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LES ORGANISATIONS FONCIERES COUTUMIERES A L’EPREUVE DE LA

DECENTRALISATION : CAS DU PAYS DOGON DANS LE CERCLE DE BANKASS

(MALI)

Article · September 2017

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2 authors:

Moussa Martin Tessougue

Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako, Mali

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N'dji dit Jacques Dembele

Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako, Mali

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Geomorphometric studies on mountain areas in Central China, including Dabie Mountains, Jianghan Basin, and Three Gorges Area View project

Techniques et perspectives de conservation d’une aire protégée, écotouristique dans l’agglomération de Bamako au camp « Kungo so » View project

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www.regardsuds.org

Revue de Géographie, d'Aménagement Régional

et de Développement des Suds (REGARDSUDS)

01/09/2017

DEUXIEME NUMERO 2017

Institut de Géographie Tropicale – Université Félix Houphouët-Boigny (Abidjan-Côte

d’Ivoire)

ISSN 2414-4150


La ligne éditoriale

Pourquoi REGARDSUDS ? Si l’offre éditoriale dans le domaine de la géographie est

abondante et diffuse à travers les nombreuses revues de géographie et disciplines

connexes, il n’existe aucune revue de géographie axée spécifiquement sur

l’Aménagement et le Développement des Suds. REGARDSUDS se donne pour mission de

combler cet espace de connaissances et de productions scientifiques laissé vacant en lui

apportant à travers la contribution des auteurs une réflexion théorique et pratique de

haut niveau scientifique. La Revue souhaite vivement se positionner comme un lieu de

débat pour tous les chercheurs en géographie, en urbanisme et en aménagement sur les

questions de développement.

REGARDSUDS est au service des chercheurs, des praticiens et des doctorants.

L'équipe éditoriale

Directeur de la publication : IGT

Rédacteur en chef :

Dr KABLAN N’guessan Hassy Joseph, Maître de Conférences CAMES, Université Félix

Houphouët-Boigny de Cocody (Abidjan), Institut de Géographie Tropicale (IGT).

kablanjoseph@yahoo.fr

Secrétariat de rédaction :

1-Dr. KASSI-DJODJO Irène, Maître-assistant, Université Félix Houphouët-Boigny,

Abidjan, Côte d’Ivoire, Institut de Géographie Tropicale (IGT).

irenekassi@yahoo.fr

2-Dr TRAORE Porna-Idriss, Maître-assistant, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan,

Côte d’Ivoire, Institut de Géographie Tropicale (IGT).

traore.pornaidriss@yahoo.fr

3-Dr KOUASSI N’Guessan Gilbert, Maître-assistant, Université Félix Houphouët-Boigny,

Abidjan, Côte d’Ivoire, Institut de Géographie Tropicale (IGT).

Gilbertini2006@yahoo.fr

Concepteur scientifique du site

Dr TRAORE Porna-Idriss, Maître-assistant, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan,

Côte d’Ivoire, Institut de Géographie Tropicale (IGT).

traore.pornaidriss@yahoo.fr

PERIODICITE : REVUE BIANNULELE

Le comité scientifique de lecture

David Banister, Professeur, Université d’Oxford, UK.

Jérôme Aloko-Nguessan, Professeur titulaire, département de géographie, Université

Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.

Anoh Kouassi Paul, Professeur titulaire, département de géographie, Université Félix

Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.

Ali Huzayyin, Professeur, Université de Caire, Egypte.

Anthony D. May, Professeur, Université de Leeds (UK).

Simplice Yapi Affou, Directeur de recherche, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan,

Côte d’Ivoire.

Ayechero Koffi Akibodé, Professeur titulaire, Université de Lomé.

1

Regardsuds; Deuxième numero, Septembre 2017 ISSN-2414-4150


Valerie Ongolo Zogo, Professeur titulaire, Université de Yaoundé, Cameroun.

Francis Akindes, Professeur titulaire, Université Alassane Ouattara, Bouaké, Côte d’Ivoire.

Cheng-Min Feng, Professeur, Université Nationale de Chiao Tung, China.

Yoshitsugu Hayashi, Professeur, Université de Nagoya, Japan.

Laetitia Dablanc, Directeur de Recherche, Institut Française des Sciences et Technologie

de Transport, Développement et réseaux (IFSTTAR), France.

Rao Krishna/, Professeur, Institut Indienne de Technologie Bombay (IITB), India.

Céline Yolande Koffie-Bikpo, Professeur titulaire, Université Félix Houphouët-Boigny,

Abidjan, Côte d’Ivoire.

Koli Bi Zuéli, Professeur titulaire, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte

d’Ivoire.

Assi-kaudjhis Joseph, Maitre de Conférences à l’Université Alassane, Bouaké, Côte

d’Ivoire.

Tahar Baouni, Professeur, Ecole Polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger

(Algerie) - Impact of LRT Alger.

Tapé Bidi Jean, Professeur titulaire, Université Félix Houphpuët-Boigny, Abidjan, Côte

d’Ivoire.

Sylvain Bigot, Professeur des Universités, Université Joseph Fourier de Grenoble, France.

GOGBE Téré, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan, Côte

d’Ivoire.

NASSA Dabié Désiré Axel, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny,

Abidjan, Côte d’Ivoire.

HAUHOUOT Asseypo Célestin, Professeur Titulaire, Université Félix Houphouët Boigny,

Abidjan, Côte d’Ivoire.

ALLA Della André, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan,

Côte d’Ivoire.

2

Regardsuds; Deuxième numero, Septembre 2017 ISSN-2414-4150


SOMMAIRE

1 DOSSOU-YOVO Coffi Adrien

Caractérisation des laisses de mer sur les plages du Benin…………………………….pp 6-22

[texte intégral]

Septembre 2017 Environnement, Nature, Paysage

1 KAMBIRE Bébé, 2 TIA Lazare, 3 KOFFI Kouamé Gui-Baubin

Pressions anthropiques et dégradation de la forêt classée du mont Kourabahi dans la souspréfecture

de Soubré (Côte d’Ivoire)…………………………………………………pp 23-40

[texte intégral]

Septembre 2017 Environnement, Nature, Paysage

1 ALLAGBE Binjamin S.

Effets locaux d’un corridor international Cotonou-Niamey (Afrique de l’ouest)……pp 41-58

[texte intégral]

Septembre 2017 Espace, Société, Territoire

1 DOHO Bi Tchan André

Les logements locatifs à Bouaké : une flambée des prix après la crise post-électorale de 2010.

[texte intégral]…………………………………………………………………………………………………………pp 59-77

Septembre 2017 Espace, Société, Territoire

1 EVIAR Ohomon Bernard, 2 KOUASSI Patrick Juvet, 3 GOZE Thomas

Influence de l’étalement de la commune de Bingerville sur les conditions de vie de sa population

[texte intégral]…………………………………………………………………………………………………………pp 78-89

Septembre 2017 Espace, Société, Territoire

1 TESSOUGUE Moussa dit Martin, 2 DEMBELE N’dji dit Jacques

Les organisations foncières coutumières à l’épreuve de la décentralisation : cas du pays Dogon dans

le cercle de Bankass

(Mali)……………………………………………………………………………………………………………………………………pp 90-108

[texte intégral]

Septembre 2017 Espace, Société, Territoire

1 GOGBE Téré, 2 ATTA Koffi Lazare, 3 KOUASSI N’Guessan Gilbert, 4 TCHETCHE

Nicaise

Le développement du tourisme à San Pedro entre contraintes d’enclavement et désintérêt des

pouvoirs publics……………………………………………………………………………………………….…………………pp 109-123

[texte intégral]

Septembre 2017 Espace, Société, Territoire

1 OURA Kouadio Raphaël, 2 N’GUESSAN Kouassi Guillaume, 3 KRA Koffi Siméon

L’avancée de la ville et le recul de l’espace agricole dans le périurbain de Daloa (COTE D’IVOIRE)

[texte intégral]…………………………………………………………………………………..…………………pp 124-137

Septembre 2017 Espace, Société, Territoire

1 BOHOUSSOU N’Guessan Séraphin, 2 KONE Tanyo Boniface, 3 KOFFI Brou Emile

Typologie et motifs de recours aux soins de la médecine traditionnelle dans les quartiers Broukro,

Koko, Houphouët-ville et Angouatanoukro (Bouaké)………………………………….………………………pp 138-151

[texte intégral]

Septembre 2017 Espace, Société, Territoire

1 DJAH Armand Josué, 2 Coulibaly Salifou, 3 TRAORE Porna Idriss

Dynamique urbaine et préservation des espaces périphériques agricoles en Côte d’Ivoire : quels défis

pour la ville de Divo ?..............................................................................................................pp.152-166

[texte intégral]

Septembre 2017 Espace, Société, Territoire

1 YASSI Assi Gilbert, 2 KOUAME Yao Lambert

Les « deux roues » comme principal mode de transport à Bouaké (Côte d’Ivoire)………………pp 167-176

