LUX 306 - L'art de la lumière en muséographie
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306
MARS
JUIN
2020
L’ART DE
LA LUMIÈRE EN
MUSÉOGRAPHIE
DÉAMBULATION
NOCTURNE
ALLÉES JEAN-JAURÈS
À MONTROUGE
DRIVERS LED :
TOUJOURS PLUS
DE CONNECTIVITÉ ET
DE FONCTIONNALITÉS
LA REVUE FRANCOPHONE DE L’ÉCLAIRAGE, DES ÉQUIPEMENTS CONNECTÉS ET DES SERVICES ASSOCIÉS
GROUPE RAGNI : Ragni | Ragni Lighting | Ragni IC | Novéa Energies
Concepteur et fabricant
français d’éclairage urbain
raccordé et autonome
French designer and manufacturer
of connected and autonomous
urban lighting systems
la revue
de l’éclairage
fondée en 1928 par Joseph Wetzel
LUX SOCIÉTÉ D’ÉDITION
ET DE FORMATION
17, rue de l’Amiral-Hamelin
75116 Paris
Association française
de l’éclairage
Président
Gaël Obein
Édition LUX
Directrice de la publication
Marie-Pierre Alexandre
mpalexandre@lux-editions.fr
Rédaction
VertBatim
BP 50033
78590 Noisy-le-Roi Cedex
Directeur éditorial
Jacques Darmon
jacques.darmon742@orange.fr
Secrétaire de rédaction
Lucie Cluzan
luciecluzan@gmail.com
Ont collaboré à ce numéro
Lucie Cluzan, Jean-Jacques Ezrati
et Pascale Renou
Directrice
marketing et développements
Sylvie Raimbault
sylvie.raimbault3@outlook.fr
Tél. 33 (0) 6 14 87 18 85
Gestion et administration
des ventes et paiements
des publicités et abonnements
B.E.C.
119, boulevard Jean-Jaurès
92100 Boulogne-Billancourt
Pierre-Henry Ruinart de Brimont
ph.ruinartdebrimont@bec-paris.com
Tél. 33 (0) 1 41 90 65 90
Conception visuelle
Antoine Maiffret
www.maiffret.net
Impression
Imprimerie de Champagne
Langres (52)
En couverture
Centre de la mer des Wadden à Ribe, Danemark.
Conception lumière : Fortheloveoflight,
Nikolaj Birkelund ; muséographie :
JAC Studios, Johan Carlsson
Photo © Georg Jagunov
Dépôt légal : à parution.
Il est interdit de reproduire tout ou partie
du présent magazine sans l’accord de l’éditeur.
Imprimé en France. ISSN 00247669
Aucun doute…
«
»
Mars-juin
2020
Aucun doute ! Le monde a changé d’un jour à l’autre. Après la crise sanitaire,
bon nombre d’experts s’accordent à dire que nous nous apprêtons à affronter,
durant 3 à 5 ans, une profonde récession, « la pire depuis les années trente »,
anticipe l’éditorialiste Nicolas Beytout, créateur du quotidien L’Opinion.
Aucun doute ! Comme l’écrivent David Menga et Xavier Dalloz, respectivement
ingénieur-chercheur et consultant spécialisé dans les nouvelles technologies,
allume
« le monde d’après sera innovant ou ne sera pas ! ». Il faudra s’adapter, faire plus,
à moindre coût, mais non à tout prix, de meilleure qualité, avec les mêmes
collectif
ressources, en repensant nos liens avec la biodiversité.
Le malheur apporte
de nouvelles
lumières
Jean-Baptiste Massillon
(1663-1742)
un
Aucun doute ! La crise nous fait « découvrir »
le niveau trop élevé des délocalisations
industrielles et les conséquences excessives
de la mondialisation… particulièrement
prégnantes en éclairage. « Nous devons tendre
vers une relocalisation des chaînes de valeur »,
plaide l’économiste-essayiste Nicolas Bouzou.
Aucun doute ! Il s’agit d’une lumineuse opportunité
pour la filière éclairage, deux raisons principales expliquent ce que d’aucuns
considéreront comme une illusion :
éclairé
- d’une part, l’être humain aura toujours besoin de lumière… et d’un juste
éclairage. En extérieur, pour sa sécurité la nuit venue, et en intérieur pour
bien voir quand le niveau d’éclairement n’est plus approprié aux usages.
Aussi, alors que beaucoup s’interrogent sur l’avenir des besoins et usages
qui les font produire et exercer, « la filière éclairage a toute la “vue” devant elle » ;
- d’autre part, son marché est potentiellement considérable. Dans
la construction et les infrastructures neuves mais, surtout, au niveau
de la rénovation, tant sont vieillissants les parcs intérieur et extérieur.
« D’autant plus, explique François Darsy, président de la commission AFE/SBA 1 ,
la rénovation de l’éclairage accélère la transition digitale du parc immobilier
et urbain ». Ce qui participe à la transition énergétique et à la meilleure qualité
des ambiances lumineuses… vecteur de bien-être s’appuyant sur les bienfaits
bien-être visueL protection de
de l’innovation. des usagers
L’environnement
nocturne
Les nouveLLes
réponses
des métiers
...il faut éclairer autrement des schémas caducs
de L’écLairage…
soLutions
énergétiquement
durabLes
instaLLations connectées
et interopérabLes Jacques Darmon,
directeur éditorial de la revue LUX
in
in
www.ragni.com
in
in
contact : sylvie raimbault – sylvie.raimbault3@outlook.fr
1. AFE : Association française de l’éclairage / SBA : Smart Buildings Alliance for Smart Cities.
la revue francophone de l’éclairage, des équipements connectés et des services associés
NUMÉRO 306 / SOMMAIRE
Mars-juin
2020
04
FLASH
04 Toplux SPX Lighting
06 Réglementation L’économie circulaire du luminaire
08 Retour de… Journées « Technique et Light » à Rabat, Maroc
09 Association Club des clients finaux de la LED
10 Brèves Design, art, architecture, rendez-vous…
14 Rencontre Gaël Obein, nouveau président de l’AFE
16
LUMIÈRES
CRÉATIVES
Échappée ornythologique
Scénographie lumineuse et installation visuelle
au Centre de la mer des Wadden au Danemark
18
LUMIÈRES
EXTÉRIEURES
Allées Jean-Jaurès à Montrouge
De nouveaux usages nocturnes
par l’Atelier Coup d’Éclat
21
DOSSIER
L’ART DE LA LUMIÈRE
EN MUSÉOGRAPHIE
De la préservation à l’exposition des œuvres
38
PERSPECTIVES
38 Connectivité et mobilité
Le LiFi prend son envol
40 Drivers Toujours
plus de connectivité
et de fonctionnalités
42
ON
AIME
Sélection SITEM 2019,
Euroshop, drivers
et derniers lancements
48 SECTEUR
Investir dans l’avenir
selon Delta Light
LUX 306 3
FLASH / TOPLUX
TOPLUX / FLASH
SPX Lighting expose
son savoir-faire muséographique
En 2016, Christian Paillard, riche d’une forte expérience en matière d’éclairage scénique, crée la
Sas Projets X (SPX Lighting), avec pour objectif le développement et la commercialisation de luminaires
extérieurs et intérieurs. Une année plus tard, il acquiert la marque Sylumis afin de fabriquer des projecteurs
muséographiques et architecturaux, sous l’appellation SPX Lighting (Sylumis by Projets X).
Luc Royer, ainsi que l’équipe commerciale et d’ingénierie, l’accompagnent dans ce nouvel élan.
DE LA MUSÉOGRAPHIE
AU SCÉNIQUE
Christian Paillard
préside deux
entreprises
spécialisées
en éclairage :
- d’une part,
la société Projets X
(SPX Lighting)
dédiée à l’éclairage
muséographique,
de la conception
à la réalisation,
en passant par la
mise en service et
la programmation.
Comptant un effectif
de sept personnes,
elle distribue
également les
solutions d’éclairage
architectural Anolis,
développées par
l’entreprise tchèque
Robe Lighting, et
celles du néerlandais
CLS ;
- d’autre part, la
société Alterlite qui,
avec un effectif de
huit personnes, est
spécialisée dans
l’achat/revente
d’éclairage scénique
et événementiel
(Robert Juliat,
ETC Lighting,
Robe Lighting, CLS,
Core Lighting…).
4 LUX 306
ujourd’hui, notre savoir-faire porte
«Asur l’offre de luminaires principalement
dédiés à la muséographie, fabriqués
dans nos propres ateliers » 1 , souligne Christian
Paillard, PDG de SPX Lighting, qui associe,
à une grande connaissance de l’éclairage
muséographique, « un savoir-faire reconnu
». Et de préciser que ce dernier repose
sur des compétences optiques, thermiques,
électroniques et mécaniques permettant le
développement de solutions innovantes.
DES MUSÉES NATIONAUX…
Tout d’abord, SPX Lighting s’est imposée dans
bon nombre de principaux musées nationaux.
En partenariat avec les principaux concepteurs
lumière, « nous entretenons d’étroites
relations avec les équipes techniques des établissements
», souligne Olivier Merle, chef du
marché muséographique. Et de citer, entre
autres, le Muséum d’histoire naturelle de Paris,
les musées du Louvre de Paris et de Lens,
le musée d’Orsay, le château de Versailles ou
encore le musée Jacquemart André…
… AUX MUSÉES INTERNATIONAUX
Ce savoir-faire s’exporte aussi dans des
grands musées tels que le Louvre d’Abu
Dhabi, le musée Mohammed VI de Rabat
au Maroc, la galerie Fire Station et le musée
Msheireb de Doha, le musée Boras Konstmuseum
en Suède… « Dans les pays concernés,
«
Un projecteur doit
»
se faire
oublier pour ne laisser
place qu’à la lumière.
des liens durables ont également été noués avec
des partenaires étrangers afin de distribuer
nos projecteurs et de répondre à une demande
grandissante des conservateurs de musées et
des concepteurs lumière », complète Séphora
Faucheux, export manager.
Pour la mise en lumière
de l’exposition « Rendezvous
à Paris : Picasso,
Chagall, Modigliani & Cie
(1900-1939) », au Louvre
Abu Dhabi, l’entreprise
dubaïote Hypsos a
installé des projecteurs
Syclop et Syclospot pour
mettre en valeur les
œuvres.
On ne triche pas avec les œuvres
« Modernité, durabilité et fiabilité ». Ce sont sur ces trois maîtres-mots que repose l’expertise
de SPX Lighting, développée en partenariat avec ses fournisseurs. « C’est ainsi que nos luminaires
répondent au cahier des charges des musées alliant mise en valeur, confort de visite et préservation
des œuvres », commente Luc Royer, directeur commercial, en expliquant l’apport de la technologie
LED à la muséographie.
Tous les luminaires disponibles sur le
marché ne sont pas destinés aux mêmes
applications. La durabilité en éclairage des
commerces, n’est pas celle attendue dans un
musée. La projection en nombre d’heures, ne
prenant pas en compte le flux maintenu ou
le taux de défaillance, expose à des déconvenues.
« Le diable se cache dans les détails
résumés en deux lettres L et B », illustre Luc
Royer : L pour le flux maintenu ; B pour le
taux de défaillance. « Par exemple, B50 annonce
50 % de défaillance à venir… On touche
ici à l’impact de la thermique d’une LED. »
FIDÉLITÉ DE LA LUMIÈRE
Un autre critère est à prendre en compte. Il
s’agit de la fidélité de la lumière. Certaines
LED présentent la capacité de saturer les
couleurs, donc de les dénaturer. Cette caractéristique
est notamment appréciée dans les
magasins puisqu’elle permet de rendre plus
attractives les couleurs des vêtements. Mais
un tableau doit-il paraître tel qu’il est ou plus
coloré que voulu par le peintre ?
La norme IES TM30-15 1 permet de caractériser
les LED en
VATAN À ISSOUDUN saturation (Rg) et en
Actuellement, fidélité (Rf). Idéalement
positionné à
SPX Lighting assure
le montage de ses 100 en (Rg), une valeur
supérieure ou
luminaires dans des
ateliers implantés inférieure dénaturera
les couleurs.
à Vatan (36) en
partenariat avec la Le coefficient (Rf),
société Siemel au qui remplace l’ancien
IRC (moyenne
niveau du montage
électronique. Fin 2020, de rendu des couleurs
sur 8 teintes
devrait être aménagée
une nouvelle unité de qui ne prenait pas
production, en cours en compte la teinte
de construction à rouge), est quant à lui
Issoudun (36), zone calculé sur 99 échantillons
de couleurs.
de la Limoise. « Nous
pourrons ainsi accroître SPX Lighting privilégie
la qualité de la
nos fabrications tout en
optimisant nos délais lumière, « car nous ne
de livraison », promet trichons pas avec les
Christian Paillard. œuvres ! », précisent
SPX Lighting a contribué à la réussite de l’exposition
« Les Trésors de l’Islam en Afrique, de Tombouctou à
Zanzibar », pour laquelle ont été fournis des projecteurs
Syclop, Mooveo et Jade Zoom, en partenariat avec
Electrimaroc. Organisée par l’Académie du Royaume du
Maroc, en collaboration avec l’Institut du Monde Arabe,
le ministère de la Culture et la Fondation nationale des
Musées, l’exposition s’est tenue cet hiver à Rabat, dans
le musée Mohammed VI et les galeries Bab Rouah et
Bab El Kébir (concepteur lumière, Gelatic ; BE, Le Pro).
Fabrice Hailler et Fabrice Hervault, ingénieurs
du bureau d’études de SPX Lighting, en ajoutant
faire spécialement fabriquer des LED
visant un (Rg) égal à 100 et un (Rf) supérieur
à 90. Par ailleurs, selon les ellipses de Macadam2,
plus l’ellipse est faible en taille, moins
les disparités de couleurs entre les LED sont
perceptibles. « Idéalement inférieur ou égal à
3 ellipses pour la muséographie, SPX Lighting
a choisi un tri plus fin à 2 », précise Luc Royer.
ATTENTION AU STRESS
THERMIQUE DE LA LED
Rappelons, enfin, que, depuis plusieurs années,
le phénomène de défaillance et de
changement involontaire de couleurs est
associé à la chaleur produite par la LED ellemême.
En effet, bien que n’émettant pas
d’infrarouge ni d’ultraviolet, une LED produit
de la chaleur qui est à l’origine de la perte
de rendement, donc de flux lumineux, avec,
pour conséquence, la dérive de la teinte de la
lumière. Ce phénomène, plus ou moins marqué,
est directement lié au stress thermique
subi par la LED. Suite page 6
1. IES, Illuminating Engineering Society. La norme TM 30-15
a été modifiée en octobre 2018 sous la référence TM 30-18.
2. Ou SDCM : Standard Deviation Colour Matching.
LUX 306 5
FLASH / TOPLUX
RÉGLEMENTATION / FLASH
Suite de la page 5
Des produits
à l’œuvre
En associant son expertise à celle des fournisseurs,
SPX Lighting a créé « la meilleure mini-découpe
du marché ». Associant qualité et fidélité de lumière,
à la durabilité au meilleur prix, 6 000 projecteurs
Syclop ont d’ores et déjà été installés dans les plus
grands musées nationaux et internationaux,
« avec un taux de retour quasi nul ! ». Mais l’offre
ne se limite pas à ce produit.
ous savons adapter l’existant et développer de nouveaux appa-
en travaillant en étroite collaboration avec les concepteurs
«Nreils,
lumière et les équipes techniques des musées nationaux et internationaux
», confie Luc Royer, directeur commercial. Ce qui permet de
leur apporter solutions et conseils, notamment au niveau de la gestion
optimale de la thermique des appareils. « Avec des radiateurs
surdimensionnés, nous nous assurons que les températures de fonctionnement
des LED se situent en dessous des températures nominales
préconisées par leurs fabricants. Nous pouvons ainsi réduire au maximum
ce désagrément », poursuit Christian Paillard. Le produit phare,
ayant d’abord bénéficié de cette approche, s’appelle le Syclop. Ce
projecteur à mini-découpe, de forte puissance lumineuse et faible
consommation, connaît un succès considérable, se félicite SPX Lighting
qui en a multiplié par deux les ventes d’année en année « tant
il répond aux besoins des musées ».
DE PROCHAINES NOUVEAUTÉS
Mais l’offre de SPX Lighting ne se repose pas uniquement sur le
succès du Syclop. Citons, également, les projecteurs sur rail Syclospot,
Ilyad, Infynis, Mooveo. Par ailleurs, le bureau d’études vient
d’acquérir de nouvelles versions des logiciels de conception et
d’optique pour assurer le développement de nouveaux produits.
Notamment le Lexys Zoom 15/60, également décliné en 15, 25
et 32° d’angle. Une version avec couteaux, focale fixe et porte de
filtres est à l’étude, toujours dans la même esthétique que le Syclop.
Par ailleurs, un luminaire spécifiquement adapté aux rayonnages
des bibliothèques de la BNF Richelieu est en cours de développement.
Baptisé Deltaline 1, ce système d’applique existera en deux
versions. L’un pour les rayonnages, l’autre pour l’éclairage architectural,
avec chaque luminaire intégré à l’intérieur d’une serrurerie
pour qu’elle soit masquée dans les dorures, tableaux, moulures…
À noter que la Deltaline 1 n’est pas seulement dédiée à la BNF.
En 2019, ce luminaire a été installé au musée du Louvre, à Paris,
pour l’éclairage des voûtes de la salle Apollon. Cette année, avec
le BE lyonnais Ingelux, un projet est à l’étude pour la salle des Caryatides.
Enfin, la conception d’un wall washer est envisagée en
fonction des échanges en cours. « Est imaginé un super produit »,
promet-on.
Tél. : 01 82 33 02 80
www.spx-lighting.com
LUMINAIRES
L’économie
circulaire
droit devant
Le sujet portant sur l’économie circulaire intrigue,
énerve, inquiète mais ne laisse pas indifférent.
De nouvelles réglementations, déjà votées, se
mettront en place progressivement. D’autres sont
en préparation, tant au plan Français qu’Européen.
« Bref, l’économie circulaire est en marche », explique
Jean-Marie Croué, délégué général du GIL – Syndicat
du luminaire, en faisant le point sur ce sujet.
Si de nombreux acteurs du marché de l’éclairage, fabricants et
utilisateurs, ne sont pas encore familiarisés avec l’économie circulaire,
d’autres se la sont déjà appropriée. Ils en ont fait un argument
commercial « produit » ou la marque de l’engagement de leur entreprise
en matière de développement durable.
QUESTIONS PRÉALABLES
« Nous conviendrons tous que nul ne peut vanter haut et fort les qualités
“économie circulaire” de ses luminaires sous réserve que les caractéristiques
louées soient vérifiables et déterminées, calculées, à l’aide de
référentiels établis », considère Jean-Marie Croué en prenant quelques
exemples :
- Mon luminaire à de faibles impacts environnementaux ! Avec quel référentiel
avez-vous calculé ses impacts ? Quel logiciel utilisez-vous
pour réaliser ces calculs ? Est-il conforme aux normes ISO 14040
et ISO 14044 ? À quelle base de données environnementales êtesvous
abonné ? Quelle unité fonctionnelle avez-vous retenue ? Vos
calculs ont-ils été vérifiés par une tierce partie ?
- Mon luminaire est réparable ! Par qui ? Par un utilisateur néophyte ?
Par un professionnel ? Dans votre usine ? Quelle partie du luminaire
est réparable ? Quelles sont les pièces détachées disponibles ? Pendant
combien de temps ? Quel est le prix des réparations ?
- Mon luminaire est éco-conçu ! Comment pouvez-vous l’attester ? Quelles
sont ses performances environnementales ? De quel pourcentage de
matières recyclable est-il composé ? Quelle proportion de matière recyclée
contient-il ? Comment avez-vous calculé ces données ?
« Il est pour l’instant très difficile de jauger de la véracité des dires des uns
et des autres », regrette Jean-Marie Croué, en préférant tout d’abord
s’intéresser aux obligations réglementaires existantes ayant trait au
respect de l’environnement et auxquelles toutes les entreprises devraient
se conformer.
LES RÉGLEMENTATIONS EXISTANTES
Deux directives principales s’appliquent à l’économie circulaire pour
les luminaires :
- d’une part, la Directive DEEE 2012/19/UE. Une entreprise peut-elle
mettre en avant l’écoconception de son luminaire ? Un utilisateur
peut-il se féliciter d’appliquer une politique d’achat responsable si
© ADEME
CONTINUER À
LUTTER CONTRE
LA CONCURRENCE
DÉLOYALE
Les sujets ne
manquent pas et
sont passionnants
et complexes. Ils
vont engendrer de
nombreux coûts pour
les entreprises. Le
GIL – Syndicat du
Luminaire mettra
tout en œuvre pour
que le « coût de la
mise en conformité »
reste raisonnable.
« Nous continuerons,
encore plus qu’hier,
à essayer de faire
bouger la Commission
Européenne et le
gouvernement français
pour qu’une véritable
surveillance du marché
soit mise en place et
que la concurrence
déloyale des acteurs
de l’internet cesse
enfin », promet
Jean-Marie Croué.
RECYCLAGE
(matière et organique)
le premier n’est pas adhérent d’un éco-organisme et si
le second ne vérifie pas que ses fournisseurs le sont ?
Pour mémoire les fabricants doivent obligatoirement adhérer
à un éco-organisme dans tous les pays européens
où ils commercialisent leurs luminaires. Cette adhésion
peut être faite pays par pays ou globalement auprès de
WEE Europe (www.weee-europe.com).
- d’autre part, la Directive RoHS 2017/2102/UE et
2011/65/UE. Il en est de même pour la présence de
plomb, de mercure et de cadmium dans les luminaires,
ces matières étant dangereuses pour l’être humain et
pour son environnement. Un luminaire se doit d’abord
de ne pas être dangereux avant d’être éco-conçu !
Les fabricants fournissent-ils les procès-verbaux de
conformité RoHS à leurs clients (NF EN 62321) ? Les
utilisateurs les demandent-ils ?
GESTION DES DÉCHETS
des ACTEURS ÉCONOMIQUES
PRÉVENTION
et GESTION EFFICACE
des RESSOURCES
ALLONGEMENT DE LA DURÉE D’USAGE
• Emploi
• Réparation
• Réutilisation
OFFRE
DEMANDE ET COMPORTEMENT
DES CONSOMMATEURS
EXTRACTION / EXPLOITATION
ET ACHATS DURABLES
ÉCO-CONCEPTION
(produits et procédés)
ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE
ET TERRITORIALE
CONSOMMATION RESPONSABLE
• Achat
• Consommation collaborative
• Utilisation
ÉCONOMIE
DE LA FONCTIONNALITÉ
L’économie circulaire.
Telle que proposée par l’Ademe, avec 3 domaines et 7 piliers. Le processus de production ne suit plus
un schéma linéaire classique mais un circuit.
LES RÉGLEMENTATIONS À VENIR
Par ailleurs, plusieurs réglementations futures seront à
appliquer :
- la Single Lighting Regulation (Règlement Européen
2019/2020/UE), en septembre 2021 ;
- les différents décrets d’application de la loi française du
10 février 2020 relative à la « Lutte contre le gaspillage
et à l’économie circulaire » ;
- les nouvelles réglementations européennes issues du
nouveau CEAP (Circular Economy Action Plan) une fois
que les votes au Parlement européen auront eu lieu.
