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Résonances 870 pages

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FRANCK LOZAC’H

RÉSONANCES

1


RÉSONANCES I

2


Qui seras-tu

Qui seras-tu tu ne sauras pas qui j’étais

Je t’ai connu très peu produis-moi !

Par ces lignes, pareilles aux lignes de X

Que la main s’active dans le jour, dans la nuit

Par-delà l’impossible à atteindre, à transmettre

Niant les mamelons, le pubis, les pieds des femmes

Cherchant un sacre aléatoire, dérisoire, nombriliste

Ton front large, vide, chargé de livres

Et l’axe de ton sexe, limite tendue

La femme est abstraite, irréelle, jambes longues,

Ta bouche prophétique murmure quelques airs

Virgiliens, davidiques, saloniques

Vers moi, je descends, plonge,

Les Dieux toujours devant mes yeux,

Je remonte pour y tirer de l’ancien

Corde et puits, - plus tu lui prends, plus il est grand -

Malgré moi, conscient du rien, j’insiste.

Pour peu de sexe peut-être

Mon jour s’enfonce dans ta nuit

D’épiderme, de rides, mascaras, chevelure,

Nous échangeons nos souffles

3


Je me transfuse en toi.

Suis-je

Suis-je l’ange de moi à moi

de moi à toi ?

Il faut quoi ? _____ rien

Je te le dis : redescends

Et puis non : je ne sais

here want to stay here

Don’t want to ? ...

Le désir d’être, sans paraître

pour son propre règne,

sa propre gloire ____grandeur

4


Je crains

Je crains de me décevoir de détester ce que je suis je souffre d’une

envie la mémoire se déforme je jongle avec le vent le manquant

s’impose le dérisoire succède au dérisoire ma lutte ne sera comprise de

personne je refuse de parler je prétends penser n’est-ce pas ridicule ?

je vous ennuie je vous ai dit d’entrer, et personne n’a franchi le seuil.

Je te devance

Je te devance, tu me crois meilleur, m’espère Propose pour toi - de toi à toi. Un

nouvel être mieux formé, plus précis. Une fièvre intérieure, d’aventure. Avançons,

disais-tu. Je t’aide, t’aide ; il faut du encore, du mieux. Corrections, neurones,

cerveau, ce mécanisme associatif. Cette volonté d’ajouter. Protège-toi, évolue, monte.

Recueille des produits nouveaux.

On saisit le fulgurant, au bord de son tremplin, de vide, de rien. Qu’est-ce que la

pré-inspiration divine ? Cet impalpable de substance créatrice ?

Oui, dans l’insécurité de l’invention où l’on cherche du valoir.

5


À nos z'actes marqués

Je pense à ton échec, à tes manqués, à tous ceux que tu indiffères, - elles les

ombres te connaissent, t’admirent, te crucifient. On se penche sur tes travaux qui

n’excitent que ton habitude métroaniaque. Tu survies sans la fréquentation des autres,

en parfaite egocratie - c’est ça - je suis un egocrate - esclave et dictateur de

moi-même. Rends-toi compte : tu vas disparaître de chez les hommes, disparaître !

Et cette élévation

Et cette élévation que je désire en exploitant ce que tu me concèdes. Je cherche

autrement, par du peu varié, déplacé - enfin ! ...

Il ne s’agit pas d’une imposture, c’était une vérité oubliée, rejetée mais vérité

toutefois.

J’avance dans ma certitude ?

OK je doute.

6


Mélange

J’ai l’indécidable, des continues sans dérivées, être, ne pas être en alternance,

inclus, exclu, contradictoire, j’ai besoin d’une philosophie ouverte et non figée

d’après Bachelard,

j’ai d’après Deguy le seul à seul, l’inusable, ma réplique grise, ou cervelle de

résonance ?

Le tri, le choix, le vol,

Le rangement, l’enfilade, le côte à côte, une à une confondu,

Je juxtapose son principe et le mien - connu de personne, témoin du silence,

dessous - moi, quoi !

7


Yeats - translate

I

Non, ceci n’est pas une contrée pour hommes âgés, les jeunes, dans les bras l’un

l’autre, les oiseaux dans les arbres - ces profusions d’effluves - et leur chant - les

repères des saumons, les maquereaux en foule dans la mer, tout ce qui est poisson, ou

plume célèbre tout au long de l’été ce qui va concevoir, naître et mourir.

Emportée dans cette musique sensuelle, toute vie rejette les mouvements de la

fluide intelligence.

II

Un homme qui a vieilli est bien pauvre chose, des lambeaux de guenilles sur un

maigre bâton à moins que son esprit ne s’enthousiasme et ne chante toujours plus fort

à chaque nouvelle écharde de son manteau de mort.

Pourtant, il n’est pour le chant qu’une école, celle qui consiste à étudier les

moments où l’âme resplendit de sa propre magnificence.

Voilà pourquoi, je suis allé au-delà des mers pour atteindre la Sainte Cité de

Byzance.

8


Ici vraiment peu

Ici vraiment peu ou rien rien que du papier avec des droites

avec des courbes quelques signes

sans fonds sans forme qui veulent naître

qui provoquent la nausée.

Je comprends aisément l’indifférence

puisque je vais vers le néant - mon néant

J’y vais seul

je ne veux pas vous entraîner

Je plonge dans mon Temple

quelque chose de solitaire

Parmi les déplaisirs d’un produit méprisé

9


Sans et honte

Écriture sans pensée, sans avenir, sans mémoire grecque ou latine, sans espoir

d’un meilleur, sans règle, sans loi, sans invention, sans création, d’initiation, de rien

peut-être. Quelle est ma certitude ? Certitude d’angoisse. Ma maîtresse - la science -

faible esclave poétique, je suis soumis à la honte, à la médiocrité, et j’admire sa

grandeur. Comment, comment puis-je me débarrasser des chaînes de la honte

chargées de ridicule ?

Enculé

Où vais-je prenant et prenant la Muse ?

Où vais-je quelque chose de dur en moi, d’inversé - est-elle derrière moi ?

Oui, essaie, essaie, encore plus loin - c’est ça. A genoux, soumis, puis - humilié,

ridicule, éjaculant encore

Bête et ange, premier et esclave

La preuve est faite qu’il faut savoir évoluer

10


Du encore

Où seras-tu dans mille ans ?

Suppose que ton avenir soit,

sous quel prince, quel dominateur

sous quel régime ?

Merveilles et apothéoses des sciences,

des sciences appliquées

et toi, là-haut peut-être !

Tu es petit, je le sais

et tu vas disparaître

Qu’importe...

Et tu espérais finir à tout jamais,

dormir, dormir éternellement

Ou mêler le passé au futur

dans un étrange ballet

était avec sera

Le plus difficile est de s’admettre immortel

Que peut-on faire du temps ?

il en reste partout, partout...

11


et mon ombre m’effraie

J’ai une répulsion pour le vivant

la survie est angoissante

mais existera toujours

N’a jamais voulu exister

c’est donc du encore...

12


Marche en soi-même

Comment aller vers sa propre écoute ?

Comment marcher en soi-même ?

Comment s’élever ?

Je ne suis qu’une onde infiniment rien

qui pénètre, sillonne, s’enfuit

désireuse d’atteindre le lieu secret de la raison

prétendant y découvrir un soleil

un flux constant de désirs

C’est un rêve de chaleur poétique

qui nourrit ma nuit

J’enveloppe ma chair intérieure,

je la dénude

et la pousse aux soupirs comme avec une femme

épuisé, serein, exténué, je m’endors

repu parfois

Qui me soutiendrait ?

13


des glaces évocatrices

J’ai dans la tête

des miroirs courts, menteurs, faussés

sous des braises exhalées

Non, je veux m’étendre

chaudes et phosphorescentes

Peut-être y trouverai-je

l’or que j’y cherche ?

14


Jérusalem

Jérusalem, je suis venu à toi

Ma voix prophétique

se nourrissait des paroles d’Isaïe

paroles d’avenir

paroles de vérité

dans une langue claire et pure

du savoir ancien et j’avançais

sous la voûte du futur.

Je franchissais la porte

Je suis venu, annonciateur de la certitude

du fils de Dieu.

Quel Juif accepterait d’entendre ?

Car il a déployé son arôme

de messianisme, de Chrême, et d’amour

sur les toits de la sainte ville

mais personne ne l’a cru

15


Toi - imagine

Toi - imagine le ciel clair, l’aube, la naissance du poète, les livres, l’inspiration,

la présence à sa table, la ténacité, la volonté et,... etc.

Alors va, produis, pense

16


I

Je t’ai pensé, imaginé

J’ai pénétré en toi

ce nous propose un accouplement bizarre,

hétéroclite, de jumeaux ennemis

En dedans, en moi, les yeux retournés

II

Une au sexe ébahi

les pores, les cils, les genoux,

la vulve, les alvéoles,

la chair volage

l’éja, l’éja, heu ! Jacques !

Puis Roubaud, Deguy, Adonis

La chair - non

donc la femme idéale, interdite

17


Les papillons

Les papillons sont lourds

Papillons gras, de sexes de femme

Les papillons s’écrasent dans les moiteurs ternes

Leurs ailes sont des couteaux qui cisaillent la nuit

Leur déplacement des erreurs, des faussetés d’actions

Ils pénètrent, voltigent, agonisent

Dans les ouvertures, glissières d’orgasmes

Auréolés d’espoirs.

Les papillons se meurent dans les ténèbres

Ils remontent, bandent, érectent,

Les poils, les odeurs, le désir,

Puis l’égarement, la lente tombée

La renaissance.

18


Re commencement

Le soleil lèche à nouveau les vitres

L’oiseau attend

Et l’or encore laiteux coule avec abondance

Les seuils de porte humides semblent sécher

La révolution permanente des astres

Tombe sur ma tête rousse

Tandis que les sapins sont bleus

L’homme à la béquille

Tirant sur un sale destin

Agrippe sa malédiction honteuse

Des milliers d’aiguilles sont enfoncés dans son corps

Agrippe, tire, etc.

19


Moi, solitaire et tel

Moi, solitaire et tel

Avec mots et signes au bout des doigts

Je construis de l’intérieur un autre monde

Faible, de complexité nulle

Les forces mauvaises me menacent

Avec des aiguilles dans les articulations

Tu détestes ce que tu fais

Le prétendant malingre, mièvre et ridicule

Tu aspires à du gain,

Tu veux te rassasier

Tu as faim

Lis et c’est peu - voilà ton Tout !

Pourquoi as-tu planté dans mon coeur

Une graine poétique ?

20


Qui a su resplendir

Magnifique l’Esprit qui a su resplendir

Par-delà les images, en pures paraboles

Qui offrait du futur à nos pauvres horloges

Et méprisait nos jours dépourvus d’avenir

Son lieu éternel nous était inconnu

Nous nagions dans l’éphémère et le surnaturel

Le porteur de messages s’éloignait dans le vide

Sublime apprentissage, ô besogne infinie

Tu as nourri en moi mes désirs et mes troubles

Le pays est immense et les veilleurs attendent

Le bon grain est semence et les récoltes abondent

Toujours la nourriture pour combler l’appétence

21


On a renoncé

On a renoncé au désir

De prendre sexe pour sexe

Et imposé le mutisme

Malgré l’appel des corps

De chevaucher

La chair humaine

Après avoir subi

La haine de la mort

Il s’en est allé agoniser

Dans les contorsions

De ses étranges douleurs

Sur le seuil éternel

Le silence explose dans mon crâne

Où j’apprends à écouter

L’horreur du vide

22


Vendredi saint

Journée déchirante

Avec descentes au plus profond du moi

sublime comme un orgasme

Messie à genoux

abandonné au Mal

Les prières, les suppliques inutiles

Frappé dès sa jeunesse,

d’une innocence indécise

Toujours les âmes des pourritures agressives,

cruelles et vicieuses

emplissaient les lieux

23


Où es-tu

Où es-tu pour m’ignorer ? Suis-je insignifiant ? D’ailleurs, qui m’entend ?

espère.

Ainsi, dans cet espace, étranger près de la porte édifiée, - par-là je monte et

Qui sait réellement quoi ?

Je traverse, transpose, prétends

24


Que reste-t-il ?

Et il veillait écoutant grandir ses yeux

Il avivait des soies, des étoffes

des soufflés

à formuler

Eut-il cru au surnaturel ?

Eut-il une fois embrassé

l’esprit d’avenir

d’inconnu ?

Feux en soi

Feux éteins par la langue affolée

Qui a plongé ?

Qui a porté ?

que reste-t-il ?

des riens

Deguy dit : des propositions

qui croire ?

25


Le temps s’envolait

Le temps s’envolait, le vent essayait de percer, et ta voix lointaine caressait mon

oreille, je voulais m’en souvenir.

Seule une lune laiteuse se déplaçant lentement, je t’attendais encore.

Le ciel se déchirera-t-il, s’ouvrira-t-il encore une fois ?

Autre jour

Écrasé par les vicissitudes du mal, j’essaie toutefois de me libérer de mon

enveloppe charnelle,

je recherche l’état d’extase, de lévitation étendu sur le lit.

Au-dehors, ces milliers de petites étoiles sont des bougies qui veillent sur ma

souffrance

26


Parenthèse inutile

Nul ne t’a expliqué

Qu’il te fallait oser et aimer

Oser au-delà du Toi

Aimer au-delà de la chair ?

Tu es instruit de désespoir

C’est une lanterne qui éclaire ta raison

J’aurais dû t’apprendre

Que la mort était la seule fin possible.

Tu es trop jeune, tu es un enfant peut-être !

Comment pourrais-tu comprendre ?

Tu ne prendras jamais rien

Tu rejetteras ce que le monde a de bon

Trop pressé d’en finir avec ces obligations

Tu espères une apothéose de roses

Mortes pour dormir éternellement

Tu es jeune, tu deviendras vieux

Prépare-toi

Ce n’était qu’une parenthèse inutile.

27


Vide créateur

L’âme plonge

dans le vide créateur

La pensée foudroyée

est morte, est vivante

du moins sa lumière

est phosphorescente

Au plus profond,

Penser est un vice

La fille s’étire

avide qui se dévide

est un infime

tout élan

commencement de l’intelligence

Il construit dans le rien,

dans le peu, dans le mièvre

il y cherche des preuves

28


L’univers en soi

Étire sa toute puissance

29


Avec sa complexité, l’homme

Nécessité de l’esprit de choisir,

Entre se purifier et accéder à l’œuvre

La purification est à l’intérieur

Quand l’œuvre expulse de l’homme son mal

Faire prophète, poète ou saint

N’est pas acte d’impureté

Rien aux ténèbres ! Tout pour la lumière !

L’homme avec sa complexité, l’homme.

30


Le choix - Yeats - Traduction

L’intelligence de l’homme est dans l’obligation de choisir

Entre perfectionner l’existence ou l’œuvre,

S’il désire la seconde, il doit renoncer

Aux Demeures du ciel et pour quelle rage !

Et dans quelles ténèbres !

Quand toute son affaire est achevée,

Quel bilan en vérité ?

Chanceux ou pas, la peine aura laissé

Ses cicatrices. L’éternel tourment de la bourse vide

Ou l’instant de gloire, le remords de la nuit ?

31


Le zéphyr bleu

Pourquoi te blâmerai-je d’avoir tenté,

D’avoir échoué dans le zéphyr bleu ?

Pourquoi ? ... Tu t’es rempli

hautes les envolées

composées dans le courage

désirées, bafouées

mais tu n’as point trouvé ton esprit de paix

Dans la noblesse de l’exil

cette beauté vaillante

t’aura permis d’accéder à de l’immortel

Oui, c’est de la grandeur altière

Avec de la froideur, froideur de solitaire

Y avait-il une torche,

une possibilité de feu ?

32


Que je

Que je m’élève et m’envole, m’enfuis pour l’au-delà

Que je m’y construise une raison

Faite de conscience et de savoir

J’aurai une grenade, une ruche,

Je serai architecte

Dans cette pureté toute spirituelle,

Je vivrai songeant à la perfection des Dieux

J’y boirai quelque paix

Endroit où le temps disparaît

Où l’éternité s’impose

Que je m’élève, que je m’emporte cette nuit

J’entends ce cœur qui cherche à s’enfuir

Non. Ce n’est pas l’heure encore.

Sache attendre - sache.

33


J’espère, j’entends

J’espère, j’entends Souffles de peu

Puis une violence de corps à corps

Grêle, feu, sur l’orage

Assailli, pris, explosant, chair

Chant à être soi en moi le coeur

Constamment refusant, saisissant

34


Ton enveloppe astrale

Ton enveloppe astrale est cachée en toi

Ton squelette t’accompagne

sur le chemin de ton existence

Je vais de la vie à la mort

de la mort à la vie, peut-être

Ton coeur bat le décompte final

Le vieillissement te rappelle

Que ta tombe se creuse

Que ton sépulcre sonne le creux

Tu es fasciné par l’espoir

d’une construction nouvelle

dans l’invisible et l’impalpable

où ton esprit épanouira son Spirituel

mais il te faut attendre, - vivre, - passer, etc.

35


Convertissez-vous

Ne dites pas : il a tort

il se trompe

nous avons de la valeur

il ne sait pas

Toi tu es rose première

Tel autre : cendres chaudes

Lui, c’est une aube

Convertissez-vous en valeur scientifique

et pesez-vous !

36


Puissante

Puissante

Elle doit être puissante pour ne pas disparaître dans la nuit inutile

Pour ne pas être oubliée, humiliée, rejetée

Pour tout ce qu’ont pu produire les poètes d’important, d’insignifiant, pour leur

conscience, pour leurs œuvres, pour leurs productions

pour tout ce que leur raison a pu imaginer

Mais la foule est morte et le peuple méprise.

Nos corps sont fatigués par les travaux, nos chairs quémandent quelque lumière

dans ces nuits de souffrance, de jouissance où l’esprit prétend encore

pour la chaleur humide de ces statues de bronze

pour la description de la fièvre

pour ne pas oublier

Je ne cherche même plus à faire jouir cet amas de chair,

J’ai la vigilance d’une conscience pensante

qui se conçoit incessamment dans son miroir.

J’habite un lieu, je rejette la certitude extérieure.

37


Je n’attends pas, j’exécute

avec ces perceptions, ces lectures, ces vibrations

qui constellent mon quotidien

L’embrassement littéraire s’opère, s’obtient

Le mouvement universel se poursuit

Moi, éternellement seul dans mon tragique espace vide

Je me prétends sentinelle

Je sais que je vais disparaître,

Que rien ne restera

Car il y a cette inévitable fatalité de l’inutile

Mon produit intellectuel n’a pu transpercer

la conscience d’autrui - où, je vais mourir

tout en étant - sans être.

38


La chair est une douleur

La chair est une douleur qui insiste, insiste

L’esprit imite la chair et souffre, souffre

Ils vont par deux leur chemin et s’infligent des pleurs

Et des supplices sur l’ensemble de leur existence

J’ai voulu habiter une absence pour être libre

de ne pas souffrir - tendre vers une vie insignifiante

pour ne plus endurer. Je suis lâche, n’est-ce pas ?

Nous errons pitoyables, subissant des intensités

de haine et de violence, moi et ma femme

attendant ou poursuivant ce soleil rouge

tumultueux et assassin

pour achever cette immense tristesse

39


Les météores

Des pensées d’écriture percent ou semblent disparaître dans un néant aléatoire.

Le rien retourne au rien. J’attends. Je me crois inutile à tenter de tirer des phrases et

des structures assis à cette table de papier !

Nous sommes des météores qui passons, disparaissons pour mourir à tout jamais.

40


Le soleil de jeunesse

Je plonge dans le soir emporté par la fatigue sur la grâce d’une idée

La nuit offre, la nuit inspire

L’endroit poétique me semble le même, sans évolution réelle

J’ai pourtant l’impression de progresser, d’offrir de manière autre la pensée à

l’infini dérivée

J’espère au matin qu’un soleil de jeunesse apparaisse

41


L’avenir en Dieu

Me voici encore, prêt à être oublié, évidemment, dans l’inutilité de ma

production

J’attends pour l’au-delà, pour l’après, en vérité - car ici bas, quel espoir ?

Je me roule dans mon désert de sable que je prétends richesse et or - mais nul ne

me croit - qui a raison ?

J’accomplis, je noircis pour assouvir un désir constamment recommencé

Non, tout ceci est nul et va disparaître, car la chose était médiocre

Le seul avenir est en Dieu - s’il le souhaite.

42


La médiocrité

Je sais que j’accéderai à la médiocrité

Je suis dans l’ombre de moi-même

Je poursuis dans mes nuits ma certitude de rien

C’est l’effrayante indifférence d’un Dieu créateur de tout, qui refuse même de

jeter quelques miettes de peu

Espoir et peine, attendant vainement un gain

Et dans la Mort, que me restera-t-il ?

L’obligation de me reconnaître et de me déterminer avec cela ! Pauvre de moi !

43


Le miroir

J’en ai la certitude, c’est bien délibérément que je m’en retourne à cette unicité

de l’être humain

où s’agite le miroir du moi-même pour apercevoir quelques images fugaces

des variables de différences en halos, halos qui s’enfuient

Je m’attache vainement à des souvenirs anciens pour toujours revenir vers toi

Tu déplaces une vérité pour éblouir ma conscience “ d’autrement vrai ”

Ma pensée est une interrogation qui tente une possibilité de probables et désire

comprendre ce que le hasard a entrevu

Il fait gratifier la lucidité du mensonge

Es-tu perte avec déformation truquée de la vie exacte ?

Tu souffres d’indifférence dans ta bulle irréelle.

Tu insistes seulement compris de ton image

Parce que ta tête est pleine, tu la crois utile mais elle n’intéresse personne.

Quelle aube ? Quelle connaissance ?

Les actions s’effacent par la purification de l’esprit

44


Il faut passer par l’ombre

pour accéder à ta lumière

Projette-toi dans le futur, si tu t’en crois capable

Ou encore s’en référer à Dieu, au Père etc.

Ta vie sera une constante médiocrité de toi-même

Espère le contraire.

