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la porte des étoiles<br />

le journal des astronomes amateurs du nord de la France<br />

Numéro 36 - printemps 2017<br />

36


À la une<br />

La nébuleuse de la Rosette en SHO<br />

GROUPEMENT D’ASTRONOMES<br />

AMATEURS COURRIEROIS<br />

Adresse postale<br />

GAAC - Simon Lericque<br />

12 lotissement des Flandres<br />

62128 WANCOURT<br />

Internet<br />

Site : http://www.astrogaac.fr<br />

Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62<br />

E-mail : simon.lericque@wanadoo.fr<br />

Les auteurs de ce numéro<br />

Yaël Nazé - Astrophysicienne FNRS à l’Université<br />

de Liège<br />

E-mail : naze@astro.ulg.ac.be<br />

Site : http://www.astro.ulg.ac.be/~naze<br />

Emmanuel Conseil - Vice-président du club astro de<br />

Mont Bernenchon<br />

E-mail : econseil@gmail.com<br />

Site : http://econseil.blogspot.fr<br />

Sébastien Beaucourt - Médiateur scientifique au<br />

planétarium de Reims<br />

E-mail : beaucourt.sebastien@gmail.com<br />

Site : http://beaucourtsebastien.wixsite.com/<br />

lecielenquestions/blog-le-ciel-en-questions<br />

Claude Grimaud - Président de REPERES<br />

E-mail : REPERES.ASTRO@orange.fr<br />

Site : http://reperes-astro.fr<br />

L’équipe de conception<br />

Simon Lericque : rédac’ chef tyrannique<br />

Arnaud Agache : relecture et diffusion<br />

Catherine Ulicska : relecture et bonnes idées<br />

Fabienne Clauss : relecture et bonnes idées<br />

Émeline Taubert : relecture et bonnes idées<br />

Serge Vasseur : relecture et bonnes idées<br />

Olivier Moreau : conseiller scientifique<br />

Edition numérique sous Licence Creative Commons<br />

Auteur : Gervais Vanhelle<br />

Date : 29/11/2016<br />

Lieu : Oignies (62)<br />

Matériel : Caméra Atik383 et lunette<br />

Skywatcher Esprit 120ED<br />

Édito<br />

Après des numéros thématiques dédiés à nos récentes<br />

escapades en Slovaquie et aux Canaries, nous reprenons avec<br />

ce numéro 36, un sommaire plus éclectique. Mais ce nouvel<br />

opus n’en reste pas moins spécial. En effet, en ce mois de mars<br />

2017, le GAAC organise la 4ème édition de ses Rencontres<br />

Astronomiques de Courrières, un moment phare dans la vie de<br />

notre association qui n’a lieu que tous les deux ans : un grand<br />

ramdam astronomique, l’un des plus riches au Nord de Paris.<br />

Et comme à chaque fois que nous organisons les RAC, nous<br />

sommes ravis d’ouvrir les colonnes de la porte des étoiles à<br />

d’autres auteurs, amis et astronomes, croisés ça et là au gré<br />

de nos pérégrinations. Ce sont ici les écrits de Yaël Nazé,<br />

Sébastien Beaucourt, Emmanuel Conseil et Claude Grimaud<br />

que vous allez découvrir ! Enfin, ce numéro s’achève avec une<br />

épaisse galerie de résultats obtenus lors des dernières missions<br />

à l’observatoire Astroqueyras de Saint-Véran.<br />

Sommaire<br />

5..........................Un son... Cosmique. Musique et astronomie<br />

par Yaël Nazé<br />

20.............................................L’astronomie mésopotamienne<br />

par Sébastien Beaucourt<br />

28.........................Quand l’astronomie dérape dans les médias<br />

par Emmanuel Conseil<br />

36..........................................L’histoire du T600 de REPERES<br />

par Claude Grimaud<br />

40.............................................................................. La galeríe


• • • • LA VIE DU GAAC<br />

C’était en hiver<br />

Séances de planétarium au collège de Thumeries<br />

Culture Game 2017<br />

Expérience de Fizeau au beffroi de Mons<br />

Visite de l’exposition ‘‘l’histoire commence<br />

en Mésopotamie’’ au Louvre-Lens<br />

Rencontres Astronomiques<br />

de Courrières<br />

Animations astro à la<br />

médiathèque de Rouvroy<br />

Conférence de Marc Lachièze-Rey à Mons<br />

Prise de contact avec Thomas Pesquet<br />

à la médiathèque de Meurchin<br />

Ce sera ce printemps<br />

NAT 2017<br />

Le long weekend de l’ascension,<br />

le GAAC descendra à nouveau<br />

en masse vers Tauxigny<br />

pour participer aux Nuits<br />

Astronomiques de Touraine.<br />

Venez nous y rencontrer !<br />

Flammarion<br />

Début mai, quelques membres du<br />

GAAC auront la chance de pouvoir<br />

visiter l’observatoire de Camille<br />

Flammarion à Juvisy-sur-Orge et,<br />

avec un peu de chance, d’observer<br />

à travers la lunette de l’astronome.<br />

Barbecue !<br />

C’est la tradition de juin ! À la<br />

nouvelle Lune la plus proche de<br />

l’été, le barbecue est déployé à<br />

Grévillers... De quoi supporter<br />

le long crépuscule du solstice<br />

d’été.<br />

Retrouvez l’agenda complet de l’association sur http://www.astrogaac.fr/agenda.html


• • • • LA VIE DU GAAC<br />

Les instantanés<br />

Corvée de patates<br />

Saint-Véran (05) - 01/11/2016<br />

Le coup de la panne<br />

Saint-Véran (05) - 29/10/2016<br />

Damned ! Plus de whisky...<br />

Saint-Véran (05) - 01/12/2016<br />

Prêt au décollage<br />

Saméon (59) - 26/11/2016<br />

Ils existent !<br />

Lens (62) - 27/12/2016<br />

Les rennes du père Noël ont bien changé<br />

Chérang (59) - 10/12/2016<br />

Retrouvez la vie ‘‘officieuse’’ de l’association sur la page Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62<br />

la porte des étoiles n°36


• • • • PATRIMOINE<br />

Un son... Cosmique<br />

Musique et astronomie<br />

Par Yaël Nazé - Astrophysicienne FNRS à l’Université de Liège<br />

La musique et l’astronomie partagent une<br />

longue histoire commune. Bien sûr, il<br />

y a ces savants férus de musique et aussi<br />

ces musiciens appréciant l’astronomie<br />

(Massenet, Saint-Saëns…). On connaît<br />

même un musicien devenu astronome,<br />

William Herschel (découvreur d’Uranus) et<br />

un astronome devenu musicien, Brian May<br />

(guitariste de Queen).<br />

Toutefois, les points communs dépassent<br />

les personnes et les accords portent même<br />

sur la nature du cosmos. Il sera donc ici<br />

véritablement question de son. Avezvous<br />

entendu bruisser la Lune ? Et sinon,<br />

pourquoi ne pas l’imaginer et peupler le<br />

cosmos de notes astrales ? Dans ce domaine,<br />

il y eut de grands succès, tant musicaux<br />

que scientifiques, mais aussi des mélodies<br />

moins intéressantes. Petit tour d’horizon de<br />

ces rencontres (im)probables !<br />

L’harmonie des sphères<br />

Faites glisser votre magazine jusque vous, à travers la table, touillez dans votre casserole qui frémit, promenezvous<br />

en bottes dans la neige immaculée, glissez doucement l’archet sur le violon… Entendez-vous ? Le<br />

frottement de deux corps l’un contre l’autre produit un son, plus ou moins mélodieux. Cela semble une loi<br />

universelle, connue depuis la nuit des temps.<br />

Regardez maintenant vers le haut : là-bas, le ciel avec ses étoiles et ses planètes se dévoile. Est-ce différent<br />

là-haut ? Bien sûr, me direz-vous ! Il n’y a pas d’air dans l’espace, donc pas de son… Oui, mais cela, c’est<br />

la connaissance actuelle. Par le passé, les Grecs imaginaient que les planètes se trouvaient sur des sphères<br />

qui glissaient l’une sur l’autre. Forcément, un bruit devait être produit. Le vide étant peu en faveur chez ces<br />

philosophes, le son se propageait sans problème, jusque nos oreilles. Pourtant, on n’entend rien… À tout<br />

problème, une solution, voire plusieurs : nos vénérables anciens très imaginatifs en avaient à proposer. Par<br />

exemple, ils considéraient que nous étions si habitués à ces sons célestes, depuis notre naissance, que nous ne<br />

les entendions plus ; seuls parfois les enfants ou les simples d’esprit se rendaient compte de cette musique.<br />

Bien sûr, puisque le ciel était forcément parfait, ce bruit généré par les sphères devait être beau, harmonieux.<br />

C’est ainsi que naquit le concept d’harmonie des sphères. On ne se contenta pas alors de vagues idées et chaque<br />

objet céleste se vit attribuer une note parfaite. La musique terrestre, en utilisant ces notes, devait tendre vers<br />

l’idéale harmonie des cieux. Pour s’en rendre compte aujourd’hui, il ne reste hélas plus beaucoup d’exemples de<br />

musique antique. Parmi eux, l’Hymne au Soleil (https://www.youtube.com/watch?v=KeFq-r9fzbo) de Mésomède<br />

la porte des étoiles n°36


• • • • PATRIMOINE<br />

L’harmonie pythagoricienne<br />

Toute note est caractérisée par quatre<br />

propriétés : la hauteur, la durée, l’intensité, et le<br />

timbre. La durée permet de savoir si le son est court<br />

ou long ; l’intensité si le son est fort ou faible ;<br />

le timbre permet de reconnaître un ‘‘la’’ produit<br />

par un violon d’un ‘‘la’’ produit par un piano (le<br />

timbre dépend en fait du contenu en harmoniques<br />

du son produit par l’instrument). La hauteur,<br />

elle, est liée à la fréquence – comme on le dirait<br />

aujourd’hui – et permet de distinguer un son aigu<br />

(haute fréquence) d’un son grave (basse fréquence)<br />

et dépend de la taille : ainsi, un tuyau d’orgue ou<br />

une corde deux fois plus longue émettra un son<br />

de fréquence deux fois plus grave, une relation<br />

connue depuis l’Antiquité. Toutes les fréquences<br />

ne sont pas égales cependant. Les Anciens avaient<br />

remarqué que certaines associations de notes<br />

étaient particulièrement plaisantes à l’oreille.<br />

Ainsi, Pythagore aurait porté au pinacle l’octave<br />

et la quinte. Une octave est l’intervalle entre une<br />

fréquence et son double ; la quinte entre une<br />

fréquence et celle qui vaut une fois et demie cette<br />

valeur (à noter : il existe aussi la quarte, rapport<br />

Theorica musicae, de Franchinus Gaffurius<br />

de 4/3, le ton est le rapport 9/8 ; la combinaison<br />

d’une quinte et d’une quarte forme une octave, car 3/2x4/3=2). Partant de là, Pythagore établit la gamme<br />

pythagoricienne : la fréquence fondamentale, par exemple 1, que l’on multiplie par 3/2 ; on multiplie le<br />

résultat par 3/2 (on obtient donc [3/2]² encore par 3/2… On répète l’opération douze fois de suite jusqu’à<br />

retomber (presque) sur un multiple d’octave, car [3/2]de 27, la septième octave du 1 de départ. Un coup<br />

de chance numérique, qui semble être très signifiant pour nos numérologues pythagoriciens. Toutefois,<br />

sept octaves, ça fait beaucoup. Difficile de reproduire cela avec un ensemble de cordes vibrantes ou<br />

tuyaux d’orgues (le plus grand devant être sept fois plus grand que le plus petit !). Du coup, pour revenir<br />

plus raisonnablement à une seule octave (soit avec des valeurs entre 1 et 2 dans notre exemple), l’idée est<br />

de diviser par deux chaque fréquence obtenue, autant de fois que nécessaire. Cela complique un peu les<br />

choses, mais au final, on se retrouve avec douze notes possibles, dont la base : do, do#, ré, ré#, mi, fa, fa#,<br />

sol, sol#, la, la#, si, on retombe ensuite sur le do de l’octave supérieure.<br />

de Crète (IIème siècle). Comme son titre l’indique, il se concentre sur l’astre du jour, mentionnant Lune, Terre<br />

et étoiles en passant, mais pas les autres planètes. Cette tradition astromusicale survécut à l’Antiquité : ainsi,<br />

au Moyen-Âge, la base de l’enseignement, le quadrivium, rassemblait arithmétique, géométrie, astronomie<br />

et… musique !<br />

Mais comment ça marche exactement ? A priori, l’analogie est complète : la gamme compte sept notes de base<br />

et le ciel sept ‘‘planètes’’. En effet, selon la définition antique, le ciel compte sept planètes, soit sept objets<br />

qui bougent par rapport aux étoiles : Soleil, Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Aujourd’hui,<br />

le terme de planète englobe uniquement des objets tournant autour du Soleil. Celui-ci et la Lune sont bien<br />

évidemment exclus de la liste. À noter : la lyre antique comptait sept cordes et Newton compléta l’harmonie<br />

en définissant sept couleurs principales… Mais tout ne tourna pas toujours autour du nombre sept. En effet, on<br />

ajouta des cordes aux lyres et il fallut trouver un complément céleste pour chaque ajout : la sphère des fixes<br />

ou le zodiaque pour la 8ème et la Terre pour la 9ème. Ce dernier ajout n’alla pas sans poser problème puisque<br />

la Terre est supposée immobile au centre du cosmos… Elle ne devrait émettre aucun son (soit un ‘‘silence’’).<br />

la porte des étoiles n°36


Au Moyen-Âge, on ajouta aussi des cordes à la lyre céleste<br />

pour accueillir tous les cercles du paradis, ceux des chérubins,<br />

séraphins et autres.<br />

Reste à faire l’association entre les notes et les planètes et<br />

trouver la proportion planétaire qui fait pendant à la proportion<br />

musicale. Dans l’Antiquité, on évoque souvent un lien entre la<br />

distance de la planète considérée et la hauteur de la note émise,<br />

mais parfois, certains auteurs préfèrent lier vitesse de l’objet<br />

et fréquence. On connaît donc diverses mises en parallèle, par<br />

exemple : chez Boèce : ré pour la Lune, do pour Mercure, si<br />

pour Vénus, la pour le Soleil, sol pour Mars, fa pour Jupiter, mi<br />

pour Saturne. Dans le morceau médiéval Naturalis concordia<br />

vocum cum planetis : ce chant de type grégorien passe en revue<br />

toutes les planètes et les sons associés, se concentrant sur la<br />

symbolique du chiffre sept ; il utilise fa pour les étoiles, mi<br />

pour Saturne, ré pour Jupiter, do pour Mars, si pour le Soleil, la<br />

pour Vénus, sol pour Mercure, fa pour la Lune et silence pour<br />

la Terre.<br />

Tout cela peut certainement mener à de la musique intéressante,<br />

mais quid des résultats pour la science astronomique ? En<br />

Johannes Kepler (1571 - 1630) fait, cette recherche d’harmonie donna lieu à une découverte<br />

importante par Johannes Kepler. Ce dernier était fasciné (fautil<br />

écrire obsédé ?) par l’idée d’un cosmos harmonieux. Tout au long de sa carrière, il tenta de trouver les<br />

proportions du Système solaire. Il commença par emboîter des polyèdres réguliers pour simuler les écarts entre<br />

sphères planétaires, mais ce modèle ne s’avéra pas très bon – il donnait bien le nombre maximum d’objets (les<br />

six planètes connues alors) mais les distances moyennes relatives n’étaient qu’approximativement reproduites<br />

et il n’y avait aucune contrainte sur l’excentricité des orbites. Kepler finit par se tourner vers… la musique ! Il<br />

envisagea d’abord des notes uniques pour<br />

chaque planète, comme dans l’Antiquité<br />

mais cela ne fonctionnait pas très bien.<br />

Il imagina alors que la vitesse angulaire<br />

d’une planète sur son orbite autour du<br />

Soleil, fournit la hauteur de la note<br />

associée à la planète (https://www.youtube.<br />

com/watch?v=1EFZuzgcIzY).<br />

Kepler a donc une note aiguë pour Mercure<br />

et grave pour Saturne puisqu’une planète<br />

plus éloignée du Soleil se déplace plus<br />

lentement sur son orbite. Les Grecs<br />

antiques avaient souvent une relation<br />

inverse (Saturne aigu, Mercure grave) car<br />

ils considéraient le mouvement directement<br />

observé, sans enlever la contribution due<br />

au mouvement diurne (lié à la rotation de<br />

la Terre sur elle-même) comme l’a fait<br />

Kepler.<br />

• • • • PATRIMOINE<br />

Comme dans son modèle, l’orbite est<br />

elliptique (première loi de Kepler) et<br />

parcourue à vitesse variable (maximum au<br />

périhélie, minimum à l’aphélie – deuxième<br />

loi de Kepler), c’est toute une mélodie qu’il<br />

Partition planétaire de Kepler, originale et transposée suivant les usages<br />

modernes<br />

la porte des étoiles n°36


• • • • PATRIMOINE<br />

L’harmonie vocale naturelle<br />

avec les planètes<br />

L’ordre des planètes de la Terre au ciel est<br />

similaire à l’harmonie des voix. Tullius (Cicéron)<br />

les a classées ainsi, depuis les plus petits nombres<br />

dans l’ordre ascendant : Lune, Hermès (Mercure),<br />

Vénus et Soleil, Mars, Jupiter et Saturne. Dans un<br />

ordre similaire vous devriez placer les voix :<br />

Faire la première de la Lune, qui se trouve près<br />

de la Terre.<br />

Ensuite noter combien Mercure est plus aigu que<br />

celui-là.<br />

Et l’ordre musical calcule le ton pour cet espace.<br />

Vénus garde l’espace suivant, adapté à un demiton.<br />

Par la suite un ton remplit la quarte avec le<br />

Soleil.<br />

Et le belliqueux Mars définit un ton à la quinte.<br />

Puis Jupiter chante sa complainte avec un petit<br />

demi-ton.<br />

Et Saturne ajoute un ton pour sa part.<br />

Le septième ton, sept comme les jours de la<br />

semaine, permet d’atteindre le ciel.<br />

Avec ces huit intervalles l’ordre tout entier est<br />

contenu dans un diapason.<br />

Ainsi, l’octave inférieur, déplié à partir du mese<br />

(note centrale), est répété au-dessus à fréquence<br />

plus élevée.<br />

Un doublement représente le diapason au ciel, le<br />

quadruple conduit encore plus haut.<br />

Le double est fait de notes, le quadruple se<br />

compose des puissances célestes.<br />

Sept espèces différentes sont prises en compte<br />

dans l’octave.<br />

Alors que trois se trouvent dans la quarte et<br />

quatre dans la quinte - ainsi les chants sonnent<br />

différemment et changent leur caractère.<br />

Sept planètes ; sept hauteurs de notes ; sept dons<br />

de l’esprit à l’église grâce à sept jours roule<br />

l’année du Soleil.<br />

Six de travail et vous vous reposez le septième, la<br />

vie se renouvelle à huit.<br />

Il y a une vie dans la huitième, après sept mille<br />

je crois.<br />

Ce numéro sept est le nombre de presque toutes<br />

les choses.<br />

Naturalis concordia vocum cum planetis : partition originale,<br />

retranscription moderne et traduction. (Citation and Authority in<br />

Medieval and Renaissance Musical Culture : Learning from the<br />

Learned, S. Clak & E.E. Leach)<br />

la porte des étoiles n°36


associe à chaque objet ! Bien sûr, le rapport entre les vitesses extrêmes doit être harmonieux, c’est-à-dire<br />