Ces futures réglementations comporteront des exigences
concernant la réparabilité, l’indice de réparabilité, l’indice
de durabilité, l’incorporation de matières premières
recyclées dans les produits (plus particulièrement le plastique),
la recyclabilité des matières premières incorporée
dans les produits ainsi que l’indice de recyclabilité.
À noter que les exigences du gouvernement français et
de la Commission Européenne ne sont pas encore toutes
établies pour les luminaires. Toutefois, les normes permettant
de se conformer aux exigences, qui seront fixées,
existent. Elles sont toutes en phase finale d’élaboration
(PR EN 45550 à 45559).
« Le volet des exigences actuelles, liées au respect de l’environnement
et de la mise en place de l’économie circulaire,
est donc très large. Il représente donc déjà un défi pour les
acteurs de s’y conformer », poursuit Jean-Marie Croué.
ALLER ENCORE PLUS LOIN
Pour s’engager plus en avant dans une démarche « économie
circulaire » spécifiques aux luminaires, l’ensemble
des fabricants disposent de luminaires LED intelligents
minimisant les consommations électriques, donc les
émissions de CO
«
2
. La technologie LED et le pilotage intelligent,
de plus en plus présents dans les luminaires,
génèrent déjà d’effectives économies d’énergie. « Mais
nous nous devons d’aller encore plus loin », estime le DG du
Pour mémoire les fabricants
doivent obligatoirement adhérer
à un éco-organisme dans tous
les pays européens où ils
commercialisent leurs luminaires.
»
GIL – Syndicat du luminaire pour qui l’engagement dans
l’économie circulaire ne peut se mesurer objectivement
qu’à travers de nouveaux éléments tels que :
- la mesure de l’impact environnemental du luminaire.
C’est-à-dire un PEP (profil environnement produit) effectué
selon la norme XP C08 100_1 (www.boutique.
afnor.org). Il est également possible d’utiliser le PSR
luminaire PSR 014 (GIL – Syndicat du luminaire et Syndicat
de l’éclairage (www.pep-ecopassport.org). À noter
qu’il est souhaitable et recommandé de faire contrôler
le PEP par une tierce partie et publié dans la base INIES
(https://www.inies.fr/equipements-du-batiment/);
- la mise sur le marché de luminaires réparables en exprimant
clairement par qui ce dernier est réparable
(l’utilisateur néophyte, l’installateur ou un service de
maintenance, le retour en usine) et en s’engageant sur
la disponibilité des pièces détachées dans le temps ainsi
que sur le coût des réparations (Pr EN 45554) ;
- l’utilisation de matières premières recyclables et recyclées
(Pr EN 45555 et Pr EN 45556).
Pour le reste les enjeux sont collectifs et l’ensemble de
la filière doit se mobiliser pour réfléchir au moyen de
mettre à disposition les pièces détachées nécessaires aux
réparations ainsi qu’à la mise en place de l’agrément de
réparateurs capables d’intervenir sur les luminaires.
Elle doit également mener une réflexion sur le marché
du luminaire d’occasion. Seul l’engagement d’un nombre
important d’acteurs dans cette démarche permettra la
mise en place de partenariat avec des réseaux de vente
de produits de seconde main. Jacques Darmon
6 LUX 306
LUX 306 7
FLASH / BRÈVES
ASSOCIATION / FLASH
Les lumières marocaines
accueillent les techniques LGE
Le 12 février dernier, l’École supérieure d’architecture de l’Université de Rabat a organisé la journée « Technique
et Light » en collaboration avec les blogs Illuminatelds.com, Mabani.info et le cluster Lighting Grand Est (LGE).
Consacrée à l’éclairage et à la conception lumière, cette journée était, le matin, dédiée à des tables rondes et,
l’après-midi, à des ateliers de formation animés par 8 membres du LGE… Parmi eux, la revue LUX.
L’EXEMPLAIRE FÈS
Depuis 2011, le Maroc
développe, avec l’année
2030 comme horizon,
une stratégie nationale
portant, notamment,
sur « la réduction des
consommations d’énergie,
associée à la poursuite
des efforts visant à faire
des énergies alternatives
et renouvelables la clé
de voûte de la politique
énergétique ».
Dans ce cadre, Hadaf
Bennis, responsable
de l’éclairage de Fès,
a présenté le projet
ambitieux et innovant
de la ville, qui vise à
faire de Fès une Smart
City, s’appuyant sur trois
axes fondamentaux :
efficacité énergétique,
mobilité et déplacement
urbain, et administration
électronique.
Abounasser Abdelwahed,
Elec Trimaroc, a confirmé
dans tout projet de
rénovation, la nécessité
du diagnostic du parc,
puis de la gestion
et la maintenance,
permettant de réaliser de
significatives économies
d’énergie. Rachid
Berroug, Maghreb Net,
quant à lui présenté
les projets d’envergure
de l’aéroport de Guelmim
ainsi que du terminal 2 de
l’aéroport Mohammed V,
à Casablanca.
8 LUX 306
La journée « Technique et Light »,
organisée dans les locaux de
l’Université Internationale de Rabat,
a été ouverte par Imane Bennami,
directrice de l’École d’Architecture.
« L’éclairage est un élément important
de la conception architecturale.
Il façonne l’espace, influence l’esthétique.
» Former des architectes aptes
à accompagner ses évolutions technologiques
lors d’ateliers récurrents,
ainsi qu’à l’occasion de cette journée
évènement, à laquelle étaient inscrits
300 participants, fait partie
intégrante de la stratégie de l’école.
ÉCLAIRAGE ET ANTICIPATIONS
À sa suite, Victor Vincentz, président
du LGE, a lancé les échanges,
au cours desquels les intervenants
français et marocains se sont succédé
autour de quatre thèmes :
l’éclairage intérieur, l’éclairage extérieur,
l’innovation et la conception
lumière. L’assemblée a pu ainsi
comprendre les enjeux de cette
dernière et la nécessité de cette spécialité
pour la mise en valeur d’un
projet architectural, tant en intérieur
qu’en extérieur.
Après une allégorie sur l’ombre et la
lumière par l’architecte Nezha Kahhak,
Stéphanie Daniel de l’agence
éponyme, spécialiste de l’éclairage
muséographique, a mis l’accent sur
les différents types d’éclairage, dont
la lumière naturelle, et rappelé les
limites d’exposition des œuvres ;
Thierry Walger, Le Point Lumineux,
a présenté les erreurs à éviter lors
d’implantation de luminaires extérieurs
et les différentes ambiances
lumineuses possibles en intérieur.
Rayane Belkadi, Light in Studio, a
expliqué l’intérêt des schémas directeurs,
pour adapter l’éclairage à
la spécificité géographique et architecturale
de chaque ville, auxquels
on peut ajouter le climat et le budget,
soulignés par Mondher Essaafi,
DTK. Et Laurent Dumas, Acere, de
conclure que le concepteur lumière
est « le bras nocturne de la conception
architecturale ».
L’INNOVATION EN ÉCLAIRAGE
En tant que dirigeant de Concept
Light, Victor Vincentz a présenté des
cas pratiques de projection vidéo
sur les façades, produits à l’appui,
dont la colonne média, TourMédia,
qui permet de « faire émerger une
nouvelle solution dans la ville : la vidéo
mapping ».
Patrick Anneheim, Led Linear
France, a quant à lui expliqué l’importance
de la qualité de la Led et
de la R&D des fabricants et promu
les modules linéaires de LED
fiables aussi bien en architecture
intérieure, sur les paquebots, qu’en
éclairage public.
Najim Charbal, Sermès Lamdalux,
a présenté l’influence de la lumière
sur le rythme circadien et les luminaires
HCL ; Jean-Luc Piroux, Rohl, a
Concours Tiwafine.
En clôture de la rencontre, deux étudiants
en architecture à l’École nationale de
Rabat, Mahmoud Ramdane et Soukaina
Kssili ont présenté leur projet, lauréat du
concours Tifawine de mise en lumière du site
marocain de Volubilis. « Une métaphore du
crépuscule, cette lumière chaude naturelle,
se projette sur les façades des monuments
et envahit les voûtes d’arc », décrivent-ils.
souligné l’intérêt de la maintenance
des installations, et du standard
Zhaga favorisant l’interchangeabilité
des constituants. Fouad El
Hannouch, FE Design & Consult,
a présenté différentes techniques
permettant de contrôler la lumière,
par réseaux filaires ou non ; alors
que Cédric Studer, CFE éclairage,
a annoncé l’installation au Maroc,
en septembre, d’un centre de formation
à l’éclairage, et expliqué la
technologie LiFi permettant à la
lumière la transmission d’informations.
Sylvie Raimbault, de la revue
LUX, a présenté les déploiements de
la revue francophone de l’éclairage,
toujours en quête des dernières informations
dans le domaine.
CCFLED
« Ensemble, optimiser les réflexions
pour rendre efficaces les actions »
Il y a 3 ans, était créé le CCFLed (Club des clients finaux de la LED). Son objet ? « La promotion
de la technologie LED par l’amélioration des connaissances, des standards et des référentiels concernant
la qualité, la performance, la sécurité, l’innocuité, la traçabilité et le recyclage des produits LED d’éclairage. »
Après avoir structuré et construit la cohésion du groupe, l’association entame une nouvelle étape
présentée par Aurélien Rodon, son nouveau président.
En trois ans, trois atouts essentiels ont uni la vingtaine de
membres, grands donneurs d’ordre et maîtres d’ouvrage :
- la neutralité vis-à-vis des fabricants, ainsi que de la cotisation et
des droits de vote, identiques quelle que soit l’entité juridique de
chaque adhérent ;
- la prise en compte des impacts environnementaux et sociaux (énergie,
déchets, maintenabilité, accès à la lumière…) ;
- la diversité des applications permettant, souligne Aurélien Rodon,
d’obtenir une vision globale portant sur un maximum d’usages de
l’éclairage : extérieur et intérieur, logistique, commerces, bureaux…
UN ESPRIT D’OUVERTURE
Le CCFLed a été créé en 2017. « Nous avons de suite effectué des visites
exploratoires les uns chez les autres et partagé nos attentes concernant
nos installations LED. » Sa cohésion s’est ainsi construite dès 2018.
Ce qui lui a permis de réagir à propos des
polémiques portant sur la lumière bleue au
LE CLUB DES CLIENTS niveau de l’éclairage LED et sur l’arrêté « nuisances
lumineuses ».
FINAUX DES LED
regroupe des
« En parallèle, nous avons sélectionné les
donneurs d’ordre, thèmes sur lesquels nous allions travailler. » Dès
maîtres d’ouvrages, 2019, ont été étudiés les niveaux de seuils en
utilisateurs et
lux par rapport à la qualité du spectre lumineux.
La première partie de cette étude a été
chercheurs, tous
dénués d’intérêt présentée lors des Lighting Days, à Lyon, en
commercial, avec février 2019. Cet événement a correspondu
pour objectifs
à un accroissement du nombre de membres
une excellente et une ouverture à l’international (Suisse,
connaissance
Pologne, États-Unis...). Cette année, l’objectif
vise, outre la poursuite du recrutement
sur la LED et son
environnement, et de nouveaux adhérents et la création d’un
la meilleure vision site internet, « à engager des relations avec les
sur les évolutions autres associations, notamment l’AFE, le Cluster
Lumière et autres structures professionnelles
technologiques en
cours et à venir. constituant la filière éclairage en France et, dans
NOUVELLE DYNAMIQUE
un deuxième temps, en Europe ». L’intention du CCFLed ? « Optimiser,
ensemble, les réflexions pour rendre plus efficaces les actions. »
PUBLICATION DE CAHIERS TECHNIQUES
Dans un premier temps, pour engager le dialogue avec les fabricants,
éclairagistes, concepteurs lumière, et toutes autres structures professionnelles
concernées par l’éclairage et, dans un deuxième temps,
avec les organismes de normalisation, le CCFLed vient de publier
son premier Cahier Technique inaugurant une collection « Éclairage
et vision ».
Cette publication plaide,
comme annoncé en février
2019, à Lyon, « pour
»
une révision des seuils de
«La
qualification de l’éclairage
seule qualité
en fonction de la qualité des médiocres,
du spectre ». Pourquoi ?
L’éclairage LED a bouleversé
les habitudes Georges Brassens repris
c’est la quantité
d’utilisation de la lumière. par le CCFLed pour
Mais cette révolution n’a son premier cahier technique
pas été accompagnée
d’une relecture des critères
de qualification de
l’éclairage, la quantité d’éclairement étant ainsi devenue un paramètre
d’évaluation bien trop réducteur. « Nous le pensons obsolète,
l’appréciation d’un éclairage devant prendre en compte des critères qualitatifs.
» Fort de la représentativité de ses membres, le CCFLed souhaite
accompagner la seconde étape de la révolution LED, les enjeux économiques
et les impacts écologiques étant si importants pour l’avenir
de chacun.
D’ores et déjà, une dizaine d’autres sujets de cahiers techniques ont
été listés. Le prochain portera sur « Les systèmes de gestion et de
pilotage de l’éclairage ». Rendez-vous est donné pour fin 2020/début
2021. JD
Appelé à d’autres fonctions au sein de la RATP, Gil Riemenschneider a dû quitter, à regret, la présidence du CCFLed, l’ensemble des membres
du club louant sa détermination à le porter sur « les fonds baptismaux ». Selon les statuts de cette association Loi 1901, un nouveau bureau a
été constitué. Aujourd’hui, Aurélien Rodon (Groupe ADP)en assure la présidence, Hervé Rosier (EOL Ingénierie) la trésorerie et Nicolas Martin
(LVMH) le secrétariat.
LUX 306 9
FLASH / BRÈVES
BRÈVES / FLASH
Glace et lucioles
Olafur Eliasson :
immersion
Photo Erika Ede / Courtoisie de l’artiste ; neugerriemschneider, Berlin ;
Tanya Bonakdar Gallery, New York / Los Angeles / © 1997 Olafur Eliasson
Allures
industrielles
Pas moins de 36 nouveautés
viennent enrichir le catalogue 2020
du fabricant des Alpes-Maritimes.
Métal ou aluminium et peinture
époxy pour ces pièces au caractère
industriel.
www.aluminor.fr
Dans la lignée des fabriques de céramique françaises, l’espagnole
Lladró décore les intérieurs depuis 1953, faisant souvent appel à
des designers contemporains pour enrichir ses collections. Goût
d’été et inspiration japonaise avec les lampes portables (recharge
USB) à poser ou à suspendre, telles Ice Cream (à gauche) et Firefly
(à droite) qui allie des fragments colorés surmontés d’un abatjour
en porcelaine.
www.lladro.com
L’univers
de Gae Aulenti
Le Vitra Design Museum de Weilam-Rhein
près de Bâle consacre
une exposition à l’architecte italienne
Gae Aulenti, connue ici
pour la métamorphose de la gare
d’Orsay en musée et le réaménagement
intérieur du Centre
Pompidou au début des années
80. La quarantaine de créations
présentées parmi de nombreuses
photos et dessins, rend compte
d’une époque où mélamine et
acier inoxydable tenaient le haut
du pavé des matériaux tendance.
Parmi les nombreux luminaires
sortis de son imagination, l’iconique
lampe Pipistrello (1965)
s’adapte à la technologie actuelle
avec une version 4.0, un Tunable
White suivant le rythme circadien.
Jusqu’au 18 avril 2021
www.design-museum.de
1
2
Organisée par la Tate Modern en collaboration avec le Musée
Guggenheim Bilbao, l’exposition retrace en une trentaine d’œuvres
le parcours de l’artiste islando-danois Olafur Eliasson entre 1990
et 2020. Sculptures, photographies, peintures et installations révèlent
son attachement à la nature, la perception, le mouvement,
l’expérience sensorielle. Jouant avec la lumière depuis toujours,
pour Pièce pour une couleur (Room For One Colour), datant de 1997
(photo), des lampes monofréquence installées dans une salle
blanche émettent une lumière jaune qui réduit la vision au jaune
et noire. En sortant de la salle, une rémanence persiste dans l’œil
du spectateur.
Oliafur Eliasson. Dans la vie réelle
www.guggenheim-bilbao.eus / www.olafureliasson.net
3
4
5
1. Gae Aulenti, 1989 / Courtesy of Archivio Gae Aulenti, photo :
© Hans Visser / 2. Kartell, King Sun, 1967, © Vitra Design Museum,
photo : Andreas Jung / 3. Gae Aulenti, Pipistrello, 1965 © Vitra
Design Museum, photo : Andreas Sütterlin / 4. FontanaArte Spa,
Giova, 1964, © Vitra Design Museum, photo: Andreas Jung /
5. Candle, Rimorchiatore, 1967 © Vitra Design Museum, photo :
Andreas Jung
© Courtesy of Pablo Valbuena & La Prairie
Vague à la plage
Les plages floridiennes reçoivent depuis des années des expositions
d’art contemporain, notamment la foire Art Basel
dont la branche américaine s’expose sur Miami Beach. Commanditée
par La Prairie, l’œuvre lumineuse signée par l’artiste
madrilène Pablo Valbuena a plongé les visiteurs dans une expérience
immersive. 25 colonnes de 4 mètres de haut, illuminées
sur leurs quatre faces et totalisant 8 000 points contrôlés individuellement
via un système DMX, composaient cette Shape
of Light en mouvement perpétuel, mise en œuvre par le fabricant
espagnol Sakma.
www.sakma.com / www.pablovalbuena.com
NOTA BENE
Compte tenu des incertitudes concernant l’ouverture des lieux publics
dans ces prochains mois, nous vous invitons à consulter les sites
des galeries, musées et événements concernés.
10 LUX 306 LUX 306 11
www.disano.fr
FLASH / BRÈVES
Un abri pour la culture
Situé le long de la promenade dite
la High Line à New York, The Shed
est un nouvel espace culturel qui
vient enrichir l’offre dans ce quartier
qui renait au fil des ans. Dédié
aux arts et spectacles, il se singularise
par un auvent mobile de 37 m
qui augmente la capacité d’accueil.
Son architecture d’acier est
couverte de plaques d’ETFE, un copolymère
translucide. Cette peau
est éclairée de façon uniforme
par de projecteurs Grasshopper de
chez Erco, montés dans les coins
de poutres. Ces 750 points sont
tous personnalisés grâce à un
boîtier de commande à distance
diffusent une lumière froide avec
5 000 K. Même température pour
les façades de ce nouveau signal
urbain au cœur de la bouillonnante
Big Apple.
www.erco.com / www.theshed.org
La grâce signée Veronese
© ERCO GmbH, www.erco.com / photographie : Timothy Schenck
Lyon, tout
une histoire
Le musée de l’Histoire de Lyon fait le pari
d’une nouvelle scénographie imaginée
par l’Atelier Scenorama pour étendre sa renommée.
Partageant avec le Musée de la
marionnette les murs de l’hôtel Gadagne, le
visiteur parcourra à terme des salles entièrement
revisitées mettant en scène l’évolution
de la capitale des Gaules au fil des siècles,
du point de vue de son urbanisme, de ses
fleuves, mais aussi de son économie et de
sa politique. Le premier parcours déjà livré
sera complété par 3 autres d’ici 2022. Plongées
dans une lumière volontairement très
basse (20 lux), teintée de rose.
www.gadagne.musees.lyon.fr
© Musée de l’histoire de Lyon
BRÈVES / FLASH
Le Bauhaus revisité
Optez
pour un mât
d’éclairage
en composite
Résistant EN40-7
Pas de corrosion
Peu d’entretien
Isolant (pas de terre)
Léger
© Pierrick Verny
Fraîchement inauguré, le nouveau showroom du plus vénitien des créateurs de luminaires
parisiens renouvelle deux fois par an sa scénographie mettant en situation éclairage
fait maison et mobilier de designers invités. S’en remettant au savoir-faire des ateliers de
Murano – et il en faut 15 car chacun a sa spécialité –, suspensions ou appliques s’adaptent
à des commandes très précises. Un sur-mesure enrichi par la multitude de pièces dont
recèle son précieux stock. Trièdres, modules de verre pressé, volutes colorées ou gouttes
de verre font sonner la lumière.
www.verone.se
L’école d’art du Bauhaus a marqué l’histoire de l’architecture
moderne. Fondée il y a 100 ans à Weimar, elle déménage en
1925 à Dessau dans l’est de l’Allemagne puis à Berlin en 1932.
Ces véritables lieux de pèlerinage pour les passionnés d’architecture
et de design célèbrent ce centenaire par le biais
d’agrandissement des espaces d’exposition. À Dessau, un nouveau
musée a ouvert ses portes fin 2019. Flexible, il expose les
œuvres de la collection dans un volume suspendu, une boîte
de 1 500 m 2 dénuée de lumière naturelle sortie de l’ombre
par les concepteurs de Lichtvision Design et Envue Homburg
Licht avec des solutions Zumtobel. Le vaste rez-de-chaussée
en open space, transparent et fluide, n’ayant pas d’affectation
particulière, les luminaires, des linéaires LED sont volontairement
neutres esthétiquement, disparaissent dans la structure.
www.zumtobel.com / www.bauhaus-dessau.de
© Zumtobel
www.mats-deschamps.com
85, avenue Louis Lépine
ZI du Capitou
83600 Fréjus, France
Tel (33) 04 94 95 04 36
Fax (33) 04 94 95 35 85
deschamps@mats-deschamps.com
12 LUX 306
LUX 306 13
FLASH / RENCONTRE
RENCONTRE / FLASH
GAËL OBEIN (PRÉSIDENT PAR INTÉRIM DE L’AFE)
« Le XX e siècle a été marqué par la couleur.
Le brillant marquera le XXI e »
La couleur et le brillant représentent deux modalités de la sensation visuelle jouant
un rôle déterminant dans l’identification des objets et de leur évolution dans le temps.
Gaël Obein, l’actuel président par intérim de l’AFE (Association française de l’éclairage),
en a fait l’essentiel de ses travaux au sein du LNE-CNAM 1 . Il partage avec nous son expertise,
tout en résumant son ambition vis-à-vis de l’association.
LUX. EN 2003, SOUS LA DIRECTION DE
FRANÇOISE VIÉNOT 2 , A ÉTÉ VALIDÉE
VOTRE THÈSE « CARACTÉRISATION
OPTIQUE ET VISUELLE DU BRILLANT »,
CONCEPT TIRANT SON ORIGINE DE
LA DISTRIBUTION ANGULAIRE, DANS
L’ESPACE, DE LA LUMIÈRE RÉFLÉCHIE PAR
UNE SURFACE. COMMENT, DEPUIS CETTE
DATE, ONT ÉVOLUÉ LES CONNAISSANCES
PORTANT SUR CET ATTRIBUT VISUEL ?
GAËL OBEIN. Ce sujet a le vent en poupe.
Le XX e siècle a été le siècle de la couleur ; le
XXI e siècle sera celui des autres attributs (brillant,
texture, translucidité, scintillant). Et comme
le brillant est le second attribut le plus important
après la couleur, c’est celui qui a reçu le
plus d’intérêt de la part des métrologues et des
psychophysiciens.
