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“MA ROUTE…”Michée QUENUMOriginal extract read by Thibault Naman & Alexandre Pantazis“ Je m’appelle Franck Quenum,plus connu sous le nom de Michée.Je vais vous raconter monhistoire qui a commencé le 2janvier 1988 au Congo (Brazzaville).Lors de ma venue aumonde, j’ai manqué d’oxygène,c’est ce qui fait que je suis infirmemoteur cérébral. Etantbébé, j’ai passé beaucoup detemps à l’hôpital.J’ai vécu jusqu’à mes 11 ansau Congo entouré de mesparents, de mon frère et messœurs. Ma vie là bas était trèsagréable. Je sortais beaucoup,m’amusais avec ma famille etmes amis. Pas un jour où je nerigolais pas. Mais à cause del’évolution de mon handicap, lemanque de connaissances desgens face à mes différences etleur compassion malsaine, mesparents ont préféré m’envoyerchez ma tante à Villiers le bel.Villiers le bel une des villesdu Val d’Oise très connuepour ses origines multipleset un accroissement de difficultésdes jeunes, a été unsecond tournant de ma vie.Comme tout un chacun, j’aimis du temps à m’adapter auchangement et à intégrer lasociété. Mais très vite ma facilitéà m’ouvrir aux autres etma joie de vivre m’ont permisde faire de belles rencontres.De là, j’ai rencontré mesmeilleurs amis qui ont sum’apprécier pour ce que jesuis. Ils m’ont accepté en tantqu’être humain et non en tantqu’invalide. (….)J’ai commencé très jeune àdanser au sein de la CompagnieDK-bel. Au début j’avaispeur de m’exprimer en dansant,car c’était nouveau pourmoi. Plus le temps passait etplus je me sentais à l’aise.J’aime faire le clown pouramuser le monde. (…)Mes amis danseurs sontdrôles et me font rire.Quand on fait un spectacle, lesspectateurs viennent me voirà la fin, et sont étonnés de ceque j’ai pu faire. Souvent ilsme disent qu’ils ne pensaientpas qu’une personne en fauteuilroulant pouvait faire ça.Ils me demandent si ça nem’a pas fait peur de melancer dans cette aventure;aujourd’hui je peux dire non,je n’ai pas peur, je fonce.Je ris avec eux. Ils pensaientque la danse n’était possibleque pour les personnes quipeuvent marcher, mais onleur prouve que non.Ils changent d’avis sur lespersonnes en fauteuil et nousestiment plus.Ils crient « DK-BEL!!! », ennous applaudissant. Certainspleurent.« Mais pourquoi ? Souris !Prends un mouchoir et sourisà la vie, comme nous ».Quand on est sur scène, toutela salle est silencieuse. Leshommes, les femmes, les enfantsnous regardent sans direun mot.On est comme des éclairs quiles scotchent dans leur fauteuilet les laissent bouchebée.Sur scène, nous « Sommes »,on existe, on est d’autres personnes.On saute, on danse, on bouge,comme si le fauteuil n’existaitpas. “Photography: Maria ChristiPhotography: Margie Rentis