Syndicaliste octobre 2018
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sein d’une même famille. Indépendamment<br />
de la justice de ce système, je<br />
me demande comment on va évaluer son<br />
efficacité sociale.<br />
Revenons-en à l’assurance autonomie…<br />
À l’initiative de la CSC, le Conseil économique<br />
et social bruxellois a émis<br />
l’avis que la dépendance était un sujet<br />
important et a identifié certains points<br />
où le système social était insuffisant.<br />
Il s’agit notamment de la garde de<br />
personnes dépendantes à domicile.<br />
Nous plaidons pour que ce besoin soit<br />
rencontré dans une logique de sécurité<br />
sociale, c’est-à-dire sans enquête<br />
sur les ressources. Faut-il pour autant<br />
distinguer ce risque de la politique de<br />
la santé en général, voire de l’ensemble<br />
de la politique sociale (il y a<br />
des dépendances qui ne proviennent<br />
pas d’un problème médical)? Faut-il<br />
autrement dit créer un dispositif spécifique<br />
intitulé «assurance autonomie»<br />
qui prendrait en charge une partie<br />
finalement limitée de ce risque? Sans<br />
l’exclure, nous avons des doutes. Et en<br />
tout cas, nous plaidons pour ne pas<br />
perdre son temps dans des symboles.<br />
Quels sont à vos yeux les principaux<br />
sujets de la prochaine<br />
législature?<br />
Sur le plan social, il faudra travailler sur<br />
le congé-éducation payé et sur les<br />
titres-services. Il faudra finaliser une<br />
réflexion en cours sur l’emploi de proximité,<br />
le rôle des communes, des CPAS,<br />
des ALE, etc. Et bien entendu, le travail<br />
sur tout le reste continue.<br />
Bruxelles est venue plusieurs<br />
fois dans l’actualité pour les<br />
problèmes de mobilité, les tunnels…<br />
La mobilité est un sujet sur lequel le<br />
bilan de la législature est mitigé, y compris<br />
d’ailleurs pour l’écoute de ce qu’ont<br />
à dire les interlocuteurs sociaux. Le gouvernement<br />
a fini par accoucher d’un<br />
«plan de mobilité», dit «Good Move»,<br />
dont il faudra voir comment il va se<br />
concrétiser. À ce stade, je dirais deux<br />
choses.<br />
veut rester économiquement active et<br />
attirer les travailleurs et les entreprises.<br />
Mais le modèle des autoroutes urbaines<br />
qui déchirent le tissu social n’est plus<br />
adapté à une ville européenne du 21 ème<br />
siècle. Même les villes américaines lui<br />
tournent le dos. Ce modèle est désormais<br />
celui des mégalopoles du tiersmonde<br />
et pas celui de Bruxelles.<br />
La seconde, c’est que les problèmes de<br />
mobilité à Bruxelles, comme d’ailleurs<br />
dans d’autres villes comme Anvers, proviennent<br />
essentiellement des voitures<br />
qui entrent ou sortent de la ville dans le<br />
cadre des déplacements domicile-travail.<br />
Or, l’offre de transports en commun<br />
vers la banlieue est restée en gros celle<br />
des chemins de fer vicinaux de quand<br />
j’étais petit, dans les années 1960. Une<br />
augmentation substantielle de cette<br />
offre, notamment sur l’axe de la Nationale<br />
4 et de l’A12, est indispensable. Et<br />
je ne reparle pas du RER, ni de l’utilisation<br />
des lignes SNCB à l’intérieur de la<br />
Région. Bref, les problèmes de mobilité<br />
de Bruxelles ne pourront pas se résoudre<br />
par la Région bruxelloise seule.<br />
On parle beaucoup du «millefeuilles»<br />
bruxellois, de la complication<br />
des institutions<br />
Bruxelles est intrinsèquement compliquée.<br />
Ses limites sont définies sur la<br />
© Jean-Luc Flémal/Belpress.com<br />
base de la situation linguistique d’il y<br />
a près de soixante ans, et pas en fonction<br />
de la réalité urbaine d’aujourd’hui.<br />
Ensuite, le destin de Bruxelles, capitale<br />
de la Belgique, est d’assumer son<br />
bilinguisme, même si l’usage du néerlandais<br />
est en diminution parmi les<br />
habitants. Même dans les instances<br />
de la CSC bruxelloise, je ne crois pas<br />
que nous aurions une majorité pour<br />
attribuer à la Région toutes les ma -<br />
tières gérées par les Communautés. À<br />
partir de là, il faut vivre avec le fait que<br />
des matières comme la santé, par<br />
exemple, peuvent être gérées par sept<br />
niveaux de pouvoirs différents. Com -<br />
me organisation sociale, nous ne voulons<br />
pas trop nous mêler de ces questions<br />
spécifiquement institutionnelles.<br />
Il nous appartient d’interpeller<br />
sur les besoins concrets et de favoriser<br />
dans toute la mesure du possible<br />
une bonne interaction entre toutes les<br />
institutions.<br />
Certains voient aussi une complication<br />
dans l’existence de 19 communes, 6<br />
zones de police, etc. Ici aussi, comme<br />
organisation syndicale, nous préférons<br />
nous concentrer sur notre métier.<br />
Par exemple, nous réfléchissons à une<br />
meilleure structuration de la politique<br />
en matière d’emploi de proximité.<br />
15 | syndicaliste 890 | 10 <strong>octobre</strong> <strong>2018</strong> |<br />
La première, c’est que Bruxelles n’a<br />
nulle envie de devenir un musée. Elle<br />
En matière de mobilité, le bilan de la législature est mitigé.