22.10.2015 Views

mag20

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Sur la couv :<br />

NO ONE IS INNOCENT<br />

THERAPY?<br />

DIRTY SHIRT<br />

WHEELFALL<br />

SOLAR FLARE RECORDS<br />

DOUR<br />

XTREME FEST<br />

MOTOCULTOR FEST<br />

SHIKO SHIKO<br />

REFUSED<br />

LA MALTERIE


TEXTE<br />

EDITOEDITO<br />

Je suis arrivé à Lille en 2009 pour raisons professionnelles (bosser chez un disquaire-arnaqueur d’occasions qui porte un nom<br />

quasi-similaire à une marque de feuille à rouler) et évidemment aussi pour des motivations extra-professionnelles. Et parmi<br />

celle-ci : voir des concerts, voir des concerts, voir des concerts... j’avais soif, vraiment soif de concerts. Mais aussi de bières et de<br />

rencontres. Et de rencontres autour d’une bière... En plus de son nom houblonné, de par sa programmation, La Malterie s’est tout<br />

de suite imposée comme une évidence. Pour 7 euros, je pouvais voir Masters Musicians Of Bukkake ou Joe Lally (Fugazi), profiter<br />

de cet incroyable vivier de groupes locaux talentueux (Ed Wood Jr, Cercueil, Shiko Shiko, Berline0.33...) et m’enivrer de bières<br />

à prix raisonnables avec des personnes qui partageaient des goûts musicaux, une esthétique commune, des envies, un projet<br />

de vie... Bref, un lieu carrefour : de rencontre, de confrontation artistique, d’extase éphémère... L’extase, même éphémère, c’est<br />

toujours bon à prendre pour une génération comme la nôtre qui a appris à vivre dans le marasme ambiant et cela, constamment.<br />

Tu te souviens d’une époque où on ne parlait pas de crise ? Personnellement, non.<br />

Après quelques années de fréquentations assidues de La Malterie, une des associations programmatrices de ce lieu fini par<br />

me demander si j’aimerais occuper un poste (ça reste du bénévolat et de l’activisme hein...) de programmateur parce qu’on<br />

partageait des goûts musicaux et que je leur semblais correspondre à la philosophie du lieu. Mon infiniment petite notoriété de<br />

Fenec m’offrait également une pseudo-crédibilité pour y être. Ce à quoi j’ai répondu par la positive tout en étant bien incertain<br />

de pouvoir mériter pleinement cette fonction. S’ensuit 4 ans d’organisation de concerts. Et putain, remplir cette foutue jauge<br />

de 120 personnes avec des groupes que j’adore a été l’un des trucs les plus stimulants de ma vie. Je me suis bien sûr parfois<br />

lamentablement planté mais j’ai aussi eu quelques belles réussites qui m’ont galvanisées et confortées comme jamais dans<br />

mes activités aussi bien à la malterie qu’avec le W-raton laveur. En 4 ans de participation à La Malterie, des trucs géniaux, j’en ai<br />

vécus... En plus de la symbiose intellectuelle et humaine que l’on peut parfois rencontrer dans un fonctionnement associatif, j’ai<br />

été humainement séduit par des musiciens que j’aimais modérément. J’ai aussi eu d’énormes déceptions humaines avec des<br />

gens que j’estimais (les Peter Kernel ne sont que des grosses merdes imbues d’eux-même, voila, ça c’est fait...). Un lieu de ce<br />

type cristallise aussi des fractures sociétales (la solitude, la pauvreté...) et il faut négocier avec ces abominables aspects. Mais<br />

au final, tout ce que l’on retient, c’est le positif, l’endorphine, le frisson, le partage, le sentiment palpable de faire parti d’un projet<br />

pas anodin...<br />

Jusqu’à il y a quelques années, Lille a vraiment été une ville où il faisait bon vivre lorsque tu étais amateur de musique et d’arts.<br />

C’était simple, ça foisonnait de partout. Sauf que depuis quelques-mois, Martine A. (j’ai bien envie de me faire une Bedos vs.<br />

Morano sauf que j’ai pas les fonds nécessaires...) fait la nique aux bars concerts et lieux alternatifs, source de nuisances sonores<br />

et d’alcoolisme sur la voie publique selon la municipalité. Sauf (bis) que La Malterie fait face à des problèmes qui semblent insolubles<br />

sans le concours de cette municipalité qui souhaite concentrer et proposer une conception de la culture bien à elle. Visible,<br />

spectaculaire et tant qu’à faire facilement digérable. Il paraît qu’en temps de crise, c’est toujours la culture qui morfle. La Malterie<br />

n’est pas un cas isolé et des lieux de culture qui en bavent, il y en a plein. Sauf que non. De la thune il y en a et des caisses. Et on<br />

te parle pas des grands crus viticoles qui se cachent dans les caves des hôtels de ville des plus grandes municipalités de France.<br />

Sauf que c’est tellement plus simple de filer 200.000 boules à un imposteur-contentpourien-connard comme Jeff Koons pour<br />

une soi-disant oeuvre d’art en forme de bite ou de névrose œdipienne qui offre une visibilité médiatique à la municipalité que de<br />

sauver un lieu qui a un véritable rôle social, économique et culturel dans un territoire bien précis.<br />

Le Dans l’ombre consacré à Aurélien de La Malterie te donnera de plus amples informations concernant les missions et les difficultés<br />

de ce lieu INCONTOURNABLE à Lille.<br />

Et votre serviteur dans quelques mois sera orphelin de cette stimulation culturelle, intellectuelle, relationnelle et plus<br />

encore mais peu importe au final... Je suis en colère mais imagine le public qui afflue régulièrement pour voir les événements<br />

qui va se retrouver orphelin d’une certaine conception de la culture. Imagine la colère des 100 artistes résidents<br />

à la malterie qui vont perdre leur lieu d’émulation et de travail. Imagine les 6 salariés qui vont perdre un métierpassion<br />

mais également une source de revenu. Monde de merde. Mais profite de La Malterie et de tous ces endroits<br />

qui ont vocation à défricher la culture, il est bien encore temps de montrer ton soutien et de célébrer une autre culture.<br />

David<br />

2


SOMMAIRE<br />

[04] [NO ONE IS INNOCENT]<br />

[08] HANGMAN’S CHAIR<br />

[10] THE ARRS<br />

[12] VESPERINE<br />

[13] REVOK<br />

[14] THERAPY?<br />

[19] DIRTY SHIRT<br />

[24] GENERAL LEE<br />

[26] ZUUL FX<br />

[28] SOLAR FLARE RECORDS<br />

[32] MEMBRANE<br />

[35] WHEELFALL<br />

[41] REFUSED<br />

[44] DOUR FESTIVAL<br />

[58] XTREME FEST<br />

[64] MOTOCULTOR FEST<br />

[74] SHIKO SHIKO<br />

[76] EN BREF<br />

[84] IL Y A 10 ANS<br />

[85] CONCOURS<br />

[86] DANS L’OMBRE<br />

SOMMAIRE<br />

3


INTERVIEW TEXTE<br />

INTERVIEW><br />

NO ONE IS INNOCENT<br />

Avec un retour en fanfare de No One Is Innocent, il nous fallait poser des questions à sa tête pensante Kémar, alors<br />

forcément ça parle de l’évolution depuis Drugstore mais surtout de Propaganda et un peu de politique...<br />

Avant de parler du nouvel album, revenons sur Drugstore,<br />

à froid, quel est ton sentiment sur cet album ?<br />

Drugstore est un album qui nous a permis de nous<br />

échapper de la routine. Depuis le début du groupe, on a<br />

toujours cherché à ne jamais faire le même album. Sans<br />

la direction musicale de Drugstore on n’aurait jamais<br />

composé des morceaux comme «Drugs» et «Johnny<br />

Rotten» qui font toujours partie de la setlist live...<br />

Est-ce que les critiques qu’il a subies ont influencé les<br />

choix pour Propaganda ?<br />

Pas du tout.<br />

Comment avez-vous géré le départ de Camille qui avait<br />

pris beaucoup d’importance au sein du groupe ?<br />

Camille est le réalisateur de trois albums de No One. Il<br />

a beaucoup compté pour nous pendant ces périodes.<br />

Après tout ce qu’on a vécu ensemble, il était temps pour<br />

No One de brancher un autre réalisateur.<br />

Propaganda est certainement l’album le plus proche<br />

de ce que faisait le No One des tout débuts, c’était une<br />

volonté de revenir à quelque chose de plus direct ?<br />

Pour composer Propaganda, on a décidé de lâcher les<br />

ordis et de rester tous ensemble en répét pour faire<br />

naître les titres. C’est pourquoi on a eu l’impression de<br />

se replonger 20 ans en arrière pour donner naissance à<br />

l’énergie brute de l’album.<br />

C’est Fred Duquesne qui a enregistré l’album, pourquoi<br />

l’avoir choisi lui ?<br />

Fred Duquesne fait partie de notre bande de potes, on<br />

connaît son travail depuis longtemps. On a tout de suite<br />

pensé à lui pour la réalisation. Au départ il nous a proposé<br />

de se retrouver 5 jours dans son studio pour maquetter<br />

5 titres, et en sortant on n’avait plus aucun doute...<br />

c’était le mec de la situation.<br />

Vous avez enregistré «live» comme peut le laisser<br />

croire le clip de «Silencio» ?<br />

Beaucoup de morceaux ont été enregistrés live ...<br />

comme «Djihad propaganda», «Massoud», «Silencio»,<br />

«Charlie».<br />

Au rayon des changements, il y a également l’arrivée<br />

chez VeryCords, pourquoi ce choix ?<br />

Parce que le boss de VeryCords connaît No One depuis<br />

des années et on parle le même langage.<br />

4


Plus de 20 ans après, les problèmes dénoncés avec<br />

l’éponyme sont toujours présents, les messages transmis<br />

par les artistes ne servent donc à rien ?<br />

Ce n’est pas le message des artistes qui va changer<br />

quoique ce soit... Sauf si tu t’appelles Bob Marley.<br />

Avant de balancer des messages faut pas oublier qu’on<br />

fait de la musique et que ça reste le plus important. Ceci<br />

dit, l’ADN de No One a toujours été d’utiliser nos morceaux<br />

pour dire des choses. Libre à chacun d’adhérer ou<br />

pas.<br />

Vous allez partir faire du bruit dans l’hexagone en novembre<br />

/ décembre, vous allez préparer une set-list<br />

identique pour chaque date ou vous avez bosser plein<br />

de titres et ferez une sélection en fonction de l’état<br />

d’esprit ?<br />

On joue chaque concert de No One comme si c’était le<br />

dernier, c’est pour ça qu’on ne vit jamais la même chose.<br />

Merci Karen chez VeryCords, merci aux No One Is Innocent<br />

et à Kémar en particulier.<br />

INTERVIEW TEXTE<br />

Le racisme s’est banalisé, la xénophobie gagne des<br />

élections, la belle France unie et républicaine de Charlie<br />

n’était qu’une illusion ?<br />

Qu’on arrête de nous casser les couilles avec l’esprit du<br />

11 janvier. La France qui est sortie dans la<br />

rue, et dont on fait partie, n’avait à notre<br />

avis qu’un seul but, rendre hommage à<br />

ceux de Charlie qui sont tombés. En ce<br />

qui nous concerne, on a écrit ce morceau<br />

parce qu’on a toujours été en phase avec<br />

les idées défendues par Charlie Hebdo.<br />

Qui est le plus responsable de cette ambiance<br />

générale pourrie ? Les politiques ?<br />

Les médias ? Les parents qui n’ont pas su<br />

éduqué leurs enfants ?<br />

La pire chose que l’on constate depuis des<br />

années c’est la Lepenisation des esprits.<br />

Mais malheureusement c’est les politiques<br />

de droite et de gauche qui sont les<br />

plus responsables. Ce sont ceux-là qui ont<br />

laissé faire.<br />

Les sujets chauds et politiques sont toujours plus inspirants,<br />

tu n’as pas de lassitude à les traiter ?<br />

Aucune lassitude tant que notre musique reste à la hauteur.<br />

Avec la montée en puissance de la hyène, vous allez<br />

avoir du boulot dans les années à venir, le No One résistant<br />

pourrait aller jouer dans des villes où le FN est aux<br />

commandes ? Jouer dans des conditions «hardcore»<br />

pour défendre une cause ?<br />

On n’a pas attendu la montée du FN pour aller dénoncer<br />

les sales idées de ce parti. On a été à l’initiative du<br />

mouvement des groupes qui ont défendu les gens de<br />

Vitrolles. A l’avenir on répondra présent dans les villes<br />

qui nous appelleront pour résister aux sales idées. Les<br />

conditions Hardcore ne nous font pas peur.<br />

Oli<br />

Crédit photo : DR<br />

5


INTERVIEW<br />

6


NO ONE IS INNOCENT<br />

Propaganda (Verycords)<br />

No One Is Innocent est un groupe réactif et c’est quand<br />

les sujets sont les plus graves que Kémar excelle. On<br />

avait pu s’en rendre compte avec «La peau» ou sur<br />

Utopia, et au travers de Gazoline avec la nouvelle mouture<br />

du combo qui m’avait passablement ennuyé avec<br />

Drugstore. En 2015, le climat mondial est au terrorisme<br />

et à la résurgence de masses fascisantes qui pensent<br />

que leurs problèmes sont causés par les autres... On<br />

sent un No One Is Innocent impliqué, prêt à en découdre<br />

avec les idées comme avec les riffs, Propaganda renoue<br />

avec leur glorieux passé au propre («20 ans») comme<br />

au figuré. Welcome back.<br />

«Nous sommes tous Charlie» clame Paris et le Monde<br />

entier début janvier, «des cartouches d’encre contre les<br />

munitions (...) face à eux faut faire front», les slogans<br />

claquent, les mots de Zapata repris par Charb servent de<br />

texte pour que le message passe et repasse «je préfère<br />

mourir debout que vivre à genoux». Comme les textes,<br />

les guitares sont ciselées et la rythmique tabasse, aux<br />

oubliettes les sons électro surproduits du Drugstore, on<br />

laisse la place à la basse («Silencio»), aux distos, aux<br />

frappes sèches et à un Kemar qui reprend les rènes pour<br />

traiter des sujets chauds du moment : peur globale et<br />

embrigadement explosif sur «Djihad Propaganda», les<br />

idées brunes de la sirène/hyène «Putain si ça revient»,<br />

surveillance et destruction à distance avec «Drones».<br />

Et quand, le leader charismatique du groupe se fait<br />

davantage poète («Silencio»), c’est pour tacler une présidence<br />

inopérante malgré les beaux discours... Même<br />

si c’est très agréable à écouter, son rayon, ça reste<br />

l’action et rien de tel qu’une punchline en anglais pour<br />

faire bouger même si l’essentiel reste compréhensible<br />

par tous les francophones («Barricades», «Kids are<br />

on the run»). Pour ceux qui ne sont pas attentifs aux<br />

textes (sérieusement ?), pour bouger, il suffit de suivre<br />

les coups de baguette et de médiator parce que ça ne<br />

rigole pas et ça enquille les riffs saturés sans perdre le<br />

groove qui est aussi une de leur marque de fabrique.<br />

Quand ça se calme, comme sur «Massoud» (encore un<br />

révolutionnaire à l’honneur), on se rapproche musicalement<br />

d’un «Autobähn babies» et donc mon Graal Utopia...<br />

C’est d’ailleurs un titre («Nomenklatura») de mon<br />

album fétiche que No One Is Innocent était venu jouer à<br />

Nulle Part Ailleurs, on retrouve le lancement d’Antoine de<br />

Caunes qui bouffe un peu leur nom pour célébrer leurs<br />

«20 ans» (un peu plus même). Dans ce titre, le groupe<br />

se met en scène (comme le faisait Silmarils ou le fait<br />

encore Mass Hysteria), se rappelant son histoire pour<br />

constater que les thèmes du début des années 90 n’ont<br />

pas forcément changé, le racisme ambiant fait toujours<br />

des ravages (de «La peau» à «Un nouveau Scottsboro»)<br />

et il reste donc des chansons à écrire pour les<br />

générations qui n’ont pas encore compris qu’on habitait<br />

la même planète...<br />

Un dernier titre punk-défouloir en anglais (chanté par<br />

Shanka entre deux alarmes) qui dénote un peu et No<br />

One Is Innocent range les guitares et le micro... Pour<br />

mieux les ressortir dans tous les coins de l’hexagone où<br />

ils mettront le feu. Putain que ça fait du bien.<br />

Oli<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

7


LES DISQUES DU MOMENT<br />

HANGMAN’S CHAIR<br />

This is not supposed to be positive (Music Fear Satan)<br />

Hangman’s Chair fête ses 10 ans cette année avec un<br />

quatrième album intitulé This is not supposed to be<br />

positive, on savait le groupe peu optimiste dans sa musique<br />

et son imagerie, le split avec Acid Deathtrip de l’an<br />

dernier n’a pas vraiment coloré leurs idées, la guillotine<br />

ensanglantée n’est en effet pas un truc très positif... Et<br />

le mec au chapeau (Anatole Deibler, le plus célèbre bourreau<br />

de France) n’inspire pas confiance non plus même<br />

si les couleurs ambiance pastel nuancent le tout et rajoutent<br />

davantage de tension. Et si je passe autant de<br />

temps à disserter sur ce très réussi artwork (signé Dave<br />

Decat à l’origine, le même illustrateur que pour Hope//<br />

Dope//Rope), c’est qu’il est vraiment raccord avec la<br />

musique proposée par les Parisiens : un sludge toujours<br />

plus inquiétant que chaleureux malgré des teintes ultra<br />

agréables.<br />

sonore. Une ambiance qui vire au sublime quand ils calment<br />

peu ou prou le rythme, on obtient alors des morceaux<br />

de la trempe de «Your stone» ou «Flashback»<br />

qui sont juste «beaux». Et c’est déjà pas mal. Entre les<br />

éternelles références sludge (Down) et stoner (Kyuss),<br />

on peut ajouter une pincée de grunge plaintif à la Alice<br />

in Chains (pour le chant de «Requiem» ou les grattes<br />

hâchées et métalliquement plus claires de «No one<br />

says goodbye like me»). Si la voix (et ses nombreuses<br />

facettes) semble être un des éléments les plus accrocheurs<br />

de ce This is not supposed to be positive, les<br />

Parisiens démontrent avec «Les enfants des monstres<br />

pleurent leur désespoir» (tout un programme) qu’elle<br />

n’est pas indispensable pour composer un titre réussi<br />

d’Hangman’s Chair. Ceci dit, quand ils répondent tous<br />

présents et jouent sur tous les tableaux, on a le droit à<br />

des morceaux d’exception comme ce «Cut up kids» de<br />

grande classe.<br />

This is not supposed to be positive se révèle être un<br />

nouveau chef d’oeuvre. Peut-être plus mais pas moins.<br />

Oli<br />

L’alternance de riffs ultra lourds et gras et de passages<br />

aussi lumineux que le soleil du désert (coucou Mars Red<br />

Sky) est toujours la règle de base pour construire des<br />

titres lancinants qui lézardent sur les rochers avant de,<br />

parfois, s’exciter quelque peu pour rejoindre une mare<br />

de vase. Entre le Nevada et la Louisianne, il y a quelques<br />

kilomètres mais les Hangman’s Chair connaissent des<br />

raccourcis pour relier les deux et créer leur paysage<br />

8


LES OGRES DE BARBACK<br />

20 ans ! (Irfan)<br />

riche carrière du groupe, et le mélange d’un répertoire<br />

axé « musique du monde » et des morceaux pur « Ogres<br />

» agrémentés des percussions et cuivres chaleureux<br />

de la fanfare fonctionne à merveille. La magie opère dès<br />

les premières notes, son paroxysme étant atteint avec<br />

le fabuleux « Rue de Panam » chanté en chœur par un<br />

public bouleversé et conquis.<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

20 ans. Dieu que le temps passe vite. Alors que la scène<br />

alternative sous toutes ses formes (fusion, puis ska<br />

reggae) prenait tout son sens au milieu des années<br />

90, Alice, Mathilde, Sam et Fred, quatre jeunes frères et<br />

sœurs multi instrumentistes et déjà ouverts d’esprit, se<br />

lancent dans la grande aventure en formant Les Ogres<br />

de Barback pour proposer un répertoire aussi diversifié<br />

que touchant. Le quatuor, au fil des ans et dans la<br />

grande tradition indépendante, structurera ses activités<br />

pour ainsi créer son label et même ses propres structures<br />

de tournée (et notamment son fameux chapiteau<br />

itinérant Latcho Drom). Le groupe, en deux décennies,<br />

passera des performances de rue aux grandes salles<br />

sans que les mass médias traditionnels ne s’en préoccupent.<br />

Mais même sans cela, les Ogres, en vingt piges,<br />

gagneront le respect tant du public que des groupes de<br />

tous styles confondus.<br />

La deuxième galette réserve également de belles surprises<br />

avec une multitude d’invités croisant le fer avec<br />

« nos » Ogres. Des vieux compagnons de route, des<br />

vrais amis croisés ci et là, bref, des moments de vie partagés<br />

avec des artistes qui leur sont chers. On retrouve<br />

ainsi des membres de Tryo, La Rue Kétanou, Les Fils de<br />

Teuhpu, Les Têtes Raides, et j’en passe. Preuve en est<br />

que la qualité et l’extrême sympathie des quatre frères<br />

et sœurs n’est plus à prouver. Et la musique dans tout<br />

ça ? C’est un joyeux bordel organisé, une fête pendant la<br />

fête, une alchimie presque évidente entre des amoureux<br />

de la chanson au sens large du terme. Des chansons populaires,<br />

qui parlent à chacun de nous, et qui resteront<br />

pour la plupart des classiques du groupe.<br />

Sans accès aux grosses radios et aux chaines de télé,<br />

Les Ogres de Barback, au line-up inchangé depuis leurs<br />

débuts, ont su, en deux décennies, conquérir un public<br />

fidèle et loyal. La popularité et la crédibilité du groupe<br />

est incontestable, et rester actifs vingt ans durant, aussi<br />

bien en studio que sur scène, révèle la force qui les<br />

pousse à perdurer dans ce droit chemin : la passion. Et<br />

l’amour de la Musique. Chapeau bas, et merci pour tout.<br />

À dans vingt ans !<br />

Gui de Champi<br />

Alors, quand on a vingt ans, ça se fête, et la fratrie Bruguière<br />

n’a, une nouvelle fois, pas fait les choses à moitié<br />

en proposant un double album live, dense et riche.<br />

Comme eux ! Sur la première galette, le groupe est<br />

accompagné de l’excellente fanfare Eyo’nlé rencontrée<br />

au Bénin et avec laquelle les Ogres ont tourné pendant<br />

un an. Cette magnifique collaboration fera date dans la<br />

9


LES DISQUES DU MOMENT<br />

THE ARRS<br />

Khrónos (Verycords)<br />

Si Soleil noir était un album de transition et de renouveau,<br />

Khronos est celui qui enfonce le clou du retour<br />

«aux sources», à savoir un album de métal hardcore<br />

sans concession où les mélodies et les moments de<br />

calme se comptent sur les cordes d’une guitare (à<br />

part l’interlude «Les rives du temps», il y a toujours de<br />

la vitesse, de la tension ou de la hargne). Certes, avec<br />

cette nouvelle galette, The ARRS ne fait pas que dans le<br />

bourrinage intensif mais ce n’est pas loin d’y ressembler<br />

quand même car les parties qu’on repère le plus facilement<br />

lors des premières écoutes sont celles les plus violentes<br />

et notamment l’apport de Ju (Benighted) sur le<br />

titre éponyme placé au coeur de l’opus. Ca (sur)growle<br />

sur des grattes stridentes et une rythmique ultra puissante<br />

et ça défonce les tympans. Ca tombe plutôt bien<br />

car si tu t’es procuré cet album, ce n’est pas non plus<br />

pour te bercer avant de dormir.<br />

mots les plus forts de Badinter lors d’un discours sur le<br />

Vel d’Hiv (Je ne demande rien, aucun applaudissement,<br />

je ne demande que le silence, que les morts appellent :<br />

«Taisez-vous !» Ou quittez à l’instant ce lieu de recueillement,<br />

vous déshonorez la cause que vous croyez<br />

servir) enchaînant sur la «marche funèbre» de Moulin<br />

par Malraux devant le Panthéon qui explose dans nos<br />

oreilles avec le final haut perché de Poun (Black Bomb<br />

A), et tout ça en 3’30». Et tout est mesuré, amalgamé,<br />

ciselé pour que ça sonne «Juste». Rarement un travail<br />

de mémoire d’une telle qualité n’aura été mené aussi<br />

loin par un groupe de métal en France, j’apporte donc les<br />

félicitations du jury. Difficile de mettre un autre morceau<br />

derrière cette superbe «Prophétie» mais «Le journal de<br />

ma haine» tente le coup et le réussit grâce, entre autre,<br />

à l’intervention de la voix de Kubi échappé un instant des<br />

Hangman’s Chair pour donner, lui aussi, un coup de main<br />

et du relief à un titre de ses potes. D’ailleurs, avec l’éviction<br />

du chant clair, les différents guest sont les bienvenus<br />

(il y a également Alex d’Obey the Brave) pour sortir<br />

un peu du bloc monolithique qu’est devenu un album de<br />

The ARRS.<br />

Retour aux sources musicales, brutales, violentes pour<br />

les Parisiens qui traitent de leurs thèmes favoris (Condition<br />

humaine était déjà un clin d’oeil à Malraux, je te<br />

conseille d’ailleurs fortement la lecture de tout ce qu’il<br />

a écrit...) avec l’aide de leurs amis et de leur producteur<br />

fétiche Francis Caste (Heros assassin, Trinité...). Alors<br />

certes, c’est pas franchement «nouveau» mais putain<br />

qu’est-ce que c’est bien branlé.<br />

Oli<br />

Alors, oui, ça blaste et ça hurle quasiment tout le temps<br />

et l’étiquette «metalcore» oubliée mais ce n’est pas<br />

pour autant que The ARRS a perdu en qualité, en écriture<br />

et en intelligence (s’il suffisait de passer en chant<br />

clair pour être moins con, ça se saurait). La preuve en<br />

un seul titre, «Prophétie», où le groupe incorpore des<br />

samples de discours historiques, avant de reprendre les<br />

10


ENABLERS<br />

The rightful pivot (Exile On Mainstream Records/Atypeek Music)<br />

la guitare cristalline et éthérée, les arrangements parcimonieux<br />

de cordes, ces chœurs très surprenants à la<br />

David Bowie ... Si en plus, le groupe se renouvelle dans<br />

le propos, il y a de quoi être subjugué... Le dernier morceau<br />

«Enopolis» étonne et détonne positivement : cela<br />

commence comme du Enablers tout craché puis Sam<br />

Ospovat, le batteur, s’illustre par un jeu free désarticulé,<br />

l’onirisme qui se dégage des arrangements tandis que<br />

Pete vient jouer les troubles fêtes au sein d’un titre atypique<br />

et foutrement beau... Bref, une fort belle manière<br />

de clouer le bec aux sceptiques. Il y en a ?<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

Enablers vient d’annoncer une tournée européenne et<br />

vu la qualité de leur live, tu aurais bien tort de t’en priver.<br />

Tu louperais un groupe qui en plus d’exceller sur disque,<br />

excelle aussi dans cette exercice.<br />

Quasi 4 ans après Blown realms and stalled explosions,<br />

Enablers revient avec un album intitulé The rightful pivot.<br />

La pochette est classe, le contenu va s’avérer l’être<br />

aussi mais comment en douter avec un groupe de cette<br />

trempe. Un disque d’Enablers, ça commence souvent<br />

par un titre dantesque (remember «Patton») puis la<br />

musique à tendance à se faire oublier pour rechoper périodiquement<br />

l’attention grâce à la prose vindicative de<br />

leur frontman et des instrumentations toujours méticuleuses.<br />

Et titre d’ouverture génial il y a avec «Went right»<br />

et ses «what the fuck white boy» animés par le toujours<br />

aussi sur-habité Pete Simonelli et des motifs musicaux<br />

en mode montagne-russe, assez agressif mais pas trop<br />

quand même. Sur cette première piste, le Enablers qui<br />

allait chercher l’auditeur par la peau du dos semble être<br />

toujours présent. Le deuxième titre, «She calls after<br />

you», est aussi une belle réussite, une mise en (haute)<br />

tension qui n’éclate finalement jamais. En allant plus<br />

loin dans les écoutes, on s’aperçoit bien vite que The<br />

rightful pivot est un excellent cru, dans la lignée qualitative<br />

du précédent et même quelques crans au dessus.<br />

La maîtrise des musiciens a déjà été largement prouvé,<br />

les 6 pistes suivantes ne vont qu’enfoncer le clou. Comment<br />

en effet ne pas céder aux 9 minutes de «Look»<br />

qui cumule bien des atouts : cette voix charismatique,<br />

David<br />

11


LES DISQUES DU MOMENT<br />

VESPERINE<br />

Parmi les autres (Send the Wood Music)<br />

s’il ose se délivrer des vertiges de la pensée close).<br />

Ces paroles ne sont pas assez souvent mélodieuses<br />

(dommage car le chant clair semble plus naturel que<br />

sa version lourde), elles servent surtout à tendre et<br />

alourdir une atmosphère pourtant déjà bien saturée en<br />

stress métallique. Parce qu’avec des morceaux étendus<br />

entre 7 et 12 minutes, les Lyonnais ont le temps de<br />

faire monter la pression et ainsi de faire honneur à un<br />

de leurs groupes favoris (Cult of Luna). Les ambiances<br />

inquiétantes passent aussi par un riffing entêtant (celui<br />

au coeur de «Le métamorphe») et la menace omniprésente<br />

de se prendre un mur de son sur la tronche. Tel un<br />

ciel noirci par un orage en formation, Vesperine installe<br />

un sentiment permanent d’anxiété puisque l’on sait que<br />

cela va finir par craquer sous le poids de ce climat lourd<br />

et malsain.<br />

Dans les années 2000, Rémi (chanteur), Pierre (guitariste)<br />

et Aurélien (batteur) jouent ensemble au sein de<br />

Capsule ODC, leur rap métal fait du bruit dans la région<br />

lyonnaise mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est<br />

la suite qu’ils donnent à cette aventure à partir de 2011<br />

et qui prend le nom de Vesperine. Ils sortent une première<br />

démo (2 titres) en 2013, changent quelque peu<br />

leur line-up avec les arrivées de Jéremy (bassiste) en<br />

2013 puis de Loïc (guitariste) en 2014. Aguerris sur<br />

scène aux côtés d’Asidefromaday ou Impure Wilhelmina,<br />

c’est avec l’aide de ses fans que le quintet enregistre<br />

les trois titres de Parmi les autres qui n’est pas vraiment<br />

un EP puisqu’il atteint presque la demie-heure de musique...<br />

Produit par Fabrice Boy (Stereotypical Working<br />

Class, Young Cardinals, Lodz...) au printemps 2015, cet<br />

album à l’artwork lumineux (vraiment très classe) sort<br />

le 21 septembre chez Send The Wood Music.<br />

La vague de couleur du superbe artwork (signé Corto<br />

Rudant) et ce sublime bleu du disque risquent de t’emporter<br />

si tu te lances dans l’écoute de Parmi les autres,<br />

le noir si présent n’est pas une fatalité, la lutte avec la<br />

lumière risque d’être sauvage et peu importe qui sort<br />

vainqueur car c’est ce combat infini qu’on écoute avec<br />

délice.<br />

Oli<br />

Vesperine commence par la «Fin» et donc avec un petit<br />

peu d’humour, alors que ces textes sont assez sérieux<br />

et pessimistes, en français (et plutôt audibles pour du<br />

post hardcore), ils sont bien écrits et valent la lecture<br />

(en voilà d’ailleurs quelques lignes Se ranger derrière la<br />

même cause / Se ranger dans la même case / Et perdre<br />

l’envie / De connaître autre chose / Ainsi l’esprit s’élève<br />

12


REVOK<br />

Bunt of grau (Music Fear Satan)<br />

néanmoins excellent. «Dear worker», c’est l’inverse, le<br />

titre défonceur de portes par excellence, à la limite du<br />

grindcore, étonne et fait figure de perle noir dans un<br />

ensemble extrême mais toujours assez finement tourné<br />

vers la mélodie. C’est d’ailleurs une des clés de la réussite<br />

de cet album : un savant équilibre entre le clair et<br />

l’obscur, entre la virulence et la mélodie, entre le chant<br />

clair et le chant à gorge déployée.<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

