27.04.2020 Views

Coronavirus : Comment arrêter de se toucher le visage dans les situations de contamination potentielles ?

La main est devenue cet ami intime qui vous veut du mal par les temps actuels. Face à la pandémie du COVID-19, les recommandations de l’OMS sont claires : ne plus se toucher le visage, les zones des yeux, du nez et de la bouche étant les portes d’entrée du virus ; ou plus exactement ne pas le faire quand nos mains sont dans le voisinage d’autres personnes ou ont été au contact d’objets et de surfaces potentiellement contaminés et tant que nous ne les avons pas lavés méticuleusement après. Ce lavage permettrait de diminuer la contagion de 30 à 50%. Cette recommandation apparaît plus facile à dire qu'à faire, tant ce réflexe est ancré en nous et que dans les faits, il est quasiment impossible de ne pas porter ses doigts à son visage. Il s’agit de gestes «réflexes» qui nous permettent d'interagir avec nous-mêmes et les autres Un geste régulateur de notre état d’esprit La gestuelle des mains est en effet par excellence le reflet de notre inconscient et de notre état d’esprit : 70 à 80

La main est devenue cet ami intime qui vous veut du mal par les temps actuels. Face à la pandémie du COVID-19, les recommandations de l’OMS sont claires : ne plus se toucher le visage, les zones des yeux, du nez et de la bouche étant les portes d’entrée du virus ; ou plus exactement ne pas le faire quand nos mains sont dans le voisinage d’autres personnes ou ont été au contact d’objets et de surfaces potentiellement contaminés et tant que nous ne les avons pas lavés méticuleusement après. Ce lavage permettrait de diminuer la contagion de 30 à 50%.
Cette recommandation apparaît plus facile à dire qu'à faire, tant ce réflexe est ancré en nous et que dans les faits, il est quasiment impossible de ne pas porter ses doigts à son visage. Il s’agit de gestes «réflexes» qui nous permettent d'interagir avec nous-mêmes et les autres
Un geste régulateur de notre état d’esprit
La gestuelle des mains est en effet par excellence le reflet de notre inconscient et de notre état d’esprit : 70 à 80

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques

الجمعية المغربية ألمراض المناعة الذاتية والجهازية

Coronavirus: comment arrêter de se toucher le

visage ?

Se toucher le visage, un geste réflexe à oublier dans les

situations potentielles de contamination face au Covid-19

La main est devenue cet ami intime qui vous veut du mal par les

temps actuels. Face à la pandémie du COVID-19, les

recommandations de l’OMS sont claires : ne plus se toucher le

visage, les zones des yeux, du nez et de la bouche étant les

portes d’entrée du virus ; ou plus exactement ne pas le faire

quand nos mains sont dans le voisinage d’autres personnes ou

ont été au contact d’objets et de surfaces potentiellement

contaminés et tant que nous ne les avons pas lavés

méticuleusement après. Ce lavage permettrait de diminuer la

contagion de 30 à 50%.

Cette recommandation apparaît plus facile à dire qu'à faire, tant

ce réflexe est ancré en nous et que dans les faits, il est


quasiment impossible de ne pas porter ses doigts à son visage.

Il s’agit de gestes «réflexes» qui nous permettent

d'interagir avec nous-mêmes et les autres

Un geste régulateur de notre état d’esprit

La gestuelle des mains est en effet par excellence le reflet de

notre inconscient et de notre état d’esprit : 70 à 80% des aires

cérébrales du cerveau sont d’ailleurs en lien avec ces deux

organes.

Ce geste de se toucher (une micro-démangeaison le plus

souvent) est le meilleur révélateur de notre état interne car il

permet de réguler les émotions et d’évacuer les tensions. On a

tendance à augmenter sa fréquence pour de multiples

raisons lorsqu’on est anxieux, gêné ou stressé mais aussi

lorsqu’on s’ennuie. On l’accomplit aussi quand on ne ressent

rien de particulier. Tout cela, sans que nous nous en rendions

compte, la plupart du temps.

Ce phénomène est même « archaïque », venant de la nuit des

temps et avant même la naissance : en 2013, des chercheurs

britanniques ont découvert que les fœtus portent déjà la main à

leur visage pour développer leur sens du toucher et également

lorsque leur mère est dans une situation d’anxiété.

Une fois toutes les 2min30 en moyenne !

