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Les paysages de parc africains. Plus que de bocages, c'est de « parcs » que l'on parle en Afrique<br />

: des arbres disséminés parmi les cultures. L'esprit européen en est choqué, mais ce parc est<br />

d'une grande sagesse : l'extraordinaire Acacia albida, arbre parasol et fertilisant, est au Sénégal le<br />

plus utilisé en parc. A raison de 40 à 50 pieds/ha, il assure gratuitement une fertilisation équivalant<br />

à un sérieux apport d'engrais, devenu aujourd'hui presque inaccessible vu son prix. Ailleurs<br />

ce sont les karité et néré, manguiers et baobabs, qui fournissent des fruits, des feuilles protéïques,<br />

des corps gras et des fibres, et mille substances médicinales ou utilitaires. Des parcs arborés qui<br />

font aussi large place aux arbustes en haies, défensives et productives.<br />

Les rotations forestières tropicales. Le livre d'Hugues Dupriez « Agriculture tropicale en<br />

milieu paysan africain » 3<br />

est une grande première : c'est la première fois que sont décrites comme<br />

facteurs de vrai développement les associations de cultures pratiquées par les paysans africains.<br />

Cet agronome belge, au cours de multiples séjours tropicaux, des zones sèches aux régions humides,<br />

a montré, chiffres à l'appui, que les associations de cultures annuelles et pérennes ont une<br />

production globale supérieure à celles que produiraient ensemble chaque plante cultivée à l'état<br />

pur. Des associations « dans l'espace » : plusieurs étages de plantes telles que caféier, cacaoyer,<br />

bananier, manioc, macabo, courges... Et des associations « dans le temps » : non pas tant une succession<br />

de cultures, que des cultures qui se relaient progressivement et couvrent le sol en permanence.<br />

Des courges occupent le sol après brûlis, puis maïs et haricots, dont émergent bientôt<br />

manioc et bananiers. La culture annuelle cède progressivement la place aux pérennes, avec retour<br />

éventuel à la forêt qui repose le sol.<br />

Bref, il suffit d'observer les systèmes agraires de nombreux pays pour y découvrir quantité<br />

d'exemples de « <strong>permaculture</strong> », cette association harmonieuse de l'agriculture, de la sylviculture,<br />

de l'élevage et de l'horticulure.<br />

Mais est-ce bien cela, la <strong>permaculture</strong> ? Le livre de Bill Mollison montre que cette notion<br />

dépasse largement un système d'agriculture : c'est une nouvelle vision de l'homme dans son milieu.<br />

Que peut alors puiser l'agronomie moderne dans ce livre ?<br />

On peut qualifier d'« agronomie moderne » celle qui s'avérera capable de nourrir les hommes<br />

de la planète, et de manière durable. Ces hommes seront plus de 5 milliards dans 15 ans, sur des<br />

sols qui, partout dans le monde, sont envoie d'érosion et de désertification :<br />

• culture sur brûlis, surpâturage, utilisation du bois de feu, irrigation mal conduite et salinisation,<br />

stérilisent les pays tropicaux ;<br />

• arasements de haies et talus, défrichements excessifs, labour de sols trop pentus, dissociation<br />

cultures-élevage, pollution nitrique et autres, dégradent les sols et les nappes des régions tempérées.<br />

Dégradations qui s'accompagnent d'une baisse de qualité des aliments et d'une surconsommation<br />

d'énergie.<br />

Comment dès lors ne pas trouver dans les principes de la <strong>permaculture</strong> des solutions à ces<br />

problèmes, dans les pays du Nord comme dans ceux du Sud !<br />

Chez nous .<br />

• retour à l'élevage associé aux cultures, avec meilleur recyclage des matières organiques ;<br />

• retour à la culture des légumineuses, notamment pérennes (luzerne et trèfle) ;<br />

• maillage des champs ou groupes de champs en de nouveaux bocages plus productifs et<br />

plus compatibles avec une mécanisation moderne mais sans gigantisme ;<br />

• redécouverte de nouvelles formes d'agriculture et d'élevage pour les régions difficiles (terrasses<br />

du Midi, régions montagneuses). Un impératif si l'on veut éviter la désertification de ces<br />

régions, les incendies, et la perte d'un précieux patrimoine.<br />

Dans les pays du tiers monde, les situations sont tellement variées qu'il serait présomptueux<br />

de recommander des solutions. Mais certaines sont si capitales qu'elles devraient partout<br />

s'imposer ;<br />

3. Hugues DUPRIEZ, Agronomie tropicale en milieu paysan africain, Éditions L'Harmattan.<br />

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