OP - Objectif Prévention
Revue d'information de l'Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales
Revue d'information de l'Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales
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OBJECTIF PRÉVENTION
REVUE D’INFORMATION
DE L’ASSOCIATION PARITAIRE
POUR LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ
DU TRAVAIL DU SECTEUR
AFFAIRES SOCIALES
VOL. 44 N o 1 MARS 2021
DOSSIER
MÉDICAMENTS
DANGEREUX
TMS
RISQUES
BIOLOGIQUES
RISQUES
CHIMIQUES
ENVOI DE POSTE-PUBLICATIONS, CONTRAT NO 40063030
NOUVEAU
AMÉNAGEMENT D’UNE SALLE
DE BAINS EN ÉTABLISSEMENT
Ce guide de prévention vous aidera à
construire ou à rénover des salles de
bains en établissement pour qu’elles
soient fonctionnelles et sécuritaires,
de même qu’à corriger les défauts dans
un environnement existant. Il regroupe
une série de recommandations pour
améliorer les environnements de travail,
dans le but d’optimiser l’autonomie et
la sécurité des personnes qui reçoivent
les soins et de favoriser la santé et
la sécurité du travail pour celles qui
donnent les soins.
Pour commander gratuitement :
comptoir@asstsas.qc.ca
Pour télécharger : asstsas.qc.ca
DANS LA MÊME COLLECTION
LA SANTÉ PSYCHOLOGIQUE AU TRAVAIL
Ce guide vise à permettre aux organisations
de développer une culture de prévention
favorable au bien-être, à la santé et à la sécurité
psychologique des travailleurs. Il constitue un
cadre de référence. La démarche proposée et les
nombreux outils conviennent aux organisations
de toute taille et peuvent être adaptés aux
caractéristiques de chacune.
SOMMAIRE
2 MOT DE L’ASSTSAS – Pour guider nos actions
3 TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES – Deux projets pour réduire les TMS au CISSSMC
6 RISQUES BIOLOGIQUES – Moisissures, un risque insidieux
8 RISQUES CHIMIQUES – Dix ans de surveillance environnementale au Québec
24 COIN DE LA DOCUMENTALISTE – Des ressources additionnelles en SST
DOSSIER
MÉDICAMENTS DANGEREUX
10 Ce dossier fait un survol de la nouvelle édition du guide
Manipulation sécuritaire des médicaments dangereux
de l’ASSTSAS.
11 Manipuler des médicaments dangereux en toute sécurité
13 Aménagement et caractéristiques des lieux
15 Manipulation des médicaments dangereux à la pharmacie
18 Soins en centres hospitaliers et ambulatoires
20 Soins en milieux d’hébergement, aux CLSC et à domicile
22 Services d’hygiène et de salubrité et de buanderie
Photo : Jean-François Lemire, shootstudio.ca
Affiche disponible
PERSONNEL DE LA SANTÉ
FAITES-VOUS VACCINER
CONTRE LA COVID-19.
À télécharger ou à commander :
comptoir@asstsas.qc.ca
Objectif prévention, vol. 44, n o 1, 2021
PRODUCTION
Directrice générale : Diane Parent
Rédacteur en chef : Philippe Archambault
Révision : Louise Lefèbvre
Design : acapelladesign.com
Couverture : Jean-François Lemire, shootstudio.ca
Impression : L’Empreinte
Envoi de Poste-publications, contrat n o 40063030
Abonnement : Andrée Desjardins
abonnement@asstsas.qc.ca
ABONNEMENT
Éditée quatre fois l’an, OP est distribuée gratuitement, sur abonnement, aux personnes ou organismes qui œuvrent dans le
secteur des affaires sociales. Les autres peuvent s’y abonner au coût de 35 $ par année pour le Canada, 70 $ pour les États-
Unis et 100 $ pour les autres pays. Ce numéro, tiré à 14 000 exemplaires, est disponible sur Internet.
Les articles n’engagent que la responsabilité de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique de l’ASSTSAS. Toute
reproduction est autorisée pourvu que la source soit mentionnée. Les photos qui paraissent dans OP sont le plus conformes
possible aux lois et règlements sur la santé et la sécurité du travail. Cependant, il peut être difficile pour des raisons techniques
de représenter la situation idéale.
Dépôts légaux : Bibliothèque et Archives nationales du Québec 2021 – Bibliothèque et Archives Canada – ISSN 0705-0577
ASSOCIATION PARITAIRE POUR LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ DU TRAVAIL DU SECTEUR AFFAIRES SOCIALES
7400, boul. des Galeries d’Anjou, bureau 600, Montréal (Québec) H1M 3M2
Téléphone : 514 253-6871 ou 1 800 361-4528 – asstsas.qc.ca
MOT DE L’ASSTSAS
Pour guider nos actions
La réussite d’une action collective réside dans des lignes directrices
bien établies. Ces lignes, qui balisent et orientent l’action, se doivent
d’être tracées ensemble afin de susciter l’adhésion de toutes les parties
concernées.
Dans le cadre du projet de loi 59, Loi modernisant le régime de
santé et de sécurité du travail, l’ASSTSAS et les autres associations
sectorielles paritaires (ASP) ont déposé un mémoire. Ce dernier vise à
renforcer la place des ASP dans la Loi et à réaffirmer leur rôle de
partenaires incontournables pour donner des services en prévention.
La réussite d’une action collective
réside dans des lignes directrices
bien établies.
Espérons que toutes les parties seront entendues afin de rencontrer
les objectifs visés et de corriger les lacunes de la loi existante.
Dans un même esprit de clarté et d’engagement, l’ASSTSAS vient de
se doter d’un nouveau plan directeur (2021-2024). Il réaf firme la volonté
de contribuer au développement d’une culture de prévention dans notre
secteur en favorisant la prise en charge durable et paritaire de la santé
et de la sécurité du travail. Le plan sera rendu public en mai.
Hommage à un ancien DG
Décédé en janvier dernier, Jean-Louis Bertrand a dirigé l’ASSTSAS
de 1987 à 1992. Il a été un artisan majeur de de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail. Conjointement avec Robert Sauvé, il a été responsable
de la mise en place de la Loi, particulièrement de la mission de
la CSST et de la création des ASP. Nous saluons sa carrière dédiée à
la prévention et nous offrons nos sympathies à ses proches. K
Mona Landry
coprésidente patronale
Linda Lapointe
coprésidente syndicale
Diane Parent
directrice générale
dparent@asstsas.qc.ca
ARRIVÉE ET DÉPART
Fomé en technologie éducative, Marc
Guérin a été conseiller en formation
à l’Université Laval pendant plus de
8 ans. Enseignant et technopédagogue
aguerri, il joint l’équipe en vue de
développer l’offre de formation en
ligne de l’ASSTSAS. Lorsqu’il n’est
pas derrière son écran, Marc joue
dehors et pratique plu sieurs sports.
Au service de l’ASSTSAS depuis 2010,
Jean-François Labrecque a pris sa
retraite en novembre dernier. Reconnu
pour son esprit d’analyse, son
pragmatisme et son souci du paritarisme,
il a notamment contribué au
développement des compétences pédagogiques
des maîtres-formateurs
et des formateurs Oméga. Il laisse
ainsi une marque indélébile en prévention
de la violence. Nous souhaitons
des années douces et heureuses
à cet homme de cœur.
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TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES
Deux projets pour réduire
les TMS au CISSSMC
Philippe Archambault
parchambault@asstsas.qc.ca
Annie Boulianne
aboulianne@asstsas.qc.ca
Juste avant le déclenchement de la pandémie, nous avons rencontré une équipe dynamique
et profondément engagée en prévention du CISSS de la Montérégie-Centre
(CISSSMC). La démarche décrite et l’esprit de collaboration qui s’en dégagent sont
toujours bien actuels.
Pour le projet PDSB dans l’action, nous remercions
Philippe Côté, chef du Service de pré vention
promotion et mieux-être au travail (PPME),
Hélène Pichette, coach PDSB et préposée aux
bénéficiaires 1 (PAB), Line Bédard, représentante
CSN volet santé et sécurité au travail, Jonathan Deslippes,
chef d’unité au CHSLD Gertrude-Lafrance, Louise Bonneau
et Simon Tremblay, thérapeutes en réadaptation physique
et formateurs PDSB, pour leur précieuse colla bo ration.
Pour le projet de Réduction des troubles musculo sque lettiques
(TMS) chez les infirmières et infirmiers auxiliaires
au soutien à domicile (SAD), nous
remercions Philippe Côté, Yves
Langelier, infirmier, agent de gestion
au service PPME et super viseur
du pro jet, Lucie Couture, infirmière
clini cien ne au SAD, et
Évelyne Audette, infirmière clini
cienne.
Lors de la rencontre, ces personnes
ont retracé les te nants
et les aboutissants de deux projets
visant à réduire les TMS :
le premier en milieu d’hébergement,
le second au soutien
à domicile. Deux projets marqués
par la réussite.
1 er PROJET
PDSB DANS L’ACTION AU CHSLD
GERTRUDE-LAFRANCE
PDSB dans l’action a vu le jour grâce à un financement
du ministère dédié à la mise sur pied des projets de pré vention.
Depuis des années, l’établissement comptait sur des
coachs PDSB, des personnes ayant reçu la formation de formateur
PDSB de l’ASSTSAS. Toutefois, étant donné la taille
du CISSS (près de 11 000 employés répartis sur des dizaines
de sites), leur nombre était insuffisant. L’idée de départ
était donc de miser sur une valeur sûre qui avait fait ses
preuves pour accroître le niveau de prévention des TMS
chez les travailleurs.
De plus, le projet a été mis de l’avant car, dans un contexte
de pénurie de personnel, il est extrê me ment difficile
de libérer les travailleurs pour les former en laboratoire.
Avec les coachs PDSB, ils sont formés et accompagnés sur
le terrain. De cette manière, plus de personnes sont rejointes.
Au cours de l’année du projet, deux coachs PDSB
étaient libérés quatre jours par mois et ils étaient assignés
au CHSLD Gertrude-Lafrance. À cette dimension d’accompagnement,
se gref faient aussi l’achat d’équipements de
mobilisation sécu ritaire d’usagers et un plan de communication
pour publiciser les nouvelles ressources et pour
présenter les résultats à mi-parcours.
Bannière promotionnelle
produite par le CISSSMC.
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 3
TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES
L’équipe du projet Réduction des
TMS chez les infirmières et les
infirmiers auxiliaires au SAD,
finaliste aux Grands prix de la
CNESST. De gauche à droite :
Yves Langelier, Geneviève Bacon,
Maryse Poupart, Mélissa Paradis-
Lapointe, Lucie Couture, Évelyne
Audette, Lucie Lamarche, le
repré sentant de la CNESST,
Nadia Boutaleb, Annie Pinard et
Philippe Côte.
Accompagner les PAB
Pour s’assurer que les coachs PDSB allaient être bien
reçus sur les unités, des rencontres de coordination ont été
organisées avec les chefs d’unité, des représentants syndicaux,
des infirmières et des professionnels de la réadaptation.
