La foire en France Interview avec Menica Brunet et Danielle ... - efecot

La foire en France
Interview avec Menica Brunet et Danielle Mercier
La foire tire en France ses
racines dans un passé lointain
et son histoire est riche et
intéressante. Il y a également
beaucoup à dire sur la situation
éducative des enfants de
forains de nos jours.
Menica Brunet est une foraine
itinérante expérimentée, qui
connaît toutes les ficelles du
m é t i e r. Danielle Mercier a
f o rmé en France des enseignants
qui recevaient des
enfants itinérants dans leur
classe.
Voici leur intervention à deux
voix.
Menica Brunet :
“Je m’appelle Menica et j’aurai
mon quinzième anniversaire le 29
février (!). Je fais les fêtes en
France. Depuis mon mariage – ça
fait 31 ans – je ne vais plus sur les
fêtes à l’étranger. Avant, avec mes
parents, on faisait des fêtes au
Luxembourg, en Belgique, … des
fêtes fro n t a l i è res. Quand j’étais
jeune, on avait ce que l’on appelle
des entre-sorts: ce sont des
baraques oú on entre et de l’oú
on ressort après avoir vu un court
spectacle.
Alors, on faisait voir la femme crocodile,
l’enfant à deux têtes, le rat
géant, l’homme éléphant, les
soeurs siamoises,… des curiosités
comme ça. A l’exterieur on faisait
une parade. Je passais des disques
et mimais pour attirer les
gens. Quand j’étais un peu plus
grande, j’ai appris à faire la postiche,
c’est-à-dire je présentais ces
spectacles, et après je faisais l’artiste
à l’intérieur: j’étais la femme
crocodile, la femme serpent, la
femme coupée en morceaux, la
femme sans tête, la femme à
deux têtes,….
Mon mari etait déscendant d’une
famille des dompteurs et dre sseurs,
mais ça ne lui plaisait pas.
On a monté un jeu et commencé
à voyager sans une tournée fixe.
On a des points de repères: on
fait regulièrement des grandes foires,
comme la Foire du Trône, et
la reste du temps on va à l’aventure.
On fait des petites faires.
Cela nous permet de connaître
beaucoup de gens dans différentes
régions. On a complètement
changé notre façon de vivre. On
n’est pas du tout routinier. Dans
les foires en France, il y a deux
sortes de forains. Il y a des forains
d’origine sédentaire, qui sont
plutôt des marchands, et il y a les
forains d’origine tsigane comme
moi, qui sont plutôt des saltimbanques.
Je trouve que dans la fête maintenant
tout est trop méchanisé et
que les gens ont trop pris l’habitude
de laisser les employés tenir le
métier à leur place, ce qui enlève
un peu une âme à la fête. La fête
n’a plus la même tenue et la
même portée. Ca tourne commerce.
En ce moment la plupart des gens
qui tiennent le haut du pavé dans
noter métier sont les enfants ou
les petits-enfants des anciens
employés forains. Ils n’ont plus la
même mentalité que les forains
d’avant. C’est l’évolution et c’est
normal. Le côté folklorique , le
côté artiste… on le trouve de
moins en moins.”
“Au moyen-âge l’Eglise avait beaucoup
de mal à faire venir les
fidèles. Donc on laissait les saltimbanques
faire leur travail devant
les églises: il y avait des arrachaurs
des dents, mais aussi des artistes
d’agilité, des jongleurs, des troubadours,…
A une heure dite, le
clergé les faisait arrêter, les fidèles
entraient dans l’église et on faisait
la messe. Quand les gens ressortaient
de l’église, la fête recommencait.
En plus, les gens du pays
avaient pris l’habitude de venir
vendre des saucisses, des galettes,
des choses comme ça.
Graduellement les choses commencaient
à être plus structurées :
il y a avait toujours la foire marchande,
la foir des animaux où on
vendait le bétail, les saltimbanques
et les forains.
Les premiers manèges fure n t
inventés par un roi de France. Il
avait fait un système où les jeunes
filles se tenaient au bord d’un
endroit clos avec un anneau et les
messieurs passaient avec leurs
chevaux à cheval et s’ils prenaient
l’anneau au bout de la lance, ils
avaient le droit à un gage de la
jeune fille ou à une danse le soir
au bal. Plus tard, trois Anglais ont
fait le premier manège tournant
avec des animaux statiques. A la
fin du siècle dernier, il y avait un
forain français, M. Chemin, qui a
utilisé l’arbre de transmission de sa
voiture et il a inventé un système
pourque les chevaux montent et
descendent sur le manège. A
cette époque là les manèges sont
devenus des machines à vapeur
et cela necessitait un travail manuel.
