NADIR MOKNÈCHE
NADIR MOKNÃCHE - Unifrance
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UN FILM DE<br />
<strong>NADIR</strong> <strong>MOKNÈCHE</strong>
SUNDAY MORNING PRODUCTIONS<br />
présente<br />
BIYOUNA NADIA KACI<br />
AYLIN PRANDI DANIEL LUNDH<br />
DELICE<br />
PALOMA<br />
▼<br />
UN FILM DE<br />
<strong>NADIR</strong> MOKNECHE<br />
SORTIE LE 11 JUILLET 2007<br />
35mm • Couleur • 1.85 • Dolby SRD • 2h14 • Visa 111 242<br />
Photos téléchargeables sur www.filmsdulosange.fr<br />
www.delicepaloma-lefilm.com<br />
PRESSE<br />
ANDRÉ PAUL RICCI / TONY ARNOUX<br />
6 Place de la Madeleine - 75008 Paris<br />
Tél. : 01 49 53 04 20<br />
DISTRIBUTION<br />
LES FILMS DU LOSANGE<br />
22, avenue Pierre 1er de Serbie - 75016 PARIS<br />
Tél : 01 44 43 87 15/16/17
SYNOPSIS<br />
Vous avez besoin d’un<br />
permis de construire ?<br />
Vous êtes seul un soir ?<br />
Appelez la bienfaitrice<br />
nationale, Mme Aldjéria :<br />
elle vous arrange ça. Celle qui<br />
s’est donné le nom du pays ne<br />
recule devant aucune combine<br />
pour survivre dans l’Algérie<br />
d’aujourd’hui. Pour peu qu’elles<br />
soient jolies et peu scrupuleuses,<br />
ses recrues peuvent faire carrière.<br />
La dernière, Paloma, fait grand<br />
effet, en particulier sur Riyad,<br />
le fils de Mme Aldjéria.<br />
Le rachat des Thermes de<br />
Caracalla, le rêve qui devait<br />
permettre au clan d’Aldjéria<br />
de changer de vie, sera l’affaire<br />
de trop.<br />
3
ENTRETIEN AVEC<br />
<strong>NADIR</strong> MOKNECHE<br />
Tewfik Hakem : On sortant de Délice<br />
Paloma, j'ai envie de dire qu'on se croirait<br />
dans La Dolce Vita : on roule en SUV, on<br />
s'habille en Chanel, on flambe dans les<br />
cabarets en buvant du champagne, on<br />
danse dans des cinémas, on déjeune sous<br />
une pergola, on déguste des sorbets au<br />
jasmin, on fait de l'esprit, on se prend<br />
pour un détective privé, on joue à la callgirl.<br />
Mais comme dans La Dolce Vita, il y<br />
a des lendemains qui déchantent. On ne<br />
sait plus, après ce voyage de deux heures<br />
dix à travers l'Alger actuel, si tout est bien<br />
qui finit mal ou tout est mal qui finit bien ?<br />
Nadir Moknèche : On peut dire les deux, mais<br />
comme je ne suis pas un adepte du manichéisme,<br />
je ne parlerai ni de bien, ni de mal. La<br />
Dolce Vita de Fellini évoque une bourgeoisie<br />
décadente. Délice Paloma brosse le portrait<br />
d'un « petit peuple » qui, pour s'en sortir, imite<br />
des comportements qui ne sont pas les siens.<br />
C'est l'histoire d'une femme en quête d'ascension<br />
sociale dans un pays en pleine mutation.<br />
Zineb Agha, alias Madame Aldjéria part avec<br />
quelques handicaps : c'est une femme seule,<br />
dans la cinquantaine, d'origine modeste, un<br />
fils issu d'un père inconnu… Pour survivre, elle<br />
a forcément fait un peu de tout, jusqu'à vendre<br />
« un peu d'amour pour alléger la solitude de<br />
certains hommes ». Comment vivre, s'en sortir<br />
dans un univers de combines, de bouts de ficelles,<br />
un pays de passe-droits et de chipa (pot de<br />
vin) ?<br />
T.H. : C'est aussi une société bouleversée,<br />
en recherche d'elle-même, sous influences<br />
multiples et souvent contradictoires,<br />
avec le passage difficile d'une économie<br />
socialiste à une économie de marché,<br />
après une guerre civile de dix ans qui finit<br />
de faire voler en éclats tous les mythes<br />
fédérateurs : socialisme, panarabisme,<br />
nationalisme et même l'islamisme ! Il y a<br />
une scène du film qui résume ce profond<br />
7
changement, comme un témoignage<br />
fidèle de l'Algérie d'aujourd'hui, c'est la<br />
séquence des enchères au cabaret « Le<br />
Miami ».<br />
N.M. : C'est vrai que cette séquence s'inscrit<br />
totalement dans notre époque. Elle a été filmée<br />
comme un documentaire. C'est une scène<br />
qui sort directement d'un cabaret algérois de<br />
2006. Je savais que dans les campagnes, on<br />
pratiquait des joutes poétiques et des injures<br />
rituelles, mais je n'imaginais pas ce détournement.<br />
Quand j'ai vu la première fois Cheb Rafik<br />
(le chanteur) haranguant sans aucun tabou les<br />
clients, j'ai été frappé par l'énergie, la verve,<br />
jusqu'à cette manière vindicative d'un prêcheur<br />
religieux. Et ces types qui exhibent, brûlent<br />
tant d'argent, juste pour le plaisir d'entendre<br />
une chanson ou de railler quelqu'un, alors que<br />
dehors d'autres sont dans le dénuement le plus<br />
total. On raconte que dans les années 90, un<br />
homme qui avait échappé à des islamistes lors<br />
d'un faux barrage s'était promis que s'il arrivait<br />
à bon port à son cabaret, il ferait don de sa<br />
BMW. Et c'est ce qu'il a fait.<br />
LE FACE A FACE<br />
MME ALDJERIA/<br />
PALOMA<br />
T.H. : Parlons-en ! Si les Algériens sont tous<br />
marqués par les traumatismes des années<br />
90, les protagonistes de Délice Paloma<br />
veulent à tout prix les oublier. Et chacun<br />
essaye avec ses moyens de s'adapter.<br />
L'argent est maître !<br />
N.M. : L'argent devient le nerf de la guerre<br />
parce qu'on ignore de quoi demain sera fait. Il<br />
faut donc gagner de l'argent rapidement.Alors<br />
on fait « des affaires » dans une économie<br />
basée essentiellement sur l'import, la rente<br />
pétrolière et tout un secteur de « bazar ».<br />
Au Miami, toute « la nouvelle économie » est là,<br />
y compris les prostitué(e)s et les Chinois… Mr<br />
Zhang représente ce changement, cette fascination<br />
des Algériens, par les succès économiques de<br />
la Chine. On raconte qu'il y aurait 40 000 Chinois<br />
en Algérie, essentiellement dans le bâtiment.<br />
L'exemple le plus symbolique est la construction<br />
du Sheraton d'Alger, sous-traitée à une entreprise<br />
chinoise qui a ramené sa propre main d'œuvre.<br />
Dans une société corrompue, Mme Aldjéria,<br />
qui s'est donnée le nom du pays, a choisi d'être<br />
« intermédiaire ». Une place qui lui permet de<br />
se dire « bienfaitrice nationale ». Lorsque Mme<br />
Aldjéria rencontre Rachida, elle est envoûtée<br />
par sa beauté d'abord, mais surtout par sa<br />
liberté et son innocence. Elle va jusqu'à la<br />
rebaptiser Paloma, du latin Palumba (colombe),<br />
et la présenter à son fils. Lui qui n'aime que les<br />
oiseaux.<br />
T.H. : Il y a l'argent et la manipulation.<br />
Chacun manipule l'autre. Paloma est manipulée<br />
par Aldjéria, qui sera à son tour<br />
manipulée par l'ancien ministre des Droits<br />
de l'Homme et de la Solidarité Nationale.<br />
