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Syndicaliste octobre 2018

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syndicaliste<br />

| le rendez-vous des militant-e-s de la CSC | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> | N° 890<br />

| le rendez-vous des militant-e-s de la CSC | 25 janvier 2013 | N° 776<br />

4-5 Manif pensions<br />

Avis de tempête sur<br />

le plan Bacquelaine<br />

6-7<br />

10-11<br />

Fonction publique<br />

Le ras-le-bol des fonctionnaires<br />

Mesures du gouvernement<br />

Avant et après les élections<br />

communales<br />

Bimensuel édité par la Confédération des syndicats chrétiens | chaussée de Haecht, 579 | 1031 Bruxelles | Bureau de dépôt Bruxelles X | P 912043


| sommaire |<br />

boîte à outils<br />

| fiche-conseils |<br />

2 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

BOÎTE À OUTILS<br />

2 Fiche-conseils: Gestion des déchets en<br />

entreprise<br />

EN ACTION<br />

3 Ryanair porte atteinte à la liberté<br />

syndicale<br />

APE: Ultimatum dans le dossier<br />

4-5 Manif pensions: Avis de tempête sur le<br />

plan Bacquelaine<br />

6-7 Fonction publique: Le ras-le-bol des<br />

fonctionnaires<br />

DANS L’ENTREPRISE<br />

8 Agenda du CPPT et du CE en novembre<br />

9 Plan d’action annuel 2019: le CPPT<br />

donne son avis<br />

NOUVELLES<br />

10-11 Mesures du gouvernement: Avant et<br />

après les élections communales<br />

12-13 Wallonie: La politique du ministre<br />

wallon de l’Emploi, c’est «tout aux<br />

patrons»<br />

14-15 Région bruxelloise: La concertation<br />

sociale fait ses preuves<br />

Quels avantages peuvent être tirés<br />

d’une bonne gestion des déchets ?<br />

AGENDA<br />

16 • 17/10 – Journée de lutte contre<br />

la pauvreté à Namur<br />

• 22/10 – Formation: Quelle<br />

réintégration après une maladie de<br />

longue durée?<br />

• 6/11 – Conférence: L’égalité des droits<br />

au travail pour les LGBT<br />

• Améliorer la qualité de vie dans l’entreprise<br />

• Améliorer les conditions de travail<br />

• Diminuer les risques liés à la santé des travailleurs<br />

• Améliorer la rentabilité de l’entreprise en diminuant<br />

ses coûts pour pérenniser l’emploi<br />

• Obtenir des certifications environnementales<br />

du type ISO 14001 ou EMAS<br />

• Améliorer l’image de l’entreprise<br />

• Préserver l’environnement extérieur à l’entreprise<br />

Gestion des déchets en entreprise<br />

Au bénéfice de tous<br />

La CSC Liège Huy Waremme édite une<br />

Quelles clés pour la réussite du projet ?<br />

Ikea Hognoul :<br />

fiche-conseils identifiant<br />

quand<br />

les<br />

la bonne gestion<br />

bons<br />

Accompagner le projet d’une campagne de sensibilisation,<br />

des déchets influence les primes<br />

d’information claire, positive et motivante sur les mesures<br />

réflexes mises en place. en matière de gestion des<br />

Communiquer sur les résultats obtenus, notamment dans<br />

déchets les lieux de passage. en entreprise. Parce qu’agir pour<br />

Impliquer tous les départements de l’entreprise dans le<br />

projet : le service des achats, la production, les commerciaux,<br />

la maintenance et l’entretien, la c’est manutention, bon l’enca-<br />

pour les collègues<br />

l’environnement,<br />

drement et les services administratifs…<br />

et pour l’intérêt général.<br />

Les déchets sont sources de Outils pollutions à utiliser : de l’air,<br />

• La fiche « Sensibiliser et mobiliser l’ensemble du<br />

Coca-Cola Chaudfontaine :<br />

des sols et des eaux. Des pollutions personnel au tri des qui déchets ont » disponible un sur le<br />

l’environnement comme stratégie<br />

site de Brussels Waste Network :<br />

industrielle<br />

www.brusselswastenetwork.eu<br />

impact tant sur notre environnement • Le dossier «Le réviseur et que l’environnement sur »<br />

Chez Coca-Cola Chaudfontaine, l’environnement guide disponible sur le site de l’Institut des Réviseurs d’Entreprises<br />

: www.ibr-ire.be<br />

les stratégies industrielles et commerciales. La gestion<br />

notre santé. Les entreprises • Les statistiques wallonnes relatives aux déchets produisent,<br />

des énergies (eau, chaleur, moyenne, électricité). Une turbine 3.500 hy-<br />

• Les kilos conseils de de gestion de déchets sur le site<br />

en Wallonie<br />

sur le site de la Région wallonne :<br />

des déchets est très poussée. L’entreprise va beaucoup<br />

plus loin en investissant également dans la gestion<br />

moinsdedechets.wallonie.be<br />

draulique a été installée et l’entreprise a comme projet belgium.be, dans l’onglet « consommer durablement<br />

»<br />

d’investir dans une éolienne. Toutes ces mesures sont<br />

industriels à l’agenda des organes par de concertation an et de l’entreprise. par personne. • Les fiches « Ressources Ce » et chiffre<br />

« Outils d’action » du<br />

réseau intersyndical de sensibilisation à l’environnement<br />

: www.rise.be<br />

témoigne de l’enjeu crucial • Un que site à renseigner constitue à votre patron : la<br />

https://jetriedansmonentreprise.be/<br />

gestion des déchets en entreprise dans la transition<br />

durable. Pour relever ce défi, les équipes<br />

Cette action de sensibilisation à l’environnement est organisée dans le cadre des missions d’intérêt<br />

public confiées par la Wallonie à l’asbl Formation Education Culture<br />

syndicales peuvent jouer un rôle moteur dans<br />

leur entreprise pour mettre la gestion des déchets à l’agenda de la concertation.<br />

La fiche conseil publiée par la CSC Liège Huy Waremme, avec l’appui<br />

du groupe Environnement-Liège et de la cellule Rise (Réseau intersyndical<br />

wallon de sensibilisation à l’environnement), vise à soutenir les délégués<br />

dans leurs initiatives.<br />

Le réflexe environnemental<br />

Une gestion drastique des déchets a été mise en place<br />

chez Ikea à Hognoul. Pour y parvenir, suite à de nombreux<br />

échanges dans les organes de concertation, une<br />

campagne d’information efficace a été développée<br />

(gains financiers affichés, tri expliqué visuellement…)<br />

et des formations ont été données au personnel. La<br />

baisse des coûts liée à la bonne gestion des déchets<br />

a notamment permis aux travailleurs d’accéder plus<br />

facilement aux avantages non récurrents liés aux résultats<br />

(CCT90).<br />

Cette fiche reprend les bons réflexes à avoir s’agissant des déchets (prévenir,<br />

réutiliser, recycler, incinérer, mettre en décharge) et des exemples de<br />

bonnes pratiques (lire ci-dessous). Elle détaille également les différents<br />

aspects de la gestion des déchets en fonction des organes de concertation<br />

dans lesquels ils doivent être abordés: les aspects sanitaires au CPPT, les<br />

enjeux financiers au conseil d’entreprise et la sensibilisation des travailleurs<br />

en délégation syndicale.<br />

Ed. Responsable : V. Thirifays. RISE : Chaussée de Haecht 579, 1031 Bruxelles - Ne pas jeter sur la voie publique<br />

Gestion des déchets en entreprise...<br />

Et si l’initiative venait des syndicats ?<br />

syndicaliste<br />

Photo de couverture: Paul Corbeel<br />

Rédaction: BP 10 - 1031 Bruxelles<br />

Secrétariat de rédaction:<br />

Donatienne Coppieters<br />

Tél. 02.246.32.83<br />

Courriel: dcoppieters@acv-csc.be<br />

Site Internet: www.lacsc.be<br />

Éditeur responsable: Dominique Leyon<br />

Traduction: Ilse Cambier, Mylène Demeure,<br />

Pascal Drèze, Anne Scieur, Isabelle Tuteleers.<br />

Lay-out: Gevaert Graphics<br />

Imprimerie: Corelio Printing<br />

La fiche-conseils mentionne les clés pour la réussite du projet et les avantages,<br />

bien réels et concrets, qui peuvent être tirés d’une bonne gestion des<br />

déchets: amélioration de la qualité de vie dans l’entreprise et des conditions<br />

de travail, diminution des risques liés à la santé des travailleurs, amélioration<br />

de la rentabilité de l’entreprise en diminuant ses coûts pour pérenniser<br />

l’emploi, etc.<br />

La fiche, et les outils d’information complémentaires qui l’accompagnent,<br />

sont disponibles en ligne sur www.cscliege.be<br />

Ikea Hognoul: Quand la bonne gestion<br />

des déchets influence les primes<br />

Une gestion drastique des déchets a été mise en place chez Ikea à<br />

Hognoul. Pour y parvenir, suite à de nombreux échanges dans les organes<br />

de concertation, une campagne d’information efficace a été développée<br />

(gains financiers affichés, tri expliqué visuellement…) et des formations<br />

ont été données au personnel. La baisse des coûts liée à la bonne gestion<br />

des déchets a notamment permis aux travailleurs d’accéder plus facilement<br />

aux avantages non récurrents liés aux résultats (CCT 90).