Il fallait bâtir une compréhension commune des PDSB
et établir le rôle de tout un chacun, particulièrement celui
des coachs PDSB en indiquant clairement qu’ils n’étaient
pas là pour évaluer et juger les travailleurs, mais bien que
leur rôle était complémentaire. Les coachs étaient là pour
collaborer et soutenir les équipes des différentes unités.
Une fois leur rôle bien campé, les coachs PDSB ont commencé
à accompagner les PAB sur les unités, sur les trois
quarts de travail. Leur venue était annoncée à l’équipe de
soins. Ils ne s’imposaient pas et prêtaient main-forte particulièrement
auprès de résidents plus difficiles à mobi liser,
pour la prise de bain par exem ple. Leurs interventions
étaient ciblées en fonction de « cas difficiles », mais aussi
en fonction de demandes écrites ou verbales des PAB. Avec
une grande ouverture, les coachs pro posaient des méthodes
ou des équipements de mobilisation. Au fil du temps, la
confiance s’est bâtie et ils ont été très demandés !
Ainsi, leur présence était à la fois bénéfique pour les PAB
sur le plancher, mais aussi pour les personnes hébergées.
Ils en profitaient toujours pour rappeler les bonnes pratiques
de base liées à l’approche globale de la situation de
tra vail, par exemple : prendre le temps de libérer l’espace
avant d’effectuer la tâche.
Des coachs polyvalents
Les coachs disposaient d’un local attitré où ils pouvaient
se rencontrer et faire des suivis. Situé dans un endroit
central du bâtiment, le local était facilement accessible.
Les PAB pouvaient leur rendre visite et échanger avec
eux. Les coachs se rendaient aussi auprès des personnes
nouvellement embauchées pour savoir si elles avaient besoin
d’aide.
Dans le projet initial, la cible était d’accompagner cinq
employés pendant une heure chaque jour. Parfois, cet objectif
ne pouvait être atteint. Pour cette raison, les coachs
impliqués dans le projet PDSB dans l’action ont développé
des activités complémentaires : visionnement en groupe
de courtes capsules de formation, tournée de vérification
d’équipement, recommandation concernant l’aména gement
ou le matériel, sensibilisation à l’importance de consulter
le plan de travail, etc.
Résultats
Au-delà des résultats chiffrés, qui indiquent des gains
substantiels, le projet PDSB dans l’action a permis de développer
chez plusieurs PAB une manière plus juste et plus
précise de parler de leur tâche. « Au lieu de nous dire ce
résident-là est difficile, explique Hélène Pichette, ils nous
di saient plutôt il est difficile à retourner ». Aussi, les PAB
ont pris l’habitude d’échanger sur les méthodes enseignées,
de s’accompagner naturellement les uns les autres. Les PAB
du CHSLD Gertrude-Lafrance ont développé une auto nomie
pour évaluer leur situation de travail et pour trouver
des solutions aux problèmes rencontrés.
Le projet « a aussi amélioré les échanges entre le sec teur
des soins et la réadaptation, en lien avec la mobilisation sécuritaire
des usagers », ajoute Philippe Côté, en précisant
que cela contribue à accroître possiblement l’autonomie des
personnes hébergées. Un autre gain considérable !
Après le projet
À la suite du projet, une politique d’encadrement et de
coaching a été mise en place auprès des nouveaux employés.
Les manières de faire développées au cours de PDSB
dans l’action ont été intégrées au programme de coachs
PAB déployé dans l’ensemble des centres d’hé ber gement du
CISSS. Le programme vise à assurer une orienta tion et un
soutien aux nouveaux employés, mais aussi à ren forcer le
volet d’accompagnement auprès de tous les PAB.
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TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES
2 e PROJET
RÉDUCTION DES TMS CHEZ LES INFIRMIÈRES
ET LES INFIRMIERS AUXILIAIRES
« C’est un projet qui a pris forme à la suite d’une discussion
avec la directrice du SAD de l’époque, Mélissa
Paradis-Lapointe, qui m’avait fait part d’une problématique
de TMS chez les infirmières de son service », rapporte
Philippe Côté pour éclairer les origines de la démarche.
Un projet de prévention qui tombait à point
d’autant plus que les effectifs du SAD étaient en augmentation.
Après analyse des données relatives aux accidents du
travail et aux invalidités, une activité de formation a été
retenue pour réduire les TMS chez le personnel soignant
du SAD.
Premiers pas
Le projet, qui s’est échelonné sur un an, a commencé
par un appel à l’ASSTSAS. Le besoin était de former des
personnes qui pourraient dispenser par la suite la formation
Postures sécuritaires pour les infirmières au SAD 2 .
En tout, cinq infirmières du CLSC Samuel-de-Champlain
(CISSSMC) ont été formées. Outre le volet formation, comme
PDSB dans l’action, ce projet comportait aussi un volet
équipement et un volet accompagnement sur le terrain.
Ensuite, les formatrices ont formé les différentes équipes
par groupes de sept à huit infirmières 3 . La formation
était dispensée en deux séances de deux heures en raison
des contraintes liées à la libération. Une séance était axée
sur la théorie, l’autre sur la pratique. Les formatrices avaient
à leur disposition une salle équipée d’un lit électrique et de
mobilier pour simuler des situations de travail.
Des principes
appliqués
Dans le cadre du projet, les
formatrices ont aussi testé
du nouvel équipement (ex. :
un sac de transport) pour
vérifier s’il était adapté aux
réalités de leur pratique.
Ces essais ont créé un esprit
de résolution de problèmes
et une réflexion
globale sur la situation
Affiche promotionnelle
produite par le CISSSMC.
Ce projet de SST a été perçu comme un
acte de reconnaissance des conditions
difficiles dans lesquelles le personnel
soignant du SAD travaille.
de travail en SAD. Cela a permis de trouver de nouveaux
outils et de nouvelles méthodes pour adopter des postures
plus sécuritaires lors de différentes tâches, notamment lorsqu’il
s’agit de faire un pansement à une personne alitée.
L’objectif n’était pas d’innover en matière d’équipe ment,
mais plutôt de développer de nouvelles manières d’utiliser
l’équipement de base présent chez la plupart des usagers.
Au fond, pour les formatrices, il s’agissait d’appliquer avec
ingéniosité les grands principes postu raux pour réduire les
risques de TMS.
De plus, une rubrique TMS a été ajoutée dans le plan
de soins de chaque usager, dans laquelle les infirmières
notent des indications pour le positionnement sécuritaire.
De cette manière, une infirmière peu habituée avec un
usager peut connaître, en consultant le plan de soins, les
postures ou les méthodes à appliquer avec lui.
SST et reconnaissance
La formation a été très bien reçue par les infirmières,
car elles ont senti que la démarche visait leur sécurité et
leur bien-être. Il faut dire qu’habituellement leurs formations
sont axées sur la prestation de service et sur l’aspect
clinique de leur métier. Ce projet de SST a été perçu comme
un acte de reconnaissance des conditions difficiles dans
lesquelles le personnel soignant du SAD travaille. Par ailleurs,
il a entraîné une sensibilisation chez les infirmières
du SAD. Ces dernières ont pris conscience de l’importance
du positionnement pour réduire les inconforts et les blessures.
C’est l’une des retombées majeures de la démarche.
La formation Postures sécuritaires pour les infirmières
au SAD est désormais dispensée à toute nouvelle infirmière
intégrant les équipes du CLSC. D’autres outils de
rappel et de rafraîchissement ont été depuis mis en place
pour pérenniser le savoir-faire enseigné. K
RÉFÉRENCES
1. Désormais à la retraite mais qui contribue encore au sein du Service PPME.
2. Pour plus d’information, consultez la page : asstsas.qc.ca/nos-formations.
3. Au moment de l’entretien (janvier 2020), plus de 70 infirmières avaient été
formées.
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RISQUES BIOLOGIQUES
Moisissures, un risque insidieux
Valérie Hensley
vhensley@asstsas.qc.ca
Vos yeux piquent, votre nez coule, vous avez des problèmes respiratoires qui disparaissent
le soir et réapparaissent dans votre milieu de travail. Est-ce lié à la présence
de moisissures dans ce lieu ? Sont-elles nocives pour votre santé ? Cela est possible.
Cet article fait un survol des informations de base sur les moisissures, des problèmes
de santé associés et des mesures pour dépister, éliminer et prévenir les moisissures.
Les moisissures se trouvent en permanence
dans notre environnement naturel, à l’intérieur
et à l’extérieur. Il en existe plus de
100000 espèces dans le monde. Elles jouent
un rôle important dans la décomposition des
matières organiques. Sans les moisissures, il n’existe ni
pénicilline ni... fromage !
Dans les bâtiments, nous voulons éviter la croissance
des moisissures. Elles peuvent détériorer la qualité de l’air,
causer des problèmes d’odeur, dégrader l’apparence des
matériaux, voire endommager les structures en bois.
Des moisissures se trouvent sur presque toute surface.
Elles n’ont pas besoin de la lumière du soleil pour se développer,
il ne faut que de l’eau (humidité), un substrat
organique (poussières, bois, plâtre, aliments, isolation, etc.)
et une température convenable (de 2 à 40 °C). Les moisissures
se reproduisent en créant de minuscules spores invisibles
à l’œil nu. Ces spores se répandent dans l’air ambiant.
Généralement, les moisissures ne causent pas de problèmes,
à moins qu’elles se trouvent dans un endroit humide
et se multiplient.
Problèmes de santé potentiels
La présence de moisissures n’a pas nécessairement d’effet
sur la santé. Cela dit, elles peuvent causer des problèmes
variant selon la nature et la concentration des moi sissures.
Les effets vont de l’irritation, des réactions allergiques, immunitaires
et toxiques jusqu’à l’hypersensibilisation. Pour
provoquer une réaction chez l’individu, il faut que des particules
fongiques soient inhalées ou en contact avec la peau
ou les muqueuses.
Les personnes souffrant d’asthme, de bronchite, de rhume
des foins, d’autres allergies ou dont le système immunitaire
est affaibli sont plus susceptibles de réagir aux moisissures.
Aussi, il est difficile d’établir un lien fiable entre la pré sence
de moisissures et les maladies, car plusieurs autres contaminants
peuvent provoquer des symptômes similaires à
l’exposition aux moisissures.
Dépister
Si vous suspectez la présence de moisissures, la façon
la plus efficace de les détecter est d’effectuer des inspections
visuelles et olfactives. Il faut prêter attention aux endroits
où il y a présence d’humidité excessive, mais aussi aux anciennes
fuites d’eau ou à l’eau résiduelle dans les systèmes
de ventilation. En présence d’un surplus d’humidité, on peut
observer des taches noires (ou parfois vertes), de la peinture
soulevée à différents endroits (ex. : plafond, derrière le mobilier).
Un humidimètre s’avère utile pour localiser les zones
affectées par l’eau.
Parfois, ces problèmes d’humidité excessive surviennent
lors des changements de saison. Un sondage auprès du personnel
pourrait vous aider à trouver la source d’eau. Dans
certains cas difficiles, le recours à un chien renifleur s’impose
pour trouver l’endroit caché colonisé par des moisissures.