45


Bilan

Je sais que je m’en vais vers l’inutilité

Je sais déjà dans l’ombre de moi-même

J’avance dans la nuit obscure

Avec la certitude poétique à mes côtés.

Nous marchons sur de l’éternel éphémère

Le temps balaie les heures, dispersera mes sueurs

méprisera ma dévotion

La distance parcourue est nulle,

je m’en retourne à mon point de départ

sans lecteur, sans crédit, avec le rien.

Quelle belle solitude, toutefois !

Y a-t-il peine, effort, volonté ?

46


Longue marche

Longue marche inaccessible en soi-même

Le vent pousse, - on en a grandement besoin de ce vent-là !

La nuit a son parfum d’interrogation, son souffle de soupirs

La nuit - me voici !

La nuit, cette habitude d’écriture voluptueuse par le plaisir de l’esprit.

J’habille le silence, des voix confuses et disparates s’entendent au loin

Quelques oiseaux hagards déchirent le vaste ciel

Construire dans l’absence, dans le rien un piètre espoir de poème

Produire pour mon hiver

pour mon semblant de gloire ?

Nous avançons ensemble moi et moi

Les deux certitudes essaient de se comprendre

comme la violence et la douceur s’accouplent pour l’orgasme

47


Il s’y essaie encore

Il s’y essaie encore nettoyant, combinant

D’autres propositions. Le sonnet qu’il produit

Lui apparaît piteux. Il voudrait autrement,

Une forme inconnue, il voudrait déplacer

Le centre d’autrefois. Je pense à Du Bellay ;

A Mallarmé, à Valéry, à Baudelaire.

Je me crois médiocre en tâchant d’obtenir

Un quatorze insensé qui va je ne sais où.

Il y a Neruda et ses sonnets d’amour.

Que peut-il inspirer ? En quoi peut-il aider ?

Me viendrait à l’esprit un idéal fatal,

Référence inouïe à toujours imiter.

On peut toujours rêver - ceci est de la prose !

On cherchera encore mais on a échoué.

48


Si écrire est penser

Je pense

si écrire est penser

il s’accumule en moi des certitudes

que chaque livre confirme

La médiocrité toujours

en basique d’existentiel

présence infiniment peu, de rien,

oui, exact

Alors que faire ?

Comment changer cela ?

La jeunesse est passée,

J’entre dans l’âge mûr

Comment produire sans commettre trop d’erreurs

Éloigne-toi de la honte

49


Constat

Je suis entouré de décombres

de fossiles

d’échecs, de peines,

Je me construis sur du passé

Je m’évade sur un exil

C’est l’espoir

C’est la peur

C’est l’angoisse

J’écris

personne ne me lit

Personne ne me lira qu’importe !

J’extrais des tentatives

Enveloppées dans des tissus de soies

dans des linges ensanglantés

je défigure ma vérité

50


Je travaille aidé de Dieu

Qui est souvent absent

Constamment je l’appelle

Retour, retour en moi-même

Et je crains d’être fusillé paf le temps

A moins que ce soit l’indifférence

qui, peu à peu,

m’oublie

51


Consolider le songe

C’est vrai j’ignore tout de sa capacité, de ses limites, de ses potentialités

J’ignore la finalité et l’exploitation maximale

Allez outre ! Aller jusqu’au dernier jour pour y extraire ce que le Destin autorise.

Oui, écrire.

Ma voix veut porter pour annoncer la bataille intérieure. Il faut consolider le

songe. Les hommes écrivent des vers, pourquoi ?

Écrasé par le poids de l’ennui, l’aptitude inventive s’essouffle, demande grâce

quand la volonté veut poursuivre encore.

52


Jeu d’échecs

Femmes habillées en cuir noir, soumises sur l’échiquier géant ; reine splendide et

garce protégeant, dominant son roi ; Tour, donjon de supplice où le plaisir gémit

d’aise ; cavalier d’homme, de fou pervers et lubrique accomplissant quelconque

domination sur filles en tenue claire et blanche ; filles prises aimées, aimantes,

implorant l’extase du sexe black.

Ligne entrecoupée comme des barreaux de prisons. Voici votre avenir, de la

jouissance, de l’extase, de la pénétration - jour et nuit, dans cet espace infiniment

limité pour un jeu éternel de chaînes, de fouet, de jambes infiniment longues, - pour

le rêve et l’agonie.

Par l’imaginaire fantastique.

53


Le miroir

Mon image fugace tremble dans ce miroir

J’y invente un espace, bel outil primitif

D’un monde virtuel. Des reflets incessants

Construisent un univers habitable parfois

Là, je suis au Salon d’Imagina, bien sûr

Et le progrès est tel que l’on peut supposer

Le Temple d’Athéna, l’édifice de Rhodes

Se dresser devant vous comme un musée vivant

O le transfert lucide d’un Moi qui me contemple

O reflets irréels, réels pour mon esprit

Qui se suffit de peu, et prétend la toucher

Ou la faire apparaître là, devant ses deux yeux

Je dois toujours attendre ces messages futurs

Qui développeront mon pur Imaginaire.

54


Poétesse

Tu n’étais qu’une oiselette

Sans aptitude pour écrire

Et te voilà avec ton Damoiseau

Porteuse d’une rose au coeur

Oh ! Fille toute jeunette

Es-tu armée pour ce bas monde ?

55


Culture méditerranéenne

Culture méditerranéenne

De pureté romaine et grecque,

Sur les rivages

Puis les Anglo-saxons

Les Asiatiques, les marchés,

Les croissances, les espoirs

Dans ce petit village planétaire

Avec échanges, Net line

IBM, MACINTOSH

De Cyber cafés, d’avenir

D’Art, de métissage

Puis la mort pour plus tard

56


Problème de la grâce

Se peut-il que cette enfant

Pure et aérienne

Se transforme en essence de haine,

De cruauté immonde

Par la métamorphose

Du vice et de la chair ?

Que ce corps innocent

Se vide de sa substance élevée

Pour emmagasiner de l’horreur ?

Qu’enfin elle donne naissance

A une conscience démoniaque

Assassinant, écorchant, brûlant

Et que son avenir soit dans l’antre

De l’enfer à tout jamais éternisé ?

57


Moi encore

Moi encore agressé et

Elle en face sur l’écran

Contre lumière, clair-obscur,

Sexe, perles, jambes, chair, cul

Balancement du corps, beauté des seins,

Et visage

Moi, espèce de voyeur, voyant, vicieux,

Sans vice, d’esthétique, d’art, d’oeil,

Enfin ne sais, l’ensemble et tout

Me regarde, me sourit

“ Que faites-vous en cet instant ? ”

- J’écris avec Pasolini, j’écris de faux vers

- Cela vous amuse-t-il ?

- M’amuser ? Je retourne dans la boue, dans l’inexplicable, le bizarre, le difficile.

Conversation ? Laquelle ? Très peu.

58


- De quoi voulez-vous parler ?

Laisse tomber, et toi va dans ta production que personne ne comprend.

59


Le prisonnier

comme quelqu’un qui veut en finir...

Dieu, aide-moi ! Libère-moi

Cesse de te taire, agis enfin.

Empreint de la beauté artistique,

j’offre une nostalgie nue

un espoir oublié dans le vent créatif

prétendant ici et là atteindre un idéal de forme

Tu te tais, - ils se taisent

je me nourris de leurs dédains,

de leur mépris

Comment éveiller leur intelligence ?

Ces faux spectateurs en fuite d’œuvre,

En ai-je réellement ?

Je suis dans une citadelle de lâcheté

à l’intérieur,

gardien et complice de moi-même

60


Nulle oisiveté, mais constance de travail

Ma liberté est-elle d’écrire ?

C’est encore le mépris

Y a-t-il utilité à exploiter ses rêves ?

Dieu de perfection,

Que me reste-t-il à faire ?

61


Sexe, plaisir,

Sexe, plaisir, oubli de la misère

Rester seul et crever

S’endormir dans son rêve

Il y a des roses et des citrons

Chez Pasolini

- C’est vrai - ça va bien ensemble

Pourquoi ces bouts, ces segments insignifiants ?

Car rien n’en découle,

On ne peut en tirer quelque chose d’utile...

Voilà donc du puéril et de l’insignifiant.

Peut-on réellement comparer l’intelligence

D’une vache et d’une autre vache ?

Que représente l’aptitude de l’homme

Face à la création divine ?

62


Je m’interroge peu

Je m’interroge peu, je produis, je produis

Je nomme et je dénomme pour flatter ma patience

Plongeant dans l’infini d’une nuit qui avance

Et j’étudie la langue abrupte des poètes

Je m’use sous le poids d’une lourde mémoire

Et désire vainement en combinant des mots

Accéder à l’orgasme sublime de l’esprit.

O miroirs insensés où je vois tant d’idées

Se mêler malhabiles pour une piètre histoire

Mon doute constamment me répète en secret

Que le tout est stupide et sera périssable.

Cette énergie secrète active ma cervelle

Et m’impose à agir pour dépasser le Moi

Je n’ai nulle promesse d’un avenir lointain.

63


Le Juif

Quand comprendront-Ils enfin ?

Quand le Juif intégrera-t-il cette vérité ?

Car le salut vient du Peuple Élu. Mais sa nuque est raide.

O toi, Fils, chez nous, en dehors, pour nous,

avec avenir de vie après la mort,

avec vérité messianique.

Quelle chance d’être chrétien, - de savoir par l’éducation, par la culture, par la

transmission

Tandis qu’eux s’escriment à détruire ,à prouver le contraire

etc.

64


Sérénité

Sérénité parfaite où la présence rayonne

dans ma chair pour un bonheur de mystique

J’illumine mon bureau de mes certitudes intérieures

Mon âme est épuisée, mais je produis encore

Je vis de sentiments, de perceptions, j’abolis

la vérité scientifique - je ne suis que fibres,

Je reste à cette table, espérant quoi ?

65


La capacité d’analyse

C’est à peine si aujourd’hui, j’ai pu produire quelques mots - toujours les

sentinelles en face, agressives, prêtes à bondir, à violenter etc.

Je retourne dans hier, j’écoute mes pensées disparues, imprimées à la va-vite

avec quelle encre noire de stylo, ou de plume désinvolte. Comme j’aimais à les

combiner !

Tristes tentatives, car la basse certitude interdisait toute élévation niveau

Polytechnique, Grande École - Y avait-il réellement équivalence de valeur ? Cela ne

se situait pas en dessous ?

J’ai vraiment la capacité d’analyser, d’étudier et de comprendre - j’ai vraiment eu

la connaissance.

66


Ciel silencieux

Ciel silencieux au milieu des douleurs

Je suis, dit-on, mais la mort ici et là

Tortionnaire, agressive, constamment présente

Je n’entends toujours rien, mais j’espère encore

Dans l’éblouissement des quelques cierges

De quelque certitude d’église d’au-delà

Priant, comprenant, intervenant ?

Vous recevrez ma dernière prière

ma dernière supplique

67


Je parle seul

Je parle seul, j’espère

Je suis peut-être dans un état de recherches, d’attente, d’espoirs.

Il y a un vacarme intérieur, inconnu pour une grande oreille plaintive.

Sainte II

De loin l’aurais-je vu avancer pure et claire, nu-pieds glissant sur l’écume des

eaux, portée par la vérité et l’immense présence ?

J’ai longtemps pensé, essayant d’intégrer son essence parfaite.

68


L’écrit/le risque/le cul

L’écriture / la production/ La fille belle, invisible, ima

L’espoir / la volonté ginée, d’impossible perfection /

Intellectuelle / l’avenir Le sexe / le sexe / l’érection /

Mon manque / ma certitude L’éjac / l’éjac cul / la tion

De faiblesse, d’inutilité / Le fouet / les menottes / les pieds,

La formation / Dieu comprendra La jouissance / dominant / dominé /

Le Saint aidera / - je m’en Encu / Enculé au quotidien

Sortirai / Ils ont des consciences / Par les banques le pouvoir /

Ils peuvent juger / le temps implac le travail / le profit etc..:

cable qui file, fuit, dis / Tranche de vie - quoi ! -

Paraît.

La crainte, constante / l’avertissement /

La détermination / le risque /

La bêtise, le ridicule / le vouloir

Le progrès, le savant / Pourquoi

Cette peur ? N’est-il pas là ? Pas là ?

69


Ici vraiment peu

Ici vraiment peu, faiblement

papier noirci - de blanc vers le noir.

La santé, l’explosion, l’écriture, l’aptitude - oui - quelle capacité ?

Une poussée étonnante de neurones phosphorés

Prétends savoir, comprendre - en vérité, Quelle certitude ?

Pour aller vers le rien, le nul, l’insignifiant

Je vous suis - cela est non - car il y a Mallarmé au-delà plus fort, - Human Bomb

- sachant faire exploser votre 26 de signes autrement construit

pour le plaisir de la guerre littéraire

70


Comprenant

Comprenant et comprenant encore les raisons de l’échec, je constate une réelle

impuissance à résoudre le problème de l’exclusion, du désintérêt général.

Gagner en soi, est-ce véritablement suffisant ? Cela représente-t-il une victoire

certaine ?

Ruines déplorables, conscience, rêverie, utopies, vérités naïves, échecs,

décroissances, élans négatifs, critique, leçons de ténèbres, le manquant, cette éternelle

honte, l’expérience dans le rien, la fin de son monde, les déchets, le seuil de la mort,

Que reste-t-il de ma croyance ? Un infiniment peu qui s’évade en ronds de fumée

pour disparaître paraître ? Adieu Salut Arthur Pourquoi pas

etc.

71


Ex

clu

Non, tu n’existeras jamais chez les hommes.

Te voilà exclu, certain de ta faiblesse

Tu as donc raté,

L’on ne t’a jamais édité, imprimé, lu etc.

En souffres-tu réellement ?

Tu as perdu sans jamais perdre

Par omission, par oubli de l’un, de l’autre

Ton Moi a refusé d’être des leurs

Avec leur vitesse, leur lenteur, leur environnement,

Habillage de palabres, disais-tu

Ex-clu, fuyant les miroirs, recherchant un vain tiers

72


L’oracle

C’est la conscience de braises, la figure intérieure tremble, s’essouffle, hurle.

Elle cherche un oracle.

1

S’avance de l’oubli confuse la nuée

- Esprits, graines et flamme qui ardents descendirent

Ils honorèrent sans feu avec claire présence

L’élu portant en lui le chrême de l’immortel

Lui rêveur idéal d’une blonde venue

À foison et pluie d’or qu’il désire aduler

2

Extrême de sagesse portant sublime ouvrage

Pour une gloire profonde - oui rêve de s’instruire

Dans l’Antique et les hommes, et la beauté des Dieux

73


3

Et du réel Absent, qui désigne la part ?

Car on lui refusa un infime tirage...

4

Géniteur éternel, ô Père rayonné,

Conçois avec sagesse l’entendement de l’homme !

Qu’en éther lumineux offerte soit sa tête

Dans la suite d’honneur d’un accomplissement !

Mais il n’est point tombé, le germe et la semence,

N’a point fructifié dans l’estime les autres !

5

Je recherche toujours l’impossible à trouver

Les excès de l’esprit perturbent le plus sage

L’impénétrable voie est source de délices

Oui, consulter l’oracle par les Dieux entrevus

Dans la Chambre du Sud - force est de désirer

74


Séquences

Ce qui est puissant, sexuel, érectif

Ainsi le vice, l’audace, le risque

Et encore ? Quoi !

Des on pourrait - des plus loin - très loin - au-delà, - retiens - orgasmes éternels -

d’éblouissements, d’éclaboussements de sperme, de décharges - que je te défonce -

t’encule, te fais jouir.

De folies soumises - suceuses - engodeuses - vicieuses - de plaisirs - de encore.

De blououou - ok - éjac - je prends - je reçois - viens - trops - ouis

Laisse-moi me reposer - mon amour - repos - cigarette - je t’aime.

75


1

La coupe, qui la prend, voit à l’intérieur

La peine ensanglantée sertie de glaires noires

Et buvant le premier, je la rends détestable

Aux hôtes du banquet conviés à ma table

Car moi, ce flux de nectar, Pindare, n’est point fruit

Pour l’esprit du vainqueur, ainsi je prophétise

La lyre et le cristal dans l’apparat des flûtes

Avec vrais crissements et douleurs du buveur

Ô puissante lignée par les jours éternels

De mémoire, de mémoire aux futurs couronnés

Ils habitent l’azur, tous ces princes en exil

Et je voudrais pour eux annoncer ces propos

De la beauté certaine, toujours il faut s’instruire

Aller vers l’avenir en cherchant le repos

76


I

O sublime mortel, illuminé par l’ange

Ils créèrent sans feu l’odieux sacrifice

Offrant mes actes purs à l’immonde Satan.

J’avance dans l’oubli escorté par le Mal

Car de monter très haut dans l’estime du peuple,

Cela ne me sied guère, et la poussière m’emporte

II

Mais quel choix, le meilleur, pour prendre l’avenir ?

La fièvre de l’esprit égare même un sage

Prétend maître Pindare. Va consulter l’oracle

Te dire si oui ou non, le futur te couronne

Ou encore le bâton pour frapper l’olivier

77


D’observer un devoir

D’observer un devoir imminent chez les hommes

Par un saint brûlement attendrirait le Père ?

Il est de la vaillance d’accéder à l’écrit.

S’avance dans l’oubli le poète inconnu,

Détesté de ses frères, sans blonde Chrysalide.

Pleuraient à profusion des délices de coeur.

Mais instruit de sagesse, il lève vers les Dieux

L’impossible chemise détenant le poème.

Il hurle, prie, suffoque, le Ciel frissonne-t-il ?

Les hommes par l’argent se partagent la terre.

Les nouveaux Immortels veulent franchir la Porte.

Seras-tu enfouie, ô mon œuvre inconnue ?

Oui, emporte-moi, Seigneur pour l’excellente peine.

Les premiers descendirent honorer le Suprême.

78


L’Absent

L’Absent, toujours l’Absent, éloigné du Soleil,

De l’astre triomphant et transmettant la vie

Du poème intégré et lu par le public

O toi, Gal rejetant le grand serment des Dieux

Que venu et comblé, Il remit sur sa tête

Du Chrême par le six, - mais pourrais-tu comprendre ?

Tombé en vérité dans l’oubli éternel

En dehors d’un tirage limité même à cent

Il se voit décroissant allant dans la ténèbre

Ainsi cette parole dans la Sphère lumineuse

Est suite sans honneur et le Germe n’est point

Porteur de Noms illustres, daignez en vos grandeurs

Considérer un frère inconnu et maudit

Consentez, je vous prie, quelque clinquant d’images !

79


Je ne t’accuse pas

Je ne t’accuse pas, je constate, voilà tout.

Rien ne peut réussir dans cette pauvre vie.

J’obtiens en même temps et les livres et la nuit,

Ce superbe dessein s’achève par l’échec.

J’ai donc construit une muraille de papier

À leurs yeux inutiles, aux chapitres insensés.

J’ai désiré offrir - ce n’était que foutaise !,

Le rêve s’en retourne à sa réalité.

Ô mon sublime exil, envole-moi bien loin

Les manuscrits m’emportent dans la sphère idéale !

De la légende grecque à la mythologie

Je poursuis, j’agrandis cette bibliothèque.

Tyrannies de syntaxe, traités de l’impossible,

Aidez-moi malgré tout à composer mon œuvre.

80


C’est l’ombre de moi-même

C’est l’ombre de moi-même qui me poursuit encore

Mystérieuse et pure en longeant ce grand mur.

Quelle est ma part dans ce destin ? Est-ce bien moi

Qui produis tous ces signes dans le soir infini ?

Le mot est un marqueur indiquant le départ,

Les signes s’accompagnent, construisant la syntaxe,

Le pas est incertain et j’avance à tâtons.

Je le sais, je le sais, je m’enterre, je m’oublie.

Cette couleur du temps s’efface doucement.

Mon spectre sans phosphore descend dans son sépulcre.

Et l’auteur du poème imitant ses faux frères

Se meurt ayant atteint cette piètre limite

Où l’ordre de ses pas allait cahin-caha.

Sublime était l’écrit suivi de l’anathème.

81


Seulement le silence

Seulement le silence - un destin oublié

Inutile et perdu - cette fille me poursuit

Pour cet acte stupide qui n’en finit jamais

Qui n’a pas d’avenir. Je construis une route,

Éternelle, infinie - je longe une muraille.

Et de l’autre côté, - ce sont des cris d’enfants,

Des paroles, des bouches, qui persiflent et critiquent

Ce sont de grands soupirs tout étoilés d’orgasmes

Je ne veux pas entendre - je suis un obsédé

J’avance avec des jalons d’œuvre, avec constance.

Je ressemble à ces hommes - ces zombies de la nuit

Constructeurs de château, rénovant des villages,

- Une tâche incroyable de punition divine

Avec de noirs esprits qui toujours m’accompagnent.

82


Accomplir un travail

Accomplir un travail qui soit utile aux autres

Proposer un produit que chacun pourrait lire

Écrire tout simplement en refusant l’emphase

Oui, je me dis tout ça mais ne sais comment faire.

Ma pauvre mère me dit : “ Tes écrits sont complexes,

Je ne puis achever un livre commencé.”

C’est vrai : je n’écris pas pour séduire un lecteur.

Je recherche avant tout la poursuite du Moi,

La production intense, l’aptitude maximale,

Et l’éblouissement de ma métamorphose.

Ainsi je me vois seul, autrui ne peut comprendre,

Me jette et me méprise : Lozac’h est un déchet

À haïr, à maudire, à exclure en tout cas.

Mais je poursuis mon œuvre détesté de l’ensemble.

83


Le ciel monte

Le ciel monte vers l’enfance défunte

L’eau devient l’élément révélateur

l’élément de vérité

Toute la pensée se fait oscillante,

désireuse de comprendre

de déplacer la certitude

car il faut mentir pour accéder au vrai

Plus loin, Éole danse sur de clairs pommiers

et offre sa révérence

à l’ancêtre qui se tait.

