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FRANCK LOZAC’H
PHOSPHORES
1
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs …
Arthur Rimbaud
2
Les Roses ensevelies
Radieuses et limpides
Longtemps combattre en soi en déviances et appartenances,
Toujours questionné l’être cher tapi au fond de soi
Avec ses souffles inconnus en plaintives insistances
Quand l'ombre se déploie sur l'esprit éclairé
Ô filles, filles émerveillées de mes claires plénitudes
Dans le faux crépuscule de ma chair embaumée
Endormies, vous radieuses et limpides espérant
Je ne sais quelque conquête d'or de toison tissée
Encore fraîches et légères sur la sphère azurée
Mon errance se meurt vers l'espoir le plus pur
Pourtant je crains ces noires divagations obscures
Et je baigne ma tête couverte de surdités !
3
Belles étreintes de phosphores inconnus, présentes en
Saurez-vous à jamais me vouloir éclairer ?
Elabore toutefois
Elabore près de tes syllabes noires ; dans
L'ombre du poème, se conçoit ce pur échafaudage
De pensées invisibles ; des fluides d'écriture
Circulent dans ton âme désuète. Du phosphore
Pour capturer l'instant. Tu pleures dru sous tes
Hallages impossibles. Une avec ses seins t'envoie
Des messages sexuels. A coups de reins répétés,
La semence se répand. Si dense, profondément
Expulsé - rencontre et capture. Toi, l'écœuré
Bavant encore tes jets nocturnes, qu'inventes-tu ?
Que prétends-tu ? Rien que de la mélasse insi-
Gnifiante. Agrandis ton gouffre, plonge dans
Ton Néant aberrant.
- Le tien, le monde, a surgi
De rien. Grandis pour des horizons purs et aériens.
4
Substances et Distances
En lignes pensées
Certes, oui - le vrai - écoulements de certitude en lignes pensées de
petits soldats bien appliqués
En subtils pointillés de peut-être, l'écriture se posera-t-elle là sur le
rectangle vierge ?
Ces minuscules tentatives abandonnées dans le Néant
phosphorescent du Moi, phosphènes transubtantiels pour rien en vérité
Occasions remises, poussées recto verso sur de très savants lignages
qui glissent attachées par la main qui refuse ou accepte
Pour toi, c'étaient des coups ratés que toutes ces propositions
médiocres - il fallait refuser, raturer ou jeter -
Poème-écriture de : pour qui ?
J'ai délaissé, usé et fatigué sans espoir de progrès. Dernières jetées
5
de sagesse tremblotante dans son désert intime !
Haleines, souffles et frissons obsédants de peu pour féconder des
savoirs supérieurs : pourquoi pas !
L'esprit plein de déception s'en retourne à sa triste solitude
intérieure sans même l'espoir d'un peut-être
6
Fragment joint
Fragment joint au disjoint
L’éclat des poussières devient phosphore devant mon front
salvateur
Le rayonné m’éclaire tout à coup
La turgescence de l’être
Et cette finalité insignifiante qui noie ma brûlure dans le chagrin
de la douleur
C’est une fin subtile avec essence : me voici dans l’ombre
Fébrilement troublé, léger sur ce fragment d’azur
Ô yeux tournés vers l’intérieur, phares de la raison, que voyezvous
? Quelles perceptions internes pouvez-vous décrire ?
Conçois le songe qui se propose en toi, vasque qui se dilate et
ondoie sous l’effet de la pensée
7
Que d'interrogations !
Que d'interrogations dans le désert de nos pensées ! Que
d'abstractions à violer, à soumettre ou à pendre ! Voilà le grand
éblouissement de la certitude et du vide avec l'abondance qui porte
ses superbes procédés !
Sur le sentier, il te faut comprendre en sommes multiples de
lumière et de phosphore. Il te faut pousser tes marges d'à-côté pour
percevoir en variances, en vibrations subtiles - là - oui - là.
Ils partirent - c'était l'ordre - sur la neige enflammée tandis que
je gémissais un avenir de savoir.
Elle était présente quand j'offris une invitation ultime de joies
présupposées, d'orgasmes à refaire et de plaisirs splendides.
À la nudité, nul n'est parfait ? Mes gémissements éclataient en
bouffées de saveurs - j'espérais encore, j'espérais en vain.
Veuille me caresser pour remplir mon vide et me défaire à
l'infini de mon doute ténébreux.
8
Les vertiges
À l'intérieur sont les vertiges
Et cette fille, plus qu'un corps interne
En jouissances de dilatations -
Des ouvertures avec parois épaisses,
Humides et de beaux mamelons souples
La consistance, et cette couleur qu'intimement
Je pénètre - plaqué contre des lointains de phosphore,
J'y pense quelque peu.
Nuit royale et bleue où l'infini est mal inspiré, j'y cueille des
impressions de femelles
en positions pyramidales, proposées à l'envers - belles heures dans le
luxe de mon consentement.
La blonde nymphe invitée au partage de jouissance se tourne et
se retourne - c'est vrai là appuyée sur les côtés, jouant son
protocole pour les labeurs domestiques.
9
Pourquoi doit-elle se frotter assidûment en trente-six statues
déifiées ? - Pourquoi ? Avec la nudité dans les feuillus vers cet
impossible savoureux.
Fouette ces déesses avec moult accessoires pour le plaisir de
voir irriguer entre tes mains des vulves de fournaise qui couleront
leur sang bleu comme des chaleurs d'extase.
Qui s'allonge, s'allonge contre l'ennui des choses avec cette
progression d'enchaînements
Sensuels et sexuels jusqu'au Fini de la mort vers
l'éblouissement du néant.
Elle, de s'élargir en sa somptueuse chevelure,
Elle, léchant les gouttes précieuses,
dans mon désert ~ avec concupiscence, si gourmande et moi dormant à
l'échéance du repu.
De douceur, comment l'aider sans bousculade ; si bien pensant
sur des flotteurs - avec nuance de mots adorables ?
Elle, de gémir d'aise
10
Le pervers
En phosphènes déréglés, et pour quels corps ? Le pervers,
toujours, je le méprise !
Ce ne sont que de vulgaires extractions de pensées stupides ne
débouchant sur aucune réalité sexuelle.
Je sais, ton appareil s'épuise goutte-à-goutte en coagulant sur
des blancheurs de pollens et d'araignées. C'est ton et cætera.
Moi, je cherche de nouvelles filles en prémices de luxes offerts
qui s'évanouissent pour des essences pures sachant crier au danger.
Il y a rage pour chaque désir et péché et brasier. Dans ton éther,
est aboiement des sulfureuses.
Je sais : elle renverse, et toi tu désinfectes pourtant tu les arroses
de vices obscurs - elle, elle déplacée qui se convulse.
Je t'ai aidé - un peu de lune en hiver, pour mes volumes en
douce-violence.
11
- Retourne-toi en chienne !
- Parle plus fort, queue de têtard !
Les voix se rapprochent mais le désir est incompris. Chacun,
chacune s'éloigne dans son impossible. (Une autre est à reprendre)
12
Variances
L'Océan cérébral
Gémis, et claquent ces pensées fugitives dans
Les dédales d'un moi consumé avec fluidités
Phosphorescentes.
// Je pense par intervalles -
Succombant dans mon silence merci - de non-
Merci //
Seulement tu respires - en fille intuitive
Avec la question de l'éternel savoir. La pensée,
L'étoile, la lumière - tu cherches encore.
Nous
Pénétrons dans l'Océan cérébral au sel du vrai.
Au travers, tu sembles dérangée. Eux, plus silen-
Cieux s'en viennent et c'est excuse de penser
Etre un devenir avec ces gens autour de soi !
13
Tu es fille, il te faut une belle clairière. Toute
La nuit rougit, exploite, pénètre encore ces espaces
D'audaces cérébrales où l'Inconnu mugit toujours.
14
Le métabolisme du vrai
Procéder par systèmes à penser
pour déceler des ouvertures ou encore chercher des difficultés inouïes
Avancer dans l'ordre de la mémoire - cette respiration est repliée -
je suis dans un matin net - pourtant s'éclairent des gestes oubliés. Au milieu des
phosphores, réfléchir est un soupir.
Tu dois fondre dans un mouvement - plonger, replonger dans l'esprit
du décalage - ceci est ta traversée : conçois de nouvelles figurines,
déploie des solutions inaccessibles - le métabolisme du vrai s'accomplira
enfin !
15
En tourbillons
En tourbillons clairs, de chair en entrevoir,
De si elle est - j'affirme la chose. Elle tourne
Vers moi ses lustres de beauté immortelle.
N'acclame-t-on pas la femme sublime dans ses
Délires de corps phosphorescents de jouissances
Et d'orgasmes éternels ?
Ici dans l'œil et
La pensée quand le sens paraît l'entrevoir.
Je te laisse spéculer dans les luxueuses heures
D'agonie.
Je demande quelque nuance.
16
Les flammes du renouveau
Pourquoi ne doit-il pas s'en saisir ~ à l'heure des émotions et des
découvertes exquises ?
Hors des bouches et des débordements obscènes, la fuite est une plainte
naïve.
C'est un sursaut dans l'éphémère intemporel - la pensée s'y ploie
nuitamment.
Et cette volonté portée à mon insu - c'est maintenant le beau offert pour
toujours !
La chair se croit inépuisable - le désir éternel renaît et renaît. Il faut saisir le
jaillissement intense.
La pensée d'un désordre actif anime fortement ma cervelle en émoi !
Qui semble semer et recueillir les feux de l'orgasme ? C'est dans l'âme
phosphorescente que les flammes du renouveau exploseront.
17
Apparences
L'oubli
L'oubli est à déflorer au plus profond
des membranes rugueuses
Qui n'a pas le pouvoir d'annuler les désastres
En, est cette limpidité étonnante ~ le face à moi
avec le Néant est un simulacre
Toujours ces lèche-yeux pour des pensées
de phosphore qui s'amoncellent en moi.
La raie baveuse
Des beautés de phosphore lèchent des voluptés incomprises.
Toi, dans ma baveuse raie, tu sillonnes gaiement
les douceurs exquises de mon étreinte amoureuse.
18
Son thyrse
Au milieu du sens,
Qu'en est-il ?
Elle est son mystère,
Son thyrse !
Coffre de l'Inde.
Il a ses replis,
Il alimente ses phosphores.
Voit-il sous ses vitres ?
Il hante sa mémoire,
Vit d'hallucinations.
Il imagine un ruban
Pour sa pensée.
Elle s'échappait dans le désir
Il la revoit éternellement
19
Elle, c'est l'été
Elle, c'est l'été et le roman
C'est le vrai sous le phosphore
La danseuse est spéciale
Elle invente des arcanes, des volutes, des passes etc...
Quand le cerveau consulte et perçoit d'autres mentalités,
Je me sais abandonné là dans mes langueurs admises.
Déplacements
Je me morfonds dans tes folies - je m'exalte
dans tes perversités admises. Ta pensée audacieuse sera
un chemin pour mes phosphorescentes catacombes.
Je délaisse cette vérité primaire - je me veux autre
et me sais nuitamment. Ce seront des applications sublimes,
des écritures nouvelles - des transpositions colossales.
20
Approches mutantes
Scintillement de phosphore
Qui toujours éclabousse de superbes pensées
Encore dans l'émerveillement
Avec certitudes enchevêtrées
Et toi, dans ton scintillement de phosphore
Avec ténèbres et apothéoses
Tu te contemples superbe et immortel
~ Tu espères encore
21
En elles
En elles, fluidifiées et limpidités
Ici le stratagème sensuel est à inventer
Tout se conçoit en nullités
En spirales qui jamais ne se touchent
La tradition illimitée pour le cerveau qui préfigure :
Il prétend phosphorescence, substance, savoir
et connaissance (cela est si peu !)
Les voilà : développent-elles de l'insipidité
ou courent-elles sur des étendues célestes ?
Les hauts bustes se déploient avec aisance
et se soumettent humblement à la pure postérité.
22
Errances
*
Une géométrie perverse pensée aux quatre coins
Hall de fantômes sans être tout en étant
Pour des lubricités sexuelles ou sensuelles -
être sans être là
Et déjà j'imagine - j'imagine des forces altruistes se déployer
Ce sont des beautés convaincantes ~ des filles-paroles
qui restent coites
Je suis dans d'autres précipices et je m'exhibe quelque peu
J'exploite les phosphores des filles incomprises
Le bleu est dans la déité
L'ectoplasme se pensera ailleurs
Construis avec de nouvelles substances
Je me morfonds dans mes douleurs
23
*
Je t'apporte l'avant-projet
Comme semble efficace cette structure interne !
Ils ont des miroirs phosphorescents - ils reproduisent
des images psychédéliques - je n'y comprends rien
Est-ce au voleur de s'affûter ainsi ?
Et combien d'âmes piégées dans cet air
aspirant un faux souffle, se sachant précipitées ?
Je m'obscurcis en ajourné
24
Pensée complexe
Pensée complexe englobant le tout
de nécessaire en spontané
avec effusion/ effervescence d'orgasmes
De ta poitrine à mon Saint
réels dangers de : voltigeons dans les corps
implusion/ : impulsion de chair avec contacts -
le double effort
Je me désouale en toi sur des images prohibées
de miroitements phosphorescents,
d'énigmatiques invraisemblances
Même pur, installé, j'y croyais
Mages, altercations, sauts de mine - j'inventais
des obstacles, je déambulais dans mes absurdes
Des traces de limonaire - croyons au plus parfait
Je conçois à nouveau l'équilibre général
25
le jugement limité
les possibles erreurs
Je dois m'affliger dans mon déjà tôt
Je creusais en très mauvais
Et mes installations épurées, mes séquences abjectes // :
il se targue encore dans sa bêtise
Recul et tel pour savoir en perpétuel
Dans ta logique irrésolue, veuille révoquer les informels
Je crache dessus - toujours impures ! - Fascinantes
ces beautés aux trous étincelants, magnétisés
*
26
*
Comme c'est de par la mer en plus gervoise
- Crie, crie dans l'innocence en vraie apnée
sur les rivages de l'infiniment pur
avec poursuites et sur-triomphes
éblouissements ravis éblouissements et tels -
bien beaux
Que saura-t-on des violences
avec enfances dilapidées
conspuées contre la canicule
qui durent, durent en sphères étoilées
dans le Néant clair avide de vains pouvoirs ?
Foule trop distinguée pour le pourtour
et pour l'ingrat - je me déclame en toi
Vérité douce et affable avec pensée élyséenne
- Phosphores contre cascades d'être pour un ailleurs
27
Dissipations
*
Hé ? ! De rien, de peu, de rien - avec suavités littéraires
~ mon rythme est de te lire dans l'opulence.
vers l'infini.
Je te vois : tu bougonnes ou tu éclates en pensées de phosphore pour agonir
faible.
Je te vois dans l'effronterie de ta pudeur avec mini-sourires de se dire :
*
Les filles batteuses de lait dans le vieux fugace de l'à-peu-près
Ce sont des trottoirs et des semeuses sensuelles du : que dit-on ?
Voilà les volontés et les Maries qui s'époumonent ~ Saint-Nicolas est une
offrande,
et tes bas noirs sont des phosphores de désir
À la croisée de l'impossible ~ là, oui-non
En fluidifiant les gelées - plonge dans l'évanescence lumineuse
Pour des perceptions incertaines
Elles voltigent fumantes et délétères, esquivant un interdit à aimer
Les voilà belles, compromettantes ~ absurdes et irréelles,
je les suppose parfois
28
Oui, fragiles, fragiles et immortelles
Commandant quelquefois une âme à glorifier
Diaphanes
Exil
La colombe s'est envolée
Voguera-t-elle vers les été sidéraux ?
Atteindra-t-elle l'orgasme des pays inouïs ?
Ô phosphores enchanteurs !
Est-ce là un certain goût d'éternité ?
A nouveau, la colombe s'est posée.
29
Cotangentes
Qui a eu
Qui a eu cette liaison sèche de ne pouvoir enfumer ?
Je suis phosphore, entouré de l’invisibilité
De ton bleu - bleu cendre implorant le turquoise.
Plus tard dans les pensées en plus macabre.
Culée
Beauté est culée
et supplie à genoux
avec rythmes forts
Beauté gémit quémande implore
la fin du god
Beauté reçoit pleure hurle
aime et décharge des flots d'humeurs
Beauté est merveilleuse d'épanouissements féminins,
de luxures endiablées, de trous largement béatifiés
Je la sais supplier l'extase des orgasmes
et là fouettée, hurlante, quémandante
je l'entends crier encore :
30
- Viens ! Viens ! au plus profond - dans la chair interdite,
je veux t'appartenir.
Prends-moi encore. Punis-moi.
Quelle déchéance ! Quelle outrance ! Quel plaisir !
Et là à genoux, je suce à fond mon mâle qui m'a tant offert de plaisir.
d'allégresse.
Tu sais comme je t'aime ! Décharge !
Décharge en moi. Ho ! Oui ! Répands sur mon visage ta substance
Comme je sais jouir et gémir avec tous ces orgasmes.
interdits,
Je me cambre, me tords - pousse à fond en moi pour l'éclatement des
pour le phosphore cérébral, pour l'apothéose de l'orgasme
et laisse-moi enfin reposer en paix après tant de violences, de souffrances,
de pénétrations, de lanières de fouet - oui, aime-moi enfin.
Délivre-moi. Comme je t'aime !
31
Hallucinations
Des lumières incomprises circulent dans un champ émotionnel.
Effectivement, on peut voir ici et là des lancées claires, fulgurantes envahir l'intérieur de
mon âme. Ce sont des flammèches, des fluides jaunes ou phosphorescents qui
parcourent le décor mental face à moi - je devrais écrire : devant mes yeux.
Sont-ce des preuves indéniables d'énergie poétique ou spirituelle ? Sont-ce
des transferts de l'activité cérébrale ? Ou des masses considérables de photons ?
Toujours est-il qu'aucun lieu n'associe l'inspiration à ce type de
manifestation. J'attends le poème. Il ne s'agit pas ici d'orgasme ou de jouissance
quelconque. J'attends.
-
Epousant quelque peu le génie de mon phosphore, je me vois en absolu de
vérité - en certitude inattaquable, bravant les purs, détruisant les faibles. Tu vois :
j'avance encore.
Fluides - fluides - plus loin là-bas - égosille-toi en très clair, nourris-toi
d'absinthes. Le rythme du plus fort saccade la violence folle. Tu vas en pâtir, dit-elle. Je
plonge dans les écrins avec les nymphes pour des aléatoires interdits. Je meurs dans
l'idéal à éclore.
32
Enigmes(matiques)
Les glumeuses
Vers les glumeuses d’autrefois
Jaillis, attaque ces puissants belvédères
Glumes de phosphores sexuels
Jaillissez en vous ! - Ce sont vos étreintes !
C’est l’espérance d’hier avec femmes belles aux abois.
Le tout semble platonique et ne donne que peu.
J’insiste avec mon humeur.
Et d’autres - d’autres - Pour rien. Faibles. Ne pas.
Insistances
Phosphènes en suppliant
De se dire : je ne suis pas le plus âgé
Ombres d'or et sulfures en nettoyé
Il s’égare dans son impossible
Combien d'essences j'ai eues !
Combien de forces pour détruire l'entendement !
Toutes les beautés me parvinrent en faux gras
En vrai écervelé, inutile nocturne
Et toi-moi ceci n'est pas
33
J'accuse mes chimères - je déplore mes fantasmes
Bonnes vieilles belles, en vérité !
Tierce
Ceintures - Cimetières célestes -
Coups bas dans le phosphore de mon interdit
J'y crois - j'y crois - j'y vis
Entrailles de synthèse - le moment n'est pas approprié
Ce sont de mornes larves pénétrantes
Je m'impose en sodomie
Toute gloire de ne. Toute gloire avec alignante
A moins que tu exploses en avide de dévidé
Et que dire ?
A l'inventive - De ne pas. De sitôt.
Ce sont des humeurs pensives - déjà je n'ai pas -
Sois crédible dans ton doute –
34
New Sessions
Je jette ma main
Je jette ma main au feu. J'éteins les lumières enchanteresses, les flammes
sexuelles, les lueurs phosphorescentes de mon âme. Je suis mort.
Je vampe ma destinée ; je joue à lui mentir. La vicieuse se venge et me sodomise
de deux coups dans mes bouches de poète. Ainsi j'ai saigné des litres de sang par
le cul, et des eaux puantes dégoulinaient des poèmes par la gueule.
J'ai fui des maisons gavées d'anges, des lieux où les poètes immortels se
réunissaient. J'ai ainsi échappé au conformisme, et à mon état d'artiste magicien.
Jamais femmes ne m'ont hypnotisé. J'avançais seul, les yeux tournés vers mon
soleil intérieur.
35
Abnégations
Autre soleil
A contre-pensée
émergeant dans la nuit
La voix nue dans l’extase du rien
La voix est amorphe
A contre-pensée
pour dépeindre le soleil
A contre-nuit
pour briller à contre-rien
pour des astres phosphorescents
Tu me reviens, toi l’infidèle
Toi, l’éternelle de mes sombres idées
A l’instant le vrai et l’irréel
pour habiter l’ inépuisable
Je suis un contre-soleil
Et je t’espère dans mon immortalité
36
Pensée sculptées
*
Tu me déséquilibres. De toi à moi, venant. Dans la fluidité
d'un avenir incertain.
Je me déchire dans l'air, calfeutré sous le mensonge. J'exploite
l'Idéal inutile.
La vasque remplie de poussières explose. Retombées de
particules aimantées et phosphorescentes, ici.
Je t'abandonne à ton souffle naissant, à ta dure lumière obséquieuse
qui se plie sous les feux de la passion.
Rejailliras-tu encore, Belle d'Apollon au sourire ébahi ?
37
*
À terre, ici, rien
nul gerbement
nulle apothéose d'aurores
de femmes ou d'élixirs
Collés à l'œil, - de peu, d'espoirs
de finitudes - inutiles
Pour l'orgasme personnel
la moisson utopique
Et tout ce qui demeure
d'étrangetés
mis en nous, hors de nous
pour l'éclatement des astéroïdes
infiniment peu là caché profondément
Et ricochant encore dans la pensée diffuse,
allègre ou mensongère
38
réinventant l'écrit,
déplaçant le vrai
Innovations ridicules de maigre littéraire !
Cette non-profondeur et ce non-souffle
Pas de.
Sans. Le rythme sonore s'éclaire
toutefois pour égayer la médiocre ligne
Et toi, enveloppé de feu, d'extase et de phosphore
éclaboussé de poussière invisible,
tu espères pauvrement le miroitement du beau !
Eclaboussé de sang, d'élixirs, de phosphore
et nul souffle ne s'émeut
Il gît là cruellement éteint
Au plus haut de son estime,
39
dans les bas-fonds du Moi.
*
En deçà, la lumière bleue parfois vacillante - la mienne,
intermittente qui se love contre l'esprit
Dans la forêt de l'intelligence se répand
une femme douce et généreuse
Pour restituer le chemin à suivre, la lente avancée
avec le doute et ses extrêmes
Bien sûr ! jamais ne pars, je fonds dans sa trace
pour l'écriture hachurée
Elle s'obscurcit puis s'éclaire par la flèche évocatrice
et s'effondre dans les buissons épineux
40
Paroles, paroles appliquées comme une gerbe
phosphorescente - c'est une fuite vers l'avenir
Mais quel espoir pour être ?
*
Demeurée qui éclate figurines explosées expirantes
Danse sur le soleil au proche des catacombes
Pour la lune éblouie et là-bas l'extase
Dans l'or de la voyance pour l'orgasme sexuel
Finitude de plaisir corrompre mes destinées
C'est étrange, cet infiniment et fuir à tout jamais
Regarde, croise le sommet interdit l'élégance
Ce ne sont que des Empires encore la corruption
On te dit d'éclairer l'ombre des sémaphores
Un éveil de phosphores la fille désenchantée
Croître pour ta portée indigne et méconnaître
Avec ce savant mélange qui ruisselle dans la nuit
La folie médusée la haine entrouverte la peur
Qui te dit au lointain que tu conçois encore
41
*
Dans la nuit ténébreuse
À la recherche du phosphore
Ô l'étrange volonté
De désirer apprendre
Dans l'obscur en pensant
Agité en demeure
Ô sublime aventure
De vouloir s'apaiser
Dans l'intelligence pure
Dans l'obscur en pensant
Ô cité bienheureuse
De se construire soi-même
Pour guide sa lumière
Pour certitude, son Dieu !
42
Dans l'espoir, en priant
Ô Lumière bienfaitrice
Qui savait qui j'étais
Qui nourrissait mon cœur
De substances sublimes
Dans l'espoir, en priant
Et l'ombre de moi-même
Me permit de construire
L'édifice intérieur,
Le château de mon âme !
Dans le noir, en priant
Ô l'Ami invisible
Eclairant comme une aube
43
Avec ses jets de flammes
Jaunes et rouges écrasant
Dans l'éclair, en sachant
44
*
De rechercher en
de nouveaux domaines
de claires résidences
non pas des labyrinthes ou des cloisonnements
mais l'espace intérieur inconnu
à découvrir
C'est encore soi, mais un soi ignoré
de sa propre conscience
C'est une sorte d'aventure de l'esprit
- ce qui est caché - invisible encore
qui doit apparaître toutefois
De-ci de-là très à l'intérieur
cherchant et balançant
lumière claire, fluides de phosphore
Trajectoires inventées, déplacées, reconsidérées
45
Mais avec quelles matières cérébrales,
quelles traces à appliquer ?
Un monde
toutes les nuits
qui échappe, s'enfuit
Infini et Un,
qui se construit et délivre un message poétique
Quel message ?
46
Suites et Relances IV
Prier avant d’écrire
Prier avant d’écrire comme un geste
incantatoire
Ô signes blancs ! Ô l’espoir en supplique !
Tu vois, Muse, j’implore encore ta chair claire
d’élever quelque peu mon humeur mensongère
vers l’idéal rêvé
J’allume les candélabres pour embraser de phosphore
la chambre enténébrée
Vers ton haleine chaude, vers tes parfums, tes chaleurs
de fille exquise, offrant l’orgasme cérébral
au poète chancelant
47
Suites et Relances III
La paupière pense
La paupière pense. Activité retournée, intérieure,
Vers le cerveau, - l'ami ! Les yeux fermés, il
Ne dort pas - il conçoit ! Des mots à connecter.
L'encre et le papier sont les supports seconds. Le
Cerveau mêle, démêle, associe, combine. Il
Prétend, et c'est peine perdue... la faiblesse
L'accable. Depuis vingt-deux ans, il fixe le feu.
Son feu. Envahi par du phosphore inconnu, inutile.
" Pure imagination, disent-ils. Insignifiance,
Non, rien. " De jour en jour, pour le dedans. Flot
D'écriture qui se déverse au dehors par la bouche,
Par la main sans avenir pour le papier qui finira
Dans la poubelle de l'oubli. Tout sera-t-il écrit ?
Un sentiment d'empoisonnement envahit mon âme.
48
*
Je ne puis m'enrichir - il n'est question que de ma médiocrité
- vaste haleine débordante d'excréments
et de pensées nauséabondes,
Le Vers s'implante alors - la mort, les rapaces,
les tortionnaires, les pourritures de pus, et au loin
une lumière tiède et discrète, insoucieuse.
La névrose s'installe, - elle vient, je l'éprouve
dans l'angoisse du quotidien. Puis une liane
de phosphore qui irise là un intérieur noirci
par le vieillissement, par la rouille séculaire
d'une mémoire endormie.
Autres références : les champs tendus - comme des nerfs
cérébraux parés pour une entame, - parties d'échecs,
de poker menteur, de bridge subtil, - ou bataille simple -
certains coups sont évidents.
49
Lola
Toi, toi changeante
(bouleversée, tu m’émeus)
Toi, toujours plus changeante
Que l'on cherche à sonder
à exploiter autrement
Tu vacilles de grillages en libertés
de carcans en nudités
Tu oscilles dans l'éclatement
de l'étonnement
Inutile de te prendre, de te capturer,
La fausse mensongère qui invente, dissimule ;
veut sortir un instant, halète, supplie,
gémit - cendres et flammes
avec profusion de Néant
J'étais toi, de toi à moi,
habitudes qui coïncidaient avec l'orgasme cérébral
pour des sortes d'effractions éphémères
Fulgurants coïts ou piétinements littéraires
50
d'agencements ;
- de nuit, phosphorescent et mielleux en neiges
sanglantes
S'allonger, s'étirer comme une muqueuse sensuelle
et sexuelle ; avec sécrétions - pour la très lourde
inquiétude de n'obtenir RIEN
Regarde où j'en suis – exclu ;
Accouplons-nous en nuits chatoyantes et dorées
Encore, en vain, en de si nombreuses lignes
inutiles ou perverses
Ô toi, tombée dans le mental pour ce peu
Moi, je t'accompagne avec de méchantes douleurs
les plus profondes - sombres
Deuils, deuils et morts,
en décalage, sans stabilité,
les tiens, les miens, à personne
toujours dans notre attente...
51
*
Accroché à la fièvre plongeant dans l'ire
Affûté de couteaux
des petits monstres courent dans ma mémoire
Flux, poussés, lancés,
Ténèbres et phosphores,
neurones et chimie
Rimaille qui rime à quoi ?
(Ils dansent encore, tes petits monstres !)
La fièvre, l'ire, la volonté floue
Considère l'acte qui t'impose à manier,
Guide l'instinct, imite le repos du poète
Puis, goulot et corps planté dans la terre du poème
recherchant mes puissances,
aux livres lié
réactions d'écriture, crache
52
Autre séquence :
N'ayant-jamais-voulu-être-lu,
digne de l'oubli, spéculation en soi
Donc toujours cette fièvre
Consume-toi, imite-les
Travaille.
53
*
D'obscur en obscur,
que je ne connais pas
Que vienne l'obscur !
Extraire de l'ombre quelque lumière claire
Se rendre à soi-même utile, et surgir !
Nulle phosphorescence ou création de jets, pourtant.
Une bouche avide, une langue qui essaie
pour l'accomplissement d'une quelconque écriture.
Non de soi, non de l'autre mais pour qui ?
Retours au Néant et à l'obscur.
Et que faire, que dire, qu'écrire ?
Ainsi tu n'obtiens rien
54
exhale ton obscur, exhale.
55
Suites et Relances II
Dans le ciel cloué le noir d'un nuage
La violence marquée au plus haut
Je vole sur l'aquarelle haineuse
J'invente un fantôme chargé de mensonges
Tout à coup ce roulis d'ivresse, ce souffle bas
Fort, accablant toute pensée.
J'associe avec
Rudesse, avec vigueur la ferveur de ce flot
D'écriture. Ce qui est caché, bien en dessous
Semble émerger, monter, jaillir tel un geyser d'eau
Lumineuse ou phosphorescente.
Mes paupières
Des lancées claires sur un brouillard sombre.
Est-ce de l'énergie mentale ? Une autre forme
D'activité intellectuelle qui façonne ou organise
Le poème à obtenir ? L'obtention est celle-là.
56
L'agencement élaboré et la critique dérisoire
L'air se noie dans la terre épaisse, la matière
De l'esprit lourde de relents ingurgite encore
Quelques possibles nourritures ; l'on voit plantés
Ici et là de faibles arbrisseaux à la sève
Chantante - Quel avenir pour leurs fruits ? Ap-
Prendre à mâcher, à lentement saliver le suc
Rare pour en tirer la quintessence salvatrice de
L'âme. Contempler le pur soleil divin, tenter
D'atteindre sa beauté redoutable. Dans son
Horizon constellé de bleus phosphorescents et
Rouges, il espère encore quelque reconnaissance
Amère ou avide, mais reconnaissance toutefois
Car il offre au lecteur subtil l'agencement
Elaboré d'un poème que l'on prétend dérisoire.
57
*
L'observateur caché dans le miroir d’en face, sans reflets,
décomposant en cent mille paillettes les infimes parties
du Moi, ici et là cliquetis de phosphores
désireux de comprendre comment cet assemblage hétéroclite,
ordonné, désordonné avec du manquant, ombre et clarté
parvient à offrir à l'intelligence les sucs rares de l'esthétique,
de la sublimation et du créatif.
Pénétré ces formes curieuses dans l'ardu et le sensoriel,
le subtil et l'évaporé, avec le mécanisme cérébral propre à
chacun ; déchiré ce labyrinthe de papier ou l'emprunter avec
un système de déduction et de compréhension,
voilà ce que peu de personnes s’essayent à faire, préférant
l'image facile de l'écran qui passe et disparaît au détriment
de l'image de mots plus difficile certes à concevoir, mais
dont la substance rare tel un parfum éternel embaume
l'âme de l'amateur.
58
Suites et Relances I
Autres limbes
J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,
Où la confusion cotonneuse rend informe
Tous les objets de la veille. Je glissais
Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie
Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte
De transe imaginative offerte à la raison
Toutefois.
Des élans de pensées jaillissaient çà et là,
Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.
C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit
Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent
Par recomposition et mémoire activée des souvenirs
D’autrefois.
59
Puis j’entendis douloureusement la voix
Suave du Christ qui m’invitait à le suivre
Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.
60
Résonances VI
Femme phosphorescente
Avec l’utilité du Néant
enjambant le cercle clair
elle avance obstinée et sage
pour construire dans le silence
Femme phosphorescente pensante et sexuelle
refusant la faiblesse
suscitant tant d’espoirs
dans la lumière naissante de l’écriture
brillant, éclairant çà et là
quelque ténébreuse recherche
soufflant sur des mots mystérieux et irréels,
dans l’arôme de sa bouche
Je désire son visage transcendé
et me colle à ses lèvres pour extraire le suc
de son savoir et l’exprimer ici
61
Résonances IV
B.I. 98
Fleuves impassibles ....... non, plus guidé par les haleurs
OK, criards avec cibles
Poteaux nus, naked black colors
D’accord, équipages, blés flamands, du Rubens,
Du Rembrandt, Vermeer aussi, .... puis ?
Laisse-moi aller où je veux,
Laisse-moi, - je descendis, je glisse
L’hiver, toujours l’hiver et les cervelles vides
Avec potentialité intellectuelle.
Allez outre - plus loin - là-bas
D’autres espaces, d’autres lieux, d’autres rives
62
Encore de la tempête, de la folie interne
De la danse à l’intérieur, - c’est ça : bondir
Ou rouler - roulé-boulé - OK rock
Partir avec l’eau verte d’Arthur
Du vin bleu, des vomissures, de l’ivresse,
De l’alcool, de la défonce, pourquoi pas ?
Gouverne-toi, tiens le bon cap dans la fuite
De la mer - astres, lactescent, azurs verts,
C’est - : pensif, noyé, descends.
Ou folie avec bleutés, délires, rythmes lents,
Accélérés, dingues - est-ce sexe ?
Va-et-vient ? - Avec lyres - électriques ?
Ca fermente - ça devient - des sécrétions
Vaginales. Tu bouffes - c’est bon - tu bouffes.
Donc des éclairs, des orgasmes - courants, des peuples
Des colombes - c’est pas joli, ça ?
Et voir ce que l’homme croit voir.
63
Voir nourri de vérités mystiques
S’illuminer - fuir sur des figements violets,
Rêver de neiges éblouies, de sèves éternelles,
De phosphores, d’éveils, d’élans purifiés
Heurter d’incroyables Florides, des panthères sexuelles
A peaux de chair, des femmes-lynx scandinaves
Encore de la pourriture, des gouffres de honte
Où l’on cache sa misère de poète,
Son ridicule et sa médiocrité
Ô soleils, ô cieux d’amour,
Quelque miséricorde ! Parfums de haine !
C’est certain - toujours à la recherche de vents
Supérieurs - ailes légères ou l’ère
Peut se déplacer.
Il y a cette femme à genoux - toutes les
Femmes à genoux - j’ai dit : toutes
64
Recule, recule - je suis derrière.
Ou encore : poète c’est-à-dire :
Bateau perdu, ouragan, carcasse ivre d’eau,
Hippocampes, planche folle, cieux ultramarins,
Tremblements, angoisses, solitude,
C’est bien dans ces nuits sans fond que tu dors
Et t’exiles, ô puissance infinie,
Ô vigueur inconnue
Des aubes scintillantes, des torpeurs sanglantes
Des soleils amers
Ou encore : le retour à l’enfance,
Car on ne peut jamais - non jamais
Supporter le fardeau de cette horrible vie.
Non jamais.
65
*
Nul ne sait qui je suis.
J’habite une bulle métaphysique
J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore,
Je palpe du silence.
Je broie de la Lumière, je l’accouple
avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit,
se développe, s’impose.
Qui prétend accéder à mes limites ?
Je dénonce les distances, je les déplace,
je pousse les bornes.
Suis-je seul, de Moi à Moi,
Quelle avancée ? Jusqu’où ?
Décalez-vous sur mes limites. Ajoutez,
allez plus loin.
66
Résonances III
*
Nul ne sait qui je suis.
J’habite une bulle métaphysique
J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore,
Je palpe du silence.
Je broie de la Lumière, je l’accouple
avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit,
se développe, s’impose.
Qui prétend accéder à mes limites ?
Je dénonce les distances, je les déplace,
je pousse les bornes.
Suis-je seul, de Moi à Moi,
Quelle avancée ? Jusqu’où ?
Décalez-vous sur mes limites. Ajoutez,
allez plus loin.
67
Résonances II
1
l’imaginaire. corrections. pensées.
en moi.
pour explorer, développer
comprendre
cette ténèbre vers une certitude de phosphore
Une tête de poèmes
2
Choix solutions propositions
tentatives
combinaisons au sein de l’écriture
en constance de phosphore
mots vides de sens à accoler,
mot vides
se posent sur la longueur de la ligne
68
Pour personne
Des écritures nouvelles jaillissent de l’ombre, comme des
boules de phosphore ;
La cité inconnue, de mirages, où grouillent la poésie et la
littérature ;
Aucun espoir de vie - tout espoir réside dans la mort . Ce n’est
pas une ambition, ce n’est pas une certitude d’avenir, c’est le bon
sens qui m’offre cette vérité-là.
Il n’y a pas à comprendre - cela est.
Notre chant est un chant de misère, détesté de tous.
Ont-ils réellement tort ? Peut-on parler d’injustice ?
L’évidente certitude - LA CONSCIENCE.
Ils disent : “ Non. Nous sommes. C’est autrement.”
Et pourtant quel refus ! Quel rejet ! Alors ? ...
Je suis dans mon ombre, j’y sélectionne quelques solutions,
sans convoitise, sans prétention.
J’avance lentement et propose du n’importe quoi.
Nulle crainte. J’écris pour personne.
69
Cœur délabré
Cœur délabré, détesté, haï, en dehors du monde, tapi en soi, à
l’intérieur tu es pur. Expulse encore, soupire, dans
l’éclosion de ton matin.
Ton espoir caché, au plus profond ; ton phosphore illumine ta
nuit, - ton néant !
70
Résonances I
Marche en soi-même
Comment marcher en soi-même ?
Comment aller vers sa propre écoute ?
Comment s’élever ?
Je ne suis qu’une onde infiniment rien
qui pénètre, sillonne, s’enfuit
désireuse d’atteindre le lieu secret de la raison
prétendant y découvrir un soleil
C’est un rêve de chaleur poétique
un flux constant de désirs
qui nourrit ma nuit
J’enveloppe ma chair intérieure,
je la dénude
et la pousse aux soupirs comme avec une femme
épuisé, serein, exténué, je m’endors
71
repu parfois
Qui me soutiendrait ?
J’ai dans la tête
des glaces évocatrices
des miroirs courts, menteurs, faussés
Non, je veux m’étendre
sous des braises exhalées
chaudes et phosphorescentes
Peut-être y trouverai-je
l’or que j’y cherche ?
Vide créateur
L’âme plonge
dans le vide créateur
La pensée foudroyée
est morte, est vivante
72
du moins sa lumière
est phosphorescente
Au plus profond,
La fille s’étire
Penser est un vice
avide qui se dévide
tout élan
est un infime
commencement de l’intelligence
Il construit dans le rien,
dans le peu, dans le mièvre
il y cherche des preuves
L’univers en soi
Étire sa toute puissance
73
Ici vraiment peu
Ici vraiment peu, faiblement
papier noirci - de blanc vers le noir.
La santé, l’explosion, l’écriture, l’aptitude - oui - quelle
capacité ?
Une poussée étonnante de neurones phosphorés
Prétends savoir, comprendre - en vérité, Quelle certitude ?
Pour aller vers le rien, le nul, l’insignifiant
Je vous suis - cela est non - car il y a Mallarmé au-delà plus
fort, - Human Bomb - sachant faire exploser votre 26 de
signes autrement construit
pour le plaisir de la guerre littéraire
74
C’est l’ombre de moi-même
C’est l’ombre de moi-même qui me poursuit encore
Mystérieuse et pure en longeant ce grand mur.
Quelle est ma part dans ce destin ? Est-ce bien moi
Qui produis tous ces signes dans le soir infini ?
Le mot est un marqueur indiquant le départ,
Les signes s’accompagnent, construisant la syntaxe,
Le pas est incertain et j’avance à tâtons.
Je le sais, je le sais, je m’enterre, je m’oublie.
Cette couleur du temps s’efface doucement.
Mon spectre sans phosphore descend dans son sépulcre.
Et l’auteur du poème imitant ses faux frères
Se meurt ayant atteint cette piètre limite
Où l’ordre de ses pas allait cahin-caha.
Sublime était l’écrit suivi de l’anathème.
75
L’épitaphe
Tu es dans le silence, tu ne vois presque pas.
Quelques lumières éparses semblent t’accompagner.
Devant toi, avec toi, le vieux soleil s’endort.
De tristes flamboiements éclairent ta confusion,
Mais tu espères encore une lune sublime
Auréolée d’orgasmes, de feux et d’écarlate.
Un miroir apparaît. Avec obstination,
Tu l’observes, le regardes. Des certitudes en toi,
Semblent imposer un centre que d’autres ont déplacé.
Tu poursuis cette voix qui va tout au-dedans
Éclairé de phosphore qui s’éteint, qui s’allume
Sans trouver un produit de quelque utilité.
Te voilà bien poète ! Et c’est bientôt ta mort
Avec pour épitaphe : Retourne d’où tu t’en viens.
76
Syntaxes
Syntaxes
justesse de mon être
qui plonge en soi
et remonte
quelque chose d’aléatoire et de risqué
ego renvoyé
Le sang, le phosphore, l’énergie mentale
Syntaxes de modernité
d’avenir ?
Que sais-je ?
77
MessagesVI
Le coq
femme claire
De la nuit s’endort, de la nuit - quoi ? Une chair frileuse de
(Encore une lancée intérieure)
cristallin
et voltigent, s’épanouissent des brassées d’oiseaux dans l’air
(Soudain pour l’âme, soudain)
mien, si -
un manteau d’épines malgré les flèches vertes de l’esprit - le
Il se couronne pourtant,
du moins essaie, se prétendant faible
Le coq aux aguets
78
d’intelligence de phosphore
à l’écoute de l’Esprit.
79
Avec mon sang
Avec mon sang
Avec mon squelette, je marche
Des vents rouges m’emportent
Des décombres, des ruines me guident
Accompagné de solitude,
je marche
Au-delà du temps
Oui, exclu de tous et de toutes
Enveloppé par le mal dans un sac d’épines
Comme un maudit, je danse faussement
J’exige la paix, éclate la haine
dans ma demeure, sur mon chemin,
ici, là-bas
80
J’éjacule mes faiblesses
Est-ce cela ma vengeance ?
Je construis sur des espaces
nouveaux et inconnus
Et m’écoute écrire
Dans cette avalanche de livres
En vain, je produis
dans un secteur de pertes
et de médiocrités
Je creuse dans le sable
pour y extraire nul grain
Ce qui reste en moi-même
Est perte, est peu
Que puis-je faire ?
81
Je suis banni
nulle étincelle, nulle soie
nul frisson d’estime
Je cache mon visage
Je me préfère dans la ténèbre
le dialogue improvisé
Saccages, décombres
et honte avec boursouflements
d’écriture
Ainsi exclu dans ma chair
mon sang, mon combat
Voici les poèmes de médiocrités
Il y a l’amour de soi
la haine de soi
la volonté de mieux produire
Ma femme s’appelle personne
Hypnose
lente descente
l’idéale
Mes écrits refusent d’être lus pour y chercher
82
de perfection.
Quelle bêtise !
La force, l’action constantes
fabriquant du verbe
La beauté est endormie
dans l’ignorance de sa pureté
Elle s’imagine, suppose
mais à tort.
Coulent des livres ensanglantés de haine
de douleurs, de ridicule, d’insignifiant,
d’humiliation
Bariolé d’étincelles
phosphorescentes et incandescentes
Comment s’épanouir dans le cercle de lumière ?
83
Mais le front est vide
rien qu’une faible voix
qu’un murmure qui doucement
gémit
Nulle extase d’écriture
Seulement des faiblesses
Ne plus y croire
Avoir la certitude de sa médiocrité
Chercher jusqu’au délire Qui méprise son frère ?
Accéder au vertige Du peu, d’estime ?
Est-ce un frère ?
Fuir les fausses têtes couronnées
qui grandissent leurs ombres
alanguis sur des lits d’extase
Quelle est ma certitude ?
ombre
Un champ de déshonneur
... pour y enfouir son
dans la honte
où l’on creuse son trou de la poésie ?...
pour se cacher
84
J’ai dit la vérité
Qui m’a cru ?
J’ai dit : comparer, vérifier
Qui pèse quoi ? Avez-vous lu ?
Voyez la science, la technique
Le temps accentue ma certitude, ce que j’écris est vrai
Ils se partagent
la chair des suppliciés
Horreur, massacre, et
Bourreaux,
qui le croirait ?
Personne évidemment.
