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Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong><br />
Sasinay jounalis<br />
Pétion Rospide<br />
JOVENEL MOISE DOS AU MUR!<br />
Page 6<br />
English<br />
Page 9<br />
Phtk : De Michel<br />
Martelly<br />
à Jovenel Moise!<br />
Voir page 3<br />
Page 7<br />
Jovenel Moise par le truchement de sa compagnie Agritrans est lié jusqu’au cou dans le pillage des fonds<br />
PetroCaribe à travers le gouvernement de son prédécesseur Michel Martelly<br />
MOBILISATION CONTINUE :<br />
LE SCANDALE DU REX THÉÂTRE !<br />
L’Éducation<br />
et la Santé au<br />
Honduras : la<br />
voie de la<br />
privatisation !<br />
Page 10-11<br />
Voir page 3<br />
Cette couche de peinture multicolore sur les devantures du Rex Théatre aurait coûté selon le rapport de la cour des<br />
comptes $5,061,139.92 dollars américains<br />
Les manifestants<br />
soudanais<br />
trouvent de<br />
nouvelles<br />
tactiques de<br />
désobéissance<br />
civile !<br />
Page 17
Editorial<br />
HAITI<br />
LIBERTÉ<br />
Qui remportera ce match ?<br />
1583 Albany Ave<br />
Brooklyn, NY 1<strong>12</strong>10<br />
Tel: 718-421-0162<br />
Fax: 718-421-3471<br />
Par Berthony Dupont<br />
Bien souvent dans la mobilisation des masses populaires<br />
haïtiennes, on ne tient pas compte de la partie<br />
la plus délicate pour ne pas dire la plus essentielle<br />
à savoir qui aura gain de cause en termes de finalité<br />
des enjeux ! En d’autres termes, entre les deux pôles<br />
opposés, qui en définitive aura, grâce aux rapports de<br />
force, la capacité d’emporter toute la proie politique !<br />
La confrontation directe et ouverte qui se fait entre<br />
le peuple et le régime du Phtk n’est pas la bataille décisive.<br />
Le pouvoir a longtemps perdu le pari ; mais il y a<br />
d’autres forces en lutte qui se déclarent également pour<br />
le rapport de la Cour Supérieure des Comptes, pour le<br />
procès et pour le départ de Jovenel Moise et ils ne sont<br />
pas minces ces tenants du vieil ordre anachronique. Ne<br />
sont-ils pas pour autant attachés aux ficelles d’un système<br />
de terreur instaurée qui fait la honte de l’humanité<br />
?<br />
La manifestation du 9 juin réalisée sous une direction<br />
inconnue à laquelle tout le monde a participé est<br />
une preuve palpable et elle n’est pas dépourvue d’importance<br />
et de signification. C’est un atout calculé qui vaut<br />
d’ailleurs la chandelle du fait qu’il est capable de créer la<br />
confusion, l’amalgame comme quoi tout le monde est<br />
contre la corruption et pour le changement, même ceux<br />
qui défendent les intérêts monopolistes dans le pays !<br />
C’est là que le bât blesse, cette crise n’est pas une<br />
affaire de tout le monde dans les rues, sans aucune décantation.<br />
Il arrive même que ce qui dans le passé avait<br />
promu et commandité le régime du PHTK se retire aujourd’hui<br />
du bateau qui s’écroule et est déjà même campé<br />
en tant que dirigeant de l’opposition, marchant épaule<br />
contre épaule, main dans la main avec les militants de la<br />
cause populaire, procédant même à leur évangélisation,<br />
leur endoctrinement dans la bonne nouvelle occidentale.<br />
Des attitudes truffées de perfidies, des changements de<br />
position spectaculaire, épousant la couleur de l’atmosphère<br />
populaire ne sont tous que trompe-l’œil et des<br />
farces.<br />
Le gaspillage des fonds de Petro Caribe ne peut pas<br />
unir sous une seule et même bannière, patrons et ouvriers,<br />
exploiteurs et exploités, dominants et dominés pour<br />
construire soit dans le dialogue soit à travers des négociations<br />
d’autres alternatives, si ce n’est l’arme du bluff<br />
de façon à rendre vulnérables les masses populaires aux<br />
multiples trahisons, assassinats et autres complots dont<br />
celles-ci sont toujours victimes.<br />
Cette fausse unité d’action se fait uniquement pour<br />
récupérer la lutte des masses par la bourgeoisie compradore,<br />
force authentique des classes dominantes et<br />
des puissances impérialistes. Leurs objectifs politiques et<br />
économiques sont fondamentalement et quasiment contradictoires<br />
avec ceux des masses exploitées. Leur seul<br />
intérêt dans cette crise est de l’orienter, de façon à ajouter<br />
à leur palmarès une autre belle victoire sur les masses<br />
défavorisées du pays qui revendiquent une vie décente<br />
et un pays nouveau.<br />
A ce stade, l’enjeu prioritaire reste la finalité du<br />
match. Qui l’emportera ? Si c’est la bourgeoisie financière<br />
qui reprend la main, elle nous imposera avec<br />
l’aide des médias aux ordres du système capitaliste le<br />
même chantage de sorte qu’elle maintienne sa domination<br />
politique et économique. Cette situation pourra être<br />
traduit par cette pensée de Lénine : « Le peuple combat,<br />
la bourgeoisie se faufile au pouvoir » pour continuer le<br />
processus de paupérisation croissant de la société et la<br />
rareté des services essentiels!<br />
Une lutte pour le changement se définit par son contenu<br />
de classe et sa finalité pour ne pas masquer les rapports<br />
de domination. Cela doit être très clair puisque ces<br />
objectifs serviront à orienter les organisations populaires<br />
en lutte en leur servant de guide capable de les aider en<br />
quelque sorte à atteindre le résultat visé. Dès lors, on<br />
ne peut parler de changement de système pour édifier<br />
une société de justice et de progrès social sans combattre<br />
le capitalisme sauvage et son système d’exploitation de<br />
l’homme par l’homme qui s’entête à imposer un pouvoir<br />
toujours opposé aux aspirations légitimes des masses.<br />
Aussi, faisons-nous appel à toutes les forces progressistes<br />
et révolutionnaires anti-impérialistes pour<br />
qu’elles contribuent à ce que le peuple sorte victorieux<br />
de ce match puisque l’avenir du pays est dans la résistance.<br />
C’est du peuple politiquement conscient que sortiront<br />
des hommes, des femmes, des patriotes convaincus<br />
d’œuvrer pour la construction d’un Etat Socialiste<br />
fort et digne. Et le seul moyen pour y parvenir reste la<br />
lutte des classes !<br />
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2 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong>
Mobilisation continue : Le<br />
scandale du Rex Théâtre !<br />
Jovenel Moise dos au mur!<br />
Par Marie Laurette Numa<br />
Grande manif à Port-au-Prince (Credit Photo Loop)<br />
Une voiture de la RTG<br />
Mobilisation devant le Rex Théâtre<br />
Le Rex Théâtre en couleurs<br />
vaut une fortune<br />
Suite à la publication du rapport de la cour<br />
supérieure des comptes et du contentieux administratif<br />
(CSCCA), depuis le dimanche 9 juin le<br />
Jovenel Moise est quelque part caché dans le<br />
pays en faisant le dos rond. N’est-il pas trop<br />
tard Mr le président ?<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
Jovenel Moise n’a plus de cartes à jouer. Que<br />
cherche t-il encore à faire, quand sa marge de<br />
manœuvre devient quotidiennement de plus en<br />
plus étroite ? Qu’est-ce qu’il concocte en s’accrochant<br />
toujours au pouvoir quand il a été rejeté<br />
par certains, même ses zélés partisans au sein<br />
du Phtk sans oublier Réginald Boulos et le forum<br />
économique du secteur privé.<br />
N’est-il pas nécessaire de remonter aux<br />
origines de cette crise qui sans aucun doute aura<br />
raison du second candidat du régime Phtkiste, si<br />
la mobilisation ne lâche pas et continue à exiger<br />
mordicus sa démission. Réaction qu’il ne va pas<br />
faire rapidement, seule la force populaire peut le<br />
contraindre à aller dans ce sens bien qu’il soit toujours<br />
supporté par Washington.<br />
L’étincelle qui a tout occasionné fut le rapport<br />
sénatorial préparé par le sénateur Youri Latortue<br />
passé à l’opposition mais idéologiquement<br />
il reste toujours proche du PHTK. Pour se vanter<br />
de sa force politique, le président Moise déclara<br />
au cours d’une rencontre à Paris avec la Communauté<br />
haïtienne de France : Tant qu’il est président,<br />
il n’y aura pas de procès Petro caribe. A ce<br />
moment-là, on ignorait encore si Jovenel Moise<br />
par le truchement de sa compagnie Agritrans était<br />
liée jusqu’au cou dans le pillage de ces fonds à<br />
travers le gouvernement de son prédécesseur Michel<br />
Martelly. Puis, il y eut le rapport du sénateur<br />
Beauplan, ce rapport a été envoyé par le Sénat à<br />
pays est sous contrôle de la rue et c’est ce qui a<br />
provoquée différentes altercations et même des cas<br />
de répression policière sur des manifestants. Selon<br />
le porte-parole de la Pnh, Michel-Ange Louis<br />
Jeune, le bilan de la journée du dimanche est 2<br />
morts par balles, 4 blessés et deux maisons incendiées.<br />
Cependant la PNH n’a pas rapportée les<br />
véhicules de la radio Tele Ginen (RTG)et de nombreuses<br />
autres voitures qui ont été calcinées. Pour<br />
sa part, l’avocat André Michel de l’opposition<br />
démocratique populaire a présenté son bilan partiel<br />
de la journée qui s’élèverait à 7 morts, 147<br />
blessés et 70 arrestations.<br />
Différentes villes du pays sont toujours<br />
paralysées par la mobilisation qui s’est<br />
suite à la page(16)<br />
Réginald Boulos<br />
la Cour Supérieure des comptes pour être analysé<br />
en profondeur.<br />
Basé sans doute sur les deux premiers rapports<br />
sénatoriaux, la Cour supérieure des comptes<br />
et du contentieux administratif (CSCCA) s’est vue<br />
obligée de produire son propre rapport qu’elle a<br />
publié en deux temps. Une première partie publiée<br />
le 31 janvier <strong>2019</strong>, remettait un premier rapport<br />
d’audit de 291 pages sur la « gestion des projets<br />
financés par le fonds Petrocaribe . Et la deuxième<br />
partie rendue publique le vendredi 31 mai <strong>2019</strong>,<br />
de plus de 600 pages sur la mauvaise gestion de<br />
l'aide reçue du Venezuela à travers Petro caribe, cet<br />
accord de coopération énergétique, lancé en juin<br />
2005 par le président vénézuélien d’alors Hugo<br />
Chavez, a fait couler beaucoup d’encre puisqu’il<br />
a présumément impliqué de dilapidation plusieurs<br />
personnalités politiques du pays, parmi lesquelles<br />
l’actuel président Jovenel Moise.<br />
Ce dernier est pris dans son propre piège et<br />
est maintenant placé le dos au mur, ne pouvant<br />
rien faire. Il ne parle et ne dirige rien et est même<br />
devenu tout d’un coup muet laissant le soin de<br />
le défendre par entre autres Rudy Heriveaux, le<br />
secrétaire général du Conseil des Ministres, Reynald<br />
Lubérice, et son conseiller Guychard Dore<br />
pour ne citer que ceux-là.<br />
Il est quelque part caché dans le pays en<br />
faisant le dos rond. N’est-il pas trop tard Mr le<br />
président ?<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal sur les conclusions du Ministère Public, représenté à la barre par Me<br />
Aldrin Joassaint, substitut commissaire du Gouvernement de ce ressort,<br />
maintient le défaut requis et déjà octroyé à l’audience du jeudi quatre avril deux<br />
mille dix-neuf contre la dame Elizabeth Saint Louis pour faute de comparaitre ;<br />
pour le profit accueille favorablement l’action en divorce introduite par le<br />
citoyen Wagner Louis Jean pour être juste et fondée, et en conséquence<br />
prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre les susdits époux<br />
pour les causes sus-énoncées et au tort de l’épouse défaillante ; en outre renvoie<br />
le requérant par-devant l’officier de l’Etat civil de Saint Louis du Sud pour la<br />
rédaction de l’acte de divorce et la transcription du dispositif de cette décision<br />
sur les registres destinés à cet effet ; compense les dépens en raison de la qualité<br />
des parties ; commet l’huissier Antony Saint Germain de ce siège pour la signification<br />
du présent jugement.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me Louis Fils Joseph, juge en présence de Me<br />
Aldrin Joassaint, Subtitut Commissaire du gouvernement de ce ressort en<br />
audience publique et en ses attributions civiles ordinaires et de divorce et avec<br />
l’assistance du citoyen Jean Claude NOVEMBRE, greffier du siège de ce jour jeudi<br />
vingt-cinq avril deux mille dix-neuf. An 216ème de l’Indépendance.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à<br />
exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux Civil d’y tenir la<br />
main à tous commandants et autres officiers de la force publique d’y prêter main<br />
forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du greffier<br />
susdits.<br />
Collationnée pour expédition conforme à la minute<br />
Jean Claude NOVEMBRE, Greffier<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après examen, le Ministère Publique entendu, maintient le<br />
défaut octroyé contre la défenderesse à l’audience précitée; pour le profit<br />
déclare fondée ladite action ; admet en conséquence le divorce des<br />
époux Lenes ZIDOR et la femme née Rosenie JEAN CHARLES pour injure<br />
graves et publiques aux torts de l’époux ; Prononce la dissolution des liens<br />
matrimoniaux existant entre lesdits époux ; ordonne à l’officier de l’Etat<br />
civil de la Section Est de Port-au-Prince, de transcrire sur les registres à ce<br />
destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans<br />
l’un des quotidiens s’éditant à la capitale, sous peine de dommages et<br />
intérêts envers les tiers; compense les dépens vu la qualité des parties;<br />
commet l’huissier JOHNNY JEAN de ce siège pour la signification du<br />
présent jugement ; compense les dépens.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Guy AUGUSTIN, juge en audience civile,<br />
ordinaire et publique du mercredi huit mai deux mille dix-neuf en<br />
présence de Me Paul Wesley, Substitut Commissaire du Gouvernement de<br />
ce ressort, avec l’assistance du sieur Junior Sauvens THELEMAQUE Greffier<br />
du siège.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement<br />
à exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux Civil d’y<br />
tenir la main à tous commandants et autres officiers de la force publique<br />
d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du<br />
greffier susdits.<br />
Pour expédition conforme collationnée<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après examen, le Ministère Publique entendu, maintient le<br />
défaut octroyé contre la défenderesse à l’audience précitée; pour le profit<br />
déclare fondée ladite action ; admet en conséquence le divorce des<br />
époux Mario PREVOST et la femme née Nathalie JOSEPH pour injure<br />
graves et publiques aux torts de l’époux ; Prononce la dissolution des liens<br />
matrimoniaux existant entre lesdits époux ; ordonne à l’officier de l’Etat<br />
civil de la Section Est de Port-au-Prince, de transcrire sur les registres à ce<br />
destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans<br />
l’un des quotidiens s’éditant à la capitale, sous peine de dommages et<br />
intérêts envers les tiers; compense les dépens vu la qualité des parties;<br />
commet l’huissier JOHNNY JEAN de ce siège pour la signification du<br />
présent jugement ; compense les dépens.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Guy AUGUSTIN, juge en audience civile,<br />
ordinaire et publique du mercredi huit mai deux mille dix-neuf en<br />
présence de Me Paul Wesley, Substitut Commissaire du Gouvernement de<br />
ce ressort, avec l’assistance du sieur Junior Sauvens THELEMAQUE Greffier<br />
du siège.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement<br />
à exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux Civil d’y<br />
tenir la main à tous commandants et autres officiers de la force publique<br />
d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du<br />
greffier susdits.<br />
Pour expédition conforme collationnée<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal sur les conclusions du Ministère Public, représenté à la barre par Me<br />
Aldrin Joassaint, substitut commissaire du Gouvernement de ce ressort,<br />
maintient le défaut requis et déjà octroyé à l’audience du jeudi quatre avril deux<br />
mille dix-neuf contre la dame née Nerlande ALADIN pour faute de comparaitre ;<br />
pour le profit accueille favorablement l’action en divorce introduite par le<br />
citoyen Enold CIVILpour être juste et fondée, et en conséquence prononce la<br />
dissolution des liens matrimoniaux existant entre les susdits époux pour les<br />
causes sus-énoncées et au tort de l’épouse défaillante ; en outre renvoie le<br />
requérant par-devant l’officier de l’Etat civil de Saint Louis du Sud pour la<br />
rédaction de l’acte de divorce et la transcription du dispositif de cette décision<br />
sur les registres destinés à cet effet ; compense les dépens en raison de la qualité<br />
des parties ; commet l’huissier Antony Saint Germain de ce siège pour la signification<br />
du présent jugement.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me Louis Fils Joseph, juge en présence de Me<br />
Aldrin Joassaint, Subtitut Commissaire du gouvernement de ce ressort en<br />
audience publique et en ses attributions civiles ordinaires et de divorce et avec<br />
l’assistance du citoyen Jean Claude NOVEMBRE, greffier du siège de ce jour jeudi<br />
vingt-cinq avril deux mille dix-neuf. An 216ème de l’Indépendance.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à<br />
exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux Civil d’y tenir la<br />
main à tous commandants et autres officiers de la force publique d’y prêter main<br />
forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du greffier<br />
susdits.<br />
Collationnée pour expédition conforme à la minute<br />
Jean Claude NOVEMBRE, Greffier<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal sur les conclusions du Ministère Public, représenté à la barre par Me<br />
Aldrin Joassaint, substitut commissaire du Gouvernement de ce ressort,<br />
maintient le défaut requis et déjà octroyé à l’audience du jeudi quatre avril deux<br />
mille dix-neuf contre le sieur Normil PRINCE pour faute de comparaitre ; pour le<br />
profit accueille favorablement l’action en divorce introduite par le citoyen Enold<br />
CIVIL pour être juste et fondée, et en conséquence prononce la dissolution des<br />
liens matrimoniaux existant entre les susdits époux pour les causes sus-énoncées<br />
et au tort de l’époux défaillant; en outre renvoie le requérant par-devant<br />
l’officier de l’Etat civil de Saint Louis du Sud pour la rédaction de l’acte de divorce<br />
et la transcription du dispositif de cette décision sur les registres destinés à cet<br />
effet ; compense les dépens en raison de la qualité des parties ; commet l’huissier<br />
Antony Saint Germain de ce siège pour la signification du présent jugement.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me Louis Fils Joseph, juge en présence de Me<br />
Aldrin Joassaint, Subtitut Commissaire du gouvernement de ce ressort en<br />
audience publique et en ses attributions civiles ordinaires et de divorce et avec<br />
l’assistance du citoyen Jean Claude NOVEMBRE, greffier du siège de ce jour jeudi<br />
vingt-cinq avril deux mille dix-neuf. An 216ème de l’Indépendance.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à<br />
exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux Civil d’y tenir la<br />
main à tous commandants et autres officiers de la force publique d’y prêter main<br />
forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du greffier<br />
susdits.<br />
Collationnée pour expédition conforme à la minute<br />
Jean Claude NOVEMBRE, Greffier<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après en avoir délibéré au vœu de la loi et sur le réquisitoire<br />
conforme du ministère public, maintient le défaut accordé à l’audience<br />
contre la partie défenderesse ; pour le profit adjuge les conclusions de la<br />
partie demanderesse ; et en conséquence admet le divorce du sieur Jean<br />
Mario CLEOPHAT avec son épouse née Dieula SAGAILLE pour injures<br />
graves et publiques et incompatibilité de caractères;; prononce la dissolution<br />
des liens matrimoniaux les unissant ; renvoie les parties devant l’officier<br />
de l’Etat civil compétent pour la transcription du dispositif du présent<br />
jugement dans les registres destinés à cet effet en lui faisant injonction de<br />
délivrer aux ex-époux leur acte de divorce ; commet l’huissier Arome<br />
GAUTHIER de ce siège de ce tribunal pour la signification du présent<br />
jugement de divorce à l’officier de l’Etat civil compétent aux fins de droit.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous, Me Vernet SIMON, avocat, doyen au<br />
Tribunal de Hinche en audience publique et civile, du lundi 18 mars <strong>2019</strong>,<br />
en présence de Me Fritz HAUBOURG avocat, Substitut Commissaire du<br />
Gouvernement assisté de Me Wilfrid ELIE greffier du siège<br />
Il est ordonné, à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement<br />
à exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux de<br />
Première Instance d’y tenir la main, à tous commandant et autres Officiers<br />
de la force publique d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement<br />
requis.<br />
En foi de quoi la minute de la présente ordonnance est signée du Doyen et<br />
du Greffier susdits.<br />
Ainsi signé Me Vernet SIMON, Wilfrid ELIE<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après en avoir délibéré au vœu de la loi et sur le réquisitoire<br />
conforme du ministère public, admet et prononce le divorce<br />
des époux Menotty BRIZARD et madame Joanne HANNDY pour<br />
incompatibilité de caractères; la dissolution des liens matrimoniaux<br />
les unissant ; ordonne à l’officier de l’Etat civil de Hinche de<br />
transcrire sur les registres destinés à cet effet le dispositif du<br />
présent jugement dont un extrait sera publié dans l’un des quotidiens<br />
s’éditant à la Capitale ; compense les dépens vu la qualité des<br />
parties ;<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous, Me Vernet SIMON, avocat, doyen<br />
au Tribunal de première instance de Hinche en audience civile du<br />
lundi 1(8) dix-huit février <strong>2019</strong>, en présence de Me Fritz HAU-<br />
BOURG avocat, Commissaire du Gouvernement ai et avec l’assistance<br />
du greffier du siège Me Wilfrid ELIE<br />
Il est ordonné, à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent<br />
jugement à exécution, aux officiers du Ministère Public près les<br />
Tribunaux de Première Instance d’y tenir la main, à tous commandant<br />
et autres Officiers de la force publique d’y prêter main forte<br />
lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute de la présente ordonnance est signée du<br />
Doyen et du Greffier susdits.<br />
Ainsi signé Me Vernet SIMON, Wilfrid ELIE<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après examen et sur les conclusions du Ministère Public, entendu,<br />
maintient le défaut octroyé contre la défenderesse à l’audience<br />
précitée, pour le profit déclare fondée ladite action. Admet en<br />
conséquence, le divorce du sieur Fritzner BOYER d’avec son épouse née<br />
Ginette DUVERGMONT pour injures graves et publiques ; Prononce la<br />
dissolution des liens matrimoniaux existant entre lesdits époux. Ordonne<br />
l’officier de l’Etat Civil de Limbé, de transcrire dans les registres à ce<br />
destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans<br />
un quotidien s’éditant à la capitale sous peine de dommages intérêts<br />
envers les tiers s’il y échet. Compense les dépens. Commet l’huissier Fleurimond<br />
A. PAUL de ce Tribunal pour la signification du jugement..<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous, Linx JEAN juge en audience ordinaire et<br />
publique du vendredi vingt-trois mai deux mille dix neuf, en présence de<br />
Me Aménaide Pascale RAYMOND, Substitut Commissaire du Gouvernement<br />
de ce ressort et avec l’assistance du Greffier du siège Jean Serge<br />
DUVERT.<br />
Il est ordonné…<br />
En foi de quoi…<br />
Pour ordre de publication.<br />
RAPHAEL Kins, Avocat<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après examen et sur les conclusions du Ministère<br />
Public, entendu, maintient le défaut octroyé contre la défenderesse<br />
à l’audience précitée, pour le profit déclare fondée ladite action.<br />
Admet en conséquence, le divorce du sieur Dave TANNIS d’avec<br />
son épouse née Hélène ST-LOT pour injures graves et publiques,<br />
aux torts de l’épouse ; Prononce la dissolution des liens matrimoniaux<br />
existant entre lesdits époux. Ordonne l’officier de l’Etat Civil<br />
de la Section Sud de Port-au-Prince, de transcrire dans les registres<br />
à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera<br />
inséré dans un quotidien s’éditant à la capitale sous peine de<br />
dommages intérêts envers les tiers s’il y échet. Compense les<br />
dépens. Commet l’huissier Clerbrun FAURE de ce siège pour la<br />
signification du jugement..<br />
Rendu de nous, Gerty Léon ALEXIS juge en audience civile,<br />
ordinaire et publique du vendredi vingt-six avril deux mille dix<br />
neuf, en présence de Me Aménaide Pascale RAYMOND, Substitut<br />
Commissaire du Gouvernement de ce ressort et avec l’assistance<br />
du Greffier du siège Jean Serge DUVERT.<br />
Il est ordonné…<br />
En foi de quoi…<br />
Me Junior BLAISE, Av.<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
3
A Travers <strong>Haiti</strong><br />
Haïti: Exigeons la destitution de<br />
Jovenel Moise et le démantèlement<br />
de l’État néocolonial<br />
Par le Regroupement des Haïtiens de Montréal contre lʼoccupation dʼHaïti<br />
REHMONCO<br />
Aujourd’hui, s’il est évident que Jovenel Moise doit<br />
démissionner et faire face à la justice, cette exigence<br />
ne doit pas uniquement se limiter à une question<br />
de corruption. Certes, Moise doit être inculpé,<br />
ainsi que ses acolytes, pour détournements de fonds<br />
du programme Petro Caribe, peut-être le plus grand<br />
scandale financier de notre histoire. Mais il doit aussi<br />
répondre des crimes et massacres commis sous sa<br />
présidence. C’est un point essentiel qu’il convient de<br />
ne pas oublier.<br />
Il est important de comprendre que la lutte pour<br />
renverser Moise, c’est aussi une lutte pour démanteler<br />
une fois pour toutes le régime Tèt Kale au pouvoir<br />
depuis 2011. Ce régime est le nouveau visage du<br />
duvaliérisme, sa version contemporaine qui reprend<br />
les mêmes tactiques de François et de Jean-Claude<br />
Duvalier : dilapidation des fonds publics, assassinats<br />
et massacres. C’est un régime qui nous a été imposé<br />
par l’oligarchie et l’impérialisme pour défendre leurs<br />
intérêts. Avec Moise ou pas, avec Martelly ou pas,<br />
ce régime veut et peut continuer à régner. C’est pourquoi<br />
la vigilance est de mise. Évitons de réduire la<br />
lutte uniquement à la démission de l’individu Jovenel<br />
Moise.<br />
Il faut comprendre aussi que la lutte contre le<br />
duvaliérisme n’est pas terminée. 1986 représente le<br />
renversement de la dictature des Duvalier et non pas<br />
la destruction du duvaliérisme. L’État duvaliérien qui<br />
s’est construit au cours des années 1960 et 1970<br />
a profondément transformé les institutions. Ces<br />
dernières ont été domestiquées et ont fonctionné au<br />
service du régime. C’est cet héritage que le régime Tèk<br />