4 ans d’attente pour un nouvel album, c’est foutrement<br />

long. Surtout qu’à l’époque, les Revok avaient mis tout<br />

son petit monde O.K et K.O avec Grief is my moniker. Le<br />

groupe re-débarque avec Bunt of grau via notamment<br />

Music fear Satan. Verdict après 10 écoutes ? Mouais,<br />

Revok, c’était mieux avant, il y un air de déjà vu dans c’t<br />

affaire et on peut comprendre les commentaires un peu<br />

acerbes et définitifs à l’égard de cette sortie sur la blogosphère.<br />

Verdict après 20 écoutes ? On valide haut la<br />

main et on ne comprend plus les commentaires un peu<br />

acerbes et définitifs sur la blogosphère. Bref, il va falloir<br />

le mériter ce Bunt auf grau pour en saisir toutes les subtilités<br />

et l’essence. Enfin, la dynamite plutôt parce c’est<br />

bien de hard dont il s’agit.<br />

Le premier titre, «Old marrow», fait figure de rouleaucompresseur<br />

et de carte de visite classe, une belle alternance<br />

et cohabitation de fureur/moments mélodiques.<br />

Trois minutes 58 suffisent pour que le «your anger dissipate»<br />

raisonne, Revok règle ton cas et te rappelle que<br />

s’il y a un patron du genre en France, c’est vers eux qu’il<br />

faut regarder... La suite n’est pas en reste avec «Polluted<br />

ideas» dont le chant clair ressemble à du Mastodon<br />

tandis que le mid-tempo «Eroded mind» caresse l’auditeur<br />

dans le sens du poil avec du Revok tout craché mais<br />

Revok arrive facilement à choper et renouveler l’attention,<br />

à varier les surprises pour ne pas lasser. A titre<br />

d’exemple, l’ambiant «Equilaterra» ou l’intro de «Perfection<br />

is a sin» peuvent paraître des pistes/phases assez<br />

anodines au départ mais prise dans la globalité de Bunt<br />

of grau, elles permettent à l’auditeur de ne pas définitivement<br />

se noyer dans la monotonie du ‘core.<br />

David<br />

13


INTERVIEW TEXTE<br />

INTERVIEW>THERAPY?<br />

En pleine promo de son nouvel album Disquiet, c’est Andy Cairns himself qui répond à nos questions qui porte sur<br />

ce nouvel album du trio. Le frontman inusable répond comme il est dans la vie ou sur scène, avec simplicité et honnêteté<br />

!<br />

Therapy? a connu le succès dans les années 90 et n’a<br />

jamais cessé de composer et de sortir des disques.<br />

Comment analysez-vous l’évolution du rock en 20<br />

ans et le fait que, sans être devenu confidentiel, votre<br />

groupe n’a plus la popularité qu’il a connue en 94 avec<br />

Troublegum ?<br />

Je n’analyse pas ces choses-là. Je suis trop occupé à<br />

écrire des chansons, à jouer de la guitare, à écouter de<br />

nouveaux morceaux, à lire des livres et à apprécier l’instant<br />

présent pour m’attarder sur le passé et sur l’état<br />

du rock. Dans le groupe, nous écoutons de la musique<br />

qu’elle soit d’hier ou d’aujourd’hui et dans tous les<br />

genres. Concernant notre succès dans les années 90,<br />

nous nous estimons déjà chanceux d’avoir eu du succès,<br />

surtout qu’étant originaires d’Irlande du Nord, qui est un<br />

coin tout petit, on a dû batailler pour se faire entendre au<br />

départ. Nous avons appris il y a bien longtemps à rester<br />

fidèles à nous-mêmes et à ne pas suivre les tendances.<br />

Je pense que c’est pour ça que nous aimons toujours<br />

faire de la musique.<br />

En plus, nous n’avons jamais ressenti le besoin d’être<br />

des « Rock Stars », donc ça ne nous tracasse pas trop<br />

de ne pas traîner avec des stars du cinéma ou des mannequins.<br />

Vous avez toujours mis en avant, dans vos enregistrements,<br />

la paire basse/batterie plutôt que les guitares,<br />

ce qui est assez rare pour un groupe de rock. C’est ça le<br />

secret de votre son ?<br />

Oui, sinon nous ressemblerions à tous les autres groupes<br />

de rock. Nous sommes fans de rythme, de toute façon.<br />

Depuis toujours, nous aimons James Brown, NWA, Public<br />

Enemy, Can et bien d’autres... Tout comme Fugazi,<br />

Big Black et le punk.<br />

10 ans sans changer de batteur, ça rend les choses<br />

plus faciles ?<br />

Oui, Neil est un batteur fantastique mais c’est aussi une<br />

personne très ouverte et honnête. Nous avons de meilleures<br />

discussions au sein du groupe, depuis 10 ans.<br />

Les mensonges et les subterfuges peuvent ronger un<br />

groupe de l’intérieur. Nous avons tous changé depuis<br />

1990 et nous en sommes arrivés à la conviction que<br />

le groupe dans son ensemble ne se résumait pas aux<br />

besoins d’un ou deux égoïstes.<br />

Disquiet, Anxiety, Suicide-Pact, Trouble... Ce thème du<br />

malaise revient très souvent dans les titres d’album,<br />

pourtant sur le plan personnel, vous allez bien, c’est<br />

facile de faire du rock quand tout va bien ?<br />

14


Je pense que ceux qui vivent au 21ème siècle et qui ne<br />

se mettent jamais en rogne méritent une médaille. Ceux<br />

qui sont heureux, vraiment heureux à notre époque sont<br />

des exceptions. Moi, je me réconforte comme je peux.<br />

Écrire et chanter des chansons m’évite de payer un psy.<br />

Je suis honnête au sujet de mes problèmes. C’est le fait<br />

de les garder pour soi qui crée toute la détresse.<br />

Quelle est la signification de la pochette de Disquiet,<br />

sale et dérangeante au demeurant ? Vous avez laissé<br />

travailler Nigel Rolfe ou vous lui avez fait des demandes<br />

précises ?<br />

Comme toujours avec Nigel, nous lui envoyons un exemplaire<br />

de l’album, il l’écoute et il nous envoie une photo.<br />

Nous décidons de l’utiliser ou non. Jusqu’à présent, pour<br />

tous les albums qu’il a créés pour nous, nous sommes<br />

très contents du résultat. Si tu me demandes quelle est<br />

la signification de la photo, je ne sais pas. Je ne sais<br />

jamais. Tout ce que je peux te dire, c’est que nous lui faisons<br />

confiance pour interpréter nos sons comme il veut.<br />

Le clip de «Still hurts» est dans la lignée de l’artwork,<br />

c’est aussi une sorte de «lyric vidéo» mais en très travaillée,<br />

comment est venue l’idée ?<br />

«Still hurts» a été réalisé par une boîte de prod’ vidéo de<br />

Manchester appelée Sitcom Soldiers. C’est la troisième<br />

vidéo qu’ils nous font et comme Nigel Rolfe, nous leur<br />

faisons entièrement confiance. Notre seule demande<br />

pour celle-ci était que le groupe n’y apparaisse pas. C’est<br />

comme ça qu’ils ont eu l’idée de faire écrire les paroles<br />

par des individus de générations différentes. Ça nous a<br />

plu et je pense que ça complète le morceau.<br />

Avec «Vulgar display of powder», vous faites un clin<br />

d’œil à Pantera, avec un son très lourd au passage,<br />

vous pourriez faire une reprise de Pantera ?<br />

Oui mais sans solo à la Pantera, parce que ce style n’est<br />

pas le mien. Mais les riffs sont très bons.<br />

Vous avez donné des concerts spéciaux pour l’anniversaire<br />

de Troublegum. Est-ce difficile d’abandonner la<br />

plupart de ces chansons maintenant ?<br />

Certains des morceaux les plus connus de l’album sont<br />

tellement connus par le public qu’un concert sans eux<br />

semble bizarre. Ça vaut vraiment le coup de voir la foule<br />

réagir comme elle le fait quand on les joue.<br />

Avec 14 albums différents, ça peut être difficile. On doit<br />

toujours laisser de côté un truc que quelqu’un veut entendre.<br />

Parle-nous de ce label Amazing Record Co., comment<br />

s’est fait ce choix ?<br />

C’est un jeune label du Nord-Est de l’Angleterre avec de<br />

gros projets et plein d’idées. Leur enthousiasme pour la<br />

musique nous a attiré vers eux et jusqu’à présent, c’est<br />

un plaisir de travailler avec eux. L’un de nos patrons de<br />

chez Blast Records travaille maintenant chez Amazing<br />

Record Co., alors c’était plus facile de changer pour une<br />

boîte où nous avions déjà un ami.<br />

Vous aviez d’autres possibilités après la fermeture de<br />

Blast Records ?<br />

Deux autres labels étaient intéressés pour nous signer<br />

mais après les avoir rencontrés, nous avons décidé<br />

qu’Amazing Record Co. était celui qu’il nous fallait.<br />

Avoir des problèmes avec un label, c’est obligatoire<br />

aujourd’hui ?<br />

Je pense que c’est plus difficile d’avoir un label à long<br />

terme. Comme les artistes peuvent assurer une bonne<br />

partie des relations publiques eux-mêmes, les labels<br />

n’investissent plus autant d’argent qu’avant. Sauf bien<br />

sûr s’il s’agit d’une bande de jolis minets pop et qu’ils<br />

pensent qu’ils vont leur rapporter un paquet, ou encore<br />

d’un phénomène rap, métal ou punk pour ados, avec une<br />

forte présence sur les réseaux sociaux qu’ils pensent<br />

pouvoir exploiter.<br />

Peu de groupes font carrière avec le même label comme<br />

par le passé ?<br />

Je ne sais pas trop... Manic Street Preachers ont le<br />

même label depuis vingt-cinq ans et ils marchent toujours<br />

bien, après tout.<br />

Merci Andy, merci Therapy et merci à Elodie et au staff<br />

Him Media pour le relais.<br />

Oli<br />

Crédit photo : DR<br />

INTERVIEW TEXTE<br />

Comment faites-vous vos set lists ?<br />

On essaye de jouer la majeure partie du dernier disque<br />

avec quelques chansons des anciens albums autour<br />

pour que le set sonne bien.<br />

15


LES DISQUES DU MOMENT<br />

KID FRANCESCOLI<br />

With Julia (Yotanka Records)<br />

Ce nom gravite autour de moi depuis plusieurs années,<br />

à travers les newsletters pro, les magazines spécialisés<br />

print et web, les flyers... Et pourtant, il aura fallu attendre<br />

2015 pour que votre serviteur daigne remarquer enfin<br />

ce phénomène electro-pop dont tout le monde parle à<br />

droite et à gauche, j’ai nommé Mathieu Hocine aka Kid<br />

Francescoli. Découvert de façon hasardeuse lors d’une<br />

soirée à travers le titre «Does she ?», le troisième<br />

disque du Kid, With Julia, est né de sa rencontre faite à<br />

New York en 2009 avec une ravissante américaine nommée<br />

Julia Minkin. D’où ce titre d’album.<br />

Pour vous la faire courte, les deux sont présentés par<br />

des amis communs, s’entendent à merveille, se découvrent<br />

une passion commune pour la musique et certains<br />

artistes comme Air. Lui, a déjà deux albums à son<br />

actif, elle, chante comme ça, pour le plaisir. Ils finissent<br />

par se mettre ensemble tout en commençant à composer<br />

des morceaux en commun. L’idée de faire un album<br />

à deux fait surface, les échanges d’idées ainsi que les<br />

enregistrements se font à distance (certaines voix ont<br />

même été capturées par Skype !) car Mathieu est reparti<br />

en France et puis, pouf, ils se séparent. Une année difficile<br />

pour Kid Francescoli, qui va pas mal jouer sur la tournure<br />

finale que prendra With Julia. Le Marseillais décide<br />

de terminer ce disque suite à un échange encourageant<br />

avec Julia, et fait appel à ses potes Simon Henner de<br />

Nasser et Mathieu d’Oh! Tiger Mountain pour produire<br />

ces romances pleines de mélancolies qui seront rendues<br />

publiques au cours de l’année 2014.<br />

J’en conviens, et ce n’est pas les intéressés qui me<br />

contrediront (prenons l’exemple de Björk qui récemment<br />

fut dans l’incapacité de jouer en live son Vulnicura,<br />

évoquant pour expliquer ses annulations, l’intensité<br />

émotionnelle qu’il lui procure), il n’est pas évident du<br />

tout de sortir des morceaux très personnels, surtout<br />

dans ce cas présent. Il y a toujours cette part de naïveté<br />

à l’eau de rose liée aux sentiments forts qu’on reproche<br />

à l’artiste, et là, difficile d’y échapper avec ce With Julia.<br />

Il y a évidemment beaucoup de tendresse dans cette<br />

musique, forcément de la complicité avec les deux<br />

chants («Boom boom», «Mr Knowitall»), une honnêteté<br />

résistante à toute épreuve mais ce sont bel et bien<br />

les quelques hits qui font (sauvent ?) ce disque : des<br />

petits bijoux de la trempe de «My baby», démontrant le<br />

talent de chanteuse de Julia, ou l’excellente et sensuelle<br />

«Does she», voire l’introductive «Blow up» qui pourtant<br />

n’est pas mise en valeur par l’accent anglais défaillant<br />

du Marseillais. Cela peut être «cute» pour les anglophones<br />

si l’album s’exporte, mais assez vite affreux pour<br />

les Français sensibles à la langue de Shakespeare. Pour<br />

le reste, certaines chansons déséquilibrent méchamment<br />

le disque et font tâche tels que la paresseuse et<br />

soporifique «I don’t know how», l’agaçante et déjà-vu<br />

«Discoqueen» ou même «Dirty blonde» qui coule dans<br />

la mignardise.<br />

Si on touche du doigt l’influence évidente d’Air (surtout<br />

sur «Italia 90» où là c’est carrément la main), With Julia<br />

est surtout un album electro-pop de notre temps, une<br />

musique languissante relatant une expérience humaine<br />

forte, avec ses bons et mauvais côtés. Loin d’être l’album<br />

de l’année, tout en ayant de bons arguments à<br />

faire valoir, With Julia aura surement le mérite de parler<br />

davantage à ceux qui ont vécu pareille histoire qu’à des<br />

mélomanes en manque de trouvailles électro-pop.<br />

Ted<br />

16


THE PRESTIGE<br />

Amer (Basement Apes Industries)<br />

larsen qui traîne a été étudié pour être utile à l’oeuvre de<br />

destruction totale orchestrée par The Prestige. Au cours<br />

du cataclysme ambiant, on récupère quelque peu avec<br />

des morceaux qui connaissent des moments de calme<br />

tout à fait relatif car pour certains, la pression ne fait<br />

que monter («Léger de main»), et pour les autres, le<br />

couperet finit plus ou moins vite par tomber sur le titre<br />

qui passe alors en mode «côté obscur» («Négligée»,<br />

«Marquee»). Dans tous les cas, c’est réussi et les Franciliens<br />

arrivent aisément à nous plonger dans leur univers,<br />

si sombre et décadent soit-il. Et le pire, c’est qu’on<br />

y prend du plaisir.<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

Alors qu’il n’était qu’assistant pour Black mouths, Amaury<br />

Sauvé (Birds in Row, As We Draw...) a géré en chef<br />

la nouvelle prod’ de The Prestige qui enquille les noms<br />

qui ont du sens en confiant le mastering à Bob Weston<br />

(Nirvana, Shellac...) et en continuant de travailler avec<br />

(entre autres) Basement Apes industries (Membrane,<br />

General Lee, Plevre, Morgue...).<br />

Pour finir, un petit détail qui montre que The Prestige<br />

t’aime, ils ont sorti l’album dans diverses éditions collector<br />

avec 2 pochettes différentes mais toutes aussi<br />

classes l’une que l’autre. C’est peut-être un «détail»<br />

mais ça montre à quel point les gars ont réfléchi à leur<br />

album comme un tout où rien n’est négligé, c’est à ce<br />

prix qu’on obtient le prestige...<br />

Oli<br />

Si ce terrible Amer est excellent et surpasse (question<br />

de goût) son prédécesseur, c’est peut-être parce que<br />

la langue de Voltaire (qu’Aurelio n’imaginait pas s’intégrer<br />

à la noirceur musicale du combo il y a 3 ans) fait<br />

des incursions fracassantes et réussies. Les textes<br />

oscillent entre cadavres exquis et poésie surréaliste<br />

mais plus qu’un message clair, c’est l’ambiance qu’ils<br />

apportent par leurs sonorités qui compte, et que ce soit<br />

dans la douceur (toute relative) ou le chaos, ça colle. The<br />

Prestige préfère largement amener la guerre dans nos<br />

oreilles qu’y accrocher des fleurs... Au rang des compos<br />

chaotiques au possible, tu trouves une belle liste avec<br />

entre autres «Bête noire», «Enfants terribles», «Voir<br />

dire» ou «Apaches», c’est alors un déluge de riffs et de<br />

coups qu’on prend en travers de la tête et si on a l’impression<br />

de vivre l’apocalypse, le groupe ne frappe pas au<br />

hasard, tout cela est savamment construit, le moindre<br />

17


LES DISQUES DU MOMENT<br />

BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB<br />

Live In Paris (Abstract Dragons)<br />

‘’Beat the devil’s tatoo’’ a ‘’Spread your love’’ en passant<br />

par d’autres titres un peu plus rares mais tout aussi<br />

jouissifs.<br />

Un peu plus de deux heures de rock’n’roll qui puent la<br />

classe et la maîtrise jusqu’au bout et qu’on retrouve sur<br />

le DVD de ce même concert. La réalisation est superbe,<br />

le montage hypnotisant, la lumière lysergique et le cadrage<br />

digne d’un grand western. Sans compter la prod<br />

sonore, tout aussi propre que fidèle, qui laisse apprécier<br />

toutes les subtilités du son vaporeux et lourd du trio des<br />

Californiens. Deux heures intenses et donc pas forcément<br />

digestes pour tout le monde mais qui rassasieront<br />

plus qu’assez les die hard du Club.<br />

Black Rebel Motorcycle Club fait partie de ces groupes<br />

qui pourraient allègrement servir de définition à une<br />

certaine idée du rock. Un look blouson noir absolument<br />

démodé mais qui tient bon, des membres charismatiques,<br />

dont un sosie de James Dean, des cordes<br />

implacables capables de déclencher une émeute avant<br />

d’appeler à la transcendance, des voix charismatiques,<br />

sensibles et furieuses, et enfin une attitude aussi authentique<br />

que rugueuse. En 15 ans de carrière le gang<br />

n’a jamais démérité, rejoignant la catégorie de ces formations<br />

n’ayant jamais été propulsée dans la stratosphère<br />

médiatique mais qui malgré tout résistent à toute<br />

les tempêtes et continuent de naviguer sur une fan-base<br />

fidèle et solide.<br />

Cette fan-base sera comblée par la sortie de ce superbe<br />

CD/DVD Live in Paris qui prend place dans le décor incroyable<br />

du Trianon. Grosse surprise de cette sortie,<br />

c’est la performance spéciale livrée par le groupe pour<br />

l’occasion. En effet, il n’y a pas un mais deux CDs live,<br />

dont le premier n’est rien de moins que l’interprétation<br />

en intégral de leur dernier album en date, Specter at the<br />

feast (2013). Le deuxième CD lui renferme la seconde<br />

partie du concert, une setlist ‘’best-of’’ des plus croustillantes<br />

avec les plus grands classiques du groupe, de<br />

Et comme les fans, c’est bien connu, n’en ont jamais<br />

assez, ils trouveront également un sympathique documentaire<br />

sur la vie en tournée du groupe, à condition<br />

d’être anglophone. Un documentaire dans la même<br />

veine que ceux qu’on a l’habitude de voir sur ce genre de<br />

DVD mais qui s’avère toujours intéressant tout en révélant<br />

quelques petites anecdotes classiques de la vie sur<br />

la route.<br />

Bref, si tu es client du BRMC, fonce sur ce CD/DVD Live<br />

in Paris et son artwork bien léché. Par contre si tout ce<br />

que BRMC t’évoque c’est la chanson que tu as entendu<br />

dans une pub avec Robert Patinson, alors commence<br />

par écouter le second CD du concert qui sera pour toi<br />

une excellente porte d’entrée dans l’univers du groupe<br />

de Frisco.<br />

Elie<br />

18


DIRTY SHIRT<br />

Dirtylicious (Promusic Prod)<br />

speed-folk locale et qui ouvrent et ferment l’album) ou<br />

les différents textes dans leur langue maternelle (je n’y<br />

comprends absolument rien, même avec les textes dans<br />

le livret), bref, même quand on se retrouve au fin fond<br />

d’une fête roumaine distordue, et alors que ce n’est pas<br />

du tout notre culture, ces violons, ces sons, cette énergie<br />

nous ravissent... Si tu as kiffé les quelques passages<br />

bien «arméniens» de SOAD, tu risques d’A-DO-RER cet<br />

album salement délicieux.<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

Dirty Shirt nous a écrit un paquet de titres qui s’écoutent<br />

et se réécoutent indéfiniment sans jamais perdre en<br />

saveur et en plaisir. Dirtylicious n’est pas seulement un<br />

prétendant au titre de meilleur album de métal roumain<br />

ou du meilleur album de métal mais tout simplement un<br />

des meilleurs albums de l’année. FELICITARI !!!<br />

Dirty Shirt nous a habitué à de bons albums mais alors<br />

celui-là... Il est vraiment exceptionnel !!! Dirtylicious,<br />

c’est la somme de tout ce que les Roumains ont fait<br />

de mieux jusqu’à maintenant. En prouvant une fois de<br />

plus que l’on pouvait tout mélanger et tout amalgamer,<br />

le combo prend le meilleur de ce qu’il aime ailleurs pour<br />

l’intégrer dans son métal balkanique folklorique avec<br />

délice.<br />

Oli<br />

Un groupe roumain, un producteur français, un mixeur<br />

américain, un artwork plutôt mexicain (en fait non, c’est<br />

également une tradition roumaine -locale- de décorer les<br />

sépultures avec des cranes multicolores), secoue bien<br />

fort et tu obtiens un putain d’album métal, une bombe<br />

qui pourrait être mondiale tant les sensations ressenties<br />

peuvent toucher qui que ce soit où que ce soit car<br />

qu’est-ce que ce Dirtylicious est organique ! Impossible<br />

de résister à ces rythmiques, à ces riffs, à ces chaloupages,<br />

à ces orientalités, à ces coups de gueule comme<br />

à ces mélodies, tout est ciselé pour nous percuter le<br />

corps et l’esprit.<br />

Et même quand le groupe va chercher au plus profond de<br />

ses racines avec «Ciocarlia» ou «Calusarii» (les pistes<br />

instrumentales qui nous plongent dans une ambiance<br />

19


INTERVIEW TEXTE<br />

INTERVIEW>DIRTY SHIRT<br />

Si c’est au guitariste (et chargé des samples) qu’on a posé des questions à propos du nouvel excellent album de<br />

Dirty Shirt, c’est que Mihai vit en France depuis une dizaine d’années et manie notre langue bien mieux que la<br />

plupart de nos concitoyens ! Du coup, des réponses directes, sans le filtre de la traduction pour en savoir plus sur<br />

