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la porte des étoiles<br />
le journal des astronomes amateurs du nord de la France<br />
Numéro 36 - printemps 2017<br />
36
À la une<br />
La nébuleuse de la Rosette en SHO<br />
GROUPEMENT D’ASTRONOMES<br />
AMATEURS COURRIEROIS<br />
Adresse postale<br />
GAAC - Simon Lericque<br />
12 lotissement des Flandres<br />
62128 WANCOURT<br />
Internet<br />
Site : http://www.astrogaac.fr<br />
Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62<br />
E-mail : simon.lericque@wanadoo.fr<br />
Les auteurs de ce numéro<br />
Yaël Nazé - Astrophysicienne FNRS à l’Université<br />
de Liège<br />
E-mail : naze@astro.ulg.ac.be<br />
Site : http://www.astro.ulg.ac.be/~naze<br />
Emmanuel Conseil - Vice-président du club astro de<br />
Mont Bernenchon<br />
E-mail : econseil@gmail.com<br />
Site : http://econseil.blogspot.fr<br />
Sébastien Beaucourt - Médiateur scientifique au<br />
planétarium de Reims<br />
E-mail : beaucourt.sebastien@gmail.com<br />
Site : http://beaucourtsebastien.wixsite.com/<br />
lecielenquestions/blog-le-ciel-en-questions<br />
Claude Grimaud - Président de REPERES<br />
E-mail : REPERES.ASTRO@orange.fr<br />
Site : http://reperes-astro.fr<br />
L’équipe de conception<br />
Simon Lericque : rédac’ chef tyrannique<br />
Arnaud Agache : relecture et diffusion<br />
Catherine Ulicska : relecture et bonnes idées<br />
Fabienne Clauss : relecture et bonnes idées<br />
Émeline Taubert : relecture et bonnes idées<br />
Serge Vasseur : relecture et bonnes idées<br />
Olivier Moreau : conseiller scientifique<br />
Edition numérique sous Licence Creative Commons<br />
Auteur : Gervais Vanhelle<br />
Date : 29/11/2016<br />
Lieu : Oignies (62)<br />
Matériel : Caméra Atik383 et lunette<br />
Skywatcher Esprit 120ED<br />
Édito<br />
Après des numéros thématiques dédiés à nos récentes<br />
escapades en Slovaquie et aux Canaries, nous reprenons avec<br />
ce numéro 36, un sommaire plus éclectique. Mais ce nouvel<br />
opus n’en reste pas moins spécial. En effet, en ce mois de mars<br />
2017, le GAAC organise la 4ème édition de ses Rencontres<br />
Astronomiques de Courrières, un moment phare dans la vie de<br />
notre association qui n’a lieu que tous les deux ans : un grand<br />
ramdam astronomique, l’un des plus riches au Nord de Paris.<br />
Et comme à chaque fois que nous organisons les RAC, nous<br />
sommes ravis d’ouvrir les colonnes de la porte des étoiles à<br />
d’autres auteurs, amis et astronomes, croisés ça et là au gré<br />
de nos pérégrinations. Ce sont ici les écrits de Yaël Nazé,<br />
Sébastien Beaucourt, Emmanuel Conseil et Claude Grimaud<br />
que vous allez découvrir ! Enfin, ce numéro s’achève avec une<br />
épaisse galerie de résultats obtenus lors des dernières missions<br />
à l’observatoire Astroqueyras de Saint-Véran.<br />
Sommaire<br />
5..........................Un son... Cosmique. Musique et astronomie<br />
par Yaël Nazé<br />
20.............................................L’astronomie mésopotamienne<br />
par Sébastien Beaucourt<br />
28.........................Quand l’astronomie dérape dans les médias<br />
par Emmanuel Conseil<br />
36..........................................L’histoire du T600 de REPERES<br />
par Claude Grimaud<br />
40.............................................................................. La galeríe
• • • • LA VIE DU GAAC<br />
C’était en hiver<br />
Séances de planétarium au collège de Thumeries<br />
Culture Game 2017<br />
Expérience de Fizeau au beffroi de Mons<br />
Visite de l’exposition ‘‘l’histoire commence<br />
en Mésopotamie’’ au Louvre-Lens<br />
Rencontres Astronomiques<br />
de Courrières<br />
Animations astro à la<br />
médiathèque de Rouvroy<br />
Conférence de Marc Lachièze-Rey à Mons<br />
Prise de contact avec Thomas Pesquet<br />
à la médiathèque de Meurchin<br />
Ce sera ce printemps<br />
NAT 2017<br />
Le long weekend de l’ascension,<br />
le GAAC descendra à nouveau<br />
en masse vers Tauxigny<br />
pour participer aux Nuits<br />
Astronomiques de Touraine.<br />
Venez nous y rencontrer !<br />
Flammarion<br />
Début mai, quelques membres du<br />
GAAC auront la chance de pouvoir<br />
visiter l’observatoire de Camille<br />
Flammarion à Juvisy-sur-Orge et,<br />
avec un peu de chance, d’observer<br />
à travers la lunette de l’astronome.<br />
Barbecue !<br />
C’est la tradition de juin ! À la<br />
nouvelle Lune la plus proche de<br />
l’été, le barbecue est déployé à<br />
Grévillers... De quoi supporter<br />
le long crépuscule du solstice<br />
d’été.<br />
Retrouvez l’agenda complet de l’association sur http://www.astrogaac.fr/agenda.html
• • • • LA VIE DU GAAC<br />
Les instantanés<br />
Corvée de patates<br />
Saint-Véran (05) - 01/11/2016<br />
Le coup de la panne<br />
Saint-Véran (05) - 29/10/2016<br />
Damned ! Plus de whisky...<br />
Saint-Véran (05) - 01/12/2016<br />
Prêt au décollage<br />
Saméon (59) - 26/11/2016<br />
Ils existent !<br />
Lens (62) - 27/12/2016<br />
Les rennes du père Noël ont bien changé<br />
Chérang (59) - 10/12/2016<br />
Retrouvez la vie ‘‘officieuse’’ de l’association sur la page Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62<br />
la porte des étoiles n°36
• • • • PATRIMOINE<br />
Un son... Cosmique<br />
Musique et astronomie<br />
Par Yaël Nazé - Astrophysicienne FNRS à l’Université de Liège<br />
La musique et l’astronomie partagent une<br />
longue histoire commune. Bien sûr, il<br />
y a ces savants férus de musique et aussi<br />
ces musiciens appréciant l’astronomie<br />
(Massenet, Saint-Saëns…). On connaît<br />
même un musicien devenu astronome,<br />
William Herschel (découvreur d’Uranus) et<br />
un astronome devenu musicien, Brian May<br />
(guitariste de Queen).<br />
Toutefois, les points communs dépassent<br />
les personnes et les accords portent même<br />
sur la nature du cosmos. Il sera donc ici<br />
véritablement question de son. Avezvous<br />
entendu bruisser la Lune ? Et sinon,<br />
pourquoi ne pas l’imaginer et peupler le<br />
cosmos de notes astrales ? Dans ce domaine,<br />
il y eut de grands succès, tant musicaux<br />
que scientifiques, mais aussi des mélodies<br />
moins intéressantes. Petit tour d’horizon de<br />
ces rencontres (im)probables !<br />
L’harmonie des sphères<br />
Faites glisser votre magazine jusque vous, à travers la table, touillez dans votre casserole qui frémit, promenezvous<br />
en bottes dans la neige immaculée, glissez doucement l’archet sur le violon… Entendez-vous ? Le<br />
frottement de deux corps l’un contre l’autre produit un son, plus ou moins mélodieux. Cela semble une loi<br />
universelle, connue depuis la nuit des temps.<br />
Regardez maintenant vers le haut : là-bas, le ciel avec ses étoiles et ses planètes se dévoile. Est-ce différent<br />
là-haut ? Bien sûr, me direz-vous ! Il n’y a pas d’air dans l’espace, donc pas de son… Oui, mais cela, c’est<br />
la connaissance actuelle. Par le passé, les Grecs imaginaient que les planètes se trouvaient sur des sphères<br />
qui glissaient l’une sur l’autre. Forcément, un bruit devait être produit. Le vide étant peu en faveur chez ces<br />
philosophes, le son se propageait sans problème, jusque nos oreilles. Pourtant, on n’entend rien… À tout<br />
problème, une solution, voire plusieurs : nos vénérables anciens très imaginatifs en avaient à proposer. Par<br />
exemple, ils considéraient que nous étions si habitués à ces sons célestes, depuis notre naissance, que nous ne<br />
les entendions plus ; seuls parfois les enfants ou les simples d’esprit se rendaient compte de cette musique.<br />
Bien sûr, puisque le ciel était forcément parfait, ce bruit généré par les sphères devait être beau, harmonieux.<br />
C’est ainsi que naquit le concept d’harmonie des sphères. On ne se contenta pas alors de vagues idées et chaque<br />
objet céleste se vit attribuer une note parfaite. La musique terrestre, en utilisant ces notes, devait tendre vers<br />
l’idéale harmonie des cieux. Pour s’en rendre compte aujourd’hui, il ne reste hélas plus beaucoup d’exemples de<br />
musique antique. Parmi eux, l’Hymne au Soleil (https://www.youtube.com/watch?v=KeFq-r9fzbo) de Mésomède<br />
la porte des étoiles n°36
• • • • PATRIMOINE<br />
L’harmonie pythagoricienne<br />
Toute note est caractérisée par quatre<br />
propriétés : la hauteur, la durée, l’intensité, et le<br />
timbre. La durée permet de savoir si le son est court<br />
ou long ; l’intensité si le son est fort ou faible ;<br />
le timbre permet de reconnaître un ‘‘la’’ produit<br />
par un violon d’un ‘‘la’’ produit par un piano (le<br />
timbre dépend en fait du contenu en harmoniques<br />
du son produit par l’instrument). La hauteur,<br />
elle, est liée à la fréquence – comme on le dirait<br />
aujourd’hui – et permet de distinguer un son aigu<br />
(haute fréquence) d’un son grave (basse fréquence)<br />
et dépend de la taille : ainsi, un tuyau d’orgue ou<br />
une corde deux fois plus longue émettra un son<br />
de fréquence deux fois plus grave, une relation<br />
connue depuis l’Antiquité. Toutes les fréquences<br />
ne sont pas égales cependant. Les Anciens avaient<br />
remarqué que certaines associations de notes<br />
étaient particulièrement plaisantes à l’oreille.<br />
Ainsi, Pythagore aurait porté au pinacle l’octave<br />
et la quinte. Une octave est l’intervalle entre une<br />
fréquence et son double ; la quinte entre une<br />
fréquence et celle qui vaut une fois et demie cette<br />
valeur (à noter : il existe aussi la quarte, rapport<br />
Theorica musicae, de Franchinus Gaffurius<br />
de 4/3, le ton est le rapport 9/8 ; la combinaison<br />
d’une quinte et d’une quarte forme une octave, car 3/2x4/3=2). Partant de là, Pythagore établit la gamme<br />
pythagoricienne : la fréquence fondamentale, par exemple 1, que l’on multiplie par 3/2 ; on multiplie le<br />
résultat par 3/2 (on obtient donc [3/2]² encore par 3/2… On répète l’opération douze fois de suite jusqu’à<br />
retomber (presque) sur un multiple d’octave, car [3/2]de 27, la septième octave du 1 de départ. Un coup<br />
de chance numérique, qui semble être très signifiant pour nos numérologues pythagoriciens. Toutefois,<br />
sept octaves, ça fait beaucoup. Difficile de reproduire cela avec un ensemble de cordes vibrantes ou<br />
tuyaux d’orgues (le plus grand devant être sept fois plus grand que le plus petit !). Du coup, pour revenir<br />
plus raisonnablement à une seule octave (soit avec des valeurs entre 1 et 2 dans notre exemple), l’idée est<br />
de diviser par deux chaque fréquence obtenue, autant de fois que nécessaire. Cela complique un peu les<br />
choses, mais au final, on se retrouve avec douze notes possibles, dont la base : do, do#, ré, ré#, mi, fa, fa#,<br />
sol, sol#, la, la#, si, on retombe ensuite sur le do de l’octave supérieure.<br />
de Crète (IIème siècle). Comme son titre l’indique, il se concentre sur l’astre du jour, mentionnant Lune, Terre<br />
et étoiles en passant, mais pas les autres planètes. Cette tradition astromusicale survécut à l’Antiquité : ainsi,<br />
au Moyen-Âge, la base de l’enseignement, le quadrivium, rassemblait arithmétique, géométrie, astronomie<br />
et… musique !<br />
Mais comment ça marche exactement ? A priori, l’analogie est complète : la gamme compte sept notes de base<br />
et le ciel sept ‘‘planètes’’. En effet, selon la définition antique, le ciel compte sept planètes, soit sept objets<br />
qui bougent par rapport aux étoiles : Soleil, Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Aujourd’hui,<br />
le terme de planète englobe uniquement des objets tournant autour du Soleil. Celui-ci et la Lune sont bien<br />
évidemment exclus de la liste. À noter : la lyre antique comptait sept cordes et Newton compléta l’harmonie<br />
en définissant sept couleurs principales… Mais tout ne tourna pas toujours autour du nombre sept. En effet, on<br />
ajouta des cordes aux lyres et il fallut trouver un complément céleste pour chaque ajout : la sphère des fixes<br />
ou le zodiaque pour la 8ème et la Terre pour la 9ème. Ce dernier ajout n’alla pas sans poser problème puisque<br />
la Terre est supposée immobile au centre du cosmos… Elle ne devrait émettre aucun son (soit un ‘‘silence’’).<br />
la porte des étoiles n°36
Au Moyen-Âge, on ajouta aussi des cordes à la lyre céleste<br />
pour accueillir tous les cercles du paradis, ceux des chérubins,<br />
séraphins et autres.<br />
Reste à faire l’association entre les notes et les planètes et<br />
trouver la proportion planétaire qui fait pendant à la proportion<br />
musicale. Dans l’Antiquité, on évoque souvent un lien entre la<br />
distance de la planète considérée et la hauteur de la note émise,<br />
mais parfois, certains auteurs préfèrent lier vitesse de l’objet<br />
et fréquence. On connaît donc diverses mises en parallèle, par<br />
exemple : chez Boèce : ré pour la Lune, do pour Mercure, si<br />
pour Vénus, la pour le Soleil, sol pour Mars, fa pour Jupiter, mi<br />
pour Saturne. Dans le morceau médiéval Naturalis concordia<br />
vocum cum planetis : ce chant de type grégorien passe en revue<br />
toutes les planètes et les sons associés, se concentrant sur la<br />
symbolique du chiffre sept ; il utilise fa pour les étoiles, mi<br />
pour Saturne, ré pour Jupiter, do pour Mars, si pour le Soleil, la<br />
pour Vénus, sol pour Mercure, fa pour la Lune et silence pour<br />
la Terre.<br />
Tout cela peut certainement mener à de la musique intéressante,<br />
mais quid des résultats pour la science astronomique ? En<br />
Johannes Kepler (1571 - 1630) fait, cette recherche d’harmonie donna lieu à une découverte<br />
importante par Johannes Kepler. Ce dernier était fasciné (fautil<br />
écrire obsédé ?) par l’idée d’un cosmos harmonieux. Tout au long de sa carrière, il tenta de trouver les<br />
proportions du Système solaire. Il commença par emboîter des polyèdres réguliers pour simuler les écarts entre<br />
sphères planétaires, mais ce modèle ne s’avéra pas très bon – il donnait bien le nombre maximum d’objets (les<br />
six planètes connues alors) mais les distances moyennes relatives n’étaient qu’approximativement reproduites<br />
et il n’y avait aucune contrainte sur l’excentricité des orbites. Kepler finit par se tourner vers… la musique ! Il<br />
envisagea d’abord des notes uniques pour<br />
chaque planète, comme dans l’Antiquité<br />
mais cela ne fonctionnait pas très bien.<br />
Il imagina alors que la vitesse angulaire<br />
d’une planète sur son orbite autour du<br />
Soleil, fournit la hauteur de la note<br />
associée à la planète (https://www.youtube.<br />
com/watch?v=1EFZuzgcIzY).<br />
Kepler a donc une note aiguë pour Mercure<br />
et grave pour Saturne puisqu’une planète<br />
plus éloignée du Soleil se déplace plus<br />
lentement sur son orbite. Les Grecs<br />
antiques avaient souvent une relation<br />
inverse (Saturne aigu, Mercure grave) car<br />
ils considéraient le mouvement directement<br />
observé, sans enlever la contribution due<br />
au mouvement diurne (lié à la rotation de<br />
la Terre sur elle-même) comme l’a fait<br />
Kepler.<br />
• • • • PATRIMOINE<br />
Comme dans son modèle, l’orbite est<br />
elliptique (première loi de Kepler) et<br />
parcourue à vitesse variable (maximum au<br />
périhélie, minimum à l’aphélie – deuxième<br />
loi de Kepler), c’est toute une mélodie qu’il<br />
Partition planétaire de Kepler, originale et transposée suivant les usages<br />
modernes<br />
la porte des étoiles n°36
• • • • PATRIMOINE<br />
L’harmonie vocale naturelle<br />
avec les planètes<br />
L’ordre des planètes de la Terre au ciel est<br />
similaire à l’harmonie des voix. Tullius (Cicéron)<br />
les a classées ainsi, depuis les plus petits nombres<br />
dans l’ordre ascendant : Lune, Hermès (Mercure),<br />
Vénus et Soleil, Mars, Jupiter et Saturne. Dans un<br />
ordre similaire vous devriez placer les voix :<br />
Faire la première de la Lune, qui se trouve près<br />
de la Terre.<br />
Ensuite noter combien Mercure est plus aigu que<br />
celui-là.<br />
Et l’ordre musical calcule le ton pour cet espace.<br />
Vénus garde l’espace suivant, adapté à un demiton.<br />
Par la suite un ton remplit la quarte avec le<br />
Soleil.<br />
Et le belliqueux Mars définit un ton à la quinte.<br />
Puis Jupiter chante sa complainte avec un petit<br />
demi-ton.<br />
Et Saturne ajoute un ton pour sa part.<br />
Le septième ton, sept comme les jours de la<br />
semaine, permet d’atteindre le ciel.<br />
Avec ces huit intervalles l’ordre tout entier est<br />
contenu dans un diapason.<br />
Ainsi, l’octave inférieur, déplié à partir du mese<br />
(note centrale), est répété au-dessus à fréquence<br />
plus élevée.<br />
Un doublement représente le diapason au ciel, le<br />
quadruple conduit encore plus haut.<br />
Le double est fait de notes, le quadruple se<br />
compose des puissances célestes.<br />
Sept espèces différentes sont prises en compte<br />
dans l’octave.<br />
Alors que trois se trouvent dans la quarte et<br />
quatre dans la quinte - ainsi les chants sonnent<br />
différemment et changent leur caractère.<br />
Sept planètes ; sept hauteurs de notes ; sept dons<br />
de l’esprit à l’église grâce à sept jours roule<br />
l’année du Soleil.<br />
Six de travail et vous vous reposez le septième, la<br />
vie se renouvelle à huit.<br />
Il y a une vie dans la huitième, après sept mille<br />
je crois.<br />
Ce numéro sept est le nombre de presque toutes<br />
les choses.<br />
Naturalis concordia vocum cum planetis : partition originale,<br />
retranscription moderne et traduction. (Citation and Authority in<br />
Medieval and Renaissance Musical Culture : Learning from the<br />
Learned, S. Clak & E.E. Leach)<br />
la porte des étoiles n°36
associe à chaque objet ! Bien sûr, le rapport entre les vitesses extrêmes doit être harmonieux, c’est-à-dire<br />
correspondre à une belle consonance musicale (comme une tierce, quarte, quinte, ou une octave). Toutefois,<br />
