Exposition La Peau de l'Ours - Galerie RABOUAN MOUSSION
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Florence Cantié-Kramer<br />
Kirill Chelushkin<br />
JonOne<br />
O l e g K u l i k<br />
Kata Legrady<br />
Luke Newton<br />
Erwin Olaf<br />
Dimitri Tsykalov<br />
Ira Waldron<br />
16 juin 31 juillet 2012 - 121 rue Vieille du Temple Paris 3 - www-galerie-rabouan-moussion.com<br />
<strong>Exposition</strong> <strong>La</strong> <strong>Peau</strong> <strong>de</strong> l’Ours
Dimitri Tsykalov
L’exposition «<strong>La</strong> <strong>Peau</strong> <strong>de</strong> l’Ours» s’ouvre sur<br />
l’œuvre Skin, <strong>de</strong> Dimitri Tsykalov.<br />
Constituée <strong>de</strong> caisses à munitions vi<strong>de</strong>s venues<br />
du mon<strong>de</strong> entier, cet ours présente une<br />
cartographie du marché d’armes.<br />
Tant dans sa stature que par son sens, cette<br />
œuvre pèse. <strong>La</strong> symbolique <strong>de</strong> l’ours, très forte<br />
pour les russes, est ici mise à plat, et captive<br />
notre regard.<br />
Elle donne le la à l’exposition : il s’agit <strong>de</strong> mort,<br />
d’animalité, <strong>de</strong> guerre. Les animaux qui sont<br />
là, par anthropomorphisme, renvoient notre<br />
reflet : mortels mais guerriers, on se fait la<br />
peau.<br />
Skin, 2011<br />
caisses à munitions, métal<br />
291 x 290 x 34 cm
Commando IV - Meat, 2008<br />
<strong>La</strong>mbda print<br />
205 x 160 cm
Revolver - Meat, 2008<br />
<strong>La</strong>mbda print<br />
120x160cm<br />
Une violence extrême anime ces photographies: <strong>de</strong>rrière la brutalité <strong>de</strong>s sujets abordés (la guerre, la mort,<br />
le terrorisme, les armes), la violence est celle <strong>de</strong> l’étal, <strong>de</strong> la crudité – celle <strong>de</strong> l’exposition. Il y a dans ces<br />
images la monstration <strong>de</strong> la monstration, c’est-à-dire une pure idée <strong>de</strong> l’exposition. Le fait d’être exposé<br />
cesse alors <strong>de</strong> signifier la gentillette action bourgeoise d’accrocher dans <strong>de</strong>s galléries <strong>de</strong>s tableaux ou <strong>de</strong>s<br />
photographies <strong>de</strong>stinés à remplir l’espace vi<strong>de</strong> au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s commo<strong>de</strong>s; peu importe que ces <strong>de</strong>rnières<br />
soient rustiques ou <strong>de</strong>sign, le bourgeoisisme est le même avec son espoir (heureusement) souvent déçu<br />
<strong>de</strong> retour sur investissement. En exhibant la vian<strong>de</strong> dans son rapport au meurtre et à l’abatage, du point <strong>de</strong><br />
vue unifié du tireur, <strong>de</strong> l’arme et <strong>de</strong> la cible, Dimitri Tsykalov expose le concept d’exposition. Ici, l’exposition<br />
est le plus cru du plus cru. On est au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la pornographie. Celui qui court à découvert sous les tirs à<br />
balles réelles, celui qui se sent vian<strong>de</strong> sur pattes, cible pour snipers, celui-là est exposé. C’est à ce genre <strong>de</strong><br />
risques que l’art nous expose lorsqu’il sort parfois, comme ici, <strong>de</strong> l’extension du <strong>de</strong>sign intérieur pour cadres<br />