Allez, plus loin dans l’exil
au profond de toi-même
pensées, ville de langages
de perception, d’insignifiants
Allez encore
85
interroge les profondeurs
extrais les racines
Scie ton crâne
comme une boîte à idées
Tu y trouveras peut-être d’étonnantes certitudes
dedans se trouve la substance de livres
Car c’est ta stupidité qui est à bannir
à chasser
Et nous, nous lisons ta production
avec un œil moqueur
Tu as du sang, un assassin, de la souffrance, écris-tu ?
tout cela prête à rire
Que vaux-tu ? Rien
Chaque lettre, chaque signe est une insignifiance, paroles de peu..
86
Chez toi, tout est faible
c’est de la médiocrité
et je connais ta place
Ton encre court de faiblesse en inutilité
et je sais ce que je dis
Ta place est derrière
ton encre s’oubliera
87
Messages V
Parfois, parfois
Parfois le soleil, parfois la terre avec ses inutilités de choix
d’écriture, de possibilités à extraire, ses manques d’audace. Cela dépend de
l’aptitude du poète, n’est-ce pas ? Cela dépend.
Sometimes the sun, sometimes the earth with its inutilities of
writing’s choice, with its possibilities to dig up, out of risks. May be the
poet’s capacity, may be not.
Il n’y a plus d’angoisse. Le jour est clair, rempli de sérénité et de
sagesse. J’en suis à produire pour exprimer ma force et mon aptitude. Tout autour
de moi semble en paix : il y a d’abord cette lumière chaude et lourde, apaisante
qui délimite ma pensée. Puis ce silence de bien-être où l’esprit heureux pourrait y
trouver du ravissement. Je suis rempli d’une quiétude et d’une tranquillité
abondante. Il n’y a nulle résistance dans cette conscience : la stabilité y demeure
et son balancement est parfait.
Puis je vois ou j’entends, - du moins je perçois cette montée de
l’activité cérébrale. J’ai l’étrange certitude de ne pouvoir la diriger, de la
savoir m’échapper. Je m’impose, j’exige que cette pensée se soumette à mon
autorité. Une intensité de lumière intérieure monte pour éclater en principe
phosphorescent. La lumière me heurte, je ne puis m’opposer. Elle existe et
s’installe.
88
A présent, il fait nuit. Cela est fort sombre. Pouvais-je ne pas céder ? La
force était ancrée au plus profond du Moi, et jaillissant çà et là semblait
impossible à maîtriser et à contrôler. J’étais un étranger en moi-même, inapte à
décider, subissant un acte de faible violence. Qu’ai-je connu ?
Tu veux fermer les yeux pour y voir, pour voir l’intérieur de ton
esprit. C’est un vaste horizon, une immense terre de recherches et
d’investigations. Oui, baisse tes paupières. Regarde pour le dedans. Là sont
les mots, les souvenirs et les puzzles qui te permettront de construire des
images.
Ainsi tu veux t’observer. Plonge dans cette étonnante aptitude ou
capacité cérébrale. Impose-toi un commencement. Veuille découvrir quelque
essence claire, légère ou libertine. Pense à une force belle ou nouvelle. Va au
plus loin de cette infinité, expectative d’un labyrinthe ou d’une combinaison
de jeu d’échecs. En vérité, spécule.
Tes mains s’agitent, tes jambes s’étirent. Déjà, tu cours en toimême.
Qu’y a-t-il à voir, à faire ? Alors cherche. Encore. A présent, il faut
travailler. C’est l’instant de la sublimation, de la forte découverte qui devra
engendrer de la satisfaction.
Le temps s’écoule. L’esprit est déçu. Te voilà retourné à ton état
premier de paresse, de dégoût et d’indifférence. Que tires-tu de cette
expérience ? Que prétendais-tu obtenir avec cette capacité ? Telle est ta
89
réflexion. Quelques instants se sont passés, et il ne reste rien. Ou plutôt, il
reste cette feuille noircie avec de vils caractères inutiles et stupides.
90
Messages IV
Nourriture messianique
Autour de ma pensée
s’impose en absolue vérité
la certitude tourne
Ce souffle que je respire
se compose de particules électrifiées, vraies
comme une pluie de uns et de zéros
Je me nourris, je m’enrichis
j’avale le pain invisible
composé de corpuscules
lumineux et phosphorescents
J’aspire au miracle divin
dans la prison de verre où je vis
Mon cri atteindra-t-il la voûte circulaire ?
vivrai-je éloigné de la mort violente ?
91
Je mesure ma faiblesse
ma médiocrité
le ridicule de mon travail
Je voudrais déchirer cette honte
que je porte
accéder à quelque chose élevé
le puis-je ?
Autour de ma pensée
s’impose en absolue vérité
la certitude tourne
92
Interrogation
Je m’allonge sur mon lit et tache de comprendre. Jusqu’où puisje
aller ? Quelles sont mes limites ? Mes yeux scrutent l’intérieur et tentent
de toucher quelque certitude au milieu d’objets morts ou de poèmes jaunis.
Je ne possède aucune pesanteur et je sillonne les zones d’ombres, les
fontaines lumineuses, les façades phosphorescentes. Je suis le poète
immobile, et défilent des femmes, des spectres immortels, des Dieux
sublimes. Pourquoi ?
Je reste allongé. La nuit succède à la nuit. J’étais mort. A présent
je suis vivant. Nulle question n’a été élucidée.
93
Les armes dérisoires
Étendu,
Pierre tombale dans le lit des amours
Yeux sanglants
Sourire de saint
Tu conçois encore
et tu penses t’élever
Ton impatience jamais n’est apaisée,
tu ne peux dormir
Avec ton phosphore,
tu espères brûler la nuit
Le poète combat avec des armes dérisoires
94
Filles dévêtues
Filles dévêtues
dans des chambres immenses
Il y a grand nombre de filles belles
pourpres et cristallines
sur des papillons de soie envolés
Des spectres de chevelures tourbillonnent
lumineux et phosphorescents
dans la blondeur des cendres
les filles s’emportent prises d’extase
par le vent de l’ivresse
95
Éblouissements de nuit
Éblouissements de nuit
nous voyons sous l’invisible
des traces de vérités phosphorescentes
Tout se situe à l’intérieur
nous y montons, y descendons
cherchons encore
La pensée coupante tel le diamant
pourfend la chair,
la déteste,
détruit le corps
Le temps, éclair ou éternité
s’immobilise dans l’âme du poète
qui est violence, qui est colère
foudre jaillissant des yeux
Idole se détruisant,
96
contemplé de personne
admirant son génie
méprisé de tous,
Toi qui te vois et t’observes
priant ton propre soleil
lion et force rugissante,
es-tu lumière ? Scintillements imperceptibles ?
as-tu rencontré d’autres soleils ?
97
J’écris ...
J’écris (Il éclair là-haut) vous
Dans l’ombre
chrême ma chair
Phosphore par la nuit je élever
Et cette évidence non connue
Je fournis insi gni fiant d’admi
ration je est-ce
et c’est moi encore
Scrutant l’avenir pro pro
phécie exact
Je par transparence en pensée lumineuse
Qui comprend qui moi seul toujours
Et mes Dieux,
Merveilles
98
Œil
Œil replié en soi-même
D’éclairs, de feu et de phosphore
99
Messages III
Nous construisons
Nous construisons notre tombeau afin d’accéder à l’immortel,
avec l’espoir d’une étonnante durée. Le poème est d’outre temps. Homme
maudit, tu gémis, tu pourris, vers de terre rempli de phosphore. Je veux
purifier ta sève exaltée. Ne faut-il pas se suffire de la reconnaissance de l’audelà
sans se soucier de la crédibilité humaine ? Ne faut-il pas ?
Je m’enfuis, je trouble mon âme, je déploie encore le
fabuleux éventail de diapasons et d’arcs-en-ciel, et le souffle de feu aère ma
cervelle en émoi.
100
La gloire du maudit
Combien te sachant avec tes ambitions effrayantes,
dans cette nuit sinistre, tu m’apparais grandi à la flamme
maudite, pauvre cervelle, dont nul souffle n’exorcise la douleur.
Le phosphore émanant de ta personne, comme un boueux soleil,
t’établit en son centre. Sois satisfait, arrogant rimailleur au
crachoir rempli.
Ton poème est obscur, les chiffres y sont invisibles.
Tu veux briller et exploser dans une gerbe multicolore. C’est
détestable, mais tu es dans la nécessité d’avancer. Là s’impose
l’ignoble dilemme. Tu dois t’enorgueillir au-delà de la honte
épousant ta modeste condition.
101
Je m’étais purifié
Je m’étais purifié - Ô ma vie, tu transmets l’immatériel - dans une
large envolée de sel et de sang. J’étais l’enfant atteignant son zénith ; puis
poète, je fus entouré au milieu des ombres violentes. Je ne pus accéder à la
beauté.
Vieux, voûté, je plonge dans la nausée du poème. Une lampe de
phosphore m’éclaire parfois. Elle vacille entre le silence et l’abnégation.
J’atteins ta limite, - ô vie servile, de honte et de labeur. Je marche
à présent dans ma certitude d’avenir perdu, possédant la vérité des hommes.
Je n’engendre que le mépris. Je m’éloigne dans mes décombres à l’aube des
finis.
m’exprimer.
Oui ! Ma fin approche. Je n’ai plus que quelque temps pour
102
Messages II
Une idée vraie
Une idée vraie m'éveille, m'éclaire, s'unit à ma raison pour former
un couple de certitude, de vérité peut-être...
Du moins il y a doute, car l'esprit s'impose, propose sa loi avec ses
principes, son fonctionnement. Il y a jugement, volonté de peser, de
balancer, puis choix.
Mais tout cela se produit en un instant imperceptible, à la vitesse
inouïe du phosphore, qui cogite là dans cette espèce de conscience qui
veille sur la mémoire.
Alors qui dit vrai ? Qui détient la certitude ?
Dois-je raturer, rejeter ou reprendre lentement marche sur marche,
step by step ?
Ou fondre désespérément et laisser la rumeur embrasser le cerveau
qui attend ?
103
Nuit
Nuit
Comme un front rempli de torpeurs
De lumières sombres, d'accidents éblouissants.
S'éloignent, s'entrecroisent les feux
Et les phosphores dans les miroirs de la raison.
Encore la sainteté avec pureté d'ailes blanches,
Avec écrasement et douleurs infinies.
Le ciel ouvre les murs
Et apparaissent les Dieux, Beauté et Beauté.
Retours au travail, en soi, par autrui,
Par Eux, par la blancheur spirituelle.
104
Trouverai-je ?
Syntaxe de l'intelligence ! Ô pure combinaison sans nul délire. Si
proche est la pensée où la raison s'illumine !
Sous le front qui conçoit, un souffle de femme se méprend ; point
de fille-chair dans la savante nuit !
Trouverai-je en ce clair silence sous ce grand hêtre suprême nourri
de phosphore et d'éclairs de certitude ? Trouverai-je ?
Oui, toi excitée de vitesse, sans précisions, hélas ! Es-tu prompte à
tressaillir, à bondir sur l'autre versant de ta raison ? Toi de légèreté et de
blancheur conçue ? Toi dont la jeunesse cérébrale s'accompagne de force, toi
élevée dans le souffle du Parfait...
Tu rêves de dominer le trône de ton âme et de t'unir avec une
sublime princesse à la connaissance prophétique !
Veux-tu te taire ! Tu t'en retournes encore à la perception
féminine, nard d'épouse, senteurs d'essence dans la brume aérienne !
105
Constamment gisant sur ses pieds nus parsemés de coquillages et
de rondeurs exquises...
106
La cité intérieure
Environné d'espoirs
Souffle immense de rumeurs
Grandes silhouettes impalpables
Alors je pense, j'entends
Je conçois
les perceptions sont irréelles
Inaudibles - tout se fait et se défait
Autour de moi.
Donc j'avance dans mon centre
Dans ma pensée circulaire.
Oui, j'avance
Au milieu des graines illuminées
de phosphore, de néant
de certitude et d'imbécillité
J'avance de manière sereine.
J'entends un murmure plaintif
Y a-t-il bourdonnements d'images ?
107
A présent je produis quelque peu
Je tire des signes
Un espoir est planté dans la cervelle
comme un drapeau noir sur blanc
comme des signes sur une feuille de papier.
Le poème s'élabore.
Voilà,
Dans ma ville poétique,
Je réveille les néons,
Quelques lampes s'éclairent
Je prends en moi, je vole à autrui
Je déambule sur les traces de mes idées
bric-à-brac d'étincelles
Maintenant je marche
à droite, à gauche, je décris ce que je vois.
Façade belle de femme,
serrure de sexes
odeur de salpêtre
Oui, comme une statue de marbre
108
puis portique, cour intérieure
Va-et-vient du passant
balance, oscillations
et toujours ces silhouettes
formes impalpables, inexplicables
mais présentes
Je cherche dans cette rue l'extase
Mes yeux chavirent, brillent,
miroirs captivants.
L'avenir toujours est interne,
occulte, sous un flot de transparences
sous des folies de merveilles
Il brille de femmes, de feu, d'orgasme
Tout se mêle, se dissipe, se recrée
dans la grandeur du Temple
On entend des voix monter, supplier,
Quémander,
On entend des gémissements
l'âme se plaint, interroge et veut jouir
comme une fille en rut dans l'épanouissement.
109
Les souffles lentement s'éloignent.
Me voilà à nouveau titubant
cherchant
un principe absolu qui m'échappe
qui m'égare.
Au milieu des réverbères,
je tiens ma lanterne
allumée de certitude
certitude ?
A rire
Me voilà couvert de la cendre des étoiles !
Je cherche un nouveau quartier
un lieu où l'être comprendrait
sa durée, son génie, son invention.
Une porte pour l'être ?
Non ! une voie sans issue
je cherche encore
donc j'écris.
110
Chaque lettre s'associe, se confond, se mêle,
va puiser dans la mémoire quelques possibilités
la ténacité persiste
elle ressasse et veut exploiter.
Au centre de la place,
il y a un jet d'eau,
un arbre fluorescent,
est-ce pensée suprême
est-ce cœur de la ville ?
J'avance à grands pas
dans la cité solitaire
Les immeubles couvrent de leurs ombres
le seul passant hagard que je suis.
Je cours mais je me crois immobile
je suis comme soufflé, aidé par mes pensées
pourtant je n'ai pas même l'impression
d'avoir marché.
Je crois être resté moi-même,
au même endroit...
111
Le temps semble le même,
et instable à la fois.
Oui, j'écrivais donc
à la lumière de ma cité
dans le dédale de ma raison
en absolu de croyance
en certitude d'éternité
et de prétention.
Ainsi j'achève l'acte,
le mouvement de mon propos
avec conscience de perte
et de faiblesse
avec l'espoir de chasser l'infamie.
Je me parle encore, mais l'autre dort.
Entends-tu ? Non je dors.
J'avance dans le noir, seul.
112
La beauté s'épuise
La beauté s'épuise !
La pensée intérieure
Délaissera l'espoir d'un désir frémissant...
Eloignée, éloignée
La chair se meurt.
Envole-moi ! Le phosphore supérieur
S'éblouit dans l'air cristallin !
Imprègne-moi de manne condensée
Et nourri d'un souffle fécond
J'éloignerai le concept stérile
Qui gît dans mon âme interdite.
Le poète creuse et cherche, dit-on.
Le corps sanglant, il implore l'espace
Quel avenir ? Quelle sortie ?
113
L'Esprit est riche, mon désert infini.
Ce qui croît s'éteint chaque nuit
Dans leur continuel refus.
Mon aube est assoiffée de justice...
Leur donner ce qu'ils rejettent !
Leur offrir ce qu'ils méprisent !
Tiens-toi en éveil sur le bord du chemin
Comme une certitude d'avenir,
Leur folie les condamne déjà.
Accède à ton idéal,
Tu es et ils ne seront pas.
114
Messages I
Cent chairs de femmes
Cent chairs de femmes resplendissant ici
Eblouissant de fleurs parfumées et de musc
Se répandent sublimes dans l'âme ébahie
Superbes et irréelles par profusion d'images
Alanguies sur sofas et sur litières de roses
En cascades de corps de blondeurs amoncelées
Que je sais interdite d'extases, évanouies
A la lune halée d'images et de phosphores
Et moi de vertiges pris maîtrisant mes délires
Etonnante folie de fantasmes interdits
Pour l'adoration de peaux et de substances
Dans l'esprit inventif du poète amoureux
115
Inspiration
Environné de vide
Tremblement immense de ma certitude
Grands souffles impalpables
J'espère obtenir le poème
Je pense
cela semble se construire
Les choses de syllabes viennent s'offrir
J'avance doucement
dans cette spéculation de l'esprit
J'avance pieds illuminés de phosphore
ou de néant.
Je poursuis ce murmure qui m'indigne
la marche de la logique
de la folie.
J'enroule un tourbillon d'images
à présent je propose quelques signes
à ma critique boudeuse.
116
Ce ne sont qu'éléments fantasques
sur le chemin de mes pensées
Sont-ce les miennes, d'abord, ces pensées ?
J'exploite autrui,
il y a emploi, réminiscences, emprunts
condensation, symbolique...
Je travaille avec qui ?
Avec des hommes ? Avec des Dieux ?
Je voudrais concevoir avec les Lumières...
117
Souffles nouveaux I
*
Les feuillées vénérées illuminent l’espace clair sous la pensée
limpide qui se liquéfie, se fragilise puis explose en mille sons multicolores et
dansants là-dessous.
Des nébuleuses sphériques bariolées de lumières voltigeantes
tourbillonnent, jonglent et fuient là-bas derrière les masses bleutées, et
vagabondent.
Les torrents lavent les berges en haillons de verdure. Plus loin un
peintre écrase des couleurs rouges et ocre sur un carré de toile. La voûte du
ciel est bleu électrique. Je ne comprends pas.
Quelle insouciance de l’esprit, quel vagabondage de l’âme sans
raison, sans logique, uniquement confronté au jeu de la lyre pour produire des
coups, des combinaisons heureuses et audacieuses !
Ce n’est pas travailler pour accéder à la Vérité, mais c’est rire
d’une activité impie, c’est caramboler pour le plaisir du divertissement.
118
Ah ! Que ne puis-je m’en retourner à ma rigueur d’autrefois !
Comme je hais ce désordre ! Le parallélisme assure au marcheur l’avancée du
pied droit suivie immédiatement de celle du pied gauche ! C’est vrai que l’on
subit la monotonie du placement. Si du moins les paysages étaient de belles
femmes vert émeraude, repues de chair et plantureuses. Alors en moi
s’exciterait la représentation confuse et confondue d’une avalanche d’images
aptes à stimuler...
Et l’essor joyeux me porterait...
Non, je cherche à parler sérieusement, à exprimer la justification
de la règle qui obéissant à l’inspiration s’associe avec elle pour fabriquer un
produit de l’esprit capable de séduire le lecteur.
Sur l’ombre vive enflammée, le fluide de phosphore et les mèches
dressées couleur opale lèchent la crête verte.
L’œil interne s’illumine, la pensée secrète s’éveille tout à coup
pour exploser en millions de photos, de grains d’éclaircies qui transmettront
l’idée à naître, celle qui cherche à vivre.
Je dois produire ; il faut accéder à un principe supérieur de
stylistique. Hélas ! Que puis-je entreprendre, moi jeté dans le XXe décadent ?
Ai-je la raison et la rigueur du XVIIe ?
119
Je suis l’énergie
Je suis l’énergie, souffle par le Père qui te permet de produire, de
concevoir, de prévoir ; je suis ton essence sublime ou divine, installée en toi,
qui caresse de sa substance superbe, les neurones ridicules dans lesquels
j’espère.
Ô conscience ! Ô subtile conscience des Dieux dans l’infini léger
ou le vacarme carnassier. Et cette certitude du chaos, du néant, de la
profondeur, de la limite du rien, vers le négligeable, le presque rien, le je-nesais-quoi,
le bruissement d’éveil, le picotement aérien de la vie, le
fourmillement microscopique de la cellule.
Mais quel est mon hasard ? Où est mon vide ? Je plonge dans
l’exercice de la compréhension, moi qui suis peu, hélas !
- Un rien qui écrit pourtant.
- Pour pas longtemps.
Que me faut-il extraire ? Comment contrôler ce flux de pensées ?
Je ne cherche pas le hasard, je ne veux pas le combiner, l’arranger
avec cette infinité d’informations que l’on appelle mémoire.
120
Je désire peut-être l’extase du poème, la superbe exigence du don
subliminal, ce temps d’infinie jouissance dans un moi idéal...
Je cherche à capter ce qui fuit, comme l’enfant presse une poignée
de sable dans sa main pour l’empêcher de s’écouler.
121
La jeune pensée
Ô fille légère presque dansante dans l’orée de mon matin, vois, je
me baigne d’images claires, de pensées aériennes,
d’imperceptibles bruissements d’ailes... ou je te regarde, tu
t’animes, tu virevoltes et reviens très fine te poser sur le bout de
mes doigts.
- Est-ce là cette fille, cette pensée alerte ?
Cette fille est peut-être sotte ?
- Veux-tu te taire ? Là voilà déjà cherchant autre compagne pour
s’associer dans un ballet printanier. Puis une autre encore semble
surgir de l’escarpement de l’intelligence, qui chante, court et
danse... Observe ! Elle, délicieuse, de grâce vêtue, telle danseuse.
Tout cela est vraiment délicat, de voilures vues et se courbe, et
butine, folle dans l’éther, posée et s’élève à nouveau.
Le bel état subtil de formes insaisissables et entrevues dans l’éclat
de lumière de filles aimées !
Ces instants, ces éclairs, ces fragments conçus et perdus, ces bonds
de la cervelle... Elles se disputent une forme, avec baguette de
phosphore et voltigent, tourbillonnent sur elles-mêmes, et
122
semblent démêler le pur de son impur, semblent défaire l’informe,
chassent la lie, et s’éveillent dans le sel, mon bel aliment !
Si l’une veut se cacher dans l’ombre, c’est pour reparaître ingénue
ou libertine, folle ou insouciante. Je me régale de ses jeux
amoureux, sibyllins.
Allez viens, pose-toi sur ma bouche et me donne le doux baiser.
123
Grappillages
Extase
D’un futur décadent
Espérant l’élixir
Du génie transformant
L’impuissant en soupir.
D’un noyau éclatant
Son phosphore incompris
Dans le creux de mes ors
De mes flaches insoumis.
Toi de ma pure épreuve
Toi mon sexe sur ta bouche
Que je dresse que je couche.
Quand le jet spasme encore
Mêlant ses mille efforts
A la chair de mon corps
Te suppliant ma mort.
124
Quand de ta transe extrême
Tu implores mon suprême
Deux momies s’abandonnent.
125
Espères-tu encore
Espères-tu encore m’extirper un savoir
Te permettant hélas de te penser m’avoir ? ...
Espères-tu m’extirper un savoir
Te permettant hélas te supposer m’avoir ?
Sont-ce des ondes inconnues, des sources d’influence
Dessinant en ton âme quelque phosphorescence ?
126
Des flux de topaze
Des flux de topaze circulent dans les cieux cristallins. Des
énormités, des souffles aspirent dans des mouvements circulaires et
montent vers le paysage impossible à décrire ; plus haut, ce sont des
vents et des flammes, des rouges incandescents et des lumières
phosphorescentes qui se mêlent, se mélangent dans des tourbillons
enivrés comme des orgasmes, bouillonnant comme des crinières folles
de femmes.
Mais le retour à la station première est imposé par le maître des
lieux. Qui est le maître ?
127
Le Livre blanc
Quand j’aurais épuisé
Quand j’aurais épuisé ma semence charnelle
Dans tes gémissements, ô ma douce cruelle,
Quand le noir repentir sur la couche d’extases
Saura trop me punir de l’horreur des orgasmes,
Je plongerai mon cœur dans ses froides ténèbres,
J’éclairerai mon âme de ses torches funèbres,
Et regagnant ce lieu que tu ne connais pas
J’irai maudire mon corps d’aimer tous tes appâts.
Et peut-être verrai-je à la clarté du Mal
Descendant l’escalier de mon vice infernal
De ces vers resplendir le feu des passions ?
Dans la nuit son phosphore rongera mon remords
Et me fera mourir de pénétrer ton corps,
Ô mon sublime objet, sombre tentation
128
Sueurs sacrées
Appelle la mort
Appelle la mort, ton bel espoir. Dans l'éternelle nuit, elle vomit ses
torrents d'éclairs, phosphore et savoir. A toi de dépecer le cœur de la
chair, l'ignoble du sublime.
Toujours dans ta torture, supplie ton innocence. A te frapper, ils
s'habituent pour leur plaisir.
Une idée d'initiative, d'invincible tentation ; imperceptible,
probable, respectée pour sa recherche.
129
Ombres bleues
J'étais
J'étais toujours cet immortel inconnu des hommes, une lumière
phosphorescente mais interne.
130
Prières/Phrases/Exil
La plupart étaient des monstres
La plupart étaient des monstres d'horreur : sévices sexuels,
crimes vicieux, sadisme crapuleux. D'autres se baignaient dans des mers
de sang, et buvaient avec délice les règles perlées.
Il y avait un ange qui survolait le conte. Je me souviens de ses
ailes d'or pailletées. Bêtement, je l'imaginais dans l'Azur. Puis je me
revois très nettement en boule phosphorescente, imposant dans un règne
astral l'éclipse des mouvements perpétuels.
Lui perdait son poids et ses valeurs, moi je gravitais dans les
chiffres de l'impossible. A la chute, je fus métamorphosé en ogre terrible
jouant avec les maléfices.
131
Ô toison d'or
Ô toison d'or
Rêve que nul n'éteint
Dans l'ombre des noirceurs.
Ici c'est à la lumière
Violette d'Igitur
Qu'il faut phosphorer.
Mais génie de vertige
Ou de fumées embrouillées
Les nettes ou sales vapeurs
M'ont déjà enveloppé.
Si quelque riche Prince
Glisse sur les poèmes d'or
A la clarté de s'ensoleiller
Qu'il vienne s'enivrer.
132
Les stigmates profonds
Les stigmates profonds ensorcelèrent mes plaies. Le sang violet et l'or
blond coulèrent dans mon cœur et dans mon âme comme des flots de
substances alchimiques. Je me suis nourri dans l'ombre des secrets, illuminé à
la flamme intérieure. Et le génie phosphorescent éclairait parfois mes regards.
Mystères et illuminations
Mystères et illuminations,
Qu'il s'éclaire à la lampe du génie !
Prodige phosphorescent
Dans les pâles clartés nocturnes
Qu'il s'assombrisse
De luxe et de richesse !
133
*
L'aube de l'ange. Il voltige, tournoie, tourbillonne sur lui-même. Ho
! Les éclats argentés, les scintillements parmi les quartz de cristal, les neiges
et les poudres de lessive transparentes aussi.
Il s'illumine en petite fleur magique, en sainteté aux couches
inviolables, plus pur que les colombes de cristal. Il se place très haut comme
sa loge artificielle est vacante.
Tel qu'un mystique en lévitation, mon aura rouge et or projette ses
vastes rayons massifs autour de mon génie phosphorescent et parfois
blanchâtre.
derrière l'Enfer.
Je m'exile tout simplement dans une humble patrie, plus haut,
134
Poïétique
***
La femme. Avant moi, certains ont dit : transfert sexuel pour la
sublimation de l'Art. Des contre-exemples dans la littérature démontrent que
ceci n'est guère fondé.
De l'agitation et de la crise. Ainsi le cerveau secoué, stimulé avec
des pleurs ou des rages de rire est heureux présage. L'explosion nerveuse -
volcan grondant puis bombes de lave - le livre brûlant, matière pure jaillit du
Néant.
L'envoûtement stérile n'est qu'un état de poésie. L'alchimie
incantatoire sortie des braises multicolores ne phosphore en rien.
l'Œuvre.
L'apport spirituel du fantôme, résidu de nullité, d'insouciance dans
Le Duel, la vibration douloureuse et l'explosion du verbe - Rien -
Le Néant toujours recommencé.
L'uniforme m'invite à me haïr.
135
Les grâces obséquieuses du dix-huitième : ronds de jambes,
sonnets déclamés à la Pompadour !
L'effet de nature, archaïsme romantique, bannit la découverte ;
sinon la transformer par la révolution de la fin du siècle. Je sais : elle obsède.
Sa présence perpétuelle - support inépuisable de monstres et de facilités.
plus ceci.
Il a écrit : les bras de cristal, les vallons bondissent. Je n'admets
Je résiste.
Expérience - Détruire l'entourage. Et forcer sur le vers abstrait,
avec l'application d'une philosophie.
***
Des capricieuses infortunes poussant mes extrêmes à se contredire
: de l'ignorance en toute chose.
des naufrages.
Une forme en parfaite mutation. Rôles des pôles dans la stupeur
136
Vagues éclairs dans la nuit offerte au sacrifice. Sortes d'appels
divins comme les offrandes de chair humaine s'amoncellent sur le marbre de
l'autel.
Il n'y eut rien. Il y avait surtout des tas de couleurs
phosphorescentes, lumineuses à l'extrême. Ces cas de possession font ricaner
la science et ses principes.
Le docteur annonce la sentence : hystérie.
137
Louanges du feu
Fou qui penses
Fou qui penses à panser ta cervelle qui pleure ses divagations
poétiques ! Tu cherches encore à refuser l'impossible. Ta maladie te lave. Tu
expulses, tu craches. Ton psychiatre te l'a déjà dit.
La lumineuse ruelle éclatante d'obscures bombes
phosphorescentes s'élargissait comme il la traversait en cette nuit boréale
couché contre son soleil.
Il parlait de lui.
L'écart qui sépare un génie d'un mystificateur est comparable à la
fine couche de nickel qui éloigne à tout jamais, qui rassemble pour toujours le
côté pile et le côté face d'une pièce de monnaie.
138
Murs de cire
Murs de cire
Comme des tampons de cérumen
J'entends les voix sombres
Venues du monde meilleur
La cervelle écoute
Car les sons ne passent pas
Par les oreilles.
La tête enregistre
Les pulsions démoniaques
Le cadavre d'homme
Roule son âme
Jusqu'au cimetière
Et tombe son corps inutile
Parmi les vers phosphorescents !
139
Collages
Je devins fantastiquement pervers
Je devins fantastiquement pervers. J'embrassais toutes les ombres
et je me roulais dans leurs vapeurs jusqu'aux premiers signes de l'aurore.
Je transformais ma chambre en théâtre du rire. Tous vinrent et
apprécièrent les exclamations du pitre. On me dit intéressant, mais on me
traita d'idiot. Je me pensais sérieux.
Je conservais dans les profondeurs de mon inconscient toute ma
jeunesse vécue. Je croyais avoir affaire à des initiés. C'étaient des imbéciles
incapables de saisir le moindre effet.
Je me retranchais en moi-même. Les nuits vivantes s'écourtaient
grâce à mon savoir. Je vieillissais sans la conscience du temps, trop accaparé
par mes discours.
Mes énigmes attristaient. Je me fis hiéroglyphes indéchiffrables.
Je garderai le secret. On me passa le feu. Je l'alimente de phosphore. C'est
mon don. Je bouscule les heures, les temps et les saisons. Je suis un
mystificateur. Ma faute fut de déchirer un chef-d'œuvre. On me taxa
d'amateurisme. La preuve : je ne gagne rien. Qu'ai-je à faire de ces
confessions ? Un feu immense d'où jaillira un autre souffle.
140
Ha ! La malsaine confusion nous induit dans les bouffonneries les
plus saugrenues ! Ha ! Les tares de la jeunesse. Mais ces élans de joie, ces
grands sentiments, comme tout cela est beau !
Je divague. L'ancêtre est en moi. Je suis immortel. La sagesse me
rappelle au bon sens, au calme. Je dois vivre trois minutes en une. Je veux
cracher sur les prodiges. Ha ! Maturité, intelligence, savoir !
Mais pense-le, imbécile, et tais-toi ! Ces points d'exclamation sont
la preuve évidente d'une âme révoltée, en pleine ébullition. Compte, tache
d'accentuer, retiens-toi. Fais l'amour à ta page blanche. Qu'elle jouisse
lentement, ta salope ! Qu'elle soupire et qu'elle hurle de désirs. Puis laisse-la
reposer dans ses extases molles !
Je sais ce que je hais. Oui, je hais cette excitation stupide que l’on
appelle inspiration sans rigueur, sans algèbre, sans mathématique de l’âme.
Quelle est cette femme qui se pavane dans le sofa de l’esprit, qui
s’essaie à des poses languissantes pour tenter d’exciter ma pauvre cervelle
fatiguée ?
odorantes.
Substance de chair de poème, de sécrétions délicieuses, vicieuses,
141
Ma faiblesse, ma nourriture, la nature de mon sommeil,
l’explication de mes délires.
Je puise au fond des circonstances ma raison irréelle, je provoque
la justification... Non ! De tout cela, j’en fais une poubelle où je jette mes
nullités et mes pertes.
Car voilà ! Je tends vers les cieux, vers le souffle et l’Esprit. Je ne
suis qu’un instrument, qu’un calame, je transcris ce que l’on m’inspire. Quel
est mon mérite ? Où est mon travail ?
Quelle valeur accordée à mon intervention ? Je m’en retourne à
l’état de rien qui m’est si cher, si petitement moi, au fond de ma bêtise, là tout
près du vers solitaire.
- Du vers phosphorescent, de la charogne de Baudelaire pour finir
au tombeau mallarméen etc.
142
Ma main
Ma main, ma pauvre main malade, n'es-tu pas lasse de coincer
entre tes doigts malingres cette plume désinvolte qui décrit des courbes, des
cercles, des demi-boucles et des sinuosités bizarres ?
Barbouille de signes équivoques les rectangles blancs. Crache ton
sperme noir ! Que les lignes s'accumulent les unes derrière les autres comme
des petits soldats qui occupent le terrain ! Combien de lignes nouvelles par
jour pour envahir la feuille stérile ?
Ha ! Tous ces gribouillis ! Toutes ces ratures ! Ce sont des combats, des
batailles avec soi-même ! Et si la pensée lâchait des ondes nerveuses, si une
machine spéciale contrôlait les efforts et les luttes du poète !
Ha ! J'imagine des lampes d'ultraviolets dont les rayons
s'étaleraient sur la feuille de papier ! Toute la page phosphorescente de
pensées et de réflexions invisibles à l'œil humain !
A en croire ton esprit, ta sève coule de ton futur et tu ressuscites le
présent. Tu as trouvé et tu cherches après ? Tu ornes ta pensée de vocables et
tu puises dans tes vocables pour en extraire ta pensée ?
143
Ne sais où je vais, ne sais que découvrir. Je creuse. Je suis dans le
Néant. Dans les entrailles de la terre, je me fais mineur. J'extirpe de l'obscur
la boule de charbon qui renferme peut-être le diamant.
144
L'éclair zébré
L'éclair zébré de lumineuses et de phosphorescentes rayures,
transperce le ciel et le faille comme une voûte colossale placée sur un grand
dôme.
Je m'électrise, je cherche la vibration qui se faufile en zigzag, et
je sens qu'elle est proche, mais je sais qu'elle m'échappe !
Pour qu'elle destination géniale ? Frappons d'un courant qui
parcourt un milliard de kilomètres à la seconde l'esprit des meilleurs. Que
cette vibration atteigne le cervelet des Immortels !
Je ne suis pas ivre, je ne survole pas lentement avec l'insouciance
et le dilettantisme de nouvelles nuées. Non, je veux frapper comme la
foudre. Qui atteindrai-je ?
145
Les hommes de science
Les hommes de science privés de ballons d'oxygène s'engagent
dans les profondeurs de l'absurde. J'ai appris qu'un électron pouvait passer
par deux trous séparés et distincts en même temps.
Vercingétorix.
Je lâche une charge. Elle remonte le temps et frappe le casque de
La trente-troisième bêtise reste à découvrir. Tous à la trouvaille.
Je prépare mes révolutions en coupant mes têtes, - une de médecine, une de
mécanique céleste etc... La prophétie impose à faire plus que réfléchir.
J'éclaire de pensées fulgurantes les déserts divins.
Le ruban de ma vie est équivoque. Je refais une destinée qui n'est
pas mienne. Choquant comme de porter les vêtements d'un gueux. Enfin ma
puanteur dégage des odeurs délicates et agréables. Le lecteur aime.
Toutes mes insomnies finiront par endormir ma cervelle. Je
m'épuise en de détestables résignations.
Ma vieille terre crache trois tonnes de feu. L'impuissant s'active.
146
Progressions perverses culminant au sommet de la lubrique
histoire : vierges et vampires. Eloignons-nous. Je monte aux cieux limpides.
démoniaques.
Exigences de la poésie : sacrements primaires jamais
Du feu ? De la pauvre lueur ? Les chandelles illuminées ? Le
phosphore court dans les cimetières, légendes bretonnes des feux follets.
Les vieux se calment, les morts parlent, les belles s'ouvrent
d'envie ; l'ancêtre tremble, l'au-delà écoute, la pucelle cache son petit
triangle. Vibrations érogènes dans des poils clairsemés.
Le maître du cyclone ; Eole, retiens la tempête dans la peau du
cochon ! Les pores s'enflamment, mon cœur bat.
Les Pygmées, les esclaves, les basketteurs trébuchent sur le tapis
de la fougueuse Afrique ? Les rythmes nouveaux sont là-bas. Atteindrais-je
l'Abyssinie ?
Idioties, répulsions. Recherchons les lèvres roses des femmes
noires. Explorons. Je jouerai les missionnaires. Les sueurs, les chaleurs, les
moustiques. Tout m'appelle à mes origines.
147
A danser ainsi
A danser ainsi, tu déchiquettes tes muscles
Tes omoplates cognent les plaques d'os
Et se désarticulent rachitiquement.
À baiser ainsi, tu perds ton sperme
Dans des fesses remplies de pus et d'excréments
Et tu jouis passablement
Dans des puanteurs malsaines.
À penser ainsi tu fatigues ton âme
Nébuleuse, intellectuellement limitée
Tu réfléchis dans un miroir qui ne renvoie
Que l'image déformée de ta mémoire médiocre.
À saigner ainsi les déchirures de peau roulent
Des flots, des cascades de sanglots
Et de larmes blanches comme l'enfance,
Et tu contredis la jeunesse heureuse !
À déchaîner l'au-delà, les âmes immortelles
148
Voltigent autour de son génie grandi
Au phosphore de poèmes remplis d'illuminations.
À savoir ton Dieu, tu avances
Dans une vie de martyre,
De basses concessions et de souffrances
Eloigne-toi de la pensée mystique
Et du dialogue intérieur.
À t'ensorceler ainsi les magiciens,
Les alchimistes préparent le diamant pur
Extrait du néant, de l'abîme et de l'inconnu.
À écrire ainsi, un monde ouvre ses portes,
Découvertes de l'enfer profond !
À chatouiller ainsi le sein éructé de la pucelle,
Elle offre béante ses cuisses fines
Et se métamorphose en femme.
Derrière le miroir de l'invisible,
149
L'ange à l'aile mitraille ta face
Constellée de feux et d'étoiles,
T'arrache à la vie
Et te condamne à l'éternité.
Le temps est la quatrième dimension,
Engouffre-toi dans le tunnel étroit.
À la vitesse approchée de la lumière
Tu rencontreras la Force Divine
Après approximativement douze secondes,
Temps terrestre.
À sortir ainsi hors de ton corps,
Tu atteins Dieu qui t'imprègne d'amour
T'oblige à dérouler les images de ta vie,
Et t'impose à retourner à la réalité.
Dans ton jupon rayonnant comme un soleil
Pour y oublier la nuit âcre et rance
Illuminée parfois de rayons immortels.
150
Je jette ma main
Je jette ma main au feu. J'éteins les lumières enchanteresses, les
flammes sexuelles, les lueurs phosphorescentes de mon âme. Je suis mort.
J'ai fui des maisons gavées d'anges, des lieux où les poètes
immortels se réunissaient. J'ai ainsi échappé au conformisme, et à mon état
d'artiste magicien.
Jamais femmes ne m'ont hypnotisé. J'avançais seul, les yeux
tournés vers mon soleil intérieur.
151
Le Moût et Le Froment
Nul ne portera
Nul ne portera à tes lèvres la coupe,
Assoiffé ! Mais ton sang bu dans les
Artères du mal glorifiera tes
Carences exploitées.
Les laits vidés de ton absolu périssent
Sur les étoffes usées des mémoires.
Même ce chant clôt l'abdication
Ancienne.
Soulèvements dans un cri, c'était hier !
Tout se crache : les compréhensions
Méthodiques restituent des voix d'or,
Surtout des offres ! En fait, des perles.
Un goût de survivance pourtant
Aux lâches besognes ; besognes
152
D'esclaves. Déjà les fuites,
Les départs sont impossibles.
Suc protecteur que personne
Ne voit luire ; moi, victime de
L'habit invisible ; il suinte
De tes pores les transpirations acides
De la clairvoyance.
Eclats de l'entretien dont les
Lumières éblouissent comme des phosphores
Neigeux ; moi-même : "Mares de sang
Autour des crimes de l'infortune ;
Violences à l'âme qui convoitaient
D'autres plaisirs."
Matrices rigoureuses, mathématiques de l'art ;
Ignorant qui achève le droit du hasard ;
Seul et unique possibilité
De la destinée inhumaine.
153
Le sort roule dans des veines de chaleurs,
Imbéciles révélations
D'une épopée unique,
Et des transferts déjà
Palpables dans l'obscur soi-même ;
Le règne de la philanthropie
Hurle son dû.
Silence.
Celui qui se lève marche sans se retourner
Mais ne peut rire de son insipide essai.
"Choisis."
Un nivellement qui échange des idées,
Des luxes, des obstacles et
De misérables gémissements puis d'éphémères
Bontés. Les lois divines sont bafouées.
Mais toi seul, tu conduis.
154
Mouvements sur les clartés
Mouvements sur les clartés et les paraboles d'argent,
L'hymne des fées et des vierges s'ébat
Et tournoie dans les vapeurs de l'été.
Fluides jaunes qui bondissent dans les chaleurs inertes.
Les ondes blanchies montent sur les faisceaux d'or.
Contre les rares sèves, les monts et les calices,
Un segment de droite est dirigé vers les champs,
Et l'astre gonfle le feu des lumières vivifiantes.
L'équilibre s'étend sur les folies boréales.
Le magnétique attrait subit les couleurs
Et s'élance sec et brûlant vers les pluies inouïes.
L'élasticité des secondes conduite par des photons
Perturbe la pesanteur des rayons irradiés.
Tout danse dans l'arc-en-ciel bruni
De force et de phosphore. Les lumineuses plaies
S'éloignent avec peine sous les pastels, par principe.
155
Il te faudra cette semaine
Il te faudra cette semaine vieillir les fruits exaltants et longtemps
descendre les montagnes de rêves. Ils symbolisent déchets et crasses,
putréfactions horribles, odeurs insoutenables que toi seul hélas ! tu oseras
humer. Dans le désespoir de la solitude, les sens malgré un dégoût répugnant
cherchent un bonheur vain, une délivrance et un air pur regretté. Ces roulis
de peines dès que la ligne de l'esprit sera irradiée blesseront, déchireront un
corps déjà noir de pus.
Images captivantes que la misère développe à une cadence
effrénée avec l'horreur que cela inspire. L'une d'entre elles assassine les
pages blondes qui vivent dans l'attente d'un lendemain. Elle détruit l'espoir,
cette unique contemplation que tu t'essaies à conserver en toi. Je la sais
brûler les taches d'or épousées dans les ténèbres de son néant. Je la sais
flamber les feuillets superbes dont l'existence est déjà compromise.
L'autre comme attelé par quatre chevaux dévale les sommets et les
pentes de l'infortune avec l'agilité divine. Elle, parée de somptueux bijoux
avance majestueuse tenant dans sa main droite les rênes de la postérité. Les
coursiers bavent de l'écume par les naseaux, se cambrent et crachent des
flammes qui vont se perdre dans l'infini. Elle seule sait les maîtriser.
156
Elle est ce corps svelte aux proportions harmonieuses, ce sourire
éclatant qui lui donne la dignité de la femme forte de son avenir.
Ce sont du moins ces parties qui se chevauchent, qui se succèdent
avec une vitesse, avec une rapidité incroyables. Elles glacent les intestins qui
éclatent sous l'action du froid, qui explosent sous les regards vainqueurs de
la femme.
Mais libéré ou prisonnier, sous le joug de l'incorruptible
confusion, les sinuosités m'envahissent. Les éléments même de la
déperdition s'acharnent sur les sueurs de l'insomnie. Des tremblements puis
des bontés, des drames puis des voluptés et des raffinements luttent dans un
tumulte de vice et de luxure.
Engagement de deux colosses gigantesques qui s'écrasent et se
relèvent, qui sont tonnerre et foudre, immortels et invincibles. Des sentences
pour ces démons, de phénoménales vengeances pour retrouver la quiétude et
la paix désirées.
Impitoyables ennemis et pourtant en harmonie avec moi-même.
Mon âme crée les combats, les charniers et les artifices. Elle engendre des
nuées de cauchemars, elle enveloppe d'étoffes gonflantes les cataclysmes
subis, les catastrophes vénérées.
157
J'aime à comparer cette fresque étrange avec l'épique marasme qui
détruit tout sur son passage, qui multiplie les dangers d'une vie vouée à
l'étrange et au mystère.
Quand s'éteignent lentement les lumières vacillantes des
chandeliers d'argent, les chambres consument encore les dernières lueurs qui
s'enfuient : or, palme et plaisirs ! Tout s'entrelace dans des coffrets
immondes, tout respire les parfums discrets que juxtaposent dans de
phosphorescentes fêtes des fantômes exhibés. Depuis que la porte laisse
échapper les envolées divines par des trous béants, ils mystifient la raison
pure et contribuent à haïr les actes sauvages.