Aujourd’hui, on le comprend mieux. On le mesure
mieux. D’ailleurs, un comité technique a été
ouvert l’année dernière à la CIE (JTC17) pour
résumer, voire entériner les progrès de cette dernière
décennie. À terme, nous pourrions même
penser définir un observateur étalon pour le brillant,
comme la CIE l’a fait pour la couleur… en
1931. Peut-être pour 2031 ?
LA MÉTROLOGIE, VOTRE DISCIPLINE,
DÉFINIT LES PRINCIPES ET MÉTHODES
PERMETTANT DE QUALIFIER LE
MESURANDE. POUVEZ-VOUS PRÉCISER ?
La métrologie est la science de la mesure. Le travail
du métrologue consiste à mettre en œuvre
des techniques et à développer des équipements
permettant d’obtenir, expérimentalement, une
ou des valeurs numériques que l’on peut attribuer
à une grandeur.
Le mot « mesure », présentant plusieurs sens,
peut amener à des ambiguïtés. Et, en métrologie,
nous n’aimons pas les ambiguïtés. Pour
faire simple, prenons le cas d’un cylindre dont
on veut connaître le diamètre. Dans ce cas, le
mesurande est le diamètre du cylindre. La grandeur
est une distance. L’unité est le mètre. Le
mesurage est le résultat du processus de mesure,
par exemple 20 mm. La mesure, est l’expression
de la moyenne de plusieurs mesurages, corrigée
de biais éventuels (température, humidité, etc.).
DEPUIS 2006, DATE DE VOTRE ENTRÉE
AU CNAM, VOUS AVEZ MIS EN PLACE
ET DÉVELOPPÉ LA « MÉTROLOGIE DE
L’APPARENCE » AU SEIN DU LABORATOIRE
COMMUN LNE-CNAM. QU’APPORTENT
VOS TRAVAUX À LA CONNAISSANCE
DU VISUEL ?
En métrologie, le Conservatoire est ce que l’on
appelle, un « DI » (Designated Institute), à savoir
un établissement désigné par l’organisme
en charge de la métrologie nationale (en France,
c’est le LNE – Laboratoire national de métrologie
et d’essais) pour réaliser des étalons primaires.
Le LNE-CNAM est, en autre, en charge des étalons
primaires de radiométrie, photométrie (dont
l’éclairement mesuré en lux) et de spectrophotométrie.
«
Nous parlons quand
même de la 3 e révolution
de l’éclairage, après
l’incandescence
et la fluorescence.
Ce n’est pas rien !
»
La métrologie primaire est un univers un peu à
part. Dans ce domaine, le but est de réaliser la
grandeur avec la plus faible incertitude possible.
Chaque paramètre pouvant influencer la réalisation
est pris en compte, analysé et, si possible,
maîtrisé.
À mon arrivée, en 2006, j’ai proposé de développer
la métrologie de l’apparence consistant à
L’AFE,
LA RUCHE LUMIÈRE
Pour Gaël Obein, le monde de
l’éclairage peut être comparé
à une ruche car c’est un domaine
où, pour atteindre un
objectif, beaucoup de métiers
doivent collaborer et travailler
en dialogue et bonne intelligence.
Tout change en ce moment :
la réglementation, l’attente
sociétale, la technologie, la
maintenance, l’esthétique,
les revêtements urbains, les
formes des sources. Tout
évolue. « Nous parlons quand
même de la 3 e révolution de
l’éclairage, après l’incandescence
et la fluorescence.
Ce n’est pas rien ! » Dans ce
contexte, le dialogue, l’information,
l’orientation sont
essentiels pour que chacun
travaille bien ensemble et
que les projets répondent aux
attentes. Pour le président de
l’AFE, le rôle de l’Association
n’est pas d’être la reine de la
ruche ; c’est plutôt de tenir le
guichet central d’information
et d’orientation. C’est la personne
qui parle toutes les langues,
celle avec qui on prend
la pause-café car elle a toujours
un « truc » intéressant
à dire. « C’est celle que tout le
monde connaît dans la ruche,
parce qu’elle peut t’aider, elle
comprend ton problème, elle
t’oriente pour que tu trouves
les réponses à tes questions
en ayant confiance en elle »,
conclut Gaël Obein.
développer des concepts et des équipements
permettant de mesurer l’apparence visuelle
des surfaces. Ce n’était pas gagné ! Car, si l’on
parle d’apparence visuelle, le mesurande n’est
pas l’objet lui-même, mais la sensation qu’il
génère et qui se situe dans la tête de l’observateur.
Et pour qui recherche à minimiser les
paramètres pouvant influer sur la mesure, le
vivant, par nature incontrôlable, est « le truc »
à éviter, voire à fuir.
«
Mes travaux restent
focalisés sur la mesure
du brillant en complément
»
de recherches européennes
portant sur le scintillement,
le nacré et la fluorescence.
Pourtant, si on se place, par exemple, du
point de vue du carrossier réalisant une retouche
de peinture sur une carrosserie, ce
n’est pas la répartition spectrale du facteur
de réflexion de la peinture qui compte mais
la couleur de cette peinture. C’est-à-dire la
sensation visuelle située dans la tête de l’observateur
que génère la peinture. Certes, la
couleur naît du facteur de réflexion, mais elle
dépend également d’autres paramètres plus
subtils.
Ainsi, la couleur est le mesurande utile pour
un industriel. Pour preuve, la CIE (Commission
internationale de l’éclairage) a développé
la colorimétrie afin de répondre à cette demande.
Aujourd’hui, la mesure de la couleur
ne suffit plus à notre carrossier. Les peintures
sont devenues trop complexes. Il faut
prendre en compte, en plus de la couleur, le
brillant, le scintillant, le nacré, le translucide.
Le mesurande est l’apparence. Pour arriver à
acquérir l’apparence, la grandeur pertinente
est ce que l’on appelle la BRDF 3 de la surface,
c’est-à-dire la fonction de répartition bidirectionnelle
du coefficient de luminance. Elle
se mesure avec un goniospectrophotomètre.
C’est ce type d’équipement que j’ai développé
au LNE-CNAM.
Mais comme je l’ai dit, la mesure optique ne
suffit pas, car l’apparence est dans la tête de
l’observateur. Il faut réaliser des expériences
psychophysiques pour mesurer la sensation
visuelle, ces mesures étant, également, effectuées
dans mon équipe. Mes travaux restent
très focalisés sur la mesure du brillant. Mais
d’autres laboratoires nationaux de métrologie
européens viennent s’additionner aux
miens, en travaillant sur le scintillant, le nacré
et la fluorescence. C’est un effort collectif.
Depuis 2012, je coordonne cet effort européen
via divers projets de recherche financés
par l’Union Européenne, tels que xDreflect
(2013-2016), BiRD (2017-2020), BxDiff
(2019-2022).
DEPUIS 2017, EN TANT QU’EXPERT
FRANÇAIS, VOUS EN ANIMEZ DEUX
COMITÉS TECHNIQUES DE LA
CIE 4 : L’UN PORTE SUR LA MESURE
BIDIRECTIONNELLE DE
LA RÉFLECTANCE ; L’AUTRE SUR
LA MESURE DU BRILLANT.
OÙ EN SONT VOS TRAVAUX ?
J’ai créé le TC2-85 à la CIE en 2016. Ce TC
(technical committee) a pour objectif de clarifier
la manière de faire des mesures de BRDF.
La BRDF est une grandeur jeune. Sa mesure
a moins de 25 ans et n’est pas encore complètement
cadrée ni maîtrisée.
Mesurer une BRDF, ce n’est pas mesurer le
diamètre d’un cylindre. C’est nettement plus
complexe. Pourtant, de par la pression industrielle
pour avoir rapidement des indicateurs
numériques de l’apparence des surfaces manufacturées,
les goniospectrophotomètres
commerciaux se sont développés ces dernières
années. Ainsi, nous sommes dans
une situation où arrivent sur le marché des
instruments qui prétendent mesurer une
grandeur qui n’est pas encore bien définie.
La situation peut vite déraper, les opérateurs
pouvant mesurer n’importe quoi au
risque d’être ensuite déçus. C’est le rôle du
métrologue de clarifier le mesurande, de définir
clairement la grandeur. C’est le rôle de
la division 2 de la CIE de publier des documents
rendant compte de ces travaux. Les
19 membres du TC proviennent de 14 pays,
tous experts. Ils travaillent depuis 4 ans sur
ce sujet. Les travaux avancent bien, notamment
grâce au soutien du projet Européen
« Bidirectionnal Reflectance Definitions »
(BiRD), financé par le programme EMPIR (European
Metrology Programme for Innovation
and Research). J’espère que le rapport technique
sortira en 2021.
EN JANVIER DERNIER, VOUS AVEZ
ÉTÉ ÉLU, À L’UNANIMITÉ, À LA
PRÉSIDENCE DE L’AFE PAR INTÉRIM,
DANS L’ATTENTE DE LA PROCHAINE
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE. QUELLE
AMBITION ATTRIBUEZ-VOUS À
L’ASSOCIATION POUR LA PROMOUVOIR
ET LUI PERMETTRE DE DÉVELOPPER
LES NOTIONS DE SANTÉ VISUELLE,
DE QUALITÉ DE LA LUMIÈRE ET
D’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE, TANT
EN INTÉRIEUR QU’EN EXTÉRIEUR, AU
NIVEAU NATIONAL COMME RÉGIONAL ?
L’AFE, société savante indépendante âgée de
90 ans, réunit toute la diversité des acteurs
de l’éclairage, les installateurs, les architectes,
les chercheurs, les ophtalmologues,
les collectivités, les fabricants d’éclairage.
L’AFE est un espace d’une richesse et d’une
diversité exceptionnelles.
Dans le même temps, l’éclairage vit une
époque incroyable. Les ressources s’épuisent
et la pression pour réduire l’empreinte énergétique
est forte. La prise de conscience
écologique est effective, et la préservation
de notre planète impose de prendre le chemin
de la sobriété. Les effets non visuels de la
lumière sur la santé et le bien-être humains
ont été découverts, démontrés et compris. La
technologie LED a révolutionné le monde des
sources, des lampes, des luminaires et a tout
balayé, en moins de 20 ans. Si cela n’est pas
une époque bénie, je ne sais pas ce que c’est !
Il y a du grain à moudre. L’AFE est là pour
créer le forum national et régional autour de
toutes ces questions, pour informer le public
et les collectivités des avancées et des
nouveaux outils disponibles. Elle est là pour
créer des collaborations entre chercheurs,
médecins, fabricants de luminaires en vue
de futurs travaux de recherche. Elle est là
pour conseiller l’État dans ses décrets, ses
directives, ses décisions pour aller vers un
territoire éclairé juste, sobre, efficace et sûr,
mais aussi être le point focal de la ruche,
l’endroit où l’on se dirige quand on est perdu
et que l’on cherche la bonne personne,
la bonne solution, le bon conseil… Mon ambition
? Que l’AFE tienne cette position !
Propos recueillis par Jacques Darmon
1. Le laboratoire commun de Métrologie (LNE-Cnam) est un institut
de recherche du Conservatoire national des arts et métiers.
C’est également l’un des quatre laboratoires nationaux
de métrologie fédérés par le Laboratoire national de métrologie
et d’essais (LNE).
2. Physicienne, Françoise Viénot est spécialiste de la vision
des couleurs. Elle est professeur émérite au MNHN
(Muséum national d’histoire naturelle).
3. Bi-directional Reflectance Distribution Function.
4. Par ailleurs, Gaël Obein préside le CIE-France,
le comité miroir national de la CIE.
14 LUX 306
LUX 306 15
LUMIÈRES CRÉATIVES
LUMIÈRES CRÉATIVES
Échappée ornithologique
Sous un épais toit de chaume, Le parc naturel de la mer des Wadden
s’étend des Pays-Bas au Danemark en
réinterprétation contemporaine
une longue zone côtière, au gré des marées
de l’architecture locale, le Centre
tantôt mer, tantôt terre. Cette Jungle plate
de la mer des Wadden à Ribe au filmée en 1978 par le documentariste néerlandais
Johan van der Keuken a subi maintes
Danemark déploie une
modifications du fait des développements
scénographie baignée d’une
économiques et techniques. Inscrite depuis
lumière naturelle et artificielle.
2014 sur la liste du Patrimoine mondial de
Totalement imaginé avant même l’humanité, elle fait aujourd’hui l’objet d’une
que les espaces intérieurs soient attention particulière qui passe par une meilleure
connaissance du grand public de la
définis, l’éclairage accompagne le
complexité de sa faune et de sa flore.
visiteur suivant des nuances
Vocation première du Centre ouvert à Ribe en
colorées inspirées par la nature 1995 : la découverte du site et la pédagogie.
environnante. Une signature à Vieillissant, il a rouvert ses portes en 2017
après avoir été totalement remanié et agrandi
par l’agence danoise d’architecture Dorte
plusieurs mains pour une
expérience immersive, visuelle et
Mandrup. Sous l’épais manteau de chaume
sonore, qui rend compte de se déroulent des salles d’exposition dont les
l’écosystème de cette zone côtière. volumes ont été totalement dessinés en regard
de la muséographie et, une fois n’est pas
coutume, de l’éclairage. « Nous avons travaillé
en tant que sous-traitant des muséographes de
JAC Studios, dès la phase concours, de la définition
du budget et de la faisabilité », se souvient
Nikolaj Birkelund de Fortheloveoflight qui
signe la mise en lumière. Toute cette liberté
n’a pas forcément simplifié la tâche, reconnaît
Birkelund : « La conception lumière a été
16 LUX 306
© Adam Mørk
un peu spéciale dans la mesure où elle n’avait
aucun espace défini sur lequel s’appuyer. »
Exemple s’il en est de l’interaction possible
et anticipée entre lumière naturelle et artificielle,
la muséographie compte beaucoup sur
l’imaginaire des visiteurs et leur capacité à se
projeter un instant dans le paysage qui l’entoure.
Pour cela, des vues sur l’extérieur sont
ménagées, vers le ciel ou au ras du sol, ou par
des baies plus classiques, pour laisser pénétrer
la lumière naturelle mais aussi la nature
environnante. Pas d’enjeux de conservation
des œuvres ici, aussi, « l’éclairage naturel a
été profondément intégré à la muséographie
et du fait du processus de conception, nous
avons même pu influer sur le placement des
ouvertures en toiture et des vues vers le ciel,
poursuit-il. Lors de chacune des réunions de
chantier hebdomadaire, toute modification
constructive prenait en compte la question de
l’éclairage. »
RACONTER PAR LA LUMIÈRE
La principale demande des clients en termes
d’éclairage était que celui-çi vienne « soutenir
le récit de l’exposition et donner un rendu
le meilleur possible des surfaces, textures, artefacts
», se souvient le concepteur. Sans se
départir de ce principe général, chaque salle
profite d’une mise en lumière spécifique,
© James Medcraft
© Steven Dupont
Le projecteur Bird Beamer ou BBX.70 conçu
spécialement par les muséographes et le
concepteur lumière a été imaginé comme
un oiseau posé sur une branche, plutôt que
suspendu. Équipé d’un module Xicato, choisi
par le fabricant écossais Mike Stoane Lighting
pour la qualité du rendu de couleur et l’absence
d’ombre.
Dans la salle dite Le
Cabinet de curiosités,
l’ensemble des
projecteurs est intégré
à un système sur-mesure
qui évoque la colonne
vertébrale d’un oiseau.
Ici, l’accentuation et
un rendu de couleurs
élevé priment afin de
hiérarchiser et faire
ressortir les objets
présentés.
La dernière séquence du
musée est l’installation
visuelle et sonore signée
par le britannique Jason
Bruges Studio évoque la
migration des oiseaux
dans un envol prenant la
forme de 562 écrans LCD
suspendus au plafond.
Une lumière d’un blanc
froid diffusée depuis une
corniche ménagée rase le
plafond, ne perturbe pas
la vision de l’installation
The Digital Ornitology,
au contraire, elle fait
ressortir l’effet combiné
de la projection en
mapping de séquences
filmées et la modulation
lumineuse des écrans.
© James Medcraft
© Adam Mørk
© James Medcraft
Page de gauche
et ci-contre.
La nature des œuvres
et objets exposés
ne demande pas de
mesure de conservation
particulière. Aussi la
lumière naturelle estelle
bienvenue dans ces
espaces, se mêlant à
l’éclairage artificiel qui,
évoluant d’une salle à
l’autre, emprunte à ses
teintes variées par le biais
de filtres de couleur en
verre.
essentiellement servie par un projecteur créé
sur-mesure par Fortheloveoflight et les muséographes
de JAC Studios : le Bird Beamer
ou BBX.70. Certains sont équipés de filtres
en verre colorés, diffusant ces teintes pastel
propres aux cieux maritimes extérieurs.
Des filtres ont été préférés à des LED RGB+W
qui au moment de la conception en 2016
n’offraient pas encore les performances attendues.
Souligner la narration, guider le
visiteur et diriger son attention vers certains
objets, permettre la concentration, tels sont
ici les fonctions de l’éclairage. « L’ensemble est
contrôlé via le Bluetooth (BLE) et chaque luminaire
ajusté individuellement afin de focaliser
sur des points précis et créer des hiérarchies à
l’intérieur de l’expo. Cela n’a pas influé sur le flux
lumineux puisque tout fonctionne sur des intensités
très basses », précise Nikolaj Birkelund.
Portés à lever la tête du fait du thème, les
visiteurs ne perçoivent pas les installations
d’éclairage comme une obstruction mais
comme des oiseaux perchés sur des fils, qui
à l’issue de l’exposition se font migrateurs et
prennent leur envol avec l’installation de l’artiste
britannique Jason Bruges, sous la forme
de 562 écrans LCD. Lucie Cluzan
CENTRE DE LA MER DES WADDEN À RIBE,
DANEMARK
CLIENT
Ville d’Esbjerg
MAÎTRISE D’ŒUVRE
Dorte Mandrup (DK)
CONCEPTION LUMIÈRE
Fortheloveoflight –
Nikolaj Birkelund (DK)
MUSÉOGRAPHIE
JAC Studios –
Johan Carlsson (DK)
DESIGN INTERACTIF
No Parking Production
(DK)
INSTALLATION
ÉCRAN LCD
Jason Bruges (R-U)
LIVRAISON
Février 2017
SURFACE
2 800 m 2
MATÉRIEL
Artistic License,
Buschfeld, Erco,
iGuzzini, Ljusdesign,
Mike Stoane Lighting,
Reggiani, Soraa,
Spektraled, Xicato
LUX 306 17
LUMIÈRES EXTÉRIEURES
LUMIÈRES EXTÉRIEURES
ALLÉES JEAN-JAURÈS À MONTROUGE (92)
De nouveaux usages nocturnes
D’une avenue traversante à des espaces de vie et de convivialité, les allées Jean-Jaurès sont devenues
une promenade appréciée des Montrougiens. Au total, 4 hectares d’espaces verts aménagés
par le paysagiste Michel Péna, en partenariat avec Yves Adrien, Florian Colin et Maëlle Tertrais
(Atelier Coup d’Éclat) pour la conception lumière.
La lumière occupe les espaces
en créant des zones de circulation,
invitant au mouvement, et des
zones de pause se prêtant
à la flânerie ainsi qu’à création
de nouveaux usages nocturnes.
© Technilum – Luc Boegly
Avec les allées Jean-Jaurès, l’idée consistait
à créer « un nouveau poumon vert à
Montrouge », souhaitait Étienne Lengereau,
maire de la ville. Située au sud de Paris, ses
50 000 habitants la situent au 5 e rang des
communes les plus denses de France 1 . « Aussi,
considère l’élu, les habitants ont besoin de
respirer et de profiter d’un environnement quotidien
plus vert. »
Ce choix s’inscrit, toujours selon Étienne
Lengereau, dans une évolution globale des
villes du XXI e siècle pour lesquelles il importe
de « mieux partager l’espace public entre
les piétons, les voitures et les cyclistes ». Chacun
doit trouver sa place et son équilibre au
sein de « villes plus végétales et ouvertes » permettant
de s’approprier différents lieux en
fonction de ses envies.
DIFFRACTIONS
Avec ses potentialités accrues par les nouvelles
technologies et techniques de mise
en œuvre, « la lumière est devenue une donnée
indispensable à la qualité nocturne de
l’environnement urbain, a fortiori à celle de l’architecture
et du paysage », souligne Florian
Colin, directeur d’agence au sein de l’Atelier
Coup d’Éclat. Trop longtemps cantonnée
dans un rôle sécuritaire, puis fonctionnel,
« la lumière doit, aujourd’hui, bénéficier
d’une relation de connivence avec le tissu urbain
», ajoute Maëlle Tertrais, chef de projet.
À Montrouge, à l’image d’un arc-en-ciel,
le parcours nocturne, dessiné tout au long
de l’avenue Jean-Jaurès, évoque ce phénomène
marqué, d’une part, par un point de
départ, statique et fonctionnel, sur le rondpoint
de la place Jean-Jaurès ; d’autre part,
par un parcours linéaire le long de l’avenue
vers l’esplanade de l’Hôtel de Ville, interrompu
par des dilatations d’espaces paysagers :
- « l’iris” de la place Jean-Jaurès ». L’éclairage
y accompagne la double fonction de cet espace
où l’on passe en mobilités douces ou
«La lumière
est devenue
une donnée
indispensable
à la qualité
nocturne de
l’environnement
urbain.
»
Florian Colin,
Atelier Coup d’Éclat
motorisées. Un éclairage haut est tourné
vers le cœur de la place dédié aux voiries
routières, tandis qu’un éclairage arrière bas
accompagne les piétons ;
- parcours cinétique de part et d’autre de la
place des États-Unis (voir ci-après). Ce double
parcours raconte la lumière de l’axe de l’avenue.
Les mobiliers urbains s’intègrent dans
la ligne d’arbres bordant la voirie avec un
éclairage général routier, associé à un éclairage
arrière des trottoirs, complétés par des
lignes signalétiques lumineuses colorées ;
- « prisme et lentille » de la place des États-Unis.
Illustration du concept de la diffraction, le
parc des États-Unis contraste avec la rectitude
de l’avenue. Fractionnant la lumière
en nuances colorant l’avenue, complétées
par des projections graphiques, au sol, mettant
en scène des « caustiques », les mâts
d’éclairage, jalonnant l’espace, y sont de
plus petite taille et incitent à la flânerie ;
- après le 2 e parcours cinétique, le « Foyer » de
© Technilum – Luc Boegly
ZONE 5
Place Jean-Jaurès
ZONE 4
Avenue Jean-Jaurès
Au pied des luminaires, des mâts monolithiques,
une partie ajourée est équipée d’un bloc de PMMA
et d’une réglette LED RGBW, installée en retrait,
assurant une signalétique lumineuse colorée.
ZONE 3
Place des Etats-Unis
la place de l’Hôtel de Ville. Cette source de
lumière alimente l’axe du projet et de ses diffractions.
Une nappe d’éclairage plus basse,
composée de projections graphiques circulaires
et de bouquets de bornes lumineuses,
scénographie l’espace tout en invitant à la
déambulation nocturne.
DANS LE M.I.L.E
Le parti pris imaginé par le projet a privilégié
l’intégration maximale du mobilier lumière
au paysage « en nous appliquant à ne “montrer”
que la lumière », précise Maëlle Tertrais.
Par ailleurs, a été recherchée une cohérence
des mobiliers entre zones (80 luminaires et
bornes) ainsi qu’une maintenance facilitée.
