Coronavirus : Comment arrêter de se toucher le visage dans les situations de contamination potentielles ?
La main est devenue cet ami intime qui vous veut du mal par les temps actuels. Face à la pandémie du COVID-19, les recommandations de l’OMS sont claires : ne plus se toucher le visage, les zones des yeux, du nez et de la bouche étant les portes d’entrée du virus ; ou plus exactement ne pas le faire quand nos mains sont dans le voisinage d’autres personnes ou ont été au contact d’objets et de surfaces potentiellement contaminés et tant que nous ne les avons pas lavés méticuleusement après. Ce lavage permettrait de diminuer la contagion de 30 à 50%. Cette recommandation apparaît plus facile à dire qu'à faire, tant ce réflexe est ancré en nous et que dans les faits, il est quasiment impossible de ne pas porter ses doigts à son visage. Il s’agit de gestes «réflexes» qui nous permettent d'interagir avec nous-mêmes et les autres Un geste régulateur de notre état d’esprit La gestuelle des mains est en effet par excellence le reflet de notre inconscient et de notre état d’esprit : 70 à 80
La main est devenue cet ami intime qui vous veut du mal par les temps actuels. Face à la pandémie du COVID-19, les recommandations de l’OMS sont claires : ne plus se toucher le visage, les zones des yeux, du nez et de la bouche étant les portes d’entrée du virus ; ou plus exactement ne pas le faire quand nos mains sont dans le voisinage d’autres personnes ou ont été au contact d’objets et de surfaces potentiellement contaminés et tant que nous ne les avons pas lavés méticuleusement après. Ce lavage permettrait de diminuer la contagion de 30 à 50%.
Cette recommandation apparaît plus facile à dire qu'à faire, tant ce réflexe est ancré en nous et que dans les faits, il est quasiment impossible de ne pas porter ses doigts à son visage. Il s’agit de gestes «réflexes» qui nous permettent d'interagir avec nous-mêmes et les autres
Un geste régulateur de notre état d’esprit
La gestuelle des mains est en effet par excellence le reflet de notre inconscient et de notre état d’esprit : 70 à 80
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Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques
الجمعية المغربية ألمراض المناعة الذاتية والجهازية
Coronavirus: comment arrêter de se toucher le
visage ?
Se toucher le visage, un geste réflexe à oublier dans les
situations potentielles de contamination face au Covid-19
La main est devenue cet ami intime qui vous veut du mal par les
temps actuels. Face à la pandémie du COVID-19, les
recommandations de l’OMS sont claires : ne plus se toucher le
visage, les zones des yeux, du nez et de la bouche étant les
portes d’entrée du virus ; ou plus exactement ne pas le faire
quand nos mains sont dans le voisinage d’autres personnes ou
ont été au contact d’objets et de surfaces potentiellement
contaminés et tant que nous ne les avons pas lavés
méticuleusement après. Ce lavage permettrait de diminuer la
contagion de 30 à 50%.
Cette recommandation apparaît plus facile à dire qu'à faire, tant
ce réflexe est ancré en nous et que dans les faits, il est
quasiment impossible de ne pas porter ses doigts à son visage.
Il s’agit de gestes «réflexes» qui nous permettent
d'interagir avec nous-mêmes et les autres
Un geste régulateur de notre état d’esprit
La gestuelle des mains est en effet par excellence le reflet de
notre inconscient et de notre état d’esprit : 70 à 80% des aires
cérébrales du cerveau sont d’ailleurs en lien avec ces deux
organes.
Ce geste de se toucher (une micro-démangeaison le plus
souvent) est le meilleur révélateur de notre état interne car il
permet de réguler les émotions et d’évacuer les tensions. On a
tendance à augmenter sa fréquence pour de multiples
raisons lorsqu’on est anxieux, gêné ou stressé mais aussi
lorsqu’on s’ennuie. On l’accomplit aussi quand on ne ressent
rien de particulier. Tout cela, sans que nous nous en rendions
compte, la plupart du temps.
Ce phénomène est même « archaïque », venant de la nuit des
temps et avant même la naissance : en 2013, des chercheurs
britanniques ont découvert que les fœtus portent déjà la main à
leur visage pour développer leur sens du toucher et également
lorsque leur mère est dans une situation d’anxiété.
Une fois toutes les 2min30 en moyenne !