Par manque de logique déterminante, hagards et bornés, leurs
mouvements irréfléchis restreignent les essais. Ils avortent les fruits dans des
solutions troubles et inexpliquées. Le poids des fatigues retarde un exode
désiré puisqu'ils font courber les protestations avec des fouets excrémentiels.
Je m'explique : hier, les pensées, les réactions se rejoignaient par essence
inconnue mais révélée. Des complexités poreuses montaient irréelles sur des
magmas de terres travaillées. On voyait s'élever les pulsions, il en résultait
cette appréciation mouvante et incertaine.
A présent les conditions diffèrent. Je malaxe des rejets, et les
substances inondent de caractères blanchâtres des œuvres indéfinissables ...
Un non-sens toujours, car s'accouplent des mots incapables
d'exprimer une opération logique. Ils sont des groupements subtils de
158
malfaçon, incohérents et pourtant harmonieux. Ils déterminent le doute
absolu que chacun doit posséder en soi. C'est l'incertitude pour le monde
incompréhensible. C'est convaincre l'homme de son impuissance à se diriger
soi-même.
Rien que des planifications et des regards braqués sur l'histoire !
Des illusions avec des instruments d'aucune efficacité. Vous brandissez des
rapports, des analyses structurées, des conclusions et des bilans sur le
devenir humain. Vos complexes machines sont vos cervelles grises qui
restituent des amalgames approximatifs. Des millions de données pour
d'insignifiants résultats ! Vous en êtes encore à la sorcellerie scientifique,
vous plaisant à programmer des banalités, des débilités de rêves enfantins.
De là, vos ressources se désagrègent, vos profondes expériences
n'accaparent que des vents incertains. Quand bien même de minuscules
vérités s'offriraient aux interprétations diverses, jamais vous n'obtiendrez la
juste appréciation recherchée.
Je suis la pensée qui exprime les intolérables mensonges que
personne n'avait osé dépister, la splendide tricherie que vous n'observerez
que chez les autres, qui se cache en vous-même malgré votre bonne volonté
et vos apparences trompeuses.
Vous vous propagez croyant manier avec habileté un appareil sans
âme, un bourreau sans sentiments, une sorte de divine force que vous
contemplez comme l'irréfutable Messie.
159
Hommes de science, vous n'idolâtrez qu'une mémoire, que des
fonctions irréfléchies. Vous vous plongez dans l'univers du chiffre sans
espoir de conquêtes sur le mouvement des destinées et de ses révolutions.
160
L’Huile fraîche
Tout s'éloigne
Tout s'éloigne dans le tombeau des phrases : - un hôtel ancien
supporté par quatre murs grinceux, une bouche d'incendie dont la peinture
rouge s'écaille faute d'utilisation, une rue passante illuminée par des
lampadaires phosphorescents, et un froid incandescent prêt à bondir au
premier de mes pas.
161
PHOSPHORES
162
FRANCK LOZAC’H
UN CENT D’AmOUR
163
Rien ne détruira
Rien ne détruira les frayeurs promises à son front si clair. Ni souffle ni
violence n'épancheront de fièvres froides les douleurs de ses plaintes.
Il vit solitaire et immortel, caché dans sa retraite au fond des bois. Il
dort d'un sommeil paisible ou contemple la nuit les grands champs alentours.
Encensez la sagesse de son cœur ! Embrassez son calme mortuaire ! Ce
sont ces bouches qui vous parlent, écoutez-le !
On se joue de lui pour un écrin de perles ? Qu'importe ! Personne
n'admirera le diadème qui l'habite. Son secret divinement gardé sera seulement
dévoilé au maître des lieux.
164
Un midi étrangement profond
Un midi étrangement profond où se consume l'air pur de nos actes.
D'anciennes survivances d'un passé moyenâgeux, des allégories puis des
spectacles, enfin des particules infimes déployées contre les murs de la cité.
Marcher, marcher encore et soumettre ses idées dans un hall visqueux, -
car tout mélange est de règle, et obtenir une place à l'ombre des infortunés. Voilà
la contribution latente pour nos incertitudes. Trébucher et parvenir ! Oui, parvenir
! Le vain mot. Ultime valeur, tu changeras les visions ! Oublie les règles, et
convoite un autre lieu !
Fuir, fuir ! Mais où ? Quelle destination sublime ? Quel mal nous
dépècera encore ? Je suis parti ! Une mélodie d'évasion. Un instant de solitude
espéré depuis tant de mois. Et puis... Et puis la chute ! Tu te romps, et les coups
portés ne sont que leurres ! Tu projettes une image, tu obtiens le maléfice ! ...
Que reste-t-il à inventer ? Une morale pesante, prescrite il y a deux mille ans.
En trois mots, un monde transformé suivant les transcendances d'un peuple. J'ordonne le
supplice, c'était le supplice. J'ordonne la paix, éclate la guerre !
165
C'est elle la petite morte
C'est elle la petite morte cachée derrière les vallons, elle, couchée sous
les feuilles jaunissantes de l'automne, avec une chaîne en or autour du bras. On se
souviendra de son visage longtemps !
Mais pourquoi est-elle morte ? Étrange créature qui à cinq ans n'avait
pas supporté cette impossibilité de vivre. Que d'inquiétudes, de peines et de maux
dans cette adorable tête chagrinée !
Les anges recouvriront tes cheveux de lauriers fraîchement cueillis, un
tapis de pétales roses t'indiquera le chemin à suivre, des images sur un mur
blanchi te divertiront.
sommeil de rêves !
Ô pâle enfant que la lumière jamais n'éblouira ! Belle enfant, dors d'un
166
Partir vers l'infini
Partir vers l'infini pour des étés abrupts ?
Hélas ! L'entendement qui encense mes nuits,
Comme un rayon oblique sur des feuilles caduques,
N'est que soupir, ô songe, éteint et agonies !
Pourtant steamer grée, vois à la poupe, j'obtiens
Tel un vieux rêve difforme, l'image délicieuse...
Que dire ? L'aventure est vaste ! Des vagues de rien !
Mais ces charmes à éclore sous la lumière affreuse,
Sont substances créées que trempent mes sueurs
D'amertume, mon âme toi qui chantes et qui pleures !
167
Le rêveur
L'œil voilé par l'azur qu'une lente descente
Éblouirait encore d'une clarté funèbre,
Prolonge une lugubre vision diurne entre
Les larges ifs plantés dans le lieu des ténèbres
Et succombe lentement, ô parabole magique,
À ce fade désespoir du paysage blêmi.
Comme buvant, perdu cette froideur de site
Que le maître du temps éloigne et abolit,
Il luit, rêveur ailé ! D'une pupille morne
Voit les tristes lueurs qui au lointain s'endorment.
La paupière que le ciel imperceptible bat
Couvre la pâle image, et le rêveur s'en va.
168
Comme un bruissement d'aile
Comme un bruissement d'aile posée sur l'endormie
Qui joue dans la pénombre à miroiter son vol,
Espiègle et bombinant, virevoltant ici
Embrasse la charmante, la caresse et la frôle ;
Comme des satins clairs qui jailliraient d'aimer
Sur le sein délicat ou la gorge sensible ;
Des rires confus offrant à des bouches rosées
L'apparat éclatant des demoiselles dignes ;
Comme une attente encore que celui-ci refuse
Car des calices d'or donnés au cœur d'argent
Échappent toutefois aux sanguinaires muses
Pour les blondes moissons de son stérile enfant.
169
Au soleil, je m'avance
Au soleil, je m'avance par ce brûlant servage,
Et l'ombre accoutumée à ma face soumise
M'emporte là, tout près de toi, jusqu'au rivage.
Mais ta substance aimée est déjà compromise ! ...
Que n'entends-je se plaindre ton rayon si brutal ?
Est-ce masse étonnante de son puissant métal ?
À mes yeux tant cernés, l'étonnement est doux...
Prolonge en ma fraîcheur de longues accalmies !
De l'embellie si vive, le regard flambant neuf
Consume les pensées obscures de ma nuit ! ...
J'accours sur ta mémoire rappeler en ton heure
Ces somnolences rêvées et ces voix enivrantes,
L'heureuse cérémonie sertie de ses candeurs
Qui forte en ce miroir, fait ma lèvre tremblante ! ...
170
À Sandrine
Repose sur ce sein que la paresse offense,
Et brûle en ma raison tes prochaines fumées.
De mon ravissement, embrasse les carences
Qui s'imposent sur ma joue frappée et profanée.
Alors pour ta liqueur, bois le fruit des délices
Et organise un songe où tu reposeras.
Qu'importe, vraie beauté, les mouvements factices,
Car l'appel de ta chair me redemandera.
Ah ! Courir sur les flots antiques de lumière !
Qu'une étincelle éclaire et chante tes fureurs !
À l'ombre du platane, je te vois, tu es fière ! ...
Parée de tes bijoux, de parfums délicats,
Tu lances des étoiles pour orner mes lueurs,
Adorable beauté que j'aime, et qu'il brusqua !
171
Il retiendra son souffle
Il retiendra son souffle, car lui ailé même dans les retombées de ses
pluies, s'élève inlassablement. Il sonde les déluges, les tempêtes et les vents, et
sous les vertes mers s'étalent les bruissements de ses eaux nouvelles.
Il confondra les cieux d'ocre, les horizons de l'amour, les vagues et les
cataclysmes. Même dans la topaze de ses yeux, renaîtra l'éveil de l'enfance
heureuse.
Au chant du golfe blanc, le visage de la vierge embrassera l'énergique
appel du carillon des matins. Pour l'assaut de la nuit, circuleront les nuptiales
rumeurs des astres étoilés. Et dans les miroitements des nébuleuses dorées,
l'automne resplendira pour sa fatigue et sa langueur promises.
L'évasive multitude parmi les vapeurs brunes, bouche ouverte, lèche
déjà les montagnes du printemps qui peintes aux couleurs de la lave mauve,
trempent leur duvet de soie dans les lacs glacés.
L'empreinte diluée de son pas neigeux, et sa robe incrustée de
minuscules diamants enveloppent le rivage de bronze et les couches de l'aurore.
Il détiendra la clé et du rêve et de l'instant de l'homme car lui seul est
ange et poète ressuscités.
172
Il brillait dans les yeux
Il brillait dans les yeux de ce rêveur ailé de lentes courses comme les
fraîches vapeurs matinales se levaient dans les rayons à la teinture pastel.
Dans les sous-bois où la fleur suave abandonne un parfum printanier,
ses souliers faisaient craquer les petites branches mortes. Et quand il eut franchi le
vallon - le vallon de mousse - ses pas accompagnèrent l'écho lointain.
L'exil s'essayait à de folles transhumances, les fureurs s'enivraient de
futiles préciosités et le jour descendait plus calme encore sur l'horizon limpide.
Il baignait et entourait son cœur de mélancolies. Son joug condamna
d'admirables complaintes. Ses regards enflammés par un esprit malin changèrent
en haine toute chose vécue.
Il but de ces liqueurs aigres et frelatées, et transperça avec des aiguilles
remplies de venin la face humainement désespérante.
173
Il aurait voulu
Il aurait voulu des courses folles - démesurément folles - à travers la
campagne, jouir des dernières chaleurs d'un automne avancé, et marcher à la
recherche d'espoirs perdus.
Il prévoyait dans toute sa candeur de fulgurantes et intensives
excitations de l'âme, des sortes d'images transformées pourtant réelles suivant les
lois internes de son esprit, suivant des pensées brutes tirées de son imaginaire.
Étaient-ce des rêves éveillés où le réel côtoie l'indécis, où l'excès est
maître de ses interdits ? Une liberté d'action parfaite dans le miroir de sa jeunesse
!
Une pierre jetée ricoche dans l'eau morne d'un bras de rivière, et la
lumière questionne le présent et son temporel.
Ce sont des vols d'étourneaux battant de l'aile, craintifs de la froidure.
Ce sont des montagnes lointaines qui dansent là-bas. Puis la femme, belle et
sensuelle qu'un espoir de conquête embrasse.
La magie est à répéter.
174
Il est un minuit
Il est un minuit qui se perd et que tu enjambes malgré toi. Certaines
concordances dissidentes naissent du coffre des ombres. Des feuillées d'abeilles
tourbillonnent par-delà les minuits dans les grands regrets du mécanisme. Les
tapis d'or placés sur les dômes d'azur ne sont que des succursales initiatrices de
notre inconnu.
Léger comme l'envol, virevoltant sur des incendies fraîchis, l'ange
plonge dans les gaz et les étoffes et les mousselines argentées.
L'horloge tinte les douze doigts de la présente année, et semblable aux
modulations des cloches à venir, s'évadent des sonorités tels l'Angélus ou la
Métaphore du Soir.
175
C'était d'une humeur claire
C'était d'une humeur claire, presque prompte à démêler les pensées
nouées de l'âme que je me réveillai, ce matin-là. J'aurais pu selon la bonne
remarque populaire, battre flots et tempête.
Il est de rares saveurs que l'on ne goûte à l'extrême. Le temps, notre
ennemi redoutable nous appelle à d'autres tâches. Mais ces instants de réflexions
avaient une telle intensité qu'ils eussent pu être confondus avec des instants de
bonheur...
J'avançais comme un miraculé qui retrouverait le fonctionnement de ses
jambes, émerveillé par la légèreté de son corps.
Mais un bruit ultime, l'imperceptible bruissement de deux ailes, et le
charme disparaît. Dès lors, l'engourdissement de mes jambes m'interdit de peiner
davantage, dès lors l'intervention stérile du refus m'interdit quelconque action.
Pourtant je te savais, et tu n'es déjà plus ! Tu disparais quand tu
supplies. Tu fonds mes pensées quand l'œuvre m'attend. Insaisissable amie,
comme je te demande ! ...
176
Auras-tu l'audace d'éterniser mes lueurs ? Voleras-tu aigle royal dans
les ténèbres de mes nuits ? Tu m'atteins aux premières requêtes. Tu t'éloignes
lasse de rêve aux moindres tourments.
Tu es ma maîtresse, et tu te joues de moi ! Essayer de parer ta
puissance, c'est me compromettre et te voir disparaître à tout jamais.
Délicate langueur, viens bercer encore mes rêves ! Sur cette bouche,
invente l'acte suprême de nos mélancolies ! Tu es en moi et pourtant impalpable.
Tu vis dans mon cœur, et tu te nourris de mon sang comme d'un sublime poison !
J'ordonne ta faiblesse, mais tu es mon amante et j'attends.
Vivre en toi, par toi et pour toi. Oublier l'ignominieuse carence de ces
faiblesses. Crier à tous la subtile saveur de la solitude ! Hélas, j'ai beau hurler, qui
entendrait l'essence pure de la vérité ? Quel être acclamerait l'ignorance de ses
actes ?
177
J'ai volé
J'ai volé à l'arbre frêle une mince couche de miséricorde, j'ai enflammé
un cœur déjà perdu à la cause première, j'ai délaissé des promesses impossibles,
des vœux d'amour, j'ai joué avec la connaissance usurpant çà et là des fruits de
stupides saveurs.
Sur une couche, j'ai réinventé l'acte suprême fort d'une imagination
débordante. J'ai transformé des images pieuses en symboles multicolores me
réservant le droit divin de retoucher comme un peintre l'empreinte de son tableau,
les vicissitudes de mes rêves transparents.
Plus loin encore, alchimiste de génie, prêt à découvrir le secret
ancestral, j'ai brûlé dans des flammes vives la page blanche d'un poème jamais
ébauché.
Vaste mutation proche de la réalisation, hésitantes exactitudes vouées à
un échec constant, quelles merveilleuses farandoles qu'une rêverie obscure
dispensait dans les ténèbres de mes nuits !
Magicien doué d'une sagesse constante, séraphin démoniaque ou
démon divin ? Qu'importe ! Tous ces noms gravés comme des dalles de marbres
dans mon crâne fatigué, qu'importe !
178
Dans des cavernes fantastiques, je me suis promis les couleurs du
printemps, - des pastels, des mauves, et des argents rouges comme le vin et blancs
comme l'écume. Ô l'arc-en-ciel transporté dans les bas-fonds de la terre !
Moi, homme de nuit respirant les fleurs disposées en corolles, humant
les senteurs de mon propre univers, Moi enfant qui trébuche et succombe dans les
dédales, Moi et la pluie, et le soleil et les étoiles, et Moi encore !
Quel vain et âcre mélange dont les fruits bouleversent les sueurs
extrêmes des envolées ! Quels affreux cauchemars qui conspirent
complaisamment pour jouir de mes souffrances sanglantes ! Oh ! Le jeu de la
mort ! Aucun vivant ne peut se défendre ! La mort tentaculaire qui possède corps
et âme, se vautre dans des rires immondes retentissant encore dans les globes de
me oreilles ! Oh ! La faux brillante persécute l'œil torve imbibé d'alcool ! Oh !
Les scènes de pillage ! Oh ! ...
179
Je croyais voir
Je croyais voir en l'or de tes cheveux un nuage tendrement endormi sur
des aquarelles mortuaires. J'y discernais un convoi de broderies éparses, et
j'embrassais dans cet amas confusément respiré la rêverie lointaine. Je m'égarais
dans les parfums, dans les sueurs de nos amours anciennes.
Mais toi d'un geste dédaigneux, presque machinal tu passas ta main
blanche et bien faite dans ce désordre de mèches blondes, et la noble rêverie s'est
plu à se défaire, n'est-ce pas, Isabelle ?
180
C'est un spleen
C'est un spleen qui renferme toute la nostalgie d'une lueur sublime, une
douloureuse faiblesse de cœur recueillie dans la solitude, morne solitude près du
feu pétillant de la cheminée, où le seul ami est peut-être encore cette bouteille de
vin rare et ce verre de cristal.
Glacial amour, amour tendrement chéri, amour rêvé, amour volatilisé
que la fantaisie de la femme reproduit inlassablement comme pour retenir son
idéal, comme pour retenir le temps !
Et la dernière lueur du brasier s'est plu à mourir. Ce n'est plus qu'une
lumière douceâtre qui baigne la chambre décorée de bibelots rares et de meubles
fort anciens.
Ce n'est plus qu'un désir impossible qui resplendit encore dans l'âme
d'Agathe. Ce n'est plus qu'une douleur inconsolable qui vit dans le cœur d'Agathe.
Enivrée par le nectar, elle s'endort entourée de somptueuses étoffes
posées nonchalamment sur le divan superbe.
Parée de somptueux bijoux, l'œil hagard et livide, soulevant d'une main
nonchalante quantité de soierie déposée sur le divan, elle rêve aux délicieuses
soirées passées chez les De Busy.
181
Et des images tenaces, toujours martelant son âme voyageuse
s'amoncellent les unes contre les autres comme une pellicule de film
inlassablement répétée.
Et dans ses souvenirs voués déjà à l'ennui, elle multiplie les scènes,
grossit les visages, et espère embrasser dans cet amoncellement de détails,
l'instant unique et sublime que son esprit s'était juré de ne jamais oublier : le
regard saisissant du jeune homme aux yeux foncés, tirant vers un marron extrême,
- ce regard de feu exprimant toute la force et l'intrépidité de la jeunesse
conquérante. Oui, malheureuse, presque envoûtée par ce sourire d'ange, par cette
bouche suave, elle éternise son évasive rêverie sur le caporal blond.
182
Un idéal songeur
Un idéal songeur où la seule fortune de l'esprit consisterait à grandir des
images pieuses comme issues d'un Livre d’Écritures, où la seule tentation de
l'âme serait d'usurper et de drainer dans sa propre logique les pensées éparses qui
s'incrustaient dans les parois de son esprit. Une expérience en soi unique, vécue
en autarcie suivant des lois internes et presque rationnelles, tel était le souhait, ô
combien désiré depuis sa tendre enfance par Magisture.
Élevé dans une famille peu soucieuse d'instruire et d'imposer une
éducation stricte et conventionnelle, il grandissait dans une liberté complète,
pouvant à chaque moment décider de ses agissements. Jeunesse heureuse et sans
contrainte, Magisture chérissait ses parents avec tout l'amour qu'il était permis de
posséder à cet âge-là.
Mais son rare ennemi, si ennemi était, inquiet de la faible rigueur
parentale était un oncle qui visitait deux ou trois fois dans l'année, pendant les
fêtes importantes, la maison des Ursus.
De quelques années l'aîné de Madame Ursus, il ne pouvait s'empêcher
de déplorer l'éducation trop peu conformiste dont un enfant en si bas âge jouissait.
Des remarques subtiles et des cris d'alarmes moralisateurs, telles étaient
les seules conversations qui jonchaient les interminables repas. Ces derniers se
183
poursuivaient fort tard dans la nuit jusqu'à des heures avancées qui faisaient
bailler de rage la pauvre Madame Ursus.
184
C'était un vieux boudoir
C'était un vieux boudoir où tremblaient des spectres d'ombres, où un
mal invisible rôdait lugubre parmi les meubles de la pièce. Point de mots, points
de regards - une attente éternelle épiait le moindre bruit, l'infime craquement des
planchers. Les boiseries comme travaillées nuitamment gémissaient de douleurs
et de plaintes répétées.
À travers les carreaux de la fenêtre obscure, une lune pâle, ronde
comme une hostie propageait ses rayons blanchâtres - un instant sublime que la
peur éternisait, un instant d'inquiétude et de bonheur en soi.
Il y avait les masses inertes de nos chairs blotties dans de profonds
fauteuils. Les yeux du chat luisants étaient prêts à s'enfuir. Et nos mains
transpiraient de faiblesse et d'effroi.
Un coup de tonnerre puissant et le silence disparaît. Un cri perçant de
sa gorge étroite, s'expulse et se propage en dissonance dans la pièce. Un cri
inhumain et la femme indécente se transforme en vampire !
185
Pour l'ombre de toi-même
Pour l'ombre de toi-même, tu voltiges et tu plonges
Dans le pur infini de ton morne délice.
Et battrais-tu de l'aile ? Toi tourmentée tu sondes
Les aurores oubliées par ton Génie propice ! ...
Lourd amas de vertus tournoyant dans l'orage,
Ton esprit s'égarait dans son Azur épais !
Sous le déchirement de l'éternel carnage
Un mage déployé venait et fécondait !
Que tu soulèves les roches, exilée dans ton âme,
Un Océan s'agite jusques à l'embouchure.
Et dans les sombres traits de l'odieuse voilure,
Tel l'étrange vaisseau qui longe ses parures,
Du pur consentement toi tu vas et regagnes,
Les mâtures inventées, les vagues et les drames !
186
À ma dormeuse
Je ne veux pas ce soir, licencieuse ennemie,
Respirer en ton corps le doux parfum des songes,
Ni déplacer mon cœur sur tes seins endurcis,
Ni la jouissance facile où parfois tu me plonges.
J'espère sur cette bouche inventer un amour
Puissant et immortel que tu composeras,
Redorer cette nuit jusqu'aux lueurs du jour
Dans la chambre lugubre offerte à nos ébats !
Qu'importe, les espoirs de nos mains en détresse,
Le souffle accéléré que réchauffaient nos yeux !
Je demande plus fort que houle et que tendresse,
Un bonheur sans silence pour l'esprit ingénieux.
Car de son pur cristal où le génie descend
Rêvent de vrais soupirs qu'avait soufflé l'enfant.
187
Venise
Et dans ce lieu fétide où dorment des gondoles,
L'eau morne et transparente fut raison de soupirs,
Ô sanglots répétés et si mouvantes violes,
Contre un ciel de grisailles qui voulait s'obscurcir.
Des barques s'étiraient sur l'étendue. Nos rêves
Profonds comme l'amour s'inclinaient lentement,
Et penchaient plus encore par le vent qui soulève,
Tremblaient, espoirs perdus, bercés au gré du temps.
Et toi ma calme sœur, tu chantais ma faiblesse
Lorsqu'un vol de corbeaux foudroya le vrai ciel.
Pour noircir les souffrances d'une odieuse paresse,
Je vis dans tes yeux clairs les rayons d'un soleil,
D'un soleil pâlissant, or, rouge et fatigué
Qui semblait se mourir à l'orée de tes yeux.
J'y trouvais un déluge de larmes délaissées
Croyant à l'avenir de nos étés heureux
188
Soupir ancien
D'un soupir ancien naît l'indifférente gloire
Qui éclaire de l'ennui le plus pur diadème
D'hier. (On prétendrait mourir en ma mémoire
Un or épais et ocre dispendieux à l'extrême...)
Fustigé à l'écart, éloigné des disciples,
Je l'entends battre inexorablement en moi ! ...
Vaste écrin d'amertume aux facettes multiples,
Il fuit, meurt avorté sans l'ombre d'un émoi ! ...
Mais que demain traînant son horrible fardeau,
Pour l'éveil purifié resplendisse son nom !
Peut-être testament au bas autel des maux...
Ô le soleil de chair contemplant un vain drame,
Idole de toi-même marqué à l'unisson,
Seras-tu des substances faire couler une larme ?
189
Les catacombes
A.C.B.
Dans les catacombes
Froides et grinceuses
Où des femmes affreuses
Émergent de chaque tombe,
Des lueurs blanchâtres
Faiblement éclairent
Les murs d'albâtre :
Un spectre mortuaire
Déambule et vacille
En ce lugubre monde.
Alors mes pas fébriles
Devant ces torches fugaces
Voient l'empreinte profonde
De mémorables traces !
190
Par-delà toutes ces marques
Par-delà toutes ces marques imprégnées qui usent ta vigueur divine ;
par-delà le harcèlement éternel qu'il te faut subir sous ces lueurs torves et
déchirantes, c'est l'esprit de la soumission que tu es prêt à tolérer. Tu jouis de ces
mensonges comme une femme complaisante nageant dans de monstrueuses
orgies. Tes revendications ne sont que des pleurs, facilités vis-à-vis des autres et
de toi-même. Car tu aimes à toucher d'un doigt mesquin tes saveurs déployées, tes
suavités fulgurantes. Tu aimes à entendre ces agaceries bizarres qui frappent ton
âme révoltée mais distendue.
Ces horizons s'illuminent tout à coup avec des torches vivantes,
enflammant l'intérieur possédé et visqueux. Quand bien même, tu rejetterais cette
image, tu la détiens. Tu la portes malgré toi, contre toi. Tu vis dans l'horreur de la
déformation, avec la vengeance, avec la bestialité sublime que tu sais battre en
toi. Ô puissance infinie et pourtant invincible !
Tu acceptes la soif de vengeance dont la seule nécessité est de te nuire.
Après la contemplation languissante, joie des règnes putrides, tu te perds dans des
luttes excessives, indignes de ton affreuse foi. Tu as longtemps goûté les
délectations fatidiques, les hymnes triomphants entendus à chaque heure du jour
et de la nuit. Les voyages bienheureux s'offraient plus loin. C'étaient des
sentiments blafards, des couleurs torréfiées, des fluides d'espoir et d'insouciance.
Plus loin des ors perdus pour des mémoires délassées.
191
Brillaient et se répondaient les scintillements sous des flammes
magiques, flambeaux exaltés. Ils prolongeaient l'excessive satisfaction d'un
regard braqué vers l'avenir, et donnaient la vision déroutante d'un mélange de
symboles et d'interprétations impossibles. Ils permettaient d'exister dans un futur
que les chaos de formes dispensaient de rigueur. Amalgames de rêves pour des
privilèges et des libertés promises !
J'ai aimé ces arrêts brutaux et ces départs impossibles qui flambaient
dans l'insignifiance du temps et de la raison. Je confondais avec les joies de
l'adolescence l'inertie totale et l'abandon d'un corps pour la folie sauvage de
l'esprit.
192
Fraîcheurs spirituelles
Fraîcheurs spirituelles qui vagabondent à l'orée des moissons, envolées
légères qui s'élèvent vers les cieux cristallins ! Jeune homme aux épaules solides,
va et porte tes fruits sur les terres purifiées. Laisse l'insouciance et la rancune sur
le seuil de ta porte. Là-bas les routes courbées et cahotantes déambulent. Mais
l'effroi et la crainte unis et passionnés te font languir.
Je te préviens, ton orgueil doit me suivre. Moi, j'obscurcis tes secrets, je
conjugue l'inertie, la force de tes vingt ans ! C'est le devoir aujourd'hui maudit, le
bonheur de demain ! Toutes les voix de la délivrance mystifient le Temple court
des repentirs. Toutes les traces des confrères sont à oublier. Il ne reste qu'une
femme sensible qui indique la route à suivre...
... Sueurs qui transpirent déjà par mes veines ! Et meurtres de l'enfance
que j'ai abandonnés ! Éterniser son malheur est raison du pauvre ! La magnifique
satisfaction de l'enjeu ! Ho ! L'immense succès que le temps saura apprécier !
Les lourdes terres s'impatientent. Il faut aller.
Mais je vois trembler les chairs, et les ordres se vautrer dans la
couardise. L'esprit fort se meut avec l'effroi de la bête traquée, cette bête qui geint
sous les coups de la mort, et ces douleurs lascives se lamentent sous sa peau !
Puis ce sont les cicatrices éternelles de l'animal qui a trop vécu, trop souffert aussi
!
193
Tu proposes l'horreur, tu fais briller les feux de la jouissance comme un
mal utile. La venimeuse vérité enfouie sous les ors et les semailles, n'éveillera que
des feuilles épineuses, qu'un cancer de haine dans des déchirements horribles.
La misère frappe mes voûtes nocturnes. Elle me prévient, bienveillante,
des dramatiques peines à venir. De ses dents aiguisées, le sang coule sur ses
plaies purulentes. Tu arraches l'abandon d'une vie de reconnaissance formulant
l'amour de soi-même.
C'est encore la brûlure d'un esprit purifié ! Le combat éternel contre soi,
contre les autres aussi !
... "Le fruit qui savamment a mûri, n'est point cueilli ? Doit-il pourrir
dans la terre déjà grasse, dans la terre si féconde ? C'était un jus fraîchi pour les
haleines assoiffées»...
Ta vorace solitude grossit dans les bras d'un égoïste. L'aigreur se
transforme en haine et maudit toutes les facilités acquises par l'ordre des
destinées, - des forces présentes en ton esprit !
Que ton souffle enterré s'émeuve de chocs funèbres ! Ô justice de
demain ! Et cette inexpérience, ce départ trop rapide seraient-ils les raisons des
lugubres échecs ? Les précipitations d'une jeunesse impétueuse seraient-elles les
principes de ces constantes erreurs ?
194
La faiblesse te condamne, et tu revêts l'habit du mensonge pour douter.
L'agacement servile et les plaintes sont les douleurs acides exprimant ton
insatisfaction. Désordres d'une cervelle qui succombe à la tentation de l'estime !
Tes plaintes seront-elles entendues ?
Les libertés dans les saines consciences, les mères pour ces veillées
douloureuses - pour l'élévation ! Ô ces lignes fulgurantes, envolées comme des
cris de jeunesse !
Ont-ils tué l'or d'une alchimie verbale ? Les puissants instincts ne
parlent plus. Ils tombent dans les feux de l'absence. Il reste un vide immense où
même les interrogations ne résonnent plus.
La faute est en moi-même. La voix était ailleurs. Les silences prouvent
que je me suis trompé. En dilapidant la source de l'espoir, tu as voulu vivre une
aventure impossible. Ta faiblesse véritable, c'était la vanité dans un travail bâclé.
La passive insouciance est ta plainte fatale.
Mais ce renoncement pour ces erreurs pénibles, doit-il faire oublier les
instants de bonheur et les grandeurs d'une rébellion enfantine ?
Le mélange de ton âme qui succombe à l'estime, toutes tes pensées
étranges, tu te dois de les contenir. L'agacement participe aux douleurs, irritations
de l'esprit mécontent.
195
Dans ces veillées pourtant, l'élévation de l'âme assurait la jouissance à
la libre conscience. Ces pensées fulgurantes planaient sur des plaies luxuriantes.
Et ces combats, c'étaient des victoires contre soi-même, contre le néant
aussi. La joie portait les couleurs vertes d'un devenir heureux. Les formes et les
éclairs s'accouplaient pour les délices du lendemain.
L'invention était stérile sans rejet, sans le "beau". Le pur effet de
l'inconscient ! Torche sans flamme, folie sans délire ! Un regard glacé sur la vive
adolescence qui riait de son propre étonnement. Que ma disgrâce demeure
comme je n'ai pas observé ni la rigueur ni la science pour une cause à présent
perdue ! Une voie nouvelle est déjà indiquée. Une station pour l'avenir des
symphonies tourmentées, la prostitution sous mille chaleurs, une expérience...
196
Ainsi ai-je vu
Ainsi ai-je vu de lourds chevaux traîner de superbes cohortes de sel.
C'était au sortir du rêve. Oisive, entretenue par la fatigue du matin, l'imagination
jouit, reine du lieu de la chambre. Elle conduit le repos jusqu'aux portes de
l'inconnu. Encore du drôle peuplé de romantisme, des croissants de bonheurs
comme des étapes successives. Elle égrène sa course puisque le sommeil gagne et
condamne les premières heures du lever ! Quand je distribue les rôles de chacun,
par de mesquines allusions, je les sais composer l'image sacrée et transformer à
leur goût les règles de mon propre jeu.
Silence, distorsions comme des cambrures sur de planes figures, puis
des mouvements cycliques dans des bourrasques d'eaux pleines : elle se plaît avec
l'impossible, rit de ses nombreuses découvertes. Amie de l'absolu, du négatif,
femme ou démoniaque Circé, qui est-elle ?
197
Il a perdu les esplanades
Il a perdu les esplanades enlacées sous les sourires de guerres et les
charmes frileux. Les baisers brûlants comme des soupirs florentins liquéfient les
pâles signatures d'un demain. Il avait aimé les fibres mauves ouvertes aux pétales
des insouciances, et bleus les esprits respiraient lentement. Sur des bouches,
l'haleine chaude avec des satins de bonheur frôlaient les tendres silences et les
neiges aussi. Comme abaissées, des pentes multiformes ivres et libres, et c'étaient
des duvets pour des brises raréfiées. Les pas tremblaient sur les couleurs, mais les
spacieuses plaies contaient les délices de l'air. Plus loin, transposée dans des
courbes, une pluie fine de battements montait vers des éclairs heureux.
Un jour la fluidité éloigna petit à petit l'étincelle verdoyante des fusions
lourdes. Parfaite dans sa rondeur, elle dansait sur les fils bleutés de la vie et
plongeait dans les intimités avares des silences. Contre les ailes d'or, les feuillages
fondaient leurs écumes et leurs chaudes toisons. Les boutons de soie sous des
sommeils de plaisirs soufflaient les hymnes de froidures. Maintenant invitée pour
les complaintes et les cris de l'enfance, elle laisse un à un les étés fuir dans les
chaleurs boréales.
Les filigranes et les miroirs réapparaissent trempés d'images troublées,
et les frissons vieillissent les ombres de la nuit. Les jardins puis les miracles
tombent et meurent sous les délectables souffles. Les fileuses consument les
grâces sublimes des instants. Dans sa blancheur, elle épuise les plaies pensantes.
198
Le songe s'épuise et l'espoir s'ennuie. Bouleversée, roulant parmi les
meurtres de ses ombres, épousera-t-elle l'effet des voix entendues ou s'écroulerat-elle
sous le poids de ses faiblesses ? Des nombres soulèvent déjà les passives
déclarations et les chants règnent sur l'or défini.
199
Il te faudra cette semaine
Il te faudra cette semaine vieillir les fruits exaltants et longtemps
descendre les montagnes de rêves. Ils symbolisent déchets et crasses,
putréfactions horribles, odeurs insoutenables que toi seul hélas ! tu oseras humer.
Dans le désespoir de la solitude, les sens malgré un dégoût répugnant cherchent
un bonheur vain, une délivrance et un air pur regretté. Ces roulis de peines dès
que la ligne de l'esprit sera irradiée blesseront, déchireront un corps déjà noir de
pus.
Images captivantes que la misère développe à une cadence effrénée
avec l'horreur que cela inspire. L'une d'entre elles assassine les pages blondes qui
vivent dans l'attente d'un lendemain. Elle détruit l'espoir, cette unique
contemplation que tu t'essaies à conserver en toi. Je la sais brûler les taches d'or
épousées dans les ténèbres de son néant. Je la sais flamber les feuillets superbes
dont l'existence est déjà compromise.
L'autre comme attelé par quatre chevaux dévale les sommets et les
pentes de l'infortune avec l'agilité divine. Elle, parée de somptueux bijoux avance
majestueuse tenant dans sa main droite les rênes de la postérité. Les coursiers
bavent de l'écume par les naseaux, se cambrent
et crachent des flammes qui vont se perdre dans l'infini. Elle seule sait les
maîtriser.
200
Elle est ce corps svelte aux proportions harmonieuses, ce sourire
éclatant qui lui donne la dignité de la femme forte de son avenir.
Ce sont du moins ces parties qui se chevauchent, qui se succèdent avec
une vitesse, avec une rapidité incroyables. Elles glacent les intestins qui éclatent
sous l'action du froid, qui explosent sous les regards vainqueurs de la femme.
Mais libéré ou prisonnier, sous le joug de l'incorruptible confusion, les
sinuosités m'envahissent. Les éléments même de la déperdition s'acharnent sur les
sueurs de l'insomnie. Des tremblements puis des bontés, des drames puis des
voluptés et des raffinements luttent dans un tumulte de vice et de luxure.
Engagement de deux colosses gigantesques qui s'écrasent et se relèvent,
qui sont tonnerre et foudre, immortels et invincibles. Des sentences pour ces
démons, de phénoménales vengeances pour retrouver la quiétude et la paix
désirées.
Impitoyables ennemis et pourtant en harmonie avec moi-même. Mon
âme crée les combats, les charniers et les artifices. Elle engendre des nuées de
cauchemars, elle enveloppe d'étoffes gonflantes les cataclysmes subis, les
catastrophes vénérées.
J'aime à comparer cette fresque étrange avec l'épique marasme qui
détruit tout sur son passage, qui multiplie les dangers d'une vie vouée à l'étrange
et au mystère.
201
Quand s'éteignent lentement les lumières vacillantes des chandeliers
d'argent, les chambres consument encore les dernières lueurs qui s'enfuient : or,
palme et plaisirs ! Tout s'entrelace dans des coffrets immondes, tout respire les
parfums discrets que juxtaposent dans de phosphorescentes fêtes des fantômes
exhibés. Depuis que la porte laisse échapper les envolées divines par des trous
béants, ils mystifient la raison pure et contribuent à haïr les actes sauvages.
Par manque de logique déterminante, hagards et bornés, leurs
mouvements irréfléchis restreignent les essais. Ils avortent les fruits dans des
solutions troubles et inexpliquées. Le poids des fatigues retarde un exode désiré
puisqu'ils font courber les protestations avec des fouets excrémentiels. Je
m'explique : hier, les pensées, les réactions se rejoignaient par essence inconnue
mais révélée. Des complexités poreuses montaient irréelles sur des magmas de
terres travaillées. On voyait s'élever les pulsions, il en résultait cette appréciation
mouvante et incertaine.
À présent les conditions diffèrent. Je malaxe des rejets, et les
substances inondent de caractères blanchâtres des œuvres indéfinissables...
Un non-sens toujours, car s'accouplent des mots incapables d'exprimer
une opération logique. Ils sont des groupements subtils de malfaçon, incohérents
et pourtant harmonieux. Ils déterminent le doute absolu que chacun doit posséder
en soi. C'est l'incertitude pour le monde incompréhensible. C'est convaincre
l'homme de son impuissance à se diriger soi-même.
202
Rien que des planifications et des regards braqués sur l'histoire ! Des
illusions avec des instruments d'aucune efficacité. Vous brandissez des rapports,
des analyses structurées, des conclusions et des bilans sur le devenir humain. Vos
complexes machines sont vos cervelles grises qui restituent des amalgames
approximatifs. Des millions de données pour d'insignifiants résultats ! Vous en
êtes encore à la sorcellerie scientifique, vous plaisant à programmer des banalités,
des débilités de rêves enfantins.
De là, vos ressources se désagrègent, vos profondes expériences
n'accaparent que des vents incertains. Quand bien même de minuscules vérités
s'offriraient aux interprétations diverses, jamais vous n'obtiendrez la juste
appréciation recherchée.
Je suis la pensée qui exprime les intolérables mensonges que personne
n'avait osé dépister, la splendide tricherie que vous n'observerez que chez les
autres, qui se cache en vous-même malgré votre bonne volonté et vos apparences
trompeuses.
Vous vous propagez croyant manier avec habileté un appareil sans âme,
un bourreau sans sentiments, une sorte de divine force que vous contemplez
comme l'irréfutable Messie.
Hommes de science, vous n'idolâtrez qu'une mémoire, que des
fonctions irréfléchies. Vous vous plongez dans l'univers du chiffre sans espoir de
conquêtes sur le mouvement des destinées et de ses révolutions.
203
L'aigle
Loin, le dévastateur dans le ciel obscurci
Sillonnant de son aile inconnue, le remords,
Tombe sur maints poètes misérables et maudits
Et couvre de son ombre les charniers et les morts.
Les yeux remplis de fiel et du sang des esclaves,
Il boit l'œuvre sacrée, jouit cyniquement
Des martyrs dépecés traînant de noires épaves
Dans des champs merveilleux ou des déserts brûlants.
Sur sa terre, l'homme seul croit reposer en paix.
Nu, le regard braqué sur sa tâche il sommeille,
Quand un aigle puissant, majestueux l'éveille :
Et l'on entend le sordide appel du néant
Arraché à son cœur un dernier souffle au ciel :
Le poète au combat tombe épuisé, hurlant !
204
Dans les noires profondeurs
Dans les noires profondeurs de ma tragique vie,
Un spectre immense rôde la nuit autour de moi,
Un fantôme sans âme, sans chair et sans esprit
Qui lentement regarde, majestueux et droit.
Il regarde les heures s’égrener peu à peu,
Cadavre bicéphale implanté dans mon âme
Qui hante les écrits, les jette dans les larmes,
Et mon piteux savoir est toujours miséreux.
Vers d'autres gouffres encore, le blond génie espère.
Loin des cachots humides, triomphe sa mémoire :
Elle cherche son espace limpide, vaste et clair.
Elle se nourrit d'extase, de nard et d'illusoire
Et prétend posséder la beauté immortelle
Qui doucement l'élève vers la sphère irréelle.
205
Le monde est vicieux
Le monde est vicieux, je te l'ai déjà dit. Que m'importent tes paroles et
tes actes insensés pour me tirer de mes lourds sommeils ? Que me veux-tu avec
tes longues tirades et tes discours absurdes ? Tu me vends toutes les séquelles de
la pensée uniforme, réflexions de l'enthousiasme, des plaisirs et du jeu. Tu me
proposes l'avenir partagé entre mille tourments. Tu voiles tes fantasmes et tes
licences sous des questions nocturnes. Mais tu mens ! Tu désires la luxure et
l'élévation quantifiées de douleurs. Tu voles encore les attaches d'une vie saine
passée dans le silence et la solitude.
La punition sonne : une pluie d'applaudissements et un tonnerre de
symphonie. La folie m'invite aux rejets de ces concessions. Mais tes marques,
figures et souffles organisent ma soif de péchés. L'être imberbe s'étire malgré lui,
et tombe sur les portes de l'enfer. C'est ton nom qui s'étonne. L'alternative est
trompeuse. Moi, gonflé d'insouciance j'entends dès lors les bruits sourds de la
renommée - de ta renommée.
Tu dois vivre, réponse inlassable dépourvue de sens. Toutes tes haines
pour des catastrophes circulent dans mon âme. Mon désespoir te fait rêver. Ma
chute est ton envie.
Tu dispenses à l'infini les sermons que je bafoue. Tu récuses mon
affirmation. Tu accuses mes pensées. Tes chants, ta voix jettent des vibrations
désespérantes. C'est le déchirement de l'enfant vers l'adulte, la dernière phase des
206
délices de la puberté. C'est l'abrupte vérité du futur grandi. L'angoisse bat son
plein.
J'essuie les interprétations diverses, les lacunes et les déchiffrages.
Comme un grand spectre endormi je me retourne, et d'un bond m'éveille trempé
de sueurs. Ta haine me brûle, et mes entrailles se gonflent.
La marche vers les invincibles forces, le retour au sacrement des demidieux
! La jeunesse et les crasses et les feux de la raison illuminent les nombreux
détours.
À tuer les richesses, les travaux et les horreurs du soir ! Indignes les
transes et les déversements des larmes desséchées !
207
Les lignes d'or respirées
Les lignes d'or respirées
Lentement dans les vallons de l'aurore ;
Les philtres qui s'accordent
Flambent les noirs coteaux de l'hiver.
Ce sont des races et des bons étranges.
Si j'ai grand souci de l'estime ?
Libre, je déploie les passives douceurs
Aux sons ailés des villages voisins.
L'accord des pâtres pour des chansons,
Les mauves poursuivent l'air humé,
Et les courses se plantent entre deux eaux.
Ai-je le goût de l'atroce silence ?
Veulent-ils l'aurore des points cardinaux ?
Pour les vents du déchet, l'empreinte
Et le danger sur des pierres coupantes.
208
Ai-je grand souci de l'estime
Quand le soir les rentrées nonchalantes
Poussent l'ennui dans les mares et les boues ?
Nature, guette les travaux des champs.
Il te faut atteindre l'espace lointain.
Bonheur dans l'évident silence,
Ton esprit est encore tué ! Rencontres et reflets
Des taches dorées sur les mousses exigeantes !
Je rendrai l'intelligence pourprée.
Et dans les semailles d'un autre hier,
Je tremperai ses lichens aimés.
L'herbe violette sentira bon
Par-dessus le val tout glacé de plaisir.
Quoi ! L’ensemble est réparti dans les terres ?
Il baise l'air frais, et plus loin la rosée.
