15.04.2022 Views

Divers III 564 pages

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

FRANCK LOZAC’H

PHOSPHORES

1


Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs …

Arthur Rimbaud

2


Les Roses ensevelies

Radieuses et limpides

Longtemps combattre en soi en déviances et appartenances,

Toujours questionné l’être cher tapi au fond de soi

Avec ses souffles inconnus en plaintives insistances

Quand l'ombre se déploie sur l'esprit éclairé

Ô filles, filles émerveillées de mes claires plénitudes

Dans le faux crépuscule de ma chair embaumée

Endormies, vous radieuses et limpides espérant

Je ne sais quelque conquête d'or de toison tissée

Encore fraîches et légères sur la sphère azurée

Mon errance se meurt vers l'espoir le plus pur

Pourtant je crains ces noires divagations obscures

Et je baigne ma tête couverte de surdités !

3


Belles étreintes de phosphores inconnus, présentes en

Saurez-vous à jamais me vouloir éclairer ?

Elabore toutefois

Elabore près de tes syllabes noires ; dans

L'ombre du poème, se conçoit ce pur échafaudage

De pensées invisibles ; des fluides d'écriture

Circulent dans ton âme désuète. Du phosphore

Pour capturer l'instant. Tu pleures dru sous tes

Hallages impossibles. Une avec ses seins t'envoie

Des messages sexuels. A coups de reins répétés,

La semence se répand. Si dense, profondément

Expulsé - rencontre et capture. Toi, l'écœuré

Bavant encore tes jets nocturnes, qu'inventes-tu ?

Que prétends-tu ? Rien que de la mélasse insi-

Gnifiante. Agrandis ton gouffre, plonge dans

Ton Néant aberrant.

- Le tien, le monde, a surgi

De rien. Grandis pour des horizons purs et aériens.

4


Substances et Distances

En lignes pensées

Certes, oui - le vrai - écoulements de certitude en lignes pensées de

petits soldats bien appliqués

En subtils pointillés de peut-être, l'écriture se posera-t-elle là sur le

rectangle vierge ?

Ces minuscules tentatives abandonnées dans le Néant

phosphorescent du Moi, phosphènes transubtantiels pour rien en vérité

Occasions remises, poussées recto verso sur de très savants lignages

qui glissent attachées par la main qui refuse ou accepte

Pour toi, c'étaient des coups ratés que toutes ces propositions

médiocres - il fallait refuser, raturer ou jeter -

Poème-écriture de : pour qui ?

J'ai délaissé, usé et fatigué sans espoir de progrès. Dernières jetées

5


de sagesse tremblotante dans son désert intime !

Haleines, souffles et frissons obsédants de peu pour féconder des

savoirs supérieurs : pourquoi pas !

L'esprit plein de déception s'en retourne à sa triste solitude

intérieure sans même l'espoir d'un peut-être

6


Fragment joint

Fragment joint au disjoint

L’éclat des poussières devient phosphore devant mon front

salvateur

Le rayonné m’éclaire tout à coup

La turgescence de l’être

Et cette finalité insignifiante qui noie ma brûlure dans le chagrin

de la douleur

C’est une fin subtile avec essence : me voici dans l’ombre

Fébrilement troublé, léger sur ce fragment d’azur

Ô yeux tournés vers l’intérieur, phares de la raison, que voyezvous

? Quelles perceptions internes pouvez-vous décrire ?

Conçois le songe qui se propose en toi, vasque qui se dilate et

ondoie sous l’effet de la pensée

7


Que d'interrogations !

Que d'interrogations dans le désert de nos pensées ! Que

d'abstractions à violer, à soumettre ou à pendre ! Voilà le grand

éblouissement de la certitude et du vide avec l'abondance qui porte

ses superbes procédés !

Sur le sentier, il te faut comprendre en sommes multiples de

lumière et de phosphore. Il te faut pousser tes marges d'à-côté pour

percevoir en variances, en vibrations subtiles - là - oui - là.

Ils partirent - c'était l'ordre - sur la neige enflammée tandis que

je gémissais un avenir de savoir.

Elle était présente quand j'offris une invitation ultime de joies

présupposées, d'orgasmes à refaire et de plaisirs splendides.

À la nudité, nul n'est parfait ? Mes gémissements éclataient en

bouffées de saveurs - j'espérais encore, j'espérais en vain.

Veuille me caresser pour remplir mon vide et me défaire à

l'infini de mon doute ténébreux.

8


Les vertiges

À l'intérieur sont les vertiges

Et cette fille, plus qu'un corps interne

En jouissances de dilatations -

Des ouvertures avec parois épaisses,

Humides et de beaux mamelons souples

La consistance, et cette couleur qu'intimement

Je pénètre - plaqué contre des lointains de phosphore,

J'y pense quelque peu.

Nuit royale et bleue où l'infini est mal inspiré, j'y cueille des

impressions de femelles

en positions pyramidales, proposées à l'envers - belles heures dans le

luxe de mon consentement.

La blonde nymphe invitée au partage de jouissance se tourne et

se retourne - c'est vrai là appuyée sur les côtés, jouant son

protocole pour les labeurs domestiques.

9


Pourquoi doit-elle se frotter assidûment en trente-six statues

déifiées ? - Pourquoi ? Avec la nudité dans les feuillus vers cet

impossible savoureux.

Fouette ces déesses avec moult accessoires pour le plaisir de

voir irriguer entre tes mains des vulves de fournaise qui couleront

leur sang bleu comme des chaleurs d'extase.

Qui s'allonge, s'allonge contre l'ennui des choses avec cette

progression d'enchaînements

Sensuels et sexuels jusqu'au Fini de la mort vers

l'éblouissement du néant.

Elle, de s'élargir en sa somptueuse chevelure,

Elle, léchant les gouttes précieuses,

dans mon désert ~ avec concupiscence, si gourmande et moi dormant à

l'échéance du repu.

De douceur, comment l'aider sans bousculade ; si bien pensant

sur des flotteurs - avec nuance de mots adorables ?

Elle, de gémir d'aise

10


Le pervers

En phosphènes déréglés, et pour quels corps ? Le pervers,

toujours, je le méprise !

Ce ne sont que de vulgaires extractions de pensées stupides ne

débouchant sur aucune réalité sexuelle.

Je sais, ton appareil s'épuise goutte-à-goutte en coagulant sur

des blancheurs de pollens et d'araignées. C'est ton et cætera.

Moi, je cherche de nouvelles filles en prémices de luxes offerts

qui s'évanouissent pour des essences pures sachant crier au danger.

Il y a rage pour chaque désir et péché et brasier. Dans ton éther,

est aboiement des sulfureuses.

Je sais : elle renverse, et toi tu désinfectes pourtant tu les arroses

de vices obscurs - elle, elle déplacée qui se convulse.

Je t'ai aidé - un peu de lune en hiver, pour mes volumes en

douce-violence.

11


- Retourne-toi en chienne !

- Parle plus fort, queue de têtard !

Les voix se rapprochent mais le désir est incompris. Chacun,

chacune s'éloigne dans son impossible. (Une autre est à reprendre)

12


Variances

L'Océan cérébral

Gémis, et claquent ces pensées fugitives dans

Les dédales d'un moi consumé avec fluidités

Phosphorescentes.

// Je pense par intervalles -

Succombant dans mon silence merci - de non-

Merci //

Seulement tu respires - en fille intuitive

Avec la question de l'éternel savoir. La pensée,

L'étoile, la lumière - tu cherches encore.

Nous

Pénétrons dans l'Océan cérébral au sel du vrai.

Au travers, tu sembles dérangée. Eux, plus silen-

Cieux s'en viennent et c'est excuse de penser

Etre un devenir avec ces gens autour de soi !

13


Tu es fille, il te faut une belle clairière. Toute

La nuit rougit, exploite, pénètre encore ces espaces

D'audaces cérébrales où l'Inconnu mugit toujours.

14


Le métabolisme du vrai

Procéder par systèmes à penser

pour déceler des ouvertures ou encore chercher des difficultés inouïes

Avancer dans l'ordre de la mémoire - cette respiration est repliée -

je suis dans un matin net - pourtant s'éclairent des gestes oubliés. Au milieu des

phosphores, réfléchir est un soupir.

Tu dois fondre dans un mouvement - plonger, replonger dans l'esprit

du décalage - ceci est ta traversée : conçois de nouvelles figurines,

déploie des solutions inaccessibles - le métabolisme du vrai s'accomplira

enfin !

15


En tourbillons

En tourbillons clairs, de chair en entrevoir,

De si elle est - j'affirme la chose. Elle tourne

Vers moi ses lustres de beauté immortelle.

N'acclame-t-on pas la femme sublime dans ses

Délires de corps phosphorescents de jouissances

Et d'orgasmes éternels ?

Ici dans l'œil et

La pensée quand le sens paraît l'entrevoir.

Je te laisse spéculer dans les luxueuses heures

D'agonie.

Je demande quelque nuance.

16


Les flammes du renouveau

Pourquoi ne doit-il pas s'en saisir ~ à l'heure des émotions et des

découvertes exquises ?

Hors des bouches et des débordements obscènes, la fuite est une plainte

naïve.

C'est un sursaut dans l'éphémère intemporel - la pensée s'y ploie

nuitamment.

Et cette volonté portée à mon insu - c'est maintenant le beau offert pour

toujours !

La chair se croit inépuisable - le désir éternel renaît et renaît. Il faut saisir le

jaillissement intense.

La pensée d'un désordre actif anime fortement ma cervelle en émoi !

Qui semble semer et recueillir les feux de l'orgasme ? C'est dans l'âme

phosphorescente que les flammes du renouveau exploseront.

17


Apparences

L'oubli

L'oubli est à déflorer au plus profond

des membranes rugueuses

Qui n'a pas le pouvoir d'annuler les désastres

En, est cette limpidité étonnante ~ le face à moi

avec le Néant est un simulacre

Toujours ces lèche-yeux pour des pensées

de phosphore qui s'amoncellent en moi.

La raie baveuse

Des beautés de phosphore lèchent des voluptés incomprises.

Toi, dans ma baveuse raie, tu sillonnes gaiement

les douceurs exquises de mon étreinte amoureuse.

18


Son thyrse

Au milieu du sens,

Qu'en est-il ?

Elle est son mystère,

Son thyrse !

Coffre de l'Inde.

Il a ses replis,

Il alimente ses phosphores.

Voit-il sous ses vitres ?

Il hante sa mémoire,

Vit d'hallucinations.

Il imagine un ruban

Pour sa pensée.

Elle s'échappait dans le désir

Il la revoit éternellement

19


Elle, c'est l'été

Elle, c'est l'été et le roman

C'est le vrai sous le phosphore

La danseuse est spéciale

Elle invente des arcanes, des volutes, des passes etc...

Quand le cerveau consulte et perçoit d'autres mentalités,

Je me sais abandonné là dans mes langueurs admises.

Déplacements

Je me morfonds dans tes folies - je m'exalte

dans tes perversités admises. Ta pensée audacieuse sera

un chemin pour mes phosphorescentes catacombes.

Je délaisse cette vérité primaire - je me veux autre

et me sais nuitamment. Ce seront des applications sublimes,

des écritures nouvelles - des transpositions colossales.

20


Approches mutantes

Scintillement de phosphore

Qui toujours éclabousse de superbes pensées

Encore dans l'émerveillement

Avec certitudes enchevêtrées

Et toi, dans ton scintillement de phosphore

Avec ténèbres et apothéoses

Tu te contemples superbe et immortel

~ Tu espères encore

21


En elles

En elles, fluidifiées et limpidités

Ici le stratagème sensuel est à inventer

Tout se conçoit en nullités

En spirales qui jamais ne se touchent

La tradition illimitée pour le cerveau qui préfigure :

Il prétend phosphorescence, substance, savoir

et connaissance (cela est si peu !)

Les voilà : développent-elles de l'insipidité

ou courent-elles sur des étendues célestes ?

Les hauts bustes se déploient avec aisance

et se soumettent humblement à la pure postérité.

22


Errances

*

Une géométrie perverse pensée aux quatre coins

Hall de fantômes sans être tout en étant

Pour des lubricités sexuelles ou sensuelles -

être sans être là

Et déjà j'imagine - j'imagine des forces altruistes se déployer

Ce sont des beautés convaincantes ~ des filles-paroles

qui restent coites

Je suis dans d'autres précipices et je m'exhibe quelque peu

J'exploite les phosphores des filles incomprises

Le bleu est dans la déité

L'ectoplasme se pensera ailleurs

Construis avec de nouvelles substances

Je me morfonds dans mes douleurs

23


*

Je t'apporte l'avant-projet

Comme semble efficace cette structure interne !

Ils ont des miroirs phosphorescents - ils reproduisent

des images psychédéliques - je n'y comprends rien

Est-ce au voleur de s'affûter ainsi ?

Et combien d'âmes piégées dans cet air

aspirant un faux souffle, se sachant précipitées ?

Je m'obscurcis en ajourné

24


Pensée complexe

Pensée complexe englobant le tout

de nécessaire en spontané

avec effusion/ effervescence d'orgasmes

De ta poitrine à mon Saint

réels dangers de : voltigeons dans les corps

implusion/ : impulsion de chair avec contacts -

le double effort

Je me désouale en toi sur des images prohibées

de miroitements phosphorescents,

d'énigmatiques invraisemblances

Même pur, installé, j'y croyais

Mages, altercations, sauts de mine - j'inventais

des obstacles, je déambulais dans mes absurdes

Des traces de limonaire - croyons au plus parfait

Je conçois à nouveau l'équilibre général

25


le jugement limité

les possibles erreurs

Je dois m'affliger dans mon déjà tôt

Je creusais en très mauvais

Et mes installations épurées, mes séquences abjectes // :

il se targue encore dans sa bêtise

Recul et tel pour savoir en perpétuel

Dans ta logique irrésolue, veuille révoquer les informels

Je crache dessus - toujours impures ! - Fascinantes

ces beautés aux trous étincelants, magnétisés

*

26


*

Comme c'est de par la mer en plus gervoise

- Crie, crie dans l'innocence en vraie apnée

sur les rivages de l'infiniment pur

avec poursuites et sur-triomphes

éblouissements ravis éblouissements et tels -

bien beaux

Que saura-t-on des violences

avec enfances dilapidées

conspuées contre la canicule

qui durent, durent en sphères étoilées

dans le Néant clair avide de vains pouvoirs ?

Foule trop distinguée pour le pourtour

et pour l'ingrat - je me déclame en toi

Vérité douce et affable avec pensée élyséenne

- Phosphores contre cascades d'être pour un ailleurs

27


Dissipations

*

Hé ? ! De rien, de peu, de rien - avec suavités littéraires

~ mon rythme est de te lire dans l'opulence.

vers l'infini.

Je te vois : tu bougonnes ou tu éclates en pensées de phosphore pour agonir

faible.

Je te vois dans l'effronterie de ta pudeur avec mini-sourires de se dire :

*

Les filles batteuses de lait dans le vieux fugace de l'à-peu-près

Ce sont des trottoirs et des semeuses sensuelles du : que dit-on ?

Voilà les volontés et les Maries qui s'époumonent ~ Saint-Nicolas est une

offrande,

et tes bas noirs sont des phosphores de désir

À la croisée de l'impossible ~ là, oui-non

En fluidifiant les gelées - plonge dans l'évanescence lumineuse

Pour des perceptions incertaines

Elles voltigent fumantes et délétères, esquivant un interdit à aimer

Les voilà belles, compromettantes ~ absurdes et irréelles,

je les suppose parfois

28


Oui, fragiles, fragiles et immortelles

Commandant quelquefois une âme à glorifier

Diaphanes

Exil

La colombe s'est envolée

Voguera-t-elle vers les été sidéraux ?

Atteindra-t-elle l'orgasme des pays inouïs ?

Ô phosphores enchanteurs !

Est-ce là un certain goût d'éternité ?

A nouveau, la colombe s'est posée.

29


Cotangentes

Qui a eu

Qui a eu cette liaison sèche de ne pouvoir enfumer ?

Je suis phosphore, entouré de l’invisibilité

De ton bleu - bleu cendre implorant le turquoise.

Plus tard dans les pensées en plus macabre.

Culée

Beauté est culée

et supplie à genoux

avec rythmes forts

Beauté gémit quémande implore

la fin du god

Beauté reçoit pleure hurle

aime et décharge des flots d'humeurs

Beauté est merveilleuse d'épanouissements féminins,

de luxures endiablées, de trous largement béatifiés

Je la sais supplier l'extase des orgasmes

et là fouettée, hurlante, quémandante

je l'entends crier encore :

30


- Viens ! Viens ! au plus profond - dans la chair interdite,

je veux t'appartenir.

Prends-moi encore. Punis-moi.

Quelle déchéance ! Quelle outrance ! Quel plaisir !

Et là à genoux, je suce à fond mon mâle qui m'a tant offert de plaisir.

d'allégresse.

Tu sais comme je t'aime ! Décharge !

Décharge en moi. Ho ! Oui ! Répands sur mon visage ta substance

Comme je sais jouir et gémir avec tous ces orgasmes.

interdits,

Je me cambre, me tords - pousse à fond en moi pour l'éclatement des

pour le phosphore cérébral, pour l'apothéose de l'orgasme

et laisse-moi enfin reposer en paix après tant de violences, de souffrances,

de pénétrations, de lanières de fouet - oui, aime-moi enfin.

Délivre-moi. Comme je t'aime !

31


Hallucinations

Des lumières incomprises circulent dans un champ émotionnel.

Effectivement, on peut voir ici et là des lancées claires, fulgurantes envahir l'intérieur de

mon âme. Ce sont des flammèches, des fluides jaunes ou phosphorescents qui

parcourent le décor mental face à moi - je devrais écrire : devant mes yeux.

Sont-ce des preuves indéniables d'énergie poétique ou spirituelle ? Sont-ce

des transferts de l'activité cérébrale ? Ou des masses considérables de photons ?

Toujours est-il qu'aucun lieu n'associe l'inspiration à ce type de

manifestation. J'attends le poème. Il ne s'agit pas ici d'orgasme ou de jouissance

quelconque. J'attends.

-

Epousant quelque peu le génie de mon phosphore, je me vois en absolu de

vérité - en certitude inattaquable, bravant les purs, détruisant les faibles. Tu vois :

j'avance encore.

Fluides - fluides - plus loin là-bas - égosille-toi en très clair, nourris-toi

d'absinthes. Le rythme du plus fort saccade la violence folle. Tu vas en pâtir, dit-elle. Je

plonge dans les écrins avec les nymphes pour des aléatoires interdits. Je meurs dans

l'idéal à éclore.

32


Enigmes(matiques)

Les glumeuses

Vers les glumeuses d’autrefois

Jaillis, attaque ces puissants belvédères

Glumes de phosphores sexuels

Jaillissez en vous ! - Ce sont vos étreintes !

C’est l’espérance d’hier avec femmes belles aux abois.

Le tout semble platonique et ne donne que peu.

J’insiste avec mon humeur.

Et d’autres - d’autres - Pour rien. Faibles. Ne pas.

Insistances

Phosphènes en suppliant

De se dire : je ne suis pas le plus âgé

Ombres d'or et sulfures en nettoyé

Il s’égare dans son impossible

Combien d'essences j'ai eues !

Combien de forces pour détruire l'entendement !

Toutes les beautés me parvinrent en faux gras

En vrai écervelé, inutile nocturne

Et toi-moi ceci n'est pas

33


J'accuse mes chimères - je déplore mes fantasmes

Bonnes vieilles belles, en vérité !

Tierce

Ceintures - Cimetières célestes -

Coups bas dans le phosphore de mon interdit

J'y crois - j'y crois - j'y vis

Entrailles de synthèse - le moment n'est pas approprié

Ce sont de mornes larves pénétrantes

Je m'impose en sodomie

Toute gloire de ne. Toute gloire avec alignante

A moins que tu exploses en avide de dévidé

Et que dire ?

A l'inventive - De ne pas. De sitôt.

Ce sont des humeurs pensives - déjà je n'ai pas -

Sois crédible dans ton doute –

34


New Sessions

Je jette ma main

Je jette ma main au feu. J'éteins les lumières enchanteresses, les flammes

sexuelles, les lueurs phosphorescentes de mon âme. Je suis mort.

Je vampe ma destinée ; je joue à lui mentir. La vicieuse se venge et me sodomise

de deux coups dans mes bouches de poète. Ainsi j'ai saigné des litres de sang par

le cul, et des eaux puantes dégoulinaient des poèmes par la gueule.

J'ai fui des maisons gavées d'anges, des lieux où les poètes immortels se

réunissaient. J'ai ainsi échappé au conformisme, et à mon état d'artiste magicien.

Jamais femmes ne m'ont hypnotisé. J'avançais seul, les yeux tournés vers mon

soleil intérieur.

35


Abnégations

Autre soleil

A contre-pensée

émergeant dans la nuit

La voix nue dans l’extase du rien

La voix est amorphe

A contre-pensée

pour dépeindre le soleil

A contre-nuit

pour briller à contre-rien

pour des astres phosphorescents

Tu me reviens, toi l’infidèle

Toi, l’éternelle de mes sombres idées

A l’instant le vrai et l’irréel

pour habiter l’ inépuisable

Je suis un contre-soleil

Et je t’espère dans mon immortalité

36


Pensée sculptées

*

Tu me déséquilibres. De toi à moi, venant. Dans la fluidité

d'un avenir incertain.

Je me déchire dans l'air, calfeutré sous le mensonge. J'exploite

l'Idéal inutile.

La vasque remplie de poussières explose. Retombées de

particules aimantées et phosphorescentes, ici.

Je t'abandonne à ton souffle naissant, à ta dure lumière obséquieuse

qui se plie sous les feux de la passion.

Rejailliras-tu encore, Belle d'Apollon au sourire ébahi ?

37


*

À terre, ici, rien

nul gerbement

nulle apothéose d'aurores

de femmes ou d'élixirs

Collés à l'œil, - de peu, d'espoirs

de finitudes - inutiles

Pour l'orgasme personnel

la moisson utopique

Et tout ce qui demeure

d'étrangetés

mis en nous, hors de nous

pour l'éclatement des astéroïdes

infiniment peu là caché profondément

Et ricochant encore dans la pensée diffuse,

allègre ou mensongère

38


réinventant l'écrit,

déplaçant le vrai

Innovations ridicules de maigre littéraire !

Cette non-profondeur et ce non-souffle

Pas de.

Sans. Le rythme sonore s'éclaire

toutefois pour égayer la médiocre ligne

Et toi, enveloppé de feu, d'extase et de phosphore

éclaboussé de poussière invisible,

tu espères pauvrement le miroitement du beau !

Eclaboussé de sang, d'élixirs, de phosphore

et nul souffle ne s'émeut

Il gît là cruellement éteint

Au plus haut de son estime,

39


dans les bas-fonds du Moi.

*

En deçà, la lumière bleue parfois vacillante - la mienne,

intermittente qui se love contre l'esprit

Dans la forêt de l'intelligence se répand

une femme douce et généreuse

Pour restituer le chemin à suivre, la lente avancée

avec le doute et ses extrêmes

Bien sûr ! jamais ne pars, je fonds dans sa trace

pour l'écriture hachurée

Elle s'obscurcit puis s'éclaire par la flèche évocatrice

et s'effondre dans les buissons épineux

40


Paroles, paroles appliquées comme une gerbe

phosphorescente - c'est une fuite vers l'avenir

Mais quel espoir pour être ?

*

Demeurée qui éclate figurines explosées expirantes

Danse sur le soleil au proche des catacombes

Pour la lune éblouie et là-bas l'extase

Dans l'or de la voyance pour l'orgasme sexuel

Finitude de plaisir corrompre mes destinées

C'est étrange, cet infiniment et fuir à tout jamais

Regarde, croise le sommet interdit l'élégance

Ce ne sont que des Empires encore la corruption

On te dit d'éclairer l'ombre des sémaphores

Un éveil de phosphores la fille désenchantée

Croître pour ta portée indigne et méconnaître

Avec ce savant mélange qui ruisselle dans la nuit

La folie médusée la haine entrouverte la peur

Qui te dit au lointain que tu conçois encore

41


*

Dans la nuit ténébreuse

À la recherche du phosphore

Ô l'étrange volonté

De désirer apprendre

Dans l'obscur en pensant

Agité en demeure

Ô sublime aventure

De vouloir s'apaiser

Dans l'intelligence pure

Dans l'obscur en pensant

Ô cité bienheureuse

De se construire soi-même

Pour guide sa lumière

Pour certitude, son Dieu !

42


Dans l'espoir, en priant

Ô Lumière bienfaitrice

Qui savait qui j'étais

Qui nourrissait mon cœur

De substances sublimes

Dans l'espoir, en priant

Et l'ombre de moi-même

Me permit de construire

L'édifice intérieur,

Le château de mon âme !

Dans le noir, en priant

Ô l'Ami invisible

Eclairant comme une aube

43


Avec ses jets de flammes

Jaunes et rouges écrasant

Dans l'éclair, en sachant

44


*

De rechercher en

de nouveaux domaines

de claires résidences

non pas des labyrinthes ou des cloisonnements

mais l'espace intérieur inconnu

à découvrir

C'est encore soi, mais un soi ignoré

de sa propre conscience

C'est une sorte d'aventure de l'esprit

- ce qui est caché - invisible encore

qui doit apparaître toutefois

De-ci de-là très à l'intérieur

cherchant et balançant

lumière claire, fluides de phosphore

Trajectoires inventées, déplacées, reconsidérées

45


Mais avec quelles matières cérébrales,

quelles traces à appliquer ?

Un monde

toutes les nuits

qui échappe, s'enfuit

Infini et Un,

qui se construit et délivre un message poétique

Quel message ?

46


Suites et Relances IV

Prier avant d’écrire

Prier avant d’écrire comme un geste

incantatoire

Ô signes blancs ! Ô l’espoir en supplique !

Tu vois, Muse, j’implore encore ta chair claire

d’élever quelque peu mon humeur mensongère

vers l’idéal rêvé

J’allume les candélabres pour embraser de phosphore

la chambre enténébrée

Vers ton haleine chaude, vers tes parfums, tes chaleurs

de fille exquise, offrant l’orgasme cérébral

au poète chancelant

47


Suites et Relances III

La paupière pense

La paupière pense. Activité retournée, intérieure,

Vers le cerveau, - l'ami ! Les yeux fermés, il

Ne dort pas - il conçoit ! Des mots à connecter.

L'encre et le papier sont les supports seconds. Le

Cerveau mêle, démêle, associe, combine. Il

Prétend, et c'est peine perdue... la faiblesse

L'accable. Depuis vingt-deux ans, il fixe le feu.

Son feu. Envahi par du phosphore inconnu, inutile.

" Pure imagination, disent-ils. Insignifiance,

Non, rien. " De jour en jour, pour le dedans. Flot

D'écriture qui se déverse au dehors par la bouche,

Par la main sans avenir pour le papier qui finira

Dans la poubelle de l'oubli. Tout sera-t-il écrit ?

Un sentiment d'empoisonnement envahit mon âme.

48


*

Je ne puis m'enrichir - il n'est question que de ma médiocrité

- vaste haleine débordante d'excréments

et de pensées nauséabondes,

Le Vers s'implante alors - la mort, les rapaces,

les tortionnaires, les pourritures de pus, et au loin

une lumière tiède et discrète, insoucieuse.

La névrose s'installe, - elle vient, je l'éprouve

dans l'angoisse du quotidien. Puis une liane

de phosphore qui irise là un intérieur noirci

par le vieillissement, par la rouille séculaire

d'une mémoire endormie.

Autres références : les champs tendus - comme des nerfs

cérébraux parés pour une entame, - parties d'échecs,

de poker menteur, de bridge subtil, - ou bataille simple -

certains coups sont évidents.

49


Lola

Toi, toi changeante

(bouleversée, tu m’émeus)

Toi, toujours plus changeante

Que l'on cherche à sonder

à exploiter autrement

Tu vacilles de grillages en libertés

de carcans en nudités

Tu oscilles dans l'éclatement

de l'étonnement

Inutile de te prendre, de te capturer,

La fausse mensongère qui invente, dissimule ;

veut sortir un instant, halète, supplie,

gémit - cendres et flammes

avec profusion de Néant

J'étais toi, de toi à moi,

habitudes qui coïncidaient avec l'orgasme cérébral

pour des sortes d'effractions éphémères

Fulgurants coïts ou piétinements littéraires

50


d'agencements ;

- de nuit, phosphorescent et mielleux en neiges

sanglantes

S'allonger, s'étirer comme une muqueuse sensuelle

et sexuelle ; avec sécrétions - pour la très lourde

inquiétude de n'obtenir RIEN

Regarde où j'en suis – exclu ;

Accouplons-nous en nuits chatoyantes et dorées

Encore, en vain, en de si nombreuses lignes

inutiles ou perverses

Ô toi, tombée dans le mental pour ce peu

Moi, je t'accompagne avec de méchantes douleurs

les plus profondes - sombres

Deuils, deuils et morts,

en décalage, sans stabilité,

les tiens, les miens, à personne

toujours dans notre attente...

51


*

Accroché à la fièvre plongeant dans l'ire

Affûté de couteaux

des petits monstres courent dans ma mémoire

Flux, poussés, lancés,

Ténèbres et phosphores,

neurones et chimie

Rimaille qui rime à quoi ?

(Ils dansent encore, tes petits monstres !)

La fièvre, l'ire, la volonté floue

Considère l'acte qui t'impose à manier,

Guide l'instinct, imite le repos du poète

Puis, goulot et corps planté dans la terre du poème

recherchant mes puissances,

aux livres lié

réactions d'écriture, crache

52


Autre séquence :

N'ayant-jamais-voulu-être-lu,

digne de l'oubli, spéculation en soi

Donc toujours cette fièvre

Consume-toi, imite-les

Travaille.

53


*

D'obscur en obscur,

que je ne connais pas

Que vienne l'obscur !

Extraire de l'ombre quelque lumière claire

Se rendre à soi-même utile, et surgir !

Nulle phosphorescence ou création de jets, pourtant.

Une bouche avide, une langue qui essaie

pour l'accomplissement d'une quelconque écriture.

Non de soi, non de l'autre mais pour qui ?

Retours au Néant et à l'obscur.

Et que faire, que dire, qu'écrire ?

Ainsi tu n'obtiens rien

54


exhale ton obscur, exhale.

55


Suites et Relances II

Dans le ciel cloué le noir d'un nuage

La violence marquée au plus haut

Je vole sur l'aquarelle haineuse

J'invente un fantôme chargé de mensonges

Tout à coup ce roulis d'ivresse, ce souffle bas

Fort, accablant toute pensée.

J'associe avec

Rudesse, avec vigueur la ferveur de ce flot

D'écriture. Ce qui est caché, bien en dessous

Semble émerger, monter, jaillir tel un geyser d'eau

Lumineuse ou phosphorescente.

Mes paupières

Des lancées claires sur un brouillard sombre.

Est-ce de l'énergie mentale ? Une autre forme

D'activité intellectuelle qui façonne ou organise

Le poème à obtenir ? L'obtention est celle-là.

56


L'agencement élaboré et la critique dérisoire

L'air se noie dans la terre épaisse, la matière

De l'esprit lourde de relents ingurgite encore

Quelques possibles nourritures ; l'on voit plantés

Ici et là de faibles arbrisseaux à la sève

Chantante - Quel avenir pour leurs fruits ? Ap-

Prendre à mâcher, à lentement saliver le suc

Rare pour en tirer la quintessence salvatrice de

L'âme. Contempler le pur soleil divin, tenter

D'atteindre sa beauté redoutable. Dans son

Horizon constellé de bleus phosphorescents et

Rouges, il espère encore quelque reconnaissance

Amère ou avide, mais reconnaissance toutefois

Car il offre au lecteur subtil l'agencement

Elaboré d'un poème que l'on prétend dérisoire.

57


*

L'observateur caché dans le miroir d’en face, sans reflets,

décomposant en cent mille paillettes les infimes parties

du Moi, ici et là cliquetis de phosphores

désireux de comprendre comment cet assemblage hétéroclite,

ordonné, désordonné avec du manquant, ombre et clarté

parvient à offrir à l'intelligence les sucs rares de l'esthétique,

de la sublimation et du créatif.

Pénétré ces formes curieuses dans l'ardu et le sensoriel,

le subtil et l'évaporé, avec le mécanisme cérébral propre à

chacun ; déchiré ce labyrinthe de papier ou l'emprunter avec

un système de déduction et de compréhension,

voilà ce que peu de personnes s’essayent à faire, préférant

l'image facile de l'écran qui passe et disparaît au détriment

de l'image de mots plus difficile certes à concevoir, mais

dont la substance rare tel un parfum éternel embaume

l'âme de l'amateur.

58


Suites et Relances I

Autres limbes

J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,

Où la confusion cotonneuse rend informe

Tous les objets de la veille. Je glissais

Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie

Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte

De transe imaginative offerte à la raison

Toutefois.

Des élans de pensées jaillissaient çà et là,

Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.

C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit

Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent

Par recomposition et mémoire activée des souvenirs

D’autrefois.

59


Puis j’entendis douloureusement la voix

Suave du Christ qui m’invitait à le suivre

Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.

60


Résonances VI

Femme phosphorescente

Avec l’utilité du Néant

enjambant le cercle clair

elle avance obstinée et sage

pour construire dans le silence

Femme phosphorescente pensante et sexuelle

refusant la faiblesse

suscitant tant d’espoirs

dans la lumière naissante de l’écriture

brillant, éclairant çà et là

quelque ténébreuse recherche

soufflant sur des mots mystérieux et irréels,

dans l’arôme de sa bouche

Je désire son visage transcendé

et me colle à ses lèvres pour extraire le suc

de son savoir et l’exprimer ici

61


Résonances IV

B.I. 98

Fleuves impassibles ....... non, plus guidé par les haleurs

OK, criards avec cibles

Poteaux nus, naked black colors

D’accord, équipages, blés flamands, du Rubens,

Du Rembrandt, Vermeer aussi, .... puis ?

Laisse-moi aller où je veux,

Laisse-moi, - je descendis, je glisse

L’hiver, toujours l’hiver et les cervelles vides

Avec potentialité intellectuelle.

Allez outre - plus loin - là-bas

D’autres espaces, d’autres lieux, d’autres rives

62


Encore de la tempête, de la folie interne

De la danse à l’intérieur, - c’est ça : bondir

Ou rouler - roulé-boulé - OK rock

Partir avec l’eau verte d’Arthur

Du vin bleu, des vomissures, de l’ivresse,

De l’alcool, de la défonce, pourquoi pas ?

Gouverne-toi, tiens le bon cap dans la fuite

De la mer - astres, lactescent, azurs verts,

C’est - : pensif, noyé, descends.

Ou folie avec bleutés, délires, rythmes lents,

Accélérés, dingues - est-ce sexe ?

Va-et-vient ? - Avec lyres - électriques ?

Ca fermente - ça devient - des sécrétions

Vaginales. Tu bouffes - c’est bon - tu bouffes.

Donc des éclairs, des orgasmes - courants, des peuples

Des colombes - c’est pas joli, ça ?

Et voir ce que l’homme croit voir.

63


Voir nourri de vérités mystiques

S’illuminer - fuir sur des figements violets,

Rêver de neiges éblouies, de sèves éternelles,

De phosphores, d’éveils, d’élans purifiés

Heurter d’incroyables Florides, des panthères sexuelles

A peaux de chair, des femmes-lynx scandinaves

Encore de la pourriture, des gouffres de honte

Où l’on cache sa misère de poète,

Son ridicule et sa médiocrité

Ô soleils, ô cieux d’amour,

Quelque miséricorde ! Parfums de haine !

C’est certain - toujours à la recherche de vents

Supérieurs - ailes légères ou l’ère

Peut se déplacer.

Il y a cette femme à genoux - toutes les

Femmes à genoux - j’ai dit : toutes

64


Recule, recule - je suis derrière.

Ou encore : poète c’est-à-dire :

Bateau perdu, ouragan, carcasse ivre d’eau,

Hippocampes, planche folle, cieux ultramarins,

Tremblements, angoisses, solitude,

C’est bien dans ces nuits sans fond que tu dors

Et t’exiles, ô puissance infinie,

Ô vigueur inconnue

Des aubes scintillantes, des torpeurs sanglantes

Des soleils amers

Ou encore : le retour à l’enfance,

Car on ne peut jamais - non jamais

Supporter le fardeau de cette horrible vie.

Non jamais.

65


*

Nul ne sait qui je suis.

J’habite une bulle métaphysique

J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore,

Je palpe du silence.

Je broie de la Lumière, je l’accouple

avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit,

se développe, s’impose.

Qui prétend accéder à mes limites ?

Je dénonce les distances, je les déplace,

je pousse les bornes.

Suis-je seul, de Moi à Moi,

Quelle avancée ? Jusqu’où ?

Décalez-vous sur mes limites. Ajoutez,

allez plus loin.

66


Résonances III

*

Nul ne sait qui je suis.

J’habite une bulle métaphysique

J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore,

Je palpe du silence.

Je broie de la Lumière, je l’accouple

avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit,

se développe, s’impose.

Qui prétend accéder à mes limites ?

Je dénonce les distances, je les déplace,

je pousse les bornes.

Suis-je seul, de Moi à Moi,

Quelle avancée ? Jusqu’où ?

Décalez-vous sur mes limites. Ajoutez,

allez plus loin.

67


Résonances II

1

l’imaginaire. corrections. pensées.

en moi.

pour explorer, développer

comprendre

cette ténèbre vers une certitude de phosphore

Une tête de poèmes

2

Choix solutions propositions

tentatives

combinaisons au sein de l’écriture

en constance de phosphore

mots vides de sens à accoler,

mot vides

se posent sur la longueur de la ligne

68


Pour personne

Des écritures nouvelles jaillissent de l’ombre, comme des

boules de phosphore ;

La cité inconnue, de mirages, où grouillent la poésie et la

littérature ;

Aucun espoir de vie - tout espoir réside dans la mort . Ce n’est

pas une ambition, ce n’est pas une certitude d’avenir, c’est le bon

sens qui m’offre cette vérité-là.

Il n’y a pas à comprendre - cela est.

Notre chant est un chant de misère, détesté de tous.

Ont-ils réellement tort ? Peut-on parler d’injustice ?

L’évidente certitude - LA CONSCIENCE.

Ils disent : “ Non. Nous sommes. C’est autrement.”

Et pourtant quel refus ! Quel rejet ! Alors ? ...

Je suis dans mon ombre, j’y sélectionne quelques solutions,

sans convoitise, sans prétention.

J’avance lentement et propose du n’importe quoi.

Nulle crainte. J’écris pour personne.

69


Cœur délabré

Cœur délabré, détesté, haï, en dehors du monde, tapi en soi, à

l’intérieur tu es pur. Expulse encore, soupire, dans

l’éclosion de ton matin.

Ton espoir caché, au plus profond ; ton phosphore illumine ta

nuit, - ton néant !

70


Résonances I

Marche en soi-même

Comment marcher en soi-même ?

Comment aller vers sa propre écoute ?

Comment s’élever ?

Je ne suis qu’une onde infiniment rien

qui pénètre, sillonne, s’enfuit

désireuse d’atteindre le lieu secret de la raison

prétendant y découvrir un soleil

C’est un rêve de chaleur poétique

un flux constant de désirs

qui nourrit ma nuit

J’enveloppe ma chair intérieure,

je la dénude

et la pousse aux soupirs comme avec une femme

épuisé, serein, exténué, je m’endors

71


repu parfois

Qui me soutiendrait ?

J’ai dans la tête

des glaces évocatrices

des miroirs courts, menteurs, faussés

Non, je veux m’étendre

sous des braises exhalées

chaudes et phosphorescentes

Peut-être y trouverai-je

l’or que j’y cherche ?

Vide créateur

L’âme plonge

dans le vide créateur

La pensée foudroyée

est morte, est vivante

72


du moins sa lumière

est phosphorescente

Au plus profond,

La fille s’étire

Penser est un vice

avide qui se dévide

tout élan

est un infime

commencement de l’intelligence

Il construit dans le rien,

dans le peu, dans le mièvre

il y cherche des preuves

L’univers en soi

Étire sa toute puissance

73


Ici vraiment peu

Ici vraiment peu, faiblement

papier noirci - de blanc vers le noir.

La santé, l’explosion, l’écriture, l’aptitude - oui - quelle

capacité ?

Une poussée étonnante de neurones phosphorés

Prétends savoir, comprendre - en vérité, Quelle certitude ?

Pour aller vers le rien, le nul, l’insignifiant

Je vous suis - cela est non - car il y a Mallarmé au-delà plus

fort, - Human Bomb - sachant faire exploser votre 26 de

signes autrement construit

pour le plaisir de la guerre littéraire

74


C’est l’ombre de moi-même

C’est l’ombre de moi-même qui me poursuit encore

Mystérieuse et pure en longeant ce grand mur.

Quelle est ma part dans ce destin ? Est-ce bien moi

Qui produis tous ces signes dans le soir infini ?

Le mot est un marqueur indiquant le départ,

Les signes s’accompagnent, construisant la syntaxe,

Le pas est incertain et j’avance à tâtons.

Je le sais, je le sais, je m’enterre, je m’oublie.

Cette couleur du temps s’efface doucement.

Mon spectre sans phosphore descend dans son sépulcre.

Et l’auteur du poème imitant ses faux frères

Se meurt ayant atteint cette piètre limite

Où l’ordre de ses pas allait cahin-caha.

Sublime était l’écrit suivi de l’anathème.

75


L’épitaphe

Tu es dans le silence, tu ne vois presque pas.

Quelques lumières éparses semblent t’accompagner.

Devant toi, avec toi, le vieux soleil s’endort.

De tristes flamboiements éclairent ta confusion,

Mais tu espères encore une lune sublime

Auréolée d’orgasmes, de feux et d’écarlate.

Un miroir apparaît. Avec obstination,

Tu l’observes, le regardes. Des certitudes en toi,

Semblent imposer un centre que d’autres ont déplacé.

Tu poursuis cette voix qui va tout au-dedans

Éclairé de phosphore qui s’éteint, qui s’allume

Sans trouver un produit de quelque utilité.

Te voilà bien poète ! Et c’est bientôt ta mort

Avec pour épitaphe : Retourne d’où tu t’en viens.

76


Syntaxes

Syntaxes

justesse de mon être

qui plonge en soi

et remonte

quelque chose d’aléatoire et de risqué

ego renvoyé

Le sang, le phosphore, l’énergie mentale

Syntaxes de modernité

d’avenir ?

Que sais-je ?

77


MessagesVI

Le coq

femme claire

De la nuit s’endort, de la nuit - quoi ? Une chair frileuse de

(Encore une lancée intérieure)

cristallin

et voltigent, s’épanouissent des brassées d’oiseaux dans l’air

(Soudain pour l’âme, soudain)

mien, si -

un manteau d’épines malgré les flèches vertes de l’esprit - le

Il se couronne pourtant,

du moins essaie, se prétendant faible

Le coq aux aguets

78


d’intelligence de phosphore

à l’écoute de l’Esprit.

79


Avec mon sang

Avec mon sang

Avec mon squelette, je marche

Des vents rouges m’emportent

Des décombres, des ruines me guident

Accompagné de solitude,

je marche

Au-delà du temps

Oui, exclu de tous et de toutes

Enveloppé par le mal dans un sac d’épines

Comme un maudit, je danse faussement

J’exige la paix, éclate la haine

dans ma demeure, sur mon chemin,

ici, là-bas

80

J’éjacule mes faiblesses

Est-ce cela ma vengeance ?


Je construis sur des espaces

nouveaux et inconnus

Et m’écoute écrire

Dans cette avalanche de livres

En vain, je produis

dans un secteur de pertes

et de médiocrités

Je creuse dans le sable

pour y extraire nul grain

Ce qui reste en moi-même

Est perte, est peu

Que puis-je faire ?

81


Je suis banni

nulle étincelle, nulle soie

nul frisson d’estime

Je cache mon visage

Je me préfère dans la ténèbre

le dialogue improvisé

Saccages, décombres

et honte avec boursouflements

d’écriture

Ainsi exclu dans ma chair

mon sang, mon combat

Voici les poèmes de médiocrités

Il y a l’amour de soi

la haine de soi

la volonté de mieux produire

Ma femme s’appelle personne

Hypnose

lente descente

l’idéale

Mes écrits refusent d’être lus pour y chercher

82


de perfection.

Quelle bêtise !

La force, l’action constantes

fabriquant du verbe

La beauté est endormie

dans l’ignorance de sa pureté

Elle s’imagine, suppose

mais à tort.

Coulent des livres ensanglantés de haine

de douleurs, de ridicule, d’insignifiant,

d’humiliation

Bariolé d’étincelles

phosphorescentes et incandescentes

Comment s’épanouir dans le cercle de lumière ?

83

Mais le front est vide

rien qu’une faible voix

qu’un murmure qui doucement


gémit

Nulle extase d’écriture

Seulement des faiblesses

Ne plus y croire

Avoir la certitude de sa médiocrité

Chercher jusqu’au délire Qui méprise son frère ?

Accéder au vertige Du peu, d’estime ?

Est-ce un frère ?

Fuir les fausses têtes couronnées

qui grandissent leurs ombres

alanguis sur des lits d’extase

Quelle est ma certitude ?

ombre

Un champ de déshonneur

... pour y enfouir son

dans la honte

où l’on creuse son trou de la poésie ?...

pour se cacher

84


J’ai dit la vérité

Qui m’a cru ?

J’ai dit : comparer, vérifier

Qui pèse quoi ? Avez-vous lu ?

Voyez la science, la technique

Le temps accentue ma certitude, ce que j’écris est vrai

Ils se partagent

la chair des suppliciés

Horreur, massacre, et

Bourreaux,

qui le croirait ?

