Haiti Liberte 28 Octobre 2020
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Notre Mémoire se Souvient!<br />
La mémoire au service des luttes : Võ Nguyên Giáp<br />
Par FUIQP Alain Saint Victor<br />
Il y a 7 ans, le 4 octobre 2013, l’un<br />
des plus grands généraux de l’histoire,<br />
Võ Nguyên Giáp, nous quittait.<br />
Il fut celui qui dirigea la résistance<br />
puis la victoire contre l'armée colonialiste<br />
française puis contre l'armée<br />
impérialiste états-unienne.<br />
Fils de mandarin pauvre, Giap<br />
grandit dans une famille nationaliste<br />
avec un père engagé dans les premiers<br />
mouvements contre l’occupation coloniale.<br />
Dès l’âge de 14 ans il commence<br />
à militer dans son école contre<br />
la présence française au Vietnam. Il est<br />
exclu de l’établissement du fait de son<br />
engagement.<br />
En 1930 il connaît son premier<br />
emprisonnement à la prison de Lao<br />
Bao où il rencontre sa première femme<br />
également emprisonnée pour ses activités<br />
politiques. Elle décédera en prison<br />
en 1941.<br />
En 1937 il adhère au Parti communiste<br />
indochinois.<br />
Il participe au congrès de Tsin Ti<br />
qui fonde le Viet Minh et est chargé de<br />
l’organisation de la guérilla contre l’occupant<br />
japonais.<br />
En 1944 il fonde l’Armée populaire<br />
vietnamienne qui mène seule la<br />
résistance contre les Japonais. Quand la<br />
France décide de réoccuper le Vietnam<br />
en 1946, Giap prend la tête de la résistance.<br />
En 1947 son père est arrêté<br />
et atrocement torturé par l’armée<br />
française pour qu’il dénonce son fils.<br />
Refusant de parler il est assassiné.<br />
Devenu ministre de la défense<br />
nationale de la République démocratique<br />
du Vietnam, il développe une conception<br />
de la lutte basée sur la mobilisation<br />
populaire. C’est ainsi qu’il organise<br />
le transfert à bicyclette et à dos d’hommes<br />
de tous l’armement lourd qui servira<br />
lors de la victoire de Dien Ben Phu.<br />
Cette victoire qui met fin à l’occupation<br />
française fait de lui un symbole mondial<br />
de la lutte des peuples.<br />
Confronté désormais à l’armée<br />
états-unienne, Giap dirige les opérations<br />
pendant les quinze ans de guerre.<br />
Il est le concepteur de la « campagne<br />
Ho Chi Minh » qui conduira à la victoire<br />
et à la réunification du Vietnam en<br />
1975.<br />
Il lance cette campagne avec<br />
le mot d’ordre : « rapidité, audace et<br />
victoire sure ». Comme en 1954 cette<br />
campagne veut marcher sur deux pieds<br />
: la mobilisation de toutes les fractions<br />
du peuple et la conscientisation politique<br />
des combattants.<br />
Auteur de nombreux ouvrages,<br />
il est devenu un des théoriciens de<br />
la guerre populaire et de la guerre de<br />
guérilla qui inspira et inspire de nombreux<br />
combattants hier comme aujourd’hui.<br />
Il reste dans la mémoire militante<br />
le symbole du militaire qui est<br />
d'abord un militant.<br />
Repose en paix frère et camarade.<br />
Texte : FUIQP (Modifications et<br />
ajouts ASV)<br />
La France fut le meilleur espion des États-Unis à Cuba<br />
Le Général De Gaulle et le président John F. Kennedy à Paris en 1961<br />
Par Hernando Calvo Ospin<br />
Révélations sur la crise d’octobre<br />
1962. C’est une information presque<br />
inédite. Lors de la Crise d’<strong>Octobre</strong>, ou<br />
Crise des Missiles, de 1962, la France<br />
joua un rôle fondamental : ce sont<br />
ses espions à La Havane qui avaient<br />
découvert, avant tout le monde, l’arrivée<br />
secrète des missiles soviétiques à<br />
Cuba et qui en informèrent Washington…<br />
Cette crise, la plus grave de la Guerre<br />
Froide, faillit déclencher une confrontation<br />
nucléaire entre les États-Unis<br />
et l’Union Soviétique à propos de la<br />
révolution cubaine… De par la précision<br />
de l’information que les français<br />
livrèrent, et la portée du sujet, ce travail<br />
en faveur d’une puissance étrangère a<br />
été considéré jusqu’à aujourd’hui comme<br />
l’un des plus importants de l’histoire<br />
du renseignement français.<br />
À la demande du gouvernement<br />
du président Harry Truman, le dictateur<br />
cubain Fulgencio Batista avait rompu<br />
les relations diplomatiques avec l’Union<br />
soviétique en avril 1952. Le 4 février<br />
1960, alors que les révolutionnaires<br />
de Fidel Castro Ruz étaient à présent<br />
au pouvoir, le vice-premier ministre<br />
du gouvernement soviétique, Anastás<br />
Mikoyán, effectua une visite officielle<br />