Mais les forains d’origine tsigane
et saltimbanque n’aimaient pas
trop le travail manuel, donc ils ont
continué sur les foires à avoir les
spectacles, les entre-sorts… et ce
sont les forains d’origine sédentaire
qui ont tenu les manèges.
Depuis un vingtaine d’années il
n’y plus d’entre-sorts en France.
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C’est une race en voie de disparition
comme il y a très peu de jeunes
qui continuent à faire ce
genre de spectacle. Moi, je n’ai
plus d ‘entre-sort non plus, mais je
tiens à mon jeu comme si c’était
un entre-sort : je fais de la parade,
j’attire les gens… je fais toujours
quelque chose devant.
Je ne me sens pas perdue entre
les grandes attractions d’aujourd’hui.
Il vaut mieux avoir une vie
bien remplie et s’amuser.”
“En France l’éducation nationale
fait trop peu pour l’éducation des
enfants forains. A mon époque je
faisais l’école en l’itinérant. Je fréquentais
14 ou 15 écoles par ans.
Chaque fois que j’étais dans un
lieu, j’y allais à l’école. Là 8 jours,
là 1 mois, là 4 jours, …J’ai quand
même obtenu en 1954 le certificat
d’études, l’équivalent du bac
maintenant.
Mes enfants faisaient aussi l’école
en l’itinérant et ont fait leur sécondaire
avec le CNED, le Centre
National d’Enseignement à
Distance. Mais le CNED n’a pas
toujours compréhension pour la
situation de nos enfants: ils ne
prennent pas en conte que le
c o u rrier n’arrive pas régulièrement
et s’il y a une grève du tri et
on reçoit les cours avec un mois
de retard, ils envoient une fiche
avec des mauvaises notes parce
qu’on n’a pas rendu le cours assez
tôt. On met zéro.
Le résultat est que les jeunes
parents de maintenant se désintéressent
de la question. Il faut absolumment
qu’il y ait un
mouvement, qu’il y ait une structure
pour aider les parents à pouvoir
faire scolariser leurs enfants.
Même dans des endroits oú on en
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La foire en France
Interview avec Menica Brunet et Danielle Mercier
Danielle Mercier (l.) and Menica Brunet (r.) are in favour of special trainings for
fairground adults, for instance computer courses.
a discuté, il y a des enfants qui
sont refusés dans les écoles de la
République et qui sont obligés de
s’adresser à des cours privés et de
payer. C’est quand même malheureux
dans le pays de Jules
Ferry et Voltaire.
Il y a encore beaucoup à faire
pour l’éducation de nos enfants.
La Foire du Trône dure 6 semaines,
il y a beaucoup d’enfants de
forains là. Avant on avait nos
caravanes sur la Foire du Trône. Il
y avait un village de caravanes.
Tous les enfants allaient à l’école à
une commune à côté de la foire,
mais qui ne fait pas partie de
Paris. Depuis 2 ans le maire de
cette commune a interdit au directeur
d’école de prendre les enfants
de forains. Ça fait que tous
les enfants de forains qui étaient à
la Foire du Trône n’ont pas été à
l’école. Ce n’est qu’un example,
mais ça se passe partout. Par example
à Béziers cet hiver il y avait
des enfants de forains et la fête
était en pleine ville. Les terrains
des caravannes de forains était à
la limite de la ville. Et bien, les mai
res des petites communes qui
étaient à côté n’ont pas voulu
prendre les enfants à l’école.
Il faut absolument, dès maintenant,
mettre en place quelque
chose pour plus tard. Je trouve
que au niveau des réalisations, il y
a trop de discussions dans les projets
et ça ne va pas assez vite. Il
faut se dépêcher maintenant de
f a i re quelque chose pour les
gamins qui en ce moment ont
6-7 ans et qui vont avoir dans 2
ou 3 ans l’age de faire la sixième.