Personne évidemment.

Allez, plus loin dans l’exil

au profond de toi-même

pensées, ville de langages

de perception, d’insignifiants

Allez encore

85


interroge les profondeurs

extrais les racines

Scie ton crâne

comme une boîte à idées

Tu y trouveras peut-être d’étonnantes certitudes

dedans se trouve la substance de livres

Car c’est ta stupidité qui est à bannir

à chasser

Et nous, nous lisons ta production

avec un œil moqueur

Tu as du sang, un assassin, de la souffrance, écris-tu ?

tout cela prête à rire

Que vaux-tu ? Rien

Chaque lettre, chaque signe est une insignifiance, paroles de peu..

86


Chez toi, tout est faible

c’est de la médiocrité

et je connais ta place

Ton encre court de faiblesse en inutilité

et je sais ce que je dis

Ta place est derrière

ton encre s’oubliera

87


Messages V

Parfois, parfois

Parfois le soleil, parfois la terre avec ses inutilités de choix

d’écriture, de possibilités à extraire, ses manques d’audace. Cela dépend de

l’aptitude du poète, n’est-ce pas ? Cela dépend.

Sometimes the sun, sometimes the earth with its inutilities of

writing’s choice, with its possibilities to dig up, out of risks. May be the

poet’s capacity, may be not.

Il n’y a plus d’angoisse. Le jour est clair, rempli de sérénité et de

sagesse. J’en suis à produire pour exprimer ma force et mon aptitude. Tout autour

de moi semble en paix : il y a d’abord cette lumière chaude et lourde, apaisante

qui délimite ma pensée. Puis ce silence de bien-être où l’esprit heureux pourrait y

trouver du ravissement. Je suis rempli d’une quiétude et d’une tranquillité

abondante. Il n’y a nulle résistance dans cette conscience : la stabilité y demeure

et son balancement est parfait.

Puis je vois ou j’entends, - du moins je perçois cette montée de

l’activité cérébrale. J’ai l’étrange certitude de ne pouvoir la diriger, de la

savoir m’échapper. Je m’impose, j’exige que cette pensée se soumette à mon

autorité. Une intensité de lumière intérieure monte pour éclater en principe

phosphorescent. La lumière me heurte, je ne puis m’opposer. Elle existe et

s’installe.

88


A présent, il fait nuit. Cela est fort sombre. Pouvais-je ne pas céder ? La

force était ancrée au plus profond du Moi, et jaillissant çà et là semblait

impossible à maîtriser et à contrôler. J’étais un étranger en moi-même, inapte à

décider, subissant un acte de faible violence. Qu’ai-je connu ?

Tu veux fermer les yeux pour y voir, pour voir l’intérieur de ton

esprit. C’est un vaste horizon, une immense terre de recherches et

d’investigations. Oui, baisse tes paupières. Regarde pour le dedans. Là sont

les mots, les souvenirs et les puzzles qui te permettront de construire des

images.

Ainsi tu veux t’observer. Plonge dans cette étonnante aptitude ou

capacité cérébrale. Impose-toi un commencement. Veuille découvrir quelque

essence claire, légère ou libertine. Pense à une force belle ou nouvelle. Va au

plus loin de cette infinité, expectative d’un labyrinthe ou d’une combinaison

de jeu d’échecs. En vérité, spécule.

Tes mains s’agitent, tes jambes s’étirent. Déjà, tu cours en toimême.

Qu’y a-t-il à voir, à faire ? Alors cherche. Encore. A présent, il faut

travailler. C’est l’instant de la sublimation, de la forte découverte qui devra

engendrer de la satisfaction.

Le temps s’écoule. L’esprit est déçu. Te voilà retourné à ton état

premier de paresse, de dégoût et d’indifférence. Que tires-tu de cette

expérience ? Que prétendais-tu obtenir avec cette capacité ? Telle est ta

89


réflexion. Quelques instants se sont passés, et il ne reste rien. Ou plutôt, il

reste cette feuille noircie avec de vils caractères inutiles et stupides.

90


Messages IV

Nourriture messianique

Autour de ma pensée

s’impose en absolue vérité

la certitude tourne

Ce souffle que je respire

se compose de particules électrifiées, vraies

comme une pluie de uns et de zéros

Je me nourris, je m’enrichis

j’avale le pain invisible

composé de corpuscules

lumineux et phosphorescents

J’aspire au miracle divin

dans la prison de verre où je vis

Mon cri atteindra-t-il la voûte circulaire ?

vivrai-je éloigné de la mort violente ?

91


Je mesure ma faiblesse

ma médiocrité

le ridicule de mon travail

Je voudrais déchirer cette honte

que je porte

accéder à quelque chose élevé

le puis-je ?

Autour de ma pensée

s’impose en absolue vérité

la certitude tourne

92


Interrogation

Je m’allonge sur mon lit et tache de comprendre. Jusqu’où puisje

aller ? Quelles sont mes limites ? Mes yeux scrutent l’intérieur et tentent

de toucher quelque certitude au milieu d’objets morts ou de poèmes jaunis.

Je ne possède aucune pesanteur et je sillonne les zones d’ombres, les

fontaines lumineuses, les façades phosphorescentes. Je suis le poète

immobile, et défilent des femmes, des spectres immortels, des Dieux

sublimes. Pourquoi ?

Je reste allongé. La nuit succède à la nuit. J’étais mort. A présent

je suis vivant. Nulle question n’a été élucidée.

93


Les armes dérisoires

Étendu,

Pierre tombale dans le lit des amours

Yeux sanglants

Sourire de saint

Tu conçois encore

et tu penses t’élever

Ton impatience jamais n’est apaisée,

tu ne peux dormir

Avec ton phosphore,

tu espères brûler la nuit

Le poète combat avec des armes dérisoires

94


Filles dévêtues

Filles dévêtues

dans des chambres immenses

Il y a grand nombre de filles belles

pourpres et cristallines

sur des papillons de soie envolés

Des spectres de chevelures tourbillonnent

lumineux et phosphorescents

dans la blondeur des cendres

les filles s’emportent prises d’extase

par le vent de l’ivresse

95


Éblouissements de nuit

Éblouissements de nuit

nous voyons sous l’invisible

des traces de vérités phosphorescentes

Tout se situe à l’intérieur

nous y montons, y descendons

cherchons encore

La pensée coupante tel le diamant

pourfend la chair,

la déteste,

détruit le corps

Le temps, éclair ou éternité

s’immobilise dans l’âme du poète

qui est violence, qui est colère

foudre jaillissant des yeux

Idole se détruisant,

96


contemplé de personne

admirant son génie

méprisé de tous,

Toi qui te vois et t’observes

priant ton propre soleil

lion et force rugissante,

es-tu lumière ? Scintillements imperceptibles ?

as-tu rencontré d’autres soleils ?

97


J’écris ...

J’écris (Il éclair là-haut) vous

Dans l’ombre

chrême ma chair

Phosphore par la nuit je élever

Et cette évidence non connue

Je fournis insi gni fiant d’admi

ration je est-ce

et c’est moi encore

Scrutant l’avenir pro pro

phécie exact

Je par transparence en pensée lumineuse

Qui comprend qui moi seul toujours

Et mes Dieux,

Merveilles

98


Œil

Œil replié en soi-même

D’éclairs, de feu et de phosphore

99


Messages III

Nous construisons

Nous construisons notre tombeau afin d’accéder à l’immortel,

avec l’espoir d’une étonnante durée. Le poème est d’outre temps. Homme

maudit, tu gémis, tu pourris, vers de terre rempli de phosphore. Je veux

purifier ta sève exaltée. Ne faut-il pas se suffire de la reconnaissance de l’audelà

sans se soucier de la crédibilité humaine ? Ne faut-il pas ?

Je m’enfuis, je trouble mon âme, je déploie encore le

fabuleux éventail de diapasons et d’arcs-en-ciel, et le souffle de feu aère ma

cervelle en émoi.

100


La gloire du maudit

Combien te sachant avec tes ambitions effrayantes,

dans cette nuit sinistre, tu m’apparais grandi à la flamme

maudite, pauvre cervelle, dont nul souffle n’exorcise la douleur.

Le phosphore émanant de ta personne, comme un boueux soleil,

t’établit en son centre. Sois satisfait, arrogant rimailleur au

crachoir rempli.

Ton poème est obscur, les chiffres y sont invisibles.

Tu veux briller et exploser dans une gerbe multicolore. C’est

détestable, mais tu es dans la nécessité d’avancer. Là s’impose

l’ignoble dilemme. Tu dois t’enorgueillir au-delà de la honte

épousant ta modeste condition.

101


Je m’étais purifié

Je m’étais purifié - Ô ma vie, tu transmets l’immatériel - dans une

large envolée de sel et de sang. J’étais l’enfant atteignant son zénith ; puis

poète, je fus entouré au milieu des ombres violentes. Je ne pus accéder à la

beauté.

Vieux, voûté, je plonge dans la nausée du poème. Une lampe de

phosphore m’éclaire parfois. Elle vacille entre le silence et l’abnégation.

J’atteins ta limite, - ô vie servile, de honte et de labeur. Je marche

à présent dans ma certitude d’avenir perdu, possédant la vérité des hommes.

Je n’engendre que le mépris. Je m’éloigne dans mes décombres à l’aube des

finis.

m’exprimer.

Oui ! Ma fin approche. Je n’ai plus que quelque temps pour

102


Messages II

Une idée vraie

Une idée vraie m'éveille, m'éclaire, s'unit à ma raison pour former

un couple de certitude, de vérité peut-être...

Du moins il y a doute, car l'esprit s'impose, propose sa loi avec ses

principes, son fonctionnement. Il y a jugement, volonté de peser, de

balancer, puis choix.

Mais tout cela se produit en un instant imperceptible, à la vitesse

inouïe du phosphore, qui cogite là dans cette espèce de conscience qui

veille sur la mémoire.

Alors qui dit vrai ? Qui détient la certitude ?

Dois-je raturer, rejeter ou reprendre lentement marche sur marche,

step by step ?

Ou fondre désespérément et laisser la rumeur embrasser le cerveau

qui attend ?

103


Nuit

Nuit

Comme un front rempli de torpeurs

De lumières sombres, d'accidents éblouissants.

S'éloignent, s'entrecroisent les feux

Et les phosphores dans les miroirs de la raison.

Encore la sainteté avec pureté d'ailes blanches,

Avec écrasement et douleurs infinies.

Le ciel ouvre les murs

Et apparaissent les Dieux, Beauté et Beauté.

Retours au travail, en soi, par autrui,

Par Eux, par la blancheur spirituelle.

104


Trouverai-je ?

Syntaxe de l'intelligence ! Ô pure combinaison sans nul délire. Si

proche est la pensée où la raison s'illumine !

Sous le front qui conçoit, un souffle de femme se méprend ; point

de fille-chair dans la savante nuit !

Trouverai-je en ce clair silence sous ce grand hêtre suprême nourri

de phosphore et d'éclairs de certitude ? Trouverai-je ?

Oui, toi excitée de vitesse, sans précisions, hélas ! Es-tu prompte à

tressaillir, à bondir sur l'autre versant de ta raison ? Toi de légèreté et de

blancheur conçue ? Toi dont la jeunesse cérébrale s'accompagne de force, toi

élevée dans le souffle du Parfait...

Tu rêves de dominer le trône de ton âme et de t'unir avec une

sublime princesse à la connaissance prophétique !

Veux-tu te taire ! Tu t'en retournes encore à la perception

féminine, nard d'épouse, senteurs d'essence dans la brume aérienne !

105


Constamment gisant sur ses pieds nus parsemés de coquillages et

de rondeurs exquises...

106


La cité intérieure

Environné d'espoirs

Souffle immense de rumeurs

Grandes silhouettes impalpables

Alors je pense, j'entends

Je conçois

les perceptions sont irréelles

Inaudibles - tout se fait et se défait

Autour de moi.

Donc j'avance dans mon centre

Dans ma pensée circulaire.

Oui, j'avance

Au milieu des graines illuminées

de phosphore, de néant

de certitude et d'imbécillité

J'avance de manière sereine.

J'entends un murmure plaintif

Y a-t-il bourdonnements d'images ?

107


A présent je produis quelque peu

Je tire des signes

Un espoir est planté dans la cervelle

comme un drapeau noir sur blanc

comme des signes sur une feuille de papier.

Le poème s'élabore.

Voilà,

Dans ma ville poétique,

Je réveille les néons,

Quelques lampes s'éclairent

Je prends en moi, je vole à autrui

Je déambule sur les traces de mes idées

bric-à-brac d'étincelles

Maintenant je marche

à droite, à gauche, je décris ce que je vois.

Façade belle de femme,

serrure de sexes

odeur de salpêtre

Oui, comme une statue de marbre

108


puis portique, cour intérieure

Va-et-vient du passant

balance, oscillations

et toujours ces silhouettes

formes impalpables, inexplicables

mais présentes

Je cherche dans cette rue l'extase

Mes yeux chavirent, brillent,

miroirs captivants.

L'avenir toujours est interne,

occulte, sous un flot de transparences

sous des folies de merveilles

Il brille de femmes, de feu, d'orgasme

Tout se mêle, se dissipe, se recrée

dans la grandeur du Temple

On entend des voix monter, supplier,

Quémander,

On entend des gémissements

l'âme se plaint, interroge et veut jouir

comme une fille en rut dans l'épanouissement.

109


Les souffles lentement s'éloignent.

Me voilà à nouveau titubant

cherchant

un principe absolu qui m'échappe

qui m'égare.

Au milieu des réverbères,

je tiens ma lanterne

allumée de certitude

certitude ?

A rire

Me voilà couvert de la cendre des étoiles !

Je cherche un nouveau quartier

un lieu où l'être comprendrait

sa durée, son génie, son invention.

Une porte pour l'être ?

Non ! une voie sans issue

je cherche encore

donc j'écris.

110


Chaque lettre s'associe, se confond, se mêle,

va puiser dans la mémoire quelques possibilités

la ténacité persiste

elle ressasse et veut exploiter.

Au centre de la place,

il y a un jet d'eau,

un arbre fluorescent,

est-ce pensée suprême

est-ce cœur de la ville ?

J'avance à grands pas

dans la cité solitaire

Les immeubles couvrent de leurs ombres

le seul passant hagard que je suis.

Je cours mais je me crois immobile

je suis comme soufflé, aidé par mes pensées

pourtant je n'ai pas même l'impression

d'avoir marché.

Je crois être resté moi-même,

au même endroit...

111


Le temps semble le même,

et instable à la fois.

Oui, j'écrivais donc

à la lumière de ma cité

dans le dédale de ma raison

en absolu de croyance

en certitude d'éternité

et de prétention.

Ainsi j'achève l'acte,

le mouvement de mon propos

avec conscience de perte

et de faiblesse

avec l'espoir de chasser l'infamie.

Je me parle encore, mais l'autre dort.

Entends-tu ? Non je dors.

J'avance dans le noir, seul.

112


La beauté s'épuise

La beauté s'épuise !

La pensée intérieure

Délaissera l'espoir d'un désir frémissant...

Eloignée, éloignée

La chair se meurt.

Envole-moi ! Le phosphore supérieur

S'éblouit dans l'air cristallin !

Imprègne-moi de manne condensée

Et nourri d'un souffle fécond

J'éloignerai le concept stérile

Qui gît dans mon âme interdite.

Le poète creuse et cherche, dit-on.

Le corps sanglant, il implore l'espace

Quel avenir ? Quelle sortie ?

113


L'Esprit est riche, mon désert infini.

Ce qui croît s'éteint chaque nuit

Dans leur continuel refus.

Mon aube est assoiffée de justice...

Leur donner ce qu'ils rejettent !

Leur offrir ce qu'ils méprisent !

Tiens-toi en éveil sur le bord du chemin

Comme une certitude d'avenir,

Leur folie les condamne déjà.

Accède à ton idéal,

Tu es et ils ne seront pas.

114


Messages I

Cent chairs de femmes

Cent chairs de femmes resplendissant ici

Eblouissant de fleurs parfumées et de musc

Se répandent sublimes dans l'âme ébahie

Superbes et irréelles par profusion d'images

Alanguies sur sofas et sur litières de roses

En cascades de corps de blondeurs amoncelées

Que je sais interdite d'extases, évanouies

A la lune halée d'images et de phosphores

Et moi de vertiges pris maîtrisant mes délires

Etonnante folie de fantasmes interdits

Pour l'adoration de peaux et de substances

Dans l'esprit inventif du poète amoureux

115


Inspiration

Environné de vide

Tremblement immense de ma certitude

Grands souffles impalpables

J'espère obtenir le poème

Je pense

cela semble se construire

Les choses de syllabes viennent s'offrir

J'avance doucement

dans cette spéculation de l'esprit

J'avance pieds illuminés de phosphore

ou de néant.

Je poursuis ce murmure qui m'indigne

la marche de la logique

de la folie.

J'enroule un tourbillon d'images

à présent je propose quelques signes

à ma critique boudeuse.

116


Ce ne sont qu'éléments fantasques

sur le chemin de mes pensées

Sont-ce les miennes, d'abord, ces pensées ?

J'exploite autrui,

il y a emploi, réminiscences, emprunts

condensation, symbolique...

Je travaille avec qui ?

Avec des hommes ? Avec des Dieux ?

Je voudrais concevoir avec les Lumières...

117


Souffles nouveaux I

*

Les feuillées vénérées illuminent l’espace clair sous la pensée

limpide qui se liquéfie, se fragilise puis explose en mille sons multicolores et

dansants là-dessous.

Des nébuleuses sphériques bariolées de lumières voltigeantes

tourbillonnent, jonglent et fuient là-bas derrière les masses bleutées, et

vagabondent.

Les torrents lavent les berges en haillons de verdure. Plus loin un

peintre écrase des couleurs rouges et ocre sur un carré de toile. La voûte du

ciel est bleu électrique. Je ne comprends pas.

Quelle insouciance de l’esprit, quel vagabondage de l’âme sans

raison, sans logique, uniquement confronté au jeu de la lyre pour produire des

coups, des combinaisons heureuses et audacieuses !

Ce n’est pas travailler pour accéder à la Vérité, mais c’est rire

d’une activité impie, c’est caramboler pour le plaisir du divertissement.

118


Ah ! Que ne puis-je m’en retourner à ma rigueur d’autrefois !

Comme je hais ce désordre ! Le parallélisme assure au marcheur l’avancée du

pied droit suivie immédiatement de celle du pied gauche ! C’est vrai que l’on

subit la monotonie du placement. Si du moins les paysages étaient de belles

femmes vert émeraude, repues de chair et plantureuses. Alors en moi

s’exciterait la représentation confuse et confondue d’une avalanche d’images

aptes à stimuler...

Et l’essor joyeux me porterait...

Non, je cherche à parler sérieusement, à exprimer la justification

de la règle qui obéissant à l’inspiration s’associe avec elle pour fabriquer un

produit de l’esprit capable de séduire le lecteur.

Sur l’ombre vive enflammée, le fluide de phosphore et les mèches

dressées couleur opale lèchent la crête verte.

L’œil interne s’illumine, la pensée secrète s’éveille tout à coup

pour exploser en millions de photos, de grains d’éclaircies qui transmettront

l’idée à naître, celle qui cherche à vivre.

Je dois produire ; il faut accéder à un principe supérieur de

stylistique. Hélas ! Que puis-je entreprendre, moi jeté dans le XXe décadent ?

Ai-je la raison et la rigueur du XVIIe ?

119


Je suis l’énergie

Je suis l’énergie, souffle par le Père qui te permet de produire, de

concevoir, de prévoir ; je suis ton essence sublime ou divine, installée en toi,

qui caresse de sa substance superbe, les neurones ridicules dans lesquels

j’espère.

Ô conscience ! Ô subtile conscience des Dieux dans l’infini léger

ou le vacarme carnassier. Et cette certitude du chaos, du néant, de la

profondeur, de la limite du rien, vers le négligeable, le presque rien, le je-nesais-quoi,

le bruissement d’éveil, le picotement aérien de la vie, le

fourmillement microscopique de la cellule.

Mais quel est mon hasard ? Où est mon vide ? Je plonge dans

l’exercice de la compréhension, moi qui suis peu, hélas !

- Un rien qui écrit pourtant.

- Pour pas longtemps.

Que me faut-il extraire ? Comment contrôler ce flux de pensées ?

Je ne cherche pas le hasard, je ne veux pas le combiner, l’arranger

avec cette infinité d’informations que l’on appelle mémoire.

120


Je désire peut-être l’extase du poème, la superbe exigence du don

subliminal, ce temps d’infinie jouissance dans un moi idéal...

Je cherche à capter ce qui fuit, comme l’enfant presse une poignée

de sable dans sa main pour l’empêcher de s’écouler.

121


La jeune pensée

Ô fille légère presque dansante dans l’orée de mon matin, vois, je

me baigne d’images claires, de pensées aériennes,

d’imperceptibles bruissements d’ailes... ou je te regarde, tu

t’animes, tu virevoltes et reviens très fine te poser sur le bout de

mes doigts.

- Est-ce là cette fille, cette pensée alerte ?

Cette fille est peut-être sotte ?

- Veux-tu te taire ? Là voilà déjà cherchant autre compagne pour

s’associer dans un ballet printanier. Puis une autre encore semble

surgir de l’escarpement de l’intelligence, qui chante, court et

danse... Observe ! Elle, délicieuse, de grâce vêtue, telle danseuse.

Tout cela est vraiment délicat, de voilures vues et se courbe, et

butine, folle dans l’éther, posée et s’élève à nouveau.

Le bel état subtil de formes insaisissables et entrevues dans l’éclat

de lumière de filles aimées !

Ces instants, ces éclairs, ces fragments conçus et perdus, ces bonds

de la cervelle... Elles se disputent une forme, avec baguette de

phosphore et voltigent, tourbillonnent sur elles-mêmes, et

122


semblent démêler le pur de son impur, semblent défaire l’informe,

chassent la lie, et s’éveillent dans le sel, mon bel aliment !

Si l’une veut se cacher dans l’ombre, c’est pour reparaître ingénue

ou libertine, folle ou insouciante. Je me régale de ses jeux

amoureux, sibyllins.

Allez viens, pose-toi sur ma bouche et me donne le doux baiser.

123


Grappillages

Extase

D’un futur décadent

Espérant l’élixir

Du génie transformant

L’impuissant en soupir.

D’un noyau éclatant

Son phosphore incompris

Dans le creux de mes ors

De mes flaches insoumis.

Toi de ma pure épreuve

Toi mon sexe sur ta bouche

Que je dresse que je couche.

Quand le jet spasme encore

Mêlant ses mille efforts

A la chair de mon corps

Te suppliant ma mort.

124


Quand de ta transe extrême

Tu implores mon suprême

Deux momies s’abandonnent.

125


Espères-tu encore

Espères-tu encore m’extirper un savoir

Te permettant hélas de te penser m’avoir ? ...

Espères-tu m’extirper un savoir

Te permettant hélas te supposer m’avoir ?

Sont-ce des ondes inconnues, des sources d’influence

Dessinant en ton âme quelque phosphorescence ?

126


Des flux de topaze

Des flux de topaze circulent dans les cieux cristallins. Des

énormités, des souffles aspirent dans des mouvements circulaires et

montent vers le paysage impossible à décrire ; plus haut, ce sont des

vents et des flammes, des rouges incandescents et des lumières

phosphorescentes qui se mêlent, se mélangent dans des tourbillons

enivrés comme des orgasmes, bouillonnant comme des crinières folles

de femmes.

Mais le retour à la station première est imposé par le maître des

lieux. Qui est le maître ?

127


Le Livre blanc

Quand j’aurais épuisé

Quand j’aurais épuisé ma semence charnelle

Dans tes gémissements, ô ma douce cruelle,

Quand le noir repentir sur la couche d’extases

Saura trop me punir de l’horreur des orgasmes,

Je plongerai mon cœur dans ses froides ténèbres,

J’éclairerai mon âme de ses torches funèbres,

Et regagnant ce lieu que tu ne connais pas

J’irai maudire mon corps d’aimer tous tes appâts.

Et peut-être verrai-je à la clarté du Mal

Descendant l’escalier de mon vice infernal

De ces vers resplendir le feu des passions ?

Dans la nuit son phosphore rongera mon remords

Et me fera mourir de pénétrer ton corps,

Ô mon sublime objet, sombre tentation

128


Sueurs sacrées

Appelle la mort

Appelle la mort, ton bel espoir. Dans l'éternelle nuit, elle vomit ses

torrents d'éclairs, phosphore et savoir. A toi de dépecer le cœur de la

chair, l'ignoble du sublime.

Toujours dans ta torture, supplie ton innocence. A te frapper, ils

s'habituent pour leur plaisir.

Une idée d'initiative, d'invincible tentation ; imperceptible,

probable, respectée pour sa recherche.

129


Ombres bleues

J'étais

J'étais toujours cet immortel inconnu des hommes, une lumière

phosphorescente mais interne.

130


Prières/Phrases/Exil

La plupart étaient des monstres

La plupart étaient des monstres d'horreur : sévices sexuels,

crimes vicieux, sadisme crapuleux. D'autres se baignaient dans des mers

de sang, et buvaient avec délice les règles perlées.

Il y avait un ange qui survolait le conte. Je me souviens de ses

ailes d'or pailletées. Bêtement, je l'imaginais dans l'Azur. Puis je me

revois très nettement en boule phosphorescente, imposant dans un règne

astral l'éclipse des mouvements perpétuels.

Lui perdait son poids et ses valeurs, moi je gravitais dans les

chiffres de l'impossible. A la chute, je fus métamorphosé en ogre terrible

jouant avec les maléfices.

131


Ô toison d'or

Ô toison d'or

Rêve que nul n'éteint

Dans l'ombre des noirceurs.

Ici c'est à la lumière

Violette d'Igitur

Qu'il faut phosphorer.

Mais génie de vertige

Ou de fumées embrouillées

Les nettes ou sales vapeurs

M'ont déjà enveloppé.

Si quelque riche Prince

Glisse sur les poèmes d'or

A la clarté de s'ensoleiller

Qu'il vienne s'enivrer.

132


Les stigmates profonds

Les stigmates profonds ensorcelèrent mes plaies. Le sang violet et l'or

blond coulèrent dans mon cœur et dans mon âme comme des flots de

substances alchimiques. Je me suis nourri dans l'ombre des secrets, illuminé à

la flamme intérieure. Et le génie phosphorescent éclairait parfois mes regards.

Mystères et illuminations

Mystères et illuminations,

Qu'il s'éclaire à la lampe du génie !

Prodige phosphorescent

Dans les pâles clartés nocturnes

Qu'il s'assombrisse

De luxe et de richesse !

133


*

L'aube de l'ange. Il voltige, tournoie, tourbillonne sur lui-même. Ho

! Les éclats argentés, les scintillements parmi les quartz de cristal, les neiges

et les poudres de lessive transparentes aussi.

Il s'illumine en petite fleur magique, en sainteté aux couches

inviolables, plus pur que les colombes de cristal. Il se place très haut comme

sa loge artificielle est vacante.

Tel qu'un mystique en lévitation, mon aura rouge et or projette ses

vastes rayons massifs autour de mon génie phosphorescent et parfois

blanchâtre.

derrière l'Enfer.

Je m'exile tout simplement dans une humble patrie, plus haut,

134


Poïétique

***

La femme. Avant moi, certains ont dit : transfert sexuel pour la

sublimation de l'Art. Des contre-exemples dans la littérature démontrent que

ceci n'est guère fondé.

De l'agitation et de la crise. Ainsi le cerveau secoué, stimulé avec

des pleurs ou des rages de rire est heureux présage. L'explosion nerveuse -

volcan grondant puis bombes de lave - le livre brûlant, matière pure jaillit du

Néant.

L'envoûtement stérile n'est qu'un état de poésie. L'alchimie

incantatoire sortie des braises multicolores ne phosphore en rien.

l'Œuvre.

L'apport spirituel du fantôme, résidu de nullité, d'insouciance dans

Le Duel, la vibration douloureuse et l'explosion du verbe - Rien -

Le Néant toujours recommencé.

L'uniforme m'invite à me haïr.

135


Les grâces obséquieuses du dix-huitième : ronds de jambes,

sonnets déclamés à la Pompadour !

L'effet de nature, archaïsme romantique, bannit la découverte ;

sinon la transformer par la révolution de la fin du siècle. Je sais : elle obsède.

Sa présence perpétuelle - support inépuisable de monstres et de facilités.

plus ceci.

Il a écrit : les bras de cristal, les vallons bondissent. Je n'admets

Je résiste.

Expérience - Détruire l'entourage. Et forcer sur le vers abstrait,

avec l'application d'une philosophie.

***

Des capricieuses infortunes poussant mes extrêmes à se contredire

: de l'ignorance en toute chose.

des naufrages.

Une forme en parfaite mutation. Rôles des pôles dans la stupeur

136


Vagues éclairs dans la nuit offerte au sacrifice. Sortes d'appels

divins comme les offrandes de chair humaine s'amoncellent sur le marbre de

l'autel.

Il n'y eut rien. Il y avait surtout des tas de couleurs

phosphorescentes, lumineuses à l'extrême. Ces cas de possession font ricaner

la science et ses principes.

Le docteur annonce la sentence : hystérie.

137


Louanges du feu

Fou qui penses

Fou qui penses à panser ta cervelle qui pleure ses divagations

poétiques ! Tu cherches encore à refuser l'impossible. Ta maladie te lave. Tu

expulses, tu craches. Ton psychiatre te l'a déjà dit.

La lumineuse ruelle éclatante d'obscures bombes

phosphorescentes s'élargissait comme il la traversait en cette nuit boréale

couché contre son soleil.

Il parlait de lui.

L'écart qui sépare un génie d'un mystificateur est comparable à la

fine couche de nickel qui éloigne à tout jamais, qui rassemble pour toujours le

côté pile et le côté face d'une pièce de monnaie.

138


Murs de cire

Murs de cire

Comme des tampons de cérumen

J'entends les voix sombres

Venues du monde meilleur

La cervelle écoute

Car les sons ne passent pas

Par les oreilles.

La tête enregistre

Les pulsions démoniaques

Le cadavre d'homme

Roule son âme

Jusqu'au cimetière

Et tombe son corps inutile

Parmi les vers phosphorescents !

139


Collages

Je devins fantastiquement pervers

Je devins fantastiquement pervers. J'embrassais toutes les ombres

et je me roulais dans leurs vapeurs jusqu'aux premiers signes de l'aurore.

Je transformais ma chambre en théâtre du rire. Tous vinrent et

apprécièrent les exclamations du pitre. On me dit intéressant, mais on me

traita d'idiot. Je me pensais sérieux.

Je conservais dans les profondeurs de mon inconscient toute ma

jeunesse vécue. Je croyais avoir affaire à des initiés. C'étaient des imbéciles

incapables de saisir le moindre effet.

Je me retranchais en moi-même. Les nuits vivantes s'écourtaient

grâce à mon savoir. Je vieillissais sans la conscience du temps, trop accaparé

par mes discours.

Mes énigmes attristaient. Je me fis hiéroglyphes indéchiffrables.

Je garderai le secret. On me passa le feu. Je l'alimente de phosphore. C'est

mon don. Je bouscule les heures, les temps et les saisons. Je suis un

mystificateur. Ma faute fut de déchirer un chef-d'œuvre. On me taxa

d'amateurisme. La preuve : je ne gagne rien. Qu'ai-je à faire de ces

confessions ? Un feu immense d'où jaillira un autre souffle.

140


Ha ! La malsaine confusion nous induit dans les bouffonneries les

plus saugrenues ! Ha ! Les tares de la jeunesse. Mais ces élans de joie, ces

grands sentiments, comme tout cela est beau !

Je divague. L'ancêtre est en moi. Je suis immortel. La sagesse me

rappelle au bon sens, au calme. Je dois vivre trois minutes en une. Je veux

cracher sur les prodiges. Ha ! Maturité, intelligence, savoir !

Mais pense-le, imbécile, et tais-toi ! Ces points d'exclamation sont

la preuve évidente d'une âme révoltée, en pleine ébullition. Compte, tache

d'accentuer, retiens-toi. Fais l'amour à ta page blanche. Qu'elle jouisse

lentement, ta salope ! Qu'elle soupire et qu'elle hurle de désirs. Puis laisse-la

reposer dans ses extases molles !

Je sais ce que je hais. Oui, je hais cette excitation stupide que l’on

appelle inspiration sans rigueur, sans algèbre, sans mathématique de l’âme.

Quelle est cette femme qui se pavane dans le sofa de l’esprit, qui

s’essaie à des poses languissantes pour tenter d’exciter ma pauvre cervelle

fatiguée ?

odorantes.

Substance de chair de poème, de sécrétions délicieuses, vicieuses,

141


Ma faiblesse, ma nourriture, la nature de mon sommeil,

l’explication de mes délires.

Je puise au fond des circonstances ma raison irréelle, je provoque

la justification... Non ! De tout cela, j’en fais une poubelle où je jette mes

nullités et mes pertes.

Car voilà ! Je tends vers les cieux, vers le souffle et l’Esprit. Je ne

suis qu’un instrument, qu’un calame, je transcris ce que l’on m’inspire. Quel

est mon mérite ? Où est mon travail ?

Quelle valeur accordée à mon intervention ? Je m’en retourne à

l’état de rien qui m’est si cher, si petitement moi, au fond de ma bêtise, là tout

près du vers solitaire.

- Du vers phosphorescent, de la charogne de Baudelaire pour finir

au tombeau mallarméen etc.

142


Ma main

Ma main, ma pauvre main malade, n'es-tu pas lasse de coincer

entre tes doigts malingres cette plume désinvolte qui décrit des courbes, des

cercles, des demi-boucles et des sinuosités bizarres ?

Barbouille de signes équivoques les rectangles blancs. Crache ton

sperme noir ! Que les lignes s'accumulent les unes derrière les autres comme

des petits soldats qui occupent le terrain ! Combien de lignes nouvelles par

jour pour envahir la feuille stérile ?

Ha ! Tous ces gribouillis ! Toutes ces ratures ! Ce sont des combats, des

batailles avec soi-même ! Et si la pensée lâchait des ondes nerveuses, si une

machine spéciale contrôlait les efforts et les luttes du poète !

Ha ! J'imagine des lampes d'ultraviolets dont les rayons

s'étaleraient sur la feuille de papier ! Toute la page phosphorescente de

pensées et de réflexions invisibles à l'œil humain !

A en croire ton esprit, ta sève coule de ton futur et tu ressuscites le

présent. Tu as trouvé et tu cherches après ? Tu ornes ta pensée de vocables et

tu puises dans tes vocables pour en extraire ta pensée ?

143


Ne sais où je vais, ne sais que découvrir. Je creuse. Je suis dans le

Néant. Dans les entrailles de la terre, je me fais mineur. J'extirpe de l'obscur

la boule de charbon qui renferme peut-être le diamant.

144


L'éclair zébré

L'éclair zébré de lumineuses et de phosphorescentes rayures,

transperce le ciel et le faille comme une voûte colossale placée sur un grand

dôme.

Je m'électrise, je cherche la vibration qui se faufile en zigzag, et

je sens qu'elle est proche, mais je sais qu'elle m'échappe !

Pour qu'elle destination géniale ? Frappons d'un courant qui

parcourt un milliard de kilomètres à la seconde l'esprit des meilleurs. Que

cette vibration atteigne le cervelet des Immortels !

Je ne suis pas ivre, je ne survole pas lentement avec l'insouciance

et le dilettantisme de nouvelles nuées. Non, je veux frapper comme la

foudre. Qui atteindrai-je ?

145


Les hommes de science

Les hommes de science privés de ballons d'oxygène s'engagent

dans les profondeurs de l'absurde. J'ai appris qu'un électron pouvait passer

par deux trous séparés et distincts en même temps.

Vercingétorix.

Je lâche une charge. Elle remonte le temps et frappe le casque de

La trente-troisième bêtise reste à découvrir. Tous à la trouvaille.

Je prépare mes révolutions en coupant mes têtes, - une de médecine, une de

mécanique céleste etc... La prophétie impose à faire plus que réfléchir.

J'éclaire de pensées fulgurantes les déserts divins.

Le ruban de ma vie est équivoque. Je refais une destinée qui n'est

pas mienne. Choquant comme de porter les vêtements d'un gueux. Enfin ma

puanteur dégage des odeurs délicates et agréables. Le lecteur aime.

Toutes mes insomnies finiront par endormir ma cervelle. Je

m'épuise en de détestables résignations.

Ma vieille terre crache trois tonnes de feu. L'impuissant s'active.

146


Progressions perverses culminant au sommet de la lubrique

histoire : vierges et vampires. Eloignons-nous. Je monte aux cieux limpides.

démoniaques.

Exigences de la poésie : sacrements primaires jamais

Du feu ? De la pauvre lueur ? Les chandelles illuminées ? Le

phosphore court dans les cimetières, légendes bretonnes des feux follets.

Les vieux se calment, les morts parlent, les belles s'ouvrent

d'envie ; l'ancêtre tremble, l'au-delà écoute, la pucelle cache son petit

triangle. Vibrations érogènes dans des poils clairsemés.

Le maître du cyclone ; Eole, retiens la tempête dans la peau du

cochon ! Les pores s'enflamment, mon cœur bat.

Les Pygmées, les esclaves, les basketteurs trébuchent sur le tapis

de la fougueuse Afrique ? Les rythmes nouveaux sont là-bas. Atteindrais-je

l'Abyssinie ?

Idioties, répulsions. Recherchons les lèvres roses des femmes

noires. Explorons. Je jouerai les missionnaires. Les sueurs, les chaleurs, les

moustiques. Tout m'appelle à mes origines.

147


A danser ainsi

A danser ainsi, tu déchiquettes tes muscles

Tes omoplates cognent les plaques d'os

Et se désarticulent rachitiquement.

À baiser ainsi, tu perds ton sperme

Dans des fesses remplies de pus et d'excréments

Et tu jouis passablement

Dans des puanteurs malsaines.

À penser ainsi tu fatigues ton âme

Nébuleuse, intellectuellement limitée

Tu réfléchis dans un miroir qui ne renvoie

Que l'image déformée de ta mémoire médiocre.

À saigner ainsi les déchirures de peau roulent

Des flots, des cascades de sanglots

Et de larmes blanches comme l'enfance,

Et tu contredis la jeunesse heureuse !

À déchaîner l'au-delà, les âmes immortelles

148


Voltigent autour de son génie grandi

Au phosphore de poèmes remplis d'illuminations.

À savoir ton Dieu, tu avances

Dans une vie de martyre,

De basses concessions et de souffrances

Eloigne-toi de la pensée mystique

Et du dialogue intérieur.

À t'ensorceler ainsi les magiciens,

Les alchimistes préparent le diamant pur

Extrait du néant, de l'abîme et de l'inconnu.

À écrire ainsi, un monde ouvre ses portes,

Découvertes de l'enfer profond !

À chatouiller ainsi le sein éructé de la pucelle,

Elle offre béante ses cuisses fines

Et se métamorphose en femme.

Derrière le miroir de l'invisible,

149


L'ange à l'aile mitraille ta face

Constellée de feux et d'étoiles,

T'arrache à la vie

Et te condamne à l'éternité.

Le temps est la quatrième dimension,

Engouffre-toi dans le tunnel étroit.

À la vitesse approchée de la lumière

Tu rencontreras la Force Divine

Après approximativement douze secondes,

Temps terrestre.

À sortir ainsi hors de ton corps,

Tu atteins Dieu qui t'imprègne d'amour

T'oblige à dérouler les images de ta vie,

Et t'impose à retourner à la réalité.

Dans ton jupon rayonnant comme un soleil

Pour y oublier la nuit âcre et rance

Illuminée parfois de rayons immortels.

150


Je jette ma main

Je jette ma main au feu. J'éteins les lumières enchanteresses, les

flammes sexuelles, les lueurs phosphorescentes de mon âme. Je suis mort.

J'ai fui des maisons gavées d'anges, des lieux où les poètes

immortels se réunissaient. J'ai ainsi échappé au conformisme, et à mon état

d'artiste magicien.

Jamais femmes ne m'ont hypnotisé. J'avançais seul, les yeux

tournés vers mon soleil intérieur.

151


Le Moût et Le Froment

Nul ne portera

Nul ne portera à tes lèvres la coupe,

Assoiffé ! Mais ton sang bu dans les

Artères du mal glorifiera tes

Carences exploitées.

Les laits vidés de ton absolu périssent

Sur les étoffes usées des mémoires.

Même ce chant clôt l'abdication

Ancienne.

Soulèvements dans un cri, c'était hier !

Tout se crache : les compréhensions

Méthodiques restituent des voix d'or,

Surtout des offres ! En fait, des perles.

Un goût de survivance pourtant

Aux lâches besognes ; besognes

152


D'esclaves. Déjà les fuites,

Les départs sont impossibles.

Suc protecteur que personne

Ne voit luire ; moi, victime de

L'habit invisible ; il suinte

De tes pores les transpirations acides

De la clairvoyance.

Eclats de l'entretien dont les

Lumières éblouissent comme des phosphores

Neigeux ; moi-même : "Mares de sang

Autour des crimes de l'infortune ;

Violences à l'âme qui convoitaient

D'autres plaisirs."

Matrices rigoureuses, mathématiques de l'art ;

Ignorant qui achève le droit du hasard ;

Seul et unique possibilité

De la destinée inhumaine.

153


Le sort roule dans des veines de chaleurs,

Imbéciles révélations

D'une épopée unique,

Et des transferts déjà

Palpables dans l'obscur soi-même ;

Le règne de la philanthropie

Hurle son dû.

Silence.

Celui qui se lève marche sans se retourner

Mais ne peut rire de son insipide essai.

"Choisis."

Un nivellement qui échange des idées,

Des luxes, des obstacles et

De misérables gémissements puis d'éphémères

Bontés. Les lois divines sont bafouées.

Mais toi seul, tu conduis.

154


Mouvements sur les clartés

Mouvements sur les clartés et les paraboles d'argent,

L'hymne des fées et des vierges s'ébat

Et tournoie dans les vapeurs de l'été.

Fluides jaunes qui bondissent dans les chaleurs inertes.

Les ondes blanchies montent sur les faisceaux d'or.

Contre les rares sèves, les monts et les calices,

Un segment de droite est dirigé vers les champs,

Et l'astre gonfle le feu des lumières vivifiantes.

L'équilibre s'étend sur les folies boréales.

Le magnétique attrait subit les couleurs

Et s'élance sec et brûlant vers les pluies inouïes.

L'élasticité des secondes conduite par des photons

Perturbe la pesanteur des rayons irradiés.

Tout danse dans l'arc-en-ciel bruni

De force et de phosphore. Les lumineuses plaies

S'éloignent avec peine sous les pastels, par principe.

155


Il te faudra cette semaine

Il te faudra cette semaine vieillir les fruits exaltants et longtemps

descendre les montagnes de rêves. Ils symbolisent déchets et crasses,

putréfactions horribles, odeurs insoutenables que toi seul hélas ! tu oseras

humer. Dans le désespoir de la solitude, les sens malgré un dégoût répugnant

cherchent un bonheur vain, une délivrance et un air pur regretté. Ces roulis

de peines dès que la ligne de l'esprit sera irradiée blesseront, déchireront un

corps déjà noir de pus.

Images captivantes que la misère développe à une cadence

effrénée avec l'horreur que cela inspire. L'une d'entre elles assassine les

pages blondes qui vivent dans l'attente d'un lendemain. Elle détruit l'espoir,

cette unique contemplation que tu t'essaies à conserver en toi. Je la sais

brûler les taches d'or épousées dans les ténèbres de son néant. Je la sais

flamber les feuillets superbes dont l'existence est déjà compromise.

L'autre comme attelé par quatre chevaux dévale les sommets et les

pentes de l'infortune avec l'agilité divine. Elle, parée de somptueux bijoux

avance majestueuse tenant dans sa main droite les rênes de la postérité. Les

coursiers bavent de l'écume par les naseaux, se cambrent et crachent des

flammes qui vont se perdre dans l'infini. Elle seule sait les maîtriser.

156


Elle est ce corps svelte aux proportions harmonieuses, ce sourire

éclatant qui lui donne la dignité de la femme forte de son avenir.

Ce sont du moins ces parties qui se chevauchent, qui se succèdent

avec une vitesse, avec une rapidité incroyables. Elles glacent les intestins qui

éclatent sous l'action du froid, qui explosent sous les regards vainqueurs de

la femme.

Mais libéré ou prisonnier, sous le joug de l'incorruptible

confusion, les sinuosités m'envahissent. Les éléments même de la

déperdition s'acharnent sur les sueurs de l'insomnie. Des tremblements puis

des bontés, des drames puis des voluptés et des raffinements luttent dans un

tumulte de vice et de luxure.

Engagement de deux colosses gigantesques qui s'écrasent et se

relèvent, qui sont tonnerre et foudre, immortels et invincibles. Des sentences

pour ces démons, de phénoménales vengeances pour retrouver la quiétude et

la paix désirées.

Impitoyables ennemis et pourtant en harmonie avec moi-même.

Mon âme crée les combats, les charniers et les artifices. Elle engendre des

nuées de cauchemars, elle enveloppe d'étoffes gonflantes les cataclysmes

subis, les catastrophes vénérées.

157


J'aime à comparer cette fresque étrange avec l'épique marasme qui

détruit tout sur son passage, qui multiplie les dangers d'une vie vouée à

l'étrange et au mystère.

Quand s'éteignent lentement les lumières vacillantes des

chandeliers d'argent, les chambres consument encore les dernières lueurs qui

s'enfuient : or, palme et plaisirs ! Tout s'entrelace dans des coffrets

immondes, tout respire les parfums discrets que juxtaposent dans de

phosphorescentes fêtes des fantômes exhibés. Depuis que la porte laisse

échapper les envolées divines par des trous béants, ils mystifient la raison

pure et contribuent à haïr les actes sauvages.

