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Ces coups que prépare Macky

GAB EnQuete - Enquête

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LIBRE PAROLEpage 10La victoire de la démocratieRégime politi<strong>que</strong> dans le<strong>que</strong>lle peuple exerce sa souverainetélui-même sans l’intermédiaired’un organe représentatif[Définition tirée du Petit Larousse1994] la démocratie est un systèmedont la vitalité ne saurait se mesurerseulement à l’aune l’organisationlibre de marches de protestations,de la tenue de réunions publi<strong>que</strong>s del’Opposition, de la publication d’opinionsà travers des médias indépendants,etc. Ce n’en sont <strong>que</strong> desformes d’expression utilisées detemps à autres par une partie despopulations dont les libertés constitutionnellessont ainsi consacrées.Mais quand tout le peuple, dumoins tout le collège électoral, estinvité à exprimer son opinion, à traversle vote, c’est véritablement ladémocratie, dans toute sa splendeur,qui s’illustre et se révèle.Avec cette élection présidentiellequi vient de s’achever, c’est la démocratiesénégalaise qui a sonné “la finde la récréation” en restituant aupeuple ses prérogatives inaliénables.Moment crucial dans une républi<strong>que</strong>,l’élection présidentielle, ausuffrage universel direct de surcroît,permet, en effet, au peuple dedemander à tous ceux qui prétendentparler à son nom, de rendre à<strong>Ces</strong>ar ce qui lui appartient, c’est-àdirede parler lui-même, sans intermédiaireni procuration.L’on peut vouloir se substituer aupeuple, s’autoriser des pouvoirs quin’ont été octroyés par aucun mandatélectif, et poser des actes “sous-couvert”“d’une onction du peuple afinde légitimer une telle posture. Celaparticipe, à l’évidence, d’une volontéde manipuler le peuple sénégalaiset de tromper l’opinion nationaleet internationale. Mais, quandl’heure de vérité arrive, sous la formed’un vote qui consacre la sanctionpopulaire des différentes “offres”des candidats en lice à l’élection,toutes les prétentions sont alorsremises au placard pour laisser laplace au verdict des urnes. Le seulqui compte.Sous ce rapport, toutes les stratégiesfomentées par une certaineclasse politi<strong>que</strong> (IDEWA , FrontSiggil Senegaal, Bennoo SiggilSenegaal, M23, Bennoo BokkYaakaar) qui avait comme ambitionlatente ou cachée de provo<strong>que</strong>r lachute du régime de AbdoulayeWade, <strong>que</strong>ls qu’en soient lesmoyens, paraissent aujourd’hui pourla plupart anti-démocrati<strong>que</strong>s, saugrenues,incongrues et grotes<strong>que</strong>s.Le dimanche 25 mars 2012, lepeuple sénégalais s’est donc prononcéen toute souveraineté. Il s’estchoisi l’homme qu’il a préféré à latête du pays pour les sept prochainesannées. Le choix du peupleétant sans appel, il convient dès lorsde le respecter, de le défendre et dele protéger.Toute disposition contraire signifierait,alors, une défiance à lavolonté populaire, qui en dit long surl’état d’esprit et le véritable profil deleurs auteurs, qu’on pourrait alorsqualifier de mauvais perdants,d’anti-démocrates ou de hors-la-loiréfractaires à l’ordre, à la disciplineet au patriotisme. Il est vrai qu’àl’occasion de cette élection présidentiellehistori<strong>que</strong>, le peuple sénégalaisqui, ces derniers temps, n’ajamais été aussi observé et projetéau devant de l’actualité internationaleet placé devant ses propres responsabilités,n’a pas failli aumoment fatidi<strong>que</strong>.Comme en 2000, quand le mondeentier redoutait le pire au lendemainde l’élection présidentielle sous tensions,le Sénégal vient, une fois deplus, d’administrer au reste dumonde une véritable leçon de maturitéde son peuple et de