Parce que dès que c’est le collège
ou le lycée, les parents ne les mettent
pas. Alors, il y a un minorité
qui va en internat, il y en a quelques
uns qui vont chez la famille
sédentaire pour pouvoir suivre l’école,
mais les autres parents, qui
ne veulent pas se séparer de leurs
enfants, ne font rien.
La solution idéale est que les
enfants voyagent avec leurs
parents parce que notre métier
s’apprend sur le tas et pas à l’école.
Mais on a besoin de l’éduca-

La foire en France
Interview avec Menica Brunet et Danielle Mercier
tion et de la scolarisation, donc il
faut un système mobil, soit avec
des ordinateurs, des CD-roms, des
téléphones, soit le système du
CNED mais avec moins de rigidité
et avec plus de compréhension.
A mon avis, il faut aussi arriver à
mettre sur pieds un projet pour la
formation des ados et des adultes
à des choses concrètes. Je trouve
que c’est vital. S’ il y avait des
cours pour apprendre l’espagnol
ou l’allemand, j’y irais.
Il y a une demande très forte. Au
Ministère on dit qu’il n’y a pas de
problèmes chez les forains, parce
que ils sont tous sédentarisés.
Mais il y a beaucoup de problèmes.
Les enfants sont refusés par
les écoles parce que tout est sectorisé
et bureaucratique mais on
ne peut quand même pas sectoriser
les itinérants ?
Ce qu’il faudrait c’est qu’il y ait un
interlocuteur qui puisse centraliser
les demandes au Ministère. Les
syndicats français ne s’occupent
pas de ces problèmes et n’ont pas
d’ouverture dans les Ministères.
Ils sont actifs mais n’ont pas la
possibilité de faire quelque chose
pour ça.
Je pense qu’il faut politiser la situation.
Je connais des députés
européens et, après avoir consulté
EFECOT, je voudrais aller les
voir et leur demander de déposer
une question écrite à Strasbourg
et à Bruxelles”
“En France EFECOT devrait nous
aider comme elle a fait dans d’autres
pays européens. Les Ministères
français ont un respect pour
l ’ E u rope. EFECOT re p r é s e n t e
quelque chose d’européen. Il faut
qu’on attaque avec EFECOT en
parlant de l’Europe et des autres
pays européens, comme bons
examples et bonnes pratiques.
Les forains français ne sont pas
isolés. On connait des collègues
des autres pays qui ont obtenu
des choses et nous voulons obtenir
les mêmes choses. On le
demande au nom de l’Europe. Et
pour ça on a réellement besoin
d’EFECOT.“
Danielle Mercier :
“Je suis maintenant professeur en
retraite. J’ai assuré dans le Sud
Ouest de la France la formation
initiale et continue des enseignants
accueillant dans leurs classes
des enfants itinérants.
Pendant une quinzaine d’années,
nous avons avec mon équipe
sensibilisé les personnels à la scolarisation
des enfants de migrants,
mais également de tous les
enfants qui n’avaient pas d’adresse
fixe, qu’ils soient français ou
étrangers, sans discrimination.
Cette initiative fut prise par le
Ministère de l’Education, qui créa
en 1977 les CEFISEM (Centres de
Formation pour la Scolarisation
des Enfants de Migrants ).
Nous avons crée des modules de
stages pour des groupes d’enseignants
volontaires travaillant avec
ces enfants. Ces enseignants avaient
besoin d’une formation permanente
solide, car trois jours par
an ne suffisent pas !
Actuellement, la plupart de ces
modules ont été supprimés. Les
futurs enseignants qui arrivent à
l’Institut Universitaire de Form ation
des Maîtres n’ont pratiquement
plus de formation concern a n t
ces publics spécifiques.
Nous constatons aujourd’hui une
double demande: celle des
parents itinérants pour une scolarisation
de qualité, celle des
enseignants pour une formation
qui soit en phase avec l’évolution
des technologies en s’appuyant
sur les bonnes pratiques mises en
o e u v re en Grande Bre t a g n e ,
Allemagne, Pays Bas, Espagne,
Portugal. La situation en France
n’a guère avancé, je dirais même
que nous reculons, car la moitié
des élèves non sédentaires ne
franchit pas le seuil d’un établissement
scolaire ! Nous avons eu
plusieurs cas de refus scolaires
cette année comme l’a dit
Menica. Ces refus oraux ou écrits
sont signifiés par les maires créant
ainsi une discrimination que nous
ne pouvons accepter. Dans les
collèges, la situation varie en
fonction des professeurs et des
principaux et les exclusions augmentent.”
