Syndicaliste octobre 2018

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Ils étaient 10.000 fonctionnaires dans les rues de Bruxelles le 28 septembre pour s’opposer
à la réforme du régime de congé maladie.
6 | syndicaliste 890 | 10 octobre 2018 |
Fonction publique
Le ras-le-bol des fonctionnaires
Le gouvernement fédéral a la dent et les oreilles dures vis-à-vis de ses
fonctionnaires. Une manifestation en front commun les a réunis le 28 septembre
à Bruxelles pour dire non à la réforme du régime de congé maladie
et exiger du ministre de la fonction publique plus de respect.
Nouvelles mesures d’économies, disparition
des statutaires au profit du recrutement
de contractuels en situation
précaire, introduction du travail intérimaire,
suppression du crédit-maladie…
Cet échantillon non exhaustif des
mesures annoncées par le ministre de
la fonction publique, Steven Vandeput,
témoigne du combat idéologique mené
par le gouvernement fédéral contre la
fonction publique et le statut de ses
fonctionnaires. Rappelons que le statut
particulier de ceux-ci est lié au principe
d’indépendance garantissant la neutralité
des fonctionnaires et l’absence de
pressions du pouvoir politique. La précarisation
des conditions de recrutement
des fonctionnaires fédéraux fragilise
cette indépendance et risque de
mettre les fonctionnaires à la merci des
pressions politiques.
Une des mesures les plus emblématiques
de ce haro sur la fonction publique
est la réforme du régime de congé maladie.
Cette réforme remet en cause, entre
autres, la longue période durant laquelle
les agents statutaires malades bénéficient
de 100 % de leur salaire. La volonté
du ministre est que les agents ne
touchent plus qu’entre 60 ou 65 % de
leur revenu après 30 jours de maladie.
Le ministre organise sa mesure selon la
même logique - dangereuse et infondée
(1) - que celle de la dégressivité des allocations
chômage: les malades de longue
durée recevant moins de revenus, leur
nombre va mécaniquement fortement
diminuer et ils se remettront plus vite au
travail. Le ministre semble oublier
qu’une personne malade ne choisit pas
d’être malade!
Des fonctionnaires malades
du détricotage de leur statut
À cette mesure s’ajoute le fait que les
fonctionnaires fédéraux ne pourront
plus non plus, à partir du 1 er janvier
2019, reporter leurs jours de congés
maladie inutilisés à l’année suivante.
Alors que la CSC Services publics négocie
depuis avril, en front commun, la
réforme globale du statut des fonctionnaires
fédéraux, cette dernière mesure,
adoptée pendant l’été et sans concertation,
constitue «la mesure de trop» pour
Silvana Bossio, secrétaire nationale
CSC Services publics. «Ces mesures
sont démagogiques. Le gouvernement
dénonce un soi-disant abus du système
pour prendre des congés de complaisance
ou pour partir plus tôt à la pension.
Il oublie un élément fondamental:
la personne doit être malade et avoir un
certificat médical. Le moindre jour de
congé des fonctionnaires est contrôlé
sévèrement par un organisme dès le
premier jour de maladie. C’est la mesure
de trop.»
Le cabinet Vandeput ne répondant pas
aux demandes d’informations des syndicats
et ne négociant que pour la forme
- les mesures ont été jusqu’à présent
non-négociables - les syndicats du nord
et du sud du pays se sont mobilisés en
front commun pour lui faire entendre
que le fonctionnaire mérite des conditions
de travail décentes écrites clairement
dans son statut.
(1) Seize professeurs d’université ont publié une carte blanche dans Le Soir du 24 septembre dans laquelle ils mettent en garde contre les dégâts que pourrait
provoquer l’augmentation de la dégressivité des allocations.