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<strong>Galerie</strong> <strong>de</strong> <strong>portraits</strong><br />
Protée<br />
Capable <strong>de</strong> modifier sa forme à volonté, d'aspect, d'apparence, doté du don <strong>de</strong> la prophétie ;<br />
riche d'un éventail <strong>de</strong> miraculeuses prédispositions, pouvant mener, pour les amadouer, les<br />
louer d'une sorte <strong>de</strong> viager, à s'accoquiner avec les puissances infernales.<br />
Polymorphe et prophète, pouvoir <strong>de</strong> se métamorphoser et <strong>de</strong> diviniser, <strong>de</strong>ux facultés<br />
maîtresses qu'implore le poète démuni.<br />
Qu'il fut fils <strong>de</strong> Téthys et Poséidon, dont il gardait, pâtre antique, les troupeaux <strong>de</strong> phoques<br />
et les autres animaux marins, ou roi <strong>de</strong> Memphis ; qu'il vécut aux fins fonds <strong>de</strong>s océans ou<br />
sur une île, la grecque Karpathas ou l'égyptienne Pharos où Euripi<strong>de</strong> lui érigea un tombeau,<br />
qu'importe.<br />
Qu'il remplaçât Hélène par un fantôme pour l'adultérine fuite avec Pâris vers Troie lors<br />
qu'elle était cachée dans une caverne jusqu'à ce que Ménélas, l'époux légitime, vint la<br />
reprendre, ou qu'il permit à Aristote <strong>de</strong> découvrir l'apiculture en sauvant les abeilles –<br />
jusqu'alors on pensait que le miel tombait du ciel à l'instar <strong>de</strong> la rosée – et à Virgile un<br />
épiso<strong>de</strong>, pas <strong>de</strong>s moindres, <strong>de</strong>s Géorgiques, qu'importe.<br />
L'essentiel c'est qu'il ne fut jamais capturé, échappant constamment aux mortels désireux <strong>de</strong><br />
connaître l'avenir. Pour ce faire, il endossait <strong>de</strong> multiples tournures, se changeant en eau, en<br />
flamme, en arbre, en bêtes sauvages – lion, serpent, sanglier, panthère, léopard... – aptitu<strong>de</strong><br />
dont tout poète rêve.<br />
Dans l'Odyssée, Protée dit à Ménélas : « Fils d'Atrée, à quoi bon m'interroger ainsi ? Mieux<br />
vaudrait ignorer, me laisser mon secret. »<br />
Les Muses<br />
« Ô Muse, conte-moi, l'aventure <strong>de</strong> l'inventif. » (Odyssée)<br />
Que n'a-t-on prétendu, mes divines, sur vos faits et gestes, vos fêtes, vos amours ? Le<br />
pouvoir fantasmatique est une mesure fiable <strong>de</strong> l'attraction suscitée.<br />
Vous subjuguez !<br />
L'histoire, les doctes et les savants, sans cesse occupés à couper les cheveux en quatre, les<br />
épis en pi, même si un chauve est l'objet <strong>de</strong> leurs ciseaux, ont dissocié vos dons, saucissonné<br />
vos prérogatives ; pourtant ne lit-on pas que Mnémosyne, la Titani<strong>de</strong> Mémoire, enfanta – <strong>de</strong><br />
neuf nuits d'amour effrénées avec Zeus – neuf filles au cœur pareil, ayant en leur poitrine le<br />
seul souci du chant.