Par manque de logique déterminante, hagards et bornés, leurs

mouvements irréfléchis restreignent les essais. Ils avortent les fruits dans des

solutions troubles et inexpliquées. Le poids des fatigues retarde un exode

désiré puisqu'ils font courber les protestations avec des fouets excrémentiels.

Je m'explique : hier, les pensées, les réactions se rejoignaient par essence

inconnue mais révélée. Des complexités poreuses montaient irréelles sur des

magmas de terres travaillées. On voyait s'élever les pulsions, il en résultait

cette appréciation mouvante et incertaine.

A présent les conditions diffèrent. Je malaxe des rejets, et les

substances inondent de caractères blanchâtres des œuvres indéfinissables ...

Un non-sens toujours, car s'accouplent des mots incapables

d'exprimer une opération logique. Ils sont des groupements subtils de

158


malfaçon, incohérents et pourtant harmonieux. Ils déterminent le doute

absolu que chacun doit posséder en soi. C'est l'incertitude pour le monde

incompréhensible. C'est convaincre l'homme de son impuissance à se diriger

soi-même.

Rien que des planifications et des regards braqués sur l'histoire !

Des illusions avec des instruments d'aucune efficacité. Vous brandissez des

rapports, des analyses structurées, des conclusions et des bilans sur le

devenir humain. Vos complexes machines sont vos cervelles grises qui

restituent des amalgames approximatifs. Des millions de données pour

d'insignifiants résultats ! Vous en êtes encore à la sorcellerie scientifique,

vous plaisant à programmer des banalités, des débilités de rêves enfantins.

De là, vos ressources se désagrègent, vos profondes expériences

n'accaparent que des vents incertains. Quand bien même de minuscules

vérités s'offriraient aux interprétations diverses, jamais vous n'obtiendrez la

juste appréciation recherchée.

Je suis la pensée qui exprime les intolérables mensonges que

personne n'avait osé dépister, la splendide tricherie que vous n'observerez

que chez les autres, qui se cache en vous-même malgré votre bonne volonté

et vos apparences trompeuses.

Vous vous propagez croyant manier avec habileté un appareil sans

âme, un bourreau sans sentiments, une sorte de divine force que vous

contemplez comme l'irréfutable Messie.

159


Hommes de science, vous n'idolâtrez qu'une mémoire, que des

fonctions irréfléchies. Vous vous plongez dans l'univers du chiffre sans

espoir de conquêtes sur le mouvement des destinées et de ses révolutions.

160


L’Huile fraîche

Tout s'éloigne

Tout s'éloigne dans le tombeau des phrases : - un hôtel ancien

supporté par quatre murs grinceux, une bouche d'incendie dont la peinture

rouge s'écaille faute d'utilisation, une rue passante illuminée par des

lampadaires phosphorescents, et un froid incandescent prêt à bondir au

premier de mes pas.

161


PHOSPHORES

162


FRANCK LOZAC’H

UN CENT D’AmOUR

163


Rien ne détruira

Rien ne détruira les frayeurs promises à son front si clair. Ni souffle ni

violence n'épancheront de fièvres froides les douleurs de ses plaintes.

Il vit solitaire et immortel, caché dans sa retraite au fond des bois. Il

dort d'un sommeil paisible ou contemple la nuit les grands champs alentours.

Encensez la sagesse de son cœur ! Embrassez son calme mortuaire ! Ce

sont ces bouches qui vous parlent, écoutez-le !

On se joue de lui pour un écrin de perles ? Qu'importe ! Personne

n'admirera le diadème qui l'habite. Son secret divinement gardé sera seulement

dévoilé au maître des lieux.

164


Un midi étrangement profond

Un midi étrangement profond où se consume l'air pur de nos actes.

D'anciennes survivances d'un passé moyenâgeux, des allégories puis des

spectacles, enfin des particules infimes déployées contre les murs de la cité.

Marcher, marcher encore et soumettre ses idées dans un hall visqueux, -

car tout mélange est de règle, et obtenir une place à l'ombre des infortunés. Voilà

la contribution latente pour nos incertitudes. Trébucher et parvenir ! Oui, parvenir

! Le vain mot. Ultime valeur, tu changeras les visions ! Oublie les règles, et

convoite un autre lieu !

Fuir, fuir ! Mais où ? Quelle destination sublime ? Quel mal nous

dépècera encore ? Je suis parti ! Une mélodie d'évasion. Un instant de solitude

espéré depuis tant de mois. Et puis... Et puis la chute ! Tu te romps, et les coups

portés ne sont que leurres ! Tu projettes une image, tu obtiens le maléfice ! ...

Que reste-t-il à inventer ? Une morale pesante, prescrite il y a deux mille ans.

En trois mots, un monde transformé suivant les transcendances d'un peuple. J'ordonne le

supplice, c'était le supplice. J'ordonne la paix, éclate la guerre !

165


C'est elle la petite morte

C'est elle la petite morte cachée derrière les vallons, elle, couchée sous

les feuilles jaunissantes de l'automne, avec une chaîne en or autour du bras. On se

souviendra de son visage longtemps !

Mais pourquoi est-elle morte ? Étrange créature qui à cinq ans n'avait

pas supporté cette impossibilité de vivre. Que d'inquiétudes, de peines et de maux

dans cette adorable tête chagrinée !

Les anges recouvriront tes cheveux de lauriers fraîchement cueillis, un

tapis de pétales roses t'indiquera le chemin à suivre, des images sur un mur

blanchi te divertiront.

sommeil de rêves !

Ô pâle enfant que la lumière jamais n'éblouira ! Belle enfant, dors d'un

166


Partir vers l'infini

Partir vers l'infini pour des étés abrupts ?

Hélas ! L'entendement qui encense mes nuits,

Comme un rayon oblique sur des feuilles caduques,

N'est que soupir, ô songe, éteint et agonies !

Pourtant steamer grée, vois à la poupe, j'obtiens

Tel un vieux rêve difforme, l'image délicieuse...

Que dire ? L'aventure est vaste ! Des vagues de rien !

Mais ces charmes à éclore sous la lumière affreuse,

Sont substances créées que trempent mes sueurs

D'amertume, mon âme toi qui chantes et qui pleures !

167


Le rêveur

L'œil voilé par l'azur qu'une lente descente

Éblouirait encore d'une clarté funèbre,

Prolonge une lugubre vision diurne entre

Les larges ifs plantés dans le lieu des ténèbres

Et succombe lentement, ô parabole magique,

À ce fade désespoir du paysage blêmi.

Comme buvant, perdu cette froideur de site

Que le maître du temps éloigne et abolit,

Il luit, rêveur ailé ! D'une pupille morne

Voit les tristes lueurs qui au lointain s'endorment.

La paupière que le ciel imperceptible bat

Couvre la pâle image, et le rêveur s'en va.

168


Comme un bruissement d'aile

Comme un bruissement d'aile posée sur l'endormie

Qui joue dans la pénombre à miroiter son vol,

Espiègle et bombinant, virevoltant ici

Embrasse la charmante, la caresse et la frôle ;

Comme des satins clairs qui jailliraient d'aimer

Sur le sein délicat ou la gorge sensible ;

Des rires confus offrant à des bouches rosées

L'apparat éclatant des demoiselles dignes ;

Comme une attente encore que celui-ci refuse

Car des calices d'or donnés au cœur d'argent

Échappent toutefois aux sanguinaires muses

Pour les blondes moissons de son stérile enfant.

169


Au soleil, je m'avance

Au soleil, je m'avance par ce brûlant servage,

Et l'ombre accoutumée à ma face soumise

M'emporte là, tout près de toi, jusqu'au rivage.

Mais ta substance aimée est déjà compromise ! ...

Que n'entends-je se plaindre ton rayon si brutal ?

Est-ce masse étonnante de son puissant métal ?

À mes yeux tant cernés, l'étonnement est doux...

Prolonge en ma fraîcheur de longues accalmies !

De l'embellie si vive, le regard flambant neuf

Consume les pensées obscures de ma nuit ! ...

J'accours sur ta mémoire rappeler en ton heure

Ces somnolences rêvées et ces voix enivrantes,

L'heureuse cérémonie sertie de ses candeurs

Qui forte en ce miroir, fait ma lèvre tremblante ! ...

170


À Sandrine

Repose sur ce sein que la paresse offense,

Et brûle en ma raison tes prochaines fumées.

De mon ravissement, embrasse les carences

Qui s'imposent sur ma joue frappée et profanée.

Alors pour ta liqueur, bois le fruit des délices

Et organise un songe où tu reposeras.

Qu'importe, vraie beauté, les mouvements factices,

Car l'appel de ta chair me redemandera.

Ah ! Courir sur les flots antiques de lumière !

Qu'une étincelle éclaire et chante tes fureurs !

À l'ombre du platane, je te vois, tu es fière ! ...

Parée de tes bijoux, de parfums délicats,

Tu lances des étoiles pour orner mes lueurs,

Adorable beauté que j'aime, et qu'il brusqua !

171


Il retiendra son souffle

Il retiendra son souffle, car lui ailé même dans les retombées de ses

pluies, s'élève inlassablement. Il sonde les déluges, les tempêtes et les vents, et

sous les vertes mers s'étalent les bruissements de ses eaux nouvelles.

Il confondra les cieux d'ocre, les horizons de l'amour, les vagues et les

cataclysmes. Même dans la topaze de ses yeux, renaîtra l'éveil de l'enfance

heureuse.

Au chant du golfe blanc, le visage de la vierge embrassera l'énergique

appel du carillon des matins. Pour l'assaut de la nuit, circuleront les nuptiales

rumeurs des astres étoilés. Et dans les miroitements des nébuleuses dorées,

l'automne resplendira pour sa fatigue et sa langueur promises.

L'évasive multitude parmi les vapeurs brunes, bouche ouverte, lèche

déjà les montagnes du printemps qui peintes aux couleurs de la lave mauve,

trempent leur duvet de soie dans les lacs glacés.

L'empreinte diluée de son pas neigeux, et sa robe incrustée de

minuscules diamants enveloppent le rivage de bronze et les couches de l'aurore.

Il détiendra la clé et du rêve et de l'instant de l'homme car lui seul est

ange et poète ressuscités.

172


Il brillait dans les yeux

Il brillait dans les yeux de ce rêveur ailé de lentes courses comme les

fraîches vapeurs matinales se levaient dans les rayons à la teinture pastel.

Dans les sous-bois où la fleur suave abandonne un parfum printanier,

ses souliers faisaient craquer les petites branches mortes. Et quand il eut franchi le

vallon - le vallon de mousse - ses pas accompagnèrent l'écho lointain.

L'exil s'essayait à de folles transhumances, les fureurs s'enivraient de

futiles préciosités et le jour descendait plus calme encore sur l'horizon limpide.

Il baignait et entourait son cœur de mélancolies. Son joug condamna

d'admirables complaintes. Ses regards enflammés par un esprit malin changèrent

en haine toute chose vécue.

Il but de ces liqueurs aigres et frelatées, et transperça avec des aiguilles

remplies de venin la face humainement désespérante.

173


Il aurait voulu

Il aurait voulu des courses folles - démesurément folles - à travers la

campagne, jouir des dernières chaleurs d'un automne avancé, et marcher à la

recherche d'espoirs perdus.

Il prévoyait dans toute sa candeur de fulgurantes et intensives

excitations de l'âme, des sortes d'images transformées pourtant réelles suivant les

lois internes de son esprit, suivant des pensées brutes tirées de son imaginaire.

Étaient-ce des rêves éveillés où le réel côtoie l'indécis, où l'excès est

maître de ses interdits ? Une liberté d'action parfaite dans le miroir de sa jeunesse

!

Une pierre jetée ricoche dans l'eau morne d'un bras de rivière, et la

lumière questionne le présent et son temporel.

Ce sont des vols d'étourneaux battant de l'aile, craintifs de la froidure.

Ce sont des montagnes lointaines qui dansent là-bas. Puis la femme, belle et

sensuelle qu'un espoir de conquête embrasse.

La magie est à répéter.

174


Il est un minuit

Il est un minuit qui se perd et que tu enjambes malgré toi. Certaines

concordances dissidentes naissent du coffre des ombres. Des feuillées d'abeilles

tourbillonnent par-delà les minuits dans les grands regrets du mécanisme. Les

tapis d'or placés sur les dômes d'azur ne sont que des succursales initiatrices de

notre inconnu.

Léger comme l'envol, virevoltant sur des incendies fraîchis, l'ange

plonge dans les gaz et les étoffes et les mousselines argentées.

L'horloge tinte les douze doigts de la présente année, et semblable aux

modulations des cloches à venir, s'évadent des sonorités tels l'Angélus ou la

Métaphore du Soir.

175


C'était d'une humeur claire

C'était d'une humeur claire, presque prompte à démêler les pensées

nouées de l'âme que je me réveillai, ce matin-là. J'aurais pu selon la bonne

remarque populaire, battre flots et tempête.

Il est de rares saveurs que l'on ne goûte à l'extrême. Le temps, notre

ennemi redoutable nous appelle à d'autres tâches. Mais ces instants de réflexions

avaient une telle intensité qu'ils eussent pu être confondus avec des instants de

bonheur...

J'avançais comme un miraculé qui retrouverait le fonctionnement de ses

jambes, émerveillé par la légèreté de son corps.

Mais un bruit ultime, l'imperceptible bruissement de deux ailes, et le

charme disparaît. Dès lors, l'engourdissement de mes jambes m'interdit de peiner

davantage, dès lors l'intervention stérile du refus m'interdit quelconque action.

Pourtant je te savais, et tu n'es déjà plus ! Tu disparais quand tu

supplies. Tu fonds mes pensées quand l'œuvre m'attend. Insaisissable amie,

comme je te demande ! ...

176


Auras-tu l'audace d'éterniser mes lueurs ? Voleras-tu aigle royal dans

les ténèbres de mes nuits ? Tu m'atteins aux premières requêtes. Tu t'éloignes

lasse de rêve aux moindres tourments.

Tu es ma maîtresse, et tu te joues de moi ! Essayer de parer ta

puissance, c'est me compromettre et te voir disparaître à tout jamais.

Délicate langueur, viens bercer encore mes rêves ! Sur cette bouche,

invente l'acte suprême de nos mélancolies ! Tu es en moi et pourtant impalpable.

Tu vis dans mon cœur, et tu te nourris de mon sang comme d'un sublime poison !

J'ordonne ta faiblesse, mais tu es mon amante et j'attends.

Vivre en toi, par toi et pour toi. Oublier l'ignominieuse carence de ces

faiblesses. Crier à tous la subtile saveur de la solitude ! Hélas, j'ai beau hurler, qui

entendrait l'essence pure de la vérité ? Quel être acclamerait l'ignorance de ses

actes ?

177


J'ai volé

J'ai volé à l'arbre frêle une mince couche de miséricorde, j'ai enflammé

un cœur déjà perdu à la cause première, j'ai délaissé des promesses impossibles,

des vœux d'amour, j'ai joué avec la connaissance usurpant çà et là des fruits de

stupides saveurs.

Sur une couche, j'ai réinventé l'acte suprême fort d'une imagination

débordante. J'ai transformé des images pieuses en symboles multicolores me

réservant le droit divin de retoucher comme un peintre l'empreinte de son tableau,

les vicissitudes de mes rêves transparents.

Plus loin encore, alchimiste de génie, prêt à découvrir le secret

ancestral, j'ai brûlé dans des flammes vives la page blanche d'un poème jamais

ébauché.

Vaste mutation proche de la réalisation, hésitantes exactitudes vouées à

un échec constant, quelles merveilleuses farandoles qu'une rêverie obscure

dispensait dans les ténèbres de mes nuits !

Magicien doué d'une sagesse constante, séraphin démoniaque ou

démon divin ? Qu'importe ! Tous ces noms gravés comme des dalles de marbres

dans mon crâne fatigué, qu'importe !

178


Dans des cavernes fantastiques, je me suis promis les couleurs du

printemps, - des pastels, des mauves, et des argents rouges comme le vin et blancs

comme l'écume. Ô l'arc-en-ciel transporté dans les bas-fonds de la terre !

Moi, homme de nuit respirant les fleurs disposées en corolles, humant

les senteurs de mon propre univers, Moi enfant qui trébuche et succombe dans les

dédales, Moi et la pluie, et le soleil et les étoiles, et Moi encore !

Quel vain et âcre mélange dont les fruits bouleversent les sueurs

extrêmes des envolées ! Quels affreux cauchemars qui conspirent

complaisamment pour jouir de mes souffrances sanglantes ! Oh ! Le jeu de la

mort ! Aucun vivant ne peut se défendre ! La mort tentaculaire qui possède corps

et âme, se vautre dans des rires immondes retentissant encore dans les globes de

me oreilles ! Oh ! La faux brillante persécute l'œil torve imbibé d'alcool ! Oh !

Les scènes de pillage ! Oh ! ...

179


Je croyais voir

Je croyais voir en l'or de tes cheveux un nuage tendrement endormi sur

des aquarelles mortuaires. J'y discernais un convoi de broderies éparses, et

j'embrassais dans cet amas confusément respiré la rêverie lointaine. Je m'égarais

dans les parfums, dans les sueurs de nos amours anciennes.

Mais toi d'un geste dédaigneux, presque machinal tu passas ta main

blanche et bien faite dans ce désordre de mèches blondes, et la noble rêverie s'est

plu à se défaire, n'est-ce pas, Isabelle ?

180


C'est un spleen

C'est un spleen qui renferme toute la nostalgie d'une lueur sublime, une

douloureuse faiblesse de cœur recueillie dans la solitude, morne solitude près du

feu pétillant de la cheminée, où le seul ami est peut-être encore cette bouteille de

vin rare et ce verre de cristal.

Glacial amour, amour tendrement chéri, amour rêvé, amour volatilisé

que la fantaisie de la femme reproduit inlassablement comme pour retenir son

idéal, comme pour retenir le temps !

Et la dernière lueur du brasier s'est plu à mourir. Ce n'est plus qu'une

lumière douceâtre qui baigne la chambre décorée de bibelots rares et de meubles

fort anciens.

Ce n'est plus qu'un désir impossible qui resplendit encore dans l'âme

d'Agathe. Ce n'est plus qu'une douleur inconsolable qui vit dans le cœur d'Agathe.

Enivrée par le nectar, elle s'endort entourée de somptueuses étoffes

posées nonchalamment sur le divan superbe.

Parée de somptueux bijoux, l'œil hagard et livide, soulevant d'une main

nonchalante quantité de soierie déposée sur le divan, elle rêve aux délicieuses

soirées passées chez les De Busy.

181


Et des images tenaces, toujours martelant son âme voyageuse

s'amoncellent les unes contre les autres comme une pellicule de film

inlassablement répétée.

Et dans ses souvenirs voués déjà à l'ennui, elle multiplie les scènes,

grossit les visages, et espère embrasser dans cet amoncellement de détails,

l'instant unique et sublime que son esprit s'était juré de ne jamais oublier : le

regard saisissant du jeune homme aux yeux foncés, tirant vers un marron extrême,

- ce regard de feu exprimant toute la force et l'intrépidité de la jeunesse

conquérante. Oui, malheureuse, presque envoûtée par ce sourire d'ange, par cette

bouche suave, elle éternise son évasive rêverie sur le caporal blond.

182


Un idéal songeur

Un idéal songeur où la seule fortune de l'esprit consisterait à grandir des

images pieuses comme issues d'un Livre d’Écritures, où la seule tentation de

l'âme serait d'usurper et de drainer dans sa propre logique les pensées éparses qui

s'incrustaient dans les parois de son esprit. Une expérience en soi unique, vécue

en autarcie suivant des lois internes et presque rationnelles, tel était le souhait, ô

combien désiré depuis sa tendre enfance par Magisture.

Élevé dans une famille peu soucieuse d'instruire et d'imposer une

éducation stricte et conventionnelle, il grandissait dans une liberté complète,

pouvant à chaque moment décider de ses agissements. Jeunesse heureuse et sans

contrainte, Magisture chérissait ses parents avec tout l'amour qu'il était permis de

posséder à cet âge-là.

Mais son rare ennemi, si ennemi était, inquiet de la faible rigueur

parentale était un oncle qui visitait deux ou trois fois dans l'année, pendant les

fêtes importantes, la maison des Ursus.

De quelques années l'aîné de Madame Ursus, il ne pouvait s'empêcher

de déplorer l'éducation trop peu conformiste dont un enfant en si bas âge jouissait.

Des remarques subtiles et des cris d'alarmes moralisateurs, telles étaient

les seules conversations qui jonchaient les interminables repas. Ces derniers se

183


poursuivaient fort tard dans la nuit jusqu'à des heures avancées qui faisaient

bailler de rage la pauvre Madame Ursus.

184


C'était un vieux boudoir

C'était un vieux boudoir où tremblaient des spectres d'ombres, où un

mal invisible rôdait lugubre parmi les meubles de la pièce. Point de mots, points

de regards - une attente éternelle épiait le moindre bruit, l'infime craquement des

planchers. Les boiseries comme travaillées nuitamment gémissaient de douleurs

et de plaintes répétées.

À travers les carreaux de la fenêtre obscure, une lune pâle, ronde

comme une hostie propageait ses rayons blanchâtres - un instant sublime que la

peur éternisait, un instant d'inquiétude et de bonheur en soi.

Il y avait les masses inertes de nos chairs blotties dans de profonds

fauteuils. Les yeux du chat luisants étaient prêts à s'enfuir. Et nos mains

transpiraient de faiblesse et d'effroi.

Un coup de tonnerre puissant et le silence disparaît. Un cri perçant de

sa gorge étroite, s'expulse et se propage en dissonance dans la pièce. Un cri

inhumain et la femme indécente se transforme en vampire !

185


Pour l'ombre de toi-même

Pour l'ombre de toi-même, tu voltiges et tu plonges

Dans le pur infini de ton morne délice.

Et battrais-tu de l'aile ? Toi tourmentée tu sondes

Les aurores oubliées par ton Génie propice ! ...

Lourd amas de vertus tournoyant dans l'orage,

Ton esprit s'égarait dans son Azur épais !

Sous le déchirement de l'éternel carnage

Un mage déployé venait et fécondait !

Que tu soulèves les roches, exilée dans ton âme,

Un Océan s'agite jusques à l'embouchure.

Et dans les sombres traits de l'odieuse voilure,

Tel l'étrange vaisseau qui longe ses parures,

Du pur consentement toi tu vas et regagnes,

Les mâtures inventées, les vagues et les drames !

186


À ma dormeuse

Je ne veux pas ce soir, licencieuse ennemie,

Respirer en ton corps le doux parfum des songes,

Ni déplacer mon cœur sur tes seins endurcis,

Ni la jouissance facile où parfois tu me plonges.

J'espère sur cette bouche inventer un amour

Puissant et immortel que tu composeras,

Redorer cette nuit jusqu'aux lueurs du jour

Dans la chambre lugubre offerte à nos ébats !

Qu'importe, les espoirs de nos mains en détresse,

Le souffle accéléré que réchauffaient nos yeux !

Je demande plus fort que houle et que tendresse,

Un bonheur sans silence pour l'esprit ingénieux.

Car de son pur cristal où le génie descend

Rêvent de vrais soupirs qu'avait soufflé l'enfant.

187


Venise

Et dans ce lieu fétide où dorment des gondoles,

L'eau morne et transparente fut raison de soupirs,

Ô sanglots répétés et si mouvantes violes,

Contre un ciel de grisailles qui voulait s'obscurcir.

Des barques s'étiraient sur l'étendue. Nos rêves

Profonds comme l'amour s'inclinaient lentement,

Et penchaient plus encore par le vent qui soulève,

Tremblaient, espoirs perdus, bercés au gré du temps.

Et toi ma calme sœur, tu chantais ma faiblesse

Lorsqu'un vol de corbeaux foudroya le vrai ciel.

Pour noircir les souffrances d'une odieuse paresse,

Je vis dans tes yeux clairs les rayons d'un soleil,

D'un soleil pâlissant, or, rouge et fatigué

Qui semblait se mourir à l'orée de tes yeux.

J'y trouvais un déluge de larmes délaissées

Croyant à l'avenir de nos étés heureux

188


Soupir ancien

D'un soupir ancien naît l'indifférente gloire

Qui éclaire de l'ennui le plus pur diadème

D'hier. (On prétendrait mourir en ma mémoire

Un or épais et ocre dispendieux à l'extrême...)

Fustigé à l'écart, éloigné des disciples,

Je l'entends battre inexorablement en moi ! ...

Vaste écrin d'amertume aux facettes multiples,

Il fuit, meurt avorté sans l'ombre d'un émoi ! ...

Mais que demain traînant son horrible fardeau,

Pour l'éveil purifié resplendisse son nom !

Peut-être testament au bas autel des maux...

Ô le soleil de chair contemplant un vain drame,

Idole de toi-même marqué à l'unisson,

Seras-tu des substances faire couler une larme ?

189


Les catacombes

A.C.B.

Dans les catacombes

Froides et grinceuses

Où des femmes affreuses

Émergent de chaque tombe,

Des lueurs blanchâtres

Faiblement éclairent

Les murs d'albâtre :

Un spectre mortuaire

Déambule et vacille

En ce lugubre monde.

Alors mes pas fébriles

Devant ces torches fugaces

Voient l'empreinte profonde

De mémorables traces !

190


Par-delà toutes ces marques

Par-delà toutes ces marques imprégnées qui usent ta vigueur divine ;

par-delà le harcèlement éternel qu'il te faut subir sous ces lueurs torves et

déchirantes, c'est l'esprit de la soumission que tu es prêt à tolérer. Tu jouis de ces

mensonges comme une femme complaisante nageant dans de monstrueuses

orgies. Tes revendications ne sont que des pleurs, facilités vis-à-vis des autres et

de toi-même. Car tu aimes à toucher d'un doigt mesquin tes saveurs déployées, tes

suavités fulgurantes. Tu aimes à entendre ces agaceries bizarres qui frappent ton

âme révoltée mais distendue.

Ces horizons s'illuminent tout à coup avec des torches vivantes,

enflammant l'intérieur possédé et visqueux. Quand bien même, tu rejetterais cette

image, tu la détiens. Tu la portes malgré toi, contre toi. Tu vis dans l'horreur de la

déformation, avec la vengeance, avec la bestialité sublime que tu sais battre en

toi. Ô puissance infinie et pourtant invincible !

Tu acceptes la soif de vengeance dont la seule nécessité est de te nuire.

Après la contemplation languissante, joie des règnes putrides, tu te perds dans des

luttes excessives, indignes de ton affreuse foi. Tu as longtemps goûté les

délectations fatidiques, les hymnes triomphants entendus à chaque heure du jour

et de la nuit. Les voyages bienheureux s'offraient plus loin. C'étaient des

sentiments blafards, des couleurs torréfiées, des fluides d'espoir et d'insouciance.

Plus loin des ors perdus pour des mémoires délassées.

191


Brillaient et se répondaient les scintillements sous des flammes

magiques, flambeaux exaltés. Ils prolongeaient l'excessive satisfaction d'un

regard braqué vers l'avenir, et donnaient la vision déroutante d'un mélange de

symboles et d'interprétations impossibles. Ils permettaient d'exister dans un futur

que les chaos de formes dispensaient de rigueur. Amalgames de rêves pour des

privilèges et des libertés promises !

J'ai aimé ces arrêts brutaux et ces départs impossibles qui flambaient

dans l'insignifiance du temps et de la raison. Je confondais avec les joies de

l'adolescence l'inertie totale et l'abandon d'un corps pour la folie sauvage de

l'esprit.

192


Fraîcheurs spirituelles

Fraîcheurs spirituelles qui vagabondent à l'orée des moissons, envolées

légères qui s'élèvent vers les cieux cristallins ! Jeune homme aux épaules solides,

va et porte tes fruits sur les terres purifiées. Laisse l'insouciance et la rancune sur

le seuil de ta porte. Là-bas les routes courbées et cahotantes déambulent. Mais

l'effroi et la crainte unis et passionnés te font languir.

Je te préviens, ton orgueil doit me suivre. Moi, j'obscurcis tes secrets, je

conjugue l'inertie, la force de tes vingt ans ! C'est le devoir aujourd'hui maudit, le

bonheur de demain ! Toutes les voix de la délivrance mystifient le Temple court

des repentirs. Toutes les traces des confrères sont à oublier. Il ne reste qu'une

femme sensible qui indique la route à suivre...

... Sueurs qui transpirent déjà par mes veines ! Et meurtres de l'enfance

que j'ai abandonnés ! Éterniser son malheur est raison du pauvre ! La magnifique

satisfaction de l'enjeu ! Ho ! L'immense succès que le temps saura apprécier !

Les lourdes terres s'impatientent. Il faut aller.

Mais je vois trembler les chairs, et les ordres se vautrer dans la

couardise. L'esprit fort se meut avec l'effroi de la bête traquée, cette bête qui geint

sous les coups de la mort, et ces douleurs lascives se lamentent sous sa peau !

Puis ce sont les cicatrices éternelles de l'animal qui a trop vécu, trop souffert aussi

!

193


Tu proposes l'horreur, tu fais briller les feux de la jouissance comme un

mal utile. La venimeuse vérité enfouie sous les ors et les semailles, n'éveillera que

des feuilles épineuses, qu'un cancer de haine dans des déchirements horribles.

La misère frappe mes voûtes nocturnes. Elle me prévient, bienveillante,

des dramatiques peines à venir. De ses dents aiguisées, le sang coule sur ses

plaies purulentes. Tu arraches l'abandon d'une vie de reconnaissance formulant

l'amour de soi-même.

C'est encore la brûlure d'un esprit purifié ! Le combat éternel contre soi,

contre les autres aussi !

... "Le fruit qui savamment a mûri, n'est point cueilli ? Doit-il pourrir

dans la terre déjà grasse, dans la terre si féconde ? C'était un jus fraîchi pour les

haleines assoiffées»...

Ta vorace solitude grossit dans les bras d'un égoïste. L'aigreur se

transforme en haine et maudit toutes les facilités acquises par l'ordre des

destinées, - des forces présentes en ton esprit !

Que ton souffle enterré s'émeuve de chocs funèbres ! Ô justice de

demain ! Et cette inexpérience, ce départ trop rapide seraient-ils les raisons des

lugubres échecs ? Les précipitations d'une jeunesse impétueuse seraient-elles les

principes de ces constantes erreurs ?

194


La faiblesse te condamne, et tu revêts l'habit du mensonge pour douter.

L'agacement servile et les plaintes sont les douleurs acides exprimant ton

insatisfaction. Désordres d'une cervelle qui succombe à la tentation de l'estime !

Tes plaintes seront-elles entendues ?

Les libertés dans les saines consciences, les mères pour ces veillées

douloureuses - pour l'élévation ! Ô ces lignes fulgurantes, envolées comme des

cris de jeunesse !

Ont-ils tué l'or d'une alchimie verbale ? Les puissants instincts ne

parlent plus. Ils tombent dans les feux de l'absence. Il reste un vide immense où

même les interrogations ne résonnent plus.

La faute est en moi-même. La voix était ailleurs. Les silences prouvent

que je me suis trompé. En dilapidant la source de l'espoir, tu as voulu vivre une

aventure impossible. Ta faiblesse véritable, c'était la vanité dans un travail bâclé.

La passive insouciance est ta plainte fatale.

Mais ce renoncement pour ces erreurs pénibles, doit-il faire oublier les

instants de bonheur et les grandeurs d'une rébellion enfantine ?

Le mélange de ton âme qui succombe à l'estime, toutes tes pensées

étranges, tu te dois de les contenir. L'agacement participe aux douleurs, irritations

de l'esprit mécontent.

195


Dans ces veillées pourtant, l'élévation de l'âme assurait la jouissance à

la libre conscience. Ces pensées fulgurantes planaient sur des plaies luxuriantes.

Et ces combats, c'étaient des victoires contre soi-même, contre le néant

aussi. La joie portait les couleurs vertes d'un devenir heureux. Les formes et les

éclairs s'accouplaient pour les délices du lendemain.

L'invention était stérile sans rejet, sans le "beau". Le pur effet de

l'inconscient ! Torche sans flamme, folie sans délire ! Un regard glacé sur la vive

adolescence qui riait de son propre étonnement. Que ma disgrâce demeure

comme je n'ai pas observé ni la rigueur ni la science pour une cause à présent

perdue ! Une voie nouvelle est déjà indiquée. Une station pour l'avenir des

symphonies tourmentées, la prostitution sous mille chaleurs, une expérience...

196


Ainsi ai-je vu

Ainsi ai-je vu de lourds chevaux traîner de superbes cohortes de sel.

C'était au sortir du rêve. Oisive, entretenue par la fatigue du matin, l'imagination

jouit, reine du lieu de la chambre. Elle conduit le repos jusqu'aux portes de

l'inconnu. Encore du drôle peuplé de romantisme, des croissants de bonheurs

comme des étapes successives. Elle égrène sa course puisque le sommeil gagne et

condamne les premières heures du lever ! Quand je distribue les rôles de chacun,

par de mesquines allusions, je les sais composer l'image sacrée et transformer à

leur goût les règles de mon propre jeu.

Silence, distorsions comme des cambrures sur de planes figures, puis

des mouvements cycliques dans des bourrasques d'eaux pleines : elle se plaît avec

l'impossible, rit de ses nombreuses découvertes. Amie de l'absolu, du négatif,

femme ou démoniaque Circé, qui est-elle ?

197


Il a perdu les esplanades

Il a perdu les esplanades enlacées sous les sourires de guerres et les

charmes frileux. Les baisers brûlants comme des soupirs florentins liquéfient les

pâles signatures d'un demain. Il avait aimé les fibres mauves ouvertes aux pétales

des insouciances, et bleus les esprits respiraient lentement. Sur des bouches,

l'haleine chaude avec des satins de bonheur frôlaient les tendres silences et les

neiges aussi. Comme abaissées, des pentes multiformes ivres et libres, et c'étaient

des duvets pour des brises raréfiées. Les pas tremblaient sur les couleurs, mais les

spacieuses plaies contaient les délices de l'air. Plus loin, transposée dans des

courbes, une pluie fine de battements montait vers des éclairs heureux.

Un jour la fluidité éloigna petit à petit l'étincelle verdoyante des fusions

lourdes. Parfaite dans sa rondeur, elle dansait sur les fils bleutés de la vie et

plongeait dans les intimités avares des silences. Contre les ailes d'or, les feuillages

fondaient leurs écumes et leurs chaudes toisons. Les boutons de soie sous des

sommeils de plaisirs soufflaient les hymnes de froidures. Maintenant invitée pour

les complaintes et les cris de l'enfance, elle laisse un à un les étés fuir dans les

chaleurs boréales.

Les filigranes et les miroirs réapparaissent trempés d'images troublées,

et les frissons vieillissent les ombres de la nuit. Les jardins puis les miracles

tombent et meurent sous les délectables souffles. Les fileuses consument les

grâces sublimes des instants. Dans sa blancheur, elle épuise les plaies pensantes.

198


Le songe s'épuise et l'espoir s'ennuie. Bouleversée, roulant parmi les

meurtres de ses ombres, épousera-t-elle l'effet des voix entendues ou s'écroulerat-elle

sous le poids de ses faiblesses ? Des nombres soulèvent déjà les passives

déclarations et les chants règnent sur l'or défini.

199


Il te faudra cette semaine

Il te faudra cette semaine vieillir les fruits exaltants et longtemps

descendre les montagnes de rêves. Ils symbolisent déchets et crasses,

putréfactions horribles, odeurs insoutenables que toi seul hélas ! tu oseras humer.

Dans le désespoir de la solitude, les sens malgré un dégoût répugnant cherchent

un bonheur vain, une délivrance et un air pur regretté. Ces roulis de peines dès

que la ligne de l'esprit sera irradiée blesseront, déchireront un corps déjà noir de

pus.

Images captivantes que la misère développe à une cadence effrénée

avec l'horreur que cela inspire. L'une d'entre elles assassine les pages blondes qui

vivent dans l'attente d'un lendemain. Elle détruit l'espoir, cette unique

contemplation que tu t'essaies à conserver en toi. Je la sais brûler les taches d'or

épousées dans les ténèbres de son néant. Je la sais flamber les feuillets superbes

dont l'existence est déjà compromise.

L'autre comme attelé par quatre chevaux dévale les sommets et les

pentes de l'infortune avec l'agilité divine. Elle, parée de somptueux bijoux avance

majestueuse tenant dans sa main droite les rênes de la postérité. Les coursiers

bavent de l'écume par les naseaux, se cambrent

et crachent des flammes qui vont se perdre dans l'infini. Elle seule sait les

maîtriser.

200


Elle est ce corps svelte aux proportions harmonieuses, ce sourire

éclatant qui lui donne la dignité de la femme forte de son avenir.

Ce sont du moins ces parties qui se chevauchent, qui se succèdent avec

une vitesse, avec une rapidité incroyables. Elles glacent les intestins qui éclatent

sous l'action du froid, qui explosent sous les regards vainqueurs de la femme.

Mais libéré ou prisonnier, sous le joug de l'incorruptible confusion, les

sinuosités m'envahissent. Les éléments même de la déperdition s'acharnent sur les

sueurs de l'insomnie. Des tremblements puis des bontés, des drames puis des

voluptés et des raffinements luttent dans un tumulte de vice et de luxure.

Engagement de deux colosses gigantesques qui s'écrasent et se relèvent,

qui sont tonnerre et foudre, immortels et invincibles. Des sentences pour ces

démons, de phénoménales vengeances pour retrouver la quiétude et la paix

désirées.

Impitoyables ennemis et pourtant en harmonie avec moi-même. Mon

âme crée les combats, les charniers et les artifices. Elle engendre des nuées de

cauchemars, elle enveloppe d'étoffes gonflantes les cataclysmes subis, les

catastrophes vénérées.

J'aime à comparer cette fresque étrange avec l'épique marasme qui

détruit tout sur son passage, qui multiplie les dangers d'une vie vouée à l'étrange

et au mystère.

201


Quand s'éteignent lentement les lumières vacillantes des chandeliers

d'argent, les chambres consument encore les dernières lueurs qui s'enfuient : or,

palme et plaisirs ! Tout s'entrelace dans des coffrets immondes, tout respire les

parfums discrets que juxtaposent dans de phosphorescentes fêtes des fantômes

exhibés. Depuis que la porte laisse échapper les envolées divines par des trous

béants, ils mystifient la raison pure et contribuent à haïr les actes sauvages.

Par manque de logique déterminante, hagards et bornés, leurs

mouvements irréfléchis restreignent les essais. Ils avortent les fruits dans des

solutions troubles et inexpliquées. Le poids des fatigues retarde un exode désiré

puisqu'ils font courber les protestations avec des fouets excrémentiels. Je

m'explique : hier, les pensées, les réactions se rejoignaient par essence inconnue

mais révélée. Des complexités poreuses montaient irréelles sur des magmas de

terres travaillées. On voyait s'élever les pulsions, il en résultait cette appréciation

mouvante et incertaine.

À présent les conditions diffèrent. Je malaxe des rejets, et les

substances inondent de caractères blanchâtres des œuvres indéfinissables...

Un non-sens toujours, car s'accouplent des mots incapables d'exprimer

une opération logique. Ils sont des groupements subtils de malfaçon, incohérents

et pourtant harmonieux. Ils déterminent le doute absolu que chacun doit posséder

en soi. C'est l'incertitude pour le monde incompréhensible. C'est convaincre

l'homme de son impuissance à se diriger soi-même.

202


Rien que des planifications et des regards braqués sur l'histoire ! Des

illusions avec des instruments d'aucune efficacité. Vous brandissez des rapports,

des analyses structurées, des conclusions et des bilans sur le devenir humain. Vos

complexes machines sont vos cervelles grises qui restituent des amalgames

approximatifs. Des millions de données pour d'insignifiants résultats ! Vous en

êtes encore à la sorcellerie scientifique, vous plaisant à programmer des banalités,

des débilités de rêves enfantins.

De là, vos ressources se désagrègent, vos profondes expériences

n'accaparent que des vents incertains. Quand bien même de minuscules vérités

s'offriraient aux interprétations diverses, jamais vous n'obtiendrez la juste

appréciation recherchée.

Je suis la pensée qui exprime les intolérables mensonges que personne

n'avait osé dépister, la splendide tricherie que vous n'observerez que chez les

autres, qui se cache en vous-même malgré votre bonne volonté et vos apparences

trompeuses.

Vous vous propagez croyant manier avec habileté un appareil sans âme,

un bourreau sans sentiments, une sorte de divine force que vous contemplez

comme l'irréfutable Messie.

Hommes de science, vous n'idolâtrez qu'une mémoire, que des

fonctions irréfléchies. Vous vous plongez dans l'univers du chiffre sans espoir de

conquêtes sur le mouvement des destinées et de ses révolutions.

203


L'aigle

Loin, le dévastateur dans le ciel obscurci

Sillonnant de son aile inconnue, le remords,

Tombe sur maints poètes misérables et maudits

Et couvre de son ombre les charniers et les morts.

Les yeux remplis de fiel et du sang des esclaves,

Il boit l'œuvre sacrée, jouit cyniquement

Des martyrs dépecés traînant de noires épaves

Dans des champs merveilleux ou des déserts brûlants.

Sur sa terre, l'homme seul croit reposer en paix.

Nu, le regard braqué sur sa tâche il sommeille,

Quand un aigle puissant, majestueux l'éveille :

Et l'on entend le sordide appel du néant

Arraché à son cœur un dernier souffle au ciel :

Le poète au combat tombe épuisé, hurlant !

204


Dans les noires profondeurs

Dans les noires profondeurs de ma tragique vie,

Un spectre immense rôde la nuit autour de moi,

Un fantôme sans âme, sans chair et sans esprit

Qui lentement regarde, majestueux et droit.

Il regarde les heures s’égrener peu à peu,

Cadavre bicéphale implanté dans mon âme

Qui hante les écrits, les jette dans les larmes,

Et mon piteux savoir est toujours miséreux.

Vers d'autres gouffres encore, le blond génie espère.

Loin des cachots humides, triomphe sa mémoire :

Elle cherche son espace limpide, vaste et clair.

Elle se nourrit d'extase, de nard et d'illusoire

Et prétend posséder la beauté immortelle

Qui doucement l'élève vers la sphère irréelle.

205


Le monde est vicieux

Le monde est vicieux, je te l'ai déjà dit. Que m'importent tes paroles et

tes actes insensés pour me tirer de mes lourds sommeils ? Que me veux-tu avec

tes longues tirades et tes discours absurdes ? Tu me vends toutes les séquelles de

la pensée uniforme, réflexions de l'enthousiasme, des plaisirs et du jeu. Tu me

proposes l'avenir partagé entre mille tourments. Tu voiles tes fantasmes et tes

licences sous des questions nocturnes. Mais tu mens ! Tu désires la luxure et

l'élévation quantifiées de douleurs. Tu voles encore les attaches d'une vie saine

passée dans le silence et la solitude.

La punition sonne : une pluie d'applaudissements et un tonnerre de

symphonie. La folie m'invite aux rejets de ces concessions. Mais tes marques,

figures et souffles organisent ma soif de péchés. L'être imberbe s'étire malgré lui,

et tombe sur les portes de l'enfer. C'est ton nom qui s'étonne. L'alternative est

trompeuse. Moi, gonflé d'insouciance j'entends dès lors les bruits sourds de la

renommée - de ta renommée.

Tu dois vivre, réponse inlassable dépourvue de sens. Toutes tes haines

pour des catastrophes circulent dans mon âme. Mon désespoir te fait rêver. Ma

chute est ton envie.

Tu dispenses à l'infini les sermons que je bafoue. Tu récuses mon

affirmation. Tu accuses mes pensées. Tes chants, ta voix jettent des vibrations

désespérantes. C'est le déchirement de l'enfant vers l'adulte, la dernière phase des

206


délices de la puberté. C'est l'abrupte vérité du futur grandi. L'angoisse bat son

plein.

J'essuie les interprétations diverses, les lacunes et les déchiffrages.

Comme un grand spectre endormi je me retourne, et d'un bond m'éveille trempé

de sueurs. Ta haine me brûle, et mes entrailles se gonflent.

La marche vers les invincibles forces, le retour au sacrement des demidieux

! La jeunesse et les crasses et les feux de la raison illuminent les nombreux

détours.

À tuer les richesses, les travaux et les horreurs du soir ! Indignes les

transes et les déversements des larmes desséchées !

207


Les lignes d'or respirées

Les lignes d'or respirées

Lentement dans les vallons de l'aurore ;

Les philtres qui s'accordent

Flambent les noirs coteaux de l'hiver.

Ce sont des races et des bons étranges.

Si j'ai grand souci de l'estime ?

Libre, je déploie les passives douceurs

Aux sons ailés des villages voisins.

L'accord des pâtres pour des chansons,

Les mauves poursuivent l'air humé,

Et les courses se plantent entre deux eaux.

Ai-je le goût de l'atroce silence ?

Veulent-ils l'aurore des points cardinaux ?

Pour les vents du déchet, l'empreinte

Et le danger sur des pierres coupantes.

208


Ai-je grand souci de l'estime

Quand le soir les rentrées nonchalantes

Poussent l'ennui dans les mares et les boues ?

Nature, guette les travaux des champs.

Il te faut atteindre l'espace lointain.

Bonheur dans l'évident silence,

Ton esprit est encore tué ! Rencontres et reflets

Des taches dorées sur les mousses exigeantes !

Je rendrai l'intelligence pourprée.

Et dans les semailles d'un autre hier,

Je tremperai ses lichens aimés.

L'herbe violette sentira bon

Par-dessus le val tout glacé de plaisir.

Quoi ! L’ensemble est réparti dans les terres ?