correspondre à une belle consonance musicale (comme une tierce, quarte, quinte, ou une octave). Toutefois,<br />

cette harmonie n’est jamais perceptible, vu qu’une planète ne peut être à la fois au périhélie et à l’aphélie. Pour<br />

créer une véritable harmonie céleste, il faut donc faire ‘‘sonner’’ les planètes entre elles, créant un véritable<br />

chant polyphonique. Pour y arriver, Kepler compara les vitesses extrêmes de différentes paires de planètes :<br />

après de longs calculs, il réussit à éviter au mieux les dissonances qui se créent parfois en additionnant différents<br />

accords harmonieux, dénichant finalement un ensemble de proportions musicales planétaires (sans répétition,<br />

chaque rapport entre extrêmes étant unique). Ces rapports lui permettent alors de reproduire les caractéristiques<br />

orbitales (distance moyenne et excentricité) et il pense alors avoir trouvé le ‘‘design divin’’. Ces recherches sur<br />

les gammes planétaires le conduisirent<br />

indirectement à la découverte de<br />

sa fameuse troisième loi, le rapport<br />

harmonieux tant cherché : le carré de<br />

la période est proportionnel au cube du<br />

demi grand-axe de l’ellipse orbitale…<br />

Musique képlérienne et troisième loi<br />

sont d’ailleurs toutes deux publiées dans<br />

le même livre, Harmonices mundi, en<br />

1619.<br />

Cette théorie d’harmonie cosmique était<br />

fort appréciée, mais tous les savants<br />

ne la soutenaient pas. Deux exceptions<br />

notables sont à souligner. Aristote, tout<br />

d’abord : ‘‘On doit voir évidemment,<br />

d’après tout ce qui précède, que, quand<br />

on nous parle d’une harmonie résultant<br />

du mouvement de ces corps pareille à<br />

l’harmonie de sons qui s’accorderaient<br />

entre eux, on fait une comparaison fort<br />

brillante, sans doute, mais très vaine ;<br />

ce n’est pas là du tout la vérité’’. De<br />

Vinci, ensuite : ‘‘…s’il n’y a pas d’air<br />

dans les deux, il ne peut y avoir de son ;<br />

mais s’il y a de l’air, les corps seraient<br />

usés depuis longtemps. De plus, les<br />

corps polis ne font pas de son en frottant<br />

et si les deux ne sont pas polis après des<br />

siècles de frottement, c’est qu’ils sont<br />

globuleux et rugueux : donc leur contact<br />

n’est pas continu. Il y aurait alors un<br />

vide dans la nature, ce qu’on ne peut<br />

admettre puisque la nature a horreur du<br />

vide. Enfin, le milieu tourne plus vite que<br />

les pôles : il devrait donc être plus usé et<br />

après usure il n’y aurait plus frottement<br />

et le son s’arrêterait…’’<br />

• • • • PATRIMOINE<br />

La gamme musicale céleste vue par Robert Fludd (1573-1637). L’instrument<br />

actionné par la main de Dieu est un monocorde pythagoricien, c’est-à-dire<br />

qu’il possède une seule corde et que chaque note (ici notée avec des lettres,<br />

comme dans le système germanique) correspond à un morceau précis de la<br />

corde. On trouve de bas en haut les quatre éléments, puis les ‘‘planètes’’ et enfin<br />

les zones paradisiaques. Les proportions sont notées par des arcs de cercle.<br />

Ce type de représentation était assez populaire, il en existe diverses variantes.<br />

(wikimedia)<br />

Ce sont ces opposants qui ont finalement<br />

gagné : la réalité de notre Système solaire s’avère moins bruyante qu’espéré, l’espace vide ne propageant<br />

pas le son. Toutefois, l’idée était belle, au point de continuer à exister. Diverses compositions intitulées<br />

‘‘Harmonie des sphères’’ existent, tant anciennes (Cristofano Malvezzi https://www.youtube.com/watch?v=1bu2_4-iaE&list=PL97A1EFF7C4C0F6D2&index=2,<br />

Joseph Strauss https://www.youtube.com/watch?v=0d_r1ejshe8...) que<br />

plus modernes (Siegfried Karg-Elert https://www.youtube.com/watch?v=EG4Y-srPEK8, Rued Langgard https://www.<br />

la porte des étoiles n°36


youtube.com/watch?v=j959i5k6RjM, Paul Hindemith https://www.youtube.com/watch?v=GQx1kc1GXdc, Joep Franssens<br />

https://www.youtube.com/watch?v=wLkmMEEiNBk, Antoni Schonken https://soundcloud.com/antoni-schonken/harmony-ofthe-spheres,<br />

Philip Sparke https://www.youtube.com/watch?v=fqQOgSX42ZM… ou Willie Ruff et John Rodgers qui se<br />

concentrent sur l’harmonie képlérienne https://www.youtube.com/watch?v=ArXrDAlGlYU).<br />

L’inspiration des sphères<br />

Si les hautes sphères ne font pas de bruit à proprement parler, elles peuvent néanmoins inspirer les artistes – et<br />

notamment les musiciens, d’où une toute autre catégorie de musique céleste… Difficile de tout citer car il y en<br />

a un florilège dans ce domaine. Et en plus d’être longue, la liste est variée, du classique au métal, en passant<br />

par la pop… En voici quelques exemples :<br />

- les articles d’Andrew Fraknoi - https://www.astronomy2009.org/static/resources/iya2009_music_astronomy.pdf et https://<br />

www.researchgate.net/publication/258569240_Music_Inspired_by_Astronomy_A_Resource_Guide_Organized_by_Topic<br />

- la longue liste de last.fm (http://www.last.fm/tag/astronomy/tracks), le catalogue de Jon Bell (pour les<br />

chanter vous-même ! https://www.irsc.edu/uploadedFiles/Best-of-Astronomers-Songbook-2011.pdf)<br />

- et d’autres listes encore (http://www.space.com/11037-space-music-playlist-astronauts-wakeup.html<br />

et http://cs.astronomy.com/asy/b/astronomy/archive/2014/06/26/10-awesome-pieces-of-astronomy-inspired-music.aspx)<br />

Des inventaires plus ou moins complets circulent, voici cependant quelques exemples, classés par thème.<br />

La conquête spatiale<br />

• • • • PATRIMOINE<br />

Un grand classique est la conquête spatiale. Tout comme l’exploration par ballon ou le décollage des avions,<br />

l’envoi de satellites et d’astronautes a suscité l’intérêt de la société dans son ensemble, y compris donc les<br />

musiciens. On composa ainsi divers tubes, souvent éphémères, lors du lancement de Spoutnik (J. Engler &<br />

Four Ekkos - https://www.youtube.com/watch?v=kuzTZ8m918U), des vols de Gagarine ou John Glenn (Roy West,<br />

Sam Hopkins… Mais aussi, plus tard, Liberty Bell de The Gathering), des missions Apollo (album éponyme<br />

de Brian Eno, Fly me to the Moon de Sinatra/Nat King Cole…), ou encore des envols de navette américaine<br />

(Blast Off Columbia de Roy Mc Call, Ride Sally Ride, version de C. Culver…). Même l’envoi du premier<br />

satellite commercial a fait un carton avec le bien nommé Telstar (un morceau instrumental des Tornados https://<br />

www.youtube.com/watch?v=4B7ypA1fSwU repris de nombreuses fois depuis). Les problèmes ne sont pas oubliés<br />

non plus, notamment dans Space Junk (https://www.youtube.com/watch?v=nFCU_Ld9snU) de Devo qui évoque les<br />

débris qui encombrent notre espace !<br />

la porte des étoiles n°36 10


• • • • PATRIMOINE<br />

Cela ne s’arrête évidemment pas aux missions réelles car une fois la porte vers l’espace franchie, plus rien ne<br />

pouvait arrêter l’imagination ! Les voyages de fiction se sont donc aussi multipliés en musique, par exemple<br />

dans 2000 lightyears from home des Rolling Stones, 39 de Queen (https://www.youtube.com/watch?v=pAnpGXPYAIQ),<br />

trois albums de Brave Saint Saturn, Titan de Hammerfall, Space Truckin’ de Deep Purple, Planet Caravan<br />

de Black Sabbath, le fameux The final Countdown d’Europe, mais aussi… Outer Space Girls des Spice Girls<br />

(https://www.youtube.com/watch?v=CdlMXVdRStM). Pour être juste, l’aventure spatiale imaginaire avait même<br />

commencé avant, avec Il Mondo della Luna, un opérabouffe<br />

dont le livret, écrit par Goldoni, a été adapté<br />

plusieurs fois, notamment par Galuppi (https://www.<br />

youtube.com/watch?v=Twu9oFdO5B8), Haydn, et Paisiello<br />

– un thème similaire a été abordé par Janacek pour le<br />

Voyage dans la Lune de Mr Broucek (https://www.youtube.<br />

com/watch?v=Np77U3QqK2o) !<br />

Le champion incontesté dans ce domaine reste cependant<br />

le caméléon David Bowie. Son célèbre Space Oddity<br />

(https://www.youtube.com/watch?v=D67kmFzSh_o) est le<br />

premier véritable succès public de Bowie. Cette chanson<br />

est sortie en 1969, juste après l’atterrissage d’Apollo<br />

XI, et elle devint si connue qu’elle donna son titre au<br />

deuxième album de l’artiste sur lequel il figurait (sorti<br />

initialement sous le titre ‘‘David Bowie’’). Il s’agit en<br />

fait d’un dialogue entre ‘‘Ground Control’’, l’équivalent<br />

David Bowie - Space oddity<br />

du fameux Houston de la NASA et l’astronaute Major<br />

Tom. Les vérifications s’enchaînent alors que le décompte s’égrène mais un problème surgit une fois en<br />

orbite… Bien sûr, certains disent que sous la mission spatiale se cache en fait le drogué qui prend sa dose<br />

(version accréditée par Bowie lui-même dans sa chanson Ashes to Ashes) mais certains ont pris le parti<br />

spatial – le chanteur allemand Peter Schilling a ainsi sorti Major Tom (coming home) (https://www.youtube.com/<br />

watch?v=Jt-R5hj_lWM) en 1983, où l’astronaute se doute d’un problème durant le décompte puis, reprenant là où<br />

Bowie avait laissé Tom, raconte sa chute vers la Terre. Bowie ne s’arrêtera pas là : en 2002, il présente I took<br />

a trip on a Gemini spaceship (https://www.youtube.com/watch?v=BxpCMZpUiP4), en 1996 Hallo Spaceboy (https://<br />

www.youtube.com/watch?v=EHSe4N1tRQU), et en 1972 The<br />

Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders of Mars<br />

(https://www.youtube.com/watch?v=V6NcKzoAVns), dont le<br />

personnage principal n’est pas étranger à un extraterrestre<br />

androgyne…<br />

L’astrologie<br />

Autre ‘‘classique’’ : l’astrologie… Il existe de multiples<br />

chansons baptisées zodiaque, mais aussi toute une<br />

symphonie ‘‘astrologique’’ : Planets (https://www.youtube.<br />

com/watch?v=AHVsszW7Nds) de Gustav Holst. Commencée<br />

juste avant le début de la première guerre mondiale<br />

et jouée pour la première fois juste après sa fin, cette<br />

suite comporte sept morceaux, une par planète. Leur<br />

ordre (Mars, Vénus, Mercure, Jupiter, Saturne, Uranus,<br />

Neptune) ne correspond pas à l’éloignement au Soleil<br />

ou à des tailles (dé)croissantes, mais aurait été choisi en<br />

fonction de critères astrologiques (difficile de dire quoi<br />

exactement car plusieurs interprétations circulent). Les<br />

thèmes associés n’ont rien à voir non plus avec les astres<br />

réels : Vénus apporte la paix, Mars la guerre, Saturne<br />

représente la vieillesse, Jupiter est gai, Mercure ailé et<br />

Gustav Holst (1874 - 1934)<br />

la porte des étoiles n°36 11


• • • • PATRIMOINE<br />

Iron Maiden<br />

When two worlds collide<br />

Iron Maiden - Virtual XI<br />

My telescope looks out Into the stars tonight A<br />

little speck of light Seems twice the size tonight.<br />

The calculations are so fine Can it be growing<br />

all the time ? Now I can’t believe it’s true And I<br />

don’t know what to do For the hundredth time I<br />

check the declination. Now the fear starts to grow<br />

Even my computer shows.There are no errors in<br />

the calculations. Now it’s happened take no other<br />

view Collision course, you must believe it’s true<br />

Now there’s nothing left that we can do.<br />

Mon télescope pointe vers les étoiles du soir. Le<br />

petit point de lumière semble deux fois plus grand<br />

ce soir. Les calculs semblent justes. Se pourrait-il<br />

que cela s’agrandisse en permanence ? À présent,<br />

je n’arrive pas à y croire Et je ne sais pas comment<br />

faire. Pour la centième fois je vérifie la déclinaison.<br />

À présent, la peur se répand en moi. Même mon<br />

ordinateur atteste qu’il n’y a pas d’erreur dans les<br />

calculs. À présent que cela est confirmé, aucune<br />

autre issue ne subsiste. La collision imminente,<br />

vous devez y croire. À présent, il n’y a plus rien<br />

que nous puissions faire.<br />

Neptune mystique. La partition est en fait écrite pour<br />

tenter de partager les émotions associées à ces objets<br />

dans la mythologie gréco-romaine et l’astrologie. Pour<br />

l’astronomie, on repassera… Par contre, cette symphonie<br />

est très populaire. Régulièrement jouée, elle marque<br />

les esprits, de son inquiétant début résolument martial à<br />

sa fin véritablement céleste avec le chœur et la harpe<br />

qui montent vers des aigus dans un decrescendo parfait.<br />

Seul problème : il faut un large orchestre pour la jouer…<br />

Quoiqu’au début, Holst l’ait composée pour deux pianos et<br />

un orgue ! Plus amusant : la symphonie a été complétée en<br />

2000, où Colin Matthews ajoute Pluton (https://www.youtube.<br />

com/watch?v=ucKEqEaH8Zs), tandis qu’en 2006, quatre<br />

morceaux liés à des astéroïdes ont été commandés par<br />

le philharmonique de Berlin. Enfin, celui qui ne connaît<br />

pas l’œuvre lui trouvera un air de ressemblance avec les<br />

musiques de films, comme Star Wars, par exemple. C’est<br />

normal : les compositeurs hollywoodiens s’inspirèrent de<br />

Holst !<br />

Les observations du ciel<br />

Parmi les morceaux inspirés par le ciel, on trouve aussi<br />

les souvenirs d’observations, citons-en deux. Le groupe<br />

britannique Iron Maiden propose avec When two worlds<br />

collide (https://www.youtube.com/watch?v=zOjhkEmEmUI)<br />

une chanson décrivant assez précisément le travail des<br />

astronomes (voir ci-contre) : observation d’un changement<br />

de luminosité, vérification des coordonnées, mais au<br />

final pas d’erreur de calcul, d’où mise sur pied d’une<br />

théorie : ce sont deux ‘‘mondes’’ qui viennent d’entrer en<br />

collision pour donner naissance à une supernova ou un<br />

sursaut gamma ? Les rockeurs ne l’ont pas précisé… Le<br />

compositeur Mike Oldfield, lui, vous propose dans Saved<br />

by a Bell (https://www.youtube.com/watch?v=5S53DH8Uw-k) de<br />

regarder dans son télescope cette nuit (voir ci-dessous),<br />

en espérant que le ciel reste dégagé, pour observer la Voie<br />

lactée, Jupiter, Saturne, diverses galaxies – un programme<br />

typique pour un astronome amateur ! – le tout passant très<br />

vite dans l’oculaire… Flûte, il a oublié<br />

Mike Oldfield - Saved by a bell<br />

Would you like to look through my telescope ? The Milky way’s a fine sight to see. All around our Universe,<br />

we try so hard to view what’s new. Make a trip down to Sagittarius and take a spin by some nebula. I hope the sky stays clear<br />

for us, The night goes on so far in stars… Shining like bright diamonds, the galaxies. Jupiter and Saturn spin by passing by<br />

companions, they all go drifting by. They fly ! Carry me down to see Aquarius. We’re hoping to meet a shooting star. I can see<br />

there’s going to be a message from a far. How close we are.<br />

Voudrais-tu observer avec mon télescope ? La Voie lactée est un bien beau spectacle. Partout dans notre Univers, nous<br />

cherchons avec acharnement une découverte inédite. Voyagez vers le Sud jusqu’au Sagittaire et ayez le vertige au détour<br />

d’une nébuleuse. J’espère que pour nous le ciel restera limpide. La nuit avance, si loin parmi les étoiles... Brillantes<br />

comme l’éclat des diamants : les galaxies, Jupiter et Saturne dans leur révolution, des compagnons de passage. Tous<br />

les astres semblent à la dérive. Ils volent. Emmène moi voir le Verseau. Nous espérons surprendre une étoile filante.<br />