supérieurs ou <strong>de</strong> l’art spécialement calibré à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s institutions culturelles.<br />
Jean Yves Jouannais et Dominique Quessada, MEAT,<br />
« Cadavre Exquis », Editions du Regard, 2007
Florence Cantié-Kramer
Florence Cantié-Kramer est une artiste française.<br />
Son travail <strong>de</strong> sculpture trouve tout son sens au travers <strong>de</strong>s matériaux utilisés : ils structurent son<br />
corpus et lui donnent le côté solitaire, brut et poétique qui le caractérise. Le plomb, la cire, les néons,<br />
les mots, sont en constante opposition et se répon<strong>de</strong>nt dans un dialogue incessant, faisant ressortir<br />
tour à tour leur fragilité ou leur <strong>de</strong>nsité, leur naturel ou leurs artifices.<br />
C’est un travail d’une gran<strong>de</strong> sensualité, qui fait se heurter le sacré au profane :<br />
Dans Deer Moults – <strong>de</strong>s Mues <strong>de</strong> Cerfs sont auréolées <strong>de</strong> néons, suspendues à une stèle <strong>de</strong> plomb.<br />
Les matières s’imbriquent sans rien perdre <strong>de</strong> leur caractère brut. Et si cela a tout l’air d’un massacre,<br />
les bois ne sont que pourtant que <strong>de</strong>s mues, comme si l’animal était – pour un temps au moins –<br />
épargné par l’artiste en Diane chasseresse <strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes.<br />
Le cerf mue, perd ses bois, quitte sa première peau ; c’est le seuil d’une nouvelle vie. L’artiste invite<br />
le regar<strong>de</strong>ur à en faire <strong>de</strong> même : abandonner son corps terrestre pour entrer dans un royaume<br />
lunaire, guidé par Diane. <strong>La</strong> mythologie s’arrête là : la lumière n’a rien <strong>de</strong> lunaire, elle a la brutalité du<br />
néon, sa fragilité aussi.<br />
Par frottement entre les matériaux, Florence fait surgir <strong>de</strong> multiples sens. Cette œuvre est caractéristique<br />
<strong>de</strong> son travail, elle recèle touts les thèmes <strong>de</strong> prédilection <strong>de</strong> l’artiste : une disparition synonyme<br />
d’élévation, fragilité et sensualité, une réflexion sur la finalité <strong>de</strong> la vie…<br />
Deer Moults, 2012<br />
Plomb, mues <strong>de</strong> cerfs, néons<br />
220 x 90 x 45 cm
<strong>La</strong> botte d’asperge présentée actuellement à la galerie<br />
pourrait être sculptée dans l’albâtre ; c’est en fait <strong>de</strong> la<br />
cire, déposée sur un socle <strong>de</strong> plomb. Ces matériaux si<br />
différents s’unissent et se complètent dans un travail <strong>de</strong><br />
sculpture noble, à la fois brut et fragile.<br />
Et si l’exposition est construite autour <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong><br />
conflit, <strong>de</strong> guerre, cette œuvre apparaît comme une incitation<br />
à la paix et au respect mutuel, en référence peutêtre<br />
à Edouard Manet. Ce <strong>de</strong>rnier, après avoir livré une<br />
huile représentant une botte d’asperges, se vit offrir plus<br />
d’argent qu’il n’en <strong>de</strong>mandait. En effet, son collectionneur<br />
(Charles Ephrussi) avait estimé juste <strong>de</strong> payer cette œuvre<br />
à la hauteur du plaisir qu’elle lui procurait. Le peintre, pour<br />
le remercier, lui adressa une nouvelle toile, indiquant qu’il<br />