Sauf dans des cas spécifiques, il n’est pas recommandé
de faire un test d’air pour détecter la présence de moisis
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 6
RISQUES BIOLOGIQUES
sures. Un tel test se réalise en exposant une boîte de Petri
avec un médium permettant la culture des microorga nismes.
La croissance de microorganismes fongiques est
pres que assurée étant donné l’omniprésence de moisissures
dans les bâtiments et à l’extérieur. De plus, le nombre
élevé d’espèces de moisissures et la variabilité de leur toxicité
rendent presque impossible l’identification de toutes les
variétés présentes dans une culture et la distinction entre
les espèces toxiques et celles bénignes.
Éliminer
Il est essentiel de trouver la source d’humidité excessive
ou la fuite d’eau qui nourrit les moisissures afin d’éliminer
le problème. Si vous repérez des moisissures dans votre bâtiment,
évaluez d’abord l’ampleur du problème. S’il s’agit
d’une surface lisse de moins de 0,1 m² (1 pi²), vous pouvez
nettoyer la surface conta mi née avec un détergent. Si la surface
affectée est de plus de 0,1 à 1 m², comme une demifeuille
de cloison sèche, il faut d’abord jeter tous les matériaux
contaminés (gypse, tuile, bois, isolant, etc.), nettoyer
les surfaces lisses et non po reuses avec un détergent et
sé cher les surfaces nettoyées.
Portez les équipements de protection individuels (ÉPI)
appropriés (appareil de protection respiratoire N95, gants
en nitrile et chemise à manches longues lavables). Le personnel
qui effectue ces tâches doit avoir été formé.
Si la surface affectée est plus grande que 1 m² (environ
10 pi²), confiez la tâche à une firme spécialisée. D’ailleurs,
Si vous suspectez la présence de moisissures,
la façon la plus efficace de les
détecter est d’effectuer des inspections
visuelles et olfactives.
l’entretien et la réparation des systèmes de chauffage, de
ventilation et de climatisation devraient être effectués par
des firmes spécialisées.
Lors d’une fuite ou d’un dégât d’eau, les lieux affectés
doivent être nettoyés et séchés dans les 24 à 48 heures qui
suivent l’événement afin d’évi ter la croissance de moisissures.
Prévenir
Il faut résoudre les problèmes d’humidité avant qu’ils
deviennent des problèmes de moisissures. Comme ces
dernières nécessitent de l’eau pour se développer, il est
important d’éviter une humidité excessive dans les bâtiments.
Des bâtiments hermétiques avec une ventilation
réduite peuvent contribuer à l’accumulation d’humidité.
D’autres problèmes d’humidité peuvent résulter de fuites
sur le toit, de parement abîmé, d’aménagement paysager
ou de gouttières qui dirigent l’eau dans ou sous un bâtiment.
Un entretien retardé ou insuffisant peut contribuer
aux problèmes d’humidité. Une maintenance ou une conception
incorrecte des systèmes de chauffage, de ventilation
et de climatisation peuvent entraîner des niveaux
d’humidité élevés.
Tous les occupants peuvent contribuer à la surveillance
des endroits où il risque d’avoir la présence de moisissures.
Prévoir un calendrier et utiliser des grilles d’ins pec tion à
ce sujet éviteront des surprises 1 .
Lorsque la qualité de l’air, les systèmes mécaniques et
la salubrité du bâtiment sont adéquats, la grande majorité
des occupants (> 80 %) trouvent satisfaisant leur environne
ment intérieur.
Pour plus d’information sur les moisissures ou sur la
qualité de l’air intérieur, visitez notre site Internet à l’on glet
Risques biologiques ou contactez votre conseiller attitré. K
Boîte de Pétri avec des microorganismes sur un médium.
Photo : Andreas Reh, istock.com
RÉFÉRENCE
1. MSSS. (2011). Guide de qualité de l’air intérieur dans les établissements du
réseau de la santé et des services sociaux. Voir le tableau 4.1. Éléments et paramètres
de surveillance périodique, page 82. En ligne : https://publications.msss.
gouv.qc.ca/msss/fichiers/2011/11-610-05W.pdf
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RISQUES CHIMIQUES
Dix ans de surveillance
environnementale au Québec
Jean-François Bussières
Pharmacien-chef, Unité de recherche en pratique pharmaceutique,
Département de pharmacie, CHU Sainte-Justine
Cynthia Tanguay
Unité de recherche en pratique pharmaceutique,
Département de pharmacie, CHU Sainte-Justine
Les antinéoplasiques utilisés pour traiter les patients contaminent également les travailleurs
du réseau de la santé et posent un risque pour leur santé. Des traces de médicaments
se retrouvent sur les surfaces où ils sont préparés, administrés et éliminés,
entre autres. Afin de réduire les risques d’exposition pour les travailleurs, de nombreux
organismes recommandent d’effectuer une surveillance périodique.
Cette surveillance peut être médicale (vérification
de l’état de santé d’un travailleur), bio logique
(mesure de traces dans un liquide biologique
d’un travailleur) ou environ nementale
(mesure de traces dans l’environnement, par
exemple sur une surface ou dans l’air).
Une histoire de collaboration
L’année 2020 marque le dixième anniversaire du programme
québécois de surveillance environnementale des
antinéoplasiques. Ce programme est né de la collaboration
entre l’Institut national de santé publique du Québec
(INSPQ), l’Association paritaire pour la santé et la sécurité
du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS) et l’Unité
de re cher che en pratique pharmaceutique (URPP) 1 . L’URPP 2
est une initiative unique au Canada. Elle permet à des
phar ma ciens hospitaliers en formation ou en exercice, du
L’équipe Expoprof 2020 composée de Jean-François Bussières, Claire Chabut,
Clémence Delafoy et Cynthia Tanguay.
Québec et de France, et à de nombreux collaborateurs de
s’in té res ser à différents aspects de la recherche en pratique
pharmaceu tique, incluant l’exposition professionnelle
aux médicaments dangereux.
Les travaux préliminaires ont débuté en 2005 lorsque
l’URPP a fait quantifier les traces de médicaments dangereux
au CHU Sainte-Justine par un laboratoire européen 3 .
Des travaux similaires ont ensuite été menés localement
afin de détecter du méthotrexate sur des surfaces 4 . Une
entente avec l’INSPQ (Michel Lefebvre, puis Nicolas Caron
et Sébastien Gagné) a permis d’offrir un service d’analyse
à plus large échelle.
Le programme a initialement ciblé trois médicaments
dangereux, soit le cyclophosphamide, l’ifosfamide et le
mé thotrexate. En 2017, de nouveaux antinéoplasiques ont
été ajoutés à l’analyse afin de répondre aux besoins des établis
sements. L’équipe de l’URPP a développé l’ap proche du
programme de surveillance national, qui implique chaque
année un résident en pharmacie hospitalière, notamment
Delphine Merger, Myriam Berruyer, Alexia Janes, Céline
Poupeau, Christel Roland, Laure Chauchat, Delphine Hilliquin
et Marie Palamini.
Douze surfaces exposées aux médicaments dangereux
ont été ciblées, six à la pharmacie et six en cliniques externes
d’oncologie. Un questionnaire a été développé afin de
recueillir des données descriptives relatives à la prati que
de chaque établissement recruté dans le programme de surveillance
(ex. : volumes d’activités, volumes de préparations
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 8
RISQUES CHIMIQUES
de médicaments dangereux, mise en place de me sures de
protection et de réduction de la contamination).
Les 25 premiers établissements de santé du Québec ont
été recrutés par l’entremise des chefs de départements de
pharmacie entre 2008-2010 5 . En 2014, le recrutement a
été élargi non seulement aux établissements de santé du
Québec, mais également à ceux du reste du pays. Ainsi, de
plus en plus d’établissements participent au programme
de surveillance chaque année, soit 109 établissements en
2020 6-11 .
Outils, travaux et publications
En 2017, une plateforme web sécurisée a été développée
afin de faciliter l’accès aux résultats individuels et
comparatifs, qui étaient auparavant fournis dans un rapport
papier 12 . La participation au programme permet aux
établissements d’établir un portrait annuel de leur contamination
et des surfaces potentiellement problématiques,
de suivre l’évolution au fil des années, mais aussi de se
comparer aux autres établissements participants.
Cette comparaison est une force unique de ce programme.
En effet, il est difficile pour un établissement de déterminer
si ses surfaces sont « trop » contaminées. La plateforme
met en évidence si les surfaces d’un établissement
sont plus contaminées que celles de l’ensemble des éta blissements,
ce qui peut indiquer qu’un nettoyage et des changements
de pratique soient nécessaires. Aucun seuil sécuritaire
n’a été établi pour les travailleurs, donc chaque établissement
doit limiter autant que possible la contamination
de ses surfaces. Plusieurs facteurs peuvent influer sur cette
contamination, notamment les activités ayant eu lieu le jour
de la mesure, les techniques de travail, le nettoyage, la poro
sité des surfaces.
De ces travaux, on retient notamment qu’on ne peut
éliminer totalement les traces de médicaments dangereux
sur les surfaces. Elles sont omniprésentes, tant sur les
contenants commerciaux de médicaments dangereux que
sur les surfaces en pharmacie et en clinique d’oncologie.
L’étude multicentrique annuelle a mis en évidence une réduction
des quantités mesurées sur les surfaces au fil des
années. Malgré cette diminution, les surfaces demeurent
contaminées dans une proportion similaire.
En sus du programme de surveillance environnementale,
l’URPP a mené de nombreux travaux complémentai res.
Quelques revues de la littérature ont été menées en sou tien
à ces travaux 13-14 . Deux études de surveillance biologique
ont été réalisées et aucune contamination n’a été mesurée
dans l’urine des travailleurs québécois 15-16 . Une analyse
complémentaire de la contamination de surfaces met en
lumière l’importance pro bable des patients dans la contamination
17 . La surface extérieure des conte nants de médicaments
dispo nibles sur le marché canadien est, elle aussi,
contaminée 18 . Les surfaces des phar macies communautaires
sont également contaminées 19 .
Nous travaillons présentement à mesurer l’efficacité de
différentes stratégies de décontamination à l’aide de différents
produits et accessoires 20-21 . L’équipe s’est également
intéressée aux enjeux de travail relatifs à la réaffectation
et au retrait préventif de la travailleuse enceinte ou qui
allaite 22 . Certains travaux ont permis de réfléchir à l’effet
et à la place des systèmes clos de transfert de médicaments
23 . De plus, au fil des ans, plu sieurs articles d’OP sur
le sujet ont été rédigés 24-30 .
Il faut également souligner la participation active de
l’équipe de l’URPP à la rédaction de la première édition du
guide de prévention Manipulation sécuritaire des médicaments
dangereux publiée en 2008 31 . L’équipe a poursuivi
son étroite collaboration avec la deuxième édition récemment
publiée. Des enquêtes ont d’ailleurs été réalisées pour
évaluer la conformité des pratiques dans le réseau de santé
québécois en 2006, en 2011 et en 2017 32-33 .
Un programme unique
Un tel programme public de surveillance environ ne mentale
à l’échelle nationale est unique. Il soutient et informe
les cliniciens des milieux de pratique en encourageant une
surveillance environnementale systématique selon un proto
cole structuré, reproductible et récurrent. De plus, il parti
cipe au développement d’une expertise locale contri buant
à la réduction des risques liés à l’exposition professionnelle.
