François Halard — Papa (1)
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Yves
Halard
by
François
Halard
Papa était venu vivre en Provence pour se rapprocher de moi.
Il y a quelques années, nous nous étions réconciliés…
À chaque séjour arlésien, il venait me chercher à la gare d’Avignon et moi,
je venais lui rendre visite dans cette grande maison des Vignères où il
passait son temps sur son tracteur : bonnet rouge, baskets oranges, t-shirt
siglé « Bob l’éponge » par Cy Twombly et les jours d’hiver, il ne quittait pas
le manteau de vison mité de sa belle-mère.
Jusqu’à ses quatre-vingt-treize ans, il voulait être proche de ses livres,
de ses jouets et de ses arbres. Il en a planté plus de trois cents ces dernières
années et ses jouets, personne n’a jamais pu y toucher.
Remy, Anaïs, Bastien, Alizée, moi, ses chiens Tina et Valentin, il
nous a tous photographié. C’est lui qui m’a donné le goût des images et
des objets. Il en avait des milliers. On le disait décorateur mais il n’avait
en fait que le goût des couleurs et des objets : les lampes d’Ettore Sottsass,
les nains de jardins de Philippe Starck, des canapés Louis XV, des
objets d’art brut, des oeuvres religieuses en souvenir de sa mère, sculpteur
d’art sacré. Et puis des tissus, des tissus et des tissus… Il aimait mélanger
les styles et confronter les époques. Créant ainsi un esprit particulier, celui
d’Yves et Michelle Halard.
À quatre-vingt-treize ans, Papa voulait mourir chez lui avec son chat
qu’il appelait le chat. Je l’ai accompagné lors de ces dernières journées.
C’était juste avant Pâques. Je venais d’acheter un Leica numérique, ce qui
me permettait de partager avec lui ces images.
J’ai très rarement photographié ma famille, mes parents, mon père en
particulier. Mais j’ai voulu garder une trace, une mémoire de ce qu’il était.
J’ai tout de suite pensé aux photographies d’Avedon qu’il avait faites de
son père. Je les avais vu la première fois au Met de New York. Leurs forces
m’avaient profondément bouleversés. Quelques années après, je me retrouvais
aux Vignères à faire le portrait de mon père mais d’une autre façon.
J’ai fait ces photos avec amour et pudeur.
— François Halard, Arles, 2019.
À ma mère Michelle
—
François Halard — Papa
First edition of 700 copies. Special edition of 50 numbered
copies with signed archival pigment print.
Edited and designed in Antwerp, Belgium by Tony Cederteg.
Published in Stockholm, Sweden by Libraryman. Printed in
Gothenburg, Sweden by Göteborgstryckeriet. Preface translated
in Paris, France by Haydée Touitou.
© 2019 François Halard
© 2019 Libraryman
All rights reserved. No part of this publication may be
reproduced without the written permission of the publisher.
978–91–88113–24–5
libraryman.se
Papa