BnF Chroniques 80
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Chroniques de la BnF SEPTEMBRE – DÉCEMBRE 2017
Chroniques 80
EN BREF | EXPOS | AUDITORIUMS | COLLECTIONS | NUMÉRIQUE
PAYS-
AGES
EXPOSITION
Paysages français
Une aventure photographique,
1984-2017 p. 6
ÉDITORIAL
SOMMAIRE
4
6
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13
14
16
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18
19
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31
EXPOSITIONS
Jean Rouch
Paysages français
Patrice Chéreau
Bourse du Talent / Hors les murs
AUDITORIUMS
Hackathon
Prix Phonurgia Nova
Cycle Einstein
Littérature jeunesse
Léon Bloy
Cycle relations franco-italiennes
Colloque droit(s) et gastronomie
Master classes
VIE DE LA BnF
Jean-Claude Meyer
Prix de la BnF
COLLECTIONS
Artaud
Écrans à main du XVIII e siècle
Gérard Macé
Prix Niépce
ACTUS DU NUMÉRIQUE
Bibliothèque francophone numérique
INTERNATIONAL
Portail des bibliothèques d’Orient
LIVRE BnF
Une nouvelle collection
« Les Orpailleurs »
Le Grand Armorial équestre
de la Toison d’or
Dans les territoires
de la création
Laurence Engel
Présidente de la
Bibliothèque nationale
de France
Ce numéro d’automne de Chroniques consacre son
dossier à un événement exceptionnel de la programmation
culturelle de la Bibliothèque : l’exposition
Paysages français. Une aventure photographique,
1984-2017. Pour la première fois sont réunis, en
quelque 1 000 tirages, les travaux de 160 photographes,
intervenus au cours des quarante dernières
années dans le cadre de grandes commandes
photographiques, publiques et privées, pour porter
leur regard sur les territoires de la France. C’est
à un véritable voyage photographique que le public
est convié, à un voyage dans le temps aussi, inauguré en 1984 par la
Mission photographique de la DATAR, qui choisit, pour documenter
le territoire, de faire appel à des artistes. Ces travaux donnent à
voir la beauté des paysages naturels et leurs mutations, le désarroi des
grands ensembles, la portée, sociale et poétique, de lieux dédiés au
travail. Ils révèlent également la force sensible et la richesse du discours
que tient la photographie sur notre histoire, sur notre société,
sur notre humanité.
Deux autres expositions célèbrent des créateurs d’images et d’émotions
exceptionnels : à la Bibliothèque-musée de l’Opéra, c’est le parcours
de Patrice Chéreau sur les scènes lyriques qui est présenté ; site
François-Mitterrand, celui de Jean Rouch, l’Homme-Cinéma. Coproduite
avec le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC),
cette dernière exposition invite à redécouvrir, à l’occasion du centenaire
de sa naissance, l’œuvre d’un créateur qui a inventé une manière
nouvelle de raconter les hommes et le monde.
Cette année, la BnF célèbre par ailleurs les vingt ans de sa bibliothèque
numérique Gallica et ouvrira les festivités avec le 2 e Hackathon de la
BnF. Nous convierons les gallicanautes et les explorateurs du net à
inventer de nouveaux usages ou de nouveaux services, et donnerons
aussi à tous l’occasion de plonger dans les profondeurs et les imaginaires
ouverts par nos collections et nos applications.
Enfin, autre temps fort de ce tour d’horizon de l’actualité de la Bibliothèque,
une deuxième saison de master classes d’écrivains prolongera
le plaisir, partagé lors des huit premières séances, d’approfondir avec
des auteurs contemporains la fabrique intime de leur écriture.
Un nouveau caractère
à chaque numéro
de Chroniques
La BnF soutient et valorise
la création typographique
française en invitant dans
ses colonnes un caractère
de titrage original,
nova t eur, émergent,
témoin de la vigueur
actuelle de la discipline.
Dans ce numéro
Minérale est un caractère
dessiné autour de fûts
inhabituels, dont les côtés
se croisent. Son dessin
est pensé comme une exagération
géométrique de
la structure des incises, où
les parties centrales de fûts
verticaux sont amaigries.
Ce phénomène est ici
poussé à l’extrême : le fût
se résume à deux triangles
qui se rejoignent par leurs
pointes, créant une zone
claire, presque lumineuse,
au centre du caractère.
Sobre dans ses versions
maigres, il devient plus
exubérant dans ses versions
grasses. Il est distribué
depuis mai 2017 par
la fonderie 205.TF.
Le créateur
Thomas Huot-Marchand
est graphiste et typographe,
il vit et travaille à Besançon,
et dirige à Nancy l’Atelier
national de recherche
typographique.
En couverture
Jérôme Brézillon
France(s) territoire liquide
Série « Paysages français »,
2010
EN BREF
3
Jeux vidéo
Paris Games Week
8 e édition
Événement incontournable pour la
communauté des « gamers » et les
passionnés de jeux vidéo, la Paris Games
Week offre la possibilité de découvrir
en avant-première les futures sorties
et les exclusivités de fin d’année. Chargée
du dépôt légal de tous les documents
sonores, vidéo et multimédias, la BnF
reçoit donc des jeux, des consoles et
des accessoires, qui sont ensuite
répertoriés et archivés dans les collections
du département de l’Audiovisuel.
La Bibliothèque présentera sur son stand
des jeux que chacun pourra expérimenter.
Art numérique
Donner à voir
l’art numérique
Qu’est-ce qu’une œuvre d’art numérique ?
Comment cet art s’est-il construit ces vingt
dernières années ? Comment cet objet
d’étude aussi riche que complexe est-il
abordé par la critique d’art ? Autant de
questions qui seront posées lors de la
Biennale d’art numérique qui aura lieu le
6 décembre sur le site François-Mitterrand.
À cette occasion, plusieurs œuvres seront
exposées ce même jour dans les deux salles
de commission. Le colloque de clôture
du projet de recherche Labex Arts-H2H
aura pour thème la conservation de
l’œuvre d’art numérique.
Biennale d’art numérique de la BnF,
le 6 décembre (Petit auditorium),
présentation d’œuvres dans les salles
de commission
Journée de clôture du projet de
recherche Labex Arts-H2H (salle 70),
le 7 décembre de 9 h à 19 h
(auditorium de l’INHA)
Chu-Yin Chen, Vitamorph 2, 2012
Du 1 er au 5 novembre 2017
Parc des expositions,
porte de Versailles, Paris
De 8 h 30 à 18 h 30,
fermeture à 18 h le dimanche
Anniversaire
Gallica a vingt ans !
Numérisation
Adoptez un livre !
Vous souhaitez participer à la numérisation
du patrimoine écrit de la BnF ? C’est possible !
En adoptant un livre qui sera ensuite
accessible dans Gallica, dont le titre sera
associé à votre nom pendant dix ans.
Et si vous avez des difficultés à faire votre
choix, des listes d’ouvrages à adopter
vous sont proposées, parrainées par
des personnalités de la vie culturelle :
par exemple Benoît Peeters, pour une liste
dédiée à la bande dessinée. Lancé par
les Amis de la BnF en mars 2011,
ce programme a permis la numérisation
de plus de 300 titres.
Publics
Journées portes
ouvertes étudiants
Les vendredi 6 et samedi 7 octobre 2017,
le site François-Mitterrand ouvre
grand ses portes aux étudiants pour
faire mieux connaître ses espaces
de travail et de lecture du Haut-de-jardin
ainsi que ses activités culturelles.
Plus d’infos sur bnf.fr
Leonetto Cappiello, La Folie des bonbons Jacquin, affiche, 1926, BnF, Estampes et photographie
À sa création en octobre 1997, la bibliothèque
numérique de la BnF comptait 2 600 volumes
et 7 000 images fixes. En 2017, Gallica donne
accès à ses collections et aux ressources de
nombreux partenaires en France et à l’étranger :
un fonds représentant près de 5 millions de
documents, allant des manuscrits aux vidéos
en passant par des affiches, estampes, photographies,
cartes, globes en 3D et livres au
format EPUB, consultables sur tablettes et
smartphones. Pour célébrer les vingt ans de
Gallica, la BnF organise une série de manifestations
tout au long d’une année. Rendez-vous
dès cet automne pour le premier temps fort
de ces festivités : la 2 e édition du Hackathon
de la BnF (lire p. 14). Un dossier spécial
sera consacré aux vingt ans de Gallica
dans le prochain numéro de Chroniques.
4 EXPOSITIONS JEAN ROUCH CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
1 2
JEAN ROUCH
L’HOMME–CINÉMA
+ À VOIR
Jean Rouch,
l’Homme-Cinéma
Du 26 septembre
au 26 novembre 2017
BnF I François-Mitterrand
Galerie des donateurs
et allée Julien Cain
Commissariat
Alain Carou, BnF
Béatrice de Pastre, CNC
Andrea Paganini,
Centenaire et Fondation
Jean Rouch 2017
Exposition réalisée en
coproduction avec le
CNC dans le cadre du
Centenaire Jean Rouch
2017, avec le concours
de la Fondation Jean
Rouch et du Comité du
film ethnographique.
Dans le cadre de Paris
Photo 2017
En partenariat avec
ARTE, Jeune Afrique
Media Group, France
Médias Monde, Sofilm
Après-midi d’étude
autour des enjeux
contemporains du
cinéma de Jean Rouch
14 octobre 2017
BnF I François-Mitterrand
Grand auditorium
Programmation
de La Cinémathèque
Jean Rouch aurait eu cent ans
en 2017. Une exposition à la BnF
permet de redécouvrir un homme
d’images qui a inventé une façon
inédite de raconter les hommes
et le monde.
En 2004, il s’est éteint au Niger, pays
où il a eu la révélation de sa vocation
d’ethnographe en 1941 et tourné une
grande partie de ses films. Toute sa vie,
il a lié les sciences de l’homme et le
cinéma d’une manière singulière.
Quand, en 1957, il filme Oumarou
Ganda à Abidjan, dans sa vie de tous
les jours, puis lui montre les images en
lui demandant de les commenter à sa
place, Jean Rouch accomplit un geste
révolutionnaire. Pour la première fois,
le sujet de l’ethnographe a longuement
la parole et devient par la force des mots
un véritable personnage de cinéma. Le
film Moi, un Noir apparaît notamment
ainsi, comme l’une des prémisses de la
Nouvelle Vague. À son tour, Oumarou
Ganda deviendra cinéaste.
Au-delà de cette œuvre, c’est une série
de films, chacun porteur d’une proposition
originale, qui a fait de Jean Rouch
l’une des figures essentielles du cinéma
moderne. Dans Les Maîtres fous
(1954-57), La Pyramide humaine (1959-
61), Chronique d’un été (1960-61), Jaguar
(1954-68), Jean Rouch se moque des
prétentions à l’observation neutre et
« objective » des faits sociaux. Il assume
pleinement la subjectivité, le jeu et le
partage dans les relations avec ceux
qu’il filme. Une partie de ses films sont
Publication
Découvrir les films
de Jean Rouch
Sous la direction
de Béatrice de Pastre
CNC / BnF / Somogy
30
EXPOSITIONS JEAN ROUCH 5
4
3 5
des réalisations collectives avec ses
complices Damouré Zika, Lam Ibrahim
Dia, Tallou Mouzourane et Moussa
Hamidou. L’improvisation y est reine
– une improvisation qui comme dans le
jazz doit se préparer longuement pour
donner d’heureux résultats. Avant tout
le monde et toute sa vie durant, Jean
Rouch est resté attaché à un cinéma
léger, à des caméras mobiles et autonomes.
En tout cela, il préfigure et interroge
des pratiques de l’image qui sont
les nôtres aujourd’hui.
Les archives papier, photographiques
et sonores de Jean Rouch sont conservées
à la BnF. La plupart des quelques
180 films à ce jour identifiés sont conservés
au CNC, qui les a restaurés et
numérisés. L’exposition Jean Rouch,
l’Homme-Cinéma présente les richesses
des deux fonds pour la première fois
rassemblés, dans deux espaces d’exposition
en accès libre. Allée Julien Cain,
le visiteur est invité à découvrir la trajectoire
de Jean Rouch – de l’influence
des surréalistes aux rituels de possession,
de la cosmologie des Dogons aux
pulsations des métropoles –, à travers
200 images de grand format et de nombreux
extraits de films. On y découvre
entre autres l’œuvre photographique
de Jean Rouch, commencée dès l’adolescence
mais beaucoup moins connue
que son cinéma. En Galerie des donateurs,
le visiteur pénètre dans l’atelier
des films de Jean Rouch. Le croisement
de ses carnets de terrain, de sa correspondance,
d’extraits de films et d’archives
audiovisuelles permet de saisir
de manière très concrète l’originalité
de sa pratique du cinéma et de l’anthropologie
visuelle.