[texte intégral]

Septembre 2017 Aménagement, Urbanisme

3

Regardsuds; Deuxième numero, Septembre 2017 ISSN-2414-4150


1 KOFFIE-BIKPO Céline Yolande, 2 KOUMAN Koffi Mouroufié, 3 ALADJI Soualiho

Disponibilité halieutique et satisfaction des besoins protéiniques sur le littoral ouest de la Côte

d’Ivoire………………………………………………………………………….……………………………………………………pp 177-192

[texte intégral]

Septembre 2017 Espace, Société, Territoire

1 YOLOU Isidore, 2 GANSE Gbèdodè Augustin, 3 ISSA Maman-Sani, 4 YABI

Ibouraima

Pression démographique, mutations agro-spatiales et leurs conséquences agro-environnementales

dans la commune de Zé (Sud-Bénin) ……………………………………………………………….…………………pp 193-208

[texte intégral]

Septembre 2017 Environnement, Nature, Paysage

1 Kablan N’Guessan Hassy Joseph, 2 GBOLO Kouyo Isaïe, 3 KANATE Mohamed

L’impact des cimenteries dans le domaine portuaire d’Abidjan……………………………….…………pp 209-219

[texte intégral]

Septembre 2017 Espace, Société, Territoire

4

Regardsuds; Deuxième numero, Septembre 2017 ISSN-2414-4150


Regardsuds; Deuxième numero, Septembre 2017 ISSN-2414-4150

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LES ORGANISATIONS FONCIERES COUTUMIERES A L’EPREUVE DE LA

DECENTRALISATION : CAS DU PAYS DOGON DANS LE CERCLE DE BANKASS

(MALI)

TESSOUGUE Moussa dit Martin & DEMBELE N’dji dit Jacques

Géographes – Maitres-Assistants des Universités du CAMES

Faculté d’Histoire et de Géographie (DER Géographie)

Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako (Mali)

Email : mmtessougue@gmail.com

ndjidem@gmail.com

RESUME

Le Pays Dogon situé en zone exondée dans la région de Mopti au Mali, couvre les cercles de

Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro. Les besoins de terres cultivables ont contraint

certains groupes de Dogons à s’établir dans la plaine du Séno, en bordure du Sourou ou à

migrer dans la région de Sikasso.

Quel que ce soit le relief ; les Dogons ont gardé une organisation foncière coutumière bien

hiérarchisée, chargée respectivement de la gestion du patrimoine foncier appartenant au

canton coutumier, au village et au lignage.

Dans le cercle de Bankass, à l’instar des Dogons les autres communautés rurales Marka-

Dafing, Pana et Peulh gèrent traditionnellement l’accès à la terre en se référant aux autorités

foncières coutumières supra-villageoises ; villageoises et lignagères.

Les pouvoirs fonciers coutumiers s’affaiblissent progressivement de la colonisation jusqu’à

nos jours, suite aux politiques d’expansion de l’Etat jacobin ou décentralisé en milieu rural.

La décentralisation au Mali à la faveur de la démocratie en 1992 est une opportunité ayant mis

en milieu rural de façon pertinente un système de bicéphalisme foncier : autorités terriennes

traditionnelles et conseils communaux. Parmi les prérogatives du conseil communal (Loi n°

95-034 du 12 avril 1995 Portant Code des Collectivités Territoriales en République du Mali)

figurent en bonne place les délibérations relatives à la gestion foncière et à l’organisation des

activités économiques en milieu rural. Il convient donc pour nous de comprendre dans

l’espace rural du cercle de Bankass, la cohabitation actuelle de deux systèmes fonciers

représentés d’un côté par les autorités foncières coutumières des différents groupes ethniques

et d’autre part par les élus communaux ?

Notre objectif est d’élucider dans le cercle de Bankass la prééminence des pratiques foncières

coutumières.

Pour ce faire notre méthodologie s’appuie sur la recherche documentaire et les enquêtes

qualitatives de terrain auprès des autorités coutumières des principaux groupes ethniques, des

collectivités décentralisées et de l’administration centrale.

Nos principaux résultats mettent au jour la persistance et la résistance des autorités foncières

coutumières face aux prérogatives foncières des conseils communaux dans le cercle de

Bankass.

Mots clés : Pays Dogon, Bankass, autorités coutumières, décentralisation, foncier.

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CUSTOMARY LAND TENURE ORGANIZATION UNDER THE TEST OF

DECENTRALIZATION: THE CASE OF THE DOGON COUNTRY IN THE CIRCLE

OF BANKASS (MALI)

ABSTRACT

The Dogon Country, located in an undisturbed area in the Mopti region of Mali, covers the

circles of Bandiagara, Bankass, Douentza and Koro. The need for arable land has forced

certain groups of Dogons to settle in the Seno plain, on the edge of the Sourou, or to migrate

to the Sikasso region.

Whatever the relief; the Dogons maintained a well-organized customary land-based

organization responsible for the management of the land belonging to the customary canton,

the village and the lineage.

In the Bankass circle, like the Dogons, the other rural communities Marka-Dafing, Pana and

Fulani traditionally manage access to land by referring to supra-village, villagers and lineages

customary land authorities.

Customary tenure powers gradually weakened from colonization to the present day, following

the policies of expansion of the Jacobin or decentralized state in rural areas. Decentralization

in Mali, thanks to democracy in 1992, is an opportunity that has appropriately placed a dual

system of land-based in rural areas: traditional landowners and communal councils. Among

the prerogatives of the communal council (Law n ° 95-034 of April 12, 1995 on the Code of

the Territorial Collectivities in the Republic of Mali) highlight the deliberations relating to the

management of the land and the organization of the economic activities in rural environment.

It is therefore necessary for us to understand in the rural area of the Bankass Circle the current

coexistence of two land tenure systems represented on the one hand by the customary land

authorities of the different ethnic groups and on the other by the municipal councilors?

Our objective is to elucidate in the Bankass circle the pre-eminence of customary land

practices.

To this end, our methodology is based on documentary research and qualitative field surveys

with the customary authorities of the main ethnic groups, decentralized communities and the

central administration.

Our main findings reveal the persistence and resistance of customary landowners to the land

prerogatives of communal councils in the Bankass circle.

Key words: Dogon country, Bankass, customary authorities, decentralization, land.

I-INTRODUCTION

Au Mali les thèmes mettant en relation « la décentralisation » et « le foncier » ont été abordés

par des anthropologues au sein du GREDEF (Groupe de recherche sur l’Etat, la

décentralisation et le foncier) aux premières heures de la mise en place des communes rurales

(B. Kassibo, 1997 ; B. Béridogo, 1997 ; S. Koné, 1997 ; Y. F. Koné, 1997).

Après la mise en place des communes rurales et des conseils communaux le binôme

« décentralisation » et « foncier » a continué d’occuper les chercheurs géographes, juristes et

sociologues (M. Bertrand, 1999 ; S. Lima, 2002 ; G. Hesseling et al., 2005 ; E. Idelma, 2009 ;

O. Traoré, 2009 ; C. Coulibaly, 2015).

Les liens sont de plus en plus pertinents en République du Mali entre « la décentralisation » et

« le foncier » avec l’avènement de la 3 ème République qui est née en 1992 après la révolution

populaire de mars 1991. Parmi les ambitions de la 3 ème République, la « démocratie » et la

« décentralisation » occupent une place cardinale.

Le binôme « décentralisation » et « foncier » constitue toujours une préoccupation d’autant

plus que le bicéphalisme du système foncier en milieu rural est bien perceptible. L’ordre

foncier coutumier ancré au sein des communautés ethniques l’emporte-t-il sur le nouvel ordre

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foncier dévolu aux élus municipaux ? Pour l’instant ce sont les organisations foncières

coutumières qui ont l’avantage sur les prérogatives foncières dévolues aux conseils

communaux dans le cercle de Bankass. C’est ce qu’explique notre recherche.

Les Dogons sont un peuple fortement rattaché à la terre car leur principal système

économique de type agricole, est dominé par des cultures vivrières pluviales (millet, sorgho,

haricot, etc.).

Suivant la conception traditionnelle « Dogon », la terre est un bien sacré appartenant aux

morts et aux vivants du lignage. Ce bien sacré doit être régi en toute sainteté et en toute

transparence afin que les vivants puissent être épargnés de toute malédiction (sécheresse,

mauvaises récoltes, épidémie, mortalité élevée, etc.). Cette vision divine de la terre est

fréquente dans tous les milieux ruraux maliens (O. Traoré, 2009).

Fortement unies, les organisations foncières traditionnelles des communautés ethniques

(Dogon, Marka-Dafing, Pana, Peulh) entament une phase de déconfiture avec l’arrivée de

l’administration coloniale au cours du 19 ème siècle d’autant plus que les empires théocratiques

Peulh (Dina d’Hamdallaye et Toucouleur d’El Hadj Oumar Tall) jusqu’au 19 ème siècle, ont su

gérer le pays Dogon et les autres communautés ethniques du cercle de Bankass par un

système administratif « d’indirect rule » (O. Traoré, 2009 ; C. Coulibaly, 2015).