Notre équipe souhaite remercier tous ses colla borateurs,
sans oublier les établissements participants. Le soutien de
tous les acteurs a grandement contribué à fournir un milieu
de travail sécuritaire pour les travailleurs de la santé
québécois. K
RÉFÉRENCES
Références en ligne : asstsas.qc.ca/op441008
Photo : Andreas Reh, istock.com
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 9
Photo : Jean-François Lemire, shootstudio.ca
Ce dossier fait un survol de la nouvelle édition du guide Manipulation sécuritaire des médicaments
dangereux de l’ASSTSAS. Il présente les faits saillants de ce travail d’équipe de longue haleine et
met l’accent sur les nouveautés dans ce secteur de la prévention en santé et sécurité du travail.
Bonne lecture !
DOSSIER
MÉDICAMENTS DANGEREUX
POUR
TÉLÉCHARGER
LE GUIDE
asstsas.qc.ca/gp65
Sylvie Bédard
sbedard@asstsas.qc.ca
Guy Bertrand
gbertrand@asstsas.qc.ca
Merci à Audrey Chouinard, conseillère en soins spécialisés à la Direction des soins
infirmiers du CHUM, et au Service des communications pour les photos des pages 14 à 17.
OP VOL. 44 41 N O 1 2018 2021 | 10
Manipuler des médicaments
dangereux en toute sécurité
MÉDICAMENTS DANGEREUX
DOSSIER
Sylvie Bédard
sbedard@asstsas.qc.ca
Guy Bertrand
gbertrand@asstsas.qc.ca
EN 2008, LE PREMIER GUIDE DE L’ASSTSAS SUR LA MANIPULATION
SÉCURITAIRE DES MÉDICAMENTS DANGEREUX PARAISSAIT, EN RÉAC-
TION À LA PUBLICATION D’UNE ALERTE DU NATIONAL INSTITUTE FOR
OCCUPATIONAL SAFETY AND HEALTH (NIOSH). ON Y RECOMMANDAIT
UN REHAUSSEMENT DES MESURES DE PRÉVENTION POUR LES TRA-
VAILLEURS DE LA SANTÉ EXPOSÉS AUX MÉDICAMENTS DANGEREUX.
DEPUIS CE TEMPS, LES PRATIQUES ONT ÉVOLUÉ ET, PARFOIS, ELLES
ONT GRANDEMENT CHANGÉ.
Depuis quelques années, nous bénéficions de nouvelles recom mandations
de la part de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ). De
plus, des études environnementales apportent des précisions sur la
conta mi nation des surfaces et des sondages nous renseignent sur le
niveau plus ou moins élevé de conformité des établissements aux
mesures de prévention recommandées. L’usage de médicaments dangereux
s’est am plifié, particulièrement à l’extérieur des centres ambulatoires
d’on cologie.
Depuis 2014, la liste des médicaments dangereux publiée par le
NIOSH comporte trois catégories (voir tableau). À lui seul, ce chan gement
imposait une révision complète de notre guide de pré ven tion afin
d’adapter les recommandations à ces nouvelles catégories. Cette révision
est le fruit du travail soutenu et indéfectible d’une équipe composée
de professionnels et d’intervenants du secteur de la santé.
La présente série d’articles vise à donner un aperçu du contenu du
nouveau guide, en soulignant les différences avec l’ancienne édition.
La lecture du dossier profitera également aux personnes dont le besoin
est d’obtenir les bases pour comprendre les principaux enjeux de santé
et de sécurité liés à la manipulation de médicaments dangereux.
La liste du NIOSH
La liste de médicaments dangereux du NIOSH demeure la réfé rence.
Les mesures de prévention pour la manipulation sécuritaire décrites
dans le guide s’appliquent à ces médicaments. Aucun médicament
n’a été retranché, ni changé de catégorie ni ajouté. Rappelons que les
médicaments sont considérés dangereux par le NIOSH s’ils comportent
une ou plusieurs de ces six caractéristiques :
• Cancérogène
• Tératogène ou toxicité dans le développement
• Toxique pour la reproduction
• Toxique pour un organe à faible dose
• Génotoxique
• Présentant une structure ou un profil de toxicité similaire à un médi
cament déclaré dangereux en fonction d’un des critères ci-dessus
Des précisions sont apportées dans le guide pour assurer une bonne
compréhension des trois catégories. Aussi, les médicaments dange reux
aux quels nous faisons référence ne doivent pas être confondus avec les
CATÉGORIES DE
MÉDICAMENTS
DANGEREUX
SELON LE NIOSH
G1 G2 G3
La plupart des médicaments
antinéoplasiques selon la classification
AHFS* 10:00 (incluant
également ceux posant un risque
pour la reproduction).
Voir le tableau 1 du NIOSH 1
Médicaments non antinéoplasiques
qui rencontrent au moins un des
critères de médicaments dangereux
(incluant également ceux posant
un risque pour la reproduction).
Voir le tableau 2 du NIOSH
Médicaments qui présentent un
risque pour la reproduction, pour
les femmes et les hommes qui sont
en processus de concevoir ou les
femmes enceintes ou qui allaitent.
Voir le tableau 3 du NIOSH
*AHFS : American Hospital Formulary Service NIOSH.
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 11
DOSSIER
MÉDICAMENTS DANGEREUX
Circuit du médicament dangereux
QUAI DE RÉCEPTION OU FOURNISSEUR
ENTRETIEN, NETTOYAGE ET DÉCONTAMINATION
RÉCEPTION
PHARMACIE ONCOLOGIE
RÉCEPTION SERVICES
EXTERNES, UNITÉS SOINS
ADMINISTRATION
ET SOINS
ENTREPOSAGE
PRÉPARATION / VÉRIFICATION
ENTREPOSAGE
ENTREPOSAGE
ADMINISTRATION
À DOMICILE ET SOINS
RÉCEPTION
PHARMACIE CENTRALE
DOMICILE
ADMINISTRATION
ET SOINS AU CLSC
GESTION DES DÉCHETS, DES EXCRETA ET DU LINGE SOUILLÉ
Transport
Activité présente à toutes les étapes
catégories de préparations non stériles de l’OPQ 2 . Les normes de l’OPQ
datant de 2012 et 2014 n’emploient pas la classification en trois groupes
du NIOSH, ce qui conduit à des différences entre les définitions de médicaments
dangereux de notre guide et celles de l’OPQ. Différences qui
se reflètent dans les mesures sécuritaires associées.
Différences et similitudes
Notre guide de 2008 subdivisait les médicaments dangereux en
deux groupes et décrivait davantage de mesures pour les médicaments
dangereux antinéoplasiques. L’ajout du G3 apporte une dimension
nouvelle. Les médicaments de cette catégorie étant dangereux
uniquement pour un sous-groupe de travailleurs (concernés par les
dangers à la reproduction), nous avons mis de l’avant deux attitudes.
D’une part, des mesures pour tout le personnel qui doit adopter des
méthodes de travail évitant de contaminer un environnement qui peut
être côtoyé par les personnes à risque. D’autre part, des mesures applicables
aux personnes à risque, dans l’éventualité où elles ont à manipuler
les médicaments du G3.
Il est à noter que le NIOSH met à jour régulièrement la liste des
médicaments. Il est probable qu’une révision importante soit publiée
dans les prochains mois. Le cas échéant, nous procéderons à une mise
à jour de notre guide.
Bien que plusieurs changements importants aient été apportés au
guide, plusieurs éléments demeurent identiques :
• Le concept de précaution s’applique toujours
• Les sources d’exposition sont présentées en suivant le circuit du
médicament
• Les types de mesures de prévention comme le contrôle de l’ingénierie,
les méthodes de travail et les équipements de protection
individuels sont toujours à mettre de l’avant
De plus, nous avons conservé la même hiérarchie de recommandations
en adoptant le vocabulaire « doit », « devrait » et « peut » selon
les niveaux de certitude, de normes existantes et d’importance que
les membres du comité ont considérés.
Le nouveau guide propose plus de recommandations pour certains
secteurs que dans la première version, en suivant le circuit du médicament
(voir schéma). Le personnel des services d’hygiène et de salubrité,
les personnes travaillant aux soins prolongés et celles œuvrant
dans les CLSC et à domicile sont désormais pris en compte.
Survol du dossier
Un premier article rappelle l’importance d’un aménagement sécuritaire
des lieux de travail où l’on retrouve des médicaments dangereux.
Ensuite, quatre articles présentent sommairement les éléments
pour assurer la sécurité du personnel selon différents secteurs professionnels
: la pharmacie, les soins, les soins en milieux d’héberge ment
et à domicile, puis l’hygiène et la salubrité et la buanderie. Nous vous
souhaitons une bonne lecture ! K
RÉFÉRENCES
1. CDC / NIOSH. (2016). NIOSH List of Antineoplastic and Other Hazardous Drugs in
Healthcare Settings. En ligne : https://www.cdc.gov/niosh
2. Ordre des pharmaciens du Québec. (2012). Préparations magistrales non stériles
en pharmacie. Norme 2012.01. En ligne : https://www.opq.org/documentation
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 12
Aménagement et
caractéristiques des lieux
MÉDICAMENTS DANGEREUX
DOSSIER
Guy Bertrand
gbertrand@asstsas.qc.ca
LA MAJORITÉ DES RECOMMANDATIONS DU GUIDE MANIPULATION SÉ-
CURITAIRE DES MÉDICAMENTS DANGEREUX SE RETROUVENT DANS
LES SECTIONS « PRATIQUES SÉCURITAIRES ». CES RECOM MANDATIONS
SONT PRIMORDIALES POUR ÉLABORER LES PROCÉDURES SÉCURITAI
RES. D’AUTRES RECOMMANDATIONS CONCERNENT L’AMÉNAGEMENT ET
DÉCRIVENT LES CARACTÉRISTIQUES DES LIEUX DE TRAVAIL. ELLES SONT
ESSENTIELLES POUR SOUTENIR ET COMPLÉTER LES PRA TIQUES.
Réception
Nettoyage
En matière d’aménagement, la nouvelle version du guide comporte
des différences substantielles avec l’édition de 2008. Cependant, la mise
à jour du chapitre consacré à la pharmacie reprend ce qui se fait déjà
depuis plusieurs années dans le secteur de la pharmacie d’oncologie
et concorde avec la norme 2014.02 de l’Ordre des pharmaciens du Québec
(OPQ). Elle s’appuie également sur d’autres références, comme le
guide du ministère 1 .
La nouvelle édition donne davantage de recommandations aux
autres secteurs. Il présente plus de repères sur l’aménagement des
pharmacies centrales où l’on manipule des médicaments dangereux,
des unités de soins où des patients sont sous traitement de médicaments
dangereux, en incluant les centres d’hébergement et les CLSC.
Sas
Salle
blanche
Aire de
soutien
Pour les médicaments stériles
Le nouveau guide décrit globalement les lieux en suivant le circuit
du médicament, allant de sa réception jusqu’à l’élimination des déchets
et des excreta contaminés. Nous proposons ici quelques faits saillants
pour donner une bonne idée de la nature des recommandations en matière
d’aménagement sécuritaire.