Dans le cadre du centenaire de la naissance
de Jean Rouch, des événements
seront proposés pendant tout l’automne
2017 par plusieurs institutions parisiennes
: la BnF (voir agenda), la Cinémathèque
du documentaire nouvellement
créée et installée à la BPI / Centre
Georges-Pompidou, le Musée du quai
Branly, le Musée de l’Homme et le
Comité du film ethnographique, la
Cinémathèque française, etc.
Alain Carou, département de l’Audiovisuel
1 Jean Rouch posant
avec ses amis
et collaborateurs
Niger, 1951, photographie
BnF, Manuscrits
2 Jean Rouch,
Enfant dogon aux lunettes
Mali, 1969, diapositive
BnF, Manuscrits
3 Jean Rouch,
Damouré Zika endormi
Ghana, 1954, photographie
BnF, Manuscrits
4 Jean Rouch
et Germaine Dieterlen,
Le Dama d’Ambara.
Enchanter la mort,
Mali, 1974-1980,
photogramme
CNC
5 Jean Rouch,
Bataille sur
le grand fleuve,
Niger, 1951, photogramme
CNC
6 Jean Rouch,
Safi Faye posant
sur une plage,
Sénégal, vers 1968
BnF, Manuscrits
6
DOSSIER EXPOSITIONS RICHELIEU PAYSAGES FRANÇAIS 7
L’EXPOSITION ÉVÉNEMENT
PAYSAGES
FRANÇAIS
Paysages français.
Une aventure
photographique,
1984-2017
Du 24 octobre 2017
au 4 février 2018
BnF I François-Mitterrand
Exposition virtuelle
expositions.bnf.fr/
paysages-francais
À noter aussi
Cycle de conférences
autour de l’exposition
Commissariat
Raphaële Bertho,
université de Tours
Héloïse Conésa, BnF
Exposition réalisée
avec le soutien de Picto
Foundation, fonds de
dotation du laboratoire
Picto
En partenariat avec
Le Monde, Le Point,
L’Œil, France 3
et France Culture
Avec le concours
exceptionnel de la RATP
En partenariat avec l’INA
Dans le cadre de Paris
Photo 2017
+ À VOIR
Cette exposition exceptionnelle,
qui rassemble pour la première
fois plus de 160 auteurs et quelque
1 000 tirages issus de quarante
années de travail collectif autour
des paysages français, est l’occasion
d’une réflexion sur les
mutations de la France, de son
identité, de son territoire, au
prisme des plus grands photographes
contemporains : Basilico,
Brotherus, Couturier, Depardon,
Doisneau, Plossu, Ristelhueber,
Weiner… Ces derniers bousculent
la représentation traditionnelle
du paysage et explorent des
esthétiques ouvrant à de nouvelles
thématiques.
Une histoire des missions
photographiques en France
À partir des années 1980, alors que la
France changeait de physionomie, le
regard des photographes sur le paysage
français a été convoqué à l’initiative de
quelques grands commanditaires, pour
rendre compte de ces métamorphoses.
Ainsi, dès 1984, la Mission photographique
de la DATAR (Délégation à
l’aménagement du territoire et à l’action
régionale) a dépêché partout en
France, pendant quatre ans, des photographes
encore inconnus ou déjà
célèbres pour représenter le paysage
français. La BnF conserve, depuis la fin
de cette décennie, le fonds de la Mission
photographique (planches-contact
et tirages). Il semblait donc légitime que
cet ensemble devenu mythique soit présenté
ici à sa juste valeur.
La mission de la DATAR a été la première
d’une longue série de commandes
financées par l’État ou les collectivités
locales et toutes conservées à
la BnF. Également portées parfois par
des groupes de photographes comme
France(s) territoire liquide, ces commandes
se sont succédé jusqu’à
aujourd’hui pour livrer une multitude
d’images de la France.
À gauche
Sophie Ristelhueber,
Mission
photographique
de la DATAR,
série « Ouvrages d’art
et paysage dans les
montagnes du Centre
et des Alpes »,
N 202, entre Barrême
et Digne (Alpesde-Haute-Provence),
1986
BnF, Estampes
et photographie
1. Hölderlin, 1823
Un reflet des évolutions
de la photographie
Les photographies exposées questionnent
des territoires aux frontières de
plus en plus labiles : celles du genre paysager
qui bascule vers le portrait ; celles
d’un pays pris dans le flux des échanges
contemporains ; celles du champ photographique
lui-même, en constante
réinvention. Argentiques ou numériques,
fixes ou mouvantes, les images présentées
sont plurielles, à l’instar du paysage
kaléidoscopique qu’elles captent.
Les écritures photographiques parlent
du patrimoine comme du quotidien,
s’invitent dans le débat pour proposer
de nouvelles manières d’« habiter poétiquement
¹ » le monde. Le goût pour le
pittoresque semble s’effacer au profit
d’une esthétique sensible à d’autres
thèmes : transfiguration du banal,
nature modifiée par l’homme...
Le photographe est, quant à lui, tour
à tour chercheur dans un paysagelaboratoire
ou arpenteur recensant les
mutations du paysage en territoire ; il
est aussi auteur quand il imprime son
style aux lieux. Il est enfin l’architecte
capable de donner une vision autre de
son pays.
8 EXPOSITIONS PAYSAGES FRANÇAIS CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
Une traversée photographique
de quatre décennies
Le visiteur suit d’abord « L’expérience
du paysage » menée dans les années
1980 par les vingt-neuf photographes
de la Mission photographique de la
DATAR (1984-1988), de Robert
Doisneau à Raymond Depardon en
passant par l’Américain Lewis Baltz
ou l’Italien Gabriele Basilico. Du
Mont-Saint-Michel à Marseille, ces
photographes s’affranchissent de la
nécessité d’un regard illustratif sur les
paysages urbains et naturels, au profit
d’une véritable liberté dans les choix
esthétiques et documentaires.
Les années 1990 permettent d’entrer
dans « Le temps du paysage » : devenu
« patrimoine », celui-ci est mis à l’honneur
dans les travaux d’Harry Gruyaert
ou de John Batho, réalisés pour le
Conservatoire du littoral. Le paysage
est aussi montré comme mobile et
changeant, marqué par le cycle des saisons,
le passage des années ou les transformations
structurelles. On suit ses
évolutions avec les travaux d’Anne-
Marie Filaire et Thierry Girard pour
l’Observatoire photographique national
du paysage ou ceux de Bernard
Plossu dans le cadre du chantier du
tunnel sous la Manche.
Avec ses caractéristiques et ses limites
naturelles ou administratives, le territoire
devient ensuite, dans les années
2000, un élément fondateur des dispositifs
photographiques ; il donne lieu au
développement d’un imaginaire topographique
où « Le paysage devient style ».
À travers des séries spécifiques ou des
travaux au long cours qui embrassent
la totalité du territoire français, le style
aisément identifiable de photographes
reconnus tels que Thibaut Cuisset,
Gilles Leimdorfer, Jürgen Nefzger, participe
en effet à la valorisation des lieux.
Enfin, depuis le début des années 2010,
le paysage n’est plus seulement photographié
comme un espace à décrire
mais aussi comme un lieu à habiter.
L’homme s’y installe, s’immisce dans
le cadre de l’image ; le récit des liens
qui unissent « L’être au paysage » se fait
plus intime et circonstancié, selon une
relation fusionnelle et utopique,
comme le montrent par exemple les
travaux d’Elina Brotherus et de Thibault
Brunet, membres de France(s)
territoire liquide.
Raphaële Bertho, université de Tours
Héloïse Conésa, département
des Estampes et de la photographie
Ci-dessous
Jürgen Nefzger,
série « Fluffy Clouds »,
Centrale nucléaire
de Nogent-sur-Seine
(Aube), 2003
BnF, Estampes
et photographie
Catalogue
Paysages français.
Une aventure
photographique,
1984-2017
Sous la direction
de Raphaële Bertho
et Héloïse Conésa,
commissaires
de l’exposition
Avec les contributions
de François Bon,
écrivain, Bruce Bégout,
philosophe et écrivain
Éditions de la BnF
304 pages
270 illustrations
49,90
DOSSIER EXPOSITIONS RICHELIEU PAYSAGES FRANÇAIS
9
1 Patrick Tourneboeuf,
série « Nulle part »,
Sans titre,
1999-2005
BnF, Estampes
et photographie
2 Marion Gambin,
France(s)
territoire liquide,
série « Entre-deux
lieux », [Aire
d’autoroute, France],
2013
3 Fred Delangle,
France(s) territoire liquide,
série « Paris-Delhi »
Porte Saint-Denis, Paris, 10 e
arrondissement, colorisé
par Ashesh Josh, 2010
BnF, Estampes
et photographie
Le paysage
comme
laboratoire
1
2
3
Michel Poivert est historien de la
photographie¹. Raphaële Bertho
et Héloïse Conésa, commissaires
de l’exposition, l’ont rencontré.
Chroniques : L’essor du genre paysager
a-t-il permis aux photographes des
années 1980 de « s’émanciper », notamment
vis-à-vis du photojournalisme ?
M. P. : Le paysage urbain, périurbain
ou rural a constitué une sorte de laboratoire.
Le genre a même concurrencé
voire éclipsé le documentaire social à
la française des années 1970 et 1980.
Or, il s’agissait de propositions fortes
qu’il est urgent de redécouvrir – je
pense notamment à celles de l’agence
Faut voir. Le paysage était peut-être
plus consensuel et surtout plus éloigné
du photoreportage ; il a ainsi permis à
la photographie d’intégrer plus aisément
le domaine de l’art contemporain.
C : Quel a été selon vous l’impact de la
Mission photographique de la DATAR
sur les photographes contemporains ?
M. P. : Cette mission a fait date et, dans
une certaine mesure, elle a fait école.
Car le projet incluait un cahier des
charges et posait en même temps la
question du statut du photographe
comme artiste. D’où une double problématique,
définir le paysage en photographie,
et réaliser une sorte de paysage
de la photographie contemporaine.
L’impact de la DATAR a donc dépassé
le genre du paysage, si bien que cette
mission constitue aujourd’hui un véritable
repère dans l’histoire contemporaine.
J’aime à penser qu’il s’y est même
inventé un certain vernaculaire européen,
en réponse à ce qui venait des
États-Unis, notamment avec le grand
référent que constituait l’exposition New
Topographics (1975) qui mariait photographie
de paysage et art conceptuel.
C : Le rapport au paysage a évolué dans
nos sociétés actuelles. De quelle façon
ces évolutions ont-elles conditionné de
nouvelles pratiques photographiques ?
M. P. : Il me semble que nous vivons de
plus en plus le paysage à travers la
notion de site et la photographie a sa
part dans l’artialisation des paysages.
Dans sa diversité, la photographie
contemporaine a inventé de nouveaux
critères de beauté du paysage. Les
espaces périurbains qui avaient au
départ une connotation péjorative associée
au terme de « no man’s land » sont
devenus des lieux de mystère et de
charme. La photographie rejoint ici ce
que le cinéma avait déjà largement développé
en faisant de la banlieue un paysage
: repensons aux films de Pasolini !
1. Michel Poivert enseigne à l’université Paris 1
Panthéon–Sorbonne où il dirige le département
d’histoire de l’art
10 DOSSIER EXPOSITIONS RICHELIEU PAYSAGES FRANÇAIS CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
REGARDS
Trois des photographes présents
dans l’exposition parlent de leur travail
Elina Brotherus
Série « 12 ans après », 1999
« Cette série a été réalisée douze ans
après une résidence d’artiste que j’ai
faite à Chalon-sur-Saône, au musée Niépce,
en 1999. Depuis cette époque, je
suis la moitié du temps en France et
l’autre moitié en Finlande, mon pays
d’origine. En 2012, le musée m’a
recontactée pour mener des ateliers avec
des classes et j’ai accepté à la condition
d’être logée au même endroit qu’auparavant,
un carmel du XV e siècle rénové
dans les années 1970. Ce qui m’intéressait,
c’était de rentrer dans cette
machine à remonter le temps pour faire
une sorte d’expérimentation animale
sur moi-même. Je me suis mise à faire
des diptyques où l’on voit parfois exactement
le même espace à douze ans d’intervalle.
C’est ce qui m’a intéressée dans
cette série : montrer l’écoulement du
temps. Le paysage, c’est aussi la contemplation
sur place, attendre le bon
moment, la bonne lumière, souvent très
tôt le matin.