Je prédis qu’un message arrivera des confins. Nous en sommes si proches.<br />

la porte des étoiles n°36 12


• • • • PATRIMOINE<br />

de brancher le moteur d’entraînement de son télescope ! À<br />

noter qu’Oldfield a aussi composé un album intitulé Music of<br />

the Spheres mais ce dernier est un jeu de mots avec le nom<br />

de son label, Universal music, plutôt que quelque chose de lié<br />

aux notes célestes. Côté classique, Reginald Smith-Brindle<br />

a tenté de faire un portrait de la galaxie d’Andromède dans<br />

son M31 tandis que David Bedford relate ses observations<br />

du chasseur céleste dans Sword of Orion – ce passionné<br />

d’astronomie a d’ailleurs composé de nombreux morceaux<br />

teintés de ciel (comme A dream of the seven lost stars ; Star<br />

clusters, nebulae and places in devon ; Some stars above<br />

magnitude 2.9 ; Star’s end).<br />

Monty Pythons - Galaxy song<br />

Just remember that you’re standing on a planet that’s evolving<br />

and revolving at nine hundred miles an hour. That’s orbiting<br />

at nineteen miles a second, so it’s reckoned. A sun that is the<br />

source of all our power. The sun and you and me and all the<br />

stars that we can see. Are moving at a million miles a day. In an<br />

outer spiral arm, at forty thousand miles an hour. Of the galaxy<br />

we call the milky way. Our galaxy itself contains a hundred<br />

billion stars. It’s a hundred thousand light years side to side.<br />

It bulges in the middle, sixteen thousand light years thick But<br />

out by us, it’s just three thousand light years wide. We’re thirty<br />

thousand light years from galactic central point. We go ‘round<br />

every two hundred million years. And our galaxy is only one<br />

of millions of billions In this amazing and expanding universe.<br />

The universe itself keeps on expanding and expanding. In all<br />

of the directions it can whizz. As fast as it can go, the speed of<br />

light, you know.Twelve million miles a minute and that’s the<br />

fastest speed there is. So remember, when you’re feeling very<br />

small and insecure. How amazingly unlikely is your birth And<br />

pray that there’s intelligent life somewhere up in space. ‘Cause<br />

it’s bugger all down here on Earth.<br />

Souviens toi simplement que tu vis sur une planète qui évolue et<br />

tourne à 1450 kilomètres par heure. Elle orbite à 30 kilomètres<br />

par seconde autour du Soleil qui est assurément la source de<br />

toute notre énergie. Le Soleil, toi, moi et toutes les étoiles<br />

visibles parcourons plus d’un million de kilomètres chaque<br />

jour en tournant à 65000 kilomètres à l’heure au bout d’un<br />

bras spiral d’une galaxie que nous appelons Voie lactée. Notre<br />

propre galaxie contient des centaines de milliards d’étoiles.<br />

Elle s’étend sur cent mille années-lumière. Elle s’élargit en son<br />

centre : 16000 années-lumière, mais par chez nous, en bordure,<br />

elle ne fait que 3000 années-lumière de large. Nous nous situons<br />

à 30000 années-lumière du centre galactique. Nous en faisons<br />

le tour en 200 millions d’années et notre Galaxie n’est que<br />

l’une des millions de milliards contenues dans cet incroyable<br />

Univers où tout s’éloigne. L’Univers lui-même n’a de cesse de<br />

s’étirer et s’étirer dans toutes les directions possibles. Il file<br />

aussi vite qu’il le peut, à la vitesse de la lumière, tu sais : (20<br />

millions de miles à la minute) 300000 kilomètres par seconde.<br />

C’est la vitesse la plus rapide qui soit. Alors souviens-toi,<br />

quand tu te sens insignifiant et inquiet, à quel point ta naissance<br />

était improbable et prie pour qu’une forme de vie intelligente<br />

existe ailleurs dans l’espace. Parce que c’est la mouise ici bas<br />

sur Terre.<br />

Monthy Pythons - Galaxy song<br />

David Bedford<br />

Stars clusters nebulae and places in devon<br />

Les concepts astronomiques<br />

Enfin, il y a les astres et les concepts<br />

astronomiques. On trouve ici aussi pléthore<br />

de partitions… Quelle que soit leur qualité<br />

intrinsèque, nous éviterons ici les nombreuses<br />

compositions où l’astronomie n’est qu’un<br />

prétexte, une analogie utilisée juste pour un vers<br />

– comme pour les Trous noirs d’Amanda Lear<br />

et de Muse (analogie du compagnon cannibale)<br />

ou de Lindsay Lohan (lieu où disparaît l’amant),<br />

l’éclipse totale du cœur de Bonnie Tyler en<br />

pleine crise amoureuse ou celle des yeux de<br />

Samson devenant aveugle chez Haendel…<br />

Oublions l’astronomie citée sans raison évidente<br />

(Astronomy de Metallica). Passons aussi<br />

rapidement sur la longue tradition musicale liée<br />

la porte des étoiles n°36 13


• • • • PATRIMOINE<br />

aux astres divinisés. Vu le surnom de son patron (le Roi-Soleil), le compositeur Jean-Baptiste Lully a produit<br />

énormément de musique de ce genre : opéra Phaéton, entrée d’Apollon dans Les Amants Magnifiques, Soleil<br />

levant du Ballet de la Nuit, ballet des planètes autour du souverain-centre de l’Univers dans le Ballet des<br />

Muses… Il est ici amusant de noter que le roi lui-même tenait souvent le rôle-titre, comme le montre le film<br />

Le Roi Danse pour les deux premiers morceaux cités (https://www.youtube.com/watch?v=aGrZGFYZG18&gl=BE).<br />

Jetons plutôt une oreille vers des morceaux où il y a vraiment de l’astronomie… et pas la plus simple !<br />

Le meilleur exemple vient… des Monthy Python. Pour leur film Meaning of life, ils résument les<br />

principaux faits astronomiques. Attention, hard science en vue dans la Galaxy Song (https://www.youtube.com/<br />

watch?v=buqtdpuZxvk) : vitesse orbitale de la Terre, vitesse du Soleil dans la Voie lactée, description précise de<br />

celle-ci (taille, structure, nombre d’étoiles), expansion de l’Univers – tout y passe dans un couplet savoureux<br />

(voir paroles page précédente). Une véritable leçon d’astronomie qui sauve carrément le film, plutôt moyen<br />

parmi ceux de la bande à l’humour so british ! Eminem, lui, s’est contenté de la distance de la Lune dans Space<br />

Bound (https://www.youtube.com/watch?v=JByDbPn6A1o)…<br />

Mais ils ne sont pas les seuls. La chanteuse islandaise Björk passe ainsi en revue les différentes visions du<br />

monde, tribales et scientifique, dans une seule chanson : Cosmogony (https://vimeo.com/26621984). Après un<br />

début particulier (ou typique de cette chanteuse si particulière ?) évoquant le décompte d’un lancement dans<br />

l’espace ou le compte à rebours avant le début cosmique, les différentes théories sont présentées. À vous de<br />

choisir entre un univers primordial océanique, en forme d’œuf, de terrain infini ou né dans un ‘‘Bang’’ ! La<br />

même artiste vous explique aussi le mécanisme des saisons dans sa chanson Solstice (https://www.youtube.com/<br />

watch?v=gRPKQ9XWCv0). Une leçon atypique mais qui pourrait en inspirer plus d’un (voir paroles ci-dessous).<br />

Bjork - Cosmogony<br />

Bjork - Solstice<br />

Björk - Cosmogony<br />

Heaven, heaven’s bodies. Whirl around me make me<br />

wonder. And they say back then our universe wasn’t<br />

even there. Until a sudden bang and then there was<br />

light, was sound, was matter. And it all became the<br />

world we know.<br />

Firmament, les astres du firmament tourbillonnent<br />

autour de moi et je m’interroge. Ils disent qu’à l’époque<br />

notre univers n’existait même pas, jusqu’à un soudain<br />

big bang, et la lumière fut, ainsi que le son et la matière.<br />

Et tout cela devint le monde que nous connaissons.<br />

Björk - Solstice<br />

When your eyes pause on the ball. That hangs on the third<br />

branch from the star, you remember why it is dark and<br />

why it gets light again. The Earth, like the heart, slopes in<br />

it’s seat And, like that, it travels along an elliptical path,<br />

drawn into the darkness.<br />

Lorsque ton regard se pose sur la sphère accrochée à la<br />

troisième branche depuis le Soleil, tu te souviens pourquoi il<br />

y a la nuit puis le jour qui revient. La Terre, comme le coeur,<br />

se tient inclinée et dans cette position elle voyage le long<br />

d’un chemin elliptique, entraînée dans les ténèbres.<br />

la porte des étoiles n°36 14


• • • • PATRIMOINE<br />

Le groupe canadien Rush a été plus loin<br />

encore avec Cygnus X-1 (https://www.youtube.<br />

com/watch?v=wlNrQGmj6oQ), nom du premier<br />

trou noir de masse stellaire reconnu. Tout y<br />

passe (voir paroles ci-contre) : position de<br />

l’objet, description de l’accrétion de la matière,<br />

problème du destin de cette matière, émission<br />

de rayons X… Et pourtant, à l’écoute, on n’y<br />

pense pas ! Comme quoi, une petite chanson<br />

peut faire passer plein d’information !<br />

N’oublions pas les instrumentaux, comme<br />

Vangelis et son Pulstar (https://www.youtube.com/<br />

watch?v=8UwGl0Yk_jU) sur son album albedo<br />

0.39 (celui de la Terre !) – on croirait entendre<br />

un véritable pulsar !<br />

Vangelis - Pulstar<br />

Rush - Cygnus X-1<br />

In the constellation of Cygnus, there lurks a mysterious,<br />

invisible force : the black hole of Cygnus X-1... Six<br />

stars of the Northern Cross in mourning for their<br />

sister’s loss. In a final flash of glory. Nevermore to<br />

grace the night... Invisible to telescopic eye. Infinity,<br />

the star that would not die. All who dare to cross her course. Are<br />

swallowed by her fearsome force through the void to be destroyed.<br />

Or is there something more ? Atomized... at the core ? Or through<br />

the astral door ? To soar... I set a course just east of Lyra and<br />

northwest of Pegasus flew into the light of Deneb. Sailed across<br />

the Milky Way. On my ship, the Rocinante wheeling through the<br />

galaxies. Headed for the heart of Cygnus headlong into mystery.<br />

The X-ray is her siren song. My ship cannot resist her long nearer<br />

to my deadly goal. Until the black hole gains control...Spinning,<br />

whirling still descending like a spiral sea. Unending... Sound and<br />

fury drown my heart. Every nerve is torn apart...<br />

Dans la constellation du Cygne se cache un mystère, une force invisible:<br />

le trou noir Cygnus X-1... Six étoiles de la croix du Nord pleurent la<br />

disparition de leur soeur dans un ultime flash glorieux. Jamais plus elle<br />

n’honorera la nuit de sa lumière... Invisible au regard du télescope, l’étoile<br />

qui ne voulait pas mourir. Tout ce qui s’aventure sur son chemin est avalé<br />

par son effroyable attraction, aspiré à travers le vide jusqu’à sa destruction.<br />

Se pourrait-il qu’il y ait quelque chose de plus ? Pulvérisé... au coeur ?<br />

Ou à l’horizon des événements ? Je m’élance... Je trace un chemin un<br />

peu à l’Est de la Lyre et au Nord-ouest de Pégase, jusqu’à la lumière<br />

de Deneb. Navigue à travers la Voie lactée. À bord de mon vaisseau, le<br />

Rocinante vogue à travers les galaxies, en direction du coeur du Cygne,<br />

la tête la première vers l’inconnu. Les rayons X constituent son chant de<br />

sirène. Mon vaisseau ne peut pas lui résister plus longtemps, alors que je<br />

m’approche de mon destin funeste. Jusqu’à ce que le trou noir prenne le<br />

dessus... Filant et tournoyant, je m’enfonce dans le vortex. Sans fin... Le<br />

son et la fureur inondent mon coeur. Chacun de mes nerfs est à vif...<br />

Représentation de Galileo Galilei<br />

au Madison Opera (2012)<br />

Les astronomes<br />

Pour terminer, n’oublions pas les morceaux en relation avec<br />

les astronomes eux-mêmes. De nombreux exemples dans ce<br />

domaine sont des commandes liées à des anniversaires : 500ème<br />

de Copernic (Leo Smit, Henryk Gorecki - https://www.youtube.com/<br />

watch?v=jwOTBSisRIk), 350ème de Kepler (Gunter Bergmann) ou<br />

100ème de James Jeans (Robert Simpson). Il existe cependant un<br />

champion dans cette catégorie : Philip Glass. Ce compositeur est<br />

considéré comme une figure majeure du classique contemporain, en<br />

particulier pour ses opéras. Plusieurs de ses œuvres font référence<br />

à la science et ce n’est pas étonnant : enfant, Glass s’imaginait<br />

devenir scientifique. Les grandes figures aux intuitions géniales<br />

l’intéressent particulièrement. Il consacra donc trois opéras à<br />

Einstein, Galilée et Kepler. Premier de la série, l’opéra Einstein<br />

on the beach (1976) fit du bruit – les spectateurs de cet opus de<br />

cinq longues heures de mouvements répétés (Glass est connu pour<br />

sa musique minimaliste) criant soit au génie soit au scandale. Ce<br />

dynamitage en règle des codes de l’opéra assura la renommée de son auteur. Mais si ses œuvres n’ont pas<br />

d’intrigue, de narration classique, l’intérêt est ailleurs – un respect des faits. L’opéra Galilée (2001) est inspiré<br />

des lettres entre le savant et sa famille (notamment sa fille Marie Céleste). Il commence par un Galilée âgé se<br />

souvenant d’épisodes ayant marqué sa vie, et se termine sur l’enfant écoutant une œuvre de Vincenzo Galilei,<br />

son père pionnier de l’opéra, consacrée à l’harmonie des sphères qui l’intéressait tant…<br />

la porte des étoiles n°36 15


De son côté, le premier acte de l’opéra Kepler (2009) (https://<br />

www.youtube.com/watch?v=a_Fh2TmHZyk) se penche sur les<br />

questions que se posait le savant et les discute, tandis que le<br />

second se consacre à l’homme, sous ses multiples facettes<br />

(astrologie, science…). Glass écrivit aussi un opéra consacré<br />

au Voyage qui commence par un pseudo-Hawking chantant<br />

l’harmonie des sphères avec une voix digitalisée… Il faut<br />

dire que Glass avait écrit la musique du documentaire A brief<br />

history of time (1991) et que le savant l’avait marqué car, alors<br />

qu’il est immobile, cloué dans sa chaise, il faisait pourtant<br />

le plus grand des voyages… en esprit ! Après ce prologue<br />

particulier, le Voyage alterne l’histoire de Christophe Colomb<br />

et celle d’un vaisseau spatial futuriste. L’espace n’est jamais<br />

loin ! Mais ce n’est pas tout. Glass consacra aussi un morceau,<br />

The Light (https://www.youtube.com/watch?v=WP1cVB6r9hg), à<br />

la célèbre expérience de Michelson et Morley (la vibration<br />

Opéra Kepler<br />

lumineuse devenant des notes dansantes !). Il écrivit Orion (https://www.youtube.com/watch?v=FIKD_MmKMP4) en<br />

hommage à la constellation, mit également en musique le film IMAX consacré aux rovers martiens Spirit et<br />

Opportunity (Roving Mars) et un texte de Brian Greene sur les trous noirs et le temps dans Icarus at the edge<br />

of time (https://www.youtube.com/watch?v=WDSFDg0eQng).<br />

Impossible de le rater dans la sphère musico-astronomique ! Mais qui oserait le contredire quand il déclare<br />

‘‘I believe there is no single experience in the world which tells us more than the vastness of space, and<br />

the innumerable heavenly bodies. And thus the stars form a bond between us all - regardless of country,<br />

nationality, regardless even of time’’ (en français, ‘‘j’ai la conviction qu’aucune expérience en ce monde<br />

n’est plus révélatrice que l’immensité de l’espace, et les innombrables corps célestes. Et ainsi les étoiles nous<br />

lient tous ensemble - indépendamment de nos pays, de nos nationalités et même de nos époques’’.) ainsi<br />

que ‘‘Scientists and artists are high on my list of courageous men and women who have changed the world in<br />

which we live.’’ (‘‘Les scientifiques et les artistes sont en haut de la liste des hommes et des femmes les plus<br />

courageux, qui ont changé le monde dans lequel nous vivons.’’)<br />

L’appel des sphères<br />

• • • • PATRIMOINE<br />

Il existe enfin une dernière catégorie de musique ‘‘céleste’’, celle utilisant des données astronomiques. Le<br />

cas le plus connu concerne les variations périodiques. En effet, la luminosité de certaines étoiles variables<br />

est modulée selon une ou plusieurs fréquences tandis que les signaux envoyés par les pulsars, ces cadavres<br />

d’étoiles, se répètent régulièrement car ces objets se comportent comme des phares. Il existe plusieurs façons<br />

de transformer les fréquences observées des variations lumineuses en musique. Par exemple, on peut considérer<br />

que ces fréquences correspondent<br />

directement à des fréquences sonores,<br />

à un facteur multiplicatif près, car<br />

il faut que la note résultante soit<br />

audible par les humains. Si l’objet<br />

présente plusieurs fréquences, on<br />

se retrouve alors avec quelques<br />

‘‘notes’’, dont l’amplitude relative<br />

est fixée à celle enregistrée pour le<br />

signal stellaire. Certains utilisent<br />

ensuite ces accords comme base<br />

pour composer un morceau. B. Ulas<br />

utilisa ainsi les pulsations de l’étoile<br />

Y Cam (https://soundcloud.com/bulash/<br />

akycam). Si l’on aime ce jeu, on<br />

peut s’amuser à créer un véritable<br />

la porte des étoiles n°36 16


• • • • PATRIMOINE<br />

orchestre ‘‘stellaire’’ en combinant les ‘‘notes’’ de différents objets…. D’un autre côté, si l’amplitude du signal<br />

mesuré change avec le temps, on se retrouve directement avec une mélodie céleste, comme pour les pulsations<br />

solaires transposées dans le régime audible (voir voir aussi les sons de base sur http://soi.stanford.edu/results/sounds.<br />

html et http://quake.stanford.edu/~sasha/SOUNDS/sounds.html) et utilisées par Stephen Taylor pour Heart of the Sun<br />

(http://www.stephenandrewtaylor.net/mp3/HeartoftheSun.mp3).<br />

Autre possibilité : considérer que les variations lumineuses périodiques fournissent non les notes mais bien<br />

leur rythme – la musique résultante sera donc un tam-tam plus ou moins rapide suivant les cas. La hauteur de la<br />

note est ici choisie sans critère astronomique, mais l’amplitude relative des rythmes est de nouveau empruntée<br />

au signal céleste. Dans ce cadre, il faut citer le Noir de l’étoile (https://www.youtube.com/watch?v=zO02H-R6IWo),<br />

de Grisey. Ce morceau est écrit pour six percussionnistes disposés à des endroits différents, parmi le public.<br />

Le concert commence avec un texte de l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet sur les pulsars et continue avec<br />

les six ensembles de percussions, jouant tantôt séparément tantôt ensemble. La partition se fait exemplative,<br />

faisant entendre tant des rythmes réguliers que les irrégularités (en rythme et en amplitude) typiques de ces<br />

phares célestes. Par deux fois, les musiciens s’arrêtent, pour laisser entrer les invités : deux pulsars dont les<br />

signaux radios ont été convertis en son (sans changer leur fréquence, cependant). Le premier est le pulsar de<br />