Dirtylicious, le Wacken et la Roumanie...<br />

Vos albums précédents étaient très bons mais celui-là<br />

est juste exceptionnel ! Vous en avez conscience ?<br />

Merci pour ce compliment. Sans fausse modestie, nous<br />

sommes fiers de ce qu’on fait, parce que nous sommes<br />

sincères dans notre musique et on fait tout cela avec<br />

beaucoup de passion et sacrifices.<br />

Vous avez senti que vous enregistriez un album encore<br />

meilleur ?<br />

Dès le début on a senti qu’on avait un très beau projet<br />

sous la main et j’ai quasiment été tout le temps très<br />

confiant. C’est vrai qu’il y a eu des moments de pression<br />

après Freak show, un album qui a eu un succès<br />

considérable avec des critiques quasiment unanimes et<br />

très positives, un feedback exceptionnel en concert et<br />

un public de plus en plus large. Même moi, je considère<br />

qu’il y a quelques titres de cet album qui ressemblent à<br />

des «tubes», je pense à «Bad apples», «Freak show»,<br />

«Ride», «Saraca inima me». Et puis, surtout après<br />

notre réussite à Wacken, il y avait une attente de la part<br />

du public et de la presse. Mais ces moments étaient<br />

éphémères, et comme je le disais, j’ai été confiant dans<br />

ce projet, un peu fou. Le fait de travailler avec des gens<br />

très talentueux et impliqués, ça te met forcement en<br />

confiance.<br />

Le groupe a l’habitude de jouer en France, il y a d’autres<br />

pays où vous jouez régulièrement ?<br />

Après la Roumanie, la France c’est le deuxième pays du<br />

groupe, le fait que j’habite ici depuis 14 ans n’y est pas<br />

pour rien. C’est aussi le pays où on a le plus de public et<br />

des retours positifs de la presse. C’est donc tout à fait<br />

naturel de jouer très souvent en France, et déjà je peux<br />

t’annoncer que l’année prochaine on prépare des dates<br />

ici. Sinon, lors de nos tournées européennes et de nos<br />

quelques petites «sorties» du pays, nous avons joué en<br />

Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Autriche et en<br />

Hongrie.<br />

Vous pouvez plaire au monde entier, il y a des pays en<br />

particulier où vous avez vraiment envie d’aller jouer ?<br />

Parmi les pays où on n’a pas encore joué, personnellement<br />

j’aimerais qu’on joue en Angleterre et aux Etats-<br />

Unis... Le truc classique !<br />

Vous préparez une tournée européenne, il y a des lieux<br />

où vous avez hâte de retourner ?<br />

En France en premier lieu, c’est évident. On prépare déjà<br />

un bon truc pour le printemps 2016. De bonnes nouvelles<br />

sont en train de prendre forme...<br />

20


L’artwork s’inspire du folklore mexicain ? Pourquoi ce<br />

choix ? C’est loin de la Roumanie...<br />

Non, ce n’est pas du folklore mexicain, mais bien du folklore<br />

roumain, de la région de Maramures, c’est là d’où on<br />

est originaire, une des régions où les traditions ont été le<br />

mieux préservées en Roumanie. Ce sont des couleurs et<br />

des motifs spécifiques de Maramures, qui par je ne sais<br />

quelle coïncidence, sont semblables à celles du Mexique.<br />

Il y a même un cimetière à Sapanta, appelé le «Cimetière<br />

joyeux» où les tombes sont ornées de stèles en bois,<br />

peintes avec des couleurs vives, des gravures de type<br />

naïf, des poèmes, tout ça dédié à la mémoire du mort.<br />

Votre musique traditionnelle est encore très présente,<br />

vous faites écouter vos versions à des gens qui<br />

n’écoutent pas de métal ?<br />

Oui, bien sûr, et ça plaît. Ca permet même à des gens<br />

d’accepter le son métal après plusieurs écoutes. Et surtout,<br />

en live, il nous est arrivé de jouer dans des festivals<br />

avec un public très différent de ce qu’on fait, mais<br />

chaque fois on a réussi à conquérir les gens. Après des<br />

années de musique, comme musicien ou spectateur,<br />

je pense qu’en concert, le style de musique est moins<br />

important que la façon dont tu la joues, si tu es sincère<br />

ou non sur scène et si tu transmets quelque chose aux<br />

gens. Il m’est arrivé plus d’une fois d’adorer des concerts<br />

de groupes que je n’écoute jamais.<br />

Quelle est l’importance de Charles dans l’enregistrement<br />

de l’album, les morceaux sont beaucoup modifiés<br />

quand vous êtes en studio ?<br />

Notre collaboration avec Charles a commencé en 2009<br />

avec l’enregistrement de Same shirt different day.<br />

Charles a un grand rôle dans le son de Dirty Shirt, et<br />

depuis on a fait tous les albums ensemble. Au fur et à<br />

mesure, j’ai progressé aussi dans la production et donc<br />

on l’a fait en partie nous-mêmes désormais même si<br />

c’est toujours Charles qui donne la touche finale. Concernant<br />

l’enregistrement, nous sommes très ouverts, et<br />

on enregistre énormément de choses. On travaille très<br />

librement dans ce sens. Puis lors des arrangements, on<br />

fait des choix...<br />

En France, les Roumains sont très mal perçus, caricaturés<br />

comme des mendiants ou des voleurs, vous souffrez<br />

de cette xénophobie quand vous êtes chez nous ?<br />

Pas du tout. Sans être hypocrite, le public rock/métal<br />

est beaucoup plus instruit que la moyenne, et surtout<br />

il est formé par des gens ouverts d’esprit. Vraiment, on<br />

ne nous a jamais traité de telle sorte, ni en France, ni ailleurs<br />

en Europe.<br />

Au contraire, nous sommes très bien accueillis par<br />

l’équipe des salles et par le public.<br />

Vous vous êtes fait remarquer au Wacken, vous avez eu<br />

le soutien de la Wacken Foundation pour votre tournée<br />

en Roumanie, ça correspond à quoi ?<br />

C’est assez simple. Wacken Foundation est liée au festival<br />

juste par le fait qu’elle est soutenue financièrement<br />

par Wacken Open Air et elle bénéficie de sa tutelle. La<br />

fondation soutient financièrement beaucoup de projets<br />

métal en Europe. On a tenté notre chance, on a fait un<br />

dossier et on a reçu une réponse positive. Nous avons<br />

demandé de l’argent pour pouvoir louer de l’équipement<br />

comme une table de mix digitale et quelques accessoires<br />

et avoir les techniciens nécessaires pour faire<br />

une tournée avec 9 musiciens sur scène et avec des<br />

dates très proches.<br />

Ca a changé quelque chose pour vous en Allemagne ?<br />

Bien sûr, avec la réussite à Wacken on a coupé quelques<br />

bonnes étapes et on a pris un raccourci dans la «carrière»<br />

du groupe. Après un prix à Wacken tu ne deviens<br />

pas une «star» internationale, mais tu commences<br />

à avoir un nom dans ton pays et puis un petit nom au<br />

niveau international. Egalement, je reconnais que le<br />

prix est venu vraiment au bon moment de la carrière<br />

du groupe, juste avant d’enregistrer Dirtylicious. Ainsi,<br />

l’argent, l’équipement et les contrats d’endorsement de<br />

Randall et Washburn qui ont suivis, ont été une d’une<br />

aide extraordinaire. Mais au-dessus de tout cela, ce<br />

qu’on a vécu à Wacken ça restera pour toujours une expérience<br />

personnelle et musicale unique.<br />

Vous avez fait une tournée en Roumanie, des salles de<br />

concert se construisent ou c’est toujours très difficile<br />

d’avoir de bonnes conditions pour jouer ?<br />

Pour cette tournée, on a eu la plus grosse prod’ de toutes<br />

les tournées de Dirty Shirt. Avec 9 musiciens sur scène<br />

et beaucoup d’équipements, tu peux imaginer le bordel<br />

et la logistique nécessaire... On a été «obligés « de jouer<br />

dans des salles avec des vraies scènes. Et aujourd’hui<br />

la scène roumaine est incomparable par rapport à il y a<br />

10 ans. La Roumanie a aujourd’hui de très bons groupes<br />

de plus en plus «pros» au niveau de leur son, leur image<br />

et leurs concerts. Et la Roumanie est bien présente<br />

dans les tournées des groupes internationaux de tous<br />

niveaux. Heureusement, tu peux jouer dans de bonnes<br />

conditions à peu près partout.<br />

Ce n’est pas encore comme en France, mais ça va !!!<br />

INTERVIEW TEXTE<br />

21


INTERVIEW<br />

Vous arrivez à vivre de votre musique ou vous avez des<br />

jobs à côté ?<br />

Sauf Dan Petean, le petit dernier arrivé dans le groupe, et<br />

les collaborateurs et techniciens qu’on rémunère, tous<br />

les membres du groupe ont un job, certains ont des familles<br />

et des enfants. On fait tout cela par pure passion<br />

et tout ce qu’on gagne avec la musique et réinvesti dans<br />

le groupe. C’est la seule façon de progresser pour un<br />

groupe, et sans cette attitude, nous ne serions jamais<br />

arrivés où on est aujourd’hui...<br />

Merci Mihai, merci Dirty Shirt, fonce écouter leur dernier<br />

album et les voir en concert car ça vaut vraiment<br />

le détour !<br />

Oli<br />

Crédit photo : DR


PUB<br />

04—29 NOV. 2015<br />

HINT - ALB<br />

- HYPHEN HYPHEN<br />

TALIB KWELI - ZAZA FOURNIER<br />

ESTER RADA - ORANGE BLOSSOM<br />

LIESA VAN DER AA - SHIKO SHIKO<br />

FOREVER PAVOT - WE ARE MATCH<br />

PERFECT HAND CREW - JESSICA93<br />

UNNO - SYCAMORE AGE<br />

- UNIK UBIK<br />

MEGAMOTO - SENDAK - BATHERNAY<br />

CAYMAN KINGS - MANIC MAYA<br />

- EVRST<br />

LOW BATS - MOHDD - FLAT SCREEN RADIO<br />

LIAM KI & ONCL'PHIL - LE FOND ET LA FORME<br />

JELLY BEAN - HERE'S TO THE LION<br />

- SPERWER<br />

KIDS FROM ATLAS<br />

5€/Concert !<br />

www.tourdechauffe.fr


LES DISQUES DU MOMENT<br />

GENERAL LEE<br />

Knives out, everybody ! (Basement Apes Industries)<br />

sauterie quelques amis comme Manon (petite cerise sur<br />

le gâteau «Night chaser», dont la voix douce hante régulièrement<br />

le studio Boss Hog), Alex de The Prestige tout<br />

à fait dans le moule pour «The beast inside» et Vincent<br />

(AqME, The Butcher’s Rodeo) qui, par sa clarté fugitive,<br />

allège quelque peu le tourbillonnant «Hellbound on<br />

VHS».<br />

Le General Lee nouveau est arrivé et il n’a pas fait les<br />

choses à moitié ! La mue amorcée avec Raiders of the evil<br />

eye est désormais achevée, au placard les longues séquences<br />

de riffs pesantes et les inspirations lunesques,<br />

le hardcore n’ roll prend désormais toute la place. Si à<br />

leurs formidables débuts, les Nordistes faisaient traîner<br />

leurs idées, elles vont désormais à 100.000 à l’heure,<br />

en exagérant (à peine), il doit y avoir autant de coups<br />

de médiators dans «Fuel injected suicide machine»<br />

que dans l’intégralité de leur premier album. Ca mouline<br />

dans tous les sens, c’est du rock n’ roll gesticulatoire<br />

version très véner et c’est juste jouissif.<br />

Alors, les petits plats dans les grands, c’est quoi exactement<br />

? Déjà, c’est un artwork de classe internationale<br />

puisqu’ils nous ont déniché l’illustrateur canadien Matt<br />

Ryan, un passionné de cinéma (comme eux), qui a<br />

déjà travaillé avec du beau monde (Cancer Bats, Every<br />

Time I Die et pas mal d’autres...) pour pondre un dessin<br />

ultra personnalisé (entre bagnole star, bikini, cascade,<br />

santiags, flingues, extra-terrestres et zombies).<br />

Côté son, c’est encore à Clément Decrock, le boss du<br />

Boss Hog (Tang, As We Bleed, L’oeuf, Kill me this Monday,<br />

Errata...) qu’ils ont confié leur destin, et ça sonne<br />

méchamment bien (encore). Enfin, ils ont convié à leur<br />

Et tout ça, ce n’est que du détail à côté du ressenti général<br />

: littéralement une grande claque dans la gueule.<br />

Même les trucs sur lesquels je suis plutôt réticent d’habitude<br />

deviennent excellents, le meilleur exemple sont<br />

les choeurs (j’ai vraiment beaucoup de mal avec ce procédé),<br />

ceux qui terminent «The conqueror worm» sont<br />

bouleversants d’utilité, impossible d’imaginer le titre<br />

sans eux. Si musicalement, la transformation est enfin<br />

aboutie, General Lee n’a pas changé d’humeur et allie<br />

souvent déconnade à références historico-cinématographico-musicales<br />

(je crois que c’est comme ça qu’il<br />

faut dire !), en témoignent des titres comme «Sergio<br />

Leone built my hotrod» (ou comment le maître du western<br />

spaghetti remplace le Jesus de Ministry) ou «Letter<br />

of Aaron Kominski from Hell» (ou comment l’un des<br />

potentiels «Jack l’Éventreur» se retrouve à écrire une<br />

lettre depuis l’enfer ... ou un film traitant de ladite histoire).<br />

Les jeux avec les mots sont aussi poussés que<br />

ceux avec les riffs, ça chauffe donc à tous les étages et<br />

devant la complexité des constructions, la façade est<br />

clairement kiffante. Plutôt que de sortir les couteaux,<br />

sortez les cartes bleues ou les biftons et chopez-moi cet<br />

album !<br />

Oli<br />

24


ROPOPOROSE<br />

Elephant love (Yotanka Records)<br />

Le premier contact que j’ai eu avec Ropoporose a été<br />

scénique. Ca remonte à la dernière édition du festival<br />

de La Ferme Électrique cet été et la prestation fut pour<br />

le moins laborieuse, du moins au départ, pour se terminer<br />

comme elle aurait dû commencer, à savoir de belle<br />

manière. Pas super convaincu dans la façon de l’exprimer<br />

(avec des réglages urgents à effectuer sur la justesse<br />

vocale de la miss), la musique me plaisait tout<br />

de même. L’idée de jouer à deux avec des boucles de<br />

guitares enregistrées en direct pour pallier l’absence<br />

d’instrument supplémentaire, le truc qui peut se révéler<br />

assez vite casse-gueule sans maîtrise ; ces effluves<br />

d’indie-pop juvéniles et bricolées qui laissent un sourire<br />

bête et émerveillé quand elles traversent les oreilles...<br />

Bref, il ne me manquait plus que d’écouter leur premier<br />

album Elephant love pour asseoir mon opinion sur ce<br />

groupe qui mérite tout de même que l’on s’y intéresse<br />

un tant soit peu. Pourquoi ? Parce qu’ils ont été approchés<br />

puis signés sur la sérieuse écurie Yotanka Productions<br />

(Kid Francescoli, Zenzile, Von Pariahs) et que les<br />

relais effectués dans la presse ont globalement été très<br />

encourageants.<br />

rien, Ropoporose se défend super bien, son style à la<br />

fois furibond et fragile, est accrocheur. Difficile donc de<br />

passer son chemin. De plus, les dix titres d’Elephant love<br />

sont des appels constants à la nostalgie - l’influence de<br />

Sonic Youth étant très présente - et les mélodies pleines<br />

de mélancolie qui en découlent constituent le moteur<br />

créatif de ce disque. Dès lors, comment ne pas succomber<br />

à «Day of may» ou la sublime «Whu-whu» ?<br />

Deuxièmement, parce qu’il y a une exigence musicale<br />

déjà très présente pour des artistes aussi jeunes qui<br />

tentent, comme leurs grands frères et sœurs de Peter<br />

Kernel, de jouer la carte des guitares saillantes et de réveiller<br />

les foules (la suite «Empty-headed»/»Elephant<br />

love»). Certains arrangements sonores et utilisations<br />

d’instruments, comme le mélodica et le xylophone sur<br />

«40 slates», corroborent cette exigence envers euxmêmes<br />

et cette volonté de proposer du contenu varié et<br />

de qualité.<br />

Il y a bien d’autres raisons d’écouter ce disque, mais cela<br />

prendrait surement plus de lignes, alors on vous laisse<br />

découvrir et faire vos propres avis sur cette petite féerie<br />

pop qu’est Elephant love, qui démontre qu’avec du boulot<br />

et sans complexe, on peut vraiment faire les choses<br />

bien, surtout quand l’adolescence n’est qu’un récent<br />

souvenir. A bon entendeur.<br />

Ted<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

Le webzine aux longues oreilles va se ranger aussi du<br />

côté des avis positifs. Premièrement parce que, l’air de<br />

25


LES DISQUES DU MOMENT<br />

ZUUL FX<br />

Live in Japan (Okult Records)<br />

Vraiment sympa que cette nouvelle sortie de Zuul Fx<br />

parce que dans ce digipak se cache un DVD pas vraiment<br />

comme les autres. Parce que ce n’est pas tout à<br />

fait un documentaire sur leur tournée au Japon, ce n’est<br />

pas vraiment non plus l’intégralité d’un concert enregistré<br />

au pays du soleil levant, non, c’est plutôt l’histoire de<br />

Zuul Fx racontée face caméra par son fondateur, frontman<br />

et seul membre originel encore présent : Zuul. A<br />

travers différents chapitres (sept au total) qui retracent<br />

la discographie du groupe jusqu’à aujourd’hui, on (re)<br />

découvre l’évolution du combo (et quelques anecdotes)<br />

avec Zuul mais aussi des photos, des petites vignettes<br />

vidéo d’archives et des coupures de presse. Chaque<br />

partie est accompagnée d’un morceau live capté au<br />

Japon. Les clubs ne sont pas grands, le public n’est pas<br />

franchement bouillant mais le quatuor se démène et<br />

balance ses compos avec un son énorme. Du point de<br />

vue de la vidéo, les salles étant assez petites, c’est filmé<br />

«près des corps» donc les cadrages sont approximatifs<br />

et ça bouge pas mal, il y a toujours au moins 2 caméras<br />

ce qui donne un rendu plus correct que la simple<br />

vidéo souvenir. Le monteur a fait ce qu’il a pu avec les<br />

rushes (ça n’a pas toujours du être facile, en témoigne<br />

ce qui est gardé sur le «Beat the crap out» de Nagoya).<br />

Les lieux dans lesquels le groupe a joué n’étant pas les<br />

plus belles salles du Japon, les éclairages sont à l’avenant,<br />

très decevants, et limitent le light-show à ... quasi<br />

rien... même à Tokyo sur cette scène à damier magique.<br />

Mais peu importe, ce DVD n’est pas là pour graver pour<br />

l’éternité un concert de folie mais bien pour permettre<br />

à Zuul Fx de faire le point après une dizaine d’années<br />

d’existence et, surtout, de se faire plaisir en compulsant<br />

l’album photos de sa vie comme de ses dernières<br />

vacances.<br />

Euh, un DVD live avec uniquement 6 titres et du blabla,<br />

y’a moquage non ? Non. Parce que dans le digipak se<br />

cache aussi un CD (bon, «se cache» c’est vite dit vu<br />

qu’on le trouve tout de suite aussi) et au final, on se<br />

demande si le DVD ce n’est que le bonus du CD. A moins<br />

que ce ne soit l’inverse... En tout cas, les deux réunis, ça<br />

devient un must have de Zuul Fx.<br />

Alors, dis, c’est quoi ce CD ? Ce CD, c’est pour commencer<br />

les fameux 6 titres mastocs captés au pays<br />

du soleil levant («rising sun» en anglais pour ceux qui<br />

s’intéressent aux sous-titres, d’ailleurs, ils sont dispos<br />

en anglais si ton correspondant ne parle pas bien le<br />

français). Six morceaux, ok, c’est juste bon pour un EP<br />

alors les gars ont envoyé du bonus sur le bonus avec les<br />

trois titres de Ass music, la toute première démo (quasi<br />

introuvable aujourd’hui). Le son a beau être signé Francis<br />

Caste, on est loin de la qualité des dernières prods<br />

du groupe mais toute leur rage et leur puissance sont<br />

déjà bien là (les trois morceaux dont l’inusable «Behind<br />

the light» seront retravaillés pour le premier album). Et<br />

si tes oreilles ne saignent pas encore, monte un peu le<br />

son, il te reste 9 plages pour arranger ça car tu as le droit<br />

aux versions démos de 9 titres de By the cross. Live in<br />

Japan c’était donc «hier» (septembre 2014) mais c’est<br />

un véritable bond dans le passé qu’on s’offre avec cette<br />

double rondelle puisque tous les premiers enregistrements<br />

du groupe s’y trouvent et même si, là encore, le<br />

son des démos n’est pas énormissime, ça s’écoute très<br />

bien et démontre, s’il le fallait, que le groupe n’a pas<br />

attendu longtemps avant d’être au taquet pour envoyer<br />

son bon gras métal-indus.<br />

Oli<br />

26


PUB<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

27


28EN BREF<br />

SOFY MAJOR<br />

Waste<br />

(Solar Flare Records)<br />

Deux ans après Idolize, Sofy Major<br />

remet le couvert avec Waste et encore<br />

une fois, on n’aura strictement rien à<br />

dire de négatif de ce nouveau cru. Le<br />

trio aborde cette nouvelle mouture<br />

le décapsuleur entre les dents avec<br />

«Waste», un titre massue, très Unsane,<br />

une basse qui percute, une voix<br />

qui prend les tripes, un songwriting de<br />

haute tenue et une sacrée entrée en<br />

matière. Le reste, c’est l’oktoberfest<br />

du noiseux avec une série de titres<br />

tout aussi bandants les uns que les<br />

autres, une accumulation de moments<br />

de bravoures, de riffs qui te percutent<br />

la tronche et un groupe dont il est difficile<br />

de remettre en cause la conviction.<br />

Seule la reprise des Les Thugs m’a<br />

un peu surpris au départ mais il<br />

est ardu de ne pas admettre que le<br />

groupe a remarquablement réussi à<br />

se la réapproprier. Encore un sacré<br />

parpaing (dans la gueule) à l’édifice<br />

Sofy Major. Et la pochette superbe,<br />

totalement en adéquation avec l’esprit<br />

du groupe, va rendre l’édition<br />

vinyle totalement indispensable.<br />

David<br />

PIGS<br />

Wronger<br />

(Solar Flare Records)<br />

Pour les cancres au fond de la classe,<br />

Pigs, c’est Dave Curran (Unsane),<br />

Andrew Schneider (ingé-son au CV<br />

long comme l’instrument de travail de<br />

Rocco...) et Jim Paradise (Ex-Player’s<br />

Club). Après un premier album intitulé<br />

You ruin everything, le groupe revient<br />

aux affaires les crocs encore plus acérés<br />

avec Wronger. 9 titres dont une<br />

intro’ indus-noise plombante («A great<br />

blight») et un intermède red-neck<br />

(«Mouth dump») qui en fera marrer<br />

plus d’un. Inutile de tergiverser sur ce<br />

retour du trio, c’est une baffe monumentale<br />

et on y retrouve tout ce que<br />

l’on attend d’un projet avec Dave Curran<br />

: riff en acier trempé, voix papier<br />

de verre, compositions turgescentes et<br />

songwriting millimétré. Ce texte pourrait<br />

amplement s’arrêter là mais on<br />

oublierait de te dire qu’il y a même un<br />

featuring cinglant de Julie Christmas<br />

(Spylacopa, Made Out Of Babies...) sur<br />

«Bug boy» qui devrait rappeler le meilleur<br />

de son ancien groupe. Au final et<br />

même en multipliant les écoutes, un album<br />

qualitativement aussi monstrueux<br />

que le Visqueen d’Unsane, c’est dire si<br />

c’est un indispensable pour les fans<br />

du père Curran et pour les amateurs<br />

de noise-core qui ne débande jamais.<br />

David<br />

FASHION WEEK<br />

Prêt-à-porter<br />

(Solar Flare Records)<br />

Après American Heritage et The Great<br />

Sabatini, encore un groupe que Solar<br />

Flare Records a eu la brillante idée<br />

de placer sous les projecteurs des<br />

amateurs du label. Car en plus d’être<br />

doté d’un certain humour (la bio parodique<br />

de Nirvana, les références au<br />

monde...), Fashion Week évolue dans<br />

un noise-hardcore qui fait du bien aux<br />

oreilles et ce dès le premier titre «Fendi<br />

bender» : l’alternance jouissif de chant<br />

clair et de passages hardcore-heavy<br />

à la Will Haven trouveront immédiatement<br />

un écho chez les amateurs du<br />

genre. Un album qui enchaîne les titres<br />

excellents et vindicatifs («Chorusace»,<br />

«Fur Free Friday») mais pas dénué<br />

de prise de risques comme sur le à la<br />

fois beau et épique «Klosstrophobia»<br />

ou l’on voit apparaître un clavier doucereux,<br />

une incartade positive que<br />

Fashion Week ne tardera pas à saloper<br />

à grands coup de décibels et de râles<br />

coreux. Seule la piste «Haute topic»<br />

et ses inclinaisons très émo-rock à<br />

la Thursday me laisseront froid mais<br />

votre serviteur a toujours eu une sainte<br />

horreur des jeudis. Ce groupe n’a donc<br />

strictement rien à voir avec l’univers<br />

musical du film de Robert Altman (ni<br />

le tube dégueulasse d’Ini Kamoze...).<br />

On valide et plutôt deux fois qu’une.<br />

David


EN BREF<br />

BIG BUSINESS<br />

Battlefields forever<br />

(Solar Flare Records)<br />

Big Business : Hello Mathieu, salut,<br />

on est Big Business, tu sais, la section<br />

rythmique des (The) Melvins, tu<br />

nous connais ? ça nous brancherait<br />

vachement que tu ressortes notre album<br />

Battlefileds forever via ton label.<br />

Mathieu (boss de Solar Flare Records)<br />

: Hein ? Ouais, ouais c’est ça... Les<br />

gars, vous êtes vraiment pas drôles<br />

mais je dois avouer que votre accent<br />

est pas mal. Et au passage, moi je suis<br />

Henry Rollins. Enchanté les mecs.<br />

Big Business : Ah non Mathieu, ce<br />

n’est pas une blague, on nous a vraiment<br />

vanté les mérites de ton travail,<br />

on aimerait que tu ressortes<br />

cet album pour nous et si tu es ok,<br />

on se rencontre prochainement.<br />

Mathieu (boss de Solar Flare Records)<br />

: Ah ouaaaaaaais ! Putaindebordeldemerde<br />

!<br />

Cette conversation est totalement<br />

fictive et imaginée, Mathieu te racontera<br />

mieux que nous (un de ces<br />

jours) comment la connexion s’est<br />

faite. L’album initialement sorti en<br />

2013 reste une perle pour les fans<br />

de heavy-warrior-rock à tendance<br />

sludge. A se procurer d’urgence.<br />

David<br />

PORD<br />

Wild<br />

(Solar Flare Records)<br />

Dès le premier titre, «Staring into<br />

space», c’est la boucherie noise sous<br />

influences Amphetamine Reptile : la<br />

basse entame les «noise-stilités»<br />

puis la batterie et la guitare viennent<br />

se tailler la part du cake pour incontestablement<br />

asseoir la domination<br />

sonore. Une entame d’album carnassière<br />

et jouissive qui place d’emblée le<br />

niveau très haut. Sauf que la seconde<br />

piste, «I’m swimming home», surpasse<br />

encore la précédente : une intro’<br />

quasi classic-rock (j’ai presque envie<br />

de citer Led Zep’...) et un morceau qui<br />

joue avec les nerfs, multipliant les<br />

cassures rythmiques jusqu’à ce break<br />

cinglant et ce final explosif. Mortel de<br />

chez mortel. Le reste, c’est aussi de la<br />

balle : Pord étire son propos, multiplie<br />

les coups de butoir sans pour autant<br />

faiblir ni laisser entrevoir ne serait-ce<br />

que l’ombre d’un ventre-mou. A ce titre,<br />

«On the couch», le dernier morceau,<br />

fait figure d’expérience paroxystique<br />

avec ses 11 minutes qui commencent<br />

le couteau entre les dents puis après<br />

une subite coupure, change nettement<br />

de tonalité et t’emmène très loin, très<br />

très loin avec une digression quasi<br />

post-noise-rock : ou comment pervertir<br />

sa propre formule pour mieux<br />

la sublimer. La classe encore une fois.<br />

David<br />

WATERTANK<br />

Destination unknown<br />

(Solar Flare Records)<br />

Probablement l’un des groupes les plus<br />

attachants du label dans la démarche,<br />

il suffit de lire les interviews en mode<br />

total nonchalance et zéro ambition,<br />

mais aussi grâce à la musique qu’ils<br />

développent, Watertank revient enfoncer<br />

le clou avec un second album intitulé<br />

Destination unknown. 9 titres pour<br />

une durée de 35 minutes où le groupe<br />

à géométrie variable semble parfaitement<br />

quelle direction prendre lorsqu’il<br />

s’agit de faire du heavy-rock sludgisant<br />

avec des mélodies catchy et un chant<br />

qui invite à l’accompagner dans ce trekking<br />

émotionnel. On pense toujours à<br />

Torche mais il est nettement palpable<br />

que Watertank cherche à s’en éloigner<br />

notamment avec ces ambiances lumineuses<br />

très pop light. Le disque commence<br />

sur un puissant et très Helmet<br />

«Automatic reset» et se termine sur<br />

un «Destination unknown» justement<br />

symbolique de cette évolution pop.<br />

Entre ces deux pistes, il y a 7 pépites<br />

qui n’attendent qu’à être découvertes<br />

et le doux glissement stylistique<br />

qu’opère Watertank est d’autant plus<br />

évident. L’auditeur joliment déstabilisé<br />

ne peut qu’être pressé d’entendre<br />

la suite. Si ‘il y en a une bien sûr.<br />

David<br />

29


INTERVIEW TEXTE<br />

INTERVIEW>WATERTANK<br />

Nouveau fleuron de la scène noise française, les Nantais de Watertank signent un deuxième album et l’emportent<br />

avec les honneurs. Plus varié et aboutit que son prédécesseur, Destination unknown vient rejoindre la liste des jolis<br />

cadeaux de rentrée offert par Solar Flare Records aux cotés de Pigs et Sofy Major. Entretien avec Thomas, le chanteur<br />

du groupe, un entretien que l’on qualifiera de... « concis ».<br />

Vous êtes un groupe aux influences immédiatement<br />

reconnaissables, quand on parle de vous on cite systématiquement<br />

Torche, Helmet, Quicksand, etc...<br />

Malgré cela et contrairement aux autres groupes aux<br />

influences trop évidentes, vous réussissez à percer<br />

et à créer un univers musical unique. Comment vous<br />

faites ?<br />

Le name-dropping sert surtout à nous situer dans le<br />

paysage musical global, mais bien entendu ça ne nous<br />

définit pas totalement, heureusement nos références<br />

sont bien plus larges. On a les éléments pour s’en détacher<br />

et définir au fur et à mesure notre identité.<br />

Ces influences sont souvent des formations américaines<br />

des années 90. C’est une époque qui revient<br />

un peu en force en ce moment. D’après vous, qu’est-ce<br />

qu’il y a de si spécial avec le rock des années 90 ?<br />

Dur d’être objectif vu que notre culture rock s’est<br />

construite à cette époque, on peut dire qu’elle nous semblait<br />

avoir une plus grande importance qu’aujourd’hui<br />

car plus médiatisée.<br />

Est-ce que ça vous gonfle pas un peu d’être toujours<br />

ramené à vos influences, comme je suis exactement en<br />

train de le faire par exemple ?<br />

Non, on assume à fond, aucun souci. Sans être des fanboys,<br />

on a évidemment beaucoup de respect pour ces<br />

groupes grâce auxquels on a construit les bases de<br />

Watertank.<br />

Quand on se ballade sur le net pour regarder un peu<br />

ce qu’il se dit sur vous, on trouve beaucoup de chroniqueurs<br />

qui ressentent un peu de nostalgie à l’égard des<br />

90’s en vous écoutant. Watertank c’est quand même<br />

pas juste un revival-band pour ceux qui font leur crise<br />

de la quarantaine, si ?<br />

Si on veut surfer sur un quelconque revival, on devrait<br />

plutôt monter un cover band de Metallica ou Rage<br />

Against The Machine, on remplirait bien mieux les clubs.<br />

Vous êtes chez Solar Flare Records, un label français<br />

qui se revendique du DIY et qui mise sur le physique de<br />

qualité, avec un catalogue assez noisy/post hardcore.<br />

Est-ce que ça aussi c’est pas une éthique très 90’s au<br />

fond ?<br />

C’est plutôt ancré dans les 80’s, et galvaudé depuis. Tu<br />

retrouves du DIY partout, même dans les magazines<br />

spécialisés seniors. De notre point de vue, c’est surtout<br />

un instinct de survie face à l’uniformisation générale,<br />

plutôt qu’une revendication.<br />

30


Solar Flare Records abrite quelques uns des meilleurs<br />

groupes noise hexagonaux : vous, Sofy Major, Pord et<br />

j’en passe. La scène noise française n’est pas forcément<br />

la scène qui a eu la reconnaissance qu’elle méritait<br />

jusqu’à présent. Est-ce que vous n’avez pas le sentiment<br />

que c’est un peu en train de changer ?<br />

À l’échelle nationale, la scène noise est plutôt réputée<br />

pour ses groupes 90’s, l’âge d’or des Bastärd, Condense,<br />

Tantrum, Portobello Bones, Hint et bien d’autres.<br />

C’est la fin, à vous le mot de la fin.<br />

Merci, Gloire à Jésus !<br />

Merci Thomas, merci Watertank !<br />

Elie<br />

Crédit photo : DR<br />

INTERVIEW TEXTE<br />

D’après vous, comment se porte la scène rock indépendante<br />

en France et quel avenir vous lui prédisez ?<br />

Aucune idée, je pense que chacun fait son petit bout de<br />

chemin, de manière isolée, mais je ne me retrouve pas<br />

dans une scène rock indépendante globale, ça reste<br />

du copinage à petite échelle, chacun dans son cercle<br />

restreint. Et vu la galère<br />

grandissante pour trouver<br />

des dates et l’argent<br />

perdu quand on est un petit<br />

groupe ou un label indépendant,<br />

je reste un peu<br />

sceptique sur ce que nous<br />

réserve le futur.<br />

Y a-t-il des choses un peu<br />

spéciales de prévues au niveau<br />

physique pour la sortie<br />

de Destination unknown<br />

comme une édition vinyle<br />

particulière...<br />

L’album est sorti en LP, CD<br />

et digital, rien de bien foufou<br />

donc pas d’édition spéciale<br />

sous forme de jokari<br />

ou terrine de canard Watertank, désolé.<br />

L’artwork de Destination unknown fait un peu penser<br />

à celui d’ ‘’Idolize’’ de vos collègues de Sofy Major. On y<br />

retrouve notamment le concept de la tête sans visage.<br />

C’est un simple hasard ?<br />

Dans la forme, il y a des similitudes, en effet. Il s’agit de<br />

mon arrière grand-père sur des rails, la photo originale<br />

est très graphique et collait complètement aux thèmes<br />

de Destination unknown.<br />

Votre musique oscille entre petits passages mélancoliques<br />

et gros passages à tabac, particulièrement sur<br />

ce nouvel album. C’est quelque chose de conscient ou<br />

c’est simplement une recherche mélodique ?<br />

C’est notre credo, virils mais corrects.<br />

31


LES DISQUES DU MOMENT<br />

MEMBRANE<br />

Reflect your pain (Basement Apes Industries)<br />

qu’ils étaient pressés de revenir aux affaires, non pas<br />

que les morceaux soient bâclés (bien au contraire, si tu<br />

as compris le travail réalisé sur l’artwork, tu sais qu’ils<br />

ne laissent rien au hasard) mais les idées semblent<br />

simples, directes, le combo a cherché l’efficacité dans<br />

des schémas qui ont fait son identité et sa marque de<br />

fabrique. L’aventure aurait pu se terminer mais il en<br />

est tout autrement, le changement c’est maintenant et<br />

comme c’est dans la continuité, c’est réussi.<br />

Oli<br />

Du split avec Sofy Major, on a failli passer au split tout<br />

court mais après un court passage dans les limbes,<br />

Membrane a refait surface. Inspiré par les tréfonds des<br />

remaniements de personnel, le trio a joué aux chaises<br />

musicales, Nico prenant le chant en plus de la guitare<br />

et trouvant en Max (batteur de Run of Lava et Feet in<br />

the Air) puis Alban (bassiste mais aussi chanteur), les<br />

pièces manquantes à la survie du projet.<br />

Pour autant l’âme tourmentée de Membrane est toujours<br />

là : les riffs noisy tombent comme des grêles, la saturation<br />

est lugubre, la rythmique étouffante, les chants de<br />

Nico et Alban fidèles à la tradition noise/presque claire<br />

ou filtrée juste ce qu’il faut pour hérisser les poils. Dans<br />

cet océan de noirceur les gars ont pensé à, de temps<br />

à autres, calmer le jeu histoire d’appesantir encore davantage<br />

le propos jusqu’à l’étouffement mais aussi à<br />

convier Floriane qui oeuvre pour le label Impure muzik<br />

(et a joué avec Joss (de Gantz et Hiro au sein de You Witches))<br />

sur deux titres («Breath» et «Lonesome») où sa<br />

voix limpide éclaire un ensemble que le trio rend encore<br />

plus sombre pour la mettre en valeur.<br />

Avec Yann Marchadour, Membrane n’a enregistré que 6<br />

titres mais on sent à travers cette grosse demie-heure<br />

32


DIMONÉ<br />

Bien hommé mal femmé (Estampe)<br />

promesses non abouties ; la pochette est pourtant intrigante,<br />

le dossier de presse alléchant.<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

