Santé, inégalités et ruptures sociales : enquêtes sur la - UMR S 707
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Les ménages composés d’au moins une<br />
personne étrangère (<strong>la</strong> personne interrogée)<br />
sont globalement plus souvent pauvres que<br />
les ménages dont <strong>la</strong> personne interrogée est<br />
française. En analyse univariée, 30% des<br />
ménages dits étrangers peuvent être<br />
considérés comme des ménages pauvres<br />
contre 16% des ménages français. De<br />
manière plus fine, c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> de nationalité a<br />
été recherché en analyse multivariée après<br />
ajustement <strong>sur</strong> l’âge, le nombre d’enfant,<br />
l’activité, <strong>la</strong> CSP <strong>et</strong> le niveau de diplôme :<br />
les étrangers restent de manière<br />
significative plus souvent pauvres que les<br />
français aux caractéristiques précédentes<br />
identiques.<br />
Pauvr<strong>et</strong>é objective, pauvr<strong>et</strong>é subjective :<br />
une pauvr<strong>et</strong>é sous déc<strong>la</strong>rée dans les<br />
QPDV parisien<br />
Une de nos questions amenait les<br />
interviewés à situer leur ménage en terme<br />
de niveau de vie, comparativement à <strong>la</strong><br />
moyenne des ménages d’Ile-de-France<br />
(moyenne qui était <strong>la</strong>issée à l’appréciation<br />
des enquêtés). C<strong>et</strong>te comparaison était<br />
effectuée au moyen d’une échelle en 5<br />
points (ménages « pauvres », « modestes »,<br />
« moyens », « aisés » <strong>et</strong> « riches »). La<br />
grande majorité (54,6%) considère faire<br />
partie de <strong>la</strong> moyenne ; seuls 6,4% se<br />
c<strong>la</strong>ssent parmi les ménages pauvres <strong>et</strong><br />
31,7% parmi les ménages modestes.<br />
La comparaison avec les seuils de niveau<br />
de vie définis par l’Insee pour 2003 perm<strong>et</strong><br />
de m<strong>et</strong>tre en évidence plusieurs<br />
phénomènes intéressants. D’une part, on<br />
l’a vu plus haut, notre échantillon<br />
compterait « objectivement » 16,8% de<br />
ménages pauvres <strong>et</strong> 20,3% de ménages<br />
modestes selon les seuils définis par<br />
l’Insee. Un rapide croisement entre les<br />
deux variables m<strong>et</strong> en évidence que seuls<br />
17,1% des ménages définis comme<br />
pauvres par l’Insee se considèrent comme<br />
tels ; 44,5% se c<strong>la</strong>ssent parmi les ménages<br />
modestes <strong>et</strong> 37% estiment même faire<br />
partie de <strong>la</strong> moyenne. Le c<strong>la</strong>ssement parmi<br />
<strong>Santé</strong>, <strong>inégalités</strong> <strong>et</strong> <strong>ruptures</strong> <strong>sociales</strong> dans 7 quartiers défavorisés d’Ile-de-France<br />
36<br />
les ménages riches est marginal (1,4%). On<br />
peut faire plusieurs hypothèses vis à vis de<br />
c<strong>et</strong>te « sous estimation » déc<strong>la</strong>rée des<br />
situations de pauvr<strong>et</strong>é : une certaine fierté<br />
vis à vis de l’enquêteur poussant l’enquêté<br />
à « sauver <strong>la</strong> face » ; mais aussi un<br />
re<strong>la</strong>tivisme lié à <strong>la</strong> vie dans des quartiers<br />
popu<strong>la</strong>ires où <strong>la</strong> précarité est présente en<br />
nombre <strong>et</strong>, donc, tend à devenir <strong>la</strong> situation<br />
« moyenne » de référence.<br />
L’appréciation de leur situation par les<br />
ménages modestes du point de vue de<br />
l’Insee se partage entre situation de<br />
ménages modestes (42,5%) <strong>et</strong> ménages<br />
moyens (43,1%), alors que 12,7% d’entre<br />
eux se considèrent comme ménage pauvre.<br />
Le tableau rapporté ci-dessous amène<br />
quelques commentaires. Parmi les<br />
différences significatives, l’eff<strong>et</strong> de l’âge<br />
est intéressant : globalement toutes les<br />
c<strong>la</strong>sses d’age déc<strong>la</strong>rent moins souvent des<br />
situations de pauvr<strong>et</strong>é de leur ménage que<br />
ce que les données « objectives » tendent à<br />
monter. Cependant, ce sont les jeunes qui<br />
déc<strong>la</strong>rent le moins souvent faire partie des<br />
ménages pauvres, alors que c’est dans ces<br />
deux c<strong>la</strong>sses d’âge des moins de 35 ans<br />
que l’on trouve le plus de ménages situés<br />
en dessous du seuil de pauvr<strong>et</strong>é (défini par<br />
l’Insee). Inversement, à lire les chiffres<br />
présentés, c’est parmi <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse d’âge des<br />
45 <strong>et</strong> 59 ans que l’on compte le plus de<br />
personnes estimant que leur ménage fait<br />
partie des ménages pauvres. En ce sens, ils<br />
sont assez proches des proportions<br />
« objectives » obtenues à partir du seuil de<br />
l’Insee.<br />
Une des explications de ces différences<br />
pourrait tenir à <strong>la</strong> sous-déc<strong>la</strong>ration (du fait<br />
par exemple d’oublis) des transferts<br />
monétaires parentaux dont peuvent<br />
bénéficier les ménages jeunes. Il semble<br />
cependant plus pertinent de considérer <strong>la</strong><br />
question sous l’angle des besoins ressentis<br />
<strong>et</strong> des normes <strong>sociales</strong>. En eff<strong>et</strong>, du point<br />
de vue des besoins, ceux-ci sont<br />
potentiellement moins importants lorsque<br />
l’on est jeune <strong>et</strong> sans enfant que lorsque