Mais avec l’avènement de la colonie française, la terre appartient d’abord à l’Etat. L’Etat

postcolonial n’a fait que reproduire cela (B. Kassibo, 1997 ; O. Traoré, 2009 ; J.P. Chauveau,

2003 ; A. Teyssier, 2010 ; P. L. Delville, 2010 ; C. Coulibaly, 2015). La mise en place de

l’Etat central du Mali à partir de 1960 ne joue pas en faveur des organisations foncières

traditionnelles dans le cercle de Bankass, compte tenu du système administratif et judiciaire

unique sur toute l’étendue du territoire national, se fondant sur des lois écrites peu comprises

dans le fonctionnement de la société traditionnelle Dogon et des autres communautés

villageoises.

Au statut de l’Etat postcolonial vient s’ajouter, l’avancée des religions révélées (Islam,

Christianisme) mettant à rude épreuve les fondements de la foi coutumière.

L’expansion démographique et l’aspiration à un bien-être économique et social pour chaque

individu et non plus de la communauté lignagère comme le veut la solidarité traditionnelle au

sein de chaque groupe ethnique (Dogon, Marka-Dafing, Pana, Peulh) depuis l’instauration de

la « paix des Blancs », viennent parachever progressivement l’instinct grégaire des

organisations foncières coutumières.

Il convient aussi de savoir que sur l’aire du cercle de Bankass, aucune société n’a su garder

son homogénéité ethnique et coutumière d’antan. Nous assistons de nos jours sur les

différents terroirs ruraux du cercle de Bankass à la dominance d’un groupe ethnique

autochtone auquel sont venues se greffer des ethnies allochtones qui de facto deviennent

lignages allochtones du village d’accueil. Ce « melting pot » ethnique du canton coutumier

complique l’accès à la terre. Au sein du groupe ethnique autochtone, l’accès à la terre se

légifère par le système de village mère et de villages nouvellement installés sur l’étendue du

canton coutumier d’une part et aussi par le privilège des lignages premiers venus au détriment

des lignages venus postérieurement au village d’autre part. La venue d’un groupe ethnique

allochtone sur l’aire du canton coutumier est un facteur discriminant pour l’accès à la terre (B.

Kassibo, 1997 ; S. Koné, 1997 ; S. Lima, 2002 ; O. Traoré, 2009 ; E. Idelman, 2009 ; J.

Brunet-Jailly et al., 2014 ; C. Coulibaly, 2015).

De façon lisible chaque canton coutumier dominé par un groupe ethnique a su mettre en place

une hiérarchie d’autorités traditionnelles terriennes ayant des compétences : supravillageoises,

villageoises et lignagères.

Ces autorités foncières coutumières se sentaient éloignées du Chef d’arrondissement et des

textes juridiques étatiques jusqu’à la fin du 20 ème siècle. Mais avec l’effectivité du

multipartisme et de la décentralisation en ce début du 21 ème siècle les autorités foncières

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coutumières se perçoivent comme agressées dans leur dernier retranchement par la mise en

place des conseils communaux sur l’aire des terroirs coutumiers.

Assisterons-nous alors à une cohabitation pacifique et collaborative ou à un antagonisme

farouche entre élus municipaux et autorités foncières coutumières dans le cercle de Bankass

que l’on soit en milieu Dogon ou dans un canton coutumier à connotation Marka-Dafing,

Pana ou à dominance Peule ?

Notre objectif principal est d’élucider dans le cercle de Bankass la prééminence des pratiques

foncières coutumières.

Les objectifs secondaires sont entre autres :

Analyser les symétries de gestion foncière au sein des différents groupes ethniques du cercle

de Bankass ;

Révéler la persistance des conflits fonciers découlant de la gestion terrienne coutumière dans

le cercle de Bankass ;

Percevoir la survivance et la résistance des organisations foncières coutumières dans le cercle

de Bankass bien que les conseils communaux soient fonctionnels à la faveur de la politique

décentralisation.

Pour l’atteinte de l’objectif principal l’hypothèse centrale est : les organisations foncières

coutumières garderont la primauté face aux prérogatives foncières des élus municipaux en

milieu rural.

Nos hypothèses secondaires sont :

Le système foncier coutumier est identique au sein des cantons coutumiers du cercle de

Bankass car privilégiant les autochtones aux allochtones ;

Le système foncier coutumier basé sur le patrimoine foncier collectif (canton coutumier,

village, lignage) s’étendant sur une aire difficilement délimitable est donc une source de

conflit pour l’accès à la terre ;

Les organisations foncières coutumières demeurent toujours le cadre de référence en matière

de gestion foncière en milieu rural dans le cercle de Bankass malgré les attributs fonciers que

l’Etat malien a accordé aux autorités municipales pour asseoir sa politique de décentralisation.

II-METHODOLOGIE

Compte tenu de notre objectif nous avons eu recours à une démarche méthodologique

impliquant la recherche documentaire, les enquêtes de terrain et les observations participantes.

1. Recherche documentaire

Pour la recherche documentaire nous nous sommes focalisés sur les ouvrages traitant du

foncier rural en Afrique (B. Kassibo, 1997 ; S. Lima, 2002 ; J. P. Chauveau, 2003 ; G.

Hesseling et al., 2005 ; O. Traoré, 2009 ; E. Idelman, 2009 ; P. L. Delville, 2010 ; J. Brunet-

Jailly et al., 2014 ; A. Teyssier, 2010 ; C. Coulibaly, 2015 ; etc.).

Nous avons ensuite exploité quelques rapports administratifs de la zone de Bankass (époque

coloniale et après l’indépendance du Mali).

L’exploration des textes régissant le foncier au Mali nous a permis d’étoffer notre recherche

documentaire. Il s’agit notamment des textes suivants : Ordonnance n° 00-027 du 22 Mars

2000 portant Code Domanial et Foncier, modifiée par : la loi n°02-008 du 12 février 2002, la

loi n°2012-001 du 10 janvier 2012 et la loi n°2016-025 du 14 juin 2016 ; Loi n° 06-045 du 5

Septembre 2006 portant Loi d’Orientation Agricole ; Loi n° 01-004 du 27 Février 2001

portant Charte pastorale en République du Mali.

Nos recherches documentaires se sont étendues sur l’investigation des Lois et Décrets de la

Décentralisation au Mali (Constitution de la République du Mali du 25/02/1992 ; Loi n° 93-

008 du 11/02/1993 déterminant les conditions de la libre administration des collectivités

territoriales ; Loi n° 95-034 du 12/04/1995 portant code des collectivités territoriales en

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République du Mali ; Loi n° 96-050 du 16/10/1996 portant principe de constitution et gestion

du domaine des collectivités territoriales ; Loi n° 96-051 du 16/10/1996 déterminant les

ressources fiscales des communes ; Décret n°02-111/PRM du 6/03/2002 déterminant les

formes et les conditions de gestion des terrains des domaines publics de l’Etat et des

collectivités territoriales ; etc.) .

2. Echantillonnage, enquêtes qualitatives et observations participantes

En zone sahélienne au Mali et en région de Mopti se situe le cercle de Bankass englobant une

partie du pays Dogon (voir Carte n°1).

Source : IGM, 2000 – Projection WGS 84

Carte n°1 : Localisation du cercle de Bankass au Mali

Zone majoritairement exondée, le cercle de Bankass est un milieu naturel handicapé sur le

plan agricole du fait de la prédominance des formations gréseuses et sablonneuses. Le cours

d’eau le plus important du cercle de Bankass est le Sourou un affluent du Mouhoun ancienne

Volta Noire. Sur le plan agro écologique le cercle de Bankass se subdivise en zone de plateau

et falaise, en zone de la plaine du Séno et en zone de la plaine alluviale du Sourou (Carte n°2).

Regardsuds; Deuxième numero, Septembre 2017 ISSN-2414-4150

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Source : IGM, 2000 – Projection WGS 84

Carte n°2 : Subdivision du cercle de Bankass en zones morphologiques, agro écologiques

et cantons coutumiers fonciers

Regardsuds; Deuxième numero, Septembre 2017 ISSN-2414-4150

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Les critères morphologiques, agro écologiques et de dispersion des communautés ethniques

ont été déterminant dans la constitution de notre échantillon des cantons coutumiers, des

communes rurales et des villages pour nos enquêtes qualitatives.

Pour avoir un échantillon assez représentatif du cercle de Bankass sur le principe du choix

raisonné nous avons sélectionné 5 cantons coutumiers, 5 communes rurales et 24 villages

(Tableau n°1).