Aussi, en partenariat avec Technilum,
l’agence Coup d’Éclat a conçu une gamme
de mâts-totems monolithiques 2 , déclinée en
plusieurs versions :
- une version basse (4 m), pour l’éclairage
des zones réservées à la déambulation
piétonne, équipée, à son sommet, en
face avant, de deux optiques LED Ewo EL
10 W-3 000 K ;
- une version haute (8 m) assurant, à la fois,
l’éclairage des voies routières (au sommet,
en face avant, 4 optiques LED Ewo
EL, 10 W-3 000 K) et celui des circulations
piétonnes (à mi-hauteur, en face arrière,
2 optiques LED Ewo EL, 10 W-3 000 K). Les
niveaux d’éclairement ont été sensiblement
ZONE 2
Avenue Jean-Jaurès
ZONE 1
Place de la mairie
Les Allées Jean-Jaurès relient cinq zones illuminées
de nuit suivant le spectre de l’arc-en-ciel. L’axe est
ponctué par des espaces paysagers qui répondent
au besoin de plus d’espaces verts des citadins.
diminués par rapport à ceux précédemment
mesurés avenue Jean-Jaurès : hier, éclairement
moyen 50 lux, uniformité 20 %,
luminance moyenne de 3,5 à 4,5 cd/m 2 ;
aujourd’hui, 27 lux, uniformité 65 %, luminance
moyenne 3,15 cd/m 2 ;
- enfin, des nappes de bornes lumineuses diffusantes
apportent des « semis de lumière »,
souligne Florian Colin parmi certaines diffractions
tout au long de la réalisation.
« Elles prennent le contre-pied de la linéarité
et de la régulante représentées par l’implantation
des luminaires, le long de la voirie, dans
l’axe de l’avenue Jean-Jaurès », commentet-il.
À noter que ces mâts-totems, baptisés M.I.L.E.
par Technilum (comprenez Modulaire Intelligent
Lumineux Élégant), peuvent recevoir
plusieurs services « Smart-In-Site » : vidéosurveillance,
Wifi, sonorisation. JD
1. Après Levallois-Perret, Vincennes, Le Pré-Saint-Gervais
et Saint-Mandé.
2. Réalisé en profilé d’aluminium de section rectangulaire,
avec structure interne fonctionnelle, les dimensions du profil
du mât, de type Shiraz GM, sont : 250 mm x 150 mm.
© Atelier Coup d’Éclat
18 LUX 306
LUX 306 19
DOSSIER
L’art de
la lumière en
muséographie
s’exposera
toujours
E
Eclipse
L'art de la mise en lumière de l'art
En pleine crise sanitaire, les musées, centres d’art et galeries fermés,
les expositions et événements annulés ou reportés mesurent
difficilement les effets économiques de la crise sanitaire actuelle.
« Mais l’impact sera fort », s’alarme Serge Lasvignes, président
du Centre Pompidou dans le Quotidien des Arts. Pour l’instant,
les établissements tentent de faire face au mieux, notamment
en « s’invitant chez nous ! » via les médias numériques, tout
en continuant à préparer les expositions qui vont suivre…
ainsi que les éclairages associés. Dans ce contexte, en partenariat
avec l’expert Jean-Jacques Ezrati, la revue LUX témoigne de
l’importance du rôle de l’éclairage d’exposition, tant au niveau
de l’interprétation des œuvres que du confort et bien-être
des visiteurs, sans oublier son action au niveau de la dégradation
des œuvres et matériaux. Restons positif ! Remontons au XVII e siècle
et entendons l’évêque prédicateur Jean-Baptiste Massillon pour qui,
« le malheur apporte de nouvelles lumières ».
Lentille Darklight magique
pour un confort visuel exceptionnel
6 spectres de lumière ainsi
que tunable white et RGBW
11 répartitions de lumière
interchangeables
Accessoires d'éclairage interchangeables
48V
XS à XL - 5 tailles à partir de
32 mm
Wireless Connectivity via
Casambi Bluetooth et Zigbee
ainsi que DALI
Pour rail conducteur et rail
conducteur Minirail 48V
ERCO
www.erco.com/eclipse
Musée Rodin © Patrick Tourneboeuf / OPPIC / Tendance Floue
DOSSIER RÉALISÉ PAR JACQUES DARMON, AVEC L’EXPERTISE
DE JEAN-JACQUES EZRATI ET LA CONTRIBUTION DE LUCIE CLUZAN
DOSSIER / MUSÉES
MUSÉES / DOSSIER
VIRGINIE NICOLAS
Lumières sur les métiers de l’XPO
En juin 2019, a été créée XPO, comprenez Fédération des concepteurs d’expositions, suite au rapprochement
de plusieurs organisations professionnelles dont l’ACE (Association des concepteurs lumière et éclairagistes),
dont la présidente, Virginie Nicolas, a rappelé les raisons de cette collaboration lors du salon SITEM 1 de
janvier dernier.
exposition se situe au cœur des enjeux
L’ touristiques, économiques, scientifiques
et sociaux, ainsi qu’au centre des
politiques culturelles publiques et privées.
« Elle n’en demeure pas moins méconnue en
tant que production culturelle à part entière »,
regrette l’architecte Adeline Rispal, présidente
de XPO, pour qui la création de cette
fédération représente « une grande étape pour
la reconnaissance et l’organisation du métier
de l’expo ».
FAVORISER LES ÉCHANGES
« Nous avons rejoint cette initiative pour
défendre cette très belle idée de travail collaboratif
», explique-t-elle, en considérant que
« les expositions les mieux réussies sont celles où
tous les corps de métiers ont réussi à dialoguer
dès le début du projet, en respectant chaque
savoir-faire ». Chaque compétence étant très
spécifique et nécessaire, XPO souhaite clarifier,
tant dans l’esprit du public que de celui
des interlocuteurs (administrations, ministère,
donneurs d’ordre) « la pertinence de
l’articulation de toutes ces compétences, ce qui
semble encore confus ». En conséquence, le
manque de moyens financiers conduit souvent
certains acteurs à faire des prestations
en dehors de leur champ de compétence !
« Le commissaire fait la scéno, le scénographe
fait la lumière, etc… C’est préjudiciable pour la
qualité des expositions et pour l’avenir de nos
LES 7 PARTENAIRES
- Association Les Muséographes
- Association Professionnelle
des muséographes
- Association Scénographes
- UDS (Union des scénographes)
- ACE (Association des concepteurs
lumière et éclairagistes)
- PXN (Association des producteurs
d’expériences numériques)
- Passages (cabinet conseil en courtage,
spécialisé en assurance, dans les
domaines de l’art, du patrimoine
et de l’événementiel)
savoir-faire. Nous voulons donc redessiner les
bases d’un projet d’exposition réussi. » D’où
le premier travail, présenté en novembre
dernier, visant à définir les métiers. « C’est
très simple mais, pourtant, ce n’était pas si
évident ! »
Outre le fait de considérer XPO comme l’instance
nécessaire pour faire mieux connaître
et reconnaître le métier de l’expo et ses différentes
composantes, « cette organisation
représente une opportunité de créer du lien entre
tous les professionnels du secteur », poursuit Virginie
Nicolas. Une telle plateforme souhaite
favoriser les échanges constructifs et développer
une émulation portant sur des thèmes
essentiels, tels la réduction de l’impact environnemental,
l’intégration des nouveaux
médias, la conception avec les publics…
DÉFENSE DE LA PROFESSION
Par ailleurs, à terme, XPO souhaite, d’une part
fournir des ressources professionnelles (aide
juridique, soutien administratif, base de données
historique…), d’autre part, défendre des
honoraires dignes et proportionnés au travail
demandé. « En effet, la situation de contraction
des budgets alloués à la culture conduit à des
situations de grande précarité financière pour
les professionnels des expositions auxquels est
demandé de plus en plus de contenu pour de
Musée Yves Saint Laurent Marrakech.
Inauguré fin 2017, ce nouveau lieu d’exposition est
plongé dans l’obscurité. Les couleurs et les textures
des modèles haute couture emblématiques du génial
créateur sont mises en valeur par des projecteurs
contours LED Optec d’Erco. Ces œuvres extrêmement
sensibles à la lumière sont remplacées à intervalles
régulier parmi les 3 000 de la collection. La mise en
lumière signée par Akari-Lisa Ishii de l’agence I.C.O.N.
dramatise la mise en scène des pièces.
moins en moins d’honoraires », regrette la présidente
de l’ACE. Ce qui, toujours selon elle,
s’avère injuste au regard de l’impact économique
global des expositions qui attirent un
large public et participent au grand dynamisme
touristique du territoire français.
Par ailleurs, XPO ambitionne de devenir une
plateforme de référence et d’expertise pour
les formations liées à ces métiers, tant à destination
des étudiants que, surtout, à celle
des maîtres d’ouvrage programmant les expositions.
Enfin, conclut Virginie Nicolas,
cette fédération réfléchit au croisement des
fichiers de ses membres afin de créer des
événements en régions permettant la rencontre
de tous les acteurs et la création de
symbioses pour « faire circuler les belles idées
et, localement, partager les expériences ».
1. Salon international des musées, des lieux de culture
et de tourisme, organisé par Museumexperts.
Erco / © Christian Schaulin, Hambourg / Allemagne
© François Lacour
Les quatre domaines
de l’éclairage en muséographie
Si la muséologie est l’étude du musée sur le plan théorique (histoire, sociologie, politique,
éthique, etc.), c’est-à-dire le pour qui et le pourquoi, la muséographie, ou la muséologie pratique,
répond à la question du comment. La lumière y joue un rôle essentiel décliné en quatre usages.
La caverne du Pont d’Arc
(Grotte Chauvet 2). Ardèche
La visite de ce joyau de la préhistoire découvert
en 1994, se fait aujourd’hui par le biais d’une
réplique inaugurée en 2015, fruit du long
travail des scientifiques, historiens, architectes,
mouleurs, peintres et des concepteurs lumière
de l’agence Ponctuelle. Les produits Loupi
installés permettent de communiquer par la
lumière la sensibilité contenues dans les peintures
et ponctuent le parcours par l’accentuation
de certains éléments muséographiques.
Se donnant comme mission d’être au
service de la société et de son développement
[ICOM, 2007], le musée collecte, étudie,
conserve et communique les témoins matériels
et immatériels de l’activité de l’homme et
de la nature, la maîtrise de la lumière y contribuant
pleinement. Elle se compose de quatre
secteurs (bien que celle relative à la communication
par l’exposition en représente la
principale) qui se déclinent comme suit :
LUMIÈRE ET ACQUISITION
« Acquérir c’est acheter, recevoir en dation ou en
donation, des objets qui nous font sens, c’est aussi
rechercher, découvrir, comme en archéologie. »
Mais, même dans ce secteur, déterrer des objets
« sous la lumière du jour » n’est pas sans
risque. Par exemple, le cinabre (couleur rouge
de sulfure de mercure), ornant des fresques
gallo-romaines, va très rapidement noircir
à la lumière du jour. C’est pourquoi, sur certains
chantiers de fouilles, sont tendues des
bâches, non claires ni transparentes, mais
orangées. Sous celles-ci, n’est ainsi plus ainsi
diffusée une lumière blanche mais une lumière
dont la bâche a absorbé les radiations ultraviolettes,
violettes, bleues et vertes pour en
réduire les effets. Aussi, avant d’acquérir tout
objet, un musée se doit d’en connaître la provenance
et sa constitution, pour être sûr de son
authenticité et en apprécier tous les détails.
En conséquence, une vision sous une excellente
lumière blanche, voir sous des radiations
visibles ou non visibles, représente déjà une
forme d’étude et un début de recherche de
l’éclairage approprié.
22 LUX 306 LUX 306 23
DOSSIER / MUSÉES
MUSÉES / DOSSIER
Photos © Jean-Jacques Ezrati
LUMIÈRE ET RECHERCHE
L’étude de tout objet commence par l’observer
sous « toutes ses coutures » et sous une excellente
lumière comme celle du jour. Toutefois,
cette dernière n’étant pas toujours disponible,
la lumière artificielle s’impose. D’un
niveau d’éclairement compris entre 1 000 et
1 500 lux, la composition spectrale de la lumière
diffusée, proche de la lumière du jour
septentrionale, se réfère souvent à l’illuminant
D65, lumière correspondant à une température
de couleur de 6 500 K. De plus, différentes
prises de vues complètent la connaissance de
l’objet. Par exemple, pour une peinture, elles
sont effectuées sous un ensemble d’angles
et de compositions spectrales : sous lumière
directe blanche (vue d’ensemble) ; sous un
éclairage latéral (texture) ; sous infrarouge (vision
du dessin sous-jacent) ; sous ultraviolet
(détection des repeints, suite à des restaurations
antérieures). Ensuite, afin de réaliser des
investigations plus poussées, seront utilisées
d’autres radiations en dehors des rayonnements
optiques, comme les rayons X, voire
gamma. Enfin, en utilisant la spectrocolorimétrie,
la lumière permet aussi l’étude de la
couleur, des pigments et des colorants. Peut
être ainsi identifiée la palette des couleurs de
l’artiste et, souvent, est assurée l’authentification
de l’œuvre.
LUMIÈRE ET CONSERVATION
La conservation est un terme polysémique
permettant de définir, à la fois, le travail du
conservateur (acquisition, études, gestion,
etc.), et la matérialité des objets. Toutefois,
il convient de distinguer la conservation préventive,
prenant en charge l’environnement
et la sécurité de l’ensemble des objets présentés,
et la conservation curative portant
sur la restauration d’un objet en particulier.
Typologie des éclairages localisés :
dirigé, focalisé et cadré.
Exemple de déclinaison de la variable lumineuse forme
du faisceau, qui va, de gauche à droite, de l’intégration
de l’œuvre à son environnement jusqu’à l’isoler
totalement de celui-ci.
La restauration de tout objet commence par
une phase de documentation portant, notamment,
sur les résultats de recherches et
d’études de nombreuses photographies et
radiographies. La lumière peut aussi intervenir,
d’une manière détournée, en utilisant
les lois de l’optique, telle l’aberration chromatique
axiale permettant la mesure d’une
couche de matière transparente tels les vernis.
En mesurer l’épaisseur peut contribuer
à les alléger comme il a été réalisé, ces dernières
années, au niveau de chefs-d’œuvre de
la peinture. Ce travail est effectué sous une
lumière blanche de qualité, semblable à celle
utilisée pour l’examen visuel, en partie maniable
pour valoriser les détails des œuvres.
LUMIÈRE ET COMMUNICATION angle ± 60°
La communication portant sur les études effectuées
recouvre les publications écrites et
digitales consultées soit dans des centres de
documentation ou dans tous autres lieux,
ainsi que dans le cadre de séminaires et
conférences organisés dans les auditoriums
ou salles de conférences présentes dans tous
les musées. C’est pourquoi, l’éclairage d’une
Environ 1,60m
bibliothèque ou d’une salle de conférences,
doit aussi faire appel à des compétences
spécifiques. Toutefois, quand on parle de
communication dans l’univers muséographique,
le média principal utilisé est celui
de l’exposition en distinguant, d’une manière
simpliste, l’exposition permanente et l’exposition
temporaire.
PERMANENTE OU TEMPORAIRE ?
Ce qui différencie l’exposition permanente
de l’exposition temporaire c’est, justement la
temporalité ; la première dure quelques dizaines
d’années, voire plus, contre quelques
mois pour la seconde. Se renouvelant, au minimum,
tous les ans, l’exposition temporaire
impose un lieu dédié qu’il faudra aménager
en conséquence, notamment au niveau de
ses éclairages. Dans ce contexte, l’architecture
d’une salle d’exposition temporaire doit
être, la plus neutre possible afin d’y recevoir
des thématiques variées. En fait, elle doit
être aménagée comme une scène de théâtre,
équipée de toutes les fonctionnalités techniques
et logistiques exigées par le montage
d’une exposition. On y distingue, d’une part,
l’éclairage général diffusé dans la totalité de
l’espace et dont les fonctions sont généralement
multiples (lumières de service pour
le montage et démontage, maintenance, etc.),
et d’autre part l’éclairage scénographique
valorisant les objets, l’un n’allant pas sans
l’autre. J-JE
À gauche.
Mesure de l’épaisseur du vernis
par microscopie confocale à
champ étendu mettant en jeu
l’aberration chromatique axiale ;
à savoir, la diffraction d’un
faisceau de lumière en une
multitude de faisceaux colorés
sur un même axe.
Ci-contre.
Mesure colorimétrique, pour le
suivi de l’état de conservation,
s’effectuant avant la mise en place
de l’objet et après son retour
d’exposition.
© Marc Domage
Les trois règles d’art des éclairagistes
L’éclairage c’est l’art de maîtriser la lumière pour répondre à une demande d’ordre social, culturel,
historique, fonctionnel, etc. Acte réfléchi, cette composante du design fait aussi appel à un concept
technique nécessitant un réel savoir-faire approprié à la technologie mise en œuvre.
C’est particulièrement le cas en muséographie qui associe scénographie et expographie.
éclairage d’exposition repose sur trois composantes
de base : tout d’abord, sur un concept
L’
intégré à la thématique, l’éclairage représentant un
important vecteur d’expression et d’interprétation ;
ensuite, sur une prise en compte des besoins des visiteurs
relatifs à leur confort et à leur bien-être ; enfin,
dans le cadre de l’institution muséale, sur la limitation
des effets de dégradation créés par la lumière au niveau
d’un grand nombre de matériaux.
ÉLÉMENT DE LA SCÉNOGRAPHIE
La scénographie, définie comme la mise en espace
d’éléments et d’objets, dépend de la subjectivité du
concepteur qui transmet, traduit et interprète la thématique
de l’exposition. L’éclairage y est considéré
comme un élément de la scénographie au même titre
que la partition de l’espace, la couleur, le son, etc.
« Comme eux, il est signe ! » en représentant une réalité
et, même, en suscitant un sentiment particulier à certains.
Par exemple, imaginons un éclairage très froid
fournissant un faible éclairement de manière diffuse.
Cette ambiance, similaire à l’atmosphère d’une journée
grise, nous plongera dans un état de tristesse plus que
de bonheur. Ainsi, toute ambiance lumineuse dépend
de trois variables (la température de couleur ; l’éclairement
; la diffusion de la lumière), la conjugaison de
leurs différentes valeurs permettant de suggérer le sentiment
souhaité.
La dizaine de variables possibles, représente, pour ainsi
dire, « l’alphabet de l’éclairagiste ». Mises en synergie
ensemble, sous une valeur propre, elles formeront
d’autres unités porteuses de sens.
ÉLÉMENT DE L’EXPOGRAPHIE
L’expographie, définie comme une scénographie
créée dans le cadre d’un espace d’exposition, prend
Fondation Carmignac,
île de Porquerolles.
Cette collection privée d’art
du XX e siècle, se déploie
sur deux niveaux, dont un
en sous-sol. L’ambiance
lumineuse conçue imaginée
par Lucas Goy et Aurélien
Bourg, de l’agence Les
Éclaireurs, cherche à se
rapprocher d’un éclairement
naturel, avec d’une part un
apport via des baies vitrées
et un puits de lumière,
d’autre part des plafonds
en Barrisol rétroéclairés
équipés de plaques à LED.
Des projecteurs complètent
le dispositif.
24 LUX 306
LUX 306 25
DOSSIER / MUSÉES
MUSÉES / DOSSIER
Feuerle Collection, Berlin.
Occupant l’intérieur d’un ancien bunker, cette
exposition permanente s’appuie sur l’absence de
lumière naturelle inhérente à l’architecture du
lieu. L’ambiance sombre, créée par le propriétaire
accompagné par Erco, dans laquelle les visiteurs sont
plongés est rompue par l’utilisation de projecteurs
classiques ou cadreurs.
en compte, quant à elle, les données spatiales
du lieu et le positionnement du
visiteur, ces facteurs étant totalement
différents par rapport à ceux du théâtre
par exemple. Au niveau de la conception
des éclairages, ces facteurs sont à considérer
pour assurer une visite sereine,
évitant :
- l’éblouissement dû à des sources mal positionnées
le long du parcours du visiteur ;
- les reflets, tant des sources de lumière
elles-mêmes que celui du visage du visiteur
ou de son environnement ;
- des ombres portées.
Il ne s’agit plus là de la subjectivité du
concepteur, mais de son savoir-faire pour
respecter les besoins de l’ergonomie visuelle
du visiteur.
© ERCO GmbH / www.erco.com / photographie : Sebastian Mayer
DALI : aujourd’hui pour demain ?
Encore en 2017, préconiser l’usage du protocole DALI, dans des applications muséographiques,
ne faisait aucun doute ! Qu’en est-il aujourd’hui alors que se développent bon nombre de protocoles
de communication ? Avant de répondre à cette interrogation, il convient de préciser trois points :
définir les besoins au niveau d’un projet ; estimer sa durée, de sa conception à sa réalisation ;
appréhender les avancées technologiques jusqu’à sa mise en œuvre effective.
En muséographie, aux besoins de qualité,
de fiabilité et de maniabilité du matériel
proposé, il faut y ajouter une facilité de mise
en œuvre en raison des changements répétés
des expositions. Rappelons que, dans un
espace muséal, l’éclairage d’exposition participe
à la mise en espace tout en répondant
Musée Rodin, Paris.
La rénovation achevée en 2015 du musée consacré au
sculpteur a nécessité le développement spécifique
d’un système électronique de pilotage et d’indexation
via le protocole Dali des sources d’éclairage, notamment
des projecteurs LED IYon Tunable White développé
par Zumtobel, à température de couleur dynamique.
Signée Stéphanie Daniel, cette conception repose
sur la variation de l’intensité et de la température
de couleur selon les conditions extérieures.
à des exigences de confort visuel et à un niveau
d’éclairement permettant une bonne
perception. Sans omettre la protection des
œuvres sensibles aux rayonnements optiques
en assurant une exposition lumineuse
la plus faible possible. En conséquence, il ne
convient d’exposer les objets à la lumière que
s’ils sont admirés car il est inutile de les éclairer
s’il n’y a personne pour les apprécier !
Aussi, importe-t-il de créer divers scénarios
d’éclairage incluant la détection de présence
ou l’interaction directe du visiteur.
DALI AUJOURD’HUI CONCURRENCÉ
Dans ce contexte, un protocole de gestion de
l’éclairage s’avère indispensable. Le protocole
filaire DALI (Digital Addressable Lighting Interface),
avec ses 64 adresses de base, dont
8 dédiés aux capteurs, ses 16 groupes de ballasts
d’éclairage assurant la programmation
de 16 scènes scénarii, correspond largement
aux besoins muséographiques, bon nombre
de fabricants de matériel le proposant.
Toutefois, de la phase du concours portant
sur un projet jusqu’à sa réalisation, il peut
facilement s’écouler deux ou trois ans, durée
suffisamment longue pour qu’émergent
de toutes nouvelles technologies dont l’évaluation
nécessite de deux à trois nouvelles
années supplémentaires. Aussi, lorsque le
projet sort, la technologie choisie date au
minimum de quatre à cinq ans. Ce qui est largement
le cas pour des protocoles tels DMX
(1990) 1 et DALI (2001). Tandis que, depuis
ÉLÉMENT DE LA MUSÉOGRAPHIE
Dans le cadre spécifique de l’exposition, la
muséographie se définit, comme une expographie
prenant en compte la sensibilité
des objets présentés aux radiations optiques
(ultraviolet visible et infrarouge). Chaque matériau
dont est constitué l’objet exposé, est
représenté par une classe de sensibilité pour
laquelle des recommandations déterminent
une dose totale d’exposition lumineuse annuelle
à respecter (voir tableau ci-dessous).