Kale, de par sa pratique, se revendique.<br />
Au cours de la dictature des Duvalier, les institutions<br />
de l’État étaient un moyen d’enrichir la famille<br />
du président et celles de ses acolytes. C’est la même<br />
logique qui prévaut pour le Parti Tèt Kale. Sous Duvalier,<br />
une terreur ouverte, entretenue par les macoutes,<br />
écrasait toutes formes de revendications. Cette tendance,<br />
on la voit de plus en plus à l’œuvre avec le<br />
régime Tèk Kale. Duvalier créait des réseaux de corruption,<br />
de dépravation, expropriait des milliers de<br />
paysans et de citoyens. Le pouvoir Tèt Kale entretient<br />
et reproduit des réseaux de corruption, de dépravation,<br />
exproprie les paysans, écrase les revendications<br />
sociales, etc. Les exemples sont multiples.<br />
Toutefois, au-delà même du pouvoir des Duvalier<br />
et de celui du PHTK, il est nécessaire d’appréhender<br />
la nature de l’État haïtien. Pourquoi,<br />
historiquement, cet État, depuis en particulier la «<br />
dette de l’indépendance », a toujours fonctionné à<br />
l’encontre des intérêts de la nation? Pourquoi se<br />
soumet-il aux diktats de puissances étrangères qui<br />
n’ont aucune considération pour le peuple haïtien?<br />
De même, il serait intéressant de comprendre comment<br />
se sont développées nos classes dominantes<br />
depuis l’indépendance. Pourquoi ces classes n’ont<br />
jamais élaboré et institué l’idée d’une nation prospère<br />
et inclusive?<br />
Ces questions ont fait l’objet d’études intéressantes.<br />
Néanmoins, ce qui nous parait clair, maintenant<br />
plus que jamais, c’est que l’État haïtien est dans<br />
les faits un État néocolonial. Un État qui, particulièrement<br />
depuis l’occupation étatsunienne de 1915-<br />
1934, s’est transformé graduellement et de plus en<br />
plus en un État au service de l’Empire. Un État qui<br />
a perdu tout au long du 20e siècle sa souveraineté<br />
économique et politique. Un État qui, malgré ses différentes<br />
formes, est resté, pendant toute cette période,<br />
essentiellement antinational.<br />
Avec l’imposition du régime néo-duvaliériste<br />
Tèt Kale par les puissances impérialistes, l’État néocolonial<br />
connait un nouveau développement. Sans<br />
le moindre retenu, ce régime poursuit la politique de<br />
pillage des fonds publics pendant qu’il renforce les<br />
mécanismes d’exploitation des masses populaires<br />
par la bourgeoisie sous-traitante. Plus de 4,2 milliards<br />
des fonds Petro Caribe sont spoliés alors que<br />
les classes populaires croupissent dans le plus grand<br />
dénuement. Des rapports de l’ONU font état de 6<br />
millions d’Haïtiens en situation de malnutrition. Les<br />
employés de services publics, dont des professeurs,<br />
des médecins etc., ne reçoivent pas leur salaire depuis<br />
plusieurs mois.<br />
De surcroit, l’inflation ininterrompue atteint le<br />
niveau record de 17,7% alors que le régime néo-duvaliériste<br />
Tet Kale s’oppose avec la plus grande arrogance<br />
à tout ajustement des salaires des ouvriers<br />
vivant dans la misère la plus abjecte.<br />
Soulignons aussi que cette situation socioéconomique<br />
délétère s’articule à une dégradation<br />
environnementale sans précédent. La couverture forestière<br />
est à moins de 2% alors qu’aucune politique<br />
environnementale n’est définie. Dans un paysage<br />
complètement dénudé, les paysans sont livrés à euxmêmes<br />
face aux cyclones qui deviennent de plus en<br />
plus violentes. La moindre pluie entraine l’inondation<br />
des villes, des coulées de boues et de déchets.<br />
Généralement, les habitants des quartiers populaires<br />
sont toujours les uniques victimes.<br />
Face à la montée de la mobilisation qui se<br />
répand comme une trainée de poudre dans les différents<br />
quartiers de Port-au-Prince et des villes de<br />
Simples calculs sur l’érosion,<br />
la surpopulation et la misère<br />
Par André Charlier<br />
Selon Gérald Brisson (Les relations agraires dans<br />
l’Haïti contemporaine, 1965), qui s’appuyait<br />
sur l’ouvrage de Paul Moral (L’économie Haïtienne)<br />
le total des terres utilisables pour l’agriculture<br />
et l’élevage, qu’il appelle le fonds agraire national,<br />
s’élevait, à l’époque où il écrivait, à 1 600 000 ha<br />
(un million six cent mille hectares, soit 16 000 km²<br />
(seize mille kilomètres carrés).<br />
Notez bien que c’était alors tout ce dont notre<br />
population disposait pour produire de la nourriture.<br />
Maintenant, supposons que ce fonds agraire<br />
national n’ait pas diminué, et soit toujours, début<br />
juin <strong>2019</strong>, de 16 000 km². Ce n’est probablement<br />
pas vrai, mais imaginons que cela le soit. Notre population<br />
est maintenant de 11 000 000 (onze millions)<br />
d’habitants, d’après des estimations récentes.<br />
De combien de terre dispose chaque Haïtien<br />
pour se nourrir ?<br />
Le calcul est on ne peut plus simple : divisons<br />
le fonds agraire national, 16 000 km², par le nombre<br />
d’habitants, 11 000 000. Nous obtenons 0.0014545<br />
km². Multiplions par 1000 pour convertir en mètres<br />
carrés : nous trouvons 1.45 m². Chaque Haïtien disposerait<br />
donc d’un mètre carré quarante-cinq pour<br />
produire sa nourriture. La conclusion est évidente :<br />
nous n’avons pas assez de terre pour manger !<br />
Mais nous avions supposé, pour ce calcul, que<br />
le fonds agraire national était resté le même. Ce n’est<br />
certainement pas vrai. Avec l’érosion, la surexploitation<br />
et l’extension plus que considérable de nos villes<br />
et de leurs ceintures de bidonvilles, il a certainement<br />
diminué. Sans doute de moitié, ou pire. Notre situation<br />
alimentaire catastrophique en est une preuve<br />
indirecte.<br />
Mais soyons conservateurs : admettons qu’il<br />
nous reste encore 60 % de ces 16 000 km². Cela<br />
fait 9 600 km². Si nous divisons 9 600 par 11 000<br />
000 , et multiplions par 1000 pour convertir le résultat<br />
en mètres carrés, nous trouvons 0.8727 m²,<br />
ou pratiquement moins de neuf dixièmes de mètre<br />
carré. C’est tout ce dont chacun de nous dispose pour<br />
manger.<br />
Vous prenez plus de place pour vous asseoir<br />
par terre…<br />
Je ne vous donne pas ces chiffres pour argent<br />
comptant. Mais ils peuvent suggérer des ordres de<br />
grandeur. Il faudrait certainement des enquêtes de<br />
terrain pour arriver à une quelconque précision. Mais<br />
la faim est là. L’érosion est là. La surpopulation aussi.<br />
J’espère vous avoir fait réfléchir. Et ne comptez<br />
pas sur moi pour payer le Tylenol !<br />
province, le régime néo-duvaliériste Tet Kale réagit par<br />
la répression la plus brutale. Par son caractère sanguinaire,<br />
cette répression rappelle les moments sombres<br />
du règne des Duvalier et des militaires putschistes.<br />
Plusieurs dizaines de familles sont assassinées par<br />
des gangs armés à la solde du gouvernement dans<br />
les quartiers populaires de l’aire métropolitaine de<br />
Port-au-Prince, dont La Saline, Carrefour-feuille, Martissant,<br />
Cité-Soleil, Croix-des-Bouquet, etc. Vu l’indifférence<br />
des autorités judiciaires et policières, plusieurs<br />
centaines de familles rescapées ont pris refuge sur des<br />
places publiques où elles sont obligées de vivre à la<br />
belle étoile.<br />
Cette répression ne se limite pas à l’exécution<br />
des dizaines de femmes, d’hommes, d’enfants et de<br />
vieillards, elle prend aussi la forme de viols collectifs<br />
des femmes. Cette réponse du régime Tet Kale au<br />
mouvement revendicatif du peuple haïtien consiste à<br />
instaurer un climat de terreur général dans le pays.<br />
Le corps des femmes se transforme en territoire de<br />
guerre. Selon les organisations féministes, quotidiennement<br />
plus de dix femmes sont victimes de viol<br />
collectif à Port-au-Prince. Cette pratique criminelle<br />
n’épargne personne. Des étudiantes de plusieurs universités<br />
de l’agglomération de Port-au-Prince sont<br />
violées pendant qu’elles rentraient chez elles.<br />
Aujourd’hui, plus que jamais, les forces progressistes<br />
et révolutionnaires qui ont compris que<br />
changer Haïti, c’est avant tout construire un nouvel<br />
État, doivent entreprendre cette tâche historique de<br />
penser et de construire cet État qui sera au service de<br />
la nation. Un État qui pourra concevoir un système<br />
d’éducation dont l’objectif essentiel sera de penser<br />
notre réalité en vue de la transformer. Un système<br />
d’éducation qui valorisera notre environnement, notre<br />
flore, notre faune, notre culture, qui utilisera notre<br />
langue nationale (le créole) pour divulguer le savoir.<br />
Un État qui développera un système économique au<br />
service du plus grand nombre, etc.<br />
Aujourd’hui, l’État néocolonial est en décomposition.<br />
Il ne peut plus tenir. Le régime Tèt Kale en<br />
représente le point culminant. Saisissons ce moment<br />
pour dire à haute voix, avec toutes les forces vives<br />
de la nation et de la diaspora, avec les organisations<br />
paysannes, ouvrières, celles des quartiers populaires,<br />
des étudiants et étudiantes, des progressistes,<br />
que nous voulons la destitution de Jovenel Moise, le<br />
démantèlement du régime néo-duvaliériste Tèt Kale,<br />
mais également, et surtout, la disparition de l’État<br />
néocolonial antinational.<br />
Pour authentification,<br />
Renel Exantus<br />
Ricardo Gustave<br />
Contact : rehmoncohaiti1915@gmail.com<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après examen, le Ministère Publique entendu, maintient le<br />
défaut octroyé contre la défenderesse à l’audience précitée; pour le profit<br />
déclare fondée ladite action ; admet en conséquence le divorce des<br />
époux Steevenson JACQUES la femme née Guideline SIMEUS pour injure<br />
graves et publiques aux torts de l’époux ; Prononce la dissolution des liens<br />
matrimoniaux existant entre lesdits époux ; ordonne à l’officier de l’Etat<br />
civil de la Section Est de Port-au-Prince, de transcrire sur les registres à ce<br />
destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans<br />
l’un des quotidiens s’éditant à la capitale, sous peine de dommages et<br />
intérêts envers les tiers; compense les dépens vu la qualité des parties;<br />
commet l’huissier JOHNNY JEAN de ce siège pour la signification du<br />
présent jugement ; compense les dépens.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Guy AUGUSTIN, juge en audience civile,<br />
ordinaire et publique du mercredi quinze mai deux mille dix-neuf en<br />
présence de Me Paul Wesley, Substitut Commissaire du Gouvernement de<br />
ce ressort, avec l’assistance du sieur Junior Sauvens THELEMAQUE Greffier<br />
du siège.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement<br />
à exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux Civil d’y<br />
tenir la main à tous commandants et autres officiers de la force publique<br />
d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et du<br />
greffier susdits.<br />
Pour expédition conforme collationnée<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Sur les conclusions conformes du Ministère Publique entendu, Le Tribunal<br />
maintient le défaut requis et octroyé à la barre contre la partie défenderesse ;<br />
admet le divorce des époux Geonel DOUZE et Mireille MEDOR. Prononce en<br />
conséquence la dissolution des liens matrimoniaux existant entre eux pour<br />
injures graves et publiques aux torts de l’époux aux termes de l’article 217 et<br />
suivant du Code Civil ; ordonne à l’Officier de l’Etat Civil de la Croix-des-Bouquets<br />
de transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif du présent<br />
jugement dont un extrait sera publié dans un quotidien s’éditant à la Capitale<br />
sous peine et dommage envers les tiers s’il y échait. Compense les dépens en<br />
raison de la qualité des parties ; Commet l’Huissier Jacob Mede de ce Tribunal<br />
pour la signification du présent jugement.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me Sully L. Gesma, juge en audience civile,<br />
ordinaire et publique du lundi treize (13) mai deux mille dix neuf (<strong>2019</strong>) An<br />
216ème de l’indépendanc, en présence de Me Rebecca LUC, Micheline Belton<br />
VERDINER et Jean Claude JEAN ANTOINE, Substituts Commissaires du Gouvernement<br />
de ce ressort, assisté de Me Lucnas Etienne, Greffier du siège.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à<br />
exécution, aux officiers du ministère public près les tribunaux civils d'y tenir la<br />
main, à tous commandants et autres officiers de la force publique d'y prêter<br />
main forte lorsqu'ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du juge et greffier<br />
susdits<br />
Ainsi signé : Me Sully L. Gesma, Juge et Me Lucnas Etienne, Greffier<br />
Pour expédition conforme collationnée<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après examen sur les conclusions du Ministère Public,<br />
maintient le défaut octroyé contre le défendeur à l’audience précitée, pour<br />
le profit déclare fondée ladite action. Admet en conséquence, le divorce<br />
de la dame née Nadine JOSEPH d’avec son époux Villefranc DESIMIL pour<br />
injures graves et publiques, aux torts de l’époux; Prononce la dissolution<br />
des liens matrimoniaux existant entre lesdits époux. Ordonne l’officier de<br />
l’Etat Civil de la Section Sud de la commune de Port-au-Prince, de transcrire<br />
dans les registres à ce destinés le dispositif du présent jugement dont<br />
un extrait sera inséré dans un quotidien s’éditant à la capitale sous peine<br />
de dommages intérêts envers les tiers s’il y échet. Compense les dépens.<br />
Commet l’huissier Canal Gabriel de ce siège pour la signification du<br />
jugement. Compense les dépens.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Annie Fignolé, Juge en audience publique<br />
et ordinaire du jeudi deux mai deux mille dix neuf, en présence de Me Jean<br />
Rolex Merové, Substitut du Commissaire du Gouvernement de ce ressort<br />
et avec l’assistance du sieur Mozart Tassy, Greffier du siège.<br />
Il est ordonné, à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement<br />
à exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux de<br />
Première Instance d’y tenir la main, à tous commandant et autres Officiers<br />
de la force publique d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement<br />
requis.<br />
En foi de quoi la minute de la présente ordonnance est signée du Juge et<br />
du Greffier susdits.<br />
Pour ordre de publication : Me Applys Félix, Av.<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après examen sur les conclusions du Ministère Public, maintient le<br />
défaut octroyé contre la défenderesse à l’audience précitée, pour le profit<br />
déclare fondée ladite action. Admet en conséquence, le divorce du sieur<br />
Jimmy SAINT LOT d’avec son épouse née Marie Flore SILENCIEUX pour injures<br />
graves et publiques, aux torts de l’épouse ; Prononce la dissolution des liens<br />
matrimoniaux existant entre lesdits époux. Ordonne l’officier de l’Etat Civil de<br />
la Section Sud de Port-au-Prince, de transcrire dans les registres à ce destinés le<br />
dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans un quotidien<br />
s’éditant à la capitale sous peine de dommages intérêts envers les tiers s’il y<br />
échet. Compense les dépens. Commet l’huissier Canal Gabriel de ce siège pour<br />
la signification du jugement. Compense les dépens.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Annie Fignolé, Juge en audience publique et<br />
ordinaire du jeudi deux mai deux mille dix neuf, en présence de Me Jean Rolex<br />
Merové, Substitut du Commissaire du Gouvernement de ce ressort et avec<br />
l’assistance du sieur Mozart Tassy, Greffier du siège.<br />
Il est ordonné, à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à<br />
exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux de Première<br />
Instance d’y tenir la main, à tous commandant et autres Officiers de la force<br />
publique d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute de la présente ordonnance est signée du Juge et du<br />
Greffier susdits.<br />
Ainsi signé : Annie Fignolé et Mozart Tassy<br />
Pour expédition conforme collationnée<br />
Le Greffier<br />
AVIS DE DIVORCE<br />
Il est porté à la connaissance des intéressés que le Tribunal<br />
de première instance de Port-au-Prince a admis le<br />
divorce du sieur Pascal JEAN d'avec son épouse la dame<br />
Romila NUMA et prononce la dissolution des liens matrimoniaux<br />
ayant existé entre eux par un jugement par<br />
défaut en date due premier février deux mille dix-neuf.<br />
L'officier de l'état civil de la section Sud a été désigné<br />
pour la transcription du dispositif. Ainsi signé Me Marie<br />
Rosie Demand NICOLAS, juge, Jean Serge DUVERT,<br />
greffier et en présence du Ministère Public Meet Roger<br />
Simplice.<br />
Cette publication est faite pour servir et valoir ce que de<br />
droit.<br />
Pour le Cabinet<br />
Me Jean Saviyen FABIEN<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après examen, le Ministère Publique entendu, maintient le<br />
défaut octroyé contre la défenderesse à l’audience précitée; pour le profit<br />
déclare fondée ladite action ; admet en conséquence le divorce du sieur<br />
Obes FAUSTIN d'avec son épouse femme née Marie Cecile Edline ISIDOR<br />
pour injure graves et publiques aux torts de l’épouse ; Prononce la dissolution<br />
des liens matrimoniaux existant entre lesdits époux ; ordonne à<br />
l’officier de l’Etat civil de la Section Est de Port-au-Prince, de transcrire sur<br />
les registres à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait<br />
sera inséré dans l’un des quotidiens s’éditant à la capitale, sous peine de<br />
dommages et intérêts envers les tiers; compense les dépens vu la qualité<br />
des parties; commet l’huissier Canal Gabriel de ce siège pour la signification<br />
du présent jugement.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Jean Osner Petit Papa, juge en audience<br />
civile, ordinaire et publique du jeudi douze juillet deux mille dix-huit en<br />
présence de Me Wesley Paul, Substitut Commissaire du Gouvernement de<br />
ce ressort, avec l’assistance du sieur Mozart TASSY Greffier du siège.<br />
Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement<br />
à exécution, aux officiers du Ministère Public près les Tribunaux Civil d’y<br />
tenir la main à tous commandants et autres officiers de la force publique<br />
d’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi la minute du présent jugement est signée du jugeet du<br />
greffier susdits.<br />
Ainsi signé : Jean Osner Petit-Papa et Mozart Tass<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Nous, Me Paul PIERRE, juge en audience civile, ordinaire et<br />
publique du mercredi six juin deux mille dix-huit (2018), après<br />
avoir délibéré conformément à la loi, le Ministère Public entendu :<br />
nous déclarons compétent pour entendre cette affaire ; accueillons<br />
l’action du demandeur pour être juste et fondée; maintenons<br />
le défaut octroyé à l’audience précitée; admettons en<br />
conséquence le divorce de monsieur Jean Ronald SENEQUE d’avec<br />
son épouse née Marie Nirva Clervil pour injures graves et<br />
publiques; prononçons la dissolution des liens matrimoniaux<br />
existant entre les dits époux; ordonnons à l’Officier de l’Etat Civil de<br />
la section Est de Port-au-Prince de transcrire sur les registres à ce<br />
destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera<br />
inséré dans l’un des quotidiens éditant à Port-au-Prince sous peine<br />
de dommages intérêts envers les tiers s’il y echet; commettons<br />
l’huissier Maxime CANDIO de ce Tribunal pour la signification de ce<br />
jugement ; compensons les dépens.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me Paul PIERRE, juge au Tribunal<br />
de première instance de Port-au-Prince en présence de Me Wesley<br />
PAUL, Substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort et<br />
avec l’assistance de Monsieur Homère RAYMOND, greffier, ce<br />
mercredi treize juin deux mille dix-huit (2018) ; An 215ème de<br />
l’Indépendance.<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Nous, Me Paul PIERRE, juge en audience civile, ordinaire et publique du<br />
mercredi quatorze mars 2018, après avoir délibéré conformément à la loi,<br />
le Ministère Public entendu : nous déclarons compétent pour entendre<br />
cette affaire; accueillons l’action du demandeur pour être juste et fondée;<br />
maintenons le défaut octroyé à l’audience précitée; admettons en<br />
conséquence le divorce de monsieur Billy Bataille d’avec son épouse née<br />
Marie Ania Excellent pour injures graves et publiques; prononçons la<br />
dissolution des liens matrimoniaux existant entre les dits époux; ordonnons<br />
à l’Officier de l’Etat Civil de la section Est de Port-au-Prince de<br />
transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif du présent jugement<br />
dont un extrait sera inséré dans l’un des quotidiens éditant à<br />
Port-au-Prince sous peine de dommages intérêts envers les tiers s’il y<br />
echet; commettons l’huissier Maxime CANDIO de ce Tribunal pour la<br />
signification de ce jugement ; compensons les dépens.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous Me Paul PIERRE, juge au Tribunal de<br />
première instance de Port-au-Prince en présence de Me Wesley PAUL,<br />
Substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort et avec l’assistance<br />
de Monsieur Homère RAYMOND, greffier, de mercredi six juin deux mille<br />
dix-huit (2018) ; An 215ème de l’Indépendance.<br />
Me Sergot ORESTE<br />
4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong>
Twa Fèy, Twa Rasin O!<br />
Lettre toute décachetée au Président Jovenel Moïse<br />
Par Fanfan la Tulipe<br />
Monsieur le président (corrompu),<br />
Je vous fais cette lettre que vous<br />
devrez lire absolument car vous en avez<br />
le temps, pleinement le temps. Vous le<br />
devrez bien puisque vous êtes un oisif<br />
à plein tempså, un fainéant mal dégrossi<br />
depuis bien longtemps, une fripouille<br />
manipulée par des bourgeois sans scrupule,<br />
un « bandit légal » téléguidé par le<br />
morpionneux énergumène du nom de<br />
Michel Martelly, une racaille épinglée<br />
par la Cour supérieure des Comptes et<br />
du Contentieux administratif (CSCCA),<br />
un vieux requin des affaires louches<br />
et combinardes, un maraudeur professionnel<br />
rôdaillant activement autour<br />
des caisses de l’État pour en dévaliser<br />
le contenu avec l’aide alibabate des petits<br />
visye anba bèlantre autour de vous.<br />
Oui, vous devez lire cette missive.<br />
Je viens de recevoir copie du<br />
deuxième rapport de la CSCCA acheminé<br />
au bureau de président du Sénat, le fier-à-bras<br />
Carl Murat Cantave. Par une<br />
étrange coïncidence, j’ai aussi reçu de<br />
vous une missive mal écrite, mal structurée,<br />
barbouillée de menaces à peine<br />
voilées, de sous-entendus inquiétants,<br />
d’offres impertinentes. Dans cette communication,<br />
reflet d’un homme tourmenté,<br />
perturbé, embarrassé, agité, aux<br />
abois, vous osez me demander, même,<br />
de m’intimer de mettre les colonnes du<br />
journal Haïti Liberté à votre disposition<br />
pour vous permettre de vous dédouaner<br />
(sic) d’accusations, politiciennes à votre<br />
avis, malveillantes de surcroît (resic),<br />
selon un sot jugement de votre part.<br />
Alors là, la coupe est pleine. Comment<br />
avez-vous pu avoir la cuidance,<br />
pardon, je voulais dire l’outrecuidance<br />
de me faire une telle demande ? Je vous<br />
trouve bien permettre, bien déplacé,<br />
bien mal fagoté de prétendre que vos<br />
désirs, vos divagations, vos billevesées,<br />
vos lubies, vos fantaisies, vos conneries,<br />
vos idioties, vos bizarreries, vos crétineries,<br />
vos mauvaises plaisanteries peuvent<br />
être des ordres; franchement vous<br />
déconnez, vous déménagez, vous cauchemardez,<br />
vous déraillez, vous déraisonnez,<br />
vous divaguez, bref, w anraje.<br />
Monsieur le président (anraje),<br />
Vous n’avez pas affaire à un Rudy<br />
Hériveaux, un Pierre Richard Casimir,<br />
un Calixte Valentin, un Jojo Lorquet, un<br />
Roro Nelson, des énergumènes habitués<br />
à transfuger d’un camp à un autre ; à<br />
détourner quelques millions débloqués<br />
par un gouvernement ami pour venir<br />
en aide à une victime des débordements<br />
sexuels dépravés de soldats de<br />
la MINUSTAH ; à froidement exécuter<br />
un citoyen honnête, un commerçant à<br />
Fond Parisien ; à faire à la télé le jojo, le<br />
jaja ou le jiji, le roro, le rara ou le riri, le<br />
con quoi, pour satisfaire le bas orgueil,<br />
mal placé, d’un paysan arriviste, arrivé<br />
président par la grâce de bourgeois, tous<br />
tireurs de ficelles dans les coulisses du<br />
pouvoir. Non, Monsieur le président,<br />
au journal Haïti Liberté, nous sommes<br />
d’une autre trempe.<br />
Quand, de rares fois, vous levez la<br />
tête et regardez notre journal perché au<br />
haut du Bonnet à l’Évêque de la dignité<br />
politique et de l’honneur, tèt ou pa vire ?<br />
Non, monsieur le président, respectez-vous,<br />
« ôte-toi ça dan’l sang, cesse de<br />
Faites attention, monsieur le président, arrêtez de gesticuler. Arx Tarpeia<br />
Capitoli proxima. Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne.<br />
faire l’angran » (je m’en veux de vous<br />
avoir tutoyé, mais je n’ai pas pu résister<br />
à emprunter cette angrantude à Manno<br />
Charlemagne). La coupe a finalement<br />
débordé quand peu discrètement vous<br />
m’avez offert d’acheter ma conscience<br />
pour, avez-vous éructé, «permettre à<br />
Haïti Liberté de devenir un grand journal<br />
» (sic) et « se tenir droit dans le<br />
monde des médias » (resic). Regardez-moi<br />
des salmannazar ! Ça alors, ou<br />
fin fou !<br />
Non, monsieur le président (de la<br />
honte), je ne suis pas sur terre, je veux<br />
dire, je ne fais pas partie d’un journal<br />
résolument progressiste, militant, à<br />
l’avant-garde des revendications des<br />
masses pour trahir celles-ci comme vous<br />
avez trahi vos père et mère paysans,<br />
pour servir de paillasson à des bourgeois<br />
sans aveu, vous et les vôtres du PHTK.<br />
Ce serait tuer l’espoir, ce qu’il en reste du<br />
moins, au cœur de chaque patriote haïtien<br />
qu’ « un autre monde est meilleur »,<br />
qu’une autre Haïti est possible.<br />
Depuis que je suis né, j’ai toujours<br />
entendu parler de la pusillanimité,<br />
du manque de fierté nationaliste d’un<br />
Sudre Dartiguenave, d’un Louis Borno,<br />
d’un Eugène Roy, serviles exécuteurs<br />
des menées antinationales de l’amiral<br />
Caperton. J’ai été mis au courant de la<br />
lâcheté, de la veulerie d’un Sténio Vincent<br />
face au massacre ordonné par le<br />
chacal Trujillo en République dominicaine.<br />
Nous avons été meurtris de savoir<br />
comment le président Lescot dans ses<br />
délires pro-occidentaux, pro-Washington,<br />
pro-catholiques s’est fait le complice<br />
d’un clergé breton arriéré, fruste, rétrograde,<br />
encroûté, réactionnaire pour entreprendre<br />
une diabolique campagne dite<br />
des rejete assortie d’une folle destruction<br />
des objets du culte vaudou.<br />
Ma grand-mère paternelle, paix<br />
à son âme, originaire du Nord frondeur,<br />