Vela, pré-enregistré, tandis que le second pulsar doit, lui, intervenir ‘‘en direct’’ – à Strasbourg et Bruxelles,<br />

c’était PSR 0329+54 observé par le radiotélescope de Nançay. Peu de pulsars peuvent en fait convenir pour<br />

ce genre d’exercice (il faut un signal stable et fort, avec une fréquence dans la zone audible) mais en plus,<br />

ils contraignent souvent fortement l’horaire du concert. Ainsi, PSR 0329+54 n’est observable que durant une<br />

demi-heure au-dessus de Nançay, parfois tôt le matin, parfois tard le soir et seulement à certains moments de<br />

l’année, il faut donc bien calculer son coup ! Après l’intervention de ces ‘‘invités’’, les percussionnistes leur<br />

répondent, mêlant signaux célestes et musique humaine. Le tout se déroule dans une ambiance feutrée, avec<br />

lumières minimales et décor sombre, en accord avec le titre de l’œuvre.<br />

On peut aussi jouer avec des signaux non périodiques – il existe en fait des milliers d’exemples de sonification<br />

de données (http://www.jpl.nasa.gov/videos/solar_system/SpookySoundsJPL-cc.mov ; quelques-uns sont proposés sur<br />

http://www.jpl.nasa.gov/multimedia/sounds/index-flash.html et sur http://proftimobrien.com/2014/03/sounds-of-space ou encore<br />

sur http://www-pw.physics.uiowa.edu/space-audio/sounds). Ainsi, les variations de densité de particules mesurées par<br />

Voyager ou celles du nombre d’impacts de grains de poussière par Cassini lors de sa traversée des anneaux ont<br />

été convertis en fréquences sonores : plus il y en avait, plus c’était aigu. Ce genre de données, en provenance<br />

des sondes Voyager et Galileo, a été utilisé par le Kronos Quartet pour Sun Rings (https://www.youtube.com/<br />

watch?v=D3qqhOgNdhQ). De son côté, Robert Schroeder a transposé dans la gamme audible les signaux radio<br />

observés en provenance de la galaxie Cygnus A, les insérant dans le morceau éponyme (https://www.youtube.<br />

com/watch?v=vBW4hogVNSY).<br />

À l’observatoire d’Armagh (Irlande du Nord), une installation sonique (Around North - https://www.youtube.<br />

com/watch?v=24kAfeBl0mo) créée par le compositeur Robert Jarvis permet de ressentir le mouvement des<br />

étoiles autour du Pôle : le son associé à chaque étoile dépend de ses caractéristiques physiques (température,<br />

distance...) et de sa position dans le ciel au moment où l’on écoute.<br />

Around North, par Robert Jarvis de l’observatoire d’Armagh<br />

la porte des étoiles n°36 17


Manuscrit d’Atlas Eclipticalis conservé à New York<br />

• • • • PATRIMOINE<br />

Au-delà de ces cas<br />

classiques de conversion<br />

de données en musique,<br />

il faut aussi considérer<br />

l’expérimentation. John<br />

Cage a ainsi composé<br />

son Atlas Eclipticalis<br />

( https://www.youtube.com/<br />

watch?v=nky14InylDM), et<br />

sa suite Études Australes<br />

( https://www.youtube.com/<br />

watch?v=o7Gzy1hGDg0), en<br />

utilisant les cartes célestes<br />

d’Antonín Becvár : en<br />

plaçant des portées sur<br />

diverses régions du ciel<br />

choisies au hasard, les étoiles<br />

se muèrent en notes, formant<br />

souvent des agrégats. L’idée<br />

est de donner une dimension<br />

spatiale et éternelle à la musique – quasi objective puisque ne nécessitant que peu d’intervention humaine.<br />

Particularité : pour ce morceau de piano, les deux mains jouent de manière totalement indépendante, ce qui ne<br />

facilite pas la vie des musiciens.<br />

George Crumb propose aussi, dans son Makrocosmos, de jouer avec les formes. Ses partitions présentent en<br />

effet des formes originales : spirale pour Spiral Galaxy (https://www.youtube.com/watch?v=FNNTFt00SEc) (vol I<br />

de Makrocosmos) ou ensemble de deux cercles pour Twin suns (https://www.youtube.com/watch?v=n2XU0AtT84I)<br />

(vol II). Les autres volumes comportent aussi d’autres morceaux aux noms célestes : music of starry night<br />

(https://www.youtube.com/watch?v=X8baLOaS9Bw) (vol III) ; et alpha centauri, beta cygni, gamma draconis, et<br />

delta orionis (https://www.youtube.com/<br />

watch?v=o_1A69kKTJo) (vol IV).<br />

Enfin, Stockhausen s’est aussi<br />

intéressé aux constellations pour son<br />

Sternklang (https://www.youtube.com/<br />

watch?v=gqXsA0Gu6DA). Cette œuvre<br />

(qui n’est pas sa seule à consonance<br />

astronomique – cf. Sirius, Licht)<br />

doit se jouer dans un parc, avec cinq<br />

groupes de musiciens. Chacun des<br />

groupes joue ses propres combinaisons<br />

musicales, avec de temps à autre une<br />

synchronisation entre eux. Il peut y<br />

avoir aussi un transfert de musique<br />

d’un groupe à l’autre, via un chanteur<br />

fredonnant le morceau à transférer<br />

tout en se déplaçant de l’un vers<br />

l’autre. La partition comporte en outre<br />

des ‘‘K’’ indiquant quand jouer les<br />

‘‘constellations’’. Les écarts verticaux<br />

entre étoiles d’une constellation<br />

permettent de donner la suite de<br />

notes à utiliser, les écarts horizontaux<br />

fournissant l’écart temporel (le<br />

La partition de Spiral Galaxy de Crumb<br />

la porte des étoiles n°36 18


• • • • PATRIMOINE<br />

rythme). Enfin, la brillance des<br />

étoiles fournit l’intensité (fort ou<br />

faible) du son, tandis que le nom<br />

de la constellation sert parfois pour<br />

le chant associé.<br />

On le voit, la musique céleste<br />

n’est pas unique – tout comme<br />

dans les Beaux-Arts, le ciel a<br />

inspiré de nombreux artistes,<br />

chacun répondant avec sa<br />

propre sensibilité. Utilisation de<br />

données astronomiques, souvenirs<br />

d’observation, réinterprétation des<br />

recherches en cours, voire réflexion<br />

sur l’harmonie du monde, c’est tout<br />

un florilège qui s’exprime ici !<br />

Notes<br />

Article déjà publié dans la revue le ciel : http://www.societeastronomique.ulg.ac.be/actualites/bulletin-le-ciel<br />

Pour un accès plus facile aux liens, notez que cet article se trouve en ligne sur le site Culture-ULg :<br />

http://culture.ulg.ac.be/musique-astro<br />

Bibliographie<br />

Bakich M., 10 awesome pieces of astronomy-inspired music, 2014 (site web Astronomy magazine)<br />

Bastien N., Musique et Astronomie, site de l’auteur<br />

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Fabris D., Galileo and music : a family affair, ASP Conf Series, 441, 57 (2011)<br />

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Hessman F.V. & Hammer C., A concert of music by Sir William Herschel, ASP Conf Series, 261, 685 (2002)<br />

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Lubowich D., Music and astronomy under the stars 2009, ASP Conf Series, 431, 47 (2010)<br />

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Proust D., L’harmonie des sphères, Publications de l’Observatoire astronomique de Strasbourg, 13, 13 (1996)<br />

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Whitehouse M., Engaging students through astronomically-inspired music, ASP Conf Series, 441,201 (2011)<br />

L’auteur remercie pour leur aide C. Purnelle et S. Van Eck.<br />

Les constellations de Stockhausen pour Sternklang<br />

la porte des étoiles n°36 19


• • • • HISTOIRE<br />

L’astronomie<br />

mésopotamienne<br />

Par Sébastien Beaucourt - Médiateur scientifique au planétarium de Reims<br />

La Mésopotamie est le berceau de la civilisation. Elle a<br />

connu l’édification des toutes premières villes (Mari, Sumer)<br />

ainsi que l’apparition de l’écriture, le cunéiforme (nommé<br />

ainsi car les symboles ont la forme de clous), vers 3200 avant<br />

J.-C. C’est également dans cette région que les prémices<br />

de la science des étoiles apparaissent. Pendant plusieurs<br />

millénaires, les astronomes-astrologues vont scruter le ciel,<br />

créer les premiers repères (constellations et zodiaque),<br />

pour enfin aboutir à une arithmétique capable de calculer à<br />

l’avance la position des planètes.<br />

Brève présentation historique<br />

Exemple de tablette avec une écriture cunéiforme<br />

Littéralement, Mésopotamie signifie le pays entre deux<br />

fleuves, du grec meso (au milieu de) et potamos (fleuve). C’est une vaste plaine sillonnée par le Tigre et<br />

l’Euphrate. Elle recouvre essentiellement l’Irak actuel, l’est de la Syrie et le sud-est de la Turquie. Entourée<br />

par le désert et les montagnes, elle forme ce que l’on appelle le ‘‘croissant fertile’’.<br />

Pour comprendre les motivations de l’astronomie mésopotamienne, un bref rappel de l’histoire de la région est<br />

nécessaire. Plusieurs peuples se partagent le contrôle du territoire : tout d’abord les Sumériens qui dominent<br />

à la fin du IIIème millénaire avant J.-C. puis les Akkadiens, à partir de 2350 avant J.-C. Au début du IIème<br />

millénaire avant J.-C., un nouvel empire dirigé par le roi Hammurabi (1792 av. J.-C. – 1750 av. J.-C. ) émerge,<br />

centré sur Babylone. Vers -800, les Assyriens prennent le pouvoir. Puis, deux siècles plus tard, c’est au tour des<br />

Chaldéens. Cependant, les deux royaumes subissent régulièrement les invasions des peuples voisins. L’empire<br />

babylonien s’effondre suite à l’invasion perse au VIème siècle avant J.-C. Puis, en 332 avant J.-C., c’est au tour<br />

d’Alexandre le Grand d’envahir la région,<br />

qui passe alors sous domination grecque.<br />

Carte de la Mésopotamie<br />

Géographiquement, l’emplacement est<br />

stratégique, situé au carrefour des routes<br />

commerciales venant de l’Europe, de<br />

l’Arabie et de l’Asie. Tout au long de son<br />

histoire, la Mésopotamie fut obligée de<br />

commercer, devenant ainsi un immense<br />

marché où se côtoient différentes cultures<br />

et s’échangent les idées. L’histoire de<br />

la Mésopotamie a donc donné lieu à de<br />

nombreux brassages de peuples et de<br />

cultures, et il est donc relativement difficile<br />

de préciser les généalogies culturelles et<br />

savantes de chacune des traditions ayant<br />

fondé la civilisation mésopotamienne,<br />

ainsi que leur apport dans la science<br />

astronomique.<br />

la porte des étoiles n°36 20


Les sources<br />

Les historiens disposent de près de 800 000 tablettes<br />

retrouvées à ce jour. Celles-ci proviennent de la ville<br />

d’Uruk, de la bibliothèque de Ninive, la capitale<br />

assyrienne, et de divers endroits de Babylone. Près de<br />

1500 parlent d’astronomie. L’essentiel des tablettes<br />

est daté entre -650 et -50.<br />

L’une des plus anciennes tablettes astronomiques est<br />

celle datée du règne d’Ammisaduqua (vers 1646-<br />

1626 avant J.-C.), qui indique toutes les dates et les<br />

heures des levers et couchers de Vénus pendant les<br />

vingt années du règne. Cela nous permet d’affirmer<br />

qu’à cette époque, l’étoile du matin et celle du soir<br />

sont clairement identifiées comme un seul et même<br />

astre : Ishtar, déesse de la fécondité, qui sera plus<br />

tard assimilée à Aphrodite/Vénus. Ces observations<br />

laissent supposer que les Mésopotamiens scrutent le<br />

ciel depuis bien plus longtemps. Rappelons que depuis<br />

l’apparition de l’écriture, vers 3000 avant J.-C., ils<br />

pouvaient enregistrer les mouvements des astres.<br />

Chronologie<br />

Date En Mésopotamie Dans le reste du<br />

monde<br />

3900 Premières villes<br />

3200 Apparition de l’écritude<br />

cunéiforme<br />

3100 Apparition de l’écriture<br />

hiéroglyphique en Egypte<br />

2900-2350 Époque sumérienne<br />

(premiers rois, premières<br />

dynasties)<br />

2340-2150 Époque d’Akkad (premier<br />

État)<br />

2150-2000 Époque néo-sumérienne<br />

2000-1600 Époque amorrite<br />

1600-1100 Époque du Bronze récent<br />

934-600 Périodes troublées, repli<br />

des pouvoirs assyrien et<br />

babylonien<br />

• • • • HISTOIRE<br />

Apparition de l’écriture en<br />

Chine (vers -800)<br />

753 Fondation de Rome<br />

610-539 Époque néo-babylonienne<br />

539-331 Invasion perse<br />

331 Conquête d’Alexandre le<br />

Grand<br />

Deux autres séries de tablettes constituent les principales sources d’informations sur l’astronomie<br />

mésopotamienne : les tablettes Enuma Anu Enlil et Mul.Apin, qui proviennent de la bibliothèque d’Assourbanipal,<br />

à Ninive. Enuma Anu Enlil (quand les dieux Anu et Enlil) est un ensemble de 70 tablettes datant probablement<br />

du IIe millénaire avant J.-C. La série comporte 7000 présages astrologiques. Les tablettes Mul.Apin (du nom<br />

de la première constellation qui est mentionnée, celle de la Charrue) datent de 1100 avant J.-C., mais fait état<br />

d’un savoir plus ancien, probablement du IIème millénaire avant J.-C. là aussi. Les Mul.Apin constituent le<br />

premier catalogue stellaire, décrivant 66 constellations, ainsi que la division du ciel en trois secteurs. Un autre<br />

texte mentionne les 18 constellations<br />

situées sur le ‘‘chemin de la Lune’’,<br />

qui correspond plus ou moins à<br />

l’écliptique (plan de l’orbite de la<br />

Terre autour du Soleil ; vu depuis<br />

la Terre, c’est une ligne imaginaire<br />

que semblent suivre les planètes,<br />

le Soleil et la Lune au cours de<br />

leur déplacement annuel). C’est là<br />

l’origine du premier zodiaque de<br />

l’histoire.<br />

Nous disposons également des<br />

reliefs sculptés sur les murs des<br />

monuments, ainsi que des Kudurru,<br />

des stèles portant le texte d’une<br />

donation royale de terres, sur<br />

lesquelles figurent les premières<br />

représentations des divinités.<br />

Kudurru de Meli-shipak (1350 av. J.-C.)<br />

On reconnait Suhur-Mash-Ha le Poisson-<br />

Chèvre, représentation du dieu Ea, à<br />

l’origine de notre Capricorne, et Ishara, le<br />

Scorpion.<br />

la porte des étoiles n°36 21


La cosmogonie, une motivation pour l’observation du ciel<br />

• • • • HISTOIRE<br />

Dans la cosmogonie mésopotamienne, la Terre est née du corps du monstre femelle Tiamat coupé en deux<br />

par Marduk. L’une des deux parties forme la Terre, l’autre le ciel. Selon l’interprétation mésopotamienne, les<br />

créatures et les hommes n’ont pas de libre arbitre. Ce qu’ils entreprennent est la volonté des dieux. Mais ces<br />

dieux sont bienveillants, ils avertissent toujours de leur intention. Il est donc nécessaire d’observer le ciel, pour<br />

interpréter les volontés divines. Comme nous l’avons vu dans le rappel historique, la Mésopotamie est une<br />

région mouvementée, qui lutte en permanence contre les invasions. Savoir à l’avance ce que prépare la cité<br />

voisine est gage de sûreté. De ces considérations vont naître une astrologie au service de l’État, afin de prévoir<br />

les grandes destinés du pays et prédire l’avenir du roi.<br />

L’astronomie mésopotamienne<br />

Pour les astronomes-astrologues mésopotamiens, les étoiles sont de simples repères permettant de calculer<br />

la position des sept astres errants considérés comme des divinités : Sîn (la Lune), Shamash (le Soleil), Ishtar<br />

(Vénus), Nergal (Mars), Marduk (Jupiter), Nabu (Mercure) et Ninurta (Saturne).<br />

Afin de calculer ces positions avec une grande précision, les Mésopotamiens divisèrent le ciel en constellations.<br />

La plupart de celles-ci seront reprises par les Grecs, avant d’arriver jusqu’à nous (voir annexe). Le ciel est<br />

lui-même divisé en trois secteurs : le chemin d’Enlil, le dieu du vent, correspond à la partie du ciel comprise<br />

entre le pôle nord céleste et la déclinaison +23°. Le chemin d’Éa, le dieu des eaux, correspond à la partie<br />

du ciel comprise entre le pôle sud céleste<br />

et la déclinaison -23°. Enfin, le chemin<br />

d’Anu, le dieu du ciel, correspond à la<br />

zone du ciel située de part et d’autre de<br />

l’équateur céleste, entre les déclinaisons<br />

+23° et -23°. Les constellations ainsi<br />

réparties permettent de repérer les douze<br />

mois de l’année ainsi que le début de<br />

chaque saison. 2000 ans avant J.-C., le<br />

Taureau (Gud An.na) contenait la position<br />

du Soleil au moment de l’équinoxe de<br />

printemps, le Lion (Ur-Gu-La) le solstice<br />

d’été, le Scorpion (Gir-Tab) l’équinoxe<br />

d’automne, et le Capricorne (Suhur-Mash<br />

Ha), le solstice d’hiver.<br />

Pendant près de deux millénaires, les<br />

Mésopotamiens vont ainsi scruter<br />

anxieusement les mouvements des astres<br />

pour savoir quels messages les divinités<br />

adressent aux humains : phases, couleur et<br />

aspect de la Lune, luminosité, heure des<br />

La sphère céleste des mésopotamiens<br />

levers et couchers des planètes, dates des<br />

solstices et équinoxes, levers héliaques de Sirius, conjonctions de la Lune avec les étoiles les plus brillantes.<br />

Un événement imprévu comme une éclipse ou le passage d’une comète n’était pas bon signe. Les comètes<br />

étaient ainsi baptisées ‘‘dug-ga’’ (charognard). Quant aux éclipses, elles étaient l’occasion de mettre en place<br />

un rituel pour conjurer le sort : un roi substitut montait sur le trône, car selon la croyance, le ‘‘faux roi’’<br />

absorberait le mal et les mauvais présages. Une fois le phénomène céleste terminé, on faisait disparaître le<br />

malheureux pour prouver au peuple la véracité du rituel.<br />

Finalement, ce n’est qu’au début du VIème siècle avant J.-C. que les astronomes assyriens aboutissent à une<br />

astronomie mathématique assez précise. Mais cette dernière connaîtra son heure de gloire au cours de la période<br />

chaldéenne, entre 539 et 75 avant J.-C., lorsque les Perses auront conquis la région. Les Chaldéens vont hériter<br />

des observations accumulées par les Babyloniens depuis près de 2000 ans. Ces derniers vont développer<br />

la porte des étoiles n°36 22


• • • • HISTOIRE<br />

une arithmétique capable d’expliquer les vitesses variables des planètes. Ils commencent par simplifier le<br />

problème en supposant qu’il n’y avait que deux vitesses différentes, l’une rapide et l’autre plus lente. On peut<br />

comprendre facilement leur méthode en traçant un diagramme montrant comment ils figuraient la variation<br />

du mouvement au cours du temps. Puis, entre 180 et 50 avant J.-C., les modèles se sont perfectionnés. Une<br />

fonction zigzag remplace le modèle discontinu. Elle traduit avec une plus grande précision le changement de<br />

vitesse progressif des astres.<br />

Fonction discontinue<br />

À partir de là, des éphémérides pourront être établies, permettant de connaître avec une certaine précision<br />

les positions des cinq planètes visibles à l’œil nu, ainsi que celles de la Lune et du Soleil. Perdant ainsi leurs<br />

propriétés divines, les planètes sont devenues de simples objets naturels dont il est possible de connaître le<br />

comportement grâce aux mathématiques. Mais contrairement aux Grecs, il semble que les Chaldéens n’aient<br />

pas élaboré de théories mathématiques permettant d’expliquer les mouvements des planètes.<br />