Je ne souhaite pas m’exprimer sur cette
photo, L’Étang (2012), qui correspond
à une période particulière de ma vie. En
tout cas, la figure vue de dos est une thématique
de prédilection ; c’est comme
une invitation pour le spectateur à se
joindre au personnage de la photo.
J’aime aussi beaucoup les surfaces qui
se reflètent, les miroirs, les lacs, les paysages
épurés, la simplicité de construction.
Le paysage le plus simple, c’est
une ligne et deux champs, au-dessus et
en-dessous. Sur cette photo, le fil que
l’on voit à la surface, c’est le déclencheur
pneumatique qui permet de
prendre une photo sans retardateur avec
un appareil argentique mécanique. Il
montre que l’auteur de la photo est aussi
le modèle. Souvent, je considère le paysage
comme un décor ou comme une
scène où se déroule une action. Dans
certaines phases de mon travail, les photos
sont très autobiographiques – souvent
des autoportraits ou un paysage à
l’intérieur duquel je me prends en
photo ; dans d’autres, elles font plutôt
référence à l’histoire de l’art. »
Propos recueillis par Corine Koch
Délégation à la communication
1
+ D’INTERVIEWS
1 Elina Brotherus,
France(s)
territoire liquide,
série « 12 ans après »,
L’Étang, 2012
BnF, Estampes
et photographie
2 Sabine Delcour,
Mission
photographique
du Conservatoire
du littoral,
série « Delta
de la Leyre »,
2006-2007
2
DOSSIER EXPOSITIONS RICHELIEU PAYSAGES FRANÇAIS
11
Sabine Delcour
Série « Delta de la Leyre », 2006-2007
« Depuis vingt-cinq ans, je travaille sur
le paysage et sur les rapports de l’homme
à l’environnement, qu’il soit urbain ou
rural. Je photographie des villes, des
forêts, des espaces montagneux ou des
îles au rythme des saisons et je manipule
les codes de la photographie de
paysage, pour faire apparaître la puissance
d’évocation du territoire, sa capacité
à susciter un imaginaire. Ce qui
m’intéresse, ce sont les liens entre un
paysage et la mémoire des êtres humains
qui l’habitent, les liens entre un territoire
intime et un territoire paysager. Je
fais parler les gens, je collecte leurs récits
sur les lieux que j’investis pour nourrir
une réflexion sur la façon dont le paysage
est perçu. Je me demande aussi :
d’où nous vient le rapport que nous
entretenons avec le paysage ? Est-ce qu’il
existe en nous une matrice de ce rapport
? C’est dans ce cadre que j’ai également
travaillé sur des sites géologiques
; c’est aussi un travail sur le temps.
Quand le Conservatoire du littoral m’a
proposé de photographier le delta de la
Leyre, j’étais en train de réaliser un travail
sur le cheminement et sur les parcours
individuels. J’étais très imprégnée
par ce projet et par sa dimension symbolique.
Il a été très présent dans la relation
que j’ai eue avec ce territoire. J’ai
insisté pour photographier le domaine
de Certes, dans le fond du bassin d’Arcachon,
qui était un lieu de mon enfance.
Quand j’ai commencé, les relations avec
les gardes du littoral qui entretiennent
le domaine étaient assez froides. Je leur
ai montré les images que je faisais et
leur regard m’a beaucoup apporté.
Ensuite ils m’ont emmenée dans des
endroits auxquels je n’aurais jamais pu
accéder sans eux ! Je réalise mes images
à la chambre en laissant apparent le bord
du négatif. Cela donne à voir que c’est
la vision de l’auteur qui permet au spectateur
de rentrer dans le paysage. L’œil
du spectateur chemine dans l’image où
se noue une complexe relation entre flou
et net. »
Propos recueillis par Sylvie Lisiecki
Délégation à la communication
3 Laurent Kronental,
série « Souvenir
d’un futur »
Joseph, 88 ans,
Les Espaces d’Abraxas,
Noisy-le-Grand, 2014
BnF, Estampes
et photographie
3
Laurent Kronental
Série « Souvenir d’un futur », 2011-2015
« Il s’agit de mon premier projet. Depuis
plusieurs années, je voulais m’engager
sur un sujet à propos des personnes
âgées mais je ne savais pas comment.
Ce qui était sûr, c’est que je voulais les
montrer de manière insolite, dans un
cadre où on ne s’attend pas à les voir.
Je souhaitais aussi déconstruire l’image
un peu péjorative de la personne âgée
qu’on a tendance à se représenter
comme fatiguée.
À Courbevoie, il y a une ruelle de terre
qui mène à la Défense. Un jour, j’ai rencontré
là un couple de seniors avec
lequel j’ai sympathisé. En les voyant
dans leur jardin avec le linge qui séchait
et les tours derrière, je me suis dit que
le sujet était là, dans cette superposition.
Ce qui me donne des émotions,
c’est de parler des époques qui se juxtaposent
en un même endroit.
En parallèle, j’ai développé une attirance
pour les grands ensembles qui
évoquent quelque chose de toujours
futuriste. Rassembler les deux sujets
permettait de parler à la fois de la marginalisation
de ces quartiers et de celle
du grand âge.
Dans le cas de Joseph, 88 ans, il s’agit
d’une scène que j’ai photographiée dans
le quartier des Espaces d’Abraxas,
construit dans les années 1970 par
Ricardo Bofill, à Noisy-le-Grand. Ce
vieux monsieur m’a tout de suite interpellé
par son allure à la fois élégante et
décalée. Dans sa posture, il y a de la
dignité, de la mélancolie et de la force.
Cette image est l’une de mes préférées.
Elle évoque un monde parallèle presque
apocalyptique, où les derniers témoins
seraient les personnes âgées qui se
tiennent encore droites face à ces
colonnes de béton. D’ailleurs, j’ai choisi
des gens qui avaient une certaine jeunesse
dans leur vieillesse. “ Mon corps
vieillit mais mon esprit semble ne pas
avoir vieilli ” , m’a dit l’un d’eux. »
Propos recueillis par Corine Koch
Délégation à la communication
12 DOSSIER EXPOSITIONS RICHELIEU PATRICE CHÉREAU CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
Patrice
Chéreau
Du théâtre
à l’opéra
Patrice Chéreau.
Mettre en scène
l’opéra
Du 18 novembre 2017
au 3 mars 2018
BnF I Bibliothèque-musée
de l’Opéra
Commissariat
Sarah Barbedette,
Opéra national de Paris,
Pénélope Driant, BnF
À l’occasion de la reprise de
De la maison des morts de Leoš
Janáček, l’une des dernières
productions mises en scène par
Patrice Chéreau, la BnF s’associe
à l’Opéra national de Paris
pour célébrer son parcours sur
les scènes lyriques.
Parallèlement au travail théâtral entamé
dès ses années d’études au lycée Louisle-Grand,
Patrice Chéreau (1944-2013)
se lance à vingt-cinq ans dans la mise
en scène d’opéra, avec L’Italienne à Alger
de Rossini présentée au Festival de Spolète,
puis Les Contes d’Hoffmann
d’Offenbach, à l’Opéra de Paris. Lors
du centenaire du Festival de Bayreuth
en 1976, il est choisi pour monter les
quatre opéras de L’Anneau du Nibelung
de Wagner aux côtés de Pierre Boulez :
provoquant d’abord un scandale retentissant,
sa mise en scène finit par conquérir
le public et lui vaudra une renommée
internationale. Toujours avec Boulez,
Chéreau dirigera la création mondiale
de Lulu de Berg dans sa version intégrale,
avant d’entamer de fructueuses
collaborations avec de nombreux chefs
d’orchestre : Sylvain Cambreling pour
Lucio Silla ; Daniel Barenboim pour
Wozzeck, Don Giovanni et Tristan et Isolde ;
Daniel Harding pour Così fan tutte ; et
enfin Esa-Pekka Salonen, aux côtés
duquel il signera sa dernière mise en
scène lyrique, Elektra de Strauss, lors du
Festival d’Aix-en-Provence en 2013.
Ci-dessus
Lulu, musique
d’Alban Berg, mise
en scène de Patrice
Chéreau, Opéra
de Paris, 1979,
avec Yvonne Minton
et Teresa Stratas
Photographie
de Daniel Cande
BnF, Arts du spectacle
Catalogue
Sous la direction
de Sarah Barbedette
et Pénélope Driant
Éditions Actes Sud
1. Patrice Chéreau,
note de travail pour
L’Anneau du Nibelung
de Richard Wagner
IMEC, Fonds
Patrice Chéreau
Avec ces onze productions, Patrice
Chéreau a profondément renouvelé la
fabrique de l’opéra, mettant ses talents
de directeur d’acteurs au service d’une
conception toujours plus incarnée des
rôles chantés, soutenu dans sa démarche
par le scénographe Richard Peduzzi,
dont les décors, d’une grande inventivité,
contribuaient pleinement à l’action
sur le plateau. Ces décors entraient
souvent en résonance avec un univers
pictural très riche, dans lequel le metteur
en scène avait baigné dès son
enfance, marquée par l’activité d’un
père peintre et de nombreuses visites
de musées. Constamment sollicité
par les directeurs de maisons d’opéra,
Chéreau a rencontré d’éclatants succès,
même si l’histoire de ses relations avec
le genre lyrique est teintée d’une ambivalence
irréductible : à plusieurs reprises,
Chéreau a déclaré tourner définitivement
le dos à l’opéra, déplorant la trop
grande lourdeur administrative et les
difficultés inhérentes à un calendrier
de répétitions bien plus restreint qu’au
théâtre.
L’exposition présentée dans les espaces
de la Bibliothèque-musée de l’Opéra
au Palais Garnier rassemble plus d’une
centaine de documents, issus des collections
de la BnF, de prêts privés et du
fonds Patrice Chéreau déposé à l’Institut
Mémoires de l’édition contemporaine
: notes de travail, livrets annotés,
correspondance, esquisses, maquettes
de décors, photographies, archives
audiovisuelles… Elle invite à découvrir
les divers enjeux, formels ou conceptuels,
qui sous-tendent chacune des
onze productions lyriques du metteur
en scène, puis propose un second parcours
plus thématique, qui permet au
visiteur d’explorer les différents processus
de création mis en œuvre par
Chéreau à l’opéra : comment diriger les
chanteurs comme de véritables comédiens,
comment œuvrer en concertation
étroite avec les chefs d’orchestre,
quelles relations établir entre l’action
dramatique et la musique ? L’exposition
dresse ainsi un portrait du metteur
en scène au travail, cherchant en permanence
à donner à l’opéra la puissance
d’un « théâtre grandi, porté à l’incandescence
par la musique, comme
l’épée de Siegfried¹ ».
Sarah Barbedette, Opéra national de Paris
Pénélope Driant, BnF, département de la Musique
EXPOSITIONS BOURSE DU TALENT / HORS LES MURS 13
Photographes
émergents
Depuis dix ans, la BnF
présente les photographies
lauréates de la Bourse du Talent,
qui récompense de jeunes
photographes. Organisée par
Photographie.com et Picto,
cette manifestation, qui a pour
thèmes le paysage, le reportage,
le portrait et la mode,
est aujourd’hui un indicateur
des talents émergents.
Lauréate 2017 dans la catégorie Reportage,
Chloé Jafé, née en 1984, s’intéresse
aux femmes dans la mafia japonaise,
depuis son installation à Tokyo
en 2014. Son projet, intitulé Inochi
Azukemasu, expression qui signifie le
« don de sa vie » et ainsi l’engagement
au sein d’un clan, est une sorte de carnet
de voyage dans le monde des yakusas.
La jeune photographe a tenté d’intégrer
un clan de la mafia pour
comprendre la place des femmes dans
cette organisation méconnue. Elle a pu
photographier en se faisant progressivement
accepter. Dans cet univers
dominé par les hommes, les femmes
n’existent que comme maîtresses,
épouses ou filles, même si leur rôle dans
le fonctionnement de l’organisation est
important.
Afin de contribuer à sauvegarder la
mémoire de la création, qui deviendra
patrimoine au fil du temps, organisateurs
et photographes font don à la BnF
d’un ensemble de tirages qui viennent
enrichir la collection de photographie
contemporaine du département des
Estampes et de la photographie.
