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articles publiés dans revue Perspectives Agricoles entre 2014 et 2016

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AILLEURS<br />

AILLEURS<br />

L’accompagnement des navires par des briseglaces<br />

et la restriction d’accès aux terminaux<br />

en mer d’Azov pour les navires étrangers sont<br />

intervenus plus précocement que d’habitude.<br />

MARCHES DU BLÉ<br />

L’ORIGINE MER NOIRE<br />

très présente en 2015<br />

© Droits réservés - DR<br />

L’actualité géopolitique met sur le devant de la scène la Russie et l’Ukraine, deux des<br />

principaux pays producteurs de la zone mer Noire, concurrents de la <strong>France</strong> pour les<br />

exportations de blé. Seront-ils en mesure de peser sur les marchés en 2015 ?<br />

En zone mer Noire, comme dans le<br />

monde entier, la récolte 2014 a enregistré<br />

des records de production toutes<br />

céréales confondues. Cela s’est également<br />

concrétisé par une production de<br />

blé à un niveau particulièrement élevé en Ukraine et<br />

en Russie, avec respectivement 22,5 Mt et 59 Mt produites<br />

(tableau 1).<br />

La récolte a été de bonne qualité en Russie avec un<br />

taux de protéines inférieur à celui de l’an dernier, qui<br />

était exceptionnellement élevé, mais de meilleurs PS<br />

et temps de chute de Hagberg. Selon l’IKAR (institut<br />

russe d’étude des marchés <strong>agricoles</strong>), 85 % du potentiel<br />

exportable<br />

par la Russie se<br />

situe à 12,5 % de<br />

protéines.<br />

En revanche, en<br />

Ukraine la récolte<br />

de blé est jugée de moins bonne qualité que les deux<br />

précédentes années mais correspond néanmoins à<br />

une année moyenne. Plusieurs raisons expliquent<br />

cette dégradation de la qualité des blés ukrainiens :<br />

la baisse des cours lors de la saison 2013-14 a créé<br />

des difficultés de trésorerie chez les agriculteurs<br />

et limité les achats de semences et d’engrais, une<br />

hausse du coût des intrants et des conditions météorologiques<br />

défavorables en début de récolte.<br />

Le rythme des exportations ne<br />

faiblit pas<br />

Les exportations ukrainiennes de blé ont bien démarré<br />

en début de campagne avec un tassement habituel<br />

en décembre, du fait des conditions météorologiques<br />

dans les ports. De juillet à décembre 2014,<br />

l’Ukraine a exporté plus de 72 % de son disponible<br />

exportable, la<br />

faiblesse de la<br />

monnaie ukrainienne<br />

ayant accentué<br />

le phénomène.<br />

L’Egypte,<br />

l’Asie du Sud et l’Union européenne figurent parmi<br />

les principales destinations du blé ukrainien.<br />

Pour la campagne 2014-2015, les exportations<br />

russes de blé sont estimées à 21 Mt contre 18,3 Mt<br />

La Russie a décidé de mettre en place,<br />

à partir de février 2015, des restrictions<br />

à l’exportation des céréales. »<br />

N°419 - Février 2015<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES 65


AILLEURS<br />

2014-2015 : un potentiel d’exportation en hausse<br />

Blé<br />

Tendre<br />

Stocks<br />

départ<br />

Production<br />

Utilisation<br />

intérieure<br />

Solde<br />

disponible<br />

exportable<br />

Stock fin<br />

13/14 14/15 13/14 14/15 13/14 14/15 13/14 14/15 13/14 14/15<br />

Russie 4 5 52,1 59 34,1 35,1 18,3 21 5 8,1<br />

Ukraine 2,1 2,7 21 22,5 10,4 10,6 9,2 11 2,7 2,7<br />

Kazakhstan 2 1,7 14,1 12,3 6,8 6,5 7,3 6,2 1,7 0,9<br />

TOTAL MT 12,75 9,412 87,2 93,8 51,3 52,2 34,8 38,2 16,1 11,7<br />

Tableau 1 : Prévisions du bilan 2014-2015 de trois principaux pays exportateurs de la région mer Noire<br />