Menica Brunet :
“Ce qui est très grave aussi, c’est
que, comme ce n’est pas obligatoire
la maternelle, là les enfants
itinérants ne sont pas voulus du
tout. Et un enfant qui n’a pas été
au moins un an à la maternelle
est un handicapé quand il arrive à
l’école préparatoire. C’est très dur
pour lui, au niveau intellectuel,
social, émotif, ..”
Danielle Mercier :
“Il y a beaucoup d’examples de
bonnes pratiques en Europe.
Il faut absolument profiter du travail
qui a été fait depuis 12 ans
par EFECOT pourque ces bonnes
pratiques arrivent aussi à être
mises en oeuvre en France.
EFECOT devrait être un catalyseur
d’énergie. Un aiguillon. Un portedrapeau.
En France, comme ailleurs, les
forains très riches n’ont pas de
p roblèmes scolaires pour leurs
enfants, car ils vont dans les éco-
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les privées ou suppléent aux
carences du secteur public par
des cours particuliers. Mais n’oublions
pas les forains de niveau
moyen et ceux qui deviennent de
plus en plus pauvres, car la fracture
sociale se creuse dangereusement.”
La foire en France
Interview avec Menica Brunet et Danielle Mercier
Menica Brunet :
“Il faut aussi compre n d re que
notre monde est devenu capitaliste
depuis pas longtemps. Quand
j’avais 30 ans, on arrivait sur la
f o i re avec des autres couples
comme nous et on partagait les
places. Comme ça, toutes les
familles vivaient. C’était le partage
du travail. Depuis 10 ans, s’ il y 2
places et on est trois, on tire au
sort. Il y en a deux qui travaillent,
un qui part. Et maintenant, il y en
a un qui prend les deux places et
les deux partent, parce que celui a
été plus malin et il a donné ce
qu’il faut. Le capitalisme et la corruption
sont énorms. C’est aussi
pour ça qu’il faut que nos enfants
aient des armes égales pour se
combattre.”
L’ Ecole en route
Danielle Mercier :
“Dans le nouveau pro g r a m m e
d’EFECOT, il y a quelque chose
qui me séduit: le fait qu’il faille
aussi toucher les décideurs politiques,
afin qu’ils ne ferment pas les
yeux sur ces scandales et que la
France ne reste pas indifférente à
notre appel, ni à celui des familles
et de leurs enfants.”
L’ interview fut prise à Bre m e n
le 23 janvier 2000
par Griet Provoost
“L’ Ecole en route » est un livret d’informations pour la scolarisation des
enfants de forains qui voyagent dans la région de Montpellier et Toulouse.
Ce livret a répertorié les coordonnées des personnes chargées de l’accueil ainsi que les organismes qui peuvent vous
apporter leur aide en cas de besoin. Vous trouverez ains, pour chaque département concerné: les services des inscriptions,
le CEFISEM chargé de l’aide aux parents dans leurs démarches et en cas de difficulté, les principales fédérations
de Parents d’élèves, un centre d’information et d’orientation scolaire et professionnelle (CIO) et un centre de consultation
des textes officiels (CDDP).
“L’ Ecole en route’ est réalisé par les académies de Montpellier et de Toulouse, avec le soutien d’EFECOT et le SNIF
(Syndicat National des Industriels Forains). “L’ Ecole en route’ se trouve aussi en ligne sur le site ‘itinérants’:
http://www.ac-montpellier.fr/services/itinerants/index.htm
Oui,
je voudrais recevoir (gratuitement; en français) le livret “L’ Ecole en route”.
Nom:
Adresse:
Pays:
Tél.: Télécopie:
12
A envoyer au CEFISEM de
Perpignan, Collège Marcel
Pagnol, Boulevard Desnoyés,
F-66026 Perpignan Cedex,
Tél/Télécopie: +33-4 68614741

The fairground in France
Interview with Menica Brunet and Danielle Mercier
The fairground in France has
its roots in a remote past and
its history is a rich and
interesting chronicle. There is
also much to be said, moreover,
about the educational
situation of the fairg ro u n d
children nowadays.
Menica Brunet is an experienced
fairg round traveller,
who knows the tricks of the
trade through and through.