en action<br />

Ryanair porte atteinte<br />

à la liberté syndicale<br />

Le 28 septembre, Ryanair, la compagnie aérienne à bas coûts irlandaise, a<br />

connu une grève historique. Après deux autres grèves organisées en juillet<br />

et août (voir <strong>Syndicaliste</strong> n°889), cette grève du personnel de cabine et des<br />

pilotes de ligne a touché six pays européens: la Belgique, les Pays-Bas,<br />

l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Portugal. Une première!<br />

En raison de la grève du personnel de<br />

cabine du 28 septembre, environ 90 %<br />

des vols de Ryanair ont été annulés à<br />

Zaventem et 50 % à Charleroi.<br />

© CNE<br />

«Difficile de savoir exactement le nombre<br />

d’avions qui ont été réellement annulés<br />

parce que Ryanair ne joue pas la transparence,<br />

déclare Yves Lambot, secrétaire<br />

permanent de la CNE-Charleroi. À Charleroi<br />

par exemple, Ryanair a annoncé l’annulation<br />

de deux vols.» «Dans les faits, à<br />

Zaventem, 9 vols sur 11 ont été annulés,<br />

soit environ 90 %, et 24 sur 52 à<br />

Charleroi, soit environ 50 %», précise<br />

Didier Lebbe, secrétaire permanent CNE.<br />

Les syndicats européens ont rendezvous<br />

le 3 <strong>octobre</strong> avec la commissaire<br />

européenne de l’Emploi, Mariane Thyssen,<br />

et la commissaire de la mobilité et<br />

des transports, Violeta Bulc. Ils veulent<br />

que la Commission européenne prenne<br />

des mesures concrètes à l’encontre de<br />

Ryanair. D’une part, ils demandent que<br />

le droit national soit d’application dans<br />

chaque État dès le 1 er janvier 2019. Pour<br />

le moment, les travailleurs de Ryanair<br />

sont soumis à la législation irlandaise.<br />

D’autre part, ils demandent d’inclure les<br />

travailleurs de Crewlink et de Workforce<br />

dans l’accord compte tenu que 50 % des<br />

travailleurs de Ryanair sont engagés par<br />

ces deux entreprises. «Une hôtesse de<br />

l’air ou un steward sous contrat Crewlink<br />

et Workforce touche 1.000 euros par mois<br />

contre 2.000 euros pour un ancien de<br />

Ryanair», précise Yves Lambot.<br />

Les syndicats demandent que Ryanair<br />

se mette autour de la table avec des<br />

propositions concrètes et que la compagnie<br />

signe un accord à court terme et<br />

pas en mars 2020 comme déjà proposé.<br />

À défaut d’accord, les actions à venir<br />

pourraient prendre la forme d’un jour de<br />

grève par mois ou de quatre jours de<br />

grève successifs.<br />

En Belgique, le 20 septembre, le militant<br />

de la CNE Sarkis Simonjan a été convoqué<br />

à Dublin pour un entretien durant<br />

lequel son licenciement a été annoncé. Il<br />

lui a été reproché de s’être exprimé dans<br />

les médias lors de la grève du 25 juillet.<br />

La CNE a décidé de le défendre en justice<br />

au tribunal du Travail de Bruxelles, alors<br />

qu’il a été licencié sous la loi irlandaise.<br />

Pour la CNE, l’inertie de notre ministre<br />

de l’Emploi, Kris Peeters, en est en partie<br />

responsable: «L’installation de la<br />

délégation syndicale de Ryanair doit être<br />

validée par le SPF Emploi, Travail et<br />

Concertation sociale. La lenteur de<br />

Peeters concernant la nomination des<br />

délégués commence à les mettre en danger,<br />

déplore Didier Lebbe. Or, la procédure<br />

auprès du SPF Emploi a été entamée<br />

le 20 juin <strong>2018</strong>. Même Ryanair a accepté<br />

le principe d’une délégation syndicale en<br />

décembre 2017. Parmi les pays ayant<br />

participé aux grèves de cet été, la<br />

Belgique est le seul ne disposant pas<br />

encore d’une délégation syndicale. Ce<br />

statut permettrait à nos militants de s’exprimer<br />

librement.»<br />

| D.C. |<br />

3 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

Ultimatum dans le dossier des APE<br />

Une centaine de militants de la CSC se sont rassemblés le 19 septembre en fin d’après-midi<br />

devant le cabinet du ministre Jeholet à Namur pour montrer leur mécontentement et leurs interrogations<br />

face à la réforme des aides à la promotion de l’emploi (APE).<br />

Lors de cette action, une délégation a été reçue par le chef de cabinet du ministre et par ses collaborateurs.<br />

Pendant cette rencontre, certains interrogations ont pu être levées et il a été confirmé<br />

que la masse budgétaire allouée aux APE serait garantie malgré la réforme. Le chef de cabinet<br />

s’est engagé à concerter les syndicats pour modifier les textes. Une nouvelle date, à savoir le 1 er<br />

<strong>octobre</strong>, a été directement fixée pour une nouvelle rencontre entre les interlocuteurs sociaux afin<br />

de présenter et d’informer en détail sur cette réforme. Cette rencontre a été annulée le jour-même<br />

par le cabinet sans qu’il ne fixe une nouvelle date…<br />

La réforme des APE menace<br />

5.000 emplois en Wallonie.<br />

Pour rappel, une manifestation en front commun contre la réforme des APE avait réuni 10.000<br />

personnes à Namur le 25 juin dernier. La CSC wallonne a donné jusqu’au 30 novembre au ministre<br />

de l’Emploi pour qu’il rassure les interlocuteurs sociaux sur le dossier: «Nous sommes favorables<br />

au principe d’une réforme des APE, car le mécanisme peut et doit être amélioré. Mais le projet du<br />

ministre n’apporte aucune solution et il met 5.000 emplois en danger», expliquait Marc Becker,<br />

secrétaire national de la CSC en charge des affaires wallonnes.


en action<br />

| pensions |<br />

© Marie Marlier<br />

À la Louvière.<br />

4 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

Avis de tempête sur le plan<br />

Bacquelaine<br />

Les travailleurs et travailleuses refusent le plan du ministre des Pensions<br />

sur les métiers lourds. Ils veulent des pensions décentes, prises à un âge<br />

raisonnable, et ils l’ont dit haut et fort lors des actions organisées par les<br />