Sylvie Lisiecki
Délégation à la communication
1
À noter
Jeunes photographes
de la Bourse du
Talent 2017
Du 15 décembre 2017
au 4 mars 2018
Allée Julien Cain
Avec le soutien
de la Fondation Roederer
1 Bourse du Talent
# 69 Reportage :
Chloé Jafé, lauréate,
série « Inochi
Azukemasu », 2014
2 Astérix chez les
Belges, planche
originale, dessins
d’Albert Uderzo, texte
de René Goscinny,
Paris, 1977
BnF, Réserve
des livres rares
3 Jean-Benjamin
de La Borde
(1734-1794), d’après
les observations
de François Levaillant
(1753-1824),
Partie Méridionale
de l’Afrique depuis
le Tropique du
Capricorne jusqu’au
Cap de Bonne-
Espérance contenant
les Pays des
Hottentots, des
Cafres et de quelques
autres Nations
Carte manuscrite
au lavis et à la plume
BnF, Cartes et plans
2
Hors les murs
Dans les collections
de la BnF
Afin de faire mieux connaître
ses trésors, la BnF ouvre ses
collections à des musées des
régions de France. Dans chacun
de ces musées, une sélection
de chefs-d’œuvre – gravures,
photographies, cartes, manuscrits
ou monnaies et médailles – est
présentée autour d’une thématique
ou d’un artiste en résonance
avec l’histoire et les collections
du lieu où elles sont accueillies.
Ces présentations sont également
l’occasion de numériser un
ensemble d’œuvres qui sont mis
en ligne dans Gallica.
Festival international de géographie
de Saint-Dié-des-Vosges
Du 29 septembre
au 1 er octobre 2017
À l’occasion du Festival international
de géographie de Saint-Dié-des-Vosges,
qui met à l’honneur l’Afrique du Sud
autour du thème « Territoires humains,
mondes animaux », la BnF présente une
carte de l’Afrique australe établie par
l’explorateur et ornithologue François
Levaillant (1753-1824).
3
Musée du Louvre, Paris
D’or et d’ivoire : reliures
du Moyen Âge
Cinq reliures d’orfèvrerie et d’ivoire
sont présentées dans les salles
du département des Objets d’art du
musée du Louvre, du 31 octobre 2017
au 2 juillet 2018.
Prêts de la BnF
Musée d’art et d’histoire
du judaïsme, Paris
Du 27 septembre 2017
au 4 mars 2018
René Goscinny, au-delà du rire
À l’occasion du quarantième anniversaire
de la disparition de René Goscinny,
l’exposition, René Goscinny, au-delà du
rire, rend hommage au célèbre scénariste.
Dans ce cadre, la BnF prête
quarante-quatre planches originales
d’Astérix issues d’Astérix le Gaulois,
La Serpe d’or et Astérix chez les Belges,
trois albums donnés par Albert Uderzo
en 2011.
14 AUDITORIUMS HACKATHON CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
HACKATHON
2e ÉDITION !
Hackathon de la BnF Samedi 25
et dimanche 26
novembre 2017
BnF I François-Mitterrand
Programmation
culturelle
Plus d’infos sur bnf.fr
Samedi 25 novembre
14 h : lancement
du Hackathon et
conférence inaugurale :
« Le numérique dans
nos vies »
15 h – 18 h :
conférences et ateliers :
« Le citoyen et les
données numériques »
20 h - minuit : BnF’s
afterwork : remixes
d’extraits des collections
de la BnF par un collectif
de DJs
Dimanche 26
novembre
14 h – 16 h : scène
ouverte aux musiciens
du web sous la houlette
de PV Nova
12 h – 17 h : installation
sonore sur le thème
du paysage avec Arnaud
Sallé, compositeur
Dans le cadre de la Semaine
de l’innovation publique,
la BnF organise son 2e Hackathon.
Thème de cette édition : la musique.
Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un hackathon
? Réponse : un marathon de
vingt-quatre heures non-stop destiné à
inventer de nouveaux services ou usages
à partir d’images et de données, en l’occurrence
celles de la BnF. Cet événement
ne s’adresse pas qu’à des mordus
de la technique ! Tous ceux qui souhaitent
contribuer à l’effort de l’État en
matière de données ouvertes sont aussi
invités à partager leurs idées auprès de
développeurs (informaticiens, designers,
graphistes) qui leur donneront corps
sous forme de prototypes. Car si la
richesse d’un hackathon est bien de rassembler
une communauté éphémère aux
compétences variées, à la BnF, elle représente
aussi la volonté collective et désintéressée
de faire avancer la connaissance
plus vite et de manière plus connectée
aux besoins des usagers.
Mais le Hackathon de la BnF est aussi
une fête du numérique : l’occasion pour
tout un chacun de découvrir les données
de ses collections sur le son et la
musique, d’assister à des conférences et
à des ateliers afin de mieux comprendre
l’importance de ces données et les
usages que tout citoyen peut en faire,
d’assister à des concerts et des performances
sonores : le samedi, un collectif
Musique Conférences Making Concerts
de DJs et musiciens électro vous invitera
à danser sur des remixes constitués
à partir des fonds sonores de la BnF, et
le dimanche après-midi, la scène sera
ouverte aux musiciens du web sous la
houlette de PV Nova.
Quelles données la BnF met-elle
à disposition ?
La BnF met gratuitement à la disposition
du public l’ensemble des données
descriptives qu’elle produit dans le cadre
de la constitution et de la valorisation
de ses collections. Outre les catalogues
en ligne grâce auxquels chacun peut
faire une recherche, consulter et sauvegarder
ses résultats sous diverses formes,
sont apparues les APIs, ces fameuses
Application Programming Interfaces destinées
à récupérer automatiquement des
données à partir d’un programme informatique
distant qui communique avec
les serveurs de la BnF. Concrètement,
on vous donne le mode d’emploi et c’est
vous qui pilotez directement, sans passer
par l’interface homme-machine (ou
IHM) que constituent les sites web des
catalogues ou de Gallica.
Les utilisateurs de la BnF ont accès en
permanence aux réservoirs de données
et aux APIs correspondantes qui seront
accessibles durant le Hackathon.
Parmi ceux-ci, le catalogue général rassemble
14 millions de notices et décrit
les livres et journaux imprimés, les collections
iconographiques, les partitions
manuscrites et imprimées, les documents
audiovisuels (son, image animée,
jeux vidéo et logiciels). Le catalogue
BnF Archives et manuscrits décrit les
collections d’ouvrages écrits à la main
des origines à nos jours et les fonds d’archives
littéraires, dramaturgiques, historiques
ou scientifiques.
AUDITORIUMS HACKATHON 15
Avec plus de 4 millions de documents,
Gallica, la bibliothèque numérique de
la BnF, est l’une des plus importantes
du monde.
Enfin, Data, la plateforme de données
ouvertes de la BnF, regroupe sur une
même page web toutes les informations
dont elle dispose sur un titre, un auteur
ou un thème en exploitant les principes
du web de données. Un utilisateur physique
ou un ordinateur distant peuvent
ainsi récupérer des synthèses ou des
fichiers structurés leur permettant
ensuite de mieux se repérer dans les
autres ressources de la Bibliothèque.
Gallicarte
Le Hackathon de la BnF,
comment ça marche ?
La participation est libre et gratuite pour
les hackathoniens qui se rassembleront
dans le hall des Globes. L’inscription
au Hackathon se fait en ligne à partir
du 15 septembre 2017. Les participants
s’engagent à passer vingt-quatre heures
non-stop à la BnF (un espace de repos,
de restauration et des douches seront
mis à disposition !). À trois reprises
durant ces vingt-quatre heures, les
équipes (dix au total) présenteront leur
projet devant un jury pour un temps
d’échange. À l’issue des restitutions sera
remis le prix du Hackathon BnF, récompense
qui marque l’engagement de la
Bibliothèque à développer le projet lauréat
pour en faire un service permanent
offert aux usagers.
Autour de cet événement et durant tout
le week-end, une programmation culturelle
ouverte à tous sera proposée dans
le hall d’entrée : conférences et ateliers
autour du numérique, mais aussi
remixes, performances musicales et jeux
vidéo. Vous êtes les bienvenus !
Matthieu Bonicel, Direction générale
En haut
Hackathon 2016
À droite
Une illustration
du projet Gallicarte
Le premier prix du Hackathon
2016 a été décerné au projet
Gallicarte. Conformément à
l’engagement pris par la BnF, il
a été développé de façon à apporter
de nouvelles fonctionnalités
aux utilisateurs de Gallica.
Cet outil permet d’afficher sur une carte
les résultats d’une recherche effectuée
dans Gallica. La nouvelle fonctionnalité
permet de visualiser, par exemple,
l’ensemble d’un fonds photographique
géolocalisé sur une carte interactive en
présentant les documents et leurs métadonnées
issues du catalogue. Pour le
grand public, la carte comme mode
d’affichage est d’utilisation simple. Pour
les utilisateurs plus avertis, la carte
comme mode de visualisation peut faire
émerger des hypothèses de recherches.
Le prototype, développé en vingt-quatre
heures pendant le concours, proposait
des fonctions simples sur un corpus
documentaire relativement réduit.
L’engagement pris par la BnF était de
proposer ce mode de présentation des
résultats pour un grand nombre de
documents dans Gallica. Dans un premier
temps, des cartes thématiques
(gastronomie, événements sportifs,
monuments historiques, villes françaises…)
ont fait leur apparition dans
l’interface de la bibliothèque numérique.
Par la suite, de nouvelles fonctionnalités
comme la visualisation des
entités nommées (noms de personnes,
de lieux, d’organisations, dates) sur des
fonds de cartes récents ou anciens
seront accessibles depuis les pages de
résultats de requête. Enfin, des opérations
collaboratives avec les Gallicanautes
seront organisées pour améliorer
la précision des données présentées :
les utilisateurs pourraient aider à identifier
précisément le lieu de certaines
prises de vues ou retracer le parcours
d’un héros de roman. Gallica pourra
aussi proposer des services géolocalisés
comme des recueils d’affiches ou
de photos anciennes en fonction de l’endroit
de consultation. Ces nouveautés
seront disponibles dans Gallica à partir
de la fin de l’année.
Matthieu Gioux
Chef de produit Gallica
16 AUDITORIUMS HACKATHON
CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
Gallica Studio
Un filon à creuser
Avec plus de 4 millions de documents,
Gallica est une véritable mine pour
les hackathoniens. Certains pionniers
ne s’y sont d’ailleurs pas trompés
et s’approprient quotidiennement
ces fonds pour créer des réalisations
innovantes. Gallica Studio, nouveau
site de la BnF, a pour but de mettre
en valeur ces réalisations.
Inspiré par le développement des
démarches participatives et créatives
sur le web telles que le Rijsks Studio du
Rijsksmuseum Amsterdam, Gallica Studio
s’inscrit dans la continuité des premières
initiatives de la BnF en la
matière et offre une plateforme d’expression
inédite, qui rassemble et met
en contact la communauté des Gallicanautes.
Pour cela, le site se décline
en quatre rubriques aux objectifs complémentaires.
La boîte à outils
Elle accueille des outils de développement
de projet (écriture collaborative,
sondage, partage de documents…) et
fournit une documentation complète
sur les services en ligne de la BnF,
concernant par exemple data.bnf.fr ou
le meilleur moyen de réaliser une Gallicabox.
Les projets collaboratifs
Véritable cœur du site, cet espace souhaite
promouvoir les projets liés à Gallica.
Un article est consacré à chacun
de ces projets, tous accompagnés par
la BnF. Il revient sur leurs objectifs,
leurs besoins et les possibilités de participation
pour les autres Gallicanautes.
Les projets Gallicarte et « Que dirait
Diderot ? » de l’édition 2016 du Hackathon
de la BnF ont d’ailleurs vocation
à y figurer. Ils seront rapidement
rejoints par d’autres projets que les Gallicanautes
pourront soumettre.
La veille
Complémentaire de la démarche « Du
côté des Gallicanautes », rubrique du
blog Gallica, la veille contient différents
tutoriels de réutilisation de Gallica. Elle
illustre ainsi la créativité des Gallicanautes
en permettant aux utilisateurs
de suivre pas à pas leurs démarches de
création. De la confection de costumes
d’époque à la réalisation de maquettes
de la tour Eiffel, en passant par des tutoriels
plus techniques, cette rubrique sera,
à l’image des Gallicanautes, aussi variée
qu’enthousiasmante.
La résidence d’artiste
Cette dernière rubrique présente la
création d’un artiste à partir de l’univers
de Gallica. Elle permet également
des rencontres entre l’artiste et les Gallicanautes.
De ces regards croisés
autour de Gallica pourront ainsi naître
de nouvelles collaborations proposées
à l’ensemble des Gallicanautes.