Danielle Mercier used to train
teachers who come in contact
with traveller children in their
classes in France.
This is their part-song.
Menica Brunet:
“My name is Menica Brunet and I
celebrate my fifteenth birthday on
the 29th of February (!). I do the
fairs in France. Since my marriage
– already 31 years ago now –
I don’t go to fairgrounds abroad
anymore. Before that, when I was
still living with my parents, we
went to fairs in Luxembourg, in
Belgium,… in border re g i o n s .
When I was young, there were
what we called ‘entre-sorts’: these
were a kind of barracks where
one entered to see a short spectacle
and which one left afterwards.
So, we staged the cro c o d i l e
woman, the child with two
heads, the giant rat, the elephant
man, the Siamese sisters,… and
other curiosities of this kind.
Outside we used to do a parade.
I played records and I performed
a mime to attract visitors. When I
was a bit older, I learnt to do the
‘postiche’ (i.e. the sales talk),
which means I presented these
spectacles, and later on, I acted
inside the barrack: I was the
c rocodile woman, the snake
woman, the woman cut into
pieces, the woman without a
head, the woman with two
heads, …
My husband came from a family
of tamers of animals, but he did
not like that. So we set up a show
and we started travelling without
following a fixed tour. We have
some points of re f e rence: we
regularly go to the big fairs, such
as the ‘Foire du Trône’, but for the
rest of the time we go in search of
adventure. We go to small fairs.
Like this we get to meet many
people in different regions. We
have completely changed our
way of living. We are not at all
creatures of habit.
In the French fairground environment
you will find two kinds of
fairground people. You have fairground
families with a sedentary
origin who are more like merchants,
and there are fairground
people of Gypsy origin, like me,
who are rather acrobats and
artists.
I find that the fairground business
is getting too mechanical nowadays
and that people are too
much used to have employees
run the business in their place,
which takes a bit the soul out of
the fairground. The fair has no
longer the same standard and the
same scope. It is getting more and
more commercial.
At this moment, those who play
the first fiddle in our profession
are the children or grandchildren
of the former fairground operators.
They have a different mentality
than the fairground people of
the old days. That’s the evolution
and it’s normal. The folk elements,
the artistic side…. this is gradually
disappearing.”
“ In medieval times the Church
took much trouble to get the
faithful to attend Mass. So they
allowed acrobats and street artists
to perform in front of the churches.
There were people who
extracted teeth but also acrobats,
jugglers, troubadours, …. At a
given moment the clergy made
them stop, the faithful entered the
church and Mass started. When
the people came out of the
church, the fair started again. In
addition, the country people had
taken on the habit of coming
there for selling sausages, pancakes
and other things to eat. Step by
step things got more organised:
you always had the merchants
fair, the animal fair where the cattle
was sold, the acrobats and the
fairground people.
A French king invented the first
roundabout. He had made a system
in which young girls were
standing at the side of an
enclosed space with a ring in their
hands and the lords passed on
horseback. If they succeeded in
taking the ring on the top of their
lance, they had the right to get a
token from the young girl or to
dance with her at the evening
ball. Later on, three Englishmen
created the first turning rounda-
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out with static animals. At the
end of the 19th century there was
a French fairground operator, Mr.
Chemin, who applied the propeller
shaft of his car and he invented
a system which allowed the
horses of the roundabout to go
up and down. In this period
roundabouts became steam-driven,
which demanded manual
work. But the fairground people
of Gypsy and acrobat origin were
not very fond of manual labour,
so they continued to show their
spectacles and ‘entre-sorts’ at fairs.
The fairg round people with a
sedentary origin were the ones
who have kept the roundabouts.
Since some twenty years there are
no longer any ‘entre - s o rts’ in
France. It is a dying breed since
very few young people are willing
to do this kind of spectacle. I have
no ‘entre - s o rt’ anymore myself,
but I treat my attraction as if it
were an ‘entre-sort’: I do a parade,
I attract people … I always do
something in front of it.
I do not feel lost amongst the big
f a i rg round attractions of these
times. It is better to have a well filled
life and to have fun.”
“In France the national education
system does not enough for the
education of fairground children.