trois syndicats le mardi 2 <strong>octobre</strong>.<br />

À La Louvière, à Liège, à Namur, à<br />

Bruxelles, il y avait du monde dans les<br />

rues, ce mardi 2 <strong>octobre</strong>. La petite pluie<br />

tenace n’a pas découragé militantes et<br />

militants venus très nombreux aux différents<br />

points de rassemblement. Les<br />

manifestants étaient plus de 6.000 à<br />

Liège, 4.000 à Namur, 10.000 à La<br />

Louvière et 7.000 à Bruxelles. En Flandre<br />

aussi, les cortèges étaient denses, en<br />

particulier à Anvers où 15.000 personnes<br />

se sont rassemblées. Partout, en front<br />

commun, les manifestants et manifestantes<br />

ont clamé haut et fort, avec une<br />

détermination intacte, leur volonté de<br />

défendre des pensions décentes pour<br />

tous et toutes, prises à un âge raisonnable.<br />

55, 60, 65<br />

Ce que veulent les travailleurs et les<br />

travailleuses, c’est le retour à la pension<br />

légale à 65 ans. Dans toutes les régions,<br />

les manifestants portaient de petits<br />

panneaux rouges «67» et verts «65» qui<br />

expriment cette volonté. Aux idées<br />

néfastes du gouvernement, ils opposent<br />

leur alternative, 50-55-65: à 50 ans, possibilité<br />

de crédit-temps pour tous et<br />

toutes, à 55 ans, possibilité de RCC ou de<br />

pension anticipée sans disponibilité sur<br />

le marché de l’emploi, et à 65 ans, pension<br />

légale pour tous et toutes. Avec<br />

davantage de possibilités pour les<br />

jeunes de décrocher des emplois de qualité.<br />

Chaque région a exprimé cette revendication<br />

à sa manière. À Namur, c’est une<br />

«Petite Gayole» détournée qui a la cote:<br />

«Ils nous l’avaient toudi promis, le respect<br />

des travailleurs…». Mais le respect,<br />

ceux-ci l’attendent toujours! À La<br />

Louvière, le cortège défile sur une<br />

musique de carnaval aux paroles engagées.<br />

À Bruxelles, devant la cathédrale<br />

des Sts Michel et Gudule, la CSC<br />

Bâtiment Industrie & Énergie et les<br />

employés brandissent trois paniers de<br />

basket avec des alternatives syndicales<br />

et les manifestants visent celle de leur<br />

choix. Liège a placé son action sous le<br />

signe de Robin des Bois. Il est là, en<br />

chair et en os, incarné par René Petit<br />

(CSC Metea) et proclame: «Visons les<br />

mesures justes». Et, rue Léopold, les<br />

manifestants s’en donnent à cœur joie<br />

au tir à l’arc de la CSC<br />

Galère et misère<br />

Dans toutes les régions, l’action de<br />

mardi a été précédée de larges distributions<br />

du «Journal des pensions». Cette<br />

seconde édition, intitulée «Avis de tempête<br />

sur les métiers lourds», détaille les<br />

idées néfastes de Daniel Bacquelaine<br />

sur la pénibilité. L’information a bien<br />

circulé et si l’ambiance reste bon enfant,<br />

les slogans expriment l’indignation et la<br />

colère. «De l’argent, il y en a, il se cache<br />

au Panama», scande-t-on à Bruxelles.<br />

«La pénibilité m’a tué(e)… à qui profite le<br />

crime?», demande-t-on, faussement<br />

naïf, à La Louvière. Les jeunes y sont mis<br />

en évidence avec des photos de bébés:<br />

«Futurs pensionnés, on joue avec votre<br />

avenir!». Bruxelles exprime sa colère en<br />

scandant: «Les vieux dans la misère, les<br />

jeunes dans la galère, de cette société-là,<br />

on n’en veut pas!».<br />

Partout, les femmes sont bien visibles et<br />

à Liège, ce sont elles qui ouvrent le cortège.<br />

À l’appel des Femmes CSC, elles<br />

sont nombreuses à arborer des bandeaux<br />

roses ou des chapeaux garnis de<br />

rubans roses pour rappeler qu’elles sont<br />

particulièrement ciblées par les mesures


© Isabelle Debroux<br />

À Liège.<br />

du ministre. Certains hommes portent,<br />

eux aussi, ces rubans roses en signe de<br />

soutien. Les Seniors CSC sont aux avantpostes<br />

et le Gang des vieux en colère<br />

défile à La Louvière.<br />

Les jeunes et les ministres<br />

Dans toutes les régions, les responsables<br />

de la CSC ont pris la parole.<br />

Chacun avec ses mots a rappelé que<br />

«tant qu’il y aura une injustice à combattre,<br />

la CSC se lèvera», a fustigé «l’indécence<br />

de la pension à 67 ans quand on<br />

sait qu’avant d’atteindre cet âge, une<br />

grande majorité d’entre nous sommes ou<br />

serons en mauvaise santé, quand on sait<br />

que les jeunes ne trouvent pas d’emploi<br />

de qualité»…<br />

© Paul Corbeel<br />

À Bruxelles.<br />

5 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

Mais à Bruxelles, c’est une délégation<br />

de jeunes travailleurs qui a rencontré les<br />

ministres de l’Emploi, Kris Peeters, et<br />

des Pensions, Daniel Bacquelaine:<br />

Cédric, de la CSC-Alimentation et<br />

Services, et Lavina, de la LBC (homologue<br />

néerlandophone de la CNE) ont<br />

porté celles de la CSC. Ils ont reproché<br />

au gouvernement de prendre des<br />

mesures illégitimes puisqu’elles ne figuraient<br />

pas dans leurs programmes électoraux.<br />

Les ministres ont reconnu que<br />

les mesures avaient été élaborées après<br />

la constitution du gouvernement.<br />

Néanmoins, ils les ont défendues et ne<br />

sont pas montrés très ouverts aux alternatives<br />

portées par les organisations<br />

syndicales.<br />

© Daniel Dellisse<br />

À Namur.


en action<br />

| services publics |<br />

© CSC Services publics<br />

Ils étaient 10.000 fonctionnaires dans les rues de Bruxelles le 28 septembre pour s’opposer<br />

à la réforme du régime de congé maladie.<br />

6 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

Fonction publique<br />

Le ras-le-bol des fonctionnaires<br />

Le gouvernement fédéral a la dent et les oreilles dures vis-à-vis de ses<br />

fonctionnaires. Une manifestation en front commun les a réunis le 28 septembre<br />

à Bruxelles pour dire non à la réforme du régime de congé maladie<br />

et exiger du ministre de la fonction publique plus de respect.<br />

Nouvelles mesures d’économies, disparition<br />

des statutaires au profit du recrutement<br />

de contractuels en situation<br />

précaire, introduction du travail intérimaire,<br />

suppression du crédit-maladie…<br />

Cet échantillon non exhaustif des<br />

mesures annoncées par le ministre de<br />

la fonction publique, Steven Vandeput,<br />

témoigne du combat idéologique mené<br />

par le gouvernement fédéral contre la<br />

fonction publique et le statut de ses<br />

fonctionnaires. Rappelons que le statut<br />

particulier de ceux-ci est lié au principe<br />

d’indépendance garantissant la neutralité<br />

des fonctionnaires et l’absence de<br />

pressions du pouvoir politique. La précarisation<br />

des conditions de recrutement<br />

des fonctionnaires fédéraux fragilise<br />

cette indépendance et risque de<br />

mettre les fonctionnaires à la merci des<br />

pressions politiques.<br />

Une des mesures les plus emblématiques<br />

de ce haro sur la fonction publique<br />

est la réforme du régime de congé maladie.<br />

Cette réforme remet en cause, entre<br />

autres, la longue période durant laquelle<br />

les agents statutaires malades bénéficient<br />

de 100 % de leur salaire. La volonté<br />

du ministre est que les agents ne<br />

touchent plus qu’entre 60 ou 65 % de<br />

leur revenu après 30 jours de maladie.<br />

Le ministre organise sa mesure selon la<br />

même logique - dangereuse et infondée<br />

(1) - que celle de la dégressivité des allocations<br />

chômage: les malades de longue<br />

durée recevant moins de revenus, leur<br />

nombre va mécaniquement fortement<br />

diminuer et ils se remettront plus vite au<br />

travail. Le ministre semble oublier<br />

qu’une personne malade ne choisit pas<br />

d’être malade!<br />

Des fonctionnaires malades<br />

du détricotage de leur statut<br />

À cette mesure s’ajoute le fait que les<br />

fonctionnaires fédéraux ne pourront<br />

plus non plus, à partir du 1 er janvier<br />

2019, reporter leurs jours de congés<br />

maladie inutilisés à l’année suivante.<br />

Alors que la CSC Services publics négocie<br />

depuis avril, en front commun, la<br />

réforme globale du statut des fonctionnaires<br />

fédéraux, cette dernière mesure,<br />

adoptée pendant l’été et sans concertation,<br />

constitue «la mesure de trop» pour<br />

Silvana Bossio, secrétaire nationale<br />

CSC Services publics. «Ces mesures<br />

sont démagogiques. Le gouvernement<br />

dénonce un soi-disant abus du système<br />

pour prendre des congés de complaisance<br />

ou pour partir plus tôt à la pension.<br />

Il oublie un élément fondamental:<br />

la personne doit être malade et avoir un<br />

certificat médical. Le moindre jour de<br />

congé des fonctionnaires est contrôlé<br />

sévèrement par un organisme dès le<br />

premier jour de maladie. C’est la mesure<br />

de trop.»<br />

Le cabinet Vandeput ne répondant pas<br />

aux demandes d’informations des syndicats<br />

et ne négociant que pour la forme<br />

- les mesures ont été jusqu’à présent<br />

non-négociables - les syndicats du nord<br />

et du sud du pays se sont mobilisés en<br />

front commun pour lui faire entendre<br />

que le fonctionnaire mérite des conditions<br />

de travail décentes écrites clairement<br />

dans son statut.<br />

(1) Seize professeurs d’université ont publié une carte blanche dans Le Soir du 24 septembre dans laquelle ils mettent en garde contre les dégâts que pourrait<br />

provoquer l’augmentation de la dégressivité des allocations.


«Avec cette manifestation, nous voulons<br />

faire comprendre au ministre que nous<br />

voulons de réelles discussions sur les<br />

crédits maladie, mais aussi des explications:<br />

pourquoi, alors que son cabinet<br />

avait annoncé le maintien du système,<br />

une décision du gouvernement allant en<br />

sens inverse est prise trois semaines<br />

plus tard? Nous voulons qu’il fasse<br />

marche arrière.»<br />

Front commun très solidaire<br />

Quelques 10.000 manifestants se sont<br />

donc donné rendez-vous devant la gare<br />

du Nord à Bruxelles le 28 septembre<br />

dernier pour un trajet qui les a menés à<br />

la place de l’Albertine.<br />

Des fonctionnaires de la Région wallonne<br />

et de la Fédération Wallonie-<br />

Bruxelles, des pompiers, venus en<br />

nombre, ainsi que des travailleurs de<br />

Bpost, Proximus et du Tec ont rallié solidairement<br />

la manifestation. Les corps<br />

spéciaux (police, armée et militaires),<br />

touchés eux aussi par cette mesure, ont<br />

également rejoint le cortège, ce qui est<br />

une première.<br />

Plusieurs responsables syndicaux, dont<br />

Silvana Bossio et Stéphane Deldicque,<br />

vice-président de la CSC Services<br />

publics, ont pris la parole pour rappeler<br />

le caractère antisocial de la suppression<br />

du régime crédit maladie. «Nous voulons<br />

une réelle harmonisation des deux<br />

régimes de maladie, a rappelé Silvana<br />

Bossio. Nous voulons que les contractuels<br />

puissent aussi bénéficier d’un système<br />

leur permettant de faire face, plus<br />

sereinement, à des problèmes graves de<br />

santé.»<br />

Si l’on peut regretter des échauffourées<br />

avec les forces de l’ordre, ces incidents<br />

ne doivent pas détourner de l’essentiel:<br />

le succès de cette mobilisation. Une présence<br />

massive qui a sans doute facilité<br />

la mise sur pied d’un rendez-vous, le 2<br />

<strong>octobre</strong>, avec Steven Vandeput.<br />

© CSC Services publics<br />

Fonction publique wallonne<br />

Un rassemblement<br />

pour appeler au dialogue<br />

Tandis que les fonctionnaires fédéraux manifestaient à Bruxelles, les fonctionnaires<br />

wallons organisaient un rassemblement à Jambes devant le cabinet de la<br />

ministre des Pouvoirs locaux<br />

Plus de 200 militants de la CSC Services publics ont interpellé, dans une<br />

ambiance bon enfant, Valérie De Bue concernant quatre problématiques importantes<br />

qui préoccupent les travailleurs des administrations wallonnes. En marge<br />

du rassemblement, elle a accepté, à son arrivée, de rencontrer une délégation.<br />