Tableau n°1 : Aperçu de l’échantillon au niveau des zones agro écologiques, des

communautés ethniques, des cantons coutumiers, des villages et des communes rurales

du cercle de Bankass

Zones agro écologiques

Plateau et falaises

Plaine du Séno

Communautés

ethniques

et Cantons coutumiers

Nombre de villages

enquêtés

Communes

rurales

Dogons

Songo-Anda 3 Ségué

Dogons

Tyibala 7 Lèssagou Habé

Peulhs

Wenkorori 4 Ouenkoro

Plaine alluviale Marka-Dafing Ouenkoro ;

du Sourou Tiondou 7 Sokoura ;

Pana

Diendougou 3

Sources : Enquêtes personnelles de terrain 1998, 2017.

Baye.

Les enquêtes de terrain ont été menées de façon diachronique en 1998 et 2017. Au cours de

l’année 1998 elles se sont déroulées durant 2 mois de janvier à février. En 1998, le découpage

du cercle de Bankass en 12 communes rurales était effectif mais les conseils communaux

n’étaient pas élus. Pour mieux cerner notre sujet, nous avons conduit des enquêtes

complémentaires de terrain durant tout le mois de janvier 2017 quand chaque commune a été

administrée par 3 conseils municipaux successifs (1999-2004 ; 2004-2009 et 2009-2016). Au

cours de notre dernier passage en 2017 nous avons ainsi eu à discuter avec la 4 ème équipe

municipale en poste dans les communes de notre échantillon.

En 1998 dans la logique du centre d’intérêt de notre recherche, nos enquêtes portaient surtout

sur l’historique du canton coutumier, la délimitation du patrimoine foncier du canton

coutumier, les bases de distinction des villages autochtones et allochtones dans le canton

coutumier, les principes de différentiation des lignages autochtones et allochtones au sein de

chaque village, les modes d’accès à la terre suivant le statut du village et du lignage et enfin

l’évaluation du poids du foncier coutumier dans la constitution des communes rurales.

Nos interlocuteurs en 1998 ont été : le Délégué du gouvernement au niveau du cercle de

Bankass ; le juge de Bankass ; les anciens membres du GLEM (Groupe Local d’Etudes et de

Mobilisation) ; les Délégués adjoints du gouvernement au niveau des arrondissements de

Ségué, Diallassagou, Ouenkoro, Sokoura et Baye ; les Chefs fonciers coutumiers du terroir

des cantons des communautés ethniques, les Chefs traditionnels des terres des villages et

chefs administratifs de village des 24 villages 1 de notre échantillon.

1 Villages des Dogons du plateau et de la falaise (Tyi, Kobo, Guilé) ; villages des Dogons de la plaine du Séno

(Lèssogou, Pansogoudou, Lagassogou, Sokolo, Tyityilè, Maga, Diallassogou) ; villages des Peulhs du Séno

(Ouenkoro, Sankoro, Bankoma, Péguéré) ; villages des Marka-Dafing (Baye, Lossogou, Songoré, Ganida,

Tionou, Ouro, Souhé) ; villages des Pana (Djen, Sogué, Kandé).

Regardsuds; Deuxième numero, Septembre 2017 ISSN-2414-4150

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En 2017 nos entretiens de terrain ont été surtout focalisés sur les modes d’accès à la terre en

vigueur dans l’espace du canton coutumier, du terroir villageois et sur l’étendue de la

commune rurale d’une part et d’autre part sur l’application des différents textes fonciers et de

la décentralisation par les élus communaux.

Au cours des enquêtes complémentaires de 2017, nous avons interviewé : le Préfet du cercle

de Bankass ; le juge de Bankass ; les Sous-Préfets de Bankass, Diallassagou, de Kani-Bonzon,

Baye, Ouenkoro et Sokoura ; les Conseillers du Cercle de Bankass ; les conseillers

communaux de Bankass, Ségué, Lèssogou Habé, Ouenkoro, Sokoura et Baye enfin les Chefs

coutumiers fonciers des terres du canton traditionnel, des villages et les chefs administratifs

des villages constituant notre échantillon.

Que ce soit en 1998 ou en 2017, notre séjour de terrain a été mis à profit pour discuter du

foncier coutumier, des enjeux de constitution des communes rurales et des modes de

règlement des litiges fonciers grâce à la participation des représentants locaux de la société

civile (Chambre locale d’agriculture, Organisations non gouvernementales SOS Sahel Grande

Bretagne et Catholique Relief Services).

En ce qui concerne les observations participantes étant originaire du cercle de Bankass, nous

nous sommes inspirés des cas de figures vécus au sein des communautés villageoises.

III-RESULTATS

1. Survivance des organisations foncières coutumières dans le cercle de Bankass

Les autorités foncières coutumières ont survécu à l’administration des empires théocratiques

Peulh (Dina Hamdallaye (1818 – 1863) et Toucouleur d’El Hadj Oumar Tall (1864 – 1890))

avant l’arrivée du pouvoir colonial français à la fin du 19 ème siècle (J. M. Legay, 1969 ; C.

Coulibaly, 2015).

Les empires théocratiques Peulh se sont surtout évertués à l’expansion de l’Islam au Pays

Dogon. Sékou Ahamadou et ses successeurs de la Dina puis El Hadj Oumar Tall et ses

héritiers du trône de l’Empire Toucouleur ont accordé une large autonomie aux communautés

Dogon et autres communautés sédentaires Marka-Dafing, Pana du cercle de Bankass en ce qui

concerne l’attribution des champs entre cantons voisins, villages voisins et lignages voisins.

Cependant en matière du foncier, le fort des empires théocratiques Peulh a été de délimiter les

voies de passage des troupeaux peulh en saison pluvieuse quand les Dogon, Marka-Dafing et

Pana labouraient de vastes champs dans leurs terroirs villageois. « La dévolution par transfert

de certains pouvoirs aux Amirous et différents autres petits maîtres, permettait à la théocratie

peulhle de se perpétuer et d’être présente dans tous les terroirs (villages et campements) » (C.

Coulibaly, 2015, p.36).

Quant à l’administration coloniale française, s’inspirant de la loi Torrens exigera

l’immatriculation des terres en Afrique Occidentale Française. « Les principes de base des

législations foncières sont donc restés ceux qui avaient été introduits à la fin du XIX e siècle

par les puissances coloniales, s’inspirant du système appliqué par l’empire britannique en

Australie à partir de la loi Torrens de 1858, avec quelques aménagements » (J. Comby, 2012,

p.22). Cependant, les tentatives d’immatriculer les terres en Afrique Occidentale par

l’administration coloniale sont demeurées presque vaines. Dans un rapport de l’administration

coloniale de 1953, consulté à Aix-en Provence en France en 1997, nous pouvons lire ce qui

suit. « Le Ministère des Colonies André Hesse constate que « le Décret du 24 juillet 1906, qui

a organisé en Afrique Occidentale Française le régime de la propriété foncière sur la base de

l’immatriculation n’a pas reçu des indigènes tout l’accueil qu’on en escomptait ; ce qui lui

permit d’inviter le Gouverneur Général de l’Afrique Occidentale Française à mettre en

vigueur un « Arrêté, promulguant en Afrique Occidental Française, le Décret du 8 octobre

1925, instituant un mode de constatation des droits fonciers des indigènes en Afrique

Occidentale Française » en 1953 ». Cet arrêté aussi ne parvint pas à mobiliser beaucoup

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d’indigènes pour sa cause ». C’est sur cet échec des textes fonciers coloniaux qu’intervint

l’indépendance du Mali en 1960.

Le Mali non plus n’est pas resté muet sur le système foncier car il a élaboré les Codes

Domaniaux et Fonciers successifs (Loi n° 86-91/AN-RM du 1 er août 1986 ; Ordonnance 92-

042/P-CTSP du 3 juin et Ordonnance n° 00-027 du 22 mars 2000 et ses lois modificatives).

Ainsi le Code Domanial et Foncier en vigueur actuellement au Mali après avoir déterminé en

son article 1 er du domaine national précise en son article 3 le domaine des Collectivités

Territoriales et en son article 4 le patrimoine foncier des autres personnes physiques ou

morales. L’article 33 du Code Domanial et Foncier, stipule : « Art.33.- Les terrains du

domaine privé immobilier de l’Etat, peuvent être attribués selon les modalités suivantes :

concession rurale, cession, location et affectation dont les formes et conditions sont

déterminées par décret pris en Conseil des Ministres ». Malgré toute la batterie de ces textes

maliens, de nos jours nous constatons la survivance des organisations foncières coutumières

dans le pays et particulièrement sur toute l’étendue du cercle de Bankass. Au sein de chaque

communauté ethnique les Chefs traditionnels de terres à compétences supra-villageoises

reçoivent les dénominations suivantes que l’on soit dans les communautés ethniques : Dogon

du plateau et de la falaise, Dogon de la plaine, Marka-Dafing, Pana de la plaine alluviale en

zone du Sourou et Peulh (Tableau n°2).