Canton, aurai-je encore mainte estime ?
Feu des prés, voleur des disgrâces,
La folie est consternée dans l'envol prochain.
209
Mais puis-je maudire ainsi déchus
Ces philtres, ces lignes, ces accords,
La permission d'un renouveau ?
Les oisifs pleins de tourments écoutent,
Gardent le mot qui se devine.
Même l'hôte peint la saison chargée.
L'air pur se voudrait être digne dans l'orgueil ;
Les brumes fléchissent peu à peu ;
Des bonheurs sous les couches perdues ?
Des soleils d'automne qui se tannent la peau ?
Quand tu pleures tes mensonges,
Quels instincts pour la possession des Natures ?
D'une voix qui épuise les chœurs étrangers,
Les vertes couleurs muent inlassablement,
Mais les superbes brises souffrent-elles ?
Ha ! Comprendre cette infortune ! ...
Pourquoi ces crachats rentables ?
Serait-ce l'ordre bleu des pensées d'argent ?
210
La soif sèche les fenaisons détestées.
Lignes cent fois maudites, philtres et accords !
Mais sur des fragments resplendira le soleil !
Tu joues le miracle de l'espérance humée.
Des fous se pâment bien pour quelque or.
Tu te lies avec la précocité urbaine.
Et dans les spasmes de l'effroi, de l'angoisse,
Des monstres attaquent, tu es seul !
La ville détruit la noble fonction,
Et conspire contre l'audacieuse foi.
Ligue ancestrale et fatidique !
Ce cri achève les paroles rêvées
Puis crache sa démence dans les bruits de l'action.
Gigantesques souterrains, et arbres de fer,
Combat des formes dans l'artère jaunâtre !
211
Val mousseux sous les buissons du silence ?
Teintes sublimes transférées par l'invention ?
La chair du poète arrachée par des loups.
Ho ! Du tombeau de la gloire s'enfuit le rubis !
Poisse et crasse et vieilleries, et dégoût encore !
212
Mouvements sur les clartés
Mouvements sur les clartés et les paraboles d'argent,
L'hymne des fées et des vierges s'ébat
Et tournoie dans les vapeurs de l'été.
Fluides jaunes qui bondissent dans les chaleurs inertes.
Les ondes blanchies montent sur les faisceaux d'or.
Contre les rares sèves, les monts et les calices,
Un segment de droite est dirigé vers les champs,
Et l'astre gonfle le feu des lumières vivifiantes.
L'équilibre s'étend sur les folies boréales.
Le magnétique attrait subit les couleurs
Et s'élance sec et brûlant vers les pluies inouïes.
L'élasticité des secondes conduite par des photons
Perturbe la pesanteur des rayons irradiés.
Tout danse dans l'arc-en-ciel bruni
De force et de phosphore. Les lumineuses plaies
S'éloignent avec peine sous les pastels, par principe.
213
Des sépias teignent un phare de proue,
Vers l'extérieur soulevé de la terre,
Et les flux propagent les chocs
Sur l'écran métallique.
Variétés de l'origine transposées jusqu'aux
Migratoires pensées. Enfin cataclysmes teigneux
Qui rebondissent dans les soleils de l'aurore,
Repères et flèches pour la géométrie du Néant.
Les siècles bariolés longent leur espace,
Et les nébuleuses ocre tourbillonnent à l'est.
C'est un point engouffré sous les ombres et les noirs :
Le dépassement de l'origine retourne au réel.
214
Par-delà
Par-delà toutes ces forces qui usent ta vigueur divine, par-delà le
harcèlement continuel qu'il te faut subir, c'est l'esprit de la soumission que tu es
prêt à accepter.
Tu jouis de ces mensonges comme une femme complaisante baignée
dans de monstrueuses orgies. Tes revendications ne sont que de pleutres facilités.
Car tu touches d'un doigt mesquin les saveurs déployées, les suavités fulgurantes.
Tu aimes à entendre ces agaceries bizarres qui frappent ton âme révoltée.
Ces horizons s'illuminent tout à coup avec des torches vivantes
enflammant l'intérieur de ton esprit possédé et visqueux. Tu vis dans l'horreur de
la déformation. Tu acceptes cette soif de vengeance dont la seule utilité est de te
nuire. Après la contemplation unique des règnes putrides, tu te plais à jouir des
luttes excessives indignes de ton affreuse loi.
215
Que le délassement assombrisse
Que le délassement assombrisse les pensées élevées ! Que l'or battu
parmi les treilles inonde les pages de transparence ! Que l'orgueil envoûté par un
maléfice inhumain use de troublantes paroles en ces décennies de perdition ! Oh !
Qu’une transfusion de sang neuf comme une gerbe d'allégresse emplisse mes
veines !
Le passage étroit pour deux âmes accède aux caves de la déportation. Il
nous faut être bien nés dans la solitude, - là est la dernière image de l'amour !
Vies de l'âme, ingratitudes des râles, la volupté est bénie encore. La volupté
contemple le monde. Elle va, elle vient et s'étonne dans les profondeurs du moi.
Stupide à noircir la feuille, dit l'ancien. Heureux présage de l'enfant, dit
l'adulte. Déferlement animal, dit le sage.
216
Ô si pure et si loin
Ô si pure et si loin qu'une lueur m'émeut !
Hélas ! Belle sous le doux bercement de la fleur,
Je vis la merveilleuse dans les antiques feux,
Une pâle beauté saignante de douleurs.
Telle défaite de l'éternel complice encore !
Lourde de somnolence, ô baisers de saveurs,
Maint drame répété en mon cœur à éclore !
Et l'œil pour les substances divines et les douceurs.
Se pose sur l'inconnue, le blond désir rêvé !
C'est le terrible aveu, terme clair de l'espoir.
Enivré de nature, je croyais voir couler
Sur votre bouche rouge la blancheur d'un cristal.
217
Cérémonial
Grâce ! Voici venus les ans
Où teignant ta chevelure,
Je fis tomber suivant
L'éclat doré de ta parure,
Le cor fin, l'onde d'argent.
Et vaincu des découvertes
Alignées contre l'effort vacant
Fussent gloires très offertes ?
Nenni ! Par le plomb infusé,
Couleurs royales de l'ennui,
Pour le cœur, aux pieds jeté,
Rempart dans cette froidure,
C'était ! Été engourdi
Casque sacré et impur !
218
Vapeur d'une audace
Vaste enveloppement :
De là s'endort l'animosité.
Ô le golfe léger pour une étoile diffuse !
Les flammes claires des opales de feu,
L'opulence des magnanimes exploits.
Dans la veillée, l'oracle murmuré
Telle une mort délicieuse et vague.
La volée neigeuse dans les vents d'Espagne,
Les esclaves du soleil dans les cohortes des nuits.
Sous les baies claires l'instrument insipide
Qu'une discorde entame et vole parfois.
C'est le seuil où l'ondée s'amuse.
Un char va éclatant sur l'orée des Santals.
219
L'eau neuve circule
Par les dépaysements sauvages.
Lenteur des pôles que l'attraction
Distribue à soi-même.
Pour la courbe cosmique,
Le terrain glorieux
Et des fractions d'évidence
Sous un ciel bellâtre.
Tu distribues et condamnes
L'ordre de la seconde
Comme aux temps soucieux du mirage.
Pâles brumes de l'aurore, horloges de sang,
Mais la raison est de redescendre.
220
Je veux te dédier
Je veux te dédier, chatoyante parure, sur des coussins bercés par le luxe et
l'encens, cet hymne solennel bordé de sa froidure, et promis aux secousses
vengeresses du Néant.
Alors je te convie entre ces quatre murs, au sublime festin de l'inconnu
malheur, et je prépare, cynique, une noble mixture qui brûlera ta peau et percera
ton cœur.
Et quand, momie étrange et desséchée, sur un plateau superbe, je te
poserai nue, tu vibreras encore de spasmes saccadés, admirable beauté que j'aime
et que je tue !
221
Alors tu te réveilles
Alors tu te réveilles, ô beau corps de déesse !
Tu cherches mes désirs comblés par les tourments.
La pointe de ton sein sevré de sang se dresse,
Mon admirable amie et mon sublime amant !
Si mon ventre s'éteint, j'appelle tes lueurs.
Je jouis de l'incomparable volupté
De rester en moi-même et d'être un autre ailleurs,
De créer un génie aux plaisirs insensés !
Je verrouille ta chair, la place du bonheur.
Je dors paisiblement dans le cœur des Aimées.
J'invoque ta richesse, ta sublime saveur,
Ta substance promise, et ton nectar sacré !
222
Encore moi éternellement !
Encore moi éternellement !
Puisqu'il te faut partir
Dans les chaleurs du printemps,
Plutôt que de mourir
Vivons en suppliant.
Encore moi éternellement !
On me dit : use
Les traces de l'été.
La folie amuse
Les hommes détraqués.
Réponds : demeure
LUI éternellement
Depuis trois cents ans.
223
Au fil des heures
Sale mauvais temps etc.
Il continue :
LUI éternellement.
Avançons ta mue,
Il n'est pas très grand.
Encore Moi de temps en temps.
224
La belle agite
La belle agite ses roses bleues, - fruits des pastorales dans l'air salin.
Encore des mots divaguant en mémoire.
Je plonge sous les sataniques virgules, un non-sens, rapport d'ensemble.
À séparer lisiblement. Impossible à comprendre.
Ô vapeurs douces comme je vous parle ! Réponses agressives de l'audelà
burlesque.
À mes marques. Je frôle, haleine chaude, les robes claires, - pucelles
respirées, jambes blanches. Les ébats des corps dans les bois tendres. Bouches,
langues fines sans paroles. Taisons les odeurs cachées dans les sexes.
Je me vois perdu sous le miroir des âmes. Images, cognez au carreau !
Je transpose mes cloches avec mes délires. Un Jean ? Non - des gens - des
invisibles. Et mes poètes connus ? Tous des génies !
Ma faiblesse d'apercevoir... Si ridicule ! Flotte ou nage, tas de nerfs
ambulants, excitation démoniaque.
225
Élégante ta démarche. Quelle efficacité ? Roulis de corps dans la
bourgeoisie modeste. Ça ne veut rien dire... Il me l'a dit.
Sorties insoupçonnées, le tunnel des anges. Retours à d'anciennes
époques. Je renais. Ouf ! Le stupide est à décrire. C'est du Jésus et de la Marie,
hélas ! Pas de neuf.
Lettre aux imbéciles. Et alors ? Rien. Nébuleuses rarissimes, géniales
perversions. Mes glaciales pensées, comme je vous aime. Mais si ...
Encore le silence. La lente agonie ? Atteindrai-je mon Dieu, mes
desseins ? Toujours ce corps qui se sépare. Vers le coït à deux.
226
Couchée, évasive et nue
Couchée, évasive et nue, je la voyais sourire d'aise. "Ne veux-tu pas
mon cœur perdu venir mourir une autre fois dans mes bras si grands qu'ils y
renfermeraient l'univers ? Tu t'éloignes de mon étreinte. As-tu donc peur de ces
anges méchants qui rôdent autour de mon âme, et que passionnée toi aussi tu
peux entendre ?
Laisse-les mourir de souffrance, d'envie et de plaisir aussi ! La pauvre
mort n'est plus rien. Qu'elle croupisse ou voltige autour de nos corps, nous n'en
avons que faire !
Vivons pour nous deux seulement, pour la lueur sacrée de tes prunelles
éclatantes ! Je trouverai dans ces yeux-là l'oubli et l'ivresse de l'amour fatigué. Je
boirai à la source de tes larmes, et peut-être dégusterai-je l’élixir aphrodisiaque
qui réveillera mon ardeur de poète enfant ?"
des pays autres.
Mais la terriblement belle soupire, baille et s'étire pour s'endormir vers
227
Par la fenêtre échappées
Par la fenêtre échappées, se résignent à mourir ou à disparaître - que
sais-je ? - les dernières saveurs des masses bleues.
Les fluides vaporeux s'éloignent nonchalamment puis s'activent à sortir
comme aspirés par le dehors.
Tous les maux de l'âme d'ivresse fatiguée cherchent à fuir par le saint
breuvage bu, ou par le rêve indolent des anges perçus.
Que faire ? Oui, écrire de lassitude. Quand sonnent les trois heures la
souffrance arrive à grands pas comme possédée et horrible !
Je m'évanouis dans mes joies anciennes. Jadis, ne rêvassais-je pas lourd
de mes somnolences de poète. (Petit damné, tu dis des bêtises !) Retournons vers
l'avenir. Soit : vers moi-même. Poursuis ces pages de signes bizarres. Éreinte-toi
à noircir de nouvelles pâleurs.
228
Va, mon cœur amoureux
Va, mon cœur amoureux caresser la charmante ;
Va longtemps respirer sa douce odeur d’amante.
Quand ivre de vertiges tu sauras t’endormir,
Sa folle chevelure sera un long soupir.
Toutes tes passions mêlées dans un grand rêve
Vogueront lentement vers la mer qui s’achève,
Et comme le tangué qui berce le bateau,
Seront baisers d’écume sur le roulis des flots.
Évade-toi toujours ; tes puissantes pensées
Comme font les marins dans leurs cœurs oppressés,
Seront colombes blanches dans l’ombre qui expire.
Mais au matin songeant au rêve qui délire
Te réveilleras-tu aux bercements des eaux ?
Mais, ô mon corps, entends les pleurs des matelots !
229
Quand j’aurai épuisé
Quand j’aurai épuisé ma semence charnelle
Dans tes gémissements, ô ma douce cruelle,
Quand le noir repentir sur la couche d’extases
Saura trop me punir de l’horreur des orgasmes,
Je plongerai mon cœur dans ses froides ténèbres,
J’éclairerai mon âme de ses torches funèbres,
Et regagnant ce lieu que tu ne connais pas
J’irai maudire mon corps d’aimer tous tes appâts.
Et peut-être verrai-je à la clarté du Mal
Descendant l’escalier de mon vice infernal
De ces vers resplendir le feu des passions ?
Dans la nuit son phosphore rongera mon remords
Et me fera mourir de pénétrer ton corps,
Ô mon sublime objet, sombre tentation !
230
Cheval noir
Cheval noir, sang rouge. Frissons de femme, courez sur mon corps.
pétales plombés.
Œillets des cimetières, les tombes s'animent encombrées de lourds
Lutins espiègles ? Amuseurs du génie ? Mon âme froissée respire
encore les doux sanglots posés sur sa bouche.
anciennes.
Comme du miel, larmes d'enfance. Blancheurs blêmes d'amours
Fille stérile à la chevelure tiède. Étés courus dans la blondeur des blés.
vagin.
Je roule et je tombe vers ton corps. Je meurs pour les chaleurs de ton
231
Oui, aux portes des cieux
Oui, aux portes des cieux baignés d'anges étranges
Où se mêle l'abandon, se pense un rêve qui change.
Dans le mouvement imperceptible des nuits,
Cette angoisse morose est l'ennui de tes craintes,
Et son effroi stérile, puissant et infini
S'élève jusqu'à l'aurore imprégné de contraintes.
Ô soupirs vainement soufflés par mon orgueil !
Ô la lumière torve des derniers sacrements !
La racine interdite jette la feuille qu'elle cueille,
Absence de blanche sève distribuée au temps.
Mais un délire encore m'arrache à mon sommeil.
Je veux par l'alchimie l'impérieux effort,
Et je renais d'or pur vers de faibles merveilles.
Mon âme est consumée et sa raison s'endort !
232
Et l'espace agrandi en rimes de rumeur
Offre l'objet stupide, tintamarre sans éclat,
Au maître de mes lieux sans pitié pour son cœur,
Pourtant reconnaissant d'un quelconque débat !
233
Mon âme entière
Mon âme entière choisit cette Pléiade s'écrie
Le poète exalté. Ombres vaines, cessez
Le martyre du génie ! Que d'amours prodiguées
Il sache si bien plaire ! Sa souffrance est secrète !
Don cruel ! Don cruel ! Souffle divin en moi,
Je tombe et m'abandonne à cette Mort vicieuse
Qui mesure et raisonne les sentiments profonds
Et humains quelque fois.
Elle calcule, elle se vante
Elle attaque et détruit les nobles dispositions
En versant ses brimades. Elle est ordre et justice,
Et consternation !
Je m'enivre de sèves
Qui sont bues sur les Arbres, et leur ombrage heureux
Est un puissant délire. Les notes de ma lyre
Bercent les vents d'automne au plus loin, dans le calme.
234
Pourtant je m'interdis les mornes explications.
Je préfère me cacher dans les noires bruyères.
Ma race suprême se perd dans son étonnement.
Je crèverai tout seul, nourri de ma misère.
Ho ! Belle impertinence ! m'écriai-je à la Mort,
Que ne peux-tu goûter à tous ces nobles fruits !
L'aigreur n'est point donnée à cette blanche page.
Enivre-toi de la grenade, mais incomprise
Toujours te sera sa structure !
Je choisirai
Savant, mes rayons purs et mon esprit sera
La tombe où le soleil viendra s'y recueillir.
Ma solitude aimée, paix des intelligences,
Ma folie commettra des péchés infinis
Par rêves d'insouciances.
235
Hymne au Divin
Toi qui dans le Néant fais flamber tes lueurs,
Toi qui du noir obscur engendres la lumière,
Toi qui dans l’Au-delà sais ta gloire première,
Et du génie sublime éclaire tes sueurs,
Peux-tu par ma prière satisfaire ma mémoire,
Et peux-tu lui donner par l’âme qui soupire,
Le divin sacrifice de l’esprit qui expire,
Qui implore et supplie son impossible espoir ?
Car tu peux abolir les lois et son futur,
Et te faire obéir du vil et du plus pur,
Imposant dans les Cieux le puissant repentir.
Toi qui Maître Géant renais de tous les morts,
Qui d’Essence promise défais tant de remords,
Veux-tu Force Inconnue ton hymne retentir ?
236
Éloge
Si René Char m’aidait.
Me faut-il donc extraire de nouveaux sucs princiers, de pures
substances créatrices ? Ou dois-je plonger dans mon désespoir pour y remonter
quelques folies perverses, quelques vices inconnus ?
Mais moi depuis trop longtemps j’ai délaissé l’art du Néant. Je ne
conçois plus que par la matière spirituelle, l’élan mystique et sa souffrance de
Saint.
Je suis peut-être trop “ Christ ”, trop “ Voyant ” pour vous, mes chers
poètes d’autrefois. J’ai tant aimé vos œuvres, plus que vos biographies, plus que
vos visages.
flux !
Je ne dirai point la teneur du souci. Dans la nécessité, abstiens-toi de ce
trouvera l’idéal.
Qui épouse beaucoup, rendra plus d’un centuple. Mais qui expire peu
À fenêtre ébahie, impose-toi le doute ;
237
Ne mésestime pas la folie du pervers.
J’en connais qui se croient auréolés de gloire.
La petitesse nous invite à la supplication.
Cette futile jeune fille aux accents inconnus, aux poses audacieuses, se
faisant femme dans des relents d’adolescence, je l’ai prise et reprise puis
délaissée sur le lit béant de nos nocturnes perversités.
Prends ta chair, fais corps avec elle ; au plaisir de sa salive, d’autres
mots, d’autres phrases se formeront par la bouche ovale, par le vagin charnel ou
l’extase des sens.
J’ai perdu dans la contemplation de mes Dieux, la folie insouciante de
mon impiété. Je produis par l’Esprit, sous l’ordre de l’Éternel. Et tu me parles de
cuisses, de rondeurs féminines ?
238
Ô toi qui plonges
I
Ô toi qui plonges dans le lourd sommeil sans images, conçois quelque
peu par cette substance autre...
Tu m’es espoir par la pureté de l’Oint et sur l’onde inventive, tu oscilles
ou tu penses y découvrir le futur d’un secret.
Ou mieux, tu es le souffle gonflé d’idées sereines, l’algèbre complexe
d’un élixir à découvrir, à déceler là au plus loin, au plus proche pourtant de la
raison diffuse.
Tu m’es l’approche insoupçonnée, la brise d’aile légère dans le
battement envolé, et je dois te saisir, ombre belle d’idée fraîche comme une
femme imagée.
Ou lentement tu descends les marches pour caresser le pur miroir d’eau
fugitive, Princesse chaste aux pieds rêvés.
Et je dois te capturer dans la transparence de ma pensée, quand à peine
saisie, tu m’as échappé.
239
Et je dois te concevoir dans la claire essence d’un concept supérieur ...
Folie ! Audace ! Oser te comparer de la sorte à la femme, toi mon
principe d’élévation, toi ma spéculation de l’esprit !
II
repos de mon corps.
Je délaisse la terre d’ombres et d’odeurs où la forme de femme est
Je vous cherche, grains de lumière pensés.
Produisez plus sereinement, ô mes grains de lumière dans mon vide
intérieur, comme météorites brûlées dans l’atmosphère. Mon ciel, ma mer dans
leur calme apaisé, et c’est douceur encore sous l’égide de Pollux.
Femme alanguie dans sa mollesse, dormeuse entre mes bras au plus
clair de la nuit, qui donc en moi écoute le pur gémissement de ta faiblesse ? M’estu
démon ? M’es-tu captive ? Ou le mal apaisé ? M’es-tu captive et soumise ou
belle d’abandon dans l’évanouissement de ta chair ?
240
Solitude, au plus profond de l’homme !
I
Solitude, au plus profond de l’homme ! Celle qui se répand sur mon
épaule, lourde de chair et de fatigue, comprendra-t-elle un jour le secret de mon
songe ?
tes paillettes d’or ...
Splendide solitude au sublime de l’homme ...
Je te sais seulement pour ta source de femme, je respire confusément
Le désir s’est enfui dans les vapeurs légères de l’orgasme. Je délaisse
ce front de femme offert à la caresse suprême. Je plonge dans ma propre envie
pour me savoir autrement, pour me comprendre un peu mieux.
Celle qui souffle son haleine claire, comme brise très pure par ses
lèvres éclatées de rouge dans la nacre brillante et parfaite, celle plus dévêtue que
femme, repose corps alangui, rêveur.
Toute perception plus douce à contempler, blonde et admirée ... Idéale
sphère qui tient par son sublime ovale du visage ... et de quelle autre grâce
241
supérieure encore t’aimer ? Je la sais lointaine, mystérieuse encore dans
l’invisible et l’infini.
Saveur de chair recommencée et vierge pour l’amant toujours nouveau,
constance d’épouse qui supplie et gémit, beauté prise au cœur de son intime, dans
son essence de femme, ô grâce et je suis ton captif dans le creux de toi-même ...
Par toi, le rêve se forme, les noces spirituelles de l’amant, de la muse ;
par toi, la chair se meurt et délaisse le miel délicieux de l’âme, grandes douceurs
pour l’ultime épanouissement de ton orgasme.
Solitude au plus profond de l’homme ! Celle qui se répand etc.
II
Et cet oint sublimé chez les hommes : “ Prophéties ! Prophéties ! ” Paroles
naissantes inspirées par les Dieux, et tout ce souffle ailé, substances nourricières pour
les générations autres, pour les fils et les filles plus purs peut-être ... de comprendre
l’annonce faite.
Nulle âme encore ne peut y prendre le message. Qu’on le bâillonne
donc ! Le convainque de se taire dans l’assemblée silencieuse, dans la haute
assemblée insouciante des paroles d’avenir !
242
La belle perte de syllabes confuse roule sur la bouche de l’interdit, se
mêle à la salive, à l’huile salivée. Les yeux lumineux brûlent d’un sel supérieur,
et contemplent la beauté du Fils, soupirant, soupirant, hélas ! ...
Je supplie et j’ai souci d’extase dans l’invisible à créer : ombre de
femme et miel de femme, comme embarcation légère sur des mouvements de
tangués et de voiles agitées encore.
Voici l’amante endormie qui respire imprégnée de songe, soufflée de
mensonges à la première heure bleue. Elle-même est fleur épanouie et reposée.
C’est elle qui sommeille sous la pénombre du jour dans son amas
confus de formes lourdes et d’étoffes épaisses et drapées, là dans son avalanche,
elle dort.
Et moi, je veille celle qui ne m’entend pas.
Ô rêveuse jusqu’à moi hors de toi, temple d’images, qui médite dans
l’inconnu des hommes, comme pensée très pure vers l’espace aérien, que n’es-tu
donc que l’imperceptible certitude de vérité, qui côtoie le mensonge, le roule, le
souffle comme la femme experte ?
Observe-moi enfin : je m’éveille, je m’éclaire tout à coup, je prends
science de ta haute naissance, le front marqué du sceau divin ; quel subtil
bruissement approche encore tout près de toi ?
243
Vocation qui s’ouvre sur l’ordre de l’illuminé de sphères et de lumières ! Ô
splendeur de la Force sublime ! Ô toi éternellement pur qui te consumes et renais dans
l’instant, dois-je le dire ? ...
244
Ô parfum répandu
Ô parfum répandu sur tes courbes célèbres,
Aromate bizarre nourri de chair intime,
Lente macération de ma plus pure estime,
Je veux trois fois mourir dans tes trouées funèbres.
Et j’irai me répandre là où jaillit la sève,
Dormir au plus lointain de cette forêt sombre,
Me coucher bienheureux comme rêvent les ombres
Et voguer ou nager vers la chair qui s’élève.
Et qui sait si là-bas éloigné de l’horreur,
De la cynique vie où s’épuisent mes jours
Je trouverai un lieu pour chasser ma torpeur ?
Se peut-il qu’en toi-même dans la nuit enfermé,
Je découvre l’issue qui m’offre le secours,
Ô fatal interdit du plaisir embaumé ?
245
Divinités propices ...
Divinités propices à toute sorte de savoir, c’est encore vous que je
supplie, que je supplie agenouillé dans l’innocence
de moi-même ...
Et les superbes livres nourris de pensées supérieures, où sont-ils ? J’en
ferai ma culture ... Déjà je veux m’instruire.
Pourquoi serai-je triste ? Ai-je bu à la gourde de l’homme ? Me suis-je
enivré de son nectar ? Quel nectar ?
Si l’homme s’engage à mes côtés, je le ferai boire face au Vent, face au
grand Vent du Savoir.
Mes Dieux sont venus me donner naissance pour la deuxième fois.
Jaillissez, ô forces divines ! Suis-je le bien de votre progéniture, suis-je rajout ?
Oui, Fils, plus beau encore dans ma certitude, vois, je te consacre tout.
Sont-ce pensées nouvelles dans le vent divin ? Irai-je ailleurs, là-bas, au
plus profond de moi-même pour concevoir autrement ? Donnez-moi, ô Dieux, la
plénitude de mon dû !
246
Encore conceptions plus pures, conceptions élevées par l’Esprit qui
pense, par l’Esprit secondé.
C’est un vol inconnu au-dessus de la ville.
Ha ! Certes, des pensées élevées nourries à l’essence du Vent ! Certes,
des concepts autrement définis ! ...
C’est l’envolée vers les espoirs nouveaux, une légèreté de plume qui
monte dans les airs !
L’impatience excède l’homme, homme étrange, sorte de transmetteur
entre la masse et l’irréel, le sommet et le néant. Oui, l’homme dans sa réalité
stupide et borgne, inapte à comprendre et à se reconstruire, l’homme simple et
primaire.
Ce n’est point la foudre, l’illumination brève dans le noir charbon qui
est invoquée, non, ce qui est invoqué c’est l’Autre, je veux dire le frère de Dieu,
sa Présence.
“ Me voyez-vous soudain ? Déjà, je disparais, déjà je ne suis plus, moi
qui suis apparu ”.
247
Ô moi qui subis les outrages, moi si frais dans le monstrueux orage,
saurai-je faire de mes dieux mon Festin ?
Me hâter, me hâter ! produire vite et mieux dans le bel environnement,
dans le lieu favorable, bien éloigné de la cuisse, de l’aisselle aigre de la femme, et
peut-être que mes Fils me succéderont ...
Oui, semences venues du ciel, venez me développer. Aurai-je le
privilège d’être novateur ?
Venez m’envahir, venez me dominer, soyez mes tuteurs, ô Pères de
l’Esprit. Que je croisse, et dans l’expectative des choses de croissance, que la
puissance du Fils, que son immense vérité se fortifie encore !
La grande formation doctrinale doit me nourrir, m’instruire et m’élever.
Et n’ai-je pas l’espoir d’une potentialité autre, nouvelle, plus performante, peutêtre
!
Si l’homme de poésie préfère la rose à son créateur, l’oiseau à son
géniteur, qui puis-je ? Oiseau et rose s’en retourneront à la mort.
Non, je ne suis pas le maître de ma pensée, je suis là face au Vent,
essayant de comprendre, de saisir et de concevoir aussi.
248
Aphrodite
Cependant la beauté depuis déjà longtemps soumise à des désirs
inassouvis, nourrit au plus profond de sa chair des souffrances extrêmes, un
invisible feu la torture dans son corps, et elle gémit de languir.
La puissance éclatante du héros, les superbes reliefs de ses muscles
reviennent constamment à sa pensée. La force remarquable de sa nudité demeure
fixée dans son esprit, et troublée par ses images inoubliables elle ne peut
abandonner ses membres à un repos qui puisse l’apaiser.
Le jour s’était levé, et l’Aurore balbutiante éclairait mollement de ses
faibles rayons la chambre encore humide, alors Aphrodite se fit à elle-même cette
douce confidence :
“Ô toi ma propre sœur, quelles sublimes visions me tourmentent et me
tiennent en suspens ! Qui est ce dieu superbe qui pénètre en nos âmes ? Quelle
grandeur, quelle noblesse s’animent sur son visage ! Cette beauté virile m’a saisi
tout à coup, et je peux supposer de grandioses exploits ! Oui, je veux l’espérer, -
que cela ne me soit point illusoire - il est lui-même un dieu. La médiocrité se
répand dans la cervelle des plus humbles, la couardise et la crainte ont tôt fait de
s’animer en eux ... Mais lui, de quelle essence est-il fait ? Quelle mère l’a porté ?
Je puis imaginer sa destinée glorieuse, ses guerres et tous les périls qu’il a dû
affronter ... Mais je m’éloigne, je le désire, je le recherche et ai la ferme volonté
de m’unir à son corps par les effluves du plaisir.
249
Trop longtemps déçue par mes premières amours, je voulais délaisser le
nuptial combat et imposais à mes sens de ne plus succomber. J’éteignais la torche
ardente qui gît profondément dans le corps de la femme, et je crus en moi-même
me dégoûter de tout plaisir. Pourtant j’en ai la certitude, il tourmente à nouveau
mes sens et me fait souffrir des orgasmes interdits, toute ma volonté ne pourrait
me contenir, constamment je le vois, je le sais me prendre et me pénétrer pour
exploser après des profonds va-et-vient dans ma chair. Je connais à nouveau le
désir d’autrefois, je sens jaillir les flammes de la torche d’hier.
Ô mon Père, de quels tourments ta pauvre fille s’agite tout à coup !
Veuille me pardonner, ou me précipite alors dans la profonde nuit avec les tristes
ombres pour n’en plus revenir !”
Elle parla ainsi, et soumise à des convulsions étranges laissa éclater des
larmes qui se répandirent sur sa blanche poitrine.
250
Apparition bleue
Quoi ! Plus pure encore là dans l’invisible glace
Que l’impossible esprit agite en ma faveur
Et anime inconnue par cet air qui efface
Sous la masse légère de mon effet rêveur
Mais proche et bondissante en mousseline nue
Apparaît et sourit voltigeuse si claire
En amas d’ombres jaunes de tête chevelue
Comme beauté stérile foudroyant un éclair
Et du réveil soudain s’échappe l’irréelle
Enveloppée de limbes et de pâles nymphes, elle
Décor agonisant fuyant dans roses bleues
Que je sais murmurer pour un plus bref azur
Éloigné mais si proche et s’enfuient à mesure
Que l’âme se défait de ses volutes feues.
251
Baignée en chevelure
Baignée en chevelure comme cascade blonde
Un flot de femme plonge dans la vasque azurée,
Pressant une torsade par sa main épurée
Elle sépare les gouttes qui dans la jarre tombent.
Et nue mais éloignée en sa masse de chair,
Je vois confusément dans son miroir mêlé
La forme abandonnée sur des voilures ailées
Que des feux incertains par leurs renvois éclairent.
Tout s’encombre de vague : femme, glace et lumière,
Et la confusion est sublime à dépeindre
Parmi ce paysage offert à la lumière.
Ramasse mousseline à ses pieds pour se ceindre
Tournoie, se précipite dans sa vasque azurée
Et d’un bond disparaît par le rêve éveillé.
252
La pensée intérieure
La pensée intérieure s'ouvre et telle une corolle et un bouquet d'idées
remplis de vertiges et d'images resplendit tout à coup sous ce vaste dôme :
Pyramides bleues, cyclones d'espoir, fluides lumineux qui jaillissent
comme des boules multicolores,
Tournesol voltigeant, oeil d'extase enivré de folies très légères,
Puissances de sonorités, chambres de notes, monologues aigus et
incompris,
Souffles, raisons exquises enrubannées de douceurs adorables,
Tourbillons, vapeurs rousses qui s'élèvent dans la nuit de jade,
Envolées de lumières, ailes claires tachetées de blanc,
Je m'endormis, j'inventais mon sommeil, je contemplais la nuit se
draper de signes lumineux :
Femmes vivantes, bracelets de chair et de flammes, îles ardentes qui
respirent les parfums aériens,
Sources élégantes, chevelures floues et vaporeuses, bras de mouvances
là-bas dans l'interdit, derrière la porte de sang.
Pourtant j'attendais stupidement qu'une présence féminine s'en vint.
253
néant.
Rien que le silence énorme éclatant sous un soleil invisible d'ombre, de
Il y avait nul espoir de changement. Qui pouvait venir ? J'entendis une
rumeur de pieds bruyants circuler dans les ruelles de l'esprit.
Parle-moi, ô fille ! Est-ce toi ? Fille de l'agonie ? Tu n'as pas de voix ?
Il y a du sang, il y a des pieds déchiquetés, souffrants sur les ronces, des
habits déchirés,
Il y a ta chevelure d'or.
254
L'homme supplie
L'homme supplie inexorablement,
L'homme dont l'esprit grandi par l'imagination s'épuise à extraire,
cherche à se délivrer par la pensée, source et jaillissement.
L'homme qui s'élève dans sa croyance, qui accède à la construction
interne, à l'architecture souveraine.
À lui, la certitude dans la venue du Verbe.
Accumuler encore dans la surabondance de la création, fouetter le sang
des neurones pour tirer encore du suc, de la connaissance, de la lumière.
Je porte au doigt l'anneau de voyance et au poignet le bracelet de vérité.
constamment.
Dame la conscience de ma médiocrité, l'œuvre est détestable, à bannir
255
La cité intérieure
Environné d'espoirs
Souffle immense de rumeurs
Grandes silhouettes impalpables
Alors je pense, j'entends
Je conçois
les perceptions sont irréelles
Inaudibles - tout se fait et se défait
Autour de moi.
Donc j'avance dans mon centre
Dans ma pensée circulaire.
Oui, j'avance
Au milieu des graines illuminées
de phosphore, de néant
de certitude et d'imbécillité
J'avance de manière sereine.
J'entends un murmure plaintif
Y a-t-il bourdonnements d'images ?
256
À présent je produis quelque peu
Je tire des signes
Un espoir est planté dans la cervelle
comme un drapeau noir sur blanc
comme des signes sur une feuille de papier.
Le poème s'élabore.
Voilà,
Dans ma ville poétique,
Je réveille les néons,
Quelques lampes s'éclairent
Je prends en moi, je vole à autrui
Je déambule sur les traces de mes idées
bric à bric d'étincelles
Maintenant je marche
à droite, à gauche, je décris ce que je vois.
Façade belle de femme,
serrure de sexes
odeur de salpêtre
Oui, comme une statue de marbre
257
puis portique, comme intérieure
Va-et-vient du passant
balance, oscillations
et toujours ces silhouettes
formes impalpables, inexplicables
mais présentes
Je cherche dans cette rue l'extase
Mes yeux chavirent, brillent,
miroirs captivants.
L'avenir toujours est interne,
occulte, sous un flot de transparences
sous des folies de merveilles
Il brille de femmes, de feu, d'orgasme
Tout se mêle, se dissipe, se recrée
dans la grandeur du Temple
On entend des voix monter, supplier,
Quémander,
On entend des gémissements
l'âme se plaint, interroge et veut jouir
comme une fille en rut dans l'épanouissement.
258
Les souffles lentement s'éloignent.
Me voilà à nouveau titubant
cherchant
un principe absolu qui m'échappe
qui m'égare.
Au milieu des réverbères,
je tiens ma lanterne
allumée de certitude
certitude ?
A rire
Me voilà couvert de la cendre des étoiles !
Je cherche un nouveau quartier
un lieu où l'être comprendrait
sa durée, son génie, son invention.
Une porte pour l'être ?
Non ! une voie sans issue
je cherche encore
donc j'écris.
Chaque lettre s'associe, se confond, se mêle,
259
va puiser dans la mémoire quelques possibilités
la ténacité persiste
elle ressasse et veut exploiter.
Au centre de la place,
il y a un jet d'eau,
un arbre fluorescent,
est-ce pensée suprême
est-ce cœur de la ville ?
J'avance à grands pas
dans la cité solitaire
Les immeubles couvrent de leurs ombres
le seul passant hagard que je suis.
Je cours mais je me crois immobile
je suis comme soufflé, aidé par mes pensées
pourtant je n'ai pas même l'impression
d'avoir marché.
Je crois être resté moi-même,
au même endroit...
260
Le temps semble le même,
et instable à la fois.
Oui, j'écrivais donc
à la lumière de ma cité
dans le dédale de ma raison
en absolu de croyance
en certitude d'éternité
et de prétention.
Ainsi j'achève l'acte,
le mouvement de mon propos
avec conscience de perte
et de faiblesse
avec l'espoir de chasser l'infamie.
Je me parle encore, mais l'autre dort.
Entends-tu ? Non je dors.
J'avance dans le noir, seul.
261
Fragment de ciel
I
nerveusement.
Ce fragment de ciel,
la poésie s’éteint
Là-bas, il y a la source nourrie de lumière.
Encore des vérités d’écriture, de formes inconnues, anonymes, de
jeunesse, de vieillesse, - à oublier, qui s’en iront mourir - (C’était à prévoir)
Vêtues de leur mieux, incomprises pourtant.
Mauvaise étoile, sale lune, blafarde et inutile. Rien ne scintille, rien ne
brille, tout semble mort.
262
II
Sous ce fragment de ciel, est suspendue une fille accrochée par
ces mamelles éclatantes de douleurs la marée baveuse,
laiteuse remonte vers elle irrésistiblement.
[Je sais
étrange composition sans symbolique analytique]
ainsi je poursuis
C’était donc le monde, le mien
refusé
monde unitaire où je courais, marchais, dormais (etc.)
construisant avec des accidents de langage,
des débris éclatants sans génie, sans lumière,
travail de rien - disaient-ils, disaient-ils
et s’ils avaient raison ?
Je me jette, j’insiste, j’espère
de nouveaux espaces de liberté
Je déverse ma rage accumulant, accumulant encore
Pour qui ?
263
III
spectrale
Sur ce fragment de ciel, l’agression noire
le poème râle, lutte pour survivre,
pluie de grêlons
« je ne veux point mourir - je dois survivre
Bien sûr qu’ils existent - Vous ne les voyez pas ?
Vous ne les voyez pas ? N’ai-je pas lutté pour produire, moi ? »
IV
couteaux etc.
Une nouvelle vague
auréolée de plumes constellée de clous, de
Me voici tout à coup avec mes quatre laquais qui rôdent et agressent
dans des vêtements invisibles
rempli d’aigreurs et de haine
ainsi ça recommence
264
et ce lieu parfait pour ma solitude quelle solitude ? entourée
d’ombres, d’invisibles à occire je reprends le mouvement à produire
Oui, ici, encore, avec toute l’innocence d’une créature redescendue
La chair est bafouée ? La chair ? Mais je le sais !
Ce n’est que du sang blanc, qu’ignorance ne voit (confession, pour qui ?)
Je poursuis : encore seul, avec mes Dieux
sur ma terre déchirante, ceint d’ombres
pour finir rampant, vieux vers détesté
je m’enfonce dans le rien
265
V
espérance
Tu le sais, toi
qui pénètres dans le vent dépouillé de toute
sans lecture d’un littéraire
nulle compréhension
bravant le suicide, - et pour cause !
Est-ce récitatif que ces morceaux de formes à coller, à accoupler ?
Encore, j’écris :
hommes, saint et oint, mais qui le croirait ?
je fus donc prophète, inconnu, irréel aux
J’existe et ma solitude est sublime
mon avenir est désespérant
Il y a encore ce fragment de ciel
266
VI
a-t-elle raison ?
L’âme est ignorée : elle triomphe dans sa défaite elle se glorifie -
267
La femme insecte
Je sortis de mon cauchemar, couvert de sueurs glacées, j’allumais
rapidement la lampe de chevet et vis, face à moi, à quelques mètres du lit cette
étonnante fille cruelle avec des ailes de papillon qui m’observait dans une fixité
étrange. Les ailes commençaient à tournoyer dans une sorte de ballet bizarre,
difficile à décrire. La lumière jaunissante de la pièce éclairait çà et là dans un jeu
d’ombre la femme-insecte venue pour me faire jouir ou souffrir. Je bondis hors du
lit, nu, en érection et m’approchais d’elle. Ma respiration était saccadée, j’étais
pantelant, frémissant et angoissé, mais attiré irrésistiblement par cette curieuse
femelle. De son regard métal, elle m’obligea à m’agenouiller. J’obéis lentement et
plongeais mon visage contre son buisson noir et brillant. Je buvais crispé l’odeur
acide et molle de ses lubrifications vaginales. Je passais ma langue avec dextérité
dans la fente humide de son sexe et me concentrais pleinement sur son petit
bouton rose gonflé de sang.
D’une voix légère et claire, elle me demande :
- Où avez-vous appris à faire ça ?
- Constamment je le fais. C’est une manière de rendre hommage au lieu
qui m’a vu naître...
Puis je me relevais. Avec délicatesse, je lui fis faire un demi-tour sur
elle-même, et je pus admirer l’étrange conception de sa chair féminine. Au-dessus
du fessier, à la hauteur du creux des reins, l’on pouvait observer une touffe
épaisse de poils. J’écartais délicatement cette zone unique, et vis un deuxième
sexe comportant une autre fente, des lèvres plus larges et au milieu des lèvres, un
268
sexe d’enfant de quatre à cinq centimètres de long, en position repos. Il s’agissait
du second clitoris, volumineux cette fois et totalement adapté à la langue et aux
muqueuses internes de l’homme. Je m’efforçais de lui faire une sorte de fellation
délicate et subtile, lapant doucement cette zone sensible. Ses ailes se mirent à
frémir et je l’entendis de sa voix cristalline gémir avec plaisir.
- Oui, encore, bien lentement. Oui, oui, que j’aime ! ...
Cette délicate caresse dura pendant un long moment, puis la sachant sur
le point de jouir, je décidais de pénétrer cette touffe noire chargée de muqueuses
et d’odeurs vaginales. Mon sexe toujours en érection se glissa aisément dans cette
ouverture secrète. Le pénis y était emprisonné comme dans une cachette sûre et
délicieuse. Je sentis monter en moi la sève de l’orgasme, je décidais de
l’accompagner en saccadant de manière plus forte le coulissement intime, je
poussais des petits soupirs qui se mêlaient à des grognements légers. Ne pouvant
plus me retenir, je laissais exploser mon pénis dans sa chair en feu et donnais de
violentes saccades de sperme dans le bas de ses reins. L’éblouissement était total,
et je perdis connaissance sous l’effet de la jouissance dévastatrice. Quand j’ouvris
les yeux, la femme-insecte avait disparu. Je regagnai mon lit pour m’y réveiller
quelques heures plus tard.
269
Jette dans le noir désir
Jette dans le noir désir l’ombre spirituelle qui se plaît à enorgueillir tes
nuits. Plonge sous la clarté macabre les derniers délires de tes folies.
Hélas, je propose toujours des combinaisons puériles. Je joue par
l’analogie, par l’avalanche de mots de la même famille. Mais quand
comprendrais-je que je ne suis plus apte à exciter ma critique avec de telles
solutions ?
Un jour maudit entre tous, je délaisserai ma chair et regagnerai
l’intemporel. Je défis l’existence de m’apporter une once de savoir ...
Rare est le verbe possédant sa teneur, sa charge de vérité me permettant
d’agir. Mon “ Je ” est détestable.
Je cherche à transmettre le produit dans des conditions extrêmes de
gains. Je veux pouvoir dire : je prends et j’ajoute.
Donné aux esprits de l’air, soumis aux verges du ciel ! À l’aube du
poème, je n’étais qu’un fils coupable. Il fallait descendre le maudire et le
soumettre jusqu’à ce que la douleur lui fît produire ces écrits impossibles.
270
Le génie d’ombres, la lumière intérieure. Dans les fluides de fumée, ce
sont des protections ridicules et dérisoires. La chair adressée ... Les cicatrices
invisibles. L’horreur de la souffrance et pour quelle Force d’espoir ?
Un avenir ! Que l’on fasse germer un futur ! Un avenir et non pas un
amas cotonneux de verbes et d’insuffisances. Un avenir splendide, épuré pour y
baigner son âme assoiffée. Qui implores-tu ? Lui abonde, lui est repu !
Pensées autrefois sublimes, pensées aujourd’hui contrôlées. Un esprit
vif se hâte jusqu’à n’obtenir que le néant de soi-même.
Il y a aberration à vouloir tout écrire, à se dire : qu’importe, je
parviendrai toujours à récupérer la structure, ne suis-je point un habile trapéziste
qui retombe sur le fil ? D’ailleurs, il y a un filet.
