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Haiti Liberte 5 Aout 2020

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Art & Culture<br />

Dossier Musical :<br />

Il y a environ 65 ans, Nemours imposait<br />

officiellement le konpa dirèk…<br />

Par Ed Rainer Sainvill<br />

La domination de ce rythme a coïncidé<br />

aussi avec la démence duvaliériste,<br />

qui a voulu bien s’en servir<br />

comme la résonnance d’une monoculture<br />

au détriment du pluralisme culturel.<br />

Toujours avec la complicité des<br />

programmateurs et des affairistes. Ce<br />

qui apparemment se passait aussi en<br />

Amérique du Sud, notamment au Brésil,<br />

où les militaires au pouvoir pour<br />

minimiser la portée du bossa-nova,<br />

concocté par les musiciens engagés et<br />

exilés ont préféré faire la promotion<br />

du tropicalismo ainsi que le samba-boléro<br />

et carnavalesque avec leurs<br />

lyriques à l’eau de rose. Ce qui allait<br />

être consolidé avec la génération des<br />

‘’mini-jazz’’ avec son fumet dadaïste.<br />

Le duvaliérisme a infusé aussi<br />

ses extravagances dans l’arène du<br />

konpa dirèk. Avec la “danse du<br />

révolver,” introduite en 1959 à Cabane<br />

Choucoune. Lorsque les macoutes et<br />

militaires aux épaules carrées, dansant<br />

la main sur la gâchette, tout en<br />

s’offrant par la force les dames de<br />

ceux venus au bal. Pour eux, c’était<br />

une sorte de revanche ; lorsqu’ils ne<br />

pouvaient se permettre de mettre les<br />

pieds dans ces endroits ou danser ce<br />

groupe qui était le privilège de la gent<br />

estudiantine et des gens de bien. Et<br />

conséquemment, qui vu l’évaporation<br />

du style ‘’ball-room’’ et d’un public<br />

émancipé. Mais, malgré tout, la liesse<br />

du konpa dirèk est allé en grandissant,<br />

jusqu’à incarner une attitude et<br />

même une identité nationale. Trônant<br />

allègrement, même à l’extérieur, NJB<br />

fit de sa création un rythme à part entière,<br />

au même titre que les multiples<br />

paramètres d’Haïti.<br />

En tout cas, le succulent konpa<br />

dirèk s’en est allé allègrement<br />

aux quatre coins du monde, pour faire<br />

jaillir le renom d’Haïti. Spécialement<br />

en République Dominicaine où le dictateur<br />

Joaquim Balaguer en avait fait<br />

son groupe de prédilection. Outre dans<br />

l’ile voisine, les “rouge et blanc” se<br />

sont taillés une certaine renommée en<br />

Amérique du sud; notamment en Colombie,<br />

Venezuela, Panama, à Paris,<br />

New York, Porto Rico, Trinidad, les<br />

Bahamas et certainement dans les Antilles<br />

françaises dont: la Guadeloupe,<br />

la Martinique et les Guyanes françaises<br />

qui sont tombés folles d’amour pour<br />

le konpa. Partout où il s’est produit<br />

l’«Orchestre de Nemours», s’est montré<br />

toujours irrésistible. Même quand<br />

il semblait vaciller, ce groupe revenait<br />

plus fort comme au beau milieu<br />

Super Combo de Nemours Jean-Baptiste<br />

des années soixante, lorsque l’un de<br />

ses stratèges, en l’occurrence l’accordéoniste<br />

Richard Duroseau a mis<br />

fin à sa collaboration au désespoir des<br />

fanatiques de Nemours.<br />

Mais c’était plus de peur que de<br />

mal, puisque avec la venue du pianiste<br />

et organiste virtuose Wagner Lalanne,<br />

du sang neuf fut impulsé. Ce qui nous<br />

plonge dans la phase explosive de<br />

l’«Ensemble Nemours Jean Baptiste»,<br />

qui s’est installé en une grande institution<br />

nationale. Tout en faisant force<br />

commune régionalement avec «El<br />

Gran Combo», de Porto Rico, Johnny<br />

