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Les juifs<br />
Leur sort?<br />
L<br />
es<br />
juifs ont, en cette période, connu des horreurs<br />
inexprimables. Pendant l'occupation, nombreux rejoignaient la<br />
région Lyonnaise pour éviter la mort et la torture. Avec eux, de<br />
multiples associations juives de résistance.<br />
Lyon devient, alors, le centre de la Résistance française par<br />
toutes ces associations contre le gouvernement en place.<br />
Les Juifs avaient une vie de terreur. Ils ne pouvaient plus faire grand-chose, aller au parc,<br />
faire leurs courses, aller à la piscine... De plus, la majorité des administrations ou des<br />
entreprises n'hésitaient pas à alerter la milice et la Gestapo de leur présence au sein de<br />
leur secteur... Menant à de violentes arrestations comme celle de Karine Grunebaum qui<br />
s'exprime pour le journal Paris Match en 2012 sur ce moment de sa vie :<br />
"le 28 février, ma soeur aînée, engagée dans la Résistance, nous prévient d’arrestations<br />
imminentes. Dès le lendemain, mon père emporte nos affaires dans une maison<br />
abandonnée, dans la montagne. Comme beaucoup des Juifs polonais, il a déjà fui les<br />
pogroms dans les années 20. Hélas, nous différons notre départ et je suis réveillée par des<br />
cris : « Ouvrez, ouvrez, vous êtes faits. » Je me souviens de l’angoisse de mon père : «<br />
vite, vite, Marceline, ils sont là. » Levée précipitamment, je cours à perdre haleine. Ma mère<br />
et ma soeur s’échappent dans le jardin. Mon père et moi arrivons jusqu’à la porte dérobée<br />
qui donne sur les bois. Je tire le verrou. « Ça y est papa, nous sommes sauvés ! » Mais<br />
un milicien français se tient derrière nous et, revolver au poing, frappe mon père à toute<br />
volée. Je reçois des claques, des coups. Plus tard, ce même milicien tentera de me violer.<br />
« Il est interdit de toucher à cette sale race », menacera un officier allemand. Nous sommes<br />
envoyés à Drancy. Là-bas, les conditions de vie sont dures, mais je vois mon père tous les<br />
jours et je me fais une amie, Françoise Franck. L’enfer nous attend à Auschwitz- Birkenau<br />
où après trois jours entassés dans des wagons à bestiaux, je suis séparée de mon père.<br />
Françoise me conjure de ne pas monter avec les gens « fatigués »<br />
Ce sont ceux qui finiront gazés. Nous traversons des chemins sans fin, puis nous arrivons<br />
aux baraquements du camp. Parmi une foule de femmes nues, une Polonaise tatoue<br />
brutalement un matricule sur mon avant-bras : le 78750. La brûlure me torture. J’ai 15 ans<br />
et je deviens ce numéro qui m’obsédera toute ma vie : « achat und siebzig tausend sieben<br />
hundert fünfzig ». Françoise Franck, qui ne reviendra pas, subit le même traitement. Elle<br />
négocie les bouts de pain, que la fièvre m’empêche d’avaler, contre des cachets d’aspirine.<br />
Simone Veil est avec nous."<br />
Elle est, comme beaucoup d'autres à cette époque, frappée, mutilée et tatouée de ce<br />
nombre indélébile, son matricule !<br />
LES JUIFS