Ce mouvement est beaucoup plus fréquent qu’on ne le croit

souvent. Une étude australienne en 2015 (confortée par une

étude japonaise en 2019), réalisée sur un groupe de vingt-six

étudiants, montrait qu’ils se touchaient, en moyenne, vingt-trois

fois par heure, soit environ une fois toutes les 2min30. 44 % de

ces contacts impliquaient une muqueuse (yeux, nez et bouche)

et 56 % des zones non muqueuses. Parmi les contacts avec les


muqueuses, 36 % concernaient la bouche, 31 % le nez, 27 %

les yeux et 6 % une combinaison de ces trois zones.

Cette fréquence est très variable selon individus, certains se

touchant machinalement jusqu’à… « trois mille fois par jour »,

indiquaient les agences régionales de santé françaises (ARS)

dans un communiqué de novembre 2017 portant sur les gestes

barrières pour se protéger du virus de la grippe.

Un changement de nos habitudes

Les experts du comportement expliquent souvent qu’il est

nécessaire d’abord de prendre conscience des situations dans

lesquelles nous portons nos mains à notre visage (fatigue,

stress, ennui …) pour pouvoir se défaire ensuite de ce geste,

intempestif actuellement surtout quand il est compulsif.

Cette prise de conscience ne suffit pas à le faire disparaître la

plupart du temps. Si les habitudes mettent des années à

s’implanter, il est vain de vouloir les arrêter d’un seul coup

(surtout, quand on sait que les maghrébins sont par nature

plutôt tactiles). Il vaut mieux prévoir d’en venir à bout avec le

temps en essayant de réduire progressivement ce réflexe de

cinq à deux ou trois fois par heure par exemple jusqu’à parvenir

à le maîtriser complètement.

Il faut parallèlement développer de nouvelles habitudes de

substitution, proches autant que possible des anciennes, mais

sans risque. Se toucher l'arrière de la tête, plus éloignée des

muqueuses, est par exemple une nouvelle attitude

excellente.

Lorsqu’on ressent le désir de se démanger, on peut aussi par

exemple serrer les poings, s’asseoir sur ses mains, appuyer

ses paumes sur ses cuisses ou étirer les bras le long de son

corps.


Certaines sources recommandent également la manipulation

d’objets, qui permet d’occuper ses mains autrement : on peut

ainsi se frotter le bout des doigts, tripoter un stylo ou presser

une balle. Pour les personnes qui ont des habitudes tenaces,

cette manipulation d’objets n’est pas aussi efficace que les

gestes alternatifs (comme se gratter la tête) : certains peuvent

en effet avoir tendance à la fois à jouer avec des objets par

ennui et à porter la main au visage et/ou aux cheveux en cas

de stress.

On le voit et on le sait, ce n’est pas simple de changer ses

habitudes ! Il ne faut pas non plus verser dans la peur

obsessionnelle de ce que l'on peut toucher ! Ce n'est pas la

fin du monde que d’effectuer ce mouvement si on observe bien

les autres gestes barrière.

Casablanca, le 26 avril 2020

الدكتورة خديجة موسيار Dr MOUSSAYER KHADIJA

Spécialiste en médecine اختصاصية في الطب الباطني و أمراض الشيخوخة

interne et en Gériatrie, Présidente de l’Alliance des Maladies

Rares au Maroc (AMRM)

رئيسة ائتالف األمراض النادرة المغرب

Présidente de l’association marocaine des maladies auto-

رئيسة الجمعية المغربية ألمراض (AMMAIS) immunes et systémiques

المناعة الذاتية و والجهازية

Bibliographie utile

- Les gestes barrières : éviter de se toucher le visage ARS

novembre 2017

https://www.ars.sante.fr/les-gestes-barrieres-eviter-de-setoucher-le-visage

- Yen Lee Angela Kwok, Jan Gralton, Mary-Louise McLaws -

Face touching: A frequent habit that has implications for hand

hygiene - American Journal of Infection Control, February 1,

2015 - https://doi.org/10.1016/j.ajic.2014.10.015


https://www.ajicjournal.org/article/S0196-6553(14)01281-

4/fulltext

-Kentaro Morita and al -Measurement of Face-touching

Frequency in a Simulated Train- Ecosciences 13 August

2019 https://doi.org/10.1051/e3sconf/201911102027

https://www.e3s

conferences.org/articles/e3sconf/abs/2019/37/e3sconf_clima20

19_02027/e3sconf_clima2019_02027.html

- Nadja Reissland and al - Babies learn to anticipate touch in

the womb - 8 October 2013

https://www.dur.ac.uk/news/newsitem/?itemno=18810%20

- Nadja Reissland Laterality of foetal self-touch in relation to

maternal stress -Laterality Published online: 03 Jun 2014

https://doi.org/10.1080/1357650X.2014.920339

https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/1357650X.2014.9

20339?journalCode=plat20

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!