cette harmonie n’est jamais perceptible, vu qu’une planète ne peut être à la fois au périhélie et à l’aphélie. Pour<br />
créer une véritable harmonie céleste, il faut donc faire ‘‘sonner’’ les planètes entre elles, créant un véritable<br />
chant polyphonique. Pour y arriver, Kepler compara les vitesses extrêmes de différentes paires de planètes :<br />
après de longs calculs, il réussit à éviter au mieux les dissonances qui se créent parfois en additionnant différents<br />
accords harmonieux, dénichant finalement un ensemble de proportions musicales planétaires (sans répétition,<br />
chaque rapport entre extrêmes étant unique). Ces rapports lui permettent alors de reproduire les caractéristiques<br />
orbitales (distance moyenne et excentricité) et il pense alors avoir trouvé le ‘‘design divin’’. Ces recherches sur<br />
les gammes planétaires le conduisirent<br />
indirectement à la découverte de<br />
sa fameuse troisième loi, le rapport<br />
harmonieux tant cherché : le carré de<br />
la période est proportionnel au cube du<br />
demi grand-axe de l’ellipse orbitale…<br />
Musique képlérienne et troisième loi<br />
sont d’ailleurs toutes deux publiées dans<br />
le même livre, Harmonices mundi, en<br />
1619.<br />
Cette théorie d’harmonie cosmique était<br />
fort appréciée, mais tous les savants<br />
ne la soutenaient pas. Deux exceptions<br />
notables sont à souligner. Aristote, tout<br />
d’abord : ‘‘On doit voir évidemment,<br />
d’après tout ce qui précède, que, quand<br />
on nous parle d’une harmonie résultant<br />
du mouvement de ces corps pareille à<br />
l’harmonie de sons qui s’accorderaient<br />
entre eux, on fait une comparaison fort<br />
brillante, sans doute, mais très vaine ;<br />
ce n’est pas là du tout la vérité’’. De<br />
Vinci, ensuite : ‘‘…s’il n’y a pas d’air<br />
dans les deux, il ne peut y avoir de son ;<br />
mais s’il y a de l’air, les corps seraient<br />
usés depuis longtemps. De plus, les<br />
corps polis ne font pas de son en frottant<br />
et si les deux ne sont pas polis après des<br />
siècles de frottement, c’est qu’ils sont<br />
globuleux et rugueux : donc leur contact<br />
n’est pas continu. Il y aurait alors un<br />
vide dans la nature, ce qu’on ne peut<br />
admettre puisque la nature a horreur du<br />
vide. Enfin, le milieu tourne plus vite que<br />
les pôles : il devrait donc être plus usé et<br />
après usure il n’y aurait plus frottement<br />
et le son s’arrêterait…’’<br />
• • • • PATRIMOINE<br />
La gamme musicale céleste vue par Robert Fludd (1573-1637). L’instrument<br />
actionné par la main de Dieu est un monocorde pythagoricien, c’est-à-dire<br />
qu’il possède une seule corde et que chaque note (ici notée avec des lettres,<br />
comme dans le système germanique) correspond à un morceau précis de la<br />
corde. On trouve de bas en haut les quatre éléments, puis les ‘‘planètes’’ et enfin<br />
les zones paradisiaques. Les proportions sont notées par des arcs de cercle.<br />
Ce type de représentation était assez populaire, il en existe diverses variantes.<br />
(wikimedia)<br />
Ce sont ces opposants qui ont finalement<br />
gagné : la réalité de notre Système solaire s’avère moins bruyante qu’espéré, l’espace vide ne propageant<br />
pas le son. Toutefois, l’idée était belle, au point de continuer à exister. Diverses compositions intitulées<br />
‘‘Harmonie des sphères’’ existent, tant anciennes (Cristofano Malvezzi https://www.youtube.com/watch?v=1bu2_4-iaE&list=PL97A1EFF7C4C0F6D2&index=2,<br />
Joseph Strauss https://www.youtube.com/watch?v=0d_r1ejshe8...) que<br />
plus modernes (Siegfried Karg-Elert https://www.youtube.com/watch?v=EG4Y-srPEK8, Rued Langgard https://www.<br />
la porte des étoiles n°36
youtube.com/watch?v=j959i5k6RjM, Paul Hindemith https://www.youtube.com/watch?v=GQx1kc1GXdc, Joep Franssens<br />
https://www.youtube.com/watch?v=wLkmMEEiNBk, Antoni Schonken https://soundcloud.com/antoni-schonken/harmony-ofthe-spheres,<br />
Philip Sparke https://www.youtube.com/watch?v=fqQOgSX42ZM… ou Willie Ruff et John Rodgers qui se<br />
concentrent sur l’harmonie képlérienne https://www.youtube.com/watch?v=ArXrDAlGlYU).<br />
L’inspiration des sphères<br />
Si les hautes sphères ne font pas de bruit à proprement parler, elles peuvent néanmoins inspirer les artistes – et<br />
notamment les musiciens, d’où une toute autre catégorie de musique céleste… Difficile de tout citer car il y en<br />
a un florilège dans ce domaine. Et en plus d’être longue, la liste est variée, du classique au métal, en passant<br />
par la pop… En voici quelques exemples :<br />
- les articles d’Andrew Fraknoi - https://www.astronomy2009.org/static/resources/iya2009_music_astronomy.pdf et https://<br />
www.researchgate.net/publication/258569240_Music_Inspired_by_Astronomy_A_Resource_Guide_Organized_by_Topic<br />
- la longue liste de last.fm (http://www.last.fm/tag/astronomy/tracks), le catalogue de Jon Bell (pour les<br />
chanter vous-même ! https://www.irsc.edu/uploadedFiles/Best-of-Astronomers-Songbook-2011.pdf)<br />
- et d’autres listes encore (http://www.space.com/11037-space-music-playlist-astronauts-wakeup.html<br />
et http://cs.astronomy.com/asy/b/astronomy/archive/2014/06/26/10-awesome-pieces-of-astronomy-inspired-music.aspx)<br />
Des inventaires plus ou moins complets circulent, voici cependant quelques exemples, classés par thème.<br />
La conquête spatiale<br />
• • • • PATRIMOINE<br />
Un grand classique est la conquête spatiale. Tout comme l’exploration par ballon ou le décollage des avions,<br />
l’envoi de satellites et d’astronautes a suscité l’intérêt de la société dans son ensemble, y compris donc les<br />
musiciens. On composa ainsi divers tubes, souvent éphémères, lors du lancement de Spoutnik (J. Engler &<br />
Four Ekkos - https://www.youtube.com/watch?v=kuzTZ8m918U), des vols de Gagarine ou John Glenn (Roy West,<br />
Sam Hopkins… Mais aussi, plus tard, Liberty Bell de The Gathering), des missions Apollo (album éponyme<br />
de Brian Eno, Fly me to the Moon de Sinatra/Nat King Cole…), ou encore des envols de navette américaine<br />
(Blast Off Columbia de Roy Mc Call, Ride Sally Ride, version de C. Culver…). Même l’envoi du premier<br />
satellite commercial a fait un carton avec le bien nommé Telstar (un morceau instrumental des Tornados https://<br />
www.youtube.com/watch?v=4B7ypA1fSwU repris de nombreuses fois depuis). Les problèmes ne sont pas oubliés<br />
non plus, notamment dans Space Junk (https://www.youtube.com/watch?v=nFCU_Ld9snU) de Devo qui évoque les<br />
débris qui encombrent notre espace !<br />
la porte des étoiles n°36 10
• • • • PATRIMOINE<br />
Cela ne s’arrête évidemment pas aux missions réelles car une fois la porte vers l’espace franchie, plus rien ne<br />
pouvait arrêter l’imagination ! Les voyages de fiction se sont donc aussi multipliés en musique, par exemple<br />
dans 2000 lightyears from home des Rolling Stones, 39 de Queen (https://www.youtube.com/watch?v=pAnpGXPYAIQ),<br />
trois albums de Brave Saint Saturn, Titan de Hammerfall, Space Truckin’ de Deep Purple, Planet Caravan<br />
de Black Sabbath, le fameux The final Countdown d’Europe, mais aussi… Outer Space Girls des Spice Girls<br />
(https://www.youtube.com/watch?v=CdlMXVdRStM). Pour être juste, l’aventure spatiale imaginaire avait même<br />
commencé avant, avec Il Mondo della Luna, un opérabouffe<br />
dont le livret, écrit par Goldoni, a été adapté<br />
plusieurs fois, notamment par Galuppi (https://www.<br />
youtube.com/watch?v=Twu9oFdO5B8), Haydn, et Paisiello<br />
– un thème similaire a été abordé par Janacek pour le<br />
Voyage dans la Lune de Mr Broucek (https://www.youtube.<br />
com/watch?v=Np77U3QqK2o) !<br />
Le champion incontesté dans ce domaine reste cependant<br />
le caméléon David Bowie. Son célèbre Space Oddity<br />
(https://www.youtube.com/watch?v=D67kmFzSh_o) est le<br />
premier véritable succès public de Bowie. Cette chanson<br />
est sortie en 1969, juste après l’atterrissage d’Apollo<br />
XI, et elle devint si connue qu’elle donna son titre au<br />
deuxième album de l’artiste sur lequel il figurait (sorti<br />
initialement sous le titre ‘‘David Bowie’’). Il s’agit en<br />
fait d’un dialogue entre ‘‘Ground Control’’, l’équivalent<br />
David Bowie - Space oddity<br />
du fameux Houston de la NASA et l’astronaute Major<br />
Tom. Les vérifications s’enchaînent alors que le décompte s’égrène mais un problème surgit une fois en<br />
orbite… Bien sûr, certains disent que sous la mission spatiale se cache en fait le drogué qui prend sa dose<br />
(version accréditée par Bowie lui-même dans sa chanson Ashes to Ashes) mais certains ont pris le parti<br />
spatial – le chanteur allemand Peter Schilling a ainsi sorti Major Tom (coming home) (https://www.youtube.com/<br />
watch?v=Jt-R5hj_lWM) en 1983, où l’astronaute se doute d’un problème durant le décompte puis, reprenant là où<br />
Bowie avait laissé Tom, raconte sa chute vers la Terre. Bowie ne s’arrêtera pas là : en 2002, il présente I took<br />
a trip on a Gemini spaceship (https://www.youtube.com/watch?v=BxpCMZpUiP4), en 1996 Hallo Spaceboy (https://<br />
www.youtube.com/watch?v=EHSe4N1tRQU), et en 1972 The<br />
Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders of Mars<br />
(https://www.youtube.com/watch?v=V6NcKzoAVns), dont le<br />
personnage principal n’est pas étranger à un extraterrestre<br />
androgyne…<br />
L’astrologie<br />
Autre ‘‘classique’’ : l’astrologie… Il existe de multiples<br />
chansons baptisées zodiaque, mais aussi toute une<br />
symphonie ‘‘astrologique’’ : Planets (https://www.youtube.<br />
com/watch?v=AHVsszW7Nds) de Gustav Holst. Commencée<br />
juste avant le début de la première guerre mondiale<br />
et jouée pour la première fois juste après sa fin, cette<br />
suite comporte sept morceaux, une par planète. Leur<br />
ordre (Mars, Vénus, Mercure, Jupiter, Saturne, Uranus,<br />
Neptune) ne correspond pas à l’éloignement au Soleil<br />
ou à des tailles (dé)croissantes, mais aurait été choisi en<br />
fonction de critères astrologiques (difficile de dire quoi<br />
exactement car plusieurs interprétations circulent). Les<br />
thèmes associés n’ont rien à voir non plus avec les astres<br />
réels : Vénus apporte la paix, Mars la guerre, Saturne<br />
représente la vieillesse, Jupiter est gai, Mercure ailé et<br />
Gustav Holst (1874 - 1934)<br />
la porte des étoiles n°36 11
• • • • PATRIMOINE<br />
Iron Maiden<br />
When two worlds collide<br />
Iron Maiden - Virtual XI<br />
My telescope looks out Into the stars tonight A<br />
little speck of light Seems twice the size tonight.<br />
The calculations are so fine Can it be growing<br />
all the time ? Now I can’t believe it’s true And I<br />
don’t know what to do For the hundredth time I<br />
check the declination. Now the fear starts to grow<br />
Even my computer shows.There are no errors in<br />
the calculations. Now it’s happened take no other<br />
view Collision course, you must believe it’s true<br />
Now there’s nothing left that we can do.<br />
Mon télescope pointe vers les étoiles du soir. Le<br />
petit point de lumière semble deux fois plus grand<br />
ce soir. Les calculs semblent justes. Se pourrait-il<br />
que cela s’agrandisse en permanence ? À présent,<br />
je n’arrive pas à y croire Et je ne sais pas comment<br />
faire. Pour la centième fois je vérifie la déclinaison.<br />
À présent, la peur se répand en moi. Même mon<br />
ordinateur atteste qu’il n’y a pas d’erreur dans les<br />
calculs. À présent que cela est confirmé, aucune<br />
autre issue ne subsiste. La collision imminente,<br />
vous devez y croire. À présent, il n’y a plus rien<br />
que nous puissions faire.<br />
Neptune mystique. La partition est en fait écrite pour<br />
tenter de partager les émotions associées à ces objets<br />
dans la mythologie gréco-romaine et l’astrologie. Pour<br />
l’astronomie, on repassera… Par contre, cette symphonie<br />
est très populaire. Régulièrement jouée, elle marque<br />
les esprits, de son inquiétant début résolument martial à<br />
sa fin véritablement céleste avec le chœur et la harpe<br />
qui montent vers des aigus dans un decrescendo parfait.<br />
Seul problème : il faut un large orchestre pour la jouer…<br />
Quoiqu’au début, Holst l’ait composée pour deux pianos et<br />
un orgue ! Plus amusant : la symphonie a été complétée en<br />
2000, où Colin Matthews ajoute Pluton (https://www.youtube.<br />
com/watch?v=ucKEqEaH8Zs), tandis qu’en 2006, quatre<br />
morceaux liés à des astéroïdes ont été commandés par<br />
le philharmonique de Berlin. Enfin, celui qui ne connaît<br />
pas l’œuvre lui trouvera un air de ressemblance avec les<br />
musiques de films, comme Star Wars, par exemple. C’est<br />
normal : les compositeurs hollywoodiens s’inspirèrent de<br />
Holst !<br />
Les observations du ciel<br />
Parmi les morceaux inspirés par le ciel, on trouve aussi<br />
les souvenirs d’observations, citons-en deux. Le groupe<br />
britannique Iron Maiden propose avec When two worlds<br />
collide (https://www.youtube.com/watch?v=zOjhkEmEmUI)<br />
une chanson décrivant assez précisément le travail des<br />
astronomes (voir ci-contre) : observation d’un changement<br />
de luminosité, vérification des coordonnées, mais au<br />
final pas d’erreur de calcul, d’où mise sur pied d’une<br />
théorie : ce sont deux ‘‘mondes’’ qui viennent d’entrer en<br />
collision pour donner naissance à une supernova ou un<br />
sursaut gamma ? Les rockeurs ne l’ont pas précisé… Le<br />
compositeur Mike Oldfield, lui, vous propose dans Saved<br />
by a Bell (https://www.youtube.com/watch?v=5S53DH8Uw-k) de<br />
regarder dans son télescope cette nuit (voir ci-dessous),<br />
en espérant que le ciel reste dégagé, pour observer la Voie<br />
lactée, Jupiter, Saturne, diverses galaxies – un programme<br />
typique pour un astronome amateur ! – le tout passant très<br />
vite dans l’oculaire… Flûte, il a oublié<br />
Mike Oldfield - Saved by a bell<br />
Would you like to look through my telescope ? The Milky way’s a fine sight to see. All around our Universe,<br />
we try so hard to view what’s new. Make a trip down to Sagittarius and take a spin by some nebula. I hope the sky stays clear<br />
for us, The night goes on so far in stars… Shining like bright diamonds, the galaxies. Jupiter and Saturn spin by passing by<br />
companions, they all go drifting by. They fly ! Carry me down to see Aquarius. We’re hoping to meet a shooting star. I can see<br />
there’s going to be a message from a far. How close we are.<br />
Voudrais-tu observer avec mon télescope ? La Voie lactée est un bien beau spectacle. Partout dans notre Univers, nous<br />
cherchons avec acharnement une découverte inédite. Voyagez vers le Sud jusqu’au Sagittaire et ayez le vertige au détour<br />
d’une nébuleuse. J’espère que pour nous le ciel restera limpide. La nuit avance, si loin parmi les étoiles... Brillantes<br />
comme l’éclat des diamants : les galaxies, Jupiter et Saturne dans leur révolution, des compagnons de passage. Tous<br />
les astres semblent à la dérive. Ils volent. Emmène moi voir le Verseau. Nous espérons surprendre une étoile filante.<br />
Je prédis qu’un message arrivera des confins. Nous en sommes si proches.<br />
la porte des étoiles n°36 12
• • • • PATRIMOINE<br />
de brancher le moteur d’entraînement de son télescope ! À<br />
noter qu’Oldfield a aussi composé un album intitulé Music of<br />
the Spheres mais ce dernier est un jeu de mots avec le nom<br />
de son label, Universal music, plutôt que quelque chose de lié<br />
aux notes célestes. Côté classique, Reginald Smith-Brindle<br />
a tenté de faire un portrait de la galaxie d’Andromède dans<br />
son M31 tandis que David Bedford relate ses observations<br />
du chasseur céleste dans Sword of Orion – ce passionné<br />
d’astronomie a d’ailleurs composé de nombreux morceaux<br />
teintés de ciel (comme A dream of the seven lost stars ; Star<br />
clusters, nebulae and places in devon ; Some stars above<br />
magnitude 2.9 ; Star’s end).<br />
Monty Pythons - Galaxy song<br />
Just remember that you’re standing on a planet that’s evolving<br />
and revolving at nine hundred miles an hour. That’s orbiting<br />
at nineteen miles a second, so it’s reckoned. A sun that is the<br />
source of all our power. The sun and you and me and all the<br />
stars that we can see. Are moving at a million miles a day. In an<br />
outer spiral arm, at forty thousand miles an hour. Of the galaxy<br />
we call the milky way. Our galaxy itself contains a hundred<br />
billion stars. It’s a hundred thousand light years side to side.<br />
It bulges in the middle, sixteen thousand light years thick But<br />
out by us, it’s just three thousand light years wide. We’re thirty<br />
thousand light years from galactic central point. We go ‘round<br />
every two hundred million years. And our galaxy is only one<br />
of millions of billions In this amazing and expanding universe.<br />
The universe itself keeps on expanding and expanding. In all<br />
of the directions it can whizz. As fast as it can go, the speed of<br />
light, you know.Twelve million miles a minute and that’s the<br />
fastest speed there is. So remember, when you’re feeling very<br />
small and insecure. How amazingly unlikely is your birth And<br />
pray that there’s intelligent life somewhere up in space. ‘Cause<br />
it’s bugger all down here on Earth.<br />
Souviens toi simplement que tu vis sur une planète qui évolue et<br />
tourne à 1450 kilomètres par heure. Elle orbite à 30 kilomètres<br />
par seconde autour du Soleil qui est assurément la source de<br />
toute notre énergie. Le Soleil, toi, moi et toutes les étoiles<br />
visibles parcourons plus d’un million de kilomètres chaque<br />
jour en tournant à 65000 kilomètres à l’heure au bout d’un<br />
bras spiral d’une galaxie que nous appelons Voie lactée. Notre<br />
propre galaxie contient des centaines de milliards d’étoiles.<br />