(source : UkrAgroConsult au 15 janvier 2015).<br />

52,1<br />

Mt de blé en 2014,<br />

c’est la 2 ème meilleure<br />

production de blé<br />

en Russie.<br />

l’an dernier. Fin décembre, 15,85 Mt étaient déjà<br />

exportées, soit 75 % du disponible exportable russe.<br />

Sur les six premiers mois de la campagne, la Russie<br />

a enregistré des niveaux record d’exportation de blé.<br />

Des exportations qui pourraient se<br />

réduire<br />

Les derniers mois ont été marqués par une grande<br />

volatilité de la monnaie russe. En un an, le rouble a<br />

perdu plus de la moitié de sa valeur, suite aux sanctions<br />

économiques décrétées par les occidentaux<br />

dans la crise ukrainienne et du fait de la baisse des<br />

cours du pétrole, dont l’Etat russe tire la moitié de<br />

ses revenus. La tendance baissière des cours mondiaux<br />

des céréales observée sur le début de la campagne<br />

2014-2015 n’a cependant pas toujours permis<br />

aux blés russes d’être bien placés mais, au gré de<br />

l’évolution des cours, ils restent compétitifs.<br />

La Roumanie devient un acteur majeur<br />

La Roumanie se place au troisième rang des exportateurs<br />

européens de céréales vers pays tiers<br />

(1er rang pour le maïs). Les récoltes 2014, abondantes<br />

en Europe, ont favorisé les exportations<br />

vers les pays tiers (demande moins importante<br />

de l’Italie et de l’Espagne, pays traditionnellement<br />

clients du blé roumain). L’avantage concurrentiel<br />

de la Roumanie dans la région de la mer<br />

Noire vient à la fois de sa situation géographique<br />

et de son infrastructure portuaire bien développée.<br />

Elle propose les prix les plus bas dans cette<br />

région du globe et des taux de fret avantageux.<br />

Ainsi, pour favoriser son marché intérieur et limiter<br />

la poussée inflationniste, la Russie a décidé de<br />

mettre en place, à partir de février 2015, des restrictions<br />

à l’exportation des céréales avec une taxe<br />

supplémentaire de 15 %, auxquels s’ajouteront<br />

7,50 €, et qui ne devra pas être inférieure à 35 euros<br />

par tonne. Les conséquences, non évaluables à ce<br />

jour, devraient se faire sentir dans les prochains<br />

mois, avec à priori moins de disponibilité de l’origine<br />

russe sur les marchés mondiaux.<br />

De plus, la Russie doit faire face à d’importantes<br />

difficultés logistiques du fait des conditions météorologiques,<br />

qui impactent notamment la circulation<br />

des camions, mais aussi d’un renforcement des<br />

contraintes administratives, telles que l’augmentation<br />

inhabituelle des contrôles du poids des camions.<br />

Le blé d’hiver russe semé à l’automne<br />

2014 est globalement jugé en bon état.<br />

Campagne 2015/2016 : des surfaces<br />

importantes de semis<br />

Selon les estimations du CIC (Conseil international<br />

des céréales), les semis de blé d’hiver en Russie s’élèveraient<br />

à 13 Mha contre 12 Mha à l’automne 2013.<br />

En Ukraine, ils seraient de 6,4 Mha contre 6,1 Mha<br />

l’année précédente. La production 2015 pourrait ainsi<br />

atteindre des niveaux élevés mais il est encore beaucoup<br />

trop tôt pour toute estimation. Les blés russe et<br />

ukrainien sont soumis aux pertes hivernales (« winter<br />

kill ») qui peuvent être importantes (10 % en moyenne<br />

de la surface ensemencée en Ukraine).<br />

La situation fait état tout de même d’un froid intense<br />

et d’un manque de précipitations laissant les semis<br />

sans couverture neigeuse (risque de gel). Une compensation<br />

des pertes hivernales est toutefois possible<br />

avec les semis de printemps, à condition que la<br />

météo soit favorable et que les finances des agriculteurs<br />

russes et ukrainiens le permettent.<br />

Aurélie Jarlegant - ajarlegant@franceexportcereales.org<br />

<strong>France</strong> <strong>Export</strong> <strong>Céréales</strong><br />

Benoît Moureaux - b.moureaux@<strong>perspectives</strong>-<strong>agricoles</strong>.com<br />

© IKAR ; <strong>France</strong> <strong>Export</strong> <strong>Céréales</strong><br />