Gallica Studio, c’est aussi et surtout un
espace ouvert et convivial qui n’attend
plus que vos projets pour prendre toute
son ampleur. Nous sommes donc impatients
de découvrir vos idées, à déposer
dans la rubrique « Proposer un projet
». Les orpailleurs, c’est vous !
Anne-Laure Michel
Département de la Coopération
À gauche
Pierre Van Rompaey,
Se faire chercheur
d'or ? Achetez plutôt
un billet de la Loterie
nationale,
affiche en couleur,
années 1950,
Le Bélier, Paris
Bibliothèque Forney
Prix
Phonurg
Prix Phonurgia Nova
Les samedi 23
et dimanche 24
septembre 2017
Samedi de 10 h à 20 h
Dimanche de 11 h à 20 h
BnF I François-Mitterrand
Petit auditorium
Rendez-vous annuel très attendu
des créateurs radiophoniques et
sonores, les prix Phonurgia Nova
sont nés à Arles en 1986, d’après
une idée de Pierre Schaeffer.
Ils célèbrent la « radio de création »
et la liberté de raconter le monde
avec et par les sons. L’édition
2017 met à l’honneur les auteurs
de fictions, de documentaires,
de captations ou de pièces
purement sonores.
Les prix Phonurgia Nova ont une
double vocation : d’une part, réaffirmer
sans cesse que le son est un médium
d’expression singulier du réel et de
l’imaginaire, et donc révéler la création
sonore et radiophonique la plus
contemporaine ; d’autre part, sensibi-
AUDITORIUMS PRIX PHONURGIA NOVA / CYCLE EINSTEIN
17
LA COSMOLOGIE
EST UN SPORT
DE COMBAT
Dans le cadre de
« Tous les savoirs »
L’université populaire
de la BnF
SCIENCES
Cycle de quatre
conférences
« Un siècle
de cosmologie :
d’Einstein
au Big Bang »
Les mardis 3
et 10 octobre, 7
et 14 novembre 2017
De 18 h 30 à 20 h
BnF I François-Mitterrand
Petit auditorium
ia Nova
liser les responsables culturels de tous
les pays à un domaine de la création
qui mérite d’être considéré, préservé et
valorisé, au même titre que l’écrit ou
d’autres arts de support comme le cinéma
ou la photographie.
Ingénieur, homme de radio et compositeur
français considéré comme le père
de la musique concrète, Pierre Schaeffer
a œuvré tout au long de sa carrière
pour la reconnaissance de cette « littérature
radiophonique ». Il serait heureux
de constater que son ambition est
partagée par une institution telle que
la BnF. En accueillant ce concours
international, la Bibliothèque a également
créé le prix Archives de la parole
pour récompenser les auteurs qui
s’aventurent sur les chemins tortueux
de la captation de la parole. Enregistrer
les voix et les silences du monde
est tout un art. Les 23 et 24 septembre,
cet art sera à la fête !
Marc Jacquin
Directeur de Phonurgia Nova
Toute l’actu des prix
www.phonurgianova.blog.
lemonde.fr
Facebook I Phonurgia
Nova Awards
www.phonurgia.org
Consultez les
archives sonores
de la BnF sur Gallica
gallica.bnf.fr >
enregistrements sonores
Archives sonores
www.sonosphere.org
Ci-dessus
Concert par T.S.F.,
Press photo,
Agence Rol, 1923
BnF, Estampes
et photographie
À droite
Adrien Barrère,
Herr Professor
Einstein ou
le Kolossal Relatif,
dessin, 1930
BnF, Estampes
et photographie
En 1917, Einstein étend à l’univers
sa théorie de la relativité générale
qui n’a alors que deux ans ; une
application qui semble aller de soi
mais pose nombre de problèmes
fondamentaux. Un nouveau
cycle de conférences décrypte cent
ans de cosmologie relativiste.
« J’ai encore commis quant à la gravitation
quelque chose qui m’expose au
danger d’être enfermé dans un asile
d’aliénés. » Cette phrase qu’écrit Einstein
à un ami en 1917 révèle déjà à quel
point la relativité générale, trop complexe,
sera peu appréciée. Car ce n’est
plus sur la scène newtonienne, cet
espace absolu, euclidien, que se joue
désormais notre destin matériel ; l’univers
lui-même devient partie du destin
universel. L’univers est à inventer !
Mais dans l’ombre de la théorie, la cosmologie
séduit assez largement les
experts car elle permet de mieux comprendre
la structure de la relativité, de
tester, de jouer avec des espaces-temps
très divers. Ainsi, on s’instruit, on entre
progressivement dans cette théorie
étrange, on en repère les structures possibles,
les limites, les questions.
Dès les années 1920 apparaissent aussi
les premières observations cosmologiques,
en particulier le décalage spectral
vers le rouge qui permettra de prouver
l’expansion de l’univers. Au plan
théorique, ce n’est encore qu’un sport,
mais un sport de combat auquel
s’adonnent de nombreux cosmologistes
tels que Willem de Sitter, Alexandre
Friedmann, Georges Lemaître, Howard
Percy Robertson. Néanmoins, les observations
s’imposent peu à peu ; la loi d’expansion
de Hubble est acceptée au tournant
des années 1930 et le fond diffus
cosmologique, ce rayonnement qui remplit
l’univers, prédit en 1948, est détecté
en 1965. Grâce à de nombreuses
observations, on contraindra la géométrie,
la composition de l’univers, on
comprendra l’origine des galaxies... Peu
à peu, la cosmologie va incorporer, mais
aussi permettre de tester, l’ensemble de
la physique atomique, nucléaire, quantique,
sans oublier la gravitation.
Jean Eisenstaedt
Directeur de recherche émérite au CNRS,
à l’Observatoire de Paris
Jean-Philippe Uzan
Directeur de recherche au CNRS,
à l’Institut d’astrophysique de Paris
18 AUDITORIUMS LITTÉRATURE JEUNESSE CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
Un grand rendez-vous
pour l’édition jeunesse
COUV 295_RLPE_COUVERTURE 07/06/17 11:10 Page1
Les 1 res Assises
de la littérature
jeunesse
Organisées par le
Syndicat national de
l’édition en partenariat
avec la la BnF - Centre
national de la littérature
pour la jeunesse (CNLJ)
Deuxième secteur économique
de l’édition française, la
littérature pour la jeunesse
est un domaine clé de la vie
littéraire. Ces 1 res Assises réunissent
professionnels de
l’édition, auteurs et bibliothécaires
; l’occasion d’un temps de
réflexion et d’échanges.
L’édition pour la jeunesse française est
l’une des plus dynamiques qui soient,
ce que le monde entier s’accorde à
reconnaître. Depuis quelques années
pourtant, ses auteurs souffrent d’une
réelle précarité, exacerbée par la « bestsellerisation
» et le rythme soutenu de
production. Si le développement du
marché numérique semble moins
menaçant que ce que l’on avait craint,
la fragilité de notre exceptionnel tissu
de librairies n’en est pas moins réelle.
Lundi 2 octobre 2017
De 9 h 30 à 18 h
Afin de documenter ces Assises, le
numéro de juillet de La Revue des livres
pour enfants a choisi de donner la parole
aux métiers de la littérature jeunesse.
Treize acteurs de la chaîne du livre
dressent donc un portrait de groupe de
l’édition jeunesse telle qu’elle s’invente,
se fabrique, se vend et se diffuse en
France.
La matinée de ces 1 res Assises sera
consacrée aux politiques éditoriales
avec plusieurs tables rondes. Les débats
se poursuivront l’après-midi autour des
problématiques de diffusion et de
médiation. Un rendez-vous nécessaire
et attendu.
Marie Lallouet
Département Littérature et art
BnF I François-Mitterrand
Grand auditorium
Ci-contre
Revue des livres pour enfants,
numéro 295, juillet 2017
BnF, Centre national de la littérature pour la jeunesse
JUIN 2017
295
Made in France
Centre national de la littérature
pour la jeunesse
Made in France
LA REVUE
DES LIVRES
Actualités
et nouveautés
du livre
POUR pour la jeunesse
ENFANTS
295
avril
2017
12 euros
Gallicadabra
La première application
de lecture sur tablette
à destination des enfants !
Ateliers enfants
de 0 à 13 ans
Cartes pop-up, gravure,
écritures médiévales...
Un univers de découvertes.
bnf.fr > Visites et ateliers
Fabricabrac
Une nouvelle application
pour jouer et créer
avec les collections !
Coin lecture
pour les enfants
Albums, contes, poésie,
théâtre, romans, bandes
dessinées… tout est en salle I
et accessible gratuitement !
cnlj.bnf.fr
Éditions
jeunesse
Des rééditions de livres
pour enfants, issus
des collections de la BnF.
editions.bnf.fr
AUDITORIUMS LÉON BLOY
19
LÉON BLOY
PARIA CÉLESTE
Table ronde Léon Bloy
Animée par
François Angelier
Avec Pierre Glaudes,
François L’Yvonnet,
Caroline de Mulder
Le centenaire de la mort de
Léon Bloy (1846-1917) est
l’occasion de (re)découvrir
un écrivain assoiffé d’absolu,
en guerre contre la médiocrité
bourgeoise de son époque,
porteur d’une langue puissante
et novatrice. François Angelier,
producteur de l’émission
Mauvais Genres à France Culture,
animera une table ronde qui
lui est consacrée.
Chroniques : Grand imprécateur,
catholique halluciné, Léon Bloy
est un peu un écrivain maudit ?
François Angelier : Oui. Il est affublé
d’une réputation totalement fausse et
nocive de vitupérateur anarchisant, antisémite,
ordurier, haineux… Léon Bloy
est généralement associé à des écrivains
dits « décadents » comme Hugues Rebell
ou Georges Darien. Il est grand temps
de revenir sur cette légende noire !
Jeudi 30 novembre
2017
De 18 h 30 à 20 h
BnF I François-Mitterrand
Petit auditorium
Ci-dessous
Léon Bloy,
1890
« On ne peut pas
être et avoir été.
– Vous vous trompez,
cher employé des Pompes
funèbres, et la preuve,
c’est qu’on peut
avoir été un imbécile,
et l’être encore. »
Léon Bloy,
Exégèse des lieux communs,
1902, p. 182
C. : Qu’est-ce qui parle à un lecteur
d’aujourd’hui dans ses textes ?
F. A. : D’abord sa langue ! Une langue
fin de siècle, orfévrée, riche, dense et
qui charrie toutes sortes de néologismes,
de formules acrobatiques. C’est un des
grands écrivains français, dans la lignée
à la fois de Joseph de Maistre et de
Rabelais. C’est surtout un des auteurs
les plus drôles qui soient ! Certains passages
du Désespéré ou de son Journal,
dans lesquels il évoque la banlieue, les
propriétaires et les curés, sont à mourir
de rire. Mais c’est aussi un théologien
de l’histoire, en tant que catholique
formé par Barbey d’Aurevilly et
le père Tardif de Moidrey à une interprétation
symbolique des événements
historiques. Pour lui, l’homme est dans
une nuit totale, il ignore absolument ce
qu’il en est de la vérité des faits, de la
valeur des êtres et de la nature de ce
qu’il vit. Et c’est la souffrance qui est
illuminatrice et révélatrice.
C. : Il y a une dimension sociale
très forte dans son œuvre…
F. A. : Au cœur de la méditation de Bloy,
il y a la figure du pauvre, qui est le
Christ, et les pauvres qui en sont les
reflets diffractés dans le monde. Il a eu
sous les yeux le spectacle d’une société
bourgeoise opulente dont il pointe
les gaspillages scandaleux : il est l’un
des rares écrivains avec Charles Péguy
à avoir pensé l’argent. C’est un homme
qui a vécu en marge, dans un grand
dénuement matériel, dans une sorte
d’exil bien qu’il ait toujours vécu à Paris
ou en banlieue. Il a été très tôt considéré
comme un personnage douteux,
marginalisé par le milieu littéraire et
contraint à vivre d’expédients dans la
précarité et la misère. C’était un paria,
mais un paria revendiqué puisqu’il se
voulait un « témoin de l’absolu », c’està-dire
de la vérité chrétienne et catholique.
Dans son Journal, il donne de la
Troisième République une vision hallucinée
de fosse aux monstres, de jungle
étrange et protéiforme, entre Jérôme
Bosch et Félicien Rops. Et c’est d’une
drôlerie renversante.