Tout un symbole !<br />
N.M. : Délice Paloma, c'est d'abord la jeunesse,<br />
l'ingénuité, face à l'endurcissement, au cynisme.<br />
T.H. : Est-ce que tu veux dire par là que<br />
Mme Aldjéria a des remords, qu'elle<br />
n'est pas complètement cynique ?<br />
N.M. : J'espère bien pour elle. Lors de la rencontre<br />
avec Paloma,Aldjéria prend conscience<br />
que sa propre corruption n'a pas encore<br />
étouffé en elle l'autre femme, celle qu'elle aurait<br />
pu être dans une société plus digne et plus<br />
8 9
juste. Elle veut changer de vie. Et son rêve est<br />
un rêve de petite fille. Retrouver les bains de<br />
son enfance.<br />
T.H. : N'empêche qu'elle veut garder tout<br />
le monde sous sa coupe, les enfermer dans<br />
le frigidarium des Thermes de Caracalla.<br />
Elle a ses tendances impériales.<br />
N.M. : L'empereur Caracalla est quand même<br />
celui qui a octroyé la citoyenneté romaine à<br />
tous les hommes libres de l'empire ! Mme<br />
Aldjéria est le personnage narrateur du film,<br />
elle ne va pas se mentir à elle-même. La voixoff<br />
nous fait entrer dans son intimité la plus<br />
secrète. Témoin de cela, le rêve cauchemardesque<br />
: les thermes transformés en bazar. Si<br />
ce n'était que pour garder tout le monde avec<br />
elle, une superette ferait l'affaire. Je prends cet<br />
exemple parce que c'est le désir de beaucoup<br />
d'Algériens d'ouvrir des supermarchés ou des<br />
centres commerciaux. Non, elle veut faire un<br />
retour aux sources, se laver de tout. Même<br />
quand elle sait qu'elle a tout perdu, elle rêve<br />
de son fils avec Paloma, des enfants, dans un<br />
train qui traverse l'Italie. Elle se voit au bar du<br />
train. De cette vision se dégage une atmosphère<br />
paisible, la paix avec soi-même. Ce n'est<br />
sûrement pas une mère névrosée et tyrannique.<br />
T.H. : C'est pour cette raison que tu as opté<br />
pour ce style de narration, cette construction<br />
faite d'allers-retours permanents<br />
entre passé et présent ?<br />
N.M. : C'est pour donner une conscience au personnage<br />
d'Aldjéria.Au moment présent, après<br />
10
sa sortie de prison, elle perçoit sa propre existence.<br />
Elle « fait le point » comme on dit, et du<br />
coup on découvre son immense humanité.<br />
L'IMAGE<br />
QU'ON SE FAIT<br />
DE L'ALGERIE<br />
T.H. : Et sa force incroyable ! En Occident,<br />
on a du mal à imaginer qu'une femme<br />
affranchie comme Mme Aldjéria puisse<br />
avoir une place dans une société arabomusulmane.<br />
Une femme algérienne, on<br />
l'imagine plutôt battue que battante. Et<br />
puis tout cet alcool !<br />
N.M. : Il coule à flot comme dans les contes<br />
des Mille et une nuits. Je ne raconte pas d'histoires<br />
édifiantes wahhabistes. Et Dieu merci,<br />
je ne suis pas encore financé par les pétrodollars.<br />
L'Islam ne se résume pas uniquement à<br />
des interdictions ou à un Dieu vengeur. Sur<br />
mille ans de civilisation, on n'a pas fait que<br />
chercher à savoir si le caviar était licite ou illicite,<br />
s'il faut dormir sur le dos ou sur le ventre.<br />
En Occident, on s'imagine beaucoup de choses<br />
sur ce fameux monde arabo-musulman. Avec<br />
un peu de bon sens, on voit bien que toutes les<br />
sociétés humaines fonctionnent de la même<br />
manière. Même si aujourd'hui, il y a confusion<br />
de repères, l'Algérie reste une société traditionnelle,<br />
croyante et superstitieuse, où chacun<br />
a une place. Mme Aldjéria a forcément sa<br />
place, en marge certes, mais une place quand<br />
même. La question, c'est de savoir si on peut<br />
en changer, et comment ?<br />
T.H. : Comment peux-tu expliquer qu'en<br />
France, malgré la proximité, on semble<br />
surpris par cette image que tu donnes de<br />
l'Algérie. Dans Délice Paloma encore plus<br />
que dans les films précédents. Un tournage<br />
entièrement en Algérie, de superbes<br />
paysages méditerranéens, ces champs de<br />
vigne que traverse Paloma, ce mausolée<br />
des premiers siècles, ces ruines romaines,<br />
et puis surtout cette mosaïque de personnages<br />
universels.<br />
N.M. : Les personnages autonomes et complexes<br />
tendent à réduire la frontière entre le<br />
« nous » et le « vous » et déçoivent les attentes de<br />
stéréotypes manichéens. Parfois on se demande<br />
si la perception de l'altérité culturelle n'en est<br />
pas restée fondamentalement à l'image des<br />
masses grouillantes des souks orientaux. Il<br />
reste qu'en France, il existe plusieurs mémoires<br />
algériennes, et des mémoires blessées. Voir<br />
l'Algérie comme un pays normal, un pays<br />
comme un autre, peut prendre un peu de<br />
temps. Les Algériens eux-mêmes ont souvent<br />
du mal à accepter leur image, à dévoiler leur<br />
intimité, plus par honte que par pudeur.<br />
Comme le dit si bien un adage algérois : « notre<br />
maison protège nos vices. »<br />
T.H. : Magnifique maison ! Un Alger qu'on<br />
voit de loin, de près, d'en haut, d'en bas,<br />
sur plan… Moi qui connais bien la ville, il<br />
reste un endroit que je n'arrive pas à<br />
situer. C'est le lieu de la rencontre de<br />
Riyad et de Baya avec le «Passeur». On a le<br />
sentiment de se trouver dans un bateau en<br />
mer, face à la ville.<br />
N.M. : En arabe on appelle cet endroit le myzwar,<br />
à cause du musoir. C'est l'ancienne piscine<br />
du R.U.A, (Racing Universitaire d'Algérie).<br />
Piscine aménagée dans le port, construite sur<br />
une jetée. Pour y aller, il faut emprunter une<br />
barque. C'est là que Visconti a filmé la rencontre<br />
de Meursault (Marcello Mastroianni) et Marie<br />
(Anna Karina) dans L'Étranger (1967). On a<br />
une vue imprenable sur Alger. On peut même<br />
apercevoir l'immeuble Lafayette où se trouvent<br />
l'appartement et le bureau de Mme<br />
Aldjéria.<br />
ENQUÊTRICE,<br />
MAQUERELLE,<br />
BIENFAITRICE<br />
NATIONALE<br />
T.H. : Quelle est l'idée de départ du film ?<br />
N.M. : De mon désir de propulser une fois de<br />
plus Biyouna dans l'univers urbain d'Alger. On<br />
se fréquente depuis 1999, on a fait deux films<br />
ensemble, c'est dire qu'on se connaît bien.<br />
Dans la vie, Biyouna est une véritable icône<br />
populaire, qui garde le courage et l'irrévérence<br />
de ses débuts. Elle m'a fait découvrir et même<br />
plonger dans le milieu interlope d'Alger.Tradi-<br />
13
tionnellement, il existe dans la société algérienne<br />
des personnes qui s'occupent de faire<br />
des enquêtes de mœurs pour le compte des<br />
familles voulant marier leur fils ou leur fille. A<br />