Vous êtes sœurs, siamoises <strong>de</strong>s Arts, jumelles <strong>de</strong> la vocation, déesses maîtresses <strong>de</strong>s<br />
créateurs, quelles amantes <strong>de</strong> draps fûtes-vous ?<br />
L'art en femme mes flammes du feu sacré.<br />
Hésio<strong>de</strong>, l'aîné <strong>de</strong>s Aînés, profita industrieusement <strong>de</strong> votre éducation, leçons et bons<br />
conseils. Il savait vous réunir en cet indissociable chœur sans attributions distinctes.<br />
La lyre en symbole du délire créatif.<br />
Voir, entendre, lire, ressentir...<br />
Calliope, Clio, Erato, Euterpe, Terpsichore, Melpomène, Thalie, Polymnie, Uranie, je vous<br />
chéris, mes belles initiatrices du beau, mes ailées <strong>de</strong> l'élan.<br />
Mes Bénies, j'imagine vos danses aux Fêtes d’Olympe qu’Apollon présidait dieu <strong>de</strong> la<br />
Musique et <strong>de</strong>s Arts.<br />
La Musique et les Arts...<br />
Le Chant...<br />
Puisque, selon votre bon plaisir, vous accor<strong>de</strong>z la voyance – même par intermittence – je<br />
vous <strong>de</strong>ssine ici coiffées d'une couronne <strong>de</strong> plumes, tribut arraché aux maléfiques Sirènes<br />
déchues d'avoir – vain défi – cru pouvoir vous vaincre au chant.<br />
Le Chant...<br />
Muses, mères d’inspiration, Ô nourricières, j'ai si faim et je suis là, pantelant.<br />
La Musique et les Arts...<br />
Le Chant…<br />
David<br />
Homme<br />
En lui-même<br />
Poète-prophète<br />
Guerrier aussi<br />
Un peu la même chose<br />
David
Et son contraire<br />
Les armes et les blessures différent<br />
Roi<br />
David<br />
Graveur du tétragramme<br />
Avi<strong>de</strong> du don divin<br />
Tu recevais les chants d’une lyrique sacrée<br />
Les mots d’amour<br />
Ceux du pardon et du conforme<br />
Les psaumes<br />
Paumes d’homme ouvertes<br />
David<br />
À la table<br />
L’attente <strong>de</strong> la voix<br />
La voie<br />
L’entendue <strong>de</strong> l’étendue <strong>de</strong>s notes du chant<br />
David<br />
Poète <strong>de</strong> Dieu<br />
Selon Son cœur<br />
Chef <strong>de</strong> chœur<br />
Les hymnes louanges
La poésie <strong>de</strong>s anges<br />
David<br />
Homme <strong>de</strong> la rencontre<br />
Selon<br />
Tel en lui-même<br />
Sappho<br />
La lyre rageusement fracassée git sur le carrelage<br />
L’île frisonne<br />
L’amour est mort, bois sec, charme vaincu<br />
La poésie n’est d’aucun secours<br />
Meurtre passionnel. L’amour <strong>de</strong>s rimes n’y suffit plus<br />
L’élu du cœur insensible<br />
L’antique attique s’enguerre<br />
Les armes langagent le présent<br />
Avenir <strong>de</strong> sang et <strong>de</strong> larmes<br />
Écrire sans lui<br />
L’insupportable absence<br />
Le corps <strong>de</strong> Sappho fend l’air<br />
La falaise frémie au ressenti du saut<br />
L’impassible mer l’attend.
Simoni<strong>de</strong> <strong>de</strong> Céos<br />
Manteau, chaussures, déposés à l’entrée, Simoni<strong>de</strong>, maître d’Illusion entre en toge,<br />
s’allonger à sa place assignée. Lorsque son tour vient, après jongleurs, danseuses et autres<br />
citharistes, Scopas, son hôte, d’un petit signe <strong>de</strong> la main, l’enjoint à déclamer. Simoni<strong>de</strong>,<br />
premier poète à exiger une rémunération pour composer, entonne alors une o<strong>de</strong> lyrique en<br />
l’honneur <strong>de</strong> Scopas à l’intérieur duquel il glisse un passage glorifiant Castor et Pollux.<br />
Aux applaudissements <strong>de</strong>s convives, Scopas averti l’hagiographe qu’il le rétribuera <strong>de</strong> la<br />
moitié <strong>de</strong> la somme convenue, lui conseillant <strong>de</strong> solliciter le sol<strong>de</strong> auprès <strong>de</strong>s dieux jumeaux<br />
