu être déconcentré, lésé. Quelle compensation
aurait-il fallu lui accorder ?
Du temps supplémentaire ? Le gain de la partie ?
Merci infiniment de votre réponse.
■ S.E. : S’il enclenche la pendule, après un coup illégal, il
y aura une sanction de 2 minutes en rapide. Vous l’avez
échappé belle, au troisième coup illégal, on perd la partie,
en rapide, comme en partie longue. La sanction ne
sera donnée qu’à la demande de l’adversaire en rapide et
en blitz.
■ Claude Koenig : La règle dit que « en blitz, un coup
illégal est achevé lorsque la pendule de l’adversaire a été
mise en marche. L’adversaire est alors autorisé à demander
le gain, etc. » Supposons un joueur qui se rend
compte d’avoir joué un coup illégal, mais n’ayant pas
encore appuyé sur la pendule. Le coup illégal n’est pas
achevé. Peut-il reprendre son coup (en respectant pièce
touchée, pièce jouée) ? Et si cette pièce ne peut bouger,
peut-il jouer une autre pièce ? (Comme en partie lente au
fond ?) Ou alors est-on dans une situation de blocage ? Le
joueur ne valide pas son coup : il n’appuie pas sur la pendule
et finit par perdre au temps…
■ S.E. : Voici un cas où les règles et le bon sens sont d’accord,
ce qui n’est pas si fréquent ! Oui, on ne vous obligera
pas à jouer un coup illégal. Oui, vous pouvez reprendre
le coup illégal, et oui, vous appliquez la règle de la
pièce touchée. Mais attention, si le coup illégal est
« validé » par l’enclenchement de la pendule, c’est perdu.
■ François Bruneau : Lors d'une partie récente, le téléphone
d'un joueur a vibré. Son adversaire s'en est aperçu
et a réclamé le gain auprès de l'arbitre ; celui-ci a accédé
à sa demande, bien qu'il n'y ait eu aucune gêne pour les
joueurs présents.
Pourtant, dans le BAF109, vous donniez comme instruction
: « Vibreur : Avertissement oral. Pas plus, sauf si la
gêne est avérée (dérangement sonore des voisins). »
Cette consigne n'est-elle plus valable ? Ou bien l'arbitre
s'est-il montré trop sévère envers le possesseur du
vibreur ? Merci de votre éclaircissement.
■ S.E. : Les recommandations données dans le bulletin
des arbitres fédéraux sont des… recommandations, il ne
s’agit pas d’un canevas à appliquer sans réfléchir. Même
si les pratiques doivent être harmonieuses, il faut garder
son « libre arbitre », et avoir la possibilité d’agir en fonction
de facteurs particuliers, surtout s’agissant de sanctions
! Attention, à partir du mois de juillet, la Fide renforce
les règles sur les téléphones… vous aurez intérêt à
les éteindre ! Nous y reviendrons.
■ Régis Blanc Lavérune : Lors d'un match en N4, certaines
pendules étaient, croyait-on, défectueuses, et j'ai
donc été amené à les changer.
Pendant le changement de pendule qui a duré une
minute, le joueur de mon club a continué sa réflexion. À
la fin du match, l'adversaire lui a fait remarquer que, pendant
que l'arbitre officiait, il était de bon ton d'arrêter sa
réflexion. La remarque m'a laissé (presque) sans voix.
Existe-t-il une règle légiférant l'attitude des joueurs pendant
qu'intervient l'arbitre?
Je précise que tout ceci s'est fait dans la bonne humeur et
sans récrimination. Toutefois, la question étant inattendue,
je vous la pose !
■ S.E. : Il n’existe pas de texte précis sur ce point. Chaque
joueur agira selon son sens du fair-play et de la sportivité.
L’arbitre peut ajouter du temps de réflexion à l’adversaire.
■ Francis Bureau : D'après l'article 9-2, on ne peut
demander la nullité pour la répétition de coups (3 fois la
même position) uniquement pour celui qui a le trait au
moment où elle va se produire et pour son adversaire dès
qu'elle vient de se produire. C’est-à-dire impossible de
réclamer ensuite (sauf si une autre répétition se produit).
Est-ce exact ?
■ S.E. : C’est exact ! Si entre-temps, la position n’est plus
la même, il est trop tard pour réclamer. Imaginons une
position qui se répète au 18 e coup, au 23 e , puis au 26 e … si
vous attendez le 30 e coup pour réclamer, et qu’entre-temps
la position a évolué… ce n’est pas nulle. Et il faut continuer
à jouer, ce qui est tout de même bien agréable. ■
mai - juin 2009