À la préparation des médicaments stériles en pharmacie, nous présentons
le concept et les caractéristiques principales d’aménagement
adoptées depuis plusieurs années. On retrouve une description des
dif férents locaux et zones de travail :
• Salle blanche
• Sas
• Aire de soutien et d’entreposage des médicaments
• Aire de réception et de décontamination des médicaments
• Aire pour l’hygiène et la salubrité et l’entreposage des déchets
Concept d’aménagement d’une pharmacie pour la préparation de
médicaments dangereux stériles.
Cependant, beaucoup de détails ne sont pas mentionnés et tout
pro jet d’aménagement doit se conformer à différentes normes. Ces
der nières doivent être consultées, particulièrement celles touchant les
aspects mécaniques et techniques qui garantissent la qualité de l’air.
Étant donné le nouveau classement de médicaments du NIOSH,
nous recommandons que le même type d’installations pour les préparations
du groupe 1 (G1) soit utilisé pour les préparations du groupe 2
Illustration : Jacques Perrault
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 13
DOSSIER
MÉDICAMENTS DANGEREUX
En définitive, l’environnement de travail doit
permettre l’application des pratiques sécuritaires
et des procédures associées.
(G2). L’incompatibilité possible entre les préparations des deux types
de médicaments demandera probablement des procédures particulières
en l’absence d’installations réservées à chaque groupe.
Pour les médicaments non stériles
À l’égard de la préparation des médicaments non stériles à la phar
macie centrale, la nouvelle version du guide comporte plusieurs recom
mandations importantes. Entre autres, nous avons intégré les recommandations
de l’OPQ concernant les magistrales qui impliquent l’utilisation
d’un médicament dangereux. Les magistrales sont des préparations
relativement élaborées, par exemple la préparation d’une
crème avec l’ajout d’une poudre.
Le guide précise également les aménagements pour la manipulation
de formes finales de médicaments (ex. : comprimés) et des des criptions
physiques des lieux généralement très simples, mais importantes
pour la protection du personnel. Nous préconisons, par exemple, des
zones réservées dans des secteurs de la pharmacie peu achalandés.
Pour l’administration des médicaments et des soins
Le guide fournit des recommandations sur l’aménagement des secteurs
ambulatoires, de l’hébergement et des services courants des
CLSC. On y retrouve, entre autres, certaines recommandations concernant
la réception et l’entreposage des médicaments que l’on souhaite
bien identifiés, réservés à ces activités et pourvus de surfaces de
travail faciles à nettoyer. Ces secteurs étaient très peu, sinon pas du
tout, documentés. L’expertise des membres du comité a été utile pour
émettre des recommandations.
Des inséparables
En définitive, l’environnement de travail doit permettre l’application
des pratiques sécuritaires et des procédures associées. Il est donc
important que ces dernières soient bien précisées avant d’aménager
les lieux où des personnes sont susceptibles d’être exposées aux médicaments
dangereux. En d’autres mots, les lieux physiques doivent
être adaptés aux bonnes pratiques, en faciliter l’application et, donc,
jouer un rôle important dans l’organisation sécuritaire du travail. K
RÉFÉRENCE
1. MSSS. (2013). Répertoire des guides de planification immobilière : Aires ré ser vées
aux préparations stériles (Unité de pharmacie), Publi cations du Québec.
Photo : CHUM
Salle de préparation stérile de médicaments d’oncologie.
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 14
MÉDICAMENTS DANGEREUX
Manipulation des médicaments
dangereux à la pharmacie
DOSSIER
Kathia Gagnon
Pharmacienne et coordonnatrice de la pharmacie d’hémato-oncologie du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal
kgagnon.hmr@ssss.gouv.qc.ca
LA NOUVELLE ÉDITION DU GUIDE DE PRÉVENTION MANIPULATION SÉ
CURITAIRE DES MÉDICAMENTS DANGEREUX DE L’ASSTSAS CONSACRE
L’UN DE SES CHAPITRES AU SECTEUR DE LA PHARMACIE. DES PRÉCI-
SIONS OU DES BONIFICATIONS SONT APPORTÉES À CHACUNE DES
ÉTAPES DU CIRCUIT DU MÉDICAMENT. LES PRINCIPALES NOUVEAUTÉS
SONT DÉCRITES DANS CET ARTICLE.
Réception, déballage, entreposage et emballage
La décontamination extérieure des contenants de médicaments
dan gereux du groupe 1 (G1) dans une zone réservée à cet usage et à
proximité d’une grille d’extraction est toujours recommandée, mais
elle ne doit pas se limiter aux fioles injectables. Il est précisé qu’elle
doit être effectuée pour tous les types de contenants comme les pots
de comprimés, les bouteilles de solution orale, les emballages alvéolés.
Les médicaments dangereux des groupes 2 et 3 (G2 et G3) peuvent
être déballés à la pharmacie principale ou entreposés dans leur emballage,
ensuite le nettoyage des contenants déballés peut être effectué.
Aucun aménagement particulier n’est requis.
L’entreposage dans des armoires ventilées est recommandé pour
les médicaments dangereux du G1. Les médicaments de ce groupe, qui
ne requiè rent aucune autre manipulation que de les compter ou de les
réemballer, comme les comprimés alvéolés, les seringues commerciales
ou les pots de comprimés, pourraient faire exception à la condition que
les lieux soient isolés, identifiés et qu’une analyse de ris que soit effectuée.
Les médicaments dangereux des G2 et G3 peuvent être entreposés
dans une zone non ventilée, mais à un endroit distinct des autres
médicaments et bien identifié.
Photo : CHUM
Les appareils de distribution automatisée ne peuvent pas être utilisés
pour les médicaments dangereux du G1. Les comprimés intacts
et non poudreux des groupes G2 et G3 peuvent être ensachés dans des
appareils automatisés si une analyse du risque le permet (par exemple,
l’évaluation du risque de contamination croisée selon le type d’ap pareil).
Ce n’est toutefois pas recommandé pour les comprimés non intacts,
les comprimés poudreux ou les capsules.
Tout déchet généré dans le cadre de la manipulation de médicaments
dangereux du G1, qu’il s’agisse de contenants de médicament,
de matériel ou d’équipements de protection individuels (ÉPI), doit être
placé dans des contenants pour déchets cytotoxiques. Les déchets
pharmaceutiques peuvent convenir pour les médicaments dangereux
des G2 et G3 et pour le matériel visiblement souillé par ceux-ci.
Décontamination des contenants de médicaments dangereux du G1.
Tout déchet généré dans le cadre de la manipulation
de médicaments dangereux du G1, qu’il s’agisse de
contenants de médicament ou de matériel, doit être
placé dans des contenants pour déchets cytotoxiques.
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 15
DOSSIER
MÉDICAMENTS DANGEREUX
Préparation et pratiques sécuritaires
GROUPE 1
Les recommandations quant à l’aménagement du lieu où est pré parée
la majorité des médicaments dangereux du G1 et les ÉPI ne com portent
pas d’importantes nouveautés par rapport aux normes en vigueur.
Les préparations stériles doivent se faire dans une enceinte stérile
de classe II B2 ou un isolateur de classe III devant être dédiés aux
médicaments dangereux du G1. Les techniques limitant la contamination,
déjà exposées dans l’édition 2008 du guide de l’ASSTSAS et la
norme 2014-02 de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), sont
maintenues. Il est précisé que l’installation de la tubulure doit être
effectuée par la pharmacie, mais que le vide d’air avec une solution
sans médicament dangereux peut être fait par la pharmacie ou par le
personnel infirmier à la condition qu’une technique adaptée soit utilisée
(voir le chapitre « Soins hospitaliers et ambulatoires »).
Différents dispositifs en circuit fermé sont disponibles et diminuent
la contamination. Cependant, ils n’en permettent pas l’élimination totale.
L’application des mesures générales de prévention et le port d’ÉPI adéquats
demeurent les éléments clés pour limiter la contamination.
Pour les manipulations non stériles complexes (ex. : coupe de
com primés, reconditionnement d’un liquide oral) et les préparations
magistrales, une hotte chimique dédiée aux médicaments dangereux
du G1 est recommandée. L’utilisation d’un tapis absorbant, la décontamination
des préparations finales et du matériel avant la sortie de
la hotte chimique et le nettoyage de la surface de travail sont exigés.
L’utilisation d’une enceinte stérile n’est pas retenue comme une alter
native, sauf en situation très exceptionnelle ou de dépannage, et selon
des modalités décrites dans le guide. Pour les préparations complexes,
une zone de préparation hors enceinte sur un comptoir avec ou sans
ventilation, pourrait être retenue moyennant une analyse de risque et
des précautions particulières.
Le port d’une protection respiratoire comme le masque N95 s’ajoute
aux ÉPI pour les manipulations complexes se tenant hors hotte chimique.
Les médicaments dangereux du G1 doivent être distribués
sous une forme limitant la contamination. L’écrasement de comprimés
à l’unité de soins doit être le dernier recours et être réservé aux
circonstances très exceptionnelles (contraintes liées à la stabilité du
médicament ou situation clinique urgente). Une préparation liquide
orale peut être une alternative.
Photo : CHUM
Préparation stérile d’un médicament.
GROUPE 2
Les médicaments dangereux du G2 devraient être préparés dans
des installations telles que décrites pour ceux du G1. Les enceintes
stériles et les hottes chimiques utilisées devraient être dédiées aux
médicaments dangereux du G2. Si tel n’est pas le cas, un nettoyage
complet de l’enceinte doit être effectué avant la préparation de ceuxci.
Par contre, cette façon de faire doit obtenir l’aval de l’OPQ.
Les préparations stériles et non stériles de médicaments du G2 ne
requièrent que le port d’une blouse et d’une paire de gants réguliers.
Si le port d’une protection respiratoire est requis, le masque N95 ou le
masque à cartouche doivent être portés.
Les préparations stériles doivent s’effectuer en utilisant les mêmes
techniques limitant la contamination que les médicaments dangereux
du G1. L’installation de la tubulure devrait être effectuée par la
pharmacie, avec ou sans vide d’air, selon la méthode utilisée par le
personnel infirmier.
Les manipulations non stériles complexes ou les préparations
magistrales peuvent être effectuées à l’extérieur de la hotte chimique
en utilisant des techniques de travail qui limitent la contamination
dans une zone de travail retirée, dédiée et bien ventilée. Les médicaments
du G2 devraient être distribués sous une forme limitant la
contamination comme ceux du G1.
L’application des mesures générales de prévention
et le port d’ÉPI adéquats demeurent les éléments clés
pour limiter la contamination.
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 16
MÉDICAMENTS DANGEREUX
Une analyse de risque doit être effectuée lorsque
l’application de certaines recommandations du guide
est problématique.