À ce niveau, également, cette notion de
« dose totale d’exposition annuelle » demande à
l’éclairagiste un véritable savoir-faire dans la
maîtrise des ambiances et des moyens techniques
à mettre en œuvre. Pour y parvenir,
Emplacement d’un projecteur pour l’éclairage
d’une vitrine
il dispose d’un choix de sources, par l’élimination
des rayonnements de fortes énergies
angle ± 60°
(de l’ultraviolet au rayonnement visible de
courte longueur d’onde), de films et de filtres
Environ 1,60m
angle ± 60°
Éclairage sous un angle correct d’une peinture.
à utiliser. Importe, également, la gestion du
temps d’éclairage des œuvres, qui résulte,
enfin, d’un savoir-faire éloigné de la subjectivité
du concepteur. J-JE
Classes de sensibilité Description des matériaux Dose totale d’exposition*
Insensible
Sensible
Très sensible
Extrêmement sensible
Métaux, pierres, verres, céramiques,
émail, minéraux…
Peintures à l’huile, cuir, bois, corne,
ivoire, laques…
Aquarelles, pastels, textiles,
papiers peints, fourrures…
Environ 1,60m
La soie, la plupart des documents
graphiques et photos…
-
600 Klx.h/an**
150 Klx.h/an**
15 Klx.h/an
* DTE = Dose totale d’exposition :
Éclairement en lux par le nombre d’heures
de fonctionnement sur un an, soit 3 000 heures.
** Ces valeurs sont indiquées sous des lumières
d’une température de couleur proche de
3 000 K pour des lumières de températures
de couleurs supérieures, ces valeurs devront
être revues à la baisse. Suivant les tableaux
de la CIE 157/2004 et AFNOR XP CEN/TS 16163.
© Patrick Tourneboeuf / OPPIC / Tendance Floue
26 LUX 306
LUX 306 27
DOSSIER / MUSÉES
MUSÉES / DOSSIER
Musée Soulages Rodez 2014 © Grand Rodez C. Méravilles
quelques années, de nouveaux protocoles
sont proposés (PoE-Power over Ethernet,
Bluetooth, Zigbee, etc.) qui, sans pourtant
attendre leur pleine maturité, s’impliquent
déjà dans bon nombre de projets.
DE NOUVELLES SOLUTIONS
SE DÉVELOPPENT
Ces nouveaux protocoles, loin d’être encore
normalisés, présentent toutefois des
performances s’améliorant de jour en jour
et évoluant constamment. Certains vont
même jusqu’à remettre en les pratiques
traditionnelles. Citons, notamment, le
Power over Ethernet (PoE) en cours de développement
(voir notamment LUX 304,
novembre-décembre 2019, p. 24). Ces nouvelles
perspectives, comme le passage aux
48V, demandent une nouvelle conception
des luminaires et un gain en flux, chaque
ligne étant limitée à quelques centaines de
watts. « Plus intéressants, encore aujourd’hui,
sont les protocoles radio sans fil, mieux adaptés
aux installations existantes alors qu’il n’est
pas si simple au Wifi de s’intégrer dans une
installation existante, voire de créer une liaison
supplémentaire », considère Jean-Jacques
Ezrati.À ce propos, que dire aujourd’hui de
ces protocoles ? « Pilotant les sources et des
luminaires du même fabricant, ils sont loin encore
de correspondre aux besoins de l’éclairage
d’expositions », poursuit-il. Pour le Bluetooth,
l’investissement reste limité puisqu’il
28 LUX 306
ne demande pas de « tirer » des câbles supplémentaires.
« Néanmoins, les choses ne sont
pas aussi simples que celles avancées par les
arguments commerciaux », estime l’éclairagiste
conseil, d’autant plus que l’absence de
normalisation n’aide en rien et qu’existent
actuellement sur le marché deux systèmes
différents, chacun s’implantant chez des fabricants
différents (certains les proposent au
choix) trop souvent incompatibles entre eux
(Casambi et Xicato), comme ce fut déjà le cas
au niveau du Wifi (Philips et Osram). « Non
moins important en est le logiciel de programmation.
On nous en vante la simplicité grâce à
l’usage du smartphone ! C’est peut-être démonstratif
mais vite inutilisable, notre “couteau suisse”
ayant ses limites », constate Jean-Jacques Ezrati
pour qui un smartphone est avant tout un
téléphone et une boîte postale numérique.
QUE CHOISIR AUJOURD’HUI ?
« Tout dépendra du projet, toutes les options restantes
ouvertes », répond l’éclairagiste-conseil.
Concernant une nouvelle installation, et dans
l’état actuel des technologies, il reste fidèle à
la solution filaire du DALI 2 , l’investissement
restant limité au passage de deux fils supplémentaires
3 et les luminaires étant de plus en
plus équipés, en standard, de drivers DALI.
De plus, le protocole DALI-2 permet l’interopérabilité
non seulement des drivers entre
eux, mais aussi celle des capteurs et des relais,
quel que soit le fabricant.
Dans le cas d’une installation existante
nécessitant de contrôler un ou plusieurs luminaires,
« le sans-fil est la solution la mieux
appropriée ». Mais laquelle choisir s’interroge
Jean-Jacques Ezrati ? Le choix est le plus
souvent dicté par le fabricant du matériel
d’éclairage qui inclut le système de gestion à
son appareillage. Il conviendra alors de bien
définir son projet (le type et le nombre de
projecteurs, les scénarii envisagés, les capteurs
ou relais à intégrer) ; les protocoles
n’offrant pas tous les mêmes possibilités, ni
les mêmes moyens de programmation (tablettes/smartphone
ou ordinateur).
La question reste toutefois ouverte. Comme
expliqué ci-dessus, le choix d’un protocole
de gestion technique dépend, à la fois, de la
structure du projet et de la prise en main du
logiciel (tant en Bluetooth qu’en DALI) « tout
en considérant, conclut Jean-Jacques Ezrati,
que l’utilisateur final, non spécialisé, n’utilisera
le système qu’une ou deux fois par an ». À noter
que les services SAV des fabricants sont
souvent disponibles à aider l’utilisateur, ce
qui est le plus souvent possible de réaliser
à distance.
1. Le DMX, même dans ses développements les plus récents, ne me
semble pas adapter à l’éclairage muséographique qui demande
souvent l’usage de nombreux scénarii conditionnés à l’usage de
capteurs. De plus il n’est pas toujours proposé par les fabricants
du domaine.
2. Aujourd’hui des passerelles permettent des liaisons sans fil dans
une installation DALI (comme pour le DMX) voir sous ces deux
standards des versions sans fil à l’étude.
3. L’alimentation des équipements est effectuée par un câble
5 conducteurs au lieu de 3.
Musée Soulages,
Rodez.
L’exposition permanente
des œuvres de l’artiste
aveyronnais, père de
l’Outrenoir, un « noirlumière
» a pour écrin
un édifice conçu
spécifiquement par les
architectes de l’agence
catalane RCR. Pour
maintenir les niveaux
idéaux dans la salle
lorsque le soleil disparaît
un système de régulation
DALI par détecteur
permet l’interaction
entre la lumière naturelle
et artificielle.
C
M
J
CM
MJ
CJ
CMJ
N
GÉRALD KARLIKOW
Des progrès, mais encore des envies
Lors du SITEM 2019, le concepteur lumière Gérald Karlikow, exprimait des réserves à propos
de la technologie LED appliquée aux expositions dans les musées. Depuis, les évolutions permanentes,
proposées par les fabricants, ont permis de tempérer ses précédentes affirmations. Il l’explique !
une façon générale la qualité et la puissance
d’émission se sont améliorées.
D’
« Nous trouvons maintenant des appareils avec
des rendus de couleurs proches des 98 % », se
félicite Gérald Karlikow. Ses réserves portant
sur la pauvreté des rendus de couleur dans
les rouges et les violets sont donc ainsi levées.
« Pourtant le concepteur lumière que je suis n’est
toujours pas satisfait », confie-t-il.
AU NIVEAU IRC
Si chaque fabricant affiche un IRC de +/- 98 %
aucun n’est malheureusement identique. En
conséquence, il n’est pas possible de travailler
dans une même salle d’exposition avec
des appareils de marques différentes. Il est
même presque impossible de compenser les
différences avec des filtres. « C’est particulièrement
visible dans la balance vert rose ou seuls
des 1/16 de + ou – green pourraient faire l’affaire
», souligne-t-il en regrettant que « ces
filtres n’existent pas pour les LED ». Idem pour
les températures de couleur. « Les uns sont à
4025 d’autres à 3995 et avoir la même température
de couleur devient vite un enfer obligeant
à renoncer à l’effet voulu parce que trop compliqué
à mettre en œuvre. »
Par ailleurs, Gérald Karlikow évoque la location
de projecteurs neufs dont les séries
d’un même fabricant ne présentent pas les
mêmes températures en raison de l’usure et
de la date de fabrication. « Pour mémoire, au
temps de l’halogène, les lampes étant neuves
en début d’exposition, une seule température de
couleur s’imposait. »
H0302_Pub AELSYS_v2.1-HD.pdf 1 10/03/2020 17:16
AELSYS
Une gamme de contrôleurs, capteurs
et accessoires associés interopérables
Contrôleurs autonomes,
ou multiples en réseaux synchronisés
Interface de configuration
web autonome intégrée
Liaison avec GTB par ethernet
Assistance sur site
© Musée Van Gogh Amsterdam / Jan Kees Steenman
ENCORE UNE OMBRE AU TABLEAU
Début 2019, Gérald Karlikow ne cachait pas
sa réserve vis-à-vis de la qualité optique des
appareils. Depuis, constate-t-il, « les fabricants
ont également réalisé de sérieux progrès ». Toutefois,
il reste réservé au niveau de la source
LED. Le filament des lampes halogènes était
ramassé, jusqu’à ne former presque un point,
tandis que les LED se caractérisent par de véritables
surfaces d’émission. « Ce qui modifie
radicalement la qualité des ombres. » Il est impossible
d’obtenir une seule ombre nette. Il
y a toujours, y compris au niveau des cadreurs,
un léger flou. Mettre un volet sur des
projecteurs focalisables revient à voir sur le
mur une succession de dégradés. Pour les cadreurs,
c’est le contraire. « Parfaits au net, les
aberrations sur les côtés au flou rendent cette
option très aléatoire. »
Concepteur et fabricant français spécialiste
en systèmes de gestion d’éclairages
DALI et DMX depuis 2003
• Eclairage muséographique
• Salles de contrôles industriels,
bâtiments industriels et ateliers
• Parkings, éclairage architectural,
urbain, commercial, tertiaire, ...
© Musée Van Gogh Amsterdam / Jan Kees Steenman
Musée Van Gogh
La question du rendu
des couleurs est en
muséographie un enjeu
de premier ordre. Pour
Gérard Karlikow, des
progrès indéniables
ont été réalisés avec
des appareils affichant
des rendus proches des
98 %. Au musée Van Gogh
d’Amsterdam, la palette
de l’artiste est aujourd’hui
éclairée par un tout
nouveau système
empêchant au mieux
l’altération des couleurs.
DES ENVIES
Selon Gérald Karlikow, « ces réserves ne seront
jamais levées ». Les fabricants cherchent à se
démarquer les uns des autres, leur choix d’un
fournisseur LED répondant à leurs stratégies
de recherche et développement. L’uniformisation,
effective au temps de l’halogène,
n’est plus d’actualité. « Aussi s’ouvrent de nouveaux
horizons et perspectives de travail », se
félicite le concepteur lumière pour qui « la
transformation de l’ombre nette en ombre flou
devient une réalité dont il faut tirer parti ». Et
de conclure : « Dans mon intervention de l’an
dernier, j’attirai l’attention sur les infinies possibilités
de ces sources depuis les rubans jusqu’aux
grandes surfaces. » Là, Gérald Karlikow n’affiche
pas de réserve, mais des envies.
AELSYS • www.aelsys.com • aelsys@aelsys.com • Tél. / Fax : +33 (0)4 42 01 83 87
DOSSIER / MUSÉES
MUSÉES / DOSSIER
À l’entrée de l’exposition, les
visiteurs étaient « accueillis » par
le Christ et saint Thomas, grand
relief de bronze commandé, en
1467, à Andrea del Verrocchio,
le maître de Léonard de Vinci.
Voulue par la scénographe Victoria
Gertenbach, la forme de cette
première salle constitue un arc
de cercle développé autour de
l’ensemble sculptural. Les œuvres
de « l’élève » se déploient, tout au
long de cette courbe, détachées
de l’obscurité sur des cimaises
gris clair. Cette solution met en
résonance l’ombre et la lumière
des drapés peints avec celui de
la sculpture en bronze.
EXPOSITION LÉONARD DE VINCI
L’espace et les œuvres
engendrés par la lumière
L’année 2019, date du cinquième centenaire de la mort de Léonard de Vinci, a revêtu
une signification particulière pour le musée du Louvre qui possède la plus
importante collection au monde de peintures du maître de la Renaissance italienne,
ainsi que 22 dessins. D’où l’exposition monographique organisée du cet hiver, mise
en lumière par l’architecte scénographe Victoria Gertenbach, en collaboration avec
l’éclairagiste Karim Oufella, soucieuse de la protection des œuvres, tant celles
appartenant au musée que celles qui lui ont été prêtées.
Photos © Musée du Louvre / Antoine Mongodin
et du bien-être des visiteurs… sans oublier
la maîtrise des dégradations des œuvres
dues à la lumière. « Grâce aux solutions LED,
nous disposons dorénavant de mises en lumière
appropriées, sans compromis entre les
impératifs de conservation, les économiques
et les contraintes organisationnelles, tout en
respectant les choix esthétiques », explique
Karim Oufella. En tant qu’éclairagiste, il
exerce, parmi une équipe de techniciens
d’art, au sein de l’atelier Éclairage du musée
du Louvre, l’un des rares établissements
muséaux à disposer d’un tel outil. Et d’expliquer
: « Notre travail porte, notamment,
sur le choix de la bonne lumière pour la bonne
œuvre. » Dans certains cas, les différents
vernis peuvent altérer le rendu visuel des
peintures en les rendant plus jaunes ou plus
pâles. « Aussi, pour le Saint Jean Baptiste par
exemple, nous avons dû utiliser des filtres correcteurs
pour restituer au mieux les couleurs
naturelles de la toile », ajoute Karim Oufella
en précisant que, « après échanges avec
les commissaires, nous travaillons le matériau
lumière de sorte qu’il corresponde parfaitement
à la lecture voulue pour certains types
d’œuvres ».
OMBRE ET LUMIÈRE
« La révolution léonardienne tient en quelques
mots », rappelle le guide de visite remis à
l’entrée de l’exposition. Pour nous ouvrir
les yeux sur le monde, le génial autodidacte
œuvrait en sorte que ses figures possèdent
la réalité de la vie dans un espace infini
constitué d’ombre et de lumière. Répartie
en quatre espaces (Ombre, lumière, relief ;
Liberté ; Science ; Vie), la scénographie muséographique,
épurée, était singularisée par des
cimaises noires et gris anthracite plongées
dans la pénombre : 25 lux sur les œuvres et
10 lux au sol.
La visite de l’exposition commençait par une
imposante statue en bronze du maître de
Léonard, Andrea del Verrocchio, permettant
de comprendre les modèles des draperies
peints par Léonard de Vinci. Ensuite, dans
l’espace Liberté, était exprimé le travail du
peintre ne pouvant saisir la vérité que par
une liberté de l’esprit et de la main capable
de nier la perfection de la forme. Dans l’espace
Science, il était démontré que dessiner
ne se limite pas à reproduire des formes.
C’est exprimer des relations entre les formes.
« Autrement dit, c’est penser ! » Enfin, l’espace
Vie suggérait que la science n’est pas autre
chose que la nécessaire forme que revêt la
liberté du peintre, « maître de l’ombre, de la
lumière, de l’espace et du mouvement ». Ainsi,
accomplie dans l’élément des sciences de
la nature, la liberté élève la peinture à la hauteur
d’une science divine. Capable de recréer
le monde, son couronnement est l’expression
du mouvement chez ceux dont il est propriété
immanente : les vivants.
« Car, si la modernité commence avec Léonard
de Vinci, c’est qu’il sut, sans doute, donner à
la peinture la présence effrayante de la vie »,
conclut-on à la fin de l’exposition qui a attiré
1 071 840 visiteurs. Record absolu pour le
musée du Louvre.
ans ! Il aura fallu une décennie à deux conservateurs
en chef du musée du Louvre, Vincent
10
Delieuvin (département des Peintures) et Louis Frank
(département des Arts graphiques), pour concevoir (et
réussir) l’exposition « Léonard de Vinci » dont ils ont
été tous deux commissaires.
ENTRE-DEUX
Toutes les plus grandes institutions publiques ont
joué le jeu, en prêtant de nombreuses œuvres, ainsi
que plusieurs collectionneurs privés, dont Bill Gates et
la reine d’Angleterre. Au total, 160 œuvres, réparties
sur les 1 100 m 2 des habituels espaces d’expositions
temporaires du hall Napoléon, et scénographiées par
Victoria Gertenbach, chargée de projet en architecture
et muséographie au sein de la médiation et de la
programmation culturelle du musée du Louvre. Véritable
designer d’espaces, l’architecte scénographe
s’applique à créer des lieux favorisant la rencontre
des visiteurs avec l’œuvre. « En fait, résume Victoria
Gertenbach, à l’aide de volumes, de couleurs et de
lumières, mon travail consiste à créer cet “entre-deux”
guidant le parcours du public d’une œuvre à l’autre,
tout en restituant, dans le domaine du sensible, la
compréhension d’une démonstration intellectuelle et esthétique,
celles des commissaires de l’exposition. » Dans
ce contexte, l’éclairage représente un élément essentiel
en tant que facteur d’interprétation, de confort
«Aucune matière
ne peut être
intelligible
»
sans ombre
et lumière.
Léonard de Vinci
(1452-1519)
Ci-dessus. Des réflectographies infrarouge de
plusieurs peintures, à la même échelle que les œuvres
originales étaient exposées. Cet examen scientifique
permet de révéler le dessin à base de carbone placé
sous la couche picturale.
En haut et ci-contre. SPX Lighting a fourni deux
versions de sa gamme de projecteurs à découpe Syclop :
320 projecteurs noirs de 18 W ; 50 de 35 W, l’ensemble
en 3 000 K. La particularité de ces deux versions tient
dans la gradation par potentiomètre (comme sur
la version classique) et/ou Bluetooth (Casambi)
avec un smartphone ou une tablette.
30 LUX 306 LUX 306 31
Conception : Nord Compo © Éditions Eyrolles
G14073_EclairageDExposition_CV_001_HURRYCOVER.indd 1 13/11/2014 12:22
DOSSIER / MUSÉES
MUSÉES / DOSSIER
L’exemplaire audit du Musée du Louvre
La direction du patrimoine architectural et des jardins de l’établissement public du Musée du Louvre
a lancé, début 2019, un marché public de prestations intellectuelles portant sur l’assistance à maîtrise
d’ouvrage (AMO) pour la rénovation de l’éclairage des salles muséographiques. Passé selon une procédure
d’appel d’offres ouvert, ce marché a été remporté par Nicolas Mangin, dirigeant du BE Génilum, qui nous
résume les principales exigences du CCP (Cahier des clauses particulières).
NORME AFNOR
Depuis début 2018,
l’AFNOR (et les autres
organismes de normes
européennes, DIN,
etc.) a entrepris la
révision de la norme
expérimentale
XP CEN/TS 16163
« Lignes directrices
et procédures
concernant le choix
d’un éclairage adapté
pour les expositions en
intérieur » (traduction
littérale du titre en
anglais), paru en
juin 2014, en norme
européenne pour
2021.
Le groupe miroir
français de l’AFNOR
comporte de façon
permanente quatre
concepteurs lumière
et éclairagistes
souvent membres
de l’AFE, de l’ACE et
de l’ICOM (Conseil
international des
musées) avec d’autres
personnes du C2RMF
(Centre de recherche
et de restauration des
musées de France) et
du SMF (Service des
musées de France,
anciennement
Direction). Ce travail
est pris en charge
par la Commission
de la coordination
de normalisation du
ministère de la culture
comme d’autres
normes liées à la
conservation des biens
culturels.
32 LUX 306
Rappelons que le marché de prestations intellectuelles
lancé par le Musée du Louvre il y a un an, a
pour objectif l’audit technique d’ambiance, de sécurité
et de l’éclairage des œuvres des salles muséographiques.
Cet audit porte, également, sur la réalisation d’un plan
pluriannuel de rénovation de l’éclairage des salles.
Les prestations sont réparties en trois phases :
- audit des installations d’éclairage des salles muséographiques
;
- expression des besoins ;
- plan pluriannuel des travaux.
À noter que le périmètre de ce marché concerne uniquement
les salles muséographiques hors musée Delacroix,
hors salles récemment rénovées et les salles d’exposition
temporaires, ce qui représente 478 salles muséographiques.
« Le musée du Louvre souhaite promouvoir un
développement durable et responsable de ses activités en
appliquant ces mêmes principes auprès de l’ensemble de
ses prestataires, titulaires de marchés », rappelle Nicolas
Mangin, en précisant que l’institution suit l’objectif fixé
par la Stratégie nationale de transition écologique vers
un développement durable 2015-2020 (SNTED), ainsi
que la loi de transition énergétique pour une croissance
verte (LETCV). Sont également pris en considération le
Plan ministériel d’administration exemplaire 2015-2020
(PAE) du ministère de la Culture et de la communication
en matière de gestion administrative éco responsable,
ainsi que la déclinaison de sa politique de Responsabilité
sociétale des organisations (RSO).
Sans oublier le nécessaire respect des obligations
environnementales et des prescriptions de code de l’environnement
français, « notamment celles relatives à la
gestion des déchets tant au niveau de leur traitement que
de leur valorisation », conclut Nicolas Mangin, en nous
donnant prochainement rendez-vous pour la présentation
des principaux résultats de l’audit.
JEAN-JACQUES EZRATI
La « face visible »
de la lumière muséographique
Le guide idéal pour tous les étudiants et jeunes professionnels
– concepteurs lumière, éclairagistes, architectes, scénographes,
chefs de projets culturels, conservateurs ou techniciens – qui
s’intéressent à l’éclairage d’exposition et souhaitent s’approprier
les notions essentielles de cette activité. Partant des origines de
la pratique de l’éclairage dans le domaine du théâtre, l’ouvrage
aborde les bases de l’éclairage
scénique puis muséogra-
Cet ouvrage s’adresse à tous les étudiants et jeunes
professionnels – qu’ils soient concepteurs lumière ou
phique éclairagistes, architectes, et scénographes, questions chefs de projets de sa
culturels, conservateurs ou techniciens – qui s’intéressent à
l’éclairage d’exposition et souhaitent s’approprier les notions
essentielles de cette activité.
signification. Du point de vue
Parce que la pratique de l’éclairage tire ses origines du côté du
théâtre, c’est ce modèle historique qui est d’abord interrogé, afin
de permettre aux lecteurs de découvrir différentes applications
technique, professionnelles et de les transposer. les règles principales
géométriques, spatiales conservation et temporelles) qu’il faut apprendre à préven-
L’éclairage est ensuite abordé dans sa dimension conceptuelle, car il
est avant tout l’un des supports du message de l’exposition. L’auteur
décompose en de multiples variables lumineuses (plastiques,
utiliser et combiner.