Tableau n°2 : Dénominations des principaux chefs et autorités foncières coutumières

par zones agro écologiques et par communautés ethniques dans le cercle de Bankass

Autorités foncières

coutumières des

différents espaces

territoriaux

Autorités

coutumières supravillageoises

du

canton coutumier

Autorités foncières

coutumières au

niveau du village et

de son terroir

agricole

Autorités foncières

coutumières du

patrimoine foncier

du lignage

Dogon du plateau

et de la falaise

-Hogon

-Amirou Gara

-Anda Garan

-Ein Iyé Bahan

-Anda Amirou

-Folokan Garan

-Doulé Bahan

Communautés

Dogon de la

plaine du Séno

-Ganda Gondo

-Hogon

-Amirou Gara

-Intyanda Bahan

-Ein Iyé Bahan

-Anda Amirou

-Folokan Bahan

-Jina Bahan

Marka – Dafing,

Pana du Samori

(zone du Sourou)

-Massakè du

canton coutumier

-Dougoutigui du

village mère du

canton coutumier

-Massakè du

village

-Zora

-Dougoutigui

-Doutigui

-Gwatigui

Peulh

-Amirou du

village mère du

canton coutumier

-Amirou du

village

-Délégué Rimaïbé

-Jon Galé

-Jon Sudu

Sources : Enquêtes personnelles de terrain 1998, 2017.

Ces organisations foncières coutumières gèrent l’espace rural en ignorant les dispositions du

Code Domanial et Foncier. Ce tableau n°2, nous renseigne que la terre appartient

coutumièrement d’abord à :

- Une communauté de villages dispersés sous forme de grappe (village mère et villages

dépendants) ;

- Une communauté villageoise qui distingue les lignages fondateurs autochtones et les

lignages allochtones suivant la fondation du village ;

- Une unité de production agricole, cellule de travail champêtre.

L’autorité foncière coutumière ne reconnaît pas la propriété foncière individuelle. Les limites

coutumières des terres relevant du patrimoine foncier du canton coutumier, ou du patrimoine

foncier du village ou du patrimoine foncier du lignage sont déterminées de façon lâche par

une succession de droits s’emboîtant comme des poupées gigognes. Ainsi toutes les

communautés coutumières sédentaires (Dogon, Marka-Dafing, Pana) évoquent le droit de feu,

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le droit de la hache, le droit de la houe. Ces cantons coutumiers formés par un groupe

ethnique majoritaire et agrégés autour des autorités foncières traditionnelles hiérarchisées ont

été disséqués. Ils se dispersent entre plusieurs cantons administratifs coloniaux puis entre

plusieurs cercles, arrondissements depuis l’indépendance du Mali. Ils ont enfin, été émiettés

entre plusieurs communes rurales depuis la généralisation de la décentralisation territoriale au

Mali à partir de 1993. Ces chefs fonciers coutumiers se sentent imbues de l’autorité foncière

supra-cantons coloniaux, supra cercles et supra arrondissements et supra communes rurales.

2. Tentatives de récupération de la décentralisation par les pouvoirs fonciers

coutumiers

Les autorités foncières coutumières ont commencé à perdre du poids quand le patrimoine

foncier coutumier du canton traditionnel a été disséqué entre plusieurs arrondissements et

cercles. Une dissection du cercle de Banakass en cantons fonciers coutumiers et par zone agro

écologiques nous révèle une mosaïque de 18 cantons fonciers coutumiers répartis sur 12

communes rurales et 7 arrondissements (voir Tableau n°3).

Tableau n°3 : Principaux cantons coutumiers suivant la constance ethnique, les zones

agro-écologiques, les arrondissements et les communes rurales dans le cercle de Bankass

Cantons

Constance Zones agroécologiques

Arrondissements Communes rurales

coutumiers ethnique

Tengu Dogon Plateau et falaise - Bankass central

- Kani-Bonzon

* Bankass

* Kani-Bonzon

Kan Dogon Plateau et falaise - Kani-Bonzon * Kani-Bonzon

A Garou Dogon Plateau et falaise - Kani-Bonzon * Dimbal Habé

Tamanbala Dogon Plaine du Séno - Kani-Bonzon * Dimbal Habé

- Bankass central

- Diallassagou

- Ségué

Songo Anda Dogon Plateau et falaise - Ségué * Ségué

Arou Dogon Plateau et falaise - Ségué * Ségué

Bongou Dogon Plateau et falaise - Ségué

- Sokoura

* Ségué

* Tori

Bahabé Peulh Plaine du Séno - Ségué

- Diallassagou

* Ségué

* Lèssagou Habé

Tyibala Dogon Plaine du Séno - Diallassagou

- Ségué

- Baye

* Lèssagou Habé

* Koulogon Habé

* Diallassagou

* Baye

Yendébo Dogon Plaine du Séno - Diallassagou * Soubala

Tori Dogon Plaine du Sourou - Diallassagou * Tori

- Sokoura

- Baye

Komori Marka-Dafing Plaine du Sourou - Sokoura * Sokoura

Wakamé Peulh Plaine du Sourou - Sokoura

* Sokoura

- Ouenkoro

Wenkorori Peulh Plaine du Sourou - Ouenkoro * Ouenkoro

Tiondou Marka-Dafing Plaine du Sourou - Baye

- Diallassogou

- Sokoura

- Ouenkoro

* Baye

* Diallassogou

* Sokoura

* Ouenkoro

Zérémadougou Pana Plaine du Sourou - Baye * Baye

Diendougou Pana Plaine du Sourou - Baye * Baye

Ouladougou Marka-Dafing Plaine du Sourou - Baye * Baye

Sources : Enquêtes personnelles de terrain 1998 ; 2017.

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Par exemple à l’indépendance du Mali, l’autorité coutumière foncière du Tyibala dans la

plaine du Séno, ayant pour village mère Lèssagou Habé a vu son patrimoine foncier disséqué

dans un premier temps, entre les cercles de Koro et Bankass. Au sein du cercle de Bankass, le

patrimoine foncier coutumier réclamé par Lèssagou Habé a été réparti entre les

arrondissements de Ségué, Diallassogou et Baye (voir Tableau n°3). Dans le cercle de Koro,

les autorités foncières coutumières de Lèssagou Habé réclament jusqu’à présent une grande

partie de l’arrondissement de Toroli. Il en est de même du village de Dogo dans le canton

coutumier de Kan sur la falaise et le plateau qui a eu son patrimoine foncier traditionnel divisé

entre les cercles de Bankass et Bandiagara puis entre l’arrondissement de Kani-Bonzon

relevant du cercle de Bankass et celui de Ouo appartenant au cercle de Bandiagara à

l’indépendance. Dans le même ordre d’idée, le village de Endé dans le canton coutumier du

Tengu s’est senti très affaibli au moment l’indépendance du Mali. Le terroir coutumier du

village de Endé, reconnu sous l’appellation de « Andé Lagan » regroupait 32 villages à

l’époque de l’Afrique Occidentale Française. De nos jours Endé ne contrôle plus de façon

directe que 6 villages car les 26 autres relevant des cercles de Bandiagara et Koro ont des

relations très lâches avec les autorités foncières coutumières du village de Endé. Dans la zone

du Samori, le canton coutumier du Tiondou ayant pour village mère Tionou reconnaît ses

terres coutumières au Mali et au Burkina Faso. A l’intérieur du Mali les autorités foncières

coutumières du Tiondou se sont senties affaiblies avec la création des arrondissements de

Ouenkoro, Sokoura et Baye dans le cercle de Bankass (Tableau n°3).

Pour les autorités foncières coutumières en décadence, l’opportunité de se revigorer était toute

trouvée lorsque la 3 ème République du Mali a voulu étendre la politique de décentralisation en

milieu rural. Ainsi les autorités foncières coutumières supra-villageoises ont tenté de

récupérer leurs terres administrativement perdues en constituant une commune rurale sur le

patrimoine foncier du canton coutumier. Elles se sont basées sur le principe de « La mise en

place progressive par l'Etat des instruments de la décentralisation, notamment la loi 93-08

définissant les conditions de la libre administration des collectivités territoriales, qui règle

l'essentiel des problèmes existant et balise la voie pour d'autres à venir, tout en laissant aux

acteurs de grandes marges de manœuvre » (B. Kassibo, 1997, p.9). Ce qui emmena surtout

les autorités foncières du Tyibala à tenter de former une seule commune rurale englobant des

villages de plusieurs arrondissements. Le résultat fut mitigé. La même tentative a été menée

au niveau du Tamanbala autour de la commune rurale de Dimbal Habé, au niveau de Tori

autour de la commune rurale de Tori. Ce fut un succès. Le canton coutumier du Songo Anda

sur la falaise et le plateau a essayé de se détacher de la tutelle de Ségué en créant la commune

rurale de Doundé sur les terres coutumières du village mère de Tyi mais sans succès.

