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Artension - Simone Pheulpin - Juillet 2018

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OÙ<br />

• Galerie Bocarra Design<br />

à Londres, « Masterpiece »<br />

jusqu’au 4 juillet<br />

• Domaine Chaumont-sur-<br />

Loire (41), « Arts et Nature<br />

<strong>2018</strong> » (collective) jusqu’au<br />

4 novembre<br />

• Fondation Villa Datris à<br />

L’Isle-sur-la-Sorgue (84),<br />

« Tissage, tressage : quand la<br />

sculpture défile » (collective)<br />

jusqu’au 1 er novembre<br />

• Galerie Gosserez à Londres,<br />

« PAD Londres » (collective)<br />

du 1 er au 7 octobre<br />

COMBIEN<br />

2 000 € à 60 000 €<br />

ici employer le pluriel, car ce sont de multiples temporalités<br />

que ses œuvres convoquent. À la portion de temps qui va d’un<br />

pli à un autre, répond le temps de l’artiste, un temps qui lui<br />

appartient et dont elle a la maîtrise. Elle le fait avancer à son<br />

rythme, jusqu’à ce qu’elle décide que « c’est bien comme<br />

cela ». La pièce achevée, nous voici face à la temporalité<br />

qu’elle évoque à travers une forme, végétale ou minérale. Ce<br />

temps-là n’est plus à mesure d’homme. C’est le temps de<br />

pousse d’un arbre, l’ère géologique, le temps des pierres :<br />

une éternité repliée sur elle-même.<br />

Une éclosion géante<br />

De son œuvre, S. <strong>Pheulpin</strong> dit qu’elle est « le fruit d’un heureux<br />

hasard » qui un jour lui fit enrouler et assembler le coton des<br />

Vosges, qu’elle utilisait jusqu’alors à des fins décoratives.<br />

Sur les circonstances entourant cette découverte, le mystère<br />

demeure. Mais c’est une éclosion XXL qui fait du professeur<br />

de tennis qu’elle fut une artiste aujourd’hui internationalement<br />

reconnue, et que l’artiste américaine Sheila Hicks aura<br />

contribué à faire découvrir.<br />

Autodidacte, S. <strong>Pheulpin</strong> travaille de manière intuitive, sans<br />

dessin ni étude préparatoire. « Je sais où je veux aller. Tout<br />

est déjà dans ma tête, très précisément », explique-t-elle.<br />

L’œuvre se construit dans un dialogue avec la matière : un<br />

calicot brut, encore rêche, qu’elle va devoir discipliner pour<br />

lui faire prendre le pli voulu. « Quand le tissu ne veut pas, je<br />

recommence, et quand je n’y arrive pas, cela m’exaspère »,<br />

s’amuse la créatrice, reconnaissant qu’elle n’est pas lassée<br />

et continue d’apprendre de ce coton non décati, qu’elle utilise<br />

depuis plus de trente ans.<br />

De ce blanc écru qui est la couleur naturelle du coton,<br />

S. <strong>Pheulpin</strong> dit qu’elle n’a « pas envie d’autre chose »,<br />

qu’elle aime la manière dont « la lumière vient jouer avec<br />

la matière », la tirant vers une minéralité qui du crayeux<br />

à l’ivoire fait hésiter l’œil sur la nature de ce qu’il voit. Au<br />

fil des heures, elle vient caresser les volumes, souligner<br />

la douceur d’un arrondi, accentuer les ombres. Elle finit<br />

par se perdre dans l’anfractuosité d’un pli, comme pour<br />

nous rappeler que tout objet possède sa part obscure, un<br />

envers qui échappe au regard.<br />

Une écriture mystérieuse<br />

Dans le pli est cachée l’épingle. S. <strong>Pheulpin</strong> en utilise des<br />

milliers. Elles seules tiennent ses sculptures. Les petites<br />

pointes de métal assemblent les plis et les courbes du<br />

labyrinthe de coton. Elles soutiennent l’œuvre, tout en<br />

suivant la tangente. L’épingle va toujours en ligne droite<br />

et inscrit son propre discours. C’est une écriture de l’intérieur<br />

qui n’est ni l’envers du pli, ni l’objet en creux mais<br />

un mouvement autre, né de la synergie de ces milliers<br />

d’épingles, une œuvre intangible, invisible, révélée à la<br />

faveur de radiographies que l’artiste a fait faire de ses<br />

œuvres. Elle vient nous dire que tout pli recèle un secret,<br />

que toute création relève d’un mouvement mystérieux à<br />

l’artiste même, et qui fait parfois dire à <strong>Simone</strong> <strong>Pheulpin</strong> :<br />

« je ne savais pas que je savais le faire ». <br />

Entrez dans la danse – 2000<br />

Tissu épinglé – 50 x 30 x 80 cm<br />

© Apollonia Robin<br />

1941 : Naissance à Nancy (54). 1987 : Participe à la 14 e Biennale internationale de la tapisserie à Lausanne (Suisse). 1989 : Participe à la Compétition internationale de tapisserie de<br />

Kyoto (Japon). 1992 : Premier prix de la 9 e Biennale internationale du textile miniature à Szombathely (Hongrie). 1995 : Les expositions se multiplient, au Danemark puis au Canada, Japon,<br />

Royaume-Uni, en Belgique, Pologne, Suisse, et France, aux États-Unis. 1999 : Participe au 44 e Salon de Montrouge (92). 2016 : Exposition galerie Collection à Paris. 2017 : grand prix de<br />

la création de la Ville de Paris.<br />

50 artension n°150<br />

<strong>Artension</strong> 150.indb 50 17/06/<strong>2018</strong> 18:13:01

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