Il baise l'air frais, et plus loin la rosée.

Canton, aurai-je encore mainte estime ?

Feu des prés, voleur des disgrâces,

La folie est consternée dans l'envol prochain.

209


Mais puis-je maudire ainsi déchus

Ces philtres, ces lignes, ces accords,

La permission d'un renouveau ?

Les oisifs pleins de tourments écoutent,

Gardent le mot qui se devine.

Même l'hôte peint la saison chargée.

L'air pur se voudrait être digne dans l'orgueil ;

Les brumes fléchissent peu à peu ;

Des bonheurs sous les couches perdues ?

Des soleils d'automne qui se tannent la peau ?

Quand tu pleures tes mensonges,

Quels instincts pour la possession des Natures ?

D'une voix qui épuise les chœurs étrangers,

Les vertes couleurs muent inlassablement,

Mais les superbes brises souffrent-elles ?

Ha ! Comprendre cette infortune ! ...

Pourquoi ces crachats rentables ?

Serait-ce l'ordre bleu des pensées d'argent ?

210


La soif sèche les fenaisons détestées.

Lignes cent fois maudites, philtres et accords !

Mais sur des fragments resplendira le soleil !

Tu joues le miracle de l'espérance humée.

Des fous se pâment bien pour quelque or.

Tu te lies avec la précocité urbaine.

Et dans les spasmes de l'effroi, de l'angoisse,

Des monstres attaquent, tu es seul !

La ville détruit la noble fonction,

Et conspire contre l'audacieuse foi.

Ligue ancestrale et fatidique !

Ce cri achève les paroles rêvées

Puis crache sa démence dans les bruits de l'action.

Gigantesques souterrains, et arbres de fer,

Combat des formes dans l'artère jaunâtre !

211


Val mousseux sous les buissons du silence ?

Teintes sublimes transférées par l'invention ?

La chair du poète arrachée par des loups.

Ho ! Du tombeau de la gloire s'enfuit le rubis !

Poisse et crasse et vieilleries, et dégoût encore !

212


Mouvements sur les clartés

Mouvements sur les clartés et les paraboles d'argent,

L'hymne des fées et des vierges s'ébat

Et tournoie dans les vapeurs de l'été.

Fluides jaunes qui bondissent dans les chaleurs inertes.

Les ondes blanchies montent sur les faisceaux d'or.

Contre les rares sèves, les monts et les calices,

Un segment de droite est dirigé vers les champs,

Et l'astre gonfle le feu des lumières vivifiantes.

L'équilibre s'étend sur les folies boréales.

Le magnétique attrait subit les couleurs

Et s'élance sec et brûlant vers les pluies inouïes.

L'élasticité des secondes conduite par des photons

Perturbe la pesanteur des rayons irradiés.

Tout danse dans l'arc-en-ciel bruni

De force et de phosphore. Les lumineuses plaies

S'éloignent avec peine sous les pastels, par principe.

213


Des sépias teignent un phare de proue,

Vers l'extérieur soulevé de la terre,

Et les flux propagent les chocs

Sur l'écran métallique.

Variétés de l'origine transposées jusqu'aux

Migratoires pensées. Enfin cataclysmes teigneux

Qui rebondissent dans les soleils de l'aurore,

Repères et flèches pour la géométrie du Néant.

Les siècles bariolés longent leur espace,

Et les nébuleuses ocre tourbillonnent à l'est.

C'est un point engouffré sous les ombres et les noirs :

Le dépassement de l'origine retourne au réel.

214


Par-delà

Par-delà toutes ces forces qui usent ta vigueur divine, par-delà le

harcèlement continuel qu'il te faut subir, c'est l'esprit de la soumission que tu es

prêt à accepter.

Tu jouis de ces mensonges comme une femme complaisante baignée

dans de monstrueuses orgies. Tes revendications ne sont que de pleutres facilités.

Car tu touches d'un doigt mesquin les saveurs déployées, les suavités fulgurantes.

Tu aimes à entendre ces agaceries bizarres qui frappent ton âme révoltée.

Ces horizons s'illuminent tout à coup avec des torches vivantes

enflammant l'intérieur de ton esprit possédé et visqueux. Tu vis dans l'horreur de

la déformation. Tu acceptes cette soif de vengeance dont la seule utilité est de te

nuire. Après la contemplation unique des règnes putrides, tu te plais à jouir des

luttes excessives indignes de ton affreuse loi.

215


Que le délassement assombrisse

Que le délassement assombrisse les pensées élevées ! Que l'or battu

parmi les treilles inonde les pages de transparence ! Que l'orgueil envoûté par un

maléfice inhumain use de troublantes paroles en ces décennies de perdition ! Oh !

Qu’une transfusion de sang neuf comme une gerbe d'allégresse emplisse mes

veines !

Le passage étroit pour deux âmes accède aux caves de la déportation. Il

nous faut être bien nés dans la solitude, - là est la dernière image de l'amour !

Vies de l'âme, ingratitudes des râles, la volupté est bénie encore. La volupté

contemple le monde. Elle va, elle vient et s'étonne dans les profondeurs du moi.

Stupide à noircir la feuille, dit l'ancien. Heureux présage de l'enfant, dit

l'adulte. Déferlement animal, dit le sage.

216


Ô si pure et si loin

Ô si pure et si loin qu'une lueur m'émeut !

Hélas ! Belle sous le doux bercement de la fleur,

Je vis la merveilleuse dans les antiques feux,

Une pâle beauté saignante de douleurs.

Telle défaite de l'éternel complice encore !

Lourde de somnolence, ô baisers de saveurs,

Maint drame répété en mon cœur à éclore !

Et l'œil pour les substances divines et les douceurs.

Se pose sur l'inconnue, le blond désir rêvé !

C'est le terrible aveu, terme clair de l'espoir.

Enivré de nature, je croyais voir couler

Sur votre bouche rouge la blancheur d'un cristal.

217


Cérémonial

Grâce ! Voici venus les ans

Où teignant ta chevelure,

Je fis tomber suivant

L'éclat doré de ta parure,

Le cor fin, l'onde d'argent.

Et vaincu des découvertes

Alignées contre l'effort vacant

Fussent gloires très offertes ?

Nenni ! Par le plomb infusé,

Couleurs royales de l'ennui,

Pour le cœur, aux pieds jeté,

Rempart dans cette froidure,

C'était ! Été engourdi

Casque sacré et impur !

218


Vapeur d'une audace

Vaste enveloppement :

De là s'endort l'animosité.

Ô le golfe léger pour une étoile diffuse !

Les flammes claires des opales de feu,

L'opulence des magnanimes exploits.

Dans la veillée, l'oracle murmuré

Telle une mort délicieuse et vague.

La volée neigeuse dans les vents d'Espagne,

Les esclaves du soleil dans les cohortes des nuits.

Sous les baies claires l'instrument insipide

Qu'une discorde entame et vole parfois.

C'est le seuil où l'ondée s'amuse.

Un char va éclatant sur l'orée des Santals.

219


L'eau neuve circule

Par les dépaysements sauvages.

Lenteur des pôles que l'attraction

Distribue à soi-même.

Pour la courbe cosmique,

Le terrain glorieux

Et des fractions d'évidence

Sous un ciel bellâtre.

Tu distribues et condamnes

L'ordre de la seconde

Comme aux temps soucieux du mirage.

Pâles brumes de l'aurore, horloges de sang,

Mais la raison est de redescendre.

220


Je veux te dédier

Je veux te dédier, chatoyante parure, sur des coussins bercés par le luxe et

l'encens, cet hymne solennel bordé de sa froidure, et promis aux secousses

vengeresses du Néant.

Alors je te convie entre ces quatre murs, au sublime festin de l'inconnu

malheur, et je prépare, cynique, une noble mixture qui brûlera ta peau et percera

ton cœur.

Et quand, momie étrange et desséchée, sur un plateau superbe, je te

poserai nue, tu vibreras encore de spasmes saccadés, admirable beauté que j'aime

et que je tue !

221


Alors tu te réveilles

Alors tu te réveilles, ô beau corps de déesse !

Tu cherches mes désirs comblés par les tourments.

La pointe de ton sein sevré de sang se dresse,

Mon admirable amie et mon sublime amant !

Si mon ventre s'éteint, j'appelle tes lueurs.

Je jouis de l'incomparable volupté

De rester en moi-même et d'être un autre ailleurs,

De créer un génie aux plaisirs insensés !

Je verrouille ta chair, la place du bonheur.

Je dors paisiblement dans le cœur des Aimées.

J'invoque ta richesse, ta sublime saveur,

Ta substance promise, et ton nectar sacré !

222


Encore moi éternellement !

Encore moi éternellement !

Puisqu'il te faut partir

Dans les chaleurs du printemps,

Plutôt que de mourir

Vivons en suppliant.

Encore moi éternellement !

On me dit : use

Les traces de l'été.

La folie amuse

Les hommes détraqués.

Réponds : demeure

LUI éternellement

Depuis trois cents ans.

223


Au fil des heures

Sale mauvais temps etc.

Il continue :

LUI éternellement.

Avançons ta mue,

Il n'est pas très grand.

Encore Moi de temps en temps.

224


La belle agite

La belle agite ses roses bleues, - fruits des pastorales dans l'air salin.

Encore des mots divaguant en mémoire.

Je plonge sous les sataniques virgules, un non-sens, rapport d'ensemble.

À séparer lisiblement. Impossible à comprendre.

Ô vapeurs douces comme je vous parle ! Réponses agressives de l'audelà

burlesque.

À mes marques. Je frôle, haleine chaude, les robes claires, - pucelles

respirées, jambes blanches. Les ébats des corps dans les bois tendres. Bouches,

langues fines sans paroles. Taisons les odeurs cachées dans les sexes.

Je me vois perdu sous le miroir des âmes. Images, cognez au carreau !

Je transpose mes cloches avec mes délires. Un Jean ? Non - des gens - des

invisibles. Et mes poètes connus ? Tous des génies !

Ma faiblesse d'apercevoir... Si ridicule ! Flotte ou nage, tas de nerfs

ambulants, excitation démoniaque.

225


Élégante ta démarche. Quelle efficacité ? Roulis de corps dans la

bourgeoisie modeste. Ça ne veut rien dire... Il me l'a dit.

Sorties insoupçonnées, le tunnel des anges. Retours à d'anciennes

époques. Je renais. Ouf ! Le stupide est à décrire. C'est du Jésus et de la Marie,

hélas ! Pas de neuf.

Lettre aux imbéciles. Et alors ? Rien. Nébuleuses rarissimes, géniales

perversions. Mes glaciales pensées, comme je vous aime. Mais si ...

Encore le silence. La lente agonie ? Atteindrai-je mon Dieu, mes

desseins ? Toujours ce corps qui se sépare. Vers le coït à deux.

226


Couchée, évasive et nue

Couchée, évasive et nue, je la voyais sourire d'aise. "Ne veux-tu pas

mon cœur perdu venir mourir une autre fois dans mes bras si grands qu'ils y

renfermeraient l'univers ? Tu t'éloignes de mon étreinte. As-tu donc peur de ces

anges méchants qui rôdent autour de mon âme, et que passionnée toi aussi tu

peux entendre ?

Laisse-les mourir de souffrance, d'envie et de plaisir aussi ! La pauvre

mort n'est plus rien. Qu'elle croupisse ou voltige autour de nos corps, nous n'en

avons que faire !

Vivons pour nous deux seulement, pour la lueur sacrée de tes prunelles

éclatantes ! Je trouverai dans ces yeux-là l'oubli et l'ivresse de l'amour fatigué. Je

boirai à la source de tes larmes, et peut-être dégusterai-je l’élixir aphrodisiaque

qui réveillera mon ardeur de poète enfant ?"

des pays autres.

Mais la terriblement belle soupire, baille et s'étire pour s'endormir vers

227


Par la fenêtre échappées

Par la fenêtre échappées, se résignent à mourir ou à disparaître - que

sais-je ? - les dernières saveurs des masses bleues.

Les fluides vaporeux s'éloignent nonchalamment puis s'activent à sortir

comme aspirés par le dehors.

Tous les maux de l'âme d'ivresse fatiguée cherchent à fuir par le saint

breuvage bu, ou par le rêve indolent des anges perçus.

Que faire ? Oui, écrire de lassitude. Quand sonnent les trois heures la

souffrance arrive à grands pas comme possédée et horrible !

Je m'évanouis dans mes joies anciennes. Jadis, ne rêvassais-je pas lourd

de mes somnolences de poète. (Petit damné, tu dis des bêtises !) Retournons vers

l'avenir. Soit : vers moi-même. Poursuis ces pages de signes bizarres. Éreinte-toi

à noircir de nouvelles pâleurs.

228


Va, mon cœur amoureux

Va, mon cœur amoureux caresser la charmante ;

Va longtemps respirer sa douce odeur d’amante.

Quand ivre de vertiges tu sauras t’endormir,

Sa folle chevelure sera un long soupir.

Toutes tes passions mêlées dans un grand rêve

Vogueront lentement vers la mer qui s’achève,

Et comme le tangué qui berce le bateau,

Seront baisers d’écume sur le roulis des flots.

Évade-toi toujours ; tes puissantes pensées

Comme font les marins dans leurs cœurs oppressés,

Seront colombes blanches dans l’ombre qui expire.

Mais au matin songeant au rêve qui délire

Te réveilleras-tu aux bercements des eaux ?

Mais, ô mon corps, entends les pleurs des matelots !

229


Quand j’aurai épuisé

Quand j’aurai épuisé ma semence charnelle

Dans tes gémissements, ô ma douce cruelle,

Quand le noir repentir sur la couche d’extases

Saura trop me punir de l’horreur des orgasmes,

Je plongerai mon cœur dans ses froides ténèbres,

J’éclairerai mon âme de ses torches funèbres,

Et regagnant ce lieu que tu ne connais pas

J’irai maudire mon corps d’aimer tous tes appâts.

Et peut-être verrai-je à la clarté du Mal

Descendant l’escalier de mon vice infernal

De ces vers resplendir le feu des passions ?

Dans la nuit son phosphore rongera mon remords

Et me fera mourir de pénétrer ton corps,

Ô mon sublime objet, sombre tentation !

230


Cheval noir

Cheval noir, sang rouge. Frissons de femme, courez sur mon corps.

pétales plombés.

Œillets des cimetières, les tombes s'animent encombrées de lourds

Lutins espiègles ? Amuseurs du génie ? Mon âme froissée respire

encore les doux sanglots posés sur sa bouche.

anciennes.

Comme du miel, larmes d'enfance. Blancheurs blêmes d'amours

Fille stérile à la chevelure tiède. Étés courus dans la blondeur des blés.

vagin.

Je roule et je tombe vers ton corps. Je meurs pour les chaleurs de ton

231


Oui, aux portes des cieux

Oui, aux portes des cieux baignés d'anges étranges

Où se mêle l'abandon, se pense un rêve qui change.

Dans le mouvement imperceptible des nuits,

Cette angoisse morose est l'ennui de tes craintes,

Et son effroi stérile, puissant et infini

S'élève jusqu'à l'aurore imprégné de contraintes.

Ô soupirs vainement soufflés par mon orgueil !

Ô la lumière torve des derniers sacrements !

La racine interdite jette la feuille qu'elle cueille,

Absence de blanche sève distribuée au temps.

Mais un délire encore m'arrache à mon sommeil.

Je veux par l'alchimie l'impérieux effort,

Et je renais d'or pur vers de faibles merveilles.

Mon âme est consumée et sa raison s'endort !

232


Et l'espace agrandi en rimes de rumeur

Offre l'objet stupide, tintamarre sans éclat,

Au maître de mes lieux sans pitié pour son cœur,

Pourtant reconnaissant d'un quelconque débat !

233


Mon âme entière

Mon âme entière choisit cette Pléiade s'écrie

Le poète exalté. Ombres vaines, cessez

Le martyre du génie ! Que d'amours prodiguées

Il sache si bien plaire ! Sa souffrance est secrète !

Don cruel ! Don cruel ! Souffle divin en moi,

Je tombe et m'abandonne à cette Mort vicieuse

Qui mesure et raisonne les sentiments profonds

Et humains quelque fois.

Elle calcule, elle se vante

Elle attaque et détruit les nobles dispositions

En versant ses brimades. Elle est ordre et justice,

Et consternation !

Je m'enivre de sèves

Qui sont bues sur les Arbres, et leur ombrage heureux

Est un puissant délire. Les notes de ma lyre

Bercent les vents d'automne au plus loin, dans le calme.

234


Pourtant je m'interdis les mornes explications.

Je préfère me cacher dans les noires bruyères.

Ma race suprême se perd dans son étonnement.

Je crèverai tout seul, nourri de ma misère.

Ho ! Belle impertinence ! m'écriai-je à la Mort,

Que ne peux-tu goûter à tous ces nobles fruits !

L'aigreur n'est point donnée à cette blanche page.

Enivre-toi de la grenade, mais incomprise

Toujours te sera sa structure !

Je choisirai

Savant, mes rayons purs et mon esprit sera

La tombe où le soleil viendra s'y recueillir.

Ma solitude aimée, paix des intelligences,

Ma folie commettra des péchés infinis

Par rêves d'insouciances.

235


Hymne au Divin

Toi qui dans le Néant fais flamber tes lueurs,

Toi qui du noir obscur engendres la lumière,

Toi qui dans l’Au-delà sais ta gloire première,

Et du génie sublime éclaire tes sueurs,

Peux-tu par ma prière satisfaire ma mémoire,

Et peux-tu lui donner par l’âme qui soupire,

Le divin sacrifice de l’esprit qui expire,

Qui implore et supplie son impossible espoir ?

Car tu peux abolir les lois et son futur,

Et te faire obéir du vil et du plus pur,

Imposant dans les Cieux le puissant repentir.

Toi qui Maître Géant renais de tous les morts,

Qui d’Essence promise défais tant de remords,

Veux-tu Force Inconnue ton hymne retentir ?

236


Éloge

Si René Char m’aidait.

Me faut-il donc extraire de nouveaux sucs princiers, de pures

substances créatrices ? Ou dois-je plonger dans mon désespoir pour y remonter

quelques folies perverses, quelques vices inconnus ?

Mais moi depuis trop longtemps j’ai délaissé l’art du Néant. Je ne

conçois plus que par la matière spirituelle, l’élan mystique et sa souffrance de

Saint.

Je suis peut-être trop “ Christ ”, trop “ Voyant ” pour vous, mes chers

poètes d’autrefois. J’ai tant aimé vos œuvres, plus que vos biographies, plus que

vos visages.

flux !

Je ne dirai point la teneur du souci. Dans la nécessité, abstiens-toi de ce

trouvera l’idéal.

Qui épouse beaucoup, rendra plus d’un centuple. Mais qui expire peu

À fenêtre ébahie, impose-toi le doute ;

237


Ne mésestime pas la folie du pervers.

J’en connais qui se croient auréolés de gloire.

La petitesse nous invite à la supplication.

Cette futile jeune fille aux accents inconnus, aux poses audacieuses, se

faisant femme dans des relents d’adolescence, je l’ai prise et reprise puis

délaissée sur le lit béant de nos nocturnes perversités.

Prends ta chair, fais corps avec elle ; au plaisir de sa salive, d’autres

mots, d’autres phrases se formeront par la bouche ovale, par le vagin charnel ou

l’extase des sens.

J’ai perdu dans la contemplation de mes Dieux, la folie insouciante de

mon impiété. Je produis par l’Esprit, sous l’ordre de l’Éternel. Et tu me parles de

cuisses, de rondeurs féminines ?

238


Ô toi qui plonges

I

Ô toi qui plonges dans le lourd sommeil sans images, conçois quelque

peu par cette substance autre...

Tu m’es espoir par la pureté de l’Oint et sur l’onde inventive, tu oscilles

ou tu penses y découvrir le futur d’un secret.

Ou mieux, tu es le souffle gonflé d’idées sereines, l’algèbre complexe

d’un élixir à découvrir, à déceler là au plus loin, au plus proche pourtant de la

raison diffuse.

Tu m’es l’approche insoupçonnée, la brise d’aile légère dans le

battement envolé, et je dois te saisir, ombre belle d’idée fraîche comme une

femme imagée.

Ou lentement tu descends les marches pour caresser le pur miroir d’eau

fugitive, Princesse chaste aux pieds rêvés.

Et je dois te capturer dans la transparence de ma pensée, quand à peine

saisie, tu m’as échappé.

239


Et je dois te concevoir dans la claire essence d’un concept supérieur ...

Folie ! Audace ! Oser te comparer de la sorte à la femme, toi mon

principe d’élévation, toi ma spéculation de l’esprit !

II

repos de mon corps.

Je délaisse la terre d’ombres et d’odeurs où la forme de femme est

Je vous cherche, grains de lumière pensés.

Produisez plus sereinement, ô mes grains de lumière dans mon vide

intérieur, comme météorites brûlées dans l’atmosphère. Mon ciel, ma mer dans

leur calme apaisé, et c’est douceur encore sous l’égide de Pollux.

Femme alanguie dans sa mollesse, dormeuse entre mes bras au plus

clair de la nuit, qui donc en moi écoute le pur gémissement de ta faiblesse ? M’estu

démon ? M’es-tu captive ? Ou le mal apaisé ? M’es-tu captive et soumise ou

belle d’abandon dans l’évanouissement de ta chair ?

240


Solitude, au plus profond de l’homme !

I

Solitude, au plus profond de l’homme ! Celle qui se répand sur mon

épaule, lourde de chair et de fatigue, comprendra-t-elle un jour le secret de mon

songe ?

tes paillettes d’or ...

Splendide solitude au sublime de l’homme ...

Je te sais seulement pour ta source de femme, je respire confusément

Le désir s’est enfui dans les vapeurs légères de l’orgasme. Je délaisse

ce front de femme offert à la caresse suprême. Je plonge dans ma propre envie

pour me savoir autrement, pour me comprendre un peu mieux.

Celle qui souffle son haleine claire, comme brise très pure par ses

lèvres éclatées de rouge dans la nacre brillante et parfaite, celle plus dévêtue que

femme, repose corps alangui, rêveur.

Toute perception plus douce à contempler, blonde et admirée ... Idéale

sphère qui tient par son sublime ovale du visage ... et de quelle autre grâce

241


supérieure encore t’aimer ? Je la sais lointaine, mystérieuse encore dans

l’invisible et l’infini.

Saveur de chair recommencée et vierge pour l’amant toujours nouveau,

constance d’épouse qui supplie et gémit, beauté prise au cœur de son intime, dans

son essence de femme, ô grâce et je suis ton captif dans le creux de toi-même ...

Par toi, le rêve se forme, les noces spirituelles de l’amant, de la muse ;

par toi, la chair se meurt et délaisse le miel délicieux de l’âme, grandes douceurs

pour l’ultime épanouissement de ton orgasme.

Solitude au plus profond de l’homme ! Celle qui se répand etc.

II

Et cet oint sublimé chez les hommes : “ Prophéties ! Prophéties ! ” Paroles

naissantes inspirées par les Dieux, et tout ce souffle ailé, substances nourricières pour

les générations autres, pour les fils et les filles plus purs peut-être ... de comprendre

l’annonce faite.

Nulle âme encore ne peut y prendre le message. Qu’on le bâillonne

donc ! Le convainque de se taire dans l’assemblée silencieuse, dans la haute

assemblée insouciante des paroles d’avenir !

242


La belle perte de syllabes confuse roule sur la bouche de l’interdit, se

mêle à la salive, à l’huile salivée. Les yeux lumineux brûlent d’un sel supérieur,

et contemplent la beauté du Fils, soupirant, soupirant, hélas ! ...

Je supplie et j’ai souci d’extase dans l’invisible à créer : ombre de

femme et miel de femme, comme embarcation légère sur des mouvements de

tangués et de voiles agitées encore.

Voici l’amante endormie qui respire imprégnée de songe, soufflée de

mensonges à la première heure bleue. Elle-même est fleur épanouie et reposée.

C’est elle qui sommeille sous la pénombre du jour dans son amas

confus de formes lourdes et d’étoffes épaisses et drapées, là dans son avalanche,

elle dort.

Et moi, je veille celle qui ne m’entend pas.

Ô rêveuse jusqu’à moi hors de toi, temple d’images, qui médite dans

l’inconnu des hommes, comme pensée très pure vers l’espace aérien, que n’es-tu

donc que l’imperceptible certitude de vérité, qui côtoie le mensonge, le roule, le

souffle comme la femme experte ?

Observe-moi enfin : je m’éveille, je m’éclaire tout à coup, je prends

science de ta haute naissance, le front marqué du sceau divin ; quel subtil

bruissement approche encore tout près de toi ?

243


Vocation qui s’ouvre sur l’ordre de l’illuminé de sphères et de lumières ! Ô

splendeur de la Force sublime ! Ô toi éternellement pur qui te consumes et renais dans

l’instant, dois-je le dire ? ...

244


Ô parfum répandu

Ô parfum répandu sur tes courbes célèbres,

Aromate bizarre nourri de chair intime,

Lente macération de ma plus pure estime,

Je veux trois fois mourir dans tes trouées funèbres.

Et j’irai me répandre là où jaillit la sève,

Dormir au plus lointain de cette forêt sombre,

Me coucher bienheureux comme rêvent les ombres

Et voguer ou nager vers la chair qui s’élève.

Et qui sait si là-bas éloigné de l’horreur,

De la cynique vie où s’épuisent mes jours

Je trouverai un lieu pour chasser ma torpeur ?

Se peut-il qu’en toi-même dans la nuit enfermé,

Je découvre l’issue qui m’offre le secours,

Ô fatal interdit du plaisir embaumé ?

245


Divinités propices ...

Divinités propices à toute sorte de savoir, c’est encore vous que je

supplie, que je supplie agenouillé dans l’innocence

de moi-même ...

Et les superbes livres nourris de pensées supérieures, où sont-ils ? J’en

ferai ma culture ... Déjà je veux m’instruire.

Pourquoi serai-je triste ? Ai-je bu à la gourde de l’homme ? Me suis-je

enivré de son nectar ? Quel nectar ?

Si l’homme s’engage à mes côtés, je le ferai boire face au Vent, face au

grand Vent du Savoir.

Mes Dieux sont venus me donner naissance pour la deuxième fois.

Jaillissez, ô forces divines ! Suis-je le bien de votre progéniture, suis-je rajout ?

Oui, Fils, plus beau encore dans ma certitude, vois, je te consacre tout.

Sont-ce pensées nouvelles dans le vent divin ? Irai-je ailleurs, là-bas, au

plus profond de moi-même pour concevoir autrement ? Donnez-moi, ô Dieux, la

plénitude de mon dû !

246


Encore conceptions plus pures, conceptions élevées par l’Esprit qui

pense, par l’Esprit secondé.

C’est un vol inconnu au-dessus de la ville.

Ha ! Certes, des pensées élevées nourries à l’essence du Vent ! Certes,

des concepts autrement définis ! ...

C’est l’envolée vers les espoirs nouveaux, une légèreté de plume qui

monte dans les airs !

L’impatience excède l’homme, homme étrange, sorte de transmetteur

entre la masse et l’irréel, le sommet et le néant. Oui, l’homme dans sa réalité

stupide et borgne, inapte à comprendre et à se reconstruire, l’homme simple et

primaire.

Ce n’est point la foudre, l’illumination brève dans le noir charbon qui

est invoquée, non, ce qui est invoqué c’est l’Autre, je veux dire le frère de Dieu,

sa Présence.

“ Me voyez-vous soudain ? Déjà, je disparais, déjà je ne suis plus, moi

qui suis apparu ”.

247


Ô moi qui subis les outrages, moi si frais dans le monstrueux orage,

saurai-je faire de mes dieux mon Festin ?

Me hâter, me hâter ! produire vite et mieux dans le bel environnement,

dans le lieu favorable, bien éloigné de la cuisse, de l’aisselle aigre de la femme, et

peut-être que mes Fils me succéderont ...

Oui, semences venues du ciel, venez me développer. Aurai-je le

privilège d’être novateur ?

Venez m’envahir, venez me dominer, soyez mes tuteurs, ô Pères de

l’Esprit. Que je croisse, et dans l’expectative des choses de croissance, que la

puissance du Fils, que son immense vérité se fortifie encore !

La grande formation doctrinale doit me nourrir, m’instruire et m’élever.

Et n’ai-je pas l’espoir d’une potentialité autre, nouvelle, plus performante, peutêtre

!

Si l’homme de poésie préfère la rose à son créateur, l’oiseau à son

géniteur, qui puis-je ? Oiseau et rose s’en retourneront à la mort.

Non, je ne suis pas le maître de ma pensée, je suis là face au Vent,

essayant de comprendre, de saisir et de concevoir aussi.

248


Aphrodite

Cependant la beauté depuis déjà longtemps soumise à des désirs

inassouvis, nourrit au plus profond de sa chair des souffrances extrêmes, un

invisible feu la torture dans son corps, et elle gémit de languir.

La puissance éclatante du héros, les superbes reliefs de ses muscles

reviennent constamment à sa pensée. La force remarquable de sa nudité demeure

fixée dans son esprit, et troublée par ses images inoubliables elle ne peut

abandonner ses membres à un repos qui puisse l’apaiser.

Le jour s’était levé, et l’Aurore balbutiante éclairait mollement de ses

faibles rayons la chambre encore humide, alors Aphrodite se fit à elle-même cette

douce confidence :

“Ô toi ma propre sœur, quelles sublimes visions me tourmentent et me

tiennent en suspens ! Qui est ce dieu superbe qui pénètre en nos âmes ? Quelle

grandeur, quelle noblesse s’animent sur son visage ! Cette beauté virile m’a saisi

tout à coup, et je peux supposer de grandioses exploits ! Oui, je veux l’espérer, -

que cela ne me soit point illusoire - il est lui-même un dieu. La médiocrité se

répand dans la cervelle des plus humbles, la couardise et la crainte ont tôt fait de

s’animer en eux ... Mais lui, de quelle essence est-il fait ? Quelle mère l’a porté ?

Je puis imaginer sa destinée glorieuse, ses guerres et tous les périls qu’il a dû

affronter ... Mais je m’éloigne, je le désire, je le recherche et ai la ferme volonté

de m’unir à son corps par les effluves du plaisir.

249


Trop longtemps déçue par mes premières amours, je voulais délaisser le

nuptial combat et imposais à mes sens de ne plus succomber. J’éteignais la torche

ardente qui gît profondément dans le corps de la femme, et je crus en moi-même

me dégoûter de tout plaisir. Pourtant j’en ai la certitude, il tourmente à nouveau

mes sens et me fait souffrir des orgasmes interdits, toute ma volonté ne pourrait

me contenir, constamment je le vois, je le sais me prendre et me pénétrer pour

exploser après des profonds va-et-vient dans ma chair. Je connais à nouveau le

désir d’autrefois, je sens jaillir les flammes de la torche d’hier.

Ô mon Père, de quels tourments ta pauvre fille s’agite tout à coup !

Veuille me pardonner, ou me précipite alors dans la profonde nuit avec les tristes

ombres pour n’en plus revenir !”

Elle parla ainsi, et soumise à des convulsions étranges laissa éclater des

larmes qui se répandirent sur sa blanche poitrine.

250


Apparition bleue

Quoi ! Plus pure encore là dans l’invisible glace

Que l’impossible esprit agite en ma faveur

Et anime inconnue par cet air qui efface

Sous la masse légère de mon effet rêveur

Mais proche et bondissante en mousseline nue

Apparaît et sourit voltigeuse si claire

En amas d’ombres jaunes de tête chevelue

Comme beauté stérile foudroyant un éclair

Et du réveil soudain s’échappe l’irréelle

Enveloppée de limbes et de pâles nymphes, elle

Décor agonisant fuyant dans roses bleues

Que je sais murmurer pour un plus bref azur

Éloigné mais si proche et s’enfuient à mesure

Que l’âme se défait de ses volutes feues.

251


Baignée en chevelure

Baignée en chevelure comme cascade blonde

Un flot de femme plonge dans la vasque azurée,

Pressant une torsade par sa main épurée

Elle sépare les gouttes qui dans la jarre tombent.

Et nue mais éloignée en sa masse de chair,

Je vois confusément dans son miroir mêlé

La forme abandonnée sur des voilures ailées

Que des feux incertains par leurs renvois éclairent.

Tout s’encombre de vague : femme, glace et lumière,

Et la confusion est sublime à dépeindre

Parmi ce paysage offert à la lumière.

Ramasse mousseline à ses pieds pour se ceindre

Tournoie, se précipite dans sa vasque azurée

Et d’un bond disparaît par le rêve éveillé.

252


La pensée intérieure

La pensée intérieure s'ouvre et telle une corolle et un bouquet d'idées

remplis de vertiges et d'images resplendit tout à coup sous ce vaste dôme :

Pyramides bleues, cyclones d'espoir, fluides lumineux qui jaillissent

comme des boules multicolores,

Tournesol voltigeant, oeil d'extase enivré de folies très légères,

Puissances de sonorités, chambres de notes, monologues aigus et

incompris,

Souffles, raisons exquises enrubannées de douceurs adorables,

Tourbillons, vapeurs rousses qui s'élèvent dans la nuit de jade,

Envolées de lumières, ailes claires tachetées de blanc,

Je m'endormis, j'inventais mon sommeil, je contemplais la nuit se

draper de signes lumineux :

Femmes vivantes, bracelets de chair et de flammes, îles ardentes qui

respirent les parfums aériens,

Sources élégantes, chevelures floues et vaporeuses, bras de mouvances

là-bas dans l'interdit, derrière la porte de sang.

Pourtant j'attendais stupidement qu'une présence féminine s'en vint.

253


néant.

Rien que le silence énorme éclatant sous un soleil invisible d'ombre, de

Il y avait nul espoir de changement. Qui pouvait venir ? J'entendis une

rumeur de pieds bruyants circuler dans les ruelles de l'esprit.

Parle-moi, ô fille ! Est-ce toi ? Fille de l'agonie ? Tu n'as pas de voix ?

Il y a du sang, il y a des pieds déchiquetés, souffrants sur les ronces, des

habits déchirés,

Il y a ta chevelure d'or.

254


L'homme supplie

L'homme supplie inexorablement,

L'homme dont l'esprit grandi par l'imagination s'épuise à extraire,

cherche à se délivrer par la pensée, source et jaillissement.

L'homme qui s'élève dans sa croyance, qui accède à la construction

interne, à l'architecture souveraine.

À lui, la certitude dans la venue du Verbe.

Accumuler encore dans la surabondance de la création, fouetter le sang

des neurones pour tirer encore du suc, de la connaissance, de la lumière.

Je porte au doigt l'anneau de voyance et au poignet le bracelet de vérité.

constamment.

Dame la conscience de ma médiocrité, l'œuvre est détestable, à bannir

255


La cité intérieure

Environné d'espoirs

Souffle immense de rumeurs

Grandes silhouettes impalpables

Alors je pense, j'entends

Je conçois

les perceptions sont irréelles

Inaudibles - tout se fait et se défait

Autour de moi.

Donc j'avance dans mon centre

Dans ma pensée circulaire.

Oui, j'avance

Au milieu des graines illuminées

de phosphore, de néant

de certitude et d'imbécillité

J'avance de manière sereine.

J'entends un murmure plaintif

Y a-t-il bourdonnements d'images ?

256


À présent je produis quelque peu

Je tire des signes

Un espoir est planté dans la cervelle

comme un drapeau noir sur blanc

comme des signes sur une feuille de papier.

Le poème s'élabore.

Voilà,

Dans ma ville poétique,

Je réveille les néons,

Quelques lampes s'éclairent

Je prends en moi, je vole à autrui

Je déambule sur les traces de mes idées

bric à bric d'étincelles

Maintenant je marche

à droite, à gauche, je décris ce que je vois.

Façade belle de femme,

serrure de sexes

odeur de salpêtre

Oui, comme une statue de marbre

257


puis portique, comme intérieure

Va-et-vient du passant

balance, oscillations

et toujours ces silhouettes

formes impalpables, inexplicables

mais présentes

Je cherche dans cette rue l'extase

Mes yeux chavirent, brillent,

miroirs captivants.

L'avenir toujours est interne,

occulte, sous un flot de transparences

sous des folies de merveilles

Il brille de femmes, de feu, d'orgasme

Tout se mêle, se dissipe, se recrée

dans la grandeur du Temple

On entend des voix monter, supplier,

Quémander,

On entend des gémissements

l'âme se plaint, interroge et veut jouir

comme une fille en rut dans l'épanouissement.

258


Les souffles lentement s'éloignent.

Me voilà à nouveau titubant

cherchant

un principe absolu qui m'échappe

qui m'égare.

Au milieu des réverbères,

je tiens ma lanterne

allumée de certitude

certitude ?

A rire

Me voilà couvert de la cendre des étoiles !

Je cherche un nouveau quartier

un lieu où l'être comprendrait

sa durée, son génie, son invention.

Une porte pour l'être ?

Non ! une voie sans issue

je cherche encore

donc j'écris.

Chaque lettre s'associe, se confond, se mêle,

259


va puiser dans la mémoire quelques possibilités

la ténacité persiste

elle ressasse et veut exploiter.

Au centre de la place,

il y a un jet d'eau,

un arbre fluorescent,

est-ce pensée suprême

est-ce cœur de la ville ?

J'avance à grands pas

dans la cité solitaire

Les immeubles couvrent de leurs ombres

le seul passant hagard que je suis.

Je cours mais je me crois immobile

je suis comme soufflé, aidé par mes pensées

pourtant je n'ai pas même l'impression

d'avoir marché.

Je crois être resté moi-même,

au même endroit...

260


Le temps semble le même,

et instable à la fois.

Oui, j'écrivais donc

à la lumière de ma cité

dans le dédale de ma raison

en absolu de croyance

en certitude d'éternité

et de prétention.

Ainsi j'achève l'acte,

le mouvement de mon propos

avec conscience de perte

et de faiblesse

avec l'espoir de chasser l'infamie.

Je me parle encore, mais l'autre dort.

Entends-tu ? Non je dors.

J'avance dans le noir, seul.

261


Fragment de ciel

I

nerveusement.

Ce fragment de ciel,

la poésie s’éteint

Là-bas, il y a la source nourrie de lumière.

Encore des vérités d’écriture, de formes inconnues, anonymes, de

jeunesse, de vieillesse, - à oublier, qui s’en iront mourir - (C’était à prévoir)

Vêtues de leur mieux, incomprises pourtant.

Mauvaise étoile, sale lune, blafarde et inutile. Rien ne scintille, rien ne

brille, tout semble mort.

262


II

Sous ce fragment de ciel, est suspendue une fille accrochée par

ces mamelles éclatantes de douleurs la marée baveuse,

laiteuse remonte vers elle irrésistiblement.

[Je sais

étrange composition sans symbolique analytique]

ainsi je poursuis

C’était donc le monde, le mien

refusé

monde unitaire où je courais, marchais, dormais (etc.)

construisant avec des accidents de langage,

des débris éclatants sans génie, sans lumière,

travail de rien - disaient-ils, disaient-ils

et s’ils avaient raison ?

Je me jette, j’insiste, j’espère

de nouveaux espaces de liberté

Je déverse ma rage accumulant, accumulant encore

Pour qui ?

263


III

spectrale

Sur ce fragment de ciel, l’agression noire

le poème râle, lutte pour survivre,

pluie de grêlons

« je ne veux point mourir - je dois survivre

Bien sûr qu’ils existent - Vous ne les voyez pas ?

Vous ne les voyez pas ? N’ai-je pas lutté pour produire, moi ? »

IV

couteaux etc.

Une nouvelle vague

auréolée de plumes constellée de clous, de

Me voici tout à coup avec mes quatre laquais qui rôdent et agressent

dans des vêtements invisibles

rempli d’aigreurs et de haine

ainsi ça recommence

264


et ce lieu parfait pour ma solitude quelle solitude ? entourée

d’ombres, d’invisibles à occire je reprends le mouvement à produire

Oui, ici, encore, avec toute l’innocence d’une créature redescendue

La chair est bafouée ? La chair ? Mais je le sais !

Ce n’est que du sang blanc, qu’ignorance ne voit (confession, pour qui ?)

Je poursuis : encore seul, avec mes Dieux

sur ma terre déchirante, ceint d’ombres

pour finir rampant, vieux vers détesté

je m’enfonce dans le rien

265


V

espérance

Tu le sais, toi

qui pénètres dans le vent dépouillé de toute

sans lecture d’un littéraire

nulle compréhension

bravant le suicide, - et pour cause !

Est-ce récitatif que ces morceaux de formes à coller, à accoupler ?

Encore, j’écris :

hommes, saint et oint, mais qui le croirait ?

je fus donc prophète, inconnu, irréel aux

J’existe et ma solitude est sublime

mon avenir est désespérant

Il y a encore ce fragment de ciel

266


VI

a-t-elle raison ?

L’âme est ignorée : elle triomphe dans sa défaite elle se glorifie -

267


La femme insecte

Je sortis de mon cauchemar, couvert de sueurs glacées, j’allumais

rapidement la lampe de chevet et vis, face à moi, à quelques mètres du lit cette

étonnante fille cruelle avec des ailes de papillon qui m’observait dans une fixité

étrange. Les ailes commençaient à tournoyer dans une sorte de ballet bizarre,

difficile à décrire. La lumière jaunissante de la pièce éclairait çà et là dans un jeu

d’ombre la femme-insecte venue pour me faire jouir ou souffrir. Je bondis hors du

lit, nu, en érection et m’approchais d’elle. Ma respiration était saccadée, j’étais

pantelant, frémissant et angoissé, mais attiré irrésistiblement par cette curieuse

femelle. De son regard métal, elle m’obligea à m’agenouiller. J’obéis lentement et

plongeais mon visage contre son buisson noir et brillant. Je buvais crispé l’odeur

acide et molle de ses lubrifications vaginales. Je passais ma langue avec dextérité

dans la fente humide de son sexe et me concentrais pleinement sur son petit

bouton rose gonflé de sang.

D’une voix légère et claire, elle me demande :

- Où avez-vous appris à faire ça ?

- Constamment je le fais. C’est une manière de rendre hommage au lieu

qui m’a vu naître...

Puis je me relevais. Avec délicatesse, je lui fis faire un demi-tour sur

elle-même, et je pus admirer l’étrange conception de sa chair féminine. Au-dessus

du fessier, à la hauteur du creux des reins, l’on pouvait observer une touffe

épaisse de poils. J’écartais délicatement cette zone unique, et vis un deuxième

sexe comportant une autre fente, des lèvres plus larges et au milieu des lèvres, un

268


sexe d’enfant de quatre à cinq centimètres de long, en position repos. Il s’agissait

du second clitoris, volumineux cette fois et totalement adapté à la langue et aux

muqueuses internes de l’homme. Je m’efforçais de lui faire une sorte de fellation

délicate et subtile, lapant doucement cette zone sensible. Ses ailes se mirent à

frémir et je l’entendis de sa voix cristalline gémir avec plaisir.

- Oui, encore, bien lentement. Oui, oui, que j’aime ! ...

Cette délicate caresse dura pendant un long moment, puis la sachant sur

le point de jouir, je décidais de pénétrer cette touffe noire chargée de muqueuses

et d’odeurs vaginales. Mon sexe toujours en érection se glissa aisément dans cette

ouverture secrète. Le pénis y était emprisonné comme dans une cachette sûre et

délicieuse. Je sentis monter en moi la sève de l’orgasme, je décidais de

l’accompagner en saccadant de manière plus forte le coulissement intime, je

poussais des petits soupirs qui se mêlaient à des grognements légers. Ne pouvant

plus me retenir, je laissais exploser mon pénis dans sa chair en feu et donnais de

violentes saccades de sperme dans le bas de ses reins. L’éblouissement était total,

et je perdis connaissance sous l’effet de la jouissance dévastatrice. Quand j’ouvris

les yeux, la femme-insecte avait disparu. Je regagnai mon lit pour m’y réveiller

quelques heures plus tard.

269


Jette dans le noir désir

Jette dans le noir désir l’ombre spirituelle qui se plaît à enorgueillir tes

nuits. Plonge sous la clarté macabre les derniers délires de tes folies.

Hélas, je propose toujours des combinaisons puériles. Je joue par

l’analogie, par l’avalanche de mots de la même famille. Mais quand

comprendrais-je que je ne suis plus apte à exciter ma critique avec de telles

solutions ?

Un jour maudit entre tous, je délaisserai ma chair et regagnerai

l’intemporel. Je défis l’existence de m’apporter une once de savoir ...

Rare est le verbe possédant sa teneur, sa charge de vérité me permettant

d’agir. Mon “ Je ” est détestable.

Je cherche à transmettre le produit dans des conditions extrêmes de

gains. Je veux pouvoir dire : je prends et j’ajoute.

Donné aux esprits de l’air, soumis aux verges du ciel ! À l’aube du

poème, je n’étais qu’un fils coupable. Il fallait descendre le maudire et le

soumettre jusqu’à ce que la douleur lui fît produire ces écrits impossibles.

270


Le génie d’ombres, la lumière intérieure. Dans les fluides de fumée, ce

sont des protections ridicules et dérisoires. La chair adressée ... Les cicatrices

invisibles. L’horreur de la souffrance et pour quelle Force d’espoir ?

Un avenir ! Que l’on fasse germer un futur ! Un avenir et non pas un

amas cotonneux de verbes et d’insuffisances. Un avenir splendide, épuré pour y

baigner son âme assoiffée. Qui implores-tu ? Lui abonde, lui est repu !

Pensées autrefois sublimes, pensées aujourd’hui contrôlées. Un esprit

vif se hâte jusqu’à n’obtenir que le néant de soi-même.

Il y a aberration à vouloir tout écrire, à se dire : qu’importe, je

parviendrai toujours à récupérer la structure, ne suis-je point un habile trapéziste

qui retombe sur le fil ? D’ailleurs, il y a un filet.