«Nous ne sommes pas dans une démarche de blocage ou de revendication», précise<br />

Guy Crijns, secrétaire national en charge des administrations locales et régionales<br />

(ALR: CPAS, intercommunales, provinces…). Nous voulons établir un dialogue<br />

constructif avec notre ministre de tutelle sur différents points».<br />

Quatre thèmes ont été abordés:<br />

• La problématique des circulaires: pourquoi la Région ne prend-elle pas la<br />

norme par décrets et arrêtés. La ministre s’est montrée ouverte à une réflexion<br />

sur ce sujet et un groupe de travail sera constitué.<br />

• L’équilibre entre nomination et le deuxième pilier de pension doit être trouvé.<br />

Il s’agit non seulement d’un problème financier pour les pouvoirs locaux, mais<br />

aussi d’équité entre ses travailleurs.<br />

• La suppression des provinces: la ministre a assuré que, si une réforme va bien<br />

toucher l’organisation politique des provinces, le personnel sera maintenu.<br />

• La suppression du capital-maladie: le sujet n’est pas d’actualité pour les pouvoirs<br />

locaux.<br />

Ce dialogue de près de deux heures a été jugé comme très constructif par la CSC<br />

Services publics.<br />

7 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

| David Morelli |<br />

Discussion constructive de la CSC Services publics avec la ministre des<br />

pouvoirs locaux wallons, Valérie De Bue.


dans l’entreprise<br />

| agenda CPP-CE |<br />

© Shutterstock<br />

Le CE doit prendre connaissance au plus vite des modifications apportées à la CCT 108 (CCT 108/2,<br />

entrée en vigueur le 1 er <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong>) en vue de restreindre le recours aux contrats journaliers<br />

successifs (voir <strong>Syndicaliste</strong> 888 du 10/09/18)<br />

Agenda du CPPT et du CE<br />

en novembre<br />

8 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

Au CPPT<br />

Lors de sa réunion de novembre, le CPPT doit au moins aborder<br />

les questions suivantes:<br />

• Suivi des réunions précédentes: L’employeur a-t-il donné<br />

suite aux avis émis par le comité dans les délais prévus? Les<br />

accords pris en <strong>octobre</strong> ont-ils été suivis d’effets? Faut-il<br />

rediscuter certains points?<br />

• Discussion du rapport mensuel du service interne de prévention<br />

et de protection: le conseiller en prévention, qui<br />

dirige le service interne de prévention et de protection, doit<br />

établir un rapport mensuel sur l’état de la sécurité et de la<br />

santé dans l’entreprise. Il présente ce rapport oralement et<br />

répond aux questions éventuelles. Le rapport mensuel porte<br />

notamment sur l’activité du service interne, sur les relations<br />

avec le service externe, les risques constatés, les accidents<br />

du travail, les mesures de sécurité mises en œuvre.<br />

• Mise en œuvre du plan annuel d’action pour <strong>2018</strong>: état<br />

d’avancement.<br />

• Plan annuel d’action 2019: vous devez recevoir de l’employeur<br />

un projet de plan annuel d’action pour 2019 avant le<br />

1 er novembre. La réunion de novembre doit être l’occasion<br />

pour le comité d’avoir une première discussion sur le projet<br />

de plan annuel. Ne reportez pas cette discussion car ce plan<br />

doit être en application dès le 1 er janvier. Ainsi, vous avez<br />

encore du temps en décembre pour remettre ce point à<br />

l’ordre du jour et approuver le plan après d’éventuelles modifications<br />

(voir p. 9).<br />

Au conseil d’entreprise<br />

En novembre, le conseil d’entreprise (CE) doit examiner:<br />

• le remplacement des jours fériés légaux qui tombent un jour<br />

habituel d’inactivité. Dans certains secteurs, la commission<br />

paritaire ou la sous-commission paritaire se charge de fixer<br />

les jours de remplacement. Toutefois, si elle n’a pas pris une<br />

décision à ce sujet avant le 1 er <strong>octobre</strong>, il revient au CE de<br />

fixer ces jours de remplacement. Sa décision doit être prise<br />

avant le 15 décembre et être annexée au règlement de travail.<br />

• Intérim et contrats journaliers successifs: obligations d’information<br />

et de consultation renforcées: le CE prendra<br />

connaissance des modifications apportées à la CCT 108 (CCT<br />

108/2, entrée en vigueur le 1 er <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong>) en vue de restreindre<br />

le recours aux contrats journaliers successifs. Ce<br />

nouvel accord renforce l’obligation d’information/consultation<br />

concernant le recours aux contrats journaliers successifs.<br />

• Au début de chaque semestre (pour la 1 ère fois en janvier<br />

2019), les informations suivantes devront être communiquées<br />

au CE, sur la base des données du semestre écoulé:<br />

1. des informations détaillées sur le recours aux contrats<br />

journaliers successifs:<br />

- le nombre de contrats journaliers successifs;<br />

- le nombre de travailleurs intérimaires qui ont travaillé<br />

avec un contrat journalier successif.<br />

2. la preuve du besoin de flexibilité nécessitant le recours à<br />

ce type de contrats avec des données chiffrées et complétées<br />

par des éléments qui démontrent que l’utilisateur a<br />

examiné des alternatives.<br />

3. à la demande expresse des représentants des travailleurs,<br />

des informations sur le nombre d’intérimaires par<br />

tranche de contrats journaliers successifs.<br />

Enfin, le CE sera consulté annuellement sur le recours<br />

aux contrats journaliers successifs et sur sa motivation.<br />

Cette obligation doit coïncider avec l’une des<br />

deux communications semestrielles d’informations.


dans l’entreprise<br />

| CPPT | plan annuel d’action |<br />

Plan d’action annuel 2019<br />

Le CPPT donne son avis<br />

risques et les mesures décrites dans le<br />

plan global de prévention. Il faut parfois<br />

aussi poursuivre ou répéter certaines<br />

actions du plan d’action annuel<br />

<strong>2018</strong>.<br />

L’employeur et le CPPT établissent ensemble un plan d’action annuel. Ce<br />

plan contient, pour l’année 2019, les mesures préventives visant à éliminer<br />

les risques pour la sécurité et la santé dans l’entreprise ou l’institution.<br />