84


Écrouer

Écrouer la lumière qui valsait au fond des ruelles

Le non-sens est d’accord avec moi

Il y a absence de fête

de sexe

de plaisir

L’élévation certaine se conçoit au coin des regards

les voix murmurent quelque vérité

il y a encore mouvements des cités

des labyrinthes

des tunnels de chair

dans l’invisibilité de la raison

puis des hommes qui volent

Tout cela dans une pensée cosmique,

aléatoire,

impossible

possible

85


Marche

Marche qui conçoit l’espace comme une certitude

où j’écarte l’asphalte, le droit à l’interdit

en fait : j’exulte

m’indispose et prétends.

Donc j’avance sans chaîne, sans traverse, pénètre,

Je peux un geste vers elle,

je l’épuise des yeux, la prends, la reprends, ne sais ... comme personne :

je l’emporte !

Route jalonnée de femmes, de comparaisons, de sexes tendus, de sachants,

de sensuels, de Mois en vérité !

Je pousse nu sur l’un sur l’autre de mes pieds

Ai-je besoin de vous revoir - non, je continue, je poursuis

La piété me force à lécher - je lèche - j’aime

Le dessein élaboré d’une âme qui espère

86


je n’ai pas à

Il aimerait comprendre, trouver

me retourner

Le mouvement de l’eau poursuivi

là-haut les nuages

L’avancée sur le chemin, encore encore.

87


Il faut

Sous la paupière, disais-tu

dans la distance d’éveil

transformer en fixant le vertige

enveloppé d’imaginaire, de lyre délirante

auréolée d’espoirs - il faut.

Il faut donc esquisser une figure

La tour

Songe aux grandeurs, aux laids

leur forme première est référencée

Le poids de l’inconnu

le tatouage de la pierre

les envolées pour le cygne

il faut longtemps habiter ta tour

88


Alors ?

Toujours le jour de brume

nulle éclaircie

l’énergie fantastique de création intense,

qu’en firent-ils ? En avaient-ils réellement ?

dans les rues nerveuses de l’intelligence

la virtuosité du mouvement voulait capter

quelques messages

alors ?

89


L’épitaphe

Tu es dans le silence, tu ne vois presque pas.

Quelques lumières éparses semblent t’accompagner.

Devant toi, avec toi, le vieux soleil s’endort.

De tristes flamboiements éclairent ta confusion,

Mais tu espères encore une lune sublime

Auréolée d’orgasmes, de feux et d’écarlate.

Un miroir apparaît. Avec obstination,

Tu l’observes, le regardes. Des certitudes en toi,

Semblent imposer un centre que d’autres ont déplacé.

Tu poursuis cette voix qui va tout au-dedans

Éclairé de phosphore qui s’éteint, qui s’allume

Sans trouver un produit de quelque utilité.

Te voilà bien poète ! Et c’est bientôt ta mort

Avec pour épitaphe : Retourne d’où tu t’en viens.

90


Sa vie

Le poète de biais,

Le poète, son étendue, son profil,

Qui trace des lignes de signes

Saluant les seuils d’autrui, au passage

Il avance

Il se nourrit des génies

vit dans l’indifférence - qu’importe !

Il construit un songe où la beauté bleue

est une constellation sublime

sublime aux reflets parfaits

Veut-il inventer une forme nouvelle

qui n’intéressera personne ?

Il cherche, prétend trouver, échoue

Quand il offre son produit, le plus souvent

c’est l’incompréhension

le rejet

le non - pas moi,

91


le aller - voir - ailleurs,

Était-ce un filou ? Alors ?

Sa vie est riche - sa vie !

Guère de crédit hospitalier...

92


Homme puissant

Homme puissant, caché, invisible

au-dedans

homme incertain

blessé, de sang bleu

il parle dans son silence

à sa femme

homme poète

Syntaxes

Syntaxes justesse de mon être

qui plonge en soi

quelque chose d’aléatoire et de risqué

ego renvoyé

Le sang, le phosphore, l’énergie mentale

et remonte

Syntaxes de modernité

d’avenir ?

Que sais-je ?

93


Sera-ce ?

Phrases Phrases d’énervements de recherches

Demi-siècles pensées virevoltées

Refus élisions envolées fuites éclairs

Images analogies compas comparaisons

Variables, variantes déplacements dérivées

Hyperboles de ma mémoire audaces, risques

Explosions figures projeter

Contorsions violences expulsions

Accords ensemble insistance

Saute-mouton grands écarts triangle

Certitude fugace je prends, je jette

Sélec tion coupe

Sera-ce suffisant pour obtenir le poème ?

94


Voleur

Voleur volant perdu cherchant

par Deguy

L’homme peut-être poétisant

liant liant l’infini au méprisable

le connu au mystère

95


Remonte

Remonte au-delà de l’utopie

reviens produire encore

Le je sais le je-ne-sais-pas.

balance contrebalancée dans l’illusoire

de l’oscillation

double raison d’ambiguïté

de bi-certitude

encore Moi

Fantôme désirant désiré

en prise en prisme

sous le voile d’un christ

96


Le geste

la torche éclairait le bleu

pourquoi pas ?

Le geste fut de mépriser, de rejeter, d’ignorer

nulle opacité

nulle

Plus loin ailleurs peut-être là-haut ! disent-ils -

Au zénith de soi-même

Être célébré

Plonger dans le triste puits

terrestre, donc de pertes, enfin d’imprécis

Inverse, raisonne

dans l’espace obsédé de quelque avenir aléatoire,

On réclame, on veut couper, aiguiser les guillotines, frapper les sabres célestes,

qu’ils explosent en gerbes multicolores rouge sang

Au lever de son jour, l’horreur, la haine

Mais il faut poursuivre n’est-ce pas ?

Alors poursuivons.

97


Froidure

Froidure ____ explose en bulles microscopiques

dans l’aube interdite de décembre

dans cette froidure, le poème

de petites lettres hurle, veut vivre

cris, crissements, début.

La cité désertique

Parole sur parole

Passe devant les seuils,

Conçois ta cité désertique

les grandeurs, les temples, les statues

Idem

Poème :

Je te hais pour ta faiblesse

phie : Ce qui m’intéresse actuellement chez L’homme, c’est sa dimension spirituelle. Ce

qui m’effraie le plus, c’est sa petitesse et son insignifiance.

98


La pompe de l’indifférence

Qu’importent les quantités, les productions

les refus des éditeurs, le mépris d’autrui

Qu’importe cette violence - ils finiront bien

par comprendre me disais-je ____ ils finiront

Et ses frères le vendirent au Mal, comme Joseph - [(où est Joséphine et pine, et

pine ?, - à l’arrière de la Simca 1000 - quel humour - quel humour !)]

Les jours doivent être utiles - riches, encombrés de substance, de nourriture

poétique,

Sur les heures, au galop !

pour la visible création, invention

C’est ça - une montagne d’avenir et de futur

Donc le temps à intégrer, à prendre

le temps successif qui s’impose

qui trône sur lui-même

Et toujours la volonté de plénitude

d’extase

99


dans la lucidité ou les brouillards du soir

Il a fait du 12, du 13, du verset

Il s’est mis à penser, - enfin il l’a cru -

Il s’est battu pour cette rose

essayant de capturer l’instant éternel

Les lames, les pieux, les aiguilles s’enfoncèrent dans son corps

Étonnante défaite ! Profond silence !

Dans ce labyrinthe d’injustice où règne la terreur

où le poète est transpercé par le fer invisible

La victoire du Mal, ses gains, ses prélèvements, ses destructions,

la fatigue, les cachets, les somnifères

les sommeils interdits, les repos de douleurs, de tortures

Mais les bonnes gens n’en ont que faire ! Chacun l’ignore, croit au délire,

au mensonge... croit.

Il écrit donc des vers, et une voix profonde surgit de son néant

100


honte

Bataille insipide et ridicule pour la pompe de l’indifférence et les médailles de la

Et l’homme obscur se meurt dans sa chambre lugubre.

101


Autre fille

Et soudain, l’élan

Le flux vital

Comme une gerbe.

Pensée inespérée

Venue de l’intérieur

Conçue par moi, pour moi

Je scrute. Qui est-elle ?

Échappée d’un néant

Enfuie d’un labyrinthe.

Fille délicieuse, la même,

Éclaboussure qui commence

Qui explose et tremble.

Derrière ma certitude,

Elle disait : “ Peut-être. ”

Mais la voilà qui roule, boule

M’emporte et m’entraîne

Et rit de son possible

Je vais avec elle

Courant vers l’avenir

102


Une seconde, une minute,

Une heure - son destin

Avec le mien, et je sais

Désormais qu’elle m’est unie

Par cette écriture qui se conçoit.

103


I

Pour vivre j’ai besoin

D’argent, de femmes, de liberté,

D’îles, d’avions, de sexe,

De santé, de puissance, de temps,

D’intelligence, d’amour, de Dieu

J’ai besoin d’être pur,

Sans foule, en unité avec moi-même

Je veux un nom, un titre, une histoire,

Une immortalité, un avenir,

La certitude avant une naissance

Un Dieu qui m’a prévu et m’aime

Tout simplement

104


II

Tout dire, oui,

Tout écrire,

Tout croire

Mon ciel, mon Dieu,

Mon pur Azur

Dans la production

Incessante et stupide

De moi-même

Un additionnel de syllabes

Un élan de dialogue

Toi et l’autre.

Vous, deux.

Accrochez-vous,

Couple de paroles !

Oui et non - encore

Oui, oui,

Non, peut-être, vas’y - essaie

Le non a raison parfois

Le oui, supplie, veut avancer

105


Il a tort.

Le non ..... doute

III

Jette l’écriture

Les signes, les images

Je te veux menteur, truqueur,

Inventeur, poète, en fait.

Déguise-toi en quelque chose

Sois en variables d’effets

Un toi-même dérivé

Je t’offrirai des noms

Des situations, des idées

Voilà des titres, voilà l’histoire

C’est ça : conçois une autre naissance

Vas’y - produis - produis

106


IV

On voit en soi l’autre Soi

Dérivé, varié, autre

Une infinité de tons

D’humeur, de feelings

De sentiments - palette

De peintre mêlant ses couleurs

Pensant, changeant, concevant

On ne sait jamais, on espère

Que fais-tu ? Qu’as-tu voulu faire ?

Est-ce là ta pensée

Intégrée dans la matière ?

Tu es fragile, existant à peine,

Pouvant t’effacer, te nier,

Trompeur, trompé - qui le saura ?

Et tu vas disparaître

.....Pour réapparaître - Merci Solar -

Un jour viendra

Où tu seras ce que tu étais

107


Tu verras que ton Toi est Faux

Mais que faire ? Les laisser dire

Et t’en satisfaire ! ... peut-être

108


Absence de femme

Absence de femme

Je me libère de la soumission

Je jette les pieds, les odeurs, le triangle

Je fixe mon temps, je m’appartiens

Et ce silence devient fertile d’écriture,

De pulsions intellectuelles,

D’infinis, de recherches,

Absence de femme,

J’exploite mon énergie

Je pense ma matière

Je déifie la beauté,

Je transforme, déplace, prétends.

Ces petits outils que sont les signes,

M’appartiennent, m’obéissent, exécutent

Je conçois la chair autrement,

Avec vice, avec pureté

109


Cet instant de mort me semble peu

Je veux y ajouter - mais quoi ?

Autre forme, autre matière

110


Architecture splendide

Architecture splendide

toi de droites et de courbes

d’équilibre de femme

idéale d’obliques

Je suis en ton vouloir

je pense ton centre

de sexe tendu

quémandant, suppliant quelque orgasme

Tes espaces, tes interdits

Sexe, anus, vulve, seins,

pieds, mains, tête, chevelure,

volumes, odeurs, sécrétions

Tu imposes tes ordres

Je te conçois dans un impossible dessein

J’abdique et ne fais que te deviner

111


L’insomnie

Je suis dans mon sommeil, nu sans être apaisé.

Je dors. Je ne dors pas car la chair me tourmente.

Je te sais éloignée, si proche par le rêve.

En vagues successives infiniment je plonge.

Je m’envole à présent sur des lits aériens,

J’accède à ton espace, je me nourris de toi

De ta mémoire, de ton fantasme, et de ton corps

J’emporte le délire mais je ne puis t’atteindre.

Et là-bas, tu reposes, bel abandon de lignes

Cœur sanglant espérant me voir dans ta blessure.

Mais pareil à l’esclave dont les mains sont liées,

Je reste à supplier sur le bord de ton rêve.

112


Laisse-toi

Laisse-toi lentement aller au bercement doux et paresseux

De toi-même à toi-même au roulis amoureux

Une légèreté d’extase et de plaisir

Est à capter, là comme une onde d’écume

Par le toucher imperceptible de ta chair

Qui te conduit au comble du délice.

113


Mouvements des corps

Pulsation de plaisir,

La chair s’active,

S’humecte, désire

L’haleine chaude et lourde

Chargée de salive

Pour l’échange du baiser

Les langues mêlées

Les caresses, le soleil contre moi

L’ivresse, l’abîme, la folie

Les corps se fondent, se confondent

L’océan, les envolées, les battements,

Les vagues successives

Le retour sur le sable

Les chairs ballottées, l’écume de chair

Le sommeil.

114


La mort

C’est le frémissement de la mort qui s’en vient

Comme un souffle glacé enveloppant ma chair.

Je ne suis point aveugle, je sens autour de moi

Des présences ennemies percevant mes secrets

Pénétrant, comprenant le subtil et la fin

Qui s’animent dans l’âme en mystères dispersés.

Je suis nimbé de pureté, je sais le Mal

J’entends frapper le coeur inquiet et peureux

Je me cache en moi-même espérant échapper

Aux tortures du vice qui troublent mon destin.

Qu’il est dur de subir cette engeance rebelle !

En entrant dans la vie, on plonge dans l’horreur

De fantômes gazés qui s’acharnent et s’acharnent.

Mais qui le comprendrait, croyant à l’invention ?

115


Je m’exile

Au plus profond du Moi, je m’exile ou me cache

Je ne veux pas me gaver de mémoire

Comme un vieillard sans avenir

Dans l’inutilité de son histoire

Ma vie n’est qu’un long silence

Sans éditeur, sans lecteur, sans métier

Enveloppé dans la mort

Je tremble face à cette femme ridée et vieille

Oui, c’est moi qui frémis de crainte, de certitude

Et de futur perdu

116


*

La mémoire, une vieille femme ridée

L’avenir, une jeune fille souriante aux formes rebondies

*

Oublie ta faiblesse et ta nullité

Veuille croire encore

Qu’au-delà de la boue,

Qu’au-delà de la lie...

117


Quelle médiocrité !

Constamment mépriser le produit poétique

Le prétendre vanité stupide

Et vomissements de pourri

Passion de concierge

Inapte à rivaliser avec les autres techniques

De l’image, du son, de la vidéo

Dédaigner, rejeter, nier

Cet agglomérat de mots qui ne produit

Aucun effet visuel facile, d’évocation

Ha ! Le stupide penseur d’opérette,

Sur un piédestal risible

Ha ! Cet invertébré à son gueuloir poétique

Qui ne convainc que lui-même

Ridicule et obscène

En vérité, le pauvre con

A contretemps du temps,

Dépassé, à oublier

118


Matière à penser

Intégrer de la parole dans la matière

C’est écrire

C’est sculpter avec des signes,

C’est laisser une empreinte dans une pureté de page

Transformer, transférer, imprimer,

Sur de la blanche substance

Percevoir le subtil, l’indistinct

L’engendré

Et prétendre le combiner pour lui donner existence

N’est-ce pas cela qu’écrire ?

119


Trois graines d’écriture

Aujourd’hui un simple songe, demain la poussière

Rien, peu, infiniment peu, et le bel oubli

Le retour au néant, l’idéal où je me complais

Cette stupide ambition, ce point de nullité

Combat de la vie, combat contre soi-même

Je suis d’une faiblesse détestable, insignifiance extrême

Je m’épuise à chercher, prétendrai-je trouver ?

Hier a déjà disparu, que lui ai-je voler ?

Trois graines d’écriture à l’avenir douteux

Dont la pousse est informe, et le fruit à paraître, le fruit !

J’hésite, j’hésite encore, la mort me précipite

Son cours tumultueux m’emporte au plus profond

Voilà ma peine et mon souci, ho ! Nature de l’homme

Dans les entrailles de la terre, j’obtiens ma sépulture.

120


L’éclair de vie

Vie, le mot qui t’accompagne est brièveté

Ce corps est si fragile, il vieillit en s’usant

L’usure est immédiate, à chaque instant en cette chair

Le passé, la mémoire s’éloignent, l’avenir et la mort

S’approchent, s’imposent, roi et reine à la faux

Voilà le rien, et là est le peu qui ne seront

Et c’est nature d’homme - l’ambition, la va

La vanité - quoi sous le soleil, quoi ? Il faut donc

Durer - aspirer à durer quand les guerres puniques

Détruisent Carthage, quand une civilisation disparaît

Pour laisser des ruines,... et toi tu es poète

Tombeau, espérance, éternité, tel qu’en lui-même, etc.

Vole avec le vent au gré de ton mensonge

Et arrive la mort sans te précipiter...

121


La ridicule histoire

Ici commence la ridicule histoire. C’étaient

Des petits bouts de fragments à accoler les uns aux

Autres. Je prenais mes habitudes, j’allai dans mon

Jardin. J’y fabriquai une personne. Les boutons d’or

De l’enfance se mourraient et les premières pensées bleues

Semblaient éclore. J’y dessinais une femme splendide,

Inouïe, impossible. Non, elles étaient plusieurs, car une

Seule... Dans le vent soufflé, j’offrai un coeur baigné

D’azur, d’écrits, de poèmes, de messages, j’offrai,

J’y déposai des oiseaux, des rossignols, des lyres,

Puis loin, elle irréelle, caressant des substances rares,

Circulant dans le parc fabuleux. L’étang, l’énergie

Mentale, les élans, j’observais encore, encore,

Et l’histoire de l’écriture, des tentatives, des peut-être...

... Pour finir sur un crépuscule de jardin embaumé, oublié.

122


L’homme et la fleur

Viens-t’en. Sors de là : elle se cache inconnue, méprisée des mortels. Éclaire,

offre des parfums subtils, délétères, à capter - des élans de fille vierge - Prends tes

aises, ton temps, épanouis-toi. Ombre de contre-jour : Je suis ton humus mauvais,

j’en tire tes senteurs. Approche-moi de toi - la pensée se courbe, je te visite, t’ajoute,

t’élève.

C’est une danse, un essai, un couple d’idées, d’homme et de fleur.

Approche-toi d’elle : de gaze, d’insouciance, de légèreté, elle est. Approche-toi

avec trouble visuel, avec perception faussée - elle molle, paraît, disparaît. A visiter, à

prendre, - ballet sensuel, sexuel. A vêtir de nudité d’orgasmes, parfaite, synchro.

C’est encore cette volonté nuptiale, l’assaut pour accéder à la beauté. Suis-je à

présent mouche, insecte inutile, parasitaire ?

Je rampe sur ta tige, t’idéalise, te baise dans ma douceur d’amant. Je veux

t’inonder, te baigner d’air cristallin, mêler ton pollen au mien, te balancer, te cambrer,

en spasmes de plaisir pour exploser en gerbes magnifiques.

Encore : difforme, virtuelle, velouté, désir, sur pensée revêche, hésitante d’une

123


affirmation prétendue,

Existeras-tu réellement ?

124


Perdurer

Le mépris, la poésie

Le mépris

Plus loin encore, mais seul

Matin, nuit, après-midi

Se méprenait, insistait

Au coeur de soi-même,

Au centre de sa vie,

Se méprenait

Les étoiles, la rosée,

L’intérieur, la femme,

Se méprenait encore.

125


L’œuvre

Sauve-la, du moins essaie

Car tout va disparaître

Le destin c’est toi qui décides

Produis, nettoie, informatise,

Numérise

Ce que tu seras, sera fonction

De ton élan

De ta volonté

De l’énergie que tu auras injectée

Dans ton travail

Succède-toi

Prépare-toi à ta mort

Prie pour que cela soit satisfaisant

Mais ne laisse pas

Le temps te manger,

De t’empêcher d’exister

Et en définitive de te perdre

126


Bilan

I

Les années ont fui

Bercées de solitude

Aujourd’hui, je m’en vais

Comme tant d’autres

Emporté par la mort

Par le temps ennemi

Qu’ai-je fait ? J’ai écrit

Entouré de songes

De rêveries et d’impossibles

Obscure ou limpide

Cette écriture a été une raison

Tandis que ma vie était un prétexte

J’ai pénétré, cherché, saturé

Et voulu accéder à l’irréelle

Aptitude littéraire, poétique

127


Je me suis égaré, j’ai conduit

Fait mille tours sans trouver mon chemin

Suis-je sincère en noircissant ceci ?

N’est-ce pas un sentiment de l’instant ?

Il est que tu existes,

Tandis que ma pensée déjà est ailleurs.

II

Mon écriture,

Ma poésie ? Où en suis-je ?

Mon avenir,

Et mon passé, sera-ce

était-ce Moi ?

L’exil, ma certitude,

La mort, ma conscience

Oui je suis, tu es

128


Victoire du Néant

Couche-toi pour en finir.

III

Moi, je me cache

Pour y produire de l’invention

Qu’importe si vous me perdez

Je disparais de la Mémoire,

De l’histoire collective.

Voilà je ne suis Rien.

Je meurs comme un poète qui passe,

Comme un flot d’images fugaces

Je suis celui que l’on efface

Dont l’avenir est dans la tombe

Je m’en retourne dans mon désert

Peuple d’inutilités

Dont l’esprit est construit de livres

Illisibles, stériles, à rejeter

Je vous laisse, je fuis, je me meurs,

M’éloigne - qu’ai-je à regretter ?

129


Si tu me lis un jour

C’est un peu de ma mémoire

Qui sera au fond de ton âme

IV

En toi-même, pour toujours,

Tu resteras endormi

Harassé de fatigue

A la limite, espérant encore

Sublimant des illusions

Impossibles à atteindre

Tu es abattu, du dedans

Comme un chêne mort

Au ramage épuisé

L’amertume ? Quelle amertume !

Non, rien, peut-être le regret

De n’avoir pu produire ce que, etc.