In my time I went to school while
travelling. I went to 14 or 15 different
schools a year. Each time
we arrived at a place, I went to
school there. 8 days here ,
1month there, 4 days in still another
place, … But I did succeed in
obtaining my certificate of studies
in 1954, which is the equivalent
of the ‘bac’ nowadays (secondary
school diploma giving university
entrance).
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The fairground in France
Interview with Menica Brunet and Danielle Mercier
Also my children went to school
on the road and they did
their secondary level with the
CNED, the ‘Centre National
d’Enseignement à Distance’. But
the CNED often lacks comprehension
for the situation of our children
: they do not take the fact into
consideration that the mail does
not always arrive regularly and
when there is a strike and the
courses arrive one month late, they
send a form with bad marks
because the courses had not been
sent back in time. They put zero.
The result is that young parents of
today lose interest in the matter. It
is absolutely necessary to launch a
movement, to set up a structure
to enable parents to give their
children a school education. Even
in places where the discussion has
been held, there are children who
are refused in the schools of the
Republic and who are driven back
on private courses at a charge.
This is after all quite unfortunate
in the country of Jules Ferry and
Voltaire.
There is still a lot of work to be
done for our children. The fair of
the Trône takes 6 weeks and there
are a lot of fairground children
gathered there We used to put
our caravans right there at the
fair. There was a village of caravans.
All the children went to
the school of a community next
to the fair, which is not a part of
the region of Paris. Two years ago
the mayor of this community
forbade the headmaster to allow
fairground children in this school.
The result was that all the
children who were at the fair of
the ‘Trône’ did not go to school.
This is only one example, but it
happens everywhere. In Béziers
this winter, for instance, there
were fairground children and the
fair was set up in the middle of
the town. The caravan site was
on the edge of the town. What
happened was that the mayors of
the small communities in the
n e i g h b o u rhood there did not
want to take these children in
the schools.
It is absolutely necessary, as from
now, to launch some initiative for
the future. I find that, on the level
of realisations, too much time is
wasted on discussions within the
projects and that things pass off
too slowly. We need to hurry up
now to do something for the
children who are now 6-7 years
old and who will have to go to
the sixth class in 2 or 3 years time.
Because as soon as the secondary
school period has come, the
parents don’t send their children
to school anymore. There is a minority
going to boarding school,
there are some who go and stay
with sedentary relatives in order
to be able to go to school, but the
other parents, who do not want
to be separated from their children,
don’t do anything.
The ideal solution would be that
the children can travel with their
parents, because our profession is
mainly learnt on the job and not
in school. But we do need school
education, so we should have
some mobile system, either with
computers, CD-ROMs, telephones,
or the method of the CNED,
but with less rigidity and more
comprehension.
In my opinion we should also get
to organise a project for developing
very concrete training
opportunities for youngsters and
adults. I think this is vital. If there
were courses for me to learn Spa-

The fairground in France
Interview with Menica Brunet and Danielle Mercier
nish or German, I would subscribe.
There is a strong demand. At the
Ministry they say there are no problems
with the fairground people
because they have all settled
down. But there are a lot of problems.
Schools refuse childre n
because everything is now divided
into sectors and bureaucratised.
But we cannot divide travellers
into sectors, can we?
What we need is an interlocutor
who can centralise the demands
and requests at the Ministry. The
French trade unions do not deal
with this kind of problems and
have no opening towards the
Ministries. They are active but do
not have the possibility to do
something about this.
I think we have to politicise the
situation. I know some members
of the European Parliament and,
after having consulted EFECOT,
I would like to go and see them
and ask them to lay down a written
question in Strasbourg and
Brussels.”
“I think EFECOT should give help
and support in France, in the
same way as has happened in
other countries. The Fre n c h
Ministries have respect for Europe.
EFECOT re p resents something Euro -
pean. We need to join forces with
EFECOT and refer to Europe and
other countries, as examples of
good practice. The French fairground
people are not isolated.
We are in contact with colleagues
in other countries who have made
achievements and we want to do
the same. We can ask it in the
name of Europe. And for this we
really need the support of EFECOT. ”
Danielle Mercier :
“I am now a retired teacher. I was
“ Getting in touch with colleagues from other Member States.”
in charge of the initial and in-service
teacher training in the southwest
of France for teachers who
receive travelling children in their
class. During a period of some 15
years, our team made school
personnel aware of the education
of migrant children, but also of all
c h i l d ren of no fixed abode,
whether they are French or
f o reign, without discrimination.