vitalité de sadémocratie.”L’incertitude” préditepar les Cassandre et “le chaos” promisaux Sénégalais par les oiseauxde mauvais augure apparaissentaujourd’hui comme de pures hallucinations.Avec l’élection présidentiellede 2012, l’histoire s’est répétéeau grand dam des marchandsd’illusion et des pêcheurs en eauxtroubles, qui devront, dorénavant, setrouver une nouvelle occupation.Une fois <strong>que</strong> le tumulte né despassions incontrôlées sera passé etles difficultés surmontées, on anoté, pour s’en réjouir, <strong>que</strong> les unsont eu le triomphe modeste, et lesautres la dignité dans la défaite.Tous ont sacrifié aux félicitationset encouragements d’usage, mais sesont, surtout, faits à l’idée qu’il n’y avéritablement ni vain<strong>que</strong>urs ni vaincusà l’issue de ces joutes électorales,si ce n’est le Sénégal. En effet,plus <strong>que</strong> la victoire d’un camp sur unautre, celle d’un candidat sur sesadversaires, celle de Sénégalais surd’autres Sénégalais, c’est tout simplementle triomphe de la démocratiesénégalaise.Maintenant <strong>que</strong> la majorité descitoyens a indiqué la voie à suivre,c’est ensemble <strong>que</strong> les tous lescitoyens du pays devront poursuivrel’œuvre de consolidation des acquisdémocrati<strong>que</strong>s et de constructionnationale pour un Sénégal meilleur.Citoyennes et citoyens Sénégalais,au travail !AMADOU ANTA SAMBamadou.samb@ucad.edu.snLES ENSEIGNEMENTS D’UN SCRUTINVers une redéfinition ducontrat social sénégalaisSi les dates servaient à nommer des événements,il faut, admettre, désormais <strong>que</strong>celle du 25 mars 2012 vient enrichir lerépertoire des références histori<strong>que</strong>s de notre jeunenation en consacrant l’élection de <strong>Macky</strong> Sall à laprésidence de la Républi<strong>que</strong> du Sénégal. Ainsi,fonctionne l’histoire.Le Sénégal, pays de vieilles traditions politi<strong>que</strong>set électorales, a, de nouveau, donné une leçonmagistrale de démocratie à l’humanité tout entière.Au moment où personne ne s’y attendait dans lesannées 70, le président Senghor passait le témoinà Abdou Diouf. Vingt ans plus tard, c’est autour dece dernier, à la suite d’une expression démocrati<strong>que</strong>des suffrages, de céder le pouvoir àAbdoulaye Wade. Tous ces événements marquantsde notre histoire se sont déroulés dans le respectstrict des traditions républicaines et démocrati<strong>que</strong>sd’un Etat moderne. C’est dans cette même logi<strong>que</strong>histori<strong>que</strong> et en dépit des vicissitudes de notre histoirerécente (je pense à la tension préélectoraleavec son cortège de morts) <strong>que</strong> les sénégalais ontinscrit le scrutin du 25 mars 2012. Dès lors, ilconvient, aujourd’hui, de tirer une fois encore lesenseignements l’élection présidentielle du 25mars.D’abord, il faut souligner <strong>que</strong> le scrutin du 25mars 2012 démontre à suffisance la maturitécitoyenne du peuple sénégalais. Si le changementde régime intervenu en 2000 a été plus une alternancepoliti<strong>que</strong> classi<strong>que</strong>, celui de 2012 est à lafois une alternance politi<strong>que</strong> et surtout citoyenne.Les sénégalais ont, depuis belle lurette, compris<strong>que</strong> la carte d’électeur était plus appropriée <strong>que</strong>les gourdins ou autres grenades lacrymogènes pourinvalider la candidature de Wade. Les sénégalais àtravers les résultats du second tour (65,8% pour<strong>Macky</strong> Sall contre 34,2% pour Abdoulaye Wade)ont démontré qu’il ne s’agissait pas simplementd’invalider une candidature mais qu’il y avait derrièrece méli mélo politi<strong>que</strong> une profondeaspiration au changement. Le rôle