130


Donc soupirs, terre de soupirs,

D’hélas, la déception pour cette fausse

Puissance, - un désir alangui,

Une capacité déjà épuisée...

F

131


Femme présente,

Par l’idéal d’image

Je te reconstruis

Avec du délétère

Ton visage apparaît

Je veux y fixer le temps,

Pour l’infinité de la durée

Cette constante de beauté

Ne doit jamais s’éteindre

C’est ta forme sans la matière

Qui me vient

Le reste m’est insignifiance

I

132


J’exprime la vérité,

Sa vérité - diront certains.

Je voulais trouver

Un moyen de progresser

Qu’ai-je besoin de proposer

Ici un médiocre bilan !

L’homme est assez heureux

Avec soi-même

Il s’écoute, se prétend,

Se sait...

II

133


Je ne suis que faiblesse et inutilité.

Je me crois stupide chez les hommes.

Suis-je digne d’eux ?

C’est sans peine que je préfère

Me cacher en moi-même

A l’abri de leur critique.

J’ai peuplé mon silence,

L’encombrant de poèmes

Ai-je rejeté la chair

Pour me construire un monument de livres ?

Je me suis asservi,

Rendu l’esclave de mots

Je vomis des fantômes

Je hurle sur du vent

Tel est mon pouvoir

Quelle écriture !

Immense et piètre production,

134


Âme tâchant de construire

Je travaille avec le souffle,

Avec l’ivresse

Constamment je m’égare

Tu m’as soumis à de la petitesse

À de la médiocrité

Tu m’as chassé du ciel

Me voilà avec les chairs,

Pourquoi ? Pour rien, peut-être

Ne m’oublie pas.

Je dois bientôt revenir

Ne m’abandonne pas

J’ai tant besoin de protection

III

135


Non espérons un principe,

Mais n’avons nulle certitude

Poètes emmurés

Qui essayons de comprendre

Nous inventons une loi

De liberté, d’audace,

Et finissons par laisser des traces

Stupides

136


J’imagine

J’ignore véritablement où peut mener cette poésie. Il faut produire, produire,

pour qui ? Pourquoi ? Comment ? Quel est le réel avenir de cette qualité-là ? On me

jugera au poids, le poids de la littérature...

Le sphinx

Le sphinx

Est une certitude

Éternelle dans la pierre

Forêt claire

Ta forêt est troublante

C’est une araignée claire

De désir, d’humidité, de secrets

Qui appelle l’espérance,

En soupirs et souffles d’air

137


Je m’enfonçais

Je m’enfonçais,

Dans la certitude

certitude d’être un incompris

Que me fallait-il faire pour que cela plaise ?

Années d’agonie

d’agonie en moi-même

Reste en toi,

Ici ma vérité

en toi,

vérité poétique !

138


Chanson populaire

La lune jongle dans la nuit

Avec sa sphère visible, invisible

Quatre filles se baignent à la rivière

Le bel homme les contemple, les désire

Les quatre filles s’esclaffent, rient et s’amusent

Elles se jettent de l’eau

Dans leur superbe nudité

Hélas ! Hélas ! Hélas ! Il n’ose s’approcher

De crainte de les effaroucher

La lune est triste dans la nuit

Le beau jeune s’est enfui

Les quatre filles iront au champ

Mais jamais n’auront de mari

139


L’œuvre magique

C’est une œuvre magique, c’est un verre cristallin

Un instrument unique, hyperbole à ses yeux.

Ainsi s’épanouit un idéal de songe,

Apparaît justement un fragment de conscience...

On voudrait l’aduler, l’admirer plus encore

La prétendue éternelle dans l’espace enivré !

O monument de gloire sur la voûte du ciel

Construit par le poète dans sa langue superbe !

Hélas l’orgueil humain est grandeur éphémère

Qu’excite la raison de celui qui se trompe.

Il n’est en vérité qu’un électron infime,

Illusion fatale qui trouble ses regards

D’une vie ridicule face à l’immensité...

... De l’albatros sublime voltigeant dans ses airs

140


Le poète, encore

Tu produis des images. Tu es l’image même

Détestée, rejetée, ta présence est haïe.

Fuis ! Va-t’en ! Dégage,... sur tes puissants zéphyrs

Où nul individu ne veut t’accompagner.

Tu répands sur la terre l’invisible semence

Composée de nectar, de sucs et de doux miels.

Tu veux nourrir les hommes et offrir à autrui

Les bonnes nourritures qui ravissent l’esprit.

Tu divagues en pensées sur d’étonnantes traces,

Tu construis du Néant ravagé par le temps,

Tu contemples les Dieux étant toi-même un Dieu

Que nul n’admirera... Apaise-toi, grandeur

O génie éternel composant dans ta sphère.

Repais-toi de ta gloire sur ton immensité !

141


Le mathématicien illettré

- D’où tu es ?

- Chais pas !

- D’où tu viens ?

- Chais pas non plus !

- Comment qu’ tu t’appel’ ?

- P’tit Jean !

... Petit Jean ! ... Oui ... N’oublie pas de résoudre le problème supérieur

d’opérations différentielles que je t’avais ...

... ça chais faire, M’essieu... et j’ai bon ! J’en suis sûr !

142


Le poète dans son exil

Le poète dans son exil

Le poète seul, libre

se nourrit de l’indifférence d’autrui

Il veut inventer quelque chose

pour personne

pour lui seul

d’aucune utilité

Oui, il possède un trésor

de solitaire

de pierreries, de pacotilles

inchangeables

à mettre à la poubelle

étroites ou larges à feuilles cachées

Ce sont donc des lignes accumulées

à écrits de tiroirs

La voix venue du ciel le prétend

On veut le faire premier !

143


assure, exige

quoi ? Quoi !

Ce sera la ruine, la honte, l’exclusion

rien, en vérité.

144


Les yeux

Les yeux coulaient de fatigue

paysage de l’âme

nature paisible

avec quelques inattendus

Remontais les pertes

les relisais

essayais de mieux faire

prétendais pouvoir progresser,

vers le nouveau recueil

vers le etc.

145


RÉSONANCES II

146


Visage

Visage lait de femme

paysage de beauté

quiétude et plaisir de l’oeil

Stabilité et raison

bien-être

Ô certitude de paix

Toi, en vérité

Des mots

Des mots secrets et interdits

cachés au plus profond de l’être

Guérissons-nous de nos souffrances ?

Dans les plis de la certitude

l’union s’impose

nous espérons sans réel avenir

147


Par où

Mots,

Par où la pensée pleure :

l’homme - le reflet - la nudité

la surprise - je veux, je cherche, origine

le propice, le souhaitable, le médiocre,

le Moi, encore - écrire.

Le geste d’éclairer

Ce fut le geste d’éclairer : réel serviteur incompris de la masse. La torche

s’élevait royale au milieu d’eux. Que comprirent-ils ? Que purent-ils intégrer ?

Les lointains, les passants,

Ici au plus profond du puits

148


Vers l’avant

Toujours vers l’avant, toujours plus. Mais je m’aperçois que mon progrès est

faible, quasi insignifiant. Les livres s’accumulent, sans réelle nouveauté ou certitude

d’évolution. Que faire ? Ne s’agit-il pas ici de vieillissement cérébral ? De

ralentissement de l’activité créatrice ?

Repère infini

Repère infini composé de finis

de certitudes

mais qui s’enfuit avec le temps

pour délivrer, ajouter une quantité insignifiante

en espérant que l’ensemble grandira,

sera supérieur

meilleur

149


*

Les livres se superposent sur les livres

On pense au possible

on le désire

Il y a volonté

est-elle accompagnée du mot pouvoir ?

Lecture, déception, lecture, re-espoir, et quoi ?

des tonnes de signes

à vide des déferlantes de productions

à vide

Le mot chargé d’insignifiants

se conçoit nouvellement

par la variable du langage autre

150


Une aptitude

Une aptitude ne pas ne pas cela seulement

à plusieurs que faisons-nous ?

architecture.

volumes, reliefs, Tri-D dans

la mémoire avec constructions de mots, de solides, ainsi une

J’ignore le rayonnement

Je vais à ma fenêtre dans la conscience

mon ombre, ce soir

D’autres exigent un théâtre, une scène,

une vitrine, de l’extérieur

151


Par l’œil

Par l’œil pour l’intérieur

l’esprit

le mental, l’action

la production, la méthode, le principe, le système, la programmation

Et quel but ?

quelle satisfaction doit-il atteindre ?

Y parviendra-t-il réellement ?

Sera-t-il considéré, rejeté, méprisé, haï, à côté, éloigné - ne sait...

Encore

La république du mal

constante durable agressive

152


Sa transparence

Quand il revient, il voit sa transparence,

il l’habite

il conçoit à nouveau la pureté intime,

intérieure,

de saint

il revient en lui-même, conscient

de sa perfection

de son idéal d’être

Il embrasse d’autres saints,

d’autres saintes

tout s’éclaire blanc, éblouissant

de lucidité

Victoire du torturé

sur la souffrance

sur l’excrément de la violence

du Mal

153


Vie

Ils se regardent, se pensent, se pèsent

Ils veulent se dominer

Le noir sur la blanche, la blanche sur le noir

Elle pense chaînes, soumission, esclavage

Il pense sexe, prise, jouissance

Ils ont des pions, des cavaliers, des fous,

Ils biaisent, avancent, se mangent,

Conçoivent avec stratégie, avec intelligence

Ils s’amollissent, s’élèvent, s’abaissent

Les couleurs se désirent, se rejettent, se haïssent

Voilà le roi, voilà la reine

Et les joueurs de chair

S’attirent irrésistiblement

Pour s’écraser et se détruire

154


Moi qui tremble

Moi qui tremble devant la torture, devant l’horreur

Qui tremble dans l’espace de cruauté

Qui ne sais où finit la souffrance

Qui implore implore Dieu, la cessation

De l’ignominie, qui supplie Dieu la fin

Du Mal, de son droit à la destruction

Mais seul, à la prière vaine

D’un écho inutile, de retour stérile

Moi qui me sais affaibli, fragilisé,

Par la violence invisible des tortionnaires,

Je demande encore maintes fois, encore

Sans faire varier le ciel

Sans provoquer quelconque entendement des Dieux

Au vouloir silencieux et vain

Il faut donc les détruire sans pitié

Les rendre esclaves de l’horreur, du vice

Les exterminer et leur faire connaître

155


L’atrocité de l’existence

De l’éternelle durée

156


Ce matin-là

Les premières senteurs matinales

l’ivresse d’un réveil

l’effacement du rêve,

la conscience m’appelle au présent

Je rentre dans mon histoire journalière avec

ses obligations, ses déceptions, ses répétitivités

Je m’attelle au présent

mais je cherche un autre temps

peuplé de mémoire, où le souvenir côtoie l’oubli

dans sa profusion d’erreurs,

de mélanges, de dérives

Si ce matin-là pouvait satisfaire mes désirs !

157


Toujours présente

Avec peu, avec rien l’esprit des roses

s’évade dans l’ivresse de la mémoire,

Je puis y embrasser l’oubli

et retrouver cette rose

bleue ou violette peut-être

S’efface le souvenir, le charme de ton passé

mais je te rends éclatante par la magie du vers

Oui, te voilà éblouissante

avec ta blondeur, ta beauté,

la multitude de tes orgasmes

avec tes bijoux, tes parfums

Oui, sublime femme d’hier et d’autrefois

toujours présente par l’essence du parfum

158


Soir pensé

Soir pensé de sueurs productrices,

soir stupide ou génial

enrichi de pensées déployées en gerbes

soir dans l’intimité d’une richesse unique

Le poète

Pénétrer dans sa complexe intelligence excita sa convoitise. Il voulait se faire et

se défaire du poème stupide à la vibration émotive, douteuse pour avancer

rationnellement. Il croyait parfois accéder à quelque chose de délicat, de difficile. Il

ignorait que la résistance était en science et en science appliquée.

Nul ne voulut le suivre. Il insista, dans sa splendide solitude, auréolée de sa

propre gloire, - enfin il se supposait, car nul ne l’avait encensé.

159


Le raffiné

Se laisser emporter sur la subtile mélodie de l’air composée d’éclatantes et

d’aiguës, de sombres et de graves ; percevoir l’étonnante association des sons qui

s’échangent, se mêlent et s’emportent pour un ballet acoustique d’une finesse

extrême ; ou mastiquer, mâcher le vin des syllabes prononcées avec saveur, avec le

respect immodéré de l’ecclésiastique, - tel est le privilège de l’esprit, nourri

d’élévation, de rareté poétique et désireux d’accéder à quelque chose de supérieur.

Que m’importent les rejets

Qu’importent les rejets, les considérations mesquines, les certitudes d’autrui - je

sais : tout semble médiocre, inutile et vain. Faut-il continuer à les écouter ? Je les

oublie et je travaille. Que m’importent leurs racontars, leurs rejets

ou leur méchanceté !

Oui, dans ta plénitude comme une femme féconde...

160


Pour soi-même, uniquement

I

Soit pour quelque jugement : -

oui, à rejeter, à nier, à exclure

C’est de la faiblesse, de l’insignifiance, - ignorons !

Obstiné, cette charge m’était légèreté, volonté de voler, de m’élever

J’embrassais l’horizon tourmenté d’incertitudes, j’apprenais à être

Le monde poétique paraissait bien difficile à pénétrer, à comprendre, à intégrer

Les poètes m’ignoraient dans l’indifférence la plus totale. Que pourrais-je faire ?

Fallait-il ânonner du 300 lignes sur 5 ans, tirer une petite plaquette pour me placer

dans leur rythme ?

Cette richesse inconnue d’autrui, comme de Dieu, n’est-ce pas en vérité la seule

utilité raisonnable ? Car la gloire des hommes n’est rien.

Je lui restituerai ma pauvreté, au retour.

161


II

Se poursuivre dans le labyrinthe de soi-même

L’univers curieux du poème

L’aventure interne, vers le génie d’autrui

vers la spiritualité

Fougueuses passions de la femme qui inspire

l’homme qui juge, refuse, rejette

perplexes, complexes sinuosidaux,

courbes extrêmes

La pensée experte dans ses hésitations

jamais n’entra l’autre

Tissage d’une forme présente et invisible

pour qui ?

pour soi, uniquement.

162


Rennes

Mon souvenir de bâtiments à Rennes

Ses squares, ses jardins, ses herbes

Parfaitement coupées

Ses immeubles, ses ensembles,

Ses aires de jeux

La vue imprenable sur Bécherel

À 25 kilomètres

L’école, Maurepas - peut pour presque peu,

Parent motivé pour travailler

La bonne moyenne - 12ème !

Les enfants, les petits copains, le foot,

Le manque d’énergie mentale,

L’insouciance, l’ennui, le désœuvrement

Parfois, rarement

Les héroïques chantiers de constructions

Le quartier, quoi !

163


1

Il reste. Humiliation, médiocrité, honte, faiblesse, certitude du peu, de

l’insignifiant.

Il y a. La science, l’intelligence, les hommes ensemble, travaillant pour

resplendir, pour aller vers l’avenir.

Le poète lui se renferme sur ses livres dérisoires qu’il contemple comme des

archives.

2

A l’intérieur, un bruit sourd à exploiter, à extraire. Jean-Luc Steinmetz écrit : Le

soleil, chevelure du géant peinte et tressée.

Donc, je descends, j’avance. Il ajoute : Une feuille bouge, s’enflamme. Les

grains éclatent en formant des jardins. L’ovale de ma bouche me conseille d’écouter

ce qui sort, ce qui se propose. Pourtant je n’ai pas entendu, - je dois croire encore.

vérité.

L’inaudible, l’indiscernable, le moi-manquant - certains paramètres poétiques, en

164


3

Je veux donner aux structures quelques assises. Les groupes de pensées, de mots

croissent et se développent de manière anarchique.

Alors tu prétends intervenir pour juguler l’ensemble, le maîtriser et lui donner un

mouvement d’actions cohérent.

Ainsi tu interviens, faiblement, avec une censure de vieillard timoré et tu laisses

aller le tout où bon lui semble, avec liberté. Certains prétendent que cela s’appelle de

la poésie. Enfin, - verra bien !

4

Les mots éclatés. Je les expulse et veux les arranger autrement.

effort.

Je relis sans patience, sans méthode, sans principe mallarméen, sans alchimique

Quelques explosions sporadiques !

Activation de l’intelligence, - du moins on le prétend !

ce qui vibre, s’exulte, s’expulse

165


dans le souffle de l’écriture

s’obtient faiblement

Mais que faire ?

Tête penchée

pleine de lettres

Il comprend mieux les mots

5

6

La distance est ridicule

si peu qu'ai-je accompli

de toi à moi,

si peu

Je ne puis croire que cela soit suffisant

il me faut travailler

166


7

Encore tu veux du encore

quelques structures pour construire

avec solidité, dis-tu

s’entassent, se superposent

Tu agis, interviens,

et voilà ta faiblesse !

167


1

La distance obtenue semble insignifiante

l’on pousse en soi

pour quel résultat ?

2

Tête pensante de rien de rien

composée de lettres

cherchant encore

se faire soi et disparaître de chez l’homme

qu’importe !

Venu eu su disparu

3

La poésie brûlée, rejetée

nul ne voudra lire

168


4

Ni rien

quelques mots

rien pour moi

bribes que j’invente

5

Il est convaincu

de l’ombre de son ombre

de sa misère, de sa faiblesse

sa seule trace

soi-même

il recule, abandonne,

espère, exulte... et

6

Son appui, sa pensée

il codifie l’instant,

le veut vrai

exige de sa raison

une implication certaine

169


Il espère être

Il espère être. Il demeure. Recherches hexagonales d’alvéoles, de grenades, de

constructions internes, de connexions, ensembles complexes avec mémoire, avec

mathématiques spéculatives, avec risques de l’esprit.

Tentatives insignifiantes, oubliées dans des archives du temps passé. Il échoue, le

sait. Il ne doit pas perdre son œuvre, il la conservera pour lui seul.

L’associatif offre des possibilités d’écriture. Dehors, tout est connu, il faut donc

assembler autrement : nature, homme, travail, femme, sexe, etc.

Et. C’est encore une durée, une limite, j’offre ces syllabes ex, xe, tera et je

prétends pouvoir poursuivre cette recherche de mots, de combinaisons, de vie

peut-être.

Ou reprise, conception nouvelle avec du matériel ancien.

170


A

Certitude. Médiocrité. Élans toutefois.

Pensée. brisée. ne élevée. tu en espères mille. s’identifier au rêve.

honte dans le malheur, petitesse. nous avançons ensemble. je suis où tu habites.

Ton corps n’a aucune utilité, ne sert à rien. coeur semblant

Où tu vis

B

maison intérieure avec calculs,

je voudrais tant. Par toi. Mais toi ?

la pensée s’élève, l’âme veut la contourner

je, - et quoi ?

C

Hallucination Visité. Quoi ?

Dans ton néant désertique.

Marcher en soi-même parfois à quelque chose.

tâtonnant, murmurant

171


salle obscurité, ce me semble.

D

Oui, un développement de la pensée

en exploitant le poème de l’autre

C’est donc un système de variantes

de dérivées

[Mathieu Bénézet écrit toie avec un e - Pas mal !]

On pousse, pousse doucement

pour obtenir quelle finalité ?

172


Dédoublement

Je

parle de moi sans me connaître ne

recherchant à savoir si... à peine,

Petitement Donc je m’aperçois faisant

des signes Je suis entré en moi. C’est

encore de la mémoire à activer. Je

nous vois dans le miroir de nous-mêmes

déplaçant le geste de l’un quand l’autre

l’analyse. Il y a dédoublement de Gemini

J ’ignore si tu es pour autrui puisqu’il prétend

être sans paraître glissons-le dans notre mémoire

commune, que l’on conserve quelque avenir

quelque avenir... Eh ! Oui.

173


Que dirons-nous

Que dirons-nous

A la chair qui s’éveille ?

Tu ne fais que chiffrer

Année défunte, amie d’autrefois

[Ce sont donc des bribes flottantes en

mémoire]

Déchirer une âme

Déchirer un rêve

Déchirer une conscience écrit Mathieu Bénézet

Toi, il te faut avancer

Misérable principe associatif,

Comment donc combiner autrement ?

174


1

Dans ton rêve - fuite impalpable.

ce que tu cherches : à extraire,

à passer, à combiner

le sens, la pénétration, la profondeur,

toi, descends

sur la pointe des pieds, dans le vide

tu tournes, tournes

2

. l’étendue. de mes songes.

pensée spacieuse. ici l’idéal de confort.

possibilité difficile. exécute avec rapidité.

la certitude t’abandonne. augmente la vérité.

La où est le poème, l’autre te rejette.

175


3

Séquence interne qui palpe

qui s’exprime,

qui attend

Le vide dis-tu remplit ta solitude

Tu recharges ton âme

Tu repenses avec autrui

Tu dérives, exploites

l’intelligence des écrivains et poètes

sur le bord de ton cercle, tu te penches

tu agites le miroir

4

l’imaginaire. corrections. pensées.

en moi.

pour explorer, développer

176


comprendre

cette ténèbre vers une certitude de phosphore

Une tête de poèmes

5

Je suis là, masse inerte dans ma chair

espérant quelque modernité d’écriture

masse pensante fixant un mur

une hauteur

un impossible

Désireuse d’élévation

de nouveauté

de grandeur

Je prétends, j’espère, je veux y croire

tout en sachant pertinemment

l’utopie de ces dires

de ces élans

de ces rêves

177


a

D’autres dans la nuit

fins subtiles ou stupides

d’autres

Tu t’es nourri d’absences, me dit-on

qu’avais-je à combattre ?

essentiellement mon impuissance,

ma faiblesse, ma médiocrité, mon ridicule poétique

Que faire contre la science ?

b

Quelque poésie qui soit utile,

- est-ce possible ?

Tu perds, tu le sais bien,

Tu es peu, - veux-tu te comparer ?

Tu embrasses le ridicule, il dort

à tes côtés, - c’est un toi-même qui te contemples !

178


c

Tu pénètres un peu plus loin la matrice.