Rome ou Naples ce type d'« enquêteur » s'affiche<br />
en quadrichromie dans les Pages Jaunes,<br />
mais en Algérie cela n'a rien d'officiel : pas de<br />
bureau, pas de TVA ! Il y en a d'autres, plus<br />
« modernes », qu'on sollicite pour régler des<br />
problèmes, faire agir le piston qui manque<br />
dans une affaire, l'indispensable passe-droit. Le<br />
travail de fiction débute à partir de la réunion<br />
de ces deux types de « personnages ». Et pour<br />
stimuler mon imagination, je me mets à penser<br />
à une marraine Sicilienne. Durant les répétitions,<br />
Biyouna a imprimé de sa personnalité,<br />
de sa nature, de son tempérament, le rôle<br />
d'Aldjéria, et lui a donné l'humour cruel et réaliste<br />
du petit peuple d'Alger.<br />
T.H. : Qui dit marraine, dit maffia. Dans la<br />
presse algérienne, on utilise souvent l'expression<br />
« la maffia politico-financière »,<br />
pour désigner les forces occultes qui présideraient<br />
aux destinées de cette société<br />
frappée par la corruption.Tu as pensé à ça ?<br />
N.M. : Je crois que c'est après l'assassinat du<br />
président Boudiaf en 1992, que cette expression<br />
a été lancée. On se plaint de la corruption, mais<br />
presque tout le monde est corrompu. Chacun<br />
veut se sentir supérieur à l'autre en exerçant son<br />
passe-droit. La maffia fait rêver les Algériens.<br />
J'ai récemment entendu une chanson d'un rappeur<br />
algérois qui rêve d'aller à Naples, de devenir<br />
camorriste et d'épouser une chinoise. Beau<br />
programme !<br />
LE FACE A FACE<br />
SHEHERAZADE/<br />
PALOMA<br />
T.H. : Les affaires d'Aldjéria sont bien réelles<br />
: Mme Bellil et l'affaire de l'Alhambra,<br />
La Fleur du Jour, jusqu'à la prostitution.<br />
Sur le coup, on ne se rend pas vraiment<br />
compte de la dureté du film, c'est en sortant<br />
que l'on se dit que Shéhérazade n'a<br />
pas d'autre choix que celui d'épouser un<br />
barbu, de prendre le voile. Encore une fois,<br />
c'est Nadia Kaci, ton autre actrice fétiche,<br />
qui se retrouve dans le rôle de la prostituée,<br />
pudiquement appelée collaboratrice.<br />
Une putain magnifiée !<br />
N.M. : C'est Nadia Kaci qui est magnifique. Il<br />
y avait le désir de retrouver sa beauté botticellienne<br />
sous un soleil d'été, de la faire déambuler<br />
dans les rues d'Alger. Elle qui est si algéroise<br />
avec ce côté populaire et en même temps aristocratique.<br />
Dans la société algérienne, on n'appelle<br />
jamais un chat, un chat. On parle<br />
d'escorte, jamais de prostitution. Shéhérazade<br />
est un des résultats de l'échec de l'émancipation<br />
des femmes. Pour une femme, quelque soit son<br />
niveau intellectuel, le mariage reste l'unique<br />
projet d'avenir. Point de salut en dehors du<br />
mariage. Baya, l'autre « collaboratrice », pense<br />
que la solution est de partir en Espagne.<br />
Shéhérazade n'a ni la force, ni la détermination<br />
de Baya ou de Mme Aldjéria. On peut aussi<br />
parfaitement comprendre qu'elle veuille changer<br />
de vie, son désir de maternité. L'irruption de<br />
Paloma va l'écorcher, lui rappeler son âge, sa<br />
condition. En plus, elle ressent cela comme une<br />
infidélité. Aldjéria qui se prend une jeunette.<br />
Alors, devant cette fontaine qui affranchit de<br />
toute condition temporelle, Shéhérazade fait<br />
un vœu. Le choix pour le barbu se fait natu-<br />
rellement. C'est un choix radical, mais je ne<br />
crois pas qu'il y en ait d'autres. De la putain, à<br />
la maman, à la sainte.<br />
T.H. : L'Islamiste n'est pas le pire des<br />
salauds. Loin de là, il est même sympathique<br />
quand il rencontre Shéhérazade.<br />
N.M. : Je ne crois pas qu'il y ait vraiment de<br />
salaud dans le film. Même M. Benbaba peut<br />
paraître touchant. En ce qui concerne Bilal, le<br />
mari de Shéhérazade, on ne va pas se mettre<br />
à instrumentaliser les personnages, les diaboliser<br />
sous prétexte qu'ils sont islamistes, ou les<br />
glorifier sous prétexte qu'ils sont victimes. Ça<br />
n'a jamais donné des bons films. Je ne dis pas<br />
que c'est toujours facile d'échapper aux poncifs<br />
et aux clichés. Mais, il ne faudrait pas que le<br />
Barbu remplace le personnage de l'Arabe antipathique,<br />
ou le Perse « barbare », qu'on a vu<br />
dans un récent film. Le mari de Shéhérazade<br />
est un individu comme les autres. Maintenant,<br />
il faudrait voir pourquoi il a fait ce choix radical.<br />
C'est un sujet de film en soi. Ce qu'on peut<br />
dire, c'est que s'infliger un tel mode de vie est<br />
une violence contre soi, et sûrement pas un<br />
retour aux sources. Et très souvent cette violence<br />
se retourne contre les autres.<br />
14 15
“J'AI PEUR QU'IL SOIT<br />
AMOUREUX CELUI-LA !“<br />
T.H. : Paloma, elle, a subit aussi bien la violence<br />
de sa famille que celle des terroristes<br />
islamistes. Et, c'est peut-être le seul<br />
personnage, avec Mina, la sœur de Mme<br />
Aldjéria, qui n'a pas de projet. Elle ne<br />
cherche pas de moyens pour « arriver ».<br />
N.M. : Etant sourde et muette, Mina dépendra<br />
toujours du bon vouloir des autres. Paloma ne<br />
connaît pas la vie, mais elle la vit avec énergie,<br />
grâce et simplicité. Elle connaît la violence, la<br />
véritable violence. Elle habite dans une maison<br />
isolée à Tipaza, région qui, jusqu'en 2001, était<br />
pratiquement sous contrôle terroriste. Elle a<br />
de la compassion, de la tendresse, de l'humanité,<br />
elle ne se plaint pas, chose rare en Algérie,<br />
où tout le monde blâme tout le monde, où chacun<br />
met la faute sur l'autre.<br />
T.H. : N'empêche qu'elle accepte l'argent<br />
que lui propose Aldjéria.<br />
N.M. : Qu'elle redonne aussitôt à sa sœur. Sa<br />
liberté lui permet toutes les transgressions, et<br />
son innocence radicale la rend inaccessible,<br />
exigeante. Une exigence qu'elle reporte sur<br />
celui qu'elle veut aimer, Riyad.<br />
T.H. : Pourtant durant tout le film, on se<br />
pose la question : Riyad est-il capable d'aimer<br />
?<br />
N.M. : Aimer ! Mais c'est la seule chose dont<br />
il soit capable. Aimer les oiseaux, aimer les<br />
putains de sa mère, aimer un père imaginaire<br />
qui est sensé vivre au-delà de la mer. Aimer<br />
est la seule chose qu'on laisse faire à Riyad :<br />
mais on ne vit pas que d'amour, il faut au<br />
moins aussi de l'eau fraîche, et on ne le laisse<br />
même pas avoir soif. On dit : « que demander<br />
d'autre quand on a l'amour ? ». Mais la vie<br />
simplement, avec toutes ses aspérités passionnantes.<br />
