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ÉCONOMIE CIRCULAIRE ET ÉCOSYSTÈMES PORTUAIRES

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332 • Partie IV<br />

mobylettes neuves chinoises qui roulent dans les rues de Lomé ou de Kinshasa<br />

se composent peut être de quelques grammes de résidus de bateaux de la<br />

lagune de Vridi ou de vieux vélo français des rues de Bobo Dioulasso ! Autre<br />

exemple, les vastes champs de dépôts de déchets électroniques dans le quartier<br />

de Aglobloshie, à Accra, au Ghana, dans lesquels s’accumulent ordinateurs et<br />

matériels électroniques hors d’usage ou simplement jugés « dépassés » par les<br />

pays occidentaux. Ces amoncellements à perte de vue entraînent la constitution<br />

d’une économie informelle de récupération de métaux précieux contenus dans<br />

les composants électroniques qui alimentent une filière toute aussi informelle de<br />

valorisation de ces métaux à l’échelle locale et internationale. Cette économie<br />

du recyclage ne va pas sans soulever de véritables enjeux sociaux, sanitaires et<br />

environnementaux (Mujezinovic, 2015).<br />

Chiffons usagés, déchets plastiques ou encore résidus papiers et cartons<br />

comptent aussi dans le portfolio des produits à très faible valeur ajoutée qui<br />

répondent à une réalité économique et logistique très simple. Dans un sens, les<br />

flux entre l’Asie et l’Afrique remplissent les navires et les boîtes conteneurisées.<br />

La capacité de consommation d’une classe moyenne supérieure africaine nourrit<br />

cette demande de produits asiatiques. Les conteneurs maritimes deviennent<br />

des capharnaüms de produits de consommation courante bon marché avec des<br />

récipients plastiques, des bougies, des produits textiles, du petit équipement<br />

électronique et ménager, etc. Dans l’autre sens, l’expédition des boîtes vides<br />

du fait du manque de produits à exporter entraîne mécaniquement une baisse<br />

chronique des taux de fret sur la route retour. Il en résulte une forme d’opportunité<br />

économique et logistique qui permet de faire descendre la valeur unitaire du<br />

produit à mettre dans un conteneur. C’est pour cela que toute une gamme de<br />

résidus a ainsi pu « accéder » au conteneur en créant de véritables filières de<br />

recyclage. Enfin, cette équation simple née du déséquilibre chronique des flux<br />

import-export se complète de l’absence de valorisation industrielle locale ou<br />

régionale de ces résidus. L’absence d’opportunité sur des usages locaux en<br />

mode « circuits courts » favorise de manière mécanique le positionnement des<br />

résidus vers des filières d’exportation internationale.<br />

Autre exemple tout aussi illustratif de ces logiques circulatoires internationales :<br />

le commerce des vêtements usagés. Sur quasiment tous les marchés<br />

subsahariens se côtoient textiles bon marché asiatiques, vêtements usagés<br />

et tissus artisanaux issus de la culture textile locale. Les balles de vêtements<br />

usagés proviennent des excédents de consommation des pays développés<br />

pour trouver une nouvelle vie en Afrique. Longtemps exportées depuis les Etats-<br />

Unis, ces balles géantes de textiles remplissaient des conteneurs maritimes qui<br />

transitaient par les grands ports européens avant de « redescendre » sur les<br />

marchés subsahariens. Fin 2013 à Douala, un transitaire spécialiste de ces trafics<br />

de seconde main explique comment le marché africain a changé ses canaux<br />

d’approvisionnement de l’Amérique vers l’Europe de l’Ouest. La raison ? Une

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