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société
Loin d’être une
quelconque
nostalgie,
l’identité
marocaine est
une certaine
conception du
monde »,
Robert Assaraf.
qui sans être un « paradis », était pour le
moins hospitalier et respectueux des spécificités
», explique la chercheuse Hanane
Sekkat dans son rapport « L’émigration
collective des Juifs marocains vers Israël »,
datant de 2016.
Identité marocaine
En s’adaptant, les juifs marocains
convertissent leur mal du pays en un
sentiment positif. Ce dernier leur a servi
de point d’ancrage d’appartenance identitaire.
Dans son livre « Juifs du Maroc
à travers le monde : émigration et identité
retrouvée », Robert Assaraf met le doigt
sur la particularité de ces liens: « Le
Maroc et ses communautés juives constituent
un véritable cas d’école. Aucune autre
communauté juive n’a, en effet, conservé un
rapport aussi fort et aussi fructueux avec
sa terre d’origine », explique l’écrivain.
D’après ce dernier ce rapport est d’autant
plus intense car ne recelant rien
de conflictuel. « Cette conception apaisée
et sereine du passé, fondée sur le souvenir
de la multiséculaire coexistence mutuelle
entre musulmans et juifs, vaut aussi pour
le présent et pour l’avenir. Loin d’être une
quelconque nostalgie, l’identité marocaine
est une certaine conception du monde »,
résume Assaraf.
Même constat de la part du linguiste
Simon Levy dans une interview datant
de 1994. « Cette communauté garde un
souvenir ému, parfois même magnifié, de
sa vie au Maroc, et symbolise son attachement
sentimental par les portraits des
Souverains marocains qui sont exposés
dans de nombreux foyers », décrivait alors
Levy. « Ces Israéliens savent qu’ils ont
leurs racines ici, au Maroc dont ils n’ont
jamais été chassés. La position constante et
officielle du Maroc à leur adresse est qu’ils
peuvent revenir quand ils le veulent, la
nationalité marocaine ne se perdant pas »,
ajoutait-il en insistant sur cette réciprocité
entre le Maroc et ses ressortissants
juifs. Ces derniers gardant en mémoire
une heureuse cohabitation au Maroc
avec l’Islam et l’Arabité. Mais aussi le
souvenir de l’attitude courageuse et
historique du Roi Mohamed V qui avait
protégé les juifs marocains contre les
décrets racistes de Vichy.
Aujourd’hui, les juifs marocains d’Israël
ne ratent pas les occasions pour
honorer cette composante principale
de leur identité. Fêtes religieuses,
occasions familiales, célébrations ou
vie quotidienne… Toutes les occasions
sont bonnes pour préparer des mets
délicieux de la cuisine judéo-marocaine,
de chanter des mélodies marocaines, de
raviver les traditions et les us profondément
liés à leur terre d’origine. Un hommage
ému et émouvant pour le pays de
leurs ancêtres et pour leur passé sur
une terre de tolérance et d’heureuse
coexistence z
52 N° 546 L’Observateur du 25 au 31 décembre 2020