Ventura et son Combo” de la République<br />

Dominicaine (un autre mordu<br />

du konpa), composant une sorte de<br />

trinité musicale des Caraïbes. Après<br />

avoir régné durant une décennie avec<br />

son orchestre, Nemours devait faire<br />

face dès la fin des années 1960, à la<br />

montée des mini-jazz, qui éventuellement<br />

vont lui ravir son public jeunot.<br />

En fait, tout au long des sixties, la<br />

révolution musicale des « Beatles »<br />

avait changé les donnes, faisant effet<br />

de boule de neige à travers le monde.<br />

Et c’est dans ce nouveau format allégé<br />

que les nouveaux groupes : « Shleu-<br />

Shleu », « Ambassadeurs », « Fantaisistes<br />

», « Bossa Combo », « Tabou<br />

Combo » etc. composés d’adolescents<br />

vont s’affirmer.<br />

Ayant eu à administrer ce revers<br />

au «Jazz des Jeunes», Nemours<br />

savait plus que personne ce que c’était<br />

que d’être talonné par une nouvelle<br />

génération. Il l’avait d’ailleurs déclaré<br />

à Wagner Lalanne: “L’essentiel, c’est<br />

de savoir se retirer à temps.” Plutôt<br />

que de se faire emporter par la vague<br />

mini (3). C’est l’inventeur du konpa<br />

lui-même, Nemours Jean- Baptiste, qui<br />

a concocté le terme mini-jazz*. Au<br />

cours d’un bal à Cabane Choucoune<br />

où les «Shleu-Shleu» jouaient pour la<br />

première fois. Justement durant un intermède<br />

d’une prestation de l’«Orchestre<br />

Nemours Jean-Baptiste» ; en s’imposant<br />

si impeccablement, grâce à<br />

des instruments usagés de Nemours<br />

prêtés à “Dada”Djakaman, l’imprésario<br />

du groupe. Plus tard, s’adressant à<br />

ce dernier, le roi du konpa lui dit: “Tu<br />

es tellement entiché de mon orchestre<br />

que tu as formé un mini-jazz”-4.<br />

Evidemment, c’était par référence à<br />

la mode de “mini-jupe” (jupette à ras<br />

le cul, par rapport au “maxi”, robe<br />

longue de gala qui représentait les<br />

‘’big- bands’’). Eventuellement, il<br />

décide de s’expatrier à New York en<br />

1969.<br />

Au “state”, il trouve une<br />

communauté en gestation, que Raymond<br />

et Wébert Sicot, Raoul et Raymond<br />

Guillaume (en exil), les Duroseau:<br />

Mozart, Richard et Kretzer, Pepe<br />

Bayard, Garry French entre autres,<br />

avaient déjà fait leur nid. Il forme un<br />

combo qui a fait les délices de ses anciens<br />

admirateurs immigrés et exilés.<br />

Notamment, au club “Casa Borinquen”<br />

de Brooklyn (à l’endroit où se<br />

trouve ‘’Lindo Furniture’’ sur Pitkin<br />

avenue), et au “Casa Caribe” à Manhattan.<br />

Pourtant, Il revient bien vite<br />

au pays. En essayant tant bien que<br />

mal de reconstituer un groupe sous le<br />

nom de «Super Combo», et se payait<br />

même le luxe d’un ultime succès avec<br />

les morceaux aux refrains contagieux:<br />

‘’Gason nou nan ka, fanm fèm karate…’’<br />

et ‘’Nou pral kontrole mini<br />

yo, pou moun ka jwenn bèl mizik…<br />

Remettant toute son énergie pour reconquérir<br />

son trône dans l’effervescence<br />

des mini jazz qui menaient la<br />

danse.<br />

Ce relais musical qui va pourtant<br />

le perpétuer avec sa vogue éphémère ;<br />

tout en pointant du doigt les limites<br />

d’une monoculture. En fait, les mini<br />

jazz vont aussi faire face à l’invasion<br />

antillaise de kadans lipso et de<br />

la biguine. Une occasion heureuse<br />

pour prouver les autres dimensions<br />

de la diversité rythmique native. C’est<br />

l’époque où le « Septent » et surtout<br />

le « Tropic » vont finir par s’affirmer<br />

sur tout le territoire national, avec la<br />

meringue pastorale ’’boule de feu’’ et<br />