rebelle, dessalinien, libérateur, a tant<br />
souffert d’avoir vu Charlemagne Péralte<br />
assassiné, en croix sur une porte,<br />
qu’elle en est restée longtemps meurtrie<br />
et qu’elle ne ratait pas l’occasion de<br />
maudire blan yo. Combien de présidents<br />
avant vous, et comme vous, protégés<br />
par blan yo ont eu les doigts trop longs,<br />
trop siphonnants du trésor public ? À<br />
l’occasion, Grand-mère chantait volontiers<br />
un air de son tan lontan : « yo piye,<br />
yo pi mal ». Ce devrait être à l’époque du<br />
Procès de la consolidation pour juger les<br />
pillageurs. Depuis, ça n’a pas changé, et<br />
sous l’empire de la frénésie pillageuse de<br />
votre PHTK, les choses ont empiré. D’où<br />
notre obstination à exiger une nouvelle<br />
Consolidante.<br />
Quand j’étais étudiant à la Faculté<br />
de Médecine, j’ai vu comment la satrapie<br />
duvaliériste, à un moment de turbulence<br />
d’une opposition naissante, avait, à dessein,<br />
provoqué l’amour-propre politique,<br />
intellectuel du monde étudiant en faisant<br />
arrêter une vingtaine de jeunes étudiants<br />
et lycéens parmi lesquels Joseph<br />
Roney, le trésorier de l’UNEH. Comme<br />
il fallait s’y attendre, une grève au long<br />
cours s’en est suivie. Et j’ai vu aussi<br />
comment la perfidie macouto-francisco-duvaliériste<br />
avait réussi à acheter la<br />
conscience de deux étudiants en médecine,<br />
Roger Lafontant et Bob Germain,<br />
« fignolistes » pendant la campagne<br />
électorale de 1957, pour en faire deux<br />
traîtres, deux briseurs de grève.<br />
Quand j’étais résident en pathologie,<br />
département rattaché à l’ « Hôpital<br />
général », j’ai été témoin en avril 1963<br />
de la fureur démente du tyran Duvalier<br />
qui s’est abattue sur Port-au-Prince,<br />
suite à la tentative avortée d’assassiner<br />
deux des enfants du monstre de président.<br />
Rarement la terreur avait été aussi<br />
palpable : tuerie, incendie, rapts, disparitions,<br />
violences indescriptibles de la<br />
part des « hommes en bleu » lâchés par<br />
le tyran. Cinquante-six ans plus tard,<br />
ce climat renaît avec une insécurité de<br />
tous les jours dont l’expression la plus<br />
sordide, la plus atroce, la plus achevée<br />
a été le massacre de La Saline le 13 novembre<br />
2018, dont on dit, Monsieur le<br />
président, que votre épouse aurait des<br />
comptes à rendre là-dessus.<br />
Demain de grand matin, demain<br />
dimanche 9 juin, je fermerai ma porte<br />
au nez de ce passé monstrueux que<br />
voudraient réveiller des nostalgiques de<br />
l’extrémisme sanguinaire duvaliériste,<br />
et je demanderai aux Haïtiens de gagner<br />
en masse cette manif dominicale<br />
qui, on l’espère, devrait être la dernière<br />
bourrade, la dernière culbutade populaire<br />
pour forcer l’inconduite, l’immoral<br />
que vous êtes, monsieur le président,<br />
à déguerpir, vous et vos pareils pétrocaribéens.<br />
Surtout, n’essayez pas de me<br />
poursuivre, directement ou par personne<br />
interposée, li pa p bon pou ou, car vos<br />
jours sont comptés. Les membres de<br />
gangs affiliés au pouvoir n’auront pas le<br />
temps de tirer. À l’heure qu’il est, ou bien<br />
vous vous rendez à la justice, ou bien,<br />
vite, vous prenez les jambes à votre<br />
cou, vos jambes déjà bancales, parce<br />
que hier, à travers mes lunettes de cent<br />
lieues, j’ai cru voir se dessiner la silhouette<br />
sépulcrale, déchiquetée de Vilbrun<br />
Guillaume Sam, sorte de Vivi dangriyen<br />
me faisant signe.<br />
Sa voix faible, lugubre, hoquettante,<br />
semblait sortir comme d’un govi.<br />
Sam évoquait un propos, paraît-il, de<br />
Sésé, le petit nom jouet de l’épouse<br />
d’Antoine Simon au moment où celuici,<br />
renversé, quittait le pouvoir. Le vieux<br />
des Cayes aurait dit : « Sésé te di sa ».<br />
Vous n’avez jamais, peut-être, entendu<br />
parler de Sésé, mais alors, Vilbrun le<br />
moustachu, Lebrun le caoutchouté …<br />
ne sont-ce pas des noms qui vous sont<br />
familiers, Monsieur le président?<br />
Faites attention, monsieur le président,<br />
arx Tarpeia Capitoli proxima.<br />
Il n’y a pas loin du Capitole (du Palais<br />
national, alors) à la roche Tarpéienne, à<br />
Saint-Domingue, devrais-je dire. Dans<br />
un autre registre pas tout à fait tarpéien,<br />
mais tout aussi lapidaire, et même incendiaire,<br />
ma grand-mère paternelle<br />
savait chanter cet air que le petit peuple<br />
lança, un après-midi de colère, à l’adresse<br />
d’un prêtre breton frekan, arrogant,<br />
le Père Julio. C’était dans le patelin natal<br />
de la vieille. Les gens chantaient : « pale<br />
monsenyè, semèn si la a, nou pral boule<br />
Pè Jilio, pale monsenyè »…C’était bien<br />
longtemps avant Lebrun…<br />
Monsieur le président, pale anbasadè<br />
a…<br />
8 juin <strong>2019</strong><br />
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Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
5
Rekiyèm<br />
Mwen di onè respè<br />
Pou nou tout k anba tè<br />
Nan testaman listwa<br />
Non nou ekri twa fwa<br />
Wi nou tout ki te brav<br />
Nan radiyès kadav<br />
Lavil kou lan chan kann<br />
Mwen bese tèt devann<br />
Vye frè vye sè ou pa mouri<br />
O non non non non non ou pa mouri<br />
Tou sa ou te di n kenbe l<br />
Tou sa ou te fè n sonje l<br />
Tou sa ou te kwè n pote l<br />
Pou demen pou tout tan<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
Nou pa p dòmi bliye<br />
Tout nèg ki te tonbe<br />
Nan chen manje chen<br />
Kote libète<br />
Tounen flè sonje<br />
Nan koze malere<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
K ape kanpe pi wo<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
Boujwa anba pye malere<br />
Kazal nèg te kanpe<br />
Pou yo te jwenn yon jan<br />
Pou Ti Jan manje<br />
Sam Gwo Jan pa t di<br />
Taks sou pitimi<br />
Mwen di pou yo chante<br />
Pou nou tout ki tonbe<br />
Chak grangou n te kontre<br />
Nou te vle ba l manje<br />
Nou tout ki te goumen<br />
Pou pèp la wè demen<br />
Nou tout ki te bay san n<br />
Mwen bese tèt devan n<br />
Vye frè vye sè ou pa mouri<br />
O non non non non non ou pa mouri<br />
Tou sa ou te di n kenbe l<br />
Tou sa ou te fè n sonje l<br />
Tou sa ou te kwè n pote l<br />
Pou demen pou tout tan<br />
Mwe di solèy klere<br />
Kouray o vye frè m yo<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
K ape kanpe pi wo<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
Boujwa anba pye malere<br />
Foul moun te rasanble<br />
Lò Peral t ap goumen<br />
Pou n pa t rete<br />
Bouki dan griyen<br />
Ak yon Ayiti<br />
Rad chire toutouni<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
K ape kanpe pi wo<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
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Pou nou tout peyizan<br />
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Nou te kwè nan lavi<br />
Nou menm ki te mouri<br />
Pou tou sa n t ap defann<br />
Mwen bese tèt devan n<br />
Vye frè vye sè ou pa mouri<br />
O non non non non non ou pa mouri<br />
Tou sa ou te di n kenbe l<br />
Tou sa ou te fè n sonje l<br />
Tou sa ou te kwè n pote l<br />
Pou demen pou tout tan<br />
Boujwa anba pye malere<br />
Gade solèy nan je<br />
Se plezi nèg ki brav<br />
Kout zam ap tire<br />
Mache tèt bese<br />
Se viv pitiman<br />
Vlope nan rad kapon<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
K ape kanpe pi wo<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
Boujwa anba pye malere<br />
Si nou vanse devan<br />
Se devan pou n rete<br />
Rale kò n dèyè<br />
Se vole gadjè<br />
Nou vanse devan<br />
Pou n pa manje sote<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
K ape kanpe piwo<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
Boujwa anba pye malere<br />
Jodi a se twòkèt<br />
Men li deja twò lou<br />
Nou bezwen ponyèt<br />
Pou ride n leve<br />
Yon biskèt tonbe<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
K ape kanpe piwo<br />
Dèyè mòn gen mòn<br />
Boujwa anba pye malere<br />
Sasinay<br />
jounalis<br />
Pétion<br />
Rospide<br />
Tanbou Libète<br />
Georges Castera<br />
Kote dosye Sherlson<br />
Sanon kont Lambert ak<br />
Edo Zenny a ye?<br />
Marie Laurette Numa<br />
Jou ki te <strong>12</strong> mars 2013, yon jèn sitwayen<br />
Sherlson Sanon ki sòti Jakmel<br />
te akize Joseph Lambert ak Edwin Zenny<br />
kòmkwa yo te konn voye l al fè zak<br />
sasinay, kidnapin ak trafikan dwòg nan<br />
gang yo ki te rele Baz kako. Sanon te<br />
menm fè konnen nan lane 1999, li<br />
te touye pou ansyen senatè Lambert,<br />
yon etranje ki t ap vin mete yon òganizasyon<br />
nan Jakmèl ki te rele , Céline<br />
MOULIER ki te abite Civadier. Se 2000<br />
goud senatè a te ba li pou krim sa a.<br />
Depi lè Sanon te fin denonse<br />
ansyen bòs li yo, senatè Lambert ak<br />
Edo, pouvwa Martelly-Lamothe la ak<br />
konplisite ministè Lenjistis Jean Renèl<br />
Sanon t ap dirije mete l nan prizon nan<br />
Penitansye Nasyonal. Se konsa mèt<br />
Mario Beauvoir ki te avoka Sherlson te<br />
fè laprès konnen anpil presyon ap fèt<br />
sou prizonye a pou l te vin di se manti<br />
sa li devwale yo. Men Sanon te kenbe.<br />
Jou ki te 3 desanm 2013 li te parèt<br />
devan jij enstriksyon Bernard Saint-Vil.<br />
Depi lè sa a sosyete a pa janm konnen<br />
sa k pase ak Sherlson Sanon.<br />
Nou pa konnen kote Sanon ye, si<br />
li toujou nan prizon, oubyen si l mouri<br />
paske si li te libere fòk laprès ta pale<br />
sou sa ; menmjan yo pale sou ansyen<br />
senatè Lambert, pouvwa a pa kite<br />
l tounen nan Palman an paske yo gen<br />
ase nouvo moun ki pou fè travay la<br />
pou yo.<br />
Se konsa semèn pase a, yon mwa<br />
aprè eleksyon yo, gouvènman Martelly-Paul<br />
la nonmen de frè Lambert yo<br />
nan diplomasi peyi a. Joseph Lambert<br />
kounye a se minis konseye nan Anbasad<br />
Ayiti Santo-Domingo kote li pral<br />
gen pou l okipe pòs responsab Konsila<br />
Ayisyen an nan Santiago.<br />
Wencesclas Lambert limenm yo<br />
Edwin Zenny ak Joseph Lambert<br />
Sherlson Sanon<br />
voye l nan tèt Konsila Ayisyen an nan<br />
zile Turks-&-Caïcos. De frè sa yo gen<br />
anpil kesyon pou yo reponn ak lajistis<br />
pou move aksyon yo konmèt pandan<br />
yo te senatè nan peyi a. Voye yo kòm<br />
diplomat, eske se pa nan yon egzil<br />
dore, oubyen yon fason pou anpeche<br />
sosyete a konnen laverite sou de ansyen<br />
senatè sa yo ; sitou pou Joseph<br />
Lambert ki gen kokenn dosye pou l ta<br />
reponn sou ka Rony Jean Philippe li te<br />
voye bandi legal li yo al sasinen ; men<br />
ki erezman, malgre li te pran plizyè bal,<br />
li pat gentan mouri.<br />
Dosye Sherlson Sanon an se yon<br />
dosye sosyete Ayisyen an dwe egzije<br />
pou limyè fèt sou tout akizasyon ki te<br />
fè ak yon latriye prèv sou Joseph Lambert<br />
ak Edo Zenny. Si nou pa mande<br />
klarifikasyon sa yo, yo pap janm pran<br />
sosyete sivil la oserye. Se youn nan<br />
rezon ki fè malgre popilasyon an ap<br />
mande limyè sou eleksyon-seleksyon<br />
yo, gouvènman an pa pete ba yo santi.<br />
Se telman nou kite bagay pase , nou<br />
vin sanse ba yo rezon pou yo kontinye<br />
kenbe nou pi rèd nan blakawout.<br />
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Pétion Rospide<br />
Lendi 10 jen ki sot pase a, se<br />
avèk lapèn popilasyon an aprann<br />
jounalis Radyo sanfen (RSF) Petion<br />
Rospide te jwenn lanmò l apre bandi<br />
sanfwanilwa te atake machin li pandan<br />
li ta pral lakay li, aprè li te fin denonse<br />
atak ki te fèt sou machin Radyo<br />
Tele Ginen nan dimanch 9 jen an. Se<br />
sou Pòtay Leyogàn kriminèl yo te bare<br />
l jouk yo frape l.<br />
Sasinay sanble de gout dlo ak<br />
sasinay jounalis Gasner Raymond ki<br />
te fèt sou wout Brach Leyogàn, premye<br />
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6 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong>
Perspectives<br />
Phtk : De Michel Martelly à Jovenel Moise!<br />
Par Wilner Prédélus<br />
Les évènements de février qui se<br />
sont soldés par l’assassinat de<br />
plusieurs dizaines d’individus dans le<br />
rang du peuple haïtien, déjà en proie à<br />
de sérieuses menaces contre son existence<br />
depuis plus de deux siècles, ont<br />
beau faire saliver ceux qui espèrent<br />
un décollage. Toutefois, la montagne<br />
a accouché d’une souris. Contrairement<br />
à ce qu’on pouvait espérer, il<br />
ne s’agissait que d’un nouvel acte de<br />
ce film d’horreur produit par les puissances<br />
néocolonialistes pour maintenir<br />
Haïti dans la crasse. En voyant le<br />
peuple se lever dans tous les coins du<br />
pays pour exiger le départ des nouveaux<br />
morts vivants qui lui font des<br />
grimaces pour protéger le butin des<br />
« baka » déchainés qui commandent<br />
la haute sphère du pouvoir politique<br />
en Haïti, on aurait cru que l’heure de<br />
la révolution tant souhaitée avait sonné.<br />
Hélas! Un nouveau deal a encore<br />
été trouvé entre les « souflantchou »<br />
locaux et leurs maîtres internationaux<br />
pour prolonger la mainmise des charlatans<br />
sur les institutions du pays et<br />
aggraver les conditions infrahumaines<br />
dans lesquelles sombre le peuple haïtien<br />
depuis déjà de trop longues années.<br />
À la requête de l’opposition qui<br />
exigeait le départ de Jovenel Moïse de<br />
la tête du pays, les puissances néocolonialistes,<br />
soit dit le « CoreGroup »,<br />
ont opposé une fin de non-recevoir. Ils<br />
suggèrent que Jovenel Moïse aurait été<br />
élu pour un mandat de cinq ans, et qu’il<br />
doit compléter ses cinq ans à la tête du<br />
pays.<br />
Alors, ces mêmes colons qui<br />
revendiquent le droit pour Jovenel<br />
Moïse de compléter son mandat de cinq<br />
ans en Haïti, cherchent par tous les<br />
moyens à remplacer un président élu<br />
démocratiquement au Venezuela par un<br />
« kolokent » qui serait prêt à livrer la<br />
chair des enfants de son pays aux rapaces<br />
de l’empire états-uniens dont la<br />
« pétrophilie » a atteint de nouveaux<br />
sommets. Comme si cette histoire de<br />
mandat de cinq ans était scellée par<br />
le sceau indélébile d’un contrat dont<br />
seul le peuple haïtien était partie. En<br />
fait, lorsqu’un peuple élit un dirigeant<br />
à sa tête– on ne va poser le problème<br />
de légitimité dont souffre Jovenel Moïse<br />
ici – il est en droit d’espérer que celuici<br />
prenne les mesures nécessaires pour<br />
améliorer ses conditions et protéger ses<br />
intérêts; faute de quoi, il peut révoquer<br />
le mandat de ce dirigeant sans autre<br />
forme de procès.<br />
S’il est vrai que ce « Core Group »<br />
avait investi son argent à l’élection de<br />
Jovenel Moïse, il doit se rendre à l’évidence<br />
que les atrocités et les exactions<br />
commises par le régime « PHTKK » version<br />
2.0 pour se maintenir au pouvoir<br />
constituent des cas flagrants de violation<br />
des droits humains que le peuple<br />
haïtien ne peut tolérer. Avec Michel<br />
Martelly, on pensait avoir atteint le<br />
sommet de l’échelle de l’incompétence<br />
et de la corruption en Haïti, pourtant<br />
Jovenel Moïse a poussé le record encore<br />
plus loin, et la souffrance du peuple haïtien<br />
s’accentue de jour en jour. Combien<br />
de citoyens des pays du « Core Group »<br />
auraient accepté un tel marasme? Si ce<br />
n’est pas en raison d’un mépris éhonté<br />
pour le peuple haïtien, Messieurs, vous<br />
ne sauriez l’obliger à avaler quelque<br />
chose sur lequel vous n’accepteriez pas<br />
de poser vos pieds. Riche ou pauvre,<br />
une personne humaine c’est une personne<br />
humaine.<br />
Depuis son arrivée au pouvoir,<br />
loin de contenir la corruption qu’il prétendait<br />
avoir décriée comme étant le<br />
seul problème du pays, Jovenel Moïse<br />
ne fait qu’en accélérer le rythme. Il est<br />
vrai qu’aux yeux des nouveaux colons<br />
corporatistes les dirigeants des petits<br />
Avec Michel Martelly, on pensait avoir atteint le sommet de l’échelle de<br />
l’incompétence et de la corruption, pourtant Jovenel Moïse a poussé le<br />
record encore plus loin, et la souffrance du peuple haïtien s’accentue de<br />
jour en jour.<br />
pays ne sont pas censés être au service<br />
de leur peuple, mais sachez que « akoz<br />
diri, ti woch bwè grès ». Si vous croyez<br />
que Jonevel Moïse ne doit des comptes<br />
qu’à vous, chers membres du « Core<br />
Group », ah! vous êtes en train de commettre<br />
la même erreur que Napoléon<br />
avait regrettée toute sa vie. En fait, il<br />
est peut-être temps de commencer par<br />
laisser tomber des miettes pour le peuple<br />
ou même songer à négocier avec<br />
Moïse Jean-Charles, sinon vous êtes en<br />
train de créer de nouveaux Dessalines,<br />
Christophe, Capois-La-Mort, etc.<br />
Napoléon avait eu la chance de<br />
négocier avec Toussaint Louverture<br />
qui était un fin diplomate, mais il refusa,<br />
prétextant que les esclaves lui appartenaient.<br />
En assassinant Toussaint<br />
Louverture, il pensait avoir résolu le<br />
problème. Cependant, il avait créé des<br />
évènements qui ont fait émerger Jean-<br />
Jacques Dessalines et Henri Christophe,<br />
deux jeunes lions du peuple que la<br />
diplomatie démagogique de Toussaint<br />
Louverture avait retenu prisonnier.<br />
D’après la philosophie de Dessalines,<br />
on ne fait pas de diplomatie lorsque<br />
votre interlocuteur est de mauvaise foi<br />
et intransigeant. Donc, si la situation<br />
continue de cette façon, tôt ou tard il<br />
se créera de nouveaux Dessalines par<br />
la force de choses, et ce pour deux raisons<br />
: la première parce que c’est Haïti<br />
et la deuxième parce que c’est une loi<br />
naturelle. C’est aussi simple que ça.<br />
Les va-et-vient des politiciens dans vos<br />
ambassades peuvent bien vous donner<br />
l’impression de contrôler la situation,<br />
mais sachez qu’il s’agit d’une fausse<br />
impression.<br />
Dans le pays de Dessalines, le<br />
dernier mot ce n’est pas le colon qui l’a,<br />
mais plutôt le peuple. Et, si le peuple<br />
haïtien s’hiberne en plein été, il ne faut<br />
pas l’interpréter comme une démission<br />
de sa part. Le peuple ne démissionne<br />
jamais. Le jour où il décide de mettre<br />
fin au jeu du chat et de la souris, et déclarer<br />
que le mandat prend fin, ce sera<br />
fini et les deals que vous signez avec<br />
les esclaves qui contrôlent les sphères<br />
politique et économique du pays seront<br />
nuls et de nul effet. Rappelez-vous toujours<br />
que si comme dit l’autre « qui ne<br />
risque rien n’a rien », le peuple haïtien<br />
qui n’a rien à risquer n’a rien à perdre.<br />
Donc, les politiciens qui croient<br />
ne devoir des comptes qu’aux colons<br />
corporatistes sont du mauvais côté de<br />
l’histoire.<br />
En effet, on comprend que des<br />
politiciens qui font des va-et-vient dans<br />
les ambassades de pays étrangers en<br />
quête d’une quelconque bénédiction<br />
pour occuper le pouvoir dans leurs<br />
pays sont tout aussi des traîtres que le<br />
peuple haïtien doit mettre hors-jeu s’il<br />
veut décider lui-même de son destin.<br />
D’ailleurs toute nouvelle constitution<br />
dans le pays doit faire du complot avec<br />
l’étranger pour arnaquer le peuple haïtien<br />
et le maintenir dans la misère un<br />
crime passible de peine de mort. Mais,<br />
maintenant si nous revenons aux concessions<br />
faites par Jovenel Moïse pour<br />
se maintenir au pouvoir, on se demande<br />
combien ce mandat de cinq ans<br />
que revendiquent ce charlatan professionnel<br />
et ses patrons internationaux<br />
finira par coûter au peuple haïtien.<br />
Jovenel Moïse face au racisme<br />
spectaculaire de Donald Trump et<br />
de sa fameuse notion de « Pays de<br />
merde »<br />
Lorsqu’on regarde le discours et le comportement<br />
de Donald Trump, il faudrait<br />
peut-être remonter aux invasions barbares<br />
pour rencontrer un tel spécimen<br />
avec de telles perspectives du monde.<br />
Son mépris pour les minorités, en particulier<br />
les Noirs, est d’une telle répugnance<br />
que les pires colons qui maltraitaient les<br />
esclaves noirs dans les plantations sur le<br />
continent américain au plus fort de l’esclavage,<br />
n’auraient eu aucune difficulté<br />
même à leur époque pour le blâmer. Je ne<br />
dis pas à notre époque, puisqu’on prétend<br />
qu’ils sont moins bruts et plus civilisés<br />
aujourd’hui. En l’espace de moins<br />
de vingt-quatre heures, Donald Trump a<br />
traité d’idiot et de faible quotient intellectuel,<br />
trois de ses « compatriotes », tous<br />
des Noirs : Maxine Waters (un membre<br />
de la Chambre des représentants étatsunien),<br />
Lebron James (peut-être le meilleur<br />
athlète états-unien en vie) et Don<br />
Lemon (un journaliste de chaine CNN).<br />
Il a aussi traité de « fils de pute »<br />
les athlètes noirs de la NFL qui protestent<br />
contre la brutalité policière, les assassinats<br />
et le lynchage quotidiens des<br />
noirs (incluant des enfants) aux États-<br />
Unis. En fait, évidemment, les propos<br />
utilisés par Donald Trump pour décrire<br />
les Noirs ne sont autres que son propre<br />
reflet que lui renvoie le miroir de la stupidité<br />
et de l’ignorance, mais il faudrait<br />
comprendre que cela a des conséquences<br />
directes sur nos enfants, qu’ils soient<br />
en Haïti ou à l’étranger. N’ayant rien à<br />
voir avec ce pays, que ce soit sur le plan<br />
des valeurs ou sur le plan historique, je<br />
n’aurais rien à foutre de la manière dont<br />
il traite leurs citoyens. Franchement,<br />
même au nom de l’humanité, comme<br />
nous l’avons toujours fait depuis avant<br />
la conception de la nation haïtienne, je<br />
devrais m’en foutre loyalement :« Bèf<br />
pou wa, savann pou wa ».<br />
Mais, lorsqu’on regarde la trajectoire<br />
des comportements de Donald Trump<br />
et ceux qui font l’objet de ses propos<br />
dégradants et méprisants, il est clair<br />
que ses attaques sur les personnes concernées<br />
ne sont pas le fruit du hasard. Il<br />
les attaque exclusivement en raison de<br />
la couleur de leur peau. Et, c’est quand<br />
même surprenant que certains individus<br />
avaient besoin du témoignage de<br />
Michael Cohen, qui lui-même devrait<br />
tout aussi être un raciste pour avoir<br />
travaillé pour ce mec pendant tout ce<br />
temps, pour conclure que Trump était<br />
le pire des racistes qui aient jamais vu<br />
le jour. Donald Trump y est allé jusqu’à<br />
traiter Haïti et les pays africains de<br />
« pays de merde ». Et pour montrer que<br />
son problème n’était pas les pays en soi<br />
– qui sont d’ailleurs pillés et appauvris<br />
par son propre pays – mais plutôt les<br />
gens qui y vivent, il a suggéré que son<br />
pays ouvre ses portes à des individus<br />
venant de la Suède plutôt que d’Haïti.<br />
Pendant que des voix se sont élevées<br />
partout dans le monde pour dénoncer<br />
les propos racistes de Donald Trump,<br />
Jovenel Moïse et son gouvernement ont<br />
gardé le mutisme comme s’ils n’étaient<br />
pas concernés. Lorsque pressé par des<br />
journalistes de dire ce qu’il pensait<br />
des propos de Donald Trump, le premier<br />
ministre d’alors de Jovenel Moïse<br />
a rétorqué que Donald Trump disait<br />
n’avoir pas relaté les propos qu’on lui<br />
attribuait, alors il était satisfait qu’il ne<br />
les avait pas dits.<br />
S’il est vrai que beaucoup de<br />
ceux qui se disent « nos amis » pensent<br />
tout bas les mêmes choses que Donald<br />
Trump dit tout haut, le sens de l’honneur<br />
exige toujours qu’on agisse avec<br />
une volonté résolue pour défendre la<br />
dignité du peuple qu’on veut représenter<br />
contre des agresseurs ignorants comme<br />
Donald Trump, et ce, même au péril<br />
de sa vie. C’est ce que cela veut dire<br />
être un leader. Pourtant, avec Jovenel<br />
Moïse, nous avons vu tout le contraire.<br />
Il veut coute que coute se maintenir au<br />
pouvoir, et ce, même au péril de la dignité<br />
du peuple haïtien. En fermant les<br />
yeux sur les propos racistes de Donald<br />
Trump – le fier grand Wizard du Ku Klux<br />
Klan – contre les Noirs d’ici et d’ailleurs<br />
dans le seul but de se maintenir au<br />
pouvoir, Jovenel Moïse a démontré que<br />
sa petitesse est aussi répugnante que<br />
les propos de celui-ci. Comme je l’explique<br />
dans mon dernier livre intitulé<br />
Haïti, Caverne de Charlatans, le peuple<br />
haïtien, pour se sortir du trou de la<br />
honte et du sous-développement, doit<br />
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d’abord se débarrasser de ces épigones<br />
grincheux qui travaillent pour ceux qui<br />
en veulent à son existence.<br />
Le coup de poignard au dos du<br />
peuple vénézuélien et au cœur du<br />
peuple haïtien<br />
Le dernier acte posé par Jovenel Moïse<br />
pour se maintenir au pouvoir est le pacte<br />
qu’il a signé avec le diable Trump à la<br />
fois dans le sang du peuple vénézuélien<br />
et dans celui du peuple haïtien, après<br />
avoir poignardé le premier dans le dos<br />
et le second dans le cœur. Après que les<br />
gouvernements PHTKK eurent volé tout<br />
l’argent du projet « Pétro Caribe » qui<br />
était financé par le peuple vénézuélien,<br />
Jovenel Moïse a déclaré ne pas reconnaitre<br />
le président que ce même peuple<br />
a choisi pour le diriger. Partout où Haïti<br />
a un droit de vote, aux Nations-Unies,<br />
à l’Organisation des États américains et<br />
à la Communauté des pays caraïbéens,<br />
Jovenel Moïse l’a utilisé pour supporter la<br />
politique de Donald Trump visant à faire<br />
main basse sur les ressources pétrolières,<br />
gazières et aurifères du Venezuela au<br />
profit des frères Koch.<br />
En effet, la question ne se pose<br />
même pas en termes de reconnaissance<br />
du « kolokent », en l’occurrence,<br />
Dans le pays de Dessalines, le dernier mot ce n’est pas le colon qui l’a,<br />
mais plutôt le peuple.<br />
Juan Guaido, qui lui-même serait un<br />
représentant du Ku Klux Klan au Venezuela,<br />
et qui s’est fait nommer président<br />
intérimaire par les vautours étatsuniens<br />
pour ramener les Vénézuéliens<br />
qui ne sont pas dits des « Spaniards »<br />
dans la crasse qu’ils avaient connue<br />
avant Chavez. Comme pays exploité<br />
suite à la page(16)<br />
Director: Florence Comeau<br />
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Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
7
La Tribune de Catherine Charlemagne (72)<br />
Le massacre de La Saline, une affaire d’Etat !<br />
Des victimes du massacre<br />
de La Saline<br />
Cela fait plus de six mois depuis que<br />
tout le monde parle du massacre<br />
de La Saline en Haïti. Toute la presse<br />
haïtienne et même au-delà en parle<br />
régulièrement. Des organisations internationales<br />
entre autres, l’ONU, l’OEA,<br />
etc sont intervenues dans le dossier<br />
et recommandent aux autorités haïtiennes<br />
de faire toute la lumière sur cet<br />
acte devenu le plus célèbre depuis la<br />
tuerie de Jean-Rabel le 23 juillet 1987.<br />
Quant aux organisations des droits humains<br />
en Haïti, il ne se passe pas une<br />
semaine sans qu’elles n’interpellent les<br />
pouvoirs publics en réclamant justice<br />
pour les familles dont les proches ont<br />
été victimes de cet acte odieux. Pour<br />
des raisons évidentes, volontairement,<br />
nous n’avons jamais consacré une Tribune<br />
à ce massacre. Et pour cause. Il<br />
nous manquait des éléments, pas assez<br />
de données fiables et de faits probants<br />
pour argumenter nos analyses. Surtout<br />