C’est une constance d’incompréhension, mais de ce tas douloureux

monte un effluve léger et dansant qui nous indique la voie à suivre.

la feuille de papier.

La réponse de la cervelle me fascine comme un éclair traçant qui signe

De ces déchirements, de ces violences internes, de ces conflits

invisibles, qu’en tirera l’intelligence ?

271


Je vagabondais

Je vagabondais dans l’or de la tourmente, délaissant les refuges et les

auberges, où j’avais autrefois abandonné ma jeunesse.

Dans sa chevelure épaisse, je reconnus la beauté d’Hélène qui voltigeait

et tourbillonnait sur elle-même. Sur ses boucles très claires, je déposais un

bouquet de roses rouges. Sa beauté se suffisait du silence. Je n’avais qu’à me taire

sans la surcharger d’effets poétiques douteux.

bonds étranges.

Je décidai de m’éloigner, emporté par d’autres souffles, pour d’autres

Maintenant que tu as refait ton printemps, que te reste-t-il inventer ?

Car tu vas surcharger les effets d’hier, tu vas reproduire les souvenirs de ton

adolescence !

Il te faut te jeter dans l’avenir, vers l’au-delà, en utilisant le savoir des

anciens, pour être plus que toi-même, pour être un autre, supérieur à ce que tu es.

Eaux d’émeraude verte qui s’extasient dans le bien-être des douceurs,

eaux de mon vouloir, eaux sublimes et amoureuses, venez caresser le délicat de

mes traits si purs.

272


Dussé-je une seule fois m’éparpiller en pétales de mémoire, en

lumineuse source d’amour, et embrasser un peu partout avec des lèvres orange les

contours incertains de la femme faite de chair ?

273


Sagesse et audace

I

Entre la sagesse et l’audace, apprends à concevoir l’occasion, maîtrise

ta chance, elle te guidera.

“ La bravoure et la prudence de David ”, dons du Saint-Esprit.

Puis je sais, puis je prends conscience que je suis Rien. Mais rien, c’est

déjà quelque chose se plairait à ironiser le railleur de l’esprit. Non, j’écris

sérieusement. Nous sommes quatre à comprendre, la Trinité et Moi.

Absent pour les inutiles, présent pour l’Œuvre. Que pouvais-je tirer de vos

médiocrités, de vos visages détestables, de vos âmes stériles ? Le puits était en moi.

L’onction était en moi. Je devais y puiser pour extraire le produit poétique.

Je ne vous ai pas haïs, je vous ai contournés comme on contourne un

obstacle, un mur, un boucheur d’horizon.

Fallait-il s’en référer à vos niaiseries, à vos médiocrités de

fonctionnaires ? Petits jaculateurs de la cervelle, y avez-vous songé ?

274


Je pense à mon idéale de beauté, à cette femme bleue presque blanche

de chevelure à la Magritte. Je la vois pure et transparente, je la sais confusément

sous un amas d’ombres, de chair belle et de nonchalance. Je l’invite au repos

suprême pour qu’elle devienne mienne dans des épousailles spirituelles. Elle

voltige et tournoie et rit de ses dents éclatantes puis elle se jette sur mon âme pour

un ballet nuptial, superbe et messianique.

Ténèbres de mon âme d’où surgissent des pensées oubliées, des images

de mémoire, je ne veux plus de l’implosion chimérique, médiocre désespoir. Ai-je

l’aptitude pour créer autre chose ?

L’homme rampe dans son esprit, fusillé ou soumis, l’homme cherche,

esclave quémandant le poème.

cérébral !

Donne-moi une chair de poème à pénétrer, à jouir pour un orgasme

275


II

Je ne désire pas immobiliser le temps. Je marche avec lui, je cours.

Non, je le devance, là-bas dans l’avenir.

“ Le temps, je le devance, là-bas dans l’avenir ”.

L’essor sublime vers la pensée élevée. Au plus profond de ma nuit, que

cette divine grâce me soit accordée, purifiée et vraie. Voltigeant de hauteur en

hauteur pour moi et pour les autres. Est-ce possible ?

Je suis déchet d’écriture, médiocrité de production. Je hais ce travail

détestable dans sa décadence. Mais quand tirerai-je de l’absolue certitude un futur

et pour quelle valeur ?

Résistance. Pourtant je sais que cette forme n’est rien, inutile dans sa

conception. Je n’exploite aucun champ d’espoir. Je combine et spécule. Je

comprends, mais je suis impuissant.

La lucidité de mon néant m’inflige à me détester jusqu’à l’abandon

total du produit à obtenir.

276


Le mécanisme de la combinaison me convainc d’abandonner la jetée ;

je lance parfois, je condense, je refuse, car je sais que je perds.

Je dois certainement chercher dans autrui le fruit à dérober, l’essence à

exalter, seul par moi-même, je suis peu.

Je veux produire par l’Esprit, par sa Sublime pensée. Poète ou prophète ?

Le fardeau du Mal est trop pesant. Si je possédais l’intelligence libre,

ma recherche serait autrement supérieure. Je poursuis le jeu ridicule de la douleur,

de l’interdit à produire. Quelle histoire !

seul me suis inutile.

J’existe par mes absences, car il n’y a personne à voir, à écouter. Moi

Les œuvres peut-être, les hommes jamais. Ma méthode n’est pas dans

le relationnel avec autrui. Je produis avec des livres, non pas avec les hommes,

hélas !

277


III

Que veux-tu dire ? Es-tu espoir pour atteindre l’exil du printemps ? Je

convoite ta jeunesse.

pénètre ta chair.

Que veux-tu dire ? Es-tu femme pour extirper la pensée nouvelle ? Je

Produisons, encastrons-nous l’un dans l’autre pour les feuillées d’abeille,

pour les aubes éveillées etc. C’est encore les coups d’autrefois !

Je ne cherche plus à écrire les faiblesses, tu le sais, va-t’en.

Je tue la Muse, j’appelle l’Esprit, celui qui inspire, je me fais esclave,

j’obéis. Qu’écrirai-je ?

Je sais où me portent mes insuffisances, nullités, de moi-même à écrire

de la sorte. J’abolis l’image impure, fausse et truquée. Je travaille en vision à

présent. Je pense par l’Esprit. Je suis un moyen.

Ô les nouveaux exploits de celui qui croit en sa potentialité plus forte !

278


Il faut apprendre à extraire au-delà de ce qui est possible ; il faut tirer de

la cervelle crétine les figures folles, - en vérité ce qui est interdit.

Tout ce qui est interdit, est essentiel.

Il faut inventer en détestant le mal. Il faut concevoir en exploitant les

outils de l’intelligence.

Je ne veux plus souffrir avec le rictus Baudelairien, avec le vice du

marquis ; j’espère par l’Intelligence belle de l’Esprit tirer de pures vérités

autrement élevées et purifiées.

Qu’ai-je à faire du présent ? Je dois me projeter dans l’avenir pour

savoir et comprendre. Je parle de ma durée.

l’Esprit et créer.

Je dois conjuguer avec le Verbe, celui qui est près de Dieu, penser par

Il n’y a pas travail ; il y a écoute et application de l’écoute.

puis-je ?

C’est la recherche de la science sublime, de la pensée excellente. Le

279


IV

Les feuillées vénérées illuminent l’espace clair sous la pensée limpide

qui se liquéfie, se fragilise puis explose en mille sons multicolores et dansants làdessous.

Des nébuleuses sphériques bariolées de lumières voltigeantes

tourbillonnent, jonglent et fuient là-bas derrière les masses bleutées, et

vagabondent.

Les torrents lavent les berges en haillons de verdure. Plus loin un

peintre écrase des couleurs rouges et ocre sur un carré de toile. La voûte du ciel

est bleue électrique. Je ne comprends pas.

Quelle insouciance de l’esprit, quel vagabondage de l’âme sans raison,

sans logique, uniquement confronté au jeu de la lyre pour produire des coups, des

combinaisons heureuses et audacieuses !

Ce n’est pas travailler pour accéder à la Vérité, mais c’est rire d’une

activité impie, c’est caramboler pour le plaisir du divertissement.

Ah ! Que ne puis-je m’en retourner à ma rigueur d’autrefois ! Comme

je hais ce désordre ! Le parallélisme assure au marcheur l’avancée du pied droit

suivie immédiatement de celle du pied gauche ! C’est vrai que l’on subit la

280


monotonie du placement. Si du moins les paysages étaient de belles femmes vert

émeraude, repues de chair et plantureuses. Alors en moi s’exciterait la

représentation confuse et confondue d’une avalanche d’images aptes à stimuler...

Et l’essor joyeux me porterait...

Non, je cherche à parler sérieusement, à exprimer la justification de la

règle qui obéissant à l’inspiration s’associe avec elle pour fabriquer un produit de

l’esprit capable de séduire le lecteur.

Sur l’ombre vive enflammée, le fluide de phosphore et les mèches

dressées couleur opale lèchent la crête verte.

L’œil interne s’illumine, la pensée secrète s’éveille tout à coup pour

exploser en millions de photos, de grains d’éclaircies qui transmettront l’idée à

naître, celle qui cherche à vivre.

Je dois produire ; il faut accéder à un principe supérieur de stylistique.

Hélas ! Que puis-je entreprendre, moi jeté dans le XXe décadent ? Ai-je la raison

et la rigueur du XVIIe ?

281


V

Dans quelle nuit lugubre dois-je me plonger pour extraire le mauvais

diamant du mensonge ? J’en ai assez de mentir, je cherche la vérité par la

certitude de l’Esprit.

Yeux qui voyez, rapportez-moi la lumière spirituelle, celle qui

transperce la matière et vient se loger, là au plus profond de l’homme sous les

battements du cœur.

Chacune des lettres qui compose ton nom, ô beauté, consacre ton

sublime, enorgueillit ton idéal jusqu’à nous faire mourir lentement d’extase et

d’abandon.

Pour qui souffrons-nous ? La grandeur du martyr réside dans son

aptitude à glorifier Dieu même dans la fournaise. Les êtres supérieurs s’en

retournent, masse vaporeuse et décorporation astrale.

Comment produire sans la recherche intérieure, sans tirer de soi la

ressource invisible ? Il faut concevoir un espace différent, un support nouveau où

germera, où s’extasiera la pousse de fleur de Muse.

282


Pourtant je ne me prétends pas apte à extraire cette richesse encore

inconnue. Ai-je l’éveil de l’inventeur ? Il me faut une mécanique ondulatoire : sera-ce

la forme qui engendrera le poème ? Sera-ce le fond ? Je n’y crois guère ?

Que lis-tu dans ma cervelle stérile ? L’interdit de trouver une forme

pure émise par l’invisible né.

Que dois-tu extirper après ce lustre de léthargie ? Le concept

émotionnel qui répand ses ondes subliminales.

Je prétends à la pensée folle, voltigeant au-delà de ses repaires, je crois

vaguement embrasser des possibilités claires offertes à l’intelligence blanche.

VI

Si je t’écris qu’il faut tout détruire, tu douteras, tu en seras à mépriser

mes relents d’écrivain. Je hais les révolutions, je leur préfère l’évolution dans la

continuité. Donc : se baser sur les anciens, y ajouter sa nouveauté, préparer la

sauce - le style - et espérer que cela prenne ...

Où en sont les autres ? Je n’ai plus lu de poésie depuis six ans. J’étais

trop fixé sur la Bible et le Coran : 100 000 et 20 000 alexandrins. Merci. Peut-être

“ Libères ” chez Gallimard. Beaucoup me semblent petits à présent. Moi je pense

VH. Qui est un monstre. Mon gros sumo. Ceci est très affectif.

283


La cervelle, lourde de pensées parviendra-t-elle à extraire hors d’ellemême

ces inconnus à contrôler ? Pour qui ? Le premier lecteur est un critique

détestable.

Il ne s’agit pas ici d’imaginer, non. Il faut puiser en soi-même la vérité

qui s’y cache. Ni hasard, ni mémoire, ni combinaisons de propositions anciennes

mêlées à des concepts ignorés de tous.

Les lumières du Verbe m’éclairent tout à coup comme un nouveau

Christ, comme un nouveau prophète. J’obéis, je tache à trouver ce qu’Ils

m’inspirent. Je crains de me tromper. Ma foi est superbe.

Je cherche par Daniel par Jérémie, par Osée, je cherche et je trouve.

Mais que vaut mon intelligence ? Que vaut réellement cette perspicacité ? Je ne

peux pas me tromper.

Je scrute les Écritures. Je souffre par le Mal. Que vais-je pouvoir tirer

de cette abominable violence ? Est-ce pour produire cela ?

J’ai la connaissance des saints puisque je souffre. Je souffre, hélas ! À

qui profite la douleur ?

284


Magnifique au loin l’Épouse

I

Magnifique au loin l’Épouse, et l’espérance insoupçonnée !... Chant de

fiançailles, ô vous, je vous consacre mon souffle : j’offre une clameur belle,

supérieure encore qui s’engouffre dans la chambre nuptiale. Si ce n’est un délire

d’excès et de forme, avec quelles faveurs promises témoignerai-je ?

Il me vient à l’esprit d’essayer ces quelques mots, je me dois de les

combiner dans une folie raisonnée, dans une audace maîtrisée. N’est-ce pas là un

jeu que d’y trouver son plaisir ?

Oui, mes Dieux, je m’y consacre avec soin, avant qu’elle s’enfuit dans

l’éther incompris, cette grande fille vierge de chair, d’étoiles incessantes

composée.

Je me dois de produire l’écrit, il me faut concevoir le poème. Je

l’honorerai de profusion divine. N’est-ce point grande œuvre que d’agir ainsi ?

Qui dirige le texte ?

Ô mes sublimes donateurs, je vous retourne tous les biens que vous

m’avez remis : j’ai entendu l’ordre, j’étais présent quand le message fut transmis.

285


Oui, le bel ouvrage se propose et se fortifie. N’est-ce point obéissance à l’appel

de la Voix ?

Je parlerai de vous plus tard.

Brise, berce ma naissance ! Inonde-la de souffles purs ! Que ma faveur

repose au vrai soupir de vent léger

.

II

Substance qui conçoit, qui reçoit l’éphémère parole de toute vérité

certifiée. Oui ! Au plus profond de l’être, se pense une âme qui change.

Extase d’être dans ta chair, en moi-même repu, au délice de

m’entendre. L’élan du murmure me dicte tout à coup de produire par ce battement

de cil, par ce soupçon d’insignifiance ... et j’émets des sonorités diverses, des

pulsions d’écrit. Tant de choses qui sur l’instant s’obtiennent ... Ai-je l’étonnement

?

Et moi que suis-je au fond du corps dans la certitude du Fils avec

souffle vrai de son Père, avec voyance d’intelligence des Frères, les Dieux ?

La main qui pince le calame, qui se berce de paroles faciles, qui produit

et accumule par le poème, n’est-ce donc que cela ?

286


Comme il advint à celui qui très longtemps, sentinelle de son ombre,

attendait en vain l’explication du message ...

Pour moi, dans la confiance des Dieux, je deviens le serviteur. Ne me

dessaisissez pas, ô belles clartés. Mais que suis-je dans l’immense sérénité, dans

cette certitude éternelle, effrayante !

Femme, haute de tes délires, belle tentatrice, tu proposes à mon âme ces

desseins insoupçonnés, ces esquisses d’audaces, vois, je te prends tout tremblant,

soumis, toi, armée de lanières, je viens lécher le ruissellement de tes sécrétions ...

Ah ! Concept ridicule ! Moi, je puise à la source de l’Esprit ...

Se lève la violence avec picotements aigres sur les cuisses, avec

agressions latentes de ce mal invisible. Et que vais-je obtenir, moi dans ce tohubohu

ridicule, dans cette grande messe de la bêtise ?

De penser ainsi le savais-tu ? Me vient parfois cet idéal de vivre, avec

bercements insoupçonnés d’états latents, avec espoirs vains et instants disparus,

gris là-bas peut-être dans des lieux que je ne puis atteindre, ô mes sources

interdites.

287


La beauté d'Hélène

Je voltigeais dans le souffle de l'air, refusant la station, ignorant le

refuge où se concevait la femme. Des tourbillons épars portaient dans leur

poussière la chevelure royale d'Hélène. Sa beauté s'imprégnait d'idéale de roses.

Sa silhouette impossible allait boire aux fontaines.

La brume neigeuse enveloppait son corps dans la transparence inouïe

de lumière messianique. Je m'évanouis puis m'éloignais de cette persévérance

sphérique, sublimation de son image charnelle.

288


Le Temple

Je décidais donc de me construire un Temple éphémère ou immortel, un

espace dans lequel reposerait mon âme.

Ô temple de moi-même, éternel édifice

Rare construction plongeant au précipice

D’un néant inconnu, enfoui dans le Moi

J’y puise un mendiant, un apôtre et un roi.

volage.

La pure lumière venait s’y écraser, amante insatisfaite de la pensée

Ici une sorte d’accouplement devait s’opérer dans une vérité de songe,

dans un idéal chimérique.

pièce immense.

La parole du poète comme un écho s’apprêtait à retentir dans cette

idéal d’écriture,

Tant de mémoire des auteurs disparus, tans de fantômes rôdant pour un

génies fortunés que j’invoquais et suppliais.

289


serein et puissant.

Des variables de sonorités semblaient courir ou percuter le vaste dôme

Je caressais des statues de femmes d’une beauté inouïe et j’accédais au

vertige de la contemplation fabuleuse - c’était une sorte d’orgasme cérébral quand

la perfection esthétique atteint son paroxysme.

Puis là-bas, dans un halo concentrique composé de lumière éparse, elle,

presque bleue au souffle clair constellé d’or, s’avance et s’assoie sur les dalles de

mon Temple.

Elle, au plus près de la conscience certifiant la fuite de la gloire.

En face, l’homme de l’indifférence détestant la volupté, niant sa

puissance virile, refusant de respirer la chaude toison de ses entrecuisses.

Je préférais me servir de l’écritoire pour y transcrire les limites de

l’Azur, pour accéder aux oiseaux au-delà de mon Temple, par degrés infinis.

290


Contre-ut

Je ne sais que trembler,

trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère,

de l’impalpable, du cristal,

Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.

Je ne fais que vibrer

Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe

intellectuel. Je suis devenu une vibration

Impossible, irréelle, délétère.

J’accède à une forme

de conscience épurée, translucide, je rejette

la confusion. Je reconstruis le monde avec

des concepts autres, nouveaux, interdits.

Cette passion dévorante anime, produit de l’activité.

Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation

De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort,

Je sais pertinemment que rien ne restera.

291


Cascade

Cascade, ô blonds cheveux, bondissant à l’extrême

Comme foule excessive de lanières dorées,

Je dirais : pose-toi tel un casque célèbre

Imite en sa chaleur ce généreux foyer.

Car pour te figurer, il sortirait des flammes,

Ors fustigés, soupirs, clair joyau par le feu.

Cette sainte parure qui nimbe toute femme

Enivre le poète quand il plonge ses yeux.

Ta souple nudité semble soupirer d’aise,

Alanguie et riante contemplant le foyer

Et l’exploit de beauté que cette chair apaise

S’étale bienheureuse, murmure contre mon corps

Un désir lancinant qu’il faudrait satisfaire

Pour l’extase divine d’un merveilleux effort.

292


La belle évaporée

Assoupie, endormie, rêvant encore

un peu de soie divine sur un sofa d’extase

fluide, alanguie, s’étirant, là, oui inachevée,

mais s’étirant encore

sous une lumière lymphatique et pâle

sublime énigme de confusion et de nonchalance

qui semble régner impérialement

Elle conçoit dans son rêve des images claires

qu’elle traverse nue

Elle embrasse des souffles d’orgasmes et va

cueillir des caresses nonchalantes

tremblantes et fuyantes

Je secoue cette masse belle de femme qui tombe

en poussière de songe devant mes yeux ahuris

293


Soleils annonciateurs

Soleils annonciateurs d’idées nouvelles

Que l’on griffonne sur les vieux murs de sa raison

Inspiration qui souhaite repartir fortifiée à nouveau

Dans le long chemin intérieur

Avec l’intelligence à ses côtés

Grand matin d’espoir avec conscience éveillée

Dans le silence, l’attente et le désir

Avec les morts aimés, les grands révélateurs

De la poésie d’hier - essayons de produire

Étendues, reflétées sur le miroir littéraire

Avec vagues, flous et audaces d’avancées

Nouveaux espaces balayés par l’or des feux

D’autrefois, avec beautés et ordres premiers

294


L’élan créatif se veut agencements réguliers,

Constructions claires sur le zéphyr inventif

Amours poétiques sur l’aube éclairée de senteurs

Nocturnes, désireux de chercher un soleil de grâce

Que puis-je, moi avec tous ces éléments, ces images

Audacieuses produire d’utile et d’enchanteur ?

Tout s’en retournera, peut-être, à jamais dans le

Dérisoire et le stupide du sommeil éternel

295


Séquences

Femmes, lesbiennes, léchées, léchantes, merci, merci

Auguste buste, penchées et suppliantes. La dentelle

Entre les doigts si fins - Formes, mouvements en

Constance de changements - L'idéal statique !

Sources de vie et muscles souples. Le plaisir temporel

Des caresses devant et derrière en vous serait si tendre

Partout ensemencées

J'ai ta pluie d'or, doucement à

L'oreille, en toi le puits, demeure accroché

A tes mamelles le temps de l'extase est bref

Je m'oublie dans tes prunelles vives

Et cette cervelle

Impossible qui ne ressemble à rien Je n'entre pas

Je butte à l'extérieur pensées de femelle !

La sérénade sensuelle d'appartenance de liberté

Le mâle est-il conçu pour comprendre la femme ?

296


Les miroirs J. L Borges

Je me demande encore, après maint jour et mainte

Nuit perplexe sous la variété des cieux,

Par quel hasard étrange ou quel vouloir des dieux

Tout miroir me saisit de malaise et de crainte.

Miroirs, cieux, surfaces, espaces

Fragile et éphémère, poète tremblant dans le

Miroir de l'imaginaire, espace bariolé de reflets

Infinis avec l'impossible qui côtoie

L'invraisemblable - un univers de risques, de faux,

Et de pulsions émotives ;

mais encore, - azur qui

Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans

Un ciel irréel ; lac, surface lisse où

La pureté d'un cygne vient troubler le

Repos du dormeur

297


Variétés, formes du hasard

Pour l'intelligence complexe, c'est l'art de

Tisser les lis avec subtilité !

Miroirs, cieux,

Surfaces, espaces pensés et regardés comme un

Hasard modulable, lieu du questionnement où

L'audace poétique s'associe à la raison de l'écrivain.

298


Echos d’orgasmes

Il y avait ce moment, goût âcre d'une fraîcheur non démise et pourtant

sensuelle. Une fuite exquise dans la jouissance cérébrale, - il y avait.

sexuelles.

Vaguement exquis dans ce dénuement de taffetas et de liqueurs

Le plaisir somptueux bariolé d'orgasmes enchanteurs, dérivé sur la haute

partie - et soudain, le déchirement.

explosive pour le karma idéal.

Vaguement évasif, dans l'évanouissement de l'homme, d'humeur

pousse, mugit.

À toute heure, sous la chair, contre la graisse besogneuse et vulgaire, il

Mon cher amour, pour quelques spasmes déclencheurs de folie maîtrisée

- et ci - au plus profond - pour rien ? Pour ? Indécelable fonction génitrice.

Cependant l'autre fuite, vers l'extase saccadée, en rythmes fougueux -

que sais-je ? en parades d'excréments et d'urine, et d'éjacs faciales pour ton bonheur, ma

splendide soumise en porte-jarretelles !

299


Encore moi t'attachant, chaînes pieds et mains, dors à mes côtés.

Un vent insignifiant roulait ta chair délicieuse. Faiblement le bruit des

parois dans le matin. La voix désenchantée suppliante, implorante l'orgasme libérateur.

La quintessence d'une jouissance extrême, folie de feux explosant -

gémissant dans des hurlements de supplices bienheureux.

Toi, constamment et encore - Toi.

filant et clair.

Soudain, ce dernier rêveur illuminé et nu dans un rai d'élans, de lumière

sait ?

Déchirement de squelettes inquiets à la fontaine ombreuse et vide. Qui

couleur chaux.

Le feu et les œillades tourbillonnant. Mais ton songe complexe est

Céleste froissement dans l'arcade de l'élan vert. Et toi,

que dis-tu ?

300


L'imperceptible cillement de lumière, écrit Gracq parmi les intervalles et

les palpitations molles. Est-ce ta carence veineuse ?

L'affaiblissement sexuel, et là-bas hagards les pensers voltigeant

paresseux. Un vent pousse l'orgueil à se taire - à se suffire de rien.

parfumée de cannelle.

Tu roules ta poitrine égarée, mielleuse et repue d'haleine suave -

Une autre pulsion physique.

proue, et vagues infinies fuyant.

Très claires, se ravivant dans l'espace, deux chairs dressées, combat de

encore.

Claire et lente émergence vers le visage taciturne qui semble supplier

l'aurore du plaisir.

Espace et chair, espace qui se remplit d'odeurs âcres et vagabondes dans

encore.

Nonchalante après le Zénith de l'orgasme suggérant la volonté de jouir

301


L'imperceptible fuite et l'horizon hagard se déplaçant sur ses nuées

d'extase - là-bas, plus loin, ailleurs...

Les flux de lumière s'éteint dans l'air cristallin, la fraîcheur vive s'exalte

dans la fluidité matinale. Quel maître laboureur pour former le tableau ? Quel ?

Céleste froissant son pourpre dans l'opale interdit ?

chargé; et pourquoi ?

Les boules cotonneuses et jaunes comme suspendues dans ce ciel

302


*

Pour oublier, dans la variabilité de la nuit, déjà l'éclair et le feu.

Avant que la folie ne t'émeuve, avant. L'esprit fluide s'égaie encore.

De l'espoir, au plus bas, - renversée, retournée quand elle s'essaie à

quelque tentative désuète. Et toi, parfois. Avec des circonstances, des possibilités

ocre ou ternes - toi, aigri, filant, justifiant de sombres délires.

s'interroge encore.

Je m'appuie sur ton souffle. Mon ciel est chargé d'incertitudes, il

nos orgasmes dévastateurs.

Poème après poème, contre l'épaule, - l'élévation, dans mon lointain, et

extrêmes.

La grasse terre, aujourd'hui - toi et l'entourant, avec quelques fadeurs

Ce fut un arrêt, un retour, une mégarde - je l'ai franchi, je t'attendais -

dans l'aurore crépusculaire de l'âme - de confusion : je me savais.

303


Refusé, encore, ici. Et le miroitement indécent du ciel. Je n'avais pas vu.

Je me repose. Quelque chose s'éclaire. Fulgurant ! ...Éblouissements.

- voltes sur toi-même.

Dehors ! Et tu demeures dans l'incertitude de ton tourment - tu retournes

*

Dans l'extase - elles s'élèvent, ces filles bleues, avec ruissellements d'orgasmes -

transpirant leur plaisir.

Les touffes jaunes bondissent, des silhouettes élégantes circulent dans le

feu du cristal, et là-bas accrochées à d'autres fluidités, - ce sont nos orgasmes orgueilleux

et moqueurs.

Mais le baiser fondu pour d'autres épreuves, en poussière d'orange salive

quelque peu. Des supports de chair, de filles dangereuses nous harcèlent parfois.

Éclairé par l'ange dans l'évidence du nuage.

304


*

Jusqu'à l'ostension de ce résultat

insignifiant - poésie de moi, de rien.

Fustigeant mes figures, fustigeant retournées

que peu les cherche, que peu.

Encore l'éclatement bariolé rempli de saveurs.

J'arrache, tu es devancé, liant les moindres mots -

le mouvement est ajourné.

Qui file sous les pas, - seulement, comme du regard -

j'accueille le nouveau jour.

La pensée, en poudre et lui-même, éclaté éclatements

pour une suspension de l'image.

À travers, dans la fuite, de ce qui donne,

une foule d'humeurs.

305


flanqué d'une fraîcheur

Mais tu vois, je cours, je dors aspiré par le vent,

*

Sur la fluidité de l'extase, pour l'orgueil des passions, pénétrant

l'interdit, éclairée d'une danse, - et sans fin ! quoi ? D'Eléonore

voyageant exaltée, tourbillonnant encore.

306


Le feu

Silence comme femmes en fusion, silence

Dans des mains transpirant des cendres chaudes

Elles, bénies sous des flammes de soupirs, gémissantes

De scories, hurlantes dans le feu passionnel

Brûlées et encerclées de flammèches, de che-

Velure volante, habillées et nues, habillées

Par la danse des flammes - toujours en soupirs

Et implorant l’extase de l’orage, mais le feu.

Encore le feu pour les faire jouir - ces lueurs

Rouges et écarlates dans la mouvance du vent

Toi, forgeron sous un flot de vin, effrayante

Fumée d’extase et de délire, te voilà

Calciné dans tes poussières de fantasme, ramassant

Pelletées de femmes irréelles et pourtant vivantes.

307


De grandes fluidités

De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon poétique puis vont se

dispersant sous la tiédeur endormie.

Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour l'amour infini interdit, es-tu

ma délivrance ? Une vive éclaircie dans le lointain espère quelques flamboiements extrêmes.

Sont-ce des illusions du tout au tout, du supposé possible à la rumeur absurde ?

Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des sursauts sporadiques ?

Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de l'esprit - je veux vous

rassembler dans la synthèse subtile pour un bégaiement aléatoire.

Qui invoqua ces pseudo répliques mentales, ces intercesseurs de l'écriture,

ces génies de la syntaxe ?

Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes dépens.

308


Pénétrant, et cette fièvre

Pénétrant, et cette fièvre pénétrant dans le flou, dans la haine, dans l'élan

mais pénétrant encore

soi

Là, là encore dans les flux et les élans, dans les poussées incolores de soi à

Oui, mais en dedans

Mémoire pensée et repensée pour cette fluide ténèbre j'avance songeant à

déplacer, à reconsidérer ce décor de décrépitude

le regard en avançant

Par mille profondeurs, en d'autres lieux internes te guidant - et tu réponds par

D'impossibles, de riens à reculer là ici déplaçant le repos

mon corps

Oui cette forêt de liens indéfaisables puis ramilles légères - dans l'ombre de

ronces

Mélange de lianes, de fougères, d'élans de branches entortillées et fuyantes et

309


Moi ayant toujours cherché et visitant

Dans le néant de mon extase, je m'illumine encore

310


La belle obscure

De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement

Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres

Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la

Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements

De synapses dans l'immense luxuriance du don !

Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis

Que croît, s'élance et se fortifie la ramifi-

Cation de feuillage obscur ! La belle en glissades

De courbes, en fuites éperdues, en élans in-

Cessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !

Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et

Figurative, ou plonge encore dans l'immanence

Insouciante de la raison, dans la vasque remplie

De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.

311


La belle abandonnée

Elle, et encore, elle pour de si clairs

Parfums suaves ~ endormie dans

La pâleur des fleurs

pour cette flottaison blême

Accoudée à la lumière crue qui berce

Ou balance des cordes à l'infini

Dans cette douce solitude exquise, elle de

Lait dévêtue à la peau beige ;

ses formes

Lourdes qui s'étalent dédaigneusement sur le

Sofa fatigué, des formes épanouies chargées

De mémoire, repues d'extase, abandonnées ~ là.

Généreuse, à la chevelure abondante, chatoyante

Respire-t-elle, songe-t-elle aux flots d'orgasmes

Satisfaits, aux nourritures charnelles d'autrefois ?

312


L'imperceptible frisson d'aile l'éveille tout à coup.

313


L'ange

Tu flottes mais ne penses guère ; tes envolées

Nocturnes ne sont que des effets trompeurs.

Tu fluidifies ton vrai : l'extase s'enfuit

Dans les méandres de l'inconnu ~ là-bas.

Je touche l'ombre aérienne, et la folie

Tournoie dans l'interdit à pénétrer.

Les formes immortelles poudroient un impossible

Froissement d'ailes - des flots de roses

Envahissent ton âme - tu les respires confusément.

314


Sur-inventer

Non, certes pas, mais sur-inventer ~ sur-inventer dans le délire optique

Les lignes pensées qui se déploient en pointillés, en préexistences

phénoménologiques, en fluides étirés, en sèves bouillonnantes, en

Sperme-écoulements de ton vrai

Azur co-substantiel azur contre azur vous que j'ai déchirés d'un

bruissement d'aile pour confluer vers mon Néant

En carrefour à plat, en bornes interdites, en recto de verso pour aplanir la

plume qui glisse

Très savant et sensible : signes émouvants, fluidifiez mes envies appliquées

dans l'aléa de l'écriture pour venir féconder de sublimes connaissances !

Et faillir dans des figures aberrantes, obséquieuses avec cette fille sale et

répugnante, vicieuse et splendide ~ avec ma chienne soumise et aboyante ~ tu

vois, nous cherchons encore.

315


La femme effacée

Et ses pas alanguis dans l'esprit qui s'aère

Filant sur des orgasmes de fluidité exquise

Quelque chose de pur dans le mystère mien

Charmant, disparaissant vers l'exil à franchir

J'efface sa douleur sur des vents en délire

J'arrondis son visage et je berce ses traits

Belle mais belle encore, ajournée en demeure

Ou douce détournant sa chevelure claire

Puis des flammes d'azur tombent sur l'horizon

Encombrant de leurs voiles l'infini à décrire

Des poussées d'or s'esclaffent en tintamarre épais

Et là dans mon sommeil sa frêle invitation

M'offre des mots obscurs dans l'espoir à renaître

Je m'allonge hébété ne sachant que penser

316


L'éclat de sa beauté

Elle, et l'éclat de sa beauté, déjà basse

Et encore entrouverte, à l'instant de jouir

Avec soleil, champ visuel amoureux que nulle

Pudeur défend...

Le plaisir demeure dans une plénitude

Que je dénude. Je recompose ma pensée sous

Cette architecture de femme, façade et

Corps de bâtiment avec le même souffle qu'autrefois.

Son étendue endormie - le fond du jour l'embrasse,

Parvenu à ses pieds l'air frais la caresse, et moi

J'interprète ces courbes et ces formes, je spécule

Sur la mémoire sensuelle laissée après les débats,

Je réorganise l'appel de sa chair, je conçois

La raison de cette chevelure floue, j'attends le miracle

Du génie sexuel féminin qui s'illumine tout à coup.

317


Sphère sublime et bleue

Génie avec très tendre vocalité, pensé là

En cristal endormi, émergeant peut-être

Sous éclats de rayons - du moins gaze léger

Oiseau-plume de senteurs évaporées, brodé

D'attentions délicieuses en souffles aériens,

En traces fines et claires.

Sonne, sonne, sonne

Le cristal qui te met en demeure d'exister. Ou

Sors évanoui en lambeaux poétiques de rien.

Les flux de lumière sont posés à tes pieds, les

Degrés de la pureté t'appellent à la lente

Remontée.

La fixité de la neige, les blondeurs

Irréelles qui dansent sur des images - encore

Évanouies mais espérant un envol inconnu,

318


Seras-tu sphère sublime, bleue et transparente à la fois ?

319


En lignes pensées

Certes, oui - le vrai - écoulements de certitude en lignes pensées de petits

soldats bien appliqués

vierge ?

En subtils pointillés de peut-être, l'écriture se posera-t-elle là sur le rectangle

Ces minuscules tentatives abandonnées dans le Néant phosphorescent du

Moi, phosphènes transubtantiels pour rien en vérité

Occasions remises, poussées recto verso sur de très savants lignages qui

glissent attachées par la main qui refuse ou accepte

Pour toi, c'étaient des coups ratés que toutes ces propositions médiocres - il

fallait refuser, raturer ou jeter -

Poème-écriture de : pour qui ?

J'ai délaissé, usé et fatigué sans espoir de progrès. Dernières jetées de

sagesse tremblotante dans son désert intime !

Haleines, souffles et frissons obsédants de peu pour féconder des savoirs

supérieurs : pourquoi pas !

320


L'esprit plein de déception s'en retourne dans sa triste solitude intérieure sans

même l'espoir d'un peut-être

321


La douceur azurée

Où la douceur azurée d'être plus haut dans la brise claire et fuyante d'un été

Douces douceurs d'extases suspendues en finitudes d'orgasmes

lassitude

D'un éternel jamais glorifie-toi, tu es ! Contemple tes dérives, décline en

Vers l'évasement d'un ciel poudreux appelant le soir de quelque subtil

murmure, voile tes pénombres - là, endors-toi

Les sources jaillissent sonores, virginités belles et paresseuses

Les limbes d'une beauté limpide s'essoufflent nuitamment. Elles s'essaient à

transluire vers la pâle clarté

D'évanouissement en évanouissement, des filles-ombres, des femmesmousseline

se nourrissent de vapeurs poreuses tout près, contre moi

Ombre délivrée de la chair fangeuse, pieuse et suppliante, éveille-toi enfin et

fais s'enfuir l'impossible paysage.

322


Oui, là éveille-toi

323


Ϫ

Essences et apparences, et quelles

Fuyant la vague morne profondément en soi

L’être, balançant en non-être et déviances sans questionner son infini

Vain centre crépusculaire en lassitudes inassouvies dans la mesure du

déroulement tout en glissant

Quel fameux bruissement d’ailes là-haut emporté par ce vent qui vivifie

tandis qu’une plainte maladive semble encore supplier

Les souffles frôlés s’élèvent insensiblement

Ce qu’il croyait toujours évanoui dans l’ombre de son ombre, en poussières

de lumière, en déchets entassés

l’éther

Et les présences émerveillées qui trament et trament à nouveau dans le sein de

324


Combien encore de marches inutiles, de conquêtes limpides dans le foyer

boréal du Moi !

Endormi sous le charme mensonger de quelque vaine idole et contemplant les

astres parfaitement posés

Je, et quelle fraîcheur claire éparpille mes pas, je léger d’hypnoses neigeuses,

m’élevant encore, là et là-bas dans l’errance où je diverge immensément ~ elles,

sont des féeries dansantes

L’impensable dans la sphère pure

vois : je me désespère

mille éclats éclairés de lune affaiblie

s'émerveillant sur le diamant

activant son souffle

en abondance de rêves

là s'y essayant encore

pour le comble du désir

325


Ϭ

qui s'étire vers de vaines directions entremêlées de spasmes suffocants, fuyant

de pâles divagations inconnues

et encore : pour quelles perspectives ?

Finalement aveuglées là dans le tréfonds de l'âme

sublimes oublis espérant malgré tout...

326


Les fluidités exquises

Il s'agit de fluidités exquises spontanément inviolables, auréolées de gloire,

fortuites pourtant - les personnages sont nus sous des tréteaux et la foule rit à

intervalles réguliers -

foule.

J'observe les longues sérénades et je ris bêtement, - je ris encore - j'imite la

Qu'est-ce à dire que tous ces abandons de chairs - que toutes ces promenades

en long et en large ?

L'ensemble est guindé toutefois, et la lumière crue vacille sur les corps - elle

semble les lécher nuitamment.

Dans les situations folles, je fais trébucher des marches - j'invite d'autres

créatures - je suis peut-être cet inconnu passant sa langue sur des rebords étroits.

Ma lassitude m'en veut déjà.

Ô beautés ! Ô créatures magiques ! Les divers ébats sont de lumineuses

plaies - mes intentions sont des jouissances !

327


En tourbillons exquis de lavandes claires, la pensée s'exile sur le sol infertile

et la vérité précoce retrousse ses lèvres pour recueillir les soies et les poussières à

jamais inconnues.

Cette beauté resplendissante d'automne, est-elle matinée pure ? - Je vous

salue, vrai corps - et harpe davidique je mêle mes chants à vos sublimes

sensualités.

aurai-je ?

Celle-ci vit renfermée - aurai-je le temps de la jouissance et de la gloire -

Tant pénétrées dans leurs immenses amandes rousses ou jaunes. Oui, elles se

tournent vers moi.

328


Si bleue et telle

illusoires.

Si bleue et telle, la bouche ouverte et suppliante, elle berce ses rêves

- inlassablement

Chairs qui suintent et ruissellent des sécrétions amoureuses - chairs

accouplées avec silhouettes humides qui nous observent là dans l'ombre.

lourdes et chaudes.

Avidité pour la turgescence de mon sexe avec consistance et odeurs

Groupes d'hommes et de femmes en position, au couchant et les

plus belles pour des nuits de consentement.

gueule.

La sublime nymphe prise et reprise - tu as bien fait de lui fouetter la

Elle oui, en figurine de jouissance, en nudité, liée, soumise à des

domestiques - je te retrouverai,

tu es admirable, perverse pour le réalisme sexuel.

329


Sois infiniment délicate et slag avec le stick ces putains de statues

vicieuses qui nous observent

en se branlant frénétiquement.

Avec influence subtile et masochiste, encombrée de ces grands

accessoires - fentes et chaleurs -

tu deviens, c'est chevelure, qui s'étreignent à deux ou à quatre.

Que les corps sont beaux en vaines possibilités interdites !

deviner, asservie en plaisirs

À ton extrémité, le vit - et toi enclose en toi-même, j'ai pu te

audacieux - voici ton luxe !

Et telle autre, grande, fouettée au galop - de me suivre dans des

orgasmes déviés - je la dirige -

temps légers - secousses - j'explose !

330


Autre obscur

Pour que gémisse dans ton obscur, pour que soit sublime ton obscur

avec viens dans la plus sombre, avec belles luxuriances, avec langues et de

s'élancer-en,

Avec glissades d'herbes douces, avec bouton, de se mouiller, avec doigts et

mains jamais lasses

- oui, très doux excès de se mouiller vers le séant, de s'enchaîner au plus

profond avec plaisir de faveur prolongé en raffinement de parfums ~

Langue tu te délectes, langue tu te rassasies et bois encore goulûment à la

chair intime, et gland, et gland de "L'aime-trop", " L'aime-encore", " Allongé " - à

se désorienter dans les cavités, fornique et plais

accompli,

Là de s'exalter en humide, en exhumations de plaisirs pour l'évanouissement

sois belle et tendrement obscure, sombre de délires dans la chair sublimée.

331


La lumière et le vent

vent.

Nous préférons ne pas avoir été dans la lumière - nous préférons être dans le

Les contrastes se rapprochent - nous allumons des ombres - ceci est le

chemin principal.

Mais nul orage ne s'y oppose - l'ombre est à saisir et peut se prévaloir

d'exister.

Vivre - mourir - jouir - souffrir - ceci est de trop. Moi, je conçois dans un

cauchemar, et mes folies sont des manœuvres de plaisir. Ainsi j'admets ma vie.

Mais dans les labyrinthes de l'interdit, parviendrons-nous à trouver quelque

message de la marque du temps ? - Les signes sont vides et se déploient dans

l'espace.

Nulle sortie, hélas. Il se peut que chacun ait sa réponse. A moins de plonger

dans le noir abîme - de l'interface à l'Univers - j'y suis Ceci est folie et fantasme !

Qu'ai-je dans mon Néant ?

332


Ombres ? - Avec variabilités incomprises - avec chaos cérébral de l'infini

compris-de-rien ,ou mouvements de l'intelligence qui se déploient et sèment des

pensers nouveaux ?

J'invoque l'ombre et supplie la lumière. Mais caché dans l'infini sans fin, que

vais-je espérer ?

333


La poudre de printemps

Tes chevilles, jeune fille dans ta poudre de printemps

Fille élancée, beauté particulière

Avec ces avancées hautes, altières

Et glus de sang au fond de toi

Dans maints rêves, est cette fille svelte

Je te vois légère sur tes pieds nus

Le bleu de l'étoffe caresse ton épiderme clair

S'y jette une pluie de pourpre, de lumière et de feux

entrecroisés encore

Le tout forme une seule ombre avec ton sourire

de menthe douce sur ton visage

Tu es mon éden, cette floraison de vignes

dans la beauté de l'idéal

334


Et moi, je te supplie humblement dans l'incandescence

de ma vieillesse, me soumettant encore

335


La recherche éperdue

Je te cherche éperdument

Les fruits de tes saveurs sont des souffles à espérer

Massives sont mes caresses dans des délires de fille-perverse

Je m’associe avec l'intime et te suppose éternelle

Qui pourra entre nous deux déterminer l'ultime à pourfendre ?

Je te veux et ne suis ~ qui accueille les maléfices

et les délires dans des folies obscures ?

Oui, douces abondances pour ces feux obséquieux !

Je m'exalte dans des profondeurs sinistres et je t'attends

en moi éternellement.

Ce sont des pertinences de lait qui néanmoins se donnent

jusqu'aux folies du lendemain.

Nos ombres douloureuses et sensibles s'esclaffent au-delà de la nuit.

336


Tu m'apparais dans mon délire. Et je t'octroie de nouvelles saveurs.

Va dans l'inconnu refléter tes mensonges - va plus loin

dans l'extraordinaire - je te sais quémander un supplice - un maléfice.

Mais jamais je ne pourrai t'atteindre. Ta folie est

une domination paisible au-delà de nos mœurs. Je te laisse soupirer

et je ne puis, hélas !

337


L'apothéose de sa féminité

À Matisse

Parfumée là dans un halo étrange

Évaporée encore espérant quelque nudité

C'est une aube à la robe sanguine

Qui s'élève doucement hors de ses torpeurs nocturnes

Un vent d'accalmie semble la caresser

Une figure fine disparaît dans la nuit

Le plus léger circule vers l'imprévisible doux

C'est un tracé subtil qui s'égare toutefois

Nul vertige ne vient plonger pour fragiliser mon âme

Dans cette peinture irréelle et subtile

Mais encore ce prolongement de soupirs

Qui repense les vides et s'égare dans les sinuosités...

Arbitraire en bleue beauté exaltant ma rêverie

De présence annonçant l'apothéose de sa féminité !