Capable de définir à l’avance les positions des planètes et de la Lune, l’imprévisibilité disparaît et l’astrologie<br />

d’État perd de son importance. Vers 410 avant J.-C., le zodiaque est divisé en douze parties de 30° chacune,<br />

permettant à l’astrologie d’État de se transformer en astrologie individuelle généthliaque : c’est le début des<br />

horoscopes tels que nous les connaissons encore aujourd’hui. Pourquoi douze parties ? Certainement parce<br />

que les Mésopotamiens comptaient en base 60, de laquelle nous avons hérité pour compter les heures et les<br />

degrés d’angle. Ainsi, diviser un cercle de 360° en six, puis en douze semble être le réflexe le plus immédiat.<br />

Le calendrier<br />

Fonction zigzag<br />

Comme toutes les civilisations antiques, les Mésopotamiens ont établi leur calendrier à partir de l’observation<br />

de la Lune. Le mois commence le soir où le premier croissant de Lune est visible dans les lueurs du Soleil<br />

couchant. Ainsi, le premier jour du mois correspond toujours au premier croissant, le 15 du mois à la pleine<br />

Lune. De même, le jour babylonien commence au crépuscule. L’année se compose de 12 mois lunaires de 29<br />

ou 30 jours (voir ci-dessous).<br />

Cependant, cette année lunaire<br />

Mois mésopotamiens<br />

Mois actuels<br />

dure 354 jours, alors que l’année<br />

Nisannu (30 jours)<br />

Mars-Avril<br />

solaire sur laquelle se basent les<br />

Airu (29 jours)<br />

Avril-Mai<br />

travaux agricoles dure 365,25 jours.<br />

Sivanu (30 jours)<br />

Mai-Juin<br />

Pour résoudre ce décalage, les rois<br />

Dû-zu (29 jours)<br />

Juin-Juillet<br />

sumériens des cités-états (vers -3500)<br />

Abu (30 jours)<br />

Juillet-Août<br />

ajoutaient un mois supplémentaire de<br />

Ululu (29 jours)<br />

Août-Septembre<br />

manière arbitraire quand le décalage<br />

Tasrita (30 jours)<br />

Septembre-Octobre<br />

devenait trop important. Comme<br />

Arah-Samma (29 jours)<br />

Octobre-Novembre<br />

Kislou (30 jours)<br />

Novembre-Décembre<br />

nous l’indique une tablette datant<br />

Tebitu (29 jours)<br />

Décembre-Janvier<br />

du règne d’Hammurabi (1810-1750<br />

Sebatu (30 jours)<br />

Janvier-Février<br />

avant J.-C.), le calendrier n’était donc<br />

Addaru (29 jours)<br />

Février-Mars<br />

pas le même d’une cité à l’autre.<br />

la porte des étoiles n°36 23


• • • • HISTOIRE<br />

Au VIème siècle avant notre ère, la décision d’intercaler le mois complémentaire fut prise en fonction des<br />

données astronomiques. En effet, après plusieurs milliers d’années d’observation des astres, les astronomes<br />

babyloniens découvrent que 235 mois lunaires (19 années lunaires + 7 mois) contiennent approximativement<br />

le même nombre de jours que 19 années solaires. Ce cycle sera connu plus tard sous le nom de cycle de Méton<br />

dans l’astronomie grecque.<br />

À partir de ces données, les Babyloniens calculent un nouveau calendrier qui s’accorde à la fois avec le<br />

Soleil et la Lune. Au cours d’un cycle de 19 années lunaires, sept années (notées ci-après en gras) devaient<br />

être ‘‘allongées’’ d’un mois supplémentaire : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19. Ce calendrier<br />

babylonien servira de base au calendrier hébraïque.<br />

L’invention de la semaine<br />

Dès le XIXème siècle avant J.-C., les marchands assyriens faisaient crédit sur une base de sept jours,<br />

correspondant approximativement aux quatre phases lunaires remarquables. Ainsi, les Mésopotamiens<br />

considéraient les jours 7, 14, 21 et 28 du mois comme néfastes. Les sept jours de la semaine prirent les noms<br />

des sept astres errants. Pour cela, les astres ont été classés dans l’ordre décroissant de leur période de révolution<br />

vue de la Terre, du plus lent au plus rapide : Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure et la Lune.<br />

À partir de là, il était attribué à chaque heure de chaque jour le nom d’un astre en commençant par la première<br />

heure du premier jour avec Saturne. Une fois arrivé à la huitième heure du premier jour, on recommence la<br />

liste depuis le début, toujours avec Saturne. Une fois le premier jour terminé, on continue le deuxième jour en<br />

notant en première heure l’astre suivant directement celui de la 24ème heure du jour précédent, comme dans<br />

le tableau ci-dessous :<br />

Heure de la<br />

journée<br />

Jour 1<br />

Saturne<br />

Jour 2<br />

Soleil<br />

Jour 3<br />

Lune<br />

JOURS DE LA SEMAINE<br />

Jour 4<br />

Mars<br />

Jour 5<br />

Mercure<br />

Jour 6<br />

Jupiter<br />

Jour 7<br />

Vénus<br />

Jour 8=Jour<br />

1 Saturne<br />

1ère heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne<br />

2ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter<br />

3ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars<br />

4ème heure Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil<br />

5ème heure Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus<br />

6ème heure Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure<br />

7ème heure Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune<br />

8ème heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne<br />

9ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter<br />

10ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars<br />

11ème heure Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil<br />

12ème heure Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus<br />

13ème heure Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure<br />

14ème heure Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune<br />

15ème heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne<br />

16ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter<br />

17ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars<br />

18ème heure Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil<br />

19ème heure Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus<br />

20ème heure Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure<br />

21ème heure Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune<br />

22ème heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne<br />

23ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter<br />

24ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars<br />

Chaque jour prend alors le nom de l’astre correspondant à sa première heure. On remarquera qu’à l’époque, le<br />

premier jour de la semaine était le samedi (ce qui est toujours le cas du calendrier hébraïque). Ce décompte de<br />

sept jours sera repris par les Hébreux durant leur captivité à Babylone car il rappelle la création du monde en<br />

sept jours. À leur tour, ils transmettront cet héritage au monde chrétien, au début du Moyen-Âge.<br />

la porte des étoiles n°36 24


Conclusion<br />

Pendant près de 3000 ans, les<br />

astronomes mésopotamiens ont reporté<br />

méthodiquement les positions des astres<br />

errants : Soleil, Lune et planètes visibles<br />

à l’œil nu. Grâce à ces ‘‘archives’’, ils<br />

établiront à partir du VIIème siècle avant<br />

J.-C. des théories arithmétiques capables<br />

de prévoir la position des planètes. Après<br />

la conquête de Babylone par Alexandre le<br />

Grand, les Grecs adopteront leur mesure<br />

d’angle sexagésimale, leur mathématisation<br />

de l’astronomie, le nom des principales<br />

constellations, leur zodiaque, et surtout<br />

cette idée nouvelle de décrire la nature par<br />

des concepts abstraits à la base de notre<br />

science actuelle.<br />

• • • • HISTOIRE<br />

Tablette présentant un calendrier zodiacal (IIIème-IIème siècle avant J.-C.)<br />

Annexe<br />

Liste des constellations mésopotamiennes en usage à la fin du deuxième millénaire avant J.-C.<br />

Hémisphère Nord - Chemin d’Enlil<br />

Constellation<br />

Traduction<br />

Constellation actuelle<br />

mésopotamienne<br />

1 - Mul.Apin la charrue le Triangle<br />

2 - Mar-Gid.da le chariot la Grande Ourse<br />

3 - Mar-Gid.da An.na le chariot du ciel la Petite Ourse<br />

4 - Mu-Sir ou Mu.bu Kesh.da le joug du ciel le Dragon<br />

5 - Shudun ou Shu.pa le joug des terres le Bouvier<br />

6 - Shu-Gi le vieil homme Persée<br />

7 - Zubi le cimeterre le Cocher<br />

8 - Mash-Tab.ba les grands jumeaux les étoiles Castor et Pollux<br />

9 - Mash-Tab.ba Tur-Tur les petits jumeaux les étoiles z et l Gemini<br />

10 - Anshu Kur.ra le cheval Pégase et le Petit Cheval<br />

11 - Lu-Lim le bélier conducteur Andromède et Cassiopée<br />

12 - Al-Lul le crabe M44 (Cancer)<br />

13 - Ur-Gu-La le lion le Lion<br />

14 - Bal.tesh.a ou Bal-Ur.a la fécondation ou le cercle la Couronne boréale<br />

15 - He-Gal-A.a la surabondance la Chevelure de Bérénice ?<br />

16 - Ur-Ku le chien Hercule<br />

17 - Dingir Tush.a.mesh les dieux assis des étoiles d’Hercule ?<br />

18 - Dingir Gub.a.mesh les dieux debouts des étoiles d’Hercule ?<br />

19 - Uz la chèvre la Lyre<br />

20 - Ud Ka-Dua la panthère Cygne, Céphée, Lézard<br />

21 - Shah Da.mu le porc de la déesse Damu Dauphin ? Dragon ? Cassiopée ?<br />

la porte des étoiles n°36 25


• • • • HISTOIRE<br />

Zone équatoriale - Chemin d’Anu<br />

Constellation<br />

Traduction<br />

Constellation actuelle<br />

mésopotamienne<br />

1 - Lu Hun.ga le journalier le Bélier<br />

2 - Mul-mul les étoiles les Pléiades<br />

3 - Gud An.na le taureau du ciel les Hyades<br />

4 - Sipa-Zi An.na le pasteur fidèle du ciel Orion<br />

5 - Mash-Tab.ba Sib-Zi An.na les jumeaux en face du pasteur x Geminorum et p Orionis<br />

6 - Kak-Si.di ou Kak-ban la flèche l’étoile Sirius<br />

7 - Ban l’arc le Grand Chien<br />

8 - Tar-Lugal le coq le petit Chien ou le Lièvre<br />

9 - Id-Hu ou Amushen-Ti l’aigle l’Aigle<br />

10 - Ash-iku le champ le carré de Pégase<br />

11 - Mush le serpent l’Hydre<br />

12 - Ugamushen ou U-Nah.ga Hu le corbeau le Corbeau et la Coupe<br />

13 - Za-ma-ma ou Za-ba-ba un dieu guerrier la tête du Serpent<br />

14 - Ab-sin l’épi la Vierge<br />

15 - Zi-Ba An.na la balance la Balance<br />

16 - Shinunutu ou Shim-Mah l’hirondelle Ouest des Poissons<br />

17 - Anunûnitu une déesse Nord-Est des Poissons<br />

18 - Zibbati les queues Nord-Est des Poissons<br />

Hémisphère Sud - Chemin d’Ea<br />

Constellation<br />

Traduction<br />

Constellation actuelle<br />

mésopotamienne<br />

1 - Dil-Gan ou Ku l’irrigateur la Baleine<br />

2 - En-te-na le sanglier le Centaure<br />

3 - Nu-Mush-da un petit quadrupède l’Autel ou h Centauri<br />

4 - Ur-Idim la bête furieuse le Loup<br />

5 - Nin-Mah la grande dame les Voiles<br />

6 - Gish Gan-Ur la herse les Voiles<br />

7 - Gir-Tab le scorpion le Scorpion<br />

8 - Pa-bil Sag le prince étincelant de feux le Sagittaire et le Serpentaire<br />

9 - Ma-Gur la barque sacrée la tête du Capricorne<br />

10 - Suhur-Mash Ha le poisson-chèvre la queue du Capricorne<br />

11 - Nun ou Gu-La le géant le Verseau<br />

Le zodiaque mésopotamien (chemin de la Lune) décrit sur les tablettes Mul.Apin, vers 2300 avant J.-C.<br />

Constellation<br />

Traduction<br />

Constellation actuelle<br />

mésopotamienne<br />

1 - Mul-mul les étoiles les Pléiades (Taureau)<br />

2 - Gud An.na le taureau du ciel les Hyades (Taureau)<br />

3 - Sipa-Zi An.na le pasteur fidèle du ciel Orion<br />

la porte des étoiles n°36 26


• • • • HISTOIRE<br />

4 - Shu-Gi le vieil homme Persée<br />

5 - Zubi le cimeterre le Cocher<br />

6 - Mash-Tab.ba les grands jumeaux Castor et Pollux (Gémeaux)<br />

7 - Al-Lul le crabe M44 (le Cancer)<br />

8 - Ur-Gu-La le lion Regulus (le Lion)<br />

9 - Ab-sin l’épi l’étoile Spica (la Vierge)<br />

10 - Zi-Ba An.na la balance du ciel la Balance<br />

11 - Gir-Tab le scorpion le Scorpion<br />

12 - Pa-bil Sag le prince étincelant de feux le Sagittaire et le Serpentaire<br />

13 - Suhur-Mash Ha le poisson-chèvre la queue du Capricorne<br />

14 - Nun ou Gu-La le géant le Verseau<br />

15 - Zibbati les queues une partie des Poissons<br />

16 - Shinunutu ou Shim-Mah l’hirondelle le Sud-Ouest des Poissons<br />

17 - Anunûnitu une déesse le Nord-Est des Poissons<br />

18 - Lu Hun.ga le journalier le Bélier<br />

Enfin, je reprends ci-dessous la symbolique de ces constellations tel que les décrit Roland Laffitte,<br />

secrétaire de la Société d’Études Lexicographiques & Étymologiques Françaises et Arabes.<br />

(www.uranos.fr)<br />

Le Bélier, symbole du berger Dumuzi, l’amant qu’Ishtar envoya en Enfer à sa place.<br />

Le Taureau, l’animal céleste d’Anu, envoyé à la demande d’Ishtar pour détruire Uruk afin de punir<br />

son roi, Gilgamesh, d’avoir repoussé ses avances.<br />

Les Gémeaux correspondent aux dieux Maslamtaéa et Lugalirra, les portiers du Monde des Trépassés,<br />

deux manifestations du maître de ce dernier, Nergal<br />

L’Épi, qui deviendra par la suite la Vierge en Syrie, est l’emblème de Shala, une divinité de la<br />

fécondité.<br />

La Balance mérite une attention particulière. Elle est l’emblème de Kittu et Mishâru, les ministres<br />

de Shamash, le Soleil, dieu de la Justice. Une première remarque est que ce couple, qui signifie<br />

littéralement ‘‘Droit et Équité’’, résulte de la personnification ou de la divinisation d’une expression<br />

signifiant ‘‘justice’’ dans le Code de Hammourabi, soit 1750 avant notre ère, ce qui montre que la<br />

balance utilisée comme métaphore de la justice est ancienne. Une seconde remarque est que si les<br />

Mésopotamiens voyaient deux figures concurrentes sur l’espace de la Balance actuelle, à savoir la<br />

Balance et les Pinces du Scorpion, ils ont choisi dès le début le nom de la Balance pour le signe<br />

zodiacal. De leur côté, les Grecs ont d’abord appelé ce signe les Pinces, du nom de la figure du grand<br />

Scorpion qu’ils avaient déjà hérité de Babylone et que nous connaissons par Eudoxe (vers 400-350<br />

avant J.-C.), tandis que le nom de la Balance n’a été introduit que plus tard, à partir de Geminos (vers<br />

80-10 avant J.-C.), et n’a connu de succès véritable qu’avec les Romains.<br />

Le Scorpion représente Ishkhara, l’emblème d’une des manifestations de Ishtardans dans sa fonction<br />

de déesse de l’Amour.<br />

Pabilsag est une des manifestations de Ninurta, dieu de la Guerre, reconnaissable comme le devancier<br />

de notre Sagittaire.<br />

Le Poisson occidental est Anunûnitu, une autre manifestation de Ishtar comme déesse de l’Amour.<br />

la porte des étoiles n°36 27


• • • • SCIENCES<br />

Quand l’astronomie dérape<br />

dans les médias<br />

Par Emmanuel Conseil - Vice-président du<br />

club astro de Mont Bernenchon<br />

C’était mieux avant ?<br />

L’astronomie est une science qui arrive encore à se faire une petite place dans les médias car elle véhicule<br />

un imaginaire et un émerveillement quasi-universels. Petits et grands restent très sensibles au charme d’une<br />

nuit étoilée. Bien que la pollution lumineuse nous pose quelques soucis, nous arrivons encore à faire cette<br />

expérience de lever les yeux vers le ciel et de rêver<br />

de conquête de l’espace, de voyage à la vitesse de la<br />

lumière, de planètes lointaines, de vie possible ailleurs<br />

dans l’Univers...<br />

L’astronomie a connu un petit âge d’or dans les médias,<br />

profitant d’une exposition à la télévision ou à la radio<br />

qui permettait un partage à grande échelle. On se<br />

souvient tous de l’immense publicité qui nous était<br />

faite lors de la ‘‘Nuit des étoiles filantes’’ sur France 2,<br />

avec plusieurs heures de direct dédiées à l’astronomie<br />

un samedi soir sur une grande chaîne. Quel pied ! On<br />

pouvait y découvrir le travail de chercheurs, le quotidien<br />

Hubert Reeves en pleine action<br />

d’astronautes, des clubs d’astronomie actifs... Difficile<br />

de faire mieux en terme de couverture. On peut se souvenir de l’émission ‘‘Tous sur orbite !’’ : 52 émissions<br />

passant et repassant sur ‘‘la Cinquième’’ qui montraient à grand renfort d’images de synthèse la mécanique<br />

céleste (une petite révolution en 1997).<br />

Il y avait aussi ‘‘du côté des étoiles’’ avec Marie-Odile Monchicourt<br />

pendant de nombreuses années sur France Info. En cinq minutes,<br />

on y parlait de l’actualité astronomique et aussi des choses à voir<br />

dans le ciel de la semaine à venir. On peut également se rappeler<br />

du traitement de l’astronomie réalisé par le magazine ‘‘C’est pas<br />

sorcier’’ sur France Télévisions qui, pendant 20 ans, a inculqué le<br />

goût des sciences, et entre autres de l’astronomie, à une génération<br />

de gamins. À grand renforts de maquettes, tout le Système<br />

C’est pas sorcier ! Une émission culte. solaire et l’univers y étaient passés. Et les connaissances étaient<br />

réactualisées, si bien que les épisodes traitant du Système solaire en 2010 parlaient, entre autres, des planètes<br />

naines qui n’étaient pas traitées dans les épisodes des années 90.<br />

Toutes ces émissions qui nous donnaient rendez-vous avec les étoiles ont disparu de nos ondes et de nos<br />