Dans une société bloquée, il y a une<br />
première couche de gens qui s'en sortent,<br />
comme Aldjéria, mais la liberté qu'ils conquièrent<br />
se fait au détriment d'une deuxième couche<br />
de gens qui sont eux doublement écrasés.<br />
Riyad ne peut que disparaître.<br />
T.H. : On a donc bien là une mère possessive<br />
?<br />
N.M. : Je n'ai pas dit le contraire. J'ai juste dit<br />
qu'Aldjéria n'était pas une mère tyrannique et<br />
névrosée.<br />
T.H. : La scène la plus troublante du film<br />
est celle où Mme Aldjéria voit son « business<br />
de prostitution » se retourner contre<br />
elle. Au lieu qu'on demande « une fille »<br />
comme cela se fait habituellement, on<br />
exige « son fils ». Elle est perdue notre<br />
16
marraine, accablée, elle ne trouve plus ses<br />
mots. Elle erre dans les jardins et on comprend<br />
que c'est le début de la fin…<br />
N.M. : C'est peut-être là qu'elle se dévoile<br />
totalement. « Tu n'es pas à ça près ! » réplique<br />
Maître Djaffar. Et bien si, Mme Aldjéria n'est<br />
pas prête à « vendre » son fils. Dans Délice<br />
Paloma, on rêve aussi de maternité :<br />
Shéhérazade en premier. Mme Bellil, dont le<br />
mari a été incapable de lui faire un enfant. Et<br />
la femme de l'ancien ministre, qui a « toujours<br />
rêvé d'avoir un garçon. ». La Fleur du Jour est<br />
tenue par une mère et son fils.<br />
FAIRE SON<br />
CINEMA AVEC<br />
LES FEMMES<br />
T.H. : Parlons de tes femmes au cinéma ! Le<br />
plus souvent, on te qualifie d'Almodóvar<br />
algérien, mais Mme Aldjéria pourrait sortir<br />
d'une pièce de Tennessee Williams,<br />
déambulant dans une nuit d'été avec son<br />
peignoir en satin, se servant un verre de<br />
whisky avant de monter à la terrasse pour<br />
prendre amoureusement son fils dans ses<br />
bras. Dans son bureau, elle est un Mike<br />
Hammer qui tente d'embobiner ces<br />
clients. Pour les dialogues, c'est la tradition<br />
du cinéma français : « Il ne faut jamais<br />
boire seul, qui boit seul trinque avec le<br />
diable. » On imagine bien Arletty disant<br />
ça. La situation, les personnages, le climat,<br />
la lumière rappellent plutôt le cinéma italien<br />
avec des références à la peinture et à une<br />
culture catholique. Et moi, j'étendrai au<br />
cinéma égyptien et même indien avec le<br />
travelling coup de foudre Paloma / Riyad.<br />
Avec ce troisième film, un style s'affirme,<br />
et une question se pose. Quel est ton parcours<br />
? Tes références cinématographiques ?<br />
N.M. : Mon premier film, je devais avoir à<br />
peine cinq ans, c'était avec mon oncle, un western<br />
dans un cinéma de quartier à Belcourt. J'ai<br />
dormi tout le long. Je ne me souviens que de la<br />
salle, de l'écran… À l'âge de l'école buissonnière,<br />
j'allais voir un peu de tout. Je me souviens<br />
avoir acheté des places au marché noir, tellement<br />
il y avait du monde, pour aller voir Adieu<br />
ma Jolie. Jusqu'au début des années 80, il y<br />
avait encore pas mal de salles à Alger. Les films<br />
étaient uniquement en version française. C'est<br />
en arrivant à Paris, que j'ai découvert la version<br />
originale et le cinéma dans sa profusion.<br />
T.H. : Tu n'es pas venu à Paris pour faire du<br />
cinéma ?<br />
N.M. : Je voulais partir de la maison, voir ailleurs.<br />
Et pour un Algérien, le premier ailleurs<br />
reste l'ancienne métropole. J'ai fait quelques<br />
18<br />
19
années de droit à la faculté de Malakoff, et<br />
puis j'ai fini par prendre des cours de théâtre,<br />
d'abord dans une école privée, puis à l'école du<br />
théâtre national de Chaillot. Et pour sortir de<br />
la relation passionnelle du couple franco-algérien,<br />
je suis allé à Londres, puis New York, pour<br />
suivre deux ans de cours de cinéma à l'université<br />
(The New School for Social Research).<br />
L'Italie, où je séjourne régulièrement depuis<br />
une quinzaine d'années, est une influence<br />
importante aussi, source d'une fascination<br />
pour la Renaissance et l'Antiquité.<br />
UN FILM<br />
FRANÇAIS OU<br />
ALGERIEN ?<br />
T.H. : Ce parcours fait de toi un outsider,<br />
tenu par aucune tradition ou style, un être<br />
relativement libre. Et justement, c'est ce<br />
qui t'avait été reproché par certains critiques<br />
algériens : par exemple de filmer des<br />
histoires algériennes en français.<br />
Personnellement, j'aurais aimé entendre<br />
plus de ce savoureux dialecte, ce francarabe<br />
qu'on entend dans la bouche du<br />
chauffeur de taxi ou de Shéhérazade.<br />
N.M. : Tu fais référence à la conférence de<br />
presse qui a eu lieu à Alger lors de la sortie de<br />
Viva Laldjérie en avril 2004. Ce qui est paradoxal,<br />
c'est que ce reproche de tourner en français<br />
vient le plus souvent de journalistes<br />
francophones. Il est naturel pour moi d'écrire<br />
dans cette langue. J'ai appris le Français à<br />
l'école algérienne avec des professeurs algé-<br />
riens. Il y a 16 millions d'Algériens qui parlent<br />
français, près de 50% de la population. Le français<br />
est aussi notre langue. Ce qu'on perd en<br />
authenticité en écrivant les dialogues en français,<br />
on le gagne en subtilité et en richesse de<br />
vocabulaire.<br />
T.H. : Cela peut prêter à confusion pour un<br />
spectateur complètement étranger à cette<br />
histoire, d'autant plus que tes films sont<br />
financés en France. Délice Paloma est un<br />
film français ou algérien ?<br />
N.M. : L'ironie du sort, c'est qu'après les indépendances<br />
des pays du Maghreb, Paris est<br />
devenu leur capitale culturelle. Pas seulement<br />
dans la production cinématographique, mais<br />
aussi dans l'édition, la recherche… Mes films<br />
me ressemblent, et ressemblent à beaucoup<br />
d'entre nous qui sont le fruit de cette histoire<br />
franco-algérienne, histoire douloureuse certes,<br />
mais c'est notre histoire. Quand tu es à Alger<br />
et que tu vas dans une boulangerie pour acheter<br />
une baguette ou un mille-feuille, tu ne te<br />
poses pas la question de savoir si c'est français<br />
ou algérien. Il ne faudrait pas qu'un jour, on<br />
veuille arracher les figuiers parce qu'ils<br />
auraient été introduits par les phéniciens.<br />
T.H. : Tu ne peux pas ne pas prendre en<br />
compte la fragilité de l'identité algérienne<br />
et la volonté de la reconstruire. L'Algérie<br />
a subi, par exemple, plusieurs réformes de<br />
l'enseignement. Depuis 1981, le français<br />
est enseigné comme une langue étrangère,<br />
et l'Algérie ne fait pas partie de la francophonie<br />