66<br />

Février 2015 - N°419<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES


L’OBSERVATOIRE<br />

L’Union européenne, qui talonnait les États-Unis, est<br />

devenue lors de la campagne de commercialisation<br />

2014-2015, le premier exportateur mondial de blé.<br />

L’OBSERVATOIRE<br />

MARCHÉS DU BLÉ<br />

UNE NOUVELLE DONNE<br />

pour les capacités à l’export<br />

© J-Y. Maufras - ARVALIS-Institut du végétal<br />

La récolte 2015 est marquée par une<br />

production mondiale de blé record, la<br />

baisse des cours du pétrole et la hausse<br />

de la valeur du dollar. Ces évolutions<br />

impactent les rapports de compétitivité<br />

à l’export, favorisant les origines<br />

communautaires et « mer Noire ».<br />

Pour la troisième année consécutive,<br />

la production mondiale de blé atteint<br />

des niveaux records (estimation de<br />

731,61 Mt par l’USDA au 11/09/15).<br />

L’Europe<br />

maintient son statut<br />

de premier producteur<br />

de blé avec 147,82 Mt,<br />

en baisse cependant<br />

par rapport à 2014 (156 Mt). Les hausses recensées<br />

parmi les autres principaux pays producteurs<br />

comme les États-Unis (+6 %), la Chine<br />

(+3 %), l’Ukraine (+3 %), la Russie (+1,5 %),<br />

l’Afrique du Nord (+16 %) et l’Australie (+10 %)<br />

compensent les baisses rencontrées en Inde<br />

(- 6 %) et au Canada (-10 %).<br />

Cet important volume de blé disponible explique<br />

les tensions sur les marchés avec la concurrence<br />

accrue des exportateurs. De même que lors de la<br />

dernière campagne de commercialisation, 2015-<br />

2016 pourrait être impactée par une qualité technologique<br />

des blés très hétérogène selon les pays<br />

(encadré), mais aussi par la remontée du dollar qui<br />

modifie les rapports de force.<br />

Impact des taux de change<br />

En 2014-2015, à l’instar de l’euro, un grand<br />

nombre de pays, parmi lesquels figurent des<br />

exportateurs majeurs de blé (tels que la Russie<br />

et l’Ukraine), ont vu leur monnaie fortement chuter<br />

par rapport au dollar,<br />

devise de référence.<br />

Ces dévaluations ont<br />

significativement minoré<br />

la compétitivité des<br />

exportations américaines et favorisé celle des<br />

origines communautaires (UE) et « mer Noire ».<br />

L’UE, qui talonnait les États-Unis lors de la campagne<br />

de commercialisation 2013-2014, est devenue,<br />

riche de la diversité de ses marchés, le tout<br />

Un grand nombre de pays ont<br />

vu leur monnaie fortement<br />

chuter en 2014-2015. »<br />

8<br />

Octobre 2015 - N°426<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES


L’OBSERVATOIRE<br />

Flux commerciaux : la qualité<br />

du grain redistribue les cartes<br />

L’évolution des marchés et des fl ux commerciaux<br />

dépend de nombreux facteurs : conditions<br />

météorologiques, politiques publiques,<br />

interactions entre les marchés… La campagne de<br />

commercialisation 2014-2015 s’est présentée sous<br />

des abords très inhabituels, notamment marquée<br />

par la forte hétérogénéité de la qualité des grains. En<br />

de nombreux endroits, les récoltes ont accusé une<br />

baisse de qualité en raison de pluies juste avant la<br />

récolte. En Ukraine, comme en Russie, les premiers<br />

retours de la récolte 2015 laissent présager une<br />

qualité moyenne en blé.<br />

premier exportateur mondial de blé. En Ukraine, la<br />

baisse de la hryvnia a facilité l’écoulement d’une<br />

récolte 2014 qui, en raison de meilleurs rendements<br />

et malgré des surfaces en retrait de 4 %,<br />

était en hausse de 11 % par rapport à 2013, à<br />

24,8 Mt. La production ukrainienne, moins impactée<br />

par la sécheresse que prévu, pourrait atteindre<br />

25 Mt en 2015 selon le Conseil International des<br />

<strong>Céréales</strong> (CIC).<br />

La Russie dans l’expectative<br />

Dans un contexte de crise prolongée avec<br />

l’Ukraine, la dépréciation du rouble qui a débuté<br />

en juillet 2014 s’est fortement accentuée les mois<br />

suivants. La chute soudaine des prix du pétrole, qui<br />

représente 50 % des recettes du pays et les deux<br />

tiers des exportations, y est pour beaucoup. Cette<br />

chute de la monnaie russe impacte directement<br />

le niveau de la taxe flottante sur les exportations<br />

russes de blé (1), dont l’entrée en vigueur a été<br />

effective le 1 er juillet 2015. Cette taxe est tributaire<br />

du prix mondial en base FOB, en dollar, ainsi que<br />

de la parité rouble/dollar. Il y a donc un risque persistant<br />

sur le niveau de la taxe. Malgré l’abondance<br />

de la production (60 Mt), le rythme des exportations<br />

En 2014-2015, la chute des taux de fret conjuguée à la<br />

baisse du prix du pétrole a amplifié les importations,<br />

notamment par certains opérateurs asiatiques,<br />

d’origines plus lointaines qu’habituellement.<br />

RÉCOLTE MONDIALE : les records masquent<br />

des écarts importants<br />

2013-2014 2014-2015 (estimation)<br />

Surf.<br />

Mha<br />

Rend.<br />

t/ha<br />

Prod.<br />

Mt<br />

Surf.<br />

Mha<br />

Rend.<br />

t/ha<br />

Prod.<br />

Mt<br />

Union européenne 25,7 5,56 143,1 26,6 5,85 155,6<br />

<strong>France</strong> 5,3 7,26 38,5 5,3 7,35 39,0<br />

Allemagne 3,1 7,98 24,9 3,2 8,63 27,8<br />

Chine 24,1 5,06 121,9 24,1 5,24 126,2<br />

Inde 29,6 3,16 93,5 31,5 3,04 95,9<br />

Amérique du Nord 29,4 3,37 99,0 28,9 3,04 88,1<br />

Canada 10,4 3,59 37,5 9,5 3,09 29,3<br />

États-Unis 18,3 3,18 58,1 18,8 2,94 55,1<br />

« Mer Noire» 42,9 2,06 88,3 43,0 2,27 97,5<br />

Russie 23,4 2,23 52,1 23,9 2,50 59,7<br />

Ukraine 6,6 3,39 22,3 6,3 3,93 24,8<br />

Kazakhstan 13,0 1,08 13,9 12,8 1,02 13,0<br />

Australie 13,5 2,00 26,9 13,8 1,71 23,6<br />

Afrique du Nord 7,0 2,86 20,1 7,1 2,54 17,9<br />

Maroc 3,3 2,13 7,0 3,2 1,84 5,8<br />

Amérique du Sud 7,3 2,63 19,2 9,5 2,57 24,3<br />

Argentine 3,7 2,52 9,2 5,3 2,64 13,9<br />

Total monde 219,4 3,25 713,4 223,2 3,23 721,2<br />

Tableau 1 : Production, surfaces et rendements mondiaux de blé (tous<br />

blés) des récoltes 2013 et 2014. Source : Conseil International des <strong>Céréales</strong><br />

(CIC), repris du bilan de campagne 2014-2015 de <strong>France</strong>AgriMer- juillet 2015.<br />

russes est bien inférieur à celui de 2014. La Russie<br />

semble donc bien freinée par la mise en place<br />

de cette taxe. Néanmoins, son entrée en vigueur<br />

n’explique pas à elle seule la lenteur des exportations<br />

: les Russes ont également accusé un retard<br />

conséquent dans les travaux de moisson en juillet<br />

en raison de pluies persistantes.<br />

Kazakhstan : l’obligation de<br />

dévaluer<br />

La perte de valeur du rouble a des conséquences<br />

régionales. Jusqu’ici, le Kazakhstan avait gardé<br />

le taux de sa monnaie nationale relativement<br />

stable mais, le 20 août dernier, celle-ci a chuté<br />

de 36 % par rapport au dollar. Dans un contexte<br />

d’affaiblissement des devises des pays voisins, le<br />

Kazakhstan a été forcé d’affaiblir sa propre monnaie<br />

pour maintenir la compétitivité de ses produits<br />

à l’export, mais aussi sur son marché intérieur.<br />

D’autant que, malgré les semis tardifs du fait de<br />

conditions humides, la production de blé en 2015<br />

devrait dépasser celle de l’an dernier, permettant<br />

de nouveau au Kazakhstan d’alimenter ses marchés<br />

exports (voir article p. 65 de ce numéro).<br />

(1) Pour continuer de contrôler les exportations de blé, alors que la<br />

perte de valeur du rouble a renchéri les importations et les prix intérieurs,<br />