Ce mouvement est beaucoup plus fréquent qu’on ne le croit
souvent. Une étude australienne en 2015 (confortée par une
étude japonaise en 2019), réalisée sur un groupe de vingt-six
étudiants, montrait qu’ils se touchaient, en moyenne, vingt-trois
fois par heure, soit environ une fois toutes les 2min30. 44 % de
ces contacts impliquaient une muqueuse (yeux, nez et bouche)
et 56 % des zones non muqueuses. Parmi les contacts avec les
muqueuses, 36 % concernaient la bouche, 31 % le nez, 27 %
les yeux et 6 % une combinaison de ces trois zones.
Cette fréquence est très variable selon individus, certains se
touchant machinalement jusqu’à… « trois mille fois par jour »,
indiquaient les agences régionales de santé françaises (ARS)
dans un communiqué de novembre 2017 portant sur les gestes
barrières pour se protéger du virus de la grippe.
Un changement de nos habitudes
Les experts du comportement expliquent souvent qu’il est
nécessaire d’abord de prendre conscience des situations dans
lesquelles nous portons nos mains à notre visage (fatigue,
stress, ennui …) pour pouvoir se défaire ensuite de ce geste,
intempestif actuellement surtout quand il est compulsif.
Cette prise de conscience ne suffit pas à le faire disparaître la
plupart du temps. Si les habitudes mettent des années à
s’implanter, il est vain de vouloir les arrêter d’un seul coup
(surtout, quand on sait que les maghrébins sont par nature
plutôt tactiles). Il vaut mieux prévoir d’en venir à bout avec le
temps en essayant de réduire progressivement ce réflexe de
cinq à deux ou trois fois par heure par exemple jusqu’à parvenir
à le maîtriser complètement.
Il faut parallèlement développer de nouvelles habitudes de
substitution, proches autant que possible des anciennes, mais
sans risque. Se toucher l'arrière de la tête, plus éloignée des
muqueuses, est par exemple une nouvelle attitude
excellente.
Lorsqu’on ressent le désir de se démanger, on peut aussi par
exemple serrer les poings, s’asseoir sur ses mains, appuyer
ses paumes sur ses cuisses ou étirer les bras le long de son
corps.
Certaines sources recommandent également la manipulation
d’objets, qui permet d’occuper ses mains autrement : on peut
ainsi se frotter le bout des doigts, tripoter un stylo ou presser
une balle. Pour les personnes qui ont des habitudes tenaces,
cette manipulation d’objets n’est pas aussi efficace que les
gestes alternatifs (comme se gratter la tête) : certains peuvent
en effet avoir tendance à la fois à jouer avec des objets par
ennui et à porter la main au visage et/ou aux cheveux en cas
de stress.
On le voit et on le sait, ce n’est pas simple de changer ses
habitudes ! Il ne faut pas non plus verser dans la peur
obsessionnelle de ce que l'on peut toucher ! Ce n'est pas la
fin du monde que d’effectuer ce mouvement si on observe bien
les autres gestes barrière.
Casablanca, le 26 avril 2020
الدكتورة خديجة موسيار Dr MOUSSAYER KHADIJA
Spécialiste en médecine اختصاصية في الطب الباطني و أمراض الشيخوخة
interne et en Gériatrie, Présidente de l’Alliance des Maladies
Rares au Maroc (AMRM)
رئيسة ائتالف األمراض النادرة المغرب
Présidente de l’association marocaine des maladies auto-
رئيسة الجمعية المغربية ألمراض (AMMAIS) immunes et systémiques
المناعة الذاتية و والجهازية
Bibliographie utile
- Les gestes barrières : éviter de se toucher le visage ARS
novembre 2017
https://www.ars.sante.fr/les-gestes-barrieres-eviter-de-setoucher-le-visage
- Yen Lee Angela Kwok, Jan Gralton, Mary-Louise McLaws -
Face touching: A frequent habit that has implications for hand
hygiene - American Journal of Infection Control, February 1,
2015 - https://doi.org/10.1016/j.ajic.2014.10.015
https://www.ajicjournal.org/article/S0196-6553(14)01281-
4/fulltext
-Kentaro Morita and al -Measurement of Face-touching
Frequency in a Simulated Train- Ecosciences 13 August
2019 https://doi.org/10.1051/e3sconf/201911102027
https://www.e3s
conferences.org/articles/e3sconf/abs/2019/37/e3sconf_clima20
19_02027/e3sconf_clima2019_02027.html
- Nadja Reissland and al - Babies learn to anticipate touch in
the womb - 8 October 2013
https://www.dur.ac.uk/news/newsitem/?itemno=18810%20
- Nadja Reissland Laterality of foetal self-touch in relation to
maternal stress -Laterality Published online: 03 Jun 2014
https://doi.org/10.1080/1357650X.2014.920339
https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/1357650X.2014.9
20339?journalCode=plat20