écrans. Alors l’astronomie ne prend que des petites places, de ci de là, en fonction de l’actualité et sur des<br />

chaînes secondaires comme France 5 ou Arte. Il n’y a plus de rendez-vous hebdomadaire, mensuel, annuel.<br />

Alors quand on veut traiter le sujet, on n’a plus une heure devant soi mais cinq minutes. Il faut donc faire vite<br />

et bien.<br />

la porte des étoiles n°36 28


Le regretté André Brahic, spécialiste du monde de Saturne<br />

À la dérive...<br />

• • • • SCIENCES<br />

Quand on veut parler d’astronomie à la<br />

télévision ou à la radio avec des gens<br />

populaires, le choix n’est pas cornélien.<br />

Le regretté André Brahic était un caviar<br />

pour les animateurs. On le lançait avec une<br />

petite question et il en faisait 10 minutes<br />

débordantes d’enthousiasme et à-même<br />

d’émerveiller un auditoire. Moins survolté<br />

mais aussi passionnant, Hubert Reeves<br />

passait pas mal de temps il y a quelques<br />

années sur nos ondes pour expliquer<br />

l’espace (Hubert Reeves n’est pas mort,<br />

hein ! Mais on le voit moins). Nous<br />

avions là quelques personnes identifiées<br />

‘‘astro’’ qui venaient nous parler d’espace<br />

régulièrement. Que reste t-il aujourd’hui ?<br />

À travers quelques exemples pris dans divers médias (télé, radio, Internet), je veux ici alerter sur le fait que la<br />

qualité du traitement de l’astronomie me semble en baisse. Que le sérieux requis pour parler d’une discipline<br />

scientifique a été remplacé par un besoin de faire de l’audience, souvent au détriment du contenu. Et pourtant,<br />

faire rêver avec de l’astronomie, ce n’est quand même pas bien compliqué.<br />

Les bêtises ne circulent plus seulement sur les blogs ou sites perso anonymes, mais peuvent tout aussi bien<br />

s’étaler devant des millions de personnes. Je vous invite à parcourir les nombreux liens cités, qui sont des<br />

compléments de lecture à cet article. Loin de moi l’idée que tout est à jeter. Il y a<br />

des contenus qui sont très biens faits par des gens très compétents. Qu’ils en soient<br />

remerciés. Je ne vais me concentrer que sur quelques mauvais exemples, signes d’une<br />

dérive en marche. Je ne pourrai pas non plus tous les traiter, il y en a tellement...<br />

Le grand public n’est généralement pas outillé pour remarquer qu’on lui raconte des<br />

salades, et cela se traduit au final par des questions étranges dans les soirées publiques<br />

des clubs d’astronomie qui se retrouvent à devoir ré-expliquer quelque chose qui a été<br />

‘‘vu à la télé’’ (donc vrai !) et que les gens ne comprennent pas, ou mal. Les astronomes,<br />

Vu à la télé, mais pas<br />

forcément vrai !<br />

les agences spatiales, bref ceux dont c’est le métier, ont fait de gros progrès en termes de communication. Les<br />

principaux problèmes ne viennent pas d’eux.<br />

Comme la plupart des sciences, l’astronomie nécessite un peu de travail pour être correctement appréhendée.<br />

En tant qu’astronomes amateurs, nous continuons à apprendre sans cesse, que l’on soit débutant ou baroudeur<br />

des étoiles depuis 50 ans. Comment les gens qui en sont restés aux maigres cours d’astronomie du lycée<br />

pourraient-ils suivre les découvertes sans cesse renouvelées ? Et bien il ne le peuvent pas. Alors il faut condenser<br />

tout cela avant de leur expliquer. On trouvera des explications dans les clubs d’astronomie bien entendu, mais<br />

plus souvent dans les médias. Mais qui sont ces gens qui produisent ces contenus astro ? Ont-ils une formation<br />

dans le domaine ? Comprennent-ils ce qu’ils racontent ? Nous verrons que ce n’est pas toujours le cas.<br />

L’astronome Neil de Grasse Tyson<br />

Et qui pour incarner l’astronomie<br />

dans les médias ? Nous n’avons pas,<br />

à l’instar des Américains, un Carl<br />

Sagan ou un Neil de Grasse Tyson<br />

qu’on situerait immédiatement<br />

comme ‘‘astronome de service’’.<br />

Demandez aujourd’hui aux gens de<br />

citer des astronomes et vous prenez<br />

le risque de vous retrouver avec<br />

L’astronome Carl Sagan<br />

la porte des étoiles n°36 29


• • • • SCIENCES<br />

deux ‘‘frangins’’. Vous savez... ceux qui observent les anneaux de Vénus,<br />

admirent la Grande Ourse et font de l’astrophoto avec une lunette depuis<br />

un hélicoptère en vol stationnaire à 2000 mètres d’altitude (voir : http://<br />

www.astrosurf.com/ubb/Forum1/HTML/003577.html) : les fameux frères<br />

Bogdanov. L’astronomie n’est clairement pas leur domaine mais on les<br />

invite pour en parler parce qu’ils écrivent des bouquins. Et comme ce qu’ils<br />

racontent est extrêmement compliqué, c’est qu’ils doivent avoir raison.<br />

Tout l’inverse de ce que serait la bonne vulgarisation. En règle générale, un<br />

astronome amateur lambda se bidonnera en les entendant aligner les bêtises<br />

avec le plus grand sérieux.<br />

Un exemple sur les ondes<br />

Prenons un exemple tout bête avec une chronique radio sur Europe 1, station<br />

qui mise sur le sérieux de ses contenus pour faire de l’audience et qui se fait<br />

Les anneaux de Vénus.<br />

Photomontage réalisé par un<br />

astronome amateur<br />

tout de même berner tout un été durant par deux personnes qui lui ont vendu une chronique ‘‘scientifique’’.<br />

Leur émission de l’été 2016 s’intitule ‘‘3 minutes pour comprendre’’. Le titre de cette chronique du 15 août<br />

2016 : ‘‘Et si notre planète était percutée un jour par un astéroïde ?’’ Déroulons le podcast seconde par<br />

seconde.<br />

0’22 : ‘‘Nous allons nous tourner vers le ciel pour y découvrir un astéroïde. Son nom : TV135.’’ Premier problème ici,<br />

aucun astéroïde ne s’appelle ‘‘TV135’’. Ceux qui ont un peu l’habitude de la nomenclature des astéroïdes<br />

verront qu’il ne s’agit pas ici d’un nom d’astéroïde, ou plutôt qu’il s’agit d’une partie d’un nom d’astéroïde.<br />

Leurs noms ont des formats bien précis et pour ceux qui n’ont pas été beaucoup observés, le nom commence<br />

par l’année de découverte, suivie d’une ou deux lettres et d’un nombre. Alors de quel astéroïde veulent-ils nous<br />

parler ? 1999 TV135 ? 2001 TV135 ? 2002 TV135 ? 2004<br />

TV135 ? 2005 TV135 ? 2007 TV135 ? 2008 TV135? 2010<br />

TV135 ? 2012 TV135 ? 2013 TV135 ? 2014 TV135 ? 2015<br />

TV135 ? C’est plus important que ça en a l’air car comme<br />

les deux gaillards sont coutumiers de l’embrouille, si on<br />

ne sait pas de quoi ils parlent, on ne peut pas critiquer ce<br />

qu’ils disent. Donc ici 12 astéroïdes s’appellent TV135.<br />

0’32 : ‘‘En effet, voici quelques mois, les astronomes ont<br />

découvert que cet astéroïde qui mesure plus de 400 mètres<br />

de diamètre se rapproche à grande vitesse de notre planète<br />

et pourrait même la percuter en 2032’’. Là on le tient notre<br />

Photographie de l’astéroïde 2013 TV 135 en 2013<br />

astéroïde. Le seul qui corresponde au niveau de la taille et<br />

de la possible collision en 2032 est ‘‘2013 TV135’’. D’ailleurs cet astéroïde a fait parler de lui en octobre 2013<br />

dans pas mal de journaux et sites web. Et pour cause, les toutes premières observations ont conduit à lui élaborer<br />

une trajectoire qui lui donnait une chance sur 63000 de percuter la Terre en 2032 (https://www.nasa.gov/<br />

mission_pages/asteroids/news/asteroid20131017.<br />

html). C’est très peu et en même temps, ce n’est<br />

pas tous les jours qu’on voit une probabilité aussi<br />

élevée en ce qui concerne les impacts astéroïdaux.<br />

Cependant le communiqué officiel indiquait bien<br />

que les prochaines observations réduiraient très<br />

certainement le risque à néant.<br />

0’45 : ‘‘Et c’est la première fois qu’un astéroïde est classé<br />

au deuxième degré sur l’échelle de Turin’’. Le niveau<br />

2 de l’échelle de Turin correspond à ‘‘collision très<br />

improbable, mais trajectoire proche de la Terre.<br />

Demande l’attention des astronomes mais il n’y a<br />

pas de raison de prévenir le public. Des observations<br />

La trajectoire de l’astéroïde 2013 TV 135<br />

la porte des étoiles n°36 30


ultérieures doivent permettre de requalifier le risque au niveau 0” dixit Wikipedia. Or, il se trouve que de<br />

février à mai 2006, l’astéroïde 2004 VD17 était déjà au niveau 2 de l’échelle de Turin. Et tout le monde se<br />

souvient d’Apophis qui a atteint le niveau 4 en décembre 2004. C’est à ce jour l’astéroïde qui nous a causé le<br />

plus de sueurs froides. Les frères Bogdanov ne le connaissent pas ? Donc non, 2013 TV135 n’est pas le premier<br />

astéroïde à s’être classé au deuxième rang de l’échelle de Turin. Il n’est même pas le second… Ah et puis…<br />

une broutille… il n’a jamais été classé au deuxième rang sur l’échelle de Turin. Son meilleur classement était<br />

‘‘1’’ du 16 octobre au 3 novembre 2013. Comme c’est bête !<br />

0’55 : ‘‘Or le 26 août 2032, l’astre venu des confins du Système solaire…’’ Vous les voyez où les confins du Système<br />

solaire vous ? Le nuage de Oort, la ceinture de Kuiper, l’orbite de Pluton, de Neptune, d’Uranus... Parce que<br />

2013 TV135 lui, en bon astéroïde de type Apollon qu’il est, s’éloigne du Soleil au maximum de 3,8 unités<br />

astronomiques. Ça nous met les confins du Système Solaire vachement près étant donné que Jupiter est à 5,2<br />

unités astronomiques !<br />

1’01 : ‘‘...frôlera notre planète à quelques dizaines de milliers de kilomètres à peine’’. Nous allons donc avoir chaud aux<br />

fesses ! Mais au fait, qu’en disent les organismes officiels qui surveillent ces cailloux qui nous chatouillent ? Si<br />

on regarde du côté des “Close approach data” du JPL (http://ssd.jpl.nasa.gov/sbdb.cgi?sstr=2013%20TV135),<br />

on se rend compte qu’ils n’ont même pas prévu de passage proche pour cet astéroïde en 2032. Mais comment<br />

cela est-il possible ? Alors non, les Bogdanov n’ont pas inventé le passage de 2013 TV135 en 2032 près de la<br />

Terre. Ce passage rapproché a vraiment été craint mais sur la base de quelques jours d’observations en octobre<br />

2013. Sitôt les observations de fin octobre compilées, les calculs ont montré que 2013 TV135 passerait en fait<br />

à plus de 100 millions de kilomètres de la Terre à cette date. Tout risque de collision était donc écarté. Et ceci<br />

a été publié dès le 8 novembre 2013 par le Minor Planet Center et 2013 TV135 a été définitivement retiré des<br />

astéroïdes qui posent un problème (http://neo.jpl.nasa.gov/risk/removed.html).<br />

Nous en sommes à une minute de podcast si on retire la musique d’introduction, et on peut déjà mettre à la<br />

poubelle tout ce qu’ils ont raconté. Ce n’est pas magnifique ? Leur source pour réaliser cette émission : un<br />

article d’octobre 2013 (alors n’importe lequel, ils se ressemblaient tous à l’époque) traitant d’un astéroïde<br />

potentiellement dangereux sur lequel on avait finalement que très peu d’information. Réactualiser ses<br />

sources ? Mais pour quoi faire ? Les auditeurs n’y verront que du feu. Est-ce de la science ? Du journalisme ?<br />

Ni l’un ni l’autre en fait... Continuons.<br />

1’07 : ‘‘En un million d’années, jamais un objet aussi gros ne passera aussi près de notre planète’’. Soyons raisonnables.<br />

Les orbites et risques d’impacts des astéroïdes sont calculés pour les 200 prochaines années au maximum<br />

(http://neo.jpl.nasa.gov/risk). Quand<br />

on dispose de beaucoup d’observations<br />

d’un même objet, on peut se permettre<br />

de pousser les prévisions à 200 ans. Mais<br />

jamais 1 million !<br />

1’40 : ‘‘Imaginons qu’il surgisse au-dessus<br />

de Paris, à plus de 50000 mètres d’altitude’’.<br />

Et pourquoi surgirait-il à 50 kilomètres<br />

d’altitude et pas à 100 ou 1000 ? Il vient<br />

de bien plus loin en fait. Aucun astéroïde<br />

ne surgit à une altitude donnée.<br />

• • • • SCIENCES<br />

Un astéroïde percute Paris... Uniquement dans les films de science-fiction<br />

1’45 : ‘‘...à demi englouti dans sa longue traînée noire...’’ On parle bien toujours d’un astéroïde là ? Contrairement<br />

à ce qu’on peut voir dans Armageddon, aucun astéroïde n’a à ce jour laissé de ‘‘longue traînée noire’’ dans<br />

l’espace sur son passage.<br />

2’20 : ‘‘Les calculs viennent de montrer qu’en 2032, l’astéroïde TV135 passera à plus de 30000 kilomètres de notre<br />

planète’’. Et bien non. Pas ‘‘viennent de montrer’’, et à beaucoup plus que ‘‘30000 kilomètres’’ !<br />

2’28 : ‘‘Tout risque de collision est donc écarté pour cette date’’. Et comment ! C’était bien la peine de nous le<br />

présenter comme ‘‘pouvant percuter la Terre’’.<br />

la porte des étoiles n°36 31


• • • • SCIENCES<br />

2’38 : ‘‘Dévier la trajectoire de l’intrus en posant des moteurs à sa surface comme on l’a fait avec la sonde Rosetta sur<br />

la comète Churyumov’’. Ce podcast exceptionnel ne pouvait se finir qu’en apothéose avec une scène totalement<br />

inventée. Personne n’a jamais tenté de dévier la comète Churyumov-Gerasimenko et certainement pas en<br />

posant des moteurs dessus. À la rigueur, les Européens y ont posé le robot Philae mais pour un tout autre<br />

usage.<br />

Pour achever de vous convaincre que les frères Bogdanov ne se gênent pas pour raconter n’importe quoi à la<br />

radio ou à la télé, j’ai longuement critiqué une autre de leurs émissions sur mon blog puisqu’ils s’attaquaient<br />

à ‘‘la supernova la plus brillante de l’univers’’ 1 . Pas de chance pour eux, je suis co-auteur du papier de cette<br />

découverte. Fallait pas raconter des âneries !<br />

Des lycéens découvreurs d’étoiles sur la première chaîne !<br />

Dans les grands médias<br />

Rappelons qu’il s’agit d’émissions<br />

enregistrées. Elles sont préparées, relues,<br />

enregistrées, réécoutées... Rien à voir avec<br />

une interview qui peut vous prendre au<br />

dépourvu. Alors que fait-on ? On laisse faire<br />

ça ? Dire n’importe quoi n’est pas l’apanage<br />

de quelques olibrius qui échapperaient au<br />

contrôle des grands médias. Ceux-ci peuvent<br />

également se faire avoir, ou même raconter<br />

n’importe quoi pourvu que cela génère un peu<br />

d’audience. La vérité scientifique attendra.<br />

Je n’irai pas jusqu’à dire que ce que font les journaux télévisés est à jeter. Non. Il y a des reportages qui sont<br />

correctement réalisés, et il y en a d’autres qui n’ont l’air de rien mais qui démontrent une étrange façon de traiter<br />

l’information par certains journalistes. Voici l’histoire d’une poignée de lycéens ayant découvert deux étoiles,<br />

que rapporte TF1... Pour faire rapide, la première chaîne fait un reportage pour son journal télévisé présentant<br />

une découverte qu’ont faite des adolescents, mais en changeant le libellé de la découverte, en ne citant pas les<br />

circonstances dans lesquelles la découverte a été faite, et en n’allant pas vérifier ses informations auprès de<br />

l’astronome professionnel référent (lire pour cela le commentaire que leur professeur a laissé sur mon blog 2 ).<br />

Pour faire court : du pipotage du début à la fin, mais une superbe histoire à raconter au 13 heures.<br />

Alors certes l’histoire est belle et ces lycéens méritent qu’on parle d’eux. Mais pourquoi parler d’eux pour<br />

autre chose que ce qu’ils ont fait ? Ils ont fait du suivi photométrique d’astéroïdes, chapeautés par un astronome<br />

professionnel. Ils ont étudié des courbes et détecté de nouvelles étoiles variables dont ils ont tracé les courbes<br />

de luminosité. Non, ça c’est trop compliqué pour les téléspectateurs de TF1. On va dire qu’ils ont trouvé deux<br />

étoiles dans notre Galaxie et ça suffira.<br />

On se retrouve donc avec un beau<br />

reportage, mais faux. Qu’importe !<br />

Qui s’en apercevra ?<br />

Plus récemment et beaucoup plus<br />

spectaculaire dans sa diffusion, il<br />

y eut l’histoire de la ‘‘super-lune du<br />

siècle’’, ‘‘ou la plus grosse Lune depuis<br />

1948’’. Un grand nombre de qualificatifs<br />

pas du tout exagérés lui ont été<br />

accolés : ‘‘L’une des apparitions les plus<br />

impressionnantes du XXIème siècle’’ (Le<br />

Parisien du 14/11/2016), “Super-lune du<br />

siècle” (le nouvel Obs du 13/11/2016)<br />

ou une “Super extra Lune” (Ouest-France<br />

du 13/11/2016).<br />

La super-Lune, l’occasion de faire de belles images, comme n’importe quelle<br />

autre phase de Lune<br />

la porte des étoiles n°36 32


En pagaille, on va trouver<br />

même chez des grands noms<br />

des médias français des phrases<br />

tout à fait étranges pour qui<br />

se passionne un peu pour<br />

l’astronomie : ‘‘Mais avant même<br />

que l’astre atteigne son apogée,<br />

certains ont remarqué que la<br />

Lune avait déjà changé d’aspect”<br />

(20 Minutes du 14/11/2016).<br />

Bon déjà, il s’agit du périgée,<br />

mais on n’est plus à une bêtise<br />

près. Quant à l’aspect de la<br />

Pas de différence fondamentale entre la ‘‘super-Lune’’ et une pleine Lune à l’apogée Lune qui changerait quand elle<br />

se rapproche de nous... ‘‘Lundi, la Lune apparaîtra nettement plus grosse que de coutume dans notre ciel. Cela<br />

fait près de 70 ans qu’elle ne s’était pas rapprochée à ce point de la Terre’’ (RTL.fr du 11/11/2016). Nettement<br />

plus grosse que de coutume ? Non, pas vraiment. 1,0043 fois plus gros que le mois précédent, ce n’est pas<br />