Propos recueillis par Sylvie Lisiecki
Délégation à la communication
À lire
Sueur de sang (1893)
Histoires
désobligeantes (1894)
Le Désespéré (1887)
La Femme pauvre
(1897)
Journal,1892-1917
(1999)
Dans les ténèbres
(1918) [posthume]
20 AUDITORIUMS CYCLE RELATIONS FRANCO-ITALIENNES / COLLOQUE DROIT(S) ET GASTRONOMIE
CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
Droit(s) & gastronomie
Colloque « Droit(s) et gastronomie »
sœurs
& rivales
France & Italie
Dans le cadre de
« Tous les savoirs »
L’université populaire
de la BnF
HISTOIRE
Cycle de conférences
« Les relations francoitaliennes
aux XIX e
et XX e siècles »
Un cycle de conférences sur les
relations entre la France et l’Italie
aux xixe et xxe siècles analyse
les rapports étroits qu’entretiennent
les deux pays à l’époque
moderne et contemporaine.
Les interactions entre ces voisines que
sont la France et l’Italie sont à la fois
tissées d’amitié et agitées par une forte
rivalité depuis une époque lointaine.
Elles ont pourtant nourri la vie artistique
et culturelle aussi bien que la
sphère politique et économique. Au fil
des siècles, ces multiples échanges ont
favorisé la constitution d’un fonds patrimonial
extrêmement riche qui concerne
toutes les disciplines académiques. Ce
cycle de conférences est l'occasion de
présenter le fonds, relativement peu
connu du grand public, tout en faisant
le point sur les événements clés qui se
sont produits aux xix e et xx e siècles et
ont façonné les relations franco-italiennes
de l'époque moderne.
Emanuela Prosdotti
Département Histoire,
philosophie, sciences de l’homme
Les vendredis
13 octobre,
17 novembre,
15 décembre 2017
BnF François-Mitterrand
Salle 70
De 18 h 30 à 20 h
Plus d’infos
dans l’agenda
Organisateurs
BnF, Institut de recherche
pour un droit attractif
(IRDA - université Paris
13), Centre de recherche
juridique Pothier (CRFJP –
université d’Orléans)
Vendredi 17 novembre
2017
De 9 h 30 à 18 h
BnF I François-Mitterrand
Petit auditorium
Après une première collaboration
très réussie entre la BnF et l’IRDA,
les organisateurs ont souhaité
continuer à confronter l’idée du
droit à celle de son environnement
social. Fédérateur par excellence,
le thème de la gastronomie
alimente les débats de cette année
en prenant appui sur les riches
collections de la BnF.
Comment définir la gastronomie ? Peutêtre
l’art de jouir, de manière raffinée,
de la fonction qui consiste à s’alimenter
; l’hédonisme de la bonne chère, en
quelque sorte. Confrontons-la au droit
et elle se présente d’abord comme un
élément du patrimoine, voire un art,
avant d’être un enjeu économique et
sociétal. En tant qu’art (même mineur),
en tant qu’élément du patrimoine culturel,
la gastronomie mérite-t-elle une
protection juridique ? Partie prenante
des échanges humains et des repas d’affaires,
dans quelle mesure est-elle prise
en compte par les droits de la distribution,
de la consommation, du travail ou
de la santé, et par les accords internationaux
encadrant la liberté du commerce
? Voici quelques-unes des interrogations
auxquelles ce colloque
tentera de répondre.
Géraldine Goffaux-Callebaut
Professeur de droit privé, université d’Orléans
Ci-dessous
Abraham Bosse, Les Cinq sens,
recueil, collection Michel Hennin,
estampes relatives à l’Histoire de France,
Paris, 1635
BnF, Estampes et photographie
Ci-contre
Tract de la Ligue des droits
de l’Homme et du citoyen, 1934
Archives départementales de l’Isère, Grenoble
AUDITORIUMS MASTER CLASSES / SOUSCRIPTION RICHELIEU
21
Bibliothèque nationale de France
Devenez mécène !
© Jean-Christophe Ballot / BnF / Oppic
+ À ÉCOUTER
EN LISANT,
EN ÉCRIVANT ¹
Dans le cadre
de « En scène »,
cycle de master
classes littéraires
BnF I François-Mitterrand
Petit auditorium
Mardi 26 septembre
2017
Amélie Nothomb
Mardi 17 octobre
2017
Geneviève Brisac
De 18 h 30 à 20 h
Lors d’une première série de master
classes, huit écrivains contemporains
sont venus évoquer, en 2017, leur relation
intime à l’écriture. Comment naît
un projet de roman ? Quel est le moteur
de l’écriture ? Pour qui écrit-on ? Telles
sont les questions qui ont été posées à
Yasmina Reza, Jean Echenoz, Maylis de
Kerangal ou Pierre Michon au cours
d’un entretien à bâtons rompus avec un
producteur de France Culture, différent
à chaque séance. Chacun s’est ainsi
confronté à la « fabrique » de son écriture.
En partenariat avec
France Culture et le
Centre national du livre
Plus de dates
dans l’agenda
Ci-dessus
Amélie Nothomb,
2016
1. Recueil de fragments
et de notes de Julien
Gracq, publié en 1980.
Editions José Corti
Ces entretiens, qui tentent de mettre au
jour le processus de création, sont
aujourd’hui disponibles sur bnf.fr/événements
et culture/conférences en ligne.
À l’occasion d’une nouvelle saison de
master classes, cet automne et au cours
du premier trimestre 2018, on pourra
découvrir les voix d’autres auteur(e)s ;
les premières invitées seront Amélie
Nothomb, Geneviève Brisac, Virginie
Despentes, Hélène Cixous et, dans le
cadre de la Foire du livre de Francfort,
Marie NDiaye et Atiq Rahimi.
Participez
à la restauration
du Cabinet du roi
à Richelieu
Chef - d’œuvre du XVIII e
FAITES UN DON
sur www.bnf.fr ou par chèque
e
Délégation au mécénat
58 rue de Richelieu
75002 Paris
01 53 79 48 51
richelieu@bnf.fr
partenaire de la souscription
22 VIE DE LA BNF JEAN-CLAUDE MEYER
CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
Ci-contre
Dîner des mécènes,
salle Labrouste
(site Richelieu),
juin 2017
Dîner des mécènes
Le mardi 6 juin, la BnF a tenu son
traditionnel dîner des mécènes dont le
bénéfice doit contribuer à financer cette
année la rénovation de la salle Ovale
(site Richelieu). Cette soirée, donnée en
présence de Françoise Nyssen, ministre
de la Culture, a rassemblé environ
250 couverts.
Depuis sa création, le dîner des
mécènes a permis l’entrée
de quelques pièces exceptionnelles
dans les collections de la BnF ; parmi
elles, on compte les Mémoires de
Casanova ou la partition pour chant
et piano des Troyens d’Hector Berlioz.
JEAN-CLAUDE MEYER
BIBLIOPHILE & MÉCÈNE
Depuis plus de quinze ans,
le Cercle de la BnF contribue
à l’acquisition d’œuvres patrimoniales
majeures. À l’occasion
du dîner annuel des mécènes
de la BnF, nous avons rencontré
son président, Jean-Claude Meyer,
banquier, bibliophile passionné,
amoureux d’Apollinaire et
des surréalistes.
Chroniques : Comment est née l’idée
d’un Cercle de mécènes ?
Jean-Claude Meyer : C’est Jean-Pierre
Angremy, alors président de la BnF, qui
a décidé de créer ce Cercle en 2000 à
l’occasion de l’acquisition des Mémoires
d’outre-tombe. Son intention était de rassembler
de grands mécènes – entreprises
ou personnes privées – qui
puissent contribuer aux acquisitions de
la BnF, que la loi Aillagon sur les trésors
nationaux a par ailleurs favorisées.
Les derniers à avoir rejoint notre conseil
d’administration sont Cédric de Bailliencourt,
vice-président du groupe
Bolloré, et Louis Gallois, aujourd’hui
président du conseil de surveillance de
PSA. Il est important d’avoir, dans ce
Cercle, des grands patrons de l’industrie
qui s’intéressent aux livres, et donc
à la BnF. Le cheminement passe d’ailleurs
souvent par la bibliophilie.
C. : Comme cela a été le cas pour vous ?
J.-C. M. : En effet, mes grands-parents
étaient membres des 100 bibliophiles
de la NRF et de nombreuses sociétés
de bibliophiles qui fleurissaient alors ;
je le suis moi-même un peu puisque j’ai
créé une société d’édition à but non
lucratif qui a pour vocation de marier
des artistes et des auteurs contemporains
de grande qualité (Lichtenstein,
Baselitz, Penone, Buren). Et puis, les
artistes rêvent d’argent et les banquiers
rêvent d’art…
C. : Quels sont vos goûts littéraires ?
J.-C. M. : J’aime autant Villon, Charles
d’Orléans que Barbey d’Aurevilly,
Proust, Camus ou Houellebecq. J’ai
aussi une prédilection pour les écrivains
surréalistes, probablement pour
ce qu’ils apportent de fantaisie et
d’imaginaire en contraste avec les
chiffres auxquels je suis confronté tous
les jours.
Lors du dîner des
mécènes, juin 2017
Laurence Engel,
présidente de la BnF,
Françoise Nyssen,
ministre de la Culture,
et Jean-Claude Meyer
C. : Parmi les œuvres dont vous avez
soutenu l’acquisition, en est-il une
pour laquelle vous avez une tendresse
particulière ?
J.-C. M. : L’acquisition du manuscrit de
Nadja d’André Breton, en 2016, est
dans le droit fil de mon goût pour le
surréalisme.
C. : Pourquoi un dîner annuel des mécènes ?
J.-C. M. : Nous avons eu l’idée de ce
dîner pour récolter des fonds et contribuer
au rayonnement de la BnF. Ensuite,
j’ai créé le prix de la BnF sur le modèle
des prix littéraires américains décernés
à la New York Public Library. Ce prix
récompense un auteur vivant de langue
française pour l’ensemble de son œuvre.
Le dîner des mécènes est très apprécié
par de grands lecteurs, des bibliophiles,
des galeristes (Thaddaeus Ropac,
Sébastien Petibon, Daniel Templon,
Jean-Gabriel Mitterrand…), des industriels
tels que Roederer, Lagardère ou
Hermès, des sociétés d’édition comme
Editis ou Hachette, Albin Michel,
Grasset.
Propos recueillis par Corine Koch
Délégation à la communication
VIE DE LA BNF PRIX DE LA BNF
23
« Mon seul but, c’est de mourir
en sachant encore le grec » Paul Veyne
Pour sa 9e édition, le prix
de la BnF a été décerné à
Paul Veyne, né en 1930, grand
historien de l’Antiquité
romaine, spécialiste des langues
anciennes et auteur d’une
œuvre considérable.
Chroniques : Quelles lectures
ont marqué votre formation
intellectuelle ?
P. V. : D’abord la lecture de la revue
de l’école des Annales¹ et puis le milieu
des historiens du Moyen Âge et des
Temps Modernes, qui, lui, était entré
dans la modernité. Et la lecture des
ethnographes : le fameux livre de Marcel
Mauss sur le don 2 a été déterminant
pour moi, pour comprendre tout
un pan de l’Antiquité, en particulier
le rôle des dons. Je me souviens que je
ne parlais que du potlach3 et mes professeurs
en Sorbonne me demandaient
en riant : « Mais enfin, qu’est-ce que
c’est le potlach ? »
C : Comment trouvez-vous vos sujets ?
P. V. : Quand je tombe sur un phénomène
où je me dis : « Tiens, ça ressemble…
La clef de ça, c’est probablement
cette chose que les sociologues
appellent… » Ou bien : « C’est un trait
original, il faudrait souligner que ça
existe. » C’est le sentiment d’une bizarrerie.
Pour reprendre le mot de Florence
Dupont, latiniste et helléniste : il
y a là un « écart ».
C : Existe-t-il un sujet pour lequel
vous avez éprouvé plus d’intérêt ?
P. V. : Celui que j’ai décrit pour ma
thèse sur le don dans la vie publique de
l’Antiquité romaine 4 ce que j’ai appelé
« le pain et le cirque » – ce sont des
dons faits au peuple. C’est aussi important,
et moralement plus important que
l’impôt. Imaginez que la France vive
plus du mécénat que de l’impôt sur le
revenu ! Il y avait là une masse de faits
qui étaient des exemples de dons, mais
nulle part on n’avait fait la théorie de
À lire
Et dans l’éternité
je ne m’ennuierai pas :
souvenirs, Paris,
Albin Michel, 2014
Palmyre, l’irremplaçable
trésor, Paris,
Albin Michel, 2015
La Villa des Mystères
à Pompéi, Paris,
Gallimard, 2016
Ci-contre
Paul Veyne, 2012
1. Annales. Économies,
sociétés, civilisations.