Ton sens tactile te permet de toucher

d’autres parois

d

Trop peu de temps

pour produire, penser, ajouter

Dépouillé, volé, exclu

e

Efface rature repense

de toi à moi, le toi-moi

179


f

Et encore tu donnes quelques fragments

solidité. Se développant

de tir

Les mots s’organisent oui, non,

leur donner vie

frottements

Je déteste la patience

je m’interromps ma lumière

180


Les ténèbres de la poésie

Les ténèbres de la poésie. Au plus profond du moi. Je suis exclu. Autrui

m’ignore. Vous m’avez tous rejeté, prétendant que j’avais trop, que c’était inutile,

que vous aviez plus, autrement. Je demeure solitaire.

Il reste à construire, pour soi, pour personne peut-être. Tant pis !

Je marchais dans ce vaste cirque de l’esprit, activant la mémoire inconnue par

élan poétique. Je prétendais y laisser quelque trace. Le cirque se transforma en jardin.

Je plongeais dans mon vide. Accroître, dissiper, disposer du bonheur. J’accédais à

mon sommeil et décidais d’en cesser là.

181


1

Ô poèmes répudiés

par l’éditeur royal - que deviendrez-vous ?

Ils étaient donc hors de tout savoir

de toute utilité ?

La forme était vaine et stupide ?

Faut-il penser encore, travailler encore,

Le souffle est - le souffle

2

Choix solutions propositions tentatives

combinaisons au sein de l’écriture

en constance de phosphore

mots vides de sens à accoler,

mot vides

se posent sur la longueur de la ligne

182


3

Encore dans mon désordre,

quelques vérités floues

dans mon errance cherchant

Extrêmement noble, actif

dans ma région cérébrale

Je puise des vérités refusées

mon temps est pour plus tard

qu’importe !

4

Le souci d’aujourd’hui

sur ma buée

Je coule

à ma fenêtre ouverte

je vois ce que je veux,

du peu, du rien

183


5

Il y a cette certitude

en laquelle tu n’as jamais cru

La chimie d’un impossible

que tu voulais définir

Des possibilités pensées - tu n’as

jamais gagné

6

J’insiste avec des mots

puis à droite à gauche

Je condense avec ce choix de solutions

simples, complexes

vers un espoir de souffle, de rien

c’est donc du encore

184


7

Me revois cherchant

- déchirement - doute - abstraction

Il fallait continuer

8

Pourquoi si peu de crédit

dans le sein de sa propre certitude ?

Nul futur, nul espoir d’avenir

Faut-il combler une attente éternelle ?

Je balbutie encore des mots

dans le flux de mon écriture

9

La nuit m’enveloppe

je vais dans l’exil majestueux

exclus, nié qu’importe !

pénétrant cet espace infini de mots

185


construisant avec l’angoisse de l’échec

pour des possibilités douteuses

10

Pourquoi tenter de s’élever

quand le bonheur est en soi-même ?

A la recherche des formes fluides scintillantes,

rayonnements, éclats, poèmes etc.

Être ensemble au fond du Moi,

Est-ce sagesse ?

11

La pensée détruite : certitude de rien

pour toujours

D’un bond à l’autre de la raison

balancement, tangage

et fuite vers la nullité

186


12

Il est convaincu de son échec

de son incapacité à plaire

avec du volume d’écriture

La trace de son ombre

va disparaître

il s’enfuit, s’éteint

oiseau de cendres,

fils de la poussière

13

Explosif l’alphabet en 26

les mots désordonnés

Je vais regagner ma tombe

à présent

187


14

La nuit s’invente à ma fenêtre

il faut trouver un nouvel espace

188


Portrait d’un raté

Je prends Alain Bosquet, je relis ces Sonnets

Pour une fin de siècle. Cela m’amuse encore.

Ce léger badinage dont le ton est charmant

Saura me divertir avec quelques babioles.

Il y a cent façons de produire un poème.

Un tel a une école quand l’autre veut fonder

Un futur mouvement qui durera cent ans.

Moi, je m’en vais tout doucement vers le silence

Méprisé des Maisons, détesté des poètes,

A mois que par bonheur, je puisse retrouver

Tout là-haut des auteurs qui connaissent mon nom.

Oui, cela est raté : je n’ai pas édité

J’ai accompli une œuvre - mais pour quel devenir ?

Le temps s’étire encore, je n’ai plus qu’à mourir.

189


La bonne mixture

Jamais ils me comprirent, jamais ils ne voulurent

Comprendre ou penser autrement la chose lue.

Mais pourquoi condamner ? Je prétends, je le dis

Que la faute en incombe au poète lui-même.

Il n’est pas de faveur qui vienne du destin.

La cause des échecs doit trouver sa raison

Dans le produit inadapté à la culture,

A cette forme de culture si dérisoire...

Il reste le sourire un peu désabusé

Du poète perdant n’ayant pu réussir

Et prétendant toujours posséder du génie...

“ Pourtant, je vous assure, pourtant je vous assure... ”

Cela ne suffit pas : car il faut ajouter

À un génie intense un talent généreux.

190


L’essai infructueux

Maîtriser sa syntaxe ou aller librement,

Perdre son écriture sur le sentier rêveur,

Voilà bien l’aventure qui pousse le poète

À composer une œuvre loin du regard des hommes

Des formes se présentent - il les cueille une à une

Comme on aime les femmes dans le miroir des anges

Il prétend découvrir la très complexe issue

Qui offre le pouvoir d’accéder au suprême

Passe-t-il par le noir d’un sombre labyrinthe

Pour enfin percevoir la lumière sublime ?

Quelle est l’utilité de ce qu’il a trouvé ?

Son monde imaginaire semble bien dérisoire

Et nul n’acceptera de poursuivre ses traces

On lui reconnaîtra l’essai infructueux

191


Constat

Toi tu prétends aller vers un but inconnu

Tu ignores le chemin, tu en empruntes mille

Tu vas cahin-caha, la nuit toujours existe

“ Un flamboiement confus délire dans le soir ”,

Écrit Borges, écrit. C’est l’affront en toi-même,

Le renvoi des images. Tu poursuis le miroir,

Le soleil est couché et tu songes à mourir.

Si cette blonde lune était femme parfaite

Tu pourrais la saisir comme un ballon doré.

La galette est sanglante et l’inspiration

Se désespère, se dé dans ton propre néant.

Tout est déjà fini, le poème s’oxyde

Ta vie est un échec, le temps, le temps se meurt

Et l’immense rejet, pour enfin disparaître.

192


Poète, je te laisse

Poète, je te laisse avec ton sac de vers.

J’ignore si tout cela donnera quelque chose,

Si à perdre tes heures, j’imiterais ton sort.

Voilà ton amertume, voilà ton peu de gloire...

Mais véritablement es-tu indispensable,

Et pouvais-tu prendre que cela débouchait

Sur un produit utile pour l’ensemble des hommes ?

Ta certitude, ta cer dans cette tour d’ivoire ...

Le peuple te fusille, tu te prétends martyr

Héroïque bataille rappelant ta mémoire.

Sur le marbre défunt, j’admire ta statue...

Ton immortalité s’exalte dans tes livres,

La critique d’autrui ne saurait te toucher,

Et le soleil se lève sur ton œuvre majeure.

193


L’exilé

Je rêve que la mer m’encense de ses flots

Comme une femme blanche sur l’écume d’amour,

Que des sirènes belles délirantes m’appellent

Et me supplient, supplient un orgasme céleste.

Sur le sel infini que mon esprit active

La tempête sexuelle m’attire constamment,

Et je me vois plonger comme un puissant navire

Dont les lourds flancs s’encombrent de désirs enivrants.

Le miroir me renvoie des images fugaces.

Je crois y contempler ma vérité profonde

Et j’aperçois là-bas le phare d’un autre monde.

Je suis très loin si seul et j’ai dû fuir les miens,

Mais comment leur crier ma détresse réelle !

Et qui voudrait m’entendre ? Je suis un exilé.

194


Wimbledon 97

Je regarde RTL et nous sommes jeudi

À quatorze heures quarante, les tous petits hommes verts

- Des ramasseurs de balles s’activent contre la pluie

Et bâchent les terrains des courts de Wimbledon.

Et voilà c’est la pluie, - cela fait trois semaines

Qu’il pleut et pleut encore sans discontinuer.

Le match entre Sampras et l’Allemand Becker

- Un quart simple Messieurs est remis à plus tard.

J’attends, j’attends encore, je zappe sur CNN

Sur Sky, sur NBC ou vais sur Eutelsat

Y trouver d’autres chaînes proposant autre chose.

C’est donc mon quotidien en écrivant des vers

Avec Alain Bosquet et son œuvre complète.

Quel sera l’avenir de ce sonnet en prose ?

195


Back, Back

I

Me revoilà encore assis à cette table

Je prétends proposer un autre agencement

De notes et de structures qui frappent ma cervelle...

II

Tu es l’autre et le même, est-ce toi qui inventes ?

Moi, ai-je été l’Absent ? - Non j’étais l’inutile,

L’incapable de plaire, l’inapte à satisfaire

Aux écrits littéraires, diktats du Comité.

Donc j’étais le refus.

III

Diverses faiblesses, nullité à écrire,

peu, rien !

196


Le temps cherche le lieu

Pour un temps infini

dans un lieu indéterminable

l’écriture s’accomplit sereine en elle-même

la nuit efface la lumière

pour rester nuit

Cécité qui suppose en tâtonnant

attraper son soleil

Le temps se construit et se demande :

quel avenir ? Comment puis-je conquérir l’oubli ?

Le lieu n’est d’aucun secours

Je veux épouser le sacré, déterminer l’exil

Il se retrouve seul et maître de soi-même

197


Le fils du néant

Le fils du néant dans son pseudo-savoir

avec pensées irréelles sur une certitude qui frémit

De l’abstrait palpable, du concert invisible

Va s’éclairer de lumière noire

Éternel à renaître

Du possible, de l’indécidable, de l’extrêmement faux,

du poème, en vérité

Le poète avec son propre risque, ses méthodes,

ses principes de pénétration

plonge dans son mystère

à la recherche d’un commencement d’éternité

198


1

Pensée

Qui cherche la certitude

De sa profondeur

Supérieure

Par élévation, par onction

D’un dieu fait de lumière

Espérant

Telle beauté d’écriture

De poésie impossible

Espérant

De ce souffle

Assurant sa production

199


2

Espoir qui nous vient puis perte rien

Solitude

Tu rayonnes de n’être plus

Aspirant quelque souffle avivé

mais rien

3

permets-moi avec conscience

avec certitude

de soulever l’éclair

d’agir sans liaison

de percevoir par l’ange l’exil nouveau

fuyant, pénétrant l’inconnu

recommence l’impossible exploit de faire poète

dessine le regard et le sommeil de l’autre

impose ta signature et veille

accéder à ton propre concept de beauté

200


La Dentellière

C’est entre ces deux extrêmes

De flux de sperme

Et de flux de sang

Que La Dentellière

Tisse le souffle de vie

Entre ces deux puissances

Contraires et complémentaires

Le corps jouit et supplie,

L’âme épouse les méandres

Du corps - est-ce donc cela

L’existence de l’homme

Avant d’atteindre l’éternel

Ou de plonger dans son Néant ?

201


Léda et le cygne

Soudain, le heurt d’un vent : les grandes ailes encore

Battent sur la fille chancelante dont les cuisses

Sont caressées par les palmes noires, dont la nuque

Est captive du bec, il maintient sa poitrine

Prisonnière sous son cou.

Comment ces faibles doigts

Pourraient-ils vaguement repousser tant de gloire,

Ses cuisses sont si faibles ? Sous cette ruée blanche,

Comment un corps ne sentirait-il pas un coeur

Frapper étrangement où il est allongé ?

Un frisson dans les reins fait alors resurgir

L’image des remparts et du toit enflammé

Et des tours flamboyantes, Agamemnon, sa mort !

La voilà emportée, écrasée par le sang

Brutal de l’air. Pria-t-elle ses science et force

Avant qu’indifférent le bec l’eût laissé choir ?

202


Cette même pensée

Cette même pensée

hier tu l’exploitais autrement

elle gît là au fond du Moi

sifflements et murmures

Tu la sens, elle t’apparaît perte

Tu soupires, veux t’exalter

Tu cherches à faire vibrer l’émotion

pour percevoir, - quoi ?

L’heure n’est plus souveraine, tu ne dictes plus,

tu subis la vérité aléatoire

C’est une angoisse sous cette carapace cervicale

dans ce cortex spongieux

région que nul ne pénètre à l’exception de Dieu

Tu divagues, encore désirant l’essence d’un songe,

la fluidité d’une image

Je te laisse à ta confusion

203


A

Certitudes. Faiblesses. Élan d’apprentissage.

Science, tirée vers le haut. Poème, décadence.

Légers progrès, guère suffisants.

Science exceptionnelle. Poésie limitée.

Que faire ?

L’image. Le caméscope. La réalisation.

Plus faible dans ton malheur

Tremblant, semblant, sachant

Ce que tu produis, ce que tu vois,

Ta conscience.

B

Cœur ouvert

Maintenant je voudrais

Certains se couronnent

204


toi tu contournes

avec lucidité, quelques mots

Tu vas mourir, ils vont t’oublier ! Qu’importe !

Ils t’ont visité ? Était-ce réel ?

C

Toi dans ton désert

tu marches tu sais

Tu supplies un Dieu d’apparaître

de te libérer

nul ne se présente personne

Tu marches avec ton mécanisme cérébral

bouché, ou lumineux, tu marches

murmurant, combinant

205


D

Quelle distance parcourue ici ?

faiblement quelque chose

traversaient parfois des filles élégantes

des filles

tout s’enchaînait ; le présent, le

passé, le futur - l’espoir

Toi, en multiple enfermé dans ton cercle

206


1

Oui, une raison à te plaindre

dans la constance de toi-même

quelque chose à mieux parfaire

et jouir de soi

de toif

2

peine d’écriture

d’impossibilités à mieux tirer

- cette réflexion exprimée ici

difficilement, autre chose

3

Toi, tel est-ce suffisant

à quoi sert le sens ?

ne s’aime pas

qui veut lire ? personne - et pourquoi ?

207


1

S’inspirer. Exploiter l’autre, le tordre, lui extirper quelque substance. Secouer le

poème, en faire tomber des fruits d’images - produire

Un peu de toi avec moi. Tu vois, tu existes encore, - je suis une brindille de ta

ramification, un élément nouveau, variable de ton identité.

C’est notre histoire, n’est-ce pas ?

2

Toi - ils prétendent que non, allez voir ailleurs. Alors tu y vas. Ailleurs,

on te dit : “ - Non, ceci n’est pas pour moi. Je n’y peux rien. Cela ne m’intéresse

pas.”

Je vous jugerai avec l’instrument que vous avez utilisé pour juger. Et s’il avait

quelque aptitude...

Quelle valeur, lui ai-je donné, moi ? Quelle valeur ?

208


3

Ta verticale est lumineuse

Je parfume ton orgasme

avec mes senteurs sexuelles

Triangle, femme, ventre, abondance

Sur ta bouche,

deux fois deux

ton corps demande la mort

bête secouée de spasmes étranges

C’est encore notre histoire

4

Imaginer et plaire

pour qui ?

Balance ta semence

l’entrecroisement d’une ténèbre

et rien, hélas !

209


De la mort

Effroi et forte crainte

Pour l’homme qui se meurt

Sans dimension spirituelle

L’homme immensément seul

Devant son propre néant

L’orgueil n’est plus, l’orgueil !

Ne reste que la dérision,

Que sa faiblesse, qu’un souffle

Évadé, le libérant, le tirant

Vers le haut, vers l’extase préférée

Peut-être - il s’extrait, est sorti

Et là que voit-il ? Soit la lumière,

Soit le gouffre éternel de la douleur.

210


Le diadème dérisoire

Qu’il fut travailleur à ses débuts, actif

Volontaire, - allant dans sa solitude

Pour y extraire des réflexions, des textes, et des proses

Portées sur des pensées charmées de vérités !

On vous déteste, on vous méprise, on vous ignore

N’est-ce pas le lot de la poésie ?

Je bois à ce vers puisque je l’ai rempli !

Peu importe le poids de cette indifférence

Car des solutions assez subtiles, aléatoires

Se combinent pour produire cette extase délicate

Cette vérité, je la tiens contre moi

Comme un diadème dérisoire,

Que mon élan n’a pu maîtriser

Ai-je véritablement besoin d’autre chose ?

211


Le Christ du monde

Il rêve que la beauté s’éternise

comme une image incrustée dans le ciel,

que la merveille s’idéalise sur une flamme argentée,

que les hommes succombent devant sa fascination

Nos âmes s’envolent et tourbillonnent

Les esprits tournoient dans un ballet spirituel

et filent immensément sur des bains d’écume

Son visage apparaît dans l’éblouissement de la grâce

Sur vos genoux, les anges, pour la pureté du Moi

tandis que son Intelligence bondit dans la voie lactée

à travers l’immensité.

212


Le Tour de France 97

Je regarde l’A2, j’y vois le Tour de France

C’est le contre-la-montre de St Étienne à St

Étienne. Ulrich écrase le tour, il est vainqueur

Du moins on le prétend car il reste les Alpes...

Oui le pauvre Virenque a beaucoup de souci :

Il perd dix minutes sur un temps intermédiaire !

Ulrich est le plus fort et Riis n’y pourra rien.

Voilà ce qu’on me dit, voilà ce que j’entends.

Et moi stupidement j’écris quelques poèmes

Tandis que des millions de téléspectateurs

S’exaltent et s’enthousiasment sur l’écran en couleur.

Mon travail d’écrivain me semble bien modeste,

Je ne peux attirer le regard de quelqu’un.

Je m’en vais, oublié, jamais ne serai lu.

213


Le critique

Pourquoi l’accuserais-je d’avoir méprisé,

Ignoré ce travail littéraire ?

D’avoir rejeté comme un objet stupide

A la rue ma production poétique ?

Cela lui était faiblesse, rien.

- Allez voir aller ! ...

Ailleurs, peut-être, pourquoi pas !

214


Poème sur poème

Les années me sourient

J’accumule poème sur poème,

livre sur livre

Je parle encore de moi, je ne sais plus

il n’y a pas offrande,

tout restera caché, inconnu

Le coeur se nourrit de substances

se remplit, se vide - enfin on le dit !

Aller toujours en soi

pour y tirer quelque désir

quelque folie audacieuse

de littéraire

de petit penseur

Muse, et m’abuse, prétends... pour ne rien obtenir

215


Voilà les insignifiances qui constellent cette cervelle

en cet après-midi.

Il est préférable de se taire. J’ouvre Gide, son 39-49 Jo T2, et puis quoi ?

peu, faible chez moi.

Ta durée ?

Oui.

Plus loin qu’une nuit éternelle dans la rumeur fébrile qui fuit

J’y abandonne mon miroir de syllabes

Je m’enveloppe de soupirs, de tes extases, de tes cris

Je m’étale dans ton ventre sirupeux

pour oublier la cruauté des jours

Tu es ma constance de jouissance

quelle sera ta durée ?

216


1

Dans mon front, et ce qui pense

le pronom je est clair

il n’y a que du vide à remplir

la certitude en moi, le vouloir

le conglomérat - l’éblouissement

l’association

2

Me déclinerai en moi

pour y extraire

quelques solutions nouvelles

3

Le sexe s’ouvre-t-il davantage ?

l’obscur et l’interdit

217


Encore

Les mots exploités - je les veux synergiques,

alchimiques, évocateurs

nourris de sève spirituelle

Je réemploie le dérisoire, le faible

J’interprète (mal) le matériel

Il y faut de l’élan, une forme,

de la lumière intérieure

Et l’ensemble est déception

on espère autrement, avec nouveauté

On reprend d’autres mots

pour d’autres poèmes

etc.

218


Poursuis

C’est-à-dire un produit nouveau avec une méthode d’investigation - l’excitation

jusqu’à l’extrême - et l’emploi d’autrui - autrui différent, de l’Antiquité jusqu’à la

modernité d’avenir.

Puis toi avec ton vieillissement, ta potentialité qui semble constamment la même

- que sauras-tu écrire ? Tu deviens ennuyeux, à la production inutile.

On te sait, on t’a toisé - on prétend détenir la vérité concernant ta valeur,

concernant ton niveau.

Tu insistes - tu en veux encore - sans te forcer, dis-tu. Tu encombres ton armoire

de livres - de tes propres livres, et personne ne s’y intéressera. Poursuis.

219


Les nuits propices

Les nuits étaient propices à toute sorte d’inspiration. Penser était la seule raison,

la seule obsession, la seule logique à appliquer. Il fallait concevoir de nouvelles

formes - enfin on le prétendait - car en vérité, en était-on réellement capable ?

On prenait X ou Y. On voulait ajouter sur sa substance, le dériver. C’était du

grand, du haut, de l’élevé - et l’on était toujours peu, encore rien.

La pensée tourmentée voulait accéder à du supérieur, c’était du faible, du

ridicule, de l’impubliable.

Mais pourquoi vouloir exister ? Pourquoi aller vers l’extérieur quand la sage

certitude se suffit d’une pâle lumière douceâtre ?

Donc je pénétrais ce néant d’images niaises et illisibles.

220


Récréation

La chanson du roi Dagobert

Le bon roi Dagobert

Disait au cousin Philibert

Pourrais-tu plus que moi,

Je n’y mets qu’un doigt ?

La reine à l’envers

A besoin d’un dessert.

- C’est bon dit-il au roi,

Elle en reprendra pour trois fois.

1

2

Et comme il la prenait,

Elle en re re redemandait.

- A l’endroit, à l’envers

Me veux-tu, Philibert ?

Si tu as la longueur

Tu ne peux me faire peur.

- C’est vrai, celle du roi

Semble bien plus courte que toi.

221


3

Le bon roi Dagobert

S’essaya un jour à des vers.

Le grand saint Eloi

Lui dit : ô mon roi,

Votre majesté

Ne sait pas les scander.

- C’est vrai, lui dit le roi,

J’imitai ma diction sur toi

4

Le bon roi Dagobert

Prenait sa monture de travers.