qu’au départ, comme il est de coutume<br />
en Haïti, tout le monde disait tout et<br />
son contraire voire du n’importe quoi<br />
en accusant l’opposition d’un côté et<br />
le pouvoir de l’autre sans apporter la<br />
moindre preuve.<br />
Or, un tel dossier mérite qu’on<br />
reste serein et qu’on garde le calme en<br />
laissant la justice faire son travail tout<br />
au moins apporte un peu d’éclairage sur<br />
cette affaire criminelle assez complexe.<br />
Depuis, les choses ont évolué. La police<br />
et la justice ont enquêté et apporté certaines<br />
preuves. Des noms sont apparus<br />
dans le dossier et ont été publiquement<br />
cités par les autorités policières et judiciaires.<br />
Enfin, le public et les observateurs<br />
commencent à mieux comprendre<br />
le déroulé de ce massacre et aussi<br />
connaître ceux qui seraient les commanditaires,<br />
les cerveaux intellectuels,<br />
les complices et les exécutants. Ces<br />
dernières années, et particulièrement<br />
ces derniers mois en Haïti, dans la région<br />
métropolitaine de Port-au-Prince<br />
principalement, une série de massacres<br />
et de tueries a défrayé la chronique. Pas<br />
un jour sans qu’on ne dénombre un ou<br />
plusieurs morts dans les rues de la capitale<br />
ou de sa banlieue.<br />
Le centre ville n’est pas épargné.<br />
Mais les innombrables ghettos et bidonvilles<br />
qui encerclent le centre historique<br />
de Port-au-Prince sont le théâtre de ces<br />
massacres et tueries qui émeuvent tant<br />
la population. Au fil des années, des<br />
mois et des jours, on a constaté qu’il<br />
existe une relation très étroite entre les<br />
chefs de gangs qui terrorisent la population<br />
et un nombre impressionnant de<br />
responsables ou d’élus politiques. Cela<br />
va d’un simple maire jusqu’aux plus<br />
hauts dirigeants de l’Etat en passant<br />
par des parlementaires et même des<br />
hauts cadres de la police nationale. Un<br />
fléau ! On comprend dès lors qu’il serait<br />
difficile pour quiconque de pouvoir<br />
trouver des solutions au phénomène de<br />
l’insécurité déferlant sur tout le pays.<br />
Car, cette insécurité qui était circonscrite<br />
dans l’aire métropolitaine de Portau-Prince<br />
ou dans d’autres métropoles<br />
de province s’étale ou se déplace maintenant<br />
dans des communes insignifiantes,<br />
voire des sections communales<br />
où généralement la population vit dans<br />
l’insouciance et sans aucune inquiétude<br />
de jour comme de nuit. Avant tout était<br />
abstrait. On parlait de chef de gangs ;<br />
de bandes armées ; du banditisme, etc.<br />
Les noms de ces présumés bandits<br />
étaient peu connus ou rares. La<br />
presse et même les organisations des<br />
droits humains, faute de preuve, parlaient<br />
de relation qui aurait existé entre<br />
les gangs et la plupart des dirigeants<br />
politiques et des parlementaires sans<br />
trop de détails. Vu que les noms des<br />
chefs de gangs ne signifiaient pas<br />
grand-chose, il était difficile officiellement<br />
de faire la liaison avec les responsables<br />
politiques et certains élus.<br />
Le massacre de La Saline va mettre<br />
en lumière un fait nouveau. Outre les<br />
principaux chefs de gang identifiés, il<br />
va faire ressortir de manière officielle la<br />
connexion qui existe entre ces assassins<br />
et le pouvoir. Et surtout les noms<br />
de quelques uns de ces dirigeants et<br />
élus qui utilisent ces gangs à des fins<br />
politiques. Le massacre de La Saline<br />
était intervenu dans une période où le<br />
pouvoir devait affronter l’opposition<br />
radicale qui était à deux doigts de le renverser.<br />
On sortait à peine des émeutes<br />
de juillet 2018 qui avaient emporté le<br />
Premier ministre Jack Guy Lafontant.<br />
Jean Henry Céant venait de s’installer<br />
à la Primature sans que pour autant le<br />
pays retrouve le calme politique. Et l’insécurité<br />
continuait à terrasser la société<br />
sans aucun répit.<br />
Le Président Jovenel Moïse était<br />
toujours menacé par une opposition<br />
qui, à ce moment, avait le vent en<br />
poupe. Tous les ingrédients étaient donc<br />
réunis pour chambarder tout le système<br />
même avec le nouveau Premier ministre<br />
qui n’avait pas tout à fait la confiance<br />
du chef de l’Etat. A ce moment,<br />
les quartiers populaires, les bidonvilles<br />
et les ghettos étaient en première ligne<br />
de la contestation. Les habitants de ces<br />
zones de non droit sont sollicités par les<br />
deux camps. D’un côté l’opposition qui<br />
les utilise pour remplir ces manifestations<br />
de rue et de l’autre le pouvoir et<br />
ses partisans qui tentent de les retourner<br />
contre l’opposition. Ballotés entre<br />
les deux, certains intelligents arrivent<br />
à faire leur beurre. Tandis que les plus<br />
intrépides deviennent des intermédiaires<br />
et par la même occasion offrent<br />
leurs services aux plus offrants. Vu<br />
qu’il y a énormément d’armes à feu en<br />
circulation à l’intérieur de ces quartiers<br />
miséreux et misérables où les gens vivent<br />
dans le démunis le plus total, des<br />
antagonistes se créent.<br />
Et des conflits éclatent entre les<br />
chefs de groupes sollicités de toute part<br />
pour neutraliser les partisans d’un camp<br />
à l’autre camp. Ainsi donc, une guerre<br />
intérieure va éclater entre les groupes<br />
armés pour le contrôle du territoire<br />
ou un bout de terrain où la drogue, la<br />
prostitution et le commerce des armes<br />
font partie intégrante de cette société<br />
d’arrière cours. C’est le début de ce qui<br />
va occasionner le plus grand drame<br />
humain de la fin de l’année 2018 en<br />
Haïti. En effet, du 1 er au 14 novembre<br />
2018 une guerre sans pitié allait opposer<br />
plusieurs groupes armés. Durant<br />
deux semaines, les gangs n’attaquent<br />
plus seulement les « soldats perdus »<br />
des groupes opposés, mais aussi leurs<br />
familles. Sans pitié, personne ne sera<br />
épargnée : hommes, femmes, enfants,<br />
vieillards, etc. Ce qui est frappant dans<br />
ce massacre visiblement planifié, c’est<br />
la méthode utilisée par les assassins.<br />
Non seulement ils tuent aveuglement,<br />
mais ils prennent le temps<br />
de charrier les corps de leurs victimes<br />
pour les déverser dans des décharges<br />
publiques. Un peu partout dans le bidonville<br />
de La Saline, chaque matin<br />
on retrouve des corps criblés de balles<br />
ou déchiquetés jetés sur des tas d’immondices<br />
ou dévorés par des chiens et<br />
des rongeurs. Très vite, le bidonville de<br />
La Saline devient malgré lui le centre<br />
de l’insécurité en Haïti. Or, en dépit<br />
de l’émotion que suscite ce massacre<br />
dans ce quartier populaire, le gouvernement<br />
et la présidence à l’époque ne<br />
semblent pas trop pressés de diligenter<br />
une enquête sur cet acte barbare<br />
commis forcément par des haïtiens. Il<br />
aura fallu que la terre entière demande<br />
des comptes aux autorités, surtout à la<br />
présidence haïtienne, pour que la justice<br />
commence enfin à s’intéresser à ce<br />
massacre. On se souvient de la lettre<br />
adressée au Secrétaire d’Etat américain<br />
(Affaires Etrangères) Mike Pompeo,<br />
signée par 104 congressmen (députés<br />
et sénateurs) au Congrès (Parlement)<br />
des Etats Unis, demandant une enquête<br />
sur le massacre de La Saline.<br />
L’Organisation des Nations Unies<br />
a dû monter au créneau pour exiger<br />
du gouvernement une enquête approfondie<br />
dans le cadre de cette affaire qui<br />
ne cesse d’interpeller la conscience.<br />
Surtout on a fini par comprendre que<br />
ce massacre ne peut être l’œuvre de<br />
simples individus qui se déchirent pour<br />
le contrôle d’un lopin de terre. Dès le<br />
départ, certains s’interrogeaient sur la<br />
nature, les commanditaires et le contexte<br />
de cette tuerie. Il s’est avéré que<br />
le ou les gangs qui ont commis cet acte<br />
inimaginable et criminel ont exécutés<br />
leurs forfaits sur ordre de certains officiels<br />
du pouvoir. Dans un premier<br />
temps, certains partisans du pouvoir<br />
voulaient, peut-être pour faire diversion,<br />
faire porter le chapeau à l’opposition<br />
qui à ce moment était vent debout<br />
contre le Président Jovenel Moïse. Mais<br />
très vite, tous les yeux se sont tournés<br />
vers les responsables du pouvoir qui<br />
ont plus d’intérêts dans ce crime abominable<br />
que l’opposition qui a le soutien<br />
de cette population marginalisée et<br />
abandonnée par les autorités. Ainsi,<br />
le Bureau des affaires criminelles de la<br />
DCPJ (Direction Centrale de la Police Judiciaire)<br />
qui était saisie du dossier par le<br />
Commissaire du gouvernement, n’allait<br />
pas tarder à découvrir qu’il y a la main<br />
de certains officiels du gouvernement<br />
derrière le massacre de La Saline. Si<br />
pour le moment l’enquête n’a pas<br />
révélé les noms de tous les commanditaires,<br />
les enquêteurs de la police judiciaire<br />
ont identifié au moins deux hauts<br />
responsables de l’Administration Moïse<br />
qui seraient les cerveaux intellectuels<br />
du massacre de novembre 2018.<br />
Il s’agit de Fednel Monchéry et<br />
de Joseph Pierre-Richard Duplan, deux<br />
proches du Président de la République<br />
Jovenel Moïse. Le premier n’est autre<br />
que le Directeur général du ministère de<br />
l’Intérieur et des Collectivités Territoriales<br />
depuis 2017. Ardent défenseur du<br />
chef de l’Etat, Fednel Monchéry a été<br />
candidat malheureux en 2015 au Sénat<br />
de la République. Le second, Joseph<br />
Pierre-Richard Duplan est un partisan<br />
zélé du pouvoir PHTK. Ancien haut<br />
dignitaire du régime Tèt Kale, ancien<br />
maire de la capitale, aujourd’hui Joseph<br />
Pierre-Richard Duplan n’est autre que<br />
le Délégué départemental (Préfet) de<br />
l’Ouest, en clair le représentant officiel<br />
du Président au niveau départemental.<br />
C’est à lui que revient le droit<br />
de rétablir l’ordre et la sécurité dans<br />
le département de concert avec le<br />
ministère de l’Intérieur. En principe,<br />
les titulaires de ces deux institutions<br />
éminemment politiques sont censés<br />
connaître tous les chefs de gangs du<br />
pays ou du département à travers leurs<br />
Services de renseignement même s’ils<br />
ne sont pas obligés d’être en relation<br />
avec eux. En tout cas, ces deux hauts<br />
fonctionnaires sont depuis quelques<br />
jours dans le collimateur de la justice.<br />
Vu leur implication présumée dans le<br />
massacre de La Saline, selon les résultats<br />
de l’enquête de la DCPJ, les<br />
enquêteurs demandent au Commissaire<br />
du gouvernement, Paul Éronce<br />
Villard, de mettre l’action publique en<br />
mouvement contre eux. C’est-à-dire<br />
que des mandats soient décernés contre<br />
ces fonctionnaires en plus de deux<br />
ex-policiers et 70 autres personnes qui<br />
seraient liées à cet assassinat en masse.<br />
Bien entendu, Joseph Pierre-Richard<br />
Duplan clame son innocence et dément<br />
avoir quelque chose à voir dans<br />
le massacre de La Saline. Il dénonce en<br />
même temps une manipulation politique<br />
des organisations des droits humains.<br />
Duplan récuse le Rapport des<br />
organisations des droits humains sur<br />
cette affaire. Par ailleurs, il soupçonne<br />
RNDDH, CARDH et FJKL d’être des<br />
instruments aux mains de l’opposition<br />
qui empêche la bonne marche de<br />
la société. Quant à Fednel Monchéry,<br />
comme à son habitude, il fait le mort.<br />
En tout cas pas de réaction officielle sur<br />
ces graves accusations. Le Directeur<br />
général du Ministère de l’Intérieur et<br />
le Délégué du Département de l’Ouest<br />
ne sont pas les seuls qui auront forcément<br />
des choses à dire à la justice dans<br />
cette affaire. Selon le Commissaire du<br />
gouvernement, suite au Rapport de la<br />
DCPJ, pas moins de onze autres individus<br />
sont déjà sous les verrous. On ne<br />
connaît pas pour le moment l’identité<br />
de ces personnes accusées dans le massacre<br />
de la population de La Saline.<br />
On ne sait pas non plus si parmi<br />
ces individus écroués, il y a des chefs<br />
de gangs. Il reste maintenant aux autorités<br />
judiciaires de faire le nécessaire<br />
pour que le Directeur général du<br />
ministère de l’Intérieur et des Collectivités<br />
Territoriales et le Délégué du département<br />
de l’Ouest soient rapidement<br />
interpellés afin que les soupçons qui<br />
pèsent sur eux puissent être levés. Ce<br />
qui est sûr, compte tenu qu’il y a déjà<br />
eu des arrestations, forcément il y aura<br />
un procès. Peut-être qu’on apprendra<br />
davantage sur les connexions existant<br />
entre certains officiels du pouvoir et les<br />
bandes armées qui sèment le deuil dans<br />
les familles haïtiennes.<br />
Par ailleurs, on a appris que les<br />
familles des victimes de la tuerie de<br />
Carrefour-Feuilles ont porté plainte le<br />
mercredi 15 mai <strong>2019</strong> auprès du parquet<br />
de Port-au-Prince justement contre<br />
Joseph Pierre-Richard Duplan, Fednel<br />
Monchéry et d’autres partisans du régime<br />
comme Jean-Marie Reynaldo Brunet,<br />
Fritz Jean-Louis et le député Jean<br />
René Lochard pour leur implication<br />
présumée dans cette tuerie qu’on sait<br />
qui a fait une dizaine de morts. Mais<br />
avec cette affaire, la plupart des chefs<br />
de gangs qui brillaient dans l’anonymat<br />
sortent de l’ombre. Ils ont pour noms<br />
Arnel Joseph, Sony Jean alias « Ti Je »<br />
et tant d’autres. Mais le plus tristement<br />
célèbre demeure sans conteste en cette<br />
décennie, Arnel Joseph. Cette semaine<br />
encore, il a fait parler de lui à travers<br />
une conférence de presse diffusée sur<br />
les réseaux sociaux. Dans cette vidéo,<br />
on le voit entourer de son Etat-major<br />
armé d’armes lourdes, masqués et<br />
menaçants, donner sa version sur ses<br />
relations avec le pouvoir et certains<br />
parlementaires.<br />
Le cas de ce bandit de grand chemin<br />
et criminel avéré est symptomatique<br />
dans la mesure où c’est l’un des<br />
chefs de gangs qui exporte sa criminalité<br />
au-delà des frontières du département<br />
de l’Ouest où toutes les polices<br />
sont à ses trousses. Donné parfois pour<br />
mort et plusieurs fois blessé, il court<br />
toujours. Son nom est cité comme étant<br />
l’exécuteur et coordonnateur du massacre<br />
de La saline. Arnel Joseph est depuis<br />
au centre des débats sur la criminalité<br />
et de l’insécurité dans tout le pays. Si<br />
son rival ou l’un de ses disciples, Sony<br />
Jean dit « Ti Je » a été très vite neutralisé<br />
par les forces de l’ordre après<br />
le carnage commis dans le quartier de<br />
Carrefour-feuilles à Port-au-Prince le 24<br />
avril <strong>2019</strong> et pour d’autres forfaits bien<br />
avant cette tuerie, Arnel lui échappe<br />
toujours aux coups de filets de la police.<br />
Traqué depuis les vêpres de Carrefour-Feuilles,<br />
« Ti Je » était devenu un<br />
chien errant. Sans domicile fixe (SDF)<br />
ni cachette sûre et sans doute sans protection<br />
officielle, tout au moins lâché<br />
entretemps par ses protecteurs « Ti je »<br />
était condamné à mourir. L’auteur présumé<br />
de la tuerie de Savane-Pistache a<br />
été abattu comme un chien par la police<br />
dans la nuit du 29 avril <strong>2019</strong> à Delmas<br />
83. Personne n’a jeté une larme, même<br />
pas de crocodile, sur son corps. Bref, le<br />
chef de gang, Sony Jean dit Ti Je, est<br />
mort comme il devait mourir comme<br />
un animal traqué juste dans son dernier<br />
repère. En revanche, la longévité du<br />
plus grand chef de gang de l’histoire<br />
d’Haïti, Arnel Joseph, natif de Marchand-Dessalines<br />
dans l’Artibonite est<br />
très surprenante. Après avoir semé la<br />
mort à grande échelle dans la région de<br />
Port-au-Prince et nargué la police nationale<br />
partout dans la capitale, le voilà<br />
réfugié ou de retour sur ses terres dans<br />
l’Artibonite. Dans ce bastion familial et<br />
fief de son enfance, difficile pour la police<br />
qui le traque jour et nuit de mettre<br />
la main à son collet.<br />
Il connaît le terrain mieux que<br />
quiconque. Et il est aussi protégé par<br />
son armée qu’il blanchit et nourrit avec<br />
les fonds en provenance des autorités<br />
étatiques pour les services rendus. A en<br />
croire les révélations de la Commission<br />
sénatoriale dirigée par le sénateur Jean<br />
Renel Sénatus alias Zo Kiki, cet assassin<br />
est le chef de gang le mieux informé<br />
de la République. Mieux peut-être que<br />
le chef de la police nationale haïtienne,<br />
Michel-Ange Gédéon. Son compatriote,<br />
le sénateur Garcia Delva, a confirmé<br />
avoir gardé un contact permanent avec<br />
lui. Selon les relevés téléphoniques des<br />
compagnies de téléphone, les deux<br />
hommes, Arnel Joseph et Garcia Delva<br />
se sont parlé 24 fois en deux semaines,<br />
c’est-à-dire du 7 au 24 février <strong>2019</strong>.<br />
Cette correspondance accrue et intense<br />
révèle la grande amitié et la confiance<br />
qui règne entre les deux natifs de<br />
Marchand-Dessalines. Si chacun a pris<br />
une trajectoire différente, cela n’a pas<br />
empêché que leurs routes se croisent.<br />
Et de part et d’autre, chacun<br />
apporte l’aide qu’ils ont besoin. Au<br />
sénateur/musicien de lui fournir les informations<br />
nécessaires lui permettant<br />
d’échapper à la police et donc l’encourager<br />
à continuer ses actions criminelles.<br />
Et à lui, Arnel Joseph, chef de gang de<br />
protéger le sénateur en informant les<br />
autres chefs de gangs rivaux que Garcia<br />
Delva bénéficie de sa protection. A<br />
ce titre, il détient un laissez-passer lui<br />
procurant pleine protection sur tout<br />
le territoire. Après les révélations du<br />
sénateur Sénatus sur le lien unissant<br />
le « gendarme et le voleur », l’assassin<br />
et le sénateur, Arnel Joseph et Garcia<br />
Delva, un débat fait rage dans la<br />
société, particulièrement au sein des<br />
Secteurs organisés, sur la possibilité<br />
de lever l’immunité parlementaire de<br />
Garcia Delva. Pour l’heure, malgré la<br />
suite à la page(16)<br />
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8 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong>
This Week in <strong>Haiti</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Uprising Rekindled After Latest Corruption Report<br />
Journalist Pétion Rospide at Haïti<br />
Liberté in 2010<br />
by Kim Ives<br />
Thousands marching through the <strong>Haiti</strong>an capital on Jun. 9, <strong>2019</strong><br />
Thousands took to the streets in<br />
towns and cities around <strong>Haiti</strong> on<br />
Sun. Jun. 9 to demand President Jovenel<br />
Moïse’s resignation and the<br />
prosecution of those responsible for<br />
looting about $2 billion from the government’s<br />
Petrocaribe Fund.<br />
In Port-au-Prince, after two<br />
buildings and several vehicles were<br />
burned, a police spokesman said<br />
gunfire killed two demonstrators and<br />
wounded four, and that a policeman<br />
was injured by a thrown rock. But<br />
opposition figures and radios reported<br />
at least seven killed and over 100<br />
wounded by gunfire from police and<br />
government-aligned gangs.<br />
“Two protestors were killed<br />
on the Champ de Mars, two in La<br />
Plaine, and another three in the area<br />
around Delmas and Belair,” said Yves<br />
Pierre-Louis, the news director of Radio<br />
Timoun, housed at the Aristide<br />
Foundation for Democracy. “And that<br />
doesn’t include several young people<br />
who have not returned home and are<br />
now disappeared. Dozens of people<br />
were arrested.” The police say only <strong>12</strong><br />
people were detained.<br />
In addition to the capital, large<br />
demonstrations also shook Cap Haïtien,<br />
St. Marc, Jacmel, and Gonaïves.<br />
Barricades of burning tires, cinder-blocks,<br />
old beds, car bodies, and<br />
even billboards blocked streets around<br />
the country, including several rural arteries.<br />
In Port-au-Prince, demonstrators<br />
threw rocks at the French Embassy on<br />
the Champ de Mars, charging it supports<br />
Moïse. Nearby on Rue Capois,<br />
demonstrators also vandalized the<br />
King of Kings Supermarket and broke<br />
some windows with rocks on the Cine<br />
Triumph.<br />
Then on Mon. Jun. 10 and Tue.<br />
Jun. 11, Port-au-Prince was almost<br />
completely paralyzed by a general<br />
strike which shut down public transportation,<br />
and most businesses, banks,<br />
schools, factories, and government offices.<br />
On Monday, in the relatively affluent<br />
town of Pétionville in the hills<br />
above the capital, some banks and<br />
businesses opened in the morning,<br />
but, seeing no activity, they closed<br />
around noon. On Tuesday, a few of<br />
the assembly factories in the SONAPI<br />
Industrial Park opened. Prensa Latina<br />
reported that public transportation was<br />
still mostly stopped, but “several shopping<br />
centers, pharmacies, banks, gas<br />
stations, and restaurants did resume<br />
their services.”<br />
According Pierre-Louis, “for<br />
these first two days, we can say the<br />
strike succeeded close to 100%.”<br />
In February, <strong>Haiti</strong> was “locked<br />
Dimitri Hérard shaking hands with then President Martelly in Quito,<br />
Ecuador in 20<strong>12</strong><br />
A Radio Tele Ginen jeep torched on Jun. 10.<br />
down” (as characterized by protestors)<br />
by massive demonstrations for<br />
10 days. That uprising demanding<br />
Moïse’s departure has been rekindled<br />
by the release of a second report on<br />
May 31 by <strong>Haiti</strong>’s Superior Court of<br />
Auditors and Administrative Disputes<br />
(CSCCA), in which Moïse’s companies<br />
are accused of bilking the Venezuelan-oil-fed<br />
Petrocaribe Fund of about<br />
$2 million.<br />
The over 600 page report<br />
also details vast corruption under<br />
the government of Michel Martelly,<br />
Moïse’s PHTK predecessor and mentor.<br />
Journalists Targeted<br />
Meanwhile, several attacks on journalists<br />
have rattled the media.<br />
On Mon. Jun. 10, an unidentified<br />
gunman fatally shot radio journalist<br />
Pétion Rospide near the National Theatre<br />
as he was driving home from work<br />
at Radio Sans Fin, which he founded<br />
about a year ago with former Radio<br />
Caraïbes journalists Yvenert Foeshter<br />
Joseph and Israel Jacky Cantave.<br />
Prior to the 2004 coup d’état,<br />
Rospide had been a member of President<br />
Jean-Bertrand Aristide’s security<br />
corps. He was arrested by de facto<br />
authorities after the coup and spent<br />
several years as an uncharged political<br />
prisoner in the National Penitentiary,<br />
despite a vocal campaign for his<br />
release. From 2008 to 2011, he was<br />
a journalist and distributor with Haïti<br />
Liberté newspaper, before starting a<br />
small car rental business and becoming<br />
an activist behind the founding of<br />
the consumers defense group Active<br />
Solidarity with the Struggle of <strong>Haiti</strong>an<br />
Consumers (SALCONH) with Joseph<br />
and Cantave.<br />
In recent broadcasts on Radio<br />
Sans Fin, Rospide had been critical<br />
of Pres. Moïse’s corruption and police<br />
brutality against demonstrators. He<br />
had commented on a recent viral video<br />
of police stoning a man face down<br />
on the ground near the home of Pres.<br />
Moïse in Pelerin 5.<br />
Rospide’s murder took place in<br />
the 3rd Circumscription near Portail<br />
Léogâne where another regime critic,<br />
journalist Vladimir Legagneur, disappeared<br />
on Mar. 14, 2018, allegedly at<br />
the hands of pro-government gangs<br />
which are powerful in the area.<br />
Also on Monday, men torched<br />
three jeeps belonging to Radio Tele<br />
Ginen, which is viewed by the population<br />
as a pro-regime outlet, and stoned<br />
some of its journalists.<br />
Richardson Jourdan, a journalist<br />
with <strong>Haiti</strong>an National Television<br />
(TNH), was also attacked by a crowd<br />
on Fri. Jun. 7.<br />
Government Unmoved<br />
Despite the specter of a reinvigorated<br />
revolt, the government says it will<br />
stand its ground. Jean Michel Lapin,<br />
the acting prime minister, said Monday<br />
that Jovenel would serve out his five<br />
year term.<br />
Moïse himself has repeated on<br />
several occasions that he will not step<br />
down but is willing to negotiate with<br />
the opposition, which has rebuffed the<br />
offer.<br />
Even Lapin has not been ratified<br />
yet, after three failed attempts to hold<br />
a Senate session to hear his General<br />
Policy, due to the determined efforts<br />
of four opposition senators: Evalière<br />
Beauplan (PONT), Antonio Chéramy<br />
aka "Don Kato" (VERITE), Ricard<br />
Pierre (Piti Dessalin) and Nenel Cassy<br />
(Fanmi Lavalas). Division and wrangling<br />
for influence and bribes among<br />
regime allies has also contributed to<br />
the non-ratification.<br />
A presidential advisor, Renald<br />
Lubérice, now says that Lapin should<br />
withdraw. This could be a harbinger<br />
that Moïse will jettison the highly uninspiring<br />
Lapin for another candidate.<br />
But Lapin dismissed Lubérice’s statement,<br />
saying it was just the opinion<br />
of “a citizen” and that he has “100%<br />
sincere cooperation” with Moïse.<br />
As Repression Rises, So Does<br />
Anger<br />
On Monday morning, either Dimitri<br />
Hérard, the head of the Security Unit<br />
to Guard the National Palace (USGPN),<br />
or one of his security detail fatally shot<br />
a motorcycle taxi driver on the airport<br />
road.<br />
The shooting provoked outrage<br />
among the moto-taxis that swarm<br />
<strong>Haiti</strong>’s streets. Like angry bees, they<br />
chased Hérard’s cortege back to his<br />
house in Delmas 31before being dispersed<br />
by police with tear-gas.<br />
The incident captures the escalating<br />
nature of the crisis. With every<br />
killing, the masses become more enraged.<br />
“If Jovenel and his acolytes continue<br />
to be hard-headed in trying to<br />
keep power, Jovenel will be responsible<br />
for everything that happens, the country<br />
will shut down until he falls,” wrote<br />
the Konbit of Political, Union, and Popular<br />
Organizations on Jun. 7. “Strikes,<br />
mobilizations, and petro-blockages are<br />
going to spread across the nation...<br />
The Konbit calls on organizations,<br />
parties, and political groups to work to<br />
find a quick entente on an alternative<br />
to replace Jovenel. Put all personal interest<br />
aside.”<br />
The Overpass to Nowhere<br />
by Jake Johnston<br />
In August 2015, President Michel<br />
Martelly inaugurated the Delmas viaduct,<br />
a four-lane overpass designed to<br />
ease the capital’s grid-locked streets.<br />
“This viaduct proves once again that<br />
together we can achieve great and<br />
beautiful things,” Martelly told the<br />
large crowd that had assembled. “More<br />
than a dream, more than a project, this<br />
viaduct is now one of the symbols of<br />
Port-au-Prince.”<br />
Underneath the overpass,<br />
bands provided live entertainment<br />
throughout the hours-long inauguration<br />
ceremony which eventually turned<br />
into a political rally. Martelly’s term<br />