Elle s’étend sur cent mille années-lumière. Elle s’élargit en son<br />
centre : 16000 années-lumière, mais par chez nous, en bordure,<br />
elle ne fait que 3000 années-lumière de large. Nous nous situons<br />
à 30000 années-lumière du centre galactique. Nous en faisons<br />
le tour en 200 millions d’années et notre Galaxie n’est que<br />
l’une des millions de milliards contenues dans cet incroyable<br />
Univers où tout s’éloigne. L’Univers lui-même n’a de cesse de<br />
s’étirer et s’étirer dans toutes les directions possibles. Il file<br />
aussi vite qu’il le peut, à la vitesse de la lumière, tu sais : (20<br />
millions de miles à la minute) 300000 kilomètres par seconde.<br />
C’est la vitesse la plus rapide qui soit. Alors souviens-toi,<br />
quand tu te sens insignifiant et inquiet, à quel point ta naissance<br />
était improbable et prie pour qu’une forme de vie intelligente<br />
existe ailleurs dans l’espace. Parce que c’est la mouise ici bas<br />
sur Terre.<br />
Monthy Pythons - Galaxy song<br />
David Bedford<br />
Stars clusters nebulae and places in devon<br />
Les concepts astronomiques<br />
Enfin, il y a les astres et les concepts<br />
astronomiques. On trouve ici aussi pléthore<br />
de partitions… Quelle que soit leur qualité<br />
intrinsèque, nous éviterons ici les nombreuses<br />
compositions où l’astronomie n’est qu’un<br />
prétexte, une analogie utilisée juste pour un vers<br />
– comme pour les Trous noirs d’Amanda Lear<br />
et de Muse (analogie du compagnon cannibale)<br />
ou de Lindsay Lohan (lieu où disparaît l’amant),<br />
l’éclipse totale du cœur de Bonnie Tyler en<br />
pleine crise amoureuse ou celle des yeux de<br />
Samson devenant aveugle chez Haendel…<br />
Oublions l’astronomie citée sans raison évidente<br />
(Astronomy de Metallica). Passons aussi<br />
rapidement sur la longue tradition musicale liée<br />
la porte des étoiles n°36 13
• • • • PATRIMOINE<br />
aux astres divinisés. Vu le surnom de son patron (le Roi-Soleil), le compositeur Jean-Baptiste Lully a produit<br />
énormément de musique de ce genre : opéra Phaéton, entrée d’Apollon dans Les Amants Magnifiques, Soleil<br />
levant du Ballet de la Nuit, ballet des planètes autour du souverain-centre de l’Univers dans le Ballet des<br />
Muses… Il est ici amusant de noter que le roi lui-même tenait souvent le rôle-titre, comme le montre le film<br />
Le Roi Danse pour les deux premiers morceaux cités (https://www.youtube.com/watch?v=aGrZGFYZG18&gl=BE).<br />
Jetons plutôt une oreille vers des morceaux où il y a vraiment de l’astronomie… et pas la plus simple !<br />
Le meilleur exemple vient… des Monthy Python. Pour leur film Meaning of life, ils résument les<br />
principaux faits astronomiques. Attention, hard science en vue dans la Galaxy Song (https://www.youtube.com/<br />
watch?v=buqtdpuZxvk) : vitesse orbitale de la Terre, vitesse du Soleil dans la Voie lactée, description précise de<br />
celle-ci (taille, structure, nombre d’étoiles), expansion de l’Univers – tout y passe dans un couplet savoureux<br />
(voir paroles page précédente). Une véritable leçon d’astronomie qui sauve carrément le film, plutôt moyen<br />
parmi ceux de la bande à l’humour so british ! Eminem, lui, s’est contenté de la distance de la Lune dans Space<br />
Bound (https://www.youtube.com/watch?v=JByDbPn6A1o)…<br />
Mais ils ne sont pas les seuls. La chanteuse islandaise Björk passe ainsi en revue les différentes visions du<br />
monde, tribales et scientifique, dans une seule chanson : Cosmogony (https://vimeo.com/26621984). Après un<br />
début particulier (ou typique de cette chanteuse si particulière ?) évoquant le décompte d’un lancement dans<br />
l’espace ou le compte à rebours avant le début cosmique, les différentes théories sont présentées. À vous de<br />
choisir entre un univers primordial océanique, en forme d’œuf, de terrain infini ou né dans un ‘‘Bang’’ ! La<br />
même artiste vous explique aussi le mécanisme des saisons dans sa chanson Solstice (https://www.youtube.com/<br />
watch?v=gRPKQ9XWCv0). Une leçon atypique mais qui pourrait en inspirer plus d’un (voir paroles ci-dessous).<br />
Bjork - Cosmogony<br />
Bjork - Solstice<br />
Björk - Cosmogony<br />
Heaven, heaven’s bodies. Whirl around me make me<br />
wonder. And they say back then our universe wasn’t<br />
even there. Until a sudden bang and then there was<br />
light, was sound, was matter. And it all became the<br />
world we know.<br />
Firmament, les astres du firmament tourbillonnent<br />
autour de moi et je m’interroge. Ils disent qu’à l’époque<br />
notre univers n’existait même pas, jusqu’à un soudain<br />
big bang, et la lumière fut, ainsi que le son et la matière.<br />
Et tout cela devint le monde que nous connaissons.<br />
Björk - Solstice<br />
When your eyes pause on the ball. That hangs on the third<br />
branch from the star, you remember why it is dark and<br />
why it gets light again. The Earth, like the heart, slopes in<br />
it’s seat And, like that, it travels along an elliptical path,<br />
drawn into the darkness.<br />
Lorsque ton regard se pose sur la sphère accrochée à la<br />
troisième branche depuis le Soleil, tu te souviens pourquoi il<br />
y a la nuit puis le jour qui revient. La Terre, comme le coeur,<br />
se tient inclinée et dans cette position elle voyage le long<br />
d’un chemin elliptique, entraînée dans les ténèbres.<br />
la porte des étoiles n°36 14
• • • • PATRIMOINE<br />
Le groupe canadien Rush a été plus loin<br />
encore avec Cygnus X-1 (https://www.youtube.<br />
com/watch?v=wlNrQGmj6oQ), nom du premier<br />
trou noir de masse stellaire reconnu. Tout y<br />
passe (voir paroles ci-contre) : position de<br />
l’objet, description de l’accrétion de la matière,<br />
problème du destin de cette matière, émission<br />
de rayons X… Et pourtant, à l’écoute, on n’y<br />
pense pas ! Comme quoi, une petite chanson<br />
peut faire passer plein d’information !<br />
N’oublions pas les instrumentaux, comme<br />
Vangelis et son Pulstar (https://www.youtube.com/<br />
watch?v=8UwGl0Yk_jU) sur son album albedo<br />
0.39 (celui de la Terre !) – on croirait entendre<br />
un véritable pulsar !<br />
Vangelis - Pulstar<br />
Rush - Cygnus X-1<br />
In the constellation of Cygnus, there lurks a mysterious,<br />
invisible force : the black hole of Cygnus X-1... Six<br />
stars of the Northern Cross in mourning for their<br />
sister’s loss. In a final flash of glory. Nevermore to<br />
grace the night... Invisible to telescopic eye. Infinity,<br />
the star that would not die. All who dare to cross her course. Are<br />
swallowed by her fearsome force through the void to be destroyed.<br />
Or is there something more ? Atomized... at the core ? Or through<br />
the astral door ? To soar... I set a course just east of Lyra and<br />
northwest of Pegasus flew into the light of Deneb. Sailed across<br />
the Milky Way. On my ship, the Rocinante wheeling through the<br />
galaxies. Headed for the heart of Cygnus headlong into mystery.<br />
The X-ray is her siren song. My ship cannot resist her long nearer<br />
to my deadly goal. Until the black hole gains control...Spinning,<br />
whirling still descending like a spiral sea. Unending... Sound and<br />
fury drown my heart. Every nerve is torn apart...<br />
Dans la constellation du Cygne se cache un mystère, une force invisible:<br />
le trou noir Cygnus X-1... Six étoiles de la croix du Nord pleurent la<br />
disparition de leur soeur dans un ultime flash glorieux. Jamais plus elle<br />
n’honorera la nuit de sa lumière... Invisible au regard du télescope, l’étoile<br />
qui ne voulait pas mourir. Tout ce qui s’aventure sur son chemin est avalé<br />
par son effroyable attraction, aspiré à travers le vide jusqu’à sa destruction.<br />
Se pourrait-il qu’il y ait quelque chose de plus ? Pulvérisé... au coeur ?<br />
Ou à l’horizon des événements ? Je m’élance... Je trace un chemin un<br />
peu à l’Est de la Lyre et au Nord-ouest de Pégase, jusqu’à la lumière<br />
de Deneb. Navigue à travers la Voie lactée. À bord de mon vaisseau, le<br />
Rocinante vogue à travers les galaxies, en direction du coeur du Cygne,<br />
la tête la première vers l’inconnu. Les rayons X constituent son chant de<br />
sirène. Mon vaisseau ne peut pas lui résister plus longtemps, alors que je<br />
m’approche de mon destin funeste. Jusqu’à ce que le trou noir prenne le<br />
dessus... Filant et tournoyant, je m’enfonce dans le vortex. Sans fin... Le<br />
son et la fureur inondent mon coeur. Chacun de mes nerfs est à vif...<br />
Représentation de Galileo Galilei<br />
au Madison Opera (2012)<br />
Les astronomes<br />
Pour terminer, n’oublions pas les morceaux en relation avec<br />
les astronomes eux-mêmes. De nombreux exemples dans ce<br />
domaine sont des commandes liées à des anniversaires : 500ème<br />
de Copernic (Leo Smit, Henryk Gorecki - https://www.youtube.com/<br />
watch?v=jwOTBSisRIk), 350ème de Kepler (Gunter Bergmann) ou<br />
100ème de James Jeans (Robert Simpson). Il existe cependant un<br />
champion dans cette catégorie : Philip Glass. Ce compositeur est<br />
considéré comme une figure majeure du classique contemporain, en<br />
particulier pour ses opéras. Plusieurs de ses œuvres font référence<br />
à la science et ce n’est pas étonnant : enfant, Glass s’imaginait<br />
devenir scientifique. Les grandes figures aux intuitions géniales<br />
l’intéressent particulièrement. Il consacra donc trois opéras à<br />
Einstein, Galilée et Kepler. Premier de la série, l’opéra Einstein<br />
on the beach (1976) fit du bruit – les spectateurs de cet opus de<br />
cinq longues heures de mouvements répétés (Glass est connu pour<br />
sa musique minimaliste) criant soit au génie soit au scandale. Ce<br />
dynamitage en règle des codes de l’opéra assura la renommée de son auteur. Mais si ses œuvres n’ont pas<br />
d’intrigue, de narration classique, l’intérêt est ailleurs – un respect des faits. L’opéra Galilée (2001) est inspiré<br />
des lettres entre le savant et sa famille (notamment sa fille Marie Céleste). Il commence par un Galilée âgé se<br />
souvenant d’épisodes ayant marqué sa vie, et se termine sur l’enfant écoutant une œuvre de Vincenzo Galilei,<br />
son père pionnier de l’opéra, consacrée à l’harmonie des sphères qui l’intéressait tant…<br />
la porte des étoiles n°36 15
De son côté, le premier acte de l’opéra Kepler (2009) (https://<br />
www.youtube.com/watch?v=a_Fh2TmHZyk) se penche sur les<br />
questions que se posait le savant et les discute, tandis que le<br />
second se consacre à l’homme, sous ses multiples facettes<br />
(astrologie, science…). Glass écrivit aussi un opéra consacré<br />
au Voyage qui commence par un pseudo-Hawking chantant<br />
l’harmonie des sphères avec une voix digitalisée… Il faut<br />
dire que Glass avait écrit la musique du documentaire A brief<br />
history of time (1991) et que le savant l’avait marqué car, alors<br />
qu’il est immobile, cloué dans sa chaise, il faisait pourtant<br />
le plus grand des voyages… en esprit ! Après ce prologue<br />
particulier, le Voyage alterne l’histoire de Christophe Colomb<br />
et celle d’un vaisseau spatial futuriste. L’espace n’est jamais<br />
loin ! Mais ce n’est pas tout. Glass consacra aussi un morceau,<br />
The Light (https://www.youtube.com/watch?v=WP1cVB6r9hg), à<br />
la célèbre expérience de Michelson et Morley (la vibration<br />
Opéra Kepler<br />
lumineuse devenant des notes dansantes !). Il écrivit Orion (https://www.youtube.com/watch?v=FIKD_MmKMP4) en<br />
hommage à la constellation, mit également en musique le film IMAX consacré aux rovers martiens Spirit et<br />
Opportunity (Roving Mars) et un texte de Brian Greene sur les trous noirs et le temps dans Icarus at the edge<br />
of time (https://www.youtube.com/watch?v=WDSFDg0eQng).<br />
Impossible de le rater dans la sphère musico-astronomique ! Mais qui oserait le contredire quand il déclare<br />
‘‘I believe there is no single experience in the world which tells us more than the vastness of space, and<br />
the innumerable heavenly bodies. And thus the stars form a bond between us all - regardless of country,<br />
nationality, regardless even of time’’ (en français, ‘‘j’ai la conviction qu’aucune expérience en ce monde<br />
n’est plus révélatrice que l’immensité de l’espace, et les innombrables corps célestes. Et ainsi les étoiles nous<br />
lient tous ensemble - indépendamment de nos pays, de nos nationalités et même de nos époques’’.) ainsi<br />
que ‘‘Scientists and artists are high on my list of courageous men and women who have changed the world in<br />
which we live.’’ (‘‘Les scientifiques et les artistes sont en haut de la liste des hommes et des femmes les plus<br />
courageux, qui ont changé le monde dans lequel nous vivons.’’)<br />
L’appel des sphères<br />
• • • • PATRIMOINE<br />
Il existe enfin une dernière catégorie de musique ‘‘céleste’’, celle utilisant des données astronomiques. Le<br />
cas le plus connu concerne les variations périodiques. En effet, la luminosité de certaines étoiles variables<br />
est modulée selon une ou plusieurs fréquences tandis que les signaux envoyés par les pulsars, ces cadavres<br />
d’étoiles, se répètent régulièrement car ces objets se comportent comme des phares. Il existe plusieurs façons<br />
de transformer les fréquences observées des variations lumineuses en musique. Par exemple, on peut considérer<br />
que ces fréquences correspondent<br />
directement à des fréquences sonores,<br />
à un facteur multiplicatif près, car<br />
il faut que la note résultante soit<br />
audible par les humains. Si l’objet<br />
présente plusieurs fréquences, on<br />
se retrouve alors avec quelques<br />
‘‘notes’’, dont l’amplitude relative<br />
est fixée à celle enregistrée pour le<br />
signal stellaire. Certains utilisent<br />
ensuite ces accords comme base<br />
pour composer un morceau. B. Ulas<br />
utilisa ainsi les pulsations de l’étoile<br />
Y Cam (https://soundcloud.com/bulash/<br />
akycam). Si l’on aime ce jeu, on<br />
peut s’amuser à créer un véritable<br />
la porte des étoiles n°36 16
• • • • PATRIMOINE<br />
orchestre ‘‘stellaire’’ en combinant les ‘‘notes’’ de différents objets…. D’un autre côté, si l’amplitude du signal<br />
mesuré change avec le temps, on se retrouve directement avec une mélodie céleste, comme pour les pulsations<br />
solaires transposées dans le régime audible (voir voir aussi les sons de base sur http://soi.stanford.edu/results/sounds.<br />
html et http://quake.stanford.edu/~sasha/SOUNDS/sounds.html) et utilisées par Stephen Taylor pour Heart of the Sun<br />
(http://www.stephenandrewtaylor.net/mp3/HeartoftheSun.mp3).<br />
Autre possibilité : considérer que les variations lumineuses périodiques fournissent non les notes mais bien<br />
leur rythme – la musique résultante sera donc un tam-tam plus ou moins rapide suivant les cas. La hauteur de la<br />
note est ici choisie sans critère astronomique, mais l’amplitude relative des rythmes est de nouveau empruntée<br />
au signal céleste. Dans ce cadre, il faut citer le Noir de l’étoile (https://www.youtube.com/watch?v=zO02H-R6IWo),<br />
de Grisey. Ce morceau est écrit pour six percussionnistes disposés à des endroits différents, parmi le public.<br />
Le concert commence avec un texte de l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet sur les pulsars et continue avec<br />
les six ensembles de percussions, jouant tantôt séparément tantôt ensemble. La partition se fait exemplative,<br />
faisant entendre tant des rythmes réguliers que les irrégularités (en rythme et en amplitude) typiques de ces<br />
phares célestes. Par deux fois, les musiciens s’arrêtent, pour laisser entrer les invités : deux pulsars dont les<br />
signaux radios ont été convertis en son (sans changer leur fréquence, cependant). Le premier est le pulsar de<br />
Vela, pré-enregistré, tandis que le second pulsar doit, lui, intervenir ‘‘en direct’’ – à Strasbourg et Bruxelles,<br />
c’était PSR 0329+54 observé par le radiotélescope de Nançay. Peu de pulsars peuvent en fait convenir pour<br />
ce genre d’exercice (il faut un signal stable et fort, avec une fréquence dans la zone audible) mais en plus,<br />
ils contraignent souvent fortement l’horaire du concert. Ainsi, PSR 0329+54 n’est observable que durant une<br />
demi-heure au-dessus de Nançay, parfois tôt le matin, parfois tard le soir et seulement à certains moments de<br />
l’année, il faut donc bien calculer son coup ! Après l’intervention de ces ‘‘invités’’, les percussionnistes leur<br />
répondent, mêlant signaux célestes et musique humaine. Le tout se déroule dans une ambiance feutrée, avec<br />
lumières minimales et décor sombre, en accord avec le titre de l’œuvre.<br />
On peut aussi jouer avec des signaux non périodiques – il existe en fait des milliers d’exemples de sonification<br />
de données (http://www.jpl.nasa.gov/videos/solar_system/SpookySoundsJPL-cc.mov ; quelques-uns sont proposés sur<br />
http://www.jpl.nasa.gov/multimedia/sounds/index-flash.html et sur http://proftimobrien.com/2014/03/sounds-of-space ou encore<br />
sur http://www-pw.physics.uiowa.edu/space-audio/sounds). Ainsi, les variations de densité de particules mesurées par<br />
Voyager ou celles du nombre d’impacts de grains de poussière par Cassini lors de sa traversée des anneaux ont<br />
été convertis en fréquences sonores : plus il y en avait, plus c’était aigu. Ce genre de données, en provenance<br />
des sondes Voyager et Galileo, a été utilisé par le Kronos Quartet pour Sun Rings (https://www.youtube.com/<br />
watch?v=D3qqhOgNdhQ). De son côté, Robert Schroeder a transposé dans la gamme audible les signaux radio<br />
observés en provenance de la galaxie Cygnus A, les insérant dans le morceau éponyme (https://www.youtube.<br />
com/watch?v=vBW4hogVNSY).<br />
À l’observatoire d’Armagh (Irlande du Nord), une installation sonique (Around North - https://www.youtube.<br />