338


L'Erosphère

De ta beauté, jamais !, je ne saurais éclore

Fustigeant l'idéal de mon rêve interdit.

Au plus loin du Néant en niant ce décor,

Je conçois quelque peu ce que Dieu a maudit.

Mais j'exècre et j'espère et je redoute encore

De ce feu éternel son souffle et l'agonie.

Je plonge au plus mauvais et je supplie les morts

De m'offrir une extase quand s'est enfuie la vie.

Mais n'était-ce que cela ? - Cette faible rumeur

Susurre et me murmure : ici est ta survie.

Jouissance et souffrances su succèdent en lueurs.

La cruauté sublime implore son agonie.

Te voilà à genoux dans la pure érosphère

Quémandant à jamais les plaisirs infinis.

339


La prostituée fameuse

Enivrés par la myrrhe qui sort de mes entrailles

Mes amants tout joyeux aux fêtes de la chair

Viendront mourir d’extase, sublimes funérailles,

Transpercés par le feu, par l’épée et l’éclair.

Et perdus à jamais dans mes viles profondeurs

Ils connaitront l’horreur de la femme lubrique

Incombée par le vice des rites sataniques

Gémissant et hurlant de terribles douleurs.

N’imitez point, ö hommes, vos frères écervelés

Qui dans la mer d’orgasmes ont voulu se plonger

Et vivent pour toujours dans l’horreur, éveillés !

Car cette éternité lentement se dévide

Et leur sinistre sort est un tombeau livide

Où le temps incessant saura se prolonger.

340


FRANCK LOZAC'H

POèMES DE L'A-SCIENCE

341


La vraie science ...

Instruis-toi dans le Christ

342


Le poète se met à faire le philosophe

Ni la théorie de la relativité

Ni la théorie des quanta ni le théorème d’incomplétude de Gödel

ni le principe d’incertitude de Heisenberg

ni la théorie des catastrophes de René Thom

ni la mathématique non euclidienne de Bourbaki

ne sont pour le fou que je suis un garde-fou suffisant

devant le vertige un peu nauséeux que donne le néant

et pas davantage Platon saint Thomas Spinoza

ni les autres grands philosophes

ni les poètes

(même si je suis tenté de faire quatre exceptions

Tchouang-tseu

Blaise Pascal Angélus Silesius

et Ludwig Wittgenstein dans sa cabane en Laponie

selon le principe d’expérience auquel je me tiens :

Les dogmatiques ont toujours tort

Les mystiques ont toujours raison)

Et toi

petit soleil de mon système

solaire mon attentive ma douceur

ma très force ma très fragile ma tendresse

343


ma relation

ma relation toi l’absolu intermittent

dans le relatif familier de l’instant qui parfois échappe

au temps

toi que je nomme ma vie vivante

Le haut Bout

Claude Roy

19 juin 1983

344


AUDACES POéTIQUES

345


Résonances

L’univers-loupe

Non, pas la plus infime particule

De savoir, de compréhension

Dans cet univers-loupe

Crie la tentation du poète

Repu de chimères, d’ivresse et d’insouciance

Désireux de posséder la logique vraie

Avec axiomes, théorèmes et lois

Quelle folie, cet imaginaire sans

Vérités apparentes, où la confusion côtoie

L’indécis, où l’esthétique du beau

Est une constance de tangage !

Fastueux choix dans les créations d’autrui

Avec rejets, avec je, avec greats

Pour l’épanouissement cérébral du Moi

346


Phénoménologies

I

J’activais ces points-réponses,

mes yeux au centre

j’esquivais une réponse vraie, fausse,

qu’importe !

Je passais sur du délétère

c’est ça : je captais

croyant à ma force

Elle ondoyait sur des feutres crissants

Les paupières clignotaient, aptes à percevoir le message

Je plongeais dans des vagues océanes,

coulais, remontais quelques poissons d’argent,

- c’étaient mes points-réponses.

II

Ces perceptions grossières,

347


je veux les affiner - comprendre le point

son origine, sa vérité, son association.

Je me fuis pour me retrouver

ce n’est plus la clé pour le silence,

ce n’est pas un code à composer,

c’est la puce à intégrer,

le plus petit

de l’œil à la loupe

de la loupe au microscope

pour définir le caractère de l’apparition.

La conscience de l’image, sa pigmentation

ses points composés pour fabriquer la trace

l’origine de cette organisation

non pas la fonction d’apparition

mais la vérité sur le point

348


Le parcours de la conscience

De nulle part. De l’éphémère insoupçonnée comme

Intuition, peut-être - pas encore - substance,

Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G

De Spearman sans doute. A la recherche de

L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,

De la fusion - du risque, de l’audace - outils

D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux

Accéder aux plus belles productions de la raison.

Encore avec intelligence, et langage - y faisant

Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.

A moins que je puisse espérer l’intuition pure -

Il ne faut pas douter ! - plus tard encore la

Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et

J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.

349


Encore des solutions

Encore des solutions à des problèmes enfantins,

Risibles - à pouffer - rien dans la pénétration.

L’Esprit cherche, - enfin ! Donc : nuages, fugacité,

Ombres, toisons bleues de femmes, jambes effilées,

Valses, pensées scabreuses, lignes de chair parfaites.

La femme. Je la veux numérique, faite de 1 et de 0

Pour ma jouissance cérébrale. Non je pense au second,

Au troisième univers. Est-ce de l’intuition ?

Et la science. Lisez, divertissez-vous ! Cela sera

Votre suffisance. Car votre capacité est vaine.

Mais des modèles de recherches, il n’en est point question.

Toi, toujours, accumule, produis, pense, - avance

Empile poème sur poème. Pour qui ? Pourquoi ?

La ligne mélodique future est encore à trouve

350


Doubles consciences

Doubles consciences communicantes

Claires, saines et séparées

Il y a transfert d’idées, d’énergie

Pour l’intérieur - à deux - y arriverons-nous ?

Élans, volontés - actions - combinaisons

Oui, toujours.

Vérités simultanées de certitudes jumelées,

La trace - le fantôme sont derrière

Comme l’ombre et la silhouette

Mais l’ombre se dégageant de la silhouette

Peut anticiper le pas, le provoquer, - le suggérer.

351


Les conditions du possible

Ce que l’on ignore et qui est possible ; la limite

Temporelle imposée à l’homme ; le cadre de l’époque ;

Concevoir l’imposable par le risque et la créativité ;

L’impensable, - l’absurde, - puis un élément insignifiant

Vrai participant à l’élaboration du projet, second

Élément ; troisième élément, - les contours se dessinent.

Un désir qui porte au-devant de soi dans un espace

Nouveau, inconnu encore. Suis-je capable d’at-

Teindre ce que je désire ? la condition du possible

Se situe dans l’homme qui veut devenir être ; pouvoir ;

L’origine du désir, - ses gènes sexuels et cérébraux ?

Est-ce de l’énergie alimentaire transformée ? Qu’est-ce ?

Ce besoin, ce facteur G de Spearman, cet indice C

D’élans, d’actions. Qui le produit en soi, qui ?

352


Topologies

Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,

Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer

Sur son propre chemin. Croisements, lieux et

Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,

De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.

Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.

Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,

Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.

De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.

Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,

Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder

A l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,

Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,

Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.

353


Les moyens/l’action

Le savoir. La maîtrise de la logique, la con-

Naissance théologique, le nécessaire pour comprendre,

Le suffisant, les limites cérébrales, le travail en

Commun, l’homme avec l’homme, la part du QI.

L’élévation. Ses faiblesses, ses forces, l’adaptation.

Innover, la vérité des sciences, l’essence de l’art.

Le dépassement, la mièvrerie poétique, la matrice

De la vieille femme âgée de 3 000 ans, les enfants

Chétifs, la philosophie évolutive, la certitude

Divine. L’insignifiance humaine. Et pour quelle

Gloire ? Je vous le demande ! ... demande !

Car la finitude est bien le tombeau. Ou l’enfer. Si

Condamnation, il y a, ou la pureté idéale avec

Nouvelles perceptions, nouveaux langages, nouvelles aptitudes.

354


Poème/lecteur

Ne pas penser, poème, mais percevoir. Le rapport

Au langage, le moment dit évocateur. Le

Panorama d’images, l’avalanche, la composition,

L’offre : Le voyez comme moi, la force, la passion,

La flexibilité de l’intelligence, l’adaptation du lecteur.

Densités des effets, distorsions, audaces, le dia-

Logue avec le pseudo-spectateur, agis par Moi.

Les mots deviennent des choses. Je t’emporte où je ne suis pas.

Le droit au mensonge. Mon illogisme, l’irrationnel,

L’improbable, l’invraisemblable, lire-avec lire-pour

L’imaginaire, l’espace où l’interdit est interdit, le guide.

Nourris-toi de mon idée. Y a-t-il quelque chose réellement ?

L’angoisse et la conscience. Ses Ténèbres, ses Erreurs,

Ses énormes Fautes. Un homme en vérité, médiocre.

355


Vérité et liberté

La planification de la recherche hors de toute liberté.

Pourtant volonté d’accéder à une vérité nouvelle. Agir

Dans la contrainte sociale, est-ce liberté toutefois ?

La liberté jalonnée de la mathématique. Qui peut agir,

Choisir, décider. La vérité sans liberté. La vérité

En dehors de l’arbitraire humain : exemples : les lois

Fondamentales qui régissent l’Univers. Existaient avant

L’homme. Donc, en dehors de la subjectivité de l’humain.

Règne une certaine essence de la vérité au-dessus des hommes.

Ajouter sur la Formule de Taylor-Lagrange, est-ce de

L’essence de vérité ? C’est prolongement mathématique voilà tout.

Le choix aléatoire. Random, proposé à la machine,

Est-ce la liberté ? En vérité. Non. L’animal, le

Végétal possèdent toutefois un choix décisionnel.

356


La nouvelle inspiratrice

Désire autre chose - sans l’errance - avec la construc-

Tion. La logique, le décisionnel vrai. Assez de cette

Allure de jeune fille éplorée - : une athlète bionique

Courant le 100 mètres haies - avec vitesse et efficacité.

Fille enveloppée dans l’obscurité des dires impossibles,

En luxe et pauvreté d’habits, avec vices ou élégance,

Il faut donc penser une nouvelle inspiratrice, sportive,

Dynamique, agressive, belle, saine et blonde ! Actions !

Ou noire, pourquoi pas !

Etre-autre-chose de fort, de grand,

De crédible auprès d’autrui - le public méprisant.

Quitter le palais impossible - débordant de pierreries et

De poudres immortelles. Pénétrer dans le stade pour le

Challenge de l’intelligence et de l’audace, des spectateurs

Enthousiastes acclamant et payant pour la prestation !

357


Le laboratoire de papier

Un poème est un laboratoire pour le langage, une

Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,

Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire

Avancer le génie de la langue.

Parfois bijou ciselé,

Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation

De l’image mentale.

C’est également un outil d’extraction

De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger

Du matériel nouveau par l’apport extérieur.

De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne

Pour élaborer le produit différent.

Recherche d’une

Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer

Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.

358


Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,

Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?

359


Le poète homosexuel et son père

- Il a peu, très peu, si peu

Sa constitution est faible

Il faudrait le nourrir de science, de mathématique,

De structures solides, basées, irréversibles,

D’une vérité absolue,

Mais voici que Monsieur, poète, insouciant, aérien,

S’occupe du vol plané des libellules

S’emporte sur des rêveries insouciantes,

Se suffit de l’air du temps

Et ça voudrait réussir sa vie !

De l’inutilité, oui,

Du parasitage.

Tu finiras ...

- Par disparaître, paraître, être, être académicien,

Grand, très grand, premier, etc.

360


Je sais la voie est difficile, mais crois-moi,

Sois patient.

- ... Je vais te nourrir jusqu’à soixante-dix ans, et j’en aurais quatre-vingt

avec ma pauvre retraite de fonctionnaire. As-tu songé à ton père ? Et tu as

l’outrecuidance de m’annoncer que tu es homosexuel ! Homosexuel ! Moi

qui ai tant aimé les femmes, tu ne trouves pas que c’est difficile d’entendre

de telles paroles ? Poète et homosexuel !

- ... J’inviterai Roger seulement une fois par semaine... Mais non, je

plaisante.

361


L’image

L’image n’est jamais achevée,

Elle s’adapte à toute forme d’intelligence

Chacun la reçoit, l’interprète à sa guise

Son origine n’est pas dans la pureté de l’esprit

Elle n’est qu’un principe associatif, combinatoire

Niche en A avec Niche en B,

Variables d’éléments de A avec

Variables d’éléments de B

Éléments de A dérivés

Éléments de B dérivés

362


L’aventure interne

Surgit le cygne sublime et blanc

Qui est symbole encore

Comme l’âme a plongé au fond de soi-même

Pour y chercher science et a-science

Il y faut de la vitesse, des battements d’aile

Impétueux, de l’extase, quelques vérités,

Du vin et de l’ivresse

Et ces pensées mal maîtrisées, triste sort

De ma condition, ces pensées s’agitent encore

Quand j’essaie de bondir, de m’extraire,

De m’éloigner de ce vil environnement

J’ai besoin d’extravagance pour mon esprit

Ou de sucs subtils, cartésiens, pascaliens

C’est encore une immense aventure interne.

363


Il avance

Son étendue

Sa verticale

Pensant Descartes

lui de biais

Pascal

Raison et sagesse de l’Esprit France

Saupoudrant cette certitude d’images, de doutes,

Il épouse une nymphe bleue

Va sur le Net

oscille entre le Français, l’Anglais et l’Espagnol

s’encombre d’une multitude de programmes

de Pléiades

C’est certain : il avance

Vibrant dans une constellation de mots

s’acclamant fabriquant un suffrage unitaire

se prétendant,...

364


il travaille en pur amateur sa pyrite ridicule, se fait pousser des ailes

Victoire sur soi-même

aptitude insignifiante toutefois

365


Le Mathématicien illettré

- D’où tu es ?

- Ch'ais pas !

- D’où tu viens ?

- Ch'ais pas non plus !

- Comment qu’ tu t’appel’ ?

- P’tit Jean !

... Petit Jean ! ... Oui ... N’oublie pas de résoudre le problème supérieur

d’opérations différentielles que je t’avais ...

... ça chais faire, M’essieu... et j’ai bon ! J’en suis sûr !

366


Messages

Recherches de distances

Recherches de distances,

ce sont les mémoires d’une même oscillation

d’un imperceptible à définir

sans connaître exactement l’origine

ce sont des tentatives

des volontés de savoir

des pénétrations très à l’intérieur

Des miroirs de plus en plus petits

pour une sorte de calcul infinitésimal

de décomposition de substantifs

de prélèvements de verbes

pour y extraire, - quoi ?

Il faut aboutir dans le profond du Moi

367


La science du poème

La science du poème existe-t-elle ?

L’ombre de l’ignorance s’abattait sur la conscience

Le produit obtenu était insignifiant

Mais l’ombre, les dieux se satisfaisaient

de l’insignifiance poétique

nié par l’ensemble qui savait

Et le tout était mièvre, dépassé,

Il n’y avait nul espoir de progrès

L’ombre du Mal et les Dieux raisonnaient

de même sorte, pourquoi ?

368


En lui

Chaque fois qu’il pense, il s’use

dans des règles désuètes

chaque fois qu’il spécule, il doute

Jaloux de sa foi,

de sa certitude scientifique

alors il s’évade

sur des corps d’oiseaux

sur des chairs de femmes

chaque foi qu’il exige du temps

une quelconque obéissance,

l’autre ironise, la pensée l’encercle

la rigueur le désespère

tout se même et s’emmêle

La vérité se rit de la sagesse

qu’il prétend posséder

369


Il faut donc maîtriser

370


Gain économique

Produire

Produire

constamment et sans cesse

Produire et mieux

A coups bas, à coût réduit

dans la transparence du génie

Toujours ajouter sur le savoir

sur la compétence

sur la certitude

sur la vérité.

371


Jaune, jaune, jaune

J'étais dans cette pièce, stupide, tournant avec obsession, cherchant et

cherchant encore, cherchant le moyen d'ajouter, de produire plus, de produire

mieux. Je voulais gagner mon combat contre la productivité sud asiatique,

j'avais la certitude qu'étant Européen - donc pourvu d'intelligence et nourri

d'une civilisation prestigieuse - je pouvais obtenir un résultat similaire à celui

d'un jaune. Je prétendais qu'il m'était possible en usant de raison, de

découvertes et d'inventions de parvenir à un bien de consommation de haute

qualité, de Hic Tech. Je trouvais ridicule voire aberrant d'être dans l'obligation

d'acheter sa calculatrice Texas Instruments, d'écouter une FM Sansung, de

posséder un décodeur Made in China. Non, cela était inadmissible. Mais

comment faire ? Comment s'y prendre pour concevoir des produits industriels

à coût salarial insignifiant, ou mieux encore leur vendre des biens de meilleure

qualité à un prix défient toute concurrence ? Je cherchais, et pourtant je ne

trouvais pas.

372


Est-il des messages

Est-il des messages,

des communications, des signes émis ?

Oui, dans l'espace. Un mélange cosmique

De renvois, de réponses, d'appels, de supplications.

Pensées, planètes, atomes, la matière, tout

S'échange, se chevauche, se combine.

L'univers parle. Nous lui répondons.

Etoiles, lumières, pulsions électriques,

Nous sommes un signifié, un signifiant,

Seuil et uni à tous, à tout

Présents dans le vide, dans le plein.

Seule la voix de Dieu importe

Le reste est méprisable, inutile.

373


Les civilisations

Les civilisations sont des germes. L'Histoire se meurt, tout est ridicule,

excepté Dieu. Le Temps lui appartient. L'avenir est là-bas.

La science est la belle certitude vraie, instrument de propreté, de vérité. Le

reste est chimères, niaiseries de poète. Qui est athée est fou.

Ceux qui croient en une option d'avenir comme couronne de triomphe sont

les grands gagnants. Ils ne connaîtront nulle surprise au jour de la mort.

374


Monde fuyant

Monde fuyant vers un autre monde

pourquoi ?

monde virtuel de mensonges

d’applications d’imaginaires

de définitions ludiques, instructives

et mon calcul devient complexe

Monde infini face à moi

de demain

de mon fils

de ses fils

se connectant, mon beau futur

je dis : oui, et j’espère

D’avenir, de demain

fabriquant d’autres mondes etc.

375


Autre monde

I

qui va d’hier à demain

Le temps accompagne la ligne vraie

le temps s’incruste sur la ligne

ou encore j’associe l’espace du temps

mas je conserve mon principe bi-dimensionnel d’écrivain-papier

je travaille avec mon instrument

j’avance donc sur une droite que je noircis

Chaque monde est inclus dans un monde où le temps varie, le monde est

donc un ensemble d’espaces pénétrant les uns dans les autres

Le monde passé n’est plus, ne se répétera jamais mais

Demain est déjà connu par la Force-Dieu

Hier pourrait-il revenir ? Hier ne sera plus. Ce qui a été est mort, et s’en

retourne au Néant

376


Néant d’espoir, d’ailleurs, de là-bas peut-être ... certainement.

II

Il y a la distance à franchir, le passage par la porte étroite puis la révélation

et c’est l’incertitude, l’ignorance totale

car nul homme n’a vu et n’est vivant

Alors ? Quel but ? Quelle finalité ?

Demain, je devrai m’admettre avec ce que je suis, de vol, d’injustice,

d’ignominie,

de cruauté, de bêtise, de lâcheté

vérité suffisante de honte, de réalité,

finie

377


Un endroit

Il y a un endroit où le vrai se veut certitude

sans contradiction sans dialectique

le peut-être s’abolit

le conditionnel est effacé

On possède le vrai comme d’autres le mal ou le bien,

comme d’autres

Est-ce lieu du Parfait ?

Vu la porte céleste du lieu

porte invisible

existe l’Éternel

Je pourrais soutenir que tout était là

Quelque chose, quelqu’un

378


Non pas un monde, mais des mondes

Non pas un monde, mais des mondes

inclus, s’ignorant dans des espaces

où le temps varie

où le temps décide de l’existence

avec un catalyseur

un instrument de passage

de convertibilité

pourtant incapables de communiquer les uns les autres,

interdits d’accéder à du franchissable

Passer d’un monde à l’autre

c’est mourir

Là-bas, j’étais mort

je suis redevenu vivant

Là-bas, c’est la connaissance du futur

donc un autre monde

Là-bas, je serai

ici, je n’existe pas

379


Être ici est impossible

mourir ce n’est pas être

mais c’est s’en retourner à son néant

Je sais ma survie

Je ne recherchai ni consolation

ni espoir d’avenir pourtant

380


Un autre monde

Un autre monde, certainement

où l’œil est perçant

avec des perceptions plus pures, plus vraies

Un monde parfait d’avenir, de passé,

de conscience exacte

de certitude

Un monde supérieur, éternel

régénéré

nourri de sa propre substance

où le temps est aboli,

ou intégré, du moins compris

Voilà pour l’hypothèse

est-ce possible ?

Monde pensé par des Verbes

d’éblouissements internes

381


Je dis : est-ce possible ?

382


Le possible

Le possible en ce monde

et dans les autres mondes

leurs possibles propres

ce qui est possible ici peut l’être là-bas

Mais l’impossible

comme de diviser par zéro

comme de se projeter dans le passé

de connaître son avenir

L’impossible est préférable

est challenge

est résistance

J’accède à l’impossibilité d’être

suis-je moi ?

383


Rappel

C’est donc une déformation de l’espace-temps

Une déformation qui induit une déviation

des rayons lumineux,

qui modifie la position apparente

des objets célestes

Quand je crois voir l’étoile en E,

en vérité elle est en E’.

La déviation des rayons lumineux

par la présence de ces masses

est un outil remarquable

pour détecter la présence de ces masses

mêmes invisibles.

Quatre-vingt dix, quatre-vingt-dix neuf pour cent

De la matière de l’Univers est invisible

Pourquoi ?

Car la dynamique des étoiles, des galaxies,

384


Donc sur la loi de la gravitation

conduit à des valeurs de 10 à 100 fois supérieures

A la quantité de matières visibles

(étoile, gaz, poussières ...).

On y voit l’indice qu’une grande part

De la matière est sombre

(la matière « noire »)

Puis-je y intégrer la vérité

D’un autre espace inclus dans cet espace,

Le nôtre,

Où l’esprit y est maître,

Où la pensée domine,

Où l’avenir nous attend ?

L’homme de science spéculera-t-il

Sur la vie après la vie ?

Sur la possibilité d’un Dieu créateur ?

385


Le temps compte

Maintenant et toujours

Le temps amasse derrière soi

Le présent n’existe pas

L’élan pousse vers le futur

En exploitant un passé

L’onde de choc en cercles

Concentriques, évasifs

D’appels vers le futur

D’oublis vers le passé

En pointillés imperceptibles

De lointain de là-bas

L’onde de choc

Le matin pour l’un

Le soir pour l’autre

La constance d’éternité pour Dieu

386


Souffles nouveaux

Critique virulente

Il y a quelques semaines, j’ai eu une conversation avec un ami qui

s’occupe des choses de la science, et la discussion a porté sur la situation

actuelle de la poésie. Je tiens à préciser que cet ami juste et honnête n’a pas

essayé de faire preuve de complaisance à l’égard de la discipline que

j’exerce. Il a seulement tenté d’exprimer son opinion concernant son

appréciation de l’approche poétique.

Le dialogue débute ainsi.

- Ce que vous ne voulez pas comprendre vous les poètes, c’est que vous

n’êtes pas “à niveau”. Vous êtes totalement dépassé par le savoir des

hommes de science et de ceux qui pratiquent la technique appliquée.

Autrefois, au XVIIe siècle, un Jean Racine n’avait rien à envier au Médecin

du Roi : sa compétence d’hommes de lettres était même supérieure à la

compétence du Médecin royal. Mais des progrès considérables ont été

accomplis ; plus spécialement aux XIXe et XXe siècles. Aujourd’hui, dans

une ville, vous prenez le 50è médecin, c’est un bon médecin - vous prenez

le 50è poète de la ville, c’est un crétin, un incapable et un poétereau de

province.

Je ne dis pas cela pour vous écraser, ou pour tenter de vous diminuer, mais

cette observation est hélas bien réelle.

387


Vous n’avez pas compris qu’une discipline, quelle qu’elle soit, nécessite

obligatoirement de la formation et de l’application de formation. Vous, que

possédez-vous, au juste ? Quelques traités de versification - que vous ne

lisez pas d’ailleurs - et vous taisez le savoir. Vous le cachez derrière des

règles invisibles d’écriture, vous composez sans même transmettre vos

méthodes d’apprentissage ou d’investigation.

Nous qui pratiquons la mathématique, imaginez que nous soyons

obligés de tout redécouvrir pour ajouter sur la compétence des anciens.

Pensez-vous véritablement que dans de telles conditions notre discipline

serait ascendante ? Tout redécouvrir et retrouver trois mille ans de

mathématique - cela est absurde !

Existe-t-il des cours de poétique ? Comment apprend-on ?

Comment forme-t-on un jeune ? Y a-t-il des écoles ? Tout s’apprend, tout se

transmet excepté la poésie ! ... Votre école, c’est la rue. C’est le mythe

Rimbaldien avec de la drogue, de l’homosexualité et le Sida. C’est la

fainéantise, le parasitisme et l’alcoolisme de Verlaine ! Quel superbe sujet

pour Zola !

Quant à ceux qui produisent de la poésie chez eux, ils la conçoivent

à temps partiel, après les heures de bureau, avec femmes et enfants, et

patron sur le dos ! Comment voulez-vous dans de telles conditions qu’un

don se développe ? Il n’existe pas, vous entendez, une discipline où l’on

puisse obtenir des résultats satisfaisants en la pratiquant à des heures libres.

388


Je me souviens de l’athéisme français dans les années 60. Les

performances étaient ridicules, les sportifs s’entraînaient à raison de deux

fois par semaine - conséquence : les stades étaient vides - stades vides, par

de recettes ; pas de recettes, pas de sponsors ; pas de sponsors, pas de

professionnalisme ; et le cercle de l’amateurisme était bouclé.

Et vous dites : “Comment ? Qu’est-ce ? Mais j’ai pourtant du génie !

Quels incapables ! Quels personnages méprisants ! On a osé me critiquer,

pourtant je sais que je passerai à la postérité” etc.

Non ! La misère habite en vous ! Vous n’êtes que des pauvres

types, souvent sensibles et incapables de maîtriser vos émotions.

Je ne crois pas que ce siècle-ci soit favorable à la production poétique.

L’environnement lui est contraire. Tout est taxé sur la science et sur la

technique appliquée. Votre discipline est décadente, parce que trop vieille,

peut-être. Aujourd’hui c’est le cinéma et la photographie - jeunes arts - qui

brillent au plus haut faîte.

Moi, ce que je crois, et ce que je vous propose, c’est d’imiter les

disciplines qui sont ascendantes -imitez la science - travaillez ensemble, à

temps complet - formez-vous, instruisez-vous, bossez, soyez à 120 % de vos

capacités. Imitez le sport qui fait gain, - les records battent les records, les

stades se remplissent, et les sportifs n’en meurent pas pour autant !

L’écart qui sépare un poète amateur d’un poète professionnel, c’est

389


l’écart qui sépare un joueur de jeu de paume du XVIIIe siècle d’un joueur

de tennis de l’ATP. Considérez la marge ! L’un jouait dans une salle avec

une douzaine de badauds pour l’applaudir, et l’autre, son match, est

retransmis en Mondovision pour deux cent millions de spectateurs !

Je ne prétends pas que la poésie soit mauvaise, je prétends et

j’affirme que votre amateurisme est détestable, que vos méthodes

d’apprentissage sont dépassées, que votre environnement vous pénalise.

Imaginez seulement un biologiste cherchant à temps partiel, le

dimanche dans son garage quelques bactéries sur son microscope ? C’est

ridicule ? C’est pourtant ce que vous, poètes, vous faites avec votre travail.

Alors il vous faut des années pour construire un petit recueil de

quatre cents lignes, souvent rempli de niaiseries et d’insignifiances. Et

comme la discipline que vous pratiquez est une discipline d’orgueil, vous

êtes vexé que l’on vous dénigre.

Vous faites les dandys de luxe. Jetez cet habit détestable et

apprenez. Cessez de jouer les êtres supérieurs, ne vous prenez pas pour des

génies. Croyez-vous que dans les autres disciplines les gens en soient

dépourvus ? La première année de Polytechnique équivaut à l’assimilation

de quatre licences simultanément. Rendez-vous compte de ce qu’est l’élite

de la nation et ce que sont vos sonnets de merde que vous produisez à raison

de 1 par mois... Comparez et pesez-vous !”

390


J’avoue que mon interlocuteur m’avait pour le moins médusé. Je ne savais

quoi lui répondre, à la fois émerveillé et choqué par la vigueur de son

intervention. Mais je puis convenir que cette leçon de vérité restera ancrée

pour longtemps dans mon intelligence, si à présent je puis du moins me

prévaloir d’en être quelque peu pourvu.

391


Alertez les poètes

Conscients, trop conscients de la maigre intelligence que recèle l’âme

poétique, de l’écart considérable qui sépare la capacité à charmer de celle à

discerner ;

Plongés dans le gouffre de l’ignorance, jetés dans l’avenir sombre d’un

brouillard épais, comment nous pauvres esprits littéraires, parviendronsnous

à relever le défi de la compétition intellectuelle ?

Avons-nous réellement les moyens en travaillant à temps partiel, les uns

contre les autres, à nous opposer à la constante élévation scientifique ?

Comment le public nous juge-t-il ? Fabriquons-nous des ordinateurs, des

télévisions à écrans plats ? Savons-nous faire rêver ? Quel bien-être

apportons-nous à cette société de loisirs et de jouissance ?

Nous pleurnichons comme des femelles, et faisons de l’autosatisfaction en

considérant nos poèmes. Nous offrons des produits illisibles demandant

efforts et adaptabilité de la cervelle. Jusques à quand poursuivrons-nous de

cette sorte ? Et accepterons-nous de nous comporter autrement ?

Je lis dans la revue Science et Vie (numéro hors série 12 p 35 ) : “Plusieurs

centaines d’années - homme, travail, 130 cerveaux de physiciens, 2 000

392


tonnes d’instrumentation : tout cela se trouve concentré dans la coupe de

champagne que lève, le 25 janvier 1983, Hervig Schopper, directeur général

du CERN en l’honneur de la découverte du Boson W”.

Je lance le cri désespéré qui déchire la voûte de l’esprit : “Quand

comprendrons-nous enfin ?”

Et ce qui est vrai avec la Physique expérimentale, est vrai aussi avec

l’Astrophysique, l’Aéronautique, la Médecine, la Mathématique. Dans tous

les domaines scientifiques, l’esprit cherche, l’esprit pense et conçoit - en

France, en Europe, aux Etats Unis, en Asie.

Nous n’avons pas même les moyens de rivaliser avec un Jean Racine, avec

un Pierre Corneille ou un Victor Hugo. Nos œuvres artistiques sont de

qualité inférieure. Pourrions-nous faire plus si nous pensions autrement, si

nous acceptions de voir la sinistre réalité dans laquelle nous nous enlisons ?

Réveil ! Mais quel réveil ? Qui voudra comprendre ? Les poètes ? Je l’ai

déjà écrit : ils se figurent être d’essence supérieure. Mais qui ?

Alors l’on glisse, l’on trébuche, comme des pauvres clowns ridicules et

désuets.

393


Conscience du critique

Ce qui est à craindre, c’est le décalage, la perte temporelle, l’inéquation

sociale entre le produit littéraire décadent et la civilisation progressiste. Être

relégué au musée de l’oubli près du dinosaure de Valéry, être ridicule dans

le hangar de la médiocrité.

Du gargarisme poétique, de la nomenclature albanaise. Principe autarcique,

d’autosatisfaction. Implosion du communisme ! Poésie = communisme ?

Vendre sa force délétère ; l’échanger contre une part de travail d’un

médecin, d’un garagiste, d’un technicien etc... Valeur du travail poétique ?

Les jeunes ne veulent pas comprendre l’exigence de l’exercice, la nécessité

du sérieux, la formation à temps complet. Ils produisent à heures libres, ils

se délectent de divertissement. Certains mettront trente ans pour devenir de

bons poètes, puis il sera trop tard. Ils n’auront plus l’énergie intellectuelle

suffisante pour ajouter sur le savoir des anciens. Et ainsi de la décadence !

Jeunes, secouez-vous et agissez !

Le mal n’est pas nécessaire à la poésie ; c’est le travail qui lui est nécessaire.

L’habillage est ce qu’il sera ; ce qui importe, c’est la qualité du corps, des

muscles, des tendons, de la chair etc... Produire de beaux athlètes de l’esprit,

de l’intelligence, et non pas des drogués sidaïsés ! Voilà le principe.

394


Il faut imiter les structures où l’on obtient des gains : le sport, la science ;

imiter les méthodes, les principes d’investigation, de formation et de

développement.

Ils disent aux jeunes : droguez-vous, sodomisez-vous, nourrissez-vous

d’insouciance, soyez sales, très sales, très dégoûtants, très puants. C’est sur

le fumier que le coq pousse son cocorico. Et les jeunes les croient. Alors ils

les imitent ; ils cherchent l’aventure extérieure, tandis que les véritables

aventures sont internes. Pauvres gosses ! Et quelle poésie nous laissent-ils ?

De la merde. De la pauvre médiocrité.

Je dis : il faut penser, chercher, produire, lire, concevoir, inventer, travailler,

cinq ans, dix ans. Voilà le moyen de relever le défi de la décadence poétique

dans une structure de techniques appliquées ascendante.

395


A l’horizon poétique

A l’horizon poétique est l’incertitude.

Quelles propositions nouvelles, l’intelligence saura-t-elle produire ?

Incapables que nous sommes de faire évoluer la forme, nous devons

concevoir un fond toujours différent.

Qui dit différent, ne dit pas spécialement meilleur.

Je crois en l’intelligence collective. Elle existe déjà dans les secteurs de la

science expérimentale et des techniques appliquées.

Mais les poètes sont des femmes, ils se chamaillent stupidement et ne savent

pas travailler ensemble. Ils travaillent les uns contre les autres, se méprisent

et sous-évaluent leurs exercices.

Ce sont des égocentriques. Le vieil adage : l’union fait la force n’a jamais

été aussi vrai.

Toujours refusés, toujours niés par autrui nous produisons encore autrement

pour changer la manière, pour obtenir un nouveau fond. Nous courons après

l’originalité. Nous en sommes à nous faire ingénieux en utilisant les

symboles et les analogies d’autrefois. Nous allons vers l’avenir à reculons.

396


Est-ce révolution permanente dans nos piètres cervelles ? Méfions-nous !

L’avons-nous parfois embrassée dans son concept initial ? Cherchons

encore.

397


Combien d’intelligences

Combien d’intelligences nous seront nécessaires pour comprendre un peu

mieux ce que Dieu a conçu ? Gouffres, mystères et infini de l’univers !

L’homme est une fourmi ridicule et stupide. Travaillons à plusieurs et

unissons nos forces, parviendrons-nous peut-être à éclairer la nuit ! La nuit ?

Oui, notre nuit ! Et quelle certitude ? La certitude de notre néant effrayant,

de l’imbécillité qui est toujours en nous.

Implorons l’Esprit Saint de daigner éclairer l’œil de notre demeure, notre

propre foyer, la torche de la raison, du moins s’il nous accorde quelque

miséricorde...

La vérité puissante, qui pourrait la connaître ?

Quel génie, quel esprit se prétendant sublime jugerait posséder la science de

Dieu ?

Que cherches-tu prouver, ver de terre misérable ! Vois son immensité,

conçois ta petitesse, là est ta plénitude.

Que sais-tu, que vaux-tu ? Et tes savantes lois ? L’intelligence de l’homme

est la folie de Dieu : Descartes et Bossuet et Pascal et Einstein !

398


De la mathématique, de la science physique, de la philosophie ! Mais

comment est le monde ?

Ô Seigneur, instruis-nous ! Rends notre âme féconde. Ne nous méprise pas,

toi tu nous as créés quand même nous serions infiniment stupides.

399


Aller vers le progrès

Aller vers le progrès ! La belle chose, digne des espoirs du 19e ! C’est

ouvrir la porte de la clarté tandis que notre univers se repaît de sa noirceur et

se répand dans son obscurantisme, c’est pousser les battants de la

connaissance pour accéder à la pleine lumière, c’est écarquiller les yeux

pour s’imprégner de l’aube vermeille ! Oui, ce progrès, etc.

400


Combien d’intelligences

Combien d’intelligences nous serons nécessaires

Pour comprendre un peu mieux ce que Dieu a conçu ?

Gouffres, mystères et infini de l’univers !

L’homme est une fourmi, ridicule et stupide.

Travaillons à plusieurs et unissons nos forces,

Parviendrons-nous peut-être à éclairer la nuit !

La nuit ? Oui, notre nuit ! Et quelle certitude ?

La certitude de ce néant effrayant,

De l’imbécillité qui est toujours en nous.

Implorons l’Esprit Saint de daigner éclairer

L’œil de notre demeure, notre propre foyer,

Le feu de la raison, du moins s’Il nous accorde,

Quelque miséricorde...

La vérité puissante, qui pourrait la connaître ?

Quel génie, quel esprit se prétendant sublime

Jugerait posséder la science de Dieu !

401


Mais qu’oses-tu prétendre, ver de terre misérable !

Vois mon immensité, conçois ta petitesse.

Là est ta plénitude !

Que sais-tu, que vaux-tu ? Et tes savantes lois ?

Tout le savoir de l’homme est résidu divin :

Descartes et Bossuet et Pascal et Einstein !

De la mathématique, de la science physique,

De la philosophie ! Ha ! Comment est le monde ?

Ô Seigneur, instruis-nous ! Rends notre âme féconde.

Ne nous méprise pas, toi tu nous as créés

Quand même nous serions infiniment stupides.

Etc.

402


Le temps pensé

L’Heure me dit d’écrire et se fait souveraine.

Tout s’éclaire en ce jour que jamais je ne vis.

Danseras-tu longtemps, Rayon, ou je languis ?

Dans mon âme épurée, je te cherche, ma reine !

Voici le temps pensé, dimension quatrième !

Enfin splendeur du moi, ô bien que je bénis !

Je suis ce que je puis, et la sagesse mienne

Me conseille au plus loin d’y chercher un maudit.

L’heure me crie soupirs dans ma mémoire blême

Et je veux en ma chair y cacher un banni.

Souffriras-tu encore dans l’horreur du système

Ou me plongeras-tu sous le noir infini ?

Voici le temps pensé, dimension quatrième ! Etc.

403


Suites/Relances

Dans et autour du miroir

qui tourbillonne en rotation à 360°

infini continu de mouvement perpétuel

pénétrer le miroir et changer

d’espace

de temps

de vitesse

Catalyseur. Le prétendre. Essayer. Cocteau.

404


Des espaces, des lieux

Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos,

Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles

A délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches

Ce qui les sépare - ce qui les convertit.

Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels.

Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement

Des moments de l’activité humaine ?

L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant

Et relevant les images floues, s’octroyant

Un rôle de maître absolu cherchant et décidant.

Le propriétaire de Soi.

Le retrait de l’Etre. La mise en hibernation,

Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle,

Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?

405


Nuancier de faux

La certitude du faux ; la certitude de son savoir ;

Avec ses faiblesses, ses preuves - ses à-exclure ; à

Mettre au-retrait. Dans l’ombre, dans le fermé.

Constamment vérifié son non-fondement ; sa présence,

A rejeter.

Peut-on offrir un degré dans les différents

“ Faux ” ? Un faux puissant s’élimine, un faux léger

Peut servir, et participe après nettoyage à une avancée

Vers la vérité.

Les différents calculs de, de plus

En plus précis - tendre vers le vrai que l’on n’atteint

Jamais, toutefois.

Dans quelle mesure peut-on exclure

Tout doute ? Déterminer la non-présence comme telle ?

Mutations, évolutions de l’essence du Faux et de

406


La Vérité par l’accès au Savoir.

Déterminent les limites de la vérité.

Les limites de l’étant

407


Sans la mathématique

Sans la mathématique, où serions-nous ? Dans un espace allégorique,

dérisoire - château de cartes ? Château en Espagne ? Réfléchissant à quoi ?

A l’idéal de mensonge, à l’impossibilité non renouvelable ? Quelles seraient

les solutions de ces questions à énigme ?

Rien ne ressemblerait à rien, nulle convertibilité de l’écriture en topologie,

de raison en physique, d’hypothèses en applications.

Il y aurait de l’inconnu, du faux-vrai, des élucubrations cérébrales, du nontransmissible,

du non-interprétable. Aucune possibilité de retour sur soi. Il

faudrait s’en référer à un Dieu de la Bible, avec ses discutables

interprétations.

Il n’y aurait que l’illusion, l’illusion d’attraper un homme derrière un miroir,

sans être capable de reconnaître un soi-même. Il n’y aurait que feindre.

408


Tranche d’après-midi

Le rapport de la mathématique à la physique

J’ai la théorie ergodique

et le théorème de Poincaré-Birkoff

Téléphoner à l’éditeur Hermann pour savoir ce qui est sorti en 98/99.

Voir à Laboratoire sur le CD4 Universalis.

Dans l’oreille, le Out Of Control des Stones No Security - le public.

Et du Ravel, du Bach, du Led Zeppelin

Devant mes yeux Gisants de Deguy

Il est 15 h 50, le 27 avril 99

Sur ma gauche, une TV espagnole au son coupé

J’ai rendez-vous à 17 h avec Bruno d’Info MATIC pour enregistrer des

fragments via mon prochain Cédérom.

Penser à appeler le peintre Nicaud pour lui proposer un Site Web etc.

409


Profil-voir

Profil-voir d’un certain angle - telle face,

Tel angle et les deux associés ? La luma,

CAD la caméra 360°, le panorama tel qu’il est

Proposé dans les encyclopédies. Tout l’ensemble.

Encore d’en haut, d’en bas, dessous - dessus.

Non pas un seul qui regarde, mais à plusieurs, associer les pensées.

Toi et non-moi. Je n’étais pas dans ma certitude.

J’extrais, produis, analyse de manière contradictoire.

Brassages de paradoxes,

La fuite pour les extrêmes,

Le retour au centre.

Je te fais délirer, tangages de la raison.

Tourbillons, tourbillons, prends de la vitesse,

Puis stabilise-toi,

En position dialectique.

410


*

" Injecte-moi tes microbes,

fais couler ta salive dans ma bouche

Pour un Système d'Aide au Décisionnel

Interactif (SADI)",

supplie et quémande mon PC qui ne

craint aucun virus, et qui communique

sur le NET avec un autre PC aux Etats Unis

411


Syntaxes amoindries

Insufflées poussées

extases d'écrivain

Le non-probable, la certitude de l'échec

Associe tes coups mélange

avec ta substance amoindrie

pour tes quantités multiples

Il est nécessaire d'aller longtemps

puiser au fond de soi-même

412


La tierce impossible

Martingales procédés potentiels

mais lance te dis-je

lance ta chance

Un peu de sel sur les paumes

prétends à l'état pur

travaille avec l'Esprit

Perles et roses, éclats ce matin même

c'est essentiellement un désespoir

borné dans du satin

Tu regretteras les jeux d'analyse, les

tentatives risquées, les audaces réalistes.

Ainsi de la poésie à l'Esprit, de l'Esprit au jeu,

du mouvement à la recherche et au travail.

C'est une immense dérive qu'ils prétendent inutiles.

413


A l'horizon, les yeux couchés

je mords tes lèvres de menteur

Rien dans la nature

rien sur la pièce

tout au divin

Qui pourra me suivre avec cette tierce impossible ?

414


*

Redéfinir avec l'aide de la mathématique. Transfert-suppositionprolongement

actif- Que les équations offertes transmettent l'effet, le

résultat, la séquence à obtenir. Ce sont encore de nouvelles élaborations

avec les Raisons du Lieu.

de rejets – mais ?

Non pas un rapport énigmatique d'incompréhensions, d'exclusions

415


Les miroirs J. L Borges

Je me demande encore, après maint jour et mainte

Nuit perplexe sous la variété des cieux,

Par quel hasard étrange ou quel vouloir des dieux

Tout miroir me saisit de malaise et de crainte.

Miroirs, cieux, surfaces, espaces

Fragile et éphémère, poète tremblant dans le

Miroir de l'imaginaire, espace bariolé de reflets

Infinis avec l'impossible qui côtoie

L'invraisemblable - un univers de risques, de faux,

Et de pulsions émotives ;

mais encore, - azur qui

Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans

Un ciel irréel ; lac, surface lisse où

La pureté d'un cygne vient troubler le

416


Repos du dormeur.

Variétés, formes du hasard

Pour l'intelligence complexe, c'est l'art de

Tisser les lis avec subtilité !

Miroirs, cieux,

Surfaces, espaces pensés et regardés comme un

Hasard modulable, lieu du questionnement où

L'audace poétique s'associe à la raison de l'écrivain.

417


Des labyrinthes fangeux

Des labyrinthes fangeux, des structures internes

Complexes et déplorables, un néant à combler

Par le travail, par la studieuse constance pour

Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement,

Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans

L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance.

Seul, toujours seul.

Qu'importe d'être compris, d'être

Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbre, solitude, oublis !

N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?

Comment achever cette vie inutile faite de rejets,

De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas

Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ?

Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question;

Des labyrinthes fangeux, des structures internes.

418


*

Fractionné en soi en deux,

deux hémisphères

Des identités, - à dire :

Masse de cervelle vivante, activée par

autrui, reconsidérée par soi avec rejet, choix

et variabilité infinie.

Rejet : prétendre

choix : décisionnel

variabilité : courir, courir en évinçant,

ajoutant, condensant.

Actions appliquées à la poésie.

Encore filant, fuyant, dit-il.