‘‘nettement’’ plus gros.<br />

‘‘Lundi, la Lune ne sera qu’à 356509 kilomètres de la Terre, contre 384400 kilomètres habituellement, de quoi en faire<br />

une super Lune’’ (Europe 1, 14/11/2016). Habituellement la Lune serait à 384400 kilomètres, et là ce<br />

soir : Boum ! À 356 509 kilomètres ! Voilà une somme de raccourcis qui donne l’impression que la Lune se<br />

rapprocherait brusquement de nous, en omettant qu’en fait sa distance à la Terre ne fait que varier entre deux<br />

bornes (approximativement 356000 et 407000 kilomètres) et ne prend la valeur 384400 que deux fois par<br />

mois. ‘‘C’est le 14 novembre qu’elle sera la plus proche de la Terre à seulement 50000 kilomètres de nous. Une rare<br />

proximité ! Le satellite sera visible dès 14h52’’ (Femme actuelle du 10/11/2016). Tu m’étonnes que c’est une rare<br />

proximité ! À ce niveau-là nos satellites géostationnaires commencent à avoir chaud ! Et voir la pleine Lune en<br />

Europe dès 14h52, ce n’est pas banal. Ce n’est que Femme actuelle certes, mais son lectorat est important.<br />

Il n’est pas possible de faire une liste exhaustive des articles qui ont un peu exagéré la chose ou raconté des<br />

énormités tellement il y en avait. Il est aussi remarquable de constater comme la Lune est soudainement<br />

devenue le centre d’attraction du monde. Tout aussi remarquable de constater que la super Lune suivante<br />

en décembre 2016, tout aussi belle et de taille absolument comparable, a juste été totalement ignorée. Toute<br />

cette histoire a tellement chamboulé la Société Française d’Astronomie et d’Astrophysique qu’elle a publié<br />

un communiqué dans les jours qui ont suivi pour s’étonner du traitement médiatique qu’a subi cette pleine<br />

Lune (http://www.sf2a.eu/?article699), alors qu’elle n’était que 1,0043<br />

fois plus grosse que la pleine Lune du mois précédent. À ce niveau<br />

ultra-faible de différence, votre position sur la Terre joue énormément<br />

sur le résultat final. Le 16 octobre, la Lune au périgée était à 357865<br />

kilomètres (de centre à centre), le 14 novembre, la Lune au périgée<br />

était à 356536 kilomètres (toujours de centre à centre), ce qui fait une<br />

différence de 1329 kilomètres, écart ridicule en rapport avec les distances<br />

en jeu. Mais là où cela devient drôle, c’est que rien qu’en tournant sur<br />

elle-même, la Terre nous rapproche ou nous éloigne de la Lune d’une<br />

grandeur équivalente à son rayon (environ 6300 kilomètres) pour ceux<br />

qui sont du côté où la Lune est visible. Si bien que la pleine Lune du 14<br />

novembre observée à l’horizon était plus petite que la pleine Lune du 16<br />

octobre observée à son zénith.<br />

• • • • SCIENCES<br />

La différence entre la Lune au périgée et<br />

une pleine Lune ‘‘moyenne’’<br />

Et qu’importe si nos journalistes scientifiques préférés ne sont pas<br />

tombés dans le panneau (Guillaume Cannat http://autourduciel.blog.lemonde.fr/2016/11/14/une-super-lunecela-nexiste-pas/<br />

; ou Serge Brunier http://www.science-et-vie.com/article/la-super-lune-du-14-novembreentre-delires-et-realite-7242<br />

pour ne citer qu’eux), les médias se sont emparés du phénomène et nous sommes<br />

nombreux chez les astronomes amateurs à avoir dû répondre 20 fois à la même question le lendemain : ‘‘Alors,<br />

tu l’as vue la super Lune ?’’.<br />

la porte des étoiles n°36 33


• • • • SCIENCES<br />

Une nova pour les rois mages<br />

À titre plus personnel, j’ai vécu il y a peu de<br />

temps un emballement médiatique qui est resté<br />

cantonné aux pays anglo-saxons et qui n’a pas<br />

eu de retombée en France (fort heureusement).<br />

En décembre 2015, j’ai découvert une nova dans<br />

la galaxie du Triangle, M33 3 . Même si la chose<br />

est peu courante pour un astronome amateur, ce<br />

n’est pas une découverte qui va révolutionner<br />

quoi que ce soit en astronomie et qui ne devrait<br />

pas sortir du petit monde fermé des chasseurs<br />

de ‘‘trucs-qui-explosent’’. Mais les personnes<br />

à qui je loue des télescopes aux Canaries ont<br />

choisi d’alerter la presse. Et c’était un peu plus<br />

gros que La Voix du Nord...<br />

Tout a commencé dans le Business Insider<br />

(http://www.businessinsider.fr/uk/christmasday-new-star-discovered-2015-12/)<br />

avec ces<br />

quelques mots : ‘‘Bien qu’il n’y ait pas eu trois<br />

rois mages…’’ Rois mages ? Ma découverte a<br />

été faite le 25 décembre, jour un peu spécial<br />

L’image de la découverte de la nova dans M33<br />

pour les chrétiens. Je me prénomme Emmanuel, ce qui est le deuxième prénom de quelqu’un que les chrétiens<br />

vénèrent et qui serait né un 25 décembre. Vous devinez ? Une étoile est apparue ce jour-là dans la galaxie du<br />

Triangle (triangle rapport à la Sainte Trinité). Et alors me direz-vous ? Pour certains croyants, ce concours de<br />

circonstances est suffisant pour être interprété comme un ‘‘signe’’. Un signe de quoi ? Ah ça… ils cherchent<br />

encore. Outre-Atlantique, ce genre de choses trouve un certain écho. On l’enrobe avec quelques rois mages et<br />

voici une belle histoire de Noël. Les principaux sites de sciences reprennent l’affaire et ça finit dans les Yahoo!<br />

News américaines (mais pas françaises). Il y a même des articles dans des langues plus exotiques comme<br />

le turc (http://bilimolog.blogspot.fr/2016/01/amator-bir-astronom-noel-gunu-yeni-bir.html) ou l’indonésien<br />

(http://www.infoastronomy.org/2016/01/sebuah-ledakan-bintang-ditemukan-di-dekat-galaksi-triangulum.<br />

html). Et cette histoire sans grand intérêt scientifique devient par la magie de la recopie d’articles sans réfléchir<br />

propulsée au rang de ‘‘Mind blowing science story’’ (http://thechive.com/2016/01/05/mind-blowing-sciencestories-from-the-last-month-10-photos/),<br />

ou se retrouve dans le top 10 des découvertes faites par des amateurs<br />

(http://viraltop10s.com/10-space-discoveries-made-by-amateur-astronomers/) aux côtés de William Herschel<br />

et d’Uranus. C’est très flatteur certes, mais c’est surtout extrêmement exagéré.<br />

Je retiens plusieurs leçons de ce passage : notre histoire ne nous appartient pas vraiment sur Internet, la science<br />

édulcorée (avec les rois mages) se propage bien mieux que la science pure, nous sommes noyés de contenus<br />

sur Internet, et il devient très difficile de faire le tri entre toutes les informations, de séparer ce qui est important<br />

de ce qui ne l’est pas.<br />

Le fameux astéroïde destructeur<br />

En vrac<br />

En vrac, quelques autres bricoles que l’on déniche<br />

systématiquement dans les médias. On retrouve<br />

souvent l’image d’un astéroïde de plusieurs<br />

centaines de kilomètres s’écrasant sur la Terre pour<br />

illustrer un article parlant d’un caillou de 100 mètres<br />

qui passe à 3 millions de kilomètres (donc sans nous<br />

impacter). Faut dire que si on le mettait à l’échelle<br />

ce serait beaucoup moins impressionnant.<br />

la porte des étoiles n°36 34


• • • • SCIENCES<br />

À propos d’impacts, on se retrouve aussi régulièrement avec des articles nous annonçant le prochain caillou<br />

qui va frôler la Terre. Vu qu’on en découvre une bonne centaine par mois, il y en a souvent qui passent près<br />

de nous. Enfin ‘‘près’’... disons pas trop loin. Et parfois même, ça buzze pour un caillou que l’on n’a aucune<br />

chance de voir, comme avec l’astéroïde 2000 EM26 4 . C’est dommage parce qu’on est obligé de démentir les<br />

propos de la veille. Et qui passent pour des imbéciles le lendemain ? Les astronomes.<br />

Enfin, on retrouve souvent des articles annonçant ‘‘les ingénieurs de la NASA ont prédit que...’’, ‘‘les scientifiques<br />

de la NASA ont calculé que...’’ pour annoncer des éphémérides que la NASA ne calcule pas elle-même, car<br />

ce n’est pas son job 5 . Cela donne l’impression (fausse) que la NASA fait la pluie ou le beau temps dans le<br />

monde de l’astronomie alors qu’elle est une agence spatiale prestigieuse, mais comme les autres. Certes elle<br />

a quelques beaux succès à son palmarès mais ce n’est pas elle, par exemple, qui calcule les trajectoires des<br />

astéroïdes. Et on ne demande pas son avis à la NASA à chaque fois qu’on a une question. Une pluie d’étoiles<br />

filantes demain ? C’est la NASA qui l’a<br />

prédit ! Un rapprochement entre Vénus et<br />

Mars, c’est encore elle qui est sur le coup !<br />

On pourrait au moins remplacer NASA par<br />

ESA chez nous. Mais même pas...<br />

À une bonne dizaine de reprises, on a<br />

dû découvrir une exoplanète ‘‘jumelle<br />

de la Terre’’. C’est cool, on a trouvé la<br />

destination de nos prochaines vacances.<br />

Cherchez par exemple ‘‘jumelle de la<br />

Terre’’ avec le moteur de recherche Google<br />

La Terre... et son hypothétique soeur jumelle<br />

et vous trouverez un tas d’articles récents<br />

sur Proxima Centauri b. Une planète dont on ne sait que deux choses : sa masse et sa période de révolution.<br />

On la suppose rocheuse mais ce n’est qu’une forte probabilité. Bravo la gémellité !<br />

Kepler-452b, Kepler-438b, Kepler-186f, Kepler-22b... et quelques autres consœurs, toutes annoncées sœurs<br />

jumelles de la Terre, parfois même ‘‘habitables’’ au lieu de ‘‘situées dans la zone habitable’’, alors qu’on<br />

ne connaît d’elles que taille, masse ou période de révolution, et pas forcément les trois à la fois. Même le<br />

caractère rocheux est parfois débattu. On en connaît tellement peu d’elles qu’il est assez culotté de les qualifier<br />

de ‘‘jumelles de la Terre’’, pourtant l’ensemble des médias s’y engouffre tous les ans.<br />

Conclusion<br />

Même l’astronomie, science qui manie pourtant la notion de précision à longueur de journée, se trouve<br />

régulièrement malmenée dans les médias qui ne prennent plus le temps de vérifier les informations qu’ils<br />

véhiculent. Par des approximations, des omissions ou carrément des trucages, certains propos finissent par<br />

raconter des histoires partiellement ou totalement fausses. Le public a l’impression de prendre sa dose de<br />

science quotidienne (c’est sûrement bon pour la santé) mais au final, il est berné. Quand vous verrez passer<br />

la prochaine information qui buzze, cherchez-en les sources et posez-vous quelques questions. Il est des sites<br />

que l’on dit conspirationnistes pour qui les articles bidonnés restent un sacerdoce. Nos médias traditionnels<br />

n’en sont heureusement pas là et seront toujours meilleurs à lire. Mais ils ne sont plus à l’abri des fausses news<br />

qui apparaissent partout. À force de devoir sortir toujours plus vite de l’information sensationnelle, la grande<br />

perdante risque fort d’être la qualité...<br />

Plus sur mon blog<br />

1<br />

La chronique des frangins : http://econseil.blogspot.fr/2016/09/3-minutes-pour-ne-plus-rien-comprendre.html<br />

2<br />

Les lycéens qui découvrent des étoiles : http://econseil.blogspot.fr/2014/06/des-lyceens-decouvrent-des-etoiles.html<br />

3<br />

La découverte de la nova dans M33 : http://econseil.blogspot.fr/2015/12/decouverte-dune-nova-dans-m33.html<br />

4<br />

Quand le web s’emballe : http://econseil.blogspot.fr/2014/02/quand-le-web-semballe-2000-em26.html<br />

5<br />

Et revoilà la NASA : http://econseil.blogspot.fr/2015/10/et-revoila-la-nasa.html<br />

la porte des étoiles n°36 35


• • • • HISTOIRE<br />

L’histoire du T600 de<br />

REPERES<br />

Par Claude Grimaud - Président de REPERES<br />

REPERES allait avoir neuf ans, l’âge de raison, lorsque le lycée qui l’accueillait<br />

a décidé en mai 2009 de fermer soudainement ses portes annonçant la fin des bases scientifiques, des nuits<br />

noires, de ‘‘Bagdad’’ notre antre. Toute la dynamique de REPERES aurait pu s’éteindre à ce moment. Le C25<br />

devint alors véritablement notre ‘‘Astrocar’’ où tout le matériel était entreposé, le garage et la salle à manger<br />

de Vendeuil restant notre principal refuge.<br />

Par la force des choses, nous étions constamment à la recherche de partenaires qui puissent nous proposer<br />

des locaux en échange de services ‘‘astronomiques’’. C’est pourquoi nous avons apprécié les propositions des<br />

communes de Vendeuil-Caply, de Breteuil, de Beauvoir, des associations comme Les Esserres à Lavacquerie,<br />

le centre de Rencontres d’Ermenonville, l’AQPNB de Breteuil et bien sûr H20 à Beauvais. Nous avons<br />

profité des événements départementaux, régionaux voir nationaux. Nous avons participé à ‘‘danses avec les<br />

étoiles’’ à la bibliothèque Aragon d’Amiens Métropole, à ‘‘Mozart avec les étoiles’’ avec Hubert Reeves grâce<br />

à la municipalité de Breteuil, à ‘‘Hubert le ciel, Albert<br />

la Terre’’ avec Musicaa d’Amiens au cirque d’hiver et à<br />

tous les villages des sciences organisés à Beauvais. Nous<br />

avons aussi redoublé d’activité auprès des établissements<br />

scolaires pour constituer une réserve financière qui<br />

permette de louer et d’aménager des locaux.<br />

Souvenir de la journée ‘‘Mozart avec les étoiles’’<br />

avec Hubert Reeves<br />

Mais c’est le 25 avril 2010, que l’histoire du T600 a<br />

commencé. Sur le stand de l’Association Nationale de<br />

Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes que<br />

REPERES organisait au Conseil Général lors du salon du<br />

développement durable, un petit garçon est resté une grande<br />

partie de l’après-midi avec nous pour tout comprendre du<br />

ciel et des étoiles. Le papa, en revenant le chercher, en<br />

profite pour nous inviter en juillet pour une journée d’animation au centre de loisirs de son village. En juillet,<br />

cette journée remporte un beau succès et, la météo étant favorable, parents et enfants profitent des instruments<br />

pour une observation conviviale du ciel nocturne. Plusieurs<br />

membres du comité des fêtes qui participaient à cette<br />

soirée nous demandent alors de faire une nuit des étoiles au<br />

printemps suivant.<br />

Le 25 mars 2011, dix montreurs d’étoiles de REPERES<br />

accueillent plus de 120 personnes sur le stade de Saint-<br />

Sulpice où tous les lampadaires avaient été éteints, sous le<br />

planétarium mobile pour trois séances et pour une ‘‘balade<br />

à ciel ouvert’’ en vidéo. À cette occasion, nous faisons la<br />

connaissance de Bernard Christophe, l’astronome local<br />

qui a construit au village, dans sa maison, il y a plus de<br />

20 ans, un imposant télescope. C’est un télescope de 600<br />

millimètres de diamètre et 3450 millimètres de focale sur<br />

une monture anglaise à berceau, doté d’une focalisation<br />

Toujours sur le terrain pour encadrer des<br />

observations publiques<br />

la porte des étoiles n°36 36


• • • • HISTOIRE<br />

8 février 2014 : premier jour à Rouvroy. Joli bazar<br />

En plein travaux à l’intérieur...<br />

électrique et d’un système Goto. La magnitude limite pour une étoile est de 21. Après la soirée, l’heureux<br />

propriétaire nous fait visiter son installation et nous admirons cet instrument qui a découvert plus de 200<br />

astéroïdes. Nous participons en mai 2014 à une seconde nuit des étoiles à Saint-Sulpice mais cette fois,<br />

Bernard nous accueille avant et après la soirée pour nous présenter son télescope en action. C’est éblouissant,<br />

la Lune est magnifique !<br />

C’est aussi en 2014, après cinq années sans domicile fixe que nous rentrons dans de nouveaux locaux à<br />

Rouvroy-les-Merles grâce à l’aide de la SCI des Merles qui a repris la gestion du domaine. Toute cette première<br />

année sera consacrée au nettoyage et aux premiers aménagements. Il nous a fallu en premier lieu changer la<br />

porte d’entrée peu fiable puis aménager un lieu de repas et de cuisine. Sans eau ni électricité, nous avons<br />

installé en intérieur une réserve d’eau de pluie raccordée à l’une des gouttières ; un évier et un WC nous ont<br />

apporté un début de confort. Dans un second temps, la première observation ayant été agrémentée de -10°C,<br />

nous nous procurons un poêle à bois d’occasion sur le bon coin et nous l’installons dans le salon. La nécessité<br />

d’avoir un atelier nous oblige ensuite à créer un espace adapté. À la fin de l’année, la SCI réinstalle l’électricité<br />

et nous abandonnons notre groupe électrogène. C’est alors que nous décidons de mettre, en 2015, notre LX200<br />

de 305 millimètres en poste fixe.<br />

Alors que ces travaux sont en cours, Bernard nous envoie le 7 juin, un mail qui nous propose d’accueillir son<br />

instrument dans nos locaux car il doit vendre sa maison. Nous lui rendons rapidement visite pour savoir si nous<br />

saurions maîtriser ce très bel instrument et pour voir la faisabilité d’une transplantation aussi imposante… Après<br />

un immense ‘‘tour de Lune’’, nous rendons visite à Uranus puis à Neptune. Tous les membres de REPERES<br />

présents sont unanimes : il faut relever le défi ! Le Conseil d’Administration et l’Assemblée Générale donnent<br />

un avis favorable et autorisent le bureau à consacrer<br />

les réserves financières constituées depuis la fermeture<br />

du lycée pour l’aménagement des lieux. Il est aussi<br />

décidé d’aménager un espace cohérent avec le LX200<br />

et une aire d’observation pour les amateurs également<br />

en cohérence avec le T600 et le LX200.<br />

L’observatoire de Rouvroy est alors sur les rails. Dès le<br />

mois d’août 2015, les travaux commencent afin de faire<br />

la transplantation durant les congés du 11 novembre<br />

(ça tombe bien c’est une année sans Rencontres du<br />

Ciel et de l’Espace). Le futur emplacement du T600<br />

étant naturellement tout au fond de la propriété, nous<br />

Travaux extérieurs sur la future aire d’observation commençons par créer un trottoir qui mène à la porte<br />

du LX200 et au futur T600. Puis nous implantons les<br />

trois piliers de 60 centimètres de diamètre sur un mètre de profondeur après avoir pris la méridienne du lieu<br />

et avoir vérifié le soir sur la polaire. La tâche est énorme et nous décidons alors de faire appel à Monsieur<br />