DOSSIER
GROUPE 3
Les médicaments dangereux du G3 peuvent être préparés dans
une salle blanche et une enceinte stérile pour médicaments non dangereux
en appliquant des procédures de préparation et d’entretien
limitant la contamination pour les travailleuses enceintes qui utilisent
ces installations. Si certains médicaments nécessitent une préparation
en dehors d’une enceinte stérile, une procédure claire visant
à limiter la contamination doit être suivie. Les ÉPI recommandés sont
similaires à ceux utilisés pour les médicaments du G2. Ils sont obligatoires
pour les femmes enceintes ou qui allaitent potentiellement
exposées aux médicaments du G3. Les ÉPI peuvent être portés par les
autres travailleurs, si souhaité.
Les préparations magistrales de médicaments du G3 peuvent être
effectuées dans une installation correspondant aux catégories 1 et 2
de la norme 2012-01 de l’OPQ. Il peut s’agir d’un espace réservé pour
les préparations magistrales ou d’une salle fermée et ventilée munie
d’un évier. Cependant, pour les hormones, l’acide rétinoïque et le misoprostol,
la norme 2012-01 prescrit l’utilisation d’installations de la
catégorie 3.
L’analyse de risque
Une analyse de risque doit être effectuée lorsque l’application de
certaines recommandations du guide est problématique. Comment
pallier l’absence d’une hotte chimique pour les médicaments du G1 ?
Photo : CHUM
Contenant de transport sécuritaire.
Quelles mesures appliquer si un médicament du G2 est préparé dans
une enceinte utilisée pour ceux du G1 ? Comment adapter les zones
d’entreposage de médicaments dangereux à la pharmacie principale ?
Dans un premier temps, le contexte d’utilisation doit être documenté
: médicament, forme pharmaceutique concernée, volume et fré quence
d’utilisation, type d’installation ou de manipulation visé, personnel
exposé. Une analyse de risque est spécifique à un établissement, un
médicament et une forme pharmaceutique. En effet, la préparation
d’une dose intraveineuse de tacrolimus, par exemple, dans une enceinte
destinée aux médicaments dangereux du G1 ne comporte pas
les mêmes éléments d’analyse de risque et de solution que le reconditionnement
d’une solution orale de tacrolimus à l’extérieur d’une hotte
chimique.
À la suite de l’analyse de risque, une solution alternative assurant
la protection optimale des travailleurs doit être mise en place.
Matériel pour identifier les médicaments dangereux.
Photo : CHUM
Répercussions d’ensemble
Une gestion sécuritaire des médicaments dangereux à la pharmacie
profite évidemment au personnel du secteur. Mais cela a aussi des
effets sur la suite du circuit du médicament. Un médicament bien préparé,
bien étiqueté et bien livré favorise des conditions sécuritaires
pour toutes les autres personnes susceptibles d’être exposées pendant
et après l’administration du médicament dangereux. K
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 17
DOSSIER
MÉDICAMENTS DANGEREUX
Soins en centres hospitaliers
et ambulatoires
Martine Longtin
Conseillère et chef d’équipe aux Méthodes de soins informatisées (MSI), Centre d’expertise en santé de Sherbrooke (CESS)
martine.longtin.ciussse-chus@ssss.gouv.qc.ca
DANS LE NOUVEAU GUIDE MANIPULATION SÉCURITAIRE DES MÉDICA
MENTS DANGEREUX, LES PRATIQUES SÉCURITAIRES SPÉCIFIQUES
AUX ÉQUIPES SOIGNANTES SONT DÉSORMAIS REGROUPÉES EN TROIS
CHAPITRES PROPRES AUX DIFFÉRENTS MILIEUX DE SOINS : UNITÉS DE
SOINS AIGUS (EN CENTRES HOSPITALIERS ET AMBULATOIRES), SOINS
EN CHSLD ET EN RÉSIDENCES POUR PERSONNES ÂGÉES, PUIS SOINS
EN CLSC ET À DOMICILE. COMME POUR LES AUTRES CHAPITRES, CELUI
SUR LES SOINS AIGUS DÉCRIT L’ENSEMBLE DES ÉTAPES DU CIRCUIT
DU MÉDICAMENT DANGEREUX, DE SA RÉCEPTION À SON ADMINIS-
TRATION SANS NÉGLIGER L’ENSEIGNEMENT À L’USAGER. CET ARTICLE
PROPOSE UN SURVOL DU CHAPITRE 4.
Équipements de protection individuels (ÉPI)
Les recommandations sur le port des ÉPI requis sont présentées
sous forme de tableau synthèse. Dans le but de faciliter la lecture,
elles ont aussi été intégrées à même les chapitres consacrés aux soins,
en tenant compte de la voie d’administration des médicaments (voies
entérale et parentérale).
Un des changements de pratique important à souligner touche l’administration
d’un médicament intraveineux du groupe 1 (G1). Il est
maintenant recommandé de porter deux paires de gants résistant à la
chimiothérapie. Ainsi, la séquence pour procéder au retrait des gants,
à la suite de la manipulation d’un médicament du G1 sous pompe volumétrique
est la suivante :
• Retirer la paire de gants externe
• Manipuler la pompe avec la paire de gants interne ( cela protè ge
le professionnel des contaminants possiblement présents sur la
pompe)
• Retirer la paire de gants interne après avoir complété la programmation
de la pompe
Malgré le port de deux paires de gants, il demeure primordial de procéder
au lavage des mains avec de l’eau et du savon lorsque des mé
dicaments dangereux sont manipulés.
Préparation et administration
Les recommandations pour la préparation des médicaments du
G1 ont été resserrées. Elles stipulent que ces derniers doivent être préparés
à la pharmacie et distribués dans leur forme pharmaceutique
finale prête à utiliser. Par exemple, la pose des tubulures ou d’une fiche
ACTIVITÉS
Administration parentérale
TABLEAU 21
EPI pour les activités d'administration de produits parentéraux*
MODES
D’ADMINISTRATION
Solution parentérale
(IV, IM, SC, intraoculaire,
intrapleurale, intrathécale)
GROUPE
G1
G2
G3
GANTS
2C
1R
1R
BLOUSE
C
R
R
PROTECTION
FACIALE
PROTECTION
RESPIRATOIRE
Non a
Non
Non a
Non
Non a Non
* Les EPI doivent être portés par tous les travailleurs potentiellement exposés aux G1 et aux G2. Les EPI doivent être portés par les femmes enceintes
ou qui allaitent potentiellement exposées aux G3 (voir section 2.11) ; ils peuvent également être portés par tous les travailleurs, si souhaité.
a : S’il y a risque d’éclaboussures, la protection est requise
Extrait d’un tableau du guide
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 18
MÉDICAMENTS DANGEREUX
[...] il demeure primordial de procéder au
lavage des mains avec de l’eau et du savon lorsque
des médicaments dangereux sont manipulés.
DOSSIER
Figure 1.
perforante pour une connexion en circuit fermé d’un médicament intraveineux
doit être faite dans l’enceinte stérile de classe II B2.
La préparation hors pharmacie des médicaments des groupes 2 et
3 (G2 et G3) constitue un des nombreux compléments d’information
offerts dans le nouveau guide. On précise toutefois, comme pour les
médicaments du G1, qu’ils devraient idéalement être distribués en version
prête à utiliser. En effet, la préparation hors pharmacie devrait
être envisagée seulement dans des situations exceptionnelles (ex. :
contrainte de stabilité). Les consignes à respecter dans de telles situations
sont d’ailleurs détaillées. Parmi ces directives figure la sélection
d’une zone de travail située à l’écart de la circulation. Mais, peu importe
le médicament dangereux, la gestion des déchets et du matériel dédié
ainsi que l’entretien de la zone de travail conservent un rôle prépondérant
dans la prévention de la contamination des lieux et de l’exposition
du personnel soignant.
En plus d’introduire de nouvelles voies d’administration (ex. : intraoculaire,
intradermique, intraventriculaire), la révision complète des
informations sur les voies déjà détaillées dans l’ancien guide. On re
trouve notamment une troisième procédure sécuritaire pour expulser
l’air d’une tubulure avant l’administration intraveineuse d’un médicament
du G3.
De plus, des précisions sur l’utilisation de la pompe avec ballon
élastomère ont été apportées. Dorénavant, une rallonge possédant
deux sites de connexion devrait être ajoutée entre la tubulure intégrée
à la pompe et le dispositif d’accès veineux central (DAVC). Ce simple
ajout rendra possible l’irrigation du DAVC en maintenant le circuit
fermé (figure 1).
Illustration : Jacques Perrault
Le montage sécuritaire des tubulures pour l’administration intravei
neuse de multiples médicaments dange reux au même usager,
l’ad mi nistration par voie orale ou intrapéritonéale et l’instillation intravésicale
d’un mé dicament du G1 chez l’usa ger incontinent ne sont
que quelques exem ples supplémentaires de pratiques sécuritaires
désormais accessibles.
Dans un but d’uniformité, toutes les recommandations et la ter mino
logie du guide ont été arrimées aux Méthodes de soins informatisées
(MSI) et à celles du Comité national de l’évolution de la prati que
des soins infirmiers (CEPSI) en can cé ro logie. Cette démarche vise à
faciliter le repérage de l’infor mation et à pré venir toute confusion.
Gestion des liquides biologiques et des déchets
Une des modifications qui aura une conséquence majeure sur la
pratique est celle portant sur la durée des précautions additionnelles
(ex. : port de gants, décontamination des surfaces dans les toilettes)
à instaurer lorsqu’un usager reçoit un médicament du G1. Basée sur
l’état actuel des con naissances sur l’excrétion des médicaments dange
reux, la période de précaution mi ni male a été fixée à 96 heures suivant
la dernière dose. Mise à part l’adaptation des soins, l’équipe soignante
devra mo difier son enseignement sur la manipulation des
liquides biologiques et des déchets.
Enseignement
D’autres mesures à respecter pour assurer un retour sécuritaire à
domicile ont été incorporées au guide. Les mesures à enseigner sont :
• L’entreposage du médicament dangereux
• La manipulation sécuritaire du médicament dangereux (intraveineux,
sous-cutané, intramusculaire, intradermique et oral)
• La gestion des liquides biologiques lorsque l’usager reçoit des médi
caments du G1
• La gestion d’un déversement de médicaments du G1 ou du G2 sous
forme liquide
Conclusion
L’ensemble de l’équipe ayant travaillé à la rédaction des chapitres
consacrés aux soins souhaite que les nouvelles recommandations, qui
reposent sur les meilleures pratiques, vous guident dans la façon de
vous protéger et de veiller à la sécurité de vos collègues, des usagers
ainsi que celle de leurs familles. K
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 19
DOSSIER
MÉDICAMENTS DANGEREUX
Soins en milieux d’hébergement,
aux CLSC et à domicile
Guy Bertrand
gbertrand@asstsas.qc.ca
L’UN DES PRINCIPAUX OBJECTIFS DU NOUVEAU GUIDE MANIPULA-
TION SÉCURITAIRE DES MÉDICAMENTS DANGEREUX ÉTAIT D’ASSURER
LA COUVERTURE DES BESOINS EN PRÉVENTION POUR LES SOINS EN
MILIEUX D’HÉBERGEMENT (CHSLD, RPA ET RI) ET POUR LES SOINS
OFFERTS PAR LES CLSC ET À DOMICILE. NOUS AVONS DONC CRÉÉ DES
CHAPITRES CONSACRÉS À CES MILIEUX. CELA ÉTAIT D’AUTANT PLUS
PERTINENT QU’AU COURS DES DERNIÈRES ANNÉES, LE NOMBRE D’USA
GERS RECEVANT DES TRAITEMENTS DE MÉDICAMENTS DANGEREUX
DANS CES MILIEUX A AUGMENTÉ.