Paris, École des hautes
études en sciences
sociales, devenue
depuis Annales. Histoire,
sciences sociales
2. Essai sur le don.
Forme et raison
de l'échange dans les
sociétés archaïques,
paru en 1923 -1924
dans L'Année
sociologique, disponible
sur Gallica
gallica.bnf.fr/
3. Comportement
culturel fondé sur
un système de dons /
contre-dons dans
le cadre de partages
symboliques
4. Le Pain et le cirque :
sociologie historique d'un
pluralisme politique,
Paris, éd. du Seuil, 1976
l’ensemble. J’ai pu mettre ces petits faits
distincts sous un concept, celui du don
chez Marcel Mauss.
C. : Comment travaillez-vous
en général ?
P. V. : Comment je travaillais autrefois !
Depuis deux, trois ans, je ne peux plus,
j’ai quatre-vingt six ans. Actuellement,
mon seul but, c’est de mourir en
sachant encore le grec. Mais dans ma
façon de travailler, il y avait trois choses :
j’ai beaucoup de livres et j’ai presque
tous les textes, alors c’est le point de
départ. Ensuite, je possède tous les
manuels de base, essentiellement allemands
et anglais d’ailleurs, donc le travail
peut très bien être avancé. Quand
il fallait finir l’article ou le livre, je faisais
un séjour de quinze jours à Rome
parce qu’on y trouve la bibliothèque de
l’Institut archéologique allemand qui
possède, bien classés, tous les livres
d’Antiquité. C’est la plus belle bibliothèque
d’histoire ancienne et d’archéologie
du monde 5 .
C : L’Antiquité est pour vous un monde
« autre » ; qu’est-ce qui vous a paru
motivant au point de vouloir vous
y consacrer ?
P. V. : C’est ce que dit Florence Dupont,
le monde des « écarts », dans les deux
sens du mot. C’est un monde qui est
ailleurs ; aussi bien que les cultures primitives,
c’est un monde autre. Cette
altérité n’est pas seulement dans l’espace,
ce qui nous sépare dans l’espace
d’une tribu amazonienne actuelle ; c’est
cet écart total, métaphysique, angoissant
: le temps. Il y a peut-être l’idée de
la mort là-dedans, c’est un monde
mort ; pire, un monde aboli, une espèce
de sentiment métaphysique de ce qui
n’est plus. Ce monde autre fait des
écarts, à un autre sens du mot : il fait
des écarts de conduite avec nous. Il n’a
pas la même morale, pas la même religion.
Le grand effort est alors de « comprendre
», ce qui signifie ici non pas
« admettre », mais arriver à « exprimer
quelle est la différence ».
5. Le Deutsches
Archäologisches Institut
Propos recueillis par Vanessa Desclaux
Dpt. Philosophie, histoire, sciences de l’homme
24 VIE DE LA BNF BIBLIOTHÈQUE DE LA MAISON JEAN VILAR CHRONIQUES DE LA BnF Nº79
COLLECTIONS ARTAUD
25
Quand Artaud
jetait un sort à Hitler
Souvent exposés, publiés,
commentés, les sorts d’Antonin
Artaud sont bien connus.
Ils conservent toutefois une part
de mystère, qui tient autant à leur
nature souvent jugée délirante
qu’à leur forme inouïe. Acquis
lors de la vente organisée par
la famille d’Artaud en janvier 2017,
le plus emblématique d’entre
eux, le « Sort à Hitler », a rejoint
les collections du département
des Manuscrits.
Artaud écrit ses premiers sorts épistolaires
depuis l’Irlande, en 1937. Tantôt
protecteurs tantôt mortifères, ils
conjuguent les effets graphiques de
l’écriture (majuscules, soulignement,
couleurs), le soin apporté à la mise en
page, la violence imprécatoire et la perforation
du papier. De cette période
datent les sorts à Lise Deharme
(romancière, poétesse et muse du surréalisme)
et à Jacqueline Breton
(peintre et plasticienne), aujourd’hui
conservés à la Bibliothèque littéraire
Jacques Doucet. Les sorts composés
par Artaud depuis l’hôpital de Ville-
Evrard se caractérisent, quant à eux,
par une gradation de la violence par
rapport aux précédents. Témoins de la
révolte artistique, métaphysique et existentielle
du poète, ils constituent une
force d’agression généralisée, dont
Artaud expliquera la signification en
février 1947 : « Le but de toutes ces
figures dessinées et coloriées était un
exorcisme de malédiction, une vitupération
corporelle contre l’obligation de
la forme spatiale, de la perspective, de
la mesure, de l’équilibre, de la dimension,
et à travers cette vitupération
revendicatrice, une condamnation du
monde psychique incrusté comme un
morpion sur le physique qu’il incube
ou succube en prétendant l’avoir formé.
J’en étais en 1939 à ma deuxième année
d’internement, et bien que parfaitement
sain d’esprit je me voyais maintenu
à vie dans les asiles d’aliénés français
[…] Et les figures donc que je
faisais étaient des sorts – que je brûlais
avec une allumette après les avoir
aussi méticuleusement dessinés. »
Après la série des sorts au docteur Léon
Fouks, médecin à Ville-Evrard, à Sonia
Mossé (BnF, Manuscrits) et à Roger
Blin (BnF, Manuscrits), datés de mai
1939, Artaud jette un sort à Hitler, au
mois de septembre. Jamais envoyé, il
se compose d’une lettre, accompagnée
de son enveloppe, dans laquelle il est
fait référence à une prétendue rencontre
à Berlin, en 1932, au moment
À gauche
Antonin Artaud,
« Sort à Hitler »,
septembre 1939
BnF, Manuscrits
Ci-dessus
Antonin Artaud,
par Man Ray,
1926
où Artaud y tourne Coup de feu à l’aube
de Serge de Poligny : « Cher Monsieur,
Je vous avais montré en 1932 au Café
de l’Ider à Berlin, l’un des soirs où nous
avons fait connaissance et peu avant
que vous ne preniez le pouvoir, les barrages
[que j’avais] établis sur une carte
qui n’était pas qu’une carte de géographie,
contre une action de force dirigée
dans un certain nombre de sens
que vous me désigniez. Je lève
aujourd’hui Hitler les barrages que
j’avais mis ! Les Parisiens ont besoin
de gaz. Je suis vôtre, Antonin Artaud. »
Le verso porte le post-scriptum et les
éléments graphiques du sort : « P.S. :
Bien entendu cher Monsieur, ceci est
à peine une invitation : c’est surtout un
avertissement. S’il vous plaît, comme
à tout Initié, de ne pas en tenir compte,
à votre aise. Je me garde. Gardez-vous !
La purulence des Initiés Français a
atteint au paroxysme du spasme, d’ailleurs,
vous le savez. »
Avec les Avis aux masses et aux initiés,
également acquis lors de la même vente,
les trois sorts conservés au département
des Manuscrits constituent le plus
important ensemble d’écrits magiques
d’Artaud conservés dans une collection
publique.
Guillaume Fau
Département des Manuscrits
26 COLLECTIONS ÉCRANS À MAIN DU XVIII E SIÈCLE
CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
Insolites écrans
1. Des estampes non
découpées des XVII e
et XVIII e siècles destinées
à être collées sur ces
écrans sont conservées
au département
des Estampes et de
la photographie
Ni livre, ni estampe, ni médaille,
cet objet tient un peu de ces
trois catégories à la fois.
La BnF en a acquis plusieurs
récemment et en conserve
une vingtaine en tout.
En Europe, à partir du XVII e siècle, cet
accessoire servait à protéger de la chaleur
du feu le visage de celui ou celle
qui était assis(e) auprès d’une cheminée.
Au XVIIIe siècle, on en comptait
plusieurs douzaines réparties dans les
pièces à vivre des palais, des demeures
aristocratiques et des appartements
bourgeois. Sa feuille de carton fixée sur
un bâton, que l’on tenait à hauteur des
yeux, portait souvent à l’avers et au
revers des textes et des images imprimés
destinés à instruire ou à divertir
son usager. Hier, objet utilitaire et
« jetable » de la vie courante ; aujourd’hui,
objet d’art de la plus grande rareté.
Son nom ? « Écran à main » ou « petit
écran », par opposition à l’écran sur pied
qui se dresse devant la cheminée.
Les écrans exceptionnels du XVIIIe siècle
conservés à la BnF – aux départements
des Arts du spectacle, des Cartes et
plans, des Estampes et de la photographie
ainsi qu’à la Bibliothèque-musée
de l’Opéra –, attestent que cet objet
mérite d’être appréhendé comme un
document historique de premier plan¹,
un médiateur original de la transmission
du savoir et un accessoire primordial
de la sociabilité des classes aisées.
La diversité des domaines traités sur
ses deux faces (souvent organisés en
séries encyclopédiques de plusieurs
écrans sur un même sujet) reflète la
variété des centres d’intérêt de ses utilisateurs
: géographie, histoire, littérature,
théâtre, musique... Enfin,
des artistes tels que Watteau, La Joue,
Boucher, Le Prince, Peyrotte, ainsi que
des ornemanistes et des illustrateurs
contemporains comme Huquier, Gravelot
ou Eisen ont exercé leur talent sur
des estampes conçues pour ces écrans,
dont la poésie demeure intacte et puissante
par delà les siècles.
Nathalie Rizzoni
Université Paris-Sorbonne
N. Rizzoni prépare une monographie sur
ces écrans méconnus et projette d’organiser
une exposition pour les faire découvrir
Ci-dessus
Écran à main, décoré
d’une scène de la
comédie en trois actes
Les Moissonneurs
de Charles-Simon
Favart et C.-H. de
Fusée de Voisenon
(musique d’Egidio
Duni), représentée
pour la première fois
le 27 janvier 1768 par
les Comédiens Italiens
ordinaires du Roi
Avers : fond à décor
gouaché et gravure
en taille-douce
rehaussée en couleurs
Revers : fond à décor
gouaché représentant
des ornements avec
un extrait du livret
Paris, entre 1768
et 1789
BnF, Arts du spectacle
COLLECTIONS GÉRARD MACÉ
27
Un poète voyageur
En 2016 et 2017, Gérard Macé a
fait don au département des
Manuscrits de la correspondance
qu’il a reçue et des carnets tenus
entre 1978 et 1993, seuls brouillons
subsistant de son œuvre littéraire.
Depuis 1974, il compose une œuvre
poétique, écrit des essais et des traductions.
Récemment, il a également publié
trois volumes de Pensées simples chez
Gallimard (2011-2016). De l’élaboration
de cette œuvre ne subsistent que
peu de traces, l’utilisation de l’ordinateur
ayant, à partir de 1997, effacé les
avant-textes et autres brouillons chers
aux généticiens. Des livres des vingt premières
années cependant, Gérard Macé
a conservé des carnets qui mettent en
évidence sa méthode de rédaction, souvent
fluide, d’un seul jet, comportant
malgré tout quelques repentirs ou
poèmes inédits.
Ses carnets témoignent de centres d’intérêt
variés. Leçon de chinois (1981), Le
Dernier des Égyptiens (1989), ou encore
Choses rapportées du Japon (1993) disent
bien sa fascination pour d’autres
cultures, d’autres écritures, tandis que
L’Autre Hémisphère du temps (1995)
transporte le lecteur dans l’Amérique
de Magellan et Vasco de Gama. Son
intérêt pour les signes, notamment,
transparaît dans sa façon d’aborder ces
cultures à travers leurs langues – vocabulaire
japonais, hiéroglyphes égyptiens
accompagnés de leur signification...
Ci-dessus
Gérard Macé,
2016
Ci-contre
Gérard Macé,
Où grandissent
les pierres,
kanji, 1985
BnF, Manuscrits
daut), de traducteurs, d’éditeurs (Bruno
Roy, Jean-Jacques Pauvert, Pierre
Seghers) et de photographes (Henri
Cartier-Bresson, Willy Ronis) est représenté
ici, dessinant le paysage en creux
des activités éclectiques de Gérard
Macé ainsi que de ses amitiés. La correspondance
avec Serge Boucheron, qui
fut son professeur de philosophie avant
de devenir un ami cher, est particulièrement
abondante.
Par sa diversité et son ampleur, cet
ensemble offre ainsi à l’étude tout un
pan de la création littéraire et artistique
du XX e siècle.