célébrés dans son panégyrique. Ses hymnes et épinicies étaient fort appréciées, mais <strong>de</strong>s<br />
personnages <strong>de</strong> premier rang le battaient froid <strong>de</strong> cette inédite contrainte à payer pour.<br />
Chafouin, Simoni<strong>de</strong> se tait. Plus tard dans le banquet, les libations se succédant, un esclave<br />
l’avertit qu’on le man<strong>de</strong>. Deux jeunes gens désireux <strong>de</strong> lui parler l’atten<strong>de</strong>nt aux portes.<br />
Dans l’espoir d’une comman<strong>de</strong>, il s’empresse. Las, <strong>de</strong>hors, personne. Il marche quelques pas<br />
dans le parc espérant que ses solliciteurs profitent <strong>de</strong>s abords arborés pour flâner tant le<br />
fond <strong>de</strong> l’air est doux.<br />
Soudain, <strong>de</strong>rrière lui, un gigantesque fracas le fait sursauter. La <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> Scopas est en<br />
ruine, effacée <strong>de</strong>rrière un épais ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> fumée âcre. Le toit <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> banquet vient <strong>de</strong><br />
s’écrouler sur les noceurs. Dans les décombres, la plupart <strong>de</strong>s victimes seront ini<strong>de</strong>ntifiables.<br />
Atterrées, les familles en quête du corps chéri d’un parent sont désemparées <strong>de</strong>vant les<br />
cadavres si horriblement mutilés.<br />
C’est grâce à Simoni<strong>de</strong> le survivant miraculé qu’elles y parviendront. Il leur indiquera la place<br />
qu’occupait tel ou tel lorsqu’il les quitta, quelques secon<strong>de</strong>s avant le drame. On le remercie,<br />
le louant <strong>de</strong> ce soulagement permettant les funérailles.<br />
Il en sera d’ailleurs triplement payé. Premier salaire : la vie sauve grâce à l’intercession <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux dieux invisibles l’extirpant hors du banquet avant l’effondrement du toit. Second<br />
salaire : la reconnaissance <strong>de</strong> nombreuses hautes familles <strong>de</strong> la cité qui lui vaudront par suite<br />
forces comman<strong>de</strong>s. Troisième salaire : la prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> forger une technique<br />
capable d’armer l’esprit d’une acuité mémorielle vive d’où découlera l’invention <strong>de</strong> la<br />
mnémotechnie.<br />
L’on dira, écrira, méditera, glosera beaucoup sur Simoni<strong>de</strong>… Il faut dire qu’un poème payé la<br />
moitié <strong>de</strong> son prix qui rétribue finalement trois fois <strong>de</strong> richesses essentielles, n’est pas donné<br />
à toute plume, fût-elle à l’origine <strong>de</strong> nouvelles lettres à l’alphabet enrichissant la palette <strong>de</strong>s<br />
notations écrites.<br />
Pour la plupart, nos poèmes ne seront jamais payés du moindre sou, si ce n’est, pour une<br />
minuscule partie, d’une postérité à laquelle, sans la connaître jamais, nous pouvons<br />
reprocher sa venue tardive pour fleurir nos tombes lors que nous eûmes, en notre temps,<br />
tant besoin <strong>de</strong> garnir nos tables.
Le poète maudit<br />
Un mauvais vent, compère froid, commère pluie, griffent <strong>de</strong> gerçures le visage du marcheur<br />
s’immisçant sous ses maigres guenilles jusque la peau, proie <strong>de</strong> prédilection pour les<br />
morsures <strong>de</strong>s éléments re<strong>de</strong>vables <strong>de</strong> rien à personne.<br />
Il va, son malheur en bandoulière, par le lacis noir <strong>de</strong>s ruelles désertes vers les quartiers<br />
rebuts retrouver sa grise soupente <strong>de</strong>s combles aux vieilles tuiles déchaussées sous un toit<br />
d'immeuble éprouvé.<br />
Mains dans les poches percées d'un vieux froc élimé, pieds trempés <strong>de</strong> godillots troués,<br />