le ‘’kadans plake’’ ; en cessant d’être<br />

des groupes régionaux. Puis, après un<br />

fabuleux début comme troubadour à<br />

la tête de son trio, Gesner Henri apporte<br />

avec son « Ensemble Select » son<br />

rythme koupe au répertoire public ;<br />

devenu depuis patrimoine national.<br />

C’est aussi l’instant où « Les Frères<br />

Déjean sont reconnus après une décade<br />

à se prouver avec un horn section<br />

sorti de l’ordinaire et qui va laisser son<br />

empreinte globale. Puis, les troubadours<br />

‘’Rodrigue et Toto’’ sont révélés.<br />

L’honneur citoyen est donc sauf. Mais<br />

la fin de cycle de la génération des<br />

mini- jazz allait en même temps renouveler<br />

le konpa dans sa multiplicité.<br />

Tout cela dans la germination<br />

d’une sonorité en état de fusionnement,<br />

dominée par les résonances de<br />

la musique soul, aux multiples effets<br />

de la ‘’motown sounds ‘’, de la culture<br />

pop ; aux prémices de la musique<br />

funk. En plus de la bossa nova et<br />

de la samba brésiliennes et du disco<br />

français. Des percées africaines de<br />

Makeba, de Masakela et de Dibango.<br />

Et des multiples sonorités latines et<br />

caribéennes. Pour cela, il a fallu passer<br />

par les grands moyens. A commencer<br />

par s’étoffer de motifs et d’un retour<br />

au format full band. En plus de la venue<br />

de vrais instructeurs et arrangeurs<br />

pour mettre un point final à l’amateurisme<br />

et retrouver les notions de<br />

base. Dans cette veine, seul le « Bossa<br />

Combo » au pays, en s’accommodant<br />

d’un professeur aussi célèbre en la personne<br />

de Michel Desgrottes a pu passer<br />

le cap des mini jazz et maintenir<br />

un konpa de souche en ‘’big band’’,<br />

au moins jusqu’à la débâcle de NY.<br />

Quant au « Caribbean Sextet » sorti des<br />

mêmes épanchements fusionnés et de<br />

sensibilités jazzy explorés par l’« Ibo<br />

Combo » depuis les sixties, le groupe<br />

a préservé cette tradition qui est resté<br />

bien vivace autour d’un super élaborateur<br />

nommé Régi Policard. Et un<br />

groupe au sommet de son art. Quant<br />

aux « DP Express » avec sa meringue<br />

(lipso) en liesse, et à partir de Ti Manno<br />

un konpa compassé. Et le « Scorpio<br />

» avec son konpa tous-azimuts ;<br />

ne furent qu’une réponse instantanée<br />

Hourvari<br />

(À la mémoire de Lénélia<br />

Guirand, ma marraine)<br />

Contrairement à ta jumelle, elles<br />

ne veulent partager quoi que ce soit de<br />

leur envol à qui que ce soit, de ce côtéci<br />

des barricades, ces bêtes insensées<br />

sur leurs (?) terres de chasse<br />

Elles gambadent sur des terrains<br />

avoisinant l’infini, sans souci maintenant<br />

des lendemains, à l’envers de<br />

nombreux fauchés des Amériques fuyant<br />

les orages de la lourdeur, coyotes<br />

Suite de la page (17)<br />

aux trousses<br />

À coups de brèches dans leurs<br />

tours en verre, quelqu’un les aura, chemin<br />

faisant, ces naufrageuses du bien<br />

et du beau, ces pilleuses de territoires<br />

À peu près toutes, quelqu’un les<br />

aura, faisans chassant, à grands éclats<br />

de tonnerre dans leurs nids bien perchés<br />

Lenous Guillaume-Suprice<br />

Certains bureaux de poste de Virginie-Occidentale ont affiché des<br />

pancartes annonçant leur fermeture à la fin du mois d’août<br />

Au cours du mois de juillet, des organismes<br />

de surveillance des institutions<br />

ont attiré l’attention sur le fait que<br />

la nomination de Louis DeJoy pouvait<br />

«corrompre une institution clé à<br />

