Actu'Alizé n°46 - Septembre 2017

que trop visible sur tous les
trottoirs, toutes les places.
Tu évites de les voir,
celles et ceux qui sont
tombés. Tu sais trop, en ton
for intérieur, que la ligne est
ténue, entre ta notabilité, et
leur naufrage.
Tu fais quoi, dans la vie ?
Je tente de vivre, non
d’un métier mais de mon
talent à demeurer humain.
A ce jeux, je risque
chaque jour ma peau.
Me voici funambule,
écrivant dans la marge des
mots qui ne changeront rien.
Car pour changer quelque
chose il faut s’y mettre,
retrousser les manches,
admettre ses forces mais
aussi ses faiblesses.
Pour changer quelque
chose il faut sortir de son
entre-soi professionnel et
tendre la main à plus
démuni.
Non pour faire la charité
mais pour demeurer en cet
espace qui, un jour peutêtre,
saurait nous voir vivre
en humains, même si, comme
je l’ai déjà écrit, ce mot ne
trouve aucune définition.
Mais voilà que les heures
me sont comptées.
Il me faut remettre ma
copie, vous livrer cette
méditation de rentrée, mi
figue mi raisin.
Le temps gris vient après
les heures torrides.
Je m’en vais retrouver
mes patients, mes élèves en
humanité, tenter de mes
mains d’en remonter le moral
qui descend, au fil du temps,
les enferme dans leurs
douleurs.
Les serres du siècle se
referment sur des corps
épuisés.
Il me faut vaincre les
désirs de productivité pour
mieux voir où devraient se
porter mes soins.
Alors, tout libéral que je
suis je descends dans la rue
et je manifeste mon
impatience.
Actu’Alizé N°46 - Septembre 2017 22