Le projet de plan d’action annuel est soumis pour avis au CPPT. Voici<br />

quelques suggestions pour préparer cette discussion.<br />

Quand a lieu la réunion?<br />

Le plan d’action annuel est soumis au<br />

CPPT au moins deux mois avant le<br />

début de l’année à laquelle il se rapporte.<br />

En général, il porte sur une<br />

année civile, soit du 1 er janvier 2019 au<br />

31 décembre 2019. Dans ce cas, l’employeur<br />

doit soumettre le plan au CPPT<br />

au plus tard le 1 er novembre <strong>2018</strong>. Il ne<br />

peut être mis en œuvre qu’après avis<br />

du CPPT. Notons que si celui-ci ne rend<br />

pas d’avis avant le 1 er janvier 2019,<br />

l’employeur peut toujours le mettre en<br />

œuvre. Il faut donc veiller à ce que le<br />

CPPT donne son avis en temps utile,<br />

c’est-à-dire au plus tard lors de la réunion<br />

du comité de décembre.<br />

Sur quoi repose un plan d’action<br />

annuel?<br />

Le plan global de prévention constitue<br />

le point de départ. Ce plan contient les<br />

objectifs et les mesures préventives<br />

pour cinq ans. Le plan global de prévention<br />

est élaboré sur la base des<br />

analyses de risques requises par la loi.<br />

Les résultats des analyses de risques<br />

figurent également dans ce plan global<br />

de prévention. Le CPPT donne aussi un<br />

avis sur les analyses de risques et sur<br />

le plan global de prévention. Avant<br />

d’aborder le plan d’action annuel, il est<br />

conseillé de vérifier dans quelle mesure<br />

les analyses de risques et le plan global<br />

de prévention reflètent toujours la<br />

situation actuelle de l’entreprise.<br />

Que doit contenir le plan d’action<br />

annuel?<br />

Le plan d’action annuel est un document<br />

écrit qui consigne les points suivants:<br />

• les objectifs du plan de prévention<br />

pour un an;<br />

• les moyens financiers, humains et<br />

autres utilisés par l’employeur pour<br />

atteindre les objectifs et les<br />

méthodes appliquées;<br />

• les missions, obligations et moyens<br />

de toutes les personnes concernées.<br />

• les adaptations à apporter au plan<br />

global de prévention.<br />

Quels points intégrer dans le<br />

plan d’action annuel?<br />

Il est difficile de se prononcer à ce sujet<br />

pour toutes les entreprises et institutions.<br />

Comme indiqué plus haut, le<br />

contenu est principalement déterminé<br />

par les résultats des analyses de<br />

Si l’on examine les causes les plus courantes<br />

d’absence au travail, il faut certainement<br />

inclure dans le plan d’action<br />

annuel les risques psychosociaux et les<br />

problèmes ergonomiques. Sans omettre<br />

pour autant les sujets tels que les<br />

accidents du travail, les produits dangereux,<br />

le cadre professionnel, l’environnement<br />

et l’énergie, les informations<br />

et la formation sur le bien-être,<br />

etc. Discutez-en au sein de l’entreprise<br />

avec le groupe des militants. Vous pouvez<br />

également réaliser une enquête<br />

auprès du personnel pour connaître<br />

l’avis des collègues.<br />

Bonne communication et planification<br />

réaliste<br />

Pour que le plan d’action annuel soit un<br />

véritable succès, il importe que tous les<br />

travailleurs, soutiennent le plan et participent<br />

à sa mise en œuvre. Au sein du<br />

CPPT, convenez donc aussi des modalités<br />

de communication du contenu du<br />

plan et des modalités d’implication du<br />

personnel dans les différentes actions.<br />

Veillez également à ce que la planification<br />

soit réaliste. Rien ne sera plus<br />

frustrant que de constater, fin 2019,<br />

que le plan n’a pas donné de résultats.<br />

Prévoyez une série d’actions qui améliorent<br />

clairement le bien-être des travailleurs.<br />

Elles contribueront à une<br />

meilleure acceptation du plan.<br />

| Kris Van Eyck |<br />

9 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

Le plan d’action annuel chez BNP Paribas Fortis<br />

Fabienne Coune, représentante CSC au sein du CPPT: «Le plan d’action annuel (PAA) est élaboré sur la base des<br />

dispositions reprises dans le règlement d’ordre intérieur du CPPT. Le projet de plan d’action pour l’année à venir est<br />

envoyé avec la convocation pour la première réunion du CPPT du mois d’<strong>octobre</strong>. Il sera discuté par les représentants<br />

syndicaux, les représentants de la direction et les organes en place pour la protection et la prévention au travail.<br />

Il reprend des points tels que incendie, secourisme, visites paritaires, accidents de travail, chantiers et projets.<br />

Durant cette même réunion, on évalue aussi le PAA de l’année en cours.<br />

Le suivi du PAA sera assuré lors des réunions mensuelles du CPPT par:<br />

• les rapports présentés par les conseillers en prévention;<br />

• les visites organisées par le Service interne de prévention et protection au travail et le service externe;<br />

• les enquêtes psychologiques et bien-être,<br />

• les campagnes de sensibilisation.»


nouvelles<br />

| fédéral | mesures du gouvernement |<br />

© Shutterstock<br />

10 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> | © Shutterstock<br />

Le Conseil d’État a rendu un avis sur une proposition de loi de la N-VA visant à autoriser les administrations locales à<br />

imposer un service communautaire. Il estime qu’il s’agit de travail forcé, comme la CSC l’affirme depuis des années.<br />

Avant et après<br />

les élections communales<br />

Au moment où vous lirez cet article, les actions du 2 <strong>octobre</strong> autour des<br />

pensions seront déjà derrière nous (voir p.4-5), tout comme le discours sur<br />

«l’État de l’Union» du premier ministre Michel à l’occasion de l’ouverture<br />

de la nouvelle année parlementaire. Nous serons au milieu du spectacle<br />

des élections communales, dominé par la lutte autour des grandes villes. Une<br />

série de dossiers importants reviendront ensuite sur la table du gouvernement<br />

fédéral. Ces dernières semaines n’ont toutefois pas été de tout repos. À commencer<br />

par l’électrochoc provoqué par «Schild & Vrienden» (1). En passant par<br />

la politique ultra répressive du secrétaire d’État à l’asile et à la migration, Theo<br />

Francken, et les erreurs commises à l’égard des transmigrants. Sans oublier le<br />

retour à l’avant plan de la saga des centrales nucléaires bancales, qui a créé la<br />

panique autour de notre approvisionnement énergétique après le mois d’<strong>octobre</strong>.<br />

Orienter le gouvernement<br />

dans le bon sens<br />

Pendant ce temps, les partenaires<br />

sociaux essaient quand même de<br />

pousser ce gouvernement houleux<br />

dans le bon sens sur une série de dossiers.<br />

Le 25 septembre, nous avons pu<br />

conclure quelques avis unanimes au<br />

Conseil national du travail (CNT) et au<br />

Conseil central de l’économie (CCE):<br />

• En ce qui concerne la réintégration au<br />

travail des malades de longue durée,<br />

il y a accord pour dire qu’il faut faire<br />

mieux et pour affirmer que le «deal<br />

pour l’emploi», qui oblige les<br />

employeurs à faire appel, en cas de<br />

fin de contrat pour force majeure<br />

médicale, à des agences commerciales<br />

d’outplacement (à 1.800 euros<br />

par personne) n’est pas la solution<br />

idéale.<br />

• Il y a un accord pour améliorer le<br />

cadre trop rigide concernant les<br />

actions positives à développer à<br />

l’attention de groupes sous-représentés<br />

dans l’entreprise.<br />

• Les projets de loi sur le budget<br />

mobilité et sur l’adaptation de l’indemnité<br />

mobilité ont fait l’objet d’un<br />

avis unanime.<br />

• Il y a un accord pour passer définitivement<br />

aux éco-chèques électroniques,<br />

comme on l’a fait antérieurement<br />

pour les chèques repas. Les<br />

derniers chèques en format papier<br />

seront délivrés le 30 juin <strong>2018</strong> et<br />

pourront être utilisés jusqu’au 31<br />

décembre 2020.<br />

• La proposition visant à relever de<br />

500 à 1.000 euros nets le plafond<br />

mensuel pour le travail associatif<br />

dans le secteur sportif a été rejetée<br />

à l’unanimité.<br />

Qui pourrait encore prétendre que la<br />

concertation sociale ne fonctionne<br />

pas? Rien ne permet toutefois d’affirmer<br />

que le parlement et le gouvernement<br />

respecteront ces accords.<br />

Deal pour l’emploi:<br />

le gouvernement continue<br />

Les actions positives dont il est question<br />

ci-dessus ainsi que les 1.800 euros<br />

d’outplacement pour les malades et les<br />

invalides nous plongent d’emblée dans<br />

l’accord estival sur le «deal pour l’emploi»<br />

conclu par le gouvernement fédéral.<br />

Seuls quelques dossiers ont été<br />

clarifiés à ce stade.<br />

Le comité de gestion de l’Onem a déjà<br />

reçu des projets de texte concernant les<br />

nouvelles limitations de l’accès au RCC.<br />

Important: pour le régime général de<br />

RCC (actuellement 62 ans après 40 ans<br />

de carrière), le durcissement de la<br />

condition de carrière (qui passe à 41<br />

ans) pour les hommes entre en vigueur<br />

dès le 1 er janvier. Une exception est prévue<br />

pour ceux qui ont déjà reçu leur<br />

(1) «Schild & Vrienden» est une organisation ultranationaliste flamande. Un reportage, diffusé sur la VRT puis sur la RTBF le 12 septembre dans l’émission<br />

Questions à la Une, dévoile le racisme, l’antisémitisme et le sexisme de ce mouvement d’extrême droite. Il peut être revu sur la RTBF/ Auvio: www.rtbf.be/<br />

auvio (Schild en vrienden - Questions à la Une).