institutionnelle.<br />
N.M. : Les Grecs, en se forçant d'effacer toute<br />
empreinte turque, n'ont pas pour autant ressuscité<br />
Platon. Ce que je sais, c'est que l'Algérie<br />
souffre aujourd'hui de l'échec des tentatives<br />
de création autoritaire d'une identité nationale,<br />
et que les premières victimes, c'est bien<br />
nous.<br />
LE CASTING<br />
EST UN HOMMAGE<br />
AUX BÂTARDS ?<br />
T.H. : Tu as parlé de pénurie d'acteurs en<br />
Algérie. Comment s'est déroulé le casting ?<br />
Je sais qu'il a eu des annonces partout,<br />
dans plusieurs quotidiens arabophones et<br />
francophones.<br />
N.M. : On a vu plus de mille personnes en casting<br />
à Alger. La majorité ne sont pas acteurs. Il<br />
y a par contre des personnalités particulières,<br />
des présences fortes, a qui l'on a attribué des<br />
rôles comme celui de Baya, du Passeur, Sarah<br />
la réceptionniste… Et qui donnent des personnages<br />
quasi-documentaires, reflétant l'Algérie<br />
d'aujourd'hui. Il y a eu des gens d'une très<br />
grande générosité, comme en témoigne la touchante<br />
interprétation de Hafsa Koudil du personnage<br />
de Mme Bellil.Aussi quelques acteurs<br />
connus : Ahmed Benaïssa (M. Bellil). Pour les<br />
rôles de Riyad et Paloma, qui nécessitent une<br />
interprétation, qui demandent une évolution<br />
du personnage, il a fallu chercher ailleurs.<br />
20 21
T.H. : J'ai appris au sujet de Nadia Kaci,<br />
qu'en France on ne lui donnait jamais de<br />
rôles d'Algérienne parce qu'elle est trop<br />
blanche. Elle ne peut pas non plus jouer<br />
une française, puisqu'elle est algérienne.<br />
Dans Délice Paloma, Riyad est interprété<br />
par un Maroco-Suédois, Paloma par une<br />
Argentine. Il y aussi des acteurs français<br />
comme Attica Guedj, Victor Haïm.Tu ne<br />
sembles pas t'embarrasser de ce type de<br />
considérations.<br />
N.M. : Moi, je fais de Nadia Kaci une rousse,<br />
et comme j'aime Les Demoiselles de<br />
Rochefort, j'accentue son côté Françoise<br />
Dorléac. Comme Paradjanov, je profite de la<br />
mosaïque humaine que m'offre mon Caucase<br />
à moi. Un Algérien ne se résume pas à une<br />
couleur de peau. C'est une énergie, une gestuelle,<br />
un regard. Daniel Lundh a parfaitement<br />
réussi à adopter cette démarche traînante,<br />
indolente d'un jeune algérois. La manière d'Aylin<br />
Prandi de veiller sur « sa petite fleur » est très<br />
fidèle à celle d'une jeune fille de Tipaza, sans<br />
parler de sa danse orientale. Il faut juste se<br />
donner la peine de s'installer à une terrasse de<br />
café algérois, par exemple, et d'observer les<br />
gens déambuler.<br />
T.H. : Tu parles de Caucase et on sait que<br />
les Janissaires, ces soldats esclaves ottomans<br />
qui ont gouverné l'Algérie à partir<br />
du XVIe siècle, viennent en majorité de<br />
cette région du monde. Plusieurs personnages<br />
sont liés à l'histoire algérienne :<br />
Paloma habite face à un mausolée maure du<br />
IV e siècle. Mme Bellil s'accroche à L'Alhambra,<br />
« son palais arabe ». Les patrons de La<br />
Fleur du Jour veillent jalousement sur leur<br />
héritage colonial. Mais, parlons d'abord<br />
de Riyad et de son père inconnu. La seule<br />
chose qu'on sait, c'est qu'il est Italien.<br />
Mme Aldjéria s'adresse à la caméra pour<br />
nous le dire. Elle-même serait une descendante<br />
de Janissaires.Ta manière d'aborder<br />
la question de l'identité en Algérie, c'est<br />
de rendre un hommage aux bâtards ?<br />
N.M. : C'est une manière de faire un peu d'histoire.<br />
C'est surtout une formidable énergie que<br />
veut insuffler Mme Aldjéria à son fils. Quoi de<br />
plus valorisant que de savoir que des esclaves,<br />
et donc des bâtards, ont été à la tête d'un<br />
immense empire. Si inconsciemment Mme<br />
Aldjéria rêve de porter la couronne de<br />
Caracalla, elle se comporte en réalité comme<br />
un Janissaire. Le fonctionnement de la maison<br />
est proche de celui d'une caserne. La manière<br />
d'enlever Paloma à sa famille, de la faire entrer<br />
dans le clan… On est dans la culture du corps<br />
de cette garde prétorienne de l'Empire Ottoman.<br />
C'est l'amour qui va précipiter la chute.<br />
Enfreindre une des règles de l'ordre : le célibat.<br />
LES GUERRES<br />
D'ALGERIE<br />
T.H. : Pour un soldat, Mme Aldjéria n'est<br />
pas tout à fait courageuse face à cette<br />
femme qui vient lui demander de retrouver<br />
son fils disparu. La guerre civile ressurgit<br />
dans le film à travers cette mère. Il y<br />
aurait eu en Algérie 20 000 disparus selon<br />
la Ligue des Droits de l'Homme.<br />
N.M. : En détournant le regard, Mme Aldjéria<br />
veut oublier. Oublier, pas parce qu'elle ne se<br />
sent pas concernée : elle possède la liste des<br />
associations des droits de l'homme. Oublier,<br />
parce qu'elle sait qu'elle est impuissante. Et c'est<br />
cette impuissance qu'on perçoit dans ses yeux.<br />
T.H. : Mais pourquoi la mère d'un disparu ?<br />
N.M. : Il m'est souvent arrivé de croiser ces<br />
femmes devant l'Observatoire Algérien des<br />
Droits de l'Homme. Tant qu'il reste une<br />
mémoire vivante, un disparu n'est pas tout à<br />
fait mort tant que le corps n'a pas été retrouvé.<br />
Quelques mois avant le tournage, je suis allé<br />
rendre visite à mon vieil oncle qui était au seuil<br />
de la mort. La seule chose dont il m'a parlé, et<br />
pour la première fois, c'était de vouloir retrouver<br />
la tombe de son père, mon grand-père.<br />
Pendant la guerre d'Algérie, mon grand-père<br />
paternel avait été arrêté et conduit dans un<br />
camp d'internement. On ne l'a jamais plus<br />
revu. On connaît maintenant les pratiques de<br />
l'armée française en Algérie. Après son exécution,<br />
s'il n'a pas été donné aux chacals, il aura<br />
été au mieux enterré dans une fosse commune.<br />
On croyait que cet événement était passé,<br />
oublié. Non, ça revient plus de 40 ans après.<br />
22 23
LE RÊVE<br />
ALGERIEN<br />
T.H. : Mme Aldjéria a payé sa dette envers<br />
la société par trois ans de prison. Mais ce<br />
qui est terrible, c'est qu'elle a subi aussi la<br />
vengeance populaire, celle des voisins. Si<br />
tu parles d'une société plus digne et plus<br />
juste, est-ce qu'on n'appellerait pas ça le<br />
rêve européen de Mme Aldjéria : ce train<br />
qui traverse l'Italie. Donc le rêve de<br />
l'Algérien que tu es ?<br />
N.M. : Si je suis venu à Paris, ce n'est pas parce<br />
que j'avais faim. Ce n'est ni la misère, ni la<br />
guerre, qui a fait que j'ai choisi l'Europe. C'est<br />
