Woody Invasive Species: A Regional Assessment - IUCN Invasive ...

Le Bourgeois et al. Recherche et réglementation sur IAS à La Réunion
5 Réglementation et prévention des introductions
Pour réglementer, des règles internationales sont incontournables. Ainsi, les
réglementations phytosanitaires aux frontières doivent obligatoirement respecter l'accord
sur les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) de l'Organisation Mondiale du
Commerce (OMC). Cet accord a pour objectif d'éviter que des mesures phytosanitaires
injustifiées soient des obstacles déguisés au commerce international. Les mesures doivent
être fondées sur des principes scientifiques et être compatibles avec les normes et
directives internationales. Dans cet objectif, les analyses de risque sont utilisées. C'est un
processus qui consiste à évaluer les preuves biologiques ou autres donnés scientifiques ou
économiques pour déterminer si un organisme nuisible doit être réglementé et la sévérité
des mesures phytosanitaires éventuelles à prendre à son égard.
Des normes internationales adoptées par la Convention Internationale pour la Protection
des Végétaux 7 existent. Sur la base de ces normes, l'OEPP (organisation européenne et
méditerranéenne de protection des plantes), dont la France est membre, a développé
différentes normes d'analyse de risque pour les organismes nuisibles (virus, bactéries,
champignons, insectes, arachnides) des cultures. Ces normes sont peu adaptées à
l’analyse de risque des végétaux envahissants des milieux naturels et cultivés. Cependant,
l'OEPP encourage les organisations nationales de protection des végétaux à travailler sur
les plantes envahissantes et notamment sur l'analyse et la gestion du risque.
A La Réunion, toute introduction de végétaux et produits végétaux aux frontières est
contrôlée par le Service de la Protection des Végétaux de la Direction de l’Agriculture et
de la Forêt de La Réunion (SPV/DAF) qui applique une réglementation phytosanitaire
spécifique au contexte local. Jusqu'à présent, cette réglementation n'intègre pas les
plantes envahissantes des milieux naturels et que très partiellement les plantes
envahissantes des milieux cultivés. Or, cette réglementation est actuellement en cours de
révision. Dans ce contexte, il semble nécessaire d’intégrer les espèces végétales
envahissantes à la prochaine réglementation phytosanitaire.
Le SPV de La Réunion a réalisé un premier travail sur l'adaptation des normes OEPP
d'analyses de risque, aux plantes envahissantes. Des critères propres aux plantes
(notamment à leur caractère envahissant) et aux milieux (caractéristiques des sols,
milieux perturbés…) y sont intégrés. Une importance particulière est accordée aux
impacts environnementaux et sociaux. Le protocole (toujours en évolution) est
régulièrement soumis aux scientifiques locaux pour validation.
Ce protocole a été testé au travers de l’évaluation du risque que présente Chromolaena
odorata (L.), envahissante dans de nombreux pays, présente à Maurice mais encore
absente à la Réunion. Le potentiel d'établissement est évalué à l'aide d'un logiciel de
comparaison climatique et de simulation dynamique CLIMEX®. Les impacts
7 La CIPV est un traité multilatéral adopté en 1951, déposé à la FAO et administré par le secrétariat de la
CIPV au sein de la FAO. Le texte actuel fait suite à la création de l'OMC et intègre les principes de l'accord
SPS. La CIPV a pour objet de garantir une action internationale commune et efficace pour éviter la
dissémination et l'introduction d'organismes nuisibles aux végétaux cultivés et non cultivés dans les
écosystèmes cultivés et naturels et de promouvoir des mesures permettant leur contrôle.
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