préavis ou le recevront avant le 1 er<br />

novembre <strong>2018</strong>. N’hésitez pas à réfléchir<br />

aux opportunités dans votre entreprise<br />

ou institution.<br />

Le pouvoir fédéral a soumis son «deal<br />

pour l’emploi» aux Régions et<br />

Communautés. Il est donc possible que<br />

quelques mesures viennent s’ajouter:<br />

exonération fiscale pour quelques<br />

primes et indemnités régionales (et<br />

notamment la prime SESAM wallonne<br />

pour les indépendants) et égalité de<br />

traitement des entreprises de travail<br />

adapté flamandes pour les cotisations<br />

ONSS. Rien n’est encore clair à ce sujet.<br />

Dans l’intervalle, le Groupe des 10 a<br />

introduit une demande formelle pour<br />

que les partenaires sociaux soient activement<br />

impliqués dans une série<br />

d’autres éléments problématiques du<br />

«deal pour l’emploi».<br />

Chômeurs de longue durée:<br />

un gouvernement déphasé<br />

Le «deal pour l’emploi» risque de toucher<br />

lourdement les travailleurs âgés,<br />

mais aussi les chômeurs de longue<br />

durée. D’abord, en raison de l’accélération<br />

de la dégressivité qui appauvrira<br />

plus rapidement les chômeurs de<br />

longue durée. Et ensuite, avec l’instauration<br />

d’un service communautaire<br />

obligatoire, à concrétiser par les<br />

Régions, sur la base d’une proposition<br />

de loi antérieure de l’Open VLD.<br />

D’après les informations qui ont circulé<br />

au CNT, il ne faut pas attendre de<br />

proposition en matière de dégressivité<br />

avant novembre. Les syndicats ont<br />

aussi reçu le soutien d’une série<br />

d’éminents professeurs d’université<br />

qui ont conclu ensemble qu’un tel<br />

appauvrissement des chômeurs de<br />

longue durée n’aide que très peu ces<br />

personnes à trouver un emploi. Les<br />

professeurs se sont basés ici sur l’évaluation<br />

d’une expérience suédoise.<br />

ce que la CSC flamande dit depuis des<br />

années. La Wallonie dit la même chose<br />

pour les ALE. Plus utile encore, le<br />

Conseil d’État a récemment rendu un<br />

avis sur une proposition de loi de la<br />

N-VA visant à autoriser les administrations<br />

locales à imposer un service communautaire<br />

au lieu d’une sanction<br />

administrative communale. Le Conseil<br />

d’État estime qu’il s’agit de travail<br />

forcé, comme la CSC l’affirme d’ailleurs<br />

depuis des années. L’Organisation<br />

internationale du travail OIT) ne l’autorise<br />

que pour les condamnés et à condition<br />

que ce service ait été imposé par<br />

un juge. Force est de reconnaître que<br />

pour une partie des politiciens de<br />

droite, criminels et chômeurs sont à<br />

mettre dans le même panier.<br />

Heureusement, nous pouvons encore<br />

compter sur des juristes moins déphasés,<br />

plus familiarisés avec le monde<br />

des normes fondamentales du travail<br />

et des droits de l’homme.<br />

Métiers pénibles:<br />

du fil à retordre<br />

Autre inconnue pour les prochaines<br />

semaines: que va faire le gouvernement<br />

après les actions régionales du<br />

2 <strong>octobre</strong> (voir p. 4-5) concernant la<br />

pension des personnes avec une carrière<br />

de métier lourd? Pour le secteur<br />

public et l’enseignement, nous<br />

savions déjà que le gouvernement<br />

préférait laisser passer les élections<br />

communales avant de réfléchir aux<br />

suites à donner à l’accord au Comité A.<br />

Pour le secteur privé, nous ne sommes<br />

encore nulle part au moment où nous<br />

rédigeons cet article. La concertation<br />

n’a pourtant pas été inutile. Les<br />

employeurs sont conscients qu’ils<br />

doivent adoucir leur position rigide.<br />

Les syndicats savent qu’ils doivent<br />

fixer des priorités. Les divergences<br />

restent néanmoins profondes. On<br />

peut espérer que les nouvelles réunions<br />

du CNT prévues les 3 et 8<br />

<strong>octobre</strong> auront permis d’avancer. Le<br />

résultat est imprévisible. Et ce qu’en<br />

fera le gouvernement par la suite est<br />

tout aussi imprévisible. N’oublions<br />

pas que la campagne pour les élections<br />

locales va laisser des traces et<br />

que les résultats dans certaines<br />

grandes villes auront une influence<br />

sur les tensions existantes.<br />

| Chris Serroyen |<br />

(2) La «wijkwerking» est la nouvelle dénomination des ALE en Flandre, une forme de travail de proximité.<br />

© Maïté Snyders<br />

11 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

En ce qui concerne le service communautaire,<br />

les Régions viennent à notre<br />

rescousse. Bruxelles ne veut pas en<br />

entendre parler. La Flandre estime qu’il<br />

faut investir dans la «wijkwerking» (2),<br />

Une inconnue en matière de pensions: que va faire le gouvernement<br />

après les actions syndicales régionales du 2 <strong>octobre</strong>?


nouvelles<br />

| Wallonie |<br />

© Denis Closon<br />

Marc Becker et Bruno Antoine: «Les cotisations sociales des employeurs sont réduites depuis<br />

des années et aucun chiffre ne prouve que cela a fait augmenter l’emploi».<br />

12 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

La politique du ministre wallon de<br />

l’Emploi, c’est «tout aux patrons»<br />

Le ministre Jeholet siphonne<br />

insidieusement l’argent des<br />

budgets publics au seul profit<br />

des employeurs, dénonce la CSC<br />

wallonne. Elle pointe une politique<br />

de l’emploi sans vision à long terme<br />

et sans mesures structurantes.<br />

«Depuis la mise en place du gouvernement<br />

wallon MR-CDH en juillet 2017, la<br />

politique de l’emploi est passée du<br />

soutien aux demandeurs d’emploi au<br />

soutien financier aveugle aux entreprises»,<br />

dénoncent d’une même voix<br />

Marc Becker et Bruno Antoine. Le<br />

secrétaire national de la CSC en charge<br />

des affaires wallonnes et le président<br />

de la CSC wallonne ne mâchent pas<br />

leurs mots. Ils dénoncent une politique<br />

au seul bénéfice des employeurs, sans<br />

considération pour les travailleurs et<br />

les demandeurs d’emploi, et surtout<br />

sans vision à long terme. «Le ministre<br />

estime qu’aider les employeurs, c’est<br />

automatiquement faire augmenter<br />

l’emploi. Mais cela ne fonctionne pas<br />

ainsi. Les cotisations sociales des<br />

employeurs sont réduites depuis des<br />

années et aucun chiffre ne prouve que<br />

cela a fait augmenter l’emploi. Pour les<br />

patrons, ce sont autant d’effets d’aubaine.<br />

Mais le gouvernement s’obstine.»<br />

Jackpot pour les patrons<br />

Le flux d’argent pour les patrons est<br />

abondant. Il y a, par exemple, les<br />

plans formation-insertion (PFI). Ce<br />

sont des formations en entreprise<br />

d’une durée de 4 à 26 semaines, suivies<br />

d’un contrat de travail d’une<br />

durée équivalente au sein de cette<br />

même entreprise. Le budget des PFI<br />

tourne actuellement autour de 8,4 millions<br />

d’euros et Bruno Antoine le qualifie<br />

de jackpot pour les patrons!<br />

Le crédit-adaptation est lui aussi tout<br />

bénéfice pour les employeurs. Cette<br />

mesure vise à favoriser la formation<br />

des travailleurs sur leur lieu de travail.<br />

Son budget s’élève à 5,5 millions d’euros.<br />

«Dans certaines entreprises, quasi<br />

100 % du personnel est en formation…<br />

Autrement dit, leur salaire est payé par<br />

de l’argent public, souligne Bruno<br />

Antoine. Les formations sont si nombreuses<br />

que le Forem n’a plus les<br />

moyens de contrôler.»<br />

Même profit grâce au projet «Impulsion».<br />

Cette aide vise l’insertion et le<br />

maintien à l’emploi des travailleurs<br />

âgés de 55 ans et plus et l’insertion<br />

des demandeurs d’emploi du même<br />

âge via une réduction de cotisations<br />

patronales. «L’enveloppe de départ<br />

s’élevait à 89 millions, explique-t-il.<br />

Aujourd’hui, elle atteint 107 millions.<br />

En effet, les mesures prises par le gouvernement<br />

fédéral empêchent les travailleurs<br />

et travailleuses de partir plus<br />

tôt et même d’alléger leur fin de carrière.<br />

Du coup, les plus de 55 ans sont<br />

plus nombreux et c’est tout bénéfice<br />

pour les employeurs.»<br />

“Le gouvernement wallon a passé deux ans à détruire ce que le<br />

précédent avait construit en trois ans.”<br />

Bruno Antoine et Marc Becker


«Le ministre Jeholet avance seul,<br />

sans concertation»<br />

Il n’y a plus de concertation sociale en Wallonie. Le ministre ignore<br />

les organisations syndicales, et même le Conseil économique et<br />

social n’est quasiment plus consulté.<br />

«Le ministre est dans les promesses et l’effet d’annonce. Il ignore ce qu’est<br />

une organisation syndicale et il s’assied sur la concertation sociale. Le Conseil<br />