Du point de vue technique, les règles principales de conservation
préventive et d’ergonomie
d’ergonomie
visuelle sont bien sûr détaillées, ainsi
visuelle
que les différents aspects technologiques de l’éclairage dont la
connaissance est essentielle. Ceux-ci comprennent la description
des multiples sources artificielles (lampes fluorescentes, halogènes
sont et LED), l’utilisation détaillées, des filtres ou encore l’emploi ainsi de l’éclairage que les
dynamique avec l’usage des protocoles, tel le DALI.
Plusieurs études de cas, tirées des expériences de l’auteur, et des
entretiens avec des professionnels donneront des pistes concrètes
différents pour exploiter toutes ces notions essentielles, aspects à des degrés différents technologiques
Jean-Jacques Ezrati est de praticien l’éclairage.
de la lumière depuis plus de 30 ans. Il
en fonction des situations.
a
été tour à tour régisseur lumière au Centre Pompidou puis éclairagiste
conseil au sein de la Direction des musées de France, avant de rejoindre
en 2001 le Centre de recherche et de restauration des musées de France. Il
est aujourd’hui consultant et formateur indépendant en éclairage.
> http://ezrati-eclairage.weebly.com
Éclairage
d’exposition
Éclairage d’exposition.
Musées et autres espaces
22 E
Jean-Jacques Ezrati, 2014,
quadri, 17 x 20 cm, 168 pages,
22 euros
Code éditeur : G14073
ISBN : 978-2-212-14073-6
Jean-Jacques
Ezrati
Éclairage d’exposition
Jean-Jacques Ezrati
Éclairage
d’exposition
Musées et autres espaces
Ayant débuté sa carrière professionnelle
comme régisseur de lumière,
notamment au Centre Georges Pompidou,
Jean-Jacques Ezrati a rejoint, en 1982, la
Direction des musées de France, en tant
qu’éclairagiste-conseil.
En 2001, il intègre le Centre de recherche
et de restauration des musées de France,
d’abord au sein du département « Conservation
préventive », toujours en tant
qu’éclairagiste-conseil, ensuite, au sein du
département « Recherche », en tant qu’ingénieur
d’études, intègre le groupe physique de
la couleur qu’il dirigera par la suite.
Depuis 2012, il exerce ses diverses expertises
en tant que formateur et assistance à maîtrise
d’ouvrage/œuvre, ainsi qu’au niveau de
projets et réalisations d’éclairage.
Il rédige également. À noter, entre autres,
son dernier ouvrage, paru en 2014, intitulé
L’Éclairage d’expositions. Musées et autres
espaces aux Éditions Eyrolles.
MUSÉE VAN GOGH
Les couleurs de Van Gogh
protégées par le numérique
En 2019, plus de 2,1 millions de visiteurs venant de 108 pays ont parcouru le musée Van Gogh d’Amsterdam
qui réunit 200 peintures, 500 dessins et imprimés et plus de 800 lettres de Vincent Van Gogh, soit la plus
grande collection de ce type au monde, ainsi que des expositions temporaires d’autres artistes et
collections. Ayant constaté que ses peintures se dégradaient plus vite que souhaité, le musée a choisi
la technologie Xicato pour remédier à cette dégradation.
La lumière dégrade les couleurs utilisées
dans les peintures et les tapisseries et
elle affecte également la couleur et le fini du
bois des objets et meubles sculptés. Les musées
calculent et surveillent la quantité de
lumière à laquelle est exposée chaque œuvre
d’art pour équilibrer la mission d’exposition
publique, la nécessité de préservation
et pour réduire le plus possible la fréquence
des travaux de restauration.
En calculant les lux-heures et en connaissant
la répartition spectrale énergétique de
l’éclairage d’exposition, les musées peuvent
déterminer pendant combien d’heures, de
jours et de semaines une œuvre peut être
exposée et quelle luminosité peut l’éclairer.
Au musée Vang Gogh d’Amsterdam, et à la
collection Mesdag de La Haye (1300 points
lumineux au total), Xicato travaille, depuis
8 ans, à préserver l’énergie et l’art.
EN 3 PHASES
Parce que le musée hésitait à s’engager en
faveur d’une nouvelle technologie, la première
phase de l’installation a simplement
concerné le remplacement les rails d’éclairage
halogène existants par des luminaires
TTX2.70 fournis. Par Mike Stoane Lighting
équipés de modules LED de la série « Artist
XIM 9 mm » de Xicato, ces modules supportant
à la fois une commande 0-10 V et
une commande Bluetooth. Lors de la phase
initiale, les éclairages ont été commandés
au moyen d’interrupteurs BLE (Bluetooth
Low Energy) de récupération d’énergie de
EnOcean pour commuter de manière indépendante
l’éclairage des œuvres d’art et
l’éclairage des salles pour le nettoyage. Les
lampes sont éteintes pendant la nuit au
moyen d’interrupteurs marche/arrêt standard.
La deuxième phase a consisté à ajouter des
capteurs Xicato (XIS) de mouvement et
d’éclairement et de programmer les éclairages
en fonction de l’horaire, de l’occupation
et des niveaux d’éclairage d’ambiance, pour
encore réduire, à la fois l’énergie et l’exposition
à la lumière. La programmation
individuelle des luminaires est réalisée au
moyen du logiciel « Panneau » de commande
de Xicato, et les réglages programmés, y compris
l’appartenance sécurisée à un réseau,
à un groupe et à un scénario. Les réglages
de scénarios ainsi que les réactions individuelles
au capteur, sont stockés dans chaque
module Xicato, ce qui élimine le besoin de
dispositifs de commande ou de nœuds centralisés.
Les éclairages contiennent leurs
horaires individuels, répondent aux capteurs,
aux interrupteurs et aux commandes
données par une application. Ils prennent
ainsi des décisions indépendantes par rapport
à la manière de réagir.
Troisièmement, le module LED XIM 1 stocke
les informations d’état et la configuration qui
le concerne, y compris le type de module,
le matériel et la révision du progiciel, son
niveau de flux maximum programmé, ses
interfaces de commande (par exemple Bluetooth
+ 0-10V ou Bluetooth + DALI), le total
Comme d’autres institutions exposant des œuvres
prisées par de très nombreux visiteurs, le musée
Van Gogh d’Amsterdam doit répondre à des enjeux
contradictoires : exposer mais préserver. Par ailleurs,
il mène pour cela de très nombreuses recherches,
notamment le programme Revigo (REassessing
VIncent van Gogh) qui a démontré que les couleurs
d’origine de ses peintures étaient bien plus vives.
des heures de fonctionnement, les cycles
marche/arrêt, ainsi que les histogrammes de
son intensité et des états de températures.
Le module sauvegarde, également, son appartenance
à un réseau, à un groupe et à un
scénario, ainsi que les réglages programmés.
Enfin, le module LED XIM diffuse périodiquement
des informations portant sur son
état de fonctionnement immédiat, y compris
le nom et l’identification de l’appareil,
l’intensité (pourcentage de graduation), la
température de la LED et du circuit imprimé,
la tension et la fluctuation de l’alimentation
ainsi que l’état global.
1. Développé par Xicato, le module LED intelligent XIM Gen4,
entièrement intégré, associe la source lumineuse avec le pilote,
les balises Bluetooth et un système de contrôle sans fil dans
une seule unité.
LUX 306 33
© Musée Van Gogh Amsterdam / Jan Kees Steenman
DOSSIER / MUSÉES
MUSÉES / DOSSIER
EXPOSITION REMBRANDT’S LIGHTS (ANGLETERRE)
Engendrer la perception
Pour célébrer le 350 e
anniversaire de la mort
de l’inestimable
Rembrandt, la Dulwich
Picture Gallery, près de
Londres, a rassemblé
35 œuvres majeures. Pour
révéler sa manière si
particulière de composer
avec la lumière, la galerie
s’en est remise aux
talents du directeur de la
photographie Peter
Suschitzky qui s’est
appuyé sur un système
d’éclairage LED à
commande Bluetooth
sans fil nouvellement
installé.
Quel est le point commun entre les films
Star Wars. L’Empire contre-attaque, Mars
Attacks!, The Rocky horror Picture Show et
Rembrandt ? Pas moins que le directeur de
la photographie Peter Suschitzky, inspiré tout
au long de sa carrière par la manière dont
l’artiste utilisait la lumière pour « créer du
mouvement et de l’émotion ». Pour lui, le parallèle
avec le cinéma est évident : « Sculpter
la lumière et diriger le regard du spectateur vers
l’endroit voulu est essentiel
à une narration puissante. »
Cette mise en abîme lumineuse
s’est déroulée entre
les murs de la Dulwich
Gallery, la plus ancienne
au monde, ouverte en
1815 dans le sud-est de
Londres. Jusque-là éclairée
à l’halogène, elle a
remplacé une partie de
cette installation par un système piloté par
Casambi Bluetooth, avec des projecteurs LED
Optec Erco, équipés de modules LED 12 W.
« Ces appareils d’éclairage permettent une
commutation et une gradation individuelles,
commande et programmation se faisant via
iPad et iPhone. Une série de lentilles tertiaires
«
peintre. Les peintures et
gravures du maître hollandais
sont, selon les codes
de la peinture de l’époque,
des scènes bibliques ou
»
du quotidien, ou bien des
portraits. Dans sa façon de
guider le spectateur dans
la lecture de ses œuvres,
Rembrandt joue sur des
contrastes que l’ambiance générale des salles
de la galerie a tenté de justement mettre en
scène. Accentuant les sensations dégagées
par les œuvres, sans être redondant, l’éclairage
insiste dans les premières salles sur le
caractère dramatique des scènes peintes,
sa maîtrise de la lumière et l’influence du
Une série de
lentilles tertiaires
interchangeables a été
utilisée afin d’obtenir
pour chaque œuvre
un éclairage précis.
interchangeables – avec des répartitions de narrow
spot à extra wide flood, ovale ou encore
un cadrage – a été utilisée afin d’obtenir pour
chaque œuvre d’art un éclairage précis », précise
le fabricant.
DU DRAMATIQUE À LA SENSUALITÉ
Avec pour titre « Les Lumières de Rembrandt
», l’enjeu de la mise en lumière a
été de faire correspondre l’ambiance lumineuse
aux intentions du
La Jeune fille à la fenêtre (1645, Dulwich Picture Gallery)
est une œuvre très représentative de la manière dont
Rembrandt utilisait la lumière pour diriger le regard
du spectateur.
théâtre dans ses représentations. Il se fait ensuite
plus « sensuel, avec une ambiance plus
intime » avec pour thème la manipulation de
la lumière avec les peintures de son atelier.
Pour clôturer avec « l’humeur méditative »
propre aux thèmes religieux ou empreints de
philosophie. La gradation individuelle permet
d’ajuster le plus précisément possible. Et
ce qui est bon pour Rembrandt l’est pour les
événements à venir. « Nous allons prochainement
montrer une exposition de photographies
dans laquelle une partie de l’éclairage devra
être commutée par des timers que le visiteur actionnera
sans fil. Nous étudions également des
designs d’éclairage interactifs que les visiteurs
pourront commander eux-mêmes », déclare
Alexander Moore, directeur de la Dulwich
Gallery. Soucieux du rendu de ses œuvres,
Rembrandt préconisait en 1639 à un nouvel
acquéreur « d’accrocher cette œuvre dans
une lumière vive, où elle puisse être vue de loin,
pour qu’elle scintille au mieux ». Pour tout l’art
de la lumière. LC
© ERCO GmbH, www.erco.com / Photo Gavriil Papadiotis
MUSÉE ANTOINE LÉCUYER (SAINT-QUENTIN)
Conservation des pastels et lumière
dynamique pilotée par Bluetooth
À Saint-Quentin dans l’Aisne, le musée Antoine Lécuyer conserve et présente notamment le fonds de l’atelier
de Maurice-Quentin de La Tour 1 , une exceptionnelle collection composée de près d’une centaine de portraits
réalisés au pastel, qui doivent être protégés contre les dommages dus à la lumière. Jérémy Le Bellégo,
régisseur des collections, invité par Eurosep Instruments lors du dernier salon SITEM, a expliqué l’intérêt
de l’éclairage dynamique, en réseau Bluetooth, pour leur conservation.
Le 15 novembre 2019, a été inaugurée
la nouvelle muséographie des trois salons
de pastels du musée Antoine Lécuyer 2 .
« L’objectif du projet portait, notamment, sur
l’installation d’un éclairage dynamique valorisant
les œuvres. Il s’agissait d’allier confort de
visite et respect des mesures de conservation
préventive », explique Jérémy Le Bellégo. Ce
projet a été réalisé, en collaboration entre le
musée et la société Eurosep Instruments, de
l’audit « Lumière » jusqu’à la fabrication et la
programmation des projecteurs.
CONSERVATION PRÉVENTIVE
Avant sa rénovation, l’éclairage halogène des
trois salons « n’était pas idéal pour la conservation
préventive, même s’il n’était pas projeté
directement sur les œuvres », poursuit le régisseur.
À noter que ces trois salles d’exposition
en enfilade sont des salles aveugles, « donc
parfaites pour exposer les pastels particulièrement
sensibles à la lumière artificielle ou
naturelle ». Et de montrer une œuvre, masque
préparatoire de Maurice-Quentin de La Tour,
témoignant des méfaits de la lumière et de
Les trois salons de pastels en enfilade étaient
auparavant éclairés par des halogènes néfastes pour
la conservation préventive. Aujourd’hui, 40 projecteurs
pilotables à distance par Bluetooth permettent
d’éclairer de façon indépendante telle ou telle œuvre.
Deux scénarios sont activés grâce à 6 détecteurs de
présence selon que des mouvements sont détectés
ou non. L’ambiance est alors « muséographique »
avec un niveau entre 40 et 60 lux ou, en l’absence
de visiteurs dans la salle, « économique » avec 20 lux.
© Musée Antoine Lécuyer, Saint-Quentin (Aisne) / Cliché : Luc Couvée
34 LUX 306 LUX 306 35
DOSSIER / MUSÉES
MUSÉES / DOSSIER
© Musée Antoine Lécuyer, Saint-Quentin (Aisne)
Les dessins et pastels comptent parmi les œuvres très
sensibles aux effets de la lumière. Aussi, le Conseil
international des musées conseille-t-il de ne pas les
exposer à plus de 50 lux. Ici un des nombreux pastels
signés par Maurice-Quentin de la Tour, connu pour
ses portraits des figures emblématiques de la cour
de Louis XV et du Siècle des lumières.
Contrôleur Bluetooth Programmable
Smartphone, ordinateur via une
application gratuite
Système opensource
la chaleur qui accélèrent le processus de
dégradation des arts graphiques, à la fois
au niveau de la décoloration des pigments
et, surtout, de la structure du papier et de
ses fibres. Pourquoi une telle dégradation ?
« Parce que les œuvres ont beaucoup voyagé
aux XIX e et XX e siècles, et ont été exposées dans
des conditions pas toujours idéales en termes de
conservation préventive ». Les pastels ont reçu
les rayons UV et le papier, en subissant une
insolation, a jauni sous l’effet de la lumière et
des rayons UV. « Aujourd’hui, l’ICOM (Conseil
international des musées) recommande de ne
pas exposer les arts graphiques à plus de 50 lux,
et de ne pas les exposer en permanence », rappelle
Jérémy Le Bellégo 3 .
SOLUTION SUR-MESURE
Le musée a été fermé deux mois, la collection
de pastels a été décrochée, les équipements
halogènes supprimés, les murs ont été repeints
et un nouveau système d’éclairage
a été installé comptant 40 projecteurs et
6 capteurs de présence fournis et programmés
par la société Eurosep Instruments.
Chaque projecteur est pilotable à distance
«Lumière et chaleur
accélèrent le processus
de dégradation des arts
graphiques au niveau de
la décoloration des
pigments et de la structure
du papier et de ses fibres.
EUROSEP Instruments
« L’éclairage Muséographique »
»
par Bluetooth, via un réseau de communication
Xicato, à partir d’un logiciel embarqué
sur un PC. « Chaque projecteur permet d’éclairer,
de façon indépendante, telle ou telle œuvre
avec une valeur d’éclairement qu’il m’est possible
de définir. Elle s’exprime en pourcentage.
Il m’appartient ensuite, via des mesures au luxmètre,
de m’assurer que cette valeur respecte
l’intensité lumineuse que je souhaite déployer
sur l’œuvre en question », explique Jérémy
Le Bellégo, pour qui cette solution offre une
grande liberté concernant la mise en valeur
des œuvres de différentes natures (pastels,
clavecin du XVIII e siècle, mobilier, peintures,
Eclairage dynamique en muséographie : Pilotage Bluetooth
Capteur de présence, luxmètre,
température
MultiCapteurs
Capteurs
OEM
Calendrier/Temporisation
Télécommande/
Interrupteurs programmables
Les musées et plus généralement
les espaces d’expositions
cherchent à optimiser et à
automatiser la mise en lumière
des oeuvres.
Nous avons donc conçu des
projecteurs pilotables et asservis
à des capteurs Bluetooth.
Il est ainsi possible de gérer
individuellement ou par groupes
nos luminaires pour créer des
scénarios ou collecter les données
d’éclairement.
EUROSEP Instruments - Tel : 01.34.22.95.22 - eurosep@eurosep.com - www.eurosep-museum.com
ses débuts, Jeremi Ca a exposé ses œuvres en extérieur, à
À Saint-Malo, en profitant de la lumière du jour afin qu’elles
soient bien éclairées et que les couleurs soient fidèles. C’est ainsi
qu’il a pris conscience de l’importance de la lumière d’autant
plus que, ensuite, il a exposé en intérieur, là où la lumière n’était
pas forcément la priorité des organisateurs. « J’ai ainsi décidé de me
rapprocher de spécialistes pour me constituer un parc de lumière »,
se rappelle-t-il. De suite, a constaté l’artiste, la réaction des spectateurs,
et celle de ses confrères, s’est avérée différente parce que
« mon travail vivait différemment ».
UNE FINE ALCHIMIE
« Une exposition lumineusement adaptée contribue à une meilleure appréciation
de l’œuvre », souligne Jeremi Ca qui, tout en se considérant
« à des années-lumière » d’un Caravage ou d’un Pierre Soulages, expose
de la même manière que ces éminents artistes, le premier travaillant
le clair-obscur alors que le second excelle dans le noir. Pour le Caravage,
par exemple, on recherche un éclairage plutôt diffus et bien
réglé pour apprécier les éléments importants de l’œuvre, telles que
la position des mains et la gestuelle. Tandis que pour Pierre Soulages
est recherché un éclairage plus ou moins rasant pour souligner les
spécificités et singularités de son œuvre autour de la brillance, de la
matité et des effets de texture.
Dans le courant artistique qu’il développe à présent, la lumière représente
une composante de l’œuvre en contribuant à révéler le jeu
des formes géométriques. De plus, elle peut avoir un impact sur la rétine
du spectateur, créant des modifications colorées ou des illusions
d’optique. « Mon travail s’appuie sur le dessin, la matière, la couleur et
sculptures…). « De plus, cette solution sur mesure
offre un grand confort de travail : à aucun
moment je n’ai à monter sur un escabeau pour
régler les projecteurs. Je peux le faire seul, sans
l’aide d’un éclairagiste », se félicite le régisseur.
Ce système d’éclairage permet, également,
de configurer deux scènes qui correspondent
à différents états d’éclairement :
- une première scène « muséographique »
intervient quand les capteurs de présence
détectent des mouvements dans les salles.
Les projecteurs éclairent alors les pastels
entre 40 et 60 lux ;
- la deuxième scène « économique » intervient
quand les capteurs ne repèrent aucun
mouvement dans les salles. Est alors créée
une atmosphère de pénombre (environ 10 à
20 lux) permettant de ne pas éclairer inutilement
les pastels, le choix du noir complet
ayant été écarté pour ne pas rebuter le visiteur
pénétrant dans les salles.
IL EST MOINS RISQUÉ DE PRÊTER
Une dernière fonctionnalité, apportée par la
nouvelle installation d’éclairage, porte sur
l’historique d’éclairement des œuvres, tant
en valeur qu’en temps d’exposition. Concrètement,
un projecteur peut être sélectionné
au niveau du PC logiciel et générer un graphique
décrivant l’éclairement de chaque
œuvre. « Cette solution permet, lors de prêts
d’œuvres, de justifier précisément de l’éclairement
d’une œuvre prêtée ou déposée, auprès
du musée prêteur ou déposant », poursuit le
régisseur. « À l’inverse, si je me positionne en
tant que prêteur, je peux exiger que mon aquarelle
ne subisse pas plus de 50 lux pendant la
durée d’une exposition. » Dans ce contexte, le
graphique énoncé ci-dessus, devient un document
quasi contractuel entre le prêteur
et une institution emprunteuse. « Ce nouvel
éclairage est une première étape vers une refonte
de la muséographie des autres salles du
musée », conclut Jérémy Le Bellégo, satisfait
des très bons retours des visiteurs portant
sur le meilleur confort de visite.
1. Maurice-Quentin de La Tour, né et mort à Saint-Quentin
(1704-1788) est considéré comme « le prince des pastellistes ».
2. La première scénographie remontait à 2004, date du tricentenaire
de la naissance de Maurice-Quentin de La Tour.
3. Ndlr : En respectant la dose totale d’exposition annuelle,
d’où l’intérêt de limiter le temps d’exposition.
Retrouvez les vidéos de la présentation
intégrale de Jérémy Le Bellégo sur
eurosep-museum.com/eurosep-news./
L’ARTISTE PEINTRE JEREMI CA
« La lumière fait partie intégrante de l’œuvre »
Ni technicien, ni spécialiste de la lumière, l’artiste peintre breton Jeremi Ca l’évoque au travers de son
travail qui accorde une importance particulière à l’abstraction géométrique. « La lumière est essentielle
pour exposer et vendre mes œuvres », explique-t-il en considérant, aujourd’hui, « que tout artiste devrait
être un technicien de la lumière au service de ses créations ».
le mouvement. Ces quatre éléments dévoilent une fine alchimie entre la
composition de l’œuvre, la proportion des lignes, l’utilisation de la couleur
et le rôle de la lumière. »
Par exemple, dans ses tableaux polychromes, Jeremi Ca utilise plus
de 50 nuances nécessitant un « bon éclairage » pour leur choix, notamment
celui des camaïeux de gris. « Je ne crée plus en pensant
simplement à l’œuvre, mais en pensant à sa globalité, c’est-à-dire en
prenant en compte le rôle de la lumière », conclut-il.
LUX 306 37
PERSPECTIVES / INNOVATION
INNOVATION / PERSPECTIVES
© Signify
CONNECTIVITÉ ET MOBILITÉ
Le LiFi prend son envol
C’est une nouvelle avancée de Signify qui va faire date. Cette fois, dans le domaine des transports, secteur
où le géant hollandais cherche à déployer sa solution de communication par la lumière, Trulifi. L’objectif :
une connectivité continue en mobilité. D’où sa collaboration avec l’opérateur britannique Vodafone, qui vise
à associer le réseau 5G et le LiFi pour offrir aux voyageurs une connexion haut débit sans interruption
pendant leurs déplacements : dans le bus ou le train qui les mène à l’aéroport, dans l’aérogare en attendant
leur avion et à bord, pendant le vol.