parce que les sociétés occidentales restent plus<br />
égalitaires que les nôtres. Qu'il y a eu au XVe<br />
siècle cette superbe révolution artistique et<br />
intellectuelle qu'on appelle la Renaissance.<br />
L'homme se découvre lui-même, il découvre<br />
son identité, son visage, son corps, et ce que<br />
suppose l'existence d'une conscience unique et<br />
individuelle. L'homme devient le centre de<br />
l'univers. Il est maître de son destin. Tout<br />
comme c'est le désir, conscient ou inconscient,<br />
de ces hommes qui tentent de traverser le<br />
détroit au risque de leur vie.<br />
T.H. : Ce n'est pas pour trouver l'Eldorado ?<br />
N.M. : Ils savent très bien que l'Eldorado<br />
n'existe pas. La télévision par satellite est partout<br />
dans le monde. On a tous vu les récentes<br />
émeutes dans les banlieues françaises, ou les<br />
violences racistes d'El Ejido en Espagne.<br />
Malgré cela, je n'ai jamais rencontré un<br />
Algérien me dire qu'il rêve de s'installer en<br />
Arabie Saoudite, et pourtant c'est un pays riche<br />
et musulman. Riyad sait très bien qu'il ne<br />
retrouvera jamais son père. Et Baya sait parfaitement<br />
ce qui l'attend.<br />
T.H. : Quand je t'entends parler ainsi, un<br />
homme au centre du monde, je ne peux<br />
24 25
pas ne pas penser au film de Pasolini,<br />
L'Évangile selon Saint Matthieu, un film<br />
dédié à Jean XXIII. Dans Délice Paloma,<br />
on apprend la visite de ce pape aux thermes.<br />
Et surtout l'apparition de la sœur de<br />
Paloma enceinte, qui fait référence à l'apparition<br />
de la Vierge dans le film : même<br />
décor, même physique d'actrice. Il y a aussi<br />
une fresque à la fontaine des thermes<br />
représentant Saint Jean-Baptiste et unetoile<br />
dans le salon d'Aldjéria avec la<br />
Sainte Famille. Quel est ton lien à toute<br />
cette culture ?<br />
N.M. : Je peux aussi te dire qu'il y a dans<br />
Délice Paloma d'autres références, entre<br />
autres au film de Monteiro, La Comédie de<br />
Dieu. Je vois par ta question ce qui semble te<br />
troubler en tant qu'Algérien. L'islam est une<br />
religion abrahamique qui prend en compte les<br />
autres révélations monothéistes. L'univers du<br />
catholicisme ne nous est donc pas étranger, ni<br />
sa pratique. Dans notre Islam populaire, organisé<br />
autour du culte des saints, Jean-Baptiste,<br />
Sidi Yahya, a pleinement sa place. Tu parlais<br />
de mon style qui s'affirme avec ce film. Je ne<br />
sais pas si c'est un style, mais ma passion me<br />
pousse à m'emparer de toute forme, tout<br />
matériau, qui me paraît nécessaire à la réalisation<br />
d'un film. Le cinéma, art populaire, tisse<br />
une tapisserie de références culturelles, mythiques,<br />
religieuses, qui donnent sens au film. Le<br />
spectateur est libre de dénouer et recomposer<br />
en puisant dans sa propre existence. ■<br />
Tewfik Hakem est journaliste et producteur à France Culture.<br />
27
LES OISEAUX<br />
D'ALGER<br />
« Vous entendez !<br />
Des chardonnerets. »<br />
Dans Délice Paloma, Riyad élève des<br />
oiseaux. Il perpétue ainsi une vieille<br />
tradition. À Alger, on aime la compagnie<br />
des oiseaux chanteurs depuis toujours.<br />
Le chardonneret, el maqnine en algérois, est<br />
l'oiseau le plus prisé pour sa beauté et surtout<br />
son chant. Un chant indispensable à<br />
l'univers sonore d'Alger, un chant qui a marqué<br />
et inspiré depuis des siècles les poètes et<br />
les chanteurs du pays. On tient encore des<br />
concours de chants de chardonneret. Sa réputation<br />
d'oiseau fier fait dire que lorsqu'il est<br />
battu au chant, il se vexe, arrête de respirer,<br />
et se met en boule, ibouli. Certains d'entre<br />
eux pousseraient « le boulage » jusqu'à la<br />
mort. Le mulet, issu d'une mère canari et d'un<br />
père chardonneret, est plus beau et meilleur<br />
chanteur, mais comme son nom l'indique, il<br />
ne peut se reproduire. Actuellement, sur le<br />
marché des oiseaux, un beau chardonneret<br />
peut atteindre les 50.000 dinars (500 euros).<br />
29
MUSIQUES<br />
Tewfik Hakem - Dans tous tes films, tu<br />
accordes une place importante à la musique,<br />
et surtout au raï. Dans Délice<br />
Paloma, chaque chanson peut illustrer un<br />
personnage, une situation. C'est même une<br />
chanson qui déclenche les souvenirs de<br />
Mme Aldjéria : « Je pense à toi Paloma ».<br />
Nadir Moknèche : Il y a d'abord la musique<br />
originale qui est composée en grande partie<br />
avant le tournage. Pierre Bastaroli, avec qui je<br />
collabore depuis Viva Laldjérie, s'inspire des<br />
personnages sur scénario avant de voir les images.<br />
Et puis, il y a le raï. Le titre original de la<br />
chanson de Paloma est « Je pense à toi, je<br />
pense », une chanson de Houari Dauphin, du<br />
nom du cabaret oranais où il a débuté. Il raconte<br />
sa passion pour une fille particulière, une fille<br />
pas comme les autres, un peu comme Paloma.<br />
Le nom Paloma vient lui-même d'une chanteuse<br />
raï : Fatiha Paloma.<br />
T.H. - Pourquoi en particulier le raï ?<br />
N.M. : Le mot raï veut dire à la fois avis, opinion<br />
et désir. C'est l'expression de l'individualité<br />
dans une société où le clan doit l'emporter.<br />
Suivre uniquement son raï peut conduire<br />
à l'isolement, à se mettre au ban. J'ai commencé<br />
à écouter cette musique dans les<br />
années 80 avec cette chanson qui disait :<br />
« Rejoins-moi dans ma cabane et s'ils te surprennent,<br />
je te cacherais sous mon abondante<br />
chevelure ». Le « ils », ce sont tous ceux<br />
qui les empêchent de s'aimer. Il n'y a pas plus<br />
fort que le raï pour exprimer cette souffrance<br />
du manque d'amour, cette incapacité au bonheur…<br />
Actuellement le raï est la seule véritable<br />
expression populaire qui traduit sans<br />
détour la personnalité algérienne.<br />
T.H. : Et qui casse les tabous ! Ce n'est<br />
sûrement pas tout à fait anodin, si tu as<br />
pris Cheb Rafik dans ton film ?<br />
N.M. : Cheb Rafik interprète le répertoire de<br />
Cheb Abdou, grande figure du raï grivois.<br />
C'est lui qui a lancé en plein milieu des<br />
années de violence : « Ma tente est en feu,<br />
qu'on ramène les pompiers, la gendarmerie,<br />
la protection civile. » Sachant que la tente<br />
peut être aussi le sexe féminin... Pour moi le<br />
raï est plus qu'une musique, c'est une<br />
manière d'être, une philosophie de vie. Il faut<br />
être un raïman pour s'émouvoir à l'écoute d'un<br />
appel à la prière et aussitôt aller boire une<br />
bière. C'est ce qui me lie à Biyouna. Être un<br />