com/watch?v=24kAfeBl0mo) créée par le compositeur Robert Jarvis permet de ressentir le mouvement des<br />
étoiles autour du Pôle : le son associé à chaque étoile dépend de ses caractéristiques physiques (température,<br />
distance...) et de sa position dans le ciel au moment où l’on écoute.<br />
Around North, par Robert Jarvis de l’observatoire d’Armagh<br />
la porte des étoiles n°36 17
Manuscrit d’Atlas Eclipticalis conservé à New York<br />
• • • • PATRIMOINE<br />
Au-delà de ces cas<br />
classiques de conversion<br />
de données en musique,<br />
il faut aussi considérer<br />
l’expérimentation. John<br />
Cage a ainsi composé<br />
son Atlas Eclipticalis<br />
( https://www.youtube.com/<br />
watch?v=nky14InylDM), et<br />
sa suite Études Australes<br />
( https://www.youtube.com/<br />
watch?v=o7Gzy1hGDg0), en<br />
utilisant les cartes célestes<br />
d’Antonín Becvár : en<br />
plaçant des portées sur<br />
diverses régions du ciel<br />
choisies au hasard, les étoiles<br />
se muèrent en notes, formant<br />
souvent des agrégats. L’idée<br />
est de donner une dimension<br />
spatiale et éternelle à la musique – quasi objective puisque ne nécessitant que peu d’intervention humaine.<br />
Particularité : pour ce morceau de piano, les deux mains jouent de manière totalement indépendante, ce qui ne<br />
facilite pas la vie des musiciens.<br />
George Crumb propose aussi, dans son Makrocosmos, de jouer avec les formes. Ses partitions présentent en<br />
effet des formes originales : spirale pour Spiral Galaxy (https://www.youtube.com/watch?v=FNNTFt00SEc) (vol I<br />
de Makrocosmos) ou ensemble de deux cercles pour Twin suns (https://www.youtube.com/watch?v=n2XU0AtT84I)<br />
(vol II). Les autres volumes comportent aussi d’autres morceaux aux noms célestes : music of starry night<br />
(https://www.youtube.com/watch?v=X8baLOaS9Bw) (vol III) ; et alpha centauri, beta cygni, gamma draconis, et<br />
delta orionis (https://www.youtube.com/<br />
watch?v=o_1A69kKTJo) (vol IV).<br />
Enfin, Stockhausen s’est aussi<br />
intéressé aux constellations pour son<br />
Sternklang (https://www.youtube.com/<br />
watch?v=gqXsA0Gu6DA). Cette œuvre<br />
(qui n’est pas sa seule à consonance<br />
astronomique – cf. Sirius, Licht)<br />
doit se jouer dans un parc, avec cinq<br />
groupes de musiciens. Chacun des<br />
groupes joue ses propres combinaisons<br />
musicales, avec de temps à autre une<br />
synchronisation entre eux. Il peut y<br />
avoir aussi un transfert de musique<br />
d’un groupe à l’autre, via un chanteur<br />
fredonnant le morceau à transférer<br />
tout en se déplaçant de l’un vers<br />
l’autre. La partition comporte en outre<br />
des ‘‘K’’ indiquant quand jouer les<br />
‘‘constellations’’. Les écarts verticaux<br />
entre étoiles d’une constellation<br />
permettent de donner la suite de<br />
notes à utiliser, les écarts horizontaux<br />
fournissant l’écart temporel (le<br />
La partition de Spiral Galaxy de Crumb<br />
la porte des étoiles n°36 18
• • • • PATRIMOINE<br />
rythme). Enfin, la brillance des<br />
étoiles fournit l’intensité (fort ou<br />
faible) du son, tandis que le nom<br />
de la constellation sert parfois pour<br />
le chant associé.<br />
On le voit, la musique céleste<br />
n’est pas unique – tout comme<br />
dans les Beaux-Arts, le ciel a<br />
inspiré de nombreux artistes,<br />
chacun répondant avec sa<br />
propre sensibilité. Utilisation de<br />
données astronomiques, souvenirs<br />
d’observation, réinterprétation des<br />
recherches en cours, voire réflexion<br />
sur l’harmonie du monde, c’est tout<br />
un florilège qui s’exprime ici !<br />
Notes<br />
Article déjà publié dans la revue le ciel : http://www.societeastronomique.ulg.ac.be/actualites/bulletin-le-ciel<br />
Pour un accès plus facile aux liens, notez que cet article se trouve en ligne sur le site Culture-ULg :<br />
http://culture.ulg.ac.be/musique-astro<br />
Bibliographie<br />
Bakich M., 10 awesome pieces of astronomy-inspired music, 2014 (site web Astronomy magazine)<br />
Bastien N., Musique et Astronomie, site de l’auteur<br />
Bell J.U., The astronomer’s songbook, disponible en ligne<br />
Cabellero J.A., Music and Astronomy, arxiv : 0810.2032<br />
Cartier P., Kepler et la musique du monde, La Recherche, 26, 750 (juil-août 1995)<br />
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Chung J., Cosmic contemplations - music of the spheres, JRASC, 107, 121 (2013)<br />
de Freitas Mourao R.R., Astronomy in Brazilian music and poetry, IAU Symp 260, 368 (2011)<br />
Fabris D., Galileo and music : a family affair, ASP Conf Series, 441, 57 (2011)<br />
Fraknoi A., Music inspired by astronomy : a selected listing for the IYA, ASP Conf Series, 400, 514 (2008)<br />
Fraknoi A., Music inspired by astronomy : a resource guide organized by topic, Astronomy Education Review, 2012<br />
Guillemette R., Aviation and space music, US centennial of flight website<br />
Hessman F.V. & Hammer C., A concert of music by Sir William Herschel, ASP Conf Series, 261, 685 (2002)<br />
Kollath Z. & Keuler J., Stellar acoustics as input for music composition,<br />
Lubowich D., Music and astronomy under the stars 2009, ASP Conf Series, 431, 47 (2010)<br />
Luminet J.-P., Musique avec pulsar obligé, site web de l’auteur<br />
MacKay A., The galileo project: Music of the spheres - programme notes, folder de Tafelmusik, 2012<br />
Martinez P., The music of the spheres, MNASSA, 55, 44 (1996)<br />
Petrobelli P., Music in Galileo’s time, ASP Conf Series, 441, 55 (2011)<br />
Proust D., Harmony of the spheres, publié sur le site de la William Herschel Society<br />
Proust D., L’harmonie des sphères, Publications de l’Observatoire astronomique de Strasbourg, 13, 13 (1996)<br />
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Sharma M. et al., Capturing public interest in astronomy through art and music, ASP Conf Series, 400, 122 (2008)<br />
Stephenson B., The music of the heavens - Kepler’s harmonic astronomy, Princeton University Press, 1994<br />
Ulas B., The multiperiodic pulsating star Y Cam A as a musical instrument, arxiv 1507.07307<br />
Whitehouse M., Engaging students through astronomically-inspired music, ASP Conf Series, 441,201 (2011)<br />
L’auteur remercie pour leur aide C. Purnelle et S. Van Eck.<br />
Les constellations de Stockhausen pour Sternklang<br />
la porte des étoiles n°36 19
• • • • HISTOIRE<br />
L’astronomie<br />
mésopotamienne<br />
Par Sébastien Beaucourt - Médiateur scientifique au planétarium de Reims<br />
La Mésopotamie est le berceau de la civilisation. Elle a<br />
connu l’édification des toutes premières villes (Mari, Sumer)<br />
ainsi que l’apparition de l’écriture, le cunéiforme (nommé<br />
ainsi car les symboles ont la forme de clous), vers 3200 avant<br />
J.-C. C’est également dans cette région que les prémices<br />
de la science des étoiles apparaissent. Pendant plusieurs<br />
millénaires, les astronomes-astrologues vont scruter le ciel,<br />
créer les premiers repères (constellations et zodiaque),<br />
pour enfin aboutir à une arithmétique capable de calculer à<br />
l’avance la position des planètes.<br />
Brève présentation historique<br />
Exemple de tablette avec une écriture cunéiforme<br />
Littéralement, Mésopotamie signifie le pays entre deux<br />
fleuves, du grec meso (au milieu de) et potamos (fleuve). C’est une vaste plaine sillonnée par le Tigre et<br />
l’Euphrate. Elle recouvre essentiellement l’Irak actuel, l’est de la Syrie et le sud-est de la Turquie. Entourée<br />
par le désert et les montagnes, elle forme ce que l’on appelle le ‘‘croissant fertile’’.<br />
Pour comprendre les motivations de l’astronomie mésopotamienne, un bref rappel de l’histoire de la région est<br />
nécessaire. Plusieurs peuples se partagent le contrôle du territoire : tout d’abord les Sumériens qui dominent<br />
à la fin du IIIème millénaire avant J.-C. puis les Akkadiens, à partir de 2350 avant J.-C. Au début du IIème<br />
millénaire avant J.-C., un nouvel empire dirigé par le roi Hammurabi (1792 av. J.-C. – 1750 av. J.-C. ) émerge,<br />
centré sur Babylone. Vers -800, les Assyriens prennent le pouvoir. Puis, deux siècles plus tard, c’est au tour des<br />
Chaldéens. Cependant, les deux royaumes subissent régulièrement les invasions des peuples voisins. L’empire<br />
babylonien s’effondre suite à l’invasion perse au VIème siècle avant J.-C. Puis, en 332 avant J.-C., c’est au tour<br />
d’Alexandre le Grand d’envahir la région,<br />
qui passe alors sous domination grecque.<br />
Carte de la Mésopotamie<br />
Géographiquement, l’emplacement est<br />
stratégique, situé au carrefour des routes<br />
commerciales venant de l’Europe, de<br />
l’Arabie et de l’Asie. Tout au long de son<br />
histoire, la Mésopotamie fut obligée de<br />
commercer, devenant ainsi un immense<br />
marché où se côtoient différentes cultures<br />
et s’échangent les idées. L’histoire de<br />
la Mésopotamie a donc donné lieu à de<br />
nombreux brassages de peuples et de<br />
cultures, et il est donc relativement difficile<br />
de préciser les généalogies culturelles et<br />
savantes de chacune des traditions ayant<br />
fondé la civilisation mésopotamienne,<br />
ainsi que leur apport dans la science<br />
astronomique.<br />
la porte des étoiles n°36 20
Les sources<br />
Les historiens disposent de près de 800 000 tablettes<br />
retrouvées à ce jour. Celles-ci proviennent de la ville<br />
d’Uruk, de la bibliothèque de Ninive, la capitale<br />
assyrienne, et de divers endroits de Babylone. Près de<br />
1500 parlent d’astronomie. L’essentiel des tablettes<br />
est daté entre -650 et -50.<br />
L’une des plus anciennes tablettes astronomiques est<br />
celle datée du règne d’Ammisaduqua (vers 1646-<br />
1626 avant J.-C.), qui indique toutes les dates et les<br />
heures des levers et couchers de Vénus pendant les<br />
vingt années du règne. Cela nous permet d’affirmer<br />
qu’à cette époque, l’étoile du matin et celle du soir<br />
sont clairement identifiées comme un seul et même<br />
astre : Ishtar, déesse de la fécondité, qui sera plus<br />
tard assimilée à Aphrodite/Vénus. Ces observations<br />
laissent supposer que les Mésopotamiens scrutent le<br />
ciel depuis bien plus longtemps. Rappelons que depuis<br />
l’apparition de l’écriture, vers 3000 avant J.-C., ils<br />
pouvaient enregistrer les mouvements des astres.<br />
Chronologie<br />
Date En Mésopotamie Dans le reste du<br />
monde<br />
3900 Premières villes<br />
3200 Apparition de l’écritude<br />
cunéiforme<br />
3100 Apparition de l’écriture<br />
hiéroglyphique en Egypte<br />
2900-2350 Époque sumérienne<br />
(premiers rois, premières<br />
dynasties)<br />
2340-2150 Époque d’Akkad (premier<br />
État)<br />
2150-2000 Époque néo-sumérienne<br />
2000-1600 Époque amorrite<br />
1600-1100 Époque du Bronze récent<br />
934-600 Périodes troublées, repli<br />
des pouvoirs assyrien et<br />
babylonien<br />
• • • • HISTOIRE<br />
Apparition de l’écriture en<br />
Chine (vers -800)<br />
753 Fondation de Rome<br />
610-539 Époque néo-babylonienne<br />
539-331 Invasion perse<br />
331 Conquête d’Alexandre le<br />
Grand<br />
Deux autres séries de tablettes constituent les principales sources d’informations sur l’astronomie<br />
mésopotamienne : les tablettes Enuma Anu Enlil et Mul.Apin, qui proviennent de la bibliothèque d’Assourbanipal,<br />
à Ninive. Enuma Anu Enlil (quand les dieux Anu et Enlil) est un ensemble de 70 tablettes datant probablement<br />
du IIe millénaire avant J.-C. La série comporte 7000 présages astrologiques. Les tablettes Mul.Apin (du nom<br />
de la première constellation qui est mentionnée, celle de la Charrue) datent de 1100 avant J.-C., mais fait état<br />
d’un savoir plus ancien, probablement du IIème millénaire avant J.-C. là aussi. Les Mul.Apin constituent le<br />
premier catalogue stellaire, décrivant 66 constellations, ainsi que la division du ciel en trois secteurs. Un autre<br />
texte mentionne les 18 constellations<br />
situées sur le ‘‘chemin de la Lune’’,<br />
qui correspond plus ou moins à<br />
l’écliptique (plan de l’orbite de la<br />
Terre autour du Soleil ; vu depuis<br />
la Terre, c’est une ligne imaginaire<br />
que semblent suivre les planètes,<br />
le Soleil et la Lune au cours de<br />
leur déplacement annuel). C’est là<br />
l’origine du premier zodiaque de<br />
l’histoire.<br />
Nous disposons également des<br />
reliefs sculptés sur les murs des<br />
monuments, ainsi que des Kudurru,<br />
des stèles portant le texte d’une<br />
donation royale de terres, sur<br />
lesquelles figurent les premières<br />
représentations des divinités.<br />
Kudurru de Meli-shipak (1350 av. J.-C.)<br />
On reconnait Suhur-Mash-Ha le Poisson-<br />
Chèvre, représentation du dieu Ea, à<br />
l’origine de notre Capricorne, et Ishara, le<br />
Scorpion.<br />
la porte des étoiles n°36 21
La cosmogonie, une motivation pour l’observation du ciel<br />
• • • • HISTOIRE<br />
Dans la cosmogonie mésopotamienne, la Terre est née du corps du monstre femelle Tiamat coupé en deux<br />
par Marduk. L’une des deux parties forme la Terre, l’autre le ciel. Selon l’interprétation mésopotamienne, les<br />
créatures et les hommes n’ont pas de libre arbitre. Ce qu’ils entreprennent est la volonté des dieux. Mais ces<br />
dieux sont bienveillants, ils avertissent toujours de leur intention. Il est donc nécessaire d’observer le ciel, pour<br />
interpréter les volontés divines. Comme nous l’avons vu dans le rappel historique, la Mésopotamie est une<br />
région mouvementée, qui lutte en permanence contre les invasions. Savoir à l’avance ce que prépare la cité<br />
voisine est gage de sûreté. De ces considérations vont naître une astrologie au service de l’État, afin de prévoir<br />
les grandes destinés du pays et prédire l’avenir du roi.<br />
L’astronomie mésopotamienne<br />
Pour les astronomes-astrologues mésopotamiens, les étoiles sont de simples repères permettant de calculer<br />
la position des sept astres errants considérés comme des divinités : Sîn (la Lune), Shamash (le Soleil), Ishtar<br />
(Vénus), Nergal (Mars), Marduk (Jupiter), Nabu (Mercure) et Ninurta (Saturne).<br />
Afin de calculer ces positions avec une grande précision, les Mésopotamiens divisèrent le ciel en constellations.<br />
La plupart de celles-ci seront reprises par les Grecs, avant d’arriver jusqu’à nous (voir annexe). Le ciel est<br />
lui-même divisé en trois secteurs : le chemin d’Enlil, le dieu du vent, correspond à la partie du ciel comprise<br />
entre le pôle nord céleste et la déclinaison +23°. Le chemin d’Éa, le dieu des eaux, correspond à la partie<br />
du ciel comprise entre le pôle sud céleste<br />
et la déclinaison -23°. Enfin, le chemin<br />
d’Anu, le dieu du ciel, correspond à la<br />
zone du ciel située de part et d’autre de<br />
l’équateur céleste, entre les déclinaisons<br />
+23° et -23°. Les constellations ainsi<br />
réparties permettent de repérer les douze<br />
mois de l’année ainsi que le début de<br />
chaque saison. 2000 ans avant J.-C., le<br />
Taureau (Gud An.na) contenait la position<br />
du Soleil au moment de l’équinoxe de<br />
printemps, le Lion (Ur-Gu-La) le solstice<br />
d’été, le Scorpion (Gir-Tab) l’équinoxe<br />
d’automne, et le Capricorne (Suhur-Mash<br />
Ha), le solstice d’hiver.<br />
Pendant près de deux millénaires, les<br />
Mésopotamiens vont ainsi scruter<br />
anxieusement les mouvements des astres<br />
pour savoir quels messages les divinités<br />
adressent aux humains : phases, couleur et<br />
aspect de la Lune, luminosité, heure des<br />
La sphère céleste des mésopotamiens<br />
levers et couchers des planètes, dates des<br />
solstices et équinoxes, levers héliaques de Sirius, conjonctions de la Lune avec les étoiles les plus brillantes.<br />
Un événement imprévu comme une éclipse ou le passage d’une comète n’était pas bon signe. Les comètes<br />
étaient ainsi baptisées ‘‘dug-ga’’ (charognard). Quant aux éclipses, elles étaient l’occasion de mettre en place<br />
un rituel pour conjurer le sort : un roi substitut montait sur le trône, car selon la croyance, le ‘‘faux roi’’<br />
absorberait le mal et les mauvais présages. Une fois le phénomène céleste terminé, on faisait disparaître le<br />
malheureux pour prouver au peuple la véracité du rituel.<br />
Finalement, ce n’est qu’au début du VIème siècle avant J.-C. que les astronomes assyriens aboutissent à une<br />
astronomie mathématique assez précise. Mais cette dernière connaîtra son heure de gloire au cours de la période<br />
chaldéenne, entre 539 et 75 avant J.-C., lorsque les Perses auront conquis la région. Les Chaldéens vont hériter<br />
des observations accumulées par les Babyloniens depuis près de 2000 ans. Ces derniers vont développer<br />
la porte des étoiles n°36 22
• • • • HISTOIRE<br />
une arithmétique capable d’expliquer les vitesses variables des planètes. Ils commencent par simplifier le<br />
problème en supposant qu’il n’y avait que deux vitesses différentes, l’une rapide et l’autre plus lente. On peut<br />
comprendre facilement leur méthode en traçant un diagramme montrant comment ils figuraient la variation<br />
du mouvement au cours du temps. Puis, entre 180 et 50 avant J.-C., les modèles se sont perfectionnés. Une<br />
fonction zigzag remplace le modèle discontinu. Elle traduit avec une plus grande précision le changement de<br />
vitesse progressif des astres.<br />
Fonction discontinue<br />
À partir de là, des éphémérides pourront être établies, permettant de connaître avec une certaine précision<br />
les positions des cinq planètes visibles à l’œil nu, ainsi que celles de la Lune et du Soleil. Perdant ainsi leurs<br />
propriétés divines, les planètes sont devenues de simples objets naturels dont il est possible de connaître le<br />
comportement grâce aux mathématiques. Mais contrairement aux Grecs, il semble que les Chaldéens n’aient<br />
pas élaboré de théories mathématiques permettant d’expliquer les mouvements des planètes.<br />