et l’implicationsurtout du mouvement Y en a marre (retrait descartes d’électeur, foires aux problèmes) dans le processusélectoral a été un catalyseur dans la prisede conscience citoyenne des populations. En plus,les nombreux débats programmati<strong>que</strong>s dans leschaînes télévisées et radios et la neutralité de l’administrationen charge des élections et l’espritrépublicain des forces de l’ordre sont autant designes tangibles de la vitalité notre système démocrati<strong>que</strong>.Le nouveau régime en formation estavertit ! Désormais, l’action et le contrôle citoyenseront de vigueur dans la gestion de la chosepubli<strong>que</strong>.Ensuite, l’arrivée de <strong>Macky</strong> Sall clôt définitivementla parenthèse coloniale et consacre irréversiblementla fin d’une élite politi<strong>que</strong> formée et éduquéeà l’école coloniale. La première génération depoliti<strong>que</strong>s ayant vécu les derniers soubresauts dela lutte pour l’indépendance et la naissance du PAI(Abdoulaye Wade, Moustapha Niasse, MbayeJac<strong>que</strong>s Diop, Iba Der Thiam,etc.) et celle des histori<strong>que</strong>sde la gauche sénégalaise et dans une certainemesure les soixante-huitards (AbdoulayeBathily, Landing Savané, Amath Dansokho,Maguette Thiam, etc.) devraient politi<strong>que</strong>ment etmoralement jouir de leurs droits à la retraite politi<strong>que</strong>ou, pour une dernière fois, jeter leur dévolusur les prochaines élections législatives pour défendrevaillamment le peuple à l’Assemblée nationaleet céder la direction de leurs partis politi<strong>que</strong>s respectifsà la jeune génération des années 80. Ilconvient de constater <strong>que</strong> ces vétérans de la politi<strong>que</strong>sénégalaise sont arrivés en fin de cycle politi<strong>que</strong>et ils doivent, désormais, être des régulateursrespectés de l’arène politi<strong>que</strong>. La recompositiondu champ politi<strong>que</strong> doit se faire autour des nouvellesélites politi<strong>que</strong>s nées après les indépendances.C’est la leçon majeure <strong>que</strong> la classe politi<strong>que</strong>doit tirer de l’élection de <strong>Macky</strong> Sall à lamagistrature suprême. Contrairement à LéopoldSédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade,le nouveau président, <strong>Macky</strong> Sall, n’est ni unproduit de l’Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer (ENFOM) encore moins de la prestigieuseEcole normale William Ponty de l’Afri<strong>que</strong> OccidentaleFrançaise (ex AOF). <strong>Macky</strong> Sall n’a pas apprisà l’école <strong>que</strong> les Gaulois étaient ses ancêtres, nichanté la Marseillaise. Le président <strong>Macky</strong> Sall aappris l’histoire des héros et résistants africains àla colonisation à travers les programmes d’histoiredes années 70. Le successeur de Abdoulaye Wadeest bien un produit de l’école publi<strong>que</strong> sénégalaisepostcoloniale. Sa trajectoire scolaire, universitaireet professionnelle est similaire à celle de la plupartdes jeunes sénégalais de sa génération. C’est là,tout le mérite de notre école républicaine,formatrice de l’homo sénégalensis.Enfin, l’élection du candidat <strong>Macky</strong> Sall à lamagistrature suprême présage le déclin progressifdu modèle islamo-wolof théorisé par des historienscomme Mamadou Diouf. Tirant les enseignementsdes résultats du premier tour du scrutin du 26février 2012, l’historien, dans une de ses récentescontributions, écrit : “le troisième enseignementest la manifestation des premiers signes d’épuisementdu modèle islamo-wolof, et ce plus tôt <strong>que</strong>prévu.” Jeune Afri<strong>que</strong> n° 2670, du 11 au 17 