suite à la page(18)<br />
The Delmas viaduct is a four-lane overpass designed to ease the capital’s<br />
grid-lock. It has become a symbol of Petrocaribe corruption<br />
Headquarters of the Canadian conglomerate, SNC-Lavalin, which received<br />
millions in Canadian foreign assistance funds to do construction projects<br />
in <strong>Haiti</strong><br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
9
L’ÉDUCATION ET LA SA<br />
LA VOIE DE LA P<br />
Par Christine Gillard<br />
Depuis le 26 avril <strong>2019</strong>, le Honduras<br />
connaît un mouvement de<br />
grèves et de protestations des enseignants,<br />
étudiants et lycéens ainsi<br />
que des travailleurs de la Santé. Les<br />
fonctionnaires et plus largement les<br />
usagers des services publics, demandent<br />
l’abrogation des décrets PCM<br />
026-2018 et PCM 027-2018 mettant<br />
en place une Commission spéciale<br />
pour la Transformation des Ministères<br />
de la Santé et de l’Éducation, dans<br />
le cadre de l’application de la Loi de<br />
Restructuration et Transformation du<br />
Système National de l’Éducation et de<br />
la Santé. La mobilisation est très importante<br />
dans tout le pays car il s’agit<br />
de l’avenir de deux secteurs clés de<br />
la société mis en cause par le choix<br />
ultra libéral du Gouvernement de Juan<br />
Orlando Hernández (JOH).<br />
Dix années d’ultra-libéralisme<br />
Depuis les années 1990, le Honduras<br />
est soumis à une réorganisation administrative<br />
consistant en un désengagement<br />
de l’État concernant les<br />
services publics. Tout d’abord l’État a<br />
procédé à une décentralisation, qui aurait<br />
pu permettre une prise en charge<br />
du développement social par les Territoires<br />
au plus près des besoins des<br />
usagers. Mais la situation politique en<br />
a décidé autrement. La crise institutionnelle<br />
sous la présidence de gauche<br />
de Zelaya a abouti à un coup d’état<br />
en 2009. Le Président auto-proclamé<br />
Le peuple hondurien révolté contre deux projets de réformes visant à privatiser les soins de santé, les retraites et l’éducation. Ces réformes sont dictées<br />
par le Fonds monétaire international (FMI) et impliquent des réductions budgétaires accélérées et des licenciements de masse.<br />
nir. Le taux d’homicides atteint des<br />
sommets : 93,11 /100.000 en 2011;<br />
63,8/100.000 en 2015. Pris entre extrême<br />
pauvreté et extrême violence,<br />
sans aucune perspective de changement<br />
politique, économique et social,<br />
écoles qui ne comportent qu’une seul<br />
classe, avec un seul maître pour les six<br />
niveaux que comprend l’enseignement<br />
primaire obligatoire. Plus encore, les<br />
conditions matérielles sont déplorables<br />
: 75% des écoles sont en très mauvais<br />
état, voire détruite en partie, n’assurant<br />
pas le couvert, sans eau et sans<br />
latrines. Cette situation est particulièrement<br />
fréquente dans les zones rurales.<br />
J’ai visité des écoles dans le Olancho,<br />
La situation des hôpitaux publics<br />
est tout aussi préoccupante. Non<br />
seulement le nombre d’établissements<br />
est très insuffisant mais les conditions<br />
matérielles y sont des plus précaires.<br />
On note même des établissements où<br />
l’eau et l’électricité font défaut, même<br />
dans les salles d’opération.<br />
Depuis longtemps déjà des cliniques<br />
privées proposent leurs services<br />
aux patients les plus aisés. Des<br />
dernière année de maternelle alors que<br />
cette obligation scolaire ne peut pas<br />
être respectée par manque de moyens<br />
: selon l’UNICEF 78.000 enfants<br />
d’âge pré-scolaire ne sont pas scolarisés.<br />
Dans le même temps,2,5 millions<br />
d’enfants d’âge scolaire ne sont pas<br />
scolarisés.<br />
La gratuité depuis la dernière<br />
année de maternelle jusqu’à la fin de<br />
l’école élémentaire contenue dans la loi<br />
En dépit de la répression brutale de l’État hondurien, les luttes contre ces conditions intolérables, qui alimentent<br />
des milliers de meurtres annuels dus à la guerre des gangs, ne feront que grandir et devenir plus militantes<br />
Juan Orlando Hernández, soutenu par<br />
les États-Unis d’Amérique, reconnu<br />
par la communauté internationale est<br />
un ultra libéral. Des élections frauduleuses<br />
lui ont permis d’être réélu en<br />
novembre 2017.<br />
Le Honduras s’enfonce dans<br />
une crise sociétale profonde. C’est un<br />
des pays les plus violents de la région.<br />
Toute opposition est réprimée<br />
par une police nationale violente. Le<br />
phénomène des maras s’est développé,<br />
en relation avec le narcotrafic.<br />
Ces délinquants forment des gangs<br />
ultra violents, qui recrutent parmi les<br />
jeunes sans formation et sans ave-<br />
Manifestation de masse à Tegucigalpa<br />
les Honduriens partent de manière<br />
isolée depuis une décennie mais le<br />
nombre des départs croît de manière<br />
considérable à partir de 2014, atteignant<br />
son paroxysme fin 20181.<br />
L’État hondurien est un état<br />
faible et corrompu. Les investissements<br />
dans l’Éducation et la Santé sont parmi<br />
les plus bas des pays de l’Amérique<br />
centrale. Concernant l’enseignement,<br />
l’État consacre à peine mille dollars<br />
par an par enfant, quand les pays de<br />
l’OCDE en consacrent dix mille. Les<br />
dépenses publiques en matière d’éducation<br />
ne représentent que 6% du PIB.<br />
Aujourd’hui encore on recense 4.500<br />
dans un rayon d’une dizaine de kilomètres<br />
de La Union, petite ville de<br />
cinq mille habitants. Une école desservait<br />
plusieurs hameaux dont elle était<br />
à égale distance, en pleine campagne.<br />
Une classe unique, une jeune maîtresse.<br />
Pour tout mobilier un petit tableau<br />
et deux bancs pour les élèves. Les<br />
bancs étaient de chaque côté le long<br />
du mur pour éviter la pluie qui tombait<br />
par le toit crevé. Le champ pour tout<br />
sanitaire. Une autre école, dans un village,<br />
en meilleur état mais fermée par<br />
manque d’enseignant.<br />
Si le second degré semble moins<br />
démuni, c’est que les collèges se trouvent<br />
en zone urbaine. Mais très peu<br />
d’élèves y accèdent, environ 29%, par<br />
manque de transport et parce que la<br />
gratuité n’y est pas assurée : uniforme,<br />
fournitures, cantine.<br />
fondations, américaines la plupart du<br />
temps, financent des cliniques dans les<br />
zones rurales et péri-urbaines, avec des<br />
coûts accessibles à la classe moyenne.<br />
Par exemple, dans la ville de La Union,<br />
déjà citée, il existe une clinique américaine<br />
située en périphérie, proposant<br />
des soins courants dans des conditions<br />
techniques et d’hygiène normales,<br />
pour une clientèle de salariés moyens.<br />
Dans la ville même il existe un dispensaire<br />
public : deux grandes pièces<br />
ayant en tout et pour tout qu’une armoire<br />
(vide), un fauteuil, un lavabo, et<br />
pas de personnel !<br />
Une réforme éducative inexistante<br />
Une Loi fondamentale a été votée en<br />
2014. L’application de cette Loi suscite<br />
des débats dans la communauté éducative<br />
: l’obligation de scolarisation en<br />
n’a pas de réalité dans les faits, puisque<br />
les écoles participant à l’opération<br />
gratuité n’ont pas reçu les fonds nécessaires<br />
du ministère, lequel a alors suspendu<br />
l’opération !<br />
La décentralisation de la gestion<br />
des personnels au niveau départemental,<br />
ne garantit plus le paiement des<br />
salaires, ni leur niveau, lorsque l’État «<br />
oublie » de transférer les fonds nécessaires.<br />
Les bourses, pourtant prévues<br />
dans la loi, ont été suspendues sans<br />
préavis ni avis.<br />
La suppression d’un niveau<br />
d’enseignement dans l’école élémentaire.<br />
En fait, de cette manière, il y a<br />
toujours 9 années, en comptant l’année<br />
pré-scolaire.<br />
Le baccalauréat est réformé.<br />
Disparaissent le Bac Lettres et le Bac<br />
10 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong>
NTÉ AU HONDURAS :<br />
RIVATISATION !<br />
ment secondaire. Le secteur privé construit<br />
des établissements secondaires<br />
dans les zones rurales déficitaires et<br />
dans les zones urbaines défavorisées,<br />
privilégiant l’enseignement manuel et<br />
technique et par là même l’inégalité<br />
des chances et la reproduction sociale.<br />
Par ailleurs le secteur public ne<br />
garantissant plus le statut de fonctionnaire<br />
des personnels en embauchant<br />
des personnels avec des contrats de<br />
droit privé, cela permet ainsi une flexibilité<br />
et un moindre coût concernant<br />
les salaires et les retraites.<br />
Les parents, comme les patients,<br />
se transforment en clients, pouvant<br />
évaluer le personnel, par exemple au<br />
moyen d’applications sur les smartphones.<br />
La privatisation rampante est<br />
devenue un projet de société, commandité<br />
par les Organisations Internationales<br />
(FMI) et le gouvernement<br />
des États-Unis d’Amérique dont est<br />
totalement redevable l’actuel Président<br />
du Honduras.<br />
La mobilisation<br />
En 2016 un syndicat voit le jour pour<br />
veiller à l’application de la Loi fondamentale<br />
Éducative. Ses principaux<br />
de l’État quant à l’application de la<br />
Loi éducative, rappelant le manque de<br />
classes, d’écoles et d’enseignants et<br />
leur absence de formation en particulier<br />
en informatique et en anglais pour<br />
le secondaire. Il dénonce également le<br />
non respect des garanties contenues<br />
dans la Loi concernant le statut des<br />
enseignants.<br />
En avril <strong>2019</strong> trois experts en Éducation<br />
publient un rapport, commandité<br />
par l’Internationale de l’Éducation,<br />
intitulé « La Educación en Honduras,<br />
entre la privatización y la globalización<br />
» (L’Éducation au Honduras, entre privatisation<br />
et globalisation). Il s’agit<br />
d’un rapport de 98 pages qui analyse<br />
en profondeur les stratégies du gouvernement<br />
hondurien, dictées par les<br />
acteurs non gouvernementaux, dans<br />
un contexte d’indigence de cet État.<br />
Le 26 avril commencent les premières<br />
manifestations d’enseignants, étudiants<br />
et personnels de santé. Après la<br />
promulgation des décrets, les personnels<br />
descendent dans la rue pour demander<br />
leur abrogation, puis ils font<br />
grève le 20 mai. Á partir du 23 mai<br />
commence une grève générale, avec<br />
des manifestations dans les rues de la<br />
capitale et des grandes villes de province.<br />
La répression se met en place.<br />
Un projet global<br />
Ce qui se passe au Honduras est très<br />
représentatif du mouvement libéral<br />
globalisé qui affecte tous les conti-<br />
Le 31 mai <strong>2019</strong>. Des manifestants brûlent des pneus à l'entrée principale de l’ambassade des États-Unis à<br />
Tegucigalpa, reconnaissant du même coup que les attaques sociales imposées par la classe dirigeante hondurienne<br />
avaient pour origine Wall Street et Washington DC.<br />
Sciences regroupés en Sciences et<br />
Humanité, ainsi que les bacs de spécialités<br />
professionnelles, en particulier<br />
celui préparé par les futurs étudiants<br />
des Ecoles Normales d’Instituteurs,<br />
lesquelles sont supprimées.<br />
De fait, le secteur éducatif public<br />
ne s’est pas donné les moyens d’assurer<br />
la scolarisation de tous les enfants<br />
d’obligation scolaire entre 5 et 14 ans,<br />
ni l’accès au secondaire pour les enfants<br />
de 15 à 17 ans. Le décalage est<br />
flagrant entre les intentions contenues<br />
dans la Loi et la réalité de son application<br />
par le Ministère.<br />
Une réponse libérale<br />
d’application de deux ans, prolongeables<br />
indéfiniment, pendant lesquels<br />
les personnels fonctionnaires peuvent<br />
être licenciés et les services transférés<br />
au privé.<br />
Les décrets en question prévoient<br />
la création d’une Commission Spéciale<br />
pour la Transformation du Système<br />
National de l’Éducation et une Commission<br />
Spéciale pour la Transformation<br />
du Système National de la Santé.<br />
Les objectifs sont de transformer totalement<br />
ces deux secteurs, c’est-àdire<br />
de réorganiser l’administration de<br />
la Santé et de l’Éducation, d’élaborer<br />
un nouveau modèle de prestation de<br />
services, d’établir des mécanismes<br />
5 ans. Le privé en a profité pour s’implanter<br />
dans le secteur pré-scolaire,<br />
par l’intermédiaire d’une fondation, la<br />
FICOSHA qui agit en partenariat avec<br />
d’autres grands groupes nord-américains.<br />
L’école privée entre en compétition<br />
avec l’école publique quant à la<br />
gratuité. D’abord parce que le Public<br />
ne respecte pas cette gratuité et ensuite<br />
parce que le Privé implante des<br />
écoles à coûts très accessibles dans les<br />
quartiers populaires des grandes villes<br />
comme Tegucigalpa et San Pedro Sula.<br />
La fracture entre privé et public va<br />
s’accentuer au niveau de l’école élémentaire<br />
mais aussi dans l’enseigne-<br />
Rencontre entre le Président autoproclamé Juan Orlando Hernández,<br />
soutenu par les États-Unis d’Amérique et le vice-président américain Mike<br />
Pence.<br />
objectifs sont de défendre l’école publique,<br />
laïque et de qualité, participer<br />
à la recherche de solutions, coopérer<br />
avec l’État pour améliorer et démocratiser<br />
l’éducation nationale. Il s’agit du<br />
Colegio Profesional Superación Magisterial<br />
Hondureño.<br />
En 2017 il tire la sonnette<br />
d’alarme lors d’une conférence de<br />
presse, dénonçant les manquements<br />
nents. En Europe les recommandations<br />
de l’OCDE en matière de services<br />
publics vont dans le sens d’une<br />
ouverture au secteur privé, avec les<br />
valeurs de rentabilité propres à ce secteur.<br />
Les États sont sommés de faire<br />
des réformes structurelles, en particulier<br />
dans les secteurs de la santé et<br />
de l’Éducation, dont les budgets sont<br />
élevés, par l’importance de la masse<br />
Des médecins de San Pedro Sula manifestant dans les rues.<br />
La seule réponse de l’État à ces critiques<br />
et aux manifestations qui commencent<br />
le 26 avril est la promulgation<br />
le 30 avril <strong>2019</strong> de deux décrets<br />
: PCM 026-2018 et PCM 027-2018.<br />
C’est une procédure d’urgence qui<br />
évite le débat au Congrès puisque les<br />
décrets émanent directement de la<br />
Présidence du Conseil des Ministres.<br />
C’est une procédure prévue en cas de<br />
guerre, d’épidémie ou….de troubles.<br />
Les décrets d’urgence ont une durée<br />
Non à la privatisation de l’éducation et de la santé<br />
d’articulation et de collaboration avec<br />
la coopération nationale et internationale,<br />
selon les termes officiels.<br />
L’État se désengageant il permet<br />
aussi à d’autres acteurs de prendre la<br />
responsabilité de former la jeunesse<br />
hondurienne : les Départements n’en<br />
ayant pas les moyens, c’est le secteur<br />
privé qui s’engouffre dans la brèche.<br />
Par exemple l’État n’a construit<br />
aucune classe supplémentaire pour<br />
appliquer la scolarisation obligatoire à<br />
salariale. Des outils sont mis en place<br />
pour favoriser la privatisation qui,<br />
de rampante, se généralise: suppression<br />
des concours de recrutement de<br />
la Fonction publique, fermeture des<br />
Grandes Écoles Nationales, contractualisation<br />
des personnels…<br />
Finalement le concept de « service<br />
public » est remplacé peu à peu<br />
par celui de « services au public ».<br />
Note :<br />
1 . Christine Gillard « Migration<br />
de masse au Honduras », Journal Notre<br />
Amérique décembre 2018.<br />
Source : Journal Notre Amérique<br />
n° 44, juin <strong>2019</strong><br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
11
Perspectives<br />
Y-a-t-il une révolution au Vénézuela ?<br />
Par Atilio BORON*<br />
Quelques voyages récents en Espagne<br />
et en Italie m'ont donné l'occasion de<br />
m'entretenir avec de nombreux intellectuels,<br />
universitaires et politiciens<br />
progressistes existant encore dans<br />
ces pays. Après avoir passé en revue<br />
la situation européenne inquiétante<br />
et l'avancée de l'extrême droite, mes<br />
interlocuteurs m'ont demandé de leur<br />
parler de l'actualité latino-américaine,<br />
car, m'ont-ils assuré, ils<br />
avaient du mal à comprendre ce qui<br />
s'y passait. J'ai commencé par passer<br />
en revue l'offensive brutale du gouvernement<br />
de Donald Trump contre<br />
le Venezuela et Cuba ; j'ai poursuivi<br />
en passant en revue l'involution politique<br />
malheureuse subie par l'Argentine<br />
et le Brésil aux mains de Macri<br />
et Bolsonaro et les vents encourageants<br />
de changement qui sont venus<br />
du Mexique ; le caractère central des<br />
prochaines élections présidentielles<br />
qui auront lieu en octobre en Argentine,<br />
en Bolivie et en Uruguay clôturant<br />
ainsi ce premier panorama de<br />
la politique régionale, dénonçant la<br />
perpétuation du terrorisme d'Etat en<br />
Colombie, avec un nombre choquant<br />
d'assassinats de dirigeants politiques<br />
et sociaux qui ont surpris mes interlocuteurs<br />
parce qu'ils étaient presque<br />
totalement ignorés en Europe, ce qui<br />
en dit long sur les médias déjà définitivement<br />
convertis en organes de<br />
propagande de droite et impérialiste.<br />
Lorsque je me suis arrêté pour donner<br />
des informations plus détaillées sur<br />
l'ampleur criminelle de l'agression<br />
perpétrée contre la République bolivarienne<br />
du Venezuela, surgissait,<br />
telle un coup de tonnerre, la question<br />
: " peut-on vraiment parler d'une<br />
révolution au Venezuela ?"<br />
Ma réponse a toujours été oui,<br />
bien qu’il faille la nuancer car<br />
les révolutions - et pas seulement au<br />
Venezuela - sont toujours des processus,<br />
jamais des actes consommés une<br />
bonne fois pour toutes. Impressionné<br />
par une visite à la Chapelle Sixtine<br />
pour contempler, une fois de plus,<br />
l’œuvre géniale de Michel-Ange, il<br />
m’est venu à l’esprit que pour beaucoup<br />
de mes interlocuteurs - et pas<br />
seulement européens - la révolution<br />
est quelque chose comme le peintre<br />
florentin a représenté la création des<br />
hommes ou des étoiles : Dieu, avec<br />
un geste, le sourcil froncé, un doigt<br />
qui montre un lieu et là est l’homme,<br />
là est Jupiter, là est la révolution ! Ce<br />
"créationnisme révolutionnaire" soutenu<br />
avec une ardeur religieuse même<br />
par les athées - qui à la place de Dieu<br />
installent l’Histoire avec un H majuscule,<br />
bien hégelienne - contraste avec<br />
l’analyse marxiste des révolutions qui<br />
à partir de Marx, Engels et Lénine<br />
ont toujours été interprétées comme<br />
des processus et jamais comme des<br />
éclairs divins qui, un jour tranquille,<br />
tournent irrémédiablement une page<br />
de l’histoire. Poursuivant l’analogie<br />
inspirée par la Chapelle Sixtine, on<br />
pourrait dire que contre le "créationnisme<br />
révolutionnaire", expression<br />
d’un idéalisme résiduel profondément<br />
anti-matérialiste, s’impose le "darwinisme<br />
révolutionnaire", c’est-à-dire<br />
une révolution conçue comme un processus<br />
continu et évolutif de changements<br />
et réformes économiques,<br />
sociaux, culturels et politiques qui<br />
aboutit à la création d’un nouveau<br />
type historique de société. En d’autres<br />
termes, la révolution est une<br />
longue construction dans le temps,<br />
où la lutte de classe est exacerbée<br />
jusqu’à l’inimaginable. Un processus<br />
qui remet en cause le déterminisme<br />
triomphaliste des "créationnistes" et<br />
qui a toujours une fin ouverte, car<br />
chaque révolution porte en son sein<br />
les germes de la contre-révolution,<br />
qui ne peut être neutralisée que par la<br />
conscience et l’organisation des forces<br />
révolutionnaires. Ce serait la conception<br />
séculière et darwinienne - c’està-dire<br />
marxiste - de la révolution, et<br />
non théologique. Et ce n’est pas trop,<br />
anticipant mes critiques habituels, de<br />
se rappeler que ce n’est pas par hasard<br />
que Marx a dédié le premier volume<br />
de Capital à Charles Darwin.<br />
Les révolutions sociales sont<br />
donc des processus accélérés de<br />
changement dans la structure et aussi,<br />
ne l’oublions pas, dans la superstructure<br />
culturelle et politique des sociétés.<br />
Des processus difficiles, jamais<br />
linéaires, toujours soumis à d’énormes<br />
pressions et devant faire face à d’immenses<br />
obstacles de la part des forces<br />
intérieures mais surtout de l’impérialisme<br />
américain, gardien suprême de<br />
l’ordre capitaliste international. Cela<br />
s’est produit avec la Grande Révolution<br />
d’Octobre puis avec les révolutions en<br />
Chine, au Vietnam, à Cuba, au Nicaragua,<br />
en Afrique du Sud, en Indonésie,<br />
en Corée. L’image vulgarisée, malheureusement<br />
dominante dans une grande<br />
partie des militants et de l’intellectualité<br />
de la gauche, d’une révolution<br />
comme une flèche s’élevant en ligne<br />
droite vers le ciel du socialisme est<br />
d’une grande beauté poétique mais n’a<br />
rien à voir avec la réalité. Les révolutions<br />
sont des processus dans lesquels<br />
les confrontations sociales acquièrent<br />
une brutalité singulière parce que les<br />
classes et les institutions qui défendent<br />
l’ordre ancien font feu de tout bois pour<br />
avorter ou noyer dans leur berceau<br />
les sujets sociaux porteurs de la nouvelle<br />
société. La violence est imposée<br />
par ceux qui défendent un ordre social<br />
fondamentalement injuste et non<br />
par ceux qui luttent pour se libérer de<br />
leurs chaînes. Nous le constatons aujourd’hui<br />
au Venezuela, à Cuba et dans<br />
tant d’autres pays de Notre Amérique.<br />
Cela dit, quelle a été ma réponse<br />
à mes interlocuteurs ? Oui, il y a une<br />
révolution en cours au Venezuela et<br />
la meilleure preuve en est que les<br />
forces de la contre-révolution se sont<br />
déchaînées dans ce pays avec une<br />
intensité inhabituelle. Une véritable<br />
tempête d’agressions et d’attaques de<br />
toutes sortes, qui ne peut être comprise<br />
que comme la réponse dialectique à<br />
la présence d’une révolution dans le<br />
processus de construction, avec ses<br />
contradictions inévitables. C’est pourquoi<br />
un test infaillible pour savoir si<br />
un processus révolutionnaire est en<br />
cours dans un pays est fourni par l’existence<br />
de la contre-révolution, c’est-àdire<br />
d’une attaque, ouverte ou cachée,<br />
plus ou moins violente selon les cas,<br />
destinée à détruire un processus que<br />
certains "docteurs ès révolution" considèrent<br />
inoffensif, réformiste ou même<br />
pas. Mais les sujets de la contre-révolution<br />
et de l’impérialisme, comme leur<br />
grand chef d’orchestre, ne commettent<br />
pas de telles erreurs grossières et avec<br />
un certain instinct ils essaient par tous<br />
les moyens de mettre un terme à ce<br />
processus car ils savent très bien que,<br />
une fois franchie une mince ligne sans<br />
retour, le rétablissement de l’ancien<br />
ordre avec ses exactions, privilèges et<br />
prérogatives serait impossible. Ils ont<br />
appris de ce qui s’est passé à Cuba et<br />
ils ne veulent pas prendre le moindre<br />
risque. La révolution est-elle toujours<br />
inachevée au Venezuela ? Sans<br />
aucun doute. Elle fait face à des défis<br />
très sérieux en raison des pressions de<br />
l’impérialisme et de ses propres faiblesses,<br />
du cancer de la corruption ou de<br />
certaines politiques gouvernementales<br />
mal conçues et mal exécutées ? Sans<br />
aucun doute. Mais c’est un processus<br />
révolutionnaire qui tend vers une fin<br />
inacceptable pour la droite et l’impérialisme,<br />
et c’est pourquoi il est combattu<br />
avec fureur.<br />
En Colombie, par contre, les<br />
forces de la contre-révolution agissent<br />
de concert avec le gouvernement<br />
pour tenter d’écraser la révolution<br />
naissante qui frémit de l’autre côté de<br />
la frontière. Ces forces visent-elles à<br />
renverser les gouvernements du Honduras,<br />
du Guatemala, du Pérou, du<br />
Chili, de l’Argentine, du Brésil ? Non,<br />
parce que dans ces pays il n’y a pas<br />
de gouvernements révolutionnaires et<br />
donc l’empire et ses pions ne ménagent<br />
pas leurs efforts pour soutenir ces gouvernements<br />
lamentables. Ils attaquent<br />
le Venezuela ?. Oui, et aussi durement<br />
que possible, en appliquant chacune<br />
des recettes des guerres de cinquième<br />
génération, parce qu’ils savent qu’une<br />
révolution s’y déroule. Et pourquoi<br />
tant de colère contre le gouvernement<br />
de Nicolas Maduro ? Facile : parce que<br />
le Venezuela possède la plus grande<br />
réserve de pétrole de la planète et est,<br />
avec le Mexique, l’un des deux pays<br />
les plus importants au monde pour les<br />
Etats-Unis, même si ses diplomates,<br />
son académie et ses "paniaguados" des<br />
médias rejettent avec moquerie cet argument.<br />
C’est fatigant de les combattre<br />
parce que ces gens remplissent simplement<br />
le rôle qui leur est assigné et pour<br />
lequel ils sont généreusement récompensés.<br />
Le Venezuela a plus de pétrole<br />
que l’Arabie Saoudite, et beaucoup<br />
plus d’eau, de minéraux stratégiques<br />
et de biodiversité. Et tout cela à trois<br />
ou quatre jours de navigation des ports<br />
américains. Et le Mexique a aussi du<br />
pétrole, de l’eau (surtout au Chiapas),<br />
de grandes réserves de minéraux<br />
stratégiques et, comme si cela ne suffisait<br />
pas, c’est un pays frontalier avec<br />
les États-Unis. Un empire qui se croit<br />
imprenable parce qu’il est protégé par<br />
deux grands océans mais qui se sent<br />
vulnérable par le sud, où une longue<br />
frontière de 3169 kilomètres est son<br />
talon d’Achille irrémédiable qui le place<br />
face à une Amérique latine en perpétuelle<br />
fermentation politique en quête de<br />
sa seconde et définitive indépendance.<br />
D’où l’importance absolument exceptionnelle<br />
que revêtent ces deux pays,<br />
une question qui est incompréhensiblement<br />
sous-estimée, même par la<br />
gauche. Et Cuba ? Comment expliquer<br />
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les plus de soixante ans de harcèlement<br />
contre cette île rebelle héroïque ?<br />
Parce que depuis 1783, John Adams,<br />
deuxième président des Etats-Unis, affirmait<br />
dans une lettre de Londres (où il<br />
avait été envoyé pour rétablir des liens<br />
commerciaux avec le Royaume-Uni)<br />
qu’étant donné le grand nombre de<br />
colonies que la Couronne britannique<br />
possédait dans les Caraïbes, Cuba devait<br />
être annexée sans plus attendre<br />
afin de contrôler la porte d’entrée au<br />
bassin des Caraïbes. Cuba, enclave<br />
géopolitique exceptionnelle, est une<br />
vieille et maladive obsession américaine<br />
qui commence bien avant le triomphe<br />
de la Révolution cubaine.<br />
Mais l’offensive contre-révolutionnaire<br />
ne s’arrête pas dans les trois<br />
pays mentionnés ci-dessus. C’est aussi<br />
contre le gouvernement d’Evo Morales<br />
en Bolivie, qui a réalisé une prodigieuse<br />
transformation économique, sociale,<br />
culturelle et politique, faisant de<br />
l’un des trois pays les plus pauvres de<br />