Capable de définir à l’avance les positions des planètes et de la Lune, l’imprévisibilité disparaît et l’astrologie<br />
d’État perd de son importance. Vers 410 avant J.-C., le zodiaque est divisé en douze parties de 30° chacune,<br />
permettant à l’astrologie d’État de se transformer en astrologie individuelle généthliaque : c’est le début des<br />
horoscopes tels que nous les connaissons encore aujourd’hui. Pourquoi douze parties ? Certainement parce<br />
que les Mésopotamiens comptaient en base 60, de laquelle nous avons hérité pour compter les heures et les<br />
degrés d’angle. Ainsi, diviser un cercle de 360° en six, puis en douze semble être le réflexe le plus immédiat.<br />
Le calendrier<br />
Fonction zigzag<br />
Comme toutes les civilisations antiques, les Mésopotamiens ont établi leur calendrier à partir de l’observation<br />
de la Lune. Le mois commence le soir où le premier croissant de Lune est visible dans les lueurs du Soleil<br />
couchant. Ainsi, le premier jour du mois correspond toujours au premier croissant, le 15 du mois à la pleine<br />
Lune. De même, le jour babylonien commence au crépuscule. L’année se compose de 12 mois lunaires de 29<br />
ou 30 jours (voir ci-dessous).<br />
Cependant, cette année lunaire<br />
Mois mésopotamiens<br />
Mois actuels<br />
dure 354 jours, alors que l’année<br />
Nisannu (30 jours)<br />
Mars-Avril<br />
solaire sur laquelle se basent les<br />
Airu (29 jours)<br />
Avril-Mai<br />
travaux agricoles dure 365,25 jours.<br />
Sivanu (30 jours)<br />
Mai-Juin<br />
Pour résoudre ce décalage, les rois<br />
Dû-zu (29 jours)<br />
Juin-Juillet<br />
sumériens des cités-états (vers -3500)<br />
Abu (30 jours)<br />
Juillet-Août<br />
ajoutaient un mois supplémentaire de<br />
Ululu (29 jours)<br />
Août-Septembre<br />
manière arbitraire quand le décalage<br />
Tasrita (30 jours)<br />
Septembre-Octobre<br />
devenait trop important. Comme<br />
Arah-Samma (29 jours)<br />
Octobre-Novembre<br />
Kislou (30 jours)<br />
Novembre-Décembre<br />
nous l’indique une tablette datant<br />
Tebitu (29 jours)<br />
Décembre-Janvier<br />
du règne d’Hammurabi (1810-1750<br />
Sebatu (30 jours)<br />
Janvier-Février<br />
avant J.-C.), le calendrier n’était donc<br />
Addaru (29 jours)<br />
Février-Mars<br />
pas le même d’une cité à l’autre.<br />
la porte des étoiles n°36 23
• • • • HISTOIRE<br />
Au VIème siècle avant notre ère, la décision d’intercaler le mois complémentaire fut prise en fonction des<br />
données astronomiques. En effet, après plusieurs milliers d’années d’observation des astres, les astronomes<br />
babyloniens découvrent que 235 mois lunaires (19 années lunaires + 7 mois) contiennent approximativement<br />
le même nombre de jours que 19 années solaires. Ce cycle sera connu plus tard sous le nom de cycle de Méton<br />
dans l’astronomie grecque.<br />
À partir de ces données, les Babyloniens calculent un nouveau calendrier qui s’accorde à la fois avec le<br />
Soleil et la Lune. Au cours d’un cycle de 19 années lunaires, sept années (notées ci-après en gras) devaient<br />
être ‘‘allongées’’ d’un mois supplémentaire : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19. Ce calendrier<br />
babylonien servira de base au calendrier hébraïque.<br />
L’invention de la semaine<br />
Dès le XIXème siècle avant J.-C., les marchands assyriens faisaient crédit sur une base de sept jours,<br />
correspondant approximativement aux quatre phases lunaires remarquables. Ainsi, les Mésopotamiens<br />
considéraient les jours 7, 14, 21 et 28 du mois comme néfastes. Les sept jours de la semaine prirent les noms<br />
des sept astres errants. Pour cela, les astres ont été classés dans l’ordre décroissant de leur période de révolution<br />
vue de la Terre, du plus lent au plus rapide : Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure et la Lune.<br />
À partir de là, il était attribué à chaque heure de chaque jour le nom d’un astre en commençant par la première<br />
heure du premier jour avec Saturne. Une fois arrivé à la huitième heure du premier jour, on recommence la<br />
liste depuis le début, toujours avec Saturne. Une fois le premier jour terminé, on continue le deuxième jour en<br />
notant en première heure l’astre suivant directement celui de la 24ème heure du jour précédent, comme dans<br />
le tableau ci-dessous :<br />
Heure de la<br />
journée<br />
Jour 1<br />
Saturne<br />
Jour 2<br />
Soleil<br />
Jour 3<br />
Lune<br />
JOURS DE LA SEMAINE<br />
Jour 4<br />
Mars<br />
Jour 5<br />
Mercure<br />
Jour 6<br />
Jupiter<br />
Jour 7<br />
Vénus<br />
Jour 8=Jour<br />
1 Saturne<br />
1ère heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne<br />
2ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter<br />
3ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars<br />
4ème heure Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil<br />
5ème heure Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus<br />
6ème heure Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure<br />
7ème heure Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune<br />
8ème heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne<br />
9ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter<br />
10ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars<br />
11ème heure Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil<br />
12ème heure Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus<br />
13ème heure Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure<br />
14ème heure Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune<br />
15ème heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne<br />
16ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter<br />
17ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars<br />
18ème heure Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil<br />
19ème heure Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus<br />
20ème heure Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure<br />
21ème heure Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune<br />
22ème heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne<br />
23ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter<br />
24ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars<br />
Chaque jour prend alors le nom de l’astre correspondant à sa première heure. On remarquera qu’à l’époque, le<br />
premier jour de la semaine était le samedi (ce qui est toujours le cas du calendrier hébraïque). Ce décompte de<br />
sept jours sera repris par les Hébreux durant leur captivité à Babylone car il rappelle la création du monde en<br />
sept jours. À leur tour, ils transmettront cet héritage au monde chrétien, au début du Moyen-Âge.<br />
la porte des étoiles n°36 24
Conclusion<br />
Pendant près de 3000 ans, les<br />
astronomes mésopotamiens ont reporté<br />
méthodiquement les positions des astres<br />
errants : Soleil, Lune et planètes visibles<br />
à l’œil nu. Grâce à ces ‘‘archives’’, ils<br />
établiront à partir du VIIème siècle avant<br />
J.-C. des théories arithmétiques capables<br />
de prévoir la position des planètes. Après<br />
la conquête de Babylone par Alexandre le<br />
Grand, les Grecs adopteront leur mesure<br />
d’angle sexagésimale, leur mathématisation<br />
de l’astronomie, le nom des principales<br />
constellations, leur zodiaque, et surtout<br />
cette idée nouvelle de décrire la nature par<br />
des concepts abstraits à la base de notre<br />
science actuelle.<br />
• • • • HISTOIRE<br />
Tablette présentant un calendrier zodiacal (IIIème-IIème siècle avant J.-C.)<br />
Annexe<br />
Liste des constellations mésopotamiennes en usage à la fin du deuxième millénaire avant J.-C.<br />
Hémisphère Nord - Chemin d’Enlil<br />
Constellation<br />
Traduction<br />
Constellation actuelle<br />
mésopotamienne<br />
1 - Mul.Apin la charrue le Triangle<br />
2 - Mar-Gid.da le chariot la Grande Ourse<br />
3 - Mar-Gid.da An.na le chariot du ciel la Petite Ourse<br />
4 - Mu-Sir ou Mu.bu Kesh.da le joug du ciel le Dragon<br />
5 - Shudun ou Shu.pa le joug des terres le Bouvier<br />
6 - Shu-Gi le vieil homme Persée<br />
7 - Zubi le cimeterre le Cocher<br />
8 - Mash-Tab.ba les grands jumeaux les étoiles Castor et Pollux<br />
9 - Mash-Tab.ba Tur-Tur les petits jumeaux les étoiles z et l Gemini<br />
10 - Anshu Kur.ra le cheval Pégase et le Petit Cheval<br />
11 - Lu-Lim le bélier conducteur Andromède et Cassiopée<br />
12 - Al-Lul le crabe M44 (Cancer)<br />
13 - Ur-Gu-La le lion le Lion<br />
14 - Bal.tesh.a ou Bal-Ur.a la fécondation ou le cercle la Couronne boréale<br />
15 - He-Gal-A.a la surabondance la Chevelure de Bérénice ?<br />
16 - Ur-Ku le chien Hercule<br />
17 - Dingir Tush.a.mesh les dieux assis des étoiles d’Hercule ?<br />
18 - Dingir Gub.a.mesh les dieux debouts des étoiles d’Hercule ?<br />
19 - Uz la chèvre la Lyre<br />
20 - Ud Ka-Dua la panthère Cygne, Céphée, Lézard<br />
21 - Shah Da.mu le porc de la déesse Damu Dauphin ? Dragon ? Cassiopée ?<br />
la porte des étoiles n°36 25
• • • • HISTOIRE<br />
Zone équatoriale - Chemin d’Anu<br />
Constellation<br />
Traduction<br />
Constellation actuelle<br />
mésopotamienne<br />
1 - Lu Hun.ga le journalier le Bélier<br />
2 - Mul-mul les étoiles les Pléiades<br />
3 - Gud An.na le taureau du ciel les Hyades<br />
4 - Sipa-Zi An.na le pasteur fidèle du ciel Orion<br />
5 - Mash-Tab.ba Sib-Zi An.na les jumeaux en face du pasteur x Geminorum et p Orionis<br />
6 - Kak-Si.di ou Kak-ban la flèche l’étoile Sirius<br />
7 - Ban l’arc le Grand Chien<br />
8 - Tar-Lugal le coq le petit Chien ou le Lièvre<br />
9 - Id-Hu ou Amushen-Ti l’aigle l’Aigle<br />
10 - Ash-iku le champ le carré de Pégase<br />
11 - Mush le serpent l’Hydre<br />
12 - Ugamushen ou U-Nah.ga Hu le corbeau le Corbeau et la Coupe<br />
13 - Za-ma-ma ou Za-ba-ba un dieu guerrier la tête du Serpent<br />
14 - Ab-sin l’épi la Vierge<br />
15 - Zi-Ba An.na la balance la Balance<br />
16 - Shinunutu ou Shim-Mah l’hirondelle Ouest des Poissons<br />
17 - Anunûnitu une déesse Nord-Est des Poissons<br />
18 - Zibbati les queues Nord-Est des Poissons<br />
Hémisphère Sud - Chemin d’Ea<br />
Constellation<br />
Traduction<br />
Constellation actuelle<br />
mésopotamienne<br />
1 - Dil-Gan ou Ku l’irrigateur la Baleine<br />
2 - En-te-na le sanglier le Centaure<br />
3 - Nu-Mush-da un petit quadrupède l’Autel ou h Centauri<br />
4 - Ur-Idim la bête furieuse le Loup<br />
5 - Nin-Mah la grande dame les Voiles<br />
6 - Gish Gan-Ur la herse les Voiles<br />
7 - Gir-Tab le scorpion le Scorpion<br />
8 - Pa-bil Sag le prince étincelant de feux le Sagittaire et le Serpentaire<br />
9 - Ma-Gur la barque sacrée la tête du Capricorne<br />
10 - Suhur-Mash Ha le poisson-chèvre la queue du Capricorne<br />
11 - Nun ou Gu-La le géant le Verseau<br />
Le zodiaque mésopotamien (chemin de la Lune) décrit sur les tablettes Mul.Apin, vers 2300 avant J.-C.<br />
Constellation<br />
Traduction<br />
Constellation actuelle<br />
mésopotamienne<br />
1 - Mul-mul les étoiles les Pléiades (Taureau)<br />
2 - Gud An.na le taureau du ciel les Hyades (Taureau)<br />
3 - Sipa-Zi An.na le pasteur fidèle du ciel Orion<br />
la porte des étoiles n°36 26
• • • • HISTOIRE<br />
4 - Shu-Gi le vieil homme Persée<br />
5 - Zubi le cimeterre le Cocher<br />
6 - Mash-Tab.ba les grands jumeaux Castor et Pollux (Gémeaux)<br />
7 - Al-Lul le crabe M44 (le Cancer)<br />
8 - Ur-Gu-La le lion Regulus (le Lion)<br />
9 - Ab-sin l’épi l’étoile Spica (la Vierge)<br />
10 - Zi-Ba An.na la balance du ciel la Balance<br />
11 - Gir-Tab le scorpion le Scorpion<br />
12 - Pa-bil Sag le prince étincelant de feux le Sagittaire et le Serpentaire<br />
13 - Suhur-Mash Ha le poisson-chèvre la queue du Capricorne<br />
14 - Nun ou Gu-La le géant le Verseau<br />
15 - Zibbati les queues une partie des Poissons<br />
16 - Shinunutu ou Shim-Mah l’hirondelle le Sud-Ouest des Poissons<br />
17 - Anunûnitu une déesse le Nord-Est des Poissons<br />
18 - Lu Hun.ga le journalier le Bélier<br />
Enfin, je reprends ci-dessous la symbolique de ces constellations tel que les décrit Roland Laffitte,<br />
secrétaire de la Société d’Études Lexicographiques & Étymologiques Françaises et Arabes.<br />
(www.uranos.fr)<br />
Le Bélier, symbole du berger Dumuzi, l’amant qu’Ishtar envoya en Enfer à sa place.<br />
Le Taureau, l’animal céleste d’Anu, envoyé à la demande d’Ishtar pour détruire Uruk afin de punir<br />
son roi, Gilgamesh, d’avoir repoussé ses avances.<br />
Les Gémeaux correspondent aux dieux Maslamtaéa et Lugalirra, les portiers du Monde des Trépassés,<br />
deux manifestations du maître de ce dernier, Nergal<br />
L’Épi, qui deviendra par la suite la Vierge en Syrie, est l’emblème de Shala, une divinité de la<br />
fécondité.<br />
La Balance mérite une attention particulière. Elle est l’emblème de Kittu et Mishâru, les ministres<br />
de Shamash, le Soleil, dieu de la Justice. Une première remarque est que ce couple, qui signifie<br />
littéralement ‘‘Droit et Équité’’, résulte de la personnification ou de la divinisation d’une expression<br />
signifiant ‘‘justice’’ dans le Code de Hammourabi, soit 1750 avant notre ère, ce qui montre que la<br />
balance utilisée comme métaphore de la justice est ancienne. Une seconde remarque est que si les<br />
Mésopotamiens voyaient deux figures concurrentes sur l’espace de la Balance actuelle, à savoir la<br />
Balance et les Pinces du Scorpion, ils ont choisi dès le début le nom de la Balance pour le signe<br />
zodiacal. De leur côté, les Grecs ont d’abord appelé ce signe les Pinces, du nom de la figure du grand<br />
Scorpion qu’ils avaient déjà hérité de Babylone et que nous connaissons par Eudoxe (vers 400-350<br />
avant J.-C.), tandis que le nom de la Balance n’a été introduit que plus tard, à partir de Geminos (vers<br />
80-10 avant J.-C.), et n’a connu de succès véritable qu’avec les Romains.<br />
Le Scorpion représente Ishkhara, l’emblème d’une des manifestations de Ishtardans dans sa fonction<br />
de déesse de l’Amour.<br />
Pabilsag est une des manifestations de Ninurta, dieu de la Guerre, reconnaissable comme le devancier<br />
de notre Sagittaire.<br />
Le Poisson occidental est Anunûnitu, une autre manifestation de Ishtar comme déesse de l’Amour.<br />
la porte des étoiles n°36 27
• • • • SCIENCES<br />
Quand l’astronomie dérape<br />
dans les médias<br />
Par Emmanuel Conseil - Vice-président du<br />
club astro de Mont Bernenchon<br />
C’était mieux avant ?<br />
L’astronomie est une science qui arrive encore à se faire une petite place dans les médias car elle véhicule<br />
un imaginaire et un émerveillement quasi-universels. Petits et grands restent très sensibles au charme d’une<br />
nuit étoilée. Bien que la pollution lumineuse nous pose quelques soucis, nous arrivons encore à faire cette<br />
expérience de lever les yeux vers le ciel et de rêver<br />
de conquête de l’espace, de voyage à la vitesse de la<br />
lumière, de planètes lointaines, de vie possible ailleurs<br />
dans l’Univers...<br />
L’astronomie a connu un petit âge d’or dans les médias,<br />
profitant d’une exposition à la télévision ou à la radio<br />
qui permettait un partage à grande échelle. On se<br />
souvient tous de l’immense publicité qui nous était<br />
faite lors de la ‘‘Nuit des étoiles filantes’’ sur France 2,<br />
avec plusieurs heures de direct dédiées à l’astronomie<br />
un samedi soir sur une grande chaîne. Quel pied ! On<br />
pouvait y découvrir le travail de chercheurs, le quotidien<br />
Hubert Reeves en pleine action<br />
d’astronautes, des clubs d’astronomie actifs... Difficile<br />
de faire mieux en terme de couverture. On peut se souvenir de l’émission ‘‘Tous sur orbite !’’ : 52 émissions<br />
passant et repassant sur ‘‘la Cinquième’’ qui montraient à grand renfort d’images de synthèse la mécanique<br />
céleste (une petite révolution en 1997).<br />
Il y avait aussi ‘‘du côté des étoiles’’ avec Marie-Odile Monchicourt<br />
pendant de nombreuses années sur France Info. En cinq minutes,<br />
on y parlait de l’actualité astronomique et aussi des choses à voir<br />
dans le ciel de la semaine à venir. On peut également se rappeler<br />
du traitement de l’astronomie réalisé par le magazine ‘‘C’est pas<br />
sorcier’’ sur France Télévisions qui, pendant 20 ans, a inculqué le<br />
goût des sciences, et entre autres de l’astronomie, à une génération<br />
de gamins. À grand renforts de maquettes, tout le Système<br />
C’est pas sorcier ! Une émission culte. solaire et l’univers y étaient passés. Et les connaissances étaient<br />
réactualisées, si bien que les épisodes traitant du Système solaire en 2010 parlaient, entre autres, des planètes<br />
naines qui n’étaient pas traitées dans les épisodes des années 90.<br />
Toutes ces émissions qui nous donnaient rendez-vous avec les étoiles ont disparu de nos ondes et de nos<br />
écrans. Alors l’astronomie ne prend que des petites places, de ci de là, en fonction de l’actualité et sur des<br />
chaînes secondaires comme France 5 ou Arte. Il n’y a plus de rendez-vous hebdomadaire, mensuel, annuel.<br />
Alors quand on veut traiter le sujet, on n’a plus une heure devant soi mais cinq minutes. Il faut donc faire vite<br />
et bien.<br />
la porte des étoiles n°36 28
Le regretté André Brahic, spécialiste du monde de Saturne<br />
À la dérive...<br />
• • • • SCIENCES<br />
Quand on veut parler d’astronomie à la<br />
télévision ou à la radio avec des gens<br />
populaires, le choix n’est pas cornélien.<br />
Le regretté André Brahic était un caviar<br />
pour les animateurs. On le lançait avec une<br />
petite question et il en faisait 10 minutes<br />
débordantes d’enthousiasme et à-même<br />
d’émerveiller un auditoire. Moins survolté<br />
mais aussi passionnant, Hubert Reeves<br />
passait pas mal de temps il y a quelques<br />
années sur nos ondes pour expliquer<br />
l’espace (Hubert Reeves n’est pas mort,<br />