l'estomac aux talons – la vache enragée est une pitance peu nourrissante – la tête<br />
enflammée d'une vilaine fièvre, grelottant, le réprouvé ne songe, au prix <strong>de</strong> sa santé, qu'à<br />
préserver <strong>de</strong>s dégoulina<strong>de</strong>s pluvieuses un petit carnet tenu serré contre sa cuisse gauche. En<br />
l'enfance fleurie il contenait <strong>de</strong>s rêveries, à l'adulte meurtri c’est une litanie <strong>de</strong> cauchemars.<br />
Il se souvient : en contrebas <strong>de</strong> la maison, dans la prairie, il s'extasiait aux promesses <strong>de</strong>s<br />
fleurs papillonnées, <strong>de</strong>s chapeaux champignons chapiteaux <strong>de</strong> gnomes, chants d'oiseaux aux<br />
cimes majestueuses d’arbres cabanes, petits animaux sautillant, vol air libre libellule, les<br />
gouters pain d’épices, les livres <strong>de</strong> conte...<br />
Les plantes ont viré carnivores, amanites vénéneuses, les oiseaux mauvais augure, les<br />
branches <strong>de</strong>s gibets, sur le règne animal règnent les factions <strong>de</strong> cafards, blattes, mites et<br />
poux. Ses sensations du mon<strong>de</strong> ont noirci, mythes oxydés <strong>de</strong>nts cariées aux rages d’infinies<br />
douleurs, au fur à mesure qu'il démêle la pelote du réel révélé par l'entremise suspecte <strong>de</strong>s<br />
mots. Et les livres…<br />
C'est une chose <strong>de</strong> voir sous la crasse le factice <strong>de</strong>s faux ongles peints, une autre cette<br />
incapacité à s'empêcher d'écrire cette vision, <strong>de</strong> lâcher ses <strong>de</strong>rnières pièces aux arrhes<br />
usurières d'un imprimeur <strong>de</strong> tracts qu'il consente une plaquette d'à peine sa trentaine <strong>de</strong><br />
feuilles.<br />
La plupart <strong>de</strong> ces natures taciturnes se sacrifiant aux révélations, recevant salaire d’une<br />
musculeuse volée <strong>de</strong> bois vert et, en guise <strong>de</strong> logement <strong>de</strong> fonction, une turne <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières<br />
bauges à coupe-gorge, dénégations, dénonciations, quolibets. Par quelle malédiction, ces<br />
êtres indispensables, sont-ils frappés, pauvres réprouvés, sensibilité fleur <strong>de</strong> peau, pour ainsi<br />
se saboter la vie à dénouer les pelotes ?<br />
Demain, épuisé, affamé, il sillonnera la ville sans relâche, <strong>de</strong> librairie en librairie, proposer un<br />
dépôt à 50% <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois exemplaires du recueil. Une acceptera, lui avançant trois sous,<br />
<strong>de</strong>ux d'accord pour le dépôt-vente ; les autres argueront un sincère regret mais, manque <strong>de</strong><br />
place, ouh la la les offices, ouh la pression <strong>de</strong>s distributeurs... Sortant, les bouquins qu'il<br />
verra trôner en vitrine lui flanqueront un nouveau sale coup <strong>de</strong> gourdin sur la tronche. Une<br />
vilaine envie <strong>de</strong> meurtre...
Dans quelques jours, au terme convenu, l'imprimeur refusera <strong>de</strong> lui remettre le reliquat <strong>de</strong>s<br />
exemplaires du tirage initial puisqu'il ne pourra s'acquitter du sol<strong>de</strong> dû. Une vilaine envie <strong>de</strong><br />
meurtre...<br />
Il repartira se faire choper par la gendarmeute pour un vol <strong>de</strong> jambon à la tire, croupira sa<br />
semaine dans une cellule où l'eau fraîche et le pain lui seront festin ducal. Lorsqu'il aura<br />
purgé sa peine (ne pourra refréner un rire <strong>de</strong> fou lorsque l’obèse juge prononcera ses<br />
paroles inouïes, lui valant une petite rallonge carcérale pour outrage à magistrat), il sortira,<br />