raïman. Je sais qu'en l'installant au bar et en<br />
lui faisant écouter « Mazel kayen l'espoir » (il<br />
y a encore de l'espoir), chanson du défunt<br />
Hasni, elle va se mettre à pleurer. Pas besoin<br />
de direction d'acteur. ■<br />
30 31
BIYOUNA<br />
BIYOUNA est née dans le quartier<br />
populaire de Belcourt au sein d'une<br />
famille citadine d'Alger. Dans les<br />
années 60, la petite Baya, ou plus affectueusement<br />
Biyouna, dansait dans des orchestres<br />
féminins et dans des prestigieux cabarets de<br />
l'époque tels « Le Copacabana » ou « Le<br />
Koutoubia ». En 1972, à l'âge de 19 ans,<br />
Biyouna décroche par hasard un petit rôle dans<br />
le cultissime El-Harrik, un feuilleton télévisé<br />
adapté de deux romans de Mohamed<br />
Dib(L'Incendie et La Grande Maison). Le succès<br />
du feuilleton est immense en grande partie<br />
grâce à la gouaille de Fatma, le personnage que<br />
la jeune Biyouna interprète avec un naturel<br />
alors encore inédit sur les écrans algériens.<br />
C'est ainsi que Biyouna, la danseuse des cabarets,<br />
devient une icône populaire, plus célèbre<br />
que sa diva de sœur, la chanteuse Faïza. Le<br />
personnage de Fatma, la touaychia, fille espiègle<br />
et déconneuse, va lui coller à la peau.<br />
Cantonnée dans le registre comique, Biyouna<br />
attendra longtemps avant qu'on lui propose<br />
un rôle dans un registre différent. Ce sera en<br />
1999, dans Le Harem de Mme Osmane, le<br />
premier film de Nadir Moknèche.<br />
« Non seulement Nadir m'a permis de sortir du<br />
rôle de la grande nouille sympathique parce<br />
que drôle, qui me collait à la peau, et du monde<br />
des sketchs où je tournais en rond depuis des<br />
lustres ; mais il m'a aussi permis de sortir pour<br />
la première fois d'Algérie. J'ai découvert la<br />
France, puis le Maroc. Je savais qu'il était fan<br />
de la Fatma du feuilleton El-Harrik, qu'il regardait<br />
enfant à la télé, mais je me demandais si<br />
moi en tant qu'actrice j'allais lui plaire. Le<br />
Harem de Mme Osmane, c'était le film de<br />
mon émancipation ! Je sortais d'Algérie où je<br />
vivais une période difficile, et je me suis<br />
retrouvée face à Carmen Maura dans un film<br />
dramatique. Enfin quelqu'un qui ne voyait pas<br />
en moi que la comique de service, enfin la<br />
chance se présentait pour me permettre de<br />
devenir ce que j'ai toujours rêvé d'être : une<br />
comédienne. À cinquante ans, je réalise mes<br />
rêves de 20 ans, voilà hamdoullah, Dieu soit<br />
loué, ça valait la peine de souffrir (rires…).<br />
Depuis, avec Nadir, j'ai tourné Viva Laldjérie<br />
et bien sûr Délice Paloma. En parallèle, j'ai<br />
enregistré en France deux albums de chansons<br />
Raid Zone (Warner Music 2001) et Blonde<br />
Platine dans la Casbah (Naïve 2006). J'ai fait<br />
un spectacle à l'Opéra Comique avec Fellag.<br />
J'ai joué le rôle du Coryphée dans Electre mise<br />
en scène par Philippe Calvario, en compagnie<br />
de Jane Birkin.<br />
Avec Nadir il y a trois phases de travail.<br />
D'abord la phase : « On se laisse aller et on<br />
rigole ». C'est quand il est en train d'écrire le<br />
scénario. Il vient à la maison, il m'en parle et<br />
il m'en fait parler. On sort la nuit, je me laisse<br />
aller et lui il s'inspire de tout : de moi et de mes<br />
amis, surtout de moi ! Ensuite quand il a terminé<br />
d'écrire, c'est la phase : « On se laisse<br />
aller, mais on ne rigole plus, on répète ». Pendant<br />
deux mois, j'allais le voir les après-midi<br />
dans son appartement à Alger, qui se trouvait<br />
dans le même immeuble que celui de Mme<br />
Aldjéria - ça devait bien l'inspirer ! Un café, et<br />
aussitôt répétitions jusqu'à la fin de la journée.<br />
Le soir, c'est sorties entre amis, discussions<br />
légères et commérages profonds. Nadir me<br />
conseille quelques films : Le Parrain de<br />
Coppola, Gloria de Cassavetes, et Jackie<br />
Brown de Tarantino, que j'ai adoré. Et moi, je<br />
lui conseille d'aller voir, dans tel ou tel cabaret,<br />
des chanteurs et des chanteuses que j'apprécie.<br />
Et puis arrive la troisième phase, le<br />
tournage, là c'est… : « On ne se laisse plus<br />
aller, on joue ! ». Il nous cite souvent ce proverbe<br />
chinois : « Jouer mal, c'est se duper soimême.<br />
Jouer bien, c'est duper les autres. » ■<br />
32 33
NADIA KACI<br />
Tewfik Hakem : Depuis la jeune fille timide,<br />
renfermée de Bab El Oued City (1994) à<br />
l'extravagante Shéhérazade, on retrouve<br />
toujours la même problématique de la femme<br />
algérienne, à savoir le statut de la femme<br />
dans une société patriarcale et musulmane.<br />
Nadia Kaci : Ce n'est un secret pour personne<br />
de dire que la condition féminine dans les pays<br />
musulmans est un problème récurrent. Avec le<br />
cinéma de Nadir, on a affaire avant tout à des<br />
individualités, à des personnalités. Et c'est un<br />
bonheur pour moi en tant qu'actrice. Dans Le<br />
Harem de Mme Osmane, La Rouquine est une<br />
femme pragmatique. Elle accepte à certaines<br />
conditions d'être une seconde épouse. Dans<br />
Viva Laldjérie, Fifi est frivole. Elle est dans la<br />
joie et la légèreté. Elle aime sa vie et la mène<br />
au jour le jour sans trop se poser de question.<br />
Shéhérazade, elle, est dans un questionnement<br />
constant sur son devenir. Elle souffre en cachette.<br />
C'est en cela qu'elle est très algérienne. J'ai<br />
bien aimé que le point de départ de ce personnage<br />
soit une femme errante, tellement<br />
démunie, qu'on croit qu'elle a perdu la raison.<br />
Et comme tous ces petites gens, elle est très<br />
reconnaissante envers celle qui l'a sortie du «<br />
square ». Elle met toute son énergie pour réaliser<br />
le rêve de Mme Aldjéria. Tu vois bien, on<br />
est loin des clichés de la femme arabe.<br />
T.H. : En plus tu es rousse dans le film.<br />
Nadir parle souvent de ta beauté botticellienne.<br />
Ce n'est sûrement pas l'image<br />
qu'on se fait d'une Algérienne. Comment<br />
as-tu abordé le personnage ?<br />
N.K. : Certains réalisateurs aiment que leurs<br />
personnages ressemblent aux comédiens ou<br />
plutôt, à l'image qu'ils s'en font. Avec Nadir<br />
ce n'est pas le cas.Transformer un acteur ne lui<br />
fait pas peur. Au contraire, il adore. Ça tombe<br />
bien, moi aussi. On s'est beaucoup amusé à<br />
travailler sur le look de Shéhérazade. Dans les<br />
cabarets d'Alger, on voit beaucoup de filles en<br />
cuissardes par exemples. Et puis, les dialogues<br />