hein ! Mais on le voit moins). Nous<br />
avions là quelques personnes identifiées<br />
‘‘astro’’ qui venaient nous parler d’espace<br />
régulièrement. Que reste t-il aujourd’hui ?<br />
À travers quelques exemples pris dans divers médias (télé, radio, Internet), je veux ici alerter sur le fait que la<br />
qualité du traitement de l’astronomie me semble en baisse. Que le sérieux requis pour parler d’une discipline<br />
scientifique a été remplacé par un besoin de faire de l’audience, souvent au détriment du contenu. Et pourtant,<br />
faire rêver avec de l’astronomie, ce n’est quand même pas bien compliqué.<br />
Les bêtises ne circulent plus seulement sur les blogs ou sites perso anonymes, mais peuvent tout aussi bien<br />
s’étaler devant des millions de personnes. Je vous invite à parcourir les nombreux liens cités, qui sont des<br />
compléments de lecture à cet article. Loin de moi l’idée que tout est à jeter. Il y a<br />
des contenus qui sont très biens faits par des gens très compétents. Qu’ils en soient<br />
remerciés. Je ne vais me concentrer que sur quelques mauvais exemples, signes d’une<br />
dérive en marche. Je ne pourrai pas non plus tous les traiter, il y en a tellement...<br />
Le grand public n’est généralement pas outillé pour remarquer qu’on lui raconte des<br />
salades, et cela se traduit au final par des questions étranges dans les soirées publiques<br />
des clubs d’astronomie qui se retrouvent à devoir ré-expliquer quelque chose qui a été<br />
‘‘vu à la télé’’ (donc vrai !) et que les gens ne comprennent pas, ou mal. Les astronomes,<br />
Vu à la télé, mais pas<br />
forcément vrai !<br />
les agences spatiales, bref ceux dont c’est le métier, ont fait de gros progrès en termes de communication. Les<br />
principaux problèmes ne viennent pas d’eux.<br />
Comme la plupart des sciences, l’astronomie nécessite un peu de travail pour être correctement appréhendée.<br />
En tant qu’astronomes amateurs, nous continuons à apprendre sans cesse, que l’on soit débutant ou baroudeur<br />
des étoiles depuis 50 ans. Comment les gens qui en sont restés aux maigres cours d’astronomie du lycée<br />
pourraient-ils suivre les découvertes sans cesse renouvelées ? Et bien il ne le peuvent pas. Alors il faut condenser<br />
tout cela avant de leur expliquer. On trouvera des explications dans les clubs d’astronomie bien entendu, mais<br />
plus souvent dans les médias. Mais qui sont ces gens qui produisent ces contenus astro ? Ont-ils une formation<br />
dans le domaine ? Comprennent-ils ce qu’ils racontent ? Nous verrons que ce n’est pas toujours le cas.<br />
L’astronome Neil de Grasse Tyson<br />
Et qui pour incarner l’astronomie<br />
dans les médias ? Nous n’avons pas,<br />
à l’instar des Américains, un Carl<br />
Sagan ou un Neil de Grasse Tyson<br />
qu’on situerait immédiatement<br />
comme ‘‘astronome de service’’.<br />
Demandez aujourd’hui aux gens de<br />
citer des astronomes et vous prenez<br />
le risque de vous retrouver avec<br />
L’astronome Carl Sagan<br />
la porte des étoiles n°36 29
• • • • SCIENCES<br />
deux ‘‘frangins’’. Vous savez... ceux qui observent les anneaux de Vénus,<br />
admirent la Grande Ourse et font de l’astrophoto avec une lunette depuis<br />
un hélicoptère en vol stationnaire à 2000 mètres d’altitude (voir : http://<br />
www.astrosurf.com/ubb/Forum1/HTML/003577.html) : les fameux frères<br />
Bogdanov. L’astronomie n’est clairement pas leur domaine mais on les<br />
invite pour en parler parce qu’ils écrivent des bouquins. Et comme ce qu’ils<br />
racontent est extrêmement compliqué, c’est qu’ils doivent avoir raison.<br />
Tout l’inverse de ce que serait la bonne vulgarisation. En règle générale, un<br />
astronome amateur lambda se bidonnera en les entendant aligner les bêtises<br />
avec le plus grand sérieux.<br />
Un exemple sur les ondes<br />
Prenons un exemple tout bête avec une chronique radio sur Europe 1, station<br />
qui mise sur le sérieux de ses contenus pour faire de l’audience et qui se fait<br />
Les anneaux de Vénus.<br />
Photomontage réalisé par un<br />
astronome amateur<br />
tout de même berner tout un été durant par deux personnes qui lui ont vendu une chronique ‘‘scientifique’’.<br />
Leur émission de l’été 2016 s’intitule ‘‘3 minutes pour comprendre’’. Le titre de cette chronique du 15 août<br />
2016 : ‘‘Et si notre planète était percutée un jour par un astéroïde ?’’ Déroulons le podcast seconde par<br />
seconde.<br />
0’22 : ‘‘Nous allons nous tourner vers le ciel pour y découvrir un astéroïde. Son nom : TV135.’’ Premier problème ici,<br />
aucun astéroïde ne s’appelle ‘‘TV135’’. Ceux qui ont un peu l’habitude de la nomenclature des astéroïdes<br />
verront qu’il ne s’agit pas ici d’un nom d’astéroïde, ou plutôt qu’il s’agit d’une partie d’un nom d’astéroïde.<br />
Leurs noms ont des formats bien précis et pour ceux qui n’ont pas été beaucoup observés, le nom commence<br />
par l’année de découverte, suivie d’une ou deux lettres et d’un nombre. Alors de quel astéroïde veulent-ils nous<br />
parler ? 1999 TV135 ? 2001 TV135 ? 2002 TV135 ? 2004<br />
TV135 ? 2005 TV135 ? 2007 TV135 ? 2008 TV135? 2010<br />
TV135 ? 2012 TV135 ? 2013 TV135 ? 2014 TV135 ? 2015<br />
TV135 ? C’est plus important que ça en a l’air car comme<br />
les deux gaillards sont coutumiers de l’embrouille, si on<br />
ne sait pas de quoi ils parlent, on ne peut pas critiquer ce<br />
qu’ils disent. Donc ici 12 astéroïdes s’appellent TV135.<br />
0’32 : ‘‘En effet, voici quelques mois, les astronomes ont<br />
découvert que cet astéroïde qui mesure plus de 400 mètres<br />
de diamètre se rapproche à grande vitesse de notre planète<br />
et pourrait même la percuter en 2032’’. Là on le tient notre<br />
Photographie de l’astéroïde 2013 TV 135 en 2013<br />
astéroïde. Le seul qui corresponde au niveau de la taille et<br />
de la possible collision en 2032 est ‘‘2013 TV135’’. D’ailleurs cet astéroïde a fait parler de lui en octobre 2013<br />
dans pas mal de journaux et sites web. Et pour cause, les toutes premières observations ont conduit à lui élaborer<br />
une trajectoire qui lui donnait une chance sur 63000 de percuter la Terre en 2032 (https://www.nasa.gov/<br />
mission_pages/asteroids/news/asteroid20131017.<br />
html). C’est très peu et en même temps, ce n’est<br />
pas tous les jours qu’on voit une probabilité aussi<br />
élevée en ce qui concerne les impacts astéroïdaux.<br />
Cependant le communiqué officiel indiquait bien<br />
que les prochaines observations réduiraient très<br />
certainement le risque à néant.<br />
0’45 : ‘‘Et c’est la première fois qu’un astéroïde est classé<br />
au deuxième degré sur l’échelle de Turin’’. Le niveau<br />
2 de l’échelle de Turin correspond à ‘‘collision très<br />
improbable, mais trajectoire proche de la Terre.<br />
Demande l’attention des astronomes mais il n’y a<br />
pas de raison de prévenir le public. Des observations<br />
La trajectoire de l’astéroïde 2013 TV 135<br />
la porte des étoiles n°36 30
ultérieures doivent permettre de requalifier le risque au niveau 0” dixit Wikipedia. Or, il se trouve que de<br />
février à mai 2006, l’astéroïde 2004 VD17 était déjà au niveau 2 de l’échelle de Turin. Et tout le monde se<br />
souvient d’Apophis qui a atteint le niveau 4 en décembre 2004. C’est à ce jour l’astéroïde qui nous a causé le<br />
plus de sueurs froides. Les frères Bogdanov ne le connaissent pas ? Donc non, 2013 TV135 n’est pas le premier<br />
astéroïde à s’être classé au deuxième rang de l’échelle de Turin. Il n’est même pas le second… Ah et puis…<br />
une broutille… il n’a jamais été classé au deuxième rang sur l’échelle de Turin. Son meilleur classement était<br />
‘‘1’’ du 16 octobre au 3 novembre 2013. Comme c’est bête !<br />
0’55 : ‘‘Or le 26 août 2032, l’astre venu des confins du Système solaire…’’ Vous les voyez où les confins du Système<br />
solaire vous ? Le nuage de Oort, la ceinture de Kuiper, l’orbite de Pluton, de Neptune, d’Uranus... Parce que<br />
2013 TV135 lui, en bon astéroïde de type Apollon qu’il est, s’éloigne du Soleil au maximum de 3,8 unités<br />
astronomiques. Ça nous met les confins du Système Solaire vachement près étant donné que Jupiter est à 5,2<br />
unités astronomiques !<br />
1’01 : ‘‘...frôlera notre planète à quelques dizaines de milliers de kilomètres à peine’’. Nous allons donc avoir chaud aux<br />
fesses ! Mais au fait, qu’en disent les organismes officiels qui surveillent ces cailloux qui nous chatouillent ? Si<br />
on regarde du côté des “Close approach data” du JPL (http://ssd.jpl.nasa.gov/sbdb.cgi?sstr=2013%20TV135),<br />
on se rend compte qu’ils n’ont même pas prévu de passage proche pour cet astéroïde en 2032. Mais comment<br />
cela est-il possible ? Alors non, les Bogdanov n’ont pas inventé le passage de 2013 TV135 en 2032 près de la<br />
Terre. Ce passage rapproché a vraiment été craint mais sur la base de quelques jours d’observations en octobre<br />
2013. Sitôt les observations de fin octobre compilées, les calculs ont montré que 2013 TV135 passerait en fait<br />
à plus de 100 millions de kilomètres de la Terre à cette date. Tout risque de collision était donc écarté. Et ceci<br />
a été publié dès le 8 novembre 2013 par le Minor Planet Center et 2013 TV135 a été définitivement retiré des<br />
astéroïdes qui posent un problème (http://neo.jpl.nasa.gov/risk/removed.html).<br />
Nous en sommes à une minute de podcast si on retire la musique d’introduction, et on peut déjà mettre à la<br />
poubelle tout ce qu’ils ont raconté. Ce n’est pas magnifique ? Leur source pour réaliser cette émission : un<br />
article d’octobre 2013 (alors n’importe lequel, ils se ressemblaient tous à l’époque) traitant d’un astéroïde<br />
potentiellement dangereux sur lequel on avait finalement que très peu d’information. Réactualiser ses<br />
sources ? Mais pour quoi faire ? Les auditeurs n’y verront que du feu. Est-ce de la science ? Du journalisme ?<br />
Ni l’un ni l’autre en fait... Continuons.<br />
1’07 : ‘‘En un million d’années, jamais un objet aussi gros ne passera aussi près de notre planète’’. Soyons raisonnables.<br />
Les orbites et risques d’impacts des astéroïdes sont calculés pour les 200 prochaines années au maximum<br />
(http://neo.jpl.nasa.gov/risk). Quand<br />
on dispose de beaucoup d’observations<br />
d’un même objet, on peut se permettre<br />
de pousser les prévisions à 200 ans. Mais<br />
jamais 1 million !<br />
1’40 : ‘‘Imaginons qu’il surgisse au-dessus<br />
de Paris, à plus de 50000 mètres d’altitude’’.<br />
Et pourquoi surgirait-il à 50 kilomètres<br />
d’altitude et pas à 100 ou 1000 ? Il vient<br />
de bien plus loin en fait. Aucun astéroïde<br />
ne surgit à une altitude donnée.<br />
• • • • SCIENCES<br />
Un astéroïde percute Paris... Uniquement dans les films de science-fiction<br />
1’45 : ‘‘...à demi englouti dans sa longue traînée noire...’’ On parle bien toujours d’un astéroïde là ? Contrairement<br />
à ce qu’on peut voir dans Armageddon, aucun astéroïde n’a à ce jour laissé de ‘‘longue traînée noire’’ dans<br />
l’espace sur son passage.<br />
2’20 : ‘‘Les calculs viennent de montrer qu’en 2032, l’astéroïde TV135 passera à plus de 30000 kilomètres de notre<br />
planète’’. Et bien non. Pas ‘‘viennent de montrer’’, et à beaucoup plus que ‘‘30000 kilomètres’’ !<br />
2’28 : ‘‘Tout risque de collision est donc écarté pour cette date’’. Et comment ! C’était bien la peine de nous le<br />
présenter comme ‘‘pouvant percuter la Terre’’.<br />
la porte des étoiles n°36 31
• • • • SCIENCES<br />
2’38 : ‘‘Dévier la trajectoire de l’intrus en posant des moteurs à sa surface comme on l’a fait avec la sonde Rosetta sur<br />
la comète Churyumov’’. Ce podcast exceptionnel ne pouvait se finir qu’en apothéose avec une scène totalement<br />
inventée. Personne n’a jamais tenté de dévier la comète Churyumov-Gerasimenko et certainement pas en<br />
posant des moteurs dessus. À la rigueur, les Européens y ont posé le robot Philae mais pour un tout autre<br />
usage.<br />
Pour achever de vous convaincre que les frères Bogdanov ne se gênent pas pour raconter n’importe quoi à la<br />
radio ou à la télé, j’ai longuement critiqué une autre de leurs émissions sur mon blog puisqu’ils s’attaquaient<br />
à ‘‘la supernova la plus brillante de l’univers’’ 1 . Pas de chance pour eux, je suis co-auteur du papier de cette<br />
découverte. Fallait pas raconter des âneries !<br />
Des lycéens découvreurs d’étoiles sur la première chaîne !<br />
Dans les grands médias<br />
Rappelons qu’il s’agit d’émissions<br />
enregistrées. Elles sont préparées, relues,<br />
enregistrées, réécoutées... Rien à voir avec<br />
une interview qui peut vous prendre au<br />
dépourvu. Alors que fait-on ? On laisse faire<br />
ça ? Dire n’importe quoi n’est pas l’apanage<br />
de quelques olibrius qui échapperaient au<br />
contrôle des grands médias. Ceux-ci peuvent<br />
également se faire avoir, ou même raconter<br />
n’importe quoi pourvu que cela génère un peu<br />
d’audience. La vérité scientifique attendra.<br />
Je n’irai pas jusqu’à dire que ce que font les journaux télévisés est à jeter. Non. Il y a des reportages qui sont<br />
correctement réalisés, et il y en a d’autres qui n’ont l’air de rien mais qui démontrent une étrange façon de traiter<br />
l’information par certains journalistes. Voici l’histoire d’une poignée de lycéens ayant découvert deux étoiles,<br />
que rapporte TF1... Pour faire rapide, la première chaîne fait un reportage pour son journal télévisé présentant<br />
une découverte qu’ont faite des adolescents, mais en changeant le libellé de la découverte, en ne citant pas les<br />
circonstances dans lesquelles la découverte a été faite, et en n’allant pas vérifier ses informations auprès de<br />
l’astronome professionnel référent (lire pour cela le commentaire que leur professeur a laissé sur mon blog 2 ).<br />
Pour faire court : du pipotage du début à la fin, mais une superbe histoire à raconter au 13 heures.<br />
Alors certes l’histoire est belle et ces lycéens méritent qu’on parle d’eux. Mais pourquoi parler d’eux pour<br />
autre chose que ce qu’ils ont fait ? Ils ont fait du suivi photométrique d’astéroïdes, chapeautés par un astronome<br />
professionnel. Ils ont étudié des courbes et détecté de nouvelles étoiles variables dont ils ont tracé les courbes<br />
de luminosité. Non, ça c’est trop compliqué pour les téléspectateurs de TF1. On va dire qu’ils ont trouvé deux<br />
étoiles dans notre Galaxie et ça suffira.<br />
On se retrouve donc avec un beau<br />
reportage, mais faux. Qu’importe !<br />
Qui s’en apercevra ?<br />
Plus récemment et beaucoup plus<br />
spectaculaire dans sa diffusion, il<br />
y eut l’histoire de la ‘‘super-lune du<br />
siècle’’, ‘‘ou la plus grosse Lune depuis<br />
1948’’. Un grand nombre de qualificatifs<br />
pas du tout exagérés lui ont été<br />
accolés : ‘‘L’une des apparitions les plus<br />
impressionnantes du XXIème siècle’’ (Le<br />
Parisien du 14/11/2016), “Super-lune du<br />
siècle” (le nouvel Obs du 13/11/2016)<br />
ou une “Super extra Lune” (Ouest-France<br />
du 13/11/2016).<br />
La super-Lune, l’occasion de faire de belles images, comme n’importe quelle<br />
autre phase de Lune<br />
la porte des étoiles n°36 32
En pagaille, on va trouver<br />
même chez des grands noms<br />
des médias français des phrases<br />
tout à fait étranges pour qui<br />
se passionne un peu pour<br />
l’astronomie : ‘‘Mais avant même<br />
que l’astre atteigne son apogée,<br />
certains ont remarqué que la<br />
Lune avait déjà changé d’aspect”<br />
(20 Minutes du 14/11/2016).<br />
Bon déjà, il s’agit du périgée,<br />
mais on n’est plus à une bêtise<br />
près. Quant à l’aspect de la<br />
Pas de différence fondamentale entre la ‘‘super-Lune’’ et une pleine Lune à l’apogée Lune qui changerait quand elle<br />
se rapproche de nous... ‘‘Lundi, la Lune apparaîtra nettement plus grosse que de coutume dans notre ciel. Cela<br />
fait près de 70 ans qu’elle ne s’était pas rapprochée à ce point de la Terre’’ (RTL.fr du 11/11/2016). Nettement<br />
plus grosse que de coutume ? Non, pas vraiment. 1,0043 fois plus gros que le mois précédent, ce n’est pas<br />
‘‘nettement’’ plus gros.<br />
‘‘Lundi, la Lune ne sera qu’à 356509 kilomètres de la Terre, contre 384400 kilomètres habituellement, de quoi en faire<br />
une super Lune’’ (Europe 1, 14/11/2016). Habituellement la Lune serait à 384400 kilomètres, et là ce<br />
soir : Boum ! À 356 509 kilomètres ! Voilà une somme de raccourcis qui donne l’impression que la Lune se<br />
rapprocherait brusquement de nous, en omettant qu’en fait sa distance à la Terre ne fait que varier entre deux<br />
bornes (approximativement 356000 et 407000 kilomètres) et ne prend la valeur 384400 que deux fois par<br />
mois. ‘‘C’est le 14 novembre qu’elle sera la plus proche de la Terre à seulement 50000 kilomètres de nous. Une rare<br />
proximité ! Le satellite sera visible dès 14h52’’ (Femme actuelle du 10/11/2016). Tu m’étonnes que c’est une rare<br />
proximité ! À ce niveau-là nos satellites géostationnaires commencent à avoir chaud ! Et voir la pleine Lune en<br />
Europe dès 14h52, ce n’est pas banal. Ce n’est que Femme actuelle certes, mais son lectorat est important.<br />
Il n’est pas possible de faire une liste exhaustive des articles qui ont un peu exagéré la chose ou raconté des<br />
énormités tellement il y en avait. Il est aussi remarquable de constater comme la Lune est soudainement<br />
devenue le centre d’attraction du monde. Tout aussi remarquable de constater que la super Lune suivante<br />
en décembre 2016, tout aussi belle et de taille absolument comparable, a juste été totalement ignorée. Toute<br />
cette histoire a tellement chamboulé la Société Française d’Astronomie et d’Astrophysique qu’elle a publié<br />
un communiqué dans les jours qui ont suivi pour s’étonner du traitement médiatique qu’a subi cette pleine<br />
Lune (http://www.sf2a.eu/?article699), alors qu’elle n’était que 1,0043<br />