non sans une nouvelle leçon <strong>de</strong> morale d'un joufflu <strong>de</strong> service, qu'il ferait mille fois mieux<br />
d'occuper ses jeunes années à <strong>de</strong>s choses sérieuses telles, en premier lieu, d’apprendre un<br />
métier d'avenir, plutôt que <strong>de</strong> se marteler la tête à griffonner on ne sait quelle<br />
incompréhensible ineptie.<br />
Haussement d'épaules et... Une vilaine envie <strong>de</strong> meurtre !<br />
Du poète en poète<br />
Autoportrait<br />
Flagrant délit En situation d’écriture Vibrant Navrant délire<br />
Poète (d’)écrivant Vivant Symbole lyre Dérivant Vent <strong>de</strong>bout<br />
Les vents <strong>de</strong> la vie poursuivant l’air entêtant entendu, c’était avant, aux temps <strong>de</strong>s promesses,<br />
<strong>de</strong>s prophéties. À présent, vaisseau immobile, sans <strong>de</strong>stination, tournant sur lui-même, sotte<br />
toupie, d’un éternel retour, le futur du poète décline ses aventures remisées d’un vouloir <strong>de</strong><br />
redire, mais sa mémoire cale sèche. Sans décompter ses sautes d’humeur.<br />
Le poète à l’écrit Au cri Station assis Au corps Agissant<br />
Pourquoi ? Outil aux doigts Baguette magique<br />
Mine, stylo plume, crayon, feutre, tragique, selon le cas, le tracas, le fracas<br />
Agitateur d’encres<br />
Si le mime n’a pas bonne mine il se grime. Les spectateurs n’ont pas à supporter son visage<br />
ravagé par la grippe ou ce chagrin d’amour. C’est <strong>de</strong> son personnage que le public veut rire ou<br />
pleurer. L’acteur n’est qu’un vecteur. Poète i<strong>de</strong>m <strong>de</strong>s poèmes (dé)livrés.<br />
La tête gorgée d’images à l’arrière <strong>de</strong>s yeux suivant d’imprévisibles itinéraires d’aléatoires<br />
trajectoires<br />
Quel est mon rôle ? Dois-je le l’apprendre par cœur ? Le prendre par le cœur<br />
Puis, face à soi Termes morts avant terme Des masses <strong>de</strong> mots à démêle amassés là<br />
pêle-mêle Depuis la nuit du temps Faire vite ! Un indispensable bagage technique
Se hâter ! Un schéma tactique, genre plan Avant que la pelle <strong>de</strong> l’immanquable oubli ne<br />
les ramasse à terre pour les basculer dans la benne d’un néant immature Avant que ne les<br />
épelle un récitant bègue A quel âge doit-on faucher l’ivraie ?<br />
6 h 18 Poète à l’acte Passage là-bas, l’insituable ailleurs<br />
7 h 02 Vers, en vers, pacte vision message, union morganatique Une restitution<br />
7 h 53 Le massage du langage Poésie kinésithérapeute À chacun sa table<br />
Un pétrissage Poète potier<br />
8 h 07 Alarme ! Le message d’une <strong>de</strong>stitution point. À chacun son tour<br />
Brouillard tenace ce matin Les langues nagent dans l’océan tumultueux d’un esprit<br />
désemparé aux pensées éparées Les eaux délugent À rassembler d’urgence avant la<br />
noya<strong>de</strong> À assembler Bâtir l’arche est une démarche <strong>de</strong> patriarche « Oh, regar<strong>de</strong> le<br />
superbe arc-en-ciel ! » Héraut mon héros ! Poète en désordre <strong>de</strong> bataille<br />
L’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’hébétu<strong>de</strong> Entreprendre sans comprendre Dépendre <strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong><br />
Auteur <strong>de</strong> vue Attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> guerrier Sa part au combat Samouraï <strong>de</strong> papier<br />
Relever le défi Apprendre à se battre Se débattre Même sans maîtrise<br />
9 h 45 Jeter ses forces dans l’inconnu Aller jusque-là où rendre les armes est triomphe<br />
Se rendre Nulle traîtrise La gageure du rythme Aller vers Est-ce l’être ?<br />
Est-ce être qu’être là, en être là à cette heure <strong>de</strong> la vie (10 h 17) ?<br />
Le poète peint Dépeint La pendaison Villon Dépend <strong>de</strong> tant d’éléments<br />