une nouvelle taxe a été mise en place le 1 er juillet 2015. Elle<br />

est égale, à ce jour, à 50 % du prix de vente en roubles (RUB) moins<br />

5 500 RUB/t, avec un minimum de 50 RUB/t.<br />

<strong>France</strong> <strong>Export</strong> <strong>Céréales</strong><br />

Aurélie Jarlégant - ajarlegant@franceexportcereales.org<br />

<strong>France</strong> <strong>Export</strong> <strong>Céréales</strong><br />

N°426 - Octobre 2015<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES 9


L’OBSERVATOIRE<br />

PRODUCTION MONDIALE DE BLÉ<br />

LA HAUSSE<br />

ne profitera pas à tous<br />

Le record de production russe de blé attendu<br />

cette année s’explique par des conditions<br />

printanières favorables au moment des semis<br />

et par l’augmentation des surfaces cultivées.<br />

© Service S2E - ARVALIS-Institut du végétal<br />

L’OBSERVATOIRE<br />

Malgré la baisse des productions européennes, chinoises<br />

et ukrainiennes, la production mondiale de blé devrait connaître<br />

une hausse conséquente cette année, due à un effet rendements.<br />

La production mondiale de blé<br />

en 2016-2017 est estimée à 747 Mt,<br />

selon le CIC, en hausse de 1 % par<br />

rapport à 2015-2016. Au niveau mondial,<br />

le rendement passe en moyenne<br />

à 3,4 t/ ha, en hausse de 3 % alors même que la<br />

superficie mondiale a diminué de 1 %, à 222 Mha.<br />

La consommation, elle aussi en hausse, ne pourra<br />

toutefois pas absorber<br />

la hausse de<br />

la production. Les<br />

besoins des importateurs<br />

sont quasi<br />

identiques à ceux<br />

de l’an dernier. Le<br />

stock de report de la<br />

campagne 2016-2017 est, pour le moment, estimé<br />

à 231 Mt, en hausse de presque 6 % par rapport<br />

à 2015-2016 (figure 1).<br />

La lourdeur des stocks et l’abondance de blé au<br />

niveau mondial sont autant de facteurs justifiant la<br />

faiblesse des cours.<br />

Europe et Chine : une météo<br />

défavorable<br />

Suite aux pluies incessantes au printemps puis<br />

en été, la production de l’Union européenne (UE),<br />

estimée à 143,6 Mt, s’effondre de 10 % par rapport<br />

au record de 2015-2016 (à presque 160 Mt) alors<br />

qu’elle enregistrait une croissance continue depuis<br />

trois ans. Les hausses dans les pays du sud de l’UE<br />

(Espagne, Bulgarie<br />

En Ukraine, après un mauvais<br />

départ dans la campagne, les<br />

<strong>perspectives</strong> de rendement ont été<br />

grandement améliorées grâce à des<br />

conditions printanières optimales. »<br />

et Italie) ne suffisent<br />

pas à compenser la<br />

très lourde chute<br />

de production de<br />

la <strong>France</strong> notamment.<br />

D’un point de<br />

vue qualitatif, l’UE<br />

connaît une de ses moins bonnes années avec une<br />

part de blé meunier inférieure à la normale.<br />

Les conditions climatiques trop humides des mois<br />

d’avril et mai ont également limité la production<br />

chinoise de blé qui devrait s’établir à 128 Mt contre<br />

130,2 Mt l’année précédente. Dans l’ensemble,<br />

N°438 - Novembre 2016<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES 7


L’OBSERVATOIRE<br />

72 la<br />

Mt, c’est le nouveau sommet<br />

historique que devrait atteindre<br />

production russe de blé.<br />

8<br />

SURABONDANCE de blé en raison de stocks<br />

et de rendements toujours plus élevés<br />

Mt<br />

1000<br />

157 153 165 164<br />

900<br />

800<br />

700<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

2013-2014 2014-2015 2015-2016 2016-2017<br />

Production Stocks de départ<br />

Echanges mondiaux (en Mt) (Source : CIC, sept 2016.)<br />

Novembre 2016 - N°438<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES<br />

Mt<br />

1000<br />

900<br />

800<br />

700<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

2013-2014 2014-2015 2015-2016 2016-2017<br />

Stocks de fin<br />

Alimentation animale<br />

Utilisations industrielles Alimentation humaine<br />

Figure 1 : Offre et demande mondiale de blé sur la période 2013-2016.<br />

la qualité est annoncée comme étant moins bonne<br />

que la normale en raison des pluies en cours<br />

de moisson.<br />

À l’Est, une production<br />

en forte hausse<br />

La récolte de blé de printemps en Russie a progressé<br />

très rapidement, avec une météo propice<br />

dans les régions centrales (conditions sèches<br />

et chaudes). La production totale de blé pourrait<br />

culminer à 70 Mt (72 Mt selon IKAR) sur cette<br />

campagne un nouveau sommet historique (+15 %<br />

par rapport à l’ancien record connu l’an dernier<br />

à 61 Mt). Le Kazakhstan devrait produire son plus<br />

grand volume de blé depuis ces cinq dernières<br />

années, soit 16 Mt (16,5 Mt selon UkrAgroconsult)<br />

contre 13,7 Mt il y a un an. Cela reflète les conditions<br />

favorables au cours des semis au printemps<br />

ainsi que la hausse de 4 % des superficies de blé.<br />

En Ukraine, la production est estimée à 26,5 Mt<br />

(25,8 Mt selon UkrAgroConsult). Après un mauvais<br />

départ dans la campagne, les <strong>perspectives</strong> de<br />

rendement ont été grandement améliorées grâce<br />

à des conditions printanières optimales. Le rendement<br />

moyen dépasserait les 4 t/ha pour la première<br />

fois, et dépasse ainsi de 18 % la moyenne<br />

sur cinq ans. Toutefois, la diminution des surfaces<br />

pénalise globalement la production qui est vue en<br />

baisse de 2,8 % par rapport à 2015-2016.<br />

Le gouvernement indien table sur un chiffre de<br />

production de 93,5 Mt contre 86,5 Mt il y a un an.<br />

La production indienne retrouverait ainsi son<br />

niveau de 2013-2014 mais restera en deçà de l’excellente<br />

récolte 2014-2015 (95,9 Mt).<br />

Satisfecit du continent américain<br />

La moisson de blé aux États-Unis est satisfaisante<br />

tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif.<br />

La teneur en protéines et le poids spécifique<br />

sont équivalents aux données de la récolte 2015.<br />

La production tous blés est estimée à 63,2 Mt<br />

contre 55,8 Mt l’an dernier, avec les blés d’hiver<br />

à 45,1 Mt (contre 37,3 Mt en 2015-2016), le blé dur<br />

à 2,5 Mt (2,2 Mt), et 15,6 Mt pour les blés de printemps<br />

(16,3 Mt). Au Canada, les surfaces ont diminué<br />

de 3 % rapport à l’année dernière. Toutefois,<br />

les rendements s’annoncent très prometteurs<br />

et porteraient la production en hausse de 12,3 %<br />

à 31 Mt. Au niveau de la qualité, les fortes pluies<br />

pourraient cependant occasionner des déclassements<br />

dans la qualité des grains moissonnés.<br />

En Argentine, la surface récoltée est vue en hausse<br />

de 20 % par rapport à 2015-2016 en raison de la<br />

suppression des licences aux exportations. Les<br />

rendements sont attendus en hausse et la production<br />

pourrait s’élever à 14,2 Mt contre 11,3 Mt il y<br />

a un an. La qualité sera sans doute meilleure que<br />

l’an passé grâce à l’utilisation accrue d’engrais au<br />

cours du développement.<br />

L’Australie profite de la pluie<br />

Les pluies de septembre sur les plaines orientales<br />

de l’Australie ont été anormalement élevées<br />

– jusqu’à trois fois la normale dans certaines<br />

régions. Après un début de campagne plus humide<br />

que la normale, une humidité supplémentaire<br />

a encore amélioré le potentiel de rendement,<br />

en particulier dans l’état du New South Wales.<br />

Cependant, les sols engorgés d’eau et les inondations<br />

localisées pourraient limiter le rendement<br />

dans certaines régions. Contrairement aux états<br />

de l’est, les conditions météo dans l’ouest australien<br />

ont été moins optimales avec notamment des<br />

pluies hivernales inférieures à la normale dans les<br />

plaines. Les dommages causés par les gelées courant<br />

septembre seraient aussi préoccupants.<br />

Bien qu’il y ait quelques incertitudes quant à la<br />

qualité des cultures dans l’est du pays, les rendements<br />

devraient être très bons et la production de<br />

blé en Australie pourrait atteindre 28,3 Mt (contre<br />

24,2 Mt au cours de la campagne dernière), notamment<br />

en raison de l’augmentation des semis.<br />

© ARVALIS-Institut du végétal<br />

Aurélie Jarlégant - ajarlegant@franceexportcereales.org<br />

<strong>France</strong> <strong>Export</strong> <strong>Céréales</strong><br />

En Chine, les fortes pluies au printemps et en été<br />

devraient entraîner une baisse de la production<br />

(−1,7 %) comme de la qualité du blé.