C’est une constance d’incompréhension, mais de ce tas douloureux
monte un effluve léger et dansant qui nous indique la voie à suivre.
la feuille de papier.
La réponse de la cervelle me fascine comme un éclair traçant qui signe
De ces déchirements, de ces violences internes, de ces conflits
invisibles, qu’en tirera l’intelligence ?
271
Je vagabondais
Je vagabondais dans l’or de la tourmente, délaissant les refuges et les
auberges, où j’avais autrefois abandonné ma jeunesse.
Dans sa chevelure épaisse, je reconnus la beauté d’Hélène qui voltigeait
et tourbillonnait sur elle-même. Sur ses boucles très claires, je déposais un
bouquet de roses rouges. Sa beauté se suffisait du silence. Je n’avais qu’à me taire
sans la surcharger d’effets poétiques douteux.
bonds étranges.
Je décidai de m’éloigner, emporté par d’autres souffles, pour d’autres
Maintenant que tu as refait ton printemps, que te reste-t-il inventer ?
Car tu vas surcharger les effets d’hier, tu vas reproduire les souvenirs de ton
adolescence !
Il te faut te jeter dans l’avenir, vers l’au-delà, en utilisant le savoir des
anciens, pour être plus que toi-même, pour être un autre, supérieur à ce que tu es.
Eaux d’émeraude verte qui s’extasient dans le bien-être des douceurs,
eaux de mon vouloir, eaux sublimes et amoureuses, venez caresser le délicat de
mes traits si purs.
272
Dussé-je une seule fois m’éparpiller en pétales de mémoire, en
lumineuse source d’amour, et embrasser un peu partout avec des lèvres orange les
contours incertains de la femme faite de chair ?
273
Sagesse et audace
I
Entre la sagesse et l’audace, apprends à concevoir l’occasion, maîtrise
ta chance, elle te guidera.
“ La bravoure et la prudence de David ”, dons du Saint-Esprit.
Puis je sais, puis je prends conscience que je suis Rien. Mais rien, c’est
déjà quelque chose se plairait à ironiser le railleur de l’esprit. Non, j’écris
sérieusement. Nous sommes quatre à comprendre, la Trinité et Moi.
Absent pour les inutiles, présent pour l’Œuvre. Que pouvais-je tirer de vos
médiocrités, de vos visages détestables, de vos âmes stériles ? Le puits était en moi.
L’onction était en moi. Je devais y puiser pour extraire le produit poétique.
Je ne vous ai pas haïs, je vous ai contournés comme on contourne un
obstacle, un mur, un boucheur d’horizon.
Fallait-il s’en référer à vos niaiseries, à vos médiocrités de
fonctionnaires ? Petits jaculateurs de la cervelle, y avez-vous songé ?
274
Je pense à mon idéale de beauté, à cette femme bleue presque blanche
de chevelure à la Magritte. Je la vois pure et transparente, je la sais confusément
sous un amas d’ombres, de chair belle et de nonchalance. Je l’invite au repos
suprême pour qu’elle devienne mienne dans des épousailles spirituelles. Elle
voltige et tournoie et rit de ses dents éclatantes puis elle se jette sur mon âme pour
un ballet nuptial, superbe et messianique.
Ténèbres de mon âme d’où surgissent des pensées oubliées, des images
de mémoire, je ne veux plus de l’implosion chimérique, médiocre désespoir. Ai-je
l’aptitude pour créer autre chose ?
L’homme rampe dans son esprit, fusillé ou soumis, l’homme cherche,
esclave quémandant le poème.
cérébral !
Donne-moi une chair de poème à pénétrer, à jouir pour un orgasme
275
II
Je ne désire pas immobiliser le temps. Je marche avec lui, je cours.
Non, je le devance, là-bas dans l’avenir.
“ Le temps, je le devance, là-bas dans l’avenir ”.
L’essor sublime vers la pensée élevée. Au plus profond de ma nuit, que
cette divine grâce me soit accordée, purifiée et vraie. Voltigeant de hauteur en
hauteur pour moi et pour les autres. Est-ce possible ?
Je suis déchet d’écriture, médiocrité de production. Je hais ce travail
détestable dans sa décadence. Mais quand tirerai-je de l’absolue certitude un futur
et pour quelle valeur ?
Résistance. Pourtant je sais que cette forme n’est rien, inutile dans sa
conception. Je n’exploite aucun champ d’espoir. Je combine et spécule. Je
comprends, mais je suis impuissant.
La lucidité de mon néant m’inflige à me détester jusqu’à l’abandon
total du produit à obtenir.
276
Le mécanisme de la combinaison me convainc d’abandonner la jetée ;
je lance parfois, je condense, je refuse, car je sais que je perds.
Je dois certainement chercher dans autrui le fruit à dérober, l’essence à
exalter, seul par moi-même, je suis peu.
Je veux produire par l’Esprit, par sa Sublime pensée. Poète ou prophète ?
Le fardeau du Mal est trop pesant. Si je possédais l’intelligence libre,
ma recherche serait autrement supérieure. Je poursuis le jeu ridicule de la douleur,
de l’interdit à produire. Quelle histoire !
seul me suis inutile.
J’existe par mes absences, car il n’y a personne à voir, à écouter. Moi
Les œuvres peut-être, les hommes jamais. Ma méthode n’est pas dans
le relationnel avec autrui. Je produis avec des livres, non pas avec les hommes,
hélas !
277
III
Que veux-tu dire ? Es-tu espoir pour atteindre l’exil du printemps ? Je
convoite ta jeunesse.
pénètre ta chair.
Que veux-tu dire ? Es-tu femme pour extirper la pensée nouvelle ? Je
Produisons, encastrons-nous l’un dans l’autre pour les feuillées d’abeille,
pour les aubes éveillées etc. C’est encore les coups d’autrefois !
Je ne cherche plus à écrire les faiblesses, tu le sais, va-t’en.
Je tue la Muse, j’appelle l’Esprit, celui qui inspire, je me fais esclave,
j’obéis. Qu’écrirai-je ?
Je sais où me portent mes insuffisances, nullités, de moi-même à écrire
de la sorte. J’abolis l’image impure, fausse et truquée. Je travaille en vision à
présent. Je pense par l’Esprit. Je suis un moyen.
Ô les nouveaux exploits de celui qui croit en sa potentialité plus forte !
278
Il faut apprendre à extraire au-delà de ce qui est possible ; il faut tirer de
la cervelle crétine les figures folles, - en vérité ce qui est interdit.
Tout ce qui est interdit, est essentiel.
Il faut inventer en détestant le mal. Il faut concevoir en exploitant les
outils de l’intelligence.
Je ne veux plus souffrir avec le rictus Baudelairien, avec le vice du
marquis ; j’espère par l’Intelligence belle de l’Esprit tirer de pures vérités
autrement élevées et purifiées.
Qu’ai-je à faire du présent ? Je dois me projeter dans l’avenir pour
savoir et comprendre. Je parle de ma durée.
l’Esprit et créer.
Je dois conjuguer avec le Verbe, celui qui est près de Dieu, penser par
Il n’y a pas travail ; il y a écoute et application de l’écoute.
puis-je ?
C’est la recherche de la science sublime, de la pensée excellente. Le
279
IV
Les feuillées vénérées illuminent l’espace clair sous la pensée limpide
qui se liquéfie, se fragilise puis explose en mille sons multicolores et dansants làdessous.
Des nébuleuses sphériques bariolées de lumières voltigeantes
tourbillonnent, jonglent et fuient là-bas derrière les masses bleutées, et
vagabondent.
Les torrents lavent les berges en haillons de verdure. Plus loin un
peintre écrase des couleurs rouges et ocre sur un carré de toile. La voûte du ciel
est bleue électrique. Je ne comprends pas.
Quelle insouciance de l’esprit, quel vagabondage de l’âme sans raison,
sans logique, uniquement confronté au jeu de la lyre pour produire des coups, des
combinaisons heureuses et audacieuses !
Ce n’est pas travailler pour accéder à la Vérité, mais c’est rire d’une
activité impie, c’est caramboler pour le plaisir du divertissement.
Ah ! Que ne puis-je m’en retourner à ma rigueur d’autrefois ! Comme
je hais ce désordre ! Le parallélisme assure au marcheur l’avancée du pied droit
suivie immédiatement de celle du pied gauche ! C’est vrai que l’on subit la
280
monotonie du placement. Si du moins les paysages étaient de belles femmes vert
émeraude, repues de chair et plantureuses. Alors en moi s’exciterait la
représentation confuse et confondue d’une avalanche d’images aptes à stimuler...
Et l’essor joyeux me porterait...
Non, je cherche à parler sérieusement, à exprimer la justification de la
règle qui obéissant à l’inspiration s’associe avec elle pour fabriquer un produit de
l’esprit capable de séduire le lecteur.
Sur l’ombre vive enflammée, le fluide de phosphore et les mèches
dressées couleur opale lèchent la crête verte.
L’œil interne s’illumine, la pensée secrète s’éveille tout à coup pour
exploser en millions de photos, de grains d’éclaircies qui transmettront l’idée à
naître, celle qui cherche à vivre.
Je dois produire ; il faut accéder à un principe supérieur de stylistique.
Hélas ! Que puis-je entreprendre, moi jeté dans le XXe décadent ? Ai-je la raison
et la rigueur du XVIIe ?
281
V
Dans quelle nuit lugubre dois-je me plonger pour extraire le mauvais
diamant du mensonge ? J’en ai assez de mentir, je cherche la vérité par la
certitude de l’Esprit.
Yeux qui voyez, rapportez-moi la lumière spirituelle, celle qui
transperce la matière et vient se loger, là au plus profond de l’homme sous les
battements du cœur.
Chacune des lettres qui compose ton nom, ô beauté, consacre ton
sublime, enorgueillit ton idéal jusqu’à nous faire mourir lentement d’extase et
d’abandon.
Pour qui souffrons-nous ? La grandeur du martyr réside dans son
aptitude à glorifier Dieu même dans la fournaise. Les êtres supérieurs s’en
retournent, masse vaporeuse et décorporation astrale.
Comment produire sans la recherche intérieure, sans tirer de soi la
ressource invisible ? Il faut concevoir un espace différent, un support nouveau où
germera, où s’extasiera la pousse de fleur de Muse.
282
Pourtant je ne me prétends pas apte à extraire cette richesse encore
inconnue. Ai-je l’éveil de l’inventeur ? Il me faut une mécanique ondulatoire : sera-ce
la forme qui engendrera le poème ? Sera-ce le fond ? Je n’y crois guère ?
Que lis-tu dans ma cervelle stérile ? L’interdit de trouver une forme
pure émise par l’invisible né.
Que dois-tu extirper après ce lustre de léthargie ? Le concept
émotionnel qui répand ses ondes subliminales.
Je prétends à la pensée folle, voltigeant au-delà de ses repaires, je crois
vaguement embrasser des possibilités claires offertes à l’intelligence blanche.
VI
Si je t’écris qu’il faut tout détruire, tu douteras, tu en seras à mépriser
mes relents d’écrivain. Je hais les révolutions, je leur préfère l’évolution dans la
continuité. Donc : se baser sur les anciens, y ajouter sa nouveauté, préparer la
sauce - le style - et espérer que cela prenne ...
Où en sont les autres ? Je n’ai plus lu de poésie depuis six ans. J’étais
trop fixé sur la Bible et le Coran : 100 000 et 20 000 alexandrins. Merci. Peut-être
“ Libères ” chez Gallimard. Beaucoup me semblent petits à présent. Moi je pense
VH. Qui est un monstre. Mon gros sumo. Ceci est très affectif.
283
La cervelle, lourde de pensées parviendra-t-elle à extraire hors d’ellemême
ces inconnus à contrôler ? Pour qui ? Le premier lecteur est un critique
détestable.
Il ne s’agit pas ici d’imaginer, non. Il faut puiser en soi-même la vérité
qui s’y cache. Ni hasard, ni mémoire, ni combinaisons de propositions anciennes
mêlées à des concepts ignorés de tous.
Les lumières du Verbe m’éclairent tout à coup comme un nouveau
Christ, comme un nouveau prophète. J’obéis, je tache à trouver ce qu’Ils
m’inspirent. Je crains de me tromper. Ma foi est superbe.
Je cherche par Daniel par Jérémie, par Osée, je cherche et je trouve.
Mais que vaut mon intelligence ? Que vaut réellement cette perspicacité ? Je ne
peux pas me tromper.
Je scrute les Écritures. Je souffre par le Mal. Que vais-je pouvoir tirer
de cette abominable violence ? Est-ce pour produire cela ?
J’ai la connaissance des saints puisque je souffre. Je souffre, hélas ! À
qui profite la douleur ?
284
Magnifique au loin l’Épouse
I
Magnifique au loin l’Épouse, et l’espérance insoupçonnée !... Chant de
fiançailles, ô vous, je vous consacre mon souffle : j’offre une clameur belle,
supérieure encore qui s’engouffre dans la chambre nuptiale. Si ce n’est un délire
d’excès et de forme, avec quelles faveurs promises témoignerai-je ?
Il me vient à l’esprit d’essayer ces quelques mots, je me dois de les
combiner dans une folie raisonnée, dans une audace maîtrisée. N’est-ce pas là un
jeu que d’y trouver son plaisir ?
Oui, mes Dieux, je m’y consacre avec soin, avant qu’elle s’enfuit dans
l’éther incompris, cette grande fille vierge de chair, d’étoiles incessantes
composée.
Je me dois de produire l’écrit, il me faut concevoir le poème. Je
l’honorerai de profusion divine. N’est-ce point grande œuvre que d’agir ainsi ?
Qui dirige le texte ?
Ô mes sublimes donateurs, je vous retourne tous les biens que vous
m’avez remis : j’ai entendu l’ordre, j’étais présent quand le message fut transmis.
285
Oui, le bel ouvrage se propose et se fortifie. N’est-ce point obéissance à l’appel
de la Voix ?
Je parlerai de vous plus tard.
Brise, berce ma naissance ! Inonde-la de souffles purs ! Que ma faveur
repose au vrai soupir de vent léger
.
II
Substance qui conçoit, qui reçoit l’éphémère parole de toute vérité
certifiée. Oui ! Au plus profond de l’être, se pense une âme qui change.
Extase d’être dans ta chair, en moi-même repu, au délice de
m’entendre. L’élan du murmure me dicte tout à coup de produire par ce battement
de cil, par ce soupçon d’insignifiance ... et j’émets des sonorités diverses, des
pulsions d’écrit. Tant de choses qui sur l’instant s’obtiennent ... Ai-je l’étonnement
?
Et moi que suis-je au fond du corps dans la certitude du Fils avec
souffle vrai de son Père, avec voyance d’intelligence des Frères, les Dieux ?
La main qui pince le calame, qui se berce de paroles faciles, qui produit
et accumule par le poème, n’est-ce donc que cela ?
286
Comme il advint à celui qui très longtemps, sentinelle de son ombre,
attendait en vain l’explication du message ...
Pour moi, dans la confiance des Dieux, je deviens le serviteur. Ne me
dessaisissez pas, ô belles clartés. Mais que suis-je dans l’immense sérénité, dans
cette certitude éternelle, effrayante !
Femme, haute de tes délires, belle tentatrice, tu proposes à mon âme ces
desseins insoupçonnés, ces esquisses d’audaces, vois, je te prends tout tremblant,
soumis, toi, armée de lanières, je viens lécher le ruissellement de tes sécrétions ...
Ah ! Concept ridicule ! Moi, je puise à la source de l’Esprit ...
Se lève la violence avec picotements aigres sur les cuisses, avec
agressions latentes de ce mal invisible. Et que vais-je obtenir, moi dans ce tohubohu
ridicule, dans cette grande messe de la bêtise ?
De penser ainsi le savais-tu ? Me vient parfois cet idéal de vivre, avec
bercements insoupçonnés d’états latents, avec espoirs vains et instants disparus,
gris là-bas peut-être dans des lieux que je ne puis atteindre, ô mes sources
interdites.
287
La beauté d'Hélène
Je voltigeais dans le souffle de l'air, refusant la station, ignorant le
refuge où se concevait la femme. Des tourbillons épars portaient dans leur
poussière la chevelure royale d'Hélène. Sa beauté s'imprégnait d'idéale de roses.
Sa silhouette impossible allait boire aux fontaines.
La brume neigeuse enveloppait son corps dans la transparence inouïe
de lumière messianique. Je m'évanouis puis m'éloignais de cette persévérance
sphérique, sublimation de son image charnelle.
288
Le Temple
Je décidais donc de me construire un Temple éphémère ou immortel, un
espace dans lequel reposerait mon âme.
Ô temple de moi-même, éternel édifice
Rare construction plongeant au précipice
D’un néant inconnu, enfoui dans le Moi
J’y puise un mendiant, un apôtre et un roi.
volage.
La pure lumière venait s’y écraser, amante insatisfaite de la pensée
Ici une sorte d’accouplement devait s’opérer dans une vérité de songe,
dans un idéal chimérique.
pièce immense.
La parole du poète comme un écho s’apprêtait à retentir dans cette
idéal d’écriture,
Tant de mémoire des auteurs disparus, tans de fantômes rôdant pour un
génies fortunés que j’invoquais et suppliais.
289
serein et puissant.
Des variables de sonorités semblaient courir ou percuter le vaste dôme
Je caressais des statues de femmes d’une beauté inouïe et j’accédais au
vertige de la contemplation fabuleuse - c’était une sorte d’orgasme cérébral quand
la perfection esthétique atteint son paroxysme.
Puis là-bas, dans un halo concentrique composé de lumière éparse, elle,
presque bleue au souffle clair constellé d’or, s’avance et s’assoie sur les dalles de
mon Temple.
Elle, au plus près de la conscience certifiant la fuite de la gloire.
En face, l’homme de l’indifférence détestant la volupté, niant sa
puissance virile, refusant de respirer la chaude toison de ses entrecuisses.
Je préférais me servir de l’écritoire pour y transcrire les limites de
l’Azur, pour accéder aux oiseaux au-delà de mon Temple, par degrés infinis.
290
Contre-ut
Je ne sais que trembler,
trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère,
de l’impalpable, du cristal,
Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.
Je ne fais que vibrer
Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe
intellectuel. Je suis devenu une vibration
Impossible, irréelle, délétère.
J’accède à une forme
de conscience épurée, translucide, je rejette
la confusion. Je reconstruis le monde avec
des concepts autres, nouveaux, interdits.
Cette passion dévorante anime, produit de l’activité.
Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation
De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort,
Je sais pertinemment que rien ne restera.
291
Cascade
Cascade, ô blonds cheveux, bondissant à l’extrême
Comme foule excessive de lanières dorées,
Je dirais : pose-toi tel un casque célèbre
Imite en sa chaleur ce généreux foyer.
Car pour te figurer, il sortirait des flammes,
Ors fustigés, soupirs, clair joyau par le feu.
Cette sainte parure qui nimbe toute femme
Enivre le poète quand il plonge ses yeux.
Ta souple nudité semble soupirer d’aise,
Alanguie et riante contemplant le foyer
Et l’exploit de beauté que cette chair apaise
S’étale bienheureuse, murmure contre mon corps
Un désir lancinant qu’il faudrait satisfaire
Pour l’extase divine d’un merveilleux effort.
292
La belle évaporée
Assoupie, endormie, rêvant encore
un peu de soie divine sur un sofa d’extase
fluide, alanguie, s’étirant, là, oui inachevée,
mais s’étirant encore
sous une lumière lymphatique et pâle
sublime énigme de confusion et de nonchalance
qui semble régner impérialement
Elle conçoit dans son rêve des images claires
qu’elle traverse nue
Elle embrasse des souffles d’orgasmes et va
cueillir des caresses nonchalantes
tremblantes et fuyantes
Je secoue cette masse belle de femme qui tombe
en poussière de songe devant mes yeux ahuris
293
Soleils annonciateurs
Soleils annonciateurs d’idées nouvelles
Que l’on griffonne sur les vieux murs de sa raison
Inspiration qui souhaite repartir fortifiée à nouveau
Dans le long chemin intérieur
Avec l’intelligence à ses côtés
Grand matin d’espoir avec conscience éveillée
Dans le silence, l’attente et le désir
Avec les morts aimés, les grands révélateurs
De la poésie d’hier - essayons de produire
Étendues, reflétées sur le miroir littéraire
Avec vagues, flous et audaces d’avancées
Nouveaux espaces balayés par l’or des feux
D’autrefois, avec beautés et ordres premiers
294
L’élan créatif se veut agencements réguliers,
Constructions claires sur le zéphyr inventif
Amours poétiques sur l’aube éclairée de senteurs
Nocturnes, désireux de chercher un soleil de grâce
Que puis-je, moi avec tous ces éléments, ces images
Audacieuses produire d’utile et d’enchanteur ?
Tout s’en retournera, peut-être, à jamais dans le
Dérisoire et le stupide du sommeil éternel
295
Séquences
Femmes, lesbiennes, léchées, léchantes, merci, merci
Auguste buste, penchées et suppliantes. La dentelle
Entre les doigts si fins - Formes, mouvements en
Constance de changements - L'idéal statique !
Sources de vie et muscles souples. Le plaisir temporel
Des caresses devant et derrière en vous serait si tendre
Partout ensemencées
J'ai ta pluie d'or, doucement à
L'oreille, en toi le puits, demeure accroché
A tes mamelles le temps de l'extase est bref
Je m'oublie dans tes prunelles vives
Et cette cervelle
Impossible qui ne ressemble à rien Je n'entre pas
Je butte à l'extérieur pensées de femelle !
La sérénade sensuelle d'appartenance de liberté
Le mâle est-il conçu pour comprendre la femme ?
296
Les miroirs J. L Borges
Je me demande encore, après maint jour et mainte
Nuit perplexe sous la variété des cieux,
Par quel hasard étrange ou quel vouloir des dieux
Tout miroir me saisit de malaise et de crainte.
Miroirs, cieux, surfaces, espaces
Fragile et éphémère, poète tremblant dans le
Miroir de l'imaginaire, espace bariolé de reflets
Infinis avec l'impossible qui côtoie
L'invraisemblable - un univers de risques, de faux,
Et de pulsions émotives ;
mais encore, - azur qui
Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans
Un ciel irréel ; lac, surface lisse où
La pureté d'un cygne vient troubler le
Repos du dormeur
297
Variétés, formes du hasard
Pour l'intelligence complexe, c'est l'art de
Tisser les lis avec subtilité !
Miroirs, cieux,
Surfaces, espaces pensés et regardés comme un
Hasard modulable, lieu du questionnement où
L'audace poétique s'associe à la raison de l'écrivain.
298
Echos d’orgasmes
Il y avait ce moment, goût âcre d'une fraîcheur non démise et pourtant
sensuelle. Une fuite exquise dans la jouissance cérébrale, - il y avait.
sexuelles.
Vaguement exquis dans ce dénuement de taffetas et de liqueurs
Le plaisir somptueux bariolé d'orgasmes enchanteurs, dérivé sur la haute
partie - et soudain, le déchirement.
explosive pour le karma idéal.
Vaguement évasif, dans l'évanouissement de l'homme, d'humeur
pousse, mugit.
À toute heure, sous la chair, contre la graisse besogneuse et vulgaire, il
Mon cher amour, pour quelques spasmes déclencheurs de folie maîtrisée
- et ci - au plus profond - pour rien ? Pour ? Indécelable fonction génitrice.
Cependant l'autre fuite, vers l'extase saccadée, en rythmes fougueux -
que sais-je ? en parades d'excréments et d'urine, et d'éjacs faciales pour ton bonheur, ma
splendide soumise en porte-jarretelles !
299
Encore moi t'attachant, chaînes pieds et mains, dors à mes côtés.
Un vent insignifiant roulait ta chair délicieuse. Faiblement le bruit des
parois dans le matin. La voix désenchantée suppliante, implorante l'orgasme libérateur.
La quintessence d'une jouissance extrême, folie de feux explosant -
gémissant dans des hurlements de supplices bienheureux.
Toi, constamment et encore - Toi.
filant et clair.
Soudain, ce dernier rêveur illuminé et nu dans un rai d'élans, de lumière
sait ?
Déchirement de squelettes inquiets à la fontaine ombreuse et vide. Qui
couleur chaux.
Le feu et les œillades tourbillonnant. Mais ton songe complexe est
Céleste froissement dans l'arcade de l'élan vert. Et toi,
que dis-tu ?
300
L'imperceptible cillement de lumière, écrit Gracq parmi les intervalles et
les palpitations molles. Est-ce ta carence veineuse ?
L'affaiblissement sexuel, et là-bas hagards les pensers voltigeant
paresseux. Un vent pousse l'orgueil à se taire - à se suffire de rien.
parfumée de cannelle.
Tu roules ta poitrine égarée, mielleuse et repue d'haleine suave -
Une autre pulsion physique.
proue, et vagues infinies fuyant.
Très claires, se ravivant dans l'espace, deux chairs dressées, combat de
encore.
Claire et lente émergence vers le visage taciturne qui semble supplier
l'aurore du plaisir.
Espace et chair, espace qui se remplit d'odeurs âcres et vagabondes dans
encore.
Nonchalante après le Zénith de l'orgasme suggérant la volonté de jouir
301
L'imperceptible fuite et l'horizon hagard se déplaçant sur ses nuées
d'extase - là-bas, plus loin, ailleurs...
Les flux de lumière s'éteint dans l'air cristallin, la fraîcheur vive s'exalte
dans la fluidité matinale. Quel maître laboureur pour former le tableau ? Quel ?
Céleste froissant son pourpre dans l'opale interdit ?
chargé; et pourquoi ?
Les boules cotonneuses et jaunes comme suspendues dans ce ciel
302
*
Pour oublier, dans la variabilité de la nuit, déjà l'éclair et le feu.
Avant que la folie ne t'émeuve, avant. L'esprit fluide s'égaie encore.
De l'espoir, au plus bas, - renversée, retournée quand elle s'essaie à
quelque tentative désuète. Et toi, parfois. Avec des circonstances, des possibilités
ocre ou ternes - toi, aigri, filant, justifiant de sombres délires.
s'interroge encore.
Je m'appuie sur ton souffle. Mon ciel est chargé d'incertitudes, il
nos orgasmes dévastateurs.
Poème après poème, contre l'épaule, - l'élévation, dans mon lointain, et
extrêmes.
La grasse terre, aujourd'hui - toi et l'entourant, avec quelques fadeurs
Ce fut un arrêt, un retour, une mégarde - je l'ai franchi, je t'attendais -
dans l'aurore crépusculaire de l'âme - de confusion : je me savais.
303
Refusé, encore, ici. Et le miroitement indécent du ciel. Je n'avais pas vu.
Je me repose. Quelque chose s'éclaire. Fulgurant ! ...Éblouissements.
- voltes sur toi-même.
Dehors ! Et tu demeures dans l'incertitude de ton tourment - tu retournes
*
Dans l'extase - elles s'élèvent, ces filles bleues, avec ruissellements d'orgasmes -
transpirant leur plaisir.
Les touffes jaunes bondissent, des silhouettes élégantes circulent dans le
feu du cristal, et là-bas accrochées à d'autres fluidités, - ce sont nos orgasmes orgueilleux
et moqueurs.
Mais le baiser fondu pour d'autres épreuves, en poussière d'orange salive
quelque peu. Des supports de chair, de filles dangereuses nous harcèlent parfois.
Éclairé par l'ange dans l'évidence du nuage.
304
*
Jusqu'à l'ostension de ce résultat
insignifiant - poésie de moi, de rien.
Fustigeant mes figures, fustigeant retournées
que peu les cherche, que peu.
Encore l'éclatement bariolé rempli de saveurs.
J'arrache, tu es devancé, liant les moindres mots -
le mouvement est ajourné.
Qui file sous les pas, - seulement, comme du regard -
j'accueille le nouveau jour.
La pensée, en poudre et lui-même, éclaté éclatements
pour une suspension de l'image.
À travers, dans la fuite, de ce qui donne,
une foule d'humeurs.
305
flanqué d'une fraîcheur
Mais tu vois, je cours, je dors aspiré par le vent,
*
Sur la fluidité de l'extase, pour l'orgueil des passions, pénétrant
l'interdit, éclairée d'une danse, - et sans fin ! quoi ? D'Eléonore
voyageant exaltée, tourbillonnant encore.
306
Le feu
Silence comme femmes en fusion, silence
Dans des mains transpirant des cendres chaudes
Elles, bénies sous des flammes de soupirs, gémissantes
De scories, hurlantes dans le feu passionnel
Brûlées et encerclées de flammèches, de che-
Velure volante, habillées et nues, habillées
Par la danse des flammes - toujours en soupirs
Et implorant l’extase de l’orage, mais le feu.
Encore le feu pour les faire jouir - ces lueurs
Rouges et écarlates dans la mouvance du vent
Toi, forgeron sous un flot de vin, effrayante
Fumée d’extase et de délire, te voilà
Calciné dans tes poussières de fantasme, ramassant
Pelletées de femmes irréelles et pourtant vivantes.
307
De grandes fluidités
De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon poétique puis vont se
dispersant sous la tiédeur endormie.
Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour l'amour infini interdit, es-tu
ma délivrance ? Une vive éclaircie dans le lointain espère quelques flamboiements extrêmes.
Sont-ce des illusions du tout au tout, du supposé possible à la rumeur absurde ?
Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des sursauts sporadiques ?
Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de l'esprit - je veux vous
rassembler dans la synthèse subtile pour un bégaiement aléatoire.
Qui invoqua ces pseudo répliques mentales, ces intercesseurs de l'écriture,
ces génies de la syntaxe ?
Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes dépens.
308
Pénétrant, et cette fièvre
Pénétrant, et cette fièvre pénétrant dans le flou, dans la haine, dans l'élan
mais pénétrant encore
soi
Là, là encore dans les flux et les élans, dans les poussées incolores de soi à
Oui, mais en dedans
Mémoire pensée et repensée pour cette fluide ténèbre j'avance songeant à
déplacer, à reconsidérer ce décor de décrépitude
le regard en avançant
Par mille profondeurs, en d'autres lieux internes te guidant - et tu réponds par
D'impossibles, de riens à reculer là ici déplaçant le repos
mon corps
Oui cette forêt de liens indéfaisables puis ramilles légères - dans l'ombre de
ronces
Mélange de lianes, de fougères, d'élans de branches entortillées et fuyantes et
309
Moi ayant toujours cherché et visitant
Dans le néant de mon extase, je m'illumine encore
310
La belle obscure
De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement
Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres
Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la
Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements
De synapses dans l'immense luxuriance du don !
Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis
Que croît, s'élance et se fortifie la ramifi-
Cation de feuillage obscur ! La belle en glissades
De courbes, en fuites éperdues, en élans in-
Cessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !
Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et
Figurative, ou plonge encore dans l'immanence
Insouciante de la raison, dans la vasque remplie
De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.
311
La belle abandonnée
Elle, et encore, elle pour de si clairs
Parfums suaves ~ endormie dans
La pâleur des fleurs
pour cette flottaison blême
Accoudée à la lumière crue qui berce
Ou balance des cordes à l'infini
Dans cette douce solitude exquise, elle de
Lait dévêtue à la peau beige ;
ses formes
Lourdes qui s'étalent dédaigneusement sur le
Sofa fatigué, des formes épanouies chargées
De mémoire, repues d'extase, abandonnées ~ là.
Généreuse, à la chevelure abondante, chatoyante
Respire-t-elle, songe-t-elle aux flots d'orgasmes
Satisfaits, aux nourritures charnelles d'autrefois ?
312
L'imperceptible frisson d'aile l'éveille tout à coup.
313
L'ange
Tu flottes mais ne penses guère ; tes envolées
Nocturnes ne sont que des effets trompeurs.
Tu fluidifies ton vrai : l'extase s'enfuit
Dans les méandres de l'inconnu ~ là-bas.
Je touche l'ombre aérienne, et la folie
Tournoie dans l'interdit à pénétrer.
Les formes immortelles poudroient un impossible
Froissement d'ailes - des flots de roses
Envahissent ton âme - tu les respires confusément.
314
Sur-inventer
Non, certes pas, mais sur-inventer ~ sur-inventer dans le délire optique
Les lignes pensées qui se déploient en pointillés, en préexistences
phénoménologiques, en fluides étirés, en sèves bouillonnantes, en
Sperme-écoulements de ton vrai
Azur co-substantiel azur contre azur vous que j'ai déchirés d'un
bruissement d'aile pour confluer vers mon Néant
En carrefour à plat, en bornes interdites, en recto de verso pour aplanir la
plume qui glisse
Très savant et sensible : signes émouvants, fluidifiez mes envies appliquées
dans l'aléa de l'écriture pour venir féconder de sublimes connaissances !
Et faillir dans des figures aberrantes, obséquieuses avec cette fille sale et
répugnante, vicieuse et splendide ~ avec ma chienne soumise et aboyante ~ tu
vois, nous cherchons encore.
315
La femme effacée
Et ses pas alanguis dans l'esprit qui s'aère
Filant sur des orgasmes de fluidité exquise
Quelque chose de pur dans le mystère mien
Charmant, disparaissant vers l'exil à franchir
J'efface sa douleur sur des vents en délire
J'arrondis son visage et je berce ses traits
Belle mais belle encore, ajournée en demeure
Ou douce détournant sa chevelure claire
Puis des flammes d'azur tombent sur l'horizon
Encombrant de leurs voiles l'infini à décrire
Des poussées d'or s'esclaffent en tintamarre épais
Et là dans mon sommeil sa frêle invitation
M'offre des mots obscurs dans l'espoir à renaître
Je m'allonge hébété ne sachant que penser
316
L'éclat de sa beauté
Elle, et l'éclat de sa beauté, déjà basse
Et encore entrouverte, à l'instant de jouir
Avec soleil, champ visuel amoureux que nulle
Pudeur défend...
Le plaisir demeure dans une plénitude
Que je dénude. Je recompose ma pensée sous
Cette architecture de femme, façade et
Corps de bâtiment avec le même souffle qu'autrefois.
Son étendue endormie - le fond du jour l'embrasse,
Parvenu à ses pieds l'air frais la caresse, et moi
J'interprète ces courbes et ces formes, je spécule
Sur la mémoire sensuelle laissée après les débats,
Je réorganise l'appel de sa chair, je conçois
La raison de cette chevelure floue, j'attends le miracle
Du génie sexuel féminin qui s'illumine tout à coup.
317
Sphère sublime et bleue
Génie avec très tendre vocalité, pensé là
En cristal endormi, émergeant peut-être
Sous éclats de rayons - du moins gaze léger
Oiseau-plume de senteurs évaporées, brodé
D'attentions délicieuses en souffles aériens,
En traces fines et claires.
Sonne, sonne, sonne
Le cristal qui te met en demeure d'exister. Ou
Sors évanoui en lambeaux poétiques de rien.
Les flux de lumière sont posés à tes pieds, les
Degrés de la pureté t'appellent à la lente
Remontée.
La fixité de la neige, les blondeurs
Irréelles qui dansent sur des images - encore
Évanouies mais espérant un envol inconnu,
318
Seras-tu sphère sublime, bleue et transparente à la fois ?
319
En lignes pensées
Certes, oui - le vrai - écoulements de certitude en lignes pensées de petits
soldats bien appliqués
vierge ?
En subtils pointillés de peut-être, l'écriture se posera-t-elle là sur le rectangle
Ces minuscules tentatives abandonnées dans le Néant phosphorescent du
Moi, phosphènes transubtantiels pour rien en vérité
Occasions remises, poussées recto verso sur de très savants lignages qui
glissent attachées par la main qui refuse ou accepte
Pour toi, c'étaient des coups ratés que toutes ces propositions médiocres - il
fallait refuser, raturer ou jeter -
Poème-écriture de : pour qui ?
J'ai délaissé, usé et fatigué sans espoir de progrès. Dernières jetées de
sagesse tremblotante dans son désert intime !
Haleines, souffles et frissons obsédants de peu pour féconder des savoirs
supérieurs : pourquoi pas !
320
L'esprit plein de déception s'en retourne dans sa triste solitude intérieure sans
même l'espoir d'un peut-être
321
La douceur azurée
Où la douceur azurée d'être plus haut dans la brise claire et fuyante d'un été
Douces douceurs d'extases suspendues en finitudes d'orgasmes
lassitude
D'un éternel jamais glorifie-toi, tu es ! Contemple tes dérives, décline en
Vers l'évasement d'un ciel poudreux appelant le soir de quelque subtil
murmure, voile tes pénombres - là, endors-toi
Les sources jaillissent sonores, virginités belles et paresseuses
Les limbes d'une beauté limpide s'essoufflent nuitamment. Elles s'essaient à
transluire vers la pâle clarté
D'évanouissement en évanouissement, des filles-ombres, des femmesmousseline
se nourrissent de vapeurs poreuses tout près, contre moi
Ombre délivrée de la chair fangeuse, pieuse et suppliante, éveille-toi enfin et
fais s'enfuir l'impossible paysage.
322
Oui, là éveille-toi
323
Ϫ
Essences et apparences, et quelles
Fuyant la vague morne profondément en soi
L’être, balançant en non-être et déviances sans questionner son infini
Vain centre crépusculaire en lassitudes inassouvies dans la mesure du
déroulement tout en glissant
Quel fameux bruissement d’ailes là-haut emporté par ce vent qui vivifie
tandis qu’une plainte maladive semble encore supplier
Les souffles frôlés s’élèvent insensiblement
Ce qu’il croyait toujours évanoui dans l’ombre de son ombre, en poussières
de lumière, en déchets entassés
l’éther
Et les présences émerveillées qui trament et trament à nouveau dans le sein de
324
Combien encore de marches inutiles, de conquêtes limpides dans le foyer
boréal du Moi !
Endormi sous le charme mensonger de quelque vaine idole et contemplant les
astres parfaitement posés
Je, et quelle fraîcheur claire éparpille mes pas, je léger d’hypnoses neigeuses,
m’élevant encore, là et là-bas dans l’errance où je diverge immensément ~ elles,
sont des féeries dansantes
L’impensable dans la sphère pure
vois : je me désespère
mille éclats éclairés de lune affaiblie
s'émerveillant sur le diamant
activant son souffle
en abondance de rêves
là s'y essayant encore
pour le comble du désir
325
Ϭ
qui s'étire vers de vaines directions entremêlées de spasmes suffocants, fuyant
de pâles divagations inconnues
et encore : pour quelles perspectives ?
Finalement aveuglées là dans le tréfonds de l'âme
sublimes oublis espérant malgré tout...
326
Les fluidités exquises
Il s'agit de fluidités exquises spontanément inviolables, auréolées de gloire,
fortuites pourtant - les personnages sont nus sous des tréteaux et la foule rit à
intervalles réguliers -
foule.
J'observe les longues sérénades et je ris bêtement, - je ris encore - j'imite la
Qu'est-ce à dire que tous ces abandons de chairs - que toutes ces promenades
en long et en large ?
L'ensemble est guindé toutefois, et la lumière crue vacille sur les corps - elle
semble les lécher nuitamment.
Dans les situations folles, je fais trébucher des marches - j'invite d'autres
créatures - je suis peut-être cet inconnu passant sa langue sur des rebords étroits.
Ma lassitude m'en veut déjà.
Ô beautés ! Ô créatures magiques ! Les divers ébats sont de lumineuses
plaies - mes intentions sont des jouissances !
327
En tourbillons exquis de lavandes claires, la pensée s'exile sur le sol infertile
et la vérité précoce retrousse ses lèvres pour recueillir les soies et les poussières à
jamais inconnues.
Cette beauté resplendissante d'automne, est-elle matinée pure ? - Je vous
salue, vrai corps - et harpe davidique je mêle mes chants à vos sublimes
sensualités.
aurai-je ?
Celle-ci vit renfermée - aurai-je le temps de la jouissance et de la gloire -
Tant pénétrées dans leurs immenses amandes rousses ou jaunes. Oui, elles se
tournent vers moi.
328
Si bleue et telle
illusoires.
Si bleue et telle, la bouche ouverte et suppliante, elle berce ses rêves
- inlassablement
Chairs qui suintent et ruissellent des sécrétions amoureuses - chairs
accouplées avec silhouettes humides qui nous observent là dans l'ombre.
lourdes et chaudes.
Avidité pour la turgescence de mon sexe avec consistance et odeurs
Groupes d'hommes et de femmes en position, au couchant et les
plus belles pour des nuits de consentement.
gueule.
La sublime nymphe prise et reprise - tu as bien fait de lui fouetter la
Elle oui, en figurine de jouissance, en nudité, liée, soumise à des
domestiques - je te retrouverai,
tu es admirable, perverse pour le réalisme sexuel.
329
Sois infiniment délicate et slag avec le stick ces putains de statues
vicieuses qui nous observent
en se branlant frénétiquement.
Avec influence subtile et masochiste, encombrée de ces grands
accessoires - fentes et chaleurs -
tu deviens, c'est chevelure, qui s'étreignent à deux ou à quatre.
Que les corps sont beaux en vaines possibilités interdites !
deviner, asservie en plaisirs
À ton extrémité, le vit - et toi enclose en toi-même, j'ai pu te
audacieux - voici ton luxe !
Et telle autre, grande, fouettée au galop - de me suivre dans des
orgasmes déviés - je la dirige -
temps légers - secousses - j'explose !
330
Autre obscur
Pour que gémisse dans ton obscur, pour que soit sublime ton obscur
avec viens dans la plus sombre, avec belles luxuriances, avec langues et de
s'élancer-en,
Avec glissades d'herbes douces, avec bouton, de se mouiller, avec doigts et
mains jamais lasses
- oui, très doux excès de se mouiller vers le séant, de s'enchaîner au plus
profond avec plaisir de faveur prolongé en raffinement de parfums ~
Langue tu te délectes, langue tu te rassasies et bois encore goulûment à la
chair intime, et gland, et gland de "L'aime-trop", " L'aime-encore", " Allongé " - à
se désorienter dans les cavités, fornique et plais
accompli,
Là de s'exalter en humide, en exhumations de plaisirs pour l'évanouissement
sois belle et tendrement obscure, sombre de délires dans la chair sublimée.
331
La lumière et le vent
vent.
Nous préférons ne pas avoir été dans la lumière - nous préférons être dans le
Les contrastes se rapprochent - nous allumons des ombres - ceci est le
chemin principal.
Mais nul orage ne s'y oppose - l'ombre est à saisir et peut se prévaloir
d'exister.
Vivre - mourir - jouir - souffrir - ceci est de trop. Moi, je conçois dans un
cauchemar, et mes folies sont des manœuvres de plaisir. Ainsi j'admets ma vie.
Mais dans les labyrinthes de l'interdit, parviendrons-nous à trouver quelque
message de la marque du temps ? - Les signes sont vides et se déploient dans
l'espace.
Nulle sortie, hélas. Il se peut que chacun ait sa réponse. A moins de plonger
dans le noir abîme - de l'interface à l'Univers - j'y suis Ceci est folie et fantasme !
Qu'ai-je dans mon Néant ?
332
Ombres ? - Avec variabilités incomprises - avec chaos cérébral de l'infini
compris-de-rien ,ou mouvements de l'intelligence qui se déploient et sèment des
pensers nouveaux ?
J'invoque l'ombre et supplie la lumière. Mais caché dans l'infini sans fin, que
vais-je espérer ?
333
La poudre de printemps
Tes chevilles, jeune fille dans ta poudre de printemps
Fille élancée, beauté particulière
Avec ces avancées hautes, altières
Et glus de sang au fond de toi
Dans maints rêves, est cette fille svelte
Je te vois légère sur tes pieds nus
Le bleu de l'étoffe caresse ton épiderme clair
S'y jette une pluie de pourpre, de lumière et de feux
entrecroisés encore
Le tout forme une seule ombre avec ton sourire
de menthe douce sur ton visage
Tu es mon éden, cette floraison de vignes
dans la beauté de l'idéal
334
Et moi, je te supplie humblement dans l'incandescence
de ma vieillesse, me soumettant encore
335
La recherche éperdue
Je te cherche éperdument
Les fruits de tes saveurs sont des souffles à espérer
Massives sont mes caresses dans des délires de fille-perverse
Je m’associe avec l'intime et te suppose éternelle
Qui pourra entre nous deux déterminer l'ultime à pourfendre ?
Je te veux et ne suis ~ qui accueille les maléfices
et les délires dans des folies obscures ?
Oui, douces abondances pour ces feux obséquieux !
Je m'exalte dans des profondeurs sinistres et je t'attends
en moi éternellement.
Ce sont des pertinences de lait qui néanmoins se donnent
jusqu'aux folies du lendemain.
Nos ombres douloureuses et sensibles s'esclaffent au-delà de la nuit.
336
Tu m'apparais dans mon délire. Et je t'octroie de nouvelles saveurs.
Va dans l'inconnu refléter tes mensonges - va plus loin
dans l'extraordinaire - je te sais quémander un supplice - un maléfice.
Mais jamais je ne pourrai t'atteindre. Ta folie est
une domination paisible au-delà de nos mœurs. Je te laisse soupirer
et je ne puis, hélas !
337
L'apothéose de sa féminité
À Matisse
Parfumée là dans un halo étrange
Évaporée encore espérant quelque nudité
C'est une aube à la robe sanguine
Qui s'élève doucement hors de ses torpeurs nocturnes
Un vent d'accalmie semble la caresser
Une figure fine disparaît dans la nuit
Le plus léger circule vers l'imprévisible doux
C'est un tracé subtil qui s'égare toutefois
Nul vertige ne vient plonger pour fragiliser mon âme
Dans cette peinture irréelle et subtile
Mais encore ce prolongement de soupirs
Qui repense les vides et s'égare dans les sinuosités...
Arbitraire en bleue beauté exaltant ma rêverie
De présence annonçant l'apothéose de sa féminité !