Mentir avec sincérité<br />
Alibi et les 40 fabulateurs J’entends le chant du vent<br />
Mériter la vérité Utopie Miser sur la sincérité Vœu pieu<br />
Quelles alternatives aux alternances ? Entrons dans la danse ! Hissons-nous sur la<br />
pointe <strong>de</strong>s pieds La pratique <strong>de</strong>s essences Sommer le silence d’évanouir ses odieux<br />
mensonges Ô Dieu ! Un tel silence !<br />
Ses complicités fourbes : la science, les impostures, la soumission <strong>de</strong>s fats, la peste <strong>de</strong>s<br />
poncifs, l’austère logorrhée <strong>de</strong>s avocats du diable, le démon <strong>de</strong> la possession, les pleutres, les<br />
insensibles suceurs <strong>de</strong> sang, les bâtards, les avatars, les avortons et leurs semblables.<br />
Poète au sacrifice La rage en écho S’offrir en gage Ta peau en écot<br />
La rançon <strong>de</strong> la honte Manque <strong>de</strong> pot Le zéro ! On ponte On perd.<br />
Jeu pervers. Je crapuleux. Deuil <strong>de</strong> mauvaise fortune
Maçon au mur <strong>de</strong>s pieds L’oblation pour permettre aux mots une présence Permettre les<br />
mots Admettre La hantise du rejet <strong>de</strong> la greffe<br />
Il pleut Ciel bas Ciel gris 10 h 52 Chaque mot l’ablation d’une idée<br />
pour qu’une image naisse L’ovulation L’oblation L’ovation<br />
Les remè<strong>de</strong>s miracles Le vin et Lazare Poète au lazaret <strong>de</strong>s mots en quarantaine<br />
Autoportrait du poète attiré par une proximité Une intimité occupée tube<br />
<strong>de</strong> sang d’encre en main à tirer sur sa chaîne <strong>de</strong>s nuits entières sur sa chair Dessin Au<br />
sculpte d’un culte Esquisse Chapelet <strong>de</strong> détails esquissant la silhouette d’une absence<br />
<strong>de</strong> la matière S’ouvrir aux largeurs sans limites<br />
Déjà 11 et quart S’évaser S’éva<strong>de</strong>r à souffrir <strong>de</strong> liberté Sortir <strong>de</strong> la valse macabre<br />
<strong>de</strong>s évi<strong>de</strong>nces évidées S’extirper <strong>de</strong> la vase menace <strong>de</strong>s vérités avi<strong>de</strong>s Plonger les yeux<br />
dans ce feu matérialisé par <strong>de</strong>s flammes défendues femme à la robe fendue Fruits défendus<br />
Port <strong>de</strong> tête Autoportrait du poète Portant sa charge en T Fer <strong>de</strong><br />
lance <strong>de</strong> l’enfer Sur le bois <strong>de</strong> laquelle s’incisent par paires, <strong>de</strong>s trois, <strong>de</strong>s cinq, <strong>de</strong>s sept et<br />
<strong>de</strong>s neuf Poids du faix hanté Une <strong>de</strong>scription Prescription Mise à nu Face à soi<br />
Transcription Derrière l’œil les os du crâne face à face Transgression<br />
Deux malgré soi Seul à seul Oppression Sans fard ni artifice Le feu unique<br />
obsession.<br />
Autoportrait Moi Tunique Moitié soi, mi l’autre Portrait bon aloi Poète hors la loi<br />
Or, ainsi que l’écrit l’épitreux Entre larron et apôtre<br />
Autoportrait du poète en vase clos<br />
Envasé dans les bourbes <strong>de</strong> la panne en brûlures<br />
La force du feu, du fer, du faire Ecrire la volonté <strong>de</strong>s brasiers, <strong>de</strong>s aciers et <strong>de</strong>s<br />
verbes volants Autoportrait du poète Loin De se sentir Mentir Midi sonne au<br />
carillon <strong>de</strong> l’église Incapable décrire Verbe<br />
Sourcier l’eau apaisante Douce clémence d’éléments Baume <strong>de</strong> sorcier<br />
Autoportrait du poète en quête <strong>de</strong> poésie Rouge Du sang Bleues Veines Noirs<br />
Des coups <strong>de</strong> sang Gris Jours <strong>de</strong> déveine Blanches Coupures, estafila<strong>de</strong>s, lar<strong>de</strong>s<br />
Alarme blanche Possibilité <strong>de</strong> la blessure De la morsure Chuchotements Au<br />