L’OBSERVATOIRE<br />

MARCHÉS CÉRÉALIERS<br />

DES VENTES À L’EXPORT<br />

en recul à mi-campagne<br />

Les exportations de blé tendre ont démarré la campagne<br />

2015-2016 sur un rythme plus lent qu’en 2014-2015.<br />

© <strong>France</strong> <strong>Export</strong> <strong>Céréales</strong> - Droits réservés<br />

Les exportations françaises de blé et de maïs sont en baisse sur les six<br />

premiers mois de la campagne 2015-2016 par rapport à 2014-2015, du fait<br />

d’une moindre compétitivité. L’origine <strong>France</strong> continue de trouver preneur<br />

mais une meilleure anticipation et réactivité de la filière s’avère nécessaire.<br />

Sur l’année civile 2015, les exportations<br />

de céréales ont atteint 7,2 milliards<br />

d’euros. Elles représentent le<br />

deuxième poste d’exportation de produits<br />

agro-alimentaires, derrière les<br />

vins et spiritueux (12,2 milliards d’euros) et devant<br />

les produits laitiers (6 milliards d’euros).<br />

Au 31 décembre, la valeur des ventes de céréales<br />

affichait un recul par rapport à 2014. La tendance<br />

baissière des prix des céréales depuis un an a largement<br />

pesé sur la valeur des exportations françaises.<br />

Une diminution des volumes exportés explique également<br />

ce ralentissement. Néanmoins, alors que les<br />

chiffres du commerce extérieur sont généralement<br />

publiés par année civile, il est beaucoup plus pertinent<br />

pour les produits <strong>agricoles</strong> de les analyser par<br />

campagne (1 er juillet - 30 juin).<br />

À mi-campagne, les exportations de céréales ont<br />

baissé en volume et en valeur de 3 % par rapport<br />

à 2014. Cette tendance se retrouve à la fois en blé<br />

et en maïs. En revanche, les ventes en orge progressent<br />

de 33 % en volume et 36 % en valeur au<br />

31 décembre 2015.<br />

<strong>Export</strong>ations en baisse au quatrième<br />

trimestre 2015<br />

Au cours du troisième trimestre 2015, les exportations<br />

de céréales ont rapporté 1,6 milliard d’euros<br />

pour 8,4 millions de tonnes chargées en <strong>France</strong>,<br />

soit une hausse de 13,5 % en volume et de 14,3 %<br />

en valeur par rapport au troisième trimestre 2014.<br />

Un peu moins de la moitié est imputable au blé<br />

tendre avec 713 millions d’euros pour 3,8 millions<br />

de tonnes.<br />

N°433 - Mai 2016<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES 15


L’OBSERVATOIRE<br />

BILAN À MI-CAMPAGNE : la croissance de l’orge<br />

ne compense pas le recul des autres céréales<br />

En tonnes<br />

18 000 000<br />

16 000 000<br />

14 000 000<br />

12 000 000<br />

10 000 000<br />

8 000 000<br />

6 000 000<br />

4 000 000<br />

2 000 000<br />

volume 1S 2014<br />

volume 1S 2015<br />

valeur 1S 2014<br />

valeur 1S 2015<br />

1 000 €<br />

3 500 000<br />

3 000 000<br />

2 500 000<br />

2 000 000<br />

1 500 000<br />

1 000 000<br />

500 000<br />

0<br />

0<br />

Total <strong>Céréales</strong> Blé tendre Orge Maïs<br />

Figure 1 : <strong>Export</strong>ations françaises de céréales en volume et en valeur à<br />