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Votre majesté

Est appareillée !

- C’est vrai, lui dit le roi,

Sur la reine, je suis mieux, je crois.

222


5

Le bon roi Dagobert

Se retrouva le cul en l’air.

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Ainsi désarçonné

Vous voilà tout crotté.

- C’est vrai, lui dit le roi,

Sur des deux reins, transporte-moi.

6

Le bon roi Dagobert

Aimait le vin, buvait des verres

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Votre majesté

Est bien frelatée.

- Vrai, hoqueta le roi,

Au fond du tonneau, je me noie.

223


Le bon roi Dagobert

Fit battre monnaie à l’envers.

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Dans toute la contrée

Vous serez la risée.

Tant pis, lui dit le roi,

Du portrait on se souviendra.

7

8

Le bon roi Dagobert

Chassait dans la plaine le cerf.

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Votre majesté

Semble tout essoufflée !

- C’est vrai, lui dit le roi,

Car le cerf courait après moi.

224


9

Régnait roi Dagobert

Gant de velours et main de fer

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi :

Avec fermeté

Mais avec bonté.

- Je sais, lui dit le roi

Mains de velours et gant de soie.

10

Le bon roi Dagobert

Semait du blé durant l’hiver

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Blés qu’avez semés

Ne moissonnerez.

- C’est vrai, lui dit le roi,

Les blés sont morts transis de froid.

225


11

Le bon roi Dagobert

Devenu vieux, se croyait vert.

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Votre majesté

Semble toute émoussée.

- C’est vrai, lui dit le roi,

Vive jeunesse et je festoie.

12

Le bon roi Dagobert

Se mit à danser au dessert.

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Votre majesté

Semble toute émoussée

- C’est vrai, lui dit le roi,

Car j’y danse mieux qu’autrefois.

226


13

Le bon roi Dagobert

Lorgnait deux poires dans corset vert.

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Votre majesté

Veut encore détrousser ?

- C’est vrai, lui dit le roi,

J’en glousserai encore de joie.

14

Le bon roi Dagobert

Se pissa dessus de travers.

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Votre majesté

S’est éclaboussée.

- C’est vrai, lui dit le roi,

Mets’y ta main, plutôt qu’un doigt.

227


15

Le bon roi Dagobert

Des péchés voulut se défaire.

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Votre majesté

Ne sera pardonnée ! ...

- Tant pis, lui dit le roi,

Au purgatoire, j’irai, ma fois !

16

Le bon roi Dagobert

Eut peur de finir en enfer.

Le grand saint Éloi

Lui dit : ô mon roi,

Votre majesté

S’est bien trop dépensée !...

- Tant pis, lui dit le roi,

Je dirai que t’étais avec moi.

228


I

Ici la mort resplendit d’aise

d’assurance, de certitude, de pouvoir

puissante et éternelle

imposant sa vérité

Lumière rouge de haine et de méchanceté,

cendres chaudes et violentes

entourent l’innocent

Nourrie d’horreur et de cruauté,

de vexations et de blâmes

dans les confins de la bêtise

et de l’insupportable

Au néant ! emportée par un feu de sang,

pour la torture juste de l’ordure

et du pourri

Comment implorer Dieu ?

Comment le convaincre ?

229


II

Ici la mort resplendit d’aise

elle impose son pouvoir surhumain

de cruauté, d’aiguilles, de douleurs

On espère une bienheureuse lumière

d’éclatements, d’éblouissements

Ta potentialité s’épuise,

Tu produis de moins en moins

Comme un vieillard à l’approche de sa fin

230


Pour personne

Des écritures nouvelles jaillissent de l’ombre, comme des boules de phosphore ;

La cité inconnue, de mirages, où grouillent la poésie et la littérature ;

Aucun espoir de vie - tout espoir réside dans la mort . Ce n’est pas une ambition,

ce n’est pas une certitude d’avenir, c’est le bon sens qui m’offre cette vérité-là.

Il n’y a pas à comprendre - cela est.

Notre chant est un chant de misère, détesté de tous.

Ont-ils réellement tort ? Peut-on parler d’injustice ?

L’évidente certitude - LA CONSCIENCE.

Ils disent : “ Non. Nous sommes. C’est autrement.”

Et pourtant quel refus ! Quel rejet ! Alors ? ...

Je suis dans mon ombre, j’y sélectionne quelques solutions, sans convoitise, sans

prétention.

J’avance lentement et propose du n’importe quoi.

Nulle crainte. J’écris pour personne.

231


Les extrêmes

Entre ces deux extrêmes

La pensée de l’homme est oscillante

Contradictions, contraires

Se détruisent et s’appellent

Dans le ballet de la vie.

Le corps et l’esprit

La nuit et le jour, mourir et

Vivre, est-ce la raison

De l’homme ? Et pour quel devenir ?

Cœur délabré

Cœur délabré, détesté, haï, en dehors du monde, tapi en soi, à l’intérieur tu es

pur. Expulse encore, soupire, dans l’éclosion de ton matin.

Ton espoir caché, au plus profond ; ton phosphore illumine ta nuit, - ton néant !

232


La nymphe

Conçois cet instant où elle se fige

elle s’assoie, se lève, revient, pense

la fille aux jambes hautes

les doigts sur tes doigts

te permettant d’écrire

Nous sommes sur l’axe de la pensée

Prononce-t-elle quelques mots ?

S’extirpe-t-il un rire

des syllabes mouillées de salive ?

Plonger dans sa bouche,

y extraire des fruits d’extase

Ses seins, ses pieds, cercles de femme

cette nymphe commune envahit l’intelligence

233


Le lecteur

Nul besoin d’un lecteur

d’un autre moi-même peut-être

Tu es ma référence, mon critique sachant

J’observe ton vide - j’y plonge

eau et néant

repense ton alphabet

Je m’engorge de ton mélange.

234


1

Sa beauté l’efface

L’impuissance de nos espoirs déçus

De près de loin de

J’épouse ses délices, ses formes, sa fuite

Plus près pourtant

Pour une mélodie exquise

Pour un déchirement extrême

Dans l’orgasme de la vie qui s’éloigne

2

Âge où les pieds sont peu

où le dollar est extrême

Elle m’emporte dans ses bras

d’images en images

s’enlace le poème

vers cet espace inconnu des hommes

Elle me fait signes

elle m’offre ses lettres

235


3

Maintenant j’exploiterai une langue

accessible à tous,

aisée dans son concept

Oui tu seras ma femme, mon unique

et ma belle

Nous remplirons de sens aléatoire ces feuilles disparates et délétères

J’offrirai à autrui le secret de nos charmes

Nous avons besoin d’absence pour nous engendrer

Nous devons repenser l’écriture

4

Savante, tu m’es savante

Je t’aime dans mon absence

A l’extrémité de ton esprit,

il y a mes doigts

Ton détail de corps est ta pensée

point de toutes convergences

où j’émerge

grâce au détail de tes combinaison

236


5

Maintenant elle peut venir inspirer

elle peut montrer sa figure

nous sommes disposés à l’entendre

à l’écouter pleurnicher

à moins que...

à moins qu’elle se décide d’offrir

un grand souffle libérateur

d’explosion formidable

Cette femme coiffée d’Eléonore

de mouvements bleus et jaunes

d’apothéoses

Tu es ma promise, mon envolée d’orgasmes

ma fuite cérébrale

237


Une autre histoire

Et certes, il fallait une autre histoire

où l’esprit pouvait s’élever

il fallait jeter ce néant stupide sans

possibilités créatrices

Oui, il fallait trouver un nouveau néant - non pas de sommeil,

d’engourdissement, de paresse,

mais un lieu de vie où le vide n’est pas à l’infini

Il fallait s’en référer à un nouveau Dieu, repenser l’aventure, ou l’élévation

Faire renaître ce soleil fatigué, épuisé par les recherches

C’était encore de l’espérance folle ou utopique, mais de l’espérance toutefois

Nouvelle association de mots, de sens, de sons et d’idées, - pour inventer dans

une matière inconnue.

avec le massacre de la mort à ses côtés...

vers une certitude de nullité et de médiocrité...

238


Comment obtenir ? La fuite dans le gouffre obscène de la honte sachant

pertinemment que cela était impossible - qu’il s’agissait d’une plaisanterie en vérité.

239


La main paranoïaque

Le détruit du soleil les vasques aériennes les experts décontenancés

par la vulve scrabreuse les tendances obsessionnelles les parades gestatives

les libidos d’orgasmes, audacieuses, de vices, de rien

Encore la guerre, j’exploite cet impossible

les délires

les cruautés

Et tandis que sous la pluie, j’embrasse l’éclatement lunaire, ma main

paranoïaque ose m’invectiver pendant quelques secondes

L’élévation s’émeut le sens se perd l’idéal féminin comme une

merveille d’ensemble, de millions de chairs complémentaires les explosions

de diamants l’interdit à aimer la beauté à suspendre

240


L’heure éternelle

Crainte et angoisse

Pour l’homme qui meurt

L’homme suppute, suppose

Espère, supplie une fuite

D’avoir, d’au-delà

Enfin ! Il s’extirpe,

Quitte son enveloppe,

Monte, monte, s’élève

L’homme immensément infini

Devant la petitesse divine

Comprend, comprend trop tard

Ne se nourrit que de son pardon

Jette son orgueil, son dérisoire

Épouse la vérité religieuse

Quand l’heure est passée,

Est dépassée, est éternelle

241


Méditation

Je médite sur l’aptitude scientifique

Sur l’essor formidable des techniques appliquées

Je pense à la pauvreté littéraire,

A ces hommes travaillant cachés entourés

D’un mur de livres et s’essayant à écrire

Chacun pour soi, sans synergie d’intelligences

Il y a pourtant de grandes œuvres,

Le poète peut-il se comparer au savant ?

Je m’éloigne - le public lui depuis longtemps

A opté pour la science, et méprise aisément

Le faiseur de vers. Plus encore demain l’écart

Grandira, et le poète ne sera plus qu’un bouffon

Méprisable et ridicule. Il s’en retournera

Avec ses rêves, ses utopies, ses médiocrités

Qu’il sera le seul à apprécier ! le seul !

Y a-t-il pourtant bonheur de l’intellect ?

Satisfaction à composer, à extraire, à produire ?

Est-ce le bonheur de l’aquarelliste,

De la brodeuse de napperons ? Qui parle

242


De grandeur, d’élixirs, de gloire ?

Il veut triompher de l’éternité, et toujours être.

Être ! Avec quoi ? Avec ses piètres poèmes ?

O savant que penses-tu du poète ?

Te fait-il aimablement sourire ? Et quoi,

Quand tout aura disparu, quand la trace

Insignifiante de l’humain sera effacée ?

Quoi ? L’espoir est là-bas peut-être.

Y aura-t-il repos et bien-être

Où la mémoire active sera honorée ?

243


La torche

Pourquoi lui en voudrais-je d’avoir autorisé

L’immonde torture sur un futur saint,

D’avoir tué la vérité

D’avoir étouffé les cris et les sanglots

Les longs déchirements qu’expirait sa bouche ?

D’avoir offert aux rustres et aux ordures

Le droit à la violence et au crime impuni ?

La grandeur d’âme découle-t-elle

De la douleur infligée

Sur le corps de l’innocent ?

L’immense cruauté comme l’immense barbarie nazie

Doit-elle se nourrir de sang et de l’âme

Des purifiés ? Quels siècles ! Quel système !

Quelle horreur !

Et cette torche maudite - qu’embrassera son ciel,

Pour quelles immondices brûlera-t-elle ?

244


Les songe-creux

Accumulez autant de poèmes que vous pourrez

Épanouissez-vous, considérez la hauteur

De vos ambitions, libérez-vous, engendrez

Du soleil sous la grisaille de vos écrits.

Oui, travaillez et travaillez encore. La chair

De la femme n’est que faiblesse. N’oubliez jamais

Cette vérité. Les femmes aiment l’argent, elles

Détestent l’insouciance du rêveur. Tous les

Songes creux doivent mourir ou disparaître.

L’effort de l’intellect doit s’accompagner d’abondance

Financière, d’or entassé - L’effort : cette œuvre

Produite par votre raison, qu’elle ne s’envole pas

Dans les gaspillages de l’infortune ! Allez rieurs

Dans la sinistre tombe pour ne rien regretter.

245


Créateur du vide inconnu

Dans la nuit indignée

Qui déchire la rose ?

Qui s’éloigne vers les éthers,

Vers les bleus turquoise

Quand l’esprit de l’homme

Aspire à la liberté ?

Imite-le, culbute l’orgasme

Créateur du vide inconnu.

246


Légères mouvances

Les eaux s’éloignent, s’enfuient tel le temps

Légères ou profondes sous le ciel obscurci

Un lac, un fossé - je pense à Yeats

Est-ce cela l’essence de l’âme ?

Encore des algues féminines - légères mouvances

247


Le pardon d’avenir

Seul lui pouvait nous instruire, nous apprendre

Le danger de ces mille chemins de traverse

Lui seul était le guide, la parfaite direction.

Tous nous avons œuvré dans le bois, dans la pierre,

Dans la matière, dans la chair,

A la fois prétendant savoir et ne sachant rien

A la culture parfaite, à l’érudition insignifiante

Homme d’esprit, homme de peine

Et chaque fois qu’il montrait du doigt la vérité

Nous le méprisions, refusions de le comprendre

Dans notre orgueil d’humain

Nous voilà aujourd’hui dans la douleur

Regrettant notre passé

Aurons-nous le pardon d’avenir ?

Dieu le sait.

248


Le futur du poète

O l’esprit épuisé, accorde-toi quelque repos

Nourris-toi de paix et de silence

Dans ce crépuscule insensé, il n’est rien d’utile

Baigne-toi d’effluves saints, - respire.

L’amour est à changer, la pensée épouse

Les flammes de la mystique interdite, - la pensée.

N’es-tu pas las d’avoir entassé tous ces poèmes

De la liberté qui se sont enfuis dans le mensonge ?

Il n’est que le travail. Pour quelle fraternité, là-haut ?

Mes frères me haïront, la malédiction est un sceau

Sur mon front. Ma précieuse vie se meurt.

Et qui sait, coeur, esprit, - car le poète se cache

Avec le temps sur son côté, comptabilisant la

Précieuse rosée du matin, ce qu’est son futur ?

249


Fatalité

Vouloir écrire après une longue attente,

C’est remplir son vide d’existence en y relatant

Son amertume - c’est disserter pour en finir

Avec le trop plein qui gît au fond de soi

Le corps finira par s’éteindre

250


Ôter le masque

- Dégage-toi de ce masque

Qui aveugle l’autre, lui ment,

Et lui brûle le regard.

Offre la vérité.

- Oui, mais de cette vérité-là,

Ils n’en ont que faire, ils la rejettent et la nient.

Il faut donc mentir, prétendre autrement.

J’ai rempli mon esprit, j’ai proposé mes sucs poétiques...

- ... Laissez donc tout cela. Cette flamme n’a aucune utilité. Restez-en là.

251


À deux, avec soi-même

vérité.

- Cherche ce qui est en toi. Développe le spirituel. Accède à une sorte de divine

- Délaisse la gloriole poétique, ridicule et insignifiante. Laisse le zèle aux petits

hommes désireux de porter le vert.

avenir.

- Regarde ce feu, il est en toi. Il est l’énergie qui te permettra d’atteindre ton

- Il y a le salut, le Fils, l’au-delà.

252


Conclusion

On se satisfait de peu

On saisit les premières solutions

Craignant de les perdre,

On les applique immédiatement

C’est l’éternelle déception,

On insiste bêtement

Ayant la certitude de mieux faire

On prétend que le nouveau recueil

Sera de meilleure qualité

On jette l’ancien, on pense

A de nouvelles possibilités

En travaillent avec d’autres auteurs

En vérité, l’on est toujours soi

Et cette identité-là est difficile

A intégrer dans l’esprit de l’autre,

Qui méprise, rejette - allez voir

Ailleurs ! - Ailleurs ! Pourquoi pas ?

253


RÉSONANCES III

254


L’aventure interne

Surgit le cygne sublime et blanc

Qui est symbole encore

Comme l’âme a plongé au fond de soi-même

Pour y chercher science et a-science

Il y faut de la vitesse, des battements d’aile

Impétueux, de l’extase, quelques vérités,

Du vin et de l’ivresse

Et ces pensées mal maîtrisées, triste sort

De ma condition, ces pensées s’agitent encore

Quand j’essaie de bondir, de m’extraire,

De m’éloigner de ce vil environnement

J’ai besoin d’extravagance pour mon esprit

Ou de sucs subtils, cartésiens, pascaliens

C’est encore une immense aventure interne.

255


Les limbes

Les premiers souffles clairs s’exaltent, je m’extrais

Doucement de l’évanouissement de mon rêve vers mon

Rêve envolé. Je conçois quelque peu dans la

Conscience du vrai. J’étais dans un autre temps.

Voici que la valeur converge vers la lucidité.

Je délaisse l’amoncellement d’images floues,

J’accable l’avenir de ne pouvoir se mieux dessiner.

Le cycle temporel de l’homme, présent, passé,

Futur, imaginaire, espaces parallèles, tourbillonne

Pour une certitude aléatoire. Vais, vais et reviens.

Je m’offre un reste dans ma mémoire où le temps circule

Avec l’espace. Je crois abolir l’oubli de ma folie

Réelle, pensée, en fuite. C’est encore un matin

D’éveil, et l’ivresse active ma raison sereine.

256


Le miroir entrouvert

Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair,

La purifie, l’envole, l’exile dans les airs.

Je me crois entouré d’un éclatant soleil

Qui offre à ma raison des substances vermeilles.

Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse

Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.

Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes

Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre.

Je suis toujours pressé et je veux aller voir,

Je subis le Néant de ma propre misère.

Et les années s’écoulent pour cette délivrance,

Ce départ, cet élan vers un nouvel espace.

L’avalanche de mots me rappelle en moi-même

La médiocrité de ma raison réelle.

257


Le néant de soi-même

Te voici devenu un échec, une mine de pertes,

Tu te noies sous la honte de ton ridicule.

Tous ces soins stupides épuisés dans l’attente

D’un espoir ! Ton passé a-t-il un avenir ?

Se peut-il que ce que tu as produit leur convienne ?

Tu offres la gratuité qu’ils méprisent. Ont-ils tort ?

Le recueil enfante le recueil. Que te dit-on au ciel ?

On te dit : “ Oui, oui, tu es, c’est toi ! ”

Et tu les crois tous ces fantômes farceurs nourris

A la sève de ton imaginaire ! Ton effort

Poussé par ta volonté t’impose à poursuivre,

Ton combat est vain. Cela n’a plus de sens, de raison.

Va, poursuis ton ombre fatale et disparais,

Oui, disparais à tout jamais dans le néant de toi-même.

258


Litanie

O purifié, ta chair est en pleurs,

je t’entends souffrir.

Il y a des rires, les rires du Mal. La bande de tortionnaires est aux affûts, prête à

fracasser les os de l’innocent. Les rapaces s’assemblent, t’entourent, enfoncent leur

bec invisible sous ta peau, dans tes nerfs. Oh ! Le joyeux festin, le privilège de

l’atrocité, la sublimation de la cruauté !

Il était là, bavant sa salive claire, horriblement mutilé, laissé en harpies, comme un

tas d’immondices, recouvert de sang.

Le combat dura toute une vie. Cent fois gisant cent fois relevé pour être à nouveau

attaqué, agressé par le vice des sadiques et des chiens assoiffés d’horreur.

Festins pour le Mal, festin sur festin, et lui pauvre être rampant, suppliant un Dieu

indifférent quelques paix ou quelques repos pour panser ses plaies, n’entend que le

silence du créateur pour répondre à l’infortuné.

Le coeur était angoissé : y aura-t-il une solution de liberté, une clameur entendue ?

Car tout sera détruit, tout sera perdu et les longs aiguillons pénétreront

la chair encore !

259


L’homme était vacillant et se savait s’éteindre. L’amour ne pouvait plus l’envahir,

il était écrasé par la violence du Mal.

Intermède

Sont entassées les images de la nuit,

Restées pensées mortes dans la conscience obscure.

Cette volonté d’imiter, d’exploiter, de faire varier

La proposition de l’autre, ces résonances.

Donc connexion, associations.

260


1

En feu !

Elle doit être exceptionnelle !

Lamentez-vous, femmes impures,

Fuyez, je ne saurais vous voir

blanches, dévêtues.

Il est déjà trop tard,

Je dois mourir, en finir.

Je fus actif, inventif, audacieux.

La vie s’en est allée,

dans quel avenir, épouserai-je ?

2

Montagne de femmes, de chair, de sexes pensants,

gémissants, suppliants, ébahis,

en avalanches d’orgasmes.

261


Mines d’hommes associés, combinant pour l’œuvre,

produisant du soleil, dans un labyrinthe de fourmis.

Nos espoirs pour nos fronts,

Nos désirs pour nos chairs.

La science et le sexe.

3

Indices de femmes claires

filantes, allongées, excitantes

Des pieds gracieux, des mains fuselées

Elles s’ingénient à transmettre

à leurs enfants

de l’amour, de l’émotion

de la vibration affective

pour que nous devenions des hommes de coeur, de chair

Femmes légères de beauté

transmettant leur science à l’enfance ébahie

262


Un poète à sa bien aimée

Je t’apporte de mes mains respectueuses

Les livres de mes rêves innombrables

Blanche femme usée par la passion

Comme le sable gris perle est usé par la vague

Dont le coeur a plus vieilli que la corne

Qui déborde du feu pâle du temps :

Blanche femme aux rêves innombrables

Je t’apporte ma passion poétique.

William Brether Yeats

Traduction

263


Le poète homosexuel et son père

- Il a peu, très peu, si peu

Sa constitution est faible

Il faudrait le nourrir de science, de mathématique,

De structures solides, basées, irréversibles,

D’une vérité absolue,

Mais voici que Monsieur, poète, insouciant, aérien,

S’occupe du vol plané des libellules

S’emporte sur des rêveries insouciantes,

Se suffit de l’air du temps

Et ça voudrait réussir sa vie !

De l’inutilité, oui,

Du parasitage.

