Syndicaliste octobre 2018
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«Le ministre Jeholet avance seul,<br />
sans concertation»<br />
Il n’y a plus de concertation sociale en Wallonie. Le ministre ignore<br />
les organisations syndicales, et même le Conseil économique et<br />
social n’est quasiment plus consulté.<br />
«Le ministre est dans les promesses et l’effet d’annonce. Il ignore ce qu’est<br />
une organisation syndicale et il s’assied sur la concertation sociale. Le Conseil<br />
économique et social de Wallonie (CESW) lui-même n’est quasiment plus<br />
consulté. Depuis 2017, il n’y a plus de concertation sociale en Wallonie. Le<br />
ministre de l’Emploi avance seul», dénonce la CSC wallonne.<br />
Cinq années perdues<br />
Et puis, il y a le dossier des métiers en<br />
pénurie. «Les chiffres du Forem<br />
montrent qu’en Wallonie, 5.000 postes<br />
sont à pourvoir dans les métiers en<br />
pénurie. C’est très loin de ce que<br />
déclare le ministre… qui répète le discours<br />
patronal. On va donc donner 350<br />
euros de prime au terme d’une formation<br />
dont on ignore si elle débouchera<br />
sur un emploi… Tant que l’on n’agira<br />
pas sur les causes profondes des pénuries,<br />
on ne s’en sortira pas. Mais cela<br />
contribue à la culpabilisation constante<br />
des demandeurs d’emploi», s’indigne<br />
la CSC wallonne. Elle pointe aussi la<br />
méconnaissance profonde du ministre<br />
et de son cabinet vis-à-vis des travailleurs<br />
des agences locales pour l’emploi<br />
(ALE) et souligne qu’«il n’y a pas<br />
de politique d’emploi pour les exclus<br />
du marché libéral».<br />
Bruno Antoine et Marc Becker concluent:<br />
«Le gouvernement a passé<br />
deux ans à détruire ce que le précédent<br />
avait construit en trois ans. La Wallonie<br />
a donc perdu cinq ans et n’a pas de<br />
mesure structurante pour l’avenir.»<br />
«Quand le gouvernement précédent s’est mis en place, Paul Magnette a<br />
affecté un budget aux interlocuteurs sociaux wallons, à charge pour eux de<br />
s’entendre sur des propositions communes qu’il s’est engagé à mettre en<br />
œuvre. C’est ce qu’on a appelé le «modèle mosan», par analogie avec le<br />
fameux modèle rhénan de concertation sociale, explique Marc Becker, secrétaire<br />
national de la CSC en charge des affaires wallonnes. Le GPSW (1) avait<br />
un calendrier de rencontres avec le gouvernement. La dernière réunion,<br />
fixée au 13 septembre dernier, a été annulée. Désormais, le gouvernement<br />
nous dit: «Voici ce que nous avons décidé, êtes-vous d’accord?» Mais que<br />
notre réponse soit positive ou non, il s’en fiche. Il avance.» Ainsi, le ministre<br />
a décidé de supprimer 500 emplois au Forem; il l’a fait sans consultation,<br />
sans concertation, alors que le Forem est un organisme d’intérêt public dont<br />
la gestion est paritaire!<br />
Le Conseil économique et social de Wallonie (CESW) n’est plus guère consulté,<br />
lui non plus. Pourtant, il a été créé pour donner des avis au gouvernement<br />
sur les matières économiques et sociales. «Juste avant la deuxième lecture<br />
du décret APE, il a demandé au CESW de rendre un avis, mais le courrier est<br />
arrivé un lundi, alors que le texte de la deuxième lecture figurait à l’ordre du<br />
jour du gouvernement du jeudi suivant et… était déjà prêt! Avant même que<br />
les représentants des employeurs et des travailleurs s’expriment sur ce<br />
décret, le gouvernement était déjà un pas plus loin…»<br />
Même chose à propos des métiers en pénurie qui figurent en bonne place<br />
dans le «jobsdeal» du fédéral: «Les Régions devaient être consultées. Même<br />
en Flandre, cela a été fait. Mais en Wallonie, les interlocuteurs sociaux n’ont<br />
jamais été contactés!»<br />
(1) Le Groupe des partenaires sociaux de Wallonie (GPSW) réunit les représentants<br />
des employeurs et des travailleurs sur le modèle du Groupe des 10 au<br />
fédéral.<br />
© Denis Closon<br />
13 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />
Depuis 2017, il n’y a plus de concertation sociale en Wallonie. Le ministre<br />
Jeholet ignore ce qu’est une organisation syndicale et il s’assied sur la<br />
concertation sociale (Photo: manif APE du 25 juin <strong>2018</strong> à Namur).