mi-campagne 2015-2016. Source : Douanes Françaises.<br />

Les importantes exportations d’orge ont dynamisé<br />

le démarrage de la campagne 2015-2016.<br />

Cependant, les exportations ont diminué en valeur<br />

et en volume au cours du quatrième trimestre avec<br />

1,4 milliard d’euros pour 7,3 millions de tonnes.<br />

Plus de la moitié provient du blé tendre avec<br />

725 millions d’euros pour 4,1 millions de tonnes.<br />

Au final, l’exportation des céréales en valeur à la<br />

fin des six premiers mois de la campagne 2015-<br />

Compte tenu des fondamentaux,<br />

une amélioration durable et<br />

marquée des prix n’est pas<br />

attendue avant le 30 juin 2016. »<br />

2016 a rapporté 3 milliards d’euros pour 15,7 millions<br />

de tonnes chargées en <strong>France</strong>. C’est moins<br />

que l’année dernière où les volumes de céréales<br />

exportées au premier semestre avaient totalisé<br />

16,2 millions de tonnes pour une valeur de 3,1 milliards<br />

d’euros. Presque la moitié de la valeur des<br />

exportations est issue du blé tendre avec 1,4 milliard<br />

d’euros pour 7,9 millions de tonnes (figure 1).<br />

La chute des importations en blé<br />

des pays du Moyen-Orient marque<br />

le début de campagne<br />

Entre le 1 er juillet et le 30 septembre 2015, 3,8 millions<br />

de tonnes de blé ont été exportées des ports<br />

français contre 3,9 millions un an auparavant. En<br />

valeur, les ventes de blé ont rapporté 713 millions<br />

d’euros sur les trois premiers mois de la<br />

campagne contre 729 millions d’euros sur la<br />

même période en 2014-2015. Après une campagne<br />

2014-2015 marquée par des problèmes de qualité<br />

de la récolte 2014, l’Algérie a renforcé son intérêt<br />

pour le blé français avec 1,3 million de tonnes<br />

de blé tendre exportées sur le premier trimestre,<br />

soit une hausse de 97 % par rapport à 2014-2015.<br />

Toutefois, les ventes au Proche et Moyen-Orient<br />

ont fortement reculé (- 90 %) suite à l’absence<br />

totale d’achat yéménite sur cette période. Tout<br />

comme en 2014-2015, la <strong>France</strong> n’a procédé à<br />

aucun chargement de blé vers l’Égypte au cours<br />

du premier trimestre.<br />

À partir du 1 er octobre 2015, la baisse des exportations<br />

s’est accentuée avec 4,1 millions de<br />

tonnes de blé chargées en <strong>France</strong> contre plus<br />

de 4,6 millions en 2014. En valeur, la baisse des<br />

prix a pesé sur cette première partie de campagne<br />

avec des recettes en recul de 100 millions<br />

d’euros, à 724 millions cette année au cours du<br />

second trimestre de la campagne. L’Algérie et<br />

le Maroc ont continué à importer du blé français<br />

avec 1,3 million de tonnes au second trimestre,<br />

soit une hausse de 35 % sur un an. Là encore,<br />

le recul des importations de blé français par les<br />

pays du Proche et Moyen-Orient (-81 %) explique<br />

la baisse des exportations de blé tendre sur ce<br />

second trimestre.<br />

Les ventes d’orges progressent<br />

de 33 % en volume<br />

Au cours du troisième trimestre de 2015, 2,6 millions<br />

de tonnes d’orges ont été chargées et exportées<br />

de <strong>France</strong>, soit 471 millions d’euros contre<br />

1,6 million de tonnes au troisième trimestre 2014,<br />

La campagne en cours<br />

s’annonce difficile<br />

En seconde partie de campagne, la pression exercée<br />

par les principaux concurrents se confi rme sur les<br />

marchés traditionnels des pays du sud du pourtour<br />

méditerranéen (Algérie, Maroc, Tunisie, Égypte).<br />

Les exportations de céréales françaises sont freinées<br />

par une meilleure compétitivité des origines russe,<br />

ukrainienne et des pays de la mer Baltique. Compte<br />

tenu des fondamentaux des marchés, une amélioration<br />

durable et marquée des prix n’est pas attendue avant<br />

le 30 juin 2016. On devrait observer un recul du<br />

volume exporté, toutes céréales confondues, et une<br />

baisse en valeur lors de cette campagne par rapport<br />

à 2014-2015. À la différence de ses concurrents, la<br />

<strong>France</strong> n’a pas anticipé le surplus de production de blé<br />

et la nécessité d’exporter plus. En conséquence, les<br />

stocks de fi n de campagne au 30 juin prochain sont<br />

prévus par <strong>France</strong> Agrimer à plus de 6 Mt.<br />

16<br />

Mai 2016 - N°433<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES


L’OBSERVATOIRE<br />

22 moins<br />

Mt de blé étaient disponibles à l’exportation<br />

en fin de campagne dernière contre un peu<br />

de 20 Mt l’année précédente.<br />

BLÉ TENDRE : des exportations pour le moment<br />

en recul par rapport à 2014-2015<br />

En tonnes<br />

5000000<br />

4500000<br />

4000000<br />

3500000<br />

3000000<br />

2500000<br />

2000000<br />

1500000<br />

1000000<br />

500000<br />

1 000 €<br />

840000<br />

820000<br />

800000<br />

780000<br />

760000<br />

740000<br />

720000<br />

700000<br />

680000<br />

660000<br />

0<br />

640000<br />

2014 2015 2014 2015<br />

3T<br />

4T<br />

Figure 2 : <strong>Export</strong>ations françaises de blé tendre en volume (barres)<br />

et en valeur (points) à mi-campagne. Source : Douanes Françaises.<br />

soit 287 millions d’euros (figure 3). Les ventes<br />

à la Chine expliquent ce bond avec 1,9 million<br />

de tonnes contre 448 000 tonnes en 2014. En<br />

valeur, ce volume représente 344 millions d’euros,<br />

soit une hausse de 341 % sur un an. De son côté,<br />

l’Arabie Saoudite a été absente au cours du premier<br />

trimestre de 2015-2016 Ce pays avait importé<br />

79 000 tonnes d’orges françaises entre le 1 er juillet<br />

et le 30 septembre 2014.<br />

Au deuxième trimestre de la campagne 2015-2016,<br />

les exportations d’orge n’ont pas continué sur leur<br />

lancée. Elles sont mêmes en légère baisse par<br />

rapport à la campagne précédente. Néanmoins,<br />

les volumes exportés vers la Turquie, l’Algérie, le<br />

Cameroun et surtout la Chine ont été en grande<br />

partie compensés par une hausse des chargements<br />

à destination du Maroc, de la Libye et surtout<br />

de la zone Proche et Moyen-Orient (Jordanie<br />

pour 53 000 tonnes et Arabie Saoudite pour<br />

132 000 tonnes). En valeur, elles ont rapporté 4 %<br />

de plus que l’année dernière.<br />

Chute des exportations de maïs<br />

pour le premier semestre 2015-<br />

2016<br />

La baisse de la production du maïs français à l’automne<br />

2015 ainsi que le manque de compétitivité<br />

de l’origine française ont fortement pénalisé les<br />

exportations. Elles affichent un recul en volume<br />

de 19 % sur les six premiers mois de la campagne<br />

avec 2,91 millions de tonnes, soit 588 millions<br />

d’euros (-15 %).<br />

Les exportations de maïs ont connu deux mouvements<br />

diamétralement opposés. Le premier au<br />

cours du premier trimestre de la campagne 2015-<br />

2016 avec une nette hausse des exportations de<br />

maïs en volume (1,6 million de tonnes) et en valeur<br />

(273 millions d’euros). Sans surprise, les pays de<br />

l’Union européenne totalisent la quasi-totalité des<br />

exportations de maïs français avec 1,6 million de<br />

tonnes contre 1,3 million de tonnes un an auparavant.<br />

Vers les pays tiers, les volumes exportés sont<br />

habituellement faibles sur cette période (20 000<br />

tonnes au 1 er trimestre 2015-2016).<br />

À partir du 1 er octobre, la tendance est fortement<br />

baissière avec la mise sur le marché de la<br />

récolte décevante de 2015. Le volume d’exportation<br />

a difficilement dépassé 1,3 million de tonnes<br />

(contre 2,2 millions de tonnes) pour une valeur de<br />

315 millions d’euros (contre 430 millions d’euros<br />

un an auparavant). Les exportations vers les pays<br />

intracommunautaires totalisent là encore la quasitotalité<br />

du volume total exporté.<br />

Aurélie Jarlégant - ajarlegant@franceexportcereales.org<br />

<strong>France</strong> export céréales<br />

18<br />

En tonnes<br />

3000000<br />

2500000<br />

2000000<br />

1500000<br />

1000000<br />

500000<br />

Mai 2016 - N°433<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES<br />

ORGES : un 1 er trimestre de campagne<br />

en forte hausse<br />

0<br />

2014 2015 2014 2015<br />

3T<br />

4T<br />

1 000 €<br />

500000<br />

450000<br />

400000<br />

350000<br />

300000<br />

250000<br />

200000<br />

150000<br />

100000<br />

50000<br />

0<br />

Figure 3 : <strong>Export</strong>ations françaises d’orges en volume (barres) et en<br />

valeur (points) à mi-campagne. Source : douanes françaises.<br />

© N. Cornec - ARVALIS-Institut du végétal<br />

Contrairement au blé tendre, les exportations<br />

d’orge ont affiché, en première partie de<br />

campagne, une nette progression, tant en<br />

volume qu’en valeur.