338
L'Erosphère
De ta beauté, jamais !, je ne saurais éclore
Fustigeant l'idéal de mon rêve interdit.
Au plus loin du Néant en niant ce décor,
Je conçois quelque peu ce que Dieu a maudit.
Mais j'exècre et j'espère et je redoute encore
De ce feu éternel son souffle et l'agonie.
Je plonge au plus mauvais et je supplie les morts
De m'offrir une extase quand s'est enfuie la vie.
Mais n'était-ce que cela ? - Cette faible rumeur
Susurre et me murmure : ici est ta survie.
Jouissance et souffrances su succèdent en lueurs.
La cruauté sublime implore son agonie.
Te voilà à genoux dans la pure érosphère
Quémandant à jamais les plaisirs infinis.
339
La prostituée fameuse
Enivrés par la myrrhe qui sort de mes entrailles
Mes amants tout joyeux aux fêtes de la chair
Viendront mourir d’extase, sublimes funérailles,
Transpercés par le feu, par l’épée et l’éclair.
Et perdus à jamais dans mes viles profondeurs
Ils connaitront l’horreur de la femme lubrique
Incombée par le vice des rites sataniques
Gémissant et hurlant de terribles douleurs.
N’imitez point, ö hommes, vos frères écervelés
Qui dans la mer d’orgasmes ont voulu se plonger
Et vivent pour toujours dans l’horreur, éveillés !
Car cette éternité lentement se dévide
Et leur sinistre sort est un tombeau livide
Où le temps incessant saura se prolonger.
340
FRANCK LOZAC'H
POèMES DE L'A-SCIENCE
341
La vraie science ...
Instruis-toi dans le Christ
342
Le poète se met à faire le philosophe
Ni la théorie de la relativité
Ni la théorie des quanta ni le théorème d’incomplétude de Gödel
ni le principe d’incertitude de Heisenberg
ni la théorie des catastrophes de René Thom
ni la mathématique non euclidienne de Bourbaki
ne sont pour le fou que je suis un garde-fou suffisant
devant le vertige un peu nauséeux que donne le néant
et pas davantage Platon saint Thomas Spinoza
ni les autres grands philosophes
ni les poètes
(même si je suis tenté de faire quatre exceptions
Tchouang-tseu
Blaise Pascal Angélus Silesius
et Ludwig Wittgenstein dans sa cabane en Laponie
selon le principe d’expérience auquel je me tiens :
Les dogmatiques ont toujours tort
Les mystiques ont toujours raison)
Et toi
petit soleil de mon système
solaire mon attentive ma douceur
ma très force ma très fragile ma tendresse
343
ma relation
ma relation toi l’absolu intermittent
dans le relatif familier de l’instant qui parfois échappe
au temps
toi que je nomme ma vie vivante
Le haut Bout
Claude Roy
19 juin 1983
344
AUDACES POéTIQUES
345
Résonances
L’univers-loupe
Non, pas la plus infime particule
De savoir, de compréhension
Dans cet univers-loupe
Crie la tentation du poète
Repu de chimères, d’ivresse et d’insouciance
Désireux de posséder la logique vraie
Avec axiomes, théorèmes et lois
Quelle folie, cet imaginaire sans
Vérités apparentes, où la confusion côtoie
L’indécis, où l’esthétique du beau
Est une constance de tangage !
Fastueux choix dans les créations d’autrui
Avec rejets, avec je, avec greats
Pour l’épanouissement cérébral du Moi
346
Phénoménologies
I
J’activais ces points-réponses,
mes yeux au centre
j’esquivais une réponse vraie, fausse,
qu’importe !
Je passais sur du délétère
c’est ça : je captais
croyant à ma force
Elle ondoyait sur des feutres crissants
Les paupières clignotaient, aptes à percevoir le message
Je plongeais dans des vagues océanes,
coulais, remontais quelques poissons d’argent,
- c’étaient mes points-réponses.
II
Ces perceptions grossières,
347
je veux les affiner - comprendre le point
son origine, sa vérité, son association.
Je me fuis pour me retrouver
ce n’est plus la clé pour le silence,
ce n’est pas un code à composer,
c’est la puce à intégrer,
le plus petit
de l’œil à la loupe
de la loupe au microscope
pour définir le caractère de l’apparition.
La conscience de l’image, sa pigmentation
ses points composés pour fabriquer la trace
l’origine de cette organisation
non pas la fonction d’apparition
mais la vérité sur le point
348
Le parcours de la conscience
De nulle part. De l’éphémère insoupçonnée comme
Intuition, peut-être - pas encore - substance,
Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G
De Spearman sans doute. A la recherche de
L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,
De la fusion - du risque, de l’audace - outils
D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux
Accéder aux plus belles productions de la raison.
Encore avec intelligence, et langage - y faisant
Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.
A moins que je puisse espérer l’intuition pure -
Il ne faut pas douter ! - plus tard encore la
Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et
J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.
349
Encore des solutions
Encore des solutions à des problèmes enfantins,
Risibles - à pouffer - rien dans la pénétration.
L’Esprit cherche, - enfin ! Donc : nuages, fugacité,
Ombres, toisons bleues de femmes, jambes effilées,
Valses, pensées scabreuses, lignes de chair parfaites.
La femme. Je la veux numérique, faite de 1 et de 0
Pour ma jouissance cérébrale. Non je pense au second,
Au troisième univers. Est-ce de l’intuition ?
Et la science. Lisez, divertissez-vous ! Cela sera
Votre suffisance. Car votre capacité est vaine.
Mais des modèles de recherches, il n’en est point question.
Toi, toujours, accumule, produis, pense, - avance
Empile poème sur poème. Pour qui ? Pourquoi ?
La ligne mélodique future est encore à trouve
350
Doubles consciences
Doubles consciences communicantes
Claires, saines et séparées
Il y a transfert d’idées, d’énergie
Pour l’intérieur - à deux - y arriverons-nous ?
Élans, volontés - actions - combinaisons
Oui, toujours.
Vérités simultanées de certitudes jumelées,
La trace - le fantôme sont derrière
Comme l’ombre et la silhouette
Mais l’ombre se dégageant de la silhouette
Peut anticiper le pas, le provoquer, - le suggérer.
351
Les conditions du possible
Ce que l’on ignore et qui est possible ; la limite
Temporelle imposée à l’homme ; le cadre de l’époque ;
Concevoir l’imposable par le risque et la créativité ;
L’impensable, - l’absurde, - puis un élément insignifiant
Vrai participant à l’élaboration du projet, second
Élément ; troisième élément, - les contours se dessinent.
Un désir qui porte au-devant de soi dans un espace
Nouveau, inconnu encore. Suis-je capable d’at-
Teindre ce que je désire ? la condition du possible
Se situe dans l’homme qui veut devenir être ; pouvoir ;
L’origine du désir, - ses gènes sexuels et cérébraux ?
Est-ce de l’énergie alimentaire transformée ? Qu’est-ce ?
Ce besoin, ce facteur G de Spearman, cet indice C
D’élans, d’actions. Qui le produit en soi, qui ?
352
Topologies
Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,
Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer
Sur son propre chemin. Croisements, lieux et
Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,
De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.
Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.
Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,
Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.
De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.
Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,
Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder
A l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,
Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,
Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.
353
Les moyens/l’action
Le savoir. La maîtrise de la logique, la con-
Naissance théologique, le nécessaire pour comprendre,
Le suffisant, les limites cérébrales, le travail en
Commun, l’homme avec l’homme, la part du QI.
L’élévation. Ses faiblesses, ses forces, l’adaptation.
Innover, la vérité des sciences, l’essence de l’art.
Le dépassement, la mièvrerie poétique, la matrice
De la vieille femme âgée de 3 000 ans, les enfants
Chétifs, la philosophie évolutive, la certitude
Divine. L’insignifiance humaine. Et pour quelle
Gloire ? Je vous le demande ! ... demande !
Car la finitude est bien le tombeau. Ou l’enfer. Si
Condamnation, il y a, ou la pureté idéale avec
Nouvelles perceptions, nouveaux langages, nouvelles aptitudes.
354
Poème/lecteur
Ne pas penser, poème, mais percevoir. Le rapport
Au langage, le moment dit évocateur. Le
Panorama d’images, l’avalanche, la composition,
L’offre : Le voyez comme moi, la force, la passion,
La flexibilité de l’intelligence, l’adaptation du lecteur.
Densités des effets, distorsions, audaces, le dia-
Logue avec le pseudo-spectateur, agis par Moi.
Les mots deviennent des choses. Je t’emporte où je ne suis pas.
Le droit au mensonge. Mon illogisme, l’irrationnel,
L’improbable, l’invraisemblable, lire-avec lire-pour
L’imaginaire, l’espace où l’interdit est interdit, le guide.
Nourris-toi de mon idée. Y a-t-il quelque chose réellement ?
L’angoisse et la conscience. Ses Ténèbres, ses Erreurs,
Ses énormes Fautes. Un homme en vérité, médiocre.
355
Vérité et liberté
La planification de la recherche hors de toute liberté.
Pourtant volonté d’accéder à une vérité nouvelle. Agir
Dans la contrainte sociale, est-ce liberté toutefois ?
La liberté jalonnée de la mathématique. Qui peut agir,
Choisir, décider. La vérité sans liberté. La vérité
En dehors de l’arbitraire humain : exemples : les lois
Fondamentales qui régissent l’Univers. Existaient avant
L’homme. Donc, en dehors de la subjectivité de l’humain.
Règne une certaine essence de la vérité au-dessus des hommes.
Ajouter sur la Formule de Taylor-Lagrange, est-ce de
L’essence de vérité ? C’est prolongement mathématique voilà tout.
Le choix aléatoire. Random, proposé à la machine,
Est-ce la liberté ? En vérité. Non. L’animal, le
Végétal possèdent toutefois un choix décisionnel.
356
La nouvelle inspiratrice
Désire autre chose - sans l’errance - avec la construc-
Tion. La logique, le décisionnel vrai. Assez de cette
Allure de jeune fille éplorée - : une athlète bionique
Courant le 100 mètres haies - avec vitesse et efficacité.
Fille enveloppée dans l’obscurité des dires impossibles,
En luxe et pauvreté d’habits, avec vices ou élégance,
Il faut donc penser une nouvelle inspiratrice, sportive,
Dynamique, agressive, belle, saine et blonde ! Actions !
Ou noire, pourquoi pas !
Etre-autre-chose de fort, de grand,
De crédible auprès d’autrui - le public méprisant.
Quitter le palais impossible - débordant de pierreries et
De poudres immortelles. Pénétrer dans le stade pour le
Challenge de l’intelligence et de l’audace, des spectateurs
Enthousiastes acclamant et payant pour la prestation !
357
Le laboratoire de papier
Un poème est un laboratoire pour le langage, une
Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,
Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire
Avancer le génie de la langue.
Parfois bijou ciselé,
Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation
De l’image mentale.
C’est également un outil d’extraction
De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger
Du matériel nouveau par l’apport extérieur.
De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne
Pour élaborer le produit différent.
Recherche d’une
Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer
Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.
358
Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,
Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?
359
Le poète homosexuel et son père
- Il a peu, très peu, si peu
Sa constitution est faible
Il faudrait le nourrir de science, de mathématique,
De structures solides, basées, irréversibles,
D’une vérité absolue,
Mais voici que Monsieur, poète, insouciant, aérien,
S’occupe du vol plané des libellules
S’emporte sur des rêveries insouciantes,
Se suffit de l’air du temps
Et ça voudrait réussir sa vie !
De l’inutilité, oui,
Du parasitage.
Tu finiras ...
- Par disparaître, paraître, être, être académicien,
Grand, très grand, premier, etc.
360
Je sais la voie est difficile, mais crois-moi,
Sois patient.
- ... Je vais te nourrir jusqu’à soixante-dix ans, et j’en aurais quatre-vingt
avec ma pauvre retraite de fonctionnaire. As-tu songé à ton père ? Et tu as
l’outrecuidance de m’annoncer que tu es homosexuel ! Homosexuel ! Moi
qui ai tant aimé les femmes, tu ne trouves pas que c’est difficile d’entendre
de telles paroles ? Poète et homosexuel !
- ... J’inviterai Roger seulement une fois par semaine... Mais non, je
plaisante.
361
L’image
L’image n’est jamais achevée,
Elle s’adapte à toute forme d’intelligence
Chacun la reçoit, l’interprète à sa guise
Son origine n’est pas dans la pureté de l’esprit
Elle n’est qu’un principe associatif, combinatoire
Niche en A avec Niche en B,
Variables d’éléments de A avec
Variables d’éléments de B
Éléments de A dérivés
Éléments de B dérivés
362
L’aventure interne
Surgit le cygne sublime et blanc
Qui est symbole encore
Comme l’âme a plongé au fond de soi-même
Pour y chercher science et a-science
Il y faut de la vitesse, des battements d’aile
Impétueux, de l’extase, quelques vérités,
Du vin et de l’ivresse
Et ces pensées mal maîtrisées, triste sort
De ma condition, ces pensées s’agitent encore
Quand j’essaie de bondir, de m’extraire,
De m’éloigner de ce vil environnement
J’ai besoin d’extravagance pour mon esprit
Ou de sucs subtils, cartésiens, pascaliens
C’est encore une immense aventure interne.
363
Il avance
Son étendue
Sa verticale
Pensant Descartes
lui de biais
Pascal
Raison et sagesse de l’Esprit France
Saupoudrant cette certitude d’images, de doutes,
Il épouse une nymphe bleue
Va sur le Net
oscille entre le Français, l’Anglais et l’Espagnol
s’encombre d’une multitude de programmes
de Pléiades
C’est certain : il avance
Vibrant dans une constellation de mots
s’acclamant fabriquant un suffrage unitaire
se prétendant,...
364
il travaille en pur amateur sa pyrite ridicule, se fait pousser des ailes
Victoire sur soi-même
aptitude insignifiante toutefois
365
Le Mathématicien illettré
- D’où tu es ?
- Ch'ais pas !
- D’où tu viens ?
- Ch'ais pas non plus !
- Comment qu’ tu t’appel’ ?
- P’tit Jean !
... Petit Jean ! ... Oui ... N’oublie pas de résoudre le problème supérieur
d’opérations différentielles que je t’avais ...
... ça chais faire, M’essieu... et j’ai bon ! J’en suis sûr !
366
Messages
Recherches de distances
Recherches de distances,
ce sont les mémoires d’une même oscillation
d’un imperceptible à définir
sans connaître exactement l’origine
ce sont des tentatives
des volontés de savoir
des pénétrations très à l’intérieur
Des miroirs de plus en plus petits
pour une sorte de calcul infinitésimal
de décomposition de substantifs
de prélèvements de verbes
pour y extraire, - quoi ?
Il faut aboutir dans le profond du Moi
367
La science du poème
La science du poème existe-t-elle ?
L’ombre de l’ignorance s’abattait sur la conscience
Le produit obtenu était insignifiant
Mais l’ombre, les dieux se satisfaisaient
de l’insignifiance poétique
nié par l’ensemble qui savait
Et le tout était mièvre, dépassé,
Il n’y avait nul espoir de progrès
L’ombre du Mal et les Dieux raisonnaient
de même sorte, pourquoi ?
368
En lui
Chaque fois qu’il pense, il s’use
dans des règles désuètes
chaque fois qu’il spécule, il doute
Jaloux de sa foi,
de sa certitude scientifique
alors il s’évade
sur des corps d’oiseaux
sur des chairs de femmes
chaque foi qu’il exige du temps
une quelconque obéissance,
l’autre ironise, la pensée l’encercle
la rigueur le désespère
tout se même et s’emmêle
La vérité se rit de la sagesse
qu’il prétend posséder
369
Il faut donc maîtriser
370
Gain économique
Produire
Produire
constamment et sans cesse
Produire et mieux
A coups bas, à coût réduit
dans la transparence du génie
Toujours ajouter sur le savoir
sur la compétence
sur la certitude
sur la vérité.
371
Jaune, jaune, jaune
J'étais dans cette pièce, stupide, tournant avec obsession, cherchant et
cherchant encore, cherchant le moyen d'ajouter, de produire plus, de produire
mieux. Je voulais gagner mon combat contre la productivité sud asiatique,
j'avais la certitude qu'étant Européen - donc pourvu d'intelligence et nourri
d'une civilisation prestigieuse - je pouvais obtenir un résultat similaire à celui
d'un jaune. Je prétendais qu'il m'était possible en usant de raison, de
découvertes et d'inventions de parvenir à un bien de consommation de haute
qualité, de Hic Tech. Je trouvais ridicule voire aberrant d'être dans l'obligation
d'acheter sa calculatrice Texas Instruments, d'écouter une FM Sansung, de
posséder un décodeur Made in China. Non, cela était inadmissible. Mais
comment faire ? Comment s'y prendre pour concevoir des produits industriels
à coût salarial insignifiant, ou mieux encore leur vendre des biens de meilleure
qualité à un prix défient toute concurrence ? Je cherchais, et pourtant je ne
trouvais pas.
372
Est-il des messages
Est-il des messages,
des communications, des signes émis ?
Oui, dans l'espace. Un mélange cosmique
De renvois, de réponses, d'appels, de supplications.
Pensées, planètes, atomes, la matière, tout
S'échange, se chevauche, se combine.
L'univers parle. Nous lui répondons.
Etoiles, lumières, pulsions électriques,
Nous sommes un signifié, un signifiant,
Seuil et uni à tous, à tout
Présents dans le vide, dans le plein.
Seule la voix de Dieu importe
Le reste est méprisable, inutile.
373
Les civilisations
Les civilisations sont des germes. L'Histoire se meurt, tout est ridicule,
excepté Dieu. Le Temps lui appartient. L'avenir est là-bas.
La science est la belle certitude vraie, instrument de propreté, de vérité. Le
reste est chimères, niaiseries de poète. Qui est athée est fou.
Ceux qui croient en une option d'avenir comme couronne de triomphe sont
les grands gagnants. Ils ne connaîtront nulle surprise au jour de la mort.
374
Monde fuyant
Monde fuyant vers un autre monde
pourquoi ?
monde virtuel de mensonges
d’applications d’imaginaires
de définitions ludiques, instructives
et mon calcul devient complexe
Monde infini face à moi
de demain
de mon fils
de ses fils
se connectant, mon beau futur
je dis : oui, et j’espère
D’avenir, de demain
fabriquant d’autres mondes etc.
375
Autre monde
I
qui va d’hier à demain
Le temps accompagne la ligne vraie
le temps s’incruste sur la ligne
ou encore j’associe l’espace du temps
mas je conserve mon principe bi-dimensionnel d’écrivain-papier
je travaille avec mon instrument
j’avance donc sur une droite que je noircis
Chaque monde est inclus dans un monde où le temps varie, le monde est
donc un ensemble d’espaces pénétrant les uns dans les autres
Le monde passé n’est plus, ne se répétera jamais mais
Demain est déjà connu par la Force-Dieu
Hier pourrait-il revenir ? Hier ne sera plus. Ce qui a été est mort, et s’en
retourne au Néant
376
Néant d’espoir, d’ailleurs, de là-bas peut-être ... certainement.
II
Il y a la distance à franchir, le passage par la porte étroite puis la révélation
et c’est l’incertitude, l’ignorance totale
car nul homme n’a vu et n’est vivant
Alors ? Quel but ? Quelle finalité ?
Demain, je devrai m’admettre avec ce que je suis, de vol, d’injustice,
d’ignominie,
de cruauté, de bêtise, de lâcheté
vérité suffisante de honte, de réalité,
finie
377
Un endroit
Il y a un endroit où le vrai se veut certitude
sans contradiction sans dialectique
le peut-être s’abolit
le conditionnel est effacé
On possède le vrai comme d’autres le mal ou le bien,
comme d’autres
Est-ce lieu du Parfait ?
Vu la porte céleste du lieu
porte invisible
existe l’Éternel
Je pourrais soutenir que tout était là
Quelque chose, quelqu’un
378
Non pas un monde, mais des mondes
Non pas un monde, mais des mondes
inclus, s’ignorant dans des espaces
où le temps varie
où le temps décide de l’existence
avec un catalyseur
un instrument de passage
de convertibilité
pourtant incapables de communiquer les uns les autres,
interdits d’accéder à du franchissable
Passer d’un monde à l’autre
c’est mourir
Là-bas, j’étais mort
je suis redevenu vivant
Là-bas, c’est la connaissance du futur
donc un autre monde
Là-bas, je serai
ici, je n’existe pas
379
Être ici est impossible
mourir ce n’est pas être
mais c’est s’en retourner à son néant
Je sais ma survie
Je ne recherchai ni consolation
ni espoir d’avenir pourtant
380
Un autre monde
Un autre monde, certainement
où l’œil est perçant
avec des perceptions plus pures, plus vraies
Un monde parfait d’avenir, de passé,
de conscience exacte
de certitude
Un monde supérieur, éternel
régénéré
nourri de sa propre substance
où le temps est aboli,
ou intégré, du moins compris
Voilà pour l’hypothèse
est-ce possible ?
Monde pensé par des Verbes
d’éblouissements internes
381
Je dis : est-ce possible ?
382
Le possible
Le possible en ce monde
et dans les autres mondes
leurs possibles propres
ce qui est possible ici peut l’être là-bas
Mais l’impossible
comme de diviser par zéro
comme de se projeter dans le passé
de connaître son avenir
L’impossible est préférable
est challenge
est résistance
J’accède à l’impossibilité d’être
suis-je moi ?
383
Rappel
C’est donc une déformation de l’espace-temps
Une déformation qui induit une déviation
des rayons lumineux,
qui modifie la position apparente
des objets célestes
Quand je crois voir l’étoile en E,
en vérité elle est en E’.
La déviation des rayons lumineux
par la présence de ces masses
est un outil remarquable
pour détecter la présence de ces masses
mêmes invisibles.
Quatre-vingt dix, quatre-vingt-dix neuf pour cent
De la matière de l’Univers est invisible
Pourquoi ?
Car la dynamique des étoiles, des galaxies,
384
Donc sur la loi de la gravitation
conduit à des valeurs de 10 à 100 fois supérieures
A la quantité de matières visibles
(étoile, gaz, poussières ...).
On y voit l’indice qu’une grande part
De la matière est sombre
(la matière « noire »)
Puis-je y intégrer la vérité
D’un autre espace inclus dans cet espace,
Le nôtre,
Où l’esprit y est maître,
Où la pensée domine,
Où l’avenir nous attend ?
L’homme de science spéculera-t-il
Sur la vie après la vie ?
Sur la possibilité d’un Dieu créateur ?
385
Le temps compte
Maintenant et toujours
Le temps amasse derrière soi
Le présent n’existe pas
L’élan pousse vers le futur
En exploitant un passé
L’onde de choc en cercles
Concentriques, évasifs
D’appels vers le futur
D’oublis vers le passé
En pointillés imperceptibles
De lointain de là-bas
L’onde de choc
Le matin pour l’un
Le soir pour l’autre
La constance d’éternité pour Dieu
386
Souffles nouveaux
Critique virulente
Il y a quelques semaines, j’ai eu une conversation avec un ami qui
s’occupe des choses de la science, et la discussion a porté sur la situation
actuelle de la poésie. Je tiens à préciser que cet ami juste et honnête n’a pas
essayé de faire preuve de complaisance à l’égard de la discipline que
j’exerce. Il a seulement tenté d’exprimer son opinion concernant son
appréciation de l’approche poétique.
Le dialogue débute ainsi.
- Ce que vous ne voulez pas comprendre vous les poètes, c’est que vous
n’êtes pas “à niveau”. Vous êtes totalement dépassé par le savoir des
hommes de science et de ceux qui pratiquent la technique appliquée.
Autrefois, au XVIIe siècle, un Jean Racine n’avait rien à envier au Médecin
du Roi : sa compétence d’hommes de lettres était même supérieure à la
compétence du Médecin royal. Mais des progrès considérables ont été
accomplis ; plus spécialement aux XIXe et XXe siècles. Aujourd’hui, dans
une ville, vous prenez le 50è médecin, c’est un bon médecin - vous prenez
le 50è poète de la ville, c’est un crétin, un incapable et un poétereau de
province.
Je ne dis pas cela pour vous écraser, ou pour tenter de vous diminuer, mais
cette observation est hélas bien réelle.
387
Vous n’avez pas compris qu’une discipline, quelle qu’elle soit, nécessite
obligatoirement de la formation et de l’application de formation. Vous, que
possédez-vous, au juste ? Quelques traités de versification - que vous ne
lisez pas d’ailleurs - et vous taisez le savoir. Vous le cachez derrière des
règles invisibles d’écriture, vous composez sans même transmettre vos
méthodes d’apprentissage ou d’investigation.
Nous qui pratiquons la mathématique, imaginez que nous soyons
obligés de tout redécouvrir pour ajouter sur la compétence des anciens.
Pensez-vous véritablement que dans de telles conditions notre discipline
serait ascendante ? Tout redécouvrir et retrouver trois mille ans de
mathématique - cela est absurde !
Existe-t-il des cours de poétique ? Comment apprend-on ?
Comment forme-t-on un jeune ? Y a-t-il des écoles ? Tout s’apprend, tout se
transmet excepté la poésie ! ... Votre école, c’est la rue. C’est le mythe
Rimbaldien avec de la drogue, de l’homosexualité et le Sida. C’est la
fainéantise, le parasitisme et l’alcoolisme de Verlaine ! Quel superbe sujet
pour Zola !
Quant à ceux qui produisent de la poésie chez eux, ils la conçoivent
à temps partiel, après les heures de bureau, avec femmes et enfants, et
patron sur le dos ! Comment voulez-vous dans de telles conditions qu’un
don se développe ? Il n’existe pas, vous entendez, une discipline où l’on
puisse obtenir des résultats satisfaisants en la pratiquant à des heures libres.
388
Je me souviens de l’athéisme français dans les années 60. Les
performances étaient ridicules, les sportifs s’entraînaient à raison de deux
fois par semaine - conséquence : les stades étaient vides - stades vides, par
de recettes ; pas de recettes, pas de sponsors ; pas de sponsors, pas de
professionnalisme ; et le cercle de l’amateurisme était bouclé.
Et vous dites : “Comment ? Qu’est-ce ? Mais j’ai pourtant du génie !
Quels incapables ! Quels personnages méprisants ! On a osé me critiquer,
pourtant je sais que je passerai à la postérité” etc.
Non ! La misère habite en vous ! Vous n’êtes que des pauvres
types, souvent sensibles et incapables de maîtriser vos émotions.
Je ne crois pas que ce siècle-ci soit favorable à la production poétique.
L’environnement lui est contraire. Tout est taxé sur la science et sur la
technique appliquée. Votre discipline est décadente, parce que trop vieille,
peut-être. Aujourd’hui c’est le cinéma et la photographie - jeunes arts - qui
brillent au plus haut faîte.
Moi, ce que je crois, et ce que je vous propose, c’est d’imiter les
disciplines qui sont ascendantes -imitez la science - travaillez ensemble, à
temps complet - formez-vous, instruisez-vous, bossez, soyez à 120 % de vos
capacités. Imitez le sport qui fait gain, - les records battent les records, les
stades se remplissent, et les sportifs n’en meurent pas pour autant !
L’écart qui sépare un poète amateur d’un poète professionnel, c’est
389
l’écart qui sépare un joueur de jeu de paume du XVIIIe siècle d’un joueur
de tennis de l’ATP. Considérez la marge ! L’un jouait dans une salle avec
une douzaine de badauds pour l’applaudir, et l’autre, son match, est
retransmis en Mondovision pour deux cent millions de spectateurs !
Je ne prétends pas que la poésie soit mauvaise, je prétends et
j’affirme que votre amateurisme est détestable, que vos méthodes
d’apprentissage sont dépassées, que votre environnement vous pénalise.
Imaginez seulement un biologiste cherchant à temps partiel, le
dimanche dans son garage quelques bactéries sur son microscope ? C’est
ridicule ? C’est pourtant ce que vous, poètes, vous faites avec votre travail.
Alors il vous faut des années pour construire un petit recueil de
quatre cents lignes, souvent rempli de niaiseries et d’insignifiances. Et
comme la discipline que vous pratiquez est une discipline d’orgueil, vous
êtes vexé que l’on vous dénigre.
Vous faites les dandys de luxe. Jetez cet habit détestable et
apprenez. Cessez de jouer les êtres supérieurs, ne vous prenez pas pour des
génies. Croyez-vous que dans les autres disciplines les gens en soient
dépourvus ? La première année de Polytechnique équivaut à l’assimilation
de quatre licences simultanément. Rendez-vous compte de ce qu’est l’élite
de la nation et ce que sont vos sonnets de merde que vous produisez à raison
de 1 par mois... Comparez et pesez-vous !”
390
J’avoue que mon interlocuteur m’avait pour le moins médusé. Je ne savais
quoi lui répondre, à la fois émerveillé et choqué par la vigueur de son
intervention. Mais je puis convenir que cette leçon de vérité restera ancrée
pour longtemps dans mon intelligence, si à présent je puis du moins me
prévaloir d’en être quelque peu pourvu.
391
Alertez les poètes
Conscients, trop conscients de la maigre intelligence que recèle l’âme
poétique, de l’écart considérable qui sépare la capacité à charmer de celle à
discerner ;
Plongés dans le gouffre de l’ignorance, jetés dans l’avenir sombre d’un
brouillard épais, comment nous pauvres esprits littéraires, parviendronsnous
à relever le défi de la compétition intellectuelle ?
Avons-nous réellement les moyens en travaillant à temps partiel, les uns
contre les autres, à nous opposer à la constante élévation scientifique ?
Comment le public nous juge-t-il ? Fabriquons-nous des ordinateurs, des
télévisions à écrans plats ? Savons-nous faire rêver ? Quel bien-être
apportons-nous à cette société de loisirs et de jouissance ?
Nous pleurnichons comme des femelles, et faisons de l’autosatisfaction en
considérant nos poèmes. Nous offrons des produits illisibles demandant
efforts et adaptabilité de la cervelle. Jusques à quand poursuivrons-nous de
cette sorte ? Et accepterons-nous de nous comporter autrement ?
Je lis dans la revue Science et Vie (numéro hors série 12 p 35 ) : “Plusieurs
centaines d’années - homme, travail, 130 cerveaux de physiciens, 2 000
392
tonnes d’instrumentation : tout cela se trouve concentré dans la coupe de
champagne que lève, le 25 janvier 1983, Hervig Schopper, directeur général
du CERN en l’honneur de la découverte du Boson W”.
Je lance le cri désespéré qui déchire la voûte de l’esprit : “Quand
comprendrons-nous enfin ?”
Et ce qui est vrai avec la Physique expérimentale, est vrai aussi avec
l’Astrophysique, l’Aéronautique, la Médecine, la Mathématique. Dans tous
les domaines scientifiques, l’esprit cherche, l’esprit pense et conçoit - en
France, en Europe, aux Etats Unis, en Asie.
Nous n’avons pas même les moyens de rivaliser avec un Jean Racine, avec
un Pierre Corneille ou un Victor Hugo. Nos œuvres artistiques sont de
qualité inférieure. Pourrions-nous faire plus si nous pensions autrement, si
nous acceptions de voir la sinistre réalité dans laquelle nous nous enlisons ?
Réveil ! Mais quel réveil ? Qui voudra comprendre ? Les poètes ? Je l’ai
déjà écrit : ils se figurent être d’essence supérieure. Mais qui ?
Alors l’on glisse, l’on trébuche, comme des pauvres clowns ridicules et
désuets.
393
Conscience du critique
Ce qui est à craindre, c’est le décalage, la perte temporelle, l’inéquation
sociale entre le produit littéraire décadent et la civilisation progressiste. Être
relégué au musée de l’oubli près du dinosaure de Valéry, être ridicule dans
le hangar de la médiocrité.
Du gargarisme poétique, de la nomenclature albanaise. Principe autarcique,
d’autosatisfaction. Implosion du communisme ! Poésie = communisme ?
Vendre sa force délétère ; l’échanger contre une part de travail d’un
médecin, d’un garagiste, d’un technicien etc... Valeur du travail poétique ?
Les jeunes ne veulent pas comprendre l’exigence de l’exercice, la nécessité
du sérieux, la formation à temps complet. Ils produisent à heures libres, ils
se délectent de divertissement. Certains mettront trente ans pour devenir de
bons poètes, puis il sera trop tard. Ils n’auront plus l’énergie intellectuelle
suffisante pour ajouter sur le savoir des anciens. Et ainsi de la décadence !
Jeunes, secouez-vous et agissez !
Le mal n’est pas nécessaire à la poésie ; c’est le travail qui lui est nécessaire.
L’habillage est ce qu’il sera ; ce qui importe, c’est la qualité du corps, des
muscles, des tendons, de la chair etc... Produire de beaux athlètes de l’esprit,
de l’intelligence, et non pas des drogués sidaïsés ! Voilà le principe.
394
Il faut imiter les structures où l’on obtient des gains : le sport, la science ;
imiter les méthodes, les principes d’investigation, de formation et de
développement.
Ils disent aux jeunes : droguez-vous, sodomisez-vous, nourrissez-vous
d’insouciance, soyez sales, très sales, très dégoûtants, très puants. C’est sur
le fumier que le coq pousse son cocorico. Et les jeunes les croient. Alors ils
les imitent ; ils cherchent l’aventure extérieure, tandis que les véritables
aventures sont internes. Pauvres gosses ! Et quelle poésie nous laissent-ils ?
De la merde. De la pauvre médiocrité.
Je dis : il faut penser, chercher, produire, lire, concevoir, inventer, travailler,
cinq ans, dix ans. Voilà le moyen de relever le défi de la décadence poétique
dans une structure de techniques appliquées ascendante.
395
A l’horizon poétique
A l’horizon poétique est l’incertitude.
Quelles propositions nouvelles, l’intelligence saura-t-elle produire ?
Incapables que nous sommes de faire évoluer la forme, nous devons
concevoir un fond toujours différent.
Qui dit différent, ne dit pas spécialement meilleur.
Je crois en l’intelligence collective. Elle existe déjà dans les secteurs de la
science expérimentale et des techniques appliquées.
Mais les poètes sont des femmes, ils se chamaillent stupidement et ne savent
pas travailler ensemble. Ils travaillent les uns contre les autres, se méprisent
et sous-évaluent leurs exercices.
Ce sont des égocentriques. Le vieil adage : l’union fait la force n’a jamais
été aussi vrai.
Toujours refusés, toujours niés par autrui nous produisons encore autrement
pour changer la manière, pour obtenir un nouveau fond. Nous courons après
l’originalité. Nous en sommes à nous faire ingénieux en utilisant les
symboles et les analogies d’autrefois. Nous allons vers l’avenir à reculons.
396
Est-ce révolution permanente dans nos piètres cervelles ? Méfions-nous !
L’avons-nous parfois embrassée dans son concept initial ? Cherchons
encore.
397
Combien d’intelligences
Combien d’intelligences nous seront nécessaires pour comprendre un peu
mieux ce que Dieu a conçu ? Gouffres, mystères et infini de l’univers !
L’homme est une fourmi ridicule et stupide. Travaillons à plusieurs et
unissons nos forces, parviendrons-nous peut-être à éclairer la nuit ! La nuit ?
Oui, notre nuit ! Et quelle certitude ? La certitude de notre néant effrayant,
de l’imbécillité qui est toujours en nous.
Implorons l’Esprit Saint de daigner éclairer l’œil de notre demeure, notre
propre foyer, la torche de la raison, du moins s’il nous accorde quelque
miséricorde...
La vérité puissante, qui pourrait la connaître ?
Quel génie, quel esprit se prétendant sublime jugerait posséder la science de
Dieu ?
Que cherches-tu prouver, ver de terre misérable ! Vois son immensité,
conçois ta petitesse, là est ta plénitude.
Que sais-tu, que vaux-tu ? Et tes savantes lois ? L’intelligence de l’homme
est la folie de Dieu : Descartes et Bossuet et Pascal et Einstein !
398
De la mathématique, de la science physique, de la philosophie ! Mais
comment est le monde ?
Ô Seigneur, instruis-nous ! Rends notre âme féconde. Ne nous méprise pas,
toi tu nous as créés quand même nous serions infiniment stupides.
399
Aller vers le progrès
Aller vers le progrès ! La belle chose, digne des espoirs du 19e ! C’est
ouvrir la porte de la clarté tandis que notre univers se repaît de sa noirceur et
se répand dans son obscurantisme, c’est pousser les battants de la
connaissance pour accéder à la pleine lumière, c’est écarquiller les yeux
pour s’imprégner de l’aube vermeille ! Oui, ce progrès, etc.
400
Combien d’intelligences
Combien d’intelligences nous serons nécessaires
Pour comprendre un peu mieux ce que Dieu a conçu ?
Gouffres, mystères et infini de l’univers !
L’homme est une fourmi, ridicule et stupide.
Travaillons à plusieurs et unissons nos forces,
Parviendrons-nous peut-être à éclairer la nuit !
La nuit ? Oui, notre nuit ! Et quelle certitude ?
La certitude de ce néant effrayant,
De l’imbécillité qui est toujours en nous.
Implorons l’Esprit Saint de daigner éclairer
L’œil de notre demeure, notre propre foyer,
Le feu de la raison, du moins s’Il nous accorde,
Quelque miséricorde...
La vérité puissante, qui pourrait la connaître ?
Quel génie, quel esprit se prétendant sublime
Jugerait posséder la science de Dieu !
401
Mais qu’oses-tu prétendre, ver de terre misérable !
Vois mon immensité, conçois ta petitesse.
Là est ta plénitude !
Que sais-tu, que vaux-tu ? Et tes savantes lois ?
Tout le savoir de l’homme est résidu divin :
Descartes et Bossuet et Pascal et Einstein !
De la mathématique, de la science physique,
De la philosophie ! Ha ! Comment est le monde ?
Ô Seigneur, instruis-nous ! Rends notre âme féconde.
Ne nous méprise pas, toi tu nous as créés
Quand même nous serions infiniment stupides.
Etc.
402
Le temps pensé
L’Heure me dit d’écrire et se fait souveraine.
Tout s’éclaire en ce jour que jamais je ne vis.
Danseras-tu longtemps, Rayon, ou je languis ?
Dans mon âme épurée, je te cherche, ma reine !
Voici le temps pensé, dimension quatrième !
Enfin splendeur du moi, ô bien que je bénis !
Je suis ce que je puis, et la sagesse mienne
Me conseille au plus loin d’y chercher un maudit.
L’heure me crie soupirs dans ma mémoire blême
Et je veux en ma chair y cacher un banni.
Souffriras-tu encore dans l’horreur du système
Ou me plongeras-tu sous le noir infini ?
Voici le temps pensé, dimension quatrième ! Etc.
403
Suites/Relances
Dans et autour du miroir
qui tourbillonne en rotation à 360°
infini continu de mouvement perpétuel
pénétrer le miroir et changer
d’espace
de temps
de vitesse
Catalyseur. Le prétendre. Essayer. Cocteau.
404
Des espaces, des lieux
Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos,
Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles
A délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches
Ce qui les sépare - ce qui les convertit.
Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels.
Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement
Des moments de l’activité humaine ?
L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant
Et relevant les images floues, s’octroyant
Un rôle de maître absolu cherchant et décidant.
Le propriétaire de Soi.
Le retrait de l’Etre. La mise en hibernation,
Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle,
Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?
405
Nuancier de faux
La certitude du faux ; la certitude de son savoir ;
Avec ses faiblesses, ses preuves - ses à-exclure ; à
Mettre au-retrait. Dans l’ombre, dans le fermé.
Constamment vérifié son non-fondement ; sa présence,
A rejeter.
Peut-on offrir un degré dans les différents
“ Faux ” ? Un faux puissant s’élimine, un faux léger
Peut servir, et participe après nettoyage à une avancée
Vers la vérité.
Les différents calculs de, de plus
En plus précis - tendre vers le vrai que l’on n’atteint
Jamais, toutefois.
Dans quelle mesure peut-on exclure
Tout doute ? Déterminer la non-présence comme telle ?
Mutations, évolutions de l’essence du Faux et de
406
La Vérité par l’accès au Savoir.
Déterminent les limites de la vérité.
Les limites de l’étant
407
Sans la mathématique
Sans la mathématique, où serions-nous ? Dans un espace allégorique,
dérisoire - château de cartes ? Château en Espagne ? Réfléchissant à quoi ?
A l’idéal de mensonge, à l’impossibilité non renouvelable ? Quelles seraient
les solutions de ces questions à énigme ?
Rien ne ressemblerait à rien, nulle convertibilité de l’écriture en topologie,
de raison en physique, d’hypothèses en applications.
Il y aurait de l’inconnu, du faux-vrai, des élucubrations cérébrales, du nontransmissible,
du non-interprétable. Aucune possibilité de retour sur soi. Il
faudrait s’en référer à un Dieu de la Bible, avec ses discutables
interprétations.
Il n’y aurait que l’illusion, l’illusion d’attraper un homme derrière un miroir,
sans être capable de reconnaître un soi-même. Il n’y aurait que feindre.
408
Tranche d’après-midi
Le rapport de la mathématique à la physique
J’ai la théorie ergodique
et le théorème de Poincaré-Birkoff
Téléphoner à l’éditeur Hermann pour savoir ce qui est sorti en 98/99.
Voir à Laboratoire sur le CD4 Universalis.
Dans l’oreille, le Out Of Control des Stones No Security - le public.
Et du Ravel, du Bach, du Led Zeppelin
Devant mes yeux Gisants de Deguy
Il est 15 h 50, le 27 avril 99
Sur ma gauche, une TV espagnole au son coupé
J’ai rendez-vous à 17 h avec Bruno d’Info MATIC pour enregistrer des
fragments via mon prochain Cédérom.
Penser à appeler le peintre Nicaud pour lui proposer un Site Web etc.
409
Profil-voir
Profil-voir d’un certain angle - telle face,
Tel angle et les deux associés ? La luma,
CAD la caméra 360°, le panorama tel qu’il est
Proposé dans les encyclopédies. Tout l’ensemble.
Encore d’en haut, d’en bas, dessous - dessus.
Non pas un seul qui regarde, mais à plusieurs, associer les pensées.
Toi et non-moi. Je n’étais pas dans ma certitude.
J’extrais, produis, analyse de manière contradictoire.
Brassages de paradoxes,
La fuite pour les extrêmes,
Le retour au centre.
Je te fais délirer, tangages de la raison.
Tourbillons, tourbillons, prends de la vitesse,
Puis stabilise-toi,
En position dialectique.
410
*
" Injecte-moi tes microbes,
fais couler ta salive dans ma bouche
Pour un Système d'Aide au Décisionnel
Interactif (SADI)",
supplie et quémande mon PC qui ne
craint aucun virus, et qui communique
sur le NET avec un autre PC aux Etats Unis
411
Syntaxes amoindries
Insufflées poussées
extases d'écrivain
Le non-probable, la certitude de l'échec
Associe tes coups mélange
avec ta substance amoindrie
pour tes quantités multiples
Il est nécessaire d'aller longtemps
puiser au fond de soi-même
412
La tierce impossible
Martingales procédés potentiels
mais lance te dis-je
lance ta chance
Un peu de sel sur les paumes
prétends à l'état pur
travaille avec l'Esprit
Perles et roses, éclats ce matin même
c'est essentiellement un désespoir
borné dans du satin
Tu regretteras les jeux d'analyse, les
tentatives risquées, les audaces réalistes.
Ainsi de la poésie à l'Esprit, de l'Esprit au jeu,
du mouvement à la recherche et au travail.
C'est une immense dérive qu'ils prétendent inutiles.
413
A l'horizon, les yeux couchés
je mords tes lèvres de menteur
Rien dans la nature
rien sur la pièce
tout au divin
Qui pourra me suivre avec cette tierce impossible ?
414
*
Redéfinir avec l'aide de la mathématique. Transfert-suppositionprolongement
actif- Que les équations offertes transmettent l'effet, le
résultat, la séquence à obtenir. Ce sont encore de nouvelles élaborations
avec les Raisons du Lieu.
de rejets – mais ?
Non pas un rapport énigmatique d'incompréhensions, d'exclusions
415
Les miroirs J. L Borges
Je me demande encore, après maint jour et mainte
Nuit perplexe sous la variété des cieux,
Par quel hasard étrange ou quel vouloir des dieux
Tout miroir me saisit de malaise et de crainte.
Miroirs, cieux, surfaces, espaces
Fragile et éphémère, poète tremblant dans le
Miroir de l'imaginaire, espace bariolé de reflets
Infinis avec l'impossible qui côtoie
L'invraisemblable - un univers de risques, de faux,
Et de pulsions émotives ;
mais encore, - azur qui
Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans
Un ciel irréel ; lac, surface lisse où
La pureté d'un cygne vient troubler le
416
Repos du dormeur.
Variétés, formes du hasard
Pour l'intelligence complexe, c'est l'art de
Tisser les lis avec subtilité !
Miroirs, cieux,
Surfaces, espaces pensés et regardés comme un
Hasard modulable, lieu du questionnement où
L'audace poétique s'associe à la raison de l'écrivain.
417
Des labyrinthes fangeux
Des labyrinthes fangeux, des structures internes
Complexes et déplorables, un néant à combler
Par le travail, par la studieuse constance pour
Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement,
Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans
L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance.
Seul, toujours seul.
Qu'importe d'être compris, d'être
Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbre, solitude, oublis !
N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?
Comment achever cette vie inutile faite de rejets,
De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas
Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ?
Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question;
Des labyrinthes fangeux, des structures internes.
418
*
Fractionné en soi en deux,
deux hémisphères
Des identités, - à dire :
Masse de cervelle vivante, activée par
autrui, reconsidérée par soi avec rejet, choix
et variabilité infinie.
Rejet : prétendre
choix : décisionnel
variabilité : courir, courir en évinçant,
ajoutant, condensant.
Actions appliquées à la poésie.
Encore filant, fuyant, dit-il.