économique et social de Wallonie (CESW) lui-même n’est quasiment plus<br />

consulté. Depuis 2017, il n’y a plus de concertation sociale en Wallonie. Le<br />

ministre de l’Emploi avance seul», dénonce la CSC wallonne.<br />

Cinq années perdues<br />

Et puis, il y a le dossier des métiers en<br />

pénurie. «Les chiffres du Forem<br />

montrent qu’en Wallonie, 5.000 postes<br />

sont à pourvoir dans les métiers en<br />

pénurie. C’est très loin de ce que<br />

déclare le ministre… qui répète le discours<br />

patronal. On va donc donner 350<br />

euros de prime au terme d’une formation<br />

dont on ignore si elle débouchera<br />

sur un emploi… Tant que l’on n’agira<br />

pas sur les causes profondes des pénuries,<br />

on ne s’en sortira pas. Mais cela<br />

contribue à la culpabilisation constante<br />

des demandeurs d’emploi», s’indigne<br />

la CSC wallonne. Elle pointe aussi la<br />

méconnaissance profonde du ministre<br />

et de son cabinet vis-à-vis des travailleurs<br />

des agences locales pour l’emploi<br />

(ALE) et souligne qu’«il n’y a pas<br />

de politique d’emploi pour les exclus<br />

du marché libéral».<br />

Bruno Antoine et Marc Becker concluent:<br />

«Le gouvernement a passé<br />

deux ans à détruire ce que le précédent<br />

avait construit en trois ans. La Wallonie<br />

a donc perdu cinq ans et n’a pas de<br />

mesure structurante pour l’avenir.»<br />

«Quand le gouvernement précédent s’est mis en place, Paul Magnette a<br />

affecté un budget aux interlocuteurs sociaux wallons, à charge pour eux de<br />

s’entendre sur des propositions communes qu’il s’est engagé à mettre en<br />

œuvre. C’est ce qu’on a appelé le «modèle mosan», par analogie avec le<br />

fameux modèle rhénan de concertation sociale, explique Marc Becker, secrétaire<br />

national de la CSC en charge des affaires wallonnes. Le GPSW (1) avait<br />

un calendrier de rencontres avec le gouvernement. La dernière réunion,<br />

fixée au 13 septembre dernier, a été annulée. Désormais, le gouvernement<br />

nous dit: «Voici ce que nous avons décidé, êtes-vous d’accord?» Mais que<br />

notre réponse soit positive ou non, il s’en fiche. Il avance.» Ainsi, le ministre<br />

a décidé de supprimer 500 emplois au Forem; il l’a fait sans consultation,<br />

sans concertation, alors que le Forem est un organisme d’intérêt public dont<br />

la gestion est paritaire!<br />

Le Conseil économique et social de Wallonie (CESW) n’est plus guère consulté,<br />

lui non plus. Pourtant, il a été créé pour donner des avis au gouvernement<br />

sur les matières économiques et sociales. «Juste avant la deuxième lecture<br />

du décret APE, il a demandé au CESW de rendre un avis, mais le courrier est<br />

arrivé un lundi, alors que le texte de la deuxième lecture figurait à l’ordre du<br />

jour du gouvernement du jeudi suivant et… était déjà prêt! Avant même que<br />

les représentants des employeurs et des travailleurs s’expriment sur ce<br />

décret, le gouvernement était déjà un pas plus loin…»<br />

Même chose à propos des métiers en pénurie qui figurent en bonne place<br />

dans le «jobsdeal» du fédéral: «Les Régions devaient être consultées. Même<br />

en Flandre, cela a été fait. Mais en Wallonie, les interlocuteurs sociaux n’ont<br />

jamais été contactés!»<br />

(1) Le Groupe des partenaires sociaux de Wallonie (GPSW) réunit les représentants<br />

des employeurs et des travailleurs sur le modèle du Groupe des 10 au<br />

fédéral.<br />

© Denis Closon<br />

13 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

Depuis 2017, il n’y a plus de concertation sociale en Wallonie. Le ministre<br />

Jeholet ignore ce qu’est une organisation syndicale et il s’assied sur la<br />

concertation sociale (Photo: manif APE du 25 juin <strong>2018</strong> à Namur).


nouvelles<br />

| Région bruxelloise |<br />

© Aude Vanlathem<br />

Paul Palsterman: «L’accord politique bruxellois sur les allocations<br />

familiales respecte les balises que la CSC avait mises».<br />

14 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

Région bruxelloise<br />

La concertation sociale<br />

fait ses preuves<br />

La concertation sociale en Région bruxelloise se porte bien. La CSC bruxelloise<br />