D’autre part ce que nous ne devrons pas oublier non plus sait que la politique de

décentralisation a aussi été mise à profit par certains villages antagonistes au village mère du

canton coutumier pour se débarrasser de l’autorité coutumière foncière du village mère du

canton coutumier. Par exemple certains villages du Tyibala vont adhérer à la commune de

Koulogon Habé au détriment de Lèssagou Habé (voir Tableau n°3). Certains villages du

Bongou ont préféré la commune rurale de Tori au détriment de Ségué. Dans la commune

rurale de Bankass un village a préféré rejoindre une commune du cercle de Koro pour se

débarrasser de la tutelle foncière coutumière du canton coutumier du Tengu.

Quoi qu’il en soit pour la mise en place des communes rurales dans le cercle de Bankass en

1996, la fibre des autorités foncières coutumières a vibré. En effet, les autorités foncières

coutumières ont remis en cause les premières propositions du Groupe Régional d’Etudes et de

Mobilisation de Mopti et du Groupe Local d’Etudes et de Mobilisation de Bankass, instances

régionales et locales de la Mission de Décentralisation. C’est ainsi qu’aux 9 premières

propositions de communes (Bankass, Kani Bonzon, Diallassagou, Ségué, Tori, Sokoura,

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Ouenkoro, Baye, Koulogon Habé) furent ajoutées 3 autres propositions de communes

(Dimbal Habé, Lèssagou Habé et Soubala). Actuellement le cercle de Bankass compte 12

communes rurales. La forte pression des autorités foncières coutumières a permis la mise en

place des 3 dernières communes rurales (voir Tableau n° 2).

Ainsi la commune rurale de Dimbal Habé s’étend en grande partie sur le canton coutumier du

Tamanbala car le village de Soulakanda 2 qui appartenait à l’arrondissement de Bankass

central a adhéré à la commune rurale de Dimbal Habé. Le village de Ounbayara qui relevait

jadis de l’arrondissement de Diallassagou et aussi le village de Koboho qui était auparavant

administré par l’arrondissement de Ségué ont tous rejoint la commune rurale de Dimbal Habé

(voir Tableau n°3).

Quant à la commune rurale de Lèssagou Habé, elle regroupe surtout les villages du clan Gana

qui compte parmi les principaux fondateurs du canton coutumier du Tyibala.

Enfin la commune rurale de Soubala s’étend sur l’espace du canton coutumier du Yendébo où

dominent les villages du clan Togo.

Si les autorités foncières coutumières supra-villageoises ont réussi en partie à récupérer

l’avènement de la décentralisation en s’imposant lors de la mise en place des nouvelles

communes rurales en 1996 elles ont ainsi fait coup double en imposant leur primauté aux élus

communaux sur le plan de la gestion foncière.

3. Subordination pacifique des élus communaux aux autorités foncières coutumières

Les premières élections des conseils communaux se sont tenues en 1999 sur toute l’étendue

du territoire national. L’entrée en fonction des 12 conseils communaux du cercle de Bankass

fut effective. Cependant en ce qui concerne la gestion foncière et domaniale, les conseillers

communaux ne sont véritablement pas parvenus à occuper pleinement la place qui leur est

dévolue selon le Code de Collectivité territorial 3 .

Il est ressorti de nos entretiens de terrain auprès du Préfet du cercle, des Sous-Préfets

d’arrondissement, des maires des communes rurales et du bureau du Conseil de cercle de

Bankass que les autorités foncières coutumières détiennent encore tout le pouvoir foncier au

niveau des villages. Le pouvoir foncier coutumier est aussi dynamique au Chef-lieu du cercle

de Bankass car ce sont les détenteurs traditionnels des terres qui vendent leurs champs après

avoir procédé à un morcellement anarchique en plusieurs terrains d’habitation. Au fil de nos

entrevues nous avons pu percevoir que même si le conseil communal est nécessiteux d’un

espace pour les besoins de la commune elle doit concerter d’abord le propriétaire coutumier

de l’espace sollicité. Sans l’accord préalable des détenteurs coutumiers aucun investissement

public ne peut être réalisé sur l’espace communal dixit les élus communaux. Cependant pour

ne pas être confronté à des futures contestations, le conseil communal prend le soin de purger

tous les droits coutumiers en établissant un acte de cession définitif en sa faveur.

La subordination pacifique des élus communaux aux autorités foncières coutumières est plus

manifeste quand il s’agit de trancher des litiges de terre opposant deux villages ou deux

lignages ou deux unités de productions agricoles. Pour régler les litiges fonciers entre villages,

entre lignages et entre producteurs il a été institué des commissions foncières dans chaque

commune rurale. La commission foncière communale, dirigée par le Sous-Préfet 4 , joue sa

2 Les villages de Soulakanda, Oubanyara et Koboho résultent de la fraction des lignages originaires de Dimbal

Habé village mère du canton coutumier du Tamanbala

3 « Le Conseil Communal règle par ses délibérations les affaires de la commune, notamment celles relatives aux

programmes de développement économique, social et culturel.

Ainsi, il délibère entre autres sur : (…), la protection de l’environnement, les plans d’occupation et les opérations

d’aménagement de l’espace communal, la gestion domaniale et foncière et l’acquisition du patrimoine ». Section

2, Article 14 de la Loi n° 95-034/ Portant Code des Collectivités Territoriales en République du Mali.

4 Le Sous-Préfet de l’arrondissement de Bankass central dirige la commission foncière rurale de la commune de

Bankass. Le Sous-Préfet de l’arrondissement de Kani-Bonzon dirige les commissions foncières communales des

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partition en écoutant suivant les normes coutumières les parties en conflit. Elle tente de les

concilier en établissant un procès-verbal. A l’issue de ses travaux la commission foncière

communale s’en sort avec un procès-verbal d’entente dans le meilleur des cas ou un procèsverbal

de désaccord dans le pire des cas. Tous les procès-verbaux de la commission foncière

communale doivent être transmis au Préfet du Cercle de Bankass qui est le Président de la

commission foncière locale. A son tour le Préfet de cercle transmet au juge de paix à

compétence étendue de Bankass le procès-verbal d’entente ou de désaccord. Le Président du

tribunal à son tour homologue le procès-verbal d’entente et le conflit prend fin. Par contre si

le juge de paix reçoit un procès-verbal de désaccord, il lui revient de trancher l’affaire. C’est

en ce moment que les parties en conflit se défient en faisant des faveurs aux enquêteurs de la

justice avant le procès. Ne soyez surtout pas surpris que le juge de paix peut perdre son latin

face à une affaire foncière et il fait une réquisition des autorités foncières coutumières « Ein

Iyé Bahan » ou « Zora » pour trancher l’affaire. En ce moment plus de recul pour les

protagonistes qui doivent se soumettre à l’autorité du juge de paix pour subir les cérémonies

coutumières de la justice traditionnelle (Tableau n°4).

Une fois que le prêtre de la terre officie la cérémonie traditionnelle, le verdict est sans appel

car l’un des protagonistes et ses alliés devront mourir. Le seul recours des héritiers des

victimes est de venir reconnaître leur tort pour que le mauvais sort cesse de s’abattre sur eux.

Voilà que les autorités foncières coutumières sont omniprésentes de l’échelle de la commune

rurale jusqu’à la justice de paix au niveau cercle et même souvent au-delà. Nous percevons

que les affaires foncières sont de plus en plus transmises aux juridictions étatiques car de 1960

à nos jours, ce sont au total 208 affaires de réclamations des champs qui ont été soumises au

juge de paix à compétence étendue de Bankass (voir Tableau n°4).

Tableau n°4 : Evolution en nombre des conflits de terre en milieu rural dans le cercle de

Bankass

Principales

périodes

Première

République (1960 –

1968)

Régime militaire et

2 ème République

(1969 – 1990)

Transition

Démocratique

3 ème République

(1991-1998)

Nombre d’affaires

reçues relatives

aux réclamations

des champs :

confirmation des

droits coutumiers

Source : Greffe de la justice de paix à compétence étendue de Bankass, 1998 ; 2017.

et

3 ème République et

mise en place des

conseils

communaux ruraux

(1999-2016)

0 10 74 124 dont 59 jugées

et 65 en instance

Si nous faisons une répartition en pourcentage des différentes affaires relatives aux

réclamations de champs reçues par le juge de Bankass selon les principales périodes, il existe

des contrastes. Durant le régime socialiste de la 1 ère république nous avons un pourcentage nul

de conflit de champs. Il convient donc de nuancer cela car les conflits de champs qui ont

éclaté en cette période ont été gérés de façon coutumière sous le Toguna (hangar public) ou

sous l’arbre à palabre du village.

communes rurales de Kani-Bonzon et Dimbal Habé. Le Sous-Préfet d’arrondissement de Ségué dirige la

commission foncière communale de la commune rurale de Ségué. Le Sous-Préfet d’arrondissement de

Diallassagou dirige les commissions foncières des communes rurales de Soubala, Lèssagou Habé, Diallassagou,

Koulogon Habé et Tori. Le Sous-Préfet d’arrondissement de Sokoura dirige la commission foncière communale

de la commune rurale de Sokoura. Le Sous-Préfet d’arrondissement de Ouenkoro dirige la commission foncière

communale de la commune rurale de Ouenkoro. Le Sous-Préfet de Baye dirige la commission foncière

communale de la commune rurale de Baye.