fois plus grosse que la pleine Lune du mois précédent. À ce niveau<br />
ultra-faible de différence, votre position sur la Terre joue énormément<br />
sur le résultat final. Le 16 octobre, la Lune au périgée était à 357865<br />
kilomètres (de centre à centre), le 14 novembre, la Lune au périgée<br />
était à 356536 kilomètres (toujours de centre à centre), ce qui fait une<br />
différence de 1329 kilomètres, écart ridicule en rapport avec les distances<br />
en jeu. Mais là où cela devient drôle, c’est que rien qu’en tournant sur<br />
elle-même, la Terre nous rapproche ou nous éloigne de la Lune d’une<br />
grandeur équivalente à son rayon (environ 6300 kilomètres) pour ceux<br />
qui sont du côté où la Lune est visible. Si bien que la pleine Lune du 14<br />
novembre observée à l’horizon était plus petite que la pleine Lune du 16<br />
octobre observée à son zénith.<br />
• • • • SCIENCES<br />
La différence entre la Lune au périgée et<br />
une pleine Lune ‘‘moyenne’’<br />
Et qu’importe si nos journalistes scientifiques préférés ne sont pas<br />
tombés dans le panneau (Guillaume Cannat http://autourduciel.blog.lemonde.fr/2016/11/14/une-super-lunecela-nexiste-pas/<br />
; ou Serge Brunier http://www.science-et-vie.com/article/la-super-lune-du-14-novembreentre-delires-et-realite-7242<br />
pour ne citer qu’eux), les médias se sont emparés du phénomène et nous sommes<br />
nombreux chez les astronomes amateurs à avoir dû répondre 20 fois à la même question le lendemain : ‘‘Alors,<br />
tu l’as vue la super Lune ?’’.<br />
la porte des étoiles n°36 33
• • • • SCIENCES<br />
Une nova pour les rois mages<br />
À titre plus personnel, j’ai vécu il y a peu de<br />
temps un emballement médiatique qui est resté<br />
cantonné aux pays anglo-saxons et qui n’a pas<br />
eu de retombée en France (fort heureusement).<br />
En décembre 2015, j’ai découvert une nova dans<br />
la galaxie du Triangle, M33 3 . Même si la chose<br />
est peu courante pour un astronome amateur, ce<br />
n’est pas une découverte qui va révolutionner<br />
quoi que ce soit en astronomie et qui ne devrait<br />
pas sortir du petit monde fermé des chasseurs<br />
de ‘‘trucs-qui-explosent’’. Mais les personnes<br />
à qui je loue des télescopes aux Canaries ont<br />
choisi d’alerter la presse. Et c’était un peu plus<br />
gros que La Voix du Nord...<br />
Tout a commencé dans le Business Insider<br />
(http://www.businessinsider.fr/uk/christmasday-new-star-discovered-2015-12/)<br />
avec ces<br />
quelques mots : ‘‘Bien qu’il n’y ait pas eu trois<br />
rois mages…’’ Rois mages ? Ma découverte a<br />
été faite le 25 décembre, jour un peu spécial<br />
L’image de la découverte de la nova dans M33<br />
pour les chrétiens. Je me prénomme Emmanuel, ce qui est le deuxième prénom de quelqu’un que les chrétiens<br />
vénèrent et qui serait né un 25 décembre. Vous devinez ? Une étoile est apparue ce jour-là dans la galaxie du<br />
Triangle (triangle rapport à la Sainte Trinité). Et alors me direz-vous ? Pour certains croyants, ce concours de<br />
circonstances est suffisant pour être interprété comme un ‘‘signe’’. Un signe de quoi ? Ah ça… ils cherchent<br />
encore. Outre-Atlantique, ce genre de choses trouve un certain écho. On l’enrobe avec quelques rois mages et<br />
voici une belle histoire de Noël. Les principaux sites de sciences reprennent l’affaire et ça finit dans les Yahoo!<br />
News américaines (mais pas françaises). Il y a même des articles dans des langues plus exotiques comme<br />
le turc (http://bilimolog.blogspot.fr/2016/01/amator-bir-astronom-noel-gunu-yeni-bir.html) ou l’indonésien<br />
(http://www.infoastronomy.org/2016/01/sebuah-ledakan-bintang-ditemukan-di-dekat-galaksi-triangulum.<br />
html). Et cette histoire sans grand intérêt scientifique devient par la magie de la recopie d’articles sans réfléchir<br />
propulsée au rang de ‘‘Mind blowing science story’’ (http://thechive.com/2016/01/05/mind-blowing-sciencestories-from-the-last-month-10-photos/),<br />
ou se retrouve dans le top 10 des découvertes faites par des amateurs<br />
(http://viraltop10s.com/10-space-discoveries-made-by-amateur-astronomers/) aux côtés de William Herschel<br />
et d’Uranus. C’est très flatteur certes, mais c’est surtout extrêmement exagéré.<br />
Je retiens plusieurs leçons de ce passage : notre histoire ne nous appartient pas vraiment sur Internet, la science<br />
édulcorée (avec les rois mages) se propage bien mieux que la science pure, nous sommes noyés de contenus<br />
sur Internet, et il devient très difficile de faire le tri entre toutes les informations, de séparer ce qui est important<br />
de ce qui ne l’est pas.<br />
Le fameux astéroïde destructeur<br />
En vrac<br />
En vrac, quelques autres bricoles que l’on déniche<br />
systématiquement dans les médias. On retrouve<br />
souvent l’image d’un astéroïde de plusieurs<br />
centaines de kilomètres s’écrasant sur la Terre pour<br />
illustrer un article parlant d’un caillou de 100 mètres<br />
qui passe à 3 millions de kilomètres (donc sans nous<br />
impacter). Faut dire que si on le mettait à l’échelle<br />
ce serait beaucoup moins impressionnant.<br />
la porte des étoiles n°36 34
• • • • SCIENCES<br />
À propos d’impacts, on se retrouve aussi régulièrement avec des articles nous annonçant le prochain caillou<br />
qui va frôler la Terre. Vu qu’on en découvre une bonne centaine par mois, il y en a souvent qui passent près<br />
de nous. Enfin ‘‘près’’... disons pas trop loin. Et parfois même, ça buzze pour un caillou que l’on n’a aucune<br />
chance de voir, comme avec l’astéroïde 2000 EM26 4 . C’est dommage parce qu’on est obligé de démentir les<br />
propos de la veille. Et qui passent pour des imbéciles le lendemain ? Les astronomes.<br />
Enfin, on retrouve souvent des articles annonçant ‘‘les ingénieurs de la NASA ont prédit que...’’, ‘‘les scientifiques<br />
de la NASA ont calculé que...’’ pour annoncer des éphémérides que la NASA ne calcule pas elle-même, car<br />
ce n’est pas son job 5 . Cela donne l’impression (fausse) que la NASA fait la pluie ou le beau temps dans le<br />
monde de l’astronomie alors qu’elle est une agence spatiale prestigieuse, mais comme les autres. Certes elle<br />
a quelques beaux succès à son palmarès mais ce n’est pas elle, par exemple, qui calcule les trajectoires des<br />
astéroïdes. Et on ne demande pas son avis à la NASA à chaque fois qu’on a une question. Une pluie d’étoiles<br />
filantes demain ? C’est la NASA qui l’a<br />
prédit ! Un rapprochement entre Vénus et<br />
Mars, c’est encore elle qui est sur le coup !<br />
On pourrait au moins remplacer NASA par<br />
ESA chez nous. Mais même pas...<br />
À une bonne dizaine de reprises, on a<br />
dû découvrir une exoplanète ‘‘jumelle<br />
de la Terre’’. C’est cool, on a trouvé la<br />
destination de nos prochaines vacances.<br />
Cherchez par exemple ‘‘jumelle de la<br />
Terre’’ avec le moteur de recherche Google<br />
La Terre... et son hypothétique soeur jumelle<br />
et vous trouverez un tas d’articles récents<br />
sur Proxima Centauri b. Une planète dont on ne sait que deux choses : sa masse et sa période de révolution.<br />
On la suppose rocheuse mais ce n’est qu’une forte probabilité. Bravo la gémellité !<br />
Kepler-452b, Kepler-438b, Kepler-186f, Kepler-22b... et quelques autres consœurs, toutes annoncées sœurs<br />
jumelles de la Terre, parfois même ‘‘habitables’’ au lieu de ‘‘situées dans la zone habitable’’, alors qu’on<br />
ne connaît d’elles que taille, masse ou période de révolution, et pas forcément les trois à la fois. Même le<br />
caractère rocheux est parfois débattu. On en connaît tellement peu d’elles qu’il est assez culotté de les qualifier<br />
de ‘‘jumelles de la Terre’’, pourtant l’ensemble des médias s’y engouffre tous les ans.<br />
Conclusion<br />
Même l’astronomie, science qui manie pourtant la notion de précision à longueur de journée, se trouve<br />
régulièrement malmenée dans les médias qui ne prennent plus le temps de vérifier les informations qu’ils<br />
véhiculent. Par des approximations, des omissions ou carrément des trucages, certains propos finissent par<br />
raconter des histoires partiellement ou totalement fausses. Le public a l’impression de prendre sa dose de<br />
science quotidienne (c’est sûrement bon pour la santé) mais au final, il est berné. Quand vous verrez passer<br />
la prochaine information qui buzze, cherchez-en les sources et posez-vous quelques questions. Il est des sites<br />
que l’on dit conspirationnistes pour qui les articles bidonnés restent un sacerdoce. Nos médias traditionnels<br />
n’en sont heureusement pas là et seront toujours meilleurs à lire. Mais ils ne sont plus à l’abri des fausses news<br />
qui apparaissent partout. À force de devoir sortir toujours plus vite de l’information sensationnelle, la grande<br />
perdante risque fort d’être la qualité...<br />
Plus sur mon blog<br />
1<br />
La chronique des frangins : http://econseil.blogspot.fr/2016/09/3-minutes-pour-ne-plus-rien-comprendre.html<br />
2<br />
Les lycéens qui découvrent des étoiles : http://econseil.blogspot.fr/2014/06/des-lyceens-decouvrent-des-etoiles.html<br />
3<br />
La découverte de la nova dans M33 : http://econseil.blogspot.fr/2015/12/decouverte-dune-nova-dans-m33.html<br />
4<br />
Quand le web s’emballe : http://econseil.blogspot.fr/2014/02/quand-le-web-semballe-2000-em26.html<br />
5<br />
Et revoilà la NASA : http://econseil.blogspot.fr/2015/10/et-revoila-la-nasa.html<br />
la porte des étoiles n°36 35
• • • • HISTOIRE<br />
L’histoire du T600 de<br />
REPERES<br />
Par Claude Grimaud - Président de REPERES<br />
REPERES allait avoir neuf ans, l’âge de raison, lorsque le lycée qui l’accueillait<br />
a décidé en mai 2009 de fermer soudainement ses portes annonçant la fin des bases scientifiques, des nuits<br />
noires, de ‘‘Bagdad’’ notre antre. Toute la dynamique de REPERES aurait pu s’éteindre à ce moment. Le C25<br />
devint alors véritablement notre ‘‘Astrocar’’ où tout le matériel était entreposé, le garage et la salle à manger<br />
de Vendeuil restant notre principal refuge.<br />
Par la force des choses, nous étions constamment à la recherche de partenaires qui puissent nous proposer<br />
des locaux en échange de services ‘‘astronomiques’’. C’est pourquoi nous avons apprécié les propositions des<br />
communes de Vendeuil-Caply, de Breteuil, de Beauvoir, des associations comme Les Esserres à Lavacquerie,<br />
le centre de Rencontres d’Ermenonville, l’AQPNB de Breteuil et bien sûr H20 à Beauvais. Nous avons<br />
profité des événements départementaux, régionaux voir nationaux. Nous avons participé à ‘‘danses avec les<br />
étoiles’’ à la bibliothèque Aragon d’Amiens Métropole, à ‘‘Mozart avec les étoiles’’ avec Hubert Reeves grâce<br />
à la municipalité de Breteuil, à ‘‘Hubert le ciel, Albert<br />
la Terre’’ avec Musicaa d’Amiens au cirque d’hiver et à<br />
tous les villages des sciences organisés à Beauvais. Nous<br />
avons aussi redoublé d’activité auprès des établissements<br />
scolaires pour constituer une réserve financière qui<br />
permette de louer et d’aménager des locaux.<br />
Souvenir de la journée ‘‘Mozart avec les étoiles’’<br />
avec Hubert Reeves<br />
Mais c’est le 25 avril 2010, que l’histoire du T600 a<br />
commencé. Sur le stand de l’Association Nationale de<br />
Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes que<br />
REPERES organisait au Conseil Général lors du salon du<br />
développement durable, un petit garçon est resté une grande<br />
partie de l’après-midi avec nous pour tout comprendre du<br />
ciel et des étoiles. Le papa, en revenant le chercher, en<br />
profite pour nous inviter en juillet pour une journée d’animation au centre de loisirs de son village. En juillet,<br />
cette journée remporte un beau succès et, la météo étant favorable, parents et enfants profitent des instruments<br />
pour une observation conviviale du ciel nocturne. Plusieurs<br />
membres du comité des fêtes qui participaient à cette<br />
soirée nous demandent alors de faire une nuit des étoiles au<br />
printemps suivant.<br />
Le 25 mars 2011, dix montreurs d’étoiles de REPERES<br />
accueillent plus de 120 personnes sur le stade de Saint-<br />
Sulpice où tous les lampadaires avaient été éteints, sous le<br />
planétarium mobile pour trois séances et pour une ‘‘balade<br />
à ciel ouvert’’ en vidéo. À cette occasion, nous faisons la<br />
connaissance de Bernard Christophe, l’astronome local<br />
qui a construit au village, dans sa maison, il y a plus de<br />
20 ans, un imposant télescope. C’est un télescope de 600<br />
millimètres de diamètre et 3450 millimètres de focale sur<br />
une monture anglaise à berceau, doté d’une focalisation<br />
Toujours sur le terrain pour encadrer des<br />
observations publiques<br />
la porte des étoiles n°36 36
• • • • HISTOIRE<br />
8 février 2014 : premier jour à Rouvroy. Joli bazar<br />
En plein travaux à l’intérieur...<br />
électrique et d’un système Goto. La magnitude limite pour une étoile est de 21. Après la soirée, l’heureux<br />
propriétaire nous fait visiter son installation et nous admirons cet instrument qui a découvert plus de 200<br />
astéroïdes. Nous participons en mai 2014 à une seconde nuit des étoiles à Saint-Sulpice mais cette fois,<br />
Bernard nous accueille avant et après la soirée pour nous présenter son télescope en action. C’est éblouissant,<br />
la Lune est magnifique !<br />
C’est aussi en 2014, après cinq années sans domicile fixe que nous rentrons dans de nouveaux locaux à<br />
Rouvroy-les-Merles grâce à l’aide de la SCI des Merles qui a repris la gestion du domaine. Toute cette première<br />
année sera consacrée au nettoyage et aux premiers aménagements. Il nous a fallu en premier lieu changer la<br />
porte d’entrée peu fiable puis aménager un lieu de repas et de cuisine. Sans eau ni électricité, nous avons<br />
installé en intérieur une réserve d’eau de pluie raccordée à l’une des gouttières ; un évier et un WC nous ont<br />
apporté un début de confort. Dans un second temps, la première observation ayant été agrémentée de -10°C,<br />
nous nous procurons un poêle à bois d’occasion sur le bon coin et nous l’installons dans le salon. La nécessité<br />
d’avoir un atelier nous oblige ensuite à créer un espace adapté. À la fin de l’année, la SCI réinstalle l’électricité<br />
et nous abandonnons notre groupe électrogène. C’est alors que nous décidons de mettre, en 2015, notre LX200<br />
de 305 millimètres en poste fixe.<br />
Alors que ces travaux sont en cours, Bernard nous envoie le 7 juin, un mail qui nous propose d’accueillir son<br />
instrument dans nos locaux car il doit vendre sa maison. Nous lui rendons rapidement visite pour savoir si nous<br />
saurions maîtriser ce très bel instrument et pour voir la faisabilité d’une transplantation aussi imposante… Après<br />
un immense ‘‘tour de Lune’’, nous rendons visite à Uranus puis à Neptune. Tous les membres de REPERES<br />
présents sont unanimes : il faut relever le défi ! Le Conseil d’Administration et l’Assemblée Générale donnent<br />
un avis favorable et autorisent le bureau à consacrer<br />
les réserves financières constituées depuis la fermeture<br />
du lycée pour l’aménagement des lieux. Il est aussi<br />
décidé d’aménager un espace cohérent avec le LX200<br />
et une aire d’observation pour les amateurs également<br />
en cohérence avec le T600 et le LX200.<br />
L’observatoire de Rouvroy est alors sur les rails. Dès le<br />
mois d’août 2015, les travaux commencent afin de faire<br />
la transplantation durant les congés du 11 novembre<br />
(ça tombe bien c’est une année sans Rencontres du<br />
Ciel et de l’Espace). Le futur emplacement du T600<br />
étant naturellement tout au fond de la propriété, nous<br />
Travaux extérieurs sur la future aire d’observation commençons par créer un trottoir qui mène à la porte<br />
du LX200 et au futur T600. Puis nous implantons les<br />
trois piliers de 60 centimètres de diamètre sur un mètre de profondeur après avoir pris la méridienne du lieu<br />
et avoir vérifié le soir sur la polaire. La tâche est énorme et nous décidons alors de faire appel à Monsieur<br />
Beuzeval qui réalise ces travaux en une matinée avec sa pelleteuse. Il ne nous reste plus qu’à coffrer et à<br />
ferrailler avant que la toupie ne vienne livrer ses 5m 3 de béton mais à 16 heures, ce samedi là, un violent orage<br />
nous oblige à protéger l’ensemble des travaux ce qui laisse désormais de bons souvenirs.<br />
la porte des étoiles n°36 37
Ce long week-end du 11 novembre a été prévu dès juin<br />
avec Bernard, qui nous assistera durant les trois jours de<br />
déménagement. Toutes les forces ont été mobilisées, 14<br />
bénévoles participeront à l’expédition. Si le démontage va<br />
très vite puisque tout est prêt dès le lundi soir, il n’en va<br />
pas de même pour le transport. Le T600 est bien plus lourd<br />
que prévu (2,5 tonnes en estimation), la remorque est donc<br />
trop légère, il faut en utiliser une plus grande et surtout<br />
trouver sur place un cultivateur qui accepte de transférer<br />
le berceau d’une remorque à l’autre. Monsieur Hanque de<br />
Saint-Sulpice viendra le mercredi matin pour transférer le<br />
Remorque légère pour le transport du T600 matériel sur la remorque aimablement prêtée par Antoine<br />
Dewaele de la SCI. Le mercredi 11 au soir, à 18h30, la<br />
base du T600 est remontée, prête à recevoir le lendemain matin le berceau… Le jeudi 12 novembre est<br />
une belle journée. Antoine Dewaele dépose au millimètre<br />
près le berceau sur sa base. À 10 heures, le berceau se<br />
déplace souplement en déclinaison et en ascension droite.<br />
À 18h00, les derniers forçats ont pris LA photo souvenir.<br />
Durant l’hiver 2015-2016, nous avançons les travaux<br />
de nettoyage et d’aménagement et le T600 patiente sous<br />
son ancienne bâche. C’est aussi le moment de mettre<br />