Fais éclater l'orgasme poétique

419


dans ta bouche lumineuse

*

Les roseaux très serrés

L'incompréhension d'Husserl,

La vérité de Pascal

Et là-bas le déplacement des Cygnes

La haute pensée du Midi clair

Une compréhension de points sources

M’envole, m’éloigne du vrai

Je cherche solitude, ombre et paix

J'entends des formes abstraites,

Des sortes de Dieux m'envoyant leurs messages

Puis je m'interroge :

Combien de temps encore

A supporter cette détestable destinée

De poids, d'inutilités et de souffrances ?

420


*

Percevoir la distance

La mesurer de l’intérieur

Evoluer dans une sphère idéalisée

Par la mathématique pure

Se déplacer, osciller,

Chercher le centre de la vérité

L’œil éclairé se fixe là

En 360 degrés

Pour décider

Le noyau l’éclate.

421


Pensées sculptées

*

Sachant et quémandant

Un savoir autrement

Esprit de petites choses

Qui supplie la métamorphose

De ses bases connues

Toute science suppliant !

Aimer et comprendre

Se purifier, apprendre

Et voler maintenant

Pour atteindre l'Eternel

Transporté et ravi

Dans l'ère du Paradis,

Conscience et sans ail

422


Espérer un esprit

Doté d'entendement

Lumineux et qui prie

Et implore nuitamment

Toute science suppliant !

Dans la nuit ténébreuse

Transportée, éclairée

L'âme radieuse

S'envole exaltée

La haute intelligence

Et le sublime savoir

Font vœu d'impuissance

Jurent leur dérisoire

Et quémandent au divin

Toute science suppliant !

Pouvoir se vaincre et se convaincre

423


De s'en retourner à l'innocence

Et toujours se nourrir

Des fruits de la souffrance !

Que l'amour de la Sainte Trinité

Nous délivre de nos péchés

La transcendance et la clémence

Soufflées par la Divine Essence !

Et Jésus Christ saignant

Toute science suppliant !

424


Le Manuscrit inachevé

Vision divine

En guise de croyance, une force à adorer.

L'être de Lumière qui ordonne.

Le flux de l'amour et le tourbillon lumineux

Immuables dans toute leur sérénité.

Vif et semble renaître à chaque instant,

L’Être s'éclaire de ses pensées.

Les ondes soufflées de vie à ma face.

Vent de joie inépuisable qui s'accélère.

Parfaite éternité, souveraineté divine.

Le raisonnement vif comme l'éclair :

Les images de mon enfance filent, sont lues.

Étapes de mon enfance. Procès libérateur.

Dieu : "Retourne d'où tu t'en viens."

Le passage dans le tunnel étroit. Retour.

425


L'immense faiblesse à réintégrer son corps.

Losanges

Paix monotones, rotations sublimes

Paix monotones, rotation sublimes, d'où viens-tu ? Qui t'a conçu ? De quel

sein, sors-tu ?

Peut-être ai-je à te craindre comme j'ai prononcé ces paroles ?

Il faut dire : grand, immense, sublime ? Il faut crier : tu es invincible,

éternité ?

Je ne dis pas : je crois. Je dis : je te sais.

Puissance d'amour et de souffrance, je te crains.

Comme cette petite Force a-t-elle pu faire de si grandes choses ? Et tu m'as

répondu avec tes rayons d'amour !

426


Quoi ? Le poète a eu la révélation divine ? Il l'a dit ! Il l'a dit ! Sacrilège,

sacrilège !

Comme je te crains Force qui sembles si injuste ! Comme je te crains !

Ignore-moi. Je n'existe plus. Attends ma mort. Je ne suis qu'un ver de terre.

427


Variances

Pech-Merle

Il y a des sons au plus profond du silence - des sons et des ombres qui

s'associent à la lumière.

J'essaie de comprendre le pourquoi mais je ne puis comprendre.

Cet infini m'échappe. Je plonge. Plonge avec ma piètre intelligence et le

sens m'échappe.

Tout cela a été caché pour le futur. Furtivement la pensée rampe et tente

d'accéder au vrai. Mais l'imaginaire du passé semble à tout jamais perdu.

La lumière en moi tourbillonne, le temps d'autrefois est obstrué. Cet antijour

est un autre vrai qui appartient à la Civilisation.

Qui éclaircira ce vrai ? Qui offrira l'œil à la fente ? Tant de questions

constellent l'intelligence de l'homme et nul ne peut y répondre !

428


Grappillages

Science poétique

Hyperbole de ma mémoire

Scientifiquement ne sais-tu

Extraire de mon nouveau grimoire

Les lois exactes des vers lus ?

Hyperbole de mon temporel

Hyperbole de mon temporel

Vers le futur le sais-tu

Connaître de ce proche réel

Acte et propos au présent tu ?

J’instaurerai par ma science

Le nécessaire absolu tel,

L’heure ignorée de ma conscience

Vite s’écoule dans l’immortel.

Si fait qu’il me faut détenir

429


La certitude en sa synthèse

Au point exact du devenir,

Et d’abolir toute hypothèse

De toute espace pourtant inclus

Dans d’autres espaces encore exclus.

430


FANTAISIES POETIQUES

431


Le Moût et Le Froment

Il te faudra cette semaine

Il te faudra cette semaine vieillir les fruits exaltants et longtemps descendre

les montagnes de rêves. Ils symbolisent déchets et crasses, putréfactions

horribles, odeurs insoutenables que toi seul hélas ! tu oseras humer. Dans le

désespoir de la solitude, les sens malgré un dégoût répugnant cherchent un

bonheur vain, une délivrance et un air pur regretté. Ces roulis de peines dès

que la ligne de l'esprit sera irradiée blesseront, déchireront un corps déjà

noir de pus.

Images captivantes que la misère développe à une cadence effrénée avec

l'horreur que cela inspire. L'une d'entre elles assassine les pages blondes qui

vivent dans l'attente d'un lendemain. Elle détruit l'espoir, cette unique

contemplation que tu t'essaies à conserver en toi. Je la sais brûler les taches

d'or épousées dans les ténèbres de son néant. Je la sais flamber les feuillets

superbes dont l'existence est déjà compromise.

L'autre comme attelé par quatre chevaux dévale les sommets et les pentes de

l'infortune avec l'agilité divine. Elle, parée de somptueux bijoux avance

majestueuse tenant dans sa main droite les rênes de la postérité. Les

coursiers bavent de l'écume par les naseaux, se cambrent et crachent des

flammes qui vont se perdre dans l'infini. Elle seule sait les maîtriser.

432


Elle est ce corps svelte aux proportions harmonieuses, ce sourire éclatant

qui lui donne la dignité de la femme forte de son avenir.

Ce sont du moins ces parties qui se chevauchent, qui se succèdent avec une

vitesse, avec une rapidité incroyables. Elles glacent les intestins qui éclatent

sous l'action du froid, qui explosent sous les regards vainqueurs de la

femme.

Mais libéré ou prisonnier, sous le joug de l'incorruptible confusion, les

sinuosités m'envahissent. Les éléments même de la déperdition s'acharnent

sur les sueurs de l'insomnie. Des tremblements puis des bontés, des drames

puis des voluptés et des raffinements luttent dans un tumulte de vice et de

luxure.

Engagement de deux colosses gigantesques qui s'écrasent et se relèvent, qui

sont tonnerre et foudre, immortels et invincibles. Des sentences pour ces

démons, de phénoménales vengeances pour retrouver la quiétude et la paix

désirées.

Impitoyables ennemis et pourtant en harmonie avec moi-même. Mon âme

crée les combats, les charniers et les artifices. Elle engendre des nuées de

cauchemars, elle enveloppe d'étoffes gonflantes les cataclysmes subis, les

catastrophes vénérées.

J'aime à comparer cette fresque étrange avec l'épique marasme qui détruit

433


tout sur son passage, qui multiplie les dangers d'une vie vouée à l'étrange et

au mystère.

Quand s'éteignent lentement les lumières vacillantes des chandeliers

d'argent, les chambres consument encore les dernières lueurs qui s'enfuient :

or, palme et plaisirs ! Tout s'entrelace dans des coffrets immondes, tout

respire les parfums discrets que juxtaposent dans de phosphorescentes fêtes

des fantômes exhibés. Depuis que la porte laisse échapper les envolées

divines par des trous béants, ils mystifient la raison pure et contribuent à

haïr les actes sauvages.

Par manque de logique déterminante, hagards et bornés, leurs mouvements

irréfléchis restreignent les essais. Ils avortent les fruits dans des solutions

troubles et inexpliquées. Le poids des fatigues retarde un exode désiré

puisqu'ils font courber les protestations avec des fouets excrémentiels. Je

m'explique : hier, les pensées, les réactions se rejoignaient par essence

inconnue mais révélée. Des complexités poreuses montaient irréelles sur des

magmas de terres travaillées. On voyait s'élever les pulsions, il en résultait

cette appréciation mouvante et incertaine.

A présent les conditions diffèrent. Je malaxe des rejets, et les substances

inondent de caractères blanchâtres des œuvres indéfinissables ...

Un non-sens toujours, car s'accouplent des mots incapables d'exprimer une

opération logique. Ils sont des groupements subtils de malfaçon, incohérents

et pourtant harmonieux. Ils déterminent le doute absolu que chacun doit

434


posséder en soi. C'est l'incertitude pour le monde incompréhensible. C'est

convaincre l'homme de son impuissance à se diriger soi-même.

Rien que des planifications et des regards braqués sur l'histoire ! Des

illusions avec des instruments d'aucune efficacité. Vous brandissez des

rapports, des analyses structurées, des conclusions et des bilans sur le

devenir humain. Vos complexes machines sont vos cervelles grises qui

restituent des amalgames approximatifs. Des millions de données pour

d'insignifiants résultats ! Vous en êtes encore à la sorcellerie scientifique,

vous plaisant à programmer des banalités, des débilités de rêves enfantins.

De là, vos ressources se désagrègent, vos profondes expériences

n'accaparent que des vents incertains. Quand bien même de minuscules

vérités s'offriraient aux interprétations diverses, jamais vous n'obtiendrez la

juste appréciation recherchée.

Je suis la pensée qui exprime les intolérables mensonges que personne

n'avait osé dépister, la splendide tricherie que vous n'observerez que chez

les autres, qui se cache en vous-même malgré votre bonne volonté et vos

apparences trompeuses.

Vous vous propagez croyant manier avec habileté un appareil sans âme, un

bourreau sans sentiments, une sorte de divine force que vous contemplez

comme l'irréfutable Messie.

435


Hommes de science, vous n'idolâtrez qu'une mémoire, que des fonctions

irréfléchies. Vous vous plongez dans l'univers du chiffre sans espoir de

conquêtes sur le mouvement des destinées et de ses révolutions.

436


Ombres bleues

Il était une fois

Il était une fois un joueur d'échecs formidable, à la cervelle parfaitement

construite. A l'âge de seize ans aucun homme vivant sur terre n'avait pu

prétendre le battre.

Les intelligences américaine et russe s'associèrent et programmèrent sur un

ordinateur toutes les combinaisons possibles et imaginables qu'aucun

humain n'eût pu assimiler.

Ce génie aux ressources exceptionnelles, en quinze coups, fit mat à

l'ordinateur. Sept parties furent proposées. Il vainquit sept fois de suite avec

une facilité humiliante.

"Je possède en moi un don céleste" criait le génie. "Oserais-tu te confronter

à mon âme ?" suppliait de rage et de passion l'imbattable les yeux fixés sur

les étoiles ?

Dieu, habitant immuable d'un autre espace-temps, rempli de fiels et de

haine, se manifesta à l'immortel terrestre.

- J'ai créé l'Univers et je connais la rotation du soleil et des astres. Toi qui as

437


osé me défier, je me présente à toi.

La partie s'engagea dans une chambre austère. La Force de Dieu illuminait

de sa présence sublime l'intérieur glacial où demeurait le génie.

Il dit au maître de l'Univers, "Ô toi, tourbillons circulaires de pureté, jamais

tu ne pourras me vaincre sur mon terrain, sur ces 64 cases blanches et

noires. Tu as dominé Satan, que feras-tu de mon âme ?"

Dieu se taisait et pensait. Concentré dans sa lumière interne, il composait

l'impossible. Le combat dura trois jours et trois nuits.

L'homme épuisé, les yeux crachant du sang, s'exprima : "la partie est nulle,

nos rois disposés sur la même traverse, se font face : aucun ne gagnera".

Il était toujours un Dieu qui jamais ne pût s'écrier : "Je connais mon maître."

438


La théorie

La théorie de l'incertitude.

Tendre à décomposer le problème en fragments afin de réduire la difficulté

présente.

Insérer le hasard jusqu'à lui donner la valeur de l'infini. Soumettre la loi aux

dés, aux boules. Appliquer le résultat à l'incertitude née du destin, des

événements futurs, puis à la femme. Déterminer la formule algébrique. Pour

quelle utilisation ?

439


L'épilepsie transcendantale

L'épilepsie transcendantale jusqu'à la destruction irréversible de l'homme.

J'oppose au Mal la gangrène isolée de sa matière inapte. Espiritu !

Le noyau intracellulaire condamné, rongé par le microbe avide de ses

propriétés chimiques.

Biologie - Les précédés naturels dont se servent les praticiens.

Survie, après son cancer.

440


La parabole d'Etna

La parabole d'Etna représente l'ensemble des points contenus sur la courbe

des variations irréelles admises entre le futur proche déterminé par P1' et le

présent P1 d'espace angulaire 3, radiations ra1, ra2, ra3.

Le jeu des variantes s'obtient par l'application de la loi de Zopiste d'après le

mouvement Moduondulé de vecteur V1 avec

VI = Aspect inconnu

Comme le doute est indéterminé par l'accouplement des facteurs des zones

découvertes, on en tire le radical-flèche des hypers inconnus.

441


L'énergie potentielle

L'énergie potentielle dégagée dans les solides et les masses indistinctes.

Circonférences obèses ; nombre confondu dans les grandeurs incertaines et

dans les transformations des archétypes indifférents.

442


L'énergie potentielle

L'énergie potentielle dégagée dans les solides et les masses indistinctes.

Circonférences obèses ; nombre confondu dans les grandeurs incertaines et

dans les transformations des archétypes indifférents.

443


Ce qui frappait

Ce qui frappait, ce qui choquait c'était cette impossibilité à donner au

Hasard une valeur réelle, déterminée.

Je me concède le droit au luxe et à la beauté.

C'étaient une insinuation, un non-sens.

Les fluides cosmiques traversent en paraboles étoilées les voûtes et les

constellations du Christ - écrivais-je. Je pensais à l'Action Divine. Il n'agit

qu'en décharges émotionnelles. Imaginons la Force rééquilibrer son monde

avec des flux psychiques.

444


Collages

Chacun savait

Chacun savait que résoudre ce problème était un exploit impossible. Aucun

être humain même le plus rusé, le plus subtil, le plus intelligent ou le plus

génial ne s'y risqua.

Un petit poète haut de trois énigmes le résolut.

Mais quel était le problème si mystérieux, si épineux qu'aucun homme n'en

devina la solution ?

Je pose la question.

6 - 4 - 40 - 12 impossible. Avec des osselets obtenons un double sept.

Roulons nos corps dans les moiteurs de l'invisible. Fuites des temps, de

l'espace. Apprenons à flotter dans les vibrations intersidérales des mondes

nouveaux.

Trouver l'équation de cette affirmation. En termes clairs : qu'est-ce que ça

veut dire ?

445


Les pyramides

Les pyramides ont une face cachée. Les géants s'amusent au 421 avec les

trois dés.

A chaque lancée, une surprise : 1 chance sur 64 d'obtenir le triple 4. J'eusse

préféré chercher par le magique et le satanique le 666, mais il n'y a que 4

faces.

Je note des chiffres extravagants. Les pauvres n'y voient pas de compte. Je

les garderai au secret pour l'éternité.

De mon salaire. Ha ! Si quatre zéros s'accumulaient derrière le 1, comme je

serais riche !

446


Les Hommes de Science

Les Hommes de Science privés de ballons d'oxygène s'engagent dans les

profondeurs de l'absurde. J'ai appris qu'un électron pouvait passer par deux

trous séparés et distincts en même temps.

Je lâche une charge. Elle remonte le temps et frappe le casque de

Vercingétorix.

La trente troisième bêtise reste à découvrir. Tous à la trouvaille. Je prépare

mes révolutions en coupant mes têtes, - une de médecine, une de mécanique

céleste etc... La prophétie impose à faire plus que réfléchir. J'éclaire de

pensées fulgurantes les déserts divins.

Le ruban de ma vie est équivoque. Je refais une destinée qui n'est pas

mienne. Choquant comme de porter les vêtements d'un gueux. Enfin ma

puanteur dégage des odeurs délicates et agréables. Le lecteur aime.

Toutes mes insomnies finiront par endormir ma cervelle. Je m'épuise en de

détestables résignations.

Ma vieille terre crache trois tonnes de feu. L'impuissant s'active.

Progressions perverses culminant au sommet de la lubrique histoire : vierges

447


et vampires. Eloignons-nous. Je monte aux cieux limpides.

Exigences de la poésie : sacrements primaires jamais démoniaques.

Du feu ? De la pauvre lueur ? Les chandelles illuminées ? Le phosphore

court dans les cimetières, légendes bretonnes des feux follets.

Les vieux se calment, les morts parlent, les belles s'ouvrent d'envie ;

l'ancêtre tremble, l'au-delà écoute, la pucelle cache son petit triangle.

Vibrations érogènes dans des poils clairsemés.

Le maître du cyclone ; Eole, retiens la tempête dans la peau du

cochon ! Les pores s'enflamment, mon cœur bat.

Les pygmées, les esclaves, les basketteurs trébuchent sur le tapis de la

fougueuse Afrique ? Les rythmes nouveaux sont là-bas. Atteindrais-je

l'Abyssinie ?

Idioties, répulsions. Recherchons les lèvres roses des femmes noires.

Explorons. Je jouerai les missionnaires. Les sueurs, les chaleurs, les

moustiques. Tout m'appelle à mes origines.

448


Losanges

L'équation

L'équation était biscornue. Plus il s'enfonçait dans le raisonnement, moins il

y comprenait quelque chose. Après nombreux tâtonnements, il résolut de ne

pas pousser ses opérations plus profondément.

Le poète et le mathématicien s'épousent avec intelligence : l'homme de règle

étant imaginatif, le rêveur pourvu d'algèbre invisible...

449


Louanges du feu

Pure essence

Je chanterai l'essence de mes poèmes.

Fille au nombre d'or,

Algèbre que j'adore.

Mathématique vaine des règles usées

Que je ne compte ici les mois sués.

Dans le cylindre étroit de ta couche célèbre

D'allées et venues d'arithmétique et d'algèbre.

450


Parapsychique

Ô nous, ô toi dans les chaleurs antiques.

Diapasons d'effets stridents. Se meurt l'étoile sous ton image.

Sa substance te sera meilleure.

Ô pensée, mémoire de l'être,

Substantielles dendrites

Activant mon flux de sang,

Je me souviens encore de vous

De l'hypothalamus aux pouvoirs secrets

Développant des forces innées.

451


Prières/Phrases/Exil

La surprise

Vous parlez d'une surprise. On avait tiré la chance numérotée de boules

dans l'urne des aveugles et de l'ignorance. Le succès était assuré par une

main invisible qui trichait.

La mécanique céleste vole un ballon d'oxygène gros comme dix mille

pommes Newtoniennes. Adam et Eve ne purent y résister. Ils atteignirent

aisément le septième ciel.

Le feu de glace éclairait la fausse fenêtre ouverte sur une place en trompel’œil.

Il louchait, et croyait à un miracle. Erreur ! C'était de l'image poétique

reflétée par sa mémoire déformante.

452


Les bornes

Ils y avaient des bornes, des arbres à intervalle régulier, des barreaux placés

à égale distance sur la grande échelle qui montait au ciel. Des rotations

terrestres approximativement égales, des durées, des secondes très justes. En

vérité, on n'y comprit rien comme l'Univers se mit à basculer, à s'emmêler

ses planètes, en s'enrubanner dans les queues de ses étoiles filantes. Tous

mathématiciens, physiciens, astrologues, Dieu lui-même s'inquiéta de cette

absurdité. Pourtant ses calculs sont justes, criaient-ils ! Pourtant mes calculs

sont justes, croyait-Il.

Enlever la poussière dans l'œil droit du poète, et vous y verrez plus clair.

Chers Maîtres, ça n'a aucun sens ? Ça ne veut pas ne pas rien dire ! Vous

seriez injustes de ne pas me répondre.

453


POèmES DE L’A-SCIENCE

AUDACES POéTIQUES

FANTAISIES POéTIQUES

454


FRANCK LOZAC’H

Tractacus Philosophico-Poeticus

455


Le parcours de la conscience

De nulle part. De l’éphémère insoupçonné comme

Intuition, peut-être - pas encore - substance,

Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G

De Spearman sans doute. À la recherche de

L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,

De la fusion - du risque, de l’audace - outils

D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux

Accéder aux plus belles productions de la raison.

Encore avec intelligence, et langage - y faisant

Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.

À moins que je puisse espérer l’intuition pure -

Il ne faut pas douter ! - Plus tard encore la

Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et

J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.

456


Le chemin de l’âme

L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience

D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité

Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -

La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.

La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?

Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,

Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !

La modification proposée pour le Christ, le dessein,

La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.

Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour... ?

La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-

Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,

De perceptions, les rapports, les constructions etc.

Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?

457


La mémoire de l’histoire

L’absence qui n’a pas été retrouvée, comment la

Saisir et où ? Est-elle perdue dans l’A-histoire ?

Mes mutations, mes essences progressives de vérité,

Parfois, moi l’homme, je m’en souviens, - je les ai inscrites...

Est-ce mon degré de conscience qui détermine ma

Volonté d’histoire, elle-même liée à une

Recherche de métaphysique ? Singe, je transmettais

Mon patrimoine génétique, du moins, homme, j’ai

Ma langue, mon sacré, mon profane, ma culture,

Un monde historial. Je conçois l’histoire

Dans le principe évolutif de Darwin. Husserl me

Paraît impossible et Heidegger trop sectaire entre deux

États - l’avant et l’après grec. Ce que je sais :

J’ai toujours besoin du passé pour construire l’avenir.

458


L’homme et son double

L’homme et son double. Son Moi pensant, supérieur,

Transcendé, qui condamné la chair, la repense - s’élève,

Qui subit cette relation d’homme à l’être avec nécessités

De satisfaire les besoins terrestres - Lui qui s’évanouirait

Dans la transparence - qui est englobé, écrasé dans

Cette chair ténébreuse et puante ! - Oui, d’autres limites,

D’autres possibilités. Il est avec l’Autre, relation

Étrange, détestable, de dominant-dominé, de

Faible-fort-d’espoirs et de réalités. Cette bipolarité,

Cette correspondance. L’homme tend vers la Terre, quand

L’Esprit est attiré vers le Ciel. J’attends, je fais du sang,

J’attends fébrilement la mort - la rupture, la coupure,

La cessation, la fin - pour cette liberté spirituelle

D’accession à l’Idéal parfait de la Divinité.

459


L’errance

L’errance. Pour découvrir une autre vérité. Au-delà

De l’époque. Ignorer toutes les histoires passées -

Est-ce réellement possible ? Et je pense à Arthur -

L’errance, est-ce une erreur ? Moi, je lui ai préféré :

La synthèse à l’intérieur avec les produits d’autrui.

Et j’ai fait œuvre de jeunesse - de valeur inférieure.

Cela va s’en dire, mais j’ai cherché également.

J’ai insisté, sans faire preuve d’aberrance - avec fréquence

Toutefois. Étais-je égaré ? Non, tout ceci était borné,

Banalisé, sûr, certain, fort et grand - il me fallait

Fusionner le savoir de l’autre, des autres - il fallait.

Destin avec Destins. Alors “la liberté-le sacrifice”

Ou “le malheur-la réflexion” Pour quelle détresse ? Quel homme ?

460


La pauvreté

La pauvreté - en constance de manque, d’interdit,

De blocage - de privation, avec certitude

De faiblesse. Relation de l’homme à soi. La

Vertu est-elle une richesse ? Faut-il se dépouiller,

Se purifier, rejeter l’animal-subsistance ? La métaphysique

Exige la pauvreté. Dieu étant le fabricant,

Est-il le donnant ? À quoi possède-t-on ?

Où sera la suffisance de l’âme, de l’esprit,

De l’homme, de l’athé ? Jusqu’où iront les hommes ?

L’élévation. La finitude pour la perfection - l’espoir ;

À quelle extrémité de dénuement ? Dans le désarroi

De notre Néant, de notre sinistre profondeur ?

La pauvreté - l’homme sans facultés, l’homme avec

Dieu, mais toujours peu. Avec le Fils mais ignorant,

Avec l’Esprit mais impur. Faut-il faire l’Ange ?

461


L’homo lozachus

Un homme qui pense sans fonctions biologiques, homme

Sans appartenance à la nature - la délaissant, la niant,

La refusant - Corps-prison - sexe bas - actions primaires

Rejetant la vie dite essentielle - homme parlant-écrivant,

Apte à percevoir le sensible - essence qui pense -

Pourquoi ? Pour sortir, s’élever - rejeter la chair.

Esprit aspirant à la liberté spirituelle, l’au-delà.

Être en attente de mort, soucieux de vie cérébrale,

Se préparant, se construisant - mystique-actif -

Désireux d’accéder au supérieur, le supposant -

Le pré-sachant - Existant sans les organes, toutefois.

Non pas le pari, mais la certitude - les preuves visuelles -

Se formant pour accéder au grand principe de compréhension

Universelle. Mais est-ce raisonnable ? Est-ce ?

462


L’être subissant

Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.

Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,

Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche

Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre

Accéder à un état purifié pour changer mes relations

Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.

Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,

La logique, le sensible, le saut etc. les outils -

Rationalité, expérience, futur - le matériel, et

D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation

Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.

Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.

Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.

Finalité de l’homme - Est-ce but ultime de la vie ?

463


Le temps et la mort

La mort. Quelle mort ? Terrestre, de présence, d’à-côté ?

Fait biologique ? Que craindre ? La vérité révélée,

Enfin ? D’avenir - d’existence - d’au-delà.

La mort possible à chaque instant. Suis-je menacé ?

Le temps peut-être qui condamne mon projet.

L’avant-mort avec déchéance de vieillissement.

L’être-pour-la-mort se projette en avant de soi.

Il devance son objectif.

La rupture - le changement

D’espace - d’autre vie. ESPOIRS ! Y a-t-il une chose ?

Quelque chose ? C’est affaire de croyance ou de foi.

L’immortalité rapatrie la vie auprès d’autres existences,

Mais quelle conscience pour l’élu ?

464

Qui dans son espace

D’homme s’est réalisé ? La certitude de l’ennemi, le temps.


Toujours à mes côtés. Augmenter le volume des jours.

Reste l’absence

Reste l’absence. Pour quelle présence ? Vers qui ? Personne.

Tout en Moi. Sans détresse. Avec raison et avancée.

Il n’y a nul désespoir, mais conscience du dedans.

Il s’agit d’une formidable activité interne, cérébrale.

Ne s’aventure pas dehors, sachant la faiblesse,

La part inutile de l’autre. S’instruit dans des livres.

Travaille avec les Anciens. Est-ce calcul, analyse ?

Est-ce vrai ? Pourquoi le doute n’explose-t-il pas

En suprême pensée ? Craint-il la mort ? Il l’attend,

Certain de l’au-delà, de l’avenir. Quelle menace ?

Crainte de l’impureté figée dans l’accumulation

Humaine, de débris, de pourriture, de soi, en vérité.

Donc se faire Christ ou Saint, s’élever, at-

Teindre l’intemporel, ou l’effrayant néant, peut-être.

465


L’homo spacialus

Une planète qui se rétrécit. Le travail uni-

Versel. The Global Village, la mondialisation.

La sacro-sainte évolution technologique, le partage,

Les ressources naturelles, le risque atomique, les pays

En voie de développement, les nations riches, l’ONU.

C’est le seuil d’une époque, le troisième millénaire -

Contrôles, tests nucléaires, CNN, les Coms.

Les races disparaissent. Les villes cosmopolites de Rimbaud.

Le Big Brother, faut-il en avoir peur ? C’est non,

C’est l’ami, c’est l’espoir. Vigilance et espoirs.

C’est conscience par l’homme spatial de son insignifiance,

De la boule bleue, unique, si petite dans l’Univers.

C’est la plate-forme ALPHA de coopération, d’amitiés.

Est-ce de la naïveté ? Le progrès selon Victor Hugo !

466


La stratégie

La stratégie - le but - l’objectif - le désir.

Que veut cette pensée humaine ? Comprendre l’Essence.

C’est-à-dire l’origine et la finalité. Est-ce

Les deux, il y a l’homme, donc Alpha et Oméga.

Le dessein de l’origine de Dieu, le dessein de la

Finalité de Dieu. L’homme se situe entre les deux,

À un temps défini. La pensée est dans l’homme. Cette

Pensée-là n’est peut-être qu’accident assez insignifiant.

Il faut se purifier. C’est donc un schéma mystique.

Il faut apprendre à déposséder pour nous jeter

Hors de nous-mêmes.

La finitude est dans l’être toutefois.

Il s’agit d’accéder au plaisir ou à la jouissance,

Une sorte de bonheur de vivre que l’on nous promet.

Ou l’éternelle douleur dans un profond Néant, peut-être.

467


Le dépouillement

Le dépouillement - la destruction des valeurs,

Le renoncement à la chair - l’abolition financière,

La remise en cause de l’acquis. À poil ou

Ne passe pas. Votre savoir. Votre ignorance. Moi,

Dieu. Je détruis vos structures. J’abolis vos principes.

J’offre un nouveau destin - changez ! L’essence de la

Vérité. Achevez le schéma de la subsistance, de la

Jouissance. Vous appliquerez mes nouvelles lois.

Ce nouveau vrai dans un espace révélé, différent.

Ta valeur ne compte plus ; condamné à effacer

L’âme transcendée ; - le partage ; est-ce survivance

Élaborée dans époque future ? Abandon immédiat

De soi - autre logique - autre certitude, autre

Objectivité ? Pour quelle richesse, en vérité ?

468


Le calcul

Le calcul. Le pari de Pascal. La garantie future,

La méthode de l’arriviste. La constance de

Certitude. La vérité dans l’invisible. La perception.

Rationalité et paranormal. Science et au-delà.

Se refaire. Se reconstruire avec du délétère,

De l’impalpable. Penser avec l’inconnu. Supposer.

Est-ce audace, risque ?

Une vérité unique,

Intransmissible, pour soi-même, - expérience personnelle

Volonté de rechercher avec l’objectivité.

Le doute. - La fiabilité de ses sens. - Les résultats.

Est-ce nouvelle essence métaphysique en auto-prospection ?

L’avenir. Le Dieu vrai. Le bonheur, le bien-être. L’utopie.

Ou l’éternel néant. La finalité du rien. De la mort

Totale, biologique, absolue. - Qu’en est-il de jouer ?

469


Les conditions du possible

Ce que l’on ignore et qui est possible ; la limite

Temporelle imposée à l’homme ; le cadre de l’époque ;

Concevoir l’imposable par le risque et la créativité ;

L’impensable, - l’absurde, - puis un élément insignifiant

Vrai participant à l’élaboration du projet, second

Élément ; troisième élément, - les contours se dessinent.

Un désir qui porte au-devant de soi dans un espace

Nouveau, inconnu encore. Suis-je capable d’at-

Teindre ce que je désire ? La condition du possible

Se situe dans l’homme qui veut devenir être ; pouvoir ;

L’origine du désir, - ses gènes sexuels et cérébraux ?

Est-ce de l’énergie alimentaire transformée ? Qu’est-ce ?

Ce besoin, ce facteur G de Spearman, cet indice C

D’élans, d’actions. Qui le produit en soi, qui ?

470


La détresse

La détresse. La conscience du faible, du peu,

De l’insignifiant. La volonté, l’appel, la supplique.

Un Dieu ? Ce Dieu ! Lui peut prendre en pitié,

Aider, aimer, ajouter, - offrir des miettes - Lui peut.

Moi, nulle puissance, - nulle intelligence. La fourmi

Médiocre, au souffle insignifiant. Qui parle d’essence,

D’essence humaine ? Il faut donc changer de nature,

Passer à l’ange c’est-à-dire au Soi exalté sans la

Chair, la nourriture, les excréments, le sang, le sperme.

Délaisser l’habit de corps pour embrasser l’enveloppe

Spirituelle. Se transcender en force nouvelle, pure,

Élaborée, consciente, élevée, claire et sainte.

C’est cela : se sanctifier dans l’Élévation du Ciel,

Quelque chose de pur et de surnaturel...

471


Le schéma intérieur

L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour.

La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme.

La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer -

Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.

Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur,

Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier !

L’œil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ?

La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.

Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiero

Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ?

Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer

Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard.

Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ?

Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.

472


Topologies

Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,

Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer

Sur son propre chemin. Croisements, lieux et

Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,

De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.

Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.

Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,

Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.

De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.

Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,

Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder

À l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,

Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,

Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.

473


Les vêpres de la pensée

Sorte de religiosité interne. “Les Vêpres de

La pensée” dont parle Beaufret. Cette espèce d’essence

Eschatologique qui veut sacraliser l’instant.

Une perception pure permettant d’accéder au Suprême.

Pourtant nécessité, pour expliquer la chose de lui

Associer du matériel de mots, d’adjectifs, de verbes.

Dialogue conçu par Un, pour le Même, puis offert.

Linguistique supérieure, transe théologique maîtrisée.

Mais l’homme est homme et ne peut communiquer avec les

Dieux. Acte réflexif de Moi à Moi. Ou encore

De Moi aux Frères - aux Hommes - aux Suprêmes qui jugent

De la médiocrité du langage. Écrire, est-ce détresse ?

Supplique, appel ? Transmission ? Poésie ; sens et essences ?

474


Le temps

Le présent, un passé qui s’enfuit. L’entonnoir,

Le goulet, la spirale infernale qui happe l’homme ;

Le maintenant échappe ; fragmenter les instants en t 1 , t n ;

Processus, procédé, maîtriser la fuite, l’éloignement.

La décomposition répétitive, idem d’un jour à l’autre ;

L’accélération, l’intelligence, la vitesse. Aller

Sur le temps ; je prends du passé pour aller vers l’avenir...

J’habite un présent ; perception unique du temps.

Le flux continu ; de là-bas à là-bas ; mon essence

Est dans la mémoire ; le passé porte la substance ;

Perceptions qui s’éloignent, qui se fixent, - parcelles

De temps divisées, à devenir insignifiantes, - leur durée.

Le temps est une apparence quand la vérité est intemporelle.

L’espoir est dans l’avenir qui est déjà programmé.

475


Les moyens/l’action

Le savoir. La maîtrise de la logique, la con-

Naissance théologique, le nécessaire pour comprendre,

Le suffisant, les limites cérébrales, le travail en

Commun, l’homme avec l’homme, la part du QI.

L’élévation. Ses faiblesses, ses forces, l’adaptation.

Innover, la vérité des sciences, l’essence de l’art.

Le dépassement, la mièvrerie poétique, la matrice

De la vieille femme âgée de 3 000 ans, les enfants

Chétifs, la philosophie évolutive, la certitude

Divine. L’insignifiance humaine. Et pour quelle

Gloire ? Je vous le demande ! ... demande !

Car la finitude est bien le tombeau. Ou l’enfer. Si

Condamnation, il y a, ou la pureté idéale avec

Nouvelles perceptions, nouveaux langages, nouvelles aptitudes.

476


La stratégie pensante

La stratégie pensante. Le mécanisme cérébral.

La méthode pour produire, pour extraire, exploiter.

La volonté autre, nouvelle, supérieure, non pas

À la manière de Nietzsche, débouchant sur un

National-social - SS et Shoa, mais Soi

Avec Dieu, avec les hommes, tous les hommes quels que soient

La race, le pays, le sexe. Je cherche : intelligence

Avec machine, histoire, futur. Non pas le paraître

Du poète, superficiel et insignifiant, mais l’être

Du penseur. Une nouvelle perception et maximiser,

- Augmenter, ajouter sur l’autre, sur Autrui et sur Soi.

S’éloigner de l’ignorance, le fléau, ô Arthur !

Conception personnelle méprisée, incompréhensive, qu’importe !

Soi dans sa paranoïa d’orgueil et de méfiance.

477


Poème/Lecteur

Ne pas penser, poème, mais percevoir. Le rapport

Au langage, le moment dit évocateur. Le

Panorama d’images, l’avalanche, la composition,

L’offre : Le voyez comme moi, la force, la passion,

La flexibilité de l’intelligence, l’adaptation du lecteur.

Densités des effets, distorsions, audaces, le dia-

Logue avec le pseudo-spectateur, agis par Moi.

Les mots deviennent des choses. Je t’emporte où je ne suis pas.

Le droit au mensonge. Mon illogisme, l’irrationnel,

L’improbable, l’invraisemblable, lire-avec lire-pour

L’imaginaire, l’espace où l’interdit est interdit, le guide.

Nourris-toi de mon idée ! Y a-t-il quelque chose réellement ?

L’angoisse et la conscience. Ses Ténèbres, ses Erreurs,

Ses énormes Fautes. Un homme en vérité, médiocre.

478


La clé

La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet.

Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée

De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant

Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique.

Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ?

Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ?

La représentation non pas de l’arrangement, de la combi-

Naison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin,

Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ; la

Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre.

Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les

Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ?

Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ?

Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.

479


La transcendance du médiocre

La vérité mystique. Le poète tourné vers le sacré.

La conscience : l’angoisse, le désespoir, l’impossible, le réel.

La certitude du faible. L’auto-médiocrité, le rien.

Mais il y a lutte, élan, travail, volonté et forces.

Un savoir reposant sur la vérité sociale, scientifique,

Artistique, sur 3 000 ans de certitudes humaines et divines.

Ils ont modélisé, codifié, imposé, prouvé, certifié.

La poésie : est-ce l’outil-images, la boîte à sensibles,

La perception émotive ? Est-ce un monde dépassé ? Est-ce ?

Extrême détresse ? Le pouvoir du solitaire, l’élan toutefois.

L’Angoissé guide le Conscient. La lumière la plus brûlante.

Elle instaure la comparaison. Dramatiser en position

Finale. Est-ce une transcendance de médiocre imbécile ?

480


Le Destin

La pensée, - pousser ou se contredire, l’opposition

Avec élans, l’entreprise cérébrale, l’outil-langage

De signes, de mots, palette de peintre. J’aurais

Préféré l’axiome, la certitude, mais enfin ! Enfin !

La beauté du langage poétique. Quelle est la desti-

Nation de la pensée ? L’essence de l’âme ? Ils veulent

Reconstruire l’édifice philosophique craignant toujours

De l’exactitude des plans et fondations. Husserl. Ils

Veulent. Auto-dépenser = des pensées, avec rigueur,

Et concepts (lesquels ? ...) (Ironie !). Science et hors,

Hors et dedans, la saisie, l’élan, l’attention. Ad-

Dition d’élans cérébraux. L’aube de l’intelligence : ainsi

Comprendre et apprendre, puis créer. Amalgame à purifier,

Produire du nouveau qui sera du connu. Est-ce le Destin ?

481


La part du mystique

La part du mystique, les éléments sacrés, le destin

Religieux, la Quête du Sacré. La provenance

De l’être et sa finalité. L’acte de purification.

Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante

Insignifiance de l’être. La conscience, les limites

De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les

Trois ne font qu’un. Accéder au monde spirituel.

Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec

Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai

Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,

Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.

L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit

Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur

Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.

482


Le métier

Le savoir-faire dans un métier. L’habileté, l’intelligence,

L’obéissance, l’application ; le salaire-services ; l’élément

Intégré dans un rouage ; travail pour autrui // le chercheur,

L’homme de science ; le doctorat ; le créateur, le poète ;

Utile//Inutile ? Sciences, arts et métiers, la connais-

Sance expérimentale, ou produire des sons, des formes, des

Sens. Quelle valeur pour l’identité poétique ? Aucune.

À partir d’expérience avec et l’inexistant ; le malaxage

Cérébral ; la donne intérieure qui produit un nouvel

Angle ; l’environnement différent engendre des produits dif-

Férents. L’art, - maîtrise d’une technique, - d’une pensée ;

L’anti-technique, - la liberté ; la valeur subjective ;

L’auto-affirmation, la certitude unitaire.

La vérité ?

483


Différents temps

L’écriture contre le temps, la durée de la pensée.

L’espace est du temps. Le temps est de l’espace. La

Symbolisation, la mesure. L’observateur qui se situe

En dehors de l’espace ignore le temps-lumière.

Le présent avec du passé immédiat. Nous ne percevons

Que du passé. Il y faut mémoire et conscience.

Le rapport du temps au langage, pour Bergson, est

Le rapport du fluide au solide. “ Nous tendons indis-

Tinctement à solidifier nos impressions pour les ex-

Primer par le langage ”. Les mots sont l’extérieur de l’âme.

Le subterfuge du romancier, de l’artiste qui déplace

La réalité du temps, et se situe ou nous situe dans

Un autre espace-présent.

Le fantôme d’écrivain

Obsédé par la conscience du temps et qui prie...

484


Le saut

Le saut, c’est l’anticipation de ce qui semble possible.

C’est le je pourrai, c’est un acte volontaire de la

Pensée. “ Les yeux plus gros que le ventre ? ” Est-ce

Délimitation objective ? Je suis là. Je dois aller là-bas.

Entre les deux, la distance, - taille énorme, possible ?

Audace ? Impossible ? Trop loin - les limites réelles ?

Penser, étudier, supputer, supposer et croire. L’élan

De l’être.

La part du rêve ? L’essence du risque ? Pour-

Quoi ? Se projeter en face des choses futures. Se projeter

Hors du centre de notre raison. Concevoir une autre

Représentation du Moi et du Monde. C’est la liberté.

Du moins, une de ses composantes.

S'il y a échec ? L’intelligence

S’est flouée. S’il y a réussite, l’anticipation était vraie.

Que sont les pas en arrière ? Vieillissement. Sénilité.

485


La vocation de la pensée

La vocation de la pensée, - appeler l’Être. Le

Transmetteur de l’homme à l’Être. Transmetteur bourré

D’énergie. La valeur de la Relation épurée.

Abandonner tout instinct, toue spontanéité bestiale.

De l’homme à l’Être, transmission et écoute, remise

À l’essence supérieure. L’Agir comprend : de l’élan,

De l’action, du mouvement, permet : l’élévation, la

Compréhension, l’Application, - donne un sens à la vie.

L’Essence accumule de l’expérience que lui offre l’homme.

Elle n’est donc pas libre du matériel, mais possède

Une pseudo-liberté d’analyse. Elle est dans l’Histoire,

Dans la tradition. Elle se meurt dans un espace historique

Bien défini. C’est avec du matériel donné, qu’elle pré-

Tend, penser. Peut-elle réellement se situer au-dessus ?

486


Le futur

L’avenir. Avec vérités, certitudes, le temps,

La fatalité. Distinguer le futur vrai d’une hypo-

Thétique possibilité. Défaire, avancer dans l’assu-

Rance de soi. L’avenir est-il inscrit ? Ne ferai-je

Qu’accomplir des actes présupposés ? Le dessein du destin !

Est-ce un plan décidé, conçu ? Ma part de liberté ?

Puis-je pénétrer le futur comme je puis ressusciter le

Passé ? Quelle est l’intensité de ma possibilité ?

L’élan, le passé, le présent, le futur donnent

Naissance à l’action que le Destin saisit

Dans sa totalité. C’est le passé qui rend possible le

Futur. En-avant-de-soi. Le futur est indéter-

Minable. Inaptitudes de l’homme à maîtriser le temps.

Homme-esclave soumis à la dimension suprême.

487


La pauvreté

La pauvreté. Ce qu’a l’homme et ce qu’il est.

Le manque. Étant rien, c’est l’être même. De ne

Pas posséder. Faible langage, faible propriété,

Faible pensée. Les facultés traditionnelles dans la

Volonté de croissance. Le possible et son maximum.

L’atteindre, croître et le dépasser. Posséder et

Se mettre en position pour apprendre, comprendre et

Appliquer. Le rapport de l’homme au monde, à son monde,

Son peu, son rien, sa nature d’homme. La générosité

Divine, - à rire ? Dieu existe : débrouillez-vous tous seuls !

Détenir, vieillir. La durée de la propriété ? Une plaisanterie.

La potentialité, la substance, les échanges affectifs.

La richesse : la blancheur de pureté, l’élévation

Messianique, l’homme élu, l’homme - Christ - le Voyant.

488


La raison du questionnement

Toujours en soi, le pourquoi, le comment ?

À demander, l’inaptitude à répondre. “L’homme a

Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en

A pas suffisamment pour y répondre.” Implorer,

Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la

Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir.

Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et

Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant !

L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin

Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans

Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.

La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le

Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle.

L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?

489


La question en suspens

La question en suspens : est pratique, mais ne résout rien.

Comment déterminer la vraie question, utile ? Comment le

Cerveau doit-il penser la véritable activité ? Élaborer

Le meilleur des questionnements. Le cerveau cherche :

Le rapport entre l’aptitude à répondre et la difficulté

La plus élevée à résoudre. La nécessité, la primauté.

Élucubrations, gesticulations, les gestuelles de l’esprit.

Résoudre, et avancer. Les données de la résistance. La

Capacité maximisée. Les limites, les moyens nouveaux

Pour avancer. Autrui, la mémoire, la sélection, le

À plusieurs.

La question sans le langage, qui est seulement

Un transmetteur. Le penser-parler qui est un moyen, toutefois.

Le langage, piètre porte-parole de l’être. Pour se défaire

De son dénuement, l’extrémité de l’homme semble inconnue.

490


Du singe à l’ange

Une pensée de la purification. Du singe à l’ange.