de Shéhérazade m'habitaient de façon assez<br />
obsessionnelle.<br />
T.H. : L'amour d'une prostituée avec un<br />
intégriste, est-ce plausible ?<br />
N.K. : En amour, tout est possible. Shéhérazade<br />
a peut-être le sentiment que cette forme de<br />
liberté qu'elle vit n'est pas réelle. Elle a besoin<br />
de se sentir en conformité avec ce que notre<br />
société attend d'une femme. Elle est aussi en<br />
quête d'une sécurité spirituelle et amoureuse.<br />
Et puis, c'est une histoire d'amour entre un<br />
homme et une femme. ■<br />
Nadia Kaci est née à Alger. Elle vit à Paris<br />
depuis une quinzaine d'année.<br />
Cinéma : Délice Paloma de Nadir Moknèche<br />
• Les suspects de Kamal Dehane • Viva<br />
Laldjérie de Nadir Moknèche • Tirésia de<br />
Bertrand Bonello • Nationale 7 de Jean-Pierre<br />
Sinapi • Le harem de Mme Osmane de Nadir<br />
Moknèche • Ça commence aujourd’hui de<br />
Bertrand Tavernier • Tunisiennes de Nouri<br />
Bouzid • Douce France de Malik Chibane • Bab<br />
El-Oued City de Merzak Allouache • Sogdiane,<br />
royaume des Dieux de K. Shirmo.<br />
35
AYLIN PRANDI<br />
Délice Paloma est son premier rôle au<br />
cinéma.<br />
DANIEL LUNDH<br />
Au cinéma :<br />
Délice Paloma de Nadir Moknèche<br />
O'Jérusalem de Eli Chouraqui<br />
The Statement de Norman Jewison<br />
Weekend in Venice de Thierry Harcourt<br />
LYES SALEM<br />
Au cinéma :<br />
Délice Paloma de Nadir Moknèche<br />
Banlieue 13 de Pierre Morel<br />
Alex de José Alcala<br />
A ton image de Aruna Villiers<br />
Filles uniques de Pierre Jolivet<br />
Les boys, Les girls, Eva de François Gérard<br />
Rendez-vous in Samarkand de Tim Bridwell<br />
L'école de la chair de Benoit Jacquot<br />
Cuisine américaine de Jean-Yves Pitoun<br />
FADILA OUABDESSELAM<br />
Au cinéma :<br />
Délice Paloma de Nadir Moknèche<br />
Viva Laldjérie de Nadir Moknèche<br />
L'innocence à vendre de Hamza Belhadj<br />
Les expulsés de Omar Chouchane<br />
La dernière solution de Rachid Ben Allal<br />
Les ailes brisées de Rochd<br />
Mimezrane de Ali Mouzaoui<br />
ACTEURS PRINCIPAUX<br />
Zineb Agha / Madame Aldjéria.............................................. Biyouna<br />
Shéhérazade / Zouina...................................................... Nadia Kaci<br />
Paloma / Rachida............................................................. Aylin Prandi<br />
Riyad.............................................................................. Daniel Lundh<br />
Mina................................................................ Fadila Ouabdesselam<br />
Maître Djaffar.................................................................... Lyes Salem<br />
Baya............................................................................... Nawel Zmit<br />
Monsieur Benbaba.................................................... Abbes Zahmani<br />
Madame Benbaba.......................................................... Attica Guedj<br />
Madame Bellil................................................................ Hafsa Koudil<br />
Monsieur Bellil......................................................... Ahmed Benaïssa<br />
LISTE TECHNIQUE<br />
Réalisation et Scénario............................................ Nadir Moknèche<br />
Collaboration artistique........................................ Nicolas Deletoille<br />
Consultant............................................................ Jacques Mérienne<br />
Producteurs délégués............... Bertrand Gore - Nathalie Mesuret<br />
Co-producteur............................................................... Yacine Laloui<br />
Image...................................................... Jean-Claude Larrieu (AFC)<br />
1 er Assistant réalisation........................................... Nicolas Cambois<br />
Son...................................................................... François Waledisch<br />
Montage image................................................................ Ludo Troch<br />
Montage son.......................................................... Benoît Hillebrant<br />
Mixage................................................................ Jean-Pierre Laforce<br />
Décor....................................... Johann George - Sabine Delouvrier<br />
Costume.................................................................. Paule Mangenot<br />
Scripte....................................................................... Zoé Zurstrassen<br />
Musique originale..................................................... Pierre Bastaroli<br />
Casting................................. Aurélie Guichard - Karine Bouchama<br />
Directeur de production............................................... Richard Allieu<br />
Une production Sunday Morning Productions, Arte France Cinéma, Laïth Média (Alger), avec<br />
la participation du Centre National de la Cinématographie,deCanal+,deCinecinema,du<br />
Ministère de la Culture «Alger, Capitale de la Culture Arabe 2007». En association avec Poste<br />
Image. Développé avec le soutien de la Procirep, del'ANGOA-AGICOA, duProgramme<br />
MEDIA de l’Union Européenne. Distribution & ventes internationales Les Films du Losange<br />
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LISTE DES MUSIQUES<br />
MUSIQUE ORIGINALE<br />
Pierre Bastaroli<br />
MUSIQUES ADDITIONNELLES<br />
«JE PENSE A TOI PALOMA» (Aziz Kourbali)<br />
interprétée par Nawel Skandar et Cheb Rafik<br />
«AÏN EL ZARQA» (Reda Doumaz)<br />
interprétée par Naïma D'ziria<br />
«L'ALLEMANIA»<br />
interprétée par Cheb Ghazi<br />
«CHRIKI HASTA LA VISTA» (Mouffok Bilal)<br />
interprétée par Cheb Rafik<br />
«KELMAT EL HOB»<br />
interprétée par Cheb Rafik<br />
«KI N'DILIH» (Cheb Abdou)<br />
interprétée par Cheb Rafik<br />
«HABIBI YA AÏNI» (traditionnel)<br />
interprétée par Haïm Moshe<br />
«QOLOU LI NASS» (Mahboub Bati)<br />
interprétée par Naïma D'ziria<br />
«YOUM WARA YOUM»<br />
(Cheb Mami / Samira Saïd)<br />
interprétée par Cheb Mami et Samira Saïd<br />
«MAZEL KAYEN L'ESPOIR» (Cheb Hasni)<br />
interprétée par Nawel Skander<br />
«LA MAN» (Marie Moör/Christophe)<br />
interprétée par Biyouna et Christophe<br />
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Bande originale du film disponible chez
<strong>NADIR</strong> MOKNECHE<br />
Longs métrages :<br />
2007 • Délice Paloma<br />
2004 • Viva Laldjérie<br />
2000 • Le Harem de Mme Osmane<br />
Courts métrages :<br />
1995 • Jardin<br />
1994 • Hanifa<br />
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SORTIE LE 11 JUILLET 2007<br />
FB • CONCEPTION DE L’AFFICHE :<br />
• IMPRIMERIE GESTION GRAPHIC 01 39 95 41 26