Le LiFi à bord des avions,
des bus et des trains,
permettra aux passagers
de profiter d’une
connexion rapide, stable
et sécurisée, insensible
aux déplacements
et à la vitesse, ce que
le WiFi et le réseau 4G
ne permettent pas.
38 LUX 306
En octobre dernier, Signify a signé un partenariat de deux ans avec
Latécoère. L’équipementier aéronautique va proposer Trulifi aux
compagnies aériennes et se dit confiant dans le succès de cette solution
« parce qu’elle est portée par un leader mondial, capable de faire
entrer une technologie dans le quotidien et d’être en capacité de la faire
évoluer ». Le premier avion équipé de Trulifi est prévu fin 2020, avec
Air France. Parallèlement à cette entrée dans l’aéronautique, un projet
pilote est à l’étude avec l’équipementier italien Ellamp SpA pour
l’intégrer dans des bus et des trains.
À ce stade, il s’agit d’un réseau intranet avec des contenus média hébergés
sur un serveur local embarqué, de quoi garantir la connexion
même si le bus passe sous un tunnel ou si l’avion survole des zones
non couvertes par les radiofréquences, comme les zones militaires.
Les échanges de ce serveur avec l’extérieur seront assurés soit par antenne
satellite soit par antenne ATG (Air-to-Ground), avec des réseaux
séparés pour les informations liées au transport – sécurité oblige – et
celles destinées aux voyageurs. D’ici trois à cinq ans, selon Latécoère,
les passagers pourront connecter leurs terminaux personnels et bénéficier
d’une connexion à Internet sans subir l’extrême lenteur et
les latences actuelles.
DES SERVICES EN PLUS, DU POIDS EN MOINS
Concrètement, chaque siège passager disposera d’une lampe LED
équipée d’un capteur IR pour pouvoir se connecter sans que la
«
Le LiFi fait appel à la fibre
optique et réduit le câblage
dans les avions. Un atout
dans ce secteur où tout
»
est fait pour alléger les
appareils afin de moins
consommer de carburant.
lampe soit obligatoirement allumée. Le point
d’accès (« dongle ») sera positionné dans l’appui-tête,
et l’écran, intégré dans le dossier
du fauteuil. L’architecture a été pensée pour
fournir un point de connexion LiFi « en visibilité
directe » : chaque passager aura un réseau
LiFi individualisé et sécurisé. Grâce à cette
technologie, le voyageur pourra adapter le
confort (niveau de l’éclairage et de la climatisation),
commander de quoi se restaurer,
profiter d’une expérience immersive avec
des lunettes 3D ou de Netflix pour visionner
un film en 4K, ou encore, participer à un
jeu vidéo avec d’autres passagers… avec une
connexion rapide, stable, sécurisée et insensible
aux déplacements.
Au-delà de l’atout concurrentiel qu’il va apporter
aux compagnies de transport, le LiFi
présente un autre avantage : il fait appel à
la fibre optique et réduit significativement
le câblage dans les avions. Un atout majeur
dans ce secteur où tout est fait pour alléger
les appareils afin de moins consommer de
carburant.
Pour finir, que le système Trulifi n’est pas basé
sur la norme de l’IEEE 1 , mais sur sa « concurrente
», celle de l’ITU G.9991 2 . Pour autant,
Michel Germe, à la tête de la division LiFi
chez Signify, l’assure : « Ce système est ouvert
et évolutif ; il n’y aura pas de problème d’interopérabilité
avec le standard LiFi qui sera défini et
doit être publié en 2021. » Pascale Renou
1. ITU : International Telecommunication Union
2. Institute of Electrical and Electronics Engineers
© Osram
De nouvelles interfaces
comme Dexal, d’Osram ;
Sensor Ready (« SR »), de
Signify, ou encore po4a,
de Tridonic, reposent
sur une technologie
de communication
sans fil comme Zigbee
ou Bluetooth mesh
et le protocole Dali.
Les drivers, luminaires
et capteurs intégrés
disposant de ce type
de technologie peuvent
être tous interconnectés
pour former un réseau
« indépendant ». Très
pratique en rénovation
pour faire évoluer une
installation on/off vers
du smart lighting sans
câble de communication
ou de passerelles
supplémentaires.
Paramétrage et contrôle
commande s’effectuent
généralement via une
appli mobile.
DRIVERS LED
Toujours plus de connectivité
et de fonctionnalités
En février dernier, La Lettre Lux 1 portait sur les drivers et plus particulièrement
sur l’évolution électrique de cet équipement considéré par certains comme « le maillon
faible » d’un système d’éclairage LED. Si des progrès ont été faits par les industriels pour
améliorer sa robustesse et sa fiabilité, c’est au niveau de ses capacités fonctionnelles
que son évolution est la plus spectaculaire, grâce en particulier à la connectivité.
En dehors de quelques rares points techniques (effet flicker, capacité
de gradation, compatibilité avec l’installation), il semble que
la technologie des drivers ne suscite guère d’intérêt, surtout en éclairage
intérieur tertiaire, où l’enjeu de sécurité lié aux contraintes de
l’environnement de fonctionnement est moindre comparé à l’éclairage
extérieur. Pourtant, des avancées ont particulièrement favorisé l’évolution
de cet appareillage qui mérite une meilleure attention car elles
en font bien plus qu’un simple « gestionnaire » de courant. Sa technologie
avancée lui confère aujourd’hui une intelligence qui ouvre de
nouvelles perspectives dans l’approche d’un projet d’éclairage.
L’EFFET BOOSTER DU DALI-2 ET D4I
Le Dali est un élément clé de cette progression. Ce protocole dédié
à l’éclairage permet depuis plus de 20 ans de collecter des informations
et d’envoyer des consignes de pilotage au driver qui se charge
de les appliquer. En 2015, l’arrivée du Dali-2 a apporté deux changements
significatifs :
- la certification tierce partie des composants : jusqu’à présent, la
conformité d’un driver Dali reposait sur une autodéclaration du
«
Un driver D4i est
capable de fournir
les 16 V nécessaires
au fonctionnement
du Dali, avec, en sortie,
55 mA a minima.
Consommant 2 mA,
il peut donc alimenter
le luminaire LED dans
»
lequel il est installé
et un ou plusieurs
capteurs intégrés.
LUX 306 39
PERSPECTIVES / INNOVATION
INNOVATION / PERSPECTIVES
L’AVIS DU CLUSTER LUMIÈRE
Les évolutions technologiques des drivers, sujet de La Lettre Lux
de février 2020 (voir lien dans l’encadré page de droite), ont fait
réagir les membres du Cluster Lumière, en particulier son président,
Philippe Badaroux qui nous a transmis son point de vue que voici :
Le driver est un maillon essentiel de l’éclairage LED. C’est lui qui fixe
le point de fonctionnement du composant lumineux et en développe
les fonctionnalités d’usage, en matière de pilotage vers la smart city ou
le smart building notamment. Sans driver, pas de LED, et même les
« ampoules à LED » que l’on trouve en grande surface ont leur driver intégré.
La technologie électronique du driver est mature maintenant, et des progrès
indéniables ont été réalisés en termes de fiabilité. Mais qu’en est-il de
la robustesse, et de la durée de vie opérationnelle, en conditions réelles
d’utilisation ? N’oublions pas qu’une installation d’éclairage est
généralement conçue pour plusieurs dizaines d’années.
La concurrence féroce sur les prix amène les fabricants à faire des compromis
sur le luminaire, mais aussi sur le driver. On sait très bien concevoir
et fabriquer des produits très robustes, mais pour cela il faut intégrer
les conditions de fonctionnement sur le terrain, en prenant en compte toutes
les sollicitations du monde réel, température, surtensions, impact de foudre ;
et les mauvais usages également car cet appareillage à fort contenu
technologique a ses exigences.
En transformant la tension d’alimentation (généralement 230 V) en courant
continu stabilisé, il est fortement exposé à tout ce qui se passe dans le réseau
d’alimentation. Il peut aussi interférer avec celui-ci, avec des courants
d’allumage très élevés, ou en générant des parasites ou des courants
harmoniques, lesquels perturbent les autres usagers de la ligne électrique.
Le driver reste un composant majeur du luminaire, et doit être mis en œuvre
correctement pour créer un produit d’éclairage performant. Mais au-delà
du luminaire qui a passé tous les tests normatifs, c’est un système d’éclairage
que l’on construit, qui inclut les réseaux et les armoires électriques, et peu
s’en soucient.
L’innovation de la LED est là, indéniable, et très porteuse d’avenir.
Elle va révolutionner les usages, mais pour bien l’exploiter, il importe d’en
comprendre l’impact, et d’intégrer les limites de la technologie dans tous
les aspects d’un projet.
Le Cluster Lumière, en se positionnant sur les usages de l’innovation
s’intéresse de près au fonctionnement sur le terrain et aux changements
d’habitudes, de stratégies de maintenance, à l’impact sur les réseaux et
«
Au-delà du luminaire
qui a passé tous
les tests normatifs,
c’est un système
d’éclairage que l’on
construit, qui inclut
les réseaux et les
»
armoires électriques,
et peu s’en soucient.
les tableaux électriques que cette innovation apporte. Le Cluster Lumière,
et son groupe de travail éclairage public vont lancer une étude d’impact des
40 LUX 306
nouvelles technologies sur
le fonctionnement des
installations d’éclairage.
Si vous voulez participer
avec des retours
d’expérience à partager,
contactez-nous.
Toute médaille a un revers,
les drivers ont les leurs,
cherchons à bien les
comprendre pour exploiter
au mieux la technologie LED
qui, sans aucun doute
maintenant, est la base de
l’éclairage de demain.
fabricant. Désormais, tous les produits marqués du logo Dali-2
sont certifiés conformes ;
- l’interopérabilité de tous les produits Dali-2 : luminaires, drivers,
capteurs, interrupteurs… Dès lors que le logo Dali-2 est apposé,
l’interopérabilité de ces équipements au niveau du Dali est garantie.
Petite subtilité tout de même, le Dali-2 peut être enrichi d’options
(également certifiées), par exemple : la mesure des consommations
pour pouvoir faire un suivi énergétique précis de
l’installation (avec le Dali, l’absence de normalisation amenait à
des résultats variables ; la consommation était estimée par rapport
au niveau de gradation). Bien que normalisés, tous les drivers
Dali-2 ne disposent donc pas des mêmes capacités.
Cette fonction de mesure n’est plus une option avec le D4i qui
l’intègre par défaut. Le driver D4i enregistre aussi, et de manière
bien plus précise encore qu’avec le Dali-2, des informations sur
les dysfonctionnements : combien de pics d’intensité et à quel
niveau, combien de périodes de surchauffe et de quel ordre…
apportant des données qui permettent aux professionnels d’être
mieux à même de juger l’installation et de la corriger. Les données
pourront remonter vers un système externe pour des sociétés de
data processing pour une exploitation tournée vers le déploiement
de services aux usagers.
Mais le gros changement avec un driver D4i comparé à un autre
driver est sa capacité à alimenter un bus Dali grâce à une alimentation
Dali intégrée. « Jusqu’à présent, il fallait un équipement
auxiliaire Dali pour obtenir les 16 V nécessaires au fonctionnement
du Dali, précise Thierry Bechtel, de Tridonic. Aujourd’hui, tout driver
D4i est capable de les fournir avec, en sortie, 55 mA a minima.
Un driver LED consommant 2 mA, il peut alimenter le luminaire LED
dans lequel il est placé, et un ou plusieurs éléments externes (capteur,
sonde, nœud de communication…) également installés dans le luminaire
et avec lesquels il sera câblé. »
L’EXTENSION DES POSSIBLES GRÂCE AU SANS-FIL
Ces nouveaux drivers (Dali-2 et D4i) fournissant à la fois une alimentation
et un mode de communication bidirectionnel (avec
Zigbee ou Bluetooth en éclairage intérieur, par exemple), permettent
de concevoir un réseau de luminaires intelligent, soit
autonome soit associé à un réseau Dali, voire à une GTB, avec
une connexion intra-luminaire (avec les détecteurs de présence,
des sondes de température du luminaire), inter-luminaires (pilotage
de luminaires en groupe) ou avec des équipements externes
(panneau de commande, interrupteur…) tous équipés, bien sûr,
du même protocole de communication utilisé.
Actuellement, la plupart des drivers du marché requièrent l’ajout
d’un boîtier externe (antenne et protocole) pour établir ces
échanges et dialoguer. Mais depuis peu, des drivers « Bluetooth
intégré », « Zigbee intégré » ou « Thread intégré » sont proposés
qui s’affranchissent de cet équipement supplémentaire et simplifient
l’infrastructure.
La connectivité sans fil a aussi permis d’enrichir les drivers de nouvelles
capacités, comme le système NFC 2 . Cette technologie n’est
plus une option en éclairage public, tant elle facilite le paramétrage
des installations et les interventions de maintenance. Certains drivers
NFC intègrent une sorte de boîte noire (comme en ont les
avions) qui mémorise de nombreux incidents ; même si le driver
a été complètement détruit par un court-circuit, un impact de
foudre…, le système NFC peut permettre d’accéder à l’historique
complet des défauts.
Ce système devrait bientôt s’imposer en éclairage intérieur où
il n’est pas encore très utilisé, selon Thierry Bechtel : « Dans
90 % des cas, le paramétrage des drivers LED se limite à la valeur
du courant de sortie. Pour paramétrer des fonctions, il faut
brancher un PC, se mettre sous tension 220/230 V et faire la
programmation. Non seulement cette opération prend un peu
de temps (environ 2 minutes par driver), mais elle ne peut être
conduite que par un professionnel habilité électriquement. Avec
le NFC, la mise sous tension
n’est plus nécessaire. Il est
possible de paramétrer un
driver et même un carton
«Avec la fonction
NFC, il est possible
de paramétrer en
quelques secondes
un driver et même
un carton entier de
drivers sans même
les déballer,
»
la mise
sous tension n’est
plus nécessaire.
entier de drivers sans même
les déballer. En 5 secondes,
l’affaire est conclue et vous
n’avez pas besoin de faire
intervenir un électricien.
Même s’il ne s’agit que de
paramétrer le courant, on
gagne beaucoup de temps. »
Ces drivers aux capacités
augmentées sont encore
assez rares. Les premiers
modèles de drivers D4i
sont sortis fin 2019,
ceux intégrant Bluetooth
viennent d’être commercialisés,
et les drivers
« Zigbee intégré » devraient
sortir dans les semaines à venir. D’autres évolutions
viendront vraisemblablement enrichir encore le driver LED,
devenu le poumon de l’installation. Selon Signify, « en 2030,
moins de 50 % de la valeur d’un luminaire proviendra de la lumière
». Tout prête à y croire si l’on considère les services que
la connectivité et cette nouvelle génération de drivers LED
sont capables d’apporter. PR
1. Lien vers La Lettre Lux sur les drivers : bit.ly/Lettre-Lux-15-Driver2
2. Le NFC (Near Field Communication) repose sur l’utilisation d’une antenne qui se connecte sur
un port USB et d’un logiciel téléchargeable gratuitement sur le site du fabricant d’éclairage.
Actuellement, ces logiciels ne sont pas interopérables : l’interface d’Osram ne permet pas,
par exemple, de paramétrer un driver Philips en NFC. Pour Stephen Sybilensky, de Signify,
les interfaces sont similaires et il serait relativement simple de s’accorder entre industriels
pour qu’elles deviennent interopérables. On peut raisonnablement penser, selon lui, que
cette interopérabilité va devenir une réalité.
RECOMMANDATIONS EN PRESCRIPTION
Tridonic a établi une liste de 12 critères techniques pour
aider les prescripteurs et acheteurs à choisir leurs drivers.
Cette liste non exhaustive est téléchargeable à partir de La
Lettre Lux n° 15 :
bit.ly/Lettre-Lux-15-Driver2
LUX 306 41
Divisez par trois la consommation de
vos lanternes LED
Le capteur Kara, implantable dans la majorité des structures de lanternes LED d’éclairage
public, permet une économie d’énergie de 65% en moyenne. Sa diierentiation piéton/auto
aboutit à une réduction de consommation et de pollution lumineuse impossible à atteindre
avec d’autres méthodes.
Forte de 4 ans d’expérience terrain, Kawantech oore désormais une garantie d’économie
minimale de 55% aux communes jusqu’à 100 000 habitants*.
ON AIME / SÉLECTION
SÉLECTION / ON AIME
Éclairage de musées
Quoi de nouveau au Sitem ?
ÉCLAIRAGE DE MUSÉES
Du 28 au 30 janvier dernier, s’est tenu, à Paris, le Salon international des musées,
des lieux de culture et de tourisme (Sitem). Comme pour chaque édition, une dizaine de stands
dédiés à l’éclairage muséographique ont réuni des fabricants, revendeurs
et loueurs de matériel d’éclairage. Jean-Jacques Ezrati les a visités pour nous.
Les équipements présentés étaient majoritairement
français (Ramo, Procédés
Hallier, Loupi, Eurosep, Ledner, Luxam),
européens (Erco, iGuzzini), voire, extra-européens
(Saliot, Rosco). Tous proposent les trois
types classiques de projecteurs, lèche-mur
(à focale variable ou non) et cadreurs. Tous
ÉQUIVALENT 70 W IODURES
Alimenté directement en 230 V, le cadreur
LED 35 W Syclop, de SPX Lighting, se
distingue par son flux puissant (de 3 100 à
3 175 lm) et un IRC élevé (IRC 97 R9 > 95).
Son train optique se démonte sans outil
pour basculer en mode projecteur. Focale
variable par zoom optique de 18° à 42°.
Découpe par 4 couteaux à positionnement
rapide. Aucune fuite de lumière. Accès aux
lentilles sans outils. Orientation à 365°,
soit plus d’un tour. Porte-filtre et portegobo
intégrés.
ont comme sources des LED de qualité (IRC
> 92-98) avec de bonnes performances (efficacité
lumineuse > 80-150 lm/W), la plupart
contrôlée par plusieurs protocoles de gestion
au choix (DMX, Dali, Bluetooth, etc.).
La fibre optique n’a pas disparu : le fabricant
Luxam proposant des générateurs à plusieurs
UN SYSTÈME, 28 000 POSSIBILITÉS
Avec des optiques interchangeables équipées
de lentilles Darklight, 11 répartitions,
6 spectres de lumière blanche (également
Tunable White et RGBW), de nombreux
accessoires, 5 tailles, 3 familles de produits,
dont la série Minirail 48 V, 7 possibilités de
connectivité… la gamme de projecteurs Eclipse
d’Erco démultiplie les possibilités d’éclairage
pour des secteurs exigeants comme les
musées, les boutiques de luxe ou les bâtiments
prestigieux. Chaque application trouve sa
solution.
PROJECTEUR PILOTABLE BLE
Compact et léger, orientable à 360° et inclinable
à 200°, le projecteur de surface Q7E, d’Eurosep
Instruments, est ajustable manuellement ou pilotable
en Bluetooth Low Energy (logiciel fourni). Il est
équipé d’un module LED 24 W avec un spectre sans
IR ni UV de 3 000 ou 4 000 K (IRC 97 R9 95). Flux
gradable de 0 à 100 %. Ouverture 24°/60°. Porte-filtre
(compatibles avec le système Snap Soraa), coupeflux
et découpe avec zoom de 19/36° en accessoires.
Fabriqué en France.
sources contrôlées individuellement. Enfin, si
le rail d’éclairage classique à trois allumages
(avec ou sans piste Dali ou DMX) domine, de
plus en plus des rails « mini » apparaissent,
le plus souvent en 48 V, qui vont de pair avec
des projecteurs de faible puissance (de 1,2 à
7 W, soit de 200 à 800 lm). PR
10 MM SEULEMENT !
Spécialisé dans l’éclairage d’exception, Led Ner
vient de breveter le minispot Perle, un concentré
de technologie miniaturisé dans 10 mm seulement :
une LED 24 V, un régulateur de courant et de
température, un ensemble d’optiques quartz et
verre intégré dans une sphère magnétique sans
fil, des filtres pour moduler la distribution et une
photométrie à la hauteur (IRC 98). Disponible en
1,2 et 2,4 W, il peut être proposé avec un dispositif
de gobos et de nombreux supports rail et individuels.
DISPONIBLE
EN 48 V DC
Le cadreur Orbys
25 W, de Procédés
Hallier, dispose
de deux lentilles
réglables pour un
angle de 16° à 40°.
Il est proposé avec
un porte-filtre,
un porte-gobo et
un potentiomètre
intégrés. En option :
un contrôle Bluetooth Xicato en 220 VAC ou
48 VDC qui permet d’alléger le luminaire, de
réduire son coût et sa consommation d’énergie
en mutualisant une alimentation 48 V pour
tous les projecteurs du rail, apportant des gains
économique et énergétique.
GRAND ANGLE EN OPTION
Pour la mise en valeur d’objets
et d’espaces, le spécialiste de
l’éclairage de précision Ramo
propose le projecteur Tenor
à découpe 20 W très haut
rendement (20 000 lux à 1 m).
Conçu, fabriqué et assemblé en
France, il est équipé d’un zoom
variable de 15° à 40° avec une
option grand angle 60°. Contrôle
en local par potentiomètre,
en Dali, DMX ou Bluetooth.
Des accessoires permettent
d’adapter la lumière : jeu de
4 couteaux, porte filtre, verre
diffuseur et gobo. IRC 92, IP40.
DISCRETS ET PUISSANTS
Les cadreurs GalleryEclipse
et MiniEclipse du fabricant
italien Prolights ont été
spécialement conçus pour
l’éclairage muséographique.
D’une compacité appréciable,
ils sont équipés de LED
blanches (chaud, neutre ou
froid) ou RGBW, qui offrent
un éclairement puissant et
homogène. IRC > 91 pour
un éclairage qui ne dénature
pas les nuances et détails des
œuvres. Contrôle en DMX
ou localement. Ces cadreurs
peuvent s’installer sur rail ou
sur patère. Dimensions : 195 x
293 x 338 mm. Distribué par
ESL France.
LED RETROFIT POUR CADREURS HALOGÈNES
Mutan est une solution « retrofit » développée par
Big Bang pour faire évoluer des cadreurs halogènes
CIZ 75 TIE de Procédés Hallier vers l’éclairage LED.
Cet équipement, qui comprend un système LED et un
driver Fulham gradable, fournit 1 600 lm avec un IRC
> 95. La mécanique et le train optique sont conservés.
Avec cette solution économique et écologique, des
cadreurs verront leurs performances améliorées et
retrouveront, pour certains, le chemin des musées.
Garantie 2 ans.
CONTRÔLE DIGITAL TOTAL
En noir ou blanc, le projecteur sur rail 47 W MS-V2
de Saliot offre une solution innovante contrôlable
via Bluetooth. À partir d’une appli pour mobile
ou tablette, il est possible de l’orienter à 360°, de
l’incliner à 90°, de moduler le faisceau de 9° à 34°,
de varier l’intensité de 0 à 100 % simplement, du
bout du doigt (le modèle MS-V2A intègre la variation
2 700-5 000 K). IRC 93. De 3 320 à 4 180 lm (50
à 77 lm/W). Grille nid d’abeille et coque antiéblouissement
en options.
