Syndicaliste octobre 2018
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nouvelles<br />
| Wallonie |<br />
© Denis Closon<br />
Marc Becker et Bruno Antoine: «Les cotisations sociales des employeurs sont réduites depuis<br />
des années et aucun chiffre ne prouve que cela a fait augmenter l’emploi».<br />
12 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />
La politique du ministre wallon de<br />
l’Emploi, c’est «tout aux patrons»<br />
Le ministre Jeholet siphonne<br />
insidieusement l’argent des<br />
budgets publics au seul profit<br />
des employeurs, dénonce la CSC<br />
wallonne. Elle pointe une politique<br />
de l’emploi sans vision à long terme<br />
et sans mesures structurantes.<br />
«Depuis la mise en place du gouvernement<br />
wallon MR-CDH en juillet 2017, la<br />
politique de l’emploi est passée du<br />
soutien aux demandeurs d’emploi au<br />
soutien financier aveugle aux entreprises»,<br />
dénoncent d’une même voix<br />
Marc Becker et Bruno Antoine. Le<br />
secrétaire national de la CSC en charge<br />
des affaires wallonnes et le président<br />
de la CSC wallonne ne mâchent pas<br />
leurs mots. Ils dénoncent une politique<br />
au seul bénéfice des employeurs, sans<br />
considération pour les travailleurs et<br />
les demandeurs d’emploi, et surtout<br />
sans vision à long terme. «Le ministre<br />
estime qu’aider les employeurs, c’est<br />
automatiquement faire augmenter<br />
l’emploi. Mais cela ne fonctionne pas<br />
ainsi. Les cotisations sociales des<br />
employeurs sont réduites depuis des<br />
années et aucun chiffre ne prouve que<br />
cela a fait augmenter l’emploi. Pour les<br />
patrons, ce sont autant d’effets d’aubaine.<br />
Mais le gouvernement s’obstine.»<br />
Jackpot pour les patrons<br />
Le flux d’argent pour les patrons est<br />
abondant. Il y a, par exemple, les<br />
plans formation-insertion (PFI). Ce<br />
sont des formations en entreprise<br />
d’une durée de 4 à 26 semaines, suivies<br />
d’un contrat de travail d’une<br />
durée équivalente au sein de cette<br />
même entreprise. Le budget des PFI<br />
tourne actuellement autour de 8,4 millions<br />
d’euros et Bruno Antoine le qualifie<br />
de jackpot pour les patrons!<br />
Le crédit-adaptation est lui aussi tout<br />
bénéfice pour les employeurs. Cette<br />
mesure vise à favoriser la formation<br />
des travailleurs sur leur lieu de travail.<br />
Son budget s’élève à 5,5 millions d’euros.<br />
«Dans certaines entreprises, quasi<br />
100 % du personnel est en formation…<br />
Autrement dit, leur salaire est payé par<br />
de l’argent public, souligne Bruno<br />
Antoine. Les formations sont si nombreuses<br />
que le Forem n’a plus les<br />
moyens de contrôler.»<br />
Même profit grâce au projet «Impulsion».<br />
Cette aide vise l’insertion et le<br />
maintien à l’emploi des travailleurs<br />
âgés de 55 ans et plus et l’insertion<br />
des demandeurs d’emploi du même<br />
âge via une réduction de cotisations<br />
patronales. «L’enveloppe de départ<br />
s’élevait à 89 millions, explique-t-il.<br />
Aujourd’hui, elle atteint 107 millions.<br />
En effet, les mesures prises par le gouvernement<br />
fédéral empêchent les travailleurs<br />
et travailleuses de partir plus<br />
tôt et même d’alléger leur fin de carrière.<br />
Du coup, les plus de 55 ans sont<br />
plus nombreux et c’est tout bénéfice<br />
pour les employeurs.»<br />
“Le gouvernement wallon a passé deux ans à détruire ce que le<br />
précédent avait construit en trois ans.”<br />
Bruno Antoine et Marc Becker