l’hémisphère occidental (avec Haïti et<br />
le Nicaragua) l’un des plus prospères<br />
de la région, selon des organisations<br />
comme la CEPAL, la Banque mondiale<br />
et la presse financière mondiale.<br />
Il a repris le contrôle de ses richesses<br />
naturelles, a sorti des millions de personnes<br />
de l’extrême pauvreté et il l’a<br />
fait avec Evo Morales, membre d’un de<br />
ces groupes ethniques autochtones qui<br />
est devenu président, un exploit historique<br />
sans pareil dans cette partie du<br />
monde. Et le Nicaragua est aussi dans<br />
la ligne de mire, parce que peu importe<br />
le nombre de défauts ou d’erreurs que<br />
peut avoir la révolution sandiniste, la<br />
simple présence d’un gouvernement<br />
qui ne veut pas s’agenouiller devant<br />
le Caligula américain (comme le font<br />
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est plus que suffisante pour déchaîner<br />
les furies de l’enfer contre son gouvernement.<br />
Et, en outre, il y a la question<br />
cruciale - en termes géopolitiques - du<br />
nouveau canal inter-océanique que les<br />
Chinois pourraient construire et qui<br />
constitue un véritable crachat sur le<br />
visage de ceux qui se sont emparés à<br />
nouveau du canal de Panama et l’ont<br />
saturé, une fois encore, de bases militaires<br />
prêtes à semer la mort et la destruction<br />
dans nos pays.<br />
Je termine en rappelant une<br />
phrase sage de Fidel quand il a dit que<br />
" la principale erreur que nous avons<br />
faite à Cuba a été de croire qu’il y avait<br />
quelqu’un qui savait comment faire<br />
Certes, il y a une révolution en cours au Venezuela<br />
une révolution ". Il n’y a pas de manuel<br />
ou de livre de recettes. Il s’agit de<br />
processus continus. Il est nécessaire de<br />
fixer nos regards non seulement sur le<br />
moment présent, sur la foudre déconcertante<br />
de la situation qui accable aujourd’hui<br />
le Venezuela, mais aussi de<br />
visualiser la direction du mouvement<br />
historique et de prendre en compte<br />
toutes ses contradictions. Ce faisant, il<br />
ne fait aucun doute que le Venezuela<br />
est au milieu d’un processus révolutionnaire<br />
convulsé qui, espérons-le,<br />
et "pour le bien de tous", comme l’a<br />
dit Martí, finira par l’emporter sur les<br />
forces de l’empire et la réaction. Notre<br />
Amérique a besoin de cette victoire.<br />
Tout effort pour faciliter un résultat<br />
aussi heureux sera bienvenu.<br />
*Atilio BORON. Sociologue argentin.<br />
Détenteur d’un doctorat en sociologie<br />
à Harvard University.<br />
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<strong>12</strong> <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong>
Perspectives<br />
Notre Mémoire se souvient!<br />
Nzinga, la plus grande résistante contre la traite européenne<br />
1581 – 1663<br />
Par Frantz Latour<br />
C<br />
’est en 1581 que naît Nzinga,<br />
fille de Ngola Mbandi, à la tête du<br />
royaume de Ndongo. Elle est témoin<br />
de la résistance de son père devant le<br />
colonisateur portugais. Elle l’accompagne<br />
souvent lors de ses randonnées<br />
militaires. La puissance de feu des<br />
Européens force Mbandi à reculer de<br />
façon inexorable. A la mort du père,<br />
le fils, Prince Mbandi, prend la relève.<br />
Il lance une série d’attaques contre les<br />
Portugais, mais il est systématiquement<br />
vaincu. Le conseil des sages<br />
recommande des négociations et un<br />
traité de paix. A l’âge de 41 ans, en<br />
1527, Nzinga sera mandatée pour le<br />
faire.<br />
Elle se rend à Luanda où<br />
elle rencontre le gouverneur pour<br />
discuter des modalités du traité. Elle<br />
obtient le retrait des occupants de la<br />
localité d’Anbaca ; Ndongo est exempté<br />
de payer un tribut au gouvernorat.<br />
Nzinga profite de son séjour<br />
pour bien observer l’organisation<br />
administrative et militaire des Portugais.<br />
Quelques mois après, pourtant,<br />
à la manière de tous les colonisateurs,<br />
le gouverneur refuse de respecter les<br />
accords. Après neutralisation de son<br />
frère, le prince Mbandi, Nzinga prend<br />
les pleins pouvoirs sous le nom de<br />
Reina Ngola Mbandi Nzinga Bandi (la<br />
reine dont la flèche atteint toujours le<br />
but).<br />
Elle mène ses troupes,<br />
harcèle les Portugais utilisant des<br />
méthodes de guérilla. Charismatique,<br />
elle harangue ses soldats et conquiert<br />
le royaume de Matamba où elle installe<br />
sa capitale. Elle crée de larges<br />
réseaux qui infiltrent les lignes ennemies.<br />
Ceux-là lui apportent, armes,<br />
munitions, informations qui l’aident à<br />
enrichir son art de la guerre.<br />
Nzinga, la plus grande résistante<br />
contre la traite européenne en<br />
Afrique<br />
Elle en appelle aux Africains<br />
servant dans les rangs des Portugais,<br />
en appellent à leur conscience<br />
patriotique, noue des liens avec les<br />
royaumes voisins pour combattre les<br />
Européens et en finir avec la mise en<br />
esclavage de son peuple.<br />
A l’âge de 66 ans, elle affronte<br />
20 000 soldats de l’armée<br />
coloniale portugaise à la bataille de<br />
Senga. Elle profite de conflits entre<br />
les Hollandais et les Portugais pour<br />
le contrôle de la traite négrière. Elle<br />
s’allie aux premiers. Des bataillons<br />
entiers de Hollandais passent sous<br />
son commandement. Ainsi, elle peut<br />
s’emparer du port de Luanda. A l’âge<br />
de 66 ans, elle bat les Portugais à la<br />
bataille d’Ilamba.<br />
A 73 ans, encore vigoureuse,<br />
l’arme au poing, elle s’en va<br />
par monts et vaux, forêts et savanes<br />
récupérant les Africains qui se battent<br />
sous drapeau portugais. Une partie<br />
de sa tactique consistait à s’attaquer<br />
aux Européens durant les saisons<br />
paludéennes pendant lesquelles les<br />
Portugais peu habitués aux rigueurs<br />
de l’infection par les trois ou quatre<br />
types de Plasmodium, étaient peu<br />
portés à se battre. Les Portugais las<br />
des pratiques de guérilla menées par<br />
Nzinga finissent par négocier, reconnaissant<br />
l’indépendance de Matamba<br />
et d’une partie de Ndongo. Nzinga est<br />
alors âgée de 76 ans.<br />
Nzinga s’éteint en 1663 à<br />
86 ans, après une vie dédiée à une<br />
longue lutte pour la libération des<br />
peuples d’Angola. Ndongo sera reconquis<br />
seulement 8 ans après la<br />
mort de Nzinga. L’esclavage sous différentes<br />
formes sera maintenu par les<br />
Portugais jusqu’en 1975, année de<br />
l’indépendance de l’Angola.<br />
Nzinga est considérée comme<br />
la mère de l’Angola. Elle repose en<br />
paix, protégée par la reconnaissance<br />
et l’amour du peuple angolais et des<br />
peuples africains.<br />
Il y a 100 ans, la fondation de la IIIe Internationale !<br />
Par Jules Legendre<br />
Il y a un siècle, en mars 1919, la IIIe<br />
Internationale (l’Internationale Communiste,<br />
IC) tenait son premier Congrès<br />
à Moscou. Ses dirigeants – dont Lénine<br />
et Trotsky – la concevaient comme « le<br />
Parti mondial de la révolution socialiste<br />
». Au cours des quatre premières<br />
années de son existence, c’est-à-dire<br />
avant le début de sa dégénérescence<br />
stalinienne, l’IC accomplit un travail<br />
considérable et publia des documents<br />
qui, un siècle plus tard, n’ont rien perdu<br />
de leur pertinence. Revenons sur<br />
son histoire – et ses leçons toujours<br />
vivantes.<br />
Zimmerwald, Berlin et Moscou<br />
Lorsque la guerre mondiale éclate en<br />
août 1914, la IIe Internationale – l’Internationale<br />
Socialiste, fondée en 1889<br />
– est présente en Amérique du Nord et<br />
dans la plupart des pays d’Europe. Mais<br />
la grande majorité de ses dirigeants<br />
trahissent leurs engagements internationalistes<br />
et, dans la grande boucherie<br />
impérialiste, se rangent aux côtés<br />
de leurs bourgeoisies respectives. La<br />
vague patriotique et militariste emporte<br />
tout. Seule une poignée d’organisations<br />
et de militants – dont le parti bolchevik<br />
russe – restent fidèles au marxisme<br />
et à l’internationalisme. En septembre<br />
1915, ils se réunissent à Zimmerwald,<br />
en Suisse, pour proclamer leur opposition<br />
à la guerre impérialiste.<br />
Deux ans plus tard, en octobre<br />
1917, les bolcheviks prennent le<br />
pouvoir en Russie. Cette révolution<br />
donne une énorme impulsion au mouvement<br />
vers une IIIe Internationale.<br />
Dès le début de la guerre, les bolcheviks<br />
avaient constaté la faillite de la IIe<br />
Internationale et appelé à la création<br />
d’une nouvelle Internationale.<br />
Comme l’expliquait Lénine, la<br />
longue phase d’expansion du capitalisme,<br />
dans les décennies précédant la<br />
guerre, avait favorisé la dégénérescence<br />
réformiste et nationaliste des<br />
dirigeants de la IIe Internationale, qui<br />
s’étaient habitués à la routine du travail<br />
parlementaire et syndical. Ayant atteint<br />
un point de rupture en 1914, cette évolution<br />
imposait aux révolutionnaires<br />
de rompre consciemment avec les réformistes<br />
pour défendre les idées et les<br />
méthodes révolutionnaires. Dans la<br />
foulée d’Octobre 1917, des Partis Communistes<br />
se réclamant de la Révolution<br />
russe commencent à se constituer en<br />
Allemagne, en Hongrie, aux Pays-Bas,<br />
en Pologne et ailleurs. Dans le même<br />
temps, des fractions communistes importantes<br />
émergent dans les Partis Socialistes,<br />
notamment en France et en<br />
Italie.<br />
Les bolcheviks ne veulent pas<br />
perdre de temps. Ils décident de convoquer<br />
une Conférence de fondation de la<br />
nouvelle Internationale. De leur côté,<br />
les communistes allemands (dirigés<br />
par Rosa Luxemburg et ses camarades<br />
spartakistes) sont convaincus de la nécessité<br />
d’une nouvelle Internationale,<br />
mais jugent qu’il est encore trop tôt<br />
pour la créer formellement. Ils pensent<br />
qu’il vaut mieux attendre que le communisme<br />
se dote d’organisations de<br />
masse, dans plusieurs pays, avant de<br />
Trotsky et Lénine<br />
proclamer la nouvelle Internationale.<br />
Pour faire une concession aux communistes<br />
allemands, les bolcheviks proposent<br />
donc que la première réunion,<br />
prévue pour mars 1919, ne soit qu’une<br />
« Conférence préparatoire », et non un<br />
véritable Congrès de fondation.<br />
Le 2 mars 1919, 51 délégués<br />
représentant des partis et des groupes<br />
(souvent petits) de 22 pays se retrouvent<br />
à Moscou. La plupart ont dû<br />
franchir de sérieux obstacles pour se<br />
rendre en Russie, toujours soumise<br />
au blocus et à l’agression militaire<br />
des puissances impérialistes. Plusieurs<br />
délégués ont dû faire le trajet clandestinement<br />
; d’autres ont été arrêtés en<br />
route et ne peuvent assister à la Conférence.<br />
L’enthousiasme est tel, pendant<br />
la Conférence, qu’un délégué autrichien<br />
propose qu’elle se transforme en Congrès<br />
fondateur. Les délégués l’approuvent<br />
presque tous. Seule la délégation<br />
allemande s’abstient, par fidélité à<br />
sa position initiale. Mais en réalité,<br />
elle-même est saisie par l’état d’esprit<br />
général et convaincue par les arguments<br />
des bolcheviks. La IIIe Internationale<br />
est née.<br />
Une Internationale de masse<br />
Son premier Congrès ne dure que quatre<br />
jours. Il a surtout pour but de proclamer<br />
l’existence de l’Internationale, formuler<br />
ses principes fondamentaux et appeler<br />
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les travailleurs à préparer la révolution.<br />
Son impact sur le mouvement ouvrier<br />
mondial est immédiat et puissant – ce<br />
qui, au passage, valide la décision de<br />
proclamer l’Internationale sans tarder.<br />
La Révolution russe a une telle influence<br />
que même des partis réformistes et<br />
des organisations anarchistes (comme<br />
la CNT en Espagne) se tournent vers la<br />
nouvelle Internationale. En l’espace de<br />
deux ans, l’IC s’étend à tous les continents<br />
et regroupe non seulement de petites<br />
organisations communistes, mais<br />
aussi des partis de masse.<br />
En France, le Congrès de Tours,<br />
en décembre 1920, voit la majorité de<br />
l’ancienne SFIO (socialiste) se rallier<br />
à l’IC et constituer un Parti Communiste<br />
de plus de 100 000 membres.<br />
En Allemagne, la majorité du Parti<br />
social-démocrate indépendant fait le<br />
même choix et fusionne avec le petit<br />
Parti Communiste créé en 1918 par<br />
Rosa Luxemburg (avant son assassinat),<br />
donnant ainsi naissance à un Parti<br />
Communiste de plusieurs centaines<br />
de milliers de membres.<br />
Ce succès de l’IC présente un<br />
danger : entraînés par le courant,<br />
suite à la page(19)<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
13
Perspectives<br />
L’accès à l’eau potable est un<br />
droit humain, alors pourquoi la<br />
Palestine est-elle une exception ?<br />
« Si la gauche ne perçoit pas la gravité<br />
du moment que vit le Brésil, elle sera<br />
écrasée par l’histoire »<br />
Les forces israéliennes ont confisqué des compteurs d'eau dans la<br />
vallée du Jourdain - Photo: Activestills.org<br />
Par Ramzy Baroud<br />
L<br />
’accès libre à l’eau potable est un<br />
droit humain fondamental. Il ne<br />
s’agit pas seulement d’une affirmation<br />
de bon sens, mais aussi d’un<br />
engagement juridique contraignant,<br />
inscrit dans le droit international. En<br />
novembre 2002, le Comité des droits<br />
économiques, sociaux et culturels<br />
de l’ONU a adopté l’ « Observation<br />
générale n° 15 » concernant le droit à<br />
l’eau : « Le droit à l’eau est indispensable<br />
pour mener une vie digne. Il est<br />
une condition préalable à la réalisation<br />
des autres droits de l’homme. » (Article<br />
11)<br />
Le débat sur l’eau en tant que<br />
droit de l’homme a culminé des années<br />
plus tard avec la résolution 64/292 de<br />
l’Assemblée générale des Nations Unies<br />
du 28 juillet 2010. Explicitement, elle «<br />
Reconnaît que le droit à l’eau potable,<br />
propre et salubre et à l’assainissement<br />
est un droit fondamental, essentiel à la<br />
pleine jouissance de la vie et à l’exercice<br />
de tous les droits de l’homme. »<br />
C’est tout à fait logique. Il n’y a<br />
pas de vie sans eau. Cependant, comme<br />
tous les autres droits de l’homme,<br />
il semble que les Palestiniens se voient<br />
refuser ce droit également.<br />
Il y a une crise de l’eau qui affecte<br />
le monde entier, et elle est plus prononcée<br />
au Moyen-Orient. Les sécheresses<br />
liées au changement climatique, les<br />
précipitations imprévisibles, l’absence<br />
de planification centralisée, les conflits<br />
militaires et bien d’autres facteurs ont<br />
entraîné une insécurité sans précédent<br />
en matière d’eau.<br />
La situation est toutefois encore<br />
plus compliquée en Palestine, où la crise<br />
de l’eau est directement liée au contexte<br />
politique plus général de l’occupation<br />
israélienne : apartheid, colonies juives<br />
illégales, siège et guerre. Si l’aspect militaire<br />
de l’occupation israélienne a fait<br />
l’objet à juste titre de beaucoup d’attention,<br />
les politiques coloniales de l’État<br />
en matière d’eau en reçoivent beaucoup<br />
moins, mais elles constituent un problème<br />
urgent et critique.<br />
En effet, la maîtrise totale de<br />
l’eau a été l’une des premières politiques<br />
adoptées par Israël après la mise<br />
en place du régime militaire suite à l’occupation<br />
de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie<br />
et de la Bande de Gaza en juin<br />
1967. Les politiques discriminatoires<br />
d’Israël – l’utilisation et l’abus qu’il fait<br />
des ressources en eau palestiniennes –<br />
peuvent être qualifiées d’ « apartheid de<br />
l’eau ».<br />
La consommation excessive<br />
d’eau par Israël, l’utilisation erratique<br />
des barrages et le déni du droit des Palestiniens<br />
à leur propre eau ou le creusement<br />
de nouveaux puits ont tous eu<br />
Par Rachel Knaebel<br />
Voilà six mois que le Brésil est<br />
gouverné par un président d’extrême<br />
droite, Jair Bolsonaro.<br />
Après avoir libéralisé le port<br />
d’armes, il s’attaque aux universités<br />
publiques en coupant massivement<br />
leurs budgets et s’apprête<br />
à démanteler le système de<br />
retraites par répartition. Comment<br />
résistent les mouvements<br />
sociaux ? La gauche brésilienne<br />
peut-elle rebondir et incarner<br />
un nouveau projet d’émancipation<br />
? Entretien avec la députée<br />
Manuela D’Avila, qui a été candidate<br />
à la vice-présidence lors<br />
de l’élection présidentielle aux<br />
côtés de Fernando Haddad, battu<br />
par Bolsonaro, que Basta a<br />
rencontrée lors de sa visite à<br />
Paris !<br />
Basta ! : Ce 5 juin à Paris, le<br />
ministère de l’Économie a accueilli<br />
un forum économique franco-brésilien,<br />
avec des représentants<br />
du patronat brésilien, un<br />
membre du gouvernement de<br />
Bolsonaro et le patronat français,<br />
pour parler des privatisations en<br />
cours au Brésil. Quel est le rôle<br />
des économies et des dirigeants<br />
des pays européens dans ce moment<br />
politique dramatique que le<br />
Brésil est en train de vivre ?<br />
Manuela D’Avila [1] :<br />
Bolsonaro s’est résigné à ce que<br />
le Brésil occupe le rôle d’une<br />
nouvelle colonie. C’est son projet,<br />
et un problème grave pour<br />
le Brésil. Il faut que les gens sachent<br />
que le gouvernement de<br />
des conséquences environnementales<br />
considérables et peut-être irréversibles.<br />
Ils ont fondamentalement modifié tout<br />
l’écosystème aquatique.<br />
En Cisjordanie, Israël utilise l’eau<br />
pour cimenter la dépendance palestinienne<br />
actuelle vis-à-vis de l’occupation.<br />
Il utilise une forme cruelle de dépendance<br />
économique pour maintenir les<br />
Palestiniens dans un état de sujétion et<br />
de subordination. Ce modèle est soutenu<br />
par le biais du contrôle des frontières,<br />
des postes de contrôle militaires,<br />
de la perception des taxes, des fermetures,<br />
des couvre-feux militaires et du<br />
refus d’accorder des permis de construire.<br />
La dépendance à l’égard de l’eau est<br />
un élément central de cette stratégie.<br />
L' »Accord intérimaire sur la Cisjordanie<br />
et la Bande de Gaza », connu<br />
sous le nom d’Accord d’Oslo II, signé<br />
à Taba (Égypte) en septembre 1995, a<br />
cristallisé l’injustice d’Oslo I, signé en<br />
septembre 1993. Plus de 71 % de l’eau<br />
de l’aquifère palestinien ont été mis à<br />
la disposition d’Israël, et seulement 17<br />
% ont été alloués à l’usage palestinien.<br />
Plus épouvantable encore, le<br />
nouvel accord introduisait un mécanisme<br />
qui obligeait les Palestiniens à<br />
acheter à Israël leur propre eau, ce qui<br />
consolidait encore davantage la relation<br />
client-propriétaire entre l’Autorité<br />
palestinienne et l’État occupant.<br />
La compagnie des eaux israélienne<br />
Mekorot, entité publique propriété<br />
à 100% de l’état, abuse de ses privilèges<br />
pour récompenser et punir les Palestiniens<br />
comme bon lui semble. Au<br />
cours de l’été 2016, par exemple, des<br />
communautés palestiniennes entières<br />
en Cisjordanie occupée se sont retrouvées<br />
sans eau parce que l’Autorité palestinienne<br />
n’avait pas payé à Israël des<br />
sommes considérables pour racheter<br />
l’eau prélevée sur les ressources naturelles<br />
palestiniennes.<br />
Déconcertant, n’est-ce pas ? Et<br />
pourtant, nombreux sont ceux qui se<br />
demandent encore pourquoi Oslo n’a<br />
pas réussi à instaurer cette « paix » tant<br />
convoitée.<br />
Regardez les chiffres pour apprécier<br />
à sa juste valeur cet apartheid de<br />
l’eau : Les Palestiniens de Cisjordanie<br />
utilisent environ 72 litres d’eau par personne<br />
et par jour, contre 240-300 litres<br />
pour les Israéliens. La responsabilité<br />
politique d’une répartition aussi inégale<br />
des ressources en eau disponibles peut<br />
être attribuée à la fois à la cruelle occupation<br />
israélienne et à la vision à court<br />
terme des dirigeants palestiniens.<br />
La situation à Gaza est pire encore.<br />
Le territoire sera officiellement «<br />
inhabitable » d’ici 2020, selon un rapport<br />
de l’ONU. C’est l’année prochaine.<br />
La principale raison de cette tragique<br />
prédiction est la crise de l’eau à Gaza.<br />
Selon une étude menée par l’organisation<br />
caritative internationale<br />
Oxfam, « moins de quatre pour cent de<br />
l’eau douce [à Gaza] est potable et la<br />
mer environnante est polluée par les<br />
eaux usées ». Les chercheurs d’Oxfam<br />
ont conclu que l’augmentation spectaculaire<br />
des problèmes rénaux dans<br />
la Bande de Gaza est dangereusement<br />
liée à la pollution de l’eau. Les crises<br />
de l’eau et de l’assainissement à Gaza<br />
s’aggravent tandis que les fermetures<br />
fréquentes de la seule centrale électrique<br />
de l’enclave qui fonctionne éliminent<br />
tout espoir de remède.<br />
La RAND Corporation dont le<br />
siège est aux États-Unis a trouvé qu’un<br />
quart de toutes les maladies dans la<br />
Bande de Gaza assiégée sont transmises<br />
par l’eau. Les estimations de la<br />
RAND ne sont pas moins tragiques. Elle<br />
signale que, selon les normes de l’Organisation<br />
mondiale de la santé (OMS),<br />
97% de l’eau de Gaza est impropre à<br />
la consommation humaine. En termes<br />
de souffrance humaine, cette réalité ne<br />
peut être qualifiée que d’effroyable.<br />
Les hôpitaux de la Bande de Gaza<br />
tentent de lutter contre l’épidémie massive<br />
de maladies causées par l’eau insalubre<br />
alors qu’ils sont sous-équipés,<br />
victimes de coupures d’électricité et ne<br />
disposent pas eux-mêmes d’eau potable.<br />
« L’eau est souvent indisponible à<br />
Al-Shifa, le plus grand hôpital de Gaza<br />
« , poursuit le rapport de la RAND. «<br />
Même lorsqu’elle est disponible, les<br />
médecins et les infirmier.e.s sont incapables<br />
de se stériliser les mains pour<br />
pratiquer des interventions chirurgicales<br />
à cause de la qualité de l’eau. »<br />
La députée Manuela D’Avila, qui a<br />
été candidate à la vice-présidence<br />
lors des dernières élections<br />
présidentielles<br />
Bolsonaro ne respecte pas les<br />
droits humains, incite à leur violation,<br />
et milite même pour leur<br />
disparition. C’est quelque chose<br />
que tout dirigeant européen doit<br />
prendre en compte dans les relations<br />
qu’il entretient avec le gouvernement<br />
brésilien.<br />
Manifestation étudiante contre les coupes budgétaires massives dans les<br />
universités publiques, le 30 mai, à Rio de Janeiro /<br />
Selon Circle of Blue, plateforme<br />
de médias environnementaux, sur les<br />
2 millions d’habitants de Gaza, seuls<br />
10% ont accès à de l’eau potable. «<br />
Mes enfants tombent malades à cause<br />
de l’eau « , a déclaré à Circle of Blue,<br />
Madlain Al-Najjar, mère de six enfants<br />
vivant dans la Bande de Gaza, « Ils<br />
souffrent de vomissements et de diarrhées.<br />
Souvent, je peux dire que l’eau<br />
n’est pas propre, mais nous n’avons<br />
pas d’autre choix. »<br />
L’hebdomadaire britannique l’Independent<br />
a rendu compte de l’histoire<br />
de Noha Sais, 27 ans, mère de cinq enfants,<br />
qui vit à Gaza. « Au cours de l’été<br />
2017, tous les enfants de Noha tombèrent<br />
soudainement malades, pris de<br />
vomissements incontrôlables et furent<br />
bientôt hospitalisés. Les eaux sales<br />
de la méditerranée qui borde Gaza les<br />
avaient empoisonnés.<br />
« Le plus jeune, Mohamed, gamin<br />
de cinq ans d’habitude en bonne<br />
santé et turbulent, a contracté de la mer<br />
un virus inconnu, qui a pris possession<br />
de son corps et de son cerveau. Trois<br />
jours après la sortie, il est tombé dans<br />
le coma. Une semaine plus tard, il était<br />
mort.<br />
Noha a déclaré au journal que :<br />
« Les médecins ont dit que l’infection<br />
était causée un germe provenant de<br />
l’eau de mer polluée, mais ils n’ont<br />
pas pu déterminer exactement ce que<br />
c’était. Ils m’ont juste dit que même si<br />
mon fils se remettait, il ne serait plus<br />
jamais le même – ce serait un légume. »<br />
De nombreux cas similaires sont<br />
signalés dans tout Gaza, et il n’y a pas<br />
Basta ! : Quelles sont les<br />
mesures législatives les plus inquiétantes<br />
que le gouvernement<br />
a prises depuis six mois au pouvoir<br />
?<br />
Manuela D’Avila : Le<br />
président gouverne par décret. Il<br />
n’a pas fait voter de lois car il ne<br />
considère pas le Congrès comme<br />
nécessaire pour gouverner. Bolsonaro<br />
a par exemple libéralisé<br />
par décret, et presque sans aucune<br />
restriction, le port d’armes,<br />
dans un pays qui compte déjà<br />
62 000 victimes d’homicides par<br />
an, où les discours prônant la violence<br />
politique se renforcent, et<br />
alors qu’une élue de Rio de Janeiro<br />
a été exécutée l’an dernier<br />
[2]. Par décret, il a décidé de<br />
couper 30 % des financements de<br />
toutes les universités publiques.<br />
de fin en vue. La politique de l’eau d’Israël<br />
s’inscrit dans le cadre d’une guerre<br />
beaucoup plus vaste contre le peuple<br />
palestinien, destinée à renforcer son<br />
contrôle colonial.<br />
A en juger par les éléments de<br />
preuve, les sionistes n’ont pas « fait<br />
fleurir le désert », comme le prétend<br />
la propagande israélienne. Depuis son<br />
implantation sur les ruines de plus de<br />
cinq cents villes et villages palestiniens<br />
détruits entre 1947 et 48, Israël a fait<br />
exactement le contraire.<br />
« La Palestine comporte un vaste<br />
potentiel de colonisation que les Arabes<br />
n’ont pas besoin d’exploiter ni ne<br />
sont qualifiés pour le faire « , écrivait en<br />
1937 à son fils Amos, David Ben Gourion,<br />
l’un des pères fondateurs et premier<br />
Premier ministre d’Israël. Cependant,<br />
Israël sioniste n’a pas seulement «<br />
exploité » ce « potentiel de colonisation<br />
» ; il a également soumis la Palestine<br />
historique à une campagne de destruction<br />
cruelle et implacable qui n’a pas<br />
encore cessé.<br />
Il est probable que cela continuera<br />
tant que le sionisme prévaudra en<br />
Israël et en Palestine occupée ; c’est une<br />
idéologie d’exploitation, hégémonique<br />
et raciste. Si l’accès à l’eau potable est<br />
effectivement un droit humain, pourquoi<br />
le monde permet-il à Israël de faire<br />
de la Palestine et de son peuple une exception<br />
?<br />
The Palestine Chronicle<br />
31 mai <strong>2019</strong><br />
Traduction: Chronique de Palestine<br />
– MJB-6 juin <strong>2019</strong><br />
14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong>
Il cherche ainsi à en finir avec<br />
l’éducation publique, et avec la<br />
recherche fondamentale qui, au<br />
Brésil, se mène dans les universités.<br />
Bolsonaro prépare également<br />
une réforme des retraites,<br />
qui marquera la fin de toute perspective<br />
de pensions via le système<br />
public [retraites par répartition,<br />
basées sur les cotisations<br />
des salariés, ndlr], dans un pays<br />
qui compte à l’heure actuelle près<br />
de 14 millions de personnes sans<br />
emploi, des personnes qui n’ont<br />