le souligne et s’en félicite. L’occasion pour son porte-parole, Paul<br />

Palsterman, d’aborder quelques dossiers importants pour les citoyens de<br />

la capitale.<br />

Quel bilan tirez-vous de la<br />

législature qui est en train de<br />

s’achever?<br />

Le bilan le plus important est que s’est<br />

instaurée entre le gouvernement<br />

bruxellois et les interlocuteurs sociaux<br />

une méthode de concertation qui<br />

n’existait pas auparavant. Dans le cadre<br />

de la «stratégie 2025» du gouvernement,<br />

on a défini un certain nombre de<br />

«priorités partagées», où la concertation<br />

va plus loin que les consultations<br />

habituelles. C’était une expérience inédite.<br />

Il a fallu parfois tâtonner. Cette<br />

méthode n’a pas été appliquée partout<br />

avec le même élan. On s’est rendu<br />

compte après coup que d’autres sujets<br />

auraient pu faire partie de ces priorités<br />

partagées, mais globalement, le bilan<br />

est très positif, aussi bien pour les<br />

interlocuteurs sociaux que, je crois,<br />

pour le gouvernement et pour la Région.<br />

Je le souligne, parce que c’était nouveau<br />

à Bruxelles. C’est d’autant plus<br />

important que la Région bruxelloise a<br />

hérité de nouvelles compétences<br />

sociales. Le niveau régional bruxellois<br />

devient de plus en plus significatif pour<br />

notre «cœur de métier».<br />

On dit pourtant que Bruxelles<br />

a pris du retard sur certains<br />

dossiers. Par exemple les allocations<br />

familiales ou l’assurance<br />

autonomie.<br />

Sur les allocations familiales, il est en<br />

effet dommage que les quatre entités<br />

compétentes n’ont pas repris ensemble<br />

la gestion de la matière. Faut-il reprocher<br />

à la Région bruxelloise de n’avoir<br />

pas été en mesure de reprendre cette<br />

gestion avant 2020, qui était la date<br />

limite prévue par la réforme de l’État? Il<br />

faut tout de même dire qu’en Région<br />

bruxelloise, on partait de pratiquement<br />

rien. Les allocations familiales ne sont<br />

pas gérées par la Région proprement<br />

dite, mais par la Commission communautaire<br />

commune (Cocom). Pour cette<br />

institution, cela représente un développement<br />

gigantesque. À la Cocom, les<br />

décisions se prennent au consensus<br />

entre francophones et néerlandophones,<br />

en plus des compromis nécessaires<br />

entre familles politiques. Cela<br />

prend inévitablement du temps. En tant<br />

qu’interlocuteurs sociaux, nous avons à<br />

un certain moment conseillé de dissocier<br />

le volet administratif du payement<br />

des allocations familiales et la réforme<br />

du système, pour laquelle nous plaidions<br />

de ne pas se précipiter. Les choses<br />

auraient-elles été différentes si on avait<br />

suivi ce conseil? Objectivement, je n’en<br />

sais rien. Finalement, un accord a été<br />

atteint au sein du gouvernement. Si j’en<br />

juge par les réactions au parlement, cet<br />

accord rencontre un consensus plus<br />

large que la majorité gouvernementale.<br />

La CSC est-elle également satisfaite<br />

de cet accord?<br />

Nous n’avons pas voulu mettre la pression<br />

sur un modèle bien déterminé.<br />

L’essentiel était d’avoir une vision juste<br />

du principe que l’allocation familiale est<br />

un «droit de l’enfant». À nos yeux, cela<br />

signifie que le montant de l’allocation<br />

familiale ne doit pas dépendre du statut<br />

professionnel des parents. Ce principe<br />

était pratiquement acquis avant la<br />

réforme de l’État, qui a mis la touche<br />

finale pour le réaliser. Cela ne signifie<br />

pas, comme l’ont plaidé certains, que<br />

l’allocation familiale doit devenir une<br />

sorte d’allocation universelle d’un montant<br />

indifférencié. Le montant de l’allocation<br />

peut et doit varier selon ce que coûte<br />

l’enfant ou selon les revenus des parents.<br />

L’accord politique respecte les balises<br />

que la CSC avait mises. Sa grande qualité,<br />

à mon avis, est qu’après une période<br />

transitoire assez courte, tous les enfants<br />

auront les mêmes droits, quelle que soit<br />

leur date de naissance. Même pendant<br />

cette période transitoire, les droits<br />

seront en fait identiques à 10 euros près<br />

par mois. En Flandre et en Wallonie, le<br />

nouveau système ne s’appliquera qu’aux<br />

enfants nés à partir de 2019. Pendant<br />

toute une génération, deux systèmes<br />

vont donc cohabiter, le cas échéant au


sein d’une même famille. Indépendamment<br />

de la justice de ce système, je<br />

me demande comment on va évaluer son<br />

efficacité sociale.<br />

Revenons-en à l’assurance autonomie…<br />

À l’initiative de la CSC, le Conseil économique<br />

et social bruxellois a émis<br />

l’avis que la dépendance était un sujet<br />

important et a identifié certains points<br />

où le système social était insuffisant.<br />

Il s’agit notamment de la garde de<br />

personnes dépendantes à domicile.<br />

Nous plaidons pour que ce besoin soit<br />

rencontré dans une logique de sécurité<br />

sociale, c’est-à-dire sans enquête<br />

sur les ressources. Faut-il pour autant<br />

distinguer ce risque de la politique de<br />

la santé en général, voire de l’ensemble<br />

de la politique sociale (il y a<br />

des dépendances qui ne proviennent<br />

pas d’un problème médical)? Faut-il<br />

autrement dit créer un dispositif spécifique<br />

intitulé «assurance autonomie»<br />

qui prendrait en charge une partie<br />

finalement limitée de ce risque? Sans<br />

l’exclure, nous avons des doutes. Et en<br />

tout cas, nous plaidons pour ne pas<br />

perdre son temps dans des symboles.<br />

Quels sont à vos yeux les principaux<br />

sujets de la prochaine<br />

législature?<br />

Sur le plan social, il faudra travailler sur<br />

le congé-éducation payé et sur les<br />

titres-services. Il faudra finaliser une<br />

réflexion en cours sur l’emploi de proximité,<br />

le rôle des communes, des CPAS,<br />

des ALE, etc. Et bien entendu, le travail<br />

sur tout le reste continue.<br />

Bruxelles est venue plusieurs<br />

fois dans l’actualité pour les<br />

problèmes de mobilité, les tunnels…<br />

La mobilité est un sujet sur lequel le<br />

bilan de la législature est mitigé, y compris<br />

d’ailleurs pour l’écoute de ce qu’ont<br />

à dire les interlocuteurs sociaux. Le gouvernement<br />

a fini par accoucher d’un<br />

«plan de mobilité», dit «Good Move»,<br />

dont il faudra voir comment il va se<br />

concrétiser. À ce stade, je dirais deux<br />

choses.<br />

veut rester économiquement active et<br />

attirer les travailleurs et les entreprises.<br />

Mais le modèle des autoroutes urbaines<br />

qui déchirent le tissu social n’est plus<br />

adapté à une ville européenne du 21 ème<br />

siècle. Même les villes américaines lui<br />

tournent le dos. Ce modèle est désormais<br />

celui des mégalopoles du tiersmonde<br />

et pas celui de Bruxelles.<br />

La seconde, c’est que les problèmes de<br />

mobilité à Bruxelles, comme d’ailleurs<br />

dans d’autres villes comme Anvers, proviennent<br />

essentiellement des voitures<br />

qui entrent ou sortent de la ville dans le<br />

cadre des déplacements domicile-travail.<br />

Or, l’offre de transports en commun<br />

vers la banlieue est restée en gros celle<br />

des chemins de fer vicinaux de quand<br />

j’étais petit, dans les années 1960. Une<br />

augmentation substantielle de cette<br />

offre, notamment sur l’axe de la Nationale<br />

4 et de l’A12, est indispensable. Et<br />

je ne reparle pas du RER, ni de l’utilisation<br />

des lignes SNCB à l’intérieur de la<br />

Région. Bref, les problèmes de mobilité<br />

de Bruxelles ne pourront pas se résoudre<br />

par la Région bruxelloise seule.<br />

On parle beaucoup du «millefeuilles»<br />

bruxellois, de la complication<br />

des institutions<br />

Bruxelles est intrinsèquement compliquée.<br />

Ses limites sont définies sur la<br />

© Jean-Luc Flémal/Belpress.com<br />

base de la situation linguistique d’il y<br />

a près de soixante ans, et pas en fonction<br />

de la réalité urbaine d’aujourd’hui.<br />

Ensuite, le destin de Bruxelles, capitale<br />

de la Belgique, est d’assumer son<br />

bilinguisme, même si l’usage du néerlandais<br />

est en diminution parmi les<br />

habitants. Même dans les instances<br />

de la CSC bruxelloise, je ne crois pas<br />

que nous aurions une majorité pour<br />

attribuer à la Région toutes les ma -<br />

tières gérées par les Communautés. À<br />

partir de là, il faut vivre avec le fait que<br />

des matières comme la santé, par<br />

exemple, peuvent être gérées par sept<br />

niveaux de pouvoirs différents. Com -<br />

me organisation sociale, nous ne voulons<br />

pas trop nous mêler de ces questions<br />

spécifiquement institutionnelles.<br />

Il nous appartient d’interpeller<br />

sur les besoins concrets et de favoriser<br />

dans toute la mesure du possible<br />

une bonne interaction entre toutes les<br />

institutions.<br />

Certains voient aussi une complication<br />

dans l’existence de 19 communes, 6<br />

zones de police, etc. Ici aussi, comme<br />

organisation syndicale, nous préférons<br />

nous concentrer sur notre métier.<br />

Par exemple, nous réfléchissons à une<br />

meilleure structuration de la politique<br />

en matière d’emploi de proximité.<br />

15 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />

La première, c’est que Bruxelles n’a<br />

nulle envie de devenir un musée. Elle<br />

En matière de mobilité, le bilan de la législature est mitigé.


agenda<br />

17/10 – Journée de lutte contre la pauvreté<br />

Comme chaque année, la CSC participera activement à la journée de lutte contre la pauvreté le 17 <strong>octobre</strong> à Namur.<br />

Rejoignez notamment les Travailleurs sans emploi (TSE).<br />

Les rendez-vous:<br />

• de 9h30 à 12h30 dans des lieux divers à Namur: 17 animations (théâtre-conférences-ateliers) pour mieux comprendre<br />

certains aspects de la précarisation et de la pauvreté.<br />

Les Travailleurs sans emploi de la CSC (TSE) animeront un atelier sur le fléau de l’endettement et les frais bancaires abusifs.<br />

À 10h à l’Ilon, rue des tanneries 1, 5000 Namur.<br />

• de 13h à 14h30: manifestation au départ de Jambes avec passage devant des lieux importants où se prennent des décisions<br />

qui influencent notre vie quotidienne (arrivée place d’Armes).<br />

• de 14h30 à 17h30: foire de l’Agir sur la place d’Armes. Rejoignez les associations partenaires et découvrez leur proposition<br />

pour agir sur la pauvreté et ses conséquences.<br />

• de 17h30 à 19h30: exposition, atelier théâtre, performances artistiques, projection de film.<br />

• de 20h à 21h30: parade des lanternes et animation musicale (départ de l’internat IAG rue Danhaive et arrivée Traverse<br />

des Muses – CCN Abattoirs).<br />

Déplacements gratuits pour les militants de la CSC au départ de toutes les régions de Wallonie et de Bruxelles.<br />

Infos: Khadija Khourcha – 0473.495.903 – kkhourcha@acv-csc.be - Giovanna Trunfio – 065. 372.754 – gtrunfio@acv-csc.be<br />

ou le comité des TSE le plus proche de chez vous. Infos générales et programme: http://rwlp.be<br />

22/10 - Formation<br />

Quelle réintégration<br />

après une maladie de<br />

longue durée?<br />

Depuis le 1 er janvier 2017, de nouvelles dispositions<br />

légales sont entrées en vigueur pour permettre<br />

aux malades de longue durée de<br />

reprendre le travail. La nouvelle réglementation<br />

s’applique aux malades de longue durée (maladie<br />

pendant deux mois ou plus). Elle vaut uniquement<br />

pour les travailleurs du secteur privé,<br />

de même que les contractuels d’une institution<br />

publique. Elle s’applique partiellement aux fonctionnaires<br />

nommés à titre définitif dans le secteur<br />

public, ainsi qu’au personnel nommé à titre<br />

définitif dans l’enseignement.<br />

Cette journée de formation est surtout destinée<br />

aux délégués CPPT et aux délégués syndicaux.<br />

Elle a pour but de les informer et de les aider à<br />

avoir les bons réflexes et à préparer les bonnes<br />

stratégies d’action.<br />

Le 22 <strong>octobre</strong> de 9h à 16h30 à la CSC Bruxelles,<br />

rue Pletinckx 19, 1000 Bruxelles.<br />

Inscription: via votre centrale professionnelle.<br />

6/11 - Conférence<br />

L’égalité des droits au travail<br />

pour les LGBT<br />

Les droits des travailleuses et travailleurs lesbiennes, gays,<br />

bisexuels et transsexuels (LGBT) sont des droits humains fondamentaux<br />

et, en tant que tels, ils sont aussi des droits syndicaux.<br />

Tous les travailleurs doivent être protégés contre les discriminations<br />

et la discrimination basée sur l’orientation sexuelle ne diffère en rien<br />

des autres discriminations. Ne pas dénoncer, ne pas agir contre les<br />

discriminations homophobes laisse la porte ouverte à d’autres discriminations.<br />

Dans ce contexte, la plateforme ACV-CSC LGBT@Work organise une<br />

conférence sur l’homophobie et les discriminations fondées sur<br />

l’orientation sexuelle: «Diversity?». Ce meeting-débat vise, à travers<br />

des interventions et des exemples de pratiques syndicales, à<br />

déconstruire les stéréotypes et les préjugés sur les LGBT, à sensibiliser<br />

à la lutte contre l’homophobie sur le lieu du travail et à outiller<br />

les délégués syndicaux, et plus largement les affiliés, pour leur<br />

permettre d’appréhender les discriminations des travailleurs LGBT.<br />

Le 6 novembre de 9h30 à 16h30 à la CSC Bruxelles, rue Pletinckx<br />

19, 1000 Bruxelles.<br />

Inscription au plus tard le 25/10/<strong>2018</strong>: acvcsc.lgbt.work@gmail.com<br />

Programme: www.facebook.com/ACV-CSC-LGBT-at-Work

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