Tu finiras...

- Par disparaître, paraître, être, être académicien,

Grand, très grand, premier, etc.

Je sais la voie est difficile, mais crois-moi,

264


Sois patient.

- ... Je vais te nourrir jusqu’à soixante-dix ans, et j’en aurais quatre-vingt-dix avec ma

pauvre retraite de fonctionnaire. As-tu songé à ton père ? Et tu as l’outrecuidance de

m’annoncer que tu es homosexuel ! Homosexuel ! Moi qui ai tant aimé les femmes,

tu ne trouves pas que c’est difficile d’entendre de telles paroles ? Poète et

homosexuel !

- ... J’inviterai Roger seulement une fois pas semaine... Mais non, je plaisante.

265


De biais

Le poète de biais

Le poète sans norme, sans vérité, sans certitude

sur le seuil de la misère avance médiocrement

il veut s’accroître, évoluer, grandir

Se grandir

Il reprend la lampe bleue de l’idéal féminin

Il l’envole pour des espérances impossibles.

Il réinvente l’interdit et prétend à quelque chose de supérieur. N’est-ce pas

en vain ? Y a-t-il une solution nouvelle ?

Il faut donc produire et travailler.

266


Miroitements

Faibles miroitements

incisés dans le temps

que j’essaie de capter,

qui m’échappent

Le visage dans l’éparpillement du Moi

l’homme par fragments de vers éclatés

essaie de reconstruire le monde

267


Visible à soi

L’homme visible à soi

invisible aux autres

Descend, plonge

l’homme demi-dieu, sauvage

construit un langage réel

incompris, inconnu,

libre, réglé

et finit absorbé dans sa propre lumière

268


La nuit

Souffle de nuit bleutée

qui vagabonde quand tout devient invisible

dans l’immense désert du poète

La nuit s’éteint, s’éclaire, veut vivre

je descends, descends,

prétends obtenir, trouver

En vérité, c’est une forme d’angoisse

qui m’apparaît

qui m’impose à écrire,

à chercher

269


L’idéal menteur

Paroles sur paroles,

tentatives sur échecs

Imagine la possibilité de pureté des flots bleus

conçois des statues de grâce dont la chair

est plus douce que la soie des femmes

Que l’azur devienne miroir polissant ses idées d’idéal menteur

Observe l’ombre claire s’enflammer d’orgasmes aériens,

réinvente un génie impossible, pascalien

et toi écrasé de soleil, roulant-boulant

sur des airs agressifs, propose ce colosse aux pieds d’argile, cette construction

remplie de vides, qu’ils disent !

Émeus-toi, tressaille de plaisirs intuitifs, portés par des phares musicaux

Syntaxes cinglantes comme des lames d’acier

Ce qui agresse, ce qui violente

ce qui semble faire souffrir

270


n’est qu’un additionnel de syllabes

évocatrices, trompeuses, mensongères

exploitées pour produire de l’émotion

Et vous tous savez que le mensonge, l’excès,

l’ignoble tromperie sont des outils poétiques

indispensables pour concevoir un texte de qualité.

271


Poursuivre

Écrire un poème après une longue attente,

Est un plaisir, un soulagement.

Il ne faut pas que des mots qui ne demandent

Qu’à vivre les uns à côté des autres soient laissé

Dans le pur imaginaire invisible de l’homme,

Que l’ensemble soit voilé par une lampe hasardeuse,

Et qu’un contretemps hostile efface une lancée poétique.

Nous devons discuter, venir, revenir et tourner

Sur les thèmes savants chers à notre pensée.

Nous devons poursuivre notre recherche intérieure

Pour contrecarrer cette irréversible fatalité du temps.

Le vieillissement, la décrépitude du corps est sagesse,

Écrit Yeats. Jeunesse passe, et semble l’ignorer...

272


Aigreurs

J’avance constellé d’évidences

Une vieille femme littéraire m’indique le chemin

Une personne respectable, transparente et pure

Pourtant je rêve, j’idéalise le corps de la beauté

Sur le feu du plaisir, pour l’orgasme éblouissant

Je pense à la douleur que j’ai subie

Que je subis encore, et la rage m’envahit

Comme un immense éclair

Un flot d’images claires explose dans l’ombre

Qui se nourrit d’interdits, de risques, d’audace,

- Du moins, je le prétends !

La forme du poème me trahit

Et ce philtre artistique n’est qu’une pâte grossière

De marc de café

Il n’y a nulle compensation à soulager sa peine

Telle est la voix de l’écriture, hélas !

273


L’effort

Caché, enfoui,

Subissant sa propre dérision

Essayant de s’en défaire

La raison pour certitude

Le sens exact jamais trompé,

Toujours vrai,

Avec l’esprit vaillant, prêt à agir,

À bondir, ... enfin ...

Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir,

Combiner, exploiter, utiliser autrui,

Sa substance, son génie, le dériver,

Le compresser, le condenser,

En vérité,

Travailler avec l’intelligence.

J’ai besoin d’une force

Pour que la Nuit fructifie

Pour que le Mystère s’éclaire

Je m’exalte d’une immense joie

274


L’a-vérité

J’obtiens une a-vérité qui est à côté,

Qui se conçoit dans l’âme, que l’on prend, jette,

Qu’il faut étudier. Elle peut servir, être

Une sorte de catalyseur d’intelligence, elle peut

... Si l’on veut s’en servir.

Elle ne sert pas à détruire l’autre,

Elle cherche à s’unir, à s’associer.

Grande est sa difficulté à exister, elle évolue

Dans le rêve. Elle est la reine des pensées.

L’Aveugle s’en défend, s’en glose,

Dénigre, méprise,

Le Critique poétique l’exclut

De son mécanisme cérébral,

Le lecteur ? ... Il n’y a pas de Lecteur.

275


Réflexion

J’ai cherché, prétendu en exploitant de nouvelles idées.

Suis-je âgé ? Puis-je espérer encore tirer

Quelque chose de ce piètre cerveau ?

Je dois me contenter de ce peu.

Ai-je besoin de me rassurer ? Je crains

De vivre avec des vieilleries nourries d’insignifiant.

Ai-je chevauché des allégories fantastiques

Enveloppé dans des mirages trompeurs ?

Il n’y a pas d’amertume ni de regrets,

Il y a seulement une conscience, la conscience

D’être un homme, avec sa petitesse, sa faiblesse,

Son néant.

276


L’image

L’image n’est jamais achevée,

Elle s’adapte à toute forme d’intelligence

Chacun la reçoit, l’interprète à sa guise

Son origine n’est pas dans la pureté de l’esprit

Elle n’est qu’un principe associatif, combinatoire

Niche en A avec Niche en B,

Variables d’éléments de A avec

Variables d’éléments de B

Éléments de A dérivés

Éléments de B dérivés

277


Ce serait

Ce serait une prose versifiée assez souple

Pour se lire aisément, assez structurée

Pour que l’on puisse y déceler le rythme et les accents.

Cela ne viendrait pas de l’âme, de l’insouciance,

De la légèreté d’aile, cela aurait pour origine

La raison qui associée à la conscience

Produit une pensée sereine, maîtrisée, apte.

Il faut que des éléments subtils ou grossiers,

Composés de combinaisons de mots s’associent,

Je dirai, s’organisent de manière harmonieuse

Pour offrir un effet satisfaisant à l’oeil critique.

Sera-ce de la réflexion, une pensée nouvelle,

Associant quelques extravagances à de la folie poétique ?

J’ai besoin de savoir et de poursuivre.

278


Ont bondi

Ont bondi les images fades, inutiles et stupides

Qu’il fallait unir les unes aux autres

Dans un ballet littéraire ou poétique

Ce que le poète dédaigne

Ce qui résonne dans sa nuit

Est insignifiance d’homme

Il faut fabriquer de l’imaginaire

Par l’invisible, par l’impensable

Il faut

Recréer cette lune millénaire

Son halo d’or brillant

Célébrer l’idéal de l’étoile

L’esprit doit concevoir

Sans victoire, sans marbre

Rempli d’amertume

279


Les amants

1

Maintenant il me faut exploiter un langage

nouveau

O ma femme sublime

J’arrache ta robe pour me draper

D’autres femmes plus humbles se nourriront des paroles

prononcées

Nous sommes dans ce pseudo-labyrinthe

Entends les pas remontés vers nos esprits

L’heure est venue où le poème se fixe

Tu es mon épouse, mon complément spirituel,

ma vérité à trouver, en toi, dans ton intelligence

Je recrée le conflit d’amour

280


2

Il me faut donc une âme prête à s’enfuir

Sur des ondes inconnues, pour des paysages lointains,

Un visage de femme douce, feuille et miroir,

Une étoffe de poète souple qu’une main de déesse

Viendrait caresser, il faut se froisser, tressaillir,

Frissonner et inventer un épiderme pour ta chair

Laiteuse, picorée de taches rousses, ô ma très belle,

J’ai besoin de ton vide sensuel à remplir

De mes doutes, de mes espoirs, de ma tendresse,

J’ai besoin de ta peau pour mourir lentement

Sous ton regard de braises.

3

À peine ouvre-t-elle son sexe,

Baille-t-elle d’une forme ovale

Je plonge dans ses muqueuses buccales et vaginales,

J’enveloppe d’un geste pensé la rondeur de ses seins

Je baise sa chair vagabonde

Je topographie du volume, des cercles,

281


Et se transforme la fille en nymphe virtuelle

Par la magie de l’intelligence

4

Sa beauté l’éternise

de plus près ses sécrétions vaginales perlent

femme pure, impure, parfaite

Toi dans les délires de la Grèce

Tunique claire que tu lavas

dans le torrent de mon inspiration

où j’ai confondu ton image

avec l’idéal du génie féminin

Encore ton visage, toi que j’idolâtre

reformant tes courbes, tes volumes

en qui vont mes délices

Pour prendre ton corps

pour baiser tes pieds

amante, par pitié,

Je suis comme un soleil qui te supplie

282


Le po

Le poème inconnu,

Illisible, inutile, à rejeter

Les lauriers de pacotilles

Le nom à oublier

La survivance du rien

La vérité de l’Au-delà

La distance, la culpabilité, l’aptitude, l’exclusion.

Cela pour se priver de frères

Pour n’être plus rien et disparaître

Dans la fontaine de l’oubli

283


La table

La table appelle l’Écriture

Le soleil semble poindre

pour une illumination intérieure

Un souffle se lève,

Les ailes s’agitent et fouettent l’air rougi

les dernières brumes s’effacent

quand d’autres vapeurs ou brouillards

s’amoncellent dans l’âme du poète

C’est une nuit d’ébène où le sang de la femme

veut se mêler à l’appel cristallin

C’est le rêve d’Icare pour idéaliser sa pensée,

une sorte de perfection impossible

L’éternel apprenti prétend encore

C’est une folie impossible

l’élan s’en retournera dans son échec

284


Conseils

Monte par le chemin inventif

après l’interminable tentative

de rassemblement, d’associations de mots

Range tes idées, tes opinions

qu’ils s’accumulent les uns près des autres

Sois enfin la pensée qui s’élève

avec l’absence de réussite à ton côté

Comporte-toi en chef de raison qui d’un

mouvement circulaire lamine toutes les pensées défectueuses,

qui efface, gomme, fait disparaître

la faiblesse et l’insignifiant

Quémande à l’Esprit supérieur de t’aider

quelque peu, invoque, implore, supplie

La voix, la voix de l’Autre,

du Dieu, - car il s’agit de prier

t’entendra peut-être

285


I

À peine ouvre-t-elle sa chair

par désir ou soupir

mon visage s’évanouit dans ses yeux

je rejette l’intelligence pour accéder

à son ventre de fille-nymphe

Je l’aide à défaire sa pudeur

Je pose l’ange sur l’extrémité de mon ongle

craignant qu’elle ne s’effarouche,

qu’elle ne s’envole

Je cherche la pureté attentive

par le détail de ses mains

par l’évidence claire de son oeil

Parviendrai-je au-delà de l’acte physique

à conserver quelque blanche émotion

sur son col de cygne, parviendrai-je ?

286


II

L’air l’envole dans ses nuées

L’élan physique entoure sa chair rose,

alourdit ses bras, s’empare de sa taille

On dispose de ses rondeurs,

s’éprend de ses hanches

Les murs, la tapisserie suintent de cette odeur de

plaisir, de désir, de muqueuses parfumées

dont les femmes sont capables

à l’orée et dans les profondeurs de leur chair

Elle resserre doucement

ses jambes, elle transforme les couleurs de la nuit

Je remplis son vide de fille évanouie

épanouie

dans l’hymne de l’orgasme

Je lui invente des ailes, elle déplace ma perspective

d’idéale endormie

Je me nourris de ses soupirs

et meurs lentement sous son regard.

287


La gloire

Je te laisse inconnu et oublié des hommes

À moitié dans l’échec à moitié dans la gloire,

Dans la gloire de toi-même, poète prétentieux

Qui n’a pas su pourtant convaincre ou charmer l’autre

Demeure au plus profond de ton caveau étroit

Éloigne-toi toujours de ce ciel indécis

Que tu as vu briller et qui s’est obscurci

Quand tu as désiré le prendre ou l’embrasser

Cet infini sans bornes te cerne et te limite

A n’adorer que toi dans ton imaginaire

Je te laisse insensé chevaucher tes murailles

D’images et de papier, de rêves enfouis,

Te permet d’accéder à la gloire irréelle

Que tes frères avant toi ont prétendu atteindre

288


Sagesse

Produisez autant de poèmes que vous pourrez

Ayez soin de votre ambition, tourmentez-vous

Accélérez le mécanisme de votre crédit

Soyez zélés pour autrui

Tous les poètes sont fous

Considérant leur propre valeur

Préparez-vous à votre sort funèbre

Dès la vingtième année de votre génie

Démontrez l’effort de votre intelligence,

Prouvez, argumentez,

Et vous irez bienheureux

Dans la tombe de votre misère

Quelle œuvre sublime pensée par vos mains !

On vous nommera, vous passerez - cela est certain

Les têtes blondes s’instruiront dans vos textes

L’éducation nationale vous fera une place de choix

Et cette statue sur la grande place,

C’est vous peut-être !

289


À moins que craignant votre Seigneur

Et vous sachant fourmi parmi les fourmis

Vous quémandiez le pardon et la miséricorde

Trop heureux de sauver votre vie ! ...

290


I

Obligation de l’homme : entre choisir

D’accomplir une vie humaine, charnelle

Remplie d’excréments, de femmes et d’enfants,

Et choisir l’hostie, l’élévation spirituelle,

La sortie hors du corps, le Christ, les Dieux

Donc : choisir et choisir

Pour quelle pureté, pour quelles ténèbres ?

Et renoncer à l’un pour jouir de l’autre

Ou se prévaloir d’accomplir, de maîtriser

Les deux règnes opposés.

Et quand l’heure de la mort tourmente l’âme

La femme, l’enfant, l’excrément disparaissent

Mais nul orgueil, nulle gloriole

Dans la demeure du ciel.

291


II

Tanguer entre ces extrêmes.

L’homme suppose, pense, suggère

Soleil, femmes, enfants,

Se mêlent, s’engendrent, se reproduisent

La nuit pénètre le jour

Le corps s’exalte quand l’esprit est en feu

C’est de la vie pour de la mort

C’est l’éternel élan

Pour les générations qui se succèdent

Tels sont les mouvements

Qui agitent l’espèce humaine.

292


L’amende honorable

Combien de littéraires zélés appartenant

À une génération de savants, de sachants,

D’experts en quotidien sont aujourd’hui tombés

Dans l’oubli le plus total ! Ils appartenaient

À des comités, à des revues, ils étaient édités

Eux-mêmes, leurs références étaient certitude.

Certains licenciés, d’autres agrégés connaissaient

Sur le doigt le latin et le grec, ils faisaient

Autorités. Ils ont ballotté de grandes choses sur le

Bout de leur langue, raillant certains, en méprisant

D’autres. Que reste-t-il de ces messieurs ? Où sont-ils ?

Sont-ils au ciel sur le banc des lecteurs ?

Ont-ils disparu comme de vieux grimoires à effacer !

N’ai-je pas blâmé à mon tour lorsque j’étais jeune,

Refusant de comprendre l’autre avec sa différence,

N’ayant nulle lucidité pour juger je critiquai toutefois ?

Que cette stupide injustice rende mon avenir meilleur,

J’ai fait amende honorable, espérant un futur, espérant.

293


Pensé autrement

C’est pensé autrement avec Syracuse

Vous n’y êtes pas c’est la manière c’est Deguy

C’est cause on prend la pente on glisse

Ses Naïades, ses sirènes en feu, la flamme

Transparente auréolée le temps de tourner

Au coin de la rue c’est le bon sens - n’est-ce pas ?

Je te congédie, cherche ailleurs cette espèce de souk

Fidèle à la modernité boutiques de luxe, de sexe

Encore pour les hommes à l’affût chair affamée

C’est conçu avec pertes avec Éléonore

Avec l’église le linge du Christ

J’ai besoin d’un endroit les agences de location

Pourtant, fidélité au passé, aux antiques

Que veut dire ce sonnet est-ce un sonnet ?

294


C’est elle

Sa beauté l’éternise

Son buste est une idole le plus près ma langue

pour lécher ses perles de sueurs le visage s’éclaire

en certitude de déesse

J’exploite encore l’image grecque ou romaine

le corps classique ses courbes sa tunique

C’est elle

295


Les frères vagabonds

Je sais leurs chevaux vagabonder dans les airs cristallins,

enveloppant de bruits sourds, leur éternelle renommée

apparaissant dans l’ombre du crépuscule,

surgissant dans l’éveil d’une aube sublimée

Ils sont le vent qu’ils inspirent, qui les inspirent

Ils transforment la nuit lourde en certitude de lumière

Certains s’évanouissent en gémissant,

d’autres soupirent et construisent d’étonnants nuages mouvants,

constamment renouvelés

Leurs élucubrations sont Vanité, Orgueil,

Gloire de soi et Rêves d’un éternel désir

O mon amour constamment cherchée, ma tête sur ta poitrine,

laisse reposer ma chevelure lourde de poèmes imaginés.

Je nourris l’heure solitaire d’exploits stupides

et regagnerai plus tard

l’antre absolu de mes frères vagabonds

296


Te lire dans la glace

Contre la puissance la pensée récidivait, insistait la vision satellitaire

emmurant un poète sylphe stupide s’essayant à des airs très anciens aux pieds

de soi-même esclave et maître critiquant, supposant enfin ! production

insignifiante l’échelle des valeurs changeait la certitude se désarticulait

Dieu l’Esprit la Vérité l’intelligence la Pléiade l’imitation

l’apprentissage le travail l’abondance la construction

l’œuvre

La femme le sexe la femme le sexe

Vitesse hallucinante couche mésentente

possibilités de luxe, de pauvreté, de rien

As-tu une seule fois pensé à te lire dans la glace ?

297


Chanson

Je ne me crois pas

Je ne me vois pas

Et j’ai oublié

Ce que je serai

À quoi ai-je passé

Mon éternité ?

À espérer

Ce qu’il m’avait promis

Ce qui m’aurait dû être conquis

298


- Qu’est-ce que rater en poésie ?

- C’est se figurer être quelque chose et n’être rien en vérité.

*

Qui étais-tu ?

Pour qui te prenais-tu ?

Que t’ont-ils dit ?

Pourquoi ne les avoir pas crus ?

Je ne pouvais pas

Je n’existais pas

Je ne te crois pas

L’histoire de tout ça,

Te reviendra

J’ai besoin de rien

Besoin d’être un saint

Un peu d’eau et de vin

Un peu d’eau et de pain

Reviens, reviens

299


Qu’est-ce écrire ?

Le poème insiste, s’arrache, veut s’extirper de ce dédale verbeux et sirupeux, il

s’active et prétend s’extraire de ce labyrinthe de l’intelligence où la créativité loin

d’être une fille splendide de l’esprit, n’est qu’une marâtre détestable et méchante

inapte à offrir les fruits sacrés du sublime...

On pénètre au-dedans pour aller au dehors. Par quel chemin ? Quelle voie ? Qui a

bien pu laisser quelques traces à suivre ? Sont-ce des encombrements, des surcharges

de l’aptitude de l’autre, de vulgaires réminiscences...

Ces désirs verbeux, ces blancs insipides entre les fragments disparates, ces silences

de ponctuation participent à l’élaboration d’un discours final ! Il y a donc intensité,

vivacité, éléments de nerfs.

S’assurer un passage, avancer çà et là, jalonner des endroits qui ont été sélectionnés

par l’intéressé. Avancer dans du rien plutôt que dans un espace, est-ce cela écrire ?

300


Il avance

Son étendue

Sa verticale

lui de biais

Pensant Descartes Pascal

Raison et sagesse de l’Esprit France

Saupoudrant cette certitude d’images, de doutes,

Il épouse une nymphe bleue

Va sur le Net

oscille entre le Français, l’Anglais et l’Espagnol

s’encombre d’une multitude de programmes

de Pléiades

C’est certain : il avance

Vibrant dans une constellation de mots

s’acclamant fabriquant un suffrage unitaire

se prétendant,...

il travaille en pur amateur sa pyrite ridicule, se fait pousser des ailes

Victoire sur soi-même

aptitude insignifiante toutefois

301


Crainte

Notre nature possède-t-elle encore quelque utilité ? Sans doute pas.

Ce buissonnement d’idées débouchera-t-il sur un ensemble cohérent pour autrui ?

L’étrange fabrication d’images avec des mots laisse le public coi, médusé

et indifférent.

Que faire ?

302


La perle froissée

Désireux de pénétrer cette inconnue

D’accéder au miroir de la mort

Au plus loin, dans la nuit, au -

Ton évidence, telle, si.

Encore, inspire-moi dans la perle froissée

Décline, sois la certitude faible

Souffle le sang, dépeins le mensonge

Ose la poussée vers l’au-delà

La mort est au ralenti de sa com

préhension. Le tunnel noir t’aspire

Vers la nuit tu exhales le suicide

Veiné de quelques alvéoles, auréoles de grâce

Creuse le précipice, pactise avec la jeunesse

La vérité est d’accéder à un futur

Mesure-toi, meurs

S’évanouir dans l’effacement

Suivre en symbiose la propagation

303


De son image, de ses vibrations

De peu à moi, à peu - à rien ?