Nous avons priorisé les activités de travail à risque les plus fréquentes
dans ces milieux. Aussi, pour certaines activités (ex. : des types
d’administration du médicament) plutôt exceptionnelles, nous référons
directement au chapitre 4 du guide qui concerne les unités de soins
hospitaliers. Par ailleurs, comme pour les autres milieux de soins, il est
important de prendre connaissance des premiers chapitres du guide
qui sont d’intérêt commun.
Photo : Anjeri, istock.com
Dans les milieux d’hébergement
Après quelques considérations sur les lieux physiques, le guide présente
des recommandations sur les pratiques sécuritaires. Celles-ci
sont abordées en suivant le circuit du médicament (voir page 12).
Certaines recommandations risquent d’avoir plus d’effets sur ces
milieux de travail que d’autres, mentionnons celles-ci :
• Il est fortement recommandé que la pharmacie serve les médicaments
dangereux sous une forme prête à administrer. L’objectif
est d’éviter des manipulations qui exposent l’infirmière et
l’infirmière auxiliaire lors de l’administration du médicament et la
contamination des surfaces qui pourrait en résulter
• Des mesures particulières doivent être appliquées, quelle que soit
la catégorie de médicaments dangereux et pas seulement pour les
médicaments cytotoxiques
• Le port d’équipements de protection individuels (ÉPI) est nécessaire
pour plusieurs tâches. Des gants conformes (chimiothérapie)
seront parfois requis
• Il faut équiper le milieu de contenants à déchets adéquats, identi fiés
et réservés à chaque catégorie (cytotoxiques et pharmaceutiques)
Une autre recommandation risque d’influer sur l’organisation des
soins. Elle se rapporte aux soins d’hygiène des résidents qui reçoivent
un médicament du groupe 1 (G1) et pour lesquels il faudra considé rer
les excreta (selles, urine) comme contaminés. Les activités où le personnel
soignant, particulièrement les préposés aux bénéficiaires, risque
d’être en contact avec les excreta exigent dorénavant plusieurs
mesures de pré vention : port d’ÉPI conformes, entretien particulier de
la chambre et des installations sanitaires, surtout lorsque ces dernières
sont partagées. Les culottes d’incontinence de personnes re cevant
des médicaments dangereux sont considérées comme un déchet
cytotoxique (tout comme dans le guide de Gestion des dé chets du
MSSS 1 ). De plus, toute souillure de selles ou d’urine de plus de quelques
gouttes doit être considérée comme un déversement de pro duits
dangereux.
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 20
Ces mesures doivent être appliquées jusqu’à 96 heures après l’administration
du médicament, en raison de la quan tité de mé dica ments
susceptible d’être retrouvée dans les liquides biologiques.
Aux CLSC et à domicile
Le chapitre 6 du guide est consacré aux CLSC et aux soins à domicile.
Il comporte donc deux sections distinctes. Dans un CLSC, plus
précisément aux « services courants », il arrive que des usagers reçoi
vent leur médication ou terminent un traitement. Par conséquent,
il faut tenir compte d’une exposition possible aux médicaments dangereux.
La formation, l’aménagement et des pratiques sécuritaires sont
nécessaires. On ne doit pas oublier ce secteur dans la gestion des mé
dicaments dangereux.
Les CLSC et certaines autres entreprises d’aide à domicile offrent
différents services, notamment des soins infirmiers et de l’aide à l’hygiène
et aux activités de la vie quotidienne. Dans ce contexte, l’aide à
l’administration des médicaments doit suivre les mêmes types de
mesures de prévention qu’en milieu institutionnel. Cependant, ces mesures
doivent être adaptées à la réalité de ces services et être connues
du personnel infirmier. À titre d’exemple, le guide précise comment
transporter des déchets cyto toxiques dans un véhicule personnel.
À l’égard des soins d’hygiène, le personnel des CLSC doit être formé,
informé et équipé pour soigner des usagers qui reçoivent un médicament
du G1. Il en va de même pour des travailleurs des autres services
d’aide à domicile. Ces travailleurs ne doivent pas être oubliés par leur
organisation.
L’usager recevant un médicament dangereux peut contaminer son
environnement, ce qui peut engendrer une contamination croisée et exposer
les membres de sa famille ou le personnel qui vient donner des
soins ou rendre un service. Le guide propose une série de recommandations
pour prévenir ce type de contamination. Elles sont regroupées
sous différents thèmes dans le tableau.
Pour mieux s’y retrouver
La réalité des soins varie selon l’environnement de travail. Pratiquer
en CLSC, en CHSLD ou à domicile n’est pas du tout la même chose. Le
comité éditorial a traité à part les recommandations pour le personnel
de ces lieux, car il souhaitait faciliter le repérage des recommandations
spécifiques et la mise en place des mesures préventives appropriées.
Les responsables de la sécurité du personnel travaillant à domicile
sont invités à prendre connaissance du guide. K
RÉFÉRENCE
MÉDICAMENTS DANGEREUX
1. MSSS. (2021). Guide de gestion des déchets du réseau de la santé et des services
sociaux. En ligne : https://publications.msss.gouv.qc.ca/ msss/document-001817
DOSSIER
THÈME
L’accès au lieu de traitement
L’entreposage des médicaments dangereux à
domicile
La manipulation et l’administration sécuritaire
des médicaments dangereux à domicile
La gestion des déchets
La gestion des liquides biologiques contenant
du G1 ou du BCG
La gestion des déversements d’un G1 ou G2
L’entretien ménager
EXEMPLE DE CONSEILS
Les visiteuses enceintes et les enfants âgés de moins de 12 ans
ne devraient pas être autorisés à accéder à ces lieux
Les médicaments dangereux de forme liquide doivent être laissés
dans le double sac de plastique hermétique identifié au nom du
client
L’autoadministration par voie orale doit être privilégiée, lorsque
c’est possible
Jeter la seringue et l’aiguille en un seul morceau dans un contenant
rigide pour déchets cytotoxiques si un G1 est administré
L’usager devrait uriner assis puis fermer le couvercle de la cuvette
et actionner la chasse d’eau deux fois
L’usager doit recevoir une trousse de déversement et les instructions
nécessaires à son utilisation
Dans les lieux potentiellement contaminés (ex. : salle de toilettes),
la personne qui fait l’entretien doit utiliser des linges jetables
porter des gants jetables, puis jeter les gants souillés et le matériel
d’entretien utilisé dans un sac régulier
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 21
DOSSIER
MÉDICAMENTS DANGEREUX
Services d’hygiène et de salubrité
et de buanderie
Sylvie Bédard
sbedard@asstsas.qc.ca
LES ACTIVITÉS DE PRÉPARATION DES MÉDICAMENTS DANGEREUX,
D’ADMINISTRATION DE CEUX-CI ET DE SOINS PEUVENT CONTAMINER
LES SURFACES PAR LES MÉDICAMENTS EUX-MÊMES OU INDIRECTE-
MENT PAR LES EXCRETA DES PATIENTS DONT LE TRAITEMENT COM-
PORTE DES MÉDICAMENTS DANGEREUX. LE GUIDE MANIPULATION SÉ
CURITAIRE DES MÉDICAMENTS DANGEREUX PROPOSE UN ENSEMBLE
DE RECOMMANDATIONS POUR MINIMISER LE CONTACT DES TRAVAIL-
LEURS DIRECTEMENT CONCERNÉS PAR CES ACTIVITÉS.
Dans le circuit du médicament (voir page 12), des travailleurs
réalisent des tâches connexes qui les rendent susceptibles d’être en
contact avec des surfaces ou des matériaux qui ont été contaminés.
Parmi ces travailleurs, on retrouve le personnel des services d’hygiène
et de salubrité ainsi que celui des services de buanderie.
Le guide de prévention de 2008 présentait déjà des recommandations
pour ces services. La nouvelle version tient compte des connaissances
qui se sont ajoutées depuis sur la sur veil lance environnementale
des médicaments antinéoplasiques. Le chapi tre 7 présente l’es sentiel
des recommandations pour les services d’hy giène et de salubrité,
tandis que le chapitre 8 porte sur la buanderie.
Gants et blouse résistant à la chimiothérapie conformes aux recommandations
du guide. Une protection faciale est requise s’il y a risque d’éclaboussures.
Le principe de prévention en buanderie est de minimiser les contacts
possibles avec la literie des clients ou leurs vêtements qui pourraient
avoir été souillés par un médicament dangereux. Les établissements
ayant une buanderie équipée d’une technologie sans triage du
linge souillé et avec tunnel de lavage comportent peu de situations où
les travailleurs de buanderie sont en contact avec le linge souillé. La
nouvelle version du guide rappelle que la situation est toutefois différente
pour d’autres établissements avec des installations à chargement
manuel ou qui font l’entretien des vêtements des clients.
RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
RECONDUITES DANS LA NOUVELLE ÉDITION
Photo : CHUM
Services d’hygiène et de salubrité
Les recommandations pour les services d’hygiène ont deux objectifs
: 1) protéger adéquatement les travailleurs qui assainissent les
sur faces ou qui manipulent les déchets ; 2) viser à éliminer la contamination
des surfaces, sinon à la réduire significativement.
En complément, des recommandations ont été ajoutées aux chapitres
de la pharmacie et des soins pour le personnel de ces services qui
assure l’entretien des surfaces de travail et la manipulation des déchets
qui y sont produits.
Services de buanderie
La plupart des recommandations de 2008 demeurent pertinentes
et ont été conservées. Le traitement des textiles est considéré comme
efficace pour éliminer les traces de médicaments dangereux ; les procédés
habituels de lavage conviennent pour la literie et les vêtements.
>
>
>
>
>
Disposer de politiques et de procédures qui
précisent
• les rôles et responsabilités des services d’hygiène et des
services qui manipulent les médicaments dangereux
• les lieux où l’identification de la présence de médicaments
dangereux est requise
• la liste des surfaces qui devraient être nettoyées
• la nature et la fréquence de l’entretien ainsi que les
produits et le matériel qui devraient être utilisés
Informer le personnel du système d’identification
et de l’emplacement des zones à risque
Prévoir le matériel jetable ou réservé pour assainir
les surfaces
Gérer les déchets de façon à contenir les émissions
possibles de médicaments dangereux
Former le personnel sur les procédures et les
mesures préventives
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 22
Le principe de prévention en buanderie
est de minimiser les contacts possibles avec
la literie des clients ou leurs vêtements...