déjà pas de salaire pour survivre.<br />
Basta ! : Pourrait-il faire<br />
passer la réforme des retraites<br />
par décret ?<br />
Manuela D’Avila : Non.<br />
Mais il pourrait réussir à faire<br />
adopter la réforme par le Congrès.<br />
Il existe au Congrès un<br />
groupe de députés centristes<br />
anti-Bolsonaro, démocratique,<br />
mais libéral économiquement.<br />
C’est un dilemme, car il y a<br />
un agenda qui rapproche les<br />
libéraux et Bolsonaro : l’agenda<br />
économique. De notre côté, nous<br />
voulons nous allier aux libéraux<br />
pour défendre la démocratie et<br />
les droits fondamentaux, mais<br />
il n’est pas sûr que ce combat<br />
soit aussi déterminant pour eux<br />
que l’agenda économique. Nous<br />
verrons ce qu’il en sera avec le<br />
projet de loi anti-crime que veut<br />
faire passer le ministre de la justice<br />
Sergio Moro [le juge qui a<br />
décidé de l’emprisonnement de<br />
Lula, ndlr]. Ce projet va légaliser<br />
et renforcer l’impunité de la<br />
violence policière, qui tue déjà<br />
des milliers de personnes [Entre<br />
2009 et 2016, 21 892 personnes<br />
ont été tuées par des policiers au<br />
Brésil, soit 2700 personnes par<br />
an, ndlr], et vise à faire des organisations<br />
de gauche des organisations<br />
criminelles.<br />
Basta ! : Les syndicats<br />
brésiliens sont-ils affaiblis ?<br />
Quelles sont les forces d’opposition<br />
au gouvernement ?<br />
Manuela D’Avila : Les<br />
syndicats ont déjà été attaqués<br />
sous le gouvernement précédent<br />
de Michel Temer (droite). Il avait<br />
lancé une réforme du droit du<br />
travail, qui a largement précarisé<br />
les salariés, et a retiré des ressources<br />
financières importantes<br />
pour les syndicats en supprimant<br />
la contribution syndicale obligatoire.<br />
Une grève générale, la plus<br />
grande grève des 20 dernières<br />
années, a cependant empêché<br />
la première tentative de réforme<br />
CC Mídia Ninja<br />
des retraites qui avait alors été<br />
initiée.<br />
Aujourd’hui, l’opposition<br />
vient surtout du monde de l’éducation,<br />
avec des manifestations<br />
amples, populaires, qui ne sont<br />
pas organisées par la gauche.<br />
Du point de vue numérique, les<br />
manifestations étudiantes des 15<br />
et 30 mai sont très impressionnantes.<br />
Je n’ai jamais vu un mouvement<br />
étudiant comme celui-ci.<br />
Si les coupes budgétaires annoncées<br />
sont réalisées, des universités<br />
fédérales vont devoir fermer<br />
dans les trois mois qui viennent.<br />
Nous avons démocratisé l’université<br />
au Brésil : nous comptons<br />
deux fois plus d’étudiants<br />
aujourd’hui que lorsque j’étais<br />
moi-même étudiante. Toute une<br />
génération d’étudiants sont les<br />
premiers de leur famille à entrer<br />
à l’université. C’est quelque<br />
chose de très important. Je ne<br />
pense donc pas que ce mouvement<br />
social va s’arrêter.<br />
Basta ! : L’accès à l’éducation,<br />
à la santé, les programmes<br />
sociaux qui ont sorti des centaines<br />
de milliers de familles de<br />
la pauvreté, comme la Bolsa familia...<br />
L’ensemble des politiques<br />
de lutte contre les inégalités<br />
menées par la gauche au pouvoir<br />
entre 2002 et 2016 sont-elles intégralement<br />
menacées par l’extrême<br />
droite ?<br />
Manuela D’Avila : Ce n’est<br />
même plus une menace, c’en<br />
est déjà presque fini de ces programmes.<br />
Le programme Mais<br />
médicos [« plus de médecins »]<br />
pour couvrir médicalement les<br />
zones isolées a été bloqué avec<br />
un argument idéologique. Les<br />
médecins du programme étant<br />
en majorité cubains, et comme,<br />
selon le gouvernement, « Cuba<br />
est une dictature communiste<br />
», les médecins cubains ont été<br />
renvoyés. Mais très peu de médecins<br />
brésiliens acceptent de<br />
travailler dans les communautés<br />
retirées où étaient implantés les<br />
médecins du programme. Le résultat,<br />
c’est que leur départ pourrait<br />
causer 100 000 morts précoces<br />
d’ici 2030, par manque de<br />
couverture médicale [3]<br />
Basta ! : Quelles sont les<br />
possibilités d’actions des partis<br />
de gauche au Parlement ?<br />
Manuela D’Avila : Le<br />
groupe du Parti des travailleurs<br />
[PT, le parti de l’ex président<br />
Lula] est le plus gros groupe politique<br />
à la chambre des députés.<br />
Mais son influence est limitée<br />
à cause du nombre important<br />
de partis représentés. Il ne<br />
représente pas plus de 10 % des<br />
députés. C’est peu. Cela ne signifie<br />
pas pour autant que le gouvernement<br />
dispose d’une large<br />
majorité. De toute façon, Bolsonaro<br />
ne cherche pas le dialogue au<br />
Congrès, il cherche juste à solidifier<br />
sa base. C’est pour cela qu’il<br />
gouverne par décret. Sa base<br />
s’est radicalisée, devient encore<br />
plus violente politiquement. Les<br />
manifestations de partisans de<br />
Bolsonaro, organisées le 26 mai<br />
en soutien à sa politique ont été<br />
moins importantes en nombre<br />
que celles de l’opposition, que les<br />
nôtres. Elles ont cependant réuni<br />
beaucoup de gens, avec une base<br />
avant tout composée des évangélistes<br />
pentecôtistes, les plus<br />
radicalisés des évangélistes.<br />
Basta ! : Que se passe-t-il<br />
au sein de la gauche, pour éviter<br />
de subir de nouvelles défaites ?<br />
Manuela D’Avila : Les<br />
élections municipales auront<br />
lieu l’année prochaine. Ce sera<br />
un espace pour expérimenter<br />
l’union et des transformations.<br />
J’ai beaucoup d’espoir : malgré<br />
les limites au sein des directions<br />
des partis, la population envoie<br />
des messages très clairs qui disent<br />
que c’est la voie à suivre. Qui<br />
ne perçoit pas la gravité du moment<br />
que vit le Brésil sera écrasé<br />
par l’histoire.<br />
Basta ! : En Europe, et en<br />
France, les extrêmes droites continuent<br />
de prospérer. Avez-vous<br />
un conseil pour y faire face ?<br />
Manuela D’Avila : L’extrême<br />
droite au Brésil fait beaucoup<br />
de mal aux Brésiliens, l’extrême<br />
droite européenne fait du<br />
mal au monde entier. Imaginez<br />
une Europe entière dirigée par<br />
des Bolsonaro ! Mais les situations<br />
sont différentes. Vous luttez<br />
en Europe contre une extrême<br />
droite qui veut fermer ses frontières<br />
à d’autres peuples. De notre<br />
côté, nous luttons contre des<br />
personnes qui font allégeance<br />
à d’autres pays et le salut militaire<br />
devant leurs drapeaux [en<br />
référence à l’accueil par Bolsonaro,<br />
fin 2018, du conseiller à<br />
la sécurité nationale de Trump,<br />
John Bolton, quand le président<br />
brésilien, déjà élu, a alors effectué<br />
un salut militaire face au<br />
drapeau étoilé, ndlr] [4].<br />
Basta ! : D’où peut venir<br />
la résistance, la perspective d’un<br />
projet politique prônant l’égalité<br />
?<br />
Manuela D’Avila : Nous<br />
devons observer avec une grande<br />
attention ce qui se passe dans le<br />
monde et quelles sont les voies<br />
de construction des résistances.<br />
Je suis une femme brésilienne.<br />
Dans mon pays, être une femme,<br />
être noir, être indigène, cela signifie<br />
beaucoup de choses. Il est<br />
impossible de dissocier la classe,<br />
le genre et la race. Qui résiste le<br />
plus au Brésil aujourd’hui ? Qui<br />
commence à construire des alternatives<br />
? Ce sont les femmes,<br />
très jeunes souvent.<br />
Les femmes noires sont<br />
les premières à prendre la tête<br />
des résistances. Car ce sont les<br />
premières à être abandonnées<br />
par le pouvoir, les premières<br />
touchées par la diminution des<br />
politiques publiques et par le<br />
renforcement de l’État policier.<br />
Leurs enfants sont ceux qui<br />
sont le plus tués par la police. De<br />
JOBS<br />
l’autre côté, elles luttent aussi<br />
pour être libres. Je suis marxiste,<br />
je suis du Parti communiste du<br />
Brésil, je suis évidemment convaincue<br />
que la résistance passera<br />
par les travailleurs. Mais il s’agit<br />
aussi, et en particulier, de cet<br />
ensemble de travailleurs-là, les<br />
femmes et les femmes noires. Au<br />
Brésil, les travailleuses noires vivent<br />
l’inégalité de manière beaucoup<br />
plus intense que les travailleurs<br />
blancs.<br />
Notes<br />
[1] Manuela D’Avila,<br />
37 ans, a été candidate à la<br />
vice-présidence du Brésil, aux<br />
côtés de Fernando Haddad (Parti<br />
des travailleurs), battu au second<br />
tour par Jair Bolsonaro. Elle<br />
est membre du Parti communiste<br />
brésilien, a été députée fédérale<br />
de 2007 à 2015 et est actuellement<br />
députée de l’État de Rio<br />
Grande do Sul.<br />
[2] Marielle Franco, conseillère<br />
municipale de Rio de Janeiro,<br />
du parti de gauche Psol,<br />
assassinée en pleine rue le 14<br />
mars 2018. L’un des miliciens<br />
soupçonnés d’être lié à son assassinat<br />
est proche d’un des fils<br />
de Jair Bolsonaro.<br />
[3] Voir cet article de la Revista<br />
Forum.<br />
[4] Voir cet article de The<br />
Intercept.<br />
Basta ! 6 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong><br />
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Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
15
Suite de la page (3)<br />
transformée en grève, les portes de<br />
nombreuses écoles sont fermées et des<br />
barricades de pneus enflammés ont été<br />
érigées en divers endroits.<br />
En fait les banques, les supermarchés<br />
et les stations de gaz n’ont<br />
pas pu ouvrir leurs portes sauf les<br />
débrouillards qui n’ont pas d’autres<br />
alternatives que de prendre le risque<br />
d’étaler leur marchandise.<br />
Par ailleurs, devant le bâtiment<br />
du Rex Théâtre au Champ de Mars, dès<br />
le vendredi 7 juin la mobilisation a été<br />
entamée par une exposition de photos<br />
de façon à sensibiliser la population<br />
sur l’état des faits et surtout sur le cas<br />
particulier de cet établissement culturel<br />
qui a été totalement endommagé lors<br />
du terrible séisme du <strong>12</strong> janvier 2010.<br />
Sous l’administration de Michel<br />
Martelly/Laurent Lamothe, le second<br />
rapport de la cour supérieure des<br />
comptes a rapporté que rien n’a été<br />
fait sauf pour quelques couches de<br />
peintures qui ont été appliquées sur<br />
les devantures de l’édifice et qui aurait<br />
coûté 5,061,139.92 dollars américains,<br />
ce qui a profondément indigné<br />
les manifestants dont la majorité d’entre<br />
eux vit dans des conditions précaires.<br />
Le seul moyen au peuple de venir<br />
à bout de ce régime de bandits et<br />
de mercenaires est de continuer la mobilisation<br />
!<br />
Suite de la page (8)<br />
pression des différents organismes des<br />
droits humains dans le pays entre autres<br />
: RNDDH, CRESFED, PAJ, SKL,<br />
CE-JILAP, CONHANE et CARDH sur le<br />
Président du Sénat Carl Murat Cantave,<br />
en vue de la levée de l’immunité parlementaire<br />
de l’élu, rien n’a été fait en ce<br />
sens. Or, selon ces organisations, « Le<br />
sénateur de l’Artibonite, Monsieur Garcia<br />
Delva, a été officiellement identifié<br />
par la Commission Justice et Sécurité<br />
publique du Sénat comme un parlementaire<br />
ayant des rapports réguliers<br />
avec l’un des groupes armés les plus<br />
criminels, dirigé par Arnel Joseph ».<br />
Ces organisations ne s’adressent pas<br />
seulement au Président de la haute Assemblée.<br />
Elles s’adressent aussi à l’ensemble<br />
des pouvoirs publics, principalement<br />
au gouvernement pour qu’ils<br />
entreprennent des démarches auprès<br />
du Sénat afin de mettre Garcia Delva<br />
à disposition de la justice afin qu’il<br />
réponde de ses relations avec un chef<br />
de gang recherché par toutes les forces<br />
de l’ordre du pays. Quelle était la nature<br />
des conversations et des échanges<br />
téléphoniques de l’élu avec l’auteur<br />
présumé du massacre de La Saline ? 24<br />
appels en plus de deux semaine ! C’est<br />
beaucoup entre un forcené ardument<br />
recherché, traqué par la police et un<br />
parlementaire qui, de toute évidence,<br />
cherche à protéger le fugitif. Ces organisations<br />
de défense des droits humains<br />
s’insurgent contre la complaisance des<br />
autorités étatiques et judiciaires devant<br />
le comportement des élus qui pactisent<br />
avec des criminels qui font de l’insécurité<br />
dans le pays et dans la région de<br />
Port-au-Prince une arme pour asseoir<br />
et étendre leur pouvoir. Elles rappellent<br />
que depuis le massacre de La Saline en<br />
novembre 2018 jusqu’à la tuerie de<br />
Carrefour-Feuilles dans la nuit du 24<br />
avril <strong>2019</strong>, sans oublier la tuerie du bidonville<br />
de « Tokyo » à Delmas 2 dans<br />
les soirées du 20 au 22 avril <strong>2019</strong>, les<br />
autorités se sont contentées d’appeler la<br />
population à la vigilance et à coopérer<br />
avec la police.<br />
Pour tous ces organismes, le<br />
gouvernement doit agir et faire pression<br />
lui aussi sur le Parlement pour la<br />
levée de l’immunité de tous les parlementaires<br />
qui protègent les chefs de<br />
gangs en échange de leur propre protection<br />
auprès des groupes armés. En<br />
tout cas, il est devenu évident pour tout<br />
le monde qu’il existe entre les gangs<br />
armés et certains responsables politiques,<br />
des élus et des membres du pouvoir<br />
en place des liens très forts qui, en<br />
dehors même de la faiblesse de la justice,<br />
compliquent gravement le travail<br />
de la police. Le massacre du 1 er au 14<br />
novembre 2018 dans le bidonville de<br />
La Saline a au moins apporté la preuve<br />
presqu’officielle des liens existant entre<br />
le pouvoir et la plupart des groupes<br />
armés et leurs chefs dans le pays. Il<br />
reste à comprendre dans quel but.<br />
C.C<br />
Suite de la page (7)<br />
et meurtri par les puissances<br />
néo-esclavagistes, Haïti ne peut pas<br />
se permettre de dévier de ses principes<br />
fondateurs et utiliser sa voix<br />
contre les autres peuples exploités;<br />
et encore moins contre un peuple<br />
comme celui du Venezuela qui lui<br />
a tendu la main pour la sortir de<br />
la merde dans laquelle ces mêmes<br />
requins l’ont plongée pendant plus<br />
de deux siècles. Par extension, Haïti<br />
ne devrait pas ménager ses efforts<br />
pour défendre les droits des peuples<br />
exploités, comme ceux des Palestiniens.<br />
Nous sommes déjà dans<br />
la crasse, il n’y a rien à sauver. La<br />
seule chose que nous pouvons faire<br />
c’est de nous donner une mission<br />
noble qui rappelle la force de caractère<br />
de nos ancêtres.<br />
En parlant des Palestiniens,<br />
c’est triste de voir l’ambassadeur de<br />
Jovenel Moïse aux États-Unis qui est<br />
allé solliciter de l’aide des financiers<br />
Juifs en guise de récompense pour<br />
le vote d’Haïti aux Nations-Unies<br />
qui avait permis la création de l’État<br />
juif. Pour les gens pourvus de bon<br />
sens, ce vote d’Haïti était pourtant<br />
catastrophique, autant pour Haïti<br />
que pour le peuple palestinien et<br />
l’humanité. Comment quelqu’un<br />
peut-il s’enorgueillir d’avoir créé<br />
un tel monstre? D’ailleurs, il est<br />
aussi prouvé historiquement que<br />
les juifs étaient les plus grands investisseurs<br />
dans le commerce triangulaire.<br />
Comment peut-on justifier<br />
un vote en faveur de quelqu’un<br />
qui avait investi son capital dans la<br />
marchandisation de ses propres ancêtres?<br />
Tout comme Jovenel Moïse<br />
aujourd’hui qui se range du mauvais<br />
côté de l’histoire et vote contre<br />
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Si vous croyez que Jonevel Moïse ne doit des comptes qu’à vous, chers<br />
membres du « Core Group », ah! vous êtes en train de commettre la même<br />
erreur que Napoléon Bonaparte avait regrettée toute sa vie.<br />
le peuple vénézuélien pour s’accrocher<br />
au pouvoir, il est clair que<br />
François Duvalier avait pris cette<br />
décision pour plaire à ses maîtres<br />
en vue de se maintenir au pouvoir.<br />
Mais contrairement au peuple palestinien,<br />
le peuple vénézuélien a<br />
des liens historiques, politiques et<br />
fraternels très forts avec le peuple<br />
haïtien. S’il veut montrer qu’il n’est<br />
pas l’un des individus à faible quotient<br />
intellectuel, comme son maître<br />
traite les Noirs, il doit prendre cette<br />
variable en compte dans l’équation.<br />
Aujourd’hui, le peuple haïtien<br />
arpente les rues avec un gallon<br />
en main pour s’approvisionner en<br />
essence parce qu’en bon esclave,<br />
Jovenel Moïse a décidé de suivre<br />
les ordres de Donald Trump et<br />
abandonner le peuple vénézuélien.<br />
Je ne dis même pas président Nicolas<br />
Maduro, puisque celui-ci n’est<br />
que l’isolant qui sépare le peuple<br />
vénézuélien de la catastrophe que<br />
Donald Trump et les corporations<br />
pétrolières multinationales veulent<br />
imposer à ce dernier. Donc, c’est le<br />
peuple haïtien qui doit payer la facture<br />
pour maintenir Jovenel Moïse<br />
au pouvoir, littéralement, pour ne<br />
rien faire. En effet, lorsqu’il est allé<br />
rencontrer Donald Trump à Mar-a-<br />
Largo avec les autres esclaves de<br />
Ste-Lucie, des Bahamas, de la République<br />
Dominicaine et de la Jamaïque,<br />
Haïti était la seule à ne pas<br />
avoir eu des intérêts directs dans<br />
les discussions.<br />
Il serait honteux de trahir nos<br />
valeurs et vendre un ami comme le<br />
Venezuela pour quelques poignés<br />
de dollars, mais voyons les choses<br />
de plus près. Tandis que la République<br />
Dominicaine et la Jamaïque<br />
cherchaient à s’approprier des intérêts<br />
du peuple vénézuélien dans<br />
les compagnies pétrolières de l’État<br />
vénézuélien installées chez eux, les<br />
Bahamas défendaient des intérêts<br />
purement économiques allant de<br />
la facilitation des investissements<br />
étrangers et d’autres intérêts liés à<br />
l’intégration de l’économie Bahaméenne.<br />
Pour sa part, Allen Chastanet<br />
de Ste-Lucie qui est évidemment<br />
un premier ministre blanc<br />
dans un pays à prédominance noir<br />
et qui parle l’anglais dans un fort<br />
accent américain, avait fait des<br />
études aux États-Unis. Comme fils<br />
d’un homme d’affaires influent de<br />
Ste-Lucie, il était présent tout aussi<br />
comme un représentant de la classe<br />
d’affaires de Ste-Lucie en quête<br />
de nouvelles opportunités. Quant<br />
à Jovenel Moïse, sa seule préoccupation<br />
était de se maintenir au<br />
pouvoir pendant cinq ans. Comme<br />
John Bolton l’a bien laissé comprendre<br />
récemment, si l’appropriation<br />
des ressources pétrolières du<br />
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Venezuela est la cause première de<br />
cet acharnement états-unien contre<br />
le pays, l’idée d’étouffer le peuple<br />
vénézuélien va bien au-delà de<br />
cette perspective. Les colons corporatistes<br />
états-uniens voient dans<br />
la démise du Venezuela un moyen<br />
d’étouffer Cuba aussi économiquement<br />
que politiquement. Lorsqu’on<br />
considère l’importance de<br />
la générosité cubaine à l’endroit<br />
d’Haïti, on se demande jusqu’à<br />
quel point les Haïtiens sont prêts<br />
à accepter cette mascarade comme<br />
coût à payer pour maintenir Jovenel<br />
Moïse au pouvoir et traîner Haïti<br />
dans la boue?<br />
Finies les solutions cliniques<br />
Aujourd’hui, beaucoup de voix<br />
s’élèvent pour réclamer le départ<br />
de Jovenel Moïse de la tête du pays<br />
dans l’espoir de trouver une solution<br />
aux problèmes d’insécurité,<br />
d’impunité, de la mètdamité, de la<br />
cherté de la vie, etc. et il faut le dire<br />
que ce sera un bon départ. Mais ce<br />
qu’il faut surtout savoir c’est que<br />
Jovenel Moïse n’est qu’un pion de<br />
ce jeu d’échec historique interminable<br />
placé par les colons locaux et internationaux<br />
pour maintenir les esclaves<br />
révoltés de Saint-Domingue<br />
dans la crasse. Donc, en renversant<br />
Jovenel Moïse, il ne leur prendra<br />
pas longtemps pour se trouver un<br />
nouveau pion qui saura remplacer<br />
Jovenel Moïse avec le même niveau<br />
d’efficacité et de dévouement qu’on<br />
crédite à ce dernier. D’ailleurs, ils<br />
n’auront qu’à chercher parmi ceuxlà<br />
mêmes qui s’opposent aux politiques<br />
et pratiques de Jovenel Moïse<br />
et qui sont parfois à la tête des<br />
manifestations anti-Jovenel pour en<br />
trouver un.<br />
Qu’il s’agit de Ti Pierre, de Ti<br />
Jacques ou de tutti quanti, on n’a<br />
pas besoin de grosses sommes pour<br />
acheter l’âme de ces voyous qui se<br />
posent comme l’alternative à ces<br />
cancres démodés et sanguinaires.<br />
Ce qu’il faut comprendre c’est que le<br />
symptôme observé est toujours une<br />
conséquence de la maladie et non<br />
la maladie en soi. Donc, s’il faut<br />
bien se débarrasser du symptôme<br />
pour de bon, il faut surtout guérir la<br />
maladie. Ainsi, pour éviter d’avoir<br />
à reprendre les rues tous les mois<br />
pour déraciner ces cocherelles et<br />
poser un pansement souillé de leurs<br />
propres œufs sur la plaie qu’ils provoquent,<br />
il faut surtout neutraliser<br />
le virus qui les produit. Ce sera<br />
alors, et seulement alors, que le<br />
pays pourra reprendre son cours et<br />
nos enfants pourront respirer l’air<br />
de liberté qu’ambitionnait Jean-<br />
Jacques Dessalines en entreprenant<br />
le projet de l’indépendance.<br />
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16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong>
A Travers le Monde<br />
Les manifestants soudanais trouvent de nouvelles tactiques<br />
de désobéissance civile !<br />
Par Kaamil Ahmed<br />
accusé du massacre de la semaine<br />
dernière. Construites à partir des<br />
milices Janjawid accusées d’avoir<br />
commis des crimes de guerre dans<br />
la région du Darfour-Ouest au début<br />
des années 2000, les FSR se sont<br />
maintenant étendues à Khartoum.<br />
Alors que les manifestants au<br />
sit-in dressaient leurs barricades<br />
et faisaient face aux soldats qui<br />
étaient souvent assis juste en face<br />
d’eux, les leaders de la protestation<br />
comme la SPA appellent maintenant<br />
les manifestants à être plus<br />
prudents.<br />
La désobéissance civile, disentils,<br />
est la nouvelle phase de<br />
leur mouvement.<br />
Elle est entrée pleinement en vigueur<br />
dimanche, avec l’abandon<br />
des rues de Khartoum et d’autres<br />
villes et la fermeture de commerces.<br />
Des banques ont été fermées, des<br />
vols à l’aéroport de Khartoum ont<br />
été annulés et l’exploitation de<br />
Port-Soudan a été interrompue,<br />
Barricades dans une rue au Soudan<br />
malgré les tentatives du conseil<br />
militaire de forcer le personnel à<br />
travailler au cours de la semaine<br />
dernière.<br />
La SPA a déclaré que des<br />
employés de l’aviation, de la compagnie<br />
d’électricité et des banques<br />
avaient tous été arrêtés dans le but<br />
de les forcer à travailler pendant la<br />
campagne de désobéissance civile.<br />
Les manifestations ont commencé<br />
en décembre, lorsque des citoyens<br />
de la ville d’Atbara, au nord<br />
du pays, exaspérés par l’augmentation<br />
du coût de la vie, ont incendié<br />
le siège du parti au pouvoir.<br />
L’image s’est répandue, et<br />
bientôt les villes à travers le Soudan<br />
ont protesté, appelant à la fin<br />
du règne de Béchir après 30 ans au<br />
pouvoir. Ils ont atteint cet objectif<br />
le 11 avril, quelques jours après<br />
le début du sit-in devant le siège<br />
de l’État-major de l’armée à Khartoum,<br />
mais ils ont été furieux que<br />
le CMT le remplace.<br />
Le sit-in s’est maintenu, et<br />
les dirigeants de la protestation ont<br />
été en négociations avec les militaires<br />
pour un transfert du pouvoir<br />
aux civils, mais le processus, déjà<br />
stagnant, a été interrompu par l’attaque<br />
soudaine du sit-in la semaine<br />
dernière.<br />
Depuis lundi, l’Internet a<br />
presque complètement cessé de<br />
fonctionner dans tout le pays et les<br />
hommes des FSR se sont déployés<br />
dans tout Khartoum, accusés d’attaquer<br />
des passants régulièrement<br />
et au hasard, tandis que ces derniers<br />
jours, des témoins oculaires ont<br />
signalé une augmentation du nombre<br />
de harcèlements menés par des<br />
bandes d’inconnus dans les rues.<br />
Suleman Adula Gadar,<br />
fonctionnaire du ministère de la<br />
Santé, a déclaré à MEE que 11 personnes<br />
avaient été tuées au cours<br />
des deux derniers jours par une<br />
recrudescence de l’activité des «<br />
hors-la-loi » opérant dans le chaos<br />
provoqué par les événements de la<br />
semaine dernière.<br />
Des habitants de Khartoum<br />
ont déclaré à Middle East Eye que<br />
sortir dans la rue est devenu dangereux<br />
et beaucoup l’évitent si<br />
possible, décrivant leur situation<br />
comme une sorte d’assignation à<br />
résidence massive. « Les gens essaient<br />
de stocker des provisions<br />
pour la désobéissance civile « , a<br />
déclaré à MEE un manifestant, qui<br />
ne voulait pas être nommé.<br />
La manière de mettre en œuvre<br />
cette désobéissance civile est<br />
devenue un sujet de discussion<br />
brûlant parmi les manifestants, qui<br />
tentent de partager des informations<br />
par SMS ou par notes manuscrites<br />
distribuées dans leur quartier<br />
pour contourner les restrictions<br />
imposées à l’Internet.<br />
Le Comité de la Résistance de<br />
Riyad, l’une des équipes de quartier<br />
mises en place pour organiser<br />
des activités de protestation localisées<br />
alors que Béchir était encore<br />
au pouvoir, s’est fait l’écho<br />
des instructions de la SPA « Faites<br />
une barricade puis sauvez-vous »,<br />
mais a également appelé les manifestants<br />
à se retirer dans les rues<br />
latérales lorsqu’ils sont confrontés<br />
aux FSR.<br />
La SPA a appelé les manifestants<br />
à se servir de cette campagne<br />
pour mettre un terme à l’occupation<br />
du pays afin de desserrer l’emprise<br />
du conseil militaire, en refusant de<br />
travailler ou d’utiliser tout service,<br />
notamment financier, qui pourrait<br />
lui profiter.<br />
Les vidéos qui sortent du Soudan,<br />
partagées par les rares personnes<br />
qui parviennent à contourner<br />
les coupures d’Internet, montrent<br />
un jeu du chat et de la souris entre<br />
des manifestants construisant des<br />
barricades et les nombreux soldats<br />
des FSR qui ont inondé Khartoum<br />
pour tenter de les nettoyer afin<br />
qu’ils puissent circuler dans la ville<br />
avec leurs fameuses camionnettes<br />
armées de mitrailleuses.<br />
La SPA a également mis en<br />
garde contre les trucs “misérables”<br />
du conseil militaire, accusant les<br />
soldats de laisser des armes dans la<br />
rue pour inciter les manifestants à<br />
se tourner vers la violence. Mais il<br />
semble également y avoir une augmentation<br />
du nombre d’habitants<br />
de Khartoum prêts à retourner dans<br />
la rue en grand nombre. À Omdurman,<br />
la ville jumelle de Khartoum,<br />
un grand rassemblement s’est<br />
déroulé dans les rues vendredi soir<br />
et d’autres ont suivi samedi.<br />
À Bahri, près de Khartoum<br />
et d’Omdurman, des rassemblements<br />
ont aussi été attaqués par des<br />
forces qui tentaient de briser les<br />
Une des rues de Port Soudan ce matin.<br />