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A l’époque de la 2 ème république on dénombre 4,80% de l’ensemble des conflits de champs.

Ce taux évolue à 35,57% avant les élections municipales puis à 59,61% après la mise en place

des conseils communaux. En tout durant la 3 ème république la justice de paix de Bankass a

enregistré 95,19% des conflits de champs survenus dans le cercle de Bankass. L’ère de la

décentralisation paraît comme une époque sombre car les conflits de champs se multiplient

dans le cercle de Bankass.

Quel que soit la puissance des chefs fonciers traditionnels en milieu rural, ils ne peuvent pas

contenir la pression démographique nécessiteuse des terres productives qui se raréfient (voir

Tableau n° 4). Dans l’espace du cercle de Bankass, la population a triplé entre 1951 et 2009.

Tableau n°5 : Evolution démographique du cercle de Bankass entre 1951 et 2009

Superficie

(6613 Km2) 1951 1954 1964 1976 1987 1996 1998 2009

Population

(Habitants) 81 234 86 819 99 232 146 773 155 999 168 091 203 600 264 776

Densité

(Habitant/Km2) 12,3 13,1 15 22,2 23,6 25,4 30,8 40,03

Sources : Données LEGAY J.M., 1969 ; RGPH, 1976, 1987, 1998, 2009.

Il va donc sans dire que les besoins de terre agricole ayant augmenté, si bien que la volonté

d’accès à la terre des populations rurales ne remet-elle pas en cause les registres du catalogage

social : lignage autochtone ; lignage allochtone ou village mère et villages nouvellement

installés ? La carte des densités par commune nous révèle encore que la pression foncière

n’est pas uniforme (voir Carte n° 3). Certaines communes sont à un stade critique avec une

densité supérieure à la moyenne en 2009 soit plus de 41 habitants/Km2. Il s’agit de 9

communes sur 12. A cet effet doit-on-toujours laisser le sort de la gestion foncière entre les

mains des autorités coutumières si les communes rurales doivent se développer en assurant

leur autosuffisance alimentaire ?

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Sources : IGM, 2000 ; Données démographiques RGPH, 2009 ; Projection WGS 84.

Carte n°3 : Densités des communes rurales du cercle de Bankass

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IV-DISCUSSIONS

1. Primauté des organisations foncières coutumières dans la politique de

décentralisation en milieu rural au Mali

La décentralisation a quelquefois permis le renforcement des liens sociaux entre villages. Elle

a ainsi permis aux autorités foncières coutumières de se revigorer. Toute chose qui confirme

nos hypothèses de recherche, car les autorités foncières coutumières tentent de rattraper le

paradis perdu. Ces hypothèses avaient bien été avancées par B. Kassibo, 1997 ; B. Béridogo,

1997 ; S. Koné, 1997 et Y.F. Koné, 1997. Ils ont constaté que ce soit en région de Sikasso ou

dans la commune de Tinkolé (arrondissement de Fana, région de Koulikoro), les lignages et

les villages autochtones propriétaires traditionnels des terres ont soit boudé les découpages

des communes rurales proposés par les GREM ou se sont mis en ordre de bataille pour ravir

les postes les plus importants au sein des conseils communaux. Cette primauté du pouvoir

foncier coutumier dans le système de formation et la gestion des instances dirigeantes des

communes rurales a été confirmée en région de Kayes dans le cercle de Kita par S. Lima,

2003 et E. Idelman, 2009. Quant à O. Traoré, 2009, il trempe sa plume pour élucider un

engrenage entre deux localités en pays Mandé ayant pour toile de fond « le foncier » et « la

décentralisation ». Heureusement que des para juristes ont pu calmer les ardeurs des

populations. « C’est en revanche depuis le mois de février 2009 qu’une action pénale a été

introduite par voie de citation à comparaitre devant la Chambre correctionnelle de la Cour

d’appel de Bamako envers dix-sept (17) personnes de la commune de Nanguila.

En réaction, les deux communes de Nanguila et Gueleba ont décidé d’informer la Cour

qu’elles règleront elles-mêmes leur différend. » (O. Traoré, 2009, p. 10).

Une fois de plus l’ordre foncier traditionnel a été mis en valeur en milieu rural. Mais

n’oublions pas que les autorités foncières coutumières n’ont plus en face d’elles une

population identique aux époques précédentes en cette heure de la décentralisation. Cette

population ne veut plus se sentir dans une situation d’insécurité foncière. « La nature

procédurale des droits coutumiers limite considérablement le « passage » de la clarification

des droits, attendue des opérations d’identification, à leur sécurisation effective, attendue de

leur enregistrement puis de leur validation juridique » (J. P. Chauveau, 2003, p. 19). Cette

pensée ne vient-elle pas infirmer une partie de nos hypothèses compte tenu de la multiplicité

des conflits de champs dans le cercle de Bankass à l’ère de la décentralisation ? Ainsi, même

si nous percevons que les autorités foncières sont présentes dans chaque commune rurale,

peuvent-elles laisser le champ libre aux conseils communaux pour gérer l’espace communal ?

Cette réponse n’est pas du tout évidente car le mandat du conseil communal est circonscrit à 5

ans. Par contre les autorités foncières coutumières ont un mandat viager. Pour l’instant les

autorités foncières coutumières collaborent efficacement avec les élus communaux, car tout

semble à leur avantage, mais compte tenu de la recrudescence des conflits fonciers

coutumiers, cette bonne coopération pourrait-elle être pérenne ?

2. Gestions foncières coutumières contraintes à l’aménagement rural

La primauté du foncier coutumier est de plus en plus évidente en milieu rural surtout quand il

s’agit des terres agricoles. En ce qui concerne les réserves foncières en zone semi-urbaine

dans les communes rurales, les chefs coutumiers de terre pratiquent souvent une politique de

fuite en avant en vendant des lots à usage d’habitation comme à Bankass. Mais selon G.

Hesseling, 2005, nous constatons la faiblesse des détenteurs fonciers coutumiers à Douentza.

Dans cette autre bourgade semi-urbaine du pays Dogon, le conseil communal a pu lotir des

réserves foncières sans trop intéresser les propriétaires coutumiers. « Il n’y a pas eu

d’enquêtes ni, à plus forte raison d’indemnisation « des détenteurs des droits coutumiers » »

(G. Hesseling et al. 2005, p. 139). Que ce soit des lots à usages d’habitation ou des espaces

champêtres, la sécurisation foncière est l’aboutissement d’une décentralisation réussie. Des

cas de cohabitation entre élus communaux et autorités coutumières foncières ont été certes

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tentés, par la mise en place des plans fonciers ruraux tendant à sécuriser les droits fonciers

coutumiers afin de réduire et maîtriser les conflits fonciers coutumiers. Toute chose qui fut

considérée comme une voie à la promotion et au développement du monde rural. « Les projets

de type « plan foncier rural » (PFMR en Guinée) existent dans plusieurs pays depuis une

période récente. Le premier a débuté en Côte d’Ivoire à partir de 1990, et il a contribué à

initier d’autres PFR en Guinée et au Bénin à partir de 1993-1994 ainsi qu’au Burkina Faso,

dernier en date, en 1999 » (J. P. Chauveau, 2003, p. 1). Ces plans fonciers ruraux ont connu

un résultat mitigé car se limitant à la délivrance des certificats fonciers n’équivalents pas aux

titres fonciers. « Tout en admettant que le PFR pourrait permettre une ouverture vers

l’immatriculation foncière, nous pensons que la portée juridique des droits coutumiers

confirmés et consolidés par le PFR devrait assurer aux paysans une sécurité foncière

suffisante dans leurs rapports à la terre pour leur éviter de recourir à un titre foncier » (R.M

Hounkpodoté, cité par P. L. Delville, 2010, p. 474). Par ailleurs ces plans fonciers ruraux ne

sont pas des opérations qui se déroulent dans un court temps mais peuvent s’étaler sur une

décennie comme le cas du Bénin. Dans le cas Malgache la délivrance du certificat foncier

s’effectue dans un délai un peu plus court et à des coûts supportables par rapport au titre

foncier classique. « Le certificat foncier permet de formaliser à moindre coût et dans délais

relativement courts les droits de propriétés individuels, mais il peut être aussi inscrit au nom

d’un groupe de façon à consacrer des droits sur des ressources forestières ou pastorales

utilisées collectivement. (..). Le coût moyen d’un certificat s’élève à environ 10 Euro, contre