Beuzeval qui réalise ces travaux en une matinée avec sa pelleteuse. Il ne nous reste plus qu’à coffrer et à<br />

ferrailler avant que la toupie ne vienne livrer ses 5m 3 de béton mais à 16 heures, ce samedi là, un violent orage<br />

nous oblige à protéger l’ensemble des travaux ce qui laisse désormais de bons souvenirs.<br />

la porte des étoiles n°36 37


Ce long week-end du 11 novembre a été prévu dès juin<br />

avec Bernard, qui nous assistera durant les trois jours de<br />

déménagement. Toutes les forces ont été mobilisées, 14<br />

bénévoles participeront à l’expédition. Si le démontage va<br />

très vite puisque tout est prêt dès le lundi soir, il n’en va<br />

pas de même pour le transport. Le T600 est bien plus lourd<br />

que prévu (2,5 tonnes en estimation), la remorque est donc<br />

trop légère, il faut en utiliser une plus grande et surtout<br />

trouver sur place un cultivateur qui accepte de transférer<br />

le berceau d’une remorque à l’autre. Monsieur Hanque de<br />

Saint-Sulpice viendra le mercredi matin pour transférer le<br />

Remorque légère pour le transport du T600 matériel sur la remorque aimablement prêtée par Antoine<br />

Dewaele de la SCI. Le mercredi 11 au soir, à 18h30, la<br />

base du T600 est remontée, prête à recevoir le lendemain matin le berceau… Le jeudi 12 novembre est<br />

une belle journée. Antoine Dewaele dépose au millimètre<br />

près le berceau sur sa base. À 10 heures, le berceau se<br />

déplace souplement en déclinaison et en ascension droite.<br />

À 18h00, les derniers forçats ont pris LA photo souvenir.<br />

Durant l’hiver 2015-2016, nous avançons les travaux<br />

de nettoyage et d’aménagement et le T600 patiente sous<br />

son ancienne bâche. C’est aussi le moment de mettre<br />

au point la seconde phase de l’installation : conception<br />

de l’abri et des armatures, recherche d’un fabricant qui<br />

puisse réaliser le taud, choix des périphériques. Dès le<br />

début mars, nous construisons l’environnement du T600<br />

et son abri. Christian Courtois a fabriqué les trois arceaux<br />

et les boites de fixation au sol. Pour éliminer l’humidité et<br />

garantir la solidité au vent, nous avons fait le choix d’une<br />

partie de l’abri en dur et l’entourage bétonné est garni de<br />

caniveaux.<br />

• • • • HISTOIRE<br />

Encore une fois, nous profitons d’un long week-end,<br />

celui de l’ascension, pour mettre en place le taud fabriqué<br />

La pose... pour la postérité !<br />

par Denis Bache de Soissons. L’instrument étant maintenant à l’abri, nous pouvons remonter le télescope<br />

et construire l’aire d’observation dès l’automne. Nous avons remonté le miroir et la lame après nettoyage<br />

et reprise de la focale (6 centimètres), nous avons passé les câbles et équilibré au mieux le T600. Nous<br />

avons monté les treuils pour<br />

faciliter l’ouverture du<br />

taud. Bernard est venu nous<br />

nous prêter main forte pour<br />

finaliser les branchements et<br />

l’électronique.<br />

Le remontage des tubes<br />

Fin octobre, après avoir réglé<br />

le chercheur sur Vénus, Mars<br />

s’offre à nous avec sa calotte<br />

polaire pendant plus de 20<br />

minutes... Belle récompense<br />

pour les 15 présents alors<br />

que le pointage a été fait<br />

avec la méridienne lors de<br />

la construction des piles de<br />

maintien et que l’orientation<br />

a été faite ‘‘au pif’’ sur la<br />

la porte des étoiles n°36 38


• • • • HISTOIRE<br />

Première soirée sous les étoiles...<br />

Polaire… M1 et<br />

M57 seront les<br />

bijoux de la nuit tout<br />

en nous révélant<br />

que notre escabeau<br />

de huit marches<br />

est trop court pour<br />

les plus petits<br />

d’entre nous. Avant<br />

l’hiver, il a fallu<br />

couper le pin qui<br />

bouchait l’horizon<br />

Est et achever le<br />

muret de l’aire<br />

d’observation.<br />

File d’attente pour accéder à l’oculaire<br />

En chiffres<br />

Fin 2016, les travaux ont coûté :<br />

14380.02 €, dont 10909.74 sur<br />

les réserves de REPERES,<br />

2245.28 € en subvention du<br />

Conseil Départemental de<br />

l’Oise et 1225 € en donation.<br />

Les bénévoles ont parcouru<br />

plus de 10 000 kilomètres pour<br />

effectuer plus de 1200 heures<br />

de travail.<br />

Sachant qu’un peu de confort favorise les bonnes soirées d’observation, nous avons fait l’acquisition d’un<br />

insert cheminée pour chauffer le reste des locaux, le contraste entre le salon d’hiver et les autres pièces étant<br />

difficilement acceptable. L’hiver 2016/2017 est consacré à la mise en station précise du T600 par la méthode<br />

de King, à la collimation minutieuse, à la formation des membres sur le logiciel PRISM et plus globalement<br />

au maniement du T600 et du LX200.<br />

Durant trois jours pour que chacun puisse trouver un créneau pour nous rejoindre au moins pour un moment,<br />

les astronomes amateurs sont invités à une nuit noire comme dans les années 2000.<br />

la porte des étoiles n°36 39


• • • • LA GALERIE<br />

La galerie<br />

À 3000 mètres d’altitude, le<br />

ciel des Hautes-Alpes offre une<br />

transparence extraordinaire : de<br />

quoi réaliser avec le nouveau<br />

télescope de 500 millimètres de<br />

l’observatoire Astroqueyras de<br />

belles images de nébuleuses ou de<br />

galaxies.<br />

Tout là-haut à Saint-Véran,<br />

les astres prennent parfois des<br />

aspects étonnants lorsqu’ils<br />

s’approchent de l’horizon... Les<br />

basses couches de l’atmosphère<br />

terrestre sont souvent<br />

synonymes d’étranges mirages,<br />

qu’il convient d’immortaliser...<br />

Rester le nez en l’air, durant de<br />

longs moments... Les conditions<br />

exceptionnelles de l’observatoire<br />

de Saint-Véran permettent de<br />

voir des phénomènes disparus de<br />

nos contrées nordiques : rayons,<br />

Voie lactée, lumière zodiacale,<br />

aiglows...<br />

Le T62 Astroqueyras offre<br />

souvent des images spectaculaires<br />

à travers l’oculaire. On ne<br />

resiste pas à croquer nébuleuses<br />

planétaires à forts grossissements,<br />

galaxies ou amas d’étoiles, pour<br />

compléter sa galerie dessins<br />

astronomiques.<br />

Sommaire<br />

41.................................................................................Au ras de l’horizon<br />

44..................................................................................Au bout du crayon<br />

55..........................................................................Beautés du ciel profond<br />

59............................................................................. Ambiances de station<br />

68....................................................................................La petite dernière<br />

la porte des étoiles n°36 40


• • • • LA GALERIE<br />

Au ras de l’horizon<br />

Fin de journée - APN Canon EOS 6D et objectif Canon 16-35mm<br />

29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />

Coucher de Soleil sur le Mont Ventoux - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />

2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 41


• • • • LA GALERIE<br />

Soleil Oméga - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />

2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

Coucher du croissant de Lune et de sa lumière cendrée - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />

1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 42


• • • • LA GALERIE<br />

Rayon vert/bleu du soir du 30 octobre - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />

Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

Rayon vert/bleu du matin du 31 octobre - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />

Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

Rayon bleu du matin du 30 octobre - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />

Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 43


• • • • LA GALERIE<br />

Au bout du crayon<br />

La nébuleuse planétaire IC 351<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaires Ethos 13 et 8 et télescope 620/9000<br />

La nébuleuse du Spirographe IC 418<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8mm et télescope 620/9000<br />

Michel PRUVOST Simon LERICQUE Michel PRUVOST Simon LERICQUE<br />

La nébuleuse planétaire IC 2003<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaires Ethos 13 et 8 et télescope 620/9000<br />

La nébuleuse planétaire IC 2149<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8mm et télescope 620/9000<br />

Michel PRUVOST Simon LERICQUE Michel PRUVOST Simon LERICQUE<br />

La nébuleuse planétaire IC 3568<br />

1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8mm et télescope 620/9000<br />

La nébuleuse planétaire NGC 7048<br />

29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 13mm et télescope 620/9000<br />

Michel PRUVOST Simon LERICQUE Michel PRUVOST Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 44


• • • • LA GALERIE<br />

La nébuleuse planétaire IC 1295<br />

31 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

La nébuleuse planétaire NGC 6781<br />

31 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

La nébuleuse planétaire NGC 7139<br />

31 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 45


• • • • LA GALERIE<br />

L’étoile de Campbell<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

L’étoile de Campbell<br />

30 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 13 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

La nébuleuse planétaire IC 2165<br />

30 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />

Michel PRUVOST<br />

La nébuleuse planétaire IC 1747<br />

1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 46


• • • • LA GALERIE<br />

La nébuleuse planétaire NGC 2022 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000 - Simon LERICQUE<br />

La nébuleuse planétaire NGC 2346<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 13 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

La nébuleuse planétaire NGC 6058<br />

xx xx 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 13 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 47


• • • • LA GALERIE<br />

La nébuleuse planétaire NGC 6741<br />

30 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />

Michel PRUVOST<br />

La nébuleuse planétaire NGC 6772<br />

1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Lanthanum 42 et télescope 620/9000<br />

Michel PRUVOST<br />

La nébuleuse planétaire NGC 6772 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 - Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 48


• • • • LA GALERIE<br />

La nébuleuse planétaire IC 5217<br />

30 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />

Michel PRUVOST<br />

La nébuleuse planétaire NGC 7139<br />

30 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />

Michel PRUVOST<br />

La nébuleuse planétaire NGC 6842 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 - Michel PRUVOST<br />

la porte des étoiles n°36 49


• • • • LA GALERIE<br />

La nébuleuse planétaire NGC 6781 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 - Michel PRUVOST<br />

La nébuleuse planétaire IC 5217<br />

29 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

L’amas ouvert M36<br />

29 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire 12.5 et lunette 60/800<br />

Michel PRUVOST<br />

la porte des étoiles n°36 50


• • • • LA GALERIE<br />

L’amas ouvert M103 - 3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000<br />

Michel PRUVOST<br />

Simon LERICQUE<br />

La galaxie spirale M74 - Oculaire Lanthanum 42mm et télescope 620/9000<br />

1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) - Michel PRUVOST<br />

la porte des étoiles n°36 51


• • • • LA GALERIE<br />

La galaxie spirale barrée NGC 7479 - 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

Michel PRUVOST<br />

La galaxie NGC 520<br />

La galaxie NGC 676 La galaxie NGC 891<br />

2 novembre 2016 - Observatoire<br />

Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope<br />

620/9000 - Michel PRUVOST<br />

2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000<br />

Michel PRUVOST<br />

la porte des étoiles n°36 52


• • • • LA GALERIE<br />

La galaxie du Cigare M82<br />

1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

La nébuleuse M43<br />

1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000<br />

Simon LERICQUE<br />

L’amas globulaire M79<br />

Oc. Ethos 13 et T620/9000<br />

02/11/16 - Obs. Astroqueyras<br />

L’astérisme M73<br />

Oc. Ethos 13 et T620/9000<br />

01/11/16 - Obs. Astroqueyras<br />

La nébuleuse NGC 2261<br />

Oc. Ethos 13 et T620/9000<br />

02/11/16 - Obs. Astroqueyras<br />

L’amas ouvert Trumpler 1<br />

Oc. Ethos 13 et T620/9000<br />

03/11/16 - Obs. Astroqueyras<br />

Dessins de Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 53


• • • • LA GALERIE<br />

La planète Saturne<br />

Septembre 2015 - Obs. Astroqueyras (05)<br />

Oc. Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000<br />

Philippe NONCKELYNCK<br />

La nébuleuse de la Flamme<br />

NGC 2024<br />

Novembre 2016 - Obs.<br />

Astroqueyras (05)<br />

D’après photo, au<br />

télescope RC500<br />

Philippe NONCKELYNCK<br />

La galaxie spirale NGC 7479<br />

Novembre 2016 - Observatoire<br />

Astroqueyras (05)<br />

D’après photo au RC500<br />

Philippe NONCKELYNCK<br />

la porte des étoiles n°36 54


Beautés du ciel profond<br />

• • • • LA GALERIE<br />

La galaxie spirale M74 - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000<br />

2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE<br />

la porte des étoiles n°36 55


• • • • LA GALERIE<br />

Les environs de la galaxie NGC 7331 - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000<br />

3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE<br />

La galaxie spirale barrée NGC 7479 - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000<br />

3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE<br />

la porte des étoiles n°36 56


• • • • LA GALERIE<br />

La nébuleuse Hélix - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000<br />

1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE<br />

La nébuleuse du Crabe M1<br />

Caméra Atik 383 et<br />

télescope Ritchey-Chrétien<br />

500/4000<br />

29 octobre 2016<br />

Observatoire Astroqueyras,<br />

Saint-Véran (05)<br />

Gervais VANHELLE<br />

la porte des étoiles n°36 57


• • • • LA GALERIE<br />

Autour des Pléiades et de la nébuleuse California - APN Canon Eos 6D et objectif Canon 70-200mm<br />

1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />

La nébuleuse de la tête de sorcière IC 2118 - APN Canon Eos 6D et objectif Canon 70-200mm<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />

la porte des étoiles n°36 58


• • • • LA GALERIE<br />

Ambiances de station<br />

Belles couleurs au coucher du Soleil - APN EOS Canon 7D et objectif Canon 35mm<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

Nuages colorés au coucher du<br />

Soleil<br />

APN EOS Canon 6D et objectif<br />

Canon 16-35 - 31 octobre 2016<br />

Observatoire Astroqueyras, Saint-<br />

Véran (05)<br />

Sylvain WALLART<br />

la porte des étoiles n°36 59


• • • • LA GALERIE<br />

Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm<br />

1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm<br />

2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm<br />

3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 60


• • • • LA GALERIE<br />

Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70/300<br />

1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70/300<br />

2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 61


• • • • LA GALERIE<br />

L’arche de la Voie lactée au-dessus de l’observatoire - Canon EOS 60D et objectif Tokina 11/16<br />

10 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS<br />

Filé d’étoiles et de Lune depuis le pic<br />

Canon EOS 400D et objectif Tokina 11/16<br />

16 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras,<br />

Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS<br />

Circumpolaire au-dessus de l’observatoire<br />

Canon EOS 400D et objectif Tokina 11/16<br />

15 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-<br />

Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS<br />

la porte des étoiles n°36 62


• • • • LA GALERIE<br />

Voie lactée au-dessus de la coupole<br />

Canon EOS 60D et objectif Tokina 11/16<br />

13 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras,<br />

Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS<br />

Voie lactée depuis la coupole du T62<br />

Canon EOS 60D et objectif Tokina 11/16<br />

13 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras,<br />

Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS<br />

Ambiance sous la coupole du T62 - Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm<br />

1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 63


• • • • LA GALERIE<br />

La lumière zodiacale et la Voie lactée - Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

En admiration devant la lumière zodiacale - APN Canon EOS 6D et objectif Canon 16-35mm<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />

la porte des étoiles n°36 64


• • • • LA GALERIE<br />

La lumière zodiacale et la Voie lactée - APN Canon EOS 6D et objectif Canon 16/35mm<br />

31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />

Voie lactée au-dessus de la coupole AshDome<br />

Canon EOS 6D et objectif Canon 16/35mm<br />

29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras,<br />

Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />

Voie lactée et airglows<br />

Canon EOS 6D et objectif Canon 16/35mm<br />

29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras,<br />

Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />

la porte des étoiles n°36 65


• • • • LA GALERIE<br />

Voie lactée et airglows au-dessus de l’observatoire - Canon EOS 6D et objectif Canon 16-35mm<br />

29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART<br />

Ambiances hors de l’observatoire<br />

Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm<br />

29 octobre 2016<br />

Obs. Astroqueyras, Saint-Véran (05)<br />

Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 66


• • • • LA GALERIE<br />

Ciel embrasé<br />

Canon EOS 7D et<br />

objectif Canon 35mm<br />

4 novembre 2016<br />

Obs.Astroqueyras, Saint-<br />

Véran (05)<br />

Simon LERICQUE<br />

Rayon anticrepusculaire du Mont Viso - Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300<br />

1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE<br />

la porte des étoiles n°36 67


La petite dernière<br />

Saint-Véran, le plus haut village d’Europe, sur les hauteurs duquel on trouve le plus haut observatoire<br />

astronomique ouvert au public. Tout là-haut, à près de 3000 mètres d’altitude, un peu coupé du monde, le temps<br />

ne s’écoule pas comme ailleurs. Cela fait déjà plusieurs années que nous y posons nos bagages, généralement<br />

pour une semaine... Mais point de lassitude. Chaque semaine passée dans l’observatoire, chaque mission,<br />

est une perpetuelle redécouverte. Les paysages spectaculaires de montagnes souvent enneigées, les couleurs<br />

marquées des nuages durant les crépuscules, les ombres rasantes qui illuminent les batiments de la station juste<br />

après le lever du jour et surtout, ce ciel nocturne spectaculaire... L’un des plus beaux de l’hexagone.<br />

Pour immortaliser cela, la photographie ne laisse qu’un bref aperçu. Mieux, réaliser un timelapse et monter bout<br />

à bout différentes séquences permet de rendre plus fidèlement les ressentis de la station. Philippe Sénicourt,<br />

participant de la mission 2016, a réalisé une belle vidéo, qui conclue parfaitement cette galerie d’images<br />

dédiée à notre dernière escapade Saint-Véranaise...<br />

Le film de la mission : https://www.youtube.com/watch?v=FYVrY7fAHoA<br />

la porte des étoiles n°36 68

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