MÉDICAMENTS DANGEREUX
DOSSIER
Pour protéger les travailleurs de buanderie, les précautions de base
en prévention des infections sont considérées comme efficaces pour
minimiser les risques avec la manipulation de la literie (et des vêtements)
non visiblement souillée par un patient qui reçoit un traitement
avec un médicament dangereux ou qui l’a reçu récemment. Il importe
NOUVELLES RECOMMANDATIONS
>
>
>
>
>
Appliquer des mesures semblables à celles requises
pour les lieux où l’on retrouve des médicaments dangereux
du groupe 1 (G1 ou groupe cytotoxique) pour les lieux où
sont manipulés des médicaments du groupe 2 (G2)
Décontaminer régulièrement les surfaces où les
médicaments des G1 et G2 sont préparés ou administrés.
Préconiser des nettoyages successifs pour déloger les médicaments
dangereux d’une surface en frottant avec une solution
d’eau et de détergent. Prévoir ajouter périodiquement
une désactivation. L’eau de Javel peut être utilisée à cette fin
Tenir compte des fréquences d’entretien proposées
par zones de préparation ou d’administration des médicaments
des G1 et G2
Favoriser une collecte fréquente des déchets
déposés dans des contenants bien identifiés et appropriés à
leur forme (ex. : solide/liquide, piquant/mou), à la quantité
et aux types (médicaments des groupes 1, 2 ou 3)
Utiliser les équipements de protection individuels
(ÉPI) appropriés aux tâches et à la catégorie de médicaments
dangereux (voir tableau extrait du guide)
donc de s’assurer que ces précautions (ex. : port de gants, manipulation
en évitant de générer des particules) sont bien en place et appliquées
par le personnel.
Une modification significative dans les recommandations concerne
toutefois la literie manipulée qui est visiblement souillée soit par un
médicament dangereux (du G1 ou du G2) à la suite d’un déversement
accidentel par exemple, soit par un dégât de liquide biologique d’un
patient qui aurait reçu un traitement de médicament du G1 au cours
des 96 heures précédentes. Ces situations comportent un risque plus
élevé de contact avec un médicament dangereux. Pour cette raison, il
est maintenant recommandé de prévoir des règles de conduite avec
les unités de soins à ce sujet. Des exemples sont donnés dans le guide.
Cela pourrait inclure la possibilité de jeter les textiles contaminés ou,
si cette option n’est pas retenue, de revoir l’identification de ces articles
souillés, leur transport, leur mise en attente et leur lavage.
Pour aller plus loin
Des traces de médicaments dangereux peuvent se retrouver sur les
surfaces. En raison des mesures préventives en place, elles sont en
quantité faible. Cela dit, il faut tout de même chercher à les éliminer.
Le guide présente en détail un ensemble de mesures pour améliorer
les pratiques en SST pour tous les services concernés, incluant ceux
qui ont la responsabilité d’assainir les lieux et de laver la literie. Pour
aller plus loin en prévention, nous vous invitons à le consulter. K
TABLEAU 44
EPI pour les activités d’entretien des zones identifiées G ou « Précautions »*
FORMES
ACTIVITÉ
GROUPE
PHARMACEUTIQUES
Entretien a Toutes
G1
BCG d
G2
G3
GANTS
1C
1R
1R
1R
BLOUSE
PROTECTION
FACIALE
PROTECTION
RESPIRATOIRE
C Non b
Non c
R e Non b
Non
R e Non b
Non
R e Non b Non
* Les EPI doivent être portés par tous les travailleurs potentiellement exposés aux G1 et aux G2. Les EPI doivent être portés par les femmes enceintes ou qui
allaitent potentiellement exposées aux G3 (voir section 2.11) ; ils peuvent également être portés par tous les travailleurs, si souhaité.
1C : une paire de gants résistants à la chimiothérapie conformes à la norme ASTM D6978 | C : blouse conforme à la section 2.11.2 | 1R : une paire de gants
réguliers | R : blouse régulière.
a : Pour l’entretien des zones de préparation de produits stériles (salle blanche) et du sas, le personnel doit également porter un bonnet, un couvre-barbe s’il y a
lieu, un masque chirurgical, des chaussures propres et fermées (qui peuvent être dédiées) et une paire de couvre-chaussures. | b : S’il y a risque d’éclaboussures,
la protection est requise (ex. : nettoyage des plafonds). | c : Les solutions chlorées sont irritantes et requièrent une protection respiratoire à certaines concentrations
dans l’air. Un APR avec cartouches et préfiltre (APR-CC-P100) peut être utilisé si une telle solution est retenue. | d : Des couvre-chaussures sont portés pour
l’entretien de la salle d’administration. | e : La blouse doit être portée s’il y a un risque de contact avec la surface potentiellement contaminée.
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 23
LE COIN DE
LA DOCUMENTALI STE
Sharon Hackett
shackett@asstsas.qc.ca
MÉDICAMENTS
DANGEREUX
Exposition des travailleurs
en hygiène et salubrité
Une étude récente de l’IRSST s’est penchée sur l’exposition
potentielle chez les travailleurs en hygiène et salubrité
(H&S) aux médicaments anti néoplasiques, couramment
utilisés pour le traite ment de cancers.
Cette étude pilote – une première au Canada – a révélé la
présence d’au moins un médicament antinéoplasique dans
61 % des prélèvements effectués sur des surfaces et sur 8 %
des frottis sur les mains de personnel en H&S. Parmi les
surfaces les plus souvent contaminées se trouvaient les planchers,
les sièges de toilette et les lavabos des patients, de même
que les couvercles des poubelles à déchets cytotoxiques. Le
potentiel d’exposition des travailleurs en H&S est donc bien
réel.
Voici quelques recommandations des auteurs pour protéger
le personnel de ce service.
Assurer une surveillance environnementale et
présenter les résultats au personnel. La contamination des
surfaces dans les centres offrant des soins d’oncologie est
connue et étu diée. Présenter les résultats de la surveillance
peut sensibili ser le personnel.
Trouver des solutions adéquates. Passer en
revue les techniques et les équipements utilisés. Analyser la
configuration des surfaces les plus contaminées afin d’identifier
les gestes les plus susceptibles de causer la contamination,
puis trouver des alternatives.
Former le personnel. Toute personne qui pourrait
être exposée directement ou indirectement à des médicaments
dangereux devrait recevoir une formation appropriée.
Il faut montrer au personnel les techniques préventives
et l’utilisation correcte de l’équipement de protection
individuel, par exemple.
POUR EN SAVOIR PLUS
Bilodeau, M. (2020). Des surfaces potentiellement dangereuses. Prévention au
travail, 33(3), 26-27.
Labrèche, F., Ouellet, C., Roberge, B., Yennek, A., & Caron, N. (2020). Antinéoplasiques
en milieu hospitalier : étude pilote sur l’exposition potentielle du personnel
d’hygiène et de salubrité. Montréal : IRSST. En ligne : irsst.qc.ca
Décontaminer en cas
de déversement accidentel
Photo : Prot Tachapanit, istock.com
Un déversement de médicament dangereux pré sente
l’un des risques les plus élevés d’exposition pour la personne
qui manipule le médicament et celles à proximité.
Il faut définir les étapes du processus de décontamination
et avoir à disposition une trousse de décontamination appropriée.
L’affiche de la série « Travailler en sécurité avec les
mé dicaments cytotoxiques » de l’INRS décrit le contenu de
la trousse de décontamination et la procédure à suivre en
cas de déversement accidentel.
À télécharger gratuitement : inrs.fr
ABONNEZ-VOUS AU BLOGUE !
POUR ÊTRE INFORMÉ CHAQUE MOIS DES PUBLICATIONS RÉCENTES EN SST, RENDEZ-VOUS AU
COIN DE LA DOCUMENTALISTE DE L’ASSTSAS : ASSTSASCOINDOC.WORDPRESS.COM
OP VOL. 44 N O 1 2021 | 24
INFO
CNESST
GUIDE DE NORMES SANITAIRES EN MILIEU DE TRAVAIL – COVID-19
Dans un guide clair et concis, la CNESST propose 5 mesures de
sécurité afin de réduire le risque de contamination.
Ces mesures doivent être adaptées par les différents secteurs
en fonction de leurs spécificités pour garantir que les activités
puissent reprendre ou continuer dans les conditions les plus sûres
et les plus saines possibles dans le contexte de la COVID-19.
Quelles que soient vos tâches, le respect de ces mesures peut
contribuer à réduire le risque de contamination.
ILLUSTRATIONS : CNESST
TROUSSE DE PREMIERS SECOURS EN MILIEU DE TRAVAIL
Le contenu obligatoire des trousses de premiers secours a récemment été modifié.
Les milieux de travail sont appelés à les examiner afin de déterminer quels articles doivent
y être ajoutés pour les rendre conformes.
Principaux changements
• Contenu des trousses déterminé en fonction des risques présents
dans le milieu de travail
– Milieu à risque faible ou modéré > trousse de base
– Milieu à risque élevé > trousse intermédiaire
• Évaluation du niveau de risque > responsabilité de l’employeur
• Quantité minimale requise de chaque article dans les trousses
> varie selon le nombre de travailleurs par quart de travail
Date limite pour s’y conformer : 17 mars 2021
Pour plus d’information : cnesst.gouv.qc.ca
Vacciner sans se blesser
est une série de 4 affiches
destinée aux personnes
qui vaccinent.
Chaque affiche propose des astuces
de positionnement sécuritaire afin de
prévenir les inconforts et les blessures
liés à l’acte de vacciner.
Téléchargez-les :
asstsas.qc.ca/vaccination-covid
PRÉVENIR
LES INCONFORTS
ET LES DOULEURS
PRÉVENIR
LES INCONFORTS
ET LES DOULEURS
PRÉVENIR
LES INCONFORTS
ET LES DOULEURS
PRÉVENIR
LES INCONFORTS
ET LES DOULEURS
1
2
3
4
Prenons soin
des
vaccinateurs !
A Placez le matériel nécessaire
à portée de main
B Ajustez la hauteur du lit pour adopter
une posture neutre
C Prenez appui dès que possible
ATTENTION ! Suivez les procédures de prévention des infections de votre établissement.
asstsas.qc.ca © 2021 – Illustration : Jacques Perrault – Design : acapelladesign.com
Prenons soin
des
vaccinateurs !
A Utilisez une chaise ajustable en hauteur
et sur roulettes pour éviter les torsions
B Utilisez le coin de la table
C Placez-vous face au site d’injection
pour adopter une posture neutre
D Prenez appui dès que possible
ATTENTION ! Suivez les procédures de prévention des infections de votre établissement.
asstsas.qc.ca © 2021 – Illustration : Jacques Perrault – Design : acapelladesign.com
Prenons soin
des
vaccinateurs !
A Positionnez la personne près de vous
et mettez sa chaise en angle pour être
face au site d’injection
B Placez le matériel nécessaire
à portée de main
C Prenez appui dès que possible
ATTENTION ! Suivez les procédures de prévention des infections de votre établissement.
asstsas.qc.ca © 2021 – Illustration : Jacques Perrault – Design : acapelladesign.com
Prenons soin
des
vaccinateurs !
A Changez de position (assis/debout)
tout en adoptant une posture neutre
B Positionnez la personne près de vous
C Placez-vous face au site d’injection
D Placez le matériel nécessaire
à portée de main
ATTENTION ! Suivez les procédures de prévention des infections de votre établissement.
asstsas.qc.ca © 2021 – Illustration : Jacques Perrault – Design : acapelladesign.com