This initiative was taken by the
Ministry for Education, which created
in 1977 the CEFISEM (Centre s
de Formation pour la Scolarisation
des Enfants de Migrants).
We created modules for training
sessions for groups of voluntary
teachers working with these children.
These teachers needed a permanent
and solid training, since
three days a year do not suffice!
Nowadays the majority of these
courses have been suppressed.
The teachers-to-be who arrive at
the the ‘Institut Universitaire de
Formation des Maîtres’ have practically
no training anymore with
regard to these specific groups.
We are aware of a double demand
today: a demand from the
parents for quality education and
a demand from the teachers for a
training that is in line with the
technological evolution based
on good practices set up in Great
Britain, Germ a n y, the Netherlands,
Spain, Portugal. The situation
in France has hard l y
improved, I would even say that
we have taken a step backwards,
since half of the travelling pupils
doesn’t set foot in a school! We
have been confronted with several
cases of refusal by schools this
year, as has explained Menica.
These oral or written refusals are
issued by the mayors, who create
in this way a situation of discrimination
that we cannot accept. In
secondary schools, the situation
varies depending on the teachers
and the headmasters and the
number of exclusions increases.”
Menica Brunet:
“Another thing which is quite worrying
is the fact that, since pre -
school education is not obligatory,
traveller toddlers are not welcome
at all at the nursery class. And a
child who has not had pre - s c h o o l
education for at least one year is a
handicapped child when it arr i v e s
in primary school. It is very hard,
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on the intellectual, social and
emotional level.”
Danielle Mercier:
“ T h e re are many examples of
good practices in Europe. We
absolutely have to take advantage
of the work that EFECOT has
been doing over the last 12 years,
so that these good practices can
also be launched in France.
EFECOT should be a catalyst of
e n e rg y. An incentive. A flag-beare r.
In France, as in other countries,
the children of rich fairground
The fairground in France
Interview with Menica Brunet and Danielle Mercier
people have no school problems,
because they go to private schools
or compensate the shortcomings
of the public sector with special
courses. But we shouldn’t forget
about the middle-class fairground
families that face incre a s i n g
poverty, because the social gap
between rich and poor is dangerously
getting larger and larger.”
Menica Brunet:
“It is also important to understand
that our world has become capitalist
since quite recently. When I
was 30 years old, it happened
that we arrived at a fairground
site together with other couples
like us and we divided the places.
This way, all families were able to
live. The work was shared. Ten
years ago, when there were three
families and there were only two
places, it was determined by lot
who could have the places. There
was work for two and one had to
go. Nowadays, there is one who
takes the two places and the two
others have to leave, because this
one has been more sly and has
paid what it takes. The power of
capitalism and corruption is enormous.
This another reason why
our children need equal weapons
to be able-bodied.”
Danielle Mercier:
“One aspect of EFECOT’s new programme
really appeals to me: the
conclusion that it is also necessary
to affect policymakers in order to
avoid that they will close their eyes
to these scandals and to make sure
that France will not remain indifferent
to our call nor to the one of
the families and their children. »
This interview was taken
in Bremen on the 23rd of
January 2000 by Griet
Provoost
L’ Ecole en route (School on the road)
“L’ Ecole en route” is a booklet with information on the schooling of fairground
children travelling in the region of Montpellier and Toulouse.
This booklet bundles the co-ordinates of the persons responsible of the
reception and of the organisations you can resort to in case of need. You will also find, for
each of the departments concerned: registration services, the ‘CEFISEM’ charged with providing support to the parents
in their actions and in case of problems, the main parents’ committees, a centre for information and educational and
professional orientation (‘CIO’) and a centre for the consultation of official texts (CDDP).
“L’ Ecole en route” was developed by the academies of Montpellier and Toulouse, with the support of EFECOT and the
SNIF (national trade union of fairground industrials). “L ’Ecole en route” can also be found online on the site ‘travellers’:
http://www.ac-montpellier.fr/services/itinerants/index.htm
Yes,
I would like to receive the booklet “L’ Ecole en route” (for free; in French only).
Name:
Adresse:
Country:
Tel.: Fax:
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To be sent to the CEFISEM of
Perpignan, Collège Marcel Pagnol,
Boulevard Desnoyés,
F-66026 Perpignan Cedex,
Tel/Fax: +33-4 68614741