Reste une voix, entre Mickaël Furnon (« Chutt chutt shut<br />

up », « Maquille-moi ») et Alain Bashung (« Un homme<br />

libre »), qui, malgré toutes les tentatives de nous happer<br />

en incarnant le propos (« Venise ») finit par lentement<br />

lasser. Même chose pour les textes, un peu trop - systématiquement<br />

- imagés, qui achèvent souvent de nous<br />

perdre en route (sans les paroles sous les yeux). Mais<br />

si l’écriture de Dimoné peut laisser de marbre, l’artiste<br />

a au moins le mérite d’essayer là où une grande partie<br />

de la scène pop-rock française a soit échoué, soit abandonné.<br />

Derrière Dimoné (« Démon » en catalan) se cache un<br />

vieux briscard. Dominique Terrieu, de son vrai nom, navigue<br />

en effet en marge de la scène punk et rock française<br />

depuis bientôt 30 ans. Musicien au sein de formations<br />

au succès relatif comme Les Sulfateurs Espagnols<br />

ou Les Faunes, le Montpelliérain a entamé une carrière<br />

solo depuis la fin des années 90 (son premier album,<br />

Effets pervers, est paru en 1999). Réalisé par son ami<br />

musicien de toujours, Jean-Christophe Sirven, Dimoné<br />

nous revient en 2015 pour son quatrième disque en<br />

quinze ans : Bien hommé mal femmé.<br />

Évidemment tout n’est pas à jeter : « Chanson d’amour<br />

», « Encore une année » sont des titres marquants car<br />

bien dosés. Tout comme certains détails de production,<br />

concernant les choeurs notamment, qui s’avèrent<br />

rafraîchissants (« Maquille-moi »). C’est malheureusement<br />

trop peu pour maintenir complètement l’attention<br />

pendant les 47 minutes du disque.<br />

Une sortie finalement bien sage.<br />

Antonin<br />

Envisagé comme l’album d’une certaine « confirmation<br />

» (on ne peut pas dire que son nom soit sur toutes les<br />

lèvres), l’esprit se veut rebelle, baroudeur et défricheur.<br />

Jouant beaucoup sur son expérience, le - bientôt - cinquantenaire<br />

cherche avant tout à raconter des histoires,<br />

à montrer qu’il a vu, vécu, appris, parfois.<br />

Le souci c’est que l’album ne fait pas beaucoup avancer<br />

le schmilblick, n’évitant pas la plupart des travers de la<br />

chanson française d’aujourd’hui et d’hier, en terme de<br />

production notamment. Pas si rock, malgré l’attitude, les<br />

musiques offrent souvent un faible soutien au propos<br />

(le gentillet « Les triples axel »), nourrissant son lot de<br />

33


LES DISQUES DU MOMENT<br />

FRANCK CARTER<br />

& THE RATTLESNAKES<br />

Blossom (International Death Cult)<br />

était un modèle à suivre... Mais comme le surexcité de<br />

service est un excellent vocaliste, il varie rapidement<br />

les tons et les degrés d’éraflure, se laissant même aller<br />

jusqu’à de très beaux passages en chant clair donnant<br />

du relief à des titres qui, du coup, sortent davantage du<br />

lot («Devil inside me», «Beautiful Death»). Du côté des<br />

serpents à sonnettes, ils ont de quoi s’exprimer car si<br />

Frank Carter est bien entendu la tête de proue et le principal<br />

compositeur, les gaillards qui l’entourent y vont de<br />

leur grain de sel, apportant ici un petit solo bien rock n’<br />

roll («Trouble»), là une rythmique plombée («Fangs»),<br />

et déborde parfois du cadre pour surfer sur le chaos<br />

(«Rotten blossom»).<br />

En 2011, on pouvait être sceptique sur l’avenir de Frank<br />

Carter ailleurs que dans Gallows, mais après tout, pourquoi<br />

pas. En 2013, on le croyait bel et bien perdu pour la<br />

cause HxC, s’étant lui-même enterré dans la mièvrerie<br />

pop rock Pure Love. En 2015, il revient avec un nouveau<br />

projet dénommé Frank Carter & The Rattlesnakes, pourquoi<br />

pas, jetons donc une oreille...<br />

Bref, alors qu’on n’y croyait pas trop, Blossom signe le<br />

retour en fanfare de Frank Carter, avec ses Rattlesnakes,<br />

il a repris du poil de la bête, va pouvoir en découdre avec<br />

son public sur scène (au sens propre comme au figuré,<br />

attention à ne pas trop t’y frotter si tu le découvres en<br />

live) et tout ça, c’est plutôt une bonne nouvelle parce<br />

que du côté de Gallows, le talent est désormais aux<br />

abonnés absents...<br />

Oli<br />

On comprend tout de suite que la mésaventure Pure<br />

Love appartient au passé. Si le titre pouvait laisser songeur<br />

(Blossom, c’est un truc de fillettes ça !), l’artwork<br />

était un peu plus engageant (encore que la ritournelle<br />

sur les amplis qui crament avec le placement de produit<br />

qui va bien puisse être largement critiquée) et le son<br />

bien brut de décoffrage a mis les points sur les «i», enfin<br />

surtout les barres sur les «t» vu le nombre de «i»...<br />

Ca sonne «live», ce n’est pas du pur punk HardCore old<br />

school à la Gallows parce que ça semble plus construit,<br />

plus rock à la base et donc plus facile à écouter tout en<br />

gardant une sévère dose de testostérone et de nervosité/<br />

Bref, pour moi, c’est plus agréable à prendre dans<br />

la tronche que Gallows...<br />

Sur l’introductif «Juggernaut», Frank use de sa voix<br />

éraillée comme si le chant du Kurt Cobain de Bleach<br />

34


WHEELFALL<br />

Glasrew point (Sunruin Records)<br />

cinématographiques et électroniques, qui rappellent<br />

FWF, le projet solo de Fabien, (Chaos Echoes, Phazm),<br />

viennent calmer le jeu par moment pour prendre le<br />

temps d’installer une atmosphère prenante, rappelant<br />

même les sonorités d’un Vangelis sur «A night of dark<br />

trees». Chaque titre trouve aisément sa place, sa durée,<br />

et regorge de surprises sonores et d’idées brillantes, que<br />

ce soit dans la variété du chant, les rythmes, l’approche<br />

des guitares ou les nappes électroniques qui habillent<br />

l’album ici et là. Car la tracklist elle non plus n’est pas<br />

conçue au hasard, l’enchaînement de certains titres permettant<br />

de leur donner un sens différent, nous offrant<br />

même quelques triplettes absolument parfaites.<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

Les tripodes sont les seuls à avoir survécu à Interzone,<br />

sorti il y a déjà trois ans. Et ils règnent désormais en<br />

maîtres sur ce Glasrew point, colossal double album qui<br />

voit les Nancéiens sortir du carcan parfois étriqué du<br />

stoner/doom. Difficile d’y coller une étiquette précise,<br />

mais cet opus s’adresse définitivement aux fans de métal<br />

extrême, de l’Indus de Trent Reznor au Post-Hardcore<br />

de Cult Of Luna en passant par l’ambiance inclassable<br />

du Monotheist de Celtic Frost ou d’un album de Neurosis.<br />

Un virage stylistique à 190° où Wheelfall défonce<br />

absolument toutes les portes qui s’ouvrent à lui sans jamais<br />

s’y perdre ou devenir pompeux. En nous trimbalant<br />

de paysages lunaires en ambiances païennes, Glasrew<br />

point nous fait revivre la descente de Dante aux enfers<br />

avec inventivité et style.<br />

Inutile de préciser que l’ambiance général donne clairement<br />

dans le genre lugubre, mécanique, froid et violent<br />

(l’excellentissime «Vanishing point») voire carrément<br />

torturé («Sound of salvation») même si quelques<br />

rayons percent les nuages par endroit («Pilgrimage» notamment,<br />

qui invite l’auditeur à ne pas se suicider juste à<br />

la fin du premier CD). Malgré cela, Glasrew point possède<br />

une véritable atmosphère plus attirante et cathartique<br />

que repoussante, en plus d’une concision dans le propos<br />

qui donne envie d’y revenir régulièrement.<br />

A noter que l’album sera vendu avec un roman écrit par<br />

Blandine Bruyère qui relate le récit de ce double album,<br />

même si l’album lui-même possède déjà une force<br />

d’évocation suffisante pour vous faire faire votre propre<br />

récit.<br />

Elie<br />

Glasrew point n’est pas conceptuel qu’a moitié puisque<br />

ce sont un peu plus de 80 minutes de musique sombre,<br />

anxiogènes et épiques qui nous sont proposées cette<br />

fois. Et pourtant Wheelfall évite l’écueil quasi systématique<br />

du double album indigeste et finalement inécoutable.<br />

Tout en gardant la cohérence nécessaire,<br />

l’album varie les ambiances, les styles et les nuances<br />

sonores grâce entre autre à un énorme travail de<br />

recherche en studio. Quelques superbes interludes<br />

35


INTERVIEW TEXTE<br />

INTERVIEW>WHEELFALL<br />

Rencontre avec Fabien, chanteur, guitariste et tête pensante de Wheelfall à l’occasion de la sortie de Glasrew Point.<br />

Un double album implacable débarrassé du carcan stoner qui promet de mettre Nancy à genoux, et plus si affinités.<br />

Votre nouvel album est un concept album accompagné<br />

d’un roman. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur le<br />

scénario et sur la conception de ce roman ?<br />

Tout notre concept repose sur des constats. Le roman<br />

de Glasrew point prend place dans la société actuelle,<br />

c’est ni plus, ni moins, qu’une observation des interactions<br />

humaines, sociologiques et technologiques. C’est<br />

plus nécessairement de la SF comme auparavant sur Interzone,<br />

plus quelque chose dans le genre de ce qu’a fait<br />

James Graham Ballard avec Crash. C’est un peu comme<br />

si tu étais un scientifique qui regarde le monde d’en haut<br />

et qui s’amuse à créer des situations diverses pour voir<br />

ce qu’il va se produire.<br />

On a commencé à écrire le roman en se basant sur ces<br />

thèmes-là. On s’est vite retrouvé avec une trentaine de<br />

pages de concept et d’idées et c’est là qu’on s’est dit<br />

qu’on pouvait carrément essayer d’en faire une vraie<br />

histoire qui prendrait place dans ce contexte. On s’est<br />

dit qu’on allait confier ça à quelqu’un qui non seulement<br />

avait le sens de l’écriture, mais surtout qui était<br />

extérieur au groupe, pour avoir un autre point de vue sur<br />

l’ensemble. C’est Blandine Bruyère, une amie à nous, qui<br />

s’est chargé d’adapter nos idées en créant des personnages<br />

et tout ce qui va avec.<br />

Et je vais quand même te résumer vite fait le synopsis.<br />

C’est quatre personnages qui se rencontrent par hasard<br />

dans une station service, dans un pays du type Europe<br />

du Nord avec une ambiance assez urbaine. Ils vont être<br />

pris à parti par une masse de gens sans vraiment savoir<br />

pourquoi et sont contraints de fuir le continent sur un<br />

petit rafiot. Ils finissent par se retrouver sur une île qui<br />

de prime abord semble coupée de toute ces mauvaises<br />

choses, une sorte d’utopie. Mais en fait c’est pas forcément<br />

un abri. [rires]<br />

C’est d’actualité ça un peu, non ? Des gens qui sont<br />

contraints de fuir un continent sur un petit rafiot !<br />

Pourquoi pas ! Mais on avait conçu l’histoire avant tout<br />

ça quand même. On n’a pas fait exprès ! [rires]<br />

Pourquoi un changement de style aussi radical ? Razle-bol<br />

du stoner ?<br />

Pour plusieurs raisons. Premièrement, pendant la composition<br />

de cet album j’ai eu une très grosse remise en<br />

question personnelle. C’est d’ailleurs pour ça que cet album<br />

est peut être plus dirigé par moi. Même si les autres<br />

ont suivi et ont amené des tas de bonnes idées, l’impulsion<br />

vient quand même de moi. Donc j’ai fait le point sur<br />

ce que je voulais et sur ce que j’étais musicalement,<br />

et j’ai aussi voulu faire la paix avec toute l’éducation<br />

36


classique que j’ai reçue. J’ai passé plus de 15 ans en<br />

conservatoire avant de faire du rock, en partie pour être<br />

en contradiction avec tout ça. Là j’ai pu marier les deux.<br />

Pour faire simple je ne me suis imposé aucun cadre. Ce<br />

qui est sorti là était purement naturel, c’était le retour<br />

aux vraies envies, aux vraies influences.<br />

Et ce changement de style, il impose quoi pour<br />

la suite ?<br />

La seule chose que ça impose c’est... c’est qu’il n’y ait<br />

rien d’imposé en fait ! [rires] Là comme ça, je ne sais pas<br />

du tout comment ça va évoluer. Par contre, je sais que<br />

je n’ai pas envie qu’on attende autant de temps avant<br />

de refaire quelque chose (NDLR : Trois ans ont séparé<br />

la sortie d’Interzone et celle de Glasrew point). Après, au<br />

niveau du style, mes groupes préférés ont toujours fait<br />

quelque chose d’un peu différent à chaque album, que<br />

ce soit NIN, Swans ou même Morbid Angel ! Je ne m’en<br />

fais pas trop pour ça, par contre, ça ne sera peut être pas<br />

aussi radical. Parce que là j’ai l’impression qu’en lâchant<br />

un peu le cadre, on a trouvé quelque chose de plus profondément<br />

enfoui en nous donc c’est peut être moins<br />

sujet à changement. Mais peut-être pas.<br />

Et pourquoi un double album ? A cause du concept ou<br />

parce que vous aviez énormément de choses à dire<br />

musicalement ?<br />

Je pense que oui, ça ne pouvait que sortir sur un double.<br />

Déjà, il y avait la problématique d’illustrer le roman mais<br />

on avait aussi beaucoup de choses à dire. Parce que tu<br />

vois, mine de rien, au niveau de la durée des morceaux<br />

on est sur un format plus court qu’auparavant, ce qui<br />

n’empêche pas que ça soit vachement plus long [rires].<br />

Moi le principe doom/stoner du truc hypnotique et répétitif,<br />

j’ai effectivement fini par en avoir un peu marre. Là,<br />

le but c’était qu’on ne se fasse jamais chier. Qu’il n’y ait<br />

pas de redite. Donc, quand on trouvait que c’était assez<br />

on coupait et on passait à un autre morceau. Au regard<br />

de ça et de la durée de l’album, je pense que oui, on avait<br />

beaucoup de choses à dire.<br />

C’est votre deuxième concept-album. Pourquoi vous ne<br />

faites pas comme tout le monde, en enchaînant juste<br />

les bons riffs et les bons morceaux ?<br />

En ce qui me concerne, j’aime beaucoup les œuvres<br />

conceptuelles. D’ailleurs, c’est là que je me rends compte<br />

de l’importance que mon éducation classique a eu sur<br />

moi. Et effectivement pour moi le format ‘’chanson’’ c’est<br />

trop restrictif. J’ai eu l’habitude d’écouter des grandes<br />

symphonies ou des grands mouvements, des trucs où<br />

il se passe des choses sur la durée. Après ça ne veut<br />

pas dire qu’il faut être pompeux. Mais là dans le double<br />

album, il y a des thèmes qui reviennent régulièrement,<br />

au début, au milieu, à la fin, des leitmotivs. Comme des<br />

personnages qui évoluent et se déplacent. Et Interzone<br />

par exemple, même si c’était un concept-album avec<br />

une histoire et une trame, on pouvait découper ça en<br />

morceaux indépendants. Là, il y a des alliances qui se<br />

font et des enchaînements qui ont vraiment du sens.<br />

Certains morceaux ne peuvent pas être compris sans le<br />

suivant ou le précédent.<br />

Comment on compose un concept album ? C’est le<br />

schéma classique de la jam ou c’est plus calculé en<br />

fonction de ce que raconte l’histoire ?<br />

C’est un gros mélange des deux. Quand je compose, j’ai<br />

toujours des images et des couleurs en tête, et forcément<br />

ça m’amène à faire quelque chose de narratif. Parfois<br />

je joue un riff et ça m’évoque telle partie de l’histoire,<br />

à l’inverse il y a des passages du roman dont on essaye<br />

de trouver comment illustrer l’émotion et l’ambiance en<br />

musique. Des fois même une simple note peut t’évoquer<br />

quelque chose, du stress, une couleur. Et du coup après,<br />

on jam autour de cette note par exemple. Là aussi il y a<br />

une idée de liberté, que ça soit dans la façon de composer<br />

ou d’enregistrer. On a raisonné comme si on avait<br />

acheté une boîte à outils en fait : pour tel morceau j’ai<br />

besoin de cette méthode de composition, sinon je n’arriverais<br />

pas à mes fins, donc je la prends ; pour un autre,<br />

une autre méthode etc... Donc il y a des choses écrites<br />

et d’autres qui viennent d’une improvisation.<br />

Thibaut vous a rejoint au synthé. C’était une nécessité<br />

pour faire tout ce que vous vouliez faire ?<br />

Il fait les guitares additionnelles aussi. C’était vraiment<br />

une nécessité. Si on voulait faire ce qu’on voulait, on<br />

ne pouvait pas lésiner sur les moyens, ni sur les personnes.<br />

Et surtout pour défendre ce genre de musique<br />

en live on avait besoin d’un zicos de plus. Là en répétition,<br />

ça marche très bien, mais si un jour on se rend<br />

compte qu’on a besoin de plus, il y aura plus. En plus Thibaut<br />

est un très bon ami à nous. Il venait même jouer sur<br />

scène avec nous avant sur des rappels (NDLR- Thibaut<br />

venait chanter ‘’July’’, un morceau de Slo Burn repris par<br />

Wheelfall). Il était dispo et c’est un très bon instrumentiste.<br />

Il était hyper motivé donc ça s’est fait tout seul.<br />

On entend un peu de tes projets parallèles dans ce nouvel<br />

album. Des riffs blacks qui rappellent Phazm et des<br />

ambiances qui rappellent ton projet solo, FWF...<br />

Il y a aussi pas mal de Chaos Echoes. Pendant ma remise<br />

en question, le premier album de Chaos Echoes a<br />

INTERVIEW TEXTE<br />

37


INTERVIEW TEXTE<br />

quand même joué un grand rôle, parce qu’en l’écoutant<br />

j’avais l’impression de retrouver des choses très intellectualisées<br />

mais qui passent très simplement. Ça m’a<br />

permis d’intégrer tout ce que je voulais dans un format<br />

de musique ‘’populaire’’ pour parler grossièrement. C’est<br />

d’ailleurs après avoir écouté cet album que je les ai rejoints<br />

! FWF a été créé durant cette même période, ça<br />

m’a beaucoup aidé. Et pour Phazm, j’ai aussi intégré le<br />

groupe au même moment donc j’ai été exposé à pas mal<br />

de nouveaux horizons en même temps. En fait, j’ai composé<br />

l’intégralité de Glasrew point pour faire simple. Les<br />

autres ont eu un grand rôle pour tout ce qui touche aux<br />

arrangements et aux idées. Par exemple, Niko (NDLR : le<br />

batteur) m’avait signalé qu’il aimerait avoir quelque moments<br />

de lumière dans un ensemble qu’il trouvait quand<br />

même vachement lugubre et impénétrable, sans respirations.<br />

C’est pour ça qu’il y a «Pilgrimage» à la fin du<br />

premier disque, par exemple. Et finalement il s’intègre<br />

très bien entre «The drift» et «Shelter». Une super triplette<br />

d’après moi ! [rires]<br />

groupes-là, et je n’ai pas envie qu’on tombe là dedans.<br />

Et en dehors de Nancy ?<br />

Oui ! En fait, on est en train de préparer une tournée de<br />

deux semaines qui se déroulera d’ici fin octobre. Pour<br />

l’instant, il n’y a que quelques dates de confirmées,<br />

Le Mans avec Presumption, un groupe Doom du coin,<br />

Rennes, avec Fange, des bons potes à nous, avec un<br />

mec d’Huata dedans, puis Lille, Paris... et on cherche<br />

dans l’Est en Suisse, en Allemagne, Belgique, pour la<br />

deuxième semaine, avec Haut&Court, un groupe de<br />

grind strasbourgeois. Ça va être rigolo [rires]<br />

A toi le mot de la fin !<br />

Eh bien, merci beaucoup !<br />

Merci Fabien, merci Wheelfall.<br />

Elie<br />

Crédit photo : DR<br />

Comment ça va se passer en live ? On aura la version<br />

intégrale de l’album ? Et est-ce que vous allez intégrer<br />

d’anciens morceaux du registre stoner à la setlist ?<br />

Déjà, on ne jouera pas l’album en entier. Pas dans l’immédiat<br />

du moins. Il nous faudrait vraiment plus de zicos<br />

pour pouvoir tout interpréter sur scène. Il y a des morceaux<br />

avec plein de claviers, 8/9 guitares. ce n’est pas<br />

possible sur scène pour le moment. Donc on centre sur<br />

certains morceaux, et déjà en faisant ça, rien qu’avec<br />

les nouveaux morceaux, on a une très grosse setlist.<br />

On jouera forcément d’anciens morceaux, mais pas<br />

beaucoup et probablement en rappel. A terme, on aimerait<br />

bien les réarranger, les remettre au goût du jour.<br />

Mais pour le moment je ne pense pas qu’on puisse se<br />

permettre de faire des setlists d’1H30, pour ça il faut<br />

attendre que l’album ait fait un peu plus de chemin je<br />

pense. Il faut rester modeste et creuser le sillon.<br />

Des dates justement ?<br />

Il y a la release party au Hublot à Nancy le 18 septembre,<br />

avec Joy Disaster et Dog n’ Style. Un moment<br />

familial étant donné que notre batteur joue pour Joy<br />

Disaster et a aussi joué dans Dog n’ Style ! Normalement<br />

on a une deuxième date à Nancy en octobre, on<br />

sera avec Thot, un groupe belge que j’aime beaucoup,<br />

ça devrait être à la Machine à Vapeur je crois... c’est à<br />

confirmer... [rires]. Après les deux là, on ne reverra<br />

pas Nancy avant un moment. Je n’aime pas voir le<br />

même groupe tout les mois au même endroit, ça me<br />

gave rapidement et je finis par perdre l’intérêt pour ces<br />

38


INTERVIEW TEXTE<br />

39


LES DISQUES DU MOMENT<br />

EYO NLE BRASS BAND<br />

Empreinte du père (Irfan)<br />

Soyons sincères. Sans les Ogres de Barback, peu d’entre<br />

nous auraient entendu parler de la fanfare Eyo’nlé Brass<br />

Band. Et quand bien même les initiés auraient eu vent de<br />

cette formation, il n’aurait pas été forcément évident de<br />

trouver des disques sur le marché français. Mais grâce<br />

à Irfan le Label (structure auto gérée par les Ogres), la<br />

fanfare béninoise va pouvoir inonder le marché, et je<br />

peux te dire que c’est une excellente nouvelle.<br />

Eyo’nlé Brass Band dans le W-Fenec mag peut semble<br />

saugrenu, voir complètement hors sujet. Oui, c’est vrai.<br />

Mais pas tant que ça, car notre but premier, c’est de parler<br />

de groupes qu’on aime. Punk, rock, métal, reggae.<br />

Tant que ça fonctionne, on en parle. Et la world music ne<br />

déroge pas à la règle. Alors autant poser les bases tout<br />

de suite, je n’ai que très très peu de références dans ce<br />

domaine. J’ai bien pu croiser ce genre de groupe dans<br />

des festivals, mais ça s’arrête là. Et je trouve personnellement<br />

très enrichissant de s’ouvrir à de nouveaux<br />

mondes musicaux.<br />

repères. Alors, j’ai enfourné la galette dans ma platine, et<br />

je ne me suis pas posé de questions. J’ai juste écouté. Et<br />

savouré. Car oui, j’aime Eyo’nlé Brass Band. Je n’écouterai<br />

pas ce disque tous les jours, c’est certain, mais voilà<br />

le genre d’album qui détend et qui te fait explorer des<br />

univers méconnus pour des rockeurs comme je le suis.<br />

Eyo’nlé Brass Band, véritable fanfare mêlant musique<br />

traditionnelle africaine, jazz et blues, est divertissant et<br />

entraînant. Les percussions africaines se mélangent aux<br />

multiples cuivres pour un melting pot riche en couleurs<br />

et en diversité. Le chant est parfois en béninois (ça doit<br />

être ça la langue du Bénin, hein ?) et en français. Entre<br />

les compositions qui donnent frénétiquement l’envie de<br />

danser, le groupe rend hommage à Georges Brassens («<br />

Le temps ne fait rien à l’affaire »), à Serge Gainsbourg («<br />

Le poinçonneur des Lilas »), aux Ogres de Barback («<br />

Ces tonnes de gens ») et même à Fela Kuti ( « Water no<br />

get enemy »). Finalement, tout ça est logique : le brassage<br />

musical de Eyo’nlé se veut festif et universel, et les<br />

seize titres composant cet Empreinte du père sont une<br />

ode au voyage et au mélange des genres dans la béninolexicomatisation<br />

de cet arc-en-ciel musical.<br />

Avec son artwork coloré mêlant simplicité et efficacité,<br />

Empreinte du père m’a fait faire le tour du monde en<br />

70 minutes. Eyo’nlé Brass Band m’a fait découvrir son<br />

univers uposmique, riche et varié, et je ne suis maintenant<br />

pas étonné que Les Ogres de Barback aient craqué<br />

sur cette fanfare au point de tourner massivement sur<br />

toutes les routes de France et de lui proposer de sortir ce<br />

bel album. Une sincère et touchante aventure humaine,<br />

tout simplement.<br />

Gui de Champi<br />

Je ne savais pas exactement comment appréhender la<br />

chronique d’Empreinte du père, album des huit musiciens<br />

du Bénin. Car oui, j’ai mes codes quand je dois<br />

disséquer un disque de rock. Sauf que là, je n’ai pas de<br />

40


REFUSED<br />

Freedom (Epitaph)<br />

Groupe culte de chez culte, cité en référence par à peu<br />

près tout le monde, qu’on soit indé, hardcore ou punk,<br />

voire emo ou simplement rock saturé, Refused avait<br />

marqué de son empreinte la décennie 90, montrant aux<br />

ricains qu’on pouvait sortir de nulle part et imposer sa<br />

marque. En 2012, le groupe était remonté sur scène,<br />

après une dizaine d’années de décès clinique et de<br />

désespoir (c’était bien sympa The (International) Noise<br />

Conspiracy mais incomparable). Mais aussitôt reformé,<br />

aussitôt re-mort, mais quand Jon Brännström annonce<br />

s’être fait viré, on se dit que le combo existe toujours... Et<br />

il retourne en studio (avec Magnus Flagge leur bassiste<br />

d’origine) sous la houlette de Nick Launay (allez, pour le<br />

plaisir, une short list des groupes qu’il a produit : Girls<br />

Against Boys, Deckard, Killing Joke, Midnight Oil, Supergrass...),<br />

pas forcément habitué au HxC mais respecté<br />

pour la qualité et le tranchant du son qu’il capte. A noter<br />

que leur compatriote Shellback a produit deux titres (les<br />

meilleurs), ce qui a dû bien le changer de Britney Spears,<br />

Usher, Avril Lavigne ou Taylor Swift !<br />

leur style a tellement été pillé que leurs attaques frontales,<br />

tant rythmiques que mélodiques, sont aujourd’hui<br />

la norme et il est difficilement envisageable d’avoir un<br />

opus aussi marquant en 2015. Il nous faut donc rester<br />

calme et prendre cet album comme celui d’un groupe qui<br />

avait envie de rejouer ensemble et d’envoyer quelques<br />

messages toujours d’actualité. On doute que les responsables<br />

de la «Françafrique» et du système post-colonial<br />

installé au Congo ne soient des fans de Refused et<br />

reviennent sur leurs erreurs mais le combo y va de ses<br />

idées et ouvrira peut-être certains esprits en mettant de<br />

la lumière sur des sujets peu médiatiques. Soyons honnête,<br />

ce n’est pas uniquement pour leur engagement<br />

politique qu’on apprécie Refused (même si cela n’enlève<br />

rien, bien au contraire), non, c’est surtout pour leur capacité<br />

à écrire des compos qui font «bing dans ta face»<br />

et de côté-là, pas de souci, dès l’inaugural «Elektra»,<br />

on est rassuré, les gars ont gardé les recettes et le sens<br />

du rythme qui fracasse («Dawkins Christ», «Destroy<br />

the man» dont les bruitages de l’arrière plan semblent<br />

ressusciter Michael Jackson !!!) ou décontenancé car si<br />

c’est trop facile, c’est pas du jeu... («Old friends / New<br />

war», «Thought is blood», l’excellentissime «366»).<br />

Refused est donc bel et bien de retour, pas pour donner<br />

une nouvelle leçon mais pour se réapproprier le territoire<br />

incandescent d’une scène hardcore punk qui lui<br />

doit beaucoup et semblait naviguer à vue depuis plusieurs<br />

années. Faites donc gaffe à vos fesses, les bottes<br />

de Refused ne sont pas loin...<br />

Oli<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

Et il en fallait du tranchant parce que l’hibernation n’a<br />

pas ankylosé les Suédois, alors, fatalement, ce Freedom<br />

n’est pas au niveau de The shape of punk to come<br />

mais l’époque est différente, l’attente a été longue et<br />

41


LES DISQUES DU MOMENT<br />

PUB<br />

42


TALIA<br />

Thugs they look like angels (Send The Wood Music)<br />

puisqu’elle y va de quelques petits choeurs. Elle apporte<br />

un peu de douceur par sa voix, d’autres morceaux sont<br />

eux aussi plus doux même sans son renfort vocal, c’est<br />

le cas de «Self induced fever» cool et sympatoche ou<br />

«The flood» dont la tonalité est davantage grunge FM<br />

(on pense aux mauvais côtés de Nickelback... parce que<br />

oui, ils en ont eu de bons mais ça, c’était avant).<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

Dans l’ensemble, Thugs they look like angels n’est peutêtre<br />

pas aussi marquant que son prédécesseur mais il<br />

faut dire qu’on a pu s’habituer au ton de Talia et que l’effet<br />

de surprise joue un peu moins, il n’en reste pas moins<br />

un album agréable à écouter et qui démontre qu’on peut<br />

faire du rock ailleurs que dans les bars le samedi soir...<br />

Oli<br />

Depuis Permanent midlife crisis, Talia a surtout joué<br />

dans la capitale, ouvrant aussi bien pour Lonely the<br />

Brave que pour Reverend Horton Heat pendant que<br />

son clip de «Every minute every hour» enchaînait les<br />

vues sur Youtube (50.000, ce n’est pas rien !!!). Le trio<br />

ne s’est pas reposé sur ses lauriers et a composé puis<br />

enregistré une dizaine de nouveaux titres qui sortent via<br />

Send the wood music à la mi-octobre. Le joli dessin de la<br />

pochette donne moins dans la crise de la quarantaine,<br />

l’ado attardé ou le rocker sur le retour, place cette fois-ci<br />

au monde de l’enfance avec le manège et l’insouciance<br />

d’un petit bisou échangé entre deux petits anges. Pour<br />

autant, on navigue toujours dans les mêmes eaux pour<br />

la musique : du rock un peu crade et bien envoyé.<br />

Si l’album est très homogène, quelques titres se dégagent<br />

comme ce «American bride» qui pose de très<br />

bonnes bases, parce qu’avoir un très bon premier morceau<br />

est un truc très important, tout comme en avoir<br />

un bon dernier («Bounty killers» remplit parfaitement<br />

son rôle). «It’s been oh so long» avec son intro explosive<br />

est plus rock, plus rugueux, plus accrocheur avec<br />

ce petit côté Therapy? dans le chant qui ne me déplaît<br />

pas du tout... Tout comme ce «Play dead» où Alice se<br />

met en valeur, et pas uniquement avec son jeu de basse<br />

43


TEXTE LIVE<br />

> DOUR 2015<br />

Dour, mon amour. Le slogan est connu des habitués, mais son sens prend toujours plus de poids au fil des années.<br />

2015 est celle des records, c’est à peine croyable lorsque les chiffres apparaissent devant nos yeux : 5 jours, 270<br />

artistes, 8 scènes pour une fréquentation exceptionnelle de 228 000 festivaliers en cette 27ème édition. Une édition<br />

pas dégueulasse du tout dont le duo magique Cactus/Ted vous en relate toutes ses festivités.<br />

Jour 1 - MERCREDI 15 JUILLET<br />

Le premier jour, soit mercredi et non jeudi comme à<br />

l’accoutumée, c’est déjà 35 000 campeurs qui ont plantés<br />

leurs tentes. Quelque part, on s’en doutait au vu de<br />

l’attente interminable dans les bouchons avant d’arriver<br />

à l’entrée de la plaine de la machine à feu. La motivation<br />

est au maximum, et il y en faut car nous ne sommes pas<br />

au bout de nos peines : on se confronte quelques heures<br />

plus tard à une longue et lente queue devant l’accès du<br />

festival, puis, une fois rentrés avec nos pass, on fait face<br />

à un camping quasi complet, obligé de trainer nos fesses<br />

(et nos bagages) au bout du camping D.<br />

Résultat des comptes, nous arrivons à 23h sur le site<br />

du festival alors que débute le show du londonien masqué<br />

SBTRKT. N’ayant pas compris l’engouement autour<br />

de cet artiste électronique depuis quelques années, on<br />

reste toujours incrédule face à ce show aux ambiances<br />

lumineuses agréables mais qui ne décollera jamais.<br />

La faute à des vocalises qui desservent le propos instrumental<br />

déjà pas très excitant au départ, comme ce<br />

chanteur rappelant par moment Youssou N’Dour... Bon,<br />

OK, celle-là, elle était facile. S’en suit le truc qui va nous<br />

motiver à repartir fissa à notre campement : 2 Many<br />

DJ’s. Les deux frangins Dewaele, membre de Soulwax,<br />

présentent un DJ set rythmé de mash-ups plus ou moins<br />

«grand public» mais pas assez subtil pour nous emporter.<br />

Même lorsque retentit «Girls» des Beastie Boys,<br />

cela ne permet pas de remonter le niveau d’un set qui<br />

peinera à convaincre. Même l’accueil du public semble<br />

tiède. Décidément, on en est certain, les deux quadras<br />

auraient pu largement se faire détrôner par la mère de<br />

Cactus aux platines. Et on ne vous permet pas de douter<br />

des goûts musicaux de la mère de Cactus.<br />

Jour 2 - JEUDI 16 JUILLET<br />

Première «vraie» journée de cette édition. On se lève<br />

au son des «Bon Dour !», accent asiatique oblige, de<br />

nos voisins de campement. On retrouvera cette pauvre<br />

blague tout au long de notre séjour en Belgique, sans<br />

parler du fameux «Dourrreeeeuh !», marque emblématique<br />

du festival qui l’utilisera d’ailleurs pour sa com’<br />

(panneaux, teeshs...). Notez quand même que ce cri<br />

de ralliement sempiternellement exhibé à toutes les<br />

sauces deviendra assez vite rébarbatif à la longue, surtout<br />

pendant cinq jours.<br />

On débute la journée en passant devant Soviet Suprem,<br />

44


le nouveau groupe d’ R.Wan de Java et de Toma de La<br />

Caravane Passe, confirmant notre impression sur ce rap<br />

balkanique comique, à savoir que ça ne nous touche pas<br />

du tout. La scène chanson franco-française n’est pas<br />

souvent du pain béni, ça se saurait. A éviter donc, sauf<br />

si on se perd sur le site ou qu’il n’y a rien à côté. Sauf<br />

qu’à Dour, il y a toujours plein de choses à voir. Trop de<br />

choses à voir.<br />

Et cela nous amène aux fameux dilemmes, aux choix<br />

parfois cornéliens à faire. On a décidé volontairement<br />

cette année de ne pas courir comme des fous de scène<br />

en scène mais plutôt d’apprécier du mieux qu’on pouvait<br />

chaque univers que proposaient les artistes. En ce sens,<br />

nous avons pas mal squatté la Cannibal Stage (la scène<br />

relevée en décibels rock voire electro) en ce jeudi pour<br />

découvrir Krokodil, du hardcore velu comptant dans ses<br />

membres des gars de Gallows, Sikth, Cry For Silence,<br />

Hexes. Un univers qu’on connaît bien, pas surprenant<br />

mais plaisant et énergique pour débuter la journée. Que<br />

dire d’Orange Goblin si ce n’est qu’ils ont déroulé leur<br />

stoner rustre avec une certaine maîtrise. Jouissif. Mais<br />

pas trop longtemps. Dans le même pedigree, Blue Pills<br />

nous a agréablement plongé dans un rock bluesy 70’s<br />

avec une rage vocale émanant de Miss Elin Larsson, annoncée<br />

par certains comme la nouvelle<br />

Janis Joplin. Ils n’en étaient<br />

pas loin ! Juste avant cela, on est<br />

allé découvrir l’univers psych-funk<br />

d’Unknown Mortal Orchestra. Nos<br />

oreilles répondent positivement<br />

aux couleurs et aux mélodies proposées<br />

par le groupe. Une appréciation<br />

qui est toutefois à confirmer<br />

hors du rush qui fait face à nous à<br />

ce moment précis de la journée.<br />

saturé, sombre et puissant est un bouillon sonore sensationnel<br />

qui frise le mur du son et percute le thorax. En<br />

terme d’impact sonore, c’est un peu notre Neurosis de<br />

2011 en quelque sorte, même si le style est totalement<br />

différent. Et quand le groupe finit son set dans le public,<br />

tu te dis que c’est quand même la grosse classe.<br />

Changement de décor sous la Petite Maison Dans La Prairie<br />

avec le syrien Omar Souleyman, adepte d’une techno<br />

orientale tellement kitch et monotone qu’on en devient<br />

assez vite amusé (ou pas, c’est selon). Cette prestation<br />

reste hallucinante tant ce style musicale est en marge<br />

avec le reste de la programmation. C’est ce qu’on appelle<br />

les joies de Dour ! Malheureusement, le tant attendu<br />

Squarepusher ne nous a pas beaucoup vus, un petit<br />

quart d’heure tout au plus. Car entre les passages en<br />

presse, les obligations diverses et les fameux dilemmes,<br />

il est assez difficile de tout voir. Surtout quand passe un<br />

MC-Hero quasiment en même temps et qu’on ne veut<br />

vraiment pas le louper du tout, genre «premier rang».<br />

Le britannique touche à tout nous laisse donc un souvenir<br />

périssable avec du bon et du moins bon. A revoir.<br />

A revoir aussi la prestation du fameux MC-Hero qu’est le<br />

mythique KRS-One. Une tuerie ! Il est difficile de rendre<br />

TEXTE LIVE<br />

Histoire de se rincer les oreilles de<br />

tous ces riffs endiablés, nous partons<br />

voir l’instant funk-soul habituel<br />

de Dour. Après Charles Bradley<br />

il y a quelques années, c’est au<br />

tour d’un autre descendant musical de James Brown<br />

de prendre le relais avec Lee Fields & The Expressions.<br />

Sensualité cuivrée et énergie avec sueur incluse étaient<br />

donc prévues au programme en cette journée ensoleillée.<br />

Un show propre et respectable qui s’avère être un<br />

must pour serrer de la gueuse à Dour, quoique bien trop<br />

court. Retour à la Cannibal Stage pour ce qui reste l’un<br />

des meilleurs moments de la journée, à savoir le concert<br />

du trio A Place To Bury Strangers, venu défendre son dernier<br />

album Transfixiation. Son rock post-punk-shoegaze<br />

un hommage correcte à cet acteur majeur de la scène<br />

«rap conscient» tant sa prestation a été généreuse,<br />

ponctuée de quelques moments forts et de l’approbation<br />

‘finger in ze nose’ du public qui montera sur scène à<br />

la fin du show. Avec œuf corse un «Sound of the police»<br />

d’anthologie. La Boombox is «on fire». Un des grands<br />

moments de Dour 2015.<br />

Cette deuxième journée a été «dour dour» et nous laisse<br />

un peu KO, la chaleur et la marche y sont pour beaucoup.<br />

45


TEXTE LIVE<br />

Nous vaguons et flânons sur quelques scènes avant de<br />

partir nous reposer car le vendredi s’annonce géantissime,<br />

avec quelques trucs immanquables.<br />

On a loupé : Igorrr, Solstafir, Kvelertak, Electric Wizard,<br />

Modeselektor, Mark Ronson.<br />

Jour 3 - VENDREDI 17 JUILLET<br />

Ce jour débute par un passage hasardeux devant la tente<br />

de la Petite Maison Dans La Prairie, attirés par la prestation<br />

tout en finesse du trio electro bruxellois Vuurwerk.<br />

C’est onirique, parfait pour un réveil en douceur surtout<br />

que la suite du programme fait place à des phénomènes<br />

électriques.<br />

Les Liégeois de IT IT Anita, malgré un second guitariste<br />

diminué, vont délivrer un set noise-rock inspiré et vivant.<br />

On savait que le groupe était très bon sur disque, c’est<br />

aussi le cas en live et les présents au Labo ne le regretteront<br />

pas. Une confirmation pour ceux les connaissant<br />

Vos deux serviteurs étant très fan du rappeur versaillais<br />

Fuzati, inutile de dire que nous étions impatient d’assister<br />

à ce show anniversaire de l’album le plus marquant<br />

du Klub Des Loosers, Vive la vie. Et le flowman accompagné<br />

de musiciens délivrera un excellent show. Si les<br />

disques se révèlent souvent purement «strictly hiphop,<br />

voir un peu plus...», en live, c’est tout l’éclectisme<br />

de celui qui dit ne plus écouter de rap depuis quelquesannées<br />

qui émerge. Les érudits de la plume numérique<br />

utiliseraient l’expression «syncrétisme de bon aloi»<br />

pour ces morceaux subtilement et intelligemment réarrangés<br />

pour l’occasion. Moment fort : La Boombox qui<br />

scande «Baiser ! baiser ! baiser ! Ouh ! Ouh !».<br />

C’est toujours un plaisir non dissimulé de retrouver nos<br />

Lofofora sur scène. Les Parisiens nous ont offert sur<br />

un plateau un show comme il ont l’habitude de nous en<br />

concocter : une énergie contagieuse pleine de sincérité<br />

avec la grande gueule de Reuno en sus, qui n’hésite<br />

pas à lancer quelques blagues au public quand bon lui<br />

semble. On les a retrouvés par la suite en presse pour<br />

une interview collective pleine de décontraction et de<br />

rigolade. Lofo, quoi !<br />

Même si nous n’avons<br />

pas pu nous délecter<br />

de tout leur show,<br />

problème de planning<br />

oblige, Deerhoof garde<br />

un standing de haute<br />

qualité sur les planches.<br />

Son batteur, Greg Saunier,<br />

est toujours un<br />

atout considérable<br />

pour faire pulser cette<br />

machine expé-noiserock<br />

et la voix de Satumi<br />

embellit à merveille<br />

ce package faussement<br />

pop abasourdissant<br />

de sa douceur et de sa<br />

cocasserie.<br />

déjà, probablement une excellente découverte pour les<br />

autres.<br />

Moment drôle de la journée<br />

: alors qu’on pensait<br />

avoir l’excellente Chelsea<br />

Wolfe face à nous<br />

sous la Jupiler Dance<br />

Hall, on se rend compte en partant qu’il s’agit en fait de<br />

Zola Jesus ! L’américaine nous lâche une prestation relativement<br />

mollassonne, une electro-pop mélodique mais<br />

lassante malgré la jolie voix qui l’habille. Le charisme<br />

n’est pas présent et la nana peine à convaincre. Dommage.<br />

Que dire du live de Tony Allen Review, exclu mondiale,<br />

si ce n’est que la musique n’était pas bien mar-<br />

46


quante, plate et<br />

easy-listening,<br />

malgré la présence<br />

d’Oxmo<br />

Puccino, rappeur<br />

qui était acclamé<br />

par la critique il y a<br />

quelques années.<br />

Ah oui, et le père<br />

Tony est pote avec<br />

un certain Damon<br />

Albarn (ils ont collaboré<br />

ensemble<br />

sur le tout aussi<br />

plat projet The<br />

Good, The Bad & The Queen...) qui est venu lui faire un<br />

coucou pour lui souhaiter bon anniversaire, le chanteur<br />

de Blur participant à deux titres pour l’occasion, certainement<br />

l’un des événements majeurs et le plus attendu<br />

du festival... On aurait aimé beaucoup plus mais ce cher<br />

Damon avait d’autres obligations le soir-même au Portugal.<br />

Mine de rien, c’est pratique un jet privé.<br />

Sunn O))) était l’une de nos attentes, une expérience<br />

cosmique à ne pas rater selon certains. Ce fut un fiasco,<br />

un gros foutage de gueule. En une demi-heure (on a<br />

réussi à tenir jusque-là...), il s’est produit grosso merdo<br />

la résonance d’une seule et même note fragile et plaintive<br />

par sa lancinante basse. Une mélasse sonore dont<br />

on ressort plein de questionnements, est-ce que le<br />

drone c’est mieux en live ou sur disque ? Est-ce qu’il faut<br />

prendre un stupéfiant pour faire passer la pilule ? Cela<br />

nous conforte à l’idée d’aller oublier ça devant un truc<br />

tout aussi extrême pour nos oreilles : du rap game avec<br />

Kaaris. Quitte à le faire, hein, autant être jusqu’au-boutiste.<br />

Le mec au corps musculeux de Sevran n’en avait<br />

déjà pas assez de la canicule de la journée qu’il en remet<br />

une couche et brûle, par ses punchlines assassines, la<br />

Boombox qui porte bien son nom pour le coup. Conquis<br />

? Pas surpris, en tout cas. On connaît IZI les codes de ce<br />

milieu mais ce qu’on savait moins, c’est que le rappeur a<br />

pas mal fans en Belgique.<br />

On est toujours un peu perplexe concernant un live de<br />

Fear Factory. Faut dire que la formation de cyber-métal<br />

a bien bougé, ce qui fait qu’on ne sait plus vraiment qui<br />

sera devant nous à chaque fois qu’ils jouent. On sait juste<br />

qu’ils vont sortir Genexus. C’est finalement deux titres<br />

qui sortiront du show («Photomech», «Soul hacker»),<br />

assez peu pour en avoir un aperçu. Burton a toujours<br />

un peu de mal à tenir la justesse de ses chants clairs.<br />

Set list de festival<br />

type avec majoritairement<br />

des<br />

vieux morceaux<br />

pour faire plaisir<br />

à tous.<br />

De mémoire, cela<br />

devait bien faire<br />

3-4 ans que les<br />

Landais de Gojira<br />

n’avaient pas<br />

fait de passage à<br />

Dour. Ils offriront<br />

un show comme<br />

d’habitude très<br />

habité, une set-list variée et puissante qui a ravi les<br />

nombreux présents. Après cette rasade de sons globalement<br />

agressifs, on profite de l’électro planant de Kid<br />

Francescoli pour se remettre de nos émotions. En plus,<br />

la blonde qui chante est très jolie, sa voix doucereuse<br />

et timide passe nickel sur l’instru. Non, franchement,<br />

ce couple marseillais nous a fait du bien. Contempler<br />

sereinement la mélodique drum & bass de DJ Fresh sur<br />

la Last Arena après une journée aussi chaude et éprouvante,<br />

c’est. chaud ! Dans tous les sens du terme. Son<br />

set part un peu dans tous les sens avec son MC, s’en est<br />

trop, nous nous éclipsons en pensant déjà à demain et<br />

en cochant quelques troubadours à ne pas louper.<br />

On a loupé : C2C, The Wombats, Joy Wellboy, Pendulum<br />

(DJ Set), Danny Brown, Cannibal Ox, CocoRosie, Anti-<br />

Flag, The Black Dahlia Murder, Dope D.O.D, Nina Kraviz,<br />

Great Mountain Fire.<br />

Jour 4 - SAMEDI 18 JUILLET<br />

C’est samedi, le début du week-end, les premiers signes<br />

de fatigue commencent sérieusement à se faire sentir<br />

dans tout le corps. Les festivaliers les plus téméraires<br />

sont devant la révélation hardcore Deez Nuts. Enfin, «révélation»,<br />

pas tant que ça en fait. Les Australiens pratiquent<br />

ce qu’une partie de la scène NYHC faisant dans<br />

les 90’s, soit une musique métal-punk hargneuse teintée<br />

de hip-hop. Gros riffs et énergie sont au programme,<br />

les fans sont au taquet. Changement de décor avec un<br />

groupe qu’on avait déjà vu à Dour en 2013 : BRNS. Le<br />

quatuor belge reste irrésistible sur les planches quand il<br />

dévoile son accrocheuse formule sonore : une pop-rock<br />

alambiquée, aérienne et expérimentale. On retiendra ce<br />

magique «My head is into you» qui nous a fait le plein<br />

TEXTE LIVE<br />

47


TEXTE LIVE<br />

sensationnel. A ne pas rater s’ils passent près de chez<br />

vous.<br />

On est passé devant le vétéran Horace Andy en formule<br />

reggae. On le préfère dans ses collaborations, plus ambitieuses<br />

artistiquement, tel que l’évident Mezzanine de<br />

Massive Attack. Cependant, il n’a pas démérité du tout,<br />

Sleepy reste Sleepy. Et comme on dit dans les milieux<br />

autorisés : «Grâce à Sleepy, j’ai trouvé une totale liberté<br />

d’esprit vers un nouvel âge réminiscent». Acid Baby<br />

Jesus était noté en priorité sur notre liste, longtemps<br />

à l’avance. Et pour cause, à l’image de leurs quelques<br />

disques, les Grecs nous livrent un set totalement psyché<br />

et sombrement décomplexé. Forcément, on adore.<br />

Direction la Cannibal Stage : trois ans après leur première<br />

inoubliable venue, les Suicide Silence font une<br />

harangue à la foule, l’invite à se lâcher sous les décibels<br />

métal du combo. Ca reste carré mais d’un niveau en-dessous<br />

par rapport à la première fois, effet de surprise en<br />

moins. Même remarque plus tard pour Agnostic Front<br />

dans un autre registre. Notez que c’était d’ailleurs foncièrement<br />

le contraire pour Terror, toujours sur la même<br />

scène quelques instants après. On les avait déjà vus à<br />

maintes reprises dans le passé, mais sur ce show-là, les<br />

ricains ont été impériaux.<br />

Entre temps, Mars Red Sky proposait un stoner-rock psyché<br />

plaisant sous le Labo : la voix de Julien, très éthéré<br />

et atypique pour le genre, ajoute un supplément de singularité<br />

à une formule qui a déjà fait ses preuves. Les<br />

titres s’enchaînent sans déplaisir et lassitude, ce qui<br />

n’est déjà pas si mal. Le groupe du guitariste des Libertines,<br />

Carl Barât And The Jackals a fait plutôt bonne impression<br />

avec son rock typique aux forts accents british.<br />

Les compositions, fleur bleue par-ci, frondeuses par-là,<br />

n’ont pas toujours très bonnes, mais on ne va non plus<br />

apprendre à un anglais à faire du rock. On se dirige sous<br />

le Labo pour apprécier la prestation de Laetitia Sheriff,<br />

et autant vous dire que c’est du tout bon. Quelle volupté<br />

dans son rock qui me rappelle à la fois celui de Shannon<br />

Wright et Serena Maneesh. Un très bon moment qui sera<br />

encore plus intense avec le Parisien Jessica93. La force<br />

tranquille, c’est seul au commande qu’il égrène d’ondes<br />

darkwave la populace venue le voir. La sauce a pris indéniablement,<br />

envoûtant davantage les premiers rangs.<br />

Son show impeccable et implacable nous laisse l’impression<br />

d’un type qui n’a plus rien à prouver en live à l’heure<br />

actuelle. «Vivement le prochain album !».<br />

Sur l’affiche, c’était la «star» du samedi. Lauryn Hill l’a<br />

joué : arrivée une bonne demi-heure de retard, relation<br />

froide avec le public de Dour après l’avoir confondu avec<br />

celui de Bruxelles, show qui met du temps à se mettre en<br />

place. C’en est trop ! Le festivalier de la plaine de la machine<br />

à feu n’a pas de temps à perdre avec ces conneries,<br />

on ratera visiblement «la meilleure partie» du<br />

show. Tant pis pour elle, Autechre joue en même temps,<br />

48


et ça c’est immanquable vu le peu de concert qu’ils font.<br />

Rob Brown et Sean Booth nous plongent dans un noir<br />

profond pour mieux nous immerger dans leur électro<br />

IDM expérimentale et déshumanisée. Un final parfait<br />

avant de penser à partir dans les bras de Morphée. Une<br />

réflexion assez fugace dès lors que la pluie commence à<br />

bien tomber sur Dour.<br />

On a loupé : Defeater, Hatebreed, Roni Size, The Drums,<br />

The Bloody Beetroots (DJ Set).<br />

Jour 5 - DIMANCHE 19 JUILLET<br />

C’est souvent avec tristesse que l’on aborde la dernière<br />

étape de notre séjour à Dour. Ce fut tellement intense<br />

que le dimanche rime avec indolence, tout en essayant<br />

quand même de profiter au maximum du temps qu’il<br />

nous reste et des festivités qui s’opèrent à l’intérieur.<br />

Pourtant le début fait mal aux oreilles. Nothing But<br />

Thieves fait fuir tant la voix aiguë et mielleuse de son<br />

chanteur est insupportable, et puis leur musique l’est<br />

tout autant. Mais pourquoi donc ces Anglais étaientils<br />

programmés ? Et sur la Cannibal Stage de surcroit<br />

? On passe ensuite à la nouvelle scène du Labo pour<br />

voir Spagguetta Orghasmmond, un groupe parodique<br />

belge œuvrant dans le ridicule<br />

assumé : musique kitchissime<br />

à souhait genre<br />

Frédéric François/Franck<br />

Mickaël mais version Jupiler<br />

et moustache foisonnante,<br />

costumes en adéquation<br />

tout droit sorti des placards<br />

de mamie mais une mamie<br />

qui a pris ses habitudes vestimentaires<br />

dans les clips<br />

de Village People et certains<br />

films de John Travolta...<br />

Rigolo deux titres et on est<br />

passé à autre chose...<br />

Le niveau est vite rattrapé<br />

par la formation qui suit, à<br />

savoir Raketkanon qui développe<br />

un univers propre<br />

confectionné sur disque par<br />

Sir Albini. Belle publicité pour<br />

les Gantois qui méritent<br />

que leur math-noise-rock<br />

bidouillée de bout en bout<br />

soient largement diffusé à la populace. Retour sur terre<br />

en passant devant le set de Tiken Jah Fakoly, présent<br />

sur la Last Arena avec ses nombreux musiciens. L’ivoirien<br />

est venu présenter son Dernier appel, un reggae<br />

pacificateur plein de conscience sociale et politique. Pas<br />

franchement fan depuis de nombreuses années, nous<br />

constatons simplement que Tiken a fait le job, comme<br />

d’habitude, devant un parterre de fans inconditionnels.<br />

Au final, ça passe toujours bien le reggae en festival en<br />

buvant un bon Jack.<br />

Ce qui a suivi est resté dans les bonnes mémoires de ce<br />

Dour 2015. GoGo Penguin ne se fait pas prier pour faire<br />

jaillir son arsenal jazzy avec une pointe électro pour le<br />

rendre, disons, un peu plus moderne. C’est très mélancolique,<br />

le soleil a du mal à sortir, pas de doute, on est<br />

vraiment dimanche. Et quoi de mieux que du post-punk<br />

pour se remettre de tout ça ? Eagulls fait forte impression<br />

avec son post-punk à la fois mélancolique et rageur.<br />

Le petit charisme du chanteur, ressemblant vaguement<br />

à un Macaulay Culkin version perfide Albion, y est pour<br />

beaucoup. La qualité de la musique entre bruine et lumière<br />

aussi hein...<br />

On avait entendu beaucoup de bien de Rejjie Snow<br />

(après enquête, aucun lien de parenté avec Jon Snow...<br />

désolé...), le petit prodige hip-hop made in Ireland. Et sa<br />

prestation ne fera pas mentir<br />

sa réputation à la limite de la<br />

hype : le bonhomme se démène<br />

comme un beau diable pour défendre<br />

sa version des faits. Le<br />

public de la Boombox est ravi,<br />

nous aussi.<br />

Encore une belle découverte<br />

électro avec Débruit. Le Français,<br />

roi de l’échantillonnage,<br />

nous fait voyager à travers ses<br />

trouvailles et son tricotage<br />

sonore, le tout savamment<br />

rythmée. Ça plaît au public qui<br />

semble avoir lui aussi trouver<br />

chaussure à son pied en ce<br />

dimanche après-midi qui file à<br />

une vitesse folle. Nous avions<br />

vu And So I Watch You From Afar<br />

au même endroit il y a deux<br />

ans. Cette fois-ci, le quatuor de<br />

Belfast compte un album de<br />

plus à son actif avec le récent<br />

Heirs. Pas de changements<br />

majeurs entre les deux shows, c’est toujours aussi<br />

TEXTE LIVE<br />

49


TEXTE<br />

50


51<br />

TEXTE


LIVE<br />

puissant, dansant mais également hypnagogique entre<br />

deux balafres données par ses rythmiques math-rock.<br />

Après, faut aimer le style, c’est comme tout.<br />

Les têtes d’affiche ne sont souvent pas ce qu’il y a de<br />

plus intéressant à Dour et ce sera le cas avec Santigold,<br />

La prestation ridicule de la soirée. Musique sans intérêt<br />

et interprétation au même niveau. Les autorités douriennes<br />

invoqueront même un soupçon de playback<br />

pour seconder la pseudo-diva, c’est un comble . Et la<br />

chanteuse arbore un nœud papillon jaune tout aussi<br />

ridicule. A jeter.<br />

Snoop Dogg à Dour ? Ca peut paraître bizarre quand<br />

on sait que le rappeur préfère en général la proximité<br />

des petites salles et des aftershows. C’est d’ailleurs là<br />

qu’il excelle l’ayant vu par le passé. Devant 20 000 personnes<br />

présentes devant la scène de la Last Arena, le<br />

Doggfather a joué 40 minutes au lieu d’1h15. Mauvais<br />

point, d’autant plus qu’il quitte la scène au milieu d’un<br />

morceau. Et la prestation ? Le minimum syndical avec<br />

un son qui n’arrive pas vraiment jusqu’à nos oreilles. Pas<br />

une escroquerie, mais presque malgré quelques oldies<br />

et des reprises de classiques (dont le «I love rock n’ roll<br />

de Joan Jett façon playback, youhou...). Ouais, si, une<br />

escroquerie en fait. La fin de festival rêvée, on l’a eu :<br />

contempler Jon Hopkins derrière ses machines pour un<br />

voyage électro interstellaire avec un super travail vidéo<br />

dont le passage du clip de la magistrale «Open eye signal».<br />

Un show béton tout en maîtrise propice à l’introspection.<br />

Que demande le peuple ?<br />

On a loupé : Chinese Man, Al’Tarba, Infected Mushroom,<br />

Clap! Clap!.<br />

> CONCLUSION<br />

Dour c’est (pêle-mêle) :<br />

- Dourrreeeeuh ! (T’as beau l’oublier, ça revient assez<br />

vite en général)<br />

- de la bière<br />

- de la bière..<br />

- de la bière... (changez de marque s’il vous plait !)<br />

- des pauses bières sur le parking parce que, c’est pas<br />

qu’on n’aime pas vos bières, mais bon... Si en fait, on<br />

ne les aime pas. Un comble au pays du houblon et des<br />

bières de dégustation<br />

- la galère pour retrouver ta bagnole sur le parking,<br />

même à deux<br />

- un marathon (à vérifier car j’ai pas pris mon podomètre)<br />

- un soin faciale 100% à la bière parce que la boue, ça<br />

rend la marche à pied avec un verre dans la main sacrément<br />

périlleuse. Soin visage à l’efficacité éprouvée par<br />

Ted.<br />

- du Jack (quand même, merde, on est à Dour)<br />

- des serveuses méga canons triées sur le volet (dédicace<br />

à celles du stand JD et celui de Jupi en presse)<br />

- des rencontres fortuites, intéressantes ou non<br />

- essayer parfois de communiquer avec des gens dans<br />

des langues incompréhensibles et indéfinies<br />

- des retrouvailles (un coucou spécial aux Lillois)<br />

- un gars de la sécu qui porte un t-shirt «quenelle épaulée»<br />

-> Antisémite !<br />

- des Flamandes...<br />

- des Flamands qui font semblant de ne pas comprendre<br />

le français<br />

52


- de la chaleur (un peu partout)<br />

- donc plein de transpiration (un peu partout)<br />

- de la boue (ben oui, quand même, c’est normal après 4<br />

jours de canicule)<br />

- des calemdours<br />

- «Tu cherches quelque chose ?»<br />

- «T’aurais pas une clope steup ?»<br />

- «T’aurais pas vu ma copine ? Elle est blonde aux yeux<br />

bleues.»<br />

- plein de courage pour aller aux toilettes (mais vraiment<br />

plein)<br />

- un transit intestinal capricieux<br />

- une passerelle d’accès qu’on aimerait ne plus jamais<br />

prendre<br />

- des sardines de tente qui ne se plantent pas<br />

- des huttes de sudation le matin (mais sans le rituel<br />

spirituel)<br />

- des vivres qui partent en couilles au bout de deux jours<br />

- du bricolage<br />

- des inventions stupéfiantes comme le lance-pierre<br />

géant mais avec des chaussures à la place<br />

- payer une douche 2 euros et attendre une heure<br />

- de la sauce aux frites<br />

- de l’eau du robinet qui t’oblige de manière foudroyante<br />

à retourner aux toilettes<br />

- des glissades inattendues, tu sais, juste après la fin<br />

des planches en sortant d’une tente...<br />

- ne pas trouver de cure-dent chez les «restaurateurs»<br />

- de l’herbe (du gazon quoi, pour se poser dessus) qui<br />

sent fort par moment<br />

- des siestes pas prévues du tout, mais pas du tout, du<br />

tout<br />

- des copains/copines qui ne viennent pas (qu’est-ce<br />

que vous foutez bordel !)<br />

- Dourman et l’homme des bois, les habitués qu’on<br />

croise à chaque fois<br />

- un dournoi de foot<br />

- «baiser, baiser, baiser, baaaaaaaiiiiiser !»<br />

- une attente pour arriver et une autre pour repartir,<br />

genre 3h. Cool !<br />

- des auto-stoppeurs agressifs qui s’agrippent à ta<br />

caisse en sortant du festival. Ben ouais, faut bien rentrer<br />

bordel !<br />

- surtout de la super musique et de belles découvertes à<br />

faire : ceci est un rappel pour ceux qui ne viennent pas<br />

pour ça<br />

Crédits Photos :<br />

Page 44 : Sunno © Mathieu Drouet<br />

Page 45 : Krokodil © Laurence Guenoun<br />

Page 46 : Le Klub des Loosers ©NicolasDebacker<br />

Page 47 : It it Anita © Romain S. Donadio<br />

Page 48 : KRS-One @ Laurence Guenoun<br />

Page 49 : Eagulls © Romain S. Donadio<br />

Page 50 : SBTRKT © Laurence Guenoun<br />

Page 52 : Snoop-Dogg © DR<br />

Merci à la Dour Team<br />

http://www.dourfestival.eu<br />

LIVE<br />

Tu viens avec nous l’année prochaine ?<br />

Ted & David<br />

53


LES DISQUES DU MOMENT<br />

WARSAWWASRAW<br />

Sensitizer (Music fear Satan)<br />

pour te procurer Sensitizer, «Hells angles» devrait parachever<br />

le boulot de séduction et te convaincre de la maîtrise<br />

du groupe quand il s’agit de doser subtilement un<br />

album qui pourrait assez vite être redondant.<br />

Bref, si t’es en manque de sensation forte, Sensitizer<br />

remplira parfaitement son office. WARSAWWASRAW a<br />

beau avoir perdu quelques membres dans son histo<br />

rique, cela ne l’empêche pas de sonner aussi heavy<br />

qu’une armée de 1000 musiciens avides de musique<br />

carnassière.<br />

David<br />

Derrière ce violent palindrome WARSAWWASRAW se<br />

cache un duo parisien (guitare/batterie) tout aussi<br />

violent. Sans écouter le disque, la parution de l’album<br />

sur Three One G (Zeus !, Rextox...), le label de Justin<br />

Pearson de The Locust indique déjà la correction punkhardcore-noise<br />

qui va pointer. Et le nombre de titres<br />

ainsi que la durée moyenne des pistes en question,<br />

entre 30 secondes et deux minutes, semble afficher un<br />

disque cinglant de chez cinglant. Et ce sera foutrement<br />

cinglant.<br />

Le premier titre, «Nipplesin», fait l’effet d’un véritable<br />

coup de poing dans la tronche : dynamique d’enfer, le<br />

propos est pas très loin d’un Nostromo qui aurait bouffé<br />

du lion. Oui, c’est possible. Les pistes s’enchaînent,<br />

se ressemblent en mode monomaniaque «exutwar»,<br />

sans pour autant lasser. Grâce à des pistes où le groupe<br />

s’éloigne de cette ligne éditoriale de la terre brûlée.<br />

Enfin pas trop quand même, faut pas déconner. «Hells<br />

angles» fait figure de sommet avec ses 8 minutes qui<br />

emmènent le groupe sur le terrain d’un Cortez : il commence<br />

comme du WARSAWWASRAW pur-jus puis le tempo<br />

subit un sévère coup de frein, le duo se fait épique<br />

et tremblement post-harcdore, le riff ralentit et un chant<br />

clair arraché apparaît... S’il fallait un argument massue<br />

54


T.A.N.K<br />

des instruments qui se complètent parfaitement, des<br />

chants maîtrisés dans chaque registre, vraiment, c’est<br />

du sacrément bon boulot à tous les niveaux. Et pour<br />

un tel résultat, il y a forcément derrière un énorme travail<br />

préparatoire pour que chaque plan, chaque frappe,<br />

chaque note soit à sa place. Bravo donc au combo pour<br />

avoir réussi à ciseler un tel album. Un boulot d’autant<br />

plus complexe que Björn « Speed » Strid de Soilwork<br />

(dont ils sont fans) à répondu favorablement à leur invitation,<br />

il a donc fallu penser «Blood relation» avec un<br />

membre de plus, et pas des moindres... C’est réussi tout<br />

comme l’apparition de Jessy Christ (chanteuse qu’on a<br />

pu entendre chez Herrschaft) sur «The edge of time».<br />

Des titres qu’on sort de la track-list à contre-coeur tant<br />

l’ensemble est cohérent et forme un tout à prendre forcément<br />

dans son intégralité.<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

Malédiction ? On peut se poser la question... Parce que<br />

juste après avoir enregistré Spasms of upheaval (leur<br />

deuxième album qui, va savoir pourquoi, a évité la case<br />

W-Fenec) T.A.N.K se séparait de son guitariste Eddy et le<br />

remplaçait par Nils (de Lyr Drowning) et deux ans plus<br />

tard, juste après avoir enregistré Symbiosis, T.A.N.K annonçait<br />

le départ de son guitariste de toujours Symheris<br />

(remplacé depuis par Charly). Certes, le groupe sait<br />

désormais réagir et assurer des concerts sans tous les<br />

acteurs de la composition mais on peut connaître situations<br />

plus simples pour sortir et promouvoir un album.<br />

Surtout que si celui-ci est aussi bon, c’est en bonne<br />

partie grâce aux guitares... Au passage, note combien je<br />

reste circonspect au vu du nombre de zicos qui quittent<br />

leur groupe juste après l’enregistrement, comme si ils<br />

ne savaient pas avant que ça ne marcherait plus (mais<br />

que peut-être il y a un peu d’oseille à se faire ?), ce n’est<br />

pas forcément le cas présent mais je tenais à partager<br />

ce sentiment désagréable.<br />

Là, on a du mal à penser que la symbiose n’était pas<br />

totale car le groupe apparaît encore uni et capable<br />

d’envoyer dans tous les sens, du plus clair au plus<br />

obscur, du plus rapide au plus lourd, du plus saturé au<br />

plus tranchant, avec des samples, des parties épurées,<br />

Bravo également à David Potvin (guitariste de One-<br />

Way Mirror) qui réalise une grosse production (avec<br />

quelques parties enregistrées par Symheris) mais aussi<br />

un mixage et un mastering de grande qualité (et en plus<br />

il fait des choeurs !), le tout chez Lyzanxia (au Dome<br />

studio donc), studio bien connu d’Abysse, Beyond The<br />

Styx, Holding Sand) où Think of A New Kind a désormais<br />

ses habitudes. Bravo aussi à Rusalkadesign qui réalise<br />

un très bel artwork dans le style de ceux du Strychneen<br />

studio (Stomb, Hacride, Noein, Trepalium, Straight on<br />

Target...) même si l’image choisit pour être sur la couverture<br />

de l’album n’est pas, à mon goût, la plus réussie<br />

de la série.<br />

Avec cette nouvelle oeuvre métallique résolument<br />

moderne, T.A.N.K enfonce le clou encore plus profondément,<br />

on leur souhaite juste de pouvoir maintenir un tel<br />

niveau de créativité et d’exigence artistique pour continuer<br />

leur aventure perpétuellement relancée... à moins<br />

de briser la malédiction ?<br />

Oli<br />

55


LES DISQUES DU MOMENT<br />

ACOD<br />

II the Maelstrom (Autoproduction)<br />

plus sombres (avec des parties growlées du plus bel<br />

effet) comme les plus aériens (grâce à quelques petites<br />

mélodies bien senties). Pour varier les ambiances, ACOD<br />

est allé chercher du côté de quelques instrumentations<br />

au moment d’arranger ses titres, comme ce violon sur<br />

«Cold», ou a demandé à leur producteur de participer à<br />

«Unleash the fools», il se trouve que l’homme derrière<br />

les manettes est Shawter (Dagoba), c’était donc assez<br />

«facile» de l’intégrer dans ce titre. Ce n’était peut-être<br />

pas la même mayonnaise pour Bjorn Strid (Soilwork) qui<br />

apporte un peu plus de relief à «Ghost memories» avec<br />

des chants alors très tranchés qui se répondent sur une<br />

rythmique lourde et un peu simpliste en apparences.<br />

Le résultat risque de ne pas plaire à tout le monde tant<br />

ce morceau dévie un peu de la ligne tracée le reste du<br />

temps par ACOD.<br />

Avec son entrée en matière gojiresque, ACOD se rappelle<br />

à notre bon (et frais) souvenir puisque peu de temps<br />

nous sépare de l’EP qui avait titillé nos oreilles voilà<br />

quelques mois (Another path...). Si tu ne te l’étais pas<br />

procuré, rien de grave puisque l’intégralité de ses titres<br />

se retrouvent ici, l’ordre n’est pas le même mais leur<br />

intégration avec les autres morceaux est bien réussie,<br />

l’excellente qualité des 5 titres s’étend et s’entend sur<br />

les 13 d’II the Maelstrom.<br />

J’ai déjà pas mal de bien d’Another path..., tu peux aller<br />

relire l’article et il va falloir ajouter quelques bonnes<br />

choses encore. Déjà, côté artwork, le groupe a progressé,<br />

le choix est moins malheureux même si on est encore<br />

très loin de la qualité des pochettes du moment (surtout<br />

dans le death et le métal qui tabasse où certains rivalisent<br />

de classe). Comme quoi, avoir un artiste de renom<br />

(Vasco a bossé pour Keep of Kalessin, Slayer, Dark Funeral,<br />

Dimmu Borgir...) ne fait pas tout, m’enfin, chacun<br />

ses goûts. Côté musique, et encore une fois, c’est ce qui<br />

prime largement sur tout le reste, faut vraiment être du<br />

côté des éternels grincheux pour trouver à redire sur cet<br />

album qui allie puissance et efficacité, savamment dosé<br />

pour être aussi homogène que diversifié. Le groupe en<br />

lui-même est capable de jouer dans les registres les<br />

Amateur de death ouvert, il est temps de plonger dans<br />

le Maelstrom des Marseillais qui sont aujourd’hui au<br />

meilleur de leur forme. C’était attendu mais ce troisième<br />

album d’ACOD est bel et bien l’une des sensations métal<br />

de l’année. A savourer.<br />

Oli<br />

56


AND SO I WATCH YOU FROM AFAR<br />

Heirs (Sargent House / Differ-Ant)<br />

mélodiquement la composition. Mais le groupe doit également<br />

se prémunir d’un excès d’orgueil sur ce point là,<br />

car au fil de la lecture du disque, les vocalises à base de<br />

«oh oh, oh oh oh, oh oh» peuvent vite devenir un cauchemar<br />

pour l’auditeur. Ce n’est évidemment pas le cas<br />

de tous les morceaux, même si on ressent cette facilité<br />

à toujours vouloir meubler de voix des parties de pistes<br />

qui n’en ont pas toujours besoin. Je pense par exemple à<br />

«Animal ghosts», qui en plus de cela intègre des bouts<br />

de trompettes qui n’apportent vraiment pas grand chose<br />

au morceau.<br />

LES DISQUES DU MOMENT<br />

Petite polyphonie introductive, le tempo féroce se lance,<br />

les guitares s’entrelacent, les chœurs suivent, silence...<br />

La machine And So I Watch You From Afar est lancée<br />

avec «Run home», morceau introductif, autant énergique<br />

que planant. Ce titre sous tension marque l’empreinte<br />

d’un groupe déjà bien installé confortablement<br />

sur le territoire des musiques rock qui se veulent alambiquées,<br />

tout en dévoilant ses côtés chaleureux et un brin<br />

fédérateurs. Heirs, soit les héritiers en VF, est la dernière<br />

salve sonore des gars de Belfast. Un cocktail détonant<br />

de math-rock et de post-rock (pour faire court), une formule<br />

modulable faussement pop au sein de laquelle le<br />

groupe a déjà fait ses preuves, notamment avec All hail<br />

bright futures, dont la filiation pour le coup est plus que<br />

stupéfiante.<br />

La volonté d’And So I Watch You From Afar de rendre ce<br />

Heirs le plus éclatant possible n’est pas un mal en soit.<br />

On aime son brin de folie totalement domptée, ses moments<br />

de quiétude tutoyant les cieux et sa «coolitude»<br />

assumée, mais certains morceaux un peu longs, dont<br />

«Heirs», fonctionnent beaucoup plus sur scène que sur<br />

disque. «Tryer, you», titre qui suit et sonne le glas d’une<br />

manière tendant vers quelque chose d’épique et censé<br />

être le bouquet final éblouissant comme dans un feu<br />

d’artifice, n’apporte déjà plus grand chose à ce stade de<br />

l’écoute car le cadeau est déjà ouvert depuis plusieurs<br />

dizaines de minutes. Peut-être aurait-il fallu revoir l’ordre<br />

d’apparition des chansons ? Dommage, mais cela n’enlève<br />

en rien la qualité relativement excellente de ce quatrième<br />

album.<br />

Ted<br />

Les Nord-Irlandais sont toujours habiles quand il s’agit<br />

de rendre leur musique facile à l’écoute sans que leur<br />

maîtrise technique en devienne indigeste et prenne<br />

le pas sur le reste (un problème récurrent de pas mal<br />

de formations de nos jours). Bien au contraire, elle est<br />

même de plus en plus atténuée par un élément important<br />

dans l’évolution du quatuor : la présence du chant.<br />

«These secret kings I know» en est un bel exemple, tout<br />

en chœurs contrôlés, ce titre en sort bonifié car il sert<br />

57


TEXTE LIVE<br />

XTREME FEST 2015<br />

Décibel, canicule & explosion de nuques<br />

Certains migrent en juillettiste vers le sud pour se dorer la cacahuète comme un beignet des plages saturé de<br />

graisse, alors que d’autres vont se fracturer au plus géant et extrême festival de tout le grand sud : l’Xtreme Fest.<br />

L’année d’avant le festival avait profané les terres<br />

épiscopales d’Albi, pour sa troisième édition il revient<br />

comme lors de sa première dans l’enceinte du site de<br />

Cap Découverte, ancien bassin minier devenu base<br />

de loisir avec plage et lac, skate park, et encore plus<br />

encore... Pour ce jeune festival à l’ambiance zouké et à<br />

la convivialité sudiste, il dispose d’une salle de concert<br />

climatisée en plus d’une scène extérieure, l’ensemble<br />

étant à taille humaine pour une union oldschool entre<br />

les groupes et un public de furies et de furieux venus se<br />

récurer les cages à miel, et se tuméfier les genoux avec<br />

Death, HxC et Punk.<br />

JOUR 1 - Wake the dead<br />

Le festival est à trois quart d’heures de chez moi, elle est<br />

pas belle la life quand même hein ?<br />

Ok vous êtes prêt ? Extra-balle d’entrée car c’est le trio<br />

Sticky Boys qui a fait le baptême du feu sur la scène extérieure<br />

de la EMP Stage. J’ai déjà vu ce groupe à plusieurs<br />

reprises, le seul changement pour moi réside dans le fait<br />

qu’il a dû jouer face au soleil. Les gars luisaient en deux<br />

minutes tellement ils suaient, mais ils ont labouré le pit<br />

avec ce bon vieux hard rock des familles qui fait remuer<br />

le corps, même quand celui-ci ne ventile plus assez. Le<br />

groupe a dégagé un show millimétré comme lors de<br />

son passage au Hellfest de cette année. C’est garanti en<br />

testostérone et autres riffs piqués à AC/DC, avec la vitalité<br />

et les riffs d’Airbourne. Oui c’est vrai si ce n’est pas<br />

original à cause du duplicata entendu avec les groupes<br />

précités, mais ça le fait direct. Car franchement cela fait<br />

un bien fou dans un festival où tu sais qu’il va te tonner<br />

du death et du punk HxC sans discontinue.<br />

Envers de décor à la X Stage, la grande salle intérieure,<br />

avec le groupe Cobra.<br />

Ce groupe a inventé le hard rock alternatif sous le courant<br />

subversif et corrosif du mensuel Hara Kiri (ancêtre<br />

de Charlie Hebdo). Dans le milieu underground du rock<br />

moderne, la hype a fait sortir le venin de Cobra par une<br />

éjaculation malicieuse de folie urbaine. De la sorte que<br />

l’esbroufe côtoie la provocation sans encombre. Originaires<br />

des Alpes Maritimes, lieu de villégiature people<br />

par excellence et de fonds de pension pour retraités<br />

confits, ces punks rappeurs apparaissent à contresens<br />

en tant que géniaux affabulateurs ou peut-être même<br />

en prétentieux connards opportunistes. Nul ne le sait, et<br />

il ne vaut mieux peut-être pas le savoir pour ne pas en<br />

briser la magie noire.<br />

Pourtant, au firmament des joies providentielles que la<br />

58


navigation de plaisance apporte aux jeunes loup de la<br />

finance pendant le jeter de l’ancre dans une crique du<br />

sud-est, avec la tentation de forniquer avec des eurasiennes<br />

mineures, Cobra en prolonge la frustration par<br />

des lyrics outranciers, avec un heavy punk caustique<br />

comme bande-son. Car aussi saugrenu que cela puisse<br />

paraître, il y a des mélodies chez ce groupe, et il ne<br />

faut pas s’arrêter comme un con devant son incitation<br />

au chaos, à la crudité de la misère sociale sous l’égide<br />

d’une rhétorique réactionnaire.<br />

Avec l’attitude hardcore d’un Stupeflip crew sous le fer<br />

heavy de Trust, le groupe a posé son happening de NTM<br />

sous coke, en tapant du pied avec les rangers des Béruriers<br />

Noirs. Ça fonctionnait parce que le groupe a joué le<br />

jeu à fond, avec son jeu de dupe, son jeu de pute, sans<br />

jamais usurper la société du spectacle.<br />

Comme toujours, plus c’est gros, plus ça passe, et ce<br />

groupe est aussi énorme qu’un Congolais dans une Tonkinoise.<br />

Cobra a du venin, son set fut donc mortel, un<br />

très bon show !<br />

Les suivants m’ont retourné une fois encore, et ce pour<br />

la seconde fois d’affilée et en un mois d’intervalle. Birds<br />

In Row est capable avec son rock bruitiste d’une dramatisation<br />

de certains éléments profonds, provoquant la<br />

caresse d’un coup avec le choc de leur noisy abrasive/<br />

post-hardcore. Jouant à l’extérieur et plein sud/sun, le<br />

jeune trio s’est défoncé à rendre avec alternance une<br />

maturité musicale explosive, brûlante, ainsi qu’une<br />

part d’ombre mystérieuse à leur excellent set. Je vous<br />

conseille leur dernier album You, me and the violence<br />

tout aussi révélateur.<br />

C’est donc avec la moiteur des corps baignant dans leur<br />

jus de sueur, que l’on est rentré dans la salle climatisée<br />

pour se tempérer, sauf que dans les arènes du défoulement<br />

nous y attendait Black Bomb A. Par conséquent le<br />

combo a électrocuté le public par des appels à l’émeute,<br />

oui carrément. Et ceci jusqu’au sacrifice de sa santé<br />

physique et mentale. Leur métalcore a fourni de quoi<br />

enhardir les hardcoreux jamais à bout de souffle, même<br />

après une prestation agressive, qu’à la fin de cette<br />

joyeuse lutte avec Black Bomb A, les jeunes trépignaient<br />

encore d’impatience de se refoutre des mornifles en<br />

bombant leur torse herculéen pour certains, et encore<br />

trop chétif pour résister à l’étau des autres. Mais qu’importe,<br />

dehors sur la EMP Stage, Strung Out a fait au punk<br />

mélodique ce que Strung Out exécute en haranguant la<br />

foule en répétition, et avec un chant faux s’il vous plaît.<br />

Le groupe a fait de son mieux pour réveiller la génération<br />

mercurochrome, mais leur punk à roulette n’a pas bousculé<br />

les souvenirs. Ce style étant jugé trop adolescent<br />

pour les métalleux très certainement.<br />

Ce qui ne fut pas le cas pour les prêcheurs sanguinaires<br />

de Carniflex qui avaient posé leur hameçon respectif sur<br />

la X Stage, et surtout sur la première préoccupation des<br />

pêcheurs de l’extrême : la peur d’affronter un groupe de<br />

cet acabit. Car ce groupe de death moderne, à la technicité<br />

abrutissante, a vilipendé sa musique à un croc<br />

de boucher, avec l’apport de vociférations inhumaines,<br />

et un tourbillon de notes deathaliques terriblement efficaces<br />

sur des rythmiques froides. Les gars n’ont pas<br />

fait semblant pour abattre un set monolithique et exténuant.<br />

Je ne sais pas si vous le savez mais la calvitie du quadragénaire<br />

se repère moins bien dans un pit dévolu aux<br />

groupes de HxC. Là-bas, la coupe militaire y est légion<br />

et n’est pas étrangère à la confrontation d’une danse<br />

belliqueuse. C’est devant un bataillon de cranes courts<br />

que Comeback Kid est revenu mettre sa surdose de HxC<br />

mélo, et a soumis même les chevelus à sa démence sonique.<br />

Avec la main sur le cœur et le poing levé, le groupe<br />

a rasséréné, offrant pour sa seconde venu à l’Xtreme<br />

Fest un concert maousse costaud. Aussi puissant que la<br />

dimension de sa renommée en sculpte l’effervescence.<br />

Tu peux les voir 200 fois, c’est ce genre de combo à la<br />

Sick Of It All qui te met à la régulière une claque monumentale<br />

à chaque fois.<br />

Les quadriceps et les dorsaux ayant bien travaillé, nous<br />

étions repus, baignant dans la béatitude d’après l’effort.<br />

Je me suis confortablement assis dans les hauteurs de<br />

la grande salle, et oui c’est magnifique il y a des fauteuils<br />

comme au cinoche.<br />

Alors que de faux amplis tapissaient le fond de scène,<br />

présageant le fait que l’on allait avoir un volume sonore<br />

aussi importante que la tête dans un pot échappement<br />

d’un avion A380, la foule en frissonnait d’excitation, pendant<br />

que je ricanais bêtement à l’avance du set de Black<br />

Label Society.<br />

L’entrée de scène fut aussi pathétique que l’ascension<br />

du Tourmalet par un cadre supérieur en trottinette. Le<br />

leader de la bande, le sieur Zakk Wylde s’est pointé avec<br />

la barbe de Dusty Hill (MDR si j’avais écris Frank Beard<br />

quand même nan ?). Bon dès le début sa guitare pointait<br />

mais à côté du cochonnet, là c’est con ! N’empêche<br />

pas que le salaud n’arrêtait pas de se masturber avec,<br />

c’était dégoûtant en plus qu’insupportable. Du si bécare<br />

en passant par les gammes ioniens, l’infatigable Wylde<br />

fut exténuant de supposer que son solo interminable<br />

TEXTE LIVE<br />

59


TEXTE LIVE<br />

était le nec plus ultra de la musique, surtout dans un<br />

festival de punk/HxC/métAl. Le problème de son hard<br />

rock-grungy-indus c’est qu’il a mis de côté le côté punk<br />

pour épouser les attitudes princières des divas consensuelles<br />

des stades. Contre toute attente Zakk ne nous a<br />

malheureusement pas sorti sa double guitare, on aurait<br />

au moins pu rire. Finalement Black Label Society a produit<br />

un set grand public pour divertir les fans des émissions<br />

Pimp My Ride et Turbo, c’était donc chiant pour les<br />

fans de 30 millions d’amis.<br />

Le dernier set de la soirée fut interprété par les espagnols<br />

de Toundra. Je ne connaissais pas du tout ce<br />

groupe, donc en toute simplicité je me suis recueilli à<br />

JOUR 2 - Ex tenebris lux<br />

Pour cette deuxième journée, il faisait toujours aussi<br />

chaud, et comme l’Xtreme Fest a réduit l’espace entre la<br />

scène et le public cette année, il y a juste une barrière de<br />

sécurité d’à peine un mètre de large, je vous laisse imaginer<br />

le côté oldschool et l’interaction évidente qu’il peut<br />

y avoir comme résonance entre les groupes et le public.<br />

Du coup en une demi-heure à peine, les basques d’Adrenalized<br />

ont toré leur punk rock mélodique en plantant<br />

les banderilles de Strike Anywhere, No Fun At All, Less<br />

Than Jake, jusqu’à ce que d’un riff de muleta, et la mort<br />

dans l’âme, le groupe quitte l’arène en nage. Le groupe<br />

pourtant habitué de la canicule espagnole a joué face<br />

contre face devant un public atrophié par<br />

le soleil, et la chaleur était accablante, mais<br />

elle n’aura réduit en rien leur énergique set.<br />

Une partie du public profane a découvert<br />

les gestuelles mélodiques et la hardiesse<br />

produite par les ibères. Les connaisseurs<br />

plus sensibles à la beauté des passes techniques<br />

du combo, qu’au combat dans le pit,<br />

ont apprécié la valeureuse lutte du groupe,<br />

notamment par sa technique et sa rapidité<br />

d’exécution. Adrenalized en matador punk<br />

assénera tous ses coups avec passion, par<br />

de multiples estocades portées dans les<br />

règles de l’art de la rue et des rampes de<br />

sk8.<br />

leur joli climat délétère, à cette mélancolie douceâtre<br />

pour une musique instrumentale agitant les sens, afin<br />

d’extrapoler vers une explosion de quiétude post stoner.<br />

Au point d’y être complètement réceptif, comme attiré et<br />

bercé par la même délicatesse nacrée des Allemands de<br />

Colour Haze, des spasmes évanescents des Ecossais de<br />

Mogwaï, et des consonances progressistes de Tool. Très<br />

agréablement surpris au point d’en être ému, la magie<br />

a opéré sur un public en quasi transe, où la reconnaissance<br />

n’était plus fictive mais réelle. Le groupe en ressentait<br />

l’admiration en détendant sa beauté claire obscure,<br />

dans le spectre envoûtant de sa musique céleste.<br />

Plaisir d’offrir joie de recevoir, Toundra a su mettre en<br />

évidence des qualités d’interprétation dans ses compositions<br />

instrumentales de la plus belle des façons.<br />

Le festivalier s’est donc retiré vers son couchage avec<br />

les yeux couvert d’une poussière de nuit d’étoiles, et la<br />

caresse musicale de Toundra comme élixir de rêver en<br />

toute aise.<br />

Ce qui va à l’inverse des dadaïstes de Psykup, qui ont<br />

fluidifié les cortex avec de quoi se badigeonner la tête<br />

pour les vingts prochaines années dans un asile. C’était<br />

aussi dément que génialement absurde, ce groupe<br />

n’ayant aucun comparatif tant il décloisonne de tout<br />

style, car ce groupe indéfinissable est possédé par et<br />

pour un style unique qu’il nomme ‘’d’autruche-core»???<br />

(entre Alice In Chains et Faith No More versus Primus),<br />

et surtout qu’il intensifie en live de la plus exorbitante<br />

manière.<br />

Sans compromission, on est retourné dans la bouffée<br />

de chaleur extérieur où D.R.I a fait ce que Dirty Rotten<br />

Imbeciles exécute en trois temps, trois mouvements<br />

avec son punk thrashy, et la même setlist que depuis<br />

trois plombes. C’était bien fun, les coudes ont valdingué,<br />

les pieds sont montés jusqu’au menton, les torgnolles<br />

ont sifflé, les filles ont éclaté les mâles du pit, et tout le<br />

monde a fini trempé comme des serpillières, avec une<br />

température corporelle de 42°Celsius.<br />

D.R.I c’est la base du crossover en matière de sk8board<br />

60


pour moi. Tu ne peux pas prétendre te fracasser la clavicule<br />

sur du David Guetta, ni même du Slipknot. Il n’y a<br />

que D.R.I qui te fournira l’adrénaline adéquate pour te relever<br />

après, en affichant le sourire béa de circonstance<br />

une fois que tu seras plâtré au urgence.<br />

Fin du set, la foule compacte se déplaçait comme une<br />

houle d’une scène à l’autre. L’individu n’était plus. Même<br />

celui qui pensait être au dessus des autres n’était rien.<br />

Comme ce jeune mâle bombant son torse par pure animalité,<br />

dont le visage émacié de rigueur par le duvet d’un<br />

bouc ne masquait pas le désarroi de suivre le troupeau<br />

comme une simple chèvre. Il retrouvera son audace devant<br />

le set efficace d’Iron Reagan. Le combo a permis à<br />

de nombreux moshers de se péter une rupture des vertèbres<br />

dans un pit saturé de secousses dansantes.<br />

Pour rappel, le gentleman Gui De Champi avait le zizi<br />

tout dur quand il les a vus au Hellfest cette année. Pour<br />

ma part je mets un bémol a ce all star band (avec des<br />

membres de Municipal Waste et de Darkest Hour), parce<br />

que la resucée de leur tambouille musicale est plus<br />

que redondante. Donc ok les gars jouent très bien, ils<br />

sont dans le truc à donf, mais ils ne font rien avancer<br />

du tout. Il manque le petit truc en plus pour se démarquer.<br />

Là c’est calibré, filtré pour demeurer figé dans une<br />

esthétique, des codes dévolus en un style bien distinct.<br />

Niveau loyauté ils sont à 100%, et niveau intégrité je<br />

me pose encore la question, même si la finalité c’est<br />

que l’on en a rien à foutre, le tout c’est que Iron Reagan<br />

balance sa purée de riffs comme D.R.I l’effectue depuis<br />

ses débuts, et que cela ne va pas plus loin.<br />

Après cette douche, oui ça commence à sentir salement<br />

la chaussette du vestiaire à force de bouger dans tous<br />

les sens, je me pose de façon à admirer le prochain carnage.<br />

Pour faire suite à l’abattoir du Hellfest, c’était un<br />

camp d’extermination que nous a conté les charcutiers<br />

de Floride de Cannibal Corpse. Leur set fut à la hauteur<br />

de leur charnier : aussi terrifiant que gigantesque. Je<br />

vous passe les détails techniques puisque la finalité<br />

c’est que Cannibal a dévoré tout cru. Si tu ne captes rien<br />

à cette débauche d’hémoglobine sonore, c’est que tu es<br />

transsexuel et apprécie plus la musique de Kanye West.<br />

Il faut de tout pour faire un monde, celui de Cannibal<br />

Corpse est à base de tripes chaudes, de vésicules<br />

biliaires, et de tout un tas d’abats soniques salement<br />

jouissif pour obtenir une descende d’organes chez les<br />

filles, et un simple malaise vagal pour les durs à cuire.<br />

Forcément il y a de la perversion à apprécier un tel band,<br />

je ne vais pas vous le cacher.<br />

Comme par un fait paradoxal, la suite de la programmation<br />

m’a fait froid dans le dos, avec la danse des canards<br />

de The Exploited, qui s’est déroulée comme convenu<br />

pour les punks à chien, puisqu’ils n’étaient pas là, étant<br />

TEXTE<br />

Bon sinon, j’ai à peine 7 Seconds pour vous dire que<br />

c’était de la dynamite. Groupe culte de hardcore des<br />

80’s le groupe a joué rang serré autour de son aura, de<br />

son culte, de son intégrité, de sa loyauté en un style musical,<br />

LE HXC, à une culture de l’esprit et une discipline<br />

du corps, et tout ceci pour le bonheur des connaisseurs<br />

de l’Xtreme Fest.<br />

Le combo a enchaîné les hits comme Rocky a sulfaté<br />

ses coups de poings sur Apollo Creed dans Rocky 2. Avec<br />

une maturité de plus de trente ans d’age, 7 Seconds a<br />

secoué les puces sans apparaître comme de vieux croûtons.<br />

D’autant plus que si tu veux mettre la jeunesse<br />

dans la poche, il te suffit de leur jouer la cover «If the kids<br />

are united» de Sham 69 et et le tour est joué pour fédérer<br />

un max. C’est ce qu’a accompli le groupe, et pour les<br />

vieux il leur a balancé le hit de Nena « 99 luftballons». 7<br />

Seconds a joué vite, fort comme un bon vieux HxC qui te<br />

regonfle tes vies et ton énergie pour poursuivre l’aventure<br />

de la grande life, trop bon dude !<br />

toujours en train d’essayer de glaner un truc à boire<br />

autour de leur toilette sèche qui leur sert de moyen de<br />

locomotion. Du coup on s’est retrouvés comme des cons<br />

a tapoté du pied sur les titres ras de caniveau des Ecos-<br />

61


TEXTE LIVE<br />

sais, parce que nous sommes des gens polis et bien<br />

éduqués. Toutefois, on doit à cette médiocrité musicale<br />

une rage que le punk de 77 s’en souvient comme de<br />

sa première vérole. Car sur l’empreinte de cette fougue<br />

anarchiste, allant à contre-sens de son époque pour en<br />

révolutionner à tout jamais la culture populaire, de nombreux<br />

groupes ont bâtis leur fondation dessus, comme<br />

les millionnaires de Metallica par exemple.<br />

Voilà après cela je<br />

pensais avoir passer<br />

le pire, mais non, est<br />

arrivé Ensiferum,<br />

sorte de Boney M du<br />

métOl versus pagan<br />

épique. Le groupe a<br />

fait appel à l’époque<br />

de l’inquisition, où<br />

la torture ne se limitait<br />

pas à écouter<br />

l’album de Justin<br />

Bieber en boucle,<br />

puisque nous avons<br />

eu droit aux instruments<br />

de tortures<br />

médiévales (biniou,<br />

etc...) que le groupe<br />

a cru utile d’en imposer<br />

la tourmente.<br />

Mais comme d’habitude<br />

avec ce style<br />

festif, les suppliciés<br />

étaient heureux<br />

comme tout d’être<br />

mutilés de la sorte.<br />

Chemin faisant, un orage s’est abattu. Ah ! et bien pour<br />

une fois merci les divinités de me comprendre enfin,<br />

attends quoi c’est vrai faut pas déconner, Ensiferum,<br />

merdeeeeeeeeee. Par contre 7 Weeks n’a pas pu jouer<br />

dehors, et a été tout bonnement annulé, gâchant la fin<br />

de soirée.<br />

Jour 3 : Skate to Hell<br />

Dernier jour pour un dimanche de chaleur, et c’est sur la<br />

scène gratuite à l’extérieur du festival que le groupe Forus<br />

a déversé son punk mélodique à la vitesse du Millenium<br />

Falcon du contrebandier Han Solo et de son second<br />

Chewbacca. On s’est retrouvés propulsés avec Strike<br />

Anywhere, Face to Face et consorts dans la stratosphère<br />

de tapping, et d’une technicité à quadruple énergie. Un<br />

très bon set qui aurait largement mérité de se retrouver<br />

sur une scène plus appropriée vu les qualités du band.<br />

Surtout qu’après c’est Get Dead sur la EMP Stage en<br />

extérieur qui s’est contenté d’un punk’n’roll convivial,<br />

avec tout le fun de la Californie tout de même. C’était<br />

sympathique mais pas aussi transcendant que Forus<br />

par exemple.<br />

Suite à l’annulation de<br />

Rise Of The Northstar<br />

c’est le groupe Ta Gueule<br />

qui a obtenu une promotion<br />

canapé en passant<br />

sur la grande scène. Ta<br />

Gueule a fermé le clapet<br />

fécal à tout le monde<br />

à base d’un assourdissant<br />

punk heavy-röck<br />

bien grassouillet, d’une<br />

surdose d’humour caustique<br />

et une très bonne<br />

dose de foutre sonique,<br />

pendant tout leur show.<br />

Pointant un hommage<br />

appuyé à David Carradine<br />

avec leur titre « Strangulation<br />

masturbatoire »<br />

par ci, à la macrobiotique<br />

avec « Subutex » par là,<br />

où à la passion amoureuse<br />

avec « 666Phyllis<br />

», que je me dois de<br />

mettre une mention spéciale<br />

à cette déflagration<br />

fantaisiste et corrosive à<br />

s’en taper les couilles contre le sol, et ceci à plusieurs<br />

reprises même.<br />

Non ce n’est pas vulgaire, par contre tout aussi répréhensible<br />

en terme de percussion, le combo No Turning<br />

Back a fait frotter les nuques avec son HxC bas du front<br />

pour une embrassade avec le bitume chez les voltigeurs<br />

du pit. Dans une région d’ovalie comme le Tarn il y a une<br />

expression typique pour traduire leur set : c’était viril,<br />

mais correct.<br />

Bon je n’en garde pas un grand souvenir, même si le<br />

combo a fourni de quoi se remuer les articulations. En<br />

fait j’attendais avec impatience Toxic Holocaust. Là pour<br />

le coup le revival thrash a trouvé ses maîtres en la matière.<br />

Sur disque j’avais des érections, sur scène j’ai eu<br />

62


mon divin fluide qui a coulé. Surtout avec un set cousu<br />

de main de fer dans cette cote de maille heavy qui te<br />

montait au nez. Enfin du putain de bon thrash, épais,<br />

goulu, heavy mec. Pas de tape à l’œil, mais l’œil du tigre,<br />

de celui qui te bouffe. Après cela j’avais un mal de chien<br />

de la nuque au vertèbre, et celui qui m’a offert la vue de<br />

son dos patché au regard d’une relecture des emblèmes<br />

du thrash des 80’s, n’avait pas l’air mieux que moi.<br />

Puis c’était aux grands frères Burning Heads de nous offrir<br />

leur punk Clashien avec classe. Vu et revu en concert,<br />

et pourtant le jour où ce groupe ne sera plus on pleurera<br />

comme des cons, parce qu’il aura marqué à jamais. La<br />

preuve en est avec la sortie d’un tribute Fire walks with<br />

me en leur honneur, avec le gratin des punkers de l’hexagone<br />

pour en faire ressortir toute la splendeur.<br />

Tout aussi emblématique d’une époque où le punk mélodique<br />

avait pignon sur rue, où la jeunesse découvrait enfin<br />

autre chose que Madonna et Motley Crüe, les Suédois<br />

de Satanic Surfer ont écrit des hits qui valaient le détour,<br />

au point de venir en contracter le grand frisson fiévreux<br />

plus de 20 piges plus loin. Le band a envoyé la sauce et<br />

les quadragénaires faisaient des bonds de petits lapins<br />

sur-excités, alors que les trentenaires se charcutaient la<br />

tronche avec la jeunesse rebelle.<br />

Si musicalement Satanic Surfer a fait lustrer ses muscles<br />

comme jadis, pour l’émotion (hormis la grosse dose nostalgique)<br />

c’est le chant de Rodriguo qui a tout balayé. Il<br />

s’est concentré sur le chant désormais, il ne fait plus la<br />

batterie et le chant comme à l’époque. Du coup ce gars<br />

a un grain vocal et une précision pour le style, qu’il met<br />

tout le monde sur le cul. C’était vraiment émouvant de<br />

revoir ce groupe, de s’immerger dans cette mouvance<br />

musicale qui n’a pas fait salle comble au Xtreme Fest<br />

par ailleurs, mais un super groupe pour un super set de<br />

hits. Il y a un gars qui s’est jeté de la fosse en réalisant<br />

un plongeon de compétition, et ça je le rajoute à la prestation<br />

du groupe, et ça mérite un 10 en note artistique !!<br />

Fallait redescendre en douceur après ce set, mais les<br />

very hardcoreux de Terror ont entériné leur statut de<br />

brute épaisse avec le groove pugnace de L.A. Les gamins<br />

du pit en ont fait les frais, cul par dessus tête tout<br />

le long d’un set vindicatif, et sans la présence charismatique<br />

du leader et maître chanteur Scott Vogel. On s’est<br />

retrouvés la tête dans la mêlée au ras du sol à chercher<br />

la moindre particule de filet d’air.<br />

Juste après cela, nous tournions une page d’histoire,<br />

celle pendant laquelle Simon De Monford croisa sa haine<br />

cathartique des Albigeois en ordonnant l’inexpiable<br />

«Tuez-les tous, dieu reconnaîtra les siens». Des siècles<br />

plus tard face à la descendance cathare, c’est Behemoth<br />

qui a remis au goût du jour cette sentence, mais contre<br />

les ordres de civitas.<br />

Pourtant l’épreuve de feu pyrotechnique de Behemoth<br />

est demeurée confinée dans son aura, en jouant<br />

dans une salle ne lui permettant pas d’user d’artifices<br />

probant. Cependant le groupe maîtrise tellement les<br />

flammes par la prestance tyrannique de sa musique,<br />

qu’il a juste fallu aiguisé son jeu scénique dans l’austérité<br />

d’un monastère de religieuse. Malgré un show<br />

rôdé jusqu’à la moindre virgule, Behemoth en puissant,<br />

a reproduit un set impérial de black death métal à faire<br />

vomir tous les fans de catéchisme. Alors que Ta Gueule<br />

nous proposait d’aller se faire enculer quelques heures<br />

auparavant, Behemoth nous disposait d’aller au diable<br />

! Ce que nous fîmes dans le cœur de la sacristie X Stage.<br />

Le groupe a abattu sa loi de talion et nous a soumis à<br />

son mépris pour la race des faibles grandeur nature, et<br />

maléfice compris.<br />

Si l’Xtreme Fest a renforcé sa gageure pour le métöL avec<br />

les auxiliaires de fin de vie que sont Behemoth, il n’en<br />

oublie pas pour autant de joindre sa part de folie punk<br />

contestataire de sale gosse, en programmant à la fin du<br />

week-end l’Opium Du Peuple pour tous ses ouailles.<br />

Ce groupe est devenu le Bollywood du camping trois<br />

étoiles, avec sexe, gaudriole, punk, anarchisme libertaire<br />

à gogo ! Il a servi un répertoire digne de la tournée<br />

de Salut les copains avec l’état d’esprit de Gröland & Hara-Kiri<br />

tout à la fois. On s’est vraiment bien marré avec<br />

ce mélange de théâtre de boulevard et de pole dance<br />

punky tellement que c’était con ! Et l’Xtreme Fest c’est<br />

terminé sur ce gag en fait !<br />

En synthétisant le week-end, il s’est très bien déroulé,<br />

le festival prend encore ses marques, et s’améliore de<br />

ses erreurs. J’espère enfin qu’il va se stabiliser, et je suis<br />

persuadé qu’avec le temps il va se bonifier pour créer un<br />

festival unique et différent.<br />

Je tiens à remercier tous les bénévoles et le crew du<br />

Xtreme Fest pour s’être damnés dans cette mission et<br />

offrir un week-end extrêmement cool & fun !<br />

Sachez par ailleurs qu’en 2016 l’Xtreme Fest s’annonce<br />

comme The festival of the beast !<br />

Ciao ; ) & See you in hell !<br />

Bir<br />

Crédit photos :Denis Charmot<br />

http://denischarmot.wix.com/denis-charmot-photos<br />

TEXTE LIVE<br />

63


MOTOCULTOR FEST 2015<br />

TEXTE LIVE<br />

Cet été le Motocultor Fest a encore labouré le terrain pendant 3 jours ultra métalliques pour le plus grand plaisir des<br />

festivaliers qui ont répondu en masse... Malgré tout le festoche n’est pas encore sûr de pouvoir continuer longtemps<br />

sans subventions, traînant de vieilles dettes comme un boulet... En attendant des jours meilleurs, voilà quelques<br />

clichés pris par Ludovic Beyan, notre envoyé spécial sur place.<br />

64


TEXTE LIVE<br />

65


TEXTE<br />

70


71<br />

TEXTE


INTERVIEW TEXTE<br />

INTERVI OU : SHIKO SHIKO<br />

Notre intervi «ou» est souvent l’occasion de poser des questions «con con», les Shiko Shiko ne se sont pas fait<br />

priés pour rentrer dans le jeu et envoyer des réponses qui te parleront beaucoup ... ou pas. Mais sans trop creuser,<br />

tu peux déjà bien te marrer...<br />

Akira ou Virgile ?<br />

Arekushi Taiko : Tetsuo<br />

JC : Argile<br />

Yamaneko : Gilles 3000<br />

Gilles 3000 : Les deux en même temps<br />

Japonais ou nippon ?<br />

Y : Tiger Wok<br />

JC : Homme crabe<br />

AT : Poney nippon<br />

G : Au plus offrant<br />

Maki ou sushi ?<br />

AT : Okonomiyaki<br />

JC : Souchon<br />

Y : Souchez, une petite ville bizarre où j’allais faire du<br />

vélo<br />

G : Sauvons les océans, arrêtons de manger<br />

Moshi moshi ou pika pika ?<br />

JC : Picon Picon<br />

AT : Doki Doki<br />

Y : Pika Pika, sans aucun doute<br />

G : Le truc Jaune<br />

Hyphen Hyphen ou Jean Jean ou Zombi Zombi ?<br />

JC : Zombi Zoubi<br />

AT : Pan Pan Pan (feu super groupe de Lyon : https://<br />

www.youtube.com/watch?v=85VsEhUgXpI )<br />

Y : Duflan Duflan (feu super groupe de Belgique : https://<br />

www.youtube.com/watch?v=7feTOqglJZc )<br />

G : Clairement Hyphen Hyphen<br />

Duran Duran ou The The ?<br />

JC : The The (zut)<br />

Y : «The reflex» de Duran Duran en boucle jusqu’à la<br />

mort !<br />

AT : André Duracell<br />

G : Les homos<br />

Oui-Oui ou Mimi Cracra ?<br />

AT : Michel Gondry<br />

JC : Nissan Micra<br />

Y : Nissan Gondry (dans mes rêve les plus fous, elle<br />

existe !)<br />

G : La gosse<br />

74


Miou-Miou ou Boutros-Boutros Ghali ?<br />

JC : Mion Mion, un chat trop cool<br />

Y : Yaya, un chat trop cool<br />

AT : Tic & Tac<br />

G : Miou miou elle est super dans les valseuses<br />

Bruxelles ou Paris ?<br />

AT : Non merci, trop de touristes<br />

JC : BXL RPRSNT, PRS FDP<br />

Y : Franchement, Bruxelles<br />

G : Brussels ma belle<br />

Noise ou Electro ?<br />

JC : Jungle<br />

AT : 12 volts<br />

Y : Bruit blanc<br />

G : L’un dans l’autre<br />

Aéronef ou Malterie ?<br />

Y : Malterie, Lille, 20ans<br />

JC : Stade Pierre Mauroy<br />

AT : La malterie volante<br />

G : L’un sur l’autre<br />

Concert ou studio ?<br />

JC : T2<br />

AT : Enregistrement live<br />

Y : Concert symphonique avec écrans géants, effets pyrotechniques<br />

et des hommes baudruche gonflables aux<br />

bras ondulants !<br />

G : L’un comme l’autre<br />

FNAC ou O’CD ?<br />

AT : Rapishare<br />

Y : Quelque part records. Coucou Marc !<br />

JC : O’CD : C - cher<br />

G : Téléchargement illégal<br />

Fricadelle ou Maroilles ?<br />

JC : Fricadelle au Maroille<br />

AT : Falafel au maroille<br />

Y : Ni l’un, ni l’autre. Un bon welsh avec une Ciney et l’addition<br />

s’il vous plait. Merci.<br />

G : No comment<br />

Nord ou Nord-Pas-de-Calais-Picardie ?<br />

JC : Nord-Pas-de-Calais-Picardie-Bavière-Okinawa-<br />

Creuse<br />

Y : Juste Pas-de-Calais. Toujours dans mon coeur.<br />

AT : Wallonie<br />

G : Demande à Martine Aubry !<br />

Merci aux Shiko Shiko !<br />

Oli & David<br />

Crédit photo : DR<br />

INTERVIEW TEXTE<br />

Faire le Tour de Chauffe ou se faire chauffer à Tours ?<br />

JC : T’habites Bourg-la-Reine ?<br />

AT : Tours, ville d’avenir !<br />

Y : Tour de France<br />

G : Tour à tour<br />

Licorne ou poney ?<br />

JC : Miss Rainicorne<br />

Y : The Unicorns<br />

AT : Bojack Horseman<br />

G : Celui qu’on bouffe<br />

LOSC ou RCL ?<br />

Y : J’ai grandi à Lens, donc très peu pour moi merci.<br />

JC : La New Team<br />

AT : LSD<br />

G : Connais pas ces groupes<br />

75


76EN BREF<br />

DANCE TO THE END<br />

Take it or leave it<br />

(Autoproduction)<br />

Il y a quelques petits trucs qui n’étaient<br />

pas déplaisants mais pas forcément<br />

non plus utiles sur le premier EP de<br />

Dance to the End. Et le quatuor, en<br />

réécoutant son travail, a dû avoir le<br />

même sentiment que moi puisque<br />

pour ces nouvelles compositions, ils<br />

ont enlevé ces petites choses (des<br />

influences comme celle de Joy Division<br />

ou le math-rock, des bricolages, des<br />

sons inattendus) pour se concentrer<br />

sur ce qui faisait et fait encore plus<br />

leur force : l’énergie et les mélodies.<br />

Ils n’ont pas renié tout ce qui faisait<br />

leur identité il y a 2-3 ans mais ça s’est<br />

fondu dans l’ensemble et les Bordelais<br />

apparaissent désormais plus simplement<br />

comme un excellent groupe pop<br />

rock «à l’anglaise» (même si l’accent<br />

n’y est pas toujours impeccable). Le<br />

groupe joue donc à la fois sur la dynamique<br />

(le rythme est assez élevé) et<br />

les harmonies tout au long de Take<br />

it or leave it (le titre n’apparaît qu’à<br />

l’intérieur de l’artwork, il est extrait<br />

des textes de «Prayer for rain»), y<br />

compris sur le final «Air lane», un mini<br />

instrumental aux allures post-rock. Et<br />

si dans cet océan de douceurs vives,<br />

tu dois te faire une idée en un seul<br />

morceau, écoute l’entraînant «Candle<br />

in the dark» et tâche d’y résister.<br />

Oli<br />

MONOPHONA<br />

Black on black<br />

(label)<br />

Monophona nous vient du Luxembourg<br />

et c’est assez rare pour le souligner.<br />

Fruit de la rencontre en 2011 de Claudine<br />

(voix, guitares, synthé) et Philippe<br />

‘Chook’ Schirrer (producteur et DJ<br />

reconnu), le projet a pour ambition de<br />

mélanger sons électroniques, expérimentaux,<br />

et sons acoustiques plus intimistes,<br />

se définissant même comme<br />

de la « headphone music ». Complété<br />

en live par un batteur, le trio a sorti récemment<br />

son second album, Black on<br />

black. Et à l’image de nombreuses productions<br />

électroniques actuelles (Rone<br />

notamment), on a parfois du mal à y<br />

voir plus qu’un fond sonore si l’écoute<br />

ne se fait pas dans le bon contexte -<br />

même si le début du disque possède<br />

son lot de pépites. Cependant le reste<br />

de l’album ne décolle volontairement<br />

pas, préférant développer son registre<br />

: planant, sombre et minimaliste.<br />

Pour les adeptes du genre, l’ensemble<br />

est tout de même plus qu’agréable à<br />

l’écoute, à défaut de marquer durablement.<br />

Antonin<br />

BLUEBIRD SUPERNOVAE<br />

Are you real ?<br />

(Autoproduction)<br />

Ca ne m’était personnellement jamais<br />

arrivé de recevoir un CD promo trois<br />

ans après sa sortie, c’est d’autant<br />

plus plaisant lorsqu’il est bon. Bluebird<br />

Supernovae semble d’ailleurs, selon sa<br />

page Facebook, avoir déjà enregistré<br />

de nouveaux morceaux entre temps,<br />

sans pour autant évoquer une sortie.<br />

C’est de bon augure, surtout après la<br />

mise en bouche de leur dernier EP Are<br />

you real? à travers duquel une poprock<br />

incandescente se diffuse allègrement.<br />

Les petits gars de Méry-sur-Oise<br />

savent manier l’art de composer des<br />

morceaux qui nous parlent instinctivement<br />

dans un univers spacieux invoquant<br />

les plus beaux rêves. Forcément,<br />

puisque cela nous parle, les influences<br />

ressortent, citons Radiohead sur «A<br />

thousand years» ou le subtil mélange<br />

entre Air et Pink Floyd sur «The park<br />

(Under the stars)». L’œuvre de Syd<br />

Matters ou de Mogwai n’ont également<br />

pas de secret pour le quatuor qui apprécie,<br />

tout comme eux, le raffinement<br />

et l’élégance. D’un esthétisme sonore<br />

appelé «Post-pop intergalactic» par<br />

leurs géniteurs, Are you real ? souhaite<br />

donc pousser les frontières de la<br />

pop en les amenant très très haut. On<br />

leur souhaite bon courage car beaucoup<br />

tendent déjà vers ce dessein, à<br />

commencer par leurs propres références.<br />

Réponse au premier album ?<br />

Ted


EN BREF<br />

CRAZY TOWN<br />

The brimstone sluggers<br />

(Membran)<br />

The Brimstone Sluggers était le premier<br />

groupe des deux membres fondateurs<br />

de Crazy Town, on est alors en 1995 et<br />

ils changeront rapidement de nom pour<br />

l’actuel. Le succés météorique de «Butterfly»<br />

issu de leur premier album The<br />

gift of game (1999) est emblématique<br />

de l’époque, rock et métal fusionnent<br />

sur les radios et les torses tatoués<br />

brillent de mille feux. Le deuxième<br />

opus fait un flop, le groupe se sépare,<br />

leur guitariste Rust Epique décède en<br />

2004. Fin de l’histoire. Jusqu’à une<br />

reformation pour quelques concerts<br />

et quelques titres qui émergent sur le<br />

net, avec un remaniement de personnel,<br />

le groupe est vraiment de retour<br />

aux affaires en 2013 et sort donc The<br />

brimstone sluggers à la fin de l’été<br />

2015. Un titre en forme de retour aux<br />

sources mais qui aujourd’hui sonne<br />

daté, la faute à une prod’ lisse et formatée<br />

et à des compos qui n’ont rien<br />

d’alternatif. Et si je ne suis pas expert<br />

en flow hip hop, je n’ai pas l’impression<br />

que là aussi le groupe arrive à (ré)<br />

inventer quoi que ce soit. Pas dans le<br />

rythme (ça en manque énormément)<br />

et donc trop souvent à côté de la plaque,<br />

Crazy Town sort son troisième opus<br />

avec 10 ans de retard. Sans intérêt.<br />

Oli<br />

NO SHANGSA<br />

Blind-driving<br />

(Gigors Electric Records)<br />

Encore un album que l’on découvre sur<br />

le tard, une galette qui s’était perdue il<br />

y a deux ans dans une valise. C’est avec<br />

des remords de ne pas l’avoir découvert<br />

beaucoup plus tôt que j’enfile Blinddriving<br />

dans le mange-disque. Encore<br />

plus quand j’accroche spontanément<br />

à son math-rock noisy instrumental. Le<br />

trio valentinois No Shangsa donne donc<br />

priorité à une combinaison claviersguitares-batterie<br />

pour s’exprimer, faire<br />

rugir les amplis, développer des rythmiques<br />

souvent (très) agitées («La<br />

croisière abuse») tout en donnant par<br />

moments de l’espace aux instruments,<br />

notamment aux guitares («Carré<br />

russe», «Hooker with a cigar»). Le bon<br />

équilibre émotif et l’offre riche en mélodies<br />

dont fait preuve Blind-driving, sans<br />

pour autant jouer le coup des plages<br />

ambiantes creuses, inhibe les désagréments<br />

souvent liés aux musiques<br />

imprévisibles, qui plus est sans chant.<br />

Ce sont d’ailleurs des styles conçus<br />

davantage pour le live où l’expression<br />

est à vivre pleinement. Vous savez<br />

donc ce qu’il vous reste à faire. Mais<br />

avant cela, jetez vous sur ces dix titres.<br />

Ted<br />

L’OBJET<br />

Toucan<br />

(Structure Records)<br />

A l’instar de ce nuage de fumée bleue<br />

qui est amené à disparaître, le groupe<br />

L’Objet est insaisissable et reste l’un<br />

des groupes lillois les plus fascinants.<br />

Après un Plank hypnotique et motorik<br />

en diable, les voilà de retour avec<br />

Toucan via leur propre label Structure<br />

Records. Et si Plank lorgnait véritablement<br />

du coté de l’Allemagne de<br />

Can et Neu!, Toucan semble plus que<br />

jamais une belle ode au métissage<br />

mais en intégrant cette fois-ci des<br />

influences afrobeat et exotica. Le propos<br />

est beaucoup plus électronique,<br />

majoritairement instrumental, hypnotisant<br />

en diable et toujours sacrément<br />

charmeur pour les oreilles avides de<br />

musique qui décloisonne les oreilles.<br />

L’album se termine sur un «Toucan»<br />

de plus de 7 minutes vraiment beau :<br />

on croirait volontiers à une coopération<br />

décentralisé entre l’Allemagne et<br />

les musiciens issus du mouvement<br />

éthiopique. Ce qui résume parfaitement<br />

l’état d’esprit de L’Objet. Faire le<br />

pont entre des influences datant de<br />

quelques décennies et aussi une volonté<br />

de sonner moderne. La classe quoi...<br />

David<br />

77


78EN BREF<br />

FUMER TUE<br />

Dune<br />

(Autoproduction)<br />

A l’heure où j’écris ces lignes et après<br />

«Lieven», un dernier single envoyé sur<br />

la toile courant avril, le groupe strasbourgeois<br />

Fumer Tue a rendu les armes<br />

après deux ans d’aventures musicales<br />

et humaines. Il faut dire aussi que son<br />

style musical ne se prête pas forcément<br />

à de grandes évolutions, à moins<br />

d’en changer sensiblement sa formule.<br />

Car cette synthpop 80’s gorgée de new<br />

wave et d’autres joyeusetés électro<br />

punk fait un retour assez marquant<br />

en France dans le milieu underground<br />

ces dernières années, un peu comme<br />

le retro-gaming. Avec Dune, son dernier<br />

EP sorti en septembre 2014, Fumer Tue<br />

n’a d’autres ambitions que de donner<br />

du fun, comme diraient les Québécois,<br />

à des gens qui en ont besoin. Et avec<br />

sa production low cost mais propre,<br />

ses sonorités épurées mais efficace<br />

pour procurer le déhanchement le plus<br />

total, et ses mélodies entêtantes et<br />

contagieuses, Dune fait le job à la perfection.<br />

Un disque à passer en (fin de)<br />

soirée et à partager avec tes amis pour<br />

leur montrer que ta playlist, ben elle est<br />

pas si dégueulasse que ça en fait. Et<br />

te faire passer, par la même occasion,<br />

pour un défenseur du Made In France.<br />

Ted<br />

PRO-PAIN<br />

Voice of rebellion<br />

(Steamhammer)<br />

Si on n’aime pas trop les groupes qui<br />

prennent des risques en faisant évoluer<br />

leur musique, il y en a quelques uns<br />

qui apportent une sorte de garantie, un<br />

«label», ce n’est écrit nulle part mais<br />

on est certain de ne pas être trompé sur<br />

la marchandise. Pro-Pain est de ceuxlà.<br />

S’il y a eu pas mal de changements<br />

de line-up par le passé, ça n’a pas bougé<br />

depuis 2011 et le métal massif des<br />

New Yorkais ne vieillit pas (Gary Meskil<br />

envoie du gras depuis le tout début<br />

des années 90 tout de même). Chant<br />

guttural option messages scandés,<br />

rythmiques et riffing en mode repeat,<br />

décrochages du manche à l’intention<br />

des mâchoires, breaks, solos d’école et<br />

si le tout dépasse les 3 minutes 30, ça<br />

fait un titre épique qui mérite de donner<br />

son nom à l’opus («Voice of rebellion»<br />

donc). Cette quinzième distribution<br />

de pains ne demande pas beaucoup<br />

de réflexions et n’apporte pas grand<br />

chose au monument Pro-Pain mais ça<br />

permet au groupe de repartir en tournée<br />

et de donner une autre vie (bien<br />

plus intéressante) à ces compositions.<br />

Oli<br />

ALABASTERDS<br />

Dumb music for hipsters<br />

(Autoproduction)<br />

Alabasterds, à ne pas confondre avec<br />

Alabastards avec des bouts de Neige<br />

Morte, revient avec un EP 5 titres vraiment<br />

rafraîchissant. Ces mecs ont beau<br />

avoir un peu plus de la vingtaine, ils ont<br />

pourtant des références de quadra et<br />

offrent avec Dumb music for hipsters<br />

(j’en suis un, tu en es un, eux aussi,<br />

t’inquiètes, on est entre nous...) un joli<br />

pont entre Nirvana, McLusky et des références<br />

rock plus calibrées. Parcourir<br />

cet EP est d’emblée très jouissif avec<br />

le titre «Soma» : une petite décharge<br />

punk-rock avec une basse bien en<br />

avant, un chant cobainien, un sens du<br />

riff efficace et une urgence qui fait instantanément<br />

plaisir. L’urgence, c’est<br />

aussi ce que l’on retrouve chez «Hostile<br />

machine» et la plupart des titres de ce<br />

Dumb music for hipsters. En tout bon<br />

chroniqueur étroit d’esprit, j’ai évidemment<br />

tiqué sur l’introduction de «Rollercoaster»<br />

en mode ska-punk No fx<br />

mais le groupe arrive à pervertir le style<br />

pour en faire un morceau qui pourrait<br />

plaire même aux non-fans du genre et il<br />

se pourrait bien qu’avec le temps et les<br />

écoutes, le titre devienne un des sommets<br />

de cet EP sacrément bien troussé.<br />

En plus, ces petits gars sont sacrément<br />

bons en live. Tu attends quoi ?<br />

David


EN BREF<br />

HERSCHER<br />

Herscher<br />

(Autoproduction)<br />

Depuis leur premier EP en 2010, le<br />

duo auvergnat Herscher a gagné un<br />

instrument et ce n’est pas une guitare<br />

(ça aurait été trop simple) mais<br />

un petit synthé bien crado qui vient<br />

s’ajouter à la basse et la batterie. Pour<br />

être certain d’avoir un son poussiéreux<br />

titanesque, les gars sont retournés<br />

bosser avec Serge Morattel (Knut,<br />

Impure Wilhelmina, Shora, Year Of no<br />

Light... mais aussi leur deuxième EP).<br />

Le résultat est à la hauteur des espoirs<br />

placés dans le combo pour tous ceux<br />

qui aiment se faire mal au crâne avec<br />

de la musique. C’est lourd, ça sludge, ça<br />

doom, ça grésille de partout, ça pulse<br />

même parfois (le génial «Bandana»),<br />

le chant lourd (peu fréquent) semble<br />

un peu forcé (pourquoi chanter, laissez<br />

tout en instrumental ! Ou alors en mode<br />

incantation claire comme sur «Apocatastase»),<br />

le synthé n’apporte que des<br />

touches de gris foncé dans cet univers<br />

noir de crasse, c’est donc un régal pour<br />

les amateurs de métal obscur qui penseraient<br />

que Sunn O))) est trop pop. Et<br />

si l’adjectif «drone» te fait peur, laissetoi<br />

tenter puis porter par la rythmique<br />

et les saturations des Clermontois, tu<br />

risques de changer d’avis (ou de choper<br />

la migraine mais bon, faut savoir<br />

prendre des risques dans la vie !).<br />

Oli<br />

DEATH<br />

N.E.W.<br />

(Drag City)<br />

Pour resituer l’histoire de Death, le<br />

groupe de proto-punk de Détroit et non<br />

le groupe de death métal du regretté<br />

Chuck Schuldiner, il faut remonter en<br />

1974 et l’enregistrement de ...For the<br />

whole world to see, un album compilant<br />

les chansons de ce trio de frangins<br />

dont le style vacille entre celui des Who,<br />

d’Alice Cooper et des Stooges. Ayant eu<br />

des soucis avec leur maison de disque<br />

de l’époque Colombia Records, relatif<br />

à l’utilisation de leur patronyme jugé<br />

anti-commercial, le groupe splitte juste<br />

après avoir sorti un 7» sur un autre<br />

label. En 2009, soit 35 ans après, l’album<br />

sort grâce à Drag City et le public<br />

le découvre notamment à travers l’excellent<br />

morceau punk «Freakin’ out»<br />

dans un épisode de la série «How I met<br />

your mother». Le groupe qui a depuis<br />

repris vie en tournée, sort N.E.W., un<br />

nouveau disque en avril 2015 dont l’esprit<br />

n’est pas très éloigné de ses précédents,<br />

un peu moins fougueux mais<br />

avec une prod’ bien meilleure. Notre<br />

avis : Présenter une œuvre d’un genre<br />

musical qui a vécu ses grandes heures<br />

de gloires des décennies passées et<br />

ancré dans le temps, n’a pas grand<br />

intérêt aujourd’hui, si ce n’est celui<br />

de pouvoir lui rendre hommage et de<br />

faire passer à chacun un certain goût<br />

de nostalgie. Une belle preuve d’opiniâtreté<br />

de la part des frères Hackney.<br />

Ted<br />

KILL ME THIS MONDAY<br />

Kill me this monday<br />

(Klonosphere)<br />

Fort d’un Ep qui rencontrait déjà l’approbation,<br />

le groupe nordiste Kill Me<br />

This Monday revient cette fois-ci avec<br />

un album dix titres (les 3 pistes du<br />

premier EP y figurent aussi...) qui devraient<br />

également rencontrer l’approbation<br />

des oreilles averties sans trop<br />

de problème tant le groupe semble<br />

maîtriser ses influences, son identité<br />

et son songwriting. Les influences ?<br />

Une pincée de Deftones, un bout de<br />

Thrice, un poil de Queens Of The Stone<br />

Age, une cuillère à soupe d’Incubus<br />

bonne période, des gimmicks postcore<br />

également mais Il est de plus en<br />

plus difficile de les cerner tant le groupe<br />

propose une identité qui lui est propre.<br />

Il s’agit là d’une collection de morceaux<br />

très aboutis qui sentent la réflexion<br />

et les répétitions en mode stakhanovistes.<br />

A noter qu’on aime particulièrement<br />

quand le groupe salope son<br />

univers très léché et travaillé avec un<br />

chant hurlé («Fat bottom sandwich»,<br />

«Crying for help», «War») qui ajoute<br />

un peu de vinaigre dans un très bon vin.<br />

David<br />

79


80EN BREF<br />

DEFEATER<br />

Abandoned<br />

(Epitaph)<br />

Comme les Tang n’ont rien sorti depuis<br />

quelques temps, il faut bien trouver un<br />

groupe émo-hardcore de bonne facture<br />

pour combler le vide, et pourquoi pas<br />

Defeater ? Les Américains livrent effectivement<br />

un excellent quatrième opus<br />

qui mêlent des sons clairs de grande<br />

qualité à une voix écorchée des plus<br />

touchantes. Il y a peu de chances que<br />

les natifs de Boston aient déjà entendu<br />

les Lillois mais les deux groupes sont<br />

vraiment très proches. Ceux qui signent<br />

cet Abandoned sont plus expéditifs et<br />

ne laissent pas traîner les choses, pas<br />

question chez eux de se laisser embarquer<br />

dans des constructions plus<br />

post-quelque chose même si la partie<br />

instrumentale du «Vice & regret» final<br />

pourrait coller, il y a toujours ce timbre<br />

éraillé pour nous servir de guide. Du<br />

coup, l’ensemble tourne un peu en<br />

rond, trop homogène, les constructions<br />

se ressemblent un peu toutes et si le<br />

style est parfaitement maîtrisé, les brisures<br />

et les fêlures sont pour l’intime<br />

et les textes plus que dans la musique<br />

où les changements de rythme et les<br />

breaks ne surprennent pas. Le jugement<br />

est un peu sévère mais les gars<br />

sont capables d’envoyer un morceau<br />

acoustique ou un instrumental mortel<br />

au milieu de tout ça pour donner bien<br />

plus de relief et ne le font pas, dommage<br />

car on passe pas loin d’une perle.<br />

Oli<br />

ROME BUYCE NIGHT<br />

Indian castle of Morocco<br />

(Zero égal petit intérieur)<br />

Rome Buyce Night est un groupe précieux.<br />

Non pas parce qu’ils se font rare<br />

mais parce que tout ce qu’ils sortent<br />

trouve un écho retentissant chez votre<br />

serviteur. Et ça ne manquera pas avec<br />

The indian castle of morocco, un EP<br />

six titres qui fleure bon les envies de<br />

métissage et d’horizon lointain. Enfin,<br />

pas si loin, le Maroc, c’est à deux<br />

heures d’avion pour cinquante boules.<br />

Mais quand même. En six titres, Rome<br />

Buyce Night arrive à concrétiser en<br />

musique le voyage improvisé : tu mets<br />

les pieds dans un lieu et tu attends<br />

que des choses extraordinaires surviennent.<br />

L’attention de l’auditeur est<br />

à chaque reprise renouvelé très facilement<br />

grâce à un propos à la fois cohérent<br />

mais ouvert à toutes les sorties<br />

d’autoroute. Le groupe démarre d’une<br />

idée, souvent un riff ou une mélodie un<br />

peu crade, et la développe pour inciter à<br />

l’évasion émotionnelle, parfois via des<br />

vibes orientalisantes très diffuses et<br />

ça marche... Un titre comme «Blonde<br />

peroxydée» dénote grandement de<br />

par son spoken-word à la fois doux et<br />

acéré ainsi que par son instrumental<br />

désenchanté. Rome Buyce Night<br />

reste un des secrets les mieux cachés<br />

du post-quelque-chose en France. Et<br />

c’est particulièrement honteux tant la<br />

démarche de ces mecs pue la classe.<br />

David<br />

TAULARD<br />

Les abords du lycée<br />

(Et Mon Cul C’est Du Tofu ?)<br />

Taulard fait sans conteste partie de<br />

mes groupes de punk-rock VF préférés<br />

du moment. Je rajouterais peut-être<br />

également Pierre & Bastien, un trio parisien<br />

maniant parfaitement le second<br />

degré, contrairement à Taulard qui nous<br />

relate plutôt des anecdotes de vie, des<br />

galères et autres souvenirs délicats. Le<br />

premier album des Grenoblois intitulé<br />

Les abords du lycée, m’a littéralement<br />

mis une petite claque. Alors qu’en live<br />

c’est la sueur et la lombalgie assurée,<br />

sur disque sa musique a une saveur<br />

tout aussi particulière. Il faut dire que<br />

le quatuor est un peu à part sur cette<br />

scène étant donné qu’il joue sans guitare<br />

électrique. Elle est remplacée par<br />

un clavier cheap aux sons vintages ce<br />

qui attribue à la formation une sonorité<br />

atypique et reconnaissable parmi<br />

mille autres. La section rythmique est<br />

animée grâce à une basse tricotant<br />

des notes à cent à l’heure pour une<br />

production sonnant très brute, sans<br />

artifice et sans réelle profondeur. Ce LP<br />

de synth-punk distille douze morceaux<br />

plus ou moins rapides comprenant au<br />

passage son lot de tubes tenaces et<br />

efficaces («Ville portuaire», «Les dangers<br />

du stop», «Les abords du lycée»,<br />

«Impasse»). Un groupe attachant<br />

dont les mélodies s’imprègnent vélocement<br />

dans le cerveau tout en nous<br />

ramenant également à la dure réalité<br />

de la vie par la prose de son chanteur.<br />

Ted


EN BREF<br />

INA-ICH<br />

Ma chair et mon sang<br />

(iNH-iCH Prod)<br />

L’artiste franco-vietnamienne Kim-<br />

Thuy Nguyen, connue sous le pseudo<br />

Ina-Ich depuis 2006, est actuellement<br />

en train de finaliser en trio son troisième<br />

album avec son compagnon, le<br />

batteur Aurélien Clair, et le bassiste/<br />

guitariste Brad Thomas Ackley, un<br />

musicien de Mathieu Chédid (-M-).<br />

Entre temps, le groupe a sorti en avril<br />

dernier un EP intitulé Ma chair et mon<br />

sang sur son propre label iNH-iCH Prod,<br />

histoire de baptiser sur disque la nouvelle<br />

formation. Ces quatre titres virevoltent<br />

tel un pinceau de calligraphe,<br />

Kim lâchant ses nerfs en français sur<br />

des compositions rock ultra-énergique<br />

façonné par un arsenal électronique<br />

dont seul Brad a le secret. Punk dans<br />

l’expression mais néanmoins formaté<br />

musicalement, Ina-Ich renvoie à ce<br />

qu’était les Rita Mitsouko fut un temps,<br />

le style en moins. Quoique, quand<br />

on écoute le couplet de «Comme un<br />

garçon», la similitude est manifeste.<br />

Pourtant, le groupe parle plutôt de Nine<br />

Inch Nails, Björk ou The Prodigy quand<br />

il évoque ses maîtres de composition.<br />

On aime l’univers (très bel artwork<br />

au passage fait par Madame) un peu<br />

foldingue et décalé (excepté pour la<br />

torturé «Je t’emmène») de ce groupe<br />

francilien qui devrait encore nous<br />

réserver de belles surprises à l’avenir.<br />

Ted<br />

ASIAN DUB FOUNDATION<br />

More signal more noise<br />

(ADF Communications)<br />

Etrange idée que celle de sortir un album<br />

uniquement au Japon (The signal<br />

and the noise en 2013), étrange idée<br />

aussi que celle de le retravailler quelque<br />

peu pour une sortie européenne sous<br />

un autre nom (More signal more noise)<br />

deux ans plus tard... Avec Asian Dub<br />

Foundation, on peut s’attendre à tout<br />

tant il est difficile de suivre ce collectif<br />

qui pourrait bien prendre comme<br />

surnom le titre de ce premier morceau<br />

«Zig zag nation». S’il y a de la guitare<br />

et de la batterie sur cet opus, ce n’est<br />

pas le point central, le collectif a fait<br />

la part belle à la world music d’origine<br />

pakistano-indienne avec des instruments<br />

aux sonorités orientales, des<br />

flûtes, des percussions... le tout mixé<br />

avec du dub et de gros passages genre<br />

«teuf improvisée dans une étable de<br />

Camden». Une fois le nuage de Marie-<br />

Jeanne dissipée, il reste un album à<br />

la cool, ouvert sur une musique différente<br />

sur laquelle il n’est pas évident<br />

d’accrocher. En tout cas, chez moi,<br />

ça ne fonctionne pas ... à trop avoir<br />

ajouté de bruits, j’ai perdu le signal.<br />

Oli<br />

ONCE HUMAN<br />

The life I remember<br />

(earMUSIC)<br />

Surtout connu pour être le premier guitariste<br />

de Machine Head, Logan Mader a<br />

également joué avec Soulfly ou Medication<br />

avant de devenir un excellent producteur<br />

(Five Finger Death Punch, Cavalera<br />

Conspiracy, Gojira, Fear Factory,<br />

...). Sa rencontre avec Lauren Hart va le<br />

pousser à former un nouveau groupe :<br />

Once Human. La demoiselle est très mignonne<br />

mais c’est surtout par sa voix<br />

qu’elle va séduire bon nombre de mâles<br />

en mal de métal sombre et ultra péchu.<br />

Entre Death bien membré et Black démaquillé,<br />

il n’y a pas grand chose de<br />

féminin dans la musique du combo et<br />

ce n’est pas pour nous déplaire. Mêmes<br />

les guitares sont plus mélodiques que<br />

le chant (c’est quelque peu dommage<br />

car Lauren est également capable de<br />

charmer son petit monde en chant<br />

clair, «Demoneye» ou «I am war»),<br />

et tant pis si elles virent un peu heavy<br />

parfois (sur des solos dispensables)<br />

parce que l’ensemble ne manque pas<br />

d’efficacité. Le mélange des genres est<br />

assez réussi et compense le manque<br />

d’originalité de parties qu’on a l’impression<br />

d’avoir déjà entendues ailleurs.<br />

Quand il joue sur les contrastes tant<br />

au chant que dans la musique, Once<br />

Human est plus accrocheur («The life<br />

I remember»), pourquoi pas creuser<br />

cette voie dans le futur, si futur il y a...<br />

Oli<br />

81


82EN BREF<br />

PORN<br />

Deconstruct<br />

(Les disques Rubicon)<br />

La discographie de Porn est une sorte<br />

d’éternel recommencement, après<br />

chaque «pause», le combo repose<br />

des bases avant de redécoller, après<br />

un EP de remixes/covers et une sorte<br />

de best of, les lascars nous sortent un<br />

digipak en mode best of remixé avec<br />

des covers et de l’inédit. Une compilation<br />

hétéroclite en apparence mais qui<br />

a pour elle de sonner Porn et si Deconstruct<br />

va bien au travail de leurs potes<br />

sur les 6 derniers titres, l’ensemble est<br />

plutôt bien construit et bénéficie d’une<br />

prod uniforme et permet d’entrer facilement<br />

dans l’univers du groupe même si<br />

tu as raté l’épisode From the void to the<br />

infinite où l’on trouvait déjà la reprise<br />

de «Lullaby» de The Cure. «This is the<br />

way the world end», seule nouvelle<br />

composition est un bel instrumental<br />

mais le coeur du LP, ce sont bien ces<br />

covers, avec donc «Rain» de The Cult<br />

et «Eleanor Rigby» des Beatles qui<br />

sont totalement Pornisés, très bons<br />

dans cet exercice, les Lyonnais jouent<br />

donc en terrain conquis avant de laisser<br />

d’autres triturer leurs compos. Herrschaft,<br />

Divine Shade ou Vigilante sont<br />

de la partie et y vont de leur touche<br />

perso pour réarranger en douceur<br />

quelques vieux titres. Ma préférence<br />

va vers le travail de R-One qui bosse<br />

alors plus comme un producteur avec<br />

une vision différente qu’un «simple»<br />

remixeur.<br />

Oli<br />

BULLET FOR MY VALENTINE<br />

Venom<br />

(RCA Records)<br />

Putain de gâchis ! Voilà ma première<br />

pensée à l’écoute de ce nouvel opus<br />

de Bullet For My Valentine. Parce qu’il<br />

faut bien l’avouer, ces mecs-là ont un<br />

talent certain pour la composition,<br />

savent utiliser leurs instruments et ont<br />

plutôt tendance à gâter leurs fans (ne<br />

serait-ce que cette pochette en mode<br />

illusions 3D de la version deluxe de l’album).<br />

Mixant allégrement et sans vergogne<br />

ambiances métalcore et solos<br />

heavy old school, le groupe envoie du<br />

très lourd durant quelques beaux passages<br />

mais ne peut s’empêcher de tout<br />

foutre en l’air l’instant d’après avec des<br />

mélodies sirupeuses catastrophiques.<br />

Au hasard, balance «Worthless» :<br />

hurlement pour attaquer, rythmique<br />

plombée, petites notes pour installer<br />

la tension, et ... le drame, le chanteur<br />

se retrouve quasi tout seul pour faire<br />

le beau, avant ensuite de remettre du<br />

gras dans le miel. Virez-moi toutes ces<br />

sucreries pour ados et on a un étalon<br />

metalcore. Dégagez-moi aussi ces immondes<br />

choeurs de gamin (la convention<br />

de Genève ne l’a pas interdit après<br />

This is war de 30 Seconds To Mars ?) et<br />

tout ce qui ralentit la progression du venin.<br />

Merde les gars, plutôt que de vous<br />

peigner les poils, envoyez la purée !<br />

Oli<br />

LIMB<br />

Terminal<br />

(New Heavy Sounds)<br />

Limb rejoindra la constellation déjà<br />

bien chargée des groupes britanniques<br />

à tendance sous-accordée. Chant guttural,<br />

groove sludge, riffs façon Yob<br />

aux accents rock’n’roll bienvenus.<br />

De manière amusante, la formation<br />

anglaise me rappelle un peu le style<br />

des Lorrains d’A Very Sad Story qui officient<br />

eux aussi dans une veine stoner/<br />

sludge aux accents de Pantera. La prod’<br />

de Russ Russell fait le boulot sans faire<br />

d’éclats, à l’image de l’ensemble de cet<br />

album plus que sympathique mais trop<br />

peu original pour vraiment retenir l’attention.<br />

Difficile également de retenir<br />

un titre ou deux qui sortirait vraiment<br />

du lot dans un pavé un peu linéaire<br />

(sauf peut être «Morturay teeth»,<br />

avant tout pour ses accents plus extrêmes)<br />

que «Cocytus» finit un peu de<br />

plomber en fin de parcours avec un format<br />

plus long qui raconte globalement<br />

la même chose que le reste, et ce malgré<br />

une partie ouvertement doom bien<br />

appuyée sur un riff qui ne brille pas non<br />

plus par son originalité. La musique de<br />

Limb mérite probablement plus d’être<br />

vécue en live que sur album, les musiciens<br />

ne déméritant pas une seule<br />

seconde. Pour le reste, voilà un album<br />

qui, comme tant d’autres, n’évoque<br />

pas grand-chose de plus qu’un «pas<br />

mal, mais déjà trop entendu...» dans<br />

l’univers actuel du stoner/doom.<br />

Elie


IL Y A 10 ANS<br />

EN BREF<br />

SMASH HIT COMBO<br />

Playmore<br />

(Slam Disques)<br />

Si les Smah Hit Combo étaient Parisiens<br />

et avaient commencé à sortir leurs<br />

disques il y a 20 ans, ils auraient été<br />

les leaders d’une scène en ébullition<br />

reléguant les Pleymo ou Enhancer au<br />

rang de «petits joueurs» du nu-metal<br />

de par un son autrement plus puissant.<br />

Mais voilà, ils ont déboulé avec 10 ans<br />

de retard et sont originaires d’Alsace...<br />

Le public, plutôt jeune (toi ?), ne boude<br />

pas son plaisir de les écouter jouer un<br />

peu plus, le public plutôt vieux (moi<br />

???) trouve qu’ils sont très bons dans<br />

ce qu’ils font même si le playground a<br />

déjà été plus que visité. Textes dans<br />

l’ère du temps (et pas uniquement adulescents<br />

comme certains les résument,<br />

écoute «Le vrai du faux» pour t’en<br />

convaincre), rythmiques implacables,<br />

riffing efficace, jolis gestes techniques,<br />

temps construits pour que ça claque<br />

dans les enceintes et pour que le groupe<br />

fracasse tout sur scène (ce sont des<br />

experts à ce niveau-là)... rien à redire<br />

donc sur la qualité intrinsèque de cet<br />

album, si j’avais 20 ans de moins, j’accrocherais<br />

certainement des posters<br />

de Smah Hit Combo dans ma chambre.<br />

Mais là, j’en ai pas loin de 40 et j’en suis<br />

presque à me planquer pour écouter<br />

l’album pour ne pas être taxer de jeuniste.<br />

Tant pis, je fais mon rebelle et<br />

l’écris haut et gras : bien joué les gars !<br />

Oli<br />

OHHMS<br />

Cold<br />

(Holy Roar Records)<br />

Que les punks passent leur chemin.<br />

Cold, le nouvel EP d’Ohhms tient plus<br />

d’une demi heure avec seulement<br />

deux titres, et pas avec des patterns<br />

à 220bpm. Les Anglais officient dans<br />

un doom progressif aux accents postmetal<br />

majestueux, avec une voix à<br />

dominante claire et l’avantage de ne<br />

pas sonner exactement de la même<br />

manière que tous leurs confrères sabbathiens<br />

qui pullulent. L’EP s’ouvre<br />

sur «The anchor» qui tisse une longue<br />

litanie somptueuse avant d’écraser<br />

la tonalité six pieds sous terre tout<br />

en restant là encore au-dessus du<br />

panier. Après un solo ouvertement<br />

hard rock et un break monolithique,<br />

les revoilà qui relancent un énorme<br />

rouleau compresseur sludge accompagné<br />

d’une incantation chamanique<br />

des plus gargarisantes. Le morceau se<br />

termine en apothéose sur une douce<br />

ambiance psychédélique jam 70’s qui<br />

débouche sur un final bien épique. Un<br />

ensemble très progressif donc, lié par<br />

une atmosphère assez prenante. Le<br />

deuxième morceau continue dans le<br />

même style, avec beaucoup de changement<br />

d’ambiance également et des<br />

riffs tout aussi bons, dans une veine<br />

plus sombre et un chant plus rauque.<br />

Une formule qui fait ses preuves en<br />

format court et qui ravira tout les<br />

amateurs de musique progressive.<br />

Elie<br />

LABASHEEDA<br />

Changing lights<br />

(Presto Chango Records)<br />

Le joli nom de Labasheeda correspond<br />

à un bled en Irlande mais aussi<br />

à un groupe d’Amsterdam et c’est bien<br />

du groupe, formé en 2004, dont il va<br />

être question ici. Un combo qui sort<br />

en 2015 sont quatrième long format<br />

et donne dans le «art-punk» si on en<br />

croit sa définition. Perso, je dirais plutôt<br />

pop que art mais si tu t’attends à<br />

des mélodies à roulettes, tu fais fausse<br />

route, la base est clairement pop-rock,<br />

c’est le traitement qui est plus punk. Et<br />

«punk» dans le sens d’anarchique, un<br />

bordel plutôt organisé tout de même<br />

ou instruments divers (le violon tient<br />

une grande place) et saturations particulières<br />

sont réfléchies et prennent<br />

leur place aux bons moments pour dynamiter<br />

des compos plutôt agréables<br />

et faciles d’écoute («Changing lights»)<br />

car la voix de la frontwoman est assez<br />

délicate. Labasheeda, c’est donc davantage<br />

une An Pierlé qui aurait recruté<br />

Sonic Youth en backing band que Salvador<br />

Dali chantant avec Green Day.<br />

Tout comme l’imagerie utilisée, la production<br />

fait sonner le tout avec un côté<br />

vieillot travaillé, je soupçonne même<br />

les Hollandais de volontairement «rater»<br />

quelques passages pour rester<br />

fidèle à leur esprit punk et «live». Si tu<br />

es amateur d’aventures et de découvertes<br />

autant que d’un rock brut et différent,<br />

va fouiner sur leur bandcamp...<br />

Oli<br />

83


IL Y A 10 ANS : GOJIRA<br />

From Mars to Sirius (Mon slip)<br />

échappatoire : la lumière de Sirius, un soleil célébré par<br />

différents peuples (dont les Dogons) et à qui on donne<br />

un pouvoir de régénérescence... From Mars to Sirius<br />

serait donc un chemin initiatique, la voie (lactée) vers<br />

un nouveau cycle mais aussi vers l’inconnu (existe-t-il<br />

un Sirius C ?), cette route que construit Gojira est faite<br />

d’étapes de repos salvatrices («Unicorn», le dantesque<br />

«Flying whales», «From Mars») et de passages en<br />

vitesse lumière («Backbone», «The heaviest matter of<br />

the universe», «In the wilderness», «To Sirius»), on y<br />

croise quelques OVNIs tel ce fabuleux «Where dragon<br />

dwells» (qui est en train de supplanter dans mon coeur<br />

le «Space time»)... Et encore une fois la technique se<br />

met au service de la composition, des mélodies, de la<br />

puissance pure et sans arrière pensée («Global warning»).<br />

Retrospectivement, on peut presque penser que cet<br />

album est le dernier du «Gojira français» tant le groupe<br />

a ensuite pris une dimension internationale. C’est une<br />

aventure un peu à part dans leur discographie et c’était<br />

il y a déjà 10 ans...<br />

Chef d’oeuvre. Uniquement deux mots car on manque<br />

de superlatifs pour parler de ce nouvel opus de Gojira...<br />

On avait parlé de «monument», on les avait qualifié de<br />

«monstrueux», d’»énormes» et on les pensait lancés<br />

sur une trajectoire simple et directe, mais voilà que<br />

débarque From Mars to Sirius et Terra incognita comme<br />

The link sont renvoyés aux oubliettes, paraissent fades<br />

à côté de ce petit dernier qui pose les nouveaux jalons<br />

de notre univers métallique. Gojira sait équilibrer violence<br />

et sensations, on le savait, là, ils repoussent leurs<br />

limites et les nôtres, jamais un groupe n’avait autant<br />

réussi à faire ressentir autant de choses avec une musique<br />

réputée difficile d’accès.<br />

Intersidéral et sidérant, From Mars to Sirius est certainement<br />

l’album de la décennie... à venir ! A moins que<br />

leur prochain opus n’aille encore plus loin, ce qui semble<br />

aujourd’hui difficilement réalisable.<br />

Oli<br />

Au son hors du commun (et nettement meilleur que<br />

sur les albums précédents qui étaient loin d’être mauvais<br />

!), aux compos vives et tranchantes, Gojira ajoute<br />

la réflexion sur notre monde vu du ciel, notre planète<br />

océane se transforme et se détruit peu à peu, seule<br />

84


CONCOURS >>> VESPERINE<br />

Un gros EP et une belle claque, voilà ce que nous propose Vesperine<br />

et même si tu n’es pas du genre à avoir peur de faire<br />

une jolie découverte en suivant nos conseils, on va t’encourager<br />

à creuser cette question en t’offrant 2 packs «Vesperine»<br />

à savoir l’album Parmi les autres, le Tshirt du groupe,<br />

une affiche, un badge et pour vraiment te la péter en soirée le<br />

décapsuleur !!!<br />

Bonne chance !<br />

CONCOURS TEXTE<br />

Pour participer au concours, clique ici..<br />

CONCOURS >>> REGAL<br />

Regal sera en concert à La Clef le samedi 14 novembre lors<br />

d’une soirée Rock Garage Psyché en compagnie des Canadiens<br />

de Chocolat et de Mathi & Mathi. Forcément une soirée<br />

«Régal Chocolat», on se devait de partager !<br />

On te file donc 6 places pour ce concert !<br />

Attention, il faut participer au concours avant le 5 novembre !<br />

Bonne chance !<br />

Pour participer au concours, clique là-dessus.<br />

http://www.laclef.asso.fr<br />

next >>><br />

Mass Hysteria<br />

Chelsea Wolfe<br />

Arman Mélies<br />

Monolog<br />

Lofofora<br />

Artweg<br />

Banane Metalik<br />

Parkway Drive<br />

Melted Space<br />

The Long Escape<br />

Zeus! .......<br />

85


INTERVIEW TEXTE<br />

DANS L’OMBRE>AURELIEN<br />

Comme beaucoup de personnes travaillant dans le milieu de la culture, Aurélien est doté de plusieurs casquettes et<br />

il t’en parlera mieux que nous. Mais il est surtout chargé de communication à la Malterie, un lieu à vocation pluridisciplinaire<br />

basé à Lille qui connaît de sacrés difficultés actuellement. Et si on s’intéresse à la Malterie aujourd’hui,<br />

c’est parce que le lieu semble condamné à disparaître mais fête également ses 20 ans, c’est dire si c’est une institution<br />

dans le paysage culturel nordiste...<br />

Quelle est ta formation ?<br />

Après le bac (L), études en culture à la fac en parallèle<br />

d’activités associatives : j’ai monté un label, j’organisais<br />

des concerts, des tournées.... Je finis avec 2 maîtrises<br />

pour faire bien sur le CV, et surtout grâce à mes activités<br />

annexes plein de contacts, de petites compétences ici<br />

ou là, qui ne demandaient qu’à se développer.<br />

Quelles sont tes activités dans le monde de la<br />

musique ?<br />

Je dirige l’asso Dynamo qui mène des activités d’accompagnement<br />

de groupes, de montage de projets et de programmation<br />

autour de la scène régionale en musiques<br />

actuelles. Je m’occupe de la communication de la Malterie.<br />

Ça fait déjà beaucoup, alors j’ai un peu mis de coté<br />

mes autres activités. Je manage encore plus ou moins le<br />

groupe Tang mais on n’est plus aussi vivaces qu’avant,<br />

même si eux continuent à répéter et enregistrer, on a<br />

des emplois du temps qui permettent plus de tourner<br />

autant qu’avant.<br />

Peux-tu nous parler de la Malterie, ses multiples missions<br />

et des difficultés que traînent le lieu depuis<br />

quelques années ?<br />

La Malterie est une asso indépendante montée par des<br />

artistes il y a 20 ans, et toujours gérée par des artistes.<br />

C’est avant tout un lieu de travail pour des plasticiens et<br />

musiciens, qui y trouvent des espaces mais aussi des<br />

formes d’accompagnement et parfois des moyens pour<br />

développer leurs projets. C’est un lieu avec une énergie<br />

folle, qui fait énormément avec pas grand chose. Plein<br />

de gens, plein de beaux projets qui se croisent, ça donne<br />

quelque chose d’assez unique qu’il est plaisant de partager<br />

au quotidien. Tout ça se passe depuis le début<br />

dans un bâtiment, assez fou lui aussi, du quartier de<br />

Wazemmes à Lille.<br />

Malheureusement, la culture a peu à peu glissé d’un milieu<br />

d’initiatives citoyennes comme nous le sommes, à<br />

quelque chose de très institutionnalisée, et il n’y a plus<br />

aujourd’hui l’engouement politique pour les initiatives<br />

citoyennes. Alors après un paquet d’années à se développer<br />

et à développer plein de services innovants à destination<br />

des jeunes artistes, la Malterie se retrouve freinée<br />

par un contexte économique qui fait que les choix<br />

politiques mettent l’argent de plus en plus ailleurs que<br />

sur la culture ou sur une culture qui rayonne en apparence,<br />

ce qui n’est pas le cas d’un lieu de travail. En tout<br />

cas les moyens ont baissé depuis 2008 au regard de<br />

l’ampleur du projet.<br />

Aujourd’hui l’enjeu est double, car la location du bâti-<br />

86


ment dans lequel nous somme depuis 20 ans arrive à<br />

terme, et il y a une volonté du propriétaire de vendre ou<br />

d’augmenter massivement le loyer, ce qu’il est en droit<br />

de faire. Donc ça plus le point évoqué au dessus : aie...<br />

Il faut donc trouver soit un nouveau lieu, soit un moyen<br />

de rester dans celui-là, mais quoi qu’il arrive il faut faire<br />

évoluer le modèle économique qui ne sera plus tenable<br />

à court terme.<br />

La malterie fête ses 20 ans bientôt...<br />

Oui, c’était un peu difficile de l’envisager vu le contexte,<br />

et puis finalement, on est pas là pour tirer la tronche,<br />

c’est l’occasion de montrer tout ce qu’on sait faire, de<br />

stimuler les énergies, de les partager avec les publics,<br />

et célébrer une longévité qui en soit est déjà bien parlante.<br />

Du coup on a décidé de faire du non stop, pendant<br />

17 jours il se passe des choses, avec parfois plusieurs<br />

choses par jour... Du gros avec des concerts regroupant<br />

un paquet de musiciens, de l’intimiste avec des<br />

performances en toute petite jauge dans des ateliers<br />

d’artistes, et du lourd avec un week-end d’événements<br />

dans et aux abords de la Malterie. Je ne sais pas dans<br />

quel état on va finir ce marathon, mais j’ai hâte d’y être.<br />

Comment es-tu entré dans le monde du rock ?<br />

Ma sœur était à fond dans la musique, et ça m’a poussé<br />

dans ce sens là. J’étais ado, je cherchais de quoi ne plus<br />

m’ennuyer dans ma petite ville pas folichonne... je ne<br />

suis pas Lillois, et j’ai mis le doigt dans un engrenage en<br />

découvrant assez rapidement la scène punk hardcore,<br />

et tout un réseau d’organisation et de prise en main ...<br />

j’aime pas utiliser le terme «do it yourself». Alors vite j’ai<br />

organisé des concerts, joué dans des groupes, fait des<br />

tournées, sorti des disques. C’était un moyen de créer<br />

ce dont j’avais envie et de le partager. On était quelques<br />

potes bien impliqués, on nous prenait un peu pour des<br />

fous, mais on a fait plein de trucs très jeunes, et ça nous<br />

a donné le virus. Après de fil en aiguille je suis arrivé à<br />

Lille en connaissant déjà quelques activistes, j’ai vite<br />

organisé des trucs et fait mon label, mais je ne vais pas<br />

non plus raconter ma vie, ça ne va pas passionner grand<br />

monde...<br />

pour leur première date en France car toutes les autres<br />

étaient annulées et que personne ne croyait dans ce<br />

groupe, ou alors Red Sparowes, pareil premier show en<br />

France... 31knots aussi. En fait tout ça c’est beaucoup<br />

de rencontres humaines, de temps partagé autour de<br />

vibrations...<br />

Ton coup de coeur musical du moment ?<br />

J’avoue qu’en ce moment j’ai beaucoup de mal à écouter<br />

du rock, dans le cadre du taf j’écoute beaucoup de<br />

choses, mais du coup à la maison je coupe le son, ou alors<br />

j’écoute du rap, du classique, des choses qui m’aèrent la<br />

tête. Bref, pas de coup de cœur coup de cœur, mais je<br />

suis de plus en plus fasciné par les trucs un peu variété<br />

ou grand public qui ne se contentent pas de faire du<br />

consensuel, qui se permettent des trucs qui bousculent<br />

l’auditeur lambda, ou qui se font accompagner de gens<br />

qui donnent une âme à leur musique. Par exemple le dernier<br />

Miley Cyrus avec en réal Wayne Coyne, c’est impensable,<br />

mais le résultat est là... Certains titres de Kanye<br />

West aussi sont dingues. Et puis j’aime bien des gens qui<br />

arrivent à me donner l’impression qu’ils figent l’époque<br />

sur disque comme si ils en faisaient une photo... Jay Z<br />

est très bon à ce jeu là...<br />

Es-tu accro au web ?<br />

Oui et non, comme l’a dit je ne sais plus qui « the internet<br />

is over », internet est devenu sous-jacent à tout<br />

dans nos vies, ce n’est plus une activité en soi, un truc<br />

sur lequel tu vas, c’est maintenant contenu dans chaque<br />

activité. C’est un bon outil, mais il faut aussi arriver à<br />

s’en couper et ça je confesse c’est plus difficile, mais j’y<br />

travaille.<br />

A part le rock, tu as d’autres passions ?<br />

Courir, jardiner, et plein d’autres trucs clichés...<br />

Tu t’imagines dans 15 ans ?<br />

Oui et non, moi oui mais pas les autres ;-)<br />

Merci Aurelien ! Bon Anniversaire à La Malterie !!!<br />

INTERVIEW TEXTE<br />

Une anecdote sympa à nous raconter ?<br />

Pfff y’en a plein, dont une grande partie ne peut filtrer<br />

publiquement sans compromettre des copains. Mon dernier<br />

souvenir marquant à la Malterie, c’est le concert de<br />

David Bazan qui m’a donné des frissons que je n’avais<br />

pas eu depuis un bail. Sinon des soirées folles avec<br />

des groupes comme Daughters, Knut... Des concerts<br />

de dingue comme 65daysofstatic un dimanche aprem<br />

87


TEXTE

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!