ON AIR MAGAZINE #23
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Découverte<br />
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4<br />
reptile se nourrit de feuilles, fleurs et fruits<br />
du mancenillier, poirier-pays, bois-couleuvre,<br />
gommier rouge, palétuvier gris,<br />
amourette, bois noir et mapou, jouant<br />
par la même occasion un rôle de dissé -<br />
minateur de graines.<br />
En période de reproduction, les mâles<br />
dominants s’affirment au gré de maintes<br />
techniques d’intimidation (hochements de<br />
tête et gonflements du corps tout entier)<br />
et combattent, quitte à se retrou ver gra -<br />
vement blessés (l’espèce est polygame ;<br />
on estime le ratio à un mâle pour sept<br />
femelles). C’est principalement courant<br />
juillet/août que les femelles préalablement<br />
fécondées recherchent le lieu idéal<br />
pour pondre (elles retournent quelquefois<br />
- dit-on - là où elles-mêmes ont vu<br />
le jour) : dans une zone bien drainée,<br />
sableuse et ensoleillée, elles creusent<br />
- de préférence quand la chaleur est<br />
supportable, donc au petit matin ou à<br />
la tombée de la nuit - un terrier (un tunnel<br />
d’un mètre de long) et y déposent<br />
de quinze à trente œufs (elles perdent<br />
alors jusqu’à 30% de leur poids) qui vont<br />
éclore trois mois plus tard, en pleine<br />
saison humide, lorsque la végétation est<br />
abondante, assurant ainsi un bon apport<br />
de nourriture (les jeunes, qui mesurent<br />
entre 67 et 83 mm et affichent une cou -<br />
leur vert pomme avec des marques<br />
blanches sur la mâchoire inférieure, les<br />
épaules et les flancs, évoluent d’abord<br />
au sol, dans les broussailles).<br />
Plusieurs spécificités morphologiques<br />
permettent de déterminer leur sexe :<br />
les couleurs (les femelles sont vertes<br />
à vertes/brunes ; les mâles plutôt gris<br />
à gris/noirs), les pores fémoraux à l’inté -<br />
rieur des cuisses (plus visibles chez<br />
les mâles), la crête dorsale et les épines<br />
gulaires plus hautes et bien sûr les hémi -<br />
pénis (dans les fourreaux, à la base de<br />
la queue). En période de reproduction,<br />
le couple - parfois - se teinte un peu de<br />
rose. Avec l’âge, leur tête tend vers des<br />
nuances de gris/blanc.<br />
Si - parmi leurs mornes, ravines et man -<br />
gro ves - Dominique, Ilet Chancel (Site des<br />
Ruines) et Désirade (Pointe des Colibris)<br />
comptabilisent de nombreux iguanes<br />
endémiques, Petite-Terre - réserve à<br />
l’incroyable biodiversité - héberge à elle<br />
seule entre 7000 et 10.000 individus,<br />
soit probablement près de 50% de la<br />
population mondiale. Cet écrin demeure<br />
donc la chance essentielle de faire perdurer<br />
l’espèce, particulièrement parce<br />
qu’aucun iguane vert n’y réside, ce qui<br />
empêche l’hybridation. Sur place, notre<br />
L’anecdote :<br />
Iguana iguana (iguane vert ou commun)<br />
& Iguana delicatissima sont<br />
deux espèces distinctes que l’on<br />
peut apercevoir en Caraïbe et qui<br />
ont désormais fortement tendance<br />
à s’hybrider, d’où la mise en place<br />
assez récente de démarches drasti -<br />
ques pour préserver l’iguane endémique<br />
des Petites Antilles.<br />
Si vous observez sous le tympan de<br />
l’animal une grosse écaille (ce bouclier<br />
subtympanique mesure au moins<br />
2.5 cm de diamètre) qui se prolonge<br />
en diverses autres plus petites, et<br />
que sa queue est barrée de cercles<br />
noirs, vous êtes en présence d’un<br />
iguane vert, aujourd’hui soumis à des<br />
chasses et captures pour limiter une<br />
prolifération qui pourrait engendrer la<br />
disparition totale de l’espèce locale<br />
initiale.<br />
18 Le Bon Air. Novembre / Décembre 2014