304


1

SU :

pensée inerte - mélange, pieds, lourdeur,

accumulation de fausses vérités

de certitudes douteuses

au plus loin dans cette chose

combinant toujours

avec explications

on ne sait pourquoi

puis ton visage de beauté blême

et j’en cesse avec ma tâche

2

Les erratiques sauts d’humeur

compressant la pensée

lui infligeant d’exploser

qui y a-t-il à extraire - y a-t-il ?

(étonnante cage de résonance

305


où le Moi tremble pour l’Autre)

puis le retour stable

3

Ceci n’est pas obscur

c’est du côté de la glace

probable - sûr - en pensées poursuivies

esquissant le lointain

établissant des faisceaux de grâce

à suivre - la ligne modulée

avec effets de danseuse en fuite de mouvements

décide ce qui doit être

4

Impossibilité d’accéder

à une sensibilité extrême

Je pénètre dans des espaces sombres

et je ne puis m’orienter

Quel espoir de revenir en arrière ?

Y a-t-il une issue réelle ?

306


5

Pénétrer sa propre absurdité

c’est la nécessité d’aller au-dedans

avec contradictions, luttes, fluctuations,

rejeter son pire, aller vers son meilleur

- Quoique... le pire est parfois exploitable

de New York à Londres,

de Paris à Tokyo

et vivre, voyager, extirper, prendre,

toujours en soi, le moi-je

Oui, oscillations, giclées et petites trouées

ci

ti

os la ons

donc des actions avec sels et amertumes,

vieillissements et rides, mais que faire ?

307


6

Avec ses Ups avec ses Dows

avec ses Rises et ses espoirs

ne serait-ce qu’une réplique ?

n’y a-t-il pas progression ?

Répé titi vité répé

pourquoi pas, plus ? mieux, autrement ?

- car vous n’en êtes pas capable, me dit-on, prétend-on !

308


a

Avec ton nom qu’ils ne connaissent pas

qu’ils n’ont pas à connaître, qu’ils ne connaîtront jamais,

ton nom qui n’intéresse personne

Toi tu as essayé de te faire grossir,

tu as grossi, mais l’autre, les poètes, le public,

t’ont constamment prétendu invisible

Tu as offert tes loupes, ils ont fermé les yeux

Ce n’était pas de la haine, c’était de l’indifférence

pour quelque chose qui leur semblait inutile

b

Agite-toi, poète,

Fais valser ces pensantes d’idées

ces possibilités douteuses ou insignifiantes qui doivent

par la magie de l’écriture produire un texte.

309


Exploite ces souffles chauds venus de l’intérieur,

ces nouvelles qui semblent flotter dans l’espace de l’imaginaire

c

Sera-ce, pourquoi, est-ce encore

la filandreuse tirade de l’interdit

avec cuivres, cymbales et excès

qui remonte vers le non-sens de l’écriture

je parfume légèrement mes cadavres de poètes

dans ce charnier j’extrais ma mixture

Je vais de moi à moi, cultivé, sans nudité

Jamais je ne serai ta pensée pure

310


*

Par Aragon

Je suis assis au bord du sable

Chantant la mort et ses baisers

Je vois dans le ciel embrasé

Le vil portrait reconnaissable

De l’avenir couleur de fable

Je suis assis au bord du vent

J’entends, j’entends le bruit des ailes

De longs soupirs me parlant d’Elle

D’Elle en orages et dérivant

Nuages clairs en se courbant

Je suis assis au bord des mers

Et les murmures des naufragés

Semblent monter ou vont plonger

Au plus profond des gouffres amers

Les vrais amants s’y sont jetés

311


Je suis assis au bord du temps

Qui bat qui bat qui bat bien vite

Veut-il vraiment que tu me quittes

Mon coeur est rouge et palpitant

Je pense à toi à tout instant

312


Le couple d’ennemis

Je suis l’ennemi de tes écrits, le bel indifférent, je détruis ce que tu prétends gain,

je méprise ce que tu t’es évertué à développer. Je suis ton mal poétique, ta critique

extrême, j’assassine, j’exécute, je détruis. Combien de fois t’ai-je tué ? Depuis trop

longtemps, je te dis : non. J’arrête ton bras, je rends stérile ta substance, j’assèche, je

souffle l’aridité et je t’espère silencieux.

L’un et l’autre - toi avec moi.

Avançons !

*

Accroché à cette merveille, aspirant son essence, beauté glissante sur le dédale de

la ville

A qui pouvions-nous offrir quelque faveur ?

313


TRUST - COZ !

À partir d’un certain chiffre

Tout le monde écoute

T’as beau te dire : combien ça coûte

Ce tas d’ pognon, tu t’en empiffres

J’achète des femmes pour mon harem

Je vends des drames où j’ dis je t’aime

Le monde entier a b’soin d’argent

Y’a qu’à s’ baisser évidemment

Alors je pense à m’enrichir

On se fait chier pour s’enrichir

Pour s’enrichir ça sert à quoi

A pisser dans des chiottes nickel

C’est mon confort chez Isabelle

J’ai des idées de temps en temps

Et je les vends au plus offrant

Le plus offrant me les rachète

Échange-échange ou bien racket !

314


À partir d’un certain risque

La vie est démence

Et la mort te confisque

Ton droit à l’existence

De la vie à la mort

Tu en veux et tu mords

De la vie à la mort

Es-tu en vie tu es mort

Je suis bien né pour travailler

Et je travaille pour m’enrichir

Pour m’enrichir y’a ça qui aille

L’argent l’argent j’veux du travail

315


Ton visage

Ton visage blanc et blême,

ton visage transparent

ton invisible démarche,

car tu n’existes pas - tu es mort.

L’insuffisance

Il n’est pas besoin d’un lecteur, d’un comité

d’un éditeur, il est besoin d’une feuille pure et simple

sur laquelle je produirai ma destinée

Je dois aller outre mon insuffisance

pour y extraire la vérité intérieure

Je regarde ton visage dans mon miroir

Je pense noir sur du blanc - il n’ y a

nulle difficulté, seulement de la faiblesse

avec cet alphabet

C’est un dessin à exécuter

316


I

Reposent

insensées

encensées

dans les stances de la mémoire

se nourrissent du silence

Et quelles, elles ?

oubliées dans le puits du Moi

Agitées dans l’ombre

qui feront quelques particules dorées

à rapprocher de tes yeux

comme larme sèche

irisée de mots et d’effets

317


II

L’impubliable

de toi à moi

tourbillonne mon front

constellé de sueurs

Tout est pour l’intérieur

nul n’est lecteur, qu’importe !

318


Tranche de vie / Tranche de haine

Il ne reste que la crasse

Sors du lycée

Avant qu’on te lynche

Il faut que tu te casses...

... Casses pour apprendre à travailler

Cherche un boulot

Vainqueur, gagnant,

Puissant et fort

Dur à l’amour, fort à l’effort

Nulle promesse, nul espoir

Si l’on veut te haïr

Ca va saigner

De blues, de rock, de cafard

Ca va pleurer

Fallait pas te trahir

319


Tu vas gagner

Il te reste la petite

Qu’il faut éduquer

Pas comme ton père,

À coups de triques

Mais avec des baisers

Et il te reste Isabelle

T’as toujours besoin d’elle

Pour lécher pour aimer

Pour prendre et t’envoler

T’envoler avec ailes

Et ne plus retomber

320


Brusquement surgit

Brusquement surgit dans le ciel constellé.

Un flot de mots déverse sa substance.

Mon toit ! Quelque chose de confus, - embarras

Mélange qui provient du passé

J’exulte, me tords, me courbe, reçois

D’un au-delà imaginé une essence supérieure.

Je perçois derrière cet impossible vrai

Des solutions nouvelles qui se proposent,

Dont je dispose, j’entrouvre la rose etc.

... Qui donc se réjouira de ces poudreux pétales

Amorphes, vivants, colorés, flottant dans

L’air de cet espace, voltigeant, tourbillonnant

Pour un idéal rêvé et utopique, pour

La magie poétique à lire, à évoquer ?

321


322


L’insignifiance du don

Tu te déplaces à travers ta propre vérité.

Prétends posséder une réelle certitude. Ton but

Est de parvenir à comprendre un peu mieux

Ce qui se passe en toi, et ce que tu produis.

Un flamboiement confus délire dans le soir.

Mais bientôt au levant surgit et se dilate

Une lune d’affront, d’opprobre et d’écarlate,

Écrit Borges à la mémoire de Quevedo.

Tu regardes ta vie dans ton triste miroir.

Levant les yeux très haut, tu imploses l’Immortel

Qui n’entend et ne veut te concéder d’aumône.

Le soir tombe, te voilà tête basse cherchant

Encore quelques possibilités d’écriture poétique,

Tu comprends enfin l’insignifiance de ton don.

323


Le vrai sens

Les pensées chaudes de la nuit, les cendres d’hier

S’envolent dans le tourbillon du matin. Le front

Rouge de sueurs et de sang coagulés, l’espoir

Disparu, enfin dans les méandres de l’amertume.

Je perds pieds, chancelle et tombe enfin.

C’est bien un marais fangeux, livide et infecté

De noires créatures qui tout à coup surgissent

M’assaillent, me persécutent, encore ! C’est ça :

Ma fin désastreuse, détestable, ridicule, - la mort

Les insultes, les rejets et la honte. Je suis

Prêt à mourir, à recevoir les haleines, les lances,

La bataille, la vengeance, moi qui n’ai pu

Découvrir le vrai sens de ma vie, qui n’ai pu

Accéder au suprême intérieur jamais conquis.

324


1

L’insoupçonné, la variation sensitive

Le Moi tenant à Lui

La fragilité décomposée

en substances aléatoires

comme un cristal qui se crispe, qui cède

à l’élan

au souffle d’air

quand s’agite l’âme

quand vibre sa certitude

le front en sueurs invisible

2

Nul effet ici

pénétrer pour l’intérieur

à l’ombre des yeux

accéder au vide parfait

enfouie par l’unité du langage

325


la lettre cherche à se déployer

dans des fonds bizarres, hétéroclites,

non c’est du rien

s’y accumulent des ruines

le magma nécessaire à tout acte créatif,

puis, l’explosion !

3

Substances

inouïes

la feuille délétère,

légère

puis la trace d’encre

le silence du poète,

aller percer l’invisible,

l’indiscernable,

et pour quels satisfecit ?

encore enfouies dans le néant de l’écriture

l’imperceptible battement d’aile,....effacé

326


la couleur fascinante du mot,

le sens, l’envie

le déplacement

4

Au profond clair. Descendre encore

accroché à une chevelure de femme. Y frotter

des fragments d’étoiles. Filer le long de

la tresse pour y chercher un idéal, un interdit,

un autrement. Se saisir de signes, figurer l’image,

la soupçonner.

L’impossible est à déplacer

L’inconcevable ne peut plus même être pensé,

par le concept de l’imaginaire.

327


Ta Phèdre

Avec colère, avec violence, avec volonté

D’aller outre, de gagner, de l’emporter,

D’extraire des potentialités intellectuelles ou

Artistiques - à chacun sa mamelle ! - toi,

Tu meurs soulevant encore des apothéoses inconnues,

Nues de gloire dans ce désert tragique d’oublis !

Tu te perds dans des tourbillons d’amertumes, de sucs acides

Ou gras de certitudes comme un bourgeois à la panse

Écarlate ; tu comprends l’ultime décennie que

Tu n’as pas su perpétuer le miracle d’autrefois,

Tu agonises dans le néant de ta propre merde

Satisfait et repu, conscient, tricheur - trichant

La suppliant encore, ta Phèdre en porte-jarretelles

Incapable de faire bander ton lecteur éventuel.

328


La même résonance

Rien qu’une répétition détestable d’hier.

La même résonance, une possibilité qui ne m’appartient pas,

Que j’emprunte, que je vole à autrui.

Nulle invention, nulle création. Je m’accompagne

et espère aller autrement. Une tentative indéfinissable

dans une zone poussiéreuse à la durée tenace. Lui,

lui, il court, il s’exalte, retrouve une sorte

de nouvelle jeunesse, mais qu’obtient-il en vérité ?

Un instant de bravoure, un éclair d’écriture.

Et la certitude du peu, du Néant en soi-même.

329


Sur l’horloge qui fuit

Vers l’oubli éternel, mais que méritais-tu ?

Quelque gloire artistique de pan auréolé ?

Ta pensée prophétique s’éteint dans ton manoir,

La lune te sourit, la chevelure est blonde...

Non, ne regrette pas cet échec poétique.

Cette folle conscience aura su engendrer

Dans ton imaginaire de purs élans jouissifs.

Il y avait des glaces, des corridors, des sexes

De femmes, de l’abondance de chair, de la pensée.

Tu poussais une porte, elle se refermait

Constamment derrière toi ; tu volais, t’étirais

Sur l’aile du Néant espérant la Splendeur

Ou la beauté antique. Te voilà dépourvu,

Le rimailleur comique sur l’horloge qui fut !

330


Je m’abolis en toi

Les premières ténèbres de la vie - la certitude

Dans la conscience - le drame associé au tragique,

Je comprends - lucidité exceptionnelle de vé-

Rités - je m’attends au pire, sachant. Il faut

M’accabler, car ce passé dans ces pensées cycliques

Éternelles de retour - me dicte la raison,...

Quoi ? réellement ? L’histoire quotidienne du peu

Oui, un jour ou l’autre qui m’extrait, m’expulse de mon

Sort, - que je puisse effacer de ma mémoire

Car le temps est une aide, je vais vers l’oubli.

C’est à vous, c’est à toi aussi - pour l’envolée, est-ce

Possible ? - Je dois abolir cette vérité, a !

Ma chair, mon corps, mon visage et la charité

Effaçant le geste - je m’abolis en toi.

331


Le voile discret et la pudeur

Le clair fini dans l’imperceptible silence,

Le rêve élevé, inaccessible à l’âme.

Je perçois avec Toi dans cette permanence intime,

Je capte l’instant usuel espérant obtenir quelque écriture nouvelle.

Il est une pénombre pour que cet entretien épouse le voile discret de la pudeur.

La pensée est frôlée doucement, caressée et s’évade comme un parfum délétère

pour capter un souvenir bleu, insignifiant,

symbole effacé, mystérieux paysage invisible

de désir poétique.

332


L’homme

Le marbre, il n’en que faire ! La gloire ?

Sa vérité est ailleurs dans les bras du Fils. C’est

L’effort intellectuel qui conduit à la science,

L’assiduité à la tâche qui élève quelque peu

L’âme primaire, l’esprit amer de sa condition.

Homme, dans son tumulte et dans les fastes de

L’entreprise cérébrale, qui va cherchant, se

Répondant pour un écho perturbateur de conscience

Basse ; homme, au service de soi-même, témoin

De son aptitude, désireux de se mieux faire,

Dans la lumière et dans l’horreur de la certitude ;

Encor à se détruire, à se chérir, l’éternel

Combat, et cette continuité sans repentir,

Sans honte, excluant le péché. Les cieux rougis

De l’intérieur pour quelque clarté tamisée, les rais

De mars, les rayons de juillet, - quelle aube ?

333


Puis oublier pour injecter, intégrer de la matière

Nouvelle, éviter les redites sénilisantes,

Travailler dans l’abstrait, l’insignifiant, - ainsi.

La montée de l’homme, sa chute, ses os, sa fin,

Son néant ou sa splendide lumière future.

334


L.A.E.T.I.T.I.A.

Le hasard, non la certitude, le choix,

La loi précise des mots balancés, pesés

Avec le je doute, je fais la moue, je prends,

Je jette.

Tu y parviens... fort mal. Tu

Ca y est - c’est presque - difficile ? Paf !

Facil - Lucile - Hé ! Ouais, l’alexandrin...

Trash, Métal, Hard, tape sur le rock,

Frock, Franck, violence avec lasers d’or

Comme flammes étonnantes dans les zébrures de la

Rébellion, de l’autrement, du nouveau peut-être ?

On se coltine des roses, des parfums aériens, des

Orgasmes d’une poétesse scabreuse, inassouvie

A la jouissance étonnante - oui, moi dans l’essentiel

De l’écriture.... cherchant encore et ainsi de suite.

335


Vouloir constamment extirper le mal qui

Revient sans cesse en soi, que l’on produit

Avec sa propre substance détestable, impure,

Allumer de ses yeux l’incendie de chair

Fulminer en passions torrides - Atteindre

La limite extrême de l’impossible à écrire.

Enfin, le croire ! Ainsi du rouge, du noir,

Du blanc comme des plaques clouées sur le mur

De la vie, puis se faire dévorer par la mort qui terrorise

Mouvements de l’existence

336


La mort du Quidam

La finalité est ignorée, l’esprit se forme encore

Par cette volonté, par cet effort recommencés.

C’est la nuit tragique - au plus profond - il

Discerne mal, il pénètre, descend - qu’assemble-

T-il dans l’air brumeux ? Qu’est-ce ? L’idéal

Peut-être ? Soi ? Alors ?

Le sang - la tombe - vers la croix - les douze pieds,

Et : en terre ! Vieux granit, sans miroir, sans retour,

Sans rappel, - l’immense oubli - quelle âme ?

Quelle ? Je l’ignore -

Mais c’était quoi ? - Se connaître ? L’outil était-il

Satisfaisant, apte ? Car la science, le chiffre, la technique

Appliquée, - mais enfin, - cela n’était que peu complexe ?

C’est mieux sans doute que de mourir Quidam.

337


L’insatisfait

La pensée extraite, extirpée de la raison, que

Vaut-elle réellement ? Est-ce de la piètre

Poussière cérébrale inapte à rivaliser avec la

Substance philosophique, ne contenant aucune

Proposition utile ou intéressante ?

L’insupportable réalité poétique du médiocre, de

L’insignifiant. - Oui, ses regards interrogatifs

Tournés vers l’intérieur essaient de savoir,

De prétendre ! ...

Il cherche, il renvoie dans sa nuit.

Que renferment ces possibles ? Quelles méthodes,

Systèmes, mécanismes mentaux ?

Dans le lointain, la mutation, le dérivé

Des formations, l’acte prime, la consolidation,

La condensation, que sais-je ? Que puis-je ?

Et lui avec ses défauts, ses craintes, ses objectifs

Qui n’a pu s’assouvir, se satisfaire.

338


La pacotille

Le vol, l’injustice, la médiocrité, cette lamentable

Obtention d’un résultat poétique inférieur à un niveau

Scientifique, incapable de rivaliser, fort en dessous

Et c’est cette certitude qui constamment m’accompagne,

Cette vérité interdite à dire, qui vexe les poètes,

Parce que etc.

Et Moi, Moi avec la Vérité de l’insignifiant,

De la petitesse de pacotille,

Dans la crainte de la technique, de sa croissance

Exceptionnelle,

Moi, sachant l’exponentiel, en lisant les productions

Poétiques, les déterminant de valeur moindre

ou, effrayé, craignant, travaillant dans le secteur

De la chiure, essayant de compenser par la quantité

L’insignifiance de l’acte, me voyant péon sur

Une terre inculte, fade, ridicule,

Accompagné de gens sans compétence, des amateurs

De fin de semaine

339


Mais taisez-vous, tais-toi, ne dis rien.

Il faut poursuivre ainsi avec la conscience, la vérité

Et le 2 + 2 = 4 à côté de soi

Ils vont te rejeter. Non, c’est toi qui partiras,

Car tu as compris, tu sais... et c’est la honte.

Exact.

340


La rame

Sur la berge de l’ancienne lenteur, je ne sais rien

De leur façon, de leurs méthodes, de leur rigueur,

Je ne puis aller bien loin. Et cela paraît si faible.

Ma tête constamment cherche le signe,

Veut abolir la forme stérile et prétend

Accéder au mystère. Je persiste dans la nuit.

La tâche terminée, je recouvre le tout d’oubli.

De cet effort, je jette la souvenance

Car je prétends que le résultat est insignifiant.

Ce n’était que cela. Pourtant je prétendais pouvoir

Faire mieux ! J’avance et de chaque côté le

Désert avec cette volonté mystique d’avancer

Toutefois.

341


Volonté du progrès

Rien, seulement la conscience de sa médiocrité et la volonté utopique de vouloir

s’en sortir, comme pour accéder à quelque chose de meilleur. Vouloir plus et mieux,

car l’intelligence prétend être capable.

Rien qu’une suite insignifiante de propos qui n’intéressera personne. Mais

comment faire ? Comment ajouter sur soi, et s’estimer à une valeur autre ?

Pourquoi suis-je dans la nuit à comprendre, à vouloir paraître plus ? Jusqu’où ira

cet arrivisme de soi-même ? Pourquoi cet élan, cet effort de l’esprit ?

N’est-ce point détestable de constamment lutter avec soi-même, et de tenter de

pénétrer la potentialité de l’esprit ? Je crois peut-être que l’immense réserve de

richesse s’y trouve ? Que le lieu de production de la valeur ajoutée se situe dans le

crâne ?

Nul ne sut mieux exprimer que lui les souffrances de l’âme, les horribles

déchirements de l’esprit.

Il implore, explique, démontre, qui l’entend ? Il hurle dans sa tour d’ivoire,

méprisé, ignoré.

342


Les espaces d’écriture

Remplir le vide, noircir le blanc

Pour la pression interne

Assouvir sa force, exciter sa raison

Quand il suscite de l’action

Il pénètre des espaces d’écriture

On le prétend rassasié,

Il se nourrit encore

Dans la dimension de l’homme

Avec son temporel, que

Représente sa forme délétère ?

Fixant sa pensée avec la cendre

De ses idées, il pénètre l’inconnu

Au lointain de l’être, en soi

Par la saveur du poème à naître

343


La pensée

Elle s’élargit enfin

Dans l’espace intérieur

Elle déplace la frontière

Elle prétend savoir

Elle pousse l’inconscient

Se fortifie sur l’intuition

Active l’imperceptible

Elle est dