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2015 P3 Un coucher du soleil à Port-Louis SHORT F

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<strong>Un</strong> <strong>coucher</strong> de <strong>soleil</strong><br />

<strong>à</strong> <strong>Port</strong> <strong>Louis</strong><br />

EPISODE 3


En rentrant chez elle après une agréable journée<br />

auprès de son Dada, Tia sauve une fleur, trouvée<br />

sur le bord <strong>du</strong> chemin. Elle décide de la baptiser<br />

Aïna - qui signifie Vie en malgache.<br />

Émue par l’histoire de son amie, Tia va tout faire<br />

pour l’aider <strong>à</strong> retrouver sa famille. Heureusement,<br />

elle sait compter sur l’aide et les connaissances<br />

infinies de Vié Gran Mama, la gentille sorcière de<br />

la Vallée des Couleurs.<br />

Cette dernière leur donne un précieux indice :<br />

les deux fillettes doivent se rendre<br />

<strong>à</strong> <strong>Port</strong>-<strong>Louis</strong> afin de rencontrer<br />

le vieux baobab qui saura<br />

les renseigner.


Les deux amies demandèrent <strong>à</strong> Cateau, l’exotique<br />

et rigolote perruche de Maurice, de les emmener <strong>à</strong><br />

<strong>Port</strong>-<strong>Louis</strong>. Confortablement installées dans le vert<br />

plumage de leur camarade, Tia et Aïna profitaient<br />

d’un panorama magnifique tandis que Cateau volait<br />

<strong>à</strong> tire-d’aile vers la capitale.<br />

- Mesdemoiselles, préparez-vous pour l’atterrissage.<br />

Nous arrivons <strong>à</strong> <strong>Port</strong>-<strong>Louis</strong> dans une dizaine de<br />

minutes.<br />

- Paré, commandant ! Nous sommes prêtes ! Tu<br />

te souviens de nous déposer dans le jardin <strong>du</strong> Musée<br />

d’Histoire Naturelle ?


Les vastes éten<strong>du</strong>es champêtres avaient laissé place<br />

aux bâtiments de la ville. Aux anciennes et typiques<br />

maisons de l’époque coloniale se mêlaient d’immenses<br />

buildings blancs, roses ou crème ; les façades colorées<br />

des échoppes <strong>du</strong> quartier chinois côtoyaient la vieille<br />

mosquée Jummah, témoin de l’histoire de l’île Maurice.<br />

- Merci, Cateau, pour ce voyage exceptionnel, chantonna<br />

Tia en frottant sa joue contre le doux plumage.<br />

Asseyant son amie au creux de son bras, elle se dirigea<br />

vers le centre de la cour <strong>du</strong> Musée d’Histoire Naturelle.<br />

- Tiens, regarde, ne serait-ce pas cet arbre-l<strong>à</strong> ?


Tia désigna un arbre incroyable, bien différent de ceux<br />

qu’elle connaissait. Son tronc était énorme, en forme<br />

de bouteille. À la place de feuilles, il semblait avoir des<br />

racines sur la tête.<br />

- On dirait que vous avez le même coiffeur ! Tia<br />

taquinait son amie pour essayer de la dérider.<br />

Elles se rapprochèrent de l’arbre, intimidées par sa<br />

taille et sa prestance.<br />

- Monsieur ? La voix d’Aïna se faisait encore plus<br />

fluette que d’habitude<br />

- Monsieur, s’il vous plait, dit alors d’une voix plus<br />

forte Tia. Mais, elle aussi était très émue et impressionnée.<br />

- Il ne peut ni vous voir, ni vous entendre,<br />

entendirent Tia & Aïna.


Elles levèrent les yeux, <strong>à</strong> la recherche de leur interlocuteur.<br />

Elles virent une jeune chauve-souris, suspen<strong>du</strong>e<br />

<strong>à</strong> une branche, la tête en bas.<br />

- Mais… pourquoi ?<br />

- Il est tellement vieux. Savez-vous que vous avez<br />

devant vous Baobao, l’arbre le plus vieux de l’île Maurice<br />

? Malheureusement, le temps a fait qu’il est devenu<br />

aveugle, sourd et muet.<br />

Les yeux d’Aïna se remplirent de larmes. Fini, c’était<br />

fini, s’il ne pouvait plus communiquer, elle ne retrouverait<br />

jamais sa famille.<br />

Voyant la détresse des deux amies, la chauve-souris<br />

leur dit alors :<br />

- Avec le temps, Baobao et moi avons appris <strong>à</strong><br />

nous comprendre sans avoir <strong>à</strong> nous parler. Ça marchera<br />

peut-être aussi pour vous ? Allez, faites comme<br />

moi, appuyez-vous contre son écorce et ne dites rien.<br />

Écoutez votre cœur.<br />

Les deux amies obéirent de suite et se collèrent<br />

contre l’arbre, les bras écartés. <strong>Un</strong>e douce chaleur les<br />

envahit et elles fermèrent les yeux. La chauve-souris<br />

descendit de sa branche et s’installa sur l’épaule de<br />

Tia. Alors qu’elle semblait s’être endormie, elle s’agita<br />

soudain et s’envola <strong>à</strong> grands coups de « flap flap »<br />

pour se suspendre <strong>à</strong> nouveau quelques branches plus<br />

loin, la tête en bas.


Tia et Aïna s’écartèrent également de l’écorce rugueuse.<br />

Curieusement, alors que le brouhaha de la<br />

capitale était assourdissant en ce milieu de journée,<br />

elles avaient toutes les deux enten<strong>du</strong> le silencieux<br />

message <strong>du</strong> vieil arbre. C’était vers le vieux fort appelé<br />

La Citadelle, juchée sur une colline <strong>à</strong> l’extrémité<br />

de la ville qu’elle devait se diriger. L<strong>à</strong>-bas, elle trouverait<br />

un cordonnier qui saurait les guider dans leur<br />

quête.<br />

Tia et Aïna se tournèrent vers le vieil arbre.<br />

- Merci, mille mercis. Nous reviendrons te voir,<br />

Baobao, on te le promet. Prends soin de toi.


En route Tia et Aïna traversèrent le quartier chinois<br />

et sa farandole d’étroites rues pavées en s’émerveillant<br />

de tout : des lampions d’un rouge éclatant côtoyaient<br />

des têtes de dragon en céramique, des dorures<br />

décoraient les embrassures de portes,<br />

toute une explosion de couleurs<br />

dans une ambiance aussi<br />

désordonnée qu’exotique…<br />

Après une longue marche dans ces ruelles pittoresques,<br />

elles arrivèrent <strong>à</strong> la Citadelle au <strong>coucher</strong> <strong>du</strong> <strong>soleil</strong>. <strong>Un</strong><br />

vieux monsieur, très digne, était assis sur un rocher<br />

face <strong>à</strong> la mer admirant le magnifique spectacle <strong>du</strong> <strong>soleil</strong><br />

qui se couchait derrière la barrière de corail. Son visage<br />

était rempli de rides, comme seules les personnes<br />

qui ont beaucoup vécu savent en avoir. De ses mains<br />

agiles, il réparait une vieille, vieille paire de chaussures<br />

usées.<br />

- Oui, leur dit-il sans les regarder. Je suis cordonnier<br />

et j’aime mon métier. Alors, en attendant que les derniers<br />

rayons <strong>du</strong> <strong>soleil</strong> disparaissent, je continue mon travail.<br />

Mais, vous n’êtes pas l<strong>à</strong> pour m’écouter parler de semelles<br />

ni de lacets, je suppose. Je vous attendais. Vous êtes juste<br />

<strong>à</strong> l’heure.


Tia et Aïna se regardèrent, interloquées.<br />

- Vous nous attendiez ? Juste <strong>à</strong> l’heure… pour quoi<br />

faire ?<br />

- Oh oui, je vous attendais. Vié Gran Mama, Baobao<br />

et quelques autres dont Dada - oui Tia, ton Grandpère<br />

- et ses amis Pink, Gri Gri… se sont réunis en grand<br />

secret et m’ont mis dans la confidence sachant que votre<br />

détermination vous guiderait jusqu’<strong>à</strong> <strong>Port</strong>-<strong>Louis</strong>, et enfin<br />

jusqu’<strong>à</strong> moi. De mémoire collective, il semble que les<br />

membres de ta famille venus <strong>à</strong> Maurice, il y a bien longtemps<br />

de cela, seraient tous partis pour l’ile voisine de<br />

Madagascar, sauf Baobao. S’ils se sont essentiellement<br />

installés sur la côte ouest, on peut toutefois en trouver un<br />

peu partout sur l’île : dans le sud, vers le nord… Madagascar<br />

est une grande ile, mais, <strong>à</strong> cœur vaillant, rien d’impossible<br />

!<br />

Vous les retrouverez, j’en<br />

suis sûr. Ce ne sera pas<br />

facile, mais cette cause vaut<br />

bien quelques efforts, non ?


<strong>Un</strong>e telle force se dégageait de ses propos que, pas un<br />

instant, Tia et Aïna ne doutèrent de réussir.<br />

- Vous voyez le bateau l<strong>à</strong>-bas ? C’est celui que<br />

vous devez prendre pour retrouver ceux que vous<br />

cherchez. Il quitte le port dans 30 minutes. Vous avez<br />

juste le temps d’y aller.<br />

- Bleu ! Appela-t-il, on embarque ces demoiselles<br />

pour le grand voyage !!<br />

Dans un bruissement d’ailes, une immense roussette<br />

noire apparut.<br />

- Bleu ? interrogea Tia<br />

- Oui, c’est de l’humour, une sorte de clin d’œil <strong>à</strong><br />

mon espèce, la roussette noire… répondit l’animal en<br />

souriant. Ni Rousse, ni Noire, Bleu tout simplement.<br />

Sans prendre le temps de réfléchir davantage, les<br />

deux amies sautèrent sur le dos de l’oiseau qui s’envola<br />

immédiatement.<br />

Per<strong>du</strong>es dans leurs pensées… pas un mot ne s’échappait<br />

de l’une ou de l’autre.<br />

- Et moi qui rêvais d’un grand voyage, se disait<br />

Tia. Me voil<strong>à</strong> embarquée pour la Grande Île. Je sais<br />

que mon Papa, Vent <strong>du</strong> Large, veillera sur nous <strong>du</strong>rant<br />

le voyage. Que Maman prendra soin de moi, de<br />

nous. Et que tous nos nouveaux amis et ceux <strong>à</strong> venir<br />

nous aideront <strong>à</strong> mener <strong>à</strong> bien cette mission.<br />

- Je vais enfin retrouver ma famille, pensait Aïna.<br />

Madagascar, terre des baobabs. La terre où vivent les<br />

miens. <strong>Un</strong>e terre pleine de promesses.


Bleu, la roussette noire, se posa sur le<br />

pont <strong>du</strong> navire et fit un clin d’œil au<br />

capitaine.<br />

Elle leva les yeux : dans le crépuscule, un superbe<br />

spectacle qu’elle n’oublierait jamais, un <strong>coucher</strong> de<br />

<strong>soleil</strong> sur <strong>Port</strong>-<strong>Louis</strong>.<br />

- C’est bon, mon Capitaine, dit-elle<br />

avant de s’envoler en faisant des signes<br />

d’au revoir avec ses grandes ailes. Prends<br />

soin d’elles et bon voyage !<br />

Le bateau quittait lentement le port de<br />

<strong>Port</strong>-<strong>Louis</strong>. Tia regardait son île qui<br />

s’éloignait petit <strong>à</strong> petit. Les plaines s’effacèrent<br />

d’abord et on ne vit bientôt<br />

plus que les sommets des montagnes de<br />

la chaine de Moka se découper dans le<br />

ciel rougeoyant.


Épisode 3<br />

<strong>Un</strong> <strong>coucher</strong> de <strong>soleil</strong> <strong>à</strong> <strong>Port</strong>-<strong>Louis</strong><br />

Collection automne-hiver 2014 – <strong>2015</strong>


www.tia-aina.com

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