la veille des élections». «Tout au long<br />

de sa présidence, Donald Trump a attaqué<br />

les institutions démocratiques et<br />

sapé les agences indépendantes. Aujourd’hui,<br />

où des millions d’électrices et<br />

d’électeurs comptent sur la contribution<br />

de la Poste pour assurer le bon déroulement<br />

de nos élections pendant la pandémie<br />

de coronavirus, Trump politise à<br />

nouveau une agence gouvernementale,<br />

autrefois non partisane. Un de<br />

ses partisans comme Louis DeJoy à la<br />

tête de la Poste fait problème pour des<br />

raisons éthiques et de compétence, et<br />

met potentiellement en péril l’élection<br />

de novembre», ont écrit dans un éditorial<br />

conjoint sur NBC News Donald K.<br />

Sherman, directeur adjoint de Citizens<br />

for Responsibility and Ethics à Washington,<br />

et Sylvia Albert, directrice du<br />

vote et des élections à Common Cause.<br />

«Introniser Louis DeJoy, un de<br />

ses fidèles, est un nouveau truc de<br />

Trump pour saper la Poste et empêcher<br />

les élections de <strong>2020</strong>», ont-ils ajouté.<br />

«Une nouvelle tentative désespérée, et<br />

potentiellement dangereuse de saboter<br />

les élections générales au moment où<br />

les sondages rendent compte de son<br />

constant déclin.»<br />

*Igor Derysh, politologue établi<br />

à New York. Ses travaux sont publiés<br />

dans le Los Angeles Times, le Chicago<br />

Tribune, le Boston Herald et le Baltimore<br />

Sun.<br />

à l’invasion antillaise.<br />

Notes : Tirés des ouvrages :<br />

‘’Tambours Frappés…’’-2001. Les<br />

100 Plus Influents…’’-2011.Ed Rainer<br />

Sainvill.<br />

3- Le mot “mini” s’est imposé<br />

dans la deuxième moitié des sixties<br />

sous l’impulsion de la styliste<br />

nord-américaine, Mary Quint avec<br />

sa fameuse invention du “mini-skirt”<br />

(mini-jupe).<br />

A suivre<br />

Notes<br />

[1] A l’Encontre a publié le 20<br />

avril <strong>2020</strong> un entretien avec Mark Dimonstein,<br />

«Etats-Unis. L’United States<br />

Postal Office peut mourir ces prochains<br />

mois. Une lutte se profile». Le syndicaliste<br />

exposait déjà les conditions difficiles<br />

de l’USPS, parmi les victimes les<br />

plus lourdement atteintes par la crise<br />

financière due au coronavirus. Le service<br />

postale manquera littéralement de<br />

l’argent nécessaire à son fonctionnement<br />

sans un rapide plan de sauvetage<br />

par le gouvernement fédéral. Avec une<br />

grande partie des républicains, l’administration<br />

Trump veut couper dans le service<br />

postal, le privatiser. (Réd.)<br />

[2] Le ministère des Finances. Le<br />

Secrétaire au Trésor est le ministre des<br />

Finances.<br />

[3] Le New York Times a rendu<br />

compte, le 7 juin <strong>2020</strong>, d’une étude<br />

réalisée par des chercheurs de l’Université<br />

de Pennsylvanie et de l’Université<br />

de Tulane. Elle rappelle que «les<br />

chercheurs savent bien pourquoi aux<br />

États-Unis les dépouillements tardifs<br />

favorisent de manière disproportionnée<br />

les démocrates: les jeunes électeurs et<br />

les non-Blancs sont plus susceptibles<br />

de voter par correspondance, (…) et<br />

donc plus susceptibles d’être décomptés<br />

le lendemain du jour du scrutin». (Réd.)<br />

Truthout 31 juillet <strong>2020</strong><br />

Traduction rédaction A l’Encontre<br />

4 Août <strong>2020</strong><br />

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18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 14 # 05 • Du 5 au 11 Août <strong>2020</strong>

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