avait omis une asperge au sein <strong>de</strong> la botte…<br />
Florence Cantié-Kramer travaille le matériau comme un<br />
prétexte à l’élévation conceptuelle. Ainsi, la matière modulée<br />
renvoie à l’idée, celle d’une dialectique générale entre<br />
nature et culture qui l’apparente à l’Arte povera – bien<br />
que l’artiste éprouve un désir <strong>de</strong> détachement quant à la<br />
structure <strong>de</strong> ce mouvement.<br />
Bundle of Asparagus, 2012<br />
Cire, plomb<br />
36,5 x 34,5 x 36,5 cm
Oleg Kulik
<strong>La</strong> priorité qui est donnée à tout ce qui est « naturel » dans la culture, rend possible à<br />
Oleg Kulik <strong>de</strong> prétendre que chaque geste culturel – peu importe à quel point sa forme<br />
puisse paraitre parfaite et élaborée – est né en raison <strong>de</strong> sa nature, et par conséquent<br />
il a le droit <strong>de</strong> vivre.<br />
Certes, un artiste fort doit s’engager à mettre au rebut les variantes qui s’égarent au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> la clarté <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s lignes. Pourtant, en règle générale, avec la perte <strong>de</strong> ces images<br />
imprévues, la première esquisse se trouve privée en gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> sa chaleur et <strong>de</strong><br />
sa vitalité. L’artiste a-t-il le droit <strong>de</strong> tuer <strong>de</strong> sang-froid ces images animées, joyeuses, mais<br />
bâtar<strong>de</strong>s ? S’il ne le fait pas, où est leur niche écologique?<br />
M. Bredikhina<br />
Saint Sebastian and the Gooses, 1998<br />
Performance. Photographie et détails<br />
87 x 129 cm
JonOne<br />
L’évolution <strong>de</strong> JonOne en tant qu’artiste contemporain est claire, et ce n’est que le début d’une exploration tridimensionnelle riche <strong>de</strong> promesses.<br />
Pour JonOne, chaque expérimentation dans un nouveau domaine remet simultanément en question sa pratique créative et les associations faites dans son<br />
travail.
Mirrors, 2012<br />
acrylique sur papier, découpes aluminium<br />
94,5 x 94,5 chacun<br />
JonOne, artiste internationalement reconnu et pionnier du mouvement « Street<br />
art » à ses début, traduit son intérêt pour la couleur, le mouvement, la forme et<br />
la tridimensionnalité.<br />
Pour JonOne, ces œuvres sont le reflet <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> l’énergie qu’elle crée.<br />
Son vif intérêt pour l’action <strong>de</strong> l’homme sur la matière s’exprime à travers son<br />
exploration et son choix <strong>de</strong>s matériaux - allant du plexi au bois en passant par<br />
l’aluminium et l’acier, toujours avec l’esthétique très variée d’un foisonnement<br />
urbain.<br />
Cette richesse, et la superposition <strong>de</strong>s matériaux sont pour JonOne une manière<br />
<strong>de</strong> développer son style personnel aujourd’hui bien connu : « the abstract<br />
painting », art abstrait.<br />
Dans ses œuvres, les strates successives occupent un espace<br />
tridimensionnel, insolent les formes individuelles<br />
et en soulignent l’énergie.<br />
Les éléments graphiques qui se mêlent et se superposent<br />
recréent le geste <strong>de</strong> l’artiste, dans <strong>de</strong>s mouvements<br />
qui paraissent s’échapper du cadre.