Anne Verdure-Mary
Département des Manuscrits
Depuis 1997, Gérard Macé est également
photographe, même si cet aspect
de son œuvre n’apparaît pas dans le
fonds. En revanche, sa correspondance
rend compte de l’ensemble de ses activités
littéraires et artistiques : tout un
réseau d’écrivains (Louis Aragon, François
Cheng, Jacques Réda, Jean Rou-
28 COLLECTIONS PRIX NIÉPCE
CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
OLIVIER CULMANN
L’EXOTISME DU REGARD
Le 18 mai dernier, Nathalie
Bocher-Lenoir, présidente
de l’association Gens d’images,
a remis le prestigieux prix Niépce
au photographe Olivier Culmann
sur le site Richelieu de la BnF.
Olivier Culmann, né en 1970, est
membre du collectif de photographes
Tendance Floue depuis 1996. En une
vingtaine d’années, il a accompli une
trajectoire exemplaire où se lit l’exigence
à la fois éthique, esthétique et
politique inhérente à tout travail documentaire
au long cours. Ce parcours se
caractérise également par une attention
aiguë portée au pouvoir subversif de
l’image.
Le travail d’Olivier Culmann révèle
avant tout un « exotisme du regard ». En
effet, son œuvre s’articule autour d’une
exploration de l’espace photographique,
où les notions de champ, contre-champ
et hors-champ peuvent servir de grille
de lecture, et d’une recherche sur la
figure de l’autre. Par sa démarche, il
interroge sans cesse la liberté et le
conditionnement du regard, ainsi que
notre réception des images.
Dans les années 1990, il renouvelle la
vision documentaire avec Une vie de poulet,
mise en regard de deux reportages
engagés ; l’un sur une chaîne industrielle
de volailles, l’autre sur les derniers
appelés du contingent.
Au lendemain du 11 septembre 2001,
la série « Autour, New York » souligne
son intérêt pour le contrepoint critique
vis-à-vis d’une actualité brûlante : il
délaisse en effet le spectaculaire des
ruines du World Trade Center pour les
expressions de sidération qu’elles provoquent
sur les visages des Américains
et des touristes.
Ci-dessus
Olivier Culmann,
« The Others »,
2009-2014
C’est à la faveur de « Hors sol », série
réalisée à l’ambassade de France de
New Delhi et exposée à la BnF en 2010,
qu’Olivier Culmann réfléchit à la porosité
des lieux comme des identités. Ainsi,
avec « The Others », c’est son corps
d’Occidental grimé selon les codes vestimentaires
indiens qui devient le terrain
d’une réflexion plus large sur les
fantasmes sociaux et l’altérité.
Il y a fort à parier que le photographe
saura nous surprendre encore dans le
cadre de sa collaboration avec le laboratoire
Picto, partenaire du Prix Niépce,
qui lui propose de concevoir un objet
photographique inédit, destiné entre
autres à enrichir la collection de photographie
contemporaine de la BnF.
Héloïse Conésa
Département des Estampes
et de la photographie
ACTUS DU NUMÉRIQUE BIBLIOTHÈQUE FRANCOPHONE NUMÉRIQUE 29
Une bibliothèque pour
274 millions de francophones ¹
Au fil d’une lente expansion
qui a gagné toutes les régions
du monde, la langue française
a rapproché les peuples, lesquels
ont tissé des relations aussi riches
de convergences que de tensions.
Entrer dans la Bibliothèque
francophone numérique, c’est
tourner les pages de cette histoire
et feuilleter l’album de famille
de la francophonie.
Grâce à cette bibliothèque numérique,
que l’on pourrait qualifier de « Gallica
des Francophones », l’internaute accède
à des milliers de pages, de photographies,
d’affiches, de cartes et de journaux
physiquement dispersés dans les
1 : chiffre OIF
Site de la Bibliothèque
numérique
francophone
http :// rfnumbibliotheque.org
Site du Réseau
francophone
numérique
www.rfnum.org
bibliothèques de différents pays francophones.
Les fonctionnalités de cette
bibliothèque reposent sur le savoir-faire
technologique (numérisation, indexation,
mise en ligne) acquis depuis vingt
ans grâce à Gallica et partagé par la
BnF avec les membres du Réseau francophone
numérique (RFN).
Ce portail, qui a reçu le soutien de l’Organisation
internationale de la Francophonie
(OIF), a été dévoilé lors de son
lancement officiel à Bruxelles en avril
dernier. Si cet outil est encore en phase
de développement, il réunit déjà un millier
de documents issus de nombreuses
bibliothèques nationales (Belgique,
Canada, France, Luxembourg, Maroc,
Québec, Suisse) mais aussi de bibliothèques
patrimoniales en Haïti (Bibliothèque
haïtienne du Saint-Esprit), à
Madagascar (Bibliothèque et archives
universitaires d’Antananarivo) et au
Sénégal (Institut fondamental d’Afrique
noire de l’université Cheikh Anta Diop).
Une sélection de corpus géographiques
et thématiques est présentée par des
personnalités du monde de la recherche
francophone, telles que le linguiste français
Alain Rey. Cette collection a vocation
à s’enrichir progressivement et à
illustrer l’histoire polyphonique, souvent
heurtée mais toujours féconde,
d’une communauté linguistique en
pleine expansion.
Franck Hurinville
Délégation aux relations internationales
30 INTERNATIONAL PORTAIL DES BIBLIOTHÈQUES D'ORIENT
CHRONIQUES DE LA BnF Nº80
LE PATRIMOINE
DOCUMENTAIRE
UN TRAIT D’UNION
ENTRE ORIENT & OCCIDENT
Bibliothèques d’Orient
Huit institutions partenaires
à l’ouverture du site
Bibliothèque nationale de France
(Paris), Institut français d’archéologie
orientale et Institut dominicain d’études
orientales (Le Caire), Centre d’études
alexandrines (Alexandrie), Institut
français du Proche-Orient et
Bibliothèque orientale de l’université
Saint-Joseph (Beyrouth), École biblique
et archéologique française (Jérusalem),
Institut français d’études anatoliennes
(Istanbul).
Un site trilingue
(français, arabe, anglais)
Près de 7 000 documents exceptionnels
en ligne et beaucoup d’autres à venir.
Cent textes rédigés par des
universitaires, scientifiques
et conservateurs pour éclairer
les thématiques et contextualiser
les documents.
Réalisé grâce au soutien de la Fondation
d’entreprise Total et du groupe Plastic
Omnium.
Fruit d’une collaboration de
la BnF avec sept bibliothèques
patrimoniales et de recherche
implantées au Proche-Orient,
le site Bibliothèques d’Orient
a pour ambition de sauvegarder,
réunir et valoriser un patrimoine
documentaire aussi exceptionnel
et menacé que le patrimoine
architectural. Il rassemble des
collections uniques et encore
peu connues qui témoignent
de la richesse des interactions
entre l’Orient et l’Occident
depuis plusieurs siècles.
Destiné aussi bien à la communauté
scientifique qu’au grand public, le site
Bibliothèques d’Orient s’intéresse principalement
aux pays qui bordent la côte
orientale de la mer Méditerranée, avec
un corpus couvrant la période des
années 1800 à 1945. Son contenu est
encadré par un conseil scientifique qui
réunit, aux côtés de Laurence Engel,
présidente de la BnF, des universitaires
et chercheurs de renommée internationale,
parmi lesquels Henry Laurens
(professeur au Collège de France, titulaire
de la chaire d’histoire contemporaine
du monde arabe), Sophie Basch
(professeur de littérature française à
l’université Paris-Sorbonne), Sylvie
Aubenas (directrice du département des
Estampes et de la photographie, BnF)
et Françoise Hours (chef du service des
Littératures du monde, responsable
scientifique, BnF). L’internaute découvrira
ainsi, grâce à six rubriques thématiques,
un vaste fonds de documents
remarquables mais encore confidentiels,
car dispersés dans différents pays et institutions.
Parmi eux, on trouve des archives
diverses : de précieux manuscrits
hébreux ; deux recueils de livres liturgiques
syriaques des XIe et XVIIe siècles,
restaurés dans le cadre du projet ; des
cartes ouvrant de nouvelles perspectives
quant à l’histoire sociale et économique
de la Turquie. À découvrir aussi, les
ancêtres des Guides Bleus ou les dessins
préparatoires de la Description de l’Égypte,
un recueil dont 800 planches inédites
sont conservées uniquement par la BnF,
ou encore des albums photographiques
originaux. Autant de documents qui
invitent d’un simple clic à la connaissance
et à l’imaginaire.
Ci-dessus
Nicolas-Jacques Conté,
Le Caire, vue de la
mosquée du sultan
Hassan, 1798-1809,
aquarelle et crayon
BnF, Estampes
et photographie
Site Bibliothèques
d’Orient
heritage.bnf.fr/
bibliothequesorient/
homepage
Bibliothèques d’Orient est amené à
s’enrichir dans les mois à venir grâce à
de nouvelles contributions en France
et à l’étranger. Mais la vaste collection
documentaire du site offre déjà de nouvelles
opportunités de recherches. En
comparant quatre traductions du Coran
par Albert Kazimirski, lexicographe et
traducteur du XIXe siècle, on vient par
exemple de découvrir que le verset 19
de la sourate 87 de l’édition de 1840
remplace curieusement par « Jésus »
l’« Abraham » du texte arabe, ce que corrige
la traduction révisée de 1841.
En contribuant à préserver et valoriser
ce patrimoine culturel plurimillénaire,
la BnF s’inscrit pleinement dans ses
missions de coopération, de conservation
et de recherche, en accord avec les
conclusions de la Conférence internationale
sur la protection du patrimoine
en péril (Abou Dhabi, 2016 ) et de sa
déclaration : « Miroir de notre humanité,
gardien de notre mémoire collective
et témoin de l’extraordinaire esprit de
création de l’humanité, le patrimoine
culturel mondial porte en lui notre avenir
commun. »
Stéphane Chouin
Délégation aux relations internationales
LIVRE BnF
31
Une nouvelle collection
« Les Orpailleurs »
Les pépites littéraires
de la Bibliothèque
nationale de France
Les éditions de la BnF lancent
une collection littéraire issue
des fonds de la Bibliothèque.
Des textes d'anticipation
visionnaires, aux confins
de la littérature de genre,
qui suscitent le double plaisir
de la découverte et de la lecture.
L’Énigme de Givreuse,
suivi de La Haine surnaturelle,
J.-H. Rosny aîné
Présentation de Roger Musnik
160 pages, 12,50
Parution : 19 octobre 2017
Réédition d’un roman de 1917
Un chalet dans les airs,
Albert Robida
Présentation de Roger Musnik
192 pages, 13
Parution : 19 octobre 2017
Réédition d’un roman de 1925
La Grande Panne,
Théo Varlet
Présentation de Roger Musnik
224 pages, 13
Parution : 19 octobre 2017
Réédition d’un roman de 1930
Le Grand Armorial équestre
de la Toison d’or,
Michel Pastoureau
et Jean-Charles de Castelbajac
24 x 32 cm, 256 pages,
180 illustrations, 49
Parution : 2 novembre 2017
Coédition BnF et Seuil
Cet ouvrage est une réédition à l’identique
d’un manuscrit médiéval peint
à la gouache sur papier, au milieu du
XVe siècle, représentant les membres
de l’ordre de chevalerie de la Toison
d’or. Il est précieusement conservé à
la Bibliothèque de l’Arsenal au titre
de trésor national depuis le XVIIIe siècle.
L’expressivité des figures équestres, la
fougue des cavaliers, l’audace des
cimiers, la somptuosité des couleurs, la
beauté flamboyante de l’ensemble : tout
invite à ouvrir la réflexion sur un univers
artistique. Ce fac-similé est enrichi
du double regard que portent sur cette
pièce exceptionnelle Michel Pastoureau,
historien de l’art, spécialiste des
emblèmes et auteur de nombreux
ouvrages sur la couleur, et Jean-Charles
de Castelbajac, prestigieux créateur de
mode, passionné par l’art héraldique.
chroniques.bnf.fr
Chroniques de la Bibliothèque nationale de France
est une publication trimestrielle
Présidente de la Bibliothèque nationale de France
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Stipa ISSN : 1283-8683
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Ont collaboré à ce numéro
François Angelier, Alain Carou, Héloïse Conésa,
Sarah Barbedette, Raphaële Bertho, Elina Brotherus,
Stéphane Chouin, Sabine Delcour, Vanessa Desclaux,
Pénélope Driant, Jean Eisenstaedt, Guillaume Fau,
Géraldine Goffaux-Callebaut, Franck Hurinville, Laurent
Kronental, Marc Jacquin, Marie Lallouet, Michel Poivert,
Emanuela Prosdotti, Nathalie Rizzoni, Jean-Philippe Uzan,
Anne Verdure-Mary
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p. 6 : S. Ristelhueber © ADAGP, Paris 2017 – p. 8 : © J.
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