Fais éclater l'orgasme poétique
419
dans ta bouche lumineuse
*
Les roseaux très serrés
L'incompréhension d'Husserl,
La vérité de Pascal
Et là-bas le déplacement des Cygnes
La haute pensée du Midi clair
Une compréhension de points sources
M’envole, m’éloigne du vrai
Je cherche solitude, ombre et paix
J'entends des formes abstraites,
Des sortes de Dieux m'envoyant leurs messages
Puis je m'interroge :
Combien de temps encore
A supporter cette détestable destinée
De poids, d'inutilités et de souffrances ?
420
*
Percevoir la distance
La mesurer de l’intérieur
Evoluer dans une sphère idéalisée
Par la mathématique pure
Se déplacer, osciller,
Chercher le centre de la vérité
L’œil éclairé se fixe là
En 360 degrés
Pour décider
Le noyau l’éclate.
421
Pensées sculptées
*
Sachant et quémandant
Un savoir autrement
Esprit de petites choses
Qui supplie la métamorphose
De ses bases connues
Toute science suppliant !
Aimer et comprendre
Se purifier, apprendre
Et voler maintenant
Pour atteindre l'Eternel
Transporté et ravi
Dans l'ère du Paradis,
Conscience et sans ail
422
Espérer un esprit
Doté d'entendement
Lumineux et qui prie
Et implore nuitamment
Toute science suppliant !
Dans la nuit ténébreuse
Transportée, éclairée
L'âme radieuse
S'envole exaltée
La haute intelligence
Et le sublime savoir
Font vœu d'impuissance
Jurent leur dérisoire
Et quémandent au divin
Toute science suppliant !
Pouvoir se vaincre et se convaincre
423
De s'en retourner à l'innocence
Et toujours se nourrir
Des fruits de la souffrance !
Que l'amour de la Sainte Trinité
Nous délivre de nos péchés
La transcendance et la clémence
Soufflées par la Divine Essence !
Et Jésus Christ saignant
Toute science suppliant !
424
Le Manuscrit inachevé
Vision divine
En guise de croyance, une force à adorer.
L'être de Lumière qui ordonne.
Le flux de l'amour et le tourbillon lumineux
Immuables dans toute leur sérénité.
Vif et semble renaître à chaque instant,
L’Être s'éclaire de ses pensées.
Les ondes soufflées de vie à ma face.
Vent de joie inépuisable qui s'accélère.
Parfaite éternité, souveraineté divine.
Le raisonnement vif comme l'éclair :
Les images de mon enfance filent, sont lues.
Étapes de mon enfance. Procès libérateur.
Dieu : "Retourne d'où tu t'en viens."
Le passage dans le tunnel étroit. Retour.
425
L'immense faiblesse à réintégrer son corps.
Losanges
Paix monotones, rotations sublimes
Paix monotones, rotation sublimes, d'où viens-tu ? Qui t'a conçu ? De quel
sein, sors-tu ?
Peut-être ai-je à te craindre comme j'ai prononcé ces paroles ?
Il faut dire : grand, immense, sublime ? Il faut crier : tu es invincible,
éternité ?
Je ne dis pas : je crois. Je dis : je te sais.
Puissance d'amour et de souffrance, je te crains.
Comme cette petite Force a-t-elle pu faire de si grandes choses ? Et tu m'as
répondu avec tes rayons d'amour !
426
Quoi ? Le poète a eu la révélation divine ? Il l'a dit ! Il l'a dit ! Sacrilège,
sacrilège !
Comme je te crains Force qui sembles si injuste ! Comme je te crains !
Ignore-moi. Je n'existe plus. Attends ma mort. Je ne suis qu'un ver de terre.
427
Variances
Pech-Merle
Il y a des sons au plus profond du silence - des sons et des ombres qui
s'associent à la lumière.
J'essaie de comprendre le pourquoi mais je ne puis comprendre.
Cet infini m'échappe. Je plonge. Plonge avec ma piètre intelligence et le
sens m'échappe.
Tout cela a été caché pour le futur. Furtivement la pensée rampe et tente
d'accéder au vrai. Mais l'imaginaire du passé semble à tout jamais perdu.
La lumière en moi tourbillonne, le temps d'autrefois est obstrué. Cet antijour
est un autre vrai qui appartient à la Civilisation.
Qui éclaircira ce vrai ? Qui offrira l'œil à la fente ? Tant de questions
constellent l'intelligence de l'homme et nul ne peut y répondre !
428
Grappillages
Science poétique
Hyperbole de ma mémoire
Scientifiquement ne sais-tu
Extraire de mon nouveau grimoire
Les lois exactes des vers lus ?
Hyperbole de mon temporel
Hyperbole de mon temporel
Vers le futur le sais-tu
Connaître de ce proche réel
Acte et propos au présent tu ?
J’instaurerai par ma science
Le nécessaire absolu tel,
L’heure ignorée de ma conscience
Vite s’écoule dans l’immortel.
Si fait qu’il me faut détenir
429
La certitude en sa synthèse
Au point exact du devenir,
Et d’abolir toute hypothèse
De toute espace pourtant inclus
Dans d’autres espaces encore exclus.
430
FANTAISIES POETIQUES
431
Le Moût et Le Froment
Il te faudra cette semaine
Il te faudra cette semaine vieillir les fruits exaltants et longtemps descendre
les montagnes de rêves. Ils symbolisent déchets et crasses, putréfactions
horribles, odeurs insoutenables que toi seul hélas ! tu oseras humer. Dans le
désespoir de la solitude, les sens malgré un dégoût répugnant cherchent un
bonheur vain, une délivrance et un air pur regretté. Ces roulis de peines dès
que la ligne de l'esprit sera irradiée blesseront, déchireront un corps déjà
noir de pus.
Images captivantes que la misère développe à une cadence effrénée avec
l'horreur que cela inspire. L'une d'entre elles assassine les pages blondes qui
vivent dans l'attente d'un lendemain. Elle détruit l'espoir, cette unique
contemplation que tu t'essaies à conserver en toi. Je la sais brûler les taches
d'or épousées dans les ténèbres de son néant. Je la sais flamber les feuillets
superbes dont l'existence est déjà compromise.
L'autre comme attelé par quatre chevaux dévale les sommets et les pentes de
l'infortune avec l'agilité divine. Elle, parée de somptueux bijoux avance
majestueuse tenant dans sa main droite les rênes de la postérité. Les
coursiers bavent de l'écume par les naseaux, se cambrent et crachent des
flammes qui vont se perdre dans l'infini. Elle seule sait les maîtriser.
432
Elle est ce corps svelte aux proportions harmonieuses, ce sourire éclatant
qui lui donne la dignité de la femme forte de son avenir.
Ce sont du moins ces parties qui se chevauchent, qui se succèdent avec une
vitesse, avec une rapidité incroyables. Elles glacent les intestins qui éclatent
sous l'action du froid, qui explosent sous les regards vainqueurs de la
femme.
Mais libéré ou prisonnier, sous le joug de l'incorruptible confusion, les
sinuosités m'envahissent. Les éléments même de la déperdition s'acharnent
sur les sueurs de l'insomnie. Des tremblements puis des bontés, des drames
puis des voluptés et des raffinements luttent dans un tumulte de vice et de
luxure.
Engagement de deux colosses gigantesques qui s'écrasent et se relèvent, qui
sont tonnerre et foudre, immortels et invincibles. Des sentences pour ces
démons, de phénoménales vengeances pour retrouver la quiétude et la paix
désirées.
Impitoyables ennemis et pourtant en harmonie avec moi-même. Mon âme
crée les combats, les charniers et les artifices. Elle engendre des nuées de
cauchemars, elle enveloppe d'étoffes gonflantes les cataclysmes subis, les
catastrophes vénérées.
J'aime à comparer cette fresque étrange avec l'épique marasme qui détruit
433
tout sur son passage, qui multiplie les dangers d'une vie vouée à l'étrange et
au mystère.
Quand s'éteignent lentement les lumières vacillantes des chandeliers
d'argent, les chambres consument encore les dernières lueurs qui s'enfuient :
or, palme et plaisirs ! Tout s'entrelace dans des coffrets immondes, tout
respire les parfums discrets que juxtaposent dans de phosphorescentes fêtes
des fantômes exhibés. Depuis que la porte laisse échapper les envolées
divines par des trous béants, ils mystifient la raison pure et contribuent à
haïr les actes sauvages.
Par manque de logique déterminante, hagards et bornés, leurs mouvements
irréfléchis restreignent les essais. Ils avortent les fruits dans des solutions
troubles et inexpliquées. Le poids des fatigues retarde un exode désiré
puisqu'ils font courber les protestations avec des fouets excrémentiels. Je
m'explique : hier, les pensées, les réactions se rejoignaient par essence
inconnue mais révélée. Des complexités poreuses montaient irréelles sur des
magmas de terres travaillées. On voyait s'élever les pulsions, il en résultait
cette appréciation mouvante et incertaine.
A présent les conditions diffèrent. Je malaxe des rejets, et les substances
inondent de caractères blanchâtres des œuvres indéfinissables ...
Un non-sens toujours, car s'accouplent des mots incapables d'exprimer une
opération logique. Ils sont des groupements subtils de malfaçon, incohérents
et pourtant harmonieux. Ils déterminent le doute absolu que chacun doit
434
posséder en soi. C'est l'incertitude pour le monde incompréhensible. C'est
convaincre l'homme de son impuissance à se diriger soi-même.
Rien que des planifications et des regards braqués sur l'histoire ! Des
illusions avec des instruments d'aucune efficacité. Vous brandissez des
rapports, des analyses structurées, des conclusions et des bilans sur le
devenir humain. Vos complexes machines sont vos cervelles grises qui
restituent des amalgames approximatifs. Des millions de données pour
d'insignifiants résultats ! Vous en êtes encore à la sorcellerie scientifique,
vous plaisant à programmer des banalités, des débilités de rêves enfantins.
De là, vos ressources se désagrègent, vos profondes expériences
n'accaparent que des vents incertains. Quand bien même de minuscules
vérités s'offriraient aux interprétations diverses, jamais vous n'obtiendrez la
juste appréciation recherchée.
Je suis la pensée qui exprime les intolérables mensonges que personne
n'avait osé dépister, la splendide tricherie que vous n'observerez que chez
les autres, qui se cache en vous-même malgré votre bonne volonté et vos
apparences trompeuses.
Vous vous propagez croyant manier avec habileté un appareil sans âme, un
bourreau sans sentiments, une sorte de divine force que vous contemplez
comme l'irréfutable Messie.
435
Hommes de science, vous n'idolâtrez qu'une mémoire, que des fonctions
irréfléchies. Vous vous plongez dans l'univers du chiffre sans espoir de
conquêtes sur le mouvement des destinées et de ses révolutions.
436
Ombres bleues
Il était une fois
Il était une fois un joueur d'échecs formidable, à la cervelle parfaitement
construite. A l'âge de seize ans aucun homme vivant sur terre n'avait pu
prétendre le battre.
Les intelligences américaine et russe s'associèrent et programmèrent sur un
ordinateur toutes les combinaisons possibles et imaginables qu'aucun
humain n'eût pu assimiler.
Ce génie aux ressources exceptionnelles, en quinze coups, fit mat à
l'ordinateur. Sept parties furent proposées. Il vainquit sept fois de suite avec
une facilité humiliante.
"Je possède en moi un don céleste" criait le génie. "Oserais-tu te confronter
à mon âme ?" suppliait de rage et de passion l'imbattable les yeux fixés sur
les étoiles ?
Dieu, habitant immuable d'un autre espace-temps, rempli de fiels et de
haine, se manifesta à l'immortel terrestre.
- J'ai créé l'Univers et je connais la rotation du soleil et des astres. Toi qui as
437
osé me défier, je me présente à toi.
La partie s'engagea dans une chambre austère. La Force de Dieu illuminait
de sa présence sublime l'intérieur glacial où demeurait le génie.
Il dit au maître de l'Univers, "Ô toi, tourbillons circulaires de pureté, jamais
tu ne pourras me vaincre sur mon terrain, sur ces 64 cases blanches et
noires. Tu as dominé Satan, que feras-tu de mon âme ?"
Dieu se taisait et pensait. Concentré dans sa lumière interne, il composait
l'impossible. Le combat dura trois jours et trois nuits.
L'homme épuisé, les yeux crachant du sang, s'exprima : "la partie est nulle,
nos rois disposés sur la même traverse, se font face : aucun ne gagnera".
Il était toujours un Dieu qui jamais ne pût s'écrier : "Je connais mon maître."
438
La théorie
La théorie de l'incertitude.
Tendre à décomposer le problème en fragments afin de réduire la difficulté
présente.
Insérer le hasard jusqu'à lui donner la valeur de l'infini. Soumettre la loi aux
dés, aux boules. Appliquer le résultat à l'incertitude née du destin, des
événements futurs, puis à la femme. Déterminer la formule algébrique. Pour
quelle utilisation ?
439
L'épilepsie transcendantale
L'épilepsie transcendantale jusqu'à la destruction irréversible de l'homme.
J'oppose au Mal la gangrène isolée de sa matière inapte. Espiritu !
Le noyau intracellulaire condamné, rongé par le microbe avide de ses
propriétés chimiques.
Biologie - Les précédés naturels dont se servent les praticiens.
Survie, après son cancer.
440
La parabole d'Etna
La parabole d'Etna représente l'ensemble des points contenus sur la courbe
des variations irréelles admises entre le futur proche déterminé par P1' et le
présent P1 d'espace angulaire 3, radiations ra1, ra2, ra3.
Le jeu des variantes s'obtient par l'application de la loi de Zopiste d'après le
mouvement Moduondulé de vecteur V1 avec
VI = Aspect inconnu
Comme le doute est indéterminé par l'accouplement des facteurs des zones
découvertes, on en tire le radical-flèche des hypers inconnus.
441
L'énergie potentielle
L'énergie potentielle dégagée dans les solides et les masses indistinctes.
Circonférences obèses ; nombre confondu dans les grandeurs incertaines et
dans les transformations des archétypes indifférents.
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L'énergie potentielle
L'énergie potentielle dégagée dans les solides et les masses indistinctes.
Circonférences obèses ; nombre confondu dans les grandeurs incertaines et
dans les transformations des archétypes indifférents.
443
Ce qui frappait
Ce qui frappait, ce qui choquait c'était cette impossibilité à donner au
Hasard une valeur réelle, déterminée.
Je me concède le droit au luxe et à la beauté.
C'étaient une insinuation, un non-sens.
Les fluides cosmiques traversent en paraboles étoilées les voûtes et les
constellations du Christ - écrivais-je. Je pensais à l'Action Divine. Il n'agit
qu'en décharges émotionnelles. Imaginons la Force rééquilibrer son monde
avec des flux psychiques.
444
Collages
Chacun savait
Chacun savait que résoudre ce problème était un exploit impossible. Aucun
être humain même le plus rusé, le plus subtil, le plus intelligent ou le plus
génial ne s'y risqua.
Un petit poète haut de trois énigmes le résolut.
Mais quel était le problème si mystérieux, si épineux qu'aucun homme n'en
devina la solution ?
Je pose la question.
6 - 4 - 40 - 12 impossible. Avec des osselets obtenons un double sept.
Roulons nos corps dans les moiteurs de l'invisible. Fuites des temps, de
l'espace. Apprenons à flotter dans les vibrations intersidérales des mondes
nouveaux.
Trouver l'équation de cette affirmation. En termes clairs : qu'est-ce que ça
veut dire ?
445
Les pyramides
Les pyramides ont une face cachée. Les géants s'amusent au 421 avec les
trois dés.
A chaque lancée, une surprise : 1 chance sur 64 d'obtenir le triple 4. J'eusse
préféré chercher par le magique et le satanique le 666, mais il n'y a que 4
faces.
Je note des chiffres extravagants. Les pauvres n'y voient pas de compte. Je
les garderai au secret pour l'éternité.
De mon salaire. Ha ! Si quatre zéros s'accumulaient derrière le 1, comme je
serais riche !
446
Les Hommes de Science
Les Hommes de Science privés de ballons d'oxygène s'engagent dans les
profondeurs de l'absurde. J'ai appris qu'un électron pouvait passer par deux
trous séparés et distincts en même temps.
Je lâche une charge. Elle remonte le temps et frappe le casque de
Vercingétorix.
La trente troisième bêtise reste à découvrir. Tous à la trouvaille. Je prépare
mes révolutions en coupant mes têtes, - une de médecine, une de mécanique
céleste etc... La prophétie impose à faire plus que réfléchir. J'éclaire de
pensées fulgurantes les déserts divins.
Le ruban de ma vie est équivoque. Je refais une destinée qui n'est pas
mienne. Choquant comme de porter les vêtements d'un gueux. Enfin ma
puanteur dégage des odeurs délicates et agréables. Le lecteur aime.
Toutes mes insomnies finiront par endormir ma cervelle. Je m'épuise en de
détestables résignations.
Ma vieille terre crache trois tonnes de feu. L'impuissant s'active.
Progressions perverses culminant au sommet de la lubrique histoire : vierges
447
et vampires. Eloignons-nous. Je monte aux cieux limpides.
Exigences de la poésie : sacrements primaires jamais démoniaques.
Du feu ? De la pauvre lueur ? Les chandelles illuminées ? Le phosphore
court dans les cimetières, légendes bretonnes des feux follets.
Les vieux se calment, les morts parlent, les belles s'ouvrent d'envie ;
l'ancêtre tremble, l'au-delà écoute, la pucelle cache son petit triangle.
Vibrations érogènes dans des poils clairsemés.
Le maître du cyclone ; Eole, retiens la tempête dans la peau du
cochon ! Les pores s'enflamment, mon cœur bat.
Les pygmées, les esclaves, les basketteurs trébuchent sur le tapis de la
fougueuse Afrique ? Les rythmes nouveaux sont là-bas. Atteindrais-je
l'Abyssinie ?
Idioties, répulsions. Recherchons les lèvres roses des femmes noires.
Explorons. Je jouerai les missionnaires. Les sueurs, les chaleurs, les
moustiques. Tout m'appelle à mes origines.
448
Losanges
L'équation
L'équation était biscornue. Plus il s'enfonçait dans le raisonnement, moins il
y comprenait quelque chose. Après nombreux tâtonnements, il résolut de ne
pas pousser ses opérations plus profondément.
Le poète et le mathématicien s'épousent avec intelligence : l'homme de règle
étant imaginatif, le rêveur pourvu d'algèbre invisible...
449
Louanges du feu
Pure essence
Je chanterai l'essence de mes poèmes.
Fille au nombre d'or,
Algèbre que j'adore.
Mathématique vaine des règles usées
Que je ne compte ici les mois sués.
Dans le cylindre étroit de ta couche célèbre
D'allées et venues d'arithmétique et d'algèbre.
450
Parapsychique
Ô nous, ô toi dans les chaleurs antiques.
Diapasons d'effets stridents. Se meurt l'étoile sous ton image.
Sa substance te sera meilleure.
Ô pensée, mémoire de l'être,
Substantielles dendrites
Activant mon flux de sang,
Je me souviens encore de vous
De l'hypothalamus aux pouvoirs secrets
Développant des forces innées.
451
Prières/Phrases/Exil
La surprise
Vous parlez d'une surprise. On avait tiré la chance numérotée de boules
dans l'urne des aveugles et de l'ignorance. Le succès était assuré par une
main invisible qui trichait.
La mécanique céleste vole un ballon d'oxygène gros comme dix mille
pommes Newtoniennes. Adam et Eve ne purent y résister. Ils atteignirent
aisément le septième ciel.
Le feu de glace éclairait la fausse fenêtre ouverte sur une place en trompel’œil.
Il louchait, et croyait à un miracle. Erreur ! C'était de l'image poétique
reflétée par sa mémoire déformante.
452
Les bornes
Ils y avaient des bornes, des arbres à intervalle régulier, des barreaux placés
à égale distance sur la grande échelle qui montait au ciel. Des rotations
terrestres approximativement égales, des durées, des secondes très justes. En
vérité, on n'y comprit rien comme l'Univers se mit à basculer, à s'emmêler
ses planètes, en s'enrubanner dans les queues de ses étoiles filantes. Tous
mathématiciens, physiciens, astrologues, Dieu lui-même s'inquiéta de cette
absurdité. Pourtant ses calculs sont justes, criaient-ils ! Pourtant mes calculs
sont justes, croyait-Il.
Enlever la poussière dans l'œil droit du poète, et vous y verrez plus clair.
Chers Maîtres, ça n'a aucun sens ? Ça ne veut pas ne pas rien dire ! Vous
seriez injustes de ne pas me répondre.
453
POèmES DE L’A-SCIENCE
AUDACES POéTIQUES
FANTAISIES POéTIQUES
454
FRANCK LOZAC’H
Tractacus Philosophico-Poeticus
455
Le parcours de la conscience
De nulle part. De l’éphémère insoupçonné comme
Intuition, peut-être - pas encore - substance,
Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G
De Spearman sans doute. À la recherche de
L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,
De la fusion - du risque, de l’audace - outils
D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux
Accéder aux plus belles productions de la raison.
Encore avec intelligence, et langage - y faisant
Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.
À moins que je puisse espérer l’intuition pure -
Il ne faut pas douter ! - Plus tard encore la
Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et
J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.
456
Le chemin de l’âme
L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience
D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité
Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -
La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.
La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?
Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,
Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !
La modification proposée pour le Christ, le dessein,
La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.
Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour... ?
La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-
Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,
De perceptions, les rapports, les constructions etc.
Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?
457
La mémoire de l’histoire
L’absence qui n’a pas été retrouvée, comment la
Saisir et où ? Est-elle perdue dans l’A-histoire ?
Mes mutations, mes essences progressives de vérité,
Parfois, moi l’homme, je m’en souviens, - je les ai inscrites...
Est-ce mon degré de conscience qui détermine ma
Volonté d’histoire, elle-même liée à une
Recherche de métaphysique ? Singe, je transmettais
Mon patrimoine génétique, du moins, homme, j’ai
Ma langue, mon sacré, mon profane, ma culture,
Un monde historial. Je conçois l’histoire
Dans le principe évolutif de Darwin. Husserl me
Paraît impossible et Heidegger trop sectaire entre deux
États - l’avant et l’après grec. Ce que je sais :
J’ai toujours besoin du passé pour construire l’avenir.
458
L’homme et son double
L’homme et son double. Son Moi pensant, supérieur,
Transcendé, qui condamné la chair, la repense - s’élève,
Qui subit cette relation d’homme à l’être avec nécessités
De satisfaire les besoins terrestres - Lui qui s’évanouirait
Dans la transparence - qui est englobé, écrasé dans
Cette chair ténébreuse et puante ! - Oui, d’autres limites,
D’autres possibilités. Il est avec l’Autre, relation
Étrange, détestable, de dominant-dominé, de
Faible-fort-d’espoirs et de réalités. Cette bipolarité,
Cette correspondance. L’homme tend vers la Terre, quand
L’Esprit est attiré vers le Ciel. J’attends, je fais du sang,
J’attends fébrilement la mort - la rupture, la coupure,
La cessation, la fin - pour cette liberté spirituelle
D’accession à l’Idéal parfait de la Divinité.
459
L’errance
L’errance. Pour découvrir une autre vérité. Au-delà
De l’époque. Ignorer toutes les histoires passées -
Est-ce réellement possible ? Et je pense à Arthur -
L’errance, est-ce une erreur ? Moi, je lui ai préféré :
La synthèse à l’intérieur avec les produits d’autrui.
Et j’ai fait œuvre de jeunesse - de valeur inférieure.
Cela va s’en dire, mais j’ai cherché également.
J’ai insisté, sans faire preuve d’aberrance - avec fréquence
Toutefois. Étais-je égaré ? Non, tout ceci était borné,
Banalisé, sûr, certain, fort et grand - il me fallait
Fusionner le savoir de l’autre, des autres - il fallait.
Destin avec Destins. Alors “la liberté-le sacrifice”
Ou “le malheur-la réflexion” Pour quelle détresse ? Quel homme ?
460
La pauvreté
La pauvreté - en constance de manque, d’interdit,
De blocage - de privation, avec certitude
De faiblesse. Relation de l’homme à soi. La
Vertu est-elle une richesse ? Faut-il se dépouiller,
Se purifier, rejeter l’animal-subsistance ? La métaphysique
Exige la pauvreté. Dieu étant le fabricant,
Est-il le donnant ? À quoi possède-t-on ?
Où sera la suffisance de l’âme, de l’esprit,
De l’homme, de l’athé ? Jusqu’où iront les hommes ?
L’élévation. La finitude pour la perfection - l’espoir ;
À quelle extrémité de dénuement ? Dans le désarroi
De notre Néant, de notre sinistre profondeur ?
La pauvreté - l’homme sans facultés, l’homme avec
Dieu, mais toujours peu. Avec le Fils mais ignorant,
Avec l’Esprit mais impur. Faut-il faire l’Ange ?
461
L’homo lozachus
Un homme qui pense sans fonctions biologiques, homme
Sans appartenance à la nature - la délaissant, la niant,
La refusant - Corps-prison - sexe bas - actions primaires
Rejetant la vie dite essentielle - homme parlant-écrivant,
Apte à percevoir le sensible - essence qui pense -
Pourquoi ? Pour sortir, s’élever - rejeter la chair.
Esprit aspirant à la liberté spirituelle, l’au-delà.
Être en attente de mort, soucieux de vie cérébrale,
Se préparant, se construisant - mystique-actif -
Désireux d’accéder au supérieur, le supposant -
Le pré-sachant - Existant sans les organes, toutefois.
Non pas le pari, mais la certitude - les preuves visuelles -
Se formant pour accéder au grand principe de compréhension
Universelle. Mais est-ce raisonnable ? Est-ce ?
462
L’être subissant
Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.
Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,
Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche
Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre
Accéder à un état purifié pour changer mes relations
Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.
Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,
La logique, le sensible, le saut etc. les outils -
Rationalité, expérience, futur - le matériel, et
D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation
Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.
Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.
Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.
Finalité de l’homme - Est-ce but ultime de la vie ?
463
Le temps et la mort
La mort. Quelle mort ? Terrestre, de présence, d’à-côté ?
Fait biologique ? Que craindre ? La vérité révélée,
Enfin ? D’avenir - d’existence - d’au-delà.
La mort possible à chaque instant. Suis-je menacé ?
Le temps peut-être qui condamne mon projet.
L’avant-mort avec déchéance de vieillissement.
L’être-pour-la-mort se projette en avant de soi.
Il devance son objectif.
La rupture - le changement
D’espace - d’autre vie. ESPOIRS ! Y a-t-il une chose ?
Quelque chose ? C’est affaire de croyance ou de foi.
L’immortalité rapatrie la vie auprès d’autres existences,
Mais quelle conscience pour l’élu ?
464
Qui dans son espace
D’homme s’est réalisé ? La certitude de l’ennemi, le temps.
Toujours à mes côtés. Augmenter le volume des jours.
Reste l’absence
Reste l’absence. Pour quelle présence ? Vers qui ? Personne.
Tout en Moi. Sans détresse. Avec raison et avancée.
Il n’y a nul désespoir, mais conscience du dedans.
Il s’agit d’une formidable activité interne, cérébrale.
Ne s’aventure pas dehors, sachant la faiblesse,
La part inutile de l’autre. S’instruit dans des livres.
Travaille avec les Anciens. Est-ce calcul, analyse ?
Est-ce vrai ? Pourquoi le doute n’explose-t-il pas
En suprême pensée ? Craint-il la mort ? Il l’attend,
Certain de l’au-delà, de l’avenir. Quelle menace ?
Crainte de l’impureté figée dans l’accumulation
Humaine, de débris, de pourriture, de soi, en vérité.
Donc se faire Christ ou Saint, s’élever, at-
Teindre l’intemporel, ou l’effrayant néant, peut-être.
465
L’homo spacialus
Une planète qui se rétrécit. Le travail uni-
Versel. The Global Village, la mondialisation.
La sacro-sainte évolution technologique, le partage,
Les ressources naturelles, le risque atomique, les pays
En voie de développement, les nations riches, l’ONU.
C’est le seuil d’une époque, le troisième millénaire -
Contrôles, tests nucléaires, CNN, les Coms.
Les races disparaissent. Les villes cosmopolites de Rimbaud.
Le Big Brother, faut-il en avoir peur ? C’est non,
C’est l’ami, c’est l’espoir. Vigilance et espoirs.
C’est conscience par l’homme spatial de son insignifiance,
De la boule bleue, unique, si petite dans l’Univers.
C’est la plate-forme ALPHA de coopération, d’amitiés.
Est-ce de la naïveté ? Le progrès selon Victor Hugo !
466
La stratégie
La stratégie - le but - l’objectif - le désir.
Que veut cette pensée humaine ? Comprendre l’Essence.
C’est-à-dire l’origine et la finalité. Est-ce
Les deux, il y a l’homme, donc Alpha et Oméga.
Le dessein de l’origine de Dieu, le dessein de la
Finalité de Dieu. L’homme se situe entre les deux,
À un temps défini. La pensée est dans l’homme. Cette
Pensée-là n’est peut-être qu’accident assez insignifiant.
Il faut se purifier. C’est donc un schéma mystique.
Il faut apprendre à déposséder pour nous jeter
Hors de nous-mêmes.
La finitude est dans l’être toutefois.
Il s’agit d’accéder au plaisir ou à la jouissance,
Une sorte de bonheur de vivre que l’on nous promet.
Ou l’éternelle douleur dans un profond Néant, peut-être.
467
Le dépouillement
Le dépouillement - la destruction des valeurs,
Le renoncement à la chair - l’abolition financière,
La remise en cause de l’acquis. À poil ou
Ne passe pas. Votre savoir. Votre ignorance. Moi,
Dieu. Je détruis vos structures. J’abolis vos principes.
J’offre un nouveau destin - changez ! L’essence de la
Vérité. Achevez le schéma de la subsistance, de la
Jouissance. Vous appliquerez mes nouvelles lois.
Ce nouveau vrai dans un espace révélé, différent.
Ta valeur ne compte plus ; condamné à effacer
L’âme transcendée ; - le partage ; est-ce survivance
Élaborée dans époque future ? Abandon immédiat
De soi - autre logique - autre certitude, autre
Objectivité ? Pour quelle richesse, en vérité ?
468
Le calcul
Le calcul. Le pari de Pascal. La garantie future,
La méthode de l’arriviste. La constance de
Certitude. La vérité dans l’invisible. La perception.
Rationalité et paranormal. Science et au-delà.
Se refaire. Se reconstruire avec du délétère,
De l’impalpable. Penser avec l’inconnu. Supposer.
Est-ce audace, risque ?
Une vérité unique,
Intransmissible, pour soi-même, - expérience personnelle
Volonté de rechercher avec l’objectivité.
Le doute. - La fiabilité de ses sens. - Les résultats.
Est-ce nouvelle essence métaphysique en auto-prospection ?
L’avenir. Le Dieu vrai. Le bonheur, le bien-être. L’utopie.
Ou l’éternel néant. La finalité du rien. De la mort
Totale, biologique, absolue. - Qu’en est-il de jouer ?
469
Les conditions du possible
Ce que l’on ignore et qui est possible ; la limite
Temporelle imposée à l’homme ; le cadre de l’époque ;
Concevoir l’imposable par le risque et la créativité ;
L’impensable, - l’absurde, - puis un élément insignifiant
Vrai participant à l’élaboration du projet, second
Élément ; troisième élément, - les contours se dessinent.
Un désir qui porte au-devant de soi dans un espace
Nouveau, inconnu encore. Suis-je capable d’at-
Teindre ce que je désire ? La condition du possible
Se situe dans l’homme qui veut devenir être ; pouvoir ;
L’origine du désir, - ses gènes sexuels et cérébraux ?
Est-ce de l’énergie alimentaire transformée ? Qu’est-ce ?
Ce besoin, ce facteur G de Spearman, cet indice C
D’élans, d’actions. Qui le produit en soi, qui ?
470
La détresse
La détresse. La conscience du faible, du peu,
De l’insignifiant. La volonté, l’appel, la supplique.
Un Dieu ? Ce Dieu ! Lui peut prendre en pitié,
Aider, aimer, ajouter, - offrir des miettes - Lui peut.
Moi, nulle puissance, - nulle intelligence. La fourmi
Médiocre, au souffle insignifiant. Qui parle d’essence,
D’essence humaine ? Il faut donc changer de nature,
Passer à l’ange c’est-à-dire au Soi exalté sans la
Chair, la nourriture, les excréments, le sang, le sperme.
Délaisser l’habit de corps pour embrasser l’enveloppe
Spirituelle. Se transcender en force nouvelle, pure,
Élaborée, consciente, élevée, claire et sainte.
C’est cela : se sanctifier dans l’Élévation du Ciel,
Quelque chose de pur et de surnaturel...
471
Le schéma intérieur
L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour.
La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme.
La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer -
Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.
Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur,
Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier !
L’œil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ?
La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.
Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiero
Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ?
Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer
Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard.
Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ?
Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.
472
Topologies
Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,
Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer
Sur son propre chemin. Croisements, lieux et
Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,
De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.
Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.
Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,
Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.
De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.
Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,
Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder
À l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,
Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,
Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.
473
Les vêpres de la pensée
Sorte de religiosité interne. “Les Vêpres de
La pensée” dont parle Beaufret. Cette espèce d’essence
Eschatologique qui veut sacraliser l’instant.
Une perception pure permettant d’accéder au Suprême.
Pourtant nécessité, pour expliquer la chose de lui
Associer du matériel de mots, d’adjectifs, de verbes.
Dialogue conçu par Un, pour le Même, puis offert.
Linguistique supérieure, transe théologique maîtrisée.
Mais l’homme est homme et ne peut communiquer avec les
Dieux. Acte réflexif de Moi à Moi. Ou encore
De Moi aux Frères - aux Hommes - aux Suprêmes qui jugent
De la médiocrité du langage. Écrire, est-ce détresse ?
Supplique, appel ? Transmission ? Poésie ; sens et essences ?
474
Le temps
Le présent, un passé qui s’enfuit. L’entonnoir,
Le goulet, la spirale infernale qui happe l’homme ;
Le maintenant échappe ; fragmenter les instants en t 1 , t n ;
Processus, procédé, maîtriser la fuite, l’éloignement.
La décomposition répétitive, idem d’un jour à l’autre ;
L’accélération, l’intelligence, la vitesse. Aller
Sur le temps ; je prends du passé pour aller vers l’avenir...
J’habite un présent ; perception unique du temps.
Le flux continu ; de là-bas à là-bas ; mon essence
Est dans la mémoire ; le passé porte la substance ;
Perceptions qui s’éloignent, qui se fixent, - parcelles
De temps divisées, à devenir insignifiantes, - leur durée.
Le temps est une apparence quand la vérité est intemporelle.
L’espoir est dans l’avenir qui est déjà programmé.
475
Les moyens/l’action
Le savoir. La maîtrise de la logique, la con-
Naissance théologique, le nécessaire pour comprendre,
Le suffisant, les limites cérébrales, le travail en
Commun, l’homme avec l’homme, la part du QI.
L’élévation. Ses faiblesses, ses forces, l’adaptation.
Innover, la vérité des sciences, l’essence de l’art.
Le dépassement, la mièvrerie poétique, la matrice
De la vieille femme âgée de 3 000 ans, les enfants
Chétifs, la philosophie évolutive, la certitude
Divine. L’insignifiance humaine. Et pour quelle
Gloire ? Je vous le demande ! ... demande !
Car la finitude est bien le tombeau. Ou l’enfer. Si
Condamnation, il y a, ou la pureté idéale avec
Nouvelles perceptions, nouveaux langages, nouvelles aptitudes.
476
La stratégie pensante
La stratégie pensante. Le mécanisme cérébral.
La méthode pour produire, pour extraire, exploiter.
La volonté autre, nouvelle, supérieure, non pas
À la manière de Nietzsche, débouchant sur un
National-social - SS et Shoa, mais Soi
Avec Dieu, avec les hommes, tous les hommes quels que soient
La race, le pays, le sexe. Je cherche : intelligence
Avec machine, histoire, futur. Non pas le paraître
Du poète, superficiel et insignifiant, mais l’être
Du penseur. Une nouvelle perception et maximiser,
- Augmenter, ajouter sur l’autre, sur Autrui et sur Soi.
S’éloigner de l’ignorance, le fléau, ô Arthur !
Conception personnelle méprisée, incompréhensive, qu’importe !
Soi dans sa paranoïa d’orgueil et de méfiance.
477
Poème/Lecteur
Ne pas penser, poème, mais percevoir. Le rapport
Au langage, le moment dit évocateur. Le
Panorama d’images, l’avalanche, la composition,
L’offre : Le voyez comme moi, la force, la passion,
La flexibilité de l’intelligence, l’adaptation du lecteur.
Densités des effets, distorsions, audaces, le dia-
Logue avec le pseudo-spectateur, agis par Moi.
Les mots deviennent des choses. Je t’emporte où je ne suis pas.
Le droit au mensonge. Mon illogisme, l’irrationnel,
L’improbable, l’invraisemblable, lire-avec lire-pour
L’imaginaire, l’espace où l’interdit est interdit, le guide.
Nourris-toi de mon idée ! Y a-t-il quelque chose réellement ?
L’angoisse et la conscience. Ses Ténèbres, ses Erreurs,
Ses énormes Fautes. Un homme en vérité, médiocre.
478
La clé
La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet.
Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée
De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant
Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique.
Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ?
Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ?
La représentation non pas de l’arrangement, de la combi-
Naison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin,
Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ; la
Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre.
Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les
Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ?
Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ?
Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.
479
La transcendance du médiocre
La vérité mystique. Le poète tourné vers le sacré.
La conscience : l’angoisse, le désespoir, l’impossible, le réel.
La certitude du faible. L’auto-médiocrité, le rien.
Mais il y a lutte, élan, travail, volonté et forces.
Un savoir reposant sur la vérité sociale, scientifique,
Artistique, sur 3 000 ans de certitudes humaines et divines.
Ils ont modélisé, codifié, imposé, prouvé, certifié.
La poésie : est-ce l’outil-images, la boîte à sensibles,
La perception émotive ? Est-ce un monde dépassé ? Est-ce ?
Extrême détresse ? Le pouvoir du solitaire, l’élan toutefois.
L’Angoissé guide le Conscient. La lumière la plus brûlante.
Elle instaure la comparaison. Dramatiser en position
Finale. Est-ce une transcendance de médiocre imbécile ?
480
Le Destin
La pensée, - pousser ou se contredire, l’opposition
Avec élans, l’entreprise cérébrale, l’outil-langage
De signes, de mots, palette de peintre. J’aurais
Préféré l’axiome, la certitude, mais enfin ! Enfin !
La beauté du langage poétique. Quelle est la desti-
Nation de la pensée ? L’essence de l’âme ? Ils veulent
Reconstruire l’édifice philosophique craignant toujours
De l’exactitude des plans et fondations. Husserl. Ils
Veulent. Auto-dépenser = des pensées, avec rigueur,
Et concepts (lesquels ? ...) (Ironie !). Science et hors,
Hors et dedans, la saisie, l’élan, l’attention. Ad-
Dition d’élans cérébraux. L’aube de l’intelligence : ainsi
Comprendre et apprendre, puis créer. Amalgame à purifier,
Produire du nouveau qui sera du connu. Est-ce le Destin ?
481
La part du mystique
La part du mystique, les éléments sacrés, le destin
Religieux, la Quête du Sacré. La provenance
De l’être et sa finalité. L’acte de purification.
Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante
Insignifiance de l’être. La conscience, les limites
De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les
Trois ne font qu’un. Accéder au monde spirituel.
Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec
Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai
Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,
Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.
L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit
Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur
Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.
482
Le métier
Le savoir-faire dans un métier. L’habileté, l’intelligence,
L’obéissance, l’application ; le salaire-services ; l’élément
Intégré dans un rouage ; travail pour autrui // le chercheur,
L’homme de science ; le doctorat ; le créateur, le poète ;
Utile//Inutile ? Sciences, arts et métiers, la connais-
Sance expérimentale, ou produire des sons, des formes, des
Sens. Quelle valeur pour l’identité poétique ? Aucune.
À partir d’expérience avec et l’inexistant ; le malaxage
Cérébral ; la donne intérieure qui produit un nouvel
Angle ; l’environnement différent engendre des produits dif-
Férents. L’art, - maîtrise d’une technique, - d’une pensée ;
L’anti-technique, - la liberté ; la valeur subjective ;
L’auto-affirmation, la certitude unitaire.
La vérité ?
483
Différents temps
L’écriture contre le temps, la durée de la pensée.
L’espace est du temps. Le temps est de l’espace. La
Symbolisation, la mesure. L’observateur qui se situe
En dehors de l’espace ignore le temps-lumière.
Le présent avec du passé immédiat. Nous ne percevons
Que du passé. Il y faut mémoire et conscience.
Le rapport du temps au langage, pour Bergson, est
Le rapport du fluide au solide. “ Nous tendons indis-
Tinctement à solidifier nos impressions pour les ex-
Primer par le langage ”. Les mots sont l’extérieur de l’âme.
Le subterfuge du romancier, de l’artiste qui déplace
La réalité du temps, et se situe ou nous situe dans
Un autre espace-présent.
Le fantôme d’écrivain
Obsédé par la conscience du temps et qui prie...
484
Le saut
Le saut, c’est l’anticipation de ce qui semble possible.
C’est le je pourrai, c’est un acte volontaire de la
Pensée. “ Les yeux plus gros que le ventre ? ” Est-ce
Délimitation objective ? Je suis là. Je dois aller là-bas.
Entre les deux, la distance, - taille énorme, possible ?
Audace ? Impossible ? Trop loin - les limites réelles ?
Penser, étudier, supputer, supposer et croire. L’élan
De l’être.
La part du rêve ? L’essence du risque ? Pour-
Quoi ? Se projeter en face des choses futures. Se projeter
Hors du centre de notre raison. Concevoir une autre
Représentation du Moi et du Monde. C’est la liberté.
Du moins, une de ses composantes.
S'il y a échec ? L’intelligence
S’est flouée. S’il y a réussite, l’anticipation était vraie.
Que sont les pas en arrière ? Vieillissement. Sénilité.
485
La vocation de la pensée
La vocation de la pensée, - appeler l’Être. Le
Transmetteur de l’homme à l’Être. Transmetteur bourré
D’énergie. La valeur de la Relation épurée.
Abandonner tout instinct, toue spontanéité bestiale.
De l’homme à l’Être, transmission et écoute, remise
À l’essence supérieure. L’Agir comprend : de l’élan,
De l’action, du mouvement, permet : l’élévation, la
Compréhension, l’Application, - donne un sens à la vie.
L’Essence accumule de l’expérience que lui offre l’homme.
Elle n’est donc pas libre du matériel, mais possède
Une pseudo-liberté d’analyse. Elle est dans l’Histoire,
Dans la tradition. Elle se meurt dans un espace historique
Bien défini. C’est avec du matériel donné, qu’elle pré-
Tend, penser. Peut-elle réellement se situer au-dessus ?
486
Le futur
L’avenir. Avec vérités, certitudes, le temps,
La fatalité. Distinguer le futur vrai d’une hypo-
Thétique possibilité. Défaire, avancer dans l’assu-
Rance de soi. L’avenir est-il inscrit ? Ne ferai-je
Qu’accomplir des actes présupposés ? Le dessein du destin !
Est-ce un plan décidé, conçu ? Ma part de liberté ?
Puis-je pénétrer le futur comme je puis ressusciter le
Passé ? Quelle est l’intensité de ma possibilité ?
L’élan, le passé, le présent, le futur donnent
Naissance à l’action que le Destin saisit
Dans sa totalité. C’est le passé qui rend possible le
Futur. En-avant-de-soi. Le futur est indéter-
Minable. Inaptitudes de l’homme à maîtriser le temps.
Homme-esclave soumis à la dimension suprême.
487
La pauvreté
La pauvreté. Ce qu’a l’homme et ce qu’il est.
Le manque. Étant rien, c’est l’être même. De ne
Pas posséder. Faible langage, faible propriété,
Faible pensée. Les facultés traditionnelles dans la
Volonté de croissance. Le possible et son maximum.
L’atteindre, croître et le dépasser. Posséder et
Se mettre en position pour apprendre, comprendre et
Appliquer. Le rapport de l’homme au monde, à son monde,
Son peu, son rien, sa nature d’homme. La générosité
Divine, - à rire ? Dieu existe : débrouillez-vous tous seuls !
Détenir, vieillir. La durée de la propriété ? Une plaisanterie.
La potentialité, la substance, les échanges affectifs.
La richesse : la blancheur de pureté, l’élévation
Messianique, l’homme élu, l’homme - Christ - le Voyant.
488
La raison du questionnement
Toujours en soi, le pourquoi, le comment ?
À demander, l’inaptitude à répondre. “L’homme a
Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en
A pas suffisamment pour y répondre.” Implorer,
Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la
Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir.
Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et
Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant !
L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin
Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans
Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.
La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le
Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle.
L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?
489
La question en suspens
La question en suspens : est pratique, mais ne résout rien.
Comment déterminer la vraie question, utile ? Comment le
Cerveau doit-il penser la véritable activité ? Élaborer
Le meilleur des questionnements. Le cerveau cherche :
Le rapport entre l’aptitude à répondre et la difficulté
La plus élevée à résoudre. La nécessité, la primauté.
Élucubrations, gesticulations, les gestuelles de l’esprit.
Résoudre, et avancer. Les données de la résistance. La
Capacité maximisée. Les limites, les moyens nouveaux
Pour avancer. Autrui, la mémoire, la sélection, le
À plusieurs.
La question sans le langage, qui est seulement
Un transmetteur. Le penser-parler qui est un moyen, toutefois.
Le langage, piètre porte-parole de l’être. Pour se défaire
De son dénuement, l’extrémité de l’homme semble inconnue.
490
Du singe à l’ange
Une pensée de la purification. Du singe à l’ange.
