Simone Pheulpin - "un monde de plis" - Livre
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Œuvres<br />
Falaise : ici la terre se lit comme <strong>un</strong> livre qu’on découvre sur sa tranche avant<br />
<strong>de</strong> l’effeuiller... Anfractuosité, où le regard se perd ; Croissance qui procè<strong>de</strong><br />
d’<strong>un</strong> mouvement inverse et semble faire la synthèse entre toutes les sortes<br />
<strong>de</strong> plis où elle excelle, compact, ligneux comme la coupe d’<strong>un</strong> tronc agressé<br />
sur les pourtours. Ces pièces sont comme <strong>de</strong>s hauts-reliefs juxtaposés, <strong>de</strong>s<br />
bifaces, <strong>de</strong>s pièces qui se lisent dans <strong>un</strong>e relation à la frontalité ; ce sont les<br />
plus fréquentes. Mais il existe aussi <strong>de</strong>s pièces qui méritent hautement le<br />
titre <strong>de</strong> sculptures tant elles s’élèvent du sol. Babel, À Pompéi se présentent<br />
comme <strong>de</strong>s monolithes, la ligne <strong>de</strong>s plis qui les constituent forme <strong>un</strong>e sorte<br />
<strong>de</strong> spirale montante.<br />
Sous nos pieds mais partout autour, l’<strong>un</strong>ivers géologique nous offre ses<br />
richesses pour vivre et constitue la première <strong>un</strong>ité dans l’échelle <strong>de</strong> l’espace.<br />
L’infiniment petit comme l’immensément grand se ressemblent. Microcosme<br />
et macrocosme sont reflets l’<strong>un</strong> pour l’autre et, dans son travail, <strong>Simone</strong><br />
<strong>Pheulpin</strong> semble saisir le moteur d’expansion qui les anime ; ses sculptures<br />
sont <strong>de</strong>s formes qui ne semblent jamais achevées tant elles se compénètrent<br />
dans <strong>un</strong> mouvement qui semble infini, dynamique. La terre évoquée par<br />
<strong>Simone</strong> <strong>Pheulpin</strong> n’est donc jamais chtonienne 28 . La terre ne recèle pas <strong>de</strong>s<br />
gouffres remplis <strong>de</strong> secrets, auc<strong>un</strong> diable ni animal fabuleux. C’est <strong>un</strong>e terre<br />
paisible, blanche et pure, sans tourments, <strong>un</strong>e terre sans haut ni bas. Malgré<br />
<strong>un</strong> sens assigné par leur socle, ses sculptures se regar<strong>de</strong>nt comme <strong>de</strong>s astres<br />
dans l’espace, la tête chavirée, perdue dans les circonvolutions labyrinthiques<br />
<strong>de</strong>s plis. Le spectateur se trouve engagé dans <strong>un</strong>e expérience visuelle inédite<br />
qui s’effectue plus sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vibration que <strong>de</strong> la lecture conventionnelle.<br />
Ces sculptures portent en elles quelque chose d’initiatique qui comme<br />
dans les mandalas, <strong>de</strong> cercle en cercle, nous captive et nous invite à la<br />
méditation ; elles mettent en nous la fraîcheur d’<strong>un</strong> silence neuf, celui qu’on<br />
éprouve <strong>de</strong>vant <strong>un</strong>e révélation qui nous subjugue sans qu’on éprouve la<br />
nécessité d’en chercher le sens. Dans <strong>un</strong>e sorte <strong>de</strong> recueillement, on <strong>de</strong>vine<br />
que ces sculptures ne nous parviennent qu’au terme d’<strong>un</strong> chemin <strong>de</strong> constance<br />
et <strong>de</strong> retenue. Ce chemin est-il spirituel ? <strong>Simone</strong> <strong>Pheulpin</strong> n’en dit rien, et<br />
ce n’est pas pour cela qu’elle y consent.<br />
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