mars2012). Au lendemain de notre indépendance, laconstruction de l’Etat-nation sénégalais a été inspirée,dans une large mesure, à partir des valeursculturelles héritées de notre histoire avec la colonisationet surtout de l’islam dans sa versionconfréri<strong>que</strong> à forte dominante mouride. L’indépendancedu Sénégal ne s’est pas, en effet, traduitepar des ruptures profondes avec le colonisateurdans le système de gouvernance du nouvel Etat.La crise politi<strong>que</strong> et institutionnelle de 1962 est,à cet effet, assez révélatrice des divergences quisont apparues entre Mamadou Dia et LéopoldSédar Senghor à l’aube de l’indépendance. Ainsi,la plupart des élites politi<strong>que</strong>s (Léopold Sédar Senghor,Lamine Guèye, Mamadou Dia, Abdou Diouf,Abdoulaye Wade, etc) en charge de conduire lesdestinées de la nation ne sont pas parvenus à sedémar<strong>que</strong>r du système colonial dans sa manièrede gérer ses relations avec le pouvoirmarabouti<strong>que</strong>. A l’exception du président Senghor,Abdou Diouf et Abdoulaye Wade fortement influencéspar les valeurs islamo-wolof et formés à l’écolecoloniale ont alors perpétué et consolidé l’alliancehistori<strong>que</strong> et traditionnelle entre le pouvoir spirituelet le pouvoir temporel. A l’instar du pouvoircolonial, cette cohabitation a été pendantlongtemps intelligemment entretenue sous l’èrede Senghor et de Diouf. Force est de reconnaîtrecependant <strong>que</strong> c’est sous le régime dit de l’alternance(2000-2012), <strong>que</strong> cette alliance connutdes dérives en se transformant en une sorte dequasi aliénation de la Républi<strong>que</strong> au pouvoir marabouti<strong>que</strong>.Or, depuis 2000, les citoyens avaientlancé un signal fort en mettant en échec le ndiguelprodigué par une frange des élites religieuses. Fortheureusement <strong>que</strong> le dimanche 25 mars dernier,a consacré le triomphe du ndiguel du peuple surcelui des marabouts.C’est pourquoi, j’ose espérer <strong>que</strong> l’avènementde <strong>Macky</strong> Sall au pouvoir suprême conjugué auréveil des forces citoyennes, démocrati<strong>que</strong>s etpopulaires devrait favoriser une nouvelle renégociationdu “contrat social” sénégalais pour parlercomme le politologue britanni<strong>que</strong>, Donal CruiseO’Brien. Les alliances politi<strong>que</strong>s et religieuses héritéesde la colonisation et consolidées dans une certainemesure sous les décennies Wade-Dioufdevront aujourd’hui disparaître au profit d’une nouvellealliance bâtie autour de la Républi<strong>que</strong>. Ainsi,la redéfinition du nouveau contrat social sénégalaisdevra intégrer davantage les valeurs socioculturellesdes périphéries sérères, peules, diolas,balantes, saracollés, etc. Le président élu, <strong>Macky</strong>Sall, devra mettre à profit cette riche diversité et samulticulturalité pour fonder une nouvelle Républi<strong>que</strong>et gouverner autrement.En définitive, j’ose croire <strong>que</strong> le scrutin du 25mars 2012 a fini de renvoyer aux calendesgrec<strong>que</strong>s le débat sur “l’ethnie” et les représentationsidentitaires primaires dans le jeu politi<strong>que</strong>sénégalais. L’invocation du vote dit “ethni<strong>que</strong>” enfaveur du candidat <strong>Macky</strong> Sall par des entrepreneurspoliti<strong>que</strong>s en crise de légitimité populairedans leurs fiefs est la pire des insultes <strong>que</strong> l’on peutadresser aux citoyens et électeurs sénégalais et àla démocratie sénégalaise.DR MOUSTAPHA SOW “FOYRÉ”Journaliste-chercheurfoyresow@gmail.comwww.en<strong>que</strong>teplus.comnuméro 247 • lundi 2 avril 2012

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