bord <strong>de</strong>s lèvres Rives d’un fleuve vif Te procurer<br />
Autoportrait d’un architexte Manœuvre œuvrant Constructeur d’ouvrages. Instruire la<br />
matière du son Définir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stins d’édifices Des palais pour nos filles Initier les<br />
substrats La pluie roule Tracer les plans au té Surface plane Substance<br />
<strong>Galerie</strong> d’auto<strong>portraits</strong> du poète en interprète<br />
Cible Langues inaccessibles D’autres époques Temps d’ailleurs
Minutes criblées <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>s noces Différentes postures Couleurs <strong>de</strong> chevelures<br />
D’équivoques évocations La vocation ? Qu’est-ce ? Les traits se ri<strong>de</strong>nt Les<br />
heures défilent <strong>de</strong>vant le mausolée <strong>de</strong> la jeunesse Filent d’allure imperturbable<br />
Peintures <strong>de</strong> soi Automne après-midi Ciel gris Ciel bas À toucher du doigt<br />
Un peu froid Charger l’âtre <strong>de</strong> bois<br />
Des toiles au mur Étoiles d’un ciel vertical La mer jalousera<br />
Autoportrait du poète en usurpateur Un visage à la séduction Un mon<strong>de</strong> en réduction<br />
Une mission L’autre jour, en ville, vu un <strong>de</strong> mes livres dans les bacs en bois pour<br />
sol<strong>de</strong>s d’un bouquiniste L’effroi… Poète décrié <strong>de</strong>s mots<br />
Écrire décrire l’être en écriture Trahis par les chiens Cabots aboyant sur les caravanes <strong>de</strong>s<br />
langages noma<strong>de</strong>s Les possibles s’arc-boutent à tenir leur position Les tentations sont<br />
farouches<br />
La simplicité alliée et ennemie De quelle loi une nécessité Le droit du sens La<br />
complexité <strong>de</strong>s sœurs <strong>de</strong> lais Siamoises nourries d’un lait <strong>de</strong> dépit Le rythme et le débit<br />
Polir la fluidité Miroir fou Tain tain Ceinture Le poète se reflète dans le bain à<br />
facette d’un mensonge f(l)ou<br />
Attention les pieux ! Les blasphèmes pullulent Faux mystiques aux piqures sans<br />
rappel Histoire <strong>de</strong> te faire avaler la pilule L’appel d’un prophète travesti Conduit les<br />
fidèles vers la falaise<br />
Autoportrait Un instantané Résumé à l’instant T Au(x) temps <strong>de</strong>s apartés<br />
À part soi quoi ? Qui ? Quand viendra l’heure <strong>de</strong> l’énigme ?<br />
Les mots camp <strong>de</strong> base Une éclaircie Autoportrait d’un artiste exécuté<br />
s’aime d’une haine délicate !<br />
Comme il<br />
Suici<strong>de</strong> poétique Tué Tu n’es plus Assassiné<br />
Crime contre l’esprit Rien n’est sans prix au procès <strong>de</strong>s proscrits<br />
Crime contre l’écrit<br />
Autoportrait du poète abattu<br />
M<br />
O<br />
I<br />
AUTOPORTRAIT ?
Fatal résultat final<br />
Résultant d’un étrange échange avec la <strong>de</strong>stitution d’une restitution<br />
Sensationnelle sensation La réconforter sans lui mentir La conforter sans se trahir<br />
Lui proposer <strong>de</strong> s’écrire Autoportrait du poète en intermédiaire La vengeance du vent<br />
Les joues fraiches Brouettée <strong>de</strong> bois Quelques pas Milieu d’après-midi<br />
L’autoportrait <strong>de</strong> l’autopsie d’une illusion Aucune comparaison possible La raison est<br />
un carcan Certaines folies, douces Autoportrait posthume du poète décédé<br />
Ecriture inerte Corps roi<strong>de</strong> Nos peaux nous quittent pour <strong>de</strong> nouveaux amants<br />
Autoportrait du poète en ange Le blasphème est monnaie courante Dis-moi quelle<br />
est ta peur Les damnés sont légions La région <strong>de</strong>s abîmes confère à l’âme un vertige<br />
<strong>de</strong> cime Autoportrait d’un vi<strong>de</strong> Nuit tombante