AILLEURS<br />

MARCHÉ MONDIAL DU MAÏS<br />

LES DISPONIBILITÉS<br />

restent importantes<br />

AILLEURS<br />

© iStock<br />

Les stocks mondiaux de fin de campagne 2015-2016, en<br />

baisse, restent bien au-dessus de la moyenne quinquennale.<br />

Malgré une offre 2015 abondante au niveau mondial chez les principaux<br />

exportateurs, la campagne 2015-2016 de maïs a été rythmée par des<br />

retards d’expédition en Argentine, un épuisement des disponibilités en<br />

mer Noire et des inquiétudes persistantes sur la récolte d’hiver<br />

au Brésil. Cette situation a pu profiter au maïs français.<br />

En raison des baisses de production aux<br />

États-Unis (-15,6 Mt pour un total de<br />

345,5 Mt), au Brésil (-5 Mt pour 70 Mt),<br />

en Ukraine (-5,2 Mt pour 23,3 Mt), en<br />

Union européenne (-18 Mt pour 58,2 Mt),<br />

la récolte mondiale 2015-2016 de maïs est estimée<br />

en baisse de 5 % par rapport à celle de la campagne<br />

2014-2015 (969 Mt contre 1018 Mt). Les surfaces<br />

récoltées sont prévues en baisse de 2 % par rapport<br />

à l’an passé et les rendements estimés à 5,4 t/ha, soit<br />

3 % de moins qu’en 2014-2015.<br />

Le Brésil a fait les frais d’un temps chaud et sec<br />

dans les grandes régions productrices. Des gelées<br />

récentes ont également occasionné quelques<br />

dégâts dans l’état de Parana, limitant davantage<br />

les <strong>perspectives</strong> de la deuxième récolte nationale<br />

(« Safrinha »). La récolte en cours et les retours terrain<br />

ont confirmé des rendements au plus bas. La<br />

production est attendue à 70 Mt selon l’USDA, soit<br />

18 % en dessous du pic de production de 2014-2015.<br />

À 972 Mt, la consommation mondiale devrait être<br />

2 % inférieure au record de l’an passé. Les utilisations<br />

en alimentation animale et humaine sont évaluées<br />

en baisse. Une modeste hausse de la demande<br />

du secteur industriel est néanmoins prévue.<br />

En raison de l’augmentation des exportations vers<br />

l’Union européenne, le Mexique, le Vietnam, l’Inde<br />

et l’Afrique subsaharienne, les échanges mondiaux<br />

(hors échanges intracommunautaires) sont<br />

estimés à 129,5 Mt selon le CIC, en hausse de 4 %<br />

en 1 an.<br />

Les stocks de fin de campagne 2015-2016 sont<br />

N°436 - Septembre 2016<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES 61


AILLEURS<br />

BILAN MONDIAL : des stocks de maïs toujours<br />

élevés mais en retrait<br />

En milliers de tonnes 2015-2016 2014-2015<br />

Stock de début 206 800 182 100<br />

Production 969 000 1 1018 200<br />

TOTAL OFFRE 1 175 800 1 200 300<br />

Consommation humaine et industrielle 376 500 378 700<br />

Consommation animale 562 400 575 700<br />

Autres 33 300 39 000<br />

TOTAL DEMANDE 1 101 700 1 118 500<br />

Stock de fin 203 600 206 800<br />

Tableau 1 : Bilan mondial de la production et des utilisations<br />

de maïs. Source CIC<br />

estimés à 204 Mt, bien au-dessus de la moyenne<br />

quinquennale mais en baisse de 3 Mt par rapport à<br />

2014-2015 (tableau 1). Les stocks en Chine devraient<br />

continuer à augmenter mais sont compensés<br />

par un resserrement chez les quatre principaux<br />

pays exportateurs (États-Unis, Argentine, Brésil,<br />

Ukraine), ainsi qu’en Inde et en Afrique du Sud.<br />

La baisse de la consommation<br />

pèse sur le marché européen<br />

La récolte européenne 2015 est estimée très<br />

en baisse par rapport à celle de 2014 (-18 Mt)<br />

avec entre autres -4,7 Mt en <strong>France</strong>, -2,8 Mt en<br />

Hongrie, -2,2 Mt en Roumanie, -2 Mt en Italie,<br />

-1,5 Mt en Pologne et -1,2 Mt en Allemagne.<br />

Les importations en provenance des pays tiers<br />

seraient de 13,4 Mt. Sur la fin de la campagne,<br />

les maïs importés deviennent moins attractifs.<br />

L’épuisement des disponibilités ukrainiennes,<br />

provoquant une hausse de leur prix, diminue la<br />

compétitivité de cette origine dans l’Union européenne.<br />

Les maïs américains restent les moins<br />

chers derrière les maïs français qui ont gagné en<br />

compétitivité courant mai.<br />

La consommation humaine et industrielle est<br />

estimée à 16,7 Mt, soit un recul de 0,9 Mt par<br />

rapport à 2014-2015 en raison d’une baisse de la<br />

UNION EUROPÉENNE : les exportations françaises de maïs<br />

fluctuent beaucoup sur les quatre dernières campagnes<br />

2012-2013 2013-2014 2014-2015 2015-2016*<br />

Allemagne 388 294 316 320<br />

Bel/Lux 1 778 1 538 1 850 2 053<br />

Espagne 876 1 061 1 571 1 225<br />

Italie 1 142 1 143 1 063 940<br />

Pays-Bas 1 636 1 682 2 223 2 230<br />

Portugal 593 599 592 586<br />

Royaume-Uni 547 351 234 113<br />

Autres 215 137 116 151<br />

Total 7 175 6 805 7 965 7 618<br />

*Prévisions au 14 juin 2016<br />

Tableau 2 : <strong>Export</strong>ations de maïs français vers les pays de l’Union<br />