Ce qui s’éclaire. De la caverne à la lumière.
La clarté intérieure de l’être, la conscience, par la
Sensibilité, d’un : autre chose, transcendant, supérieur ;
Par le culte des morts ? Nécessité logique d’élévation.
Car il faut accéder à l’Au-delà. Est-ce bonheur ?
Ce qui explique la captivité de l’âme dans l’homme,
De l’être dans l’homme, de l’essence dans l’être. Jaillit !
La vérité de son essence ! Vers l’ange ! Avec perceptions
Plus fortes, plus grandes, plus amples. Enfin il comprend
La possibilité mystérieuse et pénétrable. C’est déjà
Une métaphysique positive, d’espoir, d’avenir épurés.
Pourquoi cet abaissement ? Ce médiocre régime terrestre ?
Tout n’est pas explicité par les Livres Sacrés. Ces Dieux ! !
491
Le questionnement de l’Être
Le penser n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être.
La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion,
Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations.
- Outils employés par l’être pour trouver la réponse.
La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée
Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à
L’être : langage et sensibilité par les sens des organes.
Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier.
L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend
Ou cherche à comprendre.
“En attente du savoir”, “Je
Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard.” Savoir,
Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire
Pour rendre possible l’action de compréhension.
492
Des vérités
I
La vérité en dehors de toute chose concrète est vraie.
Dans le vide universel, sous terre, dans l’espace, ailleurs.
Une vérité économique est une vérité locale avec du
Matériel d’homme. L’essence de la vérité serait divine.
Les trouvailles de vérités, des offres à l’homme, comme la
Mine d’or. Qui a fabriqué l’or ? L’essence de la vérité
Serait associée à Dieu, à la Shekina. L’action avec
Du rapport engendre de la vérité d’animal, d’homme,
De nature biologique, par exemple.
Elle
Serait à la droite de Dieu ou dans Dieu. Le vrai
Que l’on connaît, que nous ignorons. Ce qui peut agir,
Ce qui n’agit pas mais peut agir, peut “être”
493
Le non-vrai
Dure parfois, - le vrai n’est pas toujours l’étant, - la vérité est
Intemporelle. La vérité du moment d’après le matériel
Mis à la disposition, par analyse du moment.
II
La validité de la vérité, exploitable, utilisable
Comme étant, - favorise l’action, - évidente dans
Son fondement. Possède son contraire, - le faux.
La mathématique offre l’indécidable.
La contradiction
Dans l’analyse et le raisonnement annule la
Validité de l’offre, le choix du décideur. L’un
Jette l’information, l’autre saisit l’information après avoir
Considéré l’énoncé. Les deux s’accordent l’essence de
La vérité.
Le vrai est vrai jusqu’à ce que l’on puisse prouver
Le contraire, le subtil, le distinguo, le autrement, le
494
Plus précis, - remettre en cause son évidence.
La vérité
Religieuse... scientifique ... psychologique, l’évolution
Du savoir, le déplacement de la vérité, le “Autrement ”
Le jugement, le “ne sais pas”, le “j’agis” toutefois.
III
La concordance de l’énoncé avec une chose ; la chose
Qu’on ne sait pas et qui est ; la conversion de l’énoncé
Avec la chose est liée aux outils employés pour prouver.
Valeurs des outils employés ? Le langage, - valeur des
Termes utilisés ? Comment s’accorde-t-on sur ce vrai ?
D’après la définition que l’on donne aux choses.
La fiabilité de la vérité. On ne peut l’obliger à changer.
Si l’on change la vérité, cela devient du faux.
Autre remarque.
La non-vérité n’est pas toujours démontrée. Elle est prise
495
Parfois pour de la vérité. L’on s’accorde par ignorance
Sur sa fiabilité, incapable de défaire les contradictions
Avec la pure essence. La pseudo-vérité offre une solution
Acceptable pour la communauté. Elle est entendue, il y a
De la résistance, mais cela suffit pour le moment, du moins.
IV
Il y a ce qui n’est pas créé et qui serait de la vérité
Toutefois ; il y a l’indémontrable ressenti comme étant
Du vrai. “La loi de la gravitation” était dans l’air du
Temps. C’est compatible avec l’idea de l’intellect ;
L’unité du plan divin serait inaccessible à la capacité
Humaine ; l’ordre du monde conçu par l’Esprit ;
“Les voies de Dieu sont impénétrables.” Il faudra penser,
Trouver dans tous les secteurs d’activités. Analyser.
Valeur du vrai dans l’imaginaire. Vérités avec temps,
Espaces, culture, époque ; le déplacement du vrai ;
La faillibilité de l’homme rend possible l’analyse du faux
496
En tant que détermination du vrai ; le vrai avec du
Manquant permet toutefois d’aller et de progresser.
Dévoiler lentement d’après sagesse, la science de l’homme.
V
Par le langage. Correspondance de valeurs. L’énoncé
Doit se convertir en réalité quantifiable, équivalente.
Le bouchon bleu doit être le bouchon bleu. La mesure
D’une représentation adéquate. Se mettre d’accord sur
Les définitions données au sens et aux termes employés.
Le verbe, son action rendant possible la convertibilité
De l’énoncé avec le vrai, le égal, le implique,
Le donne, le cela équivaut à. Rend possible
La conformité. Le jugement transmet son résultat.
C’est la définition du verbe qui convertit l’énoncé en
Vérité. Mêmes en nature, en qualité, en quantité.
Le fondement est possible. La loi est conforme. Peut
S’effectuer la convertibilité. Qualités de la mesure ?
497
Ma liberté d’action permet-elle d’accéder au vrai ?
Vérité et liberté
La planification de la recherche hors de toute liberté.
Pourtant volonté d’accéder à une vérité nouvelle. Agir
Dans la contrainte sociale, est-ce liberté toutefois ?
La liberté jalonnée de la mathématique. Qui peut agir,
Choisir, décider. La vérité sans liberté. La vérité
En dehors de l’arbitraire humain : exemples : les lois
Fondamentales qui régissent l’Univers. Existaient avant
L’homme. Donc, en dehors de la subjectivité de l’humain.
Règne une certaine essence de la vérité au-dessus des hommes.
Ajouter sur la Formule de Taylor-Lagrange, est-ce de
L’essence de vérité ? C’est prolongement mathématique voilà tout.
Le choix aléatoire. Random, proposé à la machine,
Est-ce la liberté ? En vérité. Non. L’animal, le
Végétal possèdent toutefois un choix décisionnel.
498
Le blocage
Le blocage interdit le dévoilement ; il y a volonté,
Recherche, reconsidération de l’objet offert, mais
Il y a incapacité à se représenter autrement lédit-donné.
La résistance rend vaine toute tentative. Que faire ?
Le refus de l’étant apparaît dans sa totalité ou de
Manière fragmentaire comme une impuissance à aller outre,
Comme une faiblesse de la condition humaine. Il assure
La connaissance résiduelle, fragmentée, parcellaire
De l’étant.
Cela engendre - 1 - de la non-vérité admise,
Révélée, subie, reconnue, avec un laisser-être - 2 -
Une rébellion interne qui refuse de subir ce manquant.
Soumis ; esclaves ; satisfaits, repus, avec bien-être
Et passivité. Voilà la première race ! Cherchant,
Refusant, allant, progressant, gagnant : seconde race !
499
Subsistance
La conscience de son incapacité à aller outre. Les
Déterminations de ses propres limites observables reçues,
Perçues par la scolarité, par la comparaison avec l’autre.
“Ne saurait aller au-delà, mais peut espérer cela.”
Les nécessités sociales, le lieu, la sélection, le “Mal né”,
“N’est pas au bon endroit”, les obligations - engendrent
De la non-vérité, de la suffisance, quand bien même
L’intelligence comprendrait qu’il y a énigmes, mystères,
Indécisions, dissimilations. La curiosité
N’est pas tombée dans l’oubli. Elle est inaccessible, voilà
Tout. Grands nombres en souffrent. Le projet est perdu.
Ne fallait-il pas toutefois produire de la progéniture
Et satisfaire aux besoins essentiels, survivre ? Sont-ce
Les raisons du règne vivant que ces afflux biologiques ?
500
L’errance
L’errance fantasmatique s’étale sur la ville.
L’homme médium coule son fluide sur les objets
De la cité, - il les contourne, les palpe, les perçoit,
Tente de les saisir. Il va par sa substance
Unificatrice associer des idées, des comportements, des
Objets indépendants les uns des autres, fusionner,
Condenser, symboliser, extraire, dériver, rejeter,
Sélectionner et d’autres verbes encore !
Mais l’errance
Pour choir, pour échouer, les risques, l’audace,
Le ravin, le trou, la mort ? Les limites de l’errance ?
Pour le lieu de recherche, pour trouver, aller au hasard,
Vie d’artiste ! Non pas l’erreur, mais l’autre chose, avec
Égarements, outrance, le déplacement de l’habitude,
Du vrai, par la non-conformité, - démarche heureuse ?
501
Langage (fragment)
Le langage pour la transmission de la vérité, outil
Sophistiqué. Avant le langage, la gestuelle, l’arti-
Culation sonore pour l’étant de l’autre. De moi
Au clan, m’entendez-vous ? De moi à toi, nous deux.
Mais avant le langage, la fabrication du concept,
Le doute, le choix, les combinaisons, l’expulsion,
Le râle du singe-homme.
De la pensée de l’Être.
Langage, libération
502
I - Nature de la substance
La nature de la substance que l’on possède, l’être.
Peut-on réellement le concevoir tel qu’il est ? Ceux
Qui possèdent l’existence. Ainsi de tous les vivants...
Ainsi de machines programmables et dotées d’une espérance
De vie. Y a-t-il des objections ? Vous avez raison.
L’accouplement sexuel fabrique le corps. L’enfant est animé,
Il a donc une âme. Origine de l’âme, car grosso modo
ÂME = ÊTRE.
Il faut repenser la substance de l’Être,
Si après la mort il y a la vie. L’être serait un prédicat
Réel, existant en son autonomie, mais étant inclus
Dans le corps. L’étant est inclus dans le corps.
Si l’Être
N’était qu’un effet vital articulé au corps, la définition
De l’étant n’aurait pas lieu. Mais l’intuition de sa vérité
Post mortem débouche sur sa liaison à Dieu ou au Divin.
503
II - L’étant conduit à l’Etre
L’étant conduit à l’Être. Il représente
Le fondement ? Objection. Comment se forme l’étant ?
Sa substance ? Son origine ? Son “ moi ” ? Son primitif
Serait une accumulation de vérités basiques de survie,
D’instincts, de subsistance et de développements de la raison
Au détriment d’actes mécaniques. C’est ce que l’on sait.
L’étant avec le soupçon de Dieu. L’Être avec ou
Sans Dieu. L’Être occidental peut rejeter Dieu.
(Je parle de l’Être et je le définis par Sujet.) La
Limite de l’étant à l’Être est difficilement perceptible.
Les outils d’analyse, de détermination peu fiables.
Est-ce l’aptitude basique d’accomplir des opérations
Primaires de l’entendement ? Ces opérations se conçoivent-elles
Avec de l’intuition sensible ? Au moyen des organes ?
504
III - Activités de l’Etre
Existence et Être en dehors des capacités de notre
Entendement des vérités inconnues mais vraies, de
Passé, de présent, de futur et d’ailleurs. Que vaut
L’Être pour juger et prétendre ? Que lui manque-t-il ?
De la perception ultra. Parviendra-t-il à une
Détermination suffisante de leurs essences et contenus ? C’est
L’additionnel ou la synergie entre les intelligences qui
Permettraient l’accession aux vérités échappées.
C’est l’utilité qui autorise la relation de l’objet
À l’Être, utilité économique, philosophique ou
Religieuse. L’être doit fixer l’objet qui fuit,
Le poser et le représenter, lui offrir des propriétés
Pour le rendre existant. La définition de son caractère
Le rend jugeable. Les limites exactes de la compréhension ?
505
*
“Être” comme présence se dévoilant ? Être définir
Par : ce qui est vivant ; et se dévoilant correspond
À l’évolution de l’être, c’est action du progrès, d’ou-
Verture de conscience. L’Être et ses modalités sont à
Définir à partir de leur rapport à l’entendement d’après
Kant.
506
I - La mort
L’Être vers la mort - la fuite ou le devancement ?
Transmettre la vie, laisser une œuvre pour accéder
Rapidement à l’extrême ? - Fuir la vie -, les drogues,
L’être vers la mort. L’attente du bon croyant...
Anticiper sur son futur, vouloir savoir, supposer.
Les outils religieux pour supposer. Les expériences para-
Normales. Les témoignages de vie après la vie. Ou
N’être plus rien. Anticiper, spéculer. La certitude
Du mystique. Qu’est-ce qui départage exactement
L’homme de l’homme ? L’athée du croyant ? À quelles
Raisons, deux pensées opposées certifient posséder leur
Vraie vérité ? L’un dit : limite, l’autre dit : éternité.
Est-ce finitude déterminée ? Simple acte biologique ?
Possibilité métaphysique, dimension autre de l’homme ?
507
II
La fuite. S’éloigner hors de soi. Fuir son squelette.
La crainte, la recherche d’un avenir. La formation,
La préparation à l’inconnu, à l’autre espace. Qui croire ?
La mort. Suis-je à chaque instant menacé ? Est-ce une
Finitude naturelle de la présence de l’Être ? Je
Vis donc je suis là. Serai-je ailleurs ?
La mort :
Preuve du temps. Heidegger écrit : L’Etre-pour-la- mort
Est la médiation indispensable pour passer de la
Temporalité comme structure unitaire des trois dimensions
Du temps à la temporalité comme ouverture de soi à soi
En tant que projet.
Ouverture de soi vers ailleurs,
En tant que projet ? Sera-ce l’au-delà, le néant ?
Le retour, la réincarnation ? La rétrospective ? Le progrès ?
Faut-il aborder le problème de l’immortalité socratique ?
508
I - L’A-près
La situation réflexive. La vie en boucle. “ Retourne à ”.
L’esprit rapatrié. Encore en bas ? Ce n’est plus : le trou
Mais la possibilité nouvelle au sein de l’existence.
Que disent les Guides ? Les prophètes ? Les hommes de Dieu ?
Sont-ils crédibles, et pourquoi ? La mort éclatante,
Belle, d’espoir, d’avenir, disent-ils. Qu’ai-je à perdre ?
Elle devient système, métamorphose, actions inconnues,
Espaces nouveaux, principes différents. Lesquels ? Lesquels ?
La surprise. Ou l’éternel rejet... Quelle valeur doit-on
Accorder au temps ? Les limites du temps ? L’immortalité !
Le pouvoir d’être constamment. Mais être différent car
Pensant, analysant avec un autre matériel. Le “Moi”
Subira des modifications liées à l’espace autre. Au soleil
De la mort, enfin savoir ! Je suis en sursis de curiosité.
509
II - En soi
Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir,
Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir,
Etre-pour-soi. Etre-par-le-monde toutefois.
Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension,
De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures
De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein.
Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de
Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont
Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.
Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique
D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant
La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre,
Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir.
Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?
510
La question même
La transcendance philosophique : à la recherche de la
Vérité. LA VERITE. Conscience du vrai dans
L’édification de la connaissance. Moult disciplines :
Sciences, sciences humaines, sciences appliquées, psychologie,
Etc... La certitude fondamentale avec sujet analysant,
Et hors sujet c’est-à-dire, certitude universelle.
Évidemment, - problèmes avec l’intuition, la sensibilité.
Certains moyens peu fiables mais utiles toutefois. Jamais certains
Totalement.
Quelle est la question même ? C’est la recherche
De la vérité. Les faits psychiques ne sont que des micro-éléments
Propres à la nature du vivant. La psychologie pure pourtant...
Il faudrait du moins s’entendre sur le sens de ce terme.
L’outil que l’homme met à sa disposition pour comprendre,
Déterminer, certifier. Valeur de son outil, donc de son vrai ?
511
III
Le temps de croître et de mûrir, de changer le mécanisme
Interne d’extractions, d’associations de sons, d’idées,
Et des mots. Intelligence sans préparation, faiblement
Formée qui se dépense dans l’ivresse. Ne point rester
A demeure mais combiner avec autrui. Ce n’est pas
Uniquement un problème de langage mais d’outillage
Cérébral.
Le troubadour de l’artifice, l’employé
Métromaniaque de la feuille de papier. Vainement
S’imposer une sorte d’ordre, d’inspiration poétique ! Uto
Pie ! Aller se disperser, et oublier le chemin de sa
Raison. Non pas entraver l’œuvre ou le travail, mais
L’organiser, l’expulser avec logique et maîtrise.
Obtenir une possible harmonie d’ensemble toutefois,
Et l’habile artisan défera de nombreuses énigmes...
512
Procédé mental
Suppose et décide. Perçois autrement. Avance
Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche
Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes.
A l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit
S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en
Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers
L’inconnu. La consistance de ton Être ?
Penser c’est
Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer.
Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ?
Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ?
L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique
Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’ac-
Tivation, de l’association dérivée. Processus mental ?
513
Approches du temps
L’être en dehors du temps, dans l’intemporel.
Définissable par une qualité, le lieu. Etre et là
“Je suis” nulle part, est-ce possible ? Dans cette suite
D’instants ou de positions apparaissent ou
Disparaissent des suites à construire ou élaborées de
Passé ou d’avenir. En dehors de l’observateur. Y a-t-il
Irréversibilité des processus temporels ? C’est affaire de
Connaissance en physique et c’est pour demain ! Le temps en
Dehors de la sensibilité et de l’entendement humain.
Le temps avant la cosmogenèse. Qu’a accumulé l’énergie
Dans le dé à coudre ? Combien de temps cela a-t-il
Demandé ? Comment s’est formé celui qui a accumulé l’énergie ?
C’est encore le problème du Divin. Il manque de dimensions
Pour définir avec conscience vraie les sens du mot “temps”
514
I - Le destin de l’Essence
Le destin de l’Essence dans l’homme : se purifier,
S’élever, croître. Aller au-delà par la dimension
Spirituelle. Il y faut tout d’abord : l’éveil
De la conscience qui s’apparente au doute. “Si
Tu ne me cherchais pas, tu ne m’aurais pas déjà trouvé”,
Dit le Fils. “Y a-t-il quelque chose ?” Si oui,
Tu me trouveras. Poussé vers un monde inconnu, différent,
Nouveau où les principes et les systèmes de valeurs sont autres.
Nul homme ne peut apporter son expérience, nulle méditation
Ne permet d’éclairer le mystère. L’heure, c’est la mort.
Le lieu, c’est ailleurs. Penser la nouvelle histoire à partir
Du Livre et des pseudo-témoignages non renouvelables, - affaires
De foi. Est-ce l’histoire pour l’autre lieu ? Et quelles
Garanties pour l’Essence si la métamorphose survient ?
515
II - Acte de foi
Le péril de l’Être - ce qu’il est - ce qu’il a fait. La
Culpabilité, le système de valeurs incompris, autre, nouveau.
Le Livre, permet-il la mise en garde ? Son mode
D’actions est-il compatible avec la vue de l’Être Suprême ?
A-t-il été requis, pensé pour accomplir un dessein ?
La crainte du jugement. Comment se construire dans son vrai
Qui soit le vrai de l’Autre, des autres ?
Quel était l’essentiel ?
Le nécessaire, l’imposé, l’obligatoire ? Comment se mettre
En garde ? Qui est l’avertisseur de la conscience ? Y a-t-il
Suffisance à sa propre lumière ? Que faut-il savoir ?
Est-ce l’élan de curiosité, l’énergie du savoir, qui
Offrira à la conscience le doute ? Car le péril est bien
La disgrâce auprès du Meilleur.
The key-solution était
La mansuétude et le pardon auprès du Sauveur acte de foi.
516
La recherche philosophique
Compréhension du monde, de la conscience et du
Rapport entre les choses. Sera-t-elle l’objectivité
De la raison ? Possède-t-elle une visée scientifique ?
Quelle est sa méthode de pénétration ? Elle étudie
Les phénomènes qui sont accessibles à la conscience, elle
Suppute sur les phénomènes inconnus mais possibles.
Valeur de la méthode ? Le vrai de la méthode.
Ce vrai est-il le meilleur ? ... Jusqu’à ce qu’un
Autre vrai lui soit supérieur. Cherche-le ! Trouve-le !
L’homme avec l’homme ; l’homme avec la machine ; l’homme
Avec Dieu ; l’homme avec l’aumône divine... certainement ;
Le chien avec l’homme ; le chien savant mais chien toutefois.
Les limites de la science, de la philosophie, de la technique.
Mais, en vérité, y a-t-il un autre choix ? Quelle visée ?
517
La pensée :
Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe,
N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre
Pensée. Alvéolé avec un autre alvéole. Nécessité
De groupement, d’association. N’a nulle fondation.
Éveil et disponibilité dans une direction incertaine
Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller
Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de
L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui,
Autrui-dedans, autrui-dehors.
Elles s’organisent pour
Former une configuration. Leurs charges indiquent les
Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles,
Etc.
Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme,
Avec machines, puis société, civilisations, - évolution
Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.
518
Le vrai philosophique
Le vrai de la philosophie comme prouvé, démontré,
Explicité avec langage, avec exemples. Vrai dans
Un cas précis. Nulle valeur universelle. Vérité de quartier,
De pays, de civilisation. Peut-être substance, ou
Axiome, ou indécidable.
La philosophie comme
Perception du sensible et non pas pure science de l’exact,
D’où son matériel, son aléatoire, ses autrements. CAD
Une interprétation avec du rationnel, avec de l’irrationnel.
C’est aussi : spéculation audacieuse sans fondement vérifié.
Mais il y a Descartes. Alors Science rigoureuse ? Quel
Crédit accordé à la subjectivité de la conscience ?
Faudra-t-il avancer en possibilités logiques ? Faut-il
Lui donner des règles, des carcans ?
519
Le vrai serait
Le vrai divin inaccessible à l’intelligence humaine, hélas !
L’audace spéculative
L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître
Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-
Met l’embrouillis, le manquant, le saut, le risque.
Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit
D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !
Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa
Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis
Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller
Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.
S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.
Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.
C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une
Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret
Et du réel pour un dessein de futur accompli.
520
Une sorte d’intuition
Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être,
Avec points de suspension. Semble sortir. Perception
Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière.
Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà
Audace et prétention que de parler de la sorte. Je
Dirais, à peine perceptible, peut disparaître à tout
Instant.
Pourquoi la conscience y croit ? Pourquoi demande-
T-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de
Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante ?
L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté
De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes,
De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de
Défaire du noué.
Étude biochimique du cerveau ? L’intuition
S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.
521
Le retrait de la présence
Le retrait de la présence. Conscience de la
Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse
Du degré d’utilité, détermination de la valeur.
Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus.
C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non
Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage.
Pourquoi ?
La représentation extérieure est ordinaire,
Inutile, en perte de temps, de composants, de structures.
522
La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins
Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière
Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde.
Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine
Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité.
Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.
Valeur du principe
Valeur du principe. Trouvez mieux : je prends. Cherchez !
Détermination avec science et raison humaine. C’est son
Fondement. Mon vrai technique et scientifique. Mon rationnel.
Je puis démontrer, prouver du concret. Objets humains,
Hors de toute incertitude.
523
L’un et l’un
Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “l’être”.
La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.
Introspection psychologique, désir absolu de comprendre
Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,
Avec son langage, son espace, ses structures.
Comment
Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut
Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,
“ L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là
Est enclos, en sorte que dans la parole il est” écrit Heidegger.
Le langage permet d’articuler les combinaisons,
Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.
Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.
À quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps
524
Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?
525
Insister, c’est espérance pour l’esprit
Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,
Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc
Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?
Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le
Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment
Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?
Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé
Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours
De la dissimulation de la nature.
J’ai besoin d’insister,
De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour
L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est
De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert
Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté
D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !
526
La négativité
La négativité, est-ce conscience réelle du vrai ?
Est-ce angoisse ? Analyse exacte de la situation !
Il n’y a pas brouillage, mais séparation, décision,
Volonté objective de concevoir le réel. C’est prétendre
Possible l’action de ces paramètres dans le futur. C’est
Spéculation de l’être lui-même, c’est manière de penser.
Dévoilement à soi de l’hypothèse plausible d’avenir.
C’est l’intégration du temps avec chemin caché,
pour prendre
Soin de se prémunir. A quelles lumières ? Perceptions délétères,
Assemblage de fragments, expérience ? L’être condense
Son vrai. Il est à lui-même certain. Le dialogue est clos.
527
Le Moi astral
Une sorte de Moi astral supérieur dans son essence
A l’être, qui perçoit et accomplit des pensées, qui capte
Par la sensibilité, dont les propriétés de précognition
Ne sont pas exclues. Sa volonté serait de tendre vers
La purification.
Subissant l’être, le sachant de
Valeur moindre. C’est une sorte d’élévation sur l’être,
Sur la pensée, sur l’homme.
528
Acte supérieur
Acte supérieur, activité rejetée, bannie de la masse.
Ce que possède la clé pour comprendre, pénétrer, - pour le-dedans ?
Les poètes eux-mêmes se persiflent, ironisent et s’ignorent.
A ne pas comprendre pas B qui refuse C dont l’Ecole etc.
Pourquoi faire l’effort pour fabriquer l’image quand l’image
Apparaît splendide et belle, onirique, idéale sur l’écran ?
Construisez des clips poétiques - ils seront regardés. L’on
Vous dira ce que l’on en pense …
Ô l’inconnue, pour quelle sérénité,
Pour quelle essence de pureté, toi la méprisée, l’exclue,
Subiras-tu longtemps encore l’humiliation et le rejet ?
Iras-tu t’endormir espérant un autre règne ? Pourtant
Tu fus riche en langage, désireuse de ressources nouvelles,
Audacieuse dans tes volontiers d’aller outre !
529
Ha ! L’ingratitude
Des hommes, le rejet éternel pour les causes perdues !
530
La nouvelle inspiratrice
Désire autre chose - sans l’errance - avec la construc-
Tion. La logique, le décisionnel vrai. Assez de cette
Allure de jeune fille éplorée - : une athlète bionique
Courant le 100 mètres haies - avec vitesse et efficacité.
Fille enveloppée dans l’obscurité des dires impossibles,
En luxe et pauvreté d’habits, avec vices ou élégance,
Il faut donc penser une nouvelle inspiratrice, sportive,
Dynamique, agressive, belle, saine et blonde ! Actions !
Ou noire, pourquoi pas !
Être-autre-chose de fort, de grand,
De crédible auprès d’autrui - le public méprisant.
Quitter le palais impossible - débordant de pierreries et
De poudres immortelles. Pénétrer dans le stade pour le
Challenge de l’intelligence et de l’audace, des spectateurs
Enthousiastes acclamant et payant pour la prestation !
531
Conscience et analyse
C’est perdu ! Trop d’écarts, trop d’hommes d’intel-
Ligence supérieure, en synergie d’actions. Que
Pourront les poètes avec leurs petites plaquettes de 30 feuillets !
Trois pets et trois pleurnicheries. “Tirez-vous, jetez-vous,
Allez voir ailleurs !” Et ils y vont ! Mais il n’y a personne.
Qu’eux - qu’eux-mêmes - se repliant, étudiant leur nombril,
Prétendant encore posséder du génie !
Que faire ? Que faire ?
Ne pas critiquer, ne rien dire, mais s’autoproclamer
Comme dans un congrès du parti communiste albanais. Travailler
À temps partiel, le dimanche avec une formation d’instituteur
Ou autre … et prétendre rivaliser avec les exploits de la
NASA, de la Navette, - juger, comprendre le fonctionnement
D’une centrale nucléaire, d’un réacteur de la SMECA. Persifler,
Mépriser et dire : Quel imbécile, il n’a donc rien compris !
532
Le laboratoire de papier
Un poème est un laboratoire pour le langage, une
Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,
Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire
Avancer le génie de la langue.
Parfois bijou ciselé,
Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation
De l’image mentale.
C’est également un outil d’extraction
De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger
Du matériel nouveau par l’apport extérieur.
De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne
Pour élaborer le produit différent.
Recherche d’une
Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer
Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.
533
Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,
Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?
534
L’impossible ailleurs
Être sans attachement pour apprendre à s’élever,
À sortir hors de sa chair, silhouette impalpable
D’esprit errant.
L’ombre dans le futur exil pour
L’autrement, le différent avec mémoire terrestre toutefois.
Pour quel soleil ? Quelle extase ? Quelles ténèbres ?
Un visage purifié qui m’entraîne, qui m’enveloppe
Et m’aime, et je m’enfuis avec ma vie mentale
À la vitesse du rêve.
J’offre encore cette poésie
Famélique, pleurnicheuse, sans complexité ni profondeur.
Telle est ma punition cérébrale de médiocre né.
Je cherche la blonde sainte, idéale d’extase,
Égérie immortelle, etc.
535
Qui sait le lieu, le lieu ?
Sans pesanteur, de légèreté déviée. Au seul souci
De s’éterniser pour un impossible ailleurs d’amour peut-être ?
536
Ce qu’il faut élaborer
Le autrement avec soi-même, ce qu’il faut élaborer.
Est-il nécessaire de comprendre ? N’y a-t-il pas une sorte
D’abord incompatible, impossible à percevoir ? L’être
Conçoit une possibilité risquée. Doit-il décider
Pour rendre cohérent sa recherche d’une harmonie
Compréhensible ?
Aptitude à assembler, à dériver, à
Organiser de la mémoire proche et lointaine sur un support
Sensible - énergie mentale qui agit. Est-ce là
L’un des fondements de la détermination de l’être ?
Faut-il de la clarté ? Et quelles formes d’intuition ? Pourquoi
Faut-il rendre manifeste ? Pourquoi montrer ? C’est la force
De la pulsion ou du désir qui impose à montrer.
Efforts pour conquérir, pour construire dans son Etant, savoir
Ce que l’on peut faire, les variables temporelles
Et l’environnement transformant constamment l’objet fabriqué.
537
La luminosité prospective
La luminosité prospective, - moment de chercher,
De découvrir - éveillée par la curiosité - aller
Au fond d’elle-même. Quelle est l’origine de cette
Volonté intentionnelle ? Pourquoi le Moi décide t-il
De se transcender ? Parviendra-t-on un jour à comprendre
Les mécanismes qui régissent l’acte de création ?
538
Husserl, Heidegger
Les impasses, les blocages, les cul-de-sac d’Husserl,
Les volontés de passer outre avec des difficultés extrêmes
D’analyse, de démonstrations vraies.
Les gains en biochimie
Du cerveau permettent de mieux comprendre les mécanismes
D’invention, de création, de pseudo-transcendance ;
Pour mieux savoir, mieux penser l’homme, faut-il la science
Ou la philosophie ? Ou la psychologie ?
Les remarquables
Définitions de Heidegger : Ici tout se retourne, ou encore
Temps : clairière du se retirer de la présence.
Les transformations arbitraires de la pensée - les volontés d’approches.
Le besoin de justifier un sens exact, est-ce encore possible ?
Mutation de la détermination par rapport à l’ancienne,
Nécessité d’une pluri-référence variable d’une situation.
539
L’action totale
L’action totale pour la pensée spécialisée ; la Vérité
Est une assise sur laquelle se pose une autre Vérité.
Spécialisation, car l’intelligence n’a pas le temps
De généraliser. Etre avec l’Autre, car le Moi seul
Ne peut presque rien ; c’est la synergie des Esprits
Qui engendre le progrès ;
Elle seule - possède du manquant ;
Parts de vérités ; elle et
Être implique :
Conscience pensante ; la vérité de l’être est essence …
Variable selon l’être ; elle est sa pensée pure.
Personnellement pure - certitude unitaire, non pas universelle ;
Le Savoir se prétend en soi-même ;
À quel degré de valeur
Peut-on considérer “la Vérité absolue” qui agit là en soi ?
540
Conflits, balancements
Il y faut du litige, de la discorde, une sorte
D’élan interne avec de la contrainte et de la passion.
Il faut étudier le cas. Voilà une possibilité offerte
À la pensée. C’est l’une de ses affaires. C’est une faible
Manière d’aborder le problème de l’investigation
Pour le Savoir.
Comment la pensée survient, est avant tout
Un problème biochimique. Les spéculations de Kant
Ou d’Hegel sont légitimes, mais elles sont de siècles
Passés avec faible science et ignorance totale du
Mécanisme cérébral.
541
Philosophie et …
Philosophie et environnement et degré de civilisation
Convient mieux que : Philosophie et Histoire. Histoire,
C’est : faits historiques tels que guerres, sacres royaux, etc.
Le philosophe face à l’Extérieur, propose toutefois un
Dialogue interne. Doit analyser la situation é-
Galement. Rapport d’extériorité. Essaie de
Déterminer le déroulement avec objectivité.
La Pensée
Se nourrit de faits extérieurs, les ingurgite, les recrache
Et tire son suc ;
la pensée active qui prend, sélectionne
Est apte à concevoir certains produits à certaines époques,
Elle exploite son expérience acquise, et connaît constamment
Un processus évolutif ou changeant d’après l’humeur, l’aptitude
Et l’environnement du moment.
542
Sublimations de l’étant
L’étant se dirige vers l’Etre par la pensée ;
Si l’étant accède à la Pensée Totale, il est dans l’Etre ;
Il a changé d’essence. Il a atteint le Concept absolu.
L’Etre atteint l’idéal métaphysique. La nature de
L’Etre est transcendé et peut s’apparenter à la divinité
Extatique ou pure dans son identité.
C’est un principe
Associatif de matériel fixé dans la mémoire qui permet
De passer du non-pensé au pensé. Se fait et se défait
Comme un nombre illimité de combinaisons avec des jeux de cartes.
Degré de luminosité intérieure, possibilité du Sachant ?
Ce qui apparaît de plus en plus clairement, est-ce du vrai ?
Pourquoi pas, si la certitude se déploie par la Science.
543
La vérité par la Science, par l’Art, par la Religion
Non renouvelable peut permettre d’accéder à la transcendance
Immédiate, et offre à l’étant le changement d’essence
Pour accéder à son propre Etre en contemplant l’Etre parfait.
(Cf. Les visions des futurs saints.)
544
L’Absolu
L’homme face à l’Absolu. Peut-il y parvenir ?
Peut-il se dépasser pour l’atteindre ? S’apparente-t-il
À Dieu ?
Il serait une sorte de porche final ouvrant
Sur le néant éternel et infini. Cet Absolu est
Relatif à nos capacités maximisées.
L’Absolu de
La fourmi sur une étendue d’eau. L’Absolu de l’homme
Voyageant dans le cosmos. L’Absolu de Dieu. In-
Déterminé - Indéterminable - Incomposé - Informe.
L’Etre - le Temps et l’Espace
Dans mon esprit, ne
S’apparente pas à un Dieu inaccessible.
545
Rassembler en soi
Rassembler en soi des possibilités choisies pour agir,
Pour obtenir la meilleure attaque et résultante finale.
Non pas mettre à sa disposition la totalité du
Matériel, mais offrir la sélection optimisée pour
L’action. Car il y aurait charge, usure et poids
Inutiles de l’intelligence.
Le péril de l’intelligence
Est encore la dissimulation et l’incapacité de mettre
À la disposition de la conscience les outils nécessaires
À l’élaboration de l’action.
L’étude doit définir
Les limites réelles de chaque individu : le ne-peut-aller-
Outre, est bloqué-cérébralement-à, sa-tâche-consiste-à :
La maximisation d’un volume de chaîne HI-FI ; la potentialité
D’une calculatrice programmée ; - limites de l’homme seul ?
546
Rassembler en soi, est-ce destin de l’être ? Qu’il
Le veuille ou non, l’homme est une autonomie. L’heure
De naissance, l’heure de mort prouvent l’autonomie.
Rassembler en soi ou se dépouiller - perdre -
Désassocier, ou désactiver, rejeter, oublier. Contraires.
547
Husserl
Husserl s’est-il réellement trompé ? Sa description
Des actes de la conscience est-elle réellement fondée ?
S’est-il égaré dans son analyse phénoménologique ?
A-t-il considéré par une représentation de points-source
Des images offertes à la conscience ? A-t-il été
Au-delà de l’acte psychologique, dans le fondement
Même de la perception, de la réception des faits mentaux ?
Par-delà la logique, est-ce une étude philosophique
Nouvelle qui est ainsi proposée ? Ou une étude biochimique
De l’imagerie des messages ?
C’est vouloir trouver l’origine,
L’explication fondamentale, pure, transcendante, cela
Nécessite une objectivité parfaite de l’analyste lui-même.
Comme se définissent les actes vécus ? Etc.
548
Partenariat
Le mettre-avec, le avance-avec, ou encore
Structures invisibles se déployant par-dessus. Espèces
D’armures métalliques avec câbles souples permettant
De solidifier l’architecture de l’homme. Est-ce
La rigueur du poète, de l’artiste ?
Propre de gains ?
Sera-ce une certitude
L’industrie cinématographique est un
Mariage réussi entre la rigueur économique et l’audace
Artistique.
Devons-nous diriger notre pensée avec rigueur,
Liberté, audace maîtrisée ? Est-ce un savant cocktail
Selon l’adaptation à la situation du moment ?
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Sur le
Chemin, en copropriété, du Moi-libre avec le Moi-pensant ?
Cérébralement différent
I
Transformer le mécanisme de penser. Délaisser une
Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer
Un système d’extraction ou de production autre.
Il ne s’agit pas de passer de l’homme à l’Etre,
Mais de reconsidérer l’appareil productif interne
De l’homme. Prétendre différemment les possibilités
De l’action humaine. Appréhender l’étant avec
Plus d’efficacité, d’objectivité, de réalisme.
Il ne faut pas nier l’éphémère, l’impalpable, le délétère,
L’intuition sensible, ou artistique, mais il faut mieux
Canaliser.
L’évolution dans la Nature engendrera-t-elle
Un homme historique nouveau ?
550
II
Être ou la dérision de soi. L’un prétend au
Discours quand l’autre ne propose qu’un bavardage oiseux.
Méditons sur l’Etre, sur ce sujet insignifiant…
Emprunter la voie de la pensée, pourquoi pas ?
Faut-il s’en offusquer ? Quel éclairage, quelles vérités
Nouvelles les hommes réellement pourront-ils apporter ? Et pourtant !
C’est nécessité absolue pour l’humanité que de penser !
Apprendre, écouter, appliquer, tirer.
Optimiser la potentialité propre à chacun.
Ou mieux encore :
551
Progrès pour l’esprit
À la racine de la pensée. Les chemins du questionnement,
Avec plusieurs réponses plausibles ; l’obtention d’objets
Nouveaux engendrait de nouveaux questionnements ;
La solution vers une autre interrogation ; c’est la
Maximisation de nous-mêmes qui engendre le progrès.
Je prétends à des solutions - exemple : création d’un
Concept car, puis la voiture achevée, soi-disant
Parfaite, correspondant à un segment, à un besoin etc …
N’est pas si parfaite que je le prétendais - je repense,
Je transforme, je fais évoluer encore, - ainsi j’avance,
Et c’est progrès pour l’esprit.
552
Du primitif à l’ange
L’étant posséderait en soi l’origine du primitif.
L’évolution lente et progressive de la raison ou
De la conscience offrirait un devenir à l’étant
Qui essaierait de tendre vers l’Etre.
L’étant est dans l’ombre noire quand l’Etre est dans
La clarté parfaite. L’étant est dans la caverne
Quand l’Etre accède à la perfection de pureté.
Comment passe-t-on de l’Etant à l’Etre ?
L’Etre tire l’étant, veut le faire évoluer,
Progresser.
Du primitif à l’ange.
Il y aurait des phases de retour à l’étant, avec
Glissades, rappels, régressions.
Les possibilités subliminales ou transcendantales
Ne seraient accessibles qu’à une forme
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D’élite intellectuelle.
554
*
Se destiner. À se promouvoir. Evolution des
Modes de l’être. Transformation lente mais
Continue. Avance en soi, accumule, construit.
Le déroulement d’événements présupposés, conçus dans
La logique du probable. Ce qui doit avoir lieu.
Prévoir du futur, s’y intégrer pour le : voilà-donc.
Si l’histoire a lieu par la volonté du destin personnel,
C’est que l’homme est libre. L’être se destine-t-il lui-même ?
C’est encore le problème de Dieu et de la Grâce.
555
Le Grand Être
Surmonter son Néant, sortir la tête hors du gouffre.
La douleur de l’homme, c’est sa conscience infiniment faible ;
Son espoir, c’est d’ajouter et de transmettre. Car son
Faible est également un faible temporel.
Son destin est
Intimement lié aux autres, en raison de l’insignifiance de
Sa nature, à l’image de fourmis ou d’abeilles - le Social.
Comment la personnalité peut-elle se construire pour faire
Un Grand Etre ? Le développement, le déploiement intérieurs ?
De Gaule.
“Ceux qui ne sont pas d’un grand être (wesen)
N’aboutissent à rien quoiqu’ils œuvrent.”, Maître Eckhart.
556
Langage outre
Penser sans le langage en compressant le message,
À l’intérieur. La volonté de penser par la vitesse,
L’imperceptible, le fugace, sans le langage pour
Aller plus vite, pour se décharger du poids des mots.
Sur les fibres, dans les neurones, mettre des 1 et des 0,
Code digital. Parvenir toutefois à s’orienter, à
Œuvrer par la certitude vraie dans l’intuition ou la
Prescience. Essayer d’évincer cette sublime
Dimension intérieure qui est la langue, et communiquer
Outre.
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Être, pourquoi ?
Etre, pourquoi ? Le but ? La finalité ?
L’être, le temps et le résultat obtenu
Etre avec quoi, par qui ? Grâce à qui ? Le
Rapport de soi aux êtres, aux choses ? Au visible,
À l’invisible.
Être en présence d’être, et se
Suffire de soi. Ne pas chercher le dévoilement,
Ne pas donner, ne pas faire - se suffire - en
Son propre état - encore-le-même.
Est-ce incapacité de progrès, d’aller outre, de blo-
Cage ? Le encore-le-même engendre de la
Dégradation par rapport à la civilisation qui avance.
Le temps et le mouvement du progrès ; adviendra qui
Voudra - c’est encore de la race des faibles ; le
Laisser-la présence est une régression dans un environnement
En constance de changement, d’évolution et de gains.
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La négativité
La négativité - ou la conscience du vrai - du réel.
La logique du conscient au-delà de l’enthousiasme,
Est-ce certitude absolue ? Où est l’audace, le risque ?
Cette part de rêve nécessaire à toute entreprise ?
La réflexion d’éveil pour penser, décider, balancer ?
C’est supposer rendre exact la détermination du
Contenu futur - c’est donc une projection - c’est
Analyse de projet. L’économique essaie d’annihiler
Le hasard dans ses actes. Le système bancaire y
Parvient-il ? Et l’homme dans ses choix d’actions ?
L’homme maîtrise-t-il ou pourra-t-il maîtriser son
Avenir ? Le lieu de l’avenir est-il en lui-même
S’il peut décider de son Destin ? Est-il lui-même
Face à l’Absolu ? - L’événement se trouve révélé.
Ce qui veut dire : que le pouvoir de l’homme est
Relatif - il est plus victime de son destin qu’il n’est
Apte à maîtriser ses actions quand bien même il se
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Prévaudrait de son libre arbitrage pour décider et agir.
*
Le sens de la vie est-il d’accomplir des actions
Imprévues par l’homme, ou serait-il également
D’accomplir des actions programmées à son insu ?
- Je savais ce que tu allais devenir - peut
Prétendre l’Etre Suprême.
560
La discipline
La discipline peut s’interdire d’avancer dans l’erreur.
Le déplacement de la vérité. Le déplacement de la
Discipline. L’interdit d’hier, l’imposé d’aujourd’hui.
L’interdit d’interdire. Les espaces imaginaires de l’homme.
Son matériel créatif pour y parvenir. Le mélange,
L’exploitation d’autrui. La liberté de l’esprit.
L’utilité négative de la mathématique. Ne pas
Aller outre. Rester dans sa certitude - platitude ?
La censure et la critique de Kant. La poésie est
Un système d’illusion utile.
À pas certains, avec précaution, avec pure authenticité,
Sans sophismes, ni apparence trompeuse.
L’imaginaire faux peut induire sur du vrai.
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L’inutile
C’était un inutile - une sorte de poète.
Disons un poète - qui reconstitue à sa
Manière l’ensemble des perceptions qu’il reçoit,
Une faible Essence de pensée, sans rigueur,
Qui travaillait avec de simples signes
Cherchant à se comprendre, à se méprendre.
Images stupides de perpétuelle médiocrité !
Il investissait dans de la pauvreté littéraire ! …
Que pouvait-il en espérer ? Le rejet, l’ex-
Clusion d’autrui - le moins-que-rien,
En vérité. Conscient que nul trésor
N’abondait en son âme, certain de l’échec
De son destin d’écrivain-fuyant, allant vers l’ombre,
Vers le néant de soi-même, du fond de l’inconnu.
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L’Être/L’étant
L’Etre, ou la sublimation de l’étant ; l’étant
Ordinaire, jouisseur, sexuel, à la recherche de
L’obésité physique, très MAC DO ; veut faire
De l’argent ; assouvir - expérimenter, exploiter
Planifier, aménager, cherche l’innovation ; l’étant
Néglige l’être, en fait sa part bouddhiste, spi-
Rituelle, appelle Dieu : l’inexistant - craint
La mort, veut la fuir - craint le temps - aime l’auto-
L’Etre veut s’épanouir dans son essence. Il y a donc
Le bien et le mal, l’Etre et l’étant. L’homme primaire,
Le primitif, vivant avec ses instincts, et l’esprit supérieur,
Autre, au-delà, cherchant le Lieu, le Fils, le Futur.
L’ombre de l’étant interdit la lumière de l’être,
L’être est la partie pure de l’homme qui veut s’éclairer.
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Tractacus Philosophico-Poeticus
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