Around Da World In One Day, 2012<br />
Acrylique sur toile<br />
178 x 184 cm<br />
Ener Rockin’ On, 2012<br />
Acrylique sur toile<br />
144 x 105 cm
Crow’s Nest, 2012<br />
Acrylique sur toile<br />
186 x 200 cm
Kirill Chelushkin<br />
Untitled, 2012<br />
Mine <strong>de</strong> plomb et acrylique sur toile<br />
205 x 215 cm
Untitled, 2012<br />
Mine <strong>de</strong> plomb et acrylique sur toile<br />
216,5 x 141 cm<br />
Untitled, 2012<br />
Mine <strong>de</strong> plomb et acrylique sur toile<br />
210 x 140 cm
Untitled, 2012<br />
Mine <strong>de</strong> plomb et acrylique sur toile<br />
205 x 195 cm
Kirill Chelushkin, sculpteur, vidéaste et <strong>de</strong>ssinateur, nous livre<br />
la représentation d’un mon<strong>de</strong> abandonné, non cartographié,<br />
où la seule empreinte humaine, anonyme, rési<strong>de</strong> dans les<br />
constructions mo<strong>de</strong>rnes : voitures, métros et ponts habitent<br />
seuls désormais ces villes fantômes et se font véhicules <strong>de</strong> la<br />
nostalgie.<br />
Lorsqu’il <strong>de</strong>ssine les Hommes, c’est dans une position brutale<br />
et inconfortable : si l’un donne une gifle l’autre la reçoit, une<br />
tempête <strong>de</strong> neige surprend <strong>de</strong>s personnages en costume rayé<br />
– oligarques ou prisonniers ? – une panne mécanique prend les<br />
airs du réalisme socialiste pour mieux le faire reculer…<br />
Les choses ne sont pas ce dont elles ont l’air, ces images laissent<br />
l’empreinte d’une inquiétante étrangeté. Cette impression<br />
ne vient pas seulement <strong>de</strong>s sujets choisis par l’artiste. Elle est<br />
aussi le fruit d’un traitement particulier <strong>de</strong> l’image : ces <strong>de</strong>ssins<br />
sur toile très contrastés mélangent mine <strong>de</strong> plomb et peinture,<br />
ils sont grattés <strong>de</strong> traits rai<strong>de</strong>s, recouverts, troublés.<br />
Kirill Chelushkin joue avec les textures du mon<strong>de</strong> : reflets <strong>de</strong>s<br />
villes sous la pluie, boue du camion embourbé, lumière lunaire<br />
diffusée par les lampadaires… Ce réalisme cataclysmique nous<br />
renvoie à la fragilité <strong>de</strong> l’être face à un mon<strong>de</strong> où la nature<br />
reprend ses droits.<br />
Untitled, 2012<br />
Mine <strong>de</strong> plomb et acrylique sur toile<br />
218 x 196 cm
Luke Newton
Luke Newton est un jeune artiste britannique<br />
diplômé <strong>de</strong> Saint Martins School ; il est<br />
aujourd’hui âgé <strong>de</strong> 26 ans<br />
Il envisage le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’art comme un vaste<br />
terrain où frapper <strong>de</strong> son jeu <strong>de</strong> ping pong<br />
les gran<strong>de</strong>s figures artistiques <strong>de</strong> la société<br />
contemporaine. Warhol et Duchamp sont sur<br />
le même bateau, l’art tombe à l’eau. Qui restet-il<br />
?<br />
Dans un second <strong>de</strong>gré permanent, il tourne<br />
en dérision et relativise son rôle d’artiste dans<br />
une société submergée par les images. Les<br />
crayons <strong>de</strong>ssinent <strong>de</strong>s crayons, les souris sculptent<br />
<strong>de</strong>s souris… Et à travers eux l’artiste se<br />
met en abîme.<br />
Mouses, 2012<br />
Bois<br />
105 x 105 x 55 cm<br />
Il réalise <strong>de</strong> l’Industrial Home Ma<strong>de</strong>, créant lui-même <strong>de</strong>s « objets<br />
d’usine », d’une précision chirurgicale. Les I-Pods prennent la forme<br />
<strong>de</strong> silex, armes <strong>de</strong> poing moulées main pour entrer en chasse contre<br />
les mass-médias – ou peut-être s’en défendre.<br />
203 Staedlers, 2012<br />
203 crayons Staedler<br />
119,5 x 28 x 7,5 cm
Pour Luke Newton,<br />
c’est en permanence<br />
l’heure <strong>de</strong> la « recréation<br />
». Il s’amuse<br />
<strong>de</strong> tout et reste dans<br />