FO PUISSANCE 24
Le générateur 80-101 à fibres optiques, de Luxam, est
le premier du genre à alimenter et contrôler individuellement
jusqu’à 24 micro-projecteurs LED (3 000 ou 4 000 K pour
140 ou 150 lm), chacun relié à un port FO de 3 mm.
Plus de 4 000 fonctions d’éclairage sont pilotables en DMX via
un PC. Partie LED et boîtier électronique séparés pour remplacer
facilement les LED. Communication sans fil intégrée pour une
interactivité avec les visiteurs de musées via un terminal
et une appli en ligne. 150 W.
NUANCIER NUMÉRIQUE
Mixbook, nuancier numérique au format « poche » conçu par
Rosco, se contrôle en Bluetooth via l’appli gratuite myMIX
du fabricant. Il aide à prévisualiser la couleur des LED dans
un environnement réaliste, d’estimer sa relation avec des
échantillons de peinture et de tissu, et son interaction avec les
autres éléments de la conception architecturale. Le mode blanc
permet de tester différentes températures de couleur (1 700 à
10 000 K) pour choisir la mieux adaptée au projet.
OPTIQUES DE POINTE
Le projecteur orientable View, d’iGuzzini se
caractérise par la technologie OptiBeam lens,
qui élimine les dispersions de la lumière, et une
matrice LED qui supprime l’effet multi-ombre. Il
est aussi proposé avec la technologie Opti Linear
pour un éclairage uniforme des surfaces verticales.
Différentes distributions lumineuses. 3 000 ou
4 000 K. Joli design, rond ou carré. Le gradateur à
mémoire installé sur l’adaptateur sur rail conserve
les réglages en cas de coupure d’alimentation.
42 LUX 306 LUX 306 43
ON AIME / SÉLECTION
SÉLECTION / ON AIME
ÉCLAIRAGE DE MUSÉES
ÉCLAIRAGE DE COMMERCE – EUROSHOP
PANNEAUX LUMINEUX
Spécialiste du rétro-éclairage sur-mesure, Actilum
développe les panneaux lumineux Dotpanel et Luxpanel
dont les usages sont infinis : signalétique, présentoirs,
vitrines, dalles architecturales… La qualité et l’uniformité
de la lumière sont des atouts revendiqués par le fabricant
qui propose un Luxpanel avec un IRC > 98. Lumières
blanches ou RVB. Éclairage sur un ou deux côtés. 5, 12
ou 24 V. 910 cd/m 2 . 132 lm/W. 56 000 heures. Surfaces
de 65 x 65 mm à 3 000 x 1 500 mm.
POUR LA RESTAURATION D’ART
Le RestArt Panel, de Procédés Hallier, est une dalle LED
600 x 600 mm dédiée à la restauration d’œuvres d’art.
Elle émet une lumière certifiée D65 sur l’ensemble du
spectre visible. La température de couleur de référence
(6 500 K), avec plus de 3 000 lm, convient pour un
travail précis et fidèle sur la couleur (IRC 98). Optique
micro-structurée basse luminance pour le confort
de l’utilisateur et option de variation Bluetooth pour
la flexibilité d’usage.
RÉVOLUTION DANS L’ACCESSOIRISATION
Le système Snap, de Soraa, est la première lampe-accessoire
LED fonctionnant comme un système intégré. Les effets sont
multiples : modifier l’angle du faisceau, obtenir un effet lèchemur,
homogénéiser un flux sur toute une surface, orienter
le faisceau de 0 à 20°, jouer sur la saturation des couleurs...
Cet ensemble optique de filtres à fixation magnétique permet
aussi d’obtenir des températures de couleur uniques, comme
du 2 200 K. Disponible en Ø 50 et 84 mm.
CONCEPT PERSONNALISABLE
Mis en œuvre dans la Chapelle des
Mages, à Florence, les projecteurs LED
de la gamme Optus, de Linea Light
Group, ont été personnalisés pour
apporter un éclairage dynamique afin
de mieux valoriser les fresques. Le
système, communicant en Bluetooth,
permet d’allumer et éteindre les LED,
offrant aux visiteurs une possible
interactivité avec les œuvres. Les
versions standard (downlight, sur
rail ou mural) existent en différentes
puissances, CCT et angles de
distribution. IRC 92 et 98.
RÉGLAGE « SOFT TOUCH »
IRC de 98 et réglage du faisceau
(8°/52° ou 10°/72°) grâce à
leur anneau « soft touch »,
sans ajout de réflecteur, sont
les points forts des projecteurs
Beacon Muse Xicato et Beacon
Muse XL Xicato, de Sylvania.
Conçus pour la mise en lumière
de tableaux ou de photos dans
les musées et galeries d’art,
mais aussi en éclairage de
commerce, ils sont dimmables
et disponibles en version
Dali ou SylSmart Standalone
sur demande. Nombreux
accessoires. De 547 à 1 741 lm.
3 000, 3 500 ou 4 000 K.
SPECTRE LUMIÈRE DU JOUR
Choisir la lumière parfaite pour
présenter chaque produit sous le
meilleur jour possible, tel est le
credo du spécialiste de l’éclairage
de commerce Bäro qui vient de
lancer BeNature, un spectre au
plus près de la lumière naturelle
(IRC 97). Cette technologie
peut équiper tous les produits
du fabricant, notamment le
projecteur iconique Ontero IC,
primé du German Design Award
2020, qui a encore évolué avec la
technologie Casambi intégrée et
des finitions métal très tendance.
ÉCLAIRER EN RESTANT DISCRET
Avec son adaptateur spécialement conçu pour être clipsé dans un
rail triphasé, le driver s’efface pour rendre le projecteur sur rail Rio
Powertrack, de Velum, d’autant plus discret, mais toujours aussi
efficace. Disponible dans toutes les teintes usuelles, en IRC 80 ou 90,
ainsi que dans les teintes spécifiques (Carnée, Marée, Boulangerie,
Textile). Option driver Dali ou pilotage Bluetooth. Fabrication
française.
ENRICHISSEMENT DE GAMME
Megaman a enrichi sa gamme de projecteurs Marco avec
cette version Marco Midi qui remplacera idéalement les
projecteurs à iodures métalliques 35 W. Sa technologie
à double faisceau (24°/45°) en fait une solution très
pratique puisqu’elle autorise une variation de la
distribution sans effort une fois le luminaire installé.
Rotation horizontale de 330° et inclinaison ± 90°.
Disponible en différentes intensités, de 2 100 à 5 000 lm.
Nombreux accessoires en options. IRC 97.
FIXÉS PAR CONTACT
La solution Slim, de Loupi, c’est un rail miniaturisé
(14 x 15 mm), équipé de conducteurs cuivre 1,6 mm²,
associé à la gamme de projecteurs LED « D » qui
se fixent par contact bille et peuvent être orientés
(360°/90°), déplacés ou remplacés avec une extrême
facilité. Projecteurs pilotables individuellement en Dali.
Large choix de collimateurs/faisceaux. De 2 à 20 W et
de 150 à 1 800 lm. Intégrable sur toute surface (murs,
niches, vitrines…). Longueur du rail personnalisable au
cm.
ENRICHIR L’EXPÉRIENCE VISUELLE
Avec ses multiples variantes (dimensions, optiques,
CCT…), la gamme de projecteurs intérieurs Lumeniris, de
Lumenpulse, offre une grande liberté de conception en
éclairage d’accentuation. IRC > 90 et Ellipse MacAdam 2
pour une lumière de qualité, et plusieurs options de contrôle :
technologie Lumentalk (piloter en numérique des appareils en
0-10V, Dali ou DMX, en utilisant le câble électrique existant),
Dali-2 T8 (éclairage dynamique), et Bluetooth (pilotage local
et flexible). Jusqu’à 83 370 cd.
FIBRE LUMINEUSE
Idéal pour l’éclairage décoratif
(ciel étoilé, lustres) ou
d’accentuation (vitrines de
musées), le générateur à LED
gradable Zeta, d’Ambiance
Lumière, convient pour des
fibres optiques en verre ou en
PMMA (390 fibres Ø 1 mm
max.). Il est équipé d’une LED
COB de 32,8 W pour 3 200 lm
à 3 000 K (existe en 2 700 K
et 4 000 K). Gestion thermique
passive et driver gradable
séparé (en option : driver
capable d’ajuster le courant
de sortie en fonction de la perte
de luminosité).
OUVRIR LE CHAMP
DES POSSIBLES
Nouvelle version de la série Vivo,
la gamme de projecteurs Vivo II,
de Zumtobel, offre désormais
de très nombreuses variantes et
options pour apporter une liberté
maximale dans la conception
d’un éclairage de commerce où
l’émotion visuelle provoquée par la
lumière est devenue une nouvelle
arme commerciale. Véritable
« couteau Suisse » de l’éclairage,
performant énergétiquement,
il est en outre fabriqué avec des
matériaux recyclables et livré
dans un emballage minimal,
sans plastique.
IMPRESSION 3D « PERFECT FIT »
Signify poursuit le développement de son offre
d’impression 3D de luminaires LED, notamment avec
la mise en place de son site pour les professionnels,
désormais distinct du canal dédié aux particuliers.
L’enseigne Roady (groupement des Mousquetaires)
vient de rejoindre les enseignes séduites par ce mode de
production personnalisable. Et l’offre s’étoffe avec, en plus
des suspensions et des projecteurs sur rail (voir LUX
n° 305), une gamme de downlights qui peuvent, selon
l’offre « perfect fit », être fabriqués pour s’encastrer
exactement à la place de downlights existants dans le
cadre d’une rénovation.
BIEN ACCROCHÉ
Il a sans doute été l’un des objets les plus remarqués
d’Euroshop : le gigantesque rhinocéros rouge suspendu
au-dessus du stand de Reutlinger. Une façon, pour
ce spécialiste des suspensions par câbles métalliques,
de démontrer la qualité de son offre produit qui peut
se résumer en trois points : des systèmes ajustables
sans outils, un design élégant qui sait se faire oublier,
et une fiabilité qui tient en particulier à un système de
verrouillage intelligent. Pour des charges jusqu’à 480 kg.
44 LUX 306
LUX 306 45
ON AIME / SÉLECTION
SÉLECTION / ON AIME
DRIVERS « NOUVELLE GÉNÉRATION »
DERNIERS LANCEMENTS
MICRO-PROJECTEUR AJUSTABLE
Inspiré des fleurs sur tige, ce petit projecteur d’éclairage extérieur 6 W
Flower a été développé par Simes avec une attention toute particulière
portée aux proportions afin de le rendre presque invisible dans son
environnement une fois installé. Orientable, disponible en version
Mini (3 W), il peut s’installer sur pied ou en applique (avec ou sans bras
d’extension). Système optique garant du confort visuel. Sans vis visible.
2 700 ou 3 000 K.
D4I ET NFC INTÉGRÉS
Les drivers à courant constant LCO NFC PR3 pour
l’éclairage extérieur, de Tridonic, font partie des
tout premiers drivers au monde à être certifiés D4i.
Disponibles de 14 à 60 W, ils disposent du système
NFC pour un paramétrage et une maintenance
simple et sans fil. Gradation 1-100 %. Alimentation
par bus Dali-2 et alimentation complémentaire
24 V pour connecter des équipements externes.
Courant de sortie réglable entre 200 et 1 050 mA.
Compatible Dali, Dali-2, ready2mains, U6Me2.
Jusqu’à 91,4 % d’efficacité. Durée de vie nominale
jusqu’à 100 000 heures. Garantie 8 ans.
CERTIFIÉ BLUETOOTH MESH
Lauréats du German Innovation Award, les
drivers QBM, d’Osram hébergent la technologie
Bluetooth mesh et peuvent s’intégrer, sans
rien ajouter, dans toute installation exploitant
cette technologie. Ils s’inscrivent dans l’offre
Hubsense du fabricant, qui comprend des
capteurs (lumière/présence) et des points
de commande sans pile sans fil (technologie
EnOcean) pour concevoir un écosystème
Bluetooth mesh complet afin de profiter
d’une infrastructure d’éclairage flexible et
communicante sans fil. Deux versions : avec
serre-câble et repiquage du primaire ou sans.
De 20 à 40 W. Courant de sortie 200-1 050 mA.
ULTRA-COMPACT
Harvard vient de lancer toute une gamme de
drivers LED de la série CoolLED Pro CLi avec la
technologie Casambi (Bluetooth) intégrée. Ultracompacts
(ils s’insèrent dans des trous de Ø 40 ou
56 mm en faux plafond ; idéal pour une utilisation
avec des downlights LED), ils se démarquent aussi
par une gradation fine, sans scintillement jusqu’à
0,1 %, et la fonctionnalité « Soft-On » et « Soft-Off »
pour une gestion agréable de l’éclairage intérieur
(résidentiel, hôtellerie...) et architectural. Proposés
en 15 W, 25 W et 40 W. Programmables de 100 à
1 400 mA.
ZONES À RISQUES SÉCURISÉES
Crossroad est la solution d’EMS Services pour sécuriser (après étude du projet)
passages piétons, pistes cyclables… Le système se compose de pavés LED
(2 formats possibles) en résine SSVI, 2 poteaux de détection, 2 panneaux de
signalisation hébergeant l’intelligence du système, le câblage et une protection
électrique individuelle des dalles. En cas de brouillard ou de neige, la lumière
des LED (blanc, vert ou rouge) reste parfaitement visible. L’allumage peut être
coordonné aux feux tricolores.
COMMUNICATION
INTERPROTOCOLES
La technologie « wireless fusion » des
drivers LED de la gamme SLD 75 W-24 V,
de Self Electronics, permet de faire
fonctionner ensemble d’autres protocoles
dans un réseau d’éclairage en Dali. Ces
drivers intègrent Bluetooth, Zigbee ou
Thread, selon le modèle. Ainsi, avec
les drivers Bluetooth, par exemple, les
luminaires de plusieurs groupes pourront
constituer un réseau Bluetooth mesh
communiquant en Bluetooth avec un
contrôleur Dali. Les drivers et le contrôleur
pourront se comprendre.
SR ET ZIGBEE INTÉGRÉS
Le driver Philips Master Connect Zigbee, de Signify,
assure le dialogue entre les luminaires qui en sont
équipés, ceux intégrant des multi-capteurs EasyAir
ou Sensor Ready (présence, luminosité) et permet
de concevoir un réseau de luminaires intelligent et
maillé. Ces drivers fournissent l’alimentation des LED
et une communication bidirectionnelle (basée sur
le standard Dali-2) avec les multicapteurs.
La totalité des luminaires connectés ne nécessitent
pas de bus terrain et permettent une communication
bidirectionnelle entre une GTB et les luminaires
connectés. Une compatibilité de Philips Master Connect
avec les luminaires de la gamme de Hue (résidentiel)
et Interact Pro (tertiaire) du fabricant est envisagée.
POSITION ADAPTABLE
Ultraled2 est la nouvelle gamme de BAES d’Eaton qui a travaillé à une
parfaite visibilité du bloc. Quelle que soit sa position (murale, plafond ou
en drapeau) ou celle des personnes, le pictogramme reste bien visible.
Il dispose d’entrées en bi-matière facilitant le câblage, une patère en nid
d’abeille pour une reprise de perçages existants, d’un niveau à bulle pour
un alignement parfait du bloc… La fonction Visibilité+ permet d’activer ce
BAES secteur présent et de le rendre plus visible en plein jour. Certifié NF
performance Sati et NF environnement.
SCIENTEC
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ScienTec c'est aussi,
la distribution de :
Analyseur d’écran
CA-410
Totalement adapté aux contrôles
des écrans 46 LUX 306 en constante évolution
LED, LCD, OLED & HDR...
ANALYSEUR D’ÉCRAN
LUMINANCE, COULEURS, GAMMA, BALANCE DES BLANCS, TEMPERATURE DE COULEUR...
Précision de mesure de la chromaticité optimisée
Large plage de luminance : 0.001 à 5 000 cd/m²
Plus rapide pour les applications en production
Utilisation avec ou sans PC
. Multi-sondes
Luxmètres
Photomètres
Chromamètres
Luminancemètres
Vidéocolorimètres
Photogoniomètres
Spectroradiomètres
. Sources de référence...
info@scientec.fr
01 64 53 27 00
www.scientec.fr
SPECTROMÉTRIE CONFORME
Mise à jour début 2019, la norme LM-79-19 relative à la
caractérisation de lampes et luminaires décrit les procédures
et précautions à observer pour la mesure de flux lumineux
total, d’efficacité lumineuse, de couleur, de spectre… des
sources lumineuses (LED, Oled…). Labsphere, a mis à jour
sa gamme IllumiaPlus. Les spectroradiomètres de la série
IllumiaPlus 2 permettent désormais la caractérisation des
sources lumineuses en accord avec cette norme LM-79-19
révisée. Distribué par Pro-Lite.
MODULES ORIENTABLES
Le point fort de la gamme Light Case, de
RZB ? Pouvoir orienter individuellement
ses modules LED à 180° par incrémentation
de 30° pour une distribution directe ou
indirecte adaptée à chaque application.
Optiques à lentilles pour différentes
répartitions de la lumière. Refroidisseur
« autonettoyant » pour éviter
l’encrassement. Diffuseur PMMA ou verre
trempé (ESG). Il remplacera 1 pour 1 tout
luminaire HME, HIE et HSE. Capteurs
(présence, luminosité) en options. 2, 3, 4
ou 6 modules LED. Jusqu’à 56 100 lm et
151 lm/W. IP65.
LUMIÈRE APPLIQUÉE
Forme compacte et lignes actuelles pour
Echo Deco, l’applique couleur graphite
de SG Lighting pour l’éclairage extérieur.
Disponible en 2 versions (éclairage direct
ou direct/indirect) elle accueille une (ou
deux) source LED GU10 de 6,2 W (310 lm)
remplaçable. Compatible avec un variateur,
idéalement LEDDim 400 ou LEDDim Smart
du fabricant. Montage rapide avec fixation
murale. Garantie anti-corrosion 10 ans.
IP54, IK08. Proposée aussi sans source
lumineuse.
LUX 306 47
SECTEUR
DELTA LIGHT
« Ne pas avoir peur d’investir dans l’avenir »
L’entreprise familiale belge Delta Light, fondée par Paul Ameloot, a fêté en 2019 son 30 e anniversaire.
Avant tout positionnée sur les marchés du résidentiel, du retail et de l’outdoor, chaque année
une nouvelle collection vient enrichir son catalogue. Tous les deux ans elle édite, The Lighting Bible,
un ouvrage soigné qui recense tous ses produits et reflète les exigences de cette entreprise
« dans laquelle la continuité est la clé, ainsi que des ambitions claires et robustes, à court et à long termes ».
De la RSE à l’éco-conception, GROUPE à Wegelhem, RAGNI : Ragni l’avenir | Ragni Lighting se dessine | Ragni « IC avec | Novéa beaucoup Energies d’ambition ».
En ces temps incertains, à l’heure où nous
sommes contraints de « rester chez
nous », continuer d’envisager l’avenir est
une nécessité absolue qui constitue depuis
longtemps l’ADN de l’entreprise Delta Light.
La visite des locaux de Flandre occidentale
à Wegelhem, à une trentaine de kilomètres
de Lille, donne à voir à quel point l’avenir
s’écrit à tous les niveaux de sa production.
Présente dans 120 pays dans le monde
mais s’appuyant sur des racines et un ancrage
régional fort, son directeur général
Jan Ameloot estime que « l’évolution rapide
de la technologie et les mutations du marché
mondial nous incitent à nous organiser nousmêmes,
à l’interne et à l’externe, pour rester en
avance sur le marché, tant en termes de produits
que de services ».
Avec une collection unique pour le monde
entier, l’anticipation et l’ambition se lisent
dans le choix d’un lieu de production de
38 000 m 2 dont les espaces pour partie restant
vacants témoignent du développement
envisagé. Un développement qui selon Jan
Ameloot ne peut être conduit sans « améliorer
notre politique environnementale et
sociale ». Pour lui, la démarche EcoVadis sur
la responsabilité sociétale des entreprises
fournit « un bon cadre afin d’accélérer ce processus
de façon systématique ».
L’ÉCO-CONCEPTION : UN DEVOIR
Le spécialiste des profilés ne compte pas
moins de 4 000 références, toutes made in
Belgique. « Delta Light applique dans son mode
de fonctionnement le principe selon lequel l’entreprise
a le devoir de mettre en œuvre toutes
les mesures possibles pour préserver l’environnement,
tant dans la production que dans son
fonctionnement général et quotidien », décrit
son directeur. En pratique, côté fonctionnement
du bâtiment 2 534 panneaux solaires
photovoltaïques sont installés sur le toit, les
eaux de pluie sont utilisées au maximum,
le plastique à usage unique est autant que
48 LUX 306
Concepteur et fabricant
français d’éclairage urbain
raccordé et autonome
French designer and manufacturer
of connected and autonomous
urban lighting systems
Au siège de l’entreprise situé à Wegelhem en
Belgique, non loin de Lille, l’accueil des visiteurs se
fait directement dans le showroom où les dernières
collections sont présentées dans des espaces dédiés
à des collections ou applicationsspécifiques.
faire se peut banni. Côté production, la digitalisation
des process est privilégiée, les
résidus d’aluminium sont renvoyés aux fournisseurs
pour être recyclés, l’emballage des
produits est réduit en envoyant par exemple,
l’ensemble des produits d’un projet dans une
seule caisse, ou encore, le carton utilisé est à
100 % issu du recyclage et de fournisseurs
FSC. À noter aussi qu’un contrôle qualité est
mené sur chaque composant ou pièce avant
d’être ajoutés au stock. Ainsi, aucun élément
défectueux n’entre dans la fabrication.
Et l’enjeu à l’autre bout de la chaîne est l’efficacité
des LED. Avec un spécialiste qui
travaille à plein temps sur l’aspect optique
des produits et des systèmes d’éclairage, l’entreprise
cherche à « obtenir les rendements
in
in
www.ragni.com
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© Lucie Cluzan
Nouveauté 2020, la gamme « Inform » signé Dean Skira
qui repose sur la Melanopic Light Technology ® (MLT)
de Delta Light qui combine une technologie de
réflecteur à haut rendement avec une technologie
LED centrée sur l’homme. Les LED de haute qualité
permettent de contrôler le rythme circadien en
diffusant une lumière blanche très naturelle.
maximaux, combinés au confort maximal »,
décrit Jan Ameloot. Et de poursuivre « lors
de la conception, nous regardons la puissance
totale d’un produit, et non seulement celle du
LED, afin de réduire le nombre de produits nécessaires
pour avoir le même effet ».
Privé en mars dernier, comme tous les autres
fabricants, de Light + Building, Delta Light
lance sa nouvelle collection avec des collaborations
exclusives avec de grands noms
tels le concepteur croate Dean Skira ou la designer
belge Nathalie Dewez. « Passage à la
vitesse supérieure » annoncé. Un optimisme
plus que bienvenu. LC
www.deltalight.com
© Delta Light
allume
collectif
Les nouveLLes
réponses
des métiers
de L’écLairage…
un
bien-être visueL
des usagers
soLutions
énergétiquement
durabLes
éclairé
protection de
L’environnement
nocturne
contact : sylvie raimbault – sylvie.raimbault3@outlook.fr
instaLLations connectées
et interopérabLes
la revue francophone de l’éclairage, des équipements connectés et des services associés
KITS ÉVOLUTIFS
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Nouvelle optique hexagonale révolutionnaire, variation de température de couleur,
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