MAGAZINE Early Birds alcoolisée. Mais le houblon n’est pas forcément un ravito de choix et, rapidement, ils lâchent l’affaire, hilares. Pour nous, c’est la rive droite qui sert d’apéritif. Trois kilomètres à déambuler dans les artères les plus recluses du quartier Saint-Paul. Découverte de voies jusque-là ignorées, un petit bonheur de « coureur archéologue ». Seul regret : il fait déjà quasiment jour. Éric le confirme : « Je préfère l’hiver. En ce moment, on se retrouve finalement avec une ambiance trop proche de ce qu’on vit en pleine journée, la circulation en moins ! » AVANT LA FUREUR DU JOUR Le bruit de la vingtaine de chaussures qui claquent contre le pavé fait office de métronome à l’attaque de l’île de la Cité. Dans le « peloton », ça discute. Course à pied, essentiellement. Vous avez déjà entendu un troupeau de coureurs lâchés ensemble parler d’autre chose, vous ? Entre le marathonien express en moins de trois heures et celui qui peine un peu à suivre à 10 km/h, on trouve de tout, ici. Salut rapide à Notre-Dame avant À cette heure-là, aucun souci pour traverser en toute quiétude le boulevard des Invalides. Avec le jour, la circulation s’intensifie. Mais, dans les petites rues, on a encore un peu l’impression que Paris nous appartient… de virer à gauche pour neuf kilomètres touristiques à souhait. Au passage, on évite de « manger » un camion arrivant en sens inverse, dans un virage, en guise de petit-déjeuner. Coup d’œil à l’arrière, a priori, tout le monde est encore là, on peut donc continuer. Invalides, musée d’Orsay, quais de Seine, Saint-Germain-des-Prés, une « ascension » de la montagne Sainte-Geneviève jusqu’au Panthéon… Certains en profitent pour s’offrir un sprint en côte, quand la majorité préfère maintenir son train sénatorial. La circulation s’intensifie, le jour est maintenant bien installé mais, dans les rues prises à contresens, on a encore un peu l’impression que Paris nous appartient. Footing tranquille pour coureurs apaisés, le bruit et la fureur, ce sera pour un peu plus tard. De retour rive droite, rencontre avec un nouveau spectateur. Au jugé, au moins 2 grammes. Et un bel enthousiasme éméché ! « Allez, plus vite, faut courir ! Allez, bande de fainéants ! » On a connu supporter plus encourageant ! Nouvelle opération zigzag dans des petites rues. Les voitures ont repris le pouvoir, le duel est inégal, le troupeau retrouve les trottoirs. Petite virée sur une place des Vosges encore assoupie. Le serveur d’un bar prépare les tables, pas vraiment surpris par la meute fluo qui débarque devant lui. Quelques sansabri dorment sous les arcades, on allège les foulées pour ne pas les réveiller. L’ange de la Bastille en ultime témoin de l’aventure, il est un peu plus de 6 h 30, mission accomplie. Quelques coureurs filent partager un rapide café-croissant, les autres s’enfuient en direction de leur douche, échangeant leur panoplie de coureur des aurores contre celle de travailleur. La journée peut commencer. Une seconde fois… 50 // JOGGING international // AOÛT <strong>2017</strong>
Challenge de la convivialité