au point la seconde phase de l’installation : conception<br />
de l’abri et des armatures, recherche d’un fabricant qui<br />
puisse réaliser le taud, choix des périphériques. Dès le<br />
début mars, nous construisons l’environnement du T600<br />
et son abri. Christian Courtois a fabriqué les trois arceaux<br />
et les boites de fixation au sol. Pour éliminer l’humidité et<br />
garantir la solidité au vent, nous avons fait le choix d’une<br />
partie de l’abri en dur et l’entourage bétonné est garni de<br />
caniveaux.<br />
• • • • HISTOIRE<br />
Encore une fois, nous profitons d’un long week-end,<br />
celui de l’ascension, pour mettre en place le taud fabriqué<br />
La pose... pour la postérité !<br />
par Denis Bache de Soissons. L’instrument étant maintenant à l’abri, nous pouvons remonter le télescope<br />
et construire l’aire d’observation dès l’automne. Nous avons remonté le miroir et la lame après nettoyage<br />
et reprise de la focale (6 centimètres), nous avons passé les câbles et équilibré au mieux le T600. Nous<br />
avons monté les treuils pour<br />
faciliter l’ouverture du<br />
taud. Bernard est venu nous<br />
nous prêter main forte pour<br />
finaliser les branchements et<br />
l’électronique.<br />
Le remontage des tubes<br />
Fin octobre, après avoir réglé<br />
le chercheur sur Vénus, Mars<br />
s’offre à nous avec sa calotte<br />
polaire pendant plus de 20<br />
minutes... Belle récompense<br />
pour les 15 présents alors<br />
que le pointage a été fait<br />
avec la méridienne lors de<br />
la construction des piles de<br />
maintien et que l’orientation<br />
a été faite ‘‘au pif’’ sur la<br />
la porte des étoiles n°36 38
• • • • HISTOIRE<br />
Première soirée sous les étoiles...<br />
Polaire… M1 et<br />
M57 seront les<br />
bijoux de la nuit tout<br />
en nous révélant<br />
que notre escabeau<br />
de huit marches<br />
est trop court pour<br />
les plus petits<br />
d’entre nous. Avant<br />
l’hiver, il a fallu<br />
couper le pin qui<br />
bouchait l’horizon<br />
Est et achever le<br />
muret de l’aire<br />
d’observation.<br />
File d’attente pour accéder à l’oculaire<br />
En chiffres<br />
Fin 2016, les travaux ont coûté :<br />
14380.02 €, dont 10909.74 sur<br />
les réserves de REPERES,<br />
2245.28 € en subvention du<br />
Conseil Départemental de<br />
l’Oise et 1225 € en donation.<br />
Les bénévoles ont parcouru<br />
plus de 10 000 kilomètres pour<br />
effectuer plus de 1200 heures<br />
de travail.<br />
Sachant qu’un peu de confort favorise les bonnes soirées d’observation, nous avons fait l’acquisition d’un<br />
insert cheminée pour chauffer le reste des locaux, le contraste entre le salon d’hiver et les autres pièces étant<br />
difficilement acceptable. L’hiver 2016/2017 est consacré à la mise en station précise du T600 par la méthode<br />
de King, à la collimation minutieuse, à la formation des membres sur le logiciel PRISM et plus globalement<br />
au maniement du T600 et du LX200.<br />
Durant trois jours pour que chacun puisse trouver un créneau pour nous rejoindre au moins pour un moment,<br />
les astronomes amateurs sont invités à une nuit noire comme dans les années 2000.<br />
la porte des étoiles n°36 39
• • • • LA GALERIE<br />
La galerie<br />
À 3000 mètres d’altitude, le<br />
ciel des Hautes-Alpes offre une<br />
transparence extraordinaire : de<br />
quoi réaliser avec le nouveau<br />
télescope de 500 millimètres de<br />
l’observatoire Astroqueyras de<br />
belles images de nébuleuses ou de<br />
galaxies.<br />
Tout là-haut à Saint-Véran,<br />
les astres prennent parfois des<br />
aspects étonnants lorsqu’ils<br />
s’approchent de l’horizon... Les<br />
basses couches de l’atmosphère<br />
terrestre sont souvent<br />
synonymes d’étranges mirages,<br />
qu’il convient d’immortaliser...<br />
Rester le nez en l’air, durant de<br />
longs moments... Les conditions<br />
exceptionnelles de l’observatoire<br />
de Saint-Véran permettent de<br />
voir des phénomènes disparus de<br />
nos contrées nordiques : rayons,<br />
Voie lactée, lumière zodiacale,<br />
aiglows...<br />
Le T62 Astroqueyras offre<br />
souvent des images spectaculaires<br />
à travers l’oculaire. On ne<br />
resiste pas à croquer nébuleuses<br />
planétaires à forts grossissements,<br />
galaxies ou amas d’étoiles, pour<br />
compléter sa galerie dessins<br />
astronomiques.<br />
Sommaire<br />
41.................................................................................Au ras de l’horizon<br />
44..................................................................................Au bout du crayon<br />
55..........................................................................Beautés du ciel profond<br />
59............................................................................. Ambiances de station<br />
68....................................................................................La petite dernière<br />
la porte des étoiles n°36 40
• • • • LA GALERIE<br />
Au ras de l’horizon<br />
Fin de journée - APN Canon EOS 6D et objectif Canon 16-35mm<br />
29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />
Coucher de Soleil sur le Mont Ventoux - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />
2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 41
• • • • LA GALERIE<br />
Soleil Oméga - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />
2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
Coucher du croissant de Lune et de sa lumière cendrée - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />
1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 42
• • • • LA GALERIE<br />
Rayon vert/bleu du soir du 30 octobre - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />
Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
Rayon vert/bleu du matin du 31 octobre - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />
Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
Rayon bleu du matin du 30 octobre - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />
Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 43
• • • • LA GALERIE<br />
Au bout du crayon<br />
La nébuleuse planétaire IC 351<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaires Ethos 13 et 8 et télescope 620/9000<br />
La nébuleuse du Spirographe IC 418<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8mm et télescope 620/9000<br />
Michel PRUVOST Simon LERICQUE Michel PRUVOST Simon LERICQUE<br />
La nébuleuse planétaire IC 2003<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaires Ethos 13 et 8 et télescope 620/9000<br />
La nébuleuse planétaire IC 2149<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8mm et télescope 620/9000<br />
Michel PRUVOST Simon LERICQUE Michel PRUVOST Simon LERICQUE<br />
La nébuleuse planétaire IC 3568<br />
1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8mm et télescope 620/9000<br />
La nébuleuse planétaire NGC 7048<br />
29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 13mm et télescope 620/9000<br />
Michel PRUVOST Simon LERICQUE Michel PRUVOST Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 44
• • • • LA GALERIE<br />
La nébuleuse planétaire IC 1295<br />
31 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
La nébuleuse planétaire NGC 6781<br />
31 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
La nébuleuse planétaire NGC 7139<br />
31 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 45
• • • • LA GALERIE<br />
L’étoile de Campbell<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
L’étoile de Campbell<br />
30 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 13 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
La nébuleuse planétaire IC 2165<br />
30 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />
Michel PRUVOST<br />
La nébuleuse planétaire IC 1747<br />
1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 46
• • • • LA GALERIE<br />
La nébuleuse planétaire NGC 2022 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000 - Simon LERICQUE<br />
La nébuleuse planétaire NGC 2346<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 13 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
La nébuleuse planétaire NGC 6058<br />
xx xx 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 13 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 47
• • • • LA GALERIE<br />
La nébuleuse planétaire NGC 6741<br />
30 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />
Michel PRUVOST<br />
La nébuleuse planétaire NGC 6772<br />
1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Lanthanum 42 et télescope 620/9000<br />
Michel PRUVOST<br />
La nébuleuse planétaire NGC 6772 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 - Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 48
• • • • LA GALERIE<br />
La nébuleuse planétaire IC 5217<br />
30 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />
Michel PRUVOST<br />
La nébuleuse planétaire NGC 7139<br />
30 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />
Michel PRUVOST<br />
La nébuleuse planétaire NGC 6842 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 - Michel PRUVOST<br />
la porte des étoiles n°36 49
• • • • LA GALERIE<br />
La nébuleuse planétaire NGC 6781 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 - Michel PRUVOST<br />
La nébuleuse planétaire IC 5217<br />
29 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
L’amas ouvert M36<br />
29 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire 12.5 et lunette 60/800<br />
Michel PRUVOST<br />
la porte des étoiles n°36 50
• • • • LA GALERIE<br />
L’amas ouvert M103 - 3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000<br />
Michel PRUVOST<br />
Simon LERICQUE<br />
La galaxie spirale M74 - Oculaire Lanthanum 42mm et télescope 620/9000<br />
1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) - Michel PRUVOST<br />
la porte des étoiles n°36 51
• • • • LA GALERIE<br />
La galaxie spirale barrée NGC 7479 - 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
Michel PRUVOST<br />
La galaxie NGC 520<br />
La galaxie NGC 676 La galaxie NGC 891<br />
2 novembre 2016 - Observatoire<br />
Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope<br />
620/9000 - Michel PRUVOST<br />
2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000<br />
Michel PRUVOST<br />
la porte des étoiles n°36 52
• • • • LA GALERIE<br />
La galaxie du Cigare M82<br />
1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
La nébuleuse M43<br />
1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000<br />
Simon LERICQUE<br />
L’amas globulaire M79<br />
Oc. Ethos 13 et T620/9000<br />
02/11/16 - Obs. Astroqueyras<br />
L’astérisme M73<br />
Oc. Ethos 13 et T620/9000<br />
01/11/16 - Obs. Astroqueyras<br />
La nébuleuse NGC 2261<br />
Oc. Ethos 13 et T620/9000<br />
02/11/16 - Obs. Astroqueyras<br />
L’amas ouvert Trumpler 1<br />
Oc. Ethos 13 et T620/9000<br />
03/11/16 - Obs. Astroqueyras<br />
Dessins de Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 53
• • • • LA GALERIE<br />
La planète Saturne<br />
Septembre 2015 - Obs. Astroqueyras (05)<br />
Oc. Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000<br />
Philippe NONCKELYNCK<br />
La nébuleuse de la Flamme<br />
NGC 2024<br />
Novembre 2016 - Obs.<br />
Astroqueyras (05)<br />
D’après photo, au<br />
télescope RC500<br />
Philippe NONCKELYNCK<br />
La galaxie spirale NGC 7479<br />
Novembre 2016 - Observatoire<br />
Astroqueyras (05)<br />
D’après photo au RC500<br />
Philippe NONCKELYNCK<br />
la porte des étoiles n°36 54
Beautés du ciel profond<br />
• • • • LA GALERIE<br />
La galaxie spirale M74 - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000<br />
2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE<br />
la porte des étoiles n°36 55
• • • • LA GALERIE<br />
Les environs de la galaxie NGC 7331 - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000<br />
3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE<br />
La galaxie spirale barrée NGC 7479 - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000<br />
3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE<br />
la porte des étoiles n°36 56
• • • • LA GALERIE<br />
La nébuleuse Hélix - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000<br />
1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE<br />
La nébuleuse du Crabe M1<br />
Caméra Atik 383 et<br />
télescope Ritchey-Chrétien<br />
500/4000<br />
29 octobre 2016<br />
Observatoire Astroqueyras,<br />
Saint-Véran (05)<br />
Gervais VANHELLE<br />
la porte des étoiles n°36 57
• • • • LA GALERIE<br />
Autour des Pléiades et de la nébuleuse California - APN Canon Eos 6D et objectif Canon 70-200mm<br />
1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />
La nébuleuse de la tête de sorcière IC 2118 - APN Canon Eos 6D et objectif Canon 70-200mm<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />
la porte des étoiles n°36 58
• • • • LA GALERIE<br />
Ambiances de station<br />
Belles couleurs au coucher du Soleil - APN EOS Canon 7D et objectif Canon 35mm<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
Nuages colorés au coucher du<br />
Soleil<br />
APN EOS Canon 6D et objectif<br />
Canon 16-35 - 31 octobre 2016<br />
Observatoire Astroqueyras, Saint-<br />
Véran (05)<br />
Sylvain WALLART<br />
la porte des étoiles n°36 59
• • • • LA GALERIE<br />
Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm<br />
1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm<br />
2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm<br />
3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 60
• • • • LA GALERIE<br />
Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70/300<br />
1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70/300<br />
2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 61
• • • • LA GALERIE<br />
L’arche de la Voie lactée au-dessus de l’observatoire - Canon EOS 60D et objectif Tokina 11/16<br />
10 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS<br />
Filé d’étoiles et de Lune depuis le pic<br />
Canon EOS 400D et objectif Tokina 11/16<br />
16 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras,<br />
Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS<br />
Circumpolaire au-dessus de l’observatoire<br />
Canon EOS 400D et objectif Tokina 11/16<br />
15 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-<br />
Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS<br />
la porte des étoiles n°36 62
• • • • LA GALERIE<br />
Voie lactée au-dessus de la coupole<br />
Canon EOS 60D et objectif Tokina 11/16<br />
13 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras,<br />
Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS<br />
Voie lactée depuis la coupole du T62<br />
Canon EOS 60D et objectif Tokina 11/16<br />
13 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras,<br />
Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS<br />
Ambiance sous la coupole du T62 - Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm<br />
1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 63
• • • • LA GALERIE<br />
La lumière zodiacale et la Voie lactée - Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
En admiration devant la lumière zodiacale - APN Canon EOS 6D et objectif Canon 16-35mm<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />
la porte des étoiles n°36 64
• • • • LA GALERIE<br />
La lumière zodiacale et la Voie lactée - APN Canon EOS 6D et objectif Canon 16/35mm<br />
31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />
Voie lactée au-dessus de la coupole AshDome<br />
Canon EOS 6D et objectif Canon 16/35mm<br />
29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras,<br />
Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />
Voie lactée et airglows<br />
Canon EOS 6D et objectif Canon 16/35mm<br />
29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras,<br />
Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />
la porte des étoiles n°36 65
• • • • LA GALERIE<br />
Voie lactée et airglows au-dessus de l’observatoire - Canon EOS 6D et objectif Canon 16-35mm<br />
29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />
Ambiances hors de l’observatoire<br />
Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm<br />
29 octobre 2016<br />
Obs. Astroqueyras, Saint-Véran (05)<br />
Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 66
• • • • LA GALERIE<br />
Ciel embrasé<br />
Canon EOS 7D et<br />
objectif Canon 35mm<br />
4 novembre 2016<br />
Obs.Astroqueyras, Saint-<br />
Véran (05)<br />
Simon LERICQUE<br />
Rayon anticrepusculaire du Mont Viso - Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />
1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />
la porte des étoiles n°36 67
La petite dernière<br />
Saint-Véran, le plus haut village d’Europe, sur les hauteurs duquel on trouve le plus haut observatoire<br />
astronomique ouvert au public. Tout là-haut, à près de 3000 mètres d’altitude, un peu coupé du monde, le temps<br />
ne s’écoule pas comme ailleurs. Cela fait déjà plusieurs années que nous y posons nos bagages, généralement<br />
pour une semaine... Mais point de lassitude. Chaque semaine passée dans l’observatoire, chaque mission,<br />
est une perpetuelle redécouverte. Les paysages spectaculaires de montagnes souvent enneigées, les couleurs<br />
marquées des nuages durant les crépuscules, les ombres rasantes qui illuminent les batiments de la station juste<br />
après le lever du jour et surtout, ce ciel nocturne spectaculaire... L’un des plus beaux de l’hexagone.<br />
Pour immortaliser cela, la photographie ne laisse qu’un bref aperçu. Mieux, réaliser un timelapse et monter bout<br />
à bout différentes séquences permet de rendre plus fidèlement les ressentis de la station. Philippe Sénicourt,<br />
participant de la mission 2016, a réalisé une belle vidéo, qui conclue parfaitement cette galerie d’images<br />
dédiée à notre dernière escapade Saint-Véranaise...<br />
Le film de la mission : https://www.youtube.com/watch?v=FYVrY7fAHoA<br />
la porte des étoiles n°36 68