Sie wollen auch ein ePaper? Erhöhen Sie die Reichweite Ihrer Titel.
YUMPU macht aus Druck-PDFs automatisch weboptimierte ePaper, die Google liebt.
Nous gravitons, nous glissons, nous flottons, nous sommes
liquides. Les liquides ne peuvent pas conserver leurs formes
quand ils sont contraints, poussés ou pressés par une force
extérieure. Nous sommes, précipités par le courant, avalés
par le torrent.
Le rapide en question, c’est celui de notre nouvelle
modernité. La modernité liquide 1
. Cette réalité où tout coule
très vite; où l’on a peur de ne pas tout saisir; de laisser
passer devant nous des opportunités. «Peur de ne pas tenir le
rythme des évènements en mouvements constants, de se faire
distancer, de laisser passer la date limite de consommation,
d’avoir sur les bras des biens qui ne sont plus désirables.» 2
Mais surtout, peur d’être laissé derrière, peur de ne pas avoir
été assez réactif.
Peur ou confort ? Cette existence souvent étouffante frôle
les problèmes évidents mais jamais ne les touche. Effleure
les esprits mais rarement ne s’en sert. Caresse des idéaux
mais jamais ne les matérialise.
Pourtant tout glisse. Tout glisse sur notre peau. Des écailles
commencent à y pousser tellement nous nous sommes bien
habitués.
A quel moment allons-nous tenter d’ouvrir les yeux sous
cette écume ?
Assis dans l’herbe de notre espace de nature privé, nous
écoutons parler entre eux les oiseaux.
1
Bauman, Zygmunt, Liquid Life, 2005
La vie Liquide, traduit par Christophe Rosson, Paris, Fayard / Pluriel, 2013
2
ibid p.8
60