à La Havane. Sans plus attendre, Cuba<br />
signa plusieurs accords commerciaux<br />
très avantageux, au moment où les<br />
États-Unis commençaient leur agression<br />
économique. D’autres accords de<br />
coopération militaire furent également<br />
convenus. Trois mois plus tard, les relations<br />
diplomatiques furent rétablies<br />
A cette date, Washington encourageait<br />
les incursions militaires et les<br />
actes terroristes des partisans de Batista,<br />
allant même jusqu’à refuser de vendre<br />
à la jeune révolution des pièces de<br />
rechange pour les armes récupérées de<br />
la dictature. Il faisait, en outre, pression<br />
sur ses alliés pour que ceux-ci ne lui<br />
vendent pas d’armes ou ne lui livrent<br />
pas celles qui avaient déjà été payées<br />
par Batista avec l’argent de l’État. Seule<br />
la Belgique refusa d’obéir et vendit des<br />
armes et des grenades : le 4 mars 1960,<br />
le navire français « La Coubre » qui les<br />
transportait, explosa dans la baie de La<br />
Havane, faisant plus de 200 blessés et<br />
environ 70 morts.<br />
Le dix-sept avril 1961, une force<br />
mercenaire de plus de mille hommes,<br />
entraînée, dirigée et armée par la CIA,<br />
tenta d’envahir Cuba par la Baie des<br />
Cochons, mais fut mise en déroute en<br />
moins de 70 heures. Le président John<br />
F. Kennedy, qui prit cette défaite comme<br />
une terrible humiliation pour les Etats-<br />
Unis, ordonna la préparation d’un plan<br />
contenant des mesures politiques, militaires,<br />
économiques et de propagande<br />
contre Castro et sa révolution. C’est<br />
ainsi que naquit l’Opération Mangouste<br />
(Mongoose), nom de code d’une stratégie<br />
de Sécurité Nationale, dont l’objectif<br />
final était une invasion directe par les<br />
Marines.<br />
Alors que Washington avait pour<br />
seul but d’en finir avec la révolution,<br />
Moscou continuait de multiplier les accords<br />
commerciaux avantageux avec<br />
elle et contribuait à la nécessaire modernisation<br />
de sa défense militaire.<br />
Lorsque les services de renseignements<br />
soviétiques découvrirent la<br />
finalité de l’Opération Mangouste, ils<br />
en informèrent Cuba. Alors les révolutionnaires<br />
suggérèrent au dirigeant soviétique,<br />
Nikita Khrouchtchev, l’installation<br />
d’une force de dissuasion sur leur<br />
territoire, qui comprendrait des missiles<br />
balistiques. Celui-ci ne se fit pas prier,<br />
car peu de temps avant, Washington<br />
avait placé des missiles nucléaires en<br />
Turquie et en Italie, capables d’atteindre<br />
le territoire soviétique en quelques<br />
minutes.<br />
C’était risqué, mais de cette façon,<br />
les Soviétiques pourraient dissuader les<br />
États-Unis de les attaquer, car depuis<br />
Cuba, ils pouvaient aussi toucher leur<br />
territoire dans le même court laps de<br />
temps. À l’époque, l’écart de puissance<br />
nucléaire était immense : les États-Unis<br />
possédaient 5 000 têtes nucléaires,<br />
contre 300 pour les Soviétiques.<br />
Le vingt-et-un mai 1962, le<br />
Conseil de Défense soviétique autorisa<br />
l’Opération Anadyr (Анадырь) : entre<br />
juin et octobre 1962, furent déployées,<br />
entre autres, des forces conventionnelles<br />
et 24 rampes de lancement de<br />
missiles balistiques, avec la capacité<br />
de porter des têtes nucléaires. Tout cela<br />
dans le plus grand secret, bien que les<br />
dirigeants cubains eussent demandé<br />
que cet accord soit rendu public.<br />
Les Etasuniens ne prêtèrent pas<br />
beaucoup d’attention à l’augmentation<br />
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Le vingt-neuf août encore, le président<br />
Kennedy avait affirmé, lors d’une<br />
conférence de presse, n’avoir aucune<br />
information sur la présence de troupes<br />
soviétiques à Cuba, et encore moins de<br />
celle de missiles.<br />
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Le 4 mars 1960, le navire français « La Coubre » explosa dans la baie de<br />
La Havane, faisant plus de 200 blessés et environ 70 morts<br />
heures. Dean Acheson, ancien chef<br />
du Département d’État, remettait<br />
une lettre de Kennedy au président<br />
français Charles de Gaulle. Il l’informait<br />
d’une décision prise après une<br />
semaine d’enquêtes et de discussions<br />
ultra-secrètes : à 19 heures, heure de<br />
suite à la page(15)<br />
Vol 14 # 17 • Du <strong>28</strong> <strong>Octobre</strong> au 3 Novembre <strong>2020</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
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