Ce qui s’éclaire. De la caverne à la lumière.

La clarté intérieure de l’être, la conscience, par la

Sensibilité, d’un : autre chose, transcendant, supérieur ;

Par le culte des morts ? Nécessité logique d’élévation.

Car il faut accéder à l’Au-delà. Est-ce bonheur ?

Ce qui explique la captivité de l’âme dans l’homme,

De l’être dans l’homme, de l’essence dans l’être. Jaillit !

La vérité de son essence ! Vers l’ange ! Avec perceptions

Plus fortes, plus grandes, plus amples. Enfin il comprend

La possibilité mystérieuse et pénétrable. C’est déjà

Une métaphysique positive, d’espoir, d’avenir épurés.

Pourquoi cet abaissement ? Ce médiocre régime terrestre ?

Tout n’est pas explicité par les Livres Sacrés. Ces Dieux ! !

491


Le questionnement de l’Être

Le penser n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être.

La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion,

Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations.

- Outils employés par l’être pour trouver la réponse.

La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée

Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à

L’être : langage et sensibilité par les sens des organes.

Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier.

L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend

Ou cherche à comprendre.

“En attente du savoir”, “Je

Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard.” Savoir,

Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire

Pour rendre possible l’action de compréhension.

492


Des vérités

I

La vérité en dehors de toute chose concrète est vraie.

Dans le vide universel, sous terre, dans l’espace, ailleurs.

Une vérité économique est une vérité locale avec du

Matériel d’homme. L’essence de la vérité serait divine.

Les trouvailles de vérités, des offres à l’homme, comme la

Mine d’or. Qui a fabriqué l’or ? L’essence de la vérité

Serait associée à Dieu, à la Shekina. L’action avec

Du rapport engendre de la vérité d’animal, d’homme,

De nature biologique, par exemple.

Elle

Serait à la droite de Dieu ou dans Dieu. Le vrai

Que l’on connaît, que nous ignorons. Ce qui peut agir,

Ce qui n’agit pas mais peut agir, peut “être”

493


Le non-vrai

Dure parfois, - le vrai n’est pas toujours l’étant, - la vérité est

Intemporelle. La vérité du moment d’après le matériel

Mis à la disposition, par analyse du moment.

II

La validité de la vérité, exploitable, utilisable

Comme étant, - favorise l’action, - évidente dans

Son fondement. Possède son contraire, - le faux.

La mathématique offre l’indécidable.

La contradiction

Dans l’analyse et le raisonnement annule la

Validité de l’offre, le choix du décideur. L’un

Jette l’information, l’autre saisit l’information après avoir

Considéré l’énoncé. Les deux s’accordent l’essence de

La vérité.

Le vrai est vrai jusqu’à ce que l’on puisse prouver

Le contraire, le subtil, le distinguo, le autrement, le

494


Plus précis, - remettre en cause son évidence.

La vérité

Religieuse... scientifique ... psychologique, l’évolution

Du savoir, le déplacement de la vérité, le “Autrement ”

Le jugement, le “ne sais pas”, le “j’agis” toutefois.

III

La concordance de l’énoncé avec une chose ; la chose

Qu’on ne sait pas et qui est ; la conversion de l’énoncé

Avec la chose est liée aux outils employés pour prouver.

Valeurs des outils employés ? Le langage, - valeur des

Termes utilisés ? Comment s’accorde-t-on sur ce vrai ?

D’après la définition que l’on donne aux choses.

La fiabilité de la vérité. On ne peut l’obliger à changer.

Si l’on change la vérité, cela devient du faux.

Autre remarque.

La non-vérité n’est pas toujours démontrée. Elle est prise

495


Parfois pour de la vérité. L’on s’accorde par ignorance

Sur sa fiabilité, incapable de défaire les contradictions

Avec la pure essence. La pseudo-vérité offre une solution

Acceptable pour la communauté. Elle est entendue, il y a

De la résistance, mais cela suffit pour le moment, du moins.

IV

Il y a ce qui n’est pas créé et qui serait de la vérité

Toutefois ; il y a l’indémontrable ressenti comme étant

Du vrai. “La loi de la gravitation” était dans l’air du

Temps. C’est compatible avec l’idea de l’intellect ;

L’unité du plan divin serait inaccessible à la capacité

Humaine ; l’ordre du monde conçu par l’Esprit ;

“Les voies de Dieu sont impénétrables.” Il faudra penser,

Trouver dans tous les secteurs d’activités. Analyser.

Valeur du vrai dans l’imaginaire. Vérités avec temps,

Espaces, culture, époque ; le déplacement du vrai ;

La faillibilité de l’homme rend possible l’analyse du faux

496


En tant que détermination du vrai ; le vrai avec du

Manquant permet toutefois d’aller et de progresser.

Dévoiler lentement d’après sagesse, la science de l’homme.

V

Par le langage. Correspondance de valeurs. L’énoncé

Doit se convertir en réalité quantifiable, équivalente.

Le bouchon bleu doit être le bouchon bleu. La mesure

D’une représentation adéquate. Se mettre d’accord sur

Les définitions données au sens et aux termes employés.

Le verbe, son action rendant possible la convertibilité

De l’énoncé avec le vrai, le égal, le implique,

Le donne, le cela équivaut à. Rend possible

La conformité. Le jugement transmet son résultat.

C’est la définition du verbe qui convertit l’énoncé en

Vérité. Mêmes en nature, en qualité, en quantité.

Le fondement est possible. La loi est conforme. Peut

S’effectuer la convertibilité. Qualités de la mesure ?

497


Ma liberté d’action permet-elle d’accéder au vrai ?

Vérité et liberté

La planification de la recherche hors de toute liberté.

Pourtant volonté d’accéder à une vérité nouvelle. Agir

Dans la contrainte sociale, est-ce liberté toutefois ?

La liberté jalonnée de la mathématique. Qui peut agir,

Choisir, décider. La vérité sans liberté. La vérité

En dehors de l’arbitraire humain : exemples : les lois

Fondamentales qui régissent l’Univers. Existaient avant

L’homme. Donc, en dehors de la subjectivité de l’humain.

Règne une certaine essence de la vérité au-dessus des hommes.

Ajouter sur la Formule de Taylor-Lagrange, est-ce de

L’essence de vérité ? C’est prolongement mathématique voilà tout.

Le choix aléatoire. Random, proposé à la machine,

Est-ce la liberté ? En vérité. Non. L’animal, le

Végétal possèdent toutefois un choix décisionnel.

498


Le blocage

Le blocage interdit le dévoilement ; il y a volonté,

Recherche, reconsidération de l’objet offert, mais

Il y a incapacité à se représenter autrement lédit-donné.

La résistance rend vaine toute tentative. Que faire ?

Le refus de l’étant apparaît dans sa totalité ou de

Manière fragmentaire comme une impuissance à aller outre,

Comme une faiblesse de la condition humaine. Il assure

La connaissance résiduelle, fragmentée, parcellaire

De l’étant.

Cela engendre - 1 - de la non-vérité admise,

Révélée, subie, reconnue, avec un laisser-être - 2 -

Une rébellion interne qui refuse de subir ce manquant.

Soumis ; esclaves ; satisfaits, repus, avec bien-être

Et passivité. Voilà la première race ! Cherchant,

Refusant, allant, progressant, gagnant : seconde race !

499


Subsistance

La conscience de son incapacité à aller outre. Les

Déterminations de ses propres limites observables reçues,

Perçues par la scolarité, par la comparaison avec l’autre.

“Ne saurait aller au-delà, mais peut espérer cela.”

Les nécessités sociales, le lieu, la sélection, le “Mal né”,

“N’est pas au bon endroit”, les obligations - engendrent

De la non-vérité, de la suffisance, quand bien même

L’intelligence comprendrait qu’il y a énigmes, mystères,

Indécisions, dissimilations. La curiosité

N’est pas tombée dans l’oubli. Elle est inaccessible, voilà

Tout. Grands nombres en souffrent. Le projet est perdu.

Ne fallait-il pas toutefois produire de la progéniture

Et satisfaire aux besoins essentiels, survivre ? Sont-ce

Les raisons du règne vivant que ces afflux biologiques ?

500


L’errance

L’errance fantasmatique s’étale sur la ville.

L’homme médium coule son fluide sur les objets

De la cité, - il les contourne, les palpe, les perçoit,

Tente de les saisir. Il va par sa substance

Unificatrice associer des idées, des comportements, des

Objets indépendants les uns des autres, fusionner,

Condenser, symboliser, extraire, dériver, rejeter,

Sélectionner et d’autres verbes encore !

Mais l’errance

Pour choir, pour échouer, les risques, l’audace,

Le ravin, le trou, la mort ? Les limites de l’errance ?

Pour le lieu de recherche, pour trouver, aller au hasard,

Vie d’artiste ! Non pas l’erreur, mais l’autre chose, avec

Égarements, outrance, le déplacement de l’habitude,

Du vrai, par la non-conformité, - démarche heureuse ?

501


Langage (fragment)

Le langage pour la transmission de la vérité, outil

Sophistiqué. Avant le langage, la gestuelle, l’arti-

Culation sonore pour l’étant de l’autre. De moi

Au clan, m’entendez-vous ? De moi à toi, nous deux.

Mais avant le langage, la fabrication du concept,

Le doute, le choix, les combinaisons, l’expulsion,

Le râle du singe-homme.

De la pensée de l’Être.

Langage, libération

502


I - Nature de la substance

La nature de la substance que l’on possède, l’être.

Peut-on réellement le concevoir tel qu’il est ? Ceux

Qui possèdent l’existence. Ainsi de tous les vivants...

Ainsi de machines programmables et dotées d’une espérance

De vie. Y a-t-il des objections ? Vous avez raison.

L’accouplement sexuel fabrique le corps. L’enfant est animé,

Il a donc une âme. Origine de l’âme, car grosso modo

ÂME = ÊTRE.

Il faut repenser la substance de l’Être,

Si après la mort il y a la vie. L’être serait un prédicat

Réel, existant en son autonomie, mais étant inclus

Dans le corps. L’étant est inclus dans le corps.

Si l’Être

N’était qu’un effet vital articulé au corps, la définition

De l’étant n’aurait pas lieu. Mais l’intuition de sa vérité

Post mortem débouche sur sa liaison à Dieu ou au Divin.

503


II - L’étant conduit à l’Etre

L’étant conduit à l’Être. Il représente

Le fondement ? Objection. Comment se forme l’étant ?

Sa substance ? Son origine ? Son “ moi ” ? Son primitif

Serait une accumulation de vérités basiques de survie,

D’instincts, de subsistance et de développements de la raison

Au détriment d’actes mécaniques. C’est ce que l’on sait.

L’étant avec le soupçon de Dieu. L’Être avec ou

Sans Dieu. L’Être occidental peut rejeter Dieu.

(Je parle de l’Être et je le définis par Sujet.) La

Limite de l’étant à l’Être est difficilement perceptible.

Les outils d’analyse, de détermination peu fiables.

Est-ce l’aptitude basique d’accomplir des opérations

Primaires de l’entendement ? Ces opérations se conçoivent-elles

Avec de l’intuition sensible ? Au moyen des organes ?

504


III - Activités de l’Etre

Existence et Être en dehors des capacités de notre

Entendement des vérités inconnues mais vraies, de

Passé, de présent, de futur et d’ailleurs. Que vaut

L’Être pour juger et prétendre ? Que lui manque-t-il ?

De la perception ultra. Parviendra-t-il à une

Détermination suffisante de leurs essences et contenus ? C’est

L’additionnel ou la synergie entre les intelligences qui

Permettraient l’accession aux vérités échappées.

C’est l’utilité qui autorise la relation de l’objet

À l’Être, utilité économique, philosophique ou

Religieuse. L’être doit fixer l’objet qui fuit,

Le poser et le représenter, lui offrir des propriétés

Pour le rendre existant. La définition de son caractère

Le rend jugeable. Les limites exactes de la compréhension ?

505


*

“Être” comme présence se dévoilant ? Être définir

Par : ce qui est vivant ; et se dévoilant correspond

À l’évolution de l’être, c’est action du progrès, d’ou-

Verture de conscience. L’Être et ses modalités sont à

Définir à partir de leur rapport à l’entendement d’après

Kant.

506


I - La mort

L’Être vers la mort - la fuite ou le devancement ?

Transmettre la vie, laisser une œuvre pour accéder

Rapidement à l’extrême ? - Fuir la vie -, les drogues,

L’être vers la mort. L’attente du bon croyant...

Anticiper sur son futur, vouloir savoir, supposer.

Les outils religieux pour supposer. Les expériences para-

Normales. Les témoignages de vie après la vie. Ou

N’être plus rien. Anticiper, spéculer. La certitude

Du mystique. Qu’est-ce qui départage exactement

L’homme de l’homme ? L’athée du croyant ? À quelles

Raisons, deux pensées opposées certifient posséder leur

Vraie vérité ? L’un dit : limite, l’autre dit : éternité.

Est-ce finitude déterminée ? Simple acte biologique ?

Possibilité métaphysique, dimension autre de l’homme ?

507


II

La fuite. S’éloigner hors de soi. Fuir son squelette.

La crainte, la recherche d’un avenir. La formation,

La préparation à l’inconnu, à l’autre espace. Qui croire ?

La mort. Suis-je à chaque instant menacé ? Est-ce une

Finitude naturelle de la présence de l’Être ? Je

Vis donc je suis là. Serai-je ailleurs ?

La mort :

Preuve du temps. Heidegger écrit : L’Etre-pour-la- mort

Est la médiation indispensable pour passer de la

Temporalité comme structure unitaire des trois dimensions

Du temps à la temporalité comme ouverture de soi à soi

En tant que projet.

Ouverture de soi vers ailleurs,

En tant que projet ? Sera-ce l’au-delà, le néant ?

Le retour, la réincarnation ? La rétrospective ? Le progrès ?

Faut-il aborder le problème de l’immortalité socratique ?

508


I - L’A-près

La situation réflexive. La vie en boucle. “ Retourne à ”.

L’esprit rapatrié. Encore en bas ? Ce n’est plus : le trou

Mais la possibilité nouvelle au sein de l’existence.

Que disent les Guides ? Les prophètes ? Les hommes de Dieu ?

Sont-ils crédibles, et pourquoi ? La mort éclatante,

Belle, d’espoir, d’avenir, disent-ils. Qu’ai-je à perdre ?

Elle devient système, métamorphose, actions inconnues,

Espaces nouveaux, principes différents. Lesquels ? Lesquels ?

La surprise. Ou l’éternel rejet... Quelle valeur doit-on

Accorder au temps ? Les limites du temps ? L’immortalité !

Le pouvoir d’être constamment. Mais être différent car

Pensant, analysant avec un autre matériel. Le “Moi”

Subira des modifications liées à l’espace autre. Au soleil

De la mort, enfin savoir ! Je suis en sursis de curiosité.

509


II - En soi

Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir,

Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir,

Etre-pour-soi. Etre-par-le-monde toutefois.

Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension,

De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures

De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein.

Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de

Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont

Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.

Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique

D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant

La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre,

Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir.

Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?

510


La question même

La transcendance philosophique : à la recherche de la

Vérité. LA VERITE. Conscience du vrai dans

L’édification de la connaissance. Moult disciplines :

Sciences, sciences humaines, sciences appliquées, psychologie,

Etc... La certitude fondamentale avec sujet analysant,

Et hors sujet c’est-à-dire, certitude universelle.

Évidemment, - problèmes avec l’intuition, la sensibilité.

Certains moyens peu fiables mais utiles toutefois. Jamais certains

Totalement.

Quelle est la question même ? C’est la recherche

De la vérité. Les faits psychiques ne sont que des micro-éléments

Propres à la nature du vivant. La psychologie pure pourtant...

Il faudrait du moins s’entendre sur le sens de ce terme.

L’outil que l’homme met à sa disposition pour comprendre,

Déterminer, certifier. Valeur de son outil, donc de son vrai ?

511


III

Le temps de croître et de mûrir, de changer le mécanisme

Interne d’extractions, d’associations de sons, d’idées,

Et des mots. Intelligence sans préparation, faiblement

Formée qui se dépense dans l’ivresse. Ne point rester

A demeure mais combiner avec autrui. Ce n’est pas

Uniquement un problème de langage mais d’outillage

Cérébral.

Le troubadour de l’artifice, l’employé

Métromaniaque de la feuille de papier. Vainement

S’imposer une sorte d’ordre, d’inspiration poétique ! Uto

Pie ! Aller se disperser, et oublier le chemin de sa

Raison. Non pas entraver l’œuvre ou le travail, mais

L’organiser, l’expulser avec logique et maîtrise.

Obtenir une possible harmonie d’ensemble toutefois,

Et l’habile artisan défera de nombreuses énigmes...

512


Procédé mental

Suppose et décide. Perçois autrement. Avance

Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche

Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes.

A l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit

S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en

Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers

L’inconnu. La consistance de ton Être ?

Penser c’est

Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer.

Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ?

Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ?

L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique

Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’ac-

Tivation, de l’association dérivée. Processus mental ?

513


Approches du temps

L’être en dehors du temps, dans l’intemporel.

Définissable par une qualité, le lieu. Etre et là

“Je suis” nulle part, est-ce possible ? Dans cette suite

D’instants ou de positions apparaissent ou

Disparaissent des suites à construire ou élaborées de

Passé ou d’avenir. En dehors de l’observateur. Y a-t-il

Irréversibilité des processus temporels ? C’est affaire de

Connaissance en physique et c’est pour demain ! Le temps en

Dehors de la sensibilité et de l’entendement humain.

Le temps avant la cosmogenèse. Qu’a accumulé l’énergie

Dans le dé à coudre ? Combien de temps cela a-t-il

Demandé ? Comment s’est formé celui qui a accumulé l’énergie ?

C’est encore le problème du Divin. Il manque de dimensions

Pour définir avec conscience vraie les sens du mot “temps”

514


I - Le destin de l’Essence

Le destin de l’Essence dans l’homme : se purifier,

S’élever, croître. Aller au-delà par la dimension

Spirituelle. Il y faut tout d’abord : l’éveil

De la conscience qui s’apparente au doute. “Si

Tu ne me cherchais pas, tu ne m’aurais pas déjà trouvé”,

Dit le Fils. “Y a-t-il quelque chose ?” Si oui,

Tu me trouveras. Poussé vers un monde inconnu, différent,

Nouveau où les principes et les systèmes de valeurs sont autres.

Nul homme ne peut apporter son expérience, nulle méditation

Ne permet d’éclairer le mystère. L’heure, c’est la mort.

Le lieu, c’est ailleurs. Penser la nouvelle histoire à partir

Du Livre et des pseudo-témoignages non renouvelables, - affaires

De foi. Est-ce l’histoire pour l’autre lieu ? Et quelles

Garanties pour l’Essence si la métamorphose survient ?

515


II - Acte de foi

Le péril de l’Être - ce qu’il est - ce qu’il a fait. La

Culpabilité, le système de valeurs incompris, autre, nouveau.

Le Livre, permet-il la mise en garde ? Son mode

D’actions est-il compatible avec la vue de l’Être Suprême ?

A-t-il été requis, pensé pour accomplir un dessein ?

La crainte du jugement. Comment se construire dans son vrai

Qui soit le vrai de l’Autre, des autres ?

Quel était l’essentiel ?

Le nécessaire, l’imposé, l’obligatoire ? Comment se mettre

En garde ? Qui est l’avertisseur de la conscience ? Y a-t-il

Suffisance à sa propre lumière ? Que faut-il savoir ?

Est-ce l’élan de curiosité, l’énergie du savoir, qui

Offrira à la conscience le doute ? Car le péril est bien

La disgrâce auprès du Meilleur.

The key-solution était

La mansuétude et le pardon auprès du Sauveur acte de foi.

516


La recherche philosophique

Compréhension du monde, de la conscience et du

Rapport entre les choses. Sera-t-elle l’objectivité

De la raison ? Possède-t-elle une visée scientifique ?

Quelle est sa méthode de pénétration ? Elle étudie

Les phénomènes qui sont accessibles à la conscience, elle

Suppute sur les phénomènes inconnus mais possibles.

Valeur de la méthode ? Le vrai de la méthode.

Ce vrai est-il le meilleur ? ... Jusqu’à ce qu’un

Autre vrai lui soit supérieur. Cherche-le ! Trouve-le !

L’homme avec l’homme ; l’homme avec la machine ; l’homme

Avec Dieu ; l’homme avec l’aumône divine... certainement ;

Le chien avec l’homme ; le chien savant mais chien toutefois.

Les limites de la science, de la philosophie, de la technique.

Mais, en vérité, y a-t-il un autre choix ? Quelle visée ?

517


La pensée :

Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe,

N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre

Pensée. Alvéolé avec un autre alvéole. Nécessité

De groupement, d’association. N’a nulle fondation.

Éveil et disponibilité dans une direction incertaine

Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller

Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de

L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui,

Autrui-dedans, autrui-dehors.

Elles s’organisent pour

Former une configuration. Leurs charges indiquent les

Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles,

Etc.

Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme,

Avec machines, puis société, civilisations, - évolution

Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.

518


Le vrai philosophique

Le vrai de la philosophie comme prouvé, démontré,

Explicité avec langage, avec exemples. Vrai dans

Un cas précis. Nulle valeur universelle. Vérité de quartier,

De pays, de civilisation. Peut-être substance, ou

Axiome, ou indécidable.

La philosophie comme

Perception du sensible et non pas pure science de l’exact,

D’où son matériel, son aléatoire, ses autrements. CAD

Une interprétation avec du rationnel, avec de l’irrationnel.

C’est aussi : spéculation audacieuse sans fondement vérifié.

Mais il y a Descartes. Alors Science rigoureuse ? Quel

Crédit accordé à la subjectivité de la conscience ?

Faudra-t-il avancer en possibilités logiques ? Faut-il

Lui donner des règles, des carcans ?

519

Le vrai serait


Le vrai divin inaccessible à l’intelligence humaine, hélas !

L’audace spéculative

L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître

Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-

Met l’embrouillis, le manquant, le saut, le risque.

Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit

D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !

Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa

Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis

Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller

Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.

S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.

Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.

C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une

Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret

Et du réel pour un dessein de futur accompli.

520


Une sorte d’intuition

Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être,

Avec points de suspension. Semble sortir. Perception

Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière.

Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà

Audace et prétention que de parler de la sorte. Je

Dirais, à peine perceptible, peut disparaître à tout

Instant.

Pourquoi la conscience y croit ? Pourquoi demande-

T-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de

Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante ?

L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté

De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes,

De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de

Défaire du noué.

Étude biochimique du cerveau ? L’intuition

S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.

521


Le retrait de la présence

Le retrait de la présence. Conscience de la

Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse

Du degré d’utilité, détermination de la valeur.

Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus.

C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non

Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage.

Pourquoi ?

La représentation extérieure est ordinaire,

Inutile, en perte de temps, de composants, de structures.

522


La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins

Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière

Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde.

Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine

Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité.

Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.

Valeur du principe

Valeur du principe. Trouvez mieux : je prends. Cherchez !

Détermination avec science et raison humaine. C’est son

Fondement. Mon vrai technique et scientifique. Mon rationnel.

Je puis démontrer, prouver du concret. Objets humains,

Hors de toute incertitude.

523


L’un et l’un

Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “l’être”.

La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.

Introspection psychologique, désir absolu de comprendre

Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,

Avec son langage, son espace, ses structures.

Comment

Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut

Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,

“ L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là

Est enclos, en sorte que dans la parole il est” écrit Heidegger.

Le langage permet d’articuler les combinaisons,

Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.

Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.

À quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps

524


Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?

525


Insister, c’est espérance pour l’esprit

Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,

Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc

Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?

Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le

Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment

Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?

Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé

Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours

De la dissimulation de la nature.

J’ai besoin d’insister,

De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour

L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est

De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert

Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté

D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !

526


La négativité

La négativité, est-ce conscience réelle du vrai ?

Est-ce angoisse ? Analyse exacte de la situation !

Il n’y a pas brouillage, mais séparation, décision,

Volonté objective de concevoir le réel. C’est prétendre

Possible l’action de ces paramètres dans le futur. C’est

Spéculation de l’être lui-même, c’est manière de penser.

Dévoilement à soi de l’hypothèse plausible d’avenir.

C’est l’intégration du temps avec chemin caché,

pour prendre

Soin de se prémunir. A quelles lumières ? Perceptions délétères,

Assemblage de fragments, expérience ? L’être condense

Son vrai. Il est à lui-même certain. Le dialogue est clos.

527


Le Moi astral

Une sorte de Moi astral supérieur dans son essence

A l’être, qui perçoit et accomplit des pensées, qui capte

Par la sensibilité, dont les propriétés de précognition

Ne sont pas exclues. Sa volonté serait de tendre vers

La purification.

Subissant l’être, le sachant de

Valeur moindre. C’est une sorte d’élévation sur l’être,

Sur la pensée, sur l’homme.

528


Acte supérieur

Acte supérieur, activité rejetée, bannie de la masse.

Ce que possède la clé pour comprendre, pénétrer, - pour le-dedans ?

Les poètes eux-mêmes se persiflent, ironisent et s’ignorent.

A ne pas comprendre pas B qui refuse C dont l’Ecole etc.

Pourquoi faire l’effort pour fabriquer l’image quand l’image

Apparaît splendide et belle, onirique, idéale sur l’écran ?

Construisez des clips poétiques - ils seront regardés. L’on

Vous dira ce que l’on en pense …

Ô l’inconnue, pour quelle sérénité,

Pour quelle essence de pureté, toi la méprisée, l’exclue,

Subiras-tu longtemps encore l’humiliation et le rejet ?

Iras-tu t’endormir espérant un autre règne ? Pourtant

Tu fus riche en langage, désireuse de ressources nouvelles,

Audacieuse dans tes volontiers d’aller outre !

529


Ha ! L’ingratitude

Des hommes, le rejet éternel pour les causes perdues !

530


La nouvelle inspiratrice

Désire autre chose - sans l’errance - avec la construc-

Tion. La logique, le décisionnel vrai. Assez de cette

Allure de jeune fille éplorée - : une athlète bionique

Courant le 100 mètres haies - avec vitesse et efficacité.

Fille enveloppée dans l’obscurité des dires impossibles,

En luxe et pauvreté d’habits, avec vices ou élégance,

Il faut donc penser une nouvelle inspiratrice, sportive,

Dynamique, agressive, belle, saine et blonde ! Actions !

Ou noire, pourquoi pas !

Être-autre-chose de fort, de grand,

De crédible auprès d’autrui - le public méprisant.

Quitter le palais impossible - débordant de pierreries et

De poudres immortelles. Pénétrer dans le stade pour le

Challenge de l’intelligence et de l’audace, des spectateurs

Enthousiastes acclamant et payant pour la prestation !

531


Conscience et analyse

C’est perdu ! Trop d’écarts, trop d’hommes d’intel-

Ligence supérieure, en synergie d’actions. Que

Pourront les poètes avec leurs petites plaquettes de 30 feuillets !

Trois pets et trois pleurnicheries. “Tirez-vous, jetez-vous,

Allez voir ailleurs !” Et ils y vont ! Mais il n’y a personne.

Qu’eux - qu’eux-mêmes - se repliant, étudiant leur nombril,

Prétendant encore posséder du génie !

Que faire ? Que faire ?

Ne pas critiquer, ne rien dire, mais s’autoproclamer

Comme dans un congrès du parti communiste albanais. Travailler

À temps partiel, le dimanche avec une formation d’instituteur

Ou autre … et prétendre rivaliser avec les exploits de la

NASA, de la Navette, - juger, comprendre le fonctionnement

D’une centrale nucléaire, d’un réacteur de la SMECA. Persifler,

Mépriser et dire : Quel imbécile, il n’a donc rien compris !

532


Le laboratoire de papier

Un poème est un laboratoire pour le langage, une

Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,

Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire

Avancer le génie de la langue.

Parfois bijou ciselé,

Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation

De l’image mentale.

C’est également un outil d’extraction

De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger

Du matériel nouveau par l’apport extérieur.

De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne

Pour élaborer le produit différent.

Recherche d’une

Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer

Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.

533


Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,

Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?

534


L’impossible ailleurs

Être sans attachement pour apprendre à s’élever,

À sortir hors de sa chair, silhouette impalpable

D’esprit errant.

L’ombre dans le futur exil pour

L’autrement, le différent avec mémoire terrestre toutefois.

Pour quel soleil ? Quelle extase ? Quelles ténèbres ?

Un visage purifié qui m’entraîne, qui m’enveloppe

Et m’aime, et je m’enfuis avec ma vie mentale

À la vitesse du rêve.

J’offre encore cette poésie

Famélique, pleurnicheuse, sans complexité ni profondeur.

Telle est ma punition cérébrale de médiocre né.

Je cherche la blonde sainte, idéale d’extase,

Égérie immortelle, etc.

535


Qui sait le lieu, le lieu ?

Sans pesanteur, de légèreté déviée. Au seul souci

De s’éterniser pour un impossible ailleurs d’amour peut-être ?

536


Ce qu’il faut élaborer

Le autrement avec soi-même, ce qu’il faut élaborer.

Est-il nécessaire de comprendre ? N’y a-t-il pas une sorte

D’abord incompatible, impossible à percevoir ? L’être

Conçoit une possibilité risquée. Doit-il décider

Pour rendre cohérent sa recherche d’une harmonie

Compréhensible ?

Aptitude à assembler, à dériver, à

Organiser de la mémoire proche et lointaine sur un support

Sensible - énergie mentale qui agit. Est-ce là

L’un des fondements de la détermination de l’être ?

Faut-il de la clarté ? Et quelles formes d’intuition ? Pourquoi

Faut-il rendre manifeste ? Pourquoi montrer ? C’est la force

De la pulsion ou du désir qui impose à montrer.

Efforts pour conquérir, pour construire dans son Etant, savoir

Ce que l’on peut faire, les variables temporelles

Et l’environnement transformant constamment l’objet fabriqué.

537


La luminosité prospective

La luminosité prospective, - moment de chercher,

De découvrir - éveillée par la curiosité - aller

Au fond d’elle-même. Quelle est l’origine de cette

Volonté intentionnelle ? Pourquoi le Moi décide t-il

De se transcender ? Parviendra-t-on un jour à comprendre

Les mécanismes qui régissent l’acte de création ?

538


Husserl, Heidegger

Les impasses, les blocages, les cul-de-sac d’Husserl,

Les volontés de passer outre avec des difficultés extrêmes

D’analyse, de démonstrations vraies.

Les gains en biochimie

Du cerveau permettent de mieux comprendre les mécanismes

D’invention, de création, de pseudo-transcendance ;

Pour mieux savoir, mieux penser l’homme, faut-il la science

Ou la philosophie ? Ou la psychologie ?

Les remarquables

Définitions de Heidegger : Ici tout se retourne, ou encore

Temps : clairière du se retirer de la présence.

Les transformations arbitraires de la pensée - les volontés d’approches.

Le besoin de justifier un sens exact, est-ce encore possible ?

Mutation de la détermination par rapport à l’ancienne,

Nécessité d’une pluri-référence variable d’une situation.

539


L’action totale

L’action totale pour la pensée spécialisée ; la Vérité

Est une assise sur laquelle se pose une autre Vérité.

Spécialisation, car l’intelligence n’a pas le temps

De généraliser. Etre avec l’Autre, car le Moi seul

Ne peut presque rien ; c’est la synergie des Esprits

Qui engendre le progrès ;

Elle seule - possède du manquant ;

Parts de vérités ; elle et

Être implique :

Conscience pensante ; la vérité de l’être est essence …

Variable selon l’être ; elle est sa pensée pure.

Personnellement pure - certitude unitaire, non pas universelle ;

Le Savoir se prétend en soi-même ;

À quel degré de valeur

Peut-on considérer “la Vérité absolue” qui agit là en soi ?

540


Conflits, balancements

Il y faut du litige, de la discorde, une sorte

D’élan interne avec de la contrainte et de la passion.

Il faut étudier le cas. Voilà une possibilité offerte

À la pensée. C’est l’une de ses affaires. C’est une faible

Manière d’aborder le problème de l’investigation

Pour le Savoir.

Comment la pensée survient, est avant tout

Un problème biochimique. Les spéculations de Kant

Ou d’Hegel sont légitimes, mais elles sont de siècles

Passés avec faible science et ignorance totale du

Mécanisme cérébral.

541


Philosophie et …

Philosophie et environnement et degré de civilisation

Convient mieux que : Philosophie et Histoire. Histoire,

C’est : faits historiques tels que guerres, sacres royaux, etc.

Le philosophe face à l’Extérieur, propose toutefois un

Dialogue interne. Doit analyser la situation é-

Galement. Rapport d’extériorité. Essaie de

Déterminer le déroulement avec objectivité.

La Pensée

Se nourrit de faits extérieurs, les ingurgite, les recrache

Et tire son suc ;

la pensée active qui prend, sélectionne

Est apte à concevoir certains produits à certaines époques,

Elle exploite son expérience acquise, et connaît constamment

Un processus évolutif ou changeant d’après l’humeur, l’aptitude

Et l’environnement du moment.

542


Sublimations de l’étant

L’étant se dirige vers l’Etre par la pensée ;

Si l’étant accède à la Pensée Totale, il est dans l’Etre ;

Il a changé d’essence. Il a atteint le Concept absolu.

L’Etre atteint l’idéal métaphysique. La nature de

L’Etre est transcendé et peut s’apparenter à la divinité

Extatique ou pure dans son identité.

C’est un principe

Associatif de matériel fixé dans la mémoire qui permet

De passer du non-pensé au pensé. Se fait et se défait

Comme un nombre illimité de combinaisons avec des jeux de cartes.

Degré de luminosité intérieure, possibilité du Sachant ?

Ce qui apparaît de plus en plus clairement, est-ce du vrai ?

Pourquoi pas, si la certitude se déploie par la Science.

543


La vérité par la Science, par l’Art, par la Religion

Non renouvelable peut permettre d’accéder à la transcendance

Immédiate, et offre à l’étant le changement d’essence

Pour accéder à son propre Etre en contemplant l’Etre parfait.

(Cf. Les visions des futurs saints.)

544


L’Absolu

L’homme face à l’Absolu. Peut-il y parvenir ?

Peut-il se dépasser pour l’atteindre ? S’apparente-t-il

À Dieu ?

Il serait une sorte de porche final ouvrant

Sur le néant éternel et infini. Cet Absolu est

Relatif à nos capacités maximisées.

L’Absolu de

La fourmi sur une étendue d’eau. L’Absolu de l’homme

Voyageant dans le cosmos. L’Absolu de Dieu. In-

Déterminé - Indéterminable - Incomposé - Informe.

L’Etre - le Temps et l’Espace

Dans mon esprit, ne

S’apparente pas à un Dieu inaccessible.

545


Rassembler en soi

Rassembler en soi des possibilités choisies pour agir,

Pour obtenir la meilleure attaque et résultante finale.

Non pas mettre à sa disposition la totalité du

Matériel, mais offrir la sélection optimisée pour

L’action. Car il y aurait charge, usure et poids

Inutiles de l’intelligence.

Le péril de l’intelligence

Est encore la dissimulation et l’incapacité de mettre

À la disposition de la conscience les outils nécessaires

À l’élaboration de l’action.

L’étude doit définir

Les limites réelles de chaque individu : le ne-peut-aller-

Outre, est bloqué-cérébralement-à, sa-tâche-consiste-à :

La maximisation d’un volume de chaîne HI-FI ; la potentialité

D’une calculatrice programmée ; - limites de l’homme seul ?

546


Rassembler en soi, est-ce destin de l’être ? Qu’il

Le veuille ou non, l’homme est une autonomie. L’heure

De naissance, l’heure de mort prouvent l’autonomie.

Rassembler en soi ou se dépouiller - perdre -

Désassocier, ou désactiver, rejeter, oublier. Contraires.

547


Husserl

Husserl s’est-il réellement trompé ? Sa description

Des actes de la conscience est-elle réellement fondée ?

S’est-il égaré dans son analyse phénoménologique ?

A-t-il considéré par une représentation de points-source

Des images offertes à la conscience ? A-t-il été

Au-delà de l’acte psychologique, dans le fondement

Même de la perception, de la réception des faits mentaux ?

Par-delà la logique, est-ce une étude philosophique

Nouvelle qui est ainsi proposée ? Ou une étude biochimique

De l’imagerie des messages ?

C’est vouloir trouver l’origine,

L’explication fondamentale, pure, transcendante, cela

Nécessite une objectivité parfaite de l’analyste lui-même.

Comme se définissent les actes vécus ? Etc.

548


Partenariat

Le mettre-avec, le avance-avec, ou encore

Structures invisibles se déployant par-dessus. Espèces

D’armures métalliques avec câbles souples permettant

De solidifier l’architecture de l’homme. Est-ce

La rigueur du poète, de l’artiste ?

Propre de gains ?

Sera-ce une certitude

L’industrie cinématographique est un

Mariage réussi entre la rigueur économique et l’audace

Artistique.

Devons-nous diriger notre pensée avec rigueur,

Liberté, audace maîtrisée ? Est-ce un savant cocktail

Selon l’adaptation à la situation du moment ?

549

Sur le

Chemin, en copropriété, du Moi-libre avec le Moi-pensant ?


Cérébralement différent

I

Transformer le mécanisme de penser. Délaisser une

Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer

Un système d’extraction ou de production autre.

Il ne s’agit pas de passer de l’homme à l’Etre,

Mais de reconsidérer l’appareil productif interne

De l’homme. Prétendre différemment les possibilités

De l’action humaine. Appréhender l’étant avec

Plus d’efficacité, d’objectivité, de réalisme.

Il ne faut pas nier l’éphémère, l’impalpable, le délétère,

L’intuition sensible, ou artistique, mais il faut mieux

Canaliser.

L’évolution dans la Nature engendrera-t-elle

Un homme historique nouveau ?

550


II

Être ou la dérision de soi. L’un prétend au

Discours quand l’autre ne propose qu’un bavardage oiseux.

Méditons sur l’Etre, sur ce sujet insignifiant…

Emprunter la voie de la pensée, pourquoi pas ?

Faut-il s’en offusquer ? Quel éclairage, quelles vérités

Nouvelles les hommes réellement pourront-ils apporter ? Et pourtant !

C’est nécessité absolue pour l’humanité que de penser !

Apprendre, écouter, appliquer, tirer.

Optimiser la potentialité propre à chacun.

Ou mieux encore :

551


Progrès pour l’esprit

À la racine de la pensée. Les chemins du questionnement,

Avec plusieurs réponses plausibles ; l’obtention d’objets

Nouveaux engendrait de nouveaux questionnements ;

La solution vers une autre interrogation ; c’est la

Maximisation de nous-mêmes qui engendre le progrès.

Je prétends à des solutions - exemple : création d’un

Concept car, puis la voiture achevée, soi-disant

Parfaite, correspondant à un segment, à un besoin etc …

N’est pas si parfaite que je le prétendais - je repense,

Je transforme, je fais évoluer encore, - ainsi j’avance,

Et c’est progrès pour l’esprit.

552


Du primitif à l’ange

L’étant posséderait en soi l’origine du primitif.

L’évolution lente et progressive de la raison ou

De la conscience offrirait un devenir à l’étant

Qui essaierait de tendre vers l’Etre.

L’étant est dans l’ombre noire quand l’Etre est dans

La clarté parfaite. L’étant est dans la caverne

Quand l’Etre accède à la perfection de pureté.

Comment passe-t-on de l’Etant à l’Etre ?

L’Etre tire l’étant, veut le faire évoluer,

Progresser.

Du primitif à l’ange.

Il y aurait des phases de retour à l’étant, avec

Glissades, rappels, régressions.

Les possibilités subliminales ou transcendantales

Ne seraient accessibles qu’à une forme

553


D’élite intellectuelle.

554


*

Se destiner. À se promouvoir. Evolution des

Modes de l’être. Transformation lente mais

Continue. Avance en soi, accumule, construit.

Le déroulement d’événements présupposés, conçus dans

La logique du probable. Ce qui doit avoir lieu.

Prévoir du futur, s’y intégrer pour le : voilà-donc.

Si l’histoire a lieu par la volonté du destin personnel,

C’est que l’homme est libre. L’être se destine-t-il lui-même ?

C’est encore le problème de Dieu et de la Grâce.

555


Le Grand Être

Surmonter son Néant, sortir la tête hors du gouffre.

La douleur de l’homme, c’est sa conscience infiniment faible ;

Son espoir, c’est d’ajouter et de transmettre. Car son

Faible est également un faible temporel.

Son destin est

Intimement lié aux autres, en raison de l’insignifiance de

Sa nature, à l’image de fourmis ou d’abeilles - le Social.

Comment la personnalité peut-elle se construire pour faire

Un Grand Etre ? Le développement, le déploiement intérieurs ?

De Gaule.

“Ceux qui ne sont pas d’un grand être (wesen)

N’aboutissent à rien quoiqu’ils œuvrent.”, Maître Eckhart.

556


Langage outre

Penser sans le langage en compressant le message,

À l’intérieur. La volonté de penser par la vitesse,

L’imperceptible, le fugace, sans le langage pour

Aller plus vite, pour se décharger du poids des mots.

Sur les fibres, dans les neurones, mettre des 1 et des 0,

Code digital. Parvenir toutefois à s’orienter, à

Œuvrer par la certitude vraie dans l’intuition ou la

Prescience. Essayer d’évincer cette sublime

Dimension intérieure qui est la langue, et communiquer

Outre.

557


Être, pourquoi ?

Etre, pourquoi ? Le but ? La finalité ?

L’être, le temps et le résultat obtenu

Etre avec quoi, par qui ? Grâce à qui ? Le

Rapport de soi aux êtres, aux choses ? Au visible,

À l’invisible.

Être en présence d’être, et se

Suffire de soi. Ne pas chercher le dévoilement,

Ne pas donner, ne pas faire - se suffire - en

Son propre état - encore-le-même.

Est-ce incapacité de progrès, d’aller outre, de blo-

Cage ? Le encore-le-même engendre de la

Dégradation par rapport à la civilisation qui avance.

Le temps et le mouvement du progrès ; adviendra qui

Voudra - c’est encore de la race des faibles ; le

Laisser-la présence est une régression dans un environnement

En constance de changement, d’évolution et de gains.

558


La négativité

La négativité - ou la conscience du vrai - du réel.

La logique du conscient au-delà de l’enthousiasme,

Est-ce certitude absolue ? Où est l’audace, le risque ?

Cette part de rêve nécessaire à toute entreprise ?

La réflexion d’éveil pour penser, décider, balancer ?

C’est supposer rendre exact la détermination du

Contenu futur - c’est donc une projection - c’est

Analyse de projet. L’économique essaie d’annihiler

Le hasard dans ses actes. Le système bancaire y

Parvient-il ? Et l’homme dans ses choix d’actions ?

L’homme maîtrise-t-il ou pourra-t-il maîtriser son

Avenir ? Le lieu de l’avenir est-il en lui-même

S’il peut décider de son Destin ? Est-il lui-même

Face à l’Absolu ? - L’événement se trouve révélé.

Ce qui veut dire : que le pouvoir de l’homme est

Relatif - il est plus victime de son destin qu’il n’est

Apte à maîtriser ses actions quand bien même il se

559


Prévaudrait de son libre arbitrage pour décider et agir.

*

Le sens de la vie est-il d’accomplir des actions

Imprévues par l’homme, ou serait-il également

D’accomplir des actions programmées à son insu ?

- Je savais ce que tu allais devenir - peut

Prétendre l’Etre Suprême.

560


La discipline

La discipline peut s’interdire d’avancer dans l’erreur.

Le déplacement de la vérité. Le déplacement de la

Discipline. L’interdit d’hier, l’imposé d’aujourd’hui.

L’interdit d’interdire. Les espaces imaginaires de l’homme.

Son matériel créatif pour y parvenir. Le mélange,

L’exploitation d’autrui. La liberté de l’esprit.

L’utilité négative de la mathématique. Ne pas

Aller outre. Rester dans sa certitude - platitude ?

La censure et la critique de Kant. La poésie est

Un système d’illusion utile.

À pas certains, avec précaution, avec pure authenticité,

Sans sophismes, ni apparence trompeuse.

L’imaginaire faux peut induire sur du vrai.

561


L’inutile

C’était un inutile - une sorte de poète.

Disons un poète - qui reconstitue à sa

Manière l’ensemble des perceptions qu’il reçoit,

Une faible Essence de pensée, sans rigueur,

Qui travaillait avec de simples signes

Cherchant à se comprendre, à se méprendre.

Images stupides de perpétuelle médiocrité !

Il investissait dans de la pauvreté littéraire ! …

Que pouvait-il en espérer ? Le rejet, l’ex-

Clusion d’autrui - le moins-que-rien,

En vérité. Conscient que nul trésor

N’abondait en son âme, certain de l’échec

De son destin d’écrivain-fuyant, allant vers l’ombre,

Vers le néant de soi-même, du fond de l’inconnu.

562


L’Être/L’étant

L’Etre, ou la sublimation de l’étant ; l’étant

Ordinaire, jouisseur, sexuel, à la recherche de

L’obésité physique, très MAC DO ; veut faire

De l’argent ; assouvir - expérimenter, exploiter

Planifier, aménager, cherche l’innovation ; l’étant

Néglige l’être, en fait sa part bouddhiste, spi-

Rituelle, appelle Dieu : l’inexistant - craint

La mort, veut la fuir - craint le temps - aime l’auto-

L’Etre veut s’épanouir dans son essence. Il y a donc

Le bien et le mal, l’Etre et l’étant. L’homme primaire,

Le primitif, vivant avec ses instincts, et l’esprit supérieur,

Autre, au-delà, cherchant le Lieu, le Fils, le Futur.

L’ombre de l’étant interdit la lumière de l’être,

L’être est la partie pure de l’homme qui veut s’éclairer.

563


Tractacus Philosophico-Poeticus

564


565

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!