européenne (milliers de t). Source : Stratégie Grains.<br />

production d’éthanol aux Pays-Bas, en Espagne,<br />

en Roumanie et en <strong>France</strong>.<br />

Sur le plan de la consommation animale, Stratégie<br />

Grains annonce une évolution en baisse en raison<br />

d’une meilleure compétitivité pour le blé et l’orge<br />

au cours du mois de mai. S’établissant à 48,2 Mt,<br />

les utilisations de maïs pour l’alimentation animale<br />

seraient ainsi en retrait de 10,6 Mt par rapport à<br />

la campagne précédente dans l’Union européenne<br />

(-1,8 Mt en <strong>France</strong>, -1,7 Mt en Hongrie, -1,6 Mt en<br />

Italie, -1,2 Mt en Allemagne et -1,1 Mt en Pologne).<br />

Avec 8,6 Mt selon Stratégie Grains, les stocks de<br />

fin de campagne restent supérieurs au stock minimum<br />

requis (4,3 Mt). Le bilan européen 2015-2016<br />

est excédentaire.<br />

Un bilan plutôt stable pour le maïs<br />

français<br />

Selon Stratégie Grains , la production européenne<br />

de maïs serait en 2015 de 57,3 Mt, dont 13,65 Mt<br />

pour la <strong>France</strong> (13,74 Mt selon agreste, 13,1 Mt<br />

selon <strong>France</strong>AgriMer sans le maïs humide et<br />

13,86 Mt selon l’AGPM). Le rendement moyen<br />

national est estimé à 89,6 q/ ha contre 101 q/ ha<br />

un an auparavant (source AGPM). Toutefois, une<br />

grande hétérogénéité des rendements a été<br />

constatée selon les zones de production.<br />

La diminution de la production en <strong>France</strong> est liée<br />

à la fois à la baisse des surfaces (-12 % par rapport<br />

à 2014) mais surtout à une baisse de rendement<br />

due au déficit pluviométrique très marqué<br />

du 10 mai à la fin août 2015, ainsi qu’aux températures<br />

élevées de juillet. Le retour des pluies fin<br />

août a pu limiter les pertes en assurant un remplissage<br />

des grains plus ou moins complet. Cette<br />

moyenne nationale masque de fortes disparités<br />

selon les zones de production et les conditions de<br />

culture (sec ou irrigué).<br />

Les humidités du grain à la récolte ont varié de 21<br />

Au Brésil, des gelées ont occasionné des dégâts<br />

dans l’état de Parana, limitant davantage les<br />

<strong>perspectives</strong> de la deuxième récolte nationale.<br />

© iStock<br />

62<br />

Septembre 2016 - N°436<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES


AILLEURS<br />

Les maïs américains restent les<br />

moins chers, même si les maïs<br />

français ont gagné en compétitivité.<br />

à 36 % selon les régions. Après séchage du maïs,<br />

la teneur en eau des grains est en moyenne de<br />

14,7 %, compatible avec une bonne conservation.<br />

La teneur en protéines de la récolte française<br />

est de 8,4 % de MS en 2015. Elle est en hausse<br />

de 0,4 point par rapport à 2014 et proche de la<br />

moyenne des cinq dernières années (8,5 % de MS).<br />

Les valeurs s’échelonnent de 8,1 à 9 % selon les<br />

régions. Un tiers des échantillons affiche un taux<br />

de protéines supérieur à 8,5 % de MS.<br />

La teneur en amidon est en moyenne de 75,4 % de<br />

MS, stable par rapport à 2014. Elle est légèrement<br />

inférieure à la moyenne des cinq dernières années<br />

(75,8 % de MS). 86 % des échantillons affichent<br />

un taux d’amidon supérieur à 75 % MS. Les plus<br />

faibles teneurs en amidon observées dans certaines<br />

régions sont compensées par de plus fortes<br />

teneurs en protéines.<br />

La teneur en matières grasses (méthode sans<br />

hydrolyse) est identique à celle de 2014 et à la<br />

moyenne des cinq dernières années (4 % de MS).<br />

On observe des teneurs un peu plus élevées sur les<br />

maïs récoltés dans les régions situées au nord de<br />

la Loire par rapport à celles du sud de la Loire (4,2<br />

contre 3,9 % MS).<br />

La valeur énergétique (EMAn coqs) moyenne<br />

du maïs de la récolte 2015 (3727 kcal/kg MS)<br />

est légèrement supérieure à celle de 2014<br />

(3705 kcal/ kg MS) et comparable à la valeur<br />

moyenne observée les cinq dernières années qui<br />

s’établit à 3720 kcal/ kg MS. Le maïs de la récolte<br />

2015 confirme une valeur énergétique élevée chez<br />

les volailles et assez homogène entre les régions.<br />

L’écart minimum observé entre les régions ne<br />

représente que 1,7 % soit 65 kcal/kg MS, en lien<br />

avec les teneurs en fibres et en matières grasses<br />

plus ou moins élevées dans ces régions.<br />

© iStock<br />

Le nord de l’UE tire les exportations<br />

à la hausse.<br />

Après un début de campagne difficile sur le plan<br />

de la compétitivité à l’export, le maïs français<br />

est devenu le plus compétitif à destination de<br />

l’Espagne et de Rotterdam à partir de février 2016.<br />

Le renforcement de l’Euro dans les semaines<br />

qui ont suivi n’a pas entaché sa suprématie dans<br />

l’Union européenne (Nord et Sud), même si la<br />

demande restait limitée (tableau 2).<br />

Les fabricants espagnols d’aliments de bétail<br />

dynamisaient les transactions au départ du Sud-<br />

Ouest courant mai et beaucoup de chargements<br />

portuaires s’observaient sur la façade Atlantique,<br />

essentiellement à destination de l’Europe du<br />

Nord (Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni). Sur le<br />

nord de l’Espagne, les maïs français sont à parité<br />

avec les maïs d’importation, la volatilité de l’Euro<br />

pourrait cependant faire perdre son avantage au<br />

maïs français.<br />

La fin de campagne a apporté de nouvelles opportunités<br />

pour le maïs français. L’absence de disponibilité<br />

de maïs en région mer Noire, combinée au<br />

retard observé en Amérique du Sud, a permis au<br />

maïs français de remporter des appels d’offres<br />

vers la Corée du Sud et l’Egypte (40 000 t), au<br />

départ des ports la façade Atlantique (tableau 3).<br />

De même, un bateau de 33 000 t a été chargé à La<br />

Pallice à destination de la Malaisie. Ce navire est le<br />

premier pour cette destination au départ des ports<br />

français depuis 2000.<br />

Aurélie Jarlégant - ajarlegant@franceexportcereales.org<br />

<strong>France</strong> <strong>Export</strong> <strong>Céréales</strong><br />

D’après les informations de l’AGPM et de l’enquête 2015<br />

<strong>France</strong>Agrimer /ARVALIS<br />

DÉBOUCHÉS : des opportunités se sont présentées<br />

pour les maïs français en 2015-2016<br />

2012-2013 2013-2014 2014-2015 2015-2016*<br />

Suisse 58 97 65 100<br />

Norvège 48 95 65 45<br />

Autres Europe 46 19 45 17<br />

Algérie 0 3 88 5<br />

Maroc 1 1 26 55<br />

Egypte 0 0 0 40<br />

Côte d’Ivoire 0 0 0 10<br />

Ghana 0 0 6 10<br />

Sénégal 0 8 3 15<br />

Autres Afrique 6 1 34 27<br />

Corée du Sud 400 27 0 52<br />

Autres Asie 104 29 2 36<br />

Autres 17 3 1 0<br />

Total 680 283 335 412<br />

*Prévisions au 11 juillet 2016<br />

Tableau 3 : <strong>Export</strong>ations de maïs français vers les pays tiers<br />

(milliers de t). Source : Stratégie grains.<br />

N°436 - Septembre 2016<br />

PERSPECTIVES AGRICOLES 63

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