barricades. Le comité des médecins<br />
a confirmé dimanche soir que le<br />
manifestant Walid Abdel Rahman<br />
était mort après avoir reçu une balle<br />
dans la poitrine.<br />
Mohammed Amin a contribué à<br />
la rédaction de cet article<br />
Traduit par Fausto Giudice<br />
- Traducteurs soudanais<br />
pour le changement STC (@<br />
SudaneseTc) 9 juin <strong>2019</strong><br />
Tlaxcala 10 juin <strong>2019</strong><br />
Tracts des comités de résistance locaux appelant les habitants à la<br />
campagne de désobéissance civile<br />
La colère contre le conseil militaire<br />
passe de manifestations ouvertes<br />
à la désobéissance civile au milieu<br />
d’une violente répression<br />
Construisez les barricades, puis<br />
sauvez-vous. Le message des<br />
dirigeants protestataires aux jeunes<br />
Soudanais dans les rues de la capitale<br />
a été cohérent avec l’appel de<br />
dimanche à lancer une vaste campagne<br />
de désobéissance civile.<br />
Initialement utilisées pour<br />
protéger le sit-in devant le quartier<br />
général de l’armée soudanaise -<br />
où les manifestants ont exigé que<br />
le Conseil militaire de transition<br />
(TMC) au pouvoir se retire - les<br />
barricades construites en briques et<br />
en métal récupérées sur les routes<br />
mêmes qu’elles bloquent sont devenues<br />
un symbole du mouvement<br />
protestataire soudanais.<br />
Mais après que les forces<br />
soudanaises ont dispersé de force<br />
le sit-in le 3 juin, ces manifestants<br />
ont maintenant étendu leur opposition<br />
à tout le pays. « Les barricades<br />
sont vos gardiens » , selon l’un des<br />
nombreux appels au rassemblement<br />
lancés par l’Association des<br />
professionnels soudanaise (SPA), le<br />
groupe qui a lancé des protestations<br />
contre l’ancien président Omar el-<br />
Béchir depuis décembre dernier.<br />
Le peuple soudanais répond<br />
à l’appel de l’Association des professionnels<br />
soudanais et de ses<br />
alliés pour la désobéissance civile<br />
jusqu’à ce que le CMT passe le pouvoir<br />
à un gouvernement civil.<br />
La SPA a encouragé les manifestants<br />
à construire des barricades<br />
le long des routes principales et<br />
des rues secondaires de Khartoum,<br />
mais au lieu de les surveiller comme<br />
ils l’ont fait au sit-in, à s’enfuir<br />
immédiatement. « Barricadez et retirez-vous<br />
», disent leurs messages.<br />
« Évitez les frictions avec les forces<br />
Janjawid ».<br />
Au moins 118 personnes ont<br />
été tuées par les forces soudanaises<br />
depuis qu’elles ont dispersé le sit-in<br />
lundi, selon le Comité des médecins<br />
soudanais, qui s’est rallié aux protestations,<br />
ET qui estime que le<br />
nombre réel de morts est beaucoup<br />
plus élevé.<br />
Le groupe paramilitaire des<br />
Forces de soutien rapide (FSR) a été<br />
SUPREME COURT OF THE STATE OF NEW YORK, COUNTY OF ERIE,<br />
Index No. SF2018902334; Date Purchased: October 16, 2018<br />
SUMMONS WITH NOTICE<br />
Plaintiff designates ERIE County as the place of trial Basis of venue: CPLR 509.<br />
LANA CARTAGENA, Plaintiff against ERCAN GURSOY, Defendant.<br />
ACTION FOR A DIVORCE<br />
To the above-named Defendant YOU ARE HEREBY SUMMONED to serve a notice of appearance on Plaintiff's<br />
attorneys within thirty (30) days after the service of this summons is complete and in case of your failure to appear,<br />
judgment will be taken against you by default for the relief demanded in the notice set forth below. Dated: October<br />
16, 2018. Yaniv & Associates, PC, Attorneys for Plaintiff, 972 Route 45, Suite 205, Pomona, NY 10970, 646-395-9100.<br />
NOTICE: To the above-named Defendant, the above Summons is served upon you by publication pursuant to an<br />
Order of the Hon. Kenneth F. Case, of the Supreme Court; County of ERIE, dated the April 16, <strong>2019</strong>. The nature of<br />
this action is to dissolve the marriage between the parties, on the grounds: DRL Section 170 subd. (2) - The<br />
abandonment of the Plaintiff by the Defendant for a period of one year. The relief sought is a judgment of absolute<br />
divorce in favor of the Plaintiff, dissolving the marriage between the parties in this action.<br />
PLEASE TAKE NOTICE that pursuant to DRL §253, to the best of Plaintiff's knowledge, Plaintiff has taken all steps<br />
solely within Plaintiff's power to remove all barriers to the Defendant's remarriage following the divorce.<br />
NOTICE OF AUTOMATIC ORDERS. Pursuant to Domestic Relations Law Section 236 part b sec. 2, the parties are<br />
bound by certain automatic orders which shall remain in full force and effect during the pendency of the action.<br />
NOTICE ABOUT HEALTH CARE: PLEASE TAKE NOTICE that once a judgment of divorce is signed in this action, both you<br />
and your spouse may or may not continue to be eligible for coverage under each other's health insurance plan,<br />
depending on the terms of the plan.<br />
NOTICE OF GUIDELINE MAINTENANCE FOR UNCONTESTED DIVORCE:<br />
If your divorce was commenced on or after January 25, 2016, this Notice is required to<br />
be given to you by the Supreme Court of the county where your divorce was filed to comply with the Maintenance<br />
Guidelines Law. The complete text of the notice is available athttps://www.nycourts.gov/divorce/forms_instructions/NoticeGuidelineMaintenance.pdf.<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
17
Suite de la page (9)<br />
as president was coming to an end,<br />
and presidential elections were set to<br />
take place in a few months.<br />
“This is the man I have picked<br />
to succeed me for my party,” Martelly<br />
said from the stage, calling up the man<br />
next to him for all to see. “His name is<br />
Jovenel Moïse.”<br />
Nearly four years later, on May<br />
31, <strong>2019</strong>, <strong>Haiti</strong>’s Superior Court of Auditors<br />
(CSCCA) released a 600-page investigation<br />
into more than $2.3 billion<br />
in Petrocaribe-related expenditures<br />
between 2008 and 2016, when Moïse<br />
eventually secured the presidency. The<br />
report identified nearly $2 million in<br />
questionable payments made to Moïse<br />
in late 2014 and early 2015. The largest<br />
came just days after he registered<br />
as the governing party’s presidential<br />
candidate.<br />
As for the viaduct, Martelly<br />
was right. It has become a symbol of<br />
Port-au-Prince. A concrete symbol<br />
of government waste. And a rallying<br />
point for <strong>Haiti</strong>’s growing anticorruption<br />
movement.<br />
On Oct. 17, 2018 and again on<br />
Nov. 18, 2018, massive anticorruption<br />
protests took place in Port-au-<br />
Prince and in provincial towns across<br />
the country. “Where is the Petrocaribe<br />
money?” They demanded. In the capital,<br />
before marching up Route Delmas<br />
-- which runs from the poorer<br />
neighborhoods downtown straight up<br />
the hill to the comparatively wealthy<br />
Pétionville -- the various organizations<br />
and neighborhoods participating<br />
amassed at the overpass.<br />
Now, approaching a year since<br />
the launch of their movement, organizers<br />
are planning another march for<br />
June 9. Armed with the CSCCA report,<br />
the question is no longer where did<br />
the money go, but what is the government<br />
going to do about it. There<br />
won’t be any confusion about where<br />
the demonstration will begin.<br />
But the story of the viaduct itself<br />
reveals just how difficult it will be<br />
to ensure justice and accountability<br />
in <strong>Haiti</strong> – and abroad. It’s not just the<br />
<strong>Haiti</strong>an government that may be reticent<br />
about following the money. The<br />
implications of the Petrocaribe scandal<br />
in <strong>Haiti</strong> are vast and extend far beyond<br />
the country’s own borders and its own<br />
political class.<br />
***<br />
Plans for the Delmas viaduct<br />
have been around for decades, the<br />
brainchild of the politically connected<br />
local representative of the Canadian<br />
conglomerate SNC-Lavalin, Bernard<br />
Chancy. In 2005, SNC-<strong>Haiti</strong> completed<br />
a study on the viability of the project,<br />
but couldn’t find the funding to make<br />
it a reality.<br />
In the meantime, SNC-Lavalin<br />
and its local subsidiary were becoming<br />
increasing involved in <strong>Haiti</strong>. The firm<br />
handled the design and construction<br />
of the new Canadian Embassy, inaugurated<br />
in 2004. It undertook the engineering<br />
studies and then supervised<br />
the construction of a number of other<br />
structures, including the Faculty of<br />
Agronomy and Veterinary Medicine.<br />
The firm found itself on the UN’s approved<br />
vendor list, and on the receiving<br />
end of millions in Canadian foreign<br />
assistance funds.<br />
In Canada, the firm became<br />
one of the Liberal Party’s most steadfast<br />
donors. But it had political connections<br />
in <strong>Haiti</strong> as well. A family relation<br />
of its <strong>Haiti</strong> representative, Michael<br />
Chancy, was a deputy agricultural<br />
minister in Rene Préval’s 2006-2011<br />
government and then was one of the<br />
only senior administration officials to<br />
be retained in the new administration<br />
of Michel Martelly.<br />
But according to a senior<br />
<strong>Haiti</strong>an government advisor during the<br />
Préval years, SNC-<strong>Haiti</strong>, despite its political<br />
connections, was unable to convince<br />
Préval during either of his two<br />
terms in office to approve the viaduct<br />
project, which the president dismissed<br />
as “a rip-off.”<br />
That didn’t stop SNC-<strong>Haiti</strong><br />
from once again attempting to sell its<br />
pet project to the incoming Martelly<br />
administration though. And the earthquake<br />
presented an opportunity for<br />
Bernard Chancy and the Delmas viaduct.<br />
Donors pledged billions of<br />
dollars toward <strong>Haiti</strong>’s reconstruction,<br />
and the “gold rush” was on. The vast<br />
majority of donor funds went to international<br />
organizations or private<br />
firms in the donor’s home country. The<br />
government of <strong>Haiti</strong>, meanwhile, became<br />
increasingly reliant on the Venezuela-led<br />
Petrocaribe initiative. From<br />
2011 to 2015, the oil-for-loans program<br />
provided the government with<br />
more than $250 million per year. The<br />
new administration was eager to show<br />
it was doing something, however expensive<br />
or nonsensical the project.<br />
But as the viaduct project<br />
reveals, much of the government’s<br />
Petrocaribe funding also went to international<br />
companies – though often via<br />
a local subsidiary.<br />
In the fall of 20<strong>12</strong>, SNC-<strong>Haiti</strong>,<br />
operating under the name LGL S.A.,<br />
updated its earlier viaduct analysis.<br />
On Dec. 27, 20<strong>12</strong>, the <strong>Haiti</strong>an government<br />
signed a $16.6 million contract<br />
with a different company, Estrella, to<br />
build the Delmas viaduct. Estrella, one<br />
of the largest construction companies<br />
in the Dominican Republic, also received<br />
a $13.6 million contract to build<br />
another viaduct on Route Carrefour,<br />
the main road leading from the capital<br />
to the south of the country.<br />
The <strong>Haiti</strong>an government<br />
provided Estrella with an advance on<br />
both projects and awarded a $2.7 million<br />
contract to supervise the work to<br />
LGL S.A., the SNC-Lavalin local affiliate<br />
led by Bernard Chancy.<br />
According to the contracts,<br />
which the CSCCA analyzed as part of<br />
its report, Estrella was to finish both<br />
projects by February 2015. Oddly, LGL<br />
S.A.’s supervisory contract ended in<br />
November 2014.<br />
At the end of the 18-month<br />
deadline, the projects were nowhere<br />
near finished. The Delmas viaduct appeared<br />
closer, but the Carrefour viaduct<br />
had barely been started. And the costs<br />
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Anthony Failla<br />
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The Estrella headquarters in Santo Domingo, Dominican Republic. The<br />
firm has received nearly $30 million for construction projects in <strong>Haiti</strong>,<br />
including the Delmas viaduct.<br />
had increased. The CSCCA found that,<br />
for the Delmas viaduct, the cost of<br />
earthwork had increased by 213% and<br />
“drainage and sanitation” by 141%.<br />
LGL’s supervision contract came<br />
to an end in late 2014, but in February<br />
2015, the government gave an additional<br />
$5 million to Estrella to continue<br />
work on the Delmas viaduct. Though<br />
Martelly inaugurated the overpass in<br />
August 2015, Estrella received more<br />
than $600,000 in 2016 for costs related<br />
to the project.<br />
Today, the Delmas viaduct is<br />
at least operational, but the Carrefour<br />
overpass has yet to be completed. LGL<br />
received $2.1 million of its supervision<br />
contract. Estrella received nearly $30<br />
million – and that could still increase.<br />
Millions more were allocated to the<br />
project and have yet to be disbursed.<br />
The CSCCA auditors wrote<br />
Edward J. Huckemeyer<br />
Brian Keller<br />
Joseph Lahey<br />
Francis J. Manzo<br />
Edward L. Maurer<br />
Henry McCloud<br />
Robert J. McConnin<br />
57 West 57 th Street, 3 rd Floor<br />
New York, NY 10019<br />
that the government agency responsible<br />
for both projects, the Ministry<br />
of Public Works, “did not implement<br />
the project in accordance with the<br />
principles of efficiency, effectiveness,<br />
or economy” and that its actions did<br />
not comply with “sound management<br />
practices.”<br />
It came as little surprise to<br />
the thousands of <strong>Haiti</strong>ans who have<br />
gathered underneath the overpass before<br />
each recent anticorruption demonstration.<br />
***<br />
In the aftermath of the CSCCA<br />
report, most of the focus has been on<br />
President Jovenel Moïse. It was the<br />
president who, responding to the increasing<br />
pressure from the anticorruption<br />
protests, tasked the CSCCA with<br />
investigating the fund in late 2018.<br />
No government officials or private sector<br />
actors have yet to appear in court<br />
over Petrocaribe-related corruption.<br />
“We will await the CSCCA report,” the<br />
president said repeatedly in one form<br />
or another.<br />
Popularized during his election<br />
as “The Banana Man” due to his<br />
ownership of a banana plantation,<br />
Agritrans, it turns out the firm may<br />
have had more success as a government<br />
road-building contractor. And<br />
now that the court has implicated Agritrans<br />
in the Petrocaribe affair, calls for<br />
the president’s resignation have come<br />
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landscape.<br />
But it’s not just the <strong>Haiti</strong>an<br />
government who is afraid of where a<br />
judicial investigation may lead.<br />
“For sure, the [governing<br />
party] received money from Petrocaribe,”<br />
a foreign diplomat stationed in<br />
<strong>Haiti</strong> told me late last year. “The government<br />
doesn’t want an investigation.”<br />
But, the source added, “the international<br />
ramifications of Petrocaribe<br />
are far greater than we know.” It’s not<br />
just <strong>Haiti</strong> that may not be interested in<br />
following the money.<br />
Estrella received more than<br />
$100 million in Petrocaribe funds,<br />
and wasn’t even the largest Dominican<br />
recipient. And then there are the<br />
businesses in the United States and<br />
Canada, often operating through local<br />
branches and linked to members of the<br />
diaspora.<br />
Many are quick to point<br />
out the pervasive level of corruption<br />
in <strong>Haiti</strong>, but few want to look at the<br />
international reach of that corruption.<br />
Or, viewed differently, the corrupting<br />
influence of international actors within<br />
<strong>Haiti</strong>.<br />
SNC-Lavalin is currently<br />
embroiled in a corruption scandal that<br />
reaches all the way to the Prime Minister<br />
of Canada, Justin Trudeau. It was<br />
revealed in 2018 that the company<br />
had been illegally funding politicians<br />
for years. Then, as a SNC-Lavalin came<br />
under legal scrutiny again over bribes<br />
paid to the son of former Libyan leader<br />
Muammar Qaddafi, the firm attempted<br />
to cash in on those long-standing<br />
political connections. The Attorney<br />
General of Canada resisted the political<br />
pressure, but was promptly pushed out<br />
of her position. A taped phone call revealed<br />
she had previously been threatened<br />
with losing her job if she pursued<br />
the case against SNC-Lavalin.<br />
Then there is Estrella. Like<br />
SNC-Lavalin, Estrella has received<br />
contracts not just from the government<br />
of <strong>Haiti</strong>, but multilateral and bilateral<br />
donors in <strong>Haiti</strong> as well. And in<br />
the Dominican Republic, Estrella also<br />
finds itself embroiled in corruption allegations.<br />
The firm was part of a consortium<br />
with Odebrecht, the Brazilian<br />
multinational, to construct the Punta<br />
Catalina coal-fired power plant. Prosecutors<br />
have alleged Odebrecht paid<br />
some $92 million in bribes to secure<br />
the contract and have issued a number<br />
of indictments in the Dominican Republic.<br />
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18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong>
Odebrecht, the center of the<br />
hemisphere’s largest corruption scandal,<br />
has acknowledged paying bribes<br />
to government officials throughout<br />
the region. The fallout from the Odebrecht<br />
scandal has already ensnared<br />
high-level government officials in Colombia,<br />
Ecuador, Peru, Panama, and<br />
Mexico. Investigations are ongoing<br />
across the hemisphere.<br />
***<br />
On June 9, many <strong>Haiti</strong>ans will<br />
once again meet underneath the Delmas<br />
overpass before proceeding up the<br />
hill to Pétionville. And <strong>Haiti</strong>an president<br />
Jovenel Moïse will be serenaded<br />
with calls for his resignation. It is his<br />
involvement that has received media<br />
attention and popular scorn.<br />
But this is a scandal that extends<br />
far beyond the current president,<br />
and far beyond <strong>Haiti</strong> altogether, as<br />
the case of the Delmas viaduct makes<br />
clear. Still, the president faces a problem.<br />
As I told Jacqueline Charles of the<br />
Miami Herald, “President Moïse has<br />
pledged action, and action will be necessary<br />
to calm political tensions— but<br />
it will be very difficult to judicially pursue<br />
members of the private sector or<br />
former government officials when it is<br />
the president himself who now stands<br />
accused.”<br />
Whatever the fallout from<br />
the CSCCA report and the Petrocaribe<br />
scandal, it’s worth remembering that<br />
<strong>Haiti</strong>ans do not have a monopoly on<br />
corruption – not even in their own<br />
country. Perhaps that can be added to<br />
the list of what the Delmas viaduct has<br />
come to symbolize.<br />
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Suite de la page (13)<br />
des dirigeants réformistes et opportunistes<br />
veulent y adhérer. Pour<br />
empêcher ces éléments d’entrer<br />
dans l’IC et d’y semer leur confusion,<br />
les dirigeants de l’Internationale<br />
font adopter, lors du Congrès<br />
mondial de 1920, les fameuses «<br />
21 conditions d’adhésions à l’IC<br />
». Ces conditions visent à s’assurer<br />
que les Partis membres de<br />
l’IC adoptent des principes et des<br />
méthodes révolutionnaires, purgent<br />
leur direction des dirigeants<br />
compromis lors des années de<br />
guerre – et, enfin, se préparent à<br />
l’inévitable répression de l’appareil<br />
d’Etat capitaliste (1). Les 21<br />
conditions fixent aussi des règles<br />
de fonctionnement démocratique<br />
: les groupes parlementaires et la<br />
presse du parti ne doivent pas être<br />
« indépendants », mais soumis au<br />
contrôle strict des instances dirigeantes<br />
du parti. Les conditions<br />
rappellent enfin que l’IC n’est pas<br />
une fédération de partis nationaux,<br />
mais un « parti mondial ». De<br />
même que la lutte des travailleurs<br />
dans un pays donné n’a de sens<br />
que dans le cadre de la lutte des<br />
classes mondiale, chaque section<br />
nationale doit respecter la discipline<br />
de toute l’Internationale.<br />
La question coloniale<br />
La plupart des partis de la IIIe Internationale<br />
– les petits comme les grands<br />
– manquent d’expérience. Conscients<br />
de ce problème, Lénine et Trotsky font<br />
des Congrès annuels de l’IC de véritables<br />
écoles de stratégie et de tactique<br />
révolutionnaires.<br />
Une question alors brûlante<br />
est celle de la lutte de libération<br />
nationale des peuples colonisés.<br />
Une position révolutionnaire sur<br />
cette question est d’autant plus<br />
indispensable que la IIe Internationale<br />
n’avait même pas de position<br />
unifiée sur ce sujet : certains<br />
de ses dirigeants justifiaient même<br />
la colonisation au nom du « devoir<br />
de civilisation » des peuples<br />
européens ! Les thèses adoptées<br />
au Deuxième Congrès de l’IC affirment,<br />
au contraire, que les classes<br />
ouvrières des pays impérialistes<br />
ont le devoir de soutenir la lutte<br />
de libération nationale de tous les<br />
peuples opprimés. Alors que des<br />
luttes de libération anti-coloniale<br />
commencent à se développer au<br />
Moyen-Orient ou en Asie, l’IC<br />
propose de conclure des alliances<br />
temporaires avec les démocrates<br />
bourgeois des peuples opprimés,<br />
mais sans jamais se fondre sous<br />
leur drapeau, ni abandonner l’indépendance<br />
de classe du Parti<br />
communiste. C’est l’abandon de<br />
ce dernier principe, après la stalinisation<br />
de l’Internationale, qui<br />
mènera à l’échec de la révolution<br />
chinoise de 1925-1927 (entre autres).<br />
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19
In Memoriam Antoine « Charles Dessalines »<br />
Charles 20 janvier 1932-26 mai <strong>2019</strong><br />
Par Ed Rainer Sainvill<br />
Par Ed Rainer Sainvill<br />
Cette semaine, à la place de la rubrique<br />
« Pleins Feux Sur » ; nous<br />
rendons plutôt hommage à un légendaire<br />
musicien qui vient de<br />
décéder, Charles Dessalines, lui, a<br />
connu l’époque d’or de la musique<br />
haïtienne et, comme étant l’un des<br />
derniers survivants de cette épopée<br />
musicale. C’est après une maladie<br />
longuement supportée qu’il ait rendu<br />
l’âme le 26 mai dernier.<br />
Une messe funéraire a été organisée<br />
pour célébrer sa vie le vendredi 7<br />
juin écoulé de 3:00 PM - 8:00 PM au<br />
Coney Island Memorial Chapel. Antoine<br />
« Charles Dessalines » Charles<br />
a été incinéré à Rosehill Crematory.<br />
En cette circonstance, nous reproduisons<br />
notre profile Pleins Feux sur<br />
: Charles Dessalines (1932, Petite<br />
Rivière de l’Artibonite) « Un Dr.<br />
en musique », publié dans nos colonnes,<br />
vol. 11 # 26 du 3 au 9 janvier<br />
2018. Paix à son âme !<br />
Un autre as des anches, le Dr<br />
Charles Dessalines, a traversé de<br />
multiples tendances de la musique<br />
haïtienne et s’est implanté en adepte<br />
éclairé de l’art universel. Grace aux<br />
soins d’un éducateur scrupuleux,<br />
Emmanuel Jumelle ; lui ayant permis<br />
dès l’adolescence de s’initier à<br />
la musique ; tout en expérimentant<br />
la basse et le sax. Arrivé à Port-au-<br />
Prince en 1951, il était déjà de poids<br />
pour se voir offrir une place au sein<br />
du fameux orchestre « Citadelle »,<br />
après une brève escale avec le « Conjunto<br />
Panamerican ». Pour y faire<br />
montre de son savoir-faire, de son<br />
flair et de sa résonance distinguée,<br />
instillée d’esthétisme. C’est ainsi qu’il<br />
continua de taper dans l’œil, et fit en<br />
ce sens son entrée dans l’ « Orchestre<br />
Atomique » de Nemours. Avant de<br />
s’allier à l’ « Orchestre Riviera », au<br />
sein duquel régnaient un trio de maestros<br />
: Ed Guignard, Guy Durosier et<br />
Michel Desgrottes.<br />
A cette étape, Charles est au<br />
firmament de sa carrière ; entre le<br />
succès et les interminables tournées<br />
internationales. Ensuite, Il se vit appeler<br />
par Issa pour venir colmater<br />
les brèches d’un groupe qui s'était<br />
désintégré après la révolte collective<br />
menée par Raoul Guillaume. Après<br />
la complète dissolution de la bande à<br />
Sahieh qu’il dirigea jusqu’ en 1961,<br />
Charles Dessalines fit un bref stint<br />
avec le Casino International dans lequel<br />
un duel musical le mit en mauvaise<br />
posture face au grandiloquent<br />
Wébert Sicot. Ensuite, il rallia « Raoul<br />
Guillaume et Son groupe », avant de<br />
laisser définitivement le pays dans la<br />
première partie des sixties, comme<br />
c’était la vogue de l’heure de prendre<br />
la poudre d’escampette face à la situation<br />
politico-sociale qui se dégradait<br />
déjà. Installé en terre étrangère<br />
Charles continue de s’imprégner de<br />
musique et fut repéré au Canada où<br />
il intégrait le trio « Combo Express<br />
» en compagnie de Kesnel Hall et Joe<br />
Trouillot. Devenant, ensuite une tête<br />
d’affiche des spectacles communautaires<br />
à N.Y<br />
Mais, C.D n’en restait pas là, en<br />
prenant son art à un palier supérieur<br />
; trouvant le temps de se perfectionner<br />
dans l’obtention d’une maitrise<br />
en musique. Un exploit pour lui que<br />
de s’appliquer ainsi à la ‘’Juliard<br />
School’’ de New-York pour des études<br />
majeures. Musicien, compositeur, et<br />
saxophoniste au jeu fluide et aisé,<br />
Dessalines reste l’une des figures légendaires<br />
de la musique haïtienne,<br />
pour avoir traversé toutes les ébullitions<br />
des six dernières décades. On<br />
parle à son sujet d’expertise et de sobriété.<br />
Le style de Dessalines est tout<br />
à fait mélodique et exprime dans sa<br />
fluidité, des nappes sonores, au gré<br />
d’un lyrisme étoffé. Ce qui est reflété<br />
dans son album :’’Charles Dessalines<br />
et Son saxophone ténor’’, dans des<br />
morceaux compositions tels : L’Artibonite,<br />
Nuit de Port-au-Prince, Yvrose,<br />
Rose, Anna, Syta, Mis amores<br />
Adeline etc ; dans le moule de la<br />
chanson populaire.<br />
Cependant, malgré sa vaste<br />
connaissance musicale, on regrette<br />
qu’il ne soit tributaire d’aucun legs<br />
musical même comme théoricien. Aujourd’hui<br />
en retrait au genre d’activité<br />
qui fut la sienne durant toute sa vie,<br />
que celle des projecteurs et des sonorités<br />
diverses, Charles qui d’après<br />
des proches est un peu alité, reste<br />
parmi les derniers d’une génération<br />
en voie d’extinction. Et c’est avec autant<br />
d’affection qu’on souhaite qu’il<br />
se porte mieux. Et pourquoi pas bien<br />
encore en possession de ses moyens<br />
pour que ce pédagogue qualifié puisse<br />
nous édifier des multiples facettes de<br />
la musique haïtienne.<br />
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Vol <strong>12</strong> # 49 • Du <strong>12</strong> au 18 <strong>Juin</strong> <strong>2019</strong>