370 Euro pour le titre, et le délai passe à 6 mois au lieu de 6 ans » (A. Teyssier, 2010, p. 3).

Enfin, il ne faut pas occulter les désidératas des bailleurs de fonds pour la réussite des plans

fonciers ruraux. Ainsi nous avons découvert que ce sont l’AFD et la GTZ d’un côté et le

MCC (USA) d’un autre côté qui ont soutenu le financement du PFR au Bénin et souvent dans

des relations conflictuelles. « « L’offre » du PFR provient au départ des bailleurs impliqués

dans le PFR ivoirien ; l’accent mis par le MCC sur l’investissement favorise les logiques de

formalisation de droits de propriété privée. Mais on ne peut pas pour autant réduire la mise sur

agenda du foncier à des sollicitations externes, ni le débat que cette mise sur agenda suscite à

une lutte d’influence entre acteurs externes » (P. L. Delville, 2010, p.489). Le Mali doit moins

s’inspirer du cas béninois qui semble être coûteux et qui occulte aussi les droits pastoraux, s’il

souhaite procéder à la sécurisation foncière en milieu rural. « La création d’une Agence

foncière et sa déconcentration jusqu’au niveau communal demandera des moyens

considérables et prendra du temps » (P. L. Delville et C. Simonneau, 2012, p. 41). Tout laisse

à croire que le cas malgache semble être efficace pour le Mali car plus de 20% des communes

ont ouvert des guichets fonciers. « En moins de trois ans, 300 communes malgaches, soit 20%

d’entre elles, se sont équipées d’un guichet foncier, avec l’appui de la communauté

internationale » (A.Teyssier, 2010, p. 3). D’une manière ou d’une autre arrivera un moment

où l’immatriculation foncière individuelle s’imposera, au Mali car la vie communautaire de la

famille élargie est en déclin en milieu urbain et en milieu rural.

V-CONCLUSION

La terre en Afrique et surtout au Mali est divinisée, si bien difficilement attribuable à un seul

individu. Cependant compte tenu de la tragédie des biens communs qui pèse sur elle car tous

s’en servent mais personne ne veut s’investir pour son aménagement pourrait-elle être si

productive ? Le Mali en optant pour la politique de décentralisation est, parvenu à juxtaposer

sur un même espace communal des autorités foncières traditionnelles et des élus communaux.

Pour le moment les autorités foncières coutumières se sont servies de la décentralisation pour

se revigorer. De ce fait, elles collaborent parfaitement avec les élus communaux. Mais de plus

en plus avec la percée de l’individualisme, de l’économie de marché et de la mondialisation

cette collaboration pourrait-elle durer combien de temps ? Enfin si nous voulons instaurer la

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sécuritaire alimentaire au Mali, il convient de procéder à des aménagements ruraux et se

défaire des cultures pluviales uniquement. En évidence, les aménagements ruraux réussis

passent par une sécurité foncière. La stratégie des Plans Fonciers Ruraux au Mali, ne doitelle-pas

mettre fin aux propriétés foncières coutumières grâce à la politique de

décentralisation ?

Références bibliographiques

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Marginalisées », Bulletin de l'APAD [En ligne], 14 | 1997, mis en ligne le 26 janvier 2007,

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d’identification et d’enregistrement des droits coutumiers. International Institute for

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DELVILLE P.L., 2010 : « La réforme foncière rurale au Bénin. Emergence et mise en

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opportunités et risques. Le cas du Bénin. Grain de Sel. N° 57. Janvier – Mars 2012. p 40-41.

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portant Loi d’Orientation Agricole ; Loi n° 01-004 du 27 Février 2001 portant Charte

pastorale en République du Mali).

TEYSSIER A., 2010 : L’expérience de Madagascar. Décentraliser la gestion foncière ?

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sur la gouvernance au Mali - Sous l'égide du Commissariat au Développement

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l'Ambassade de France et de l'Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (ARGA).

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NOTE AUX AUTEURS

Plan

Généralité

La Références bibliographiques

Articles

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Les illustrations

La soumission

Les droits d'auteurs

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1. d’élargir le champ des connaissances et des

débats sur cet espace géographique à

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2. de diffuser la recherche sur les Suds ;

3. de favoriser la compréhension des Suds, et

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4. de présenter des modèles théoriques et

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devrait être comprise entre 2 500 et 3 500 pixels.

Il est également important de faire en sorte que la qualité de l’image subisse le moins de

dégradations possibles au cours de son traitement, et de s’assurer qu’une version retravaillée

est autant que possible fidèle à l’originale (il faut s’assurer notamment qu’au moment de la

réduction d’une image, les proportions hauteur/largeur sont bien conservées). Vous trouverez

ci-dessous à la section “Pour obtenir une qualité optimale” une aide à la réalisation de vos

images.

Quelques recommandations essentielles

Dans Photoshop, il est déconseillé de choisir l’option « Enregistrer pour le Web », afin de

limiter certaines dégradations de l’image (la diminution de la résolution notamment) ; il est

donc préférable d’utiliser l’option « enregistrer sous » qui permet de conserver la meilleure

qualité possible d’une image au moment de son enregistrement.

L’enregistrement d’une image pour publication sur le Web peut se faire au format GIF, JPEG

ou PNG, mais ne devrait se faire qu’au format JPEG ou PNG. Pour l’édition électronique, les

images couleurs au format JPEG et PNG doivent être en mode RVB et non en mode CMJN

(utilisé pour l’impression).

Dans quels cas utiliser ces formats d’image

Le format de compression GIF est utilisé pour les images contenant des aplats de couleurs, et

peu de dégradés (illustrations, dessins…) ; ce format est à éviter autant que possible,

notamment pour les photographies, car il ne supporte que 256 couleurs et dégrade fortement

la qualité des images ;

Le format JPEG est un format de compression qui gère quant à lui plusieurs millions de

couleurs, il s’agit donc d’un format adapté aux photographies, aux peintures, etc., contenant

beaucoup de dégradés. Il entraîne néanmoins une perte de qualité de l’image ;

l’enregistrement dans ce format ne devrait donc se faire qu’en choisissant la meilleure qualité

possible au moment de l’enregistrement :

Le poids d’un fichier PNG est cependant plus important que pour un fichier au format JPEG. Il

peut être utilisé pour les documents contenant peu d’illustrations. Pour un document

contenant beaucoup d’images, il peut parfois être préférable d’utiliser des images au format

JPEG. Il est déconseillé d’utiliser le format PNG pour des images contenant des zones de

transparence car ces zones seront mal interprétées par certains navigateurs et perdront leur

transparence.

Pour obtenir une qualité optimale

Les formats d’images pour le Web avec perte (JPEG et GIF) dégradent la qualité de l’image,

notamment en supprimant ou en remplaçant des pixels. Le but de ce type de format est de

produire une image d’un poids moins important que l’original, en jouant sur des altérations

normalement invisibles (ou quasiment invisibles) à l’œil nu.

L’enregistrement dans un de ces formats ne doit intervenir qu’à la fin du traitement de

l’image, lorsque celle-ci est prête à être publiée de manière définitive, la qualité de l’image se

dégradant un peu plus à chaque nouvel enregistrement, de manière irréversible, ce qui peut

produire des images au final totalement illisibles ou inexploitables au moment de leur

publication. Il est donc fortement recommandé d’enregistrer une image dans ces formats

uniquement lorsque toutes les modifications souhaitées ont été apportées à l’image.

Jusqu’à sa dernière modification, l’image ne devrait donc être enregistrée que dans des

formats sans perte (PSD, PNG, TIFF) et ensuite au format JPEG ou GIF. Le format PNG est le

plus recommandé.


Le titre de vos illustrations

Les titres des illustrations seront placés au dessus des illustrations et numérotés par type :

tableaux, cartes, figures, photos, encadrés etc. Les titres n’apparaissent pas dans

l’illustration, mais dans le texte et respecteront la présentation suivante :

Figure 1 : Evolution des prix de l’immobilier à Paris entre 1950 et 1990

La source de vos illustrations

La source de l’illustration doit être indiquée clairement et sera placée sous l’illustration. On

précisera la source des données ayant permis la réalisation de l’illustration (par exemple : US

Census, 2001) et la source de l’illustration elle-même si l’auteur utilise une illustration déjà

publiée dans un ouvrage.

La bibliographie

La bibliographie doit être regroupée en fin de texte selon un classement alphabétique par

noms d’auteurs

Les articles

<>P Batty M., 2001, "Polynucleated Urban Landscapes", Urban Studies, vol. 38, No.4, 635-

655. Luginbühl Y., Muxart T., 1997, “Place de la géographie dans les recherches sur

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Les extraits d ’ou vra ge s

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Les livres

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Les articles électroniques

Thomas I., 2001, "Cartographie d’aujourd’hui et de demain : rappels et perspectives",

Cybergeo : http://cybergeo.revues.org, No.189, 7 mars 2001, 24 p.

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