la redécouverte perpétuelle<br />
du mon<strong>de</strong><br />
pictural et graphique<br />
qui nous entoure : les<br />
cigarettes ne tuent<br />
plus, les paquets <strong>de</strong>viennent<br />
<strong>de</strong>s œuvres<br />
et la galerie fait un<br />
tabac.<br />
Vue <strong>de</strong> l’exposition,<br />
Luke Newton et JonOne
Kata Legrady s’est rapi<strong>de</strong>ment fait connaître avec la fameuse<br />
série « Guns and Candies » débutée en 2008 ;<br />
un ensemble d’oeuvres chatoyantes et surdimensionnées<br />
qui explorait la double fascination <strong>de</strong> l’artiste pour les<br />
armes <strong>de</strong> guerre et les friandises, en l’occurrence, <strong>de</strong>s<br />
Smarties. Enigmatiques, séduisantes et inquiétantes à la<br />
fois, ces toutes premières oeuvres imprimaient notre rétine<br />
pour y laisser une trace rémanente, tel un songe<br />
tenace ou une vision méditative.<br />
Selon l’artiste, les objets lui servent avant tout à composer<br />
le portrait en creux d’une réalité qui n’est jamais<br />
directement figurée ou représentée, mais apparaît toujours<br />
masquée par ce qui la symbolise. C’est dans ce jeu<br />
d’allusions directes et <strong>de</strong> suggestions implicites, dans ce<br />
système d’apparition et d’occultation que se nouent le<br />
sens et les enjeux d’un travail qui aujourd’hui emprunte<br />
<strong>de</strong> nouveaux chemins et ouvre <strong>de</strong> nouveaux horizons.<br />
Catwoman, 2011 (détail)<br />
Original Gasmask, framed<br />
81 x 81 x 40 cm<br />
Kata Legrady
Government 1911 multicolor<br />
Original gun with applicated candies<br />
58 x 68 x 7 cm<br />
L’autre métho<strong>de</strong> caractéristique du travail <strong>de</strong> Kata Legrady consiste à<br />
engendrer <strong>de</strong>s courts-circuits artistiques entre <strong>de</strong>s signes, symboles et<br />
objets, les plus à même selon elle d’éclairer et <strong>de</strong> révéler nos antagonismes<br />
et nos paradoxes. L’amer se cache sous le sucré, Thanatos se<br />
drape dans les attributs d’Eros. D’improbables accouplements accouchent<br />
d’objets mutants : une arme <strong>de</strong> poing couverte <strong>de</strong> friandises,<br />
une autre gainée <strong>de</strong> billets <strong>de</strong> banque, un masque recouvert par un<br />
autre masque. L’ornement modifie ici radicalement la perception que<br />
nous avons <strong>de</strong> l’objet initial. Le «motif décoratif» <strong>de</strong>vient élément<br />
perturbateur ou révélateur.<br />
D. Rosenberg<br />
Pineapple multicolor, 2008<br />
Original grena<strong>de</strong> with applicated candies<br />
25 x 15 x 15 cm
Erwin Olaf<br />
Plague Doctor, 2011<br />
Chromogenic print<br />
80 x 60 cm
The Siege and Relief of Lei<strong>de</strong>n<br />
Prix Vermeer 2011<br />
Cette pièce historique monumentale, composée <strong>de</strong> plusieurs scènes, portraits et natures mortes, relate un<br />
événement majeur <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s Pays-Bas : le siège <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong> par l’armée <strong>de</strong> Philippe II d’Espagne,<br />
et sa libération par les rebelles hollandais appelés « Mendiant <strong>de</strong>s Mers », le 3 octobre 1574.<br />
Il faut analyser cette œuvre au regard d’une tradition séculaire <strong>de</strong> peinture d’histoire décrivant le même<br />
épiso<strong>de</strong>. Cette œuvre photographique d’Erwin Olaf fut présentée pour la première fois au public dans le<br />
Musée <strong>La</strong>kenhal <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong>, confrontée aux œuvres classiques <strong>de</strong>s peintres hollandais.<br />
Vermeer fut en quelque sorte le premier photographe, puisqu’il travaillait à la lentille, en camera obscura.<br />
Erwin Olaf se réfère donc explicitement aux compositions et aux formules iconographiques <strong>de</strong> la peinture,<br />
s’inscrivant non seulement dans l’histoire <strong>de</strong> son pays, mais dans l’histoire <strong>de</strong> l’art au sens large. Erwin Olaf,<br />
en hommage à Vermeer, retourne par la photographie contemporaine à une représentation picturale flaman<strong>de</strong>,<br />
introduisant la notion <strong>de</strong> « photographie historique ».<br />
Le Siege <strong>de</strong> Ley<strong>de</strong> est l’événement clé marquant l’indépendance du peuple hollandais face à l’impérialisme<br />
espagnol du 16ème siècle. Sous les ordres du général Francisco <strong>de</strong> Valdés, les troupes espagnoles avaient<br />
alors assiégé Ley<strong>de</strong> en mai 1574 pour soumettre la population, la peste et la famine réduisant le nombre<br />
<strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> 6000 à 3000.<br />
Pour libérer la ville, les « Mendiants <strong>de</strong>s Mers » brisèrent les barrages, inondant les terres pour accé<strong>de</strong>r à la<br />
ville assiégée et mettre les espagnols en déroute.<br />
Still Life (Spanish Abundance<br />
scarcity in Lei<strong>de</strong>n), 2011<br />
Chromogenic print<br />
80 x 60 cm
Ira Waldron
Le chasseur. <strong>La</strong> victime. Dieu. Le public.<br />
Comme dans la musique Gospel, le « sacré » , la culture « pop » et le « profane » s’entrecroisent<br />
à jamais .<br />
Lorsque le public mange sa victime, il voit que son Dieu est content.<br />
<strong>La</strong> victime peut être une bête. Nestor sacrifie un bœuf , Poseïdon et le public sont apaisés, le<br />
Prince Télémaque peut continuer son voyage.<br />
<strong>La</strong> victime peut être un homme. Afin que les navires d’Agamemnon puissent partir, Iphigène<br />
doit mourir.<br />
Il peut y avoir substitution. Dès qu’on constate qu’Abraham est sincère, son Dieu permet<br />
qu’un agneau soit sacrifié au lieu d’Isaac. Mais lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> Dieu lui-même, c’est son propre<br />
fils qui doit mourir et non l’agneau. Dans les <strong>de</strong>ux cas, le sacrifice doit être réel, il doit y<br />
avoir beaucoup <strong>de</strong> sang et le spectacle terrible !<br />
L’Antiquité s’empare <strong>de</strong> nous fortement. Des millions <strong>de</strong> Chrétiens continuent régulièrement<br />
à ingérer le pain et le vin.<br />
Parmi nous avons-nous oublié les mythes <strong>de</strong> nos aïeux ? Le sacrifice rituel, qui nous lie en<br />
mangeant avec nos dieux, aurait-il perdu sa puissance sacrale?<br />
En aucun cas. Les toréadors dans leurs costumes étincelants mettent les taureaux à mort<br />
<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s arènes en extase. Des gentlemen anglais habillés en vestes rouges traversent le joli<br />
paysage à la poursuite <strong>de</strong> leurs renards.<br />
Mais nous qui n’approuvons pas le massacre public d’animaux innocents, nous aussi <strong>de</strong>vons<br />
manger. Comment allons-nous apaiser nos dieux ? Rien <strong>de</strong> plus banal que d’ouvrir une boîte<br />
<strong>de</strong> consommé <strong>de</strong> boeuf, mais nous n’assisterions jamais a une corrida. Nos bêtes ne doivent<br />
pas être achevées en public. Il ne nous reste donc que le sacrifice humain.<br />
« Bêtes <strong>de</strong> scène ». Pour nous mettre en contact avec nos dieux, nos idoles doivent être mises<br />
à mort, et leurs sacrifices doivent être publics et réels. « This is it ! » Lorsque la voiture en<br />
excès <strong>de</strong> vitesse <strong>de</strong> la Princesse s’approche du tunnel du pont <strong>de</strong> l’Alma, les paparazzi doivent<br />
s’acharner sur son corps agonisant. « The show must go on ! ».<br />
This is It !, 2010<br />
Black or White, 2011<br />
Sculptures avec faons empaillés<br />
70 x 30 x 40 cm / 53 x 29 x 40 cm<br />
Ira Waldron<br />
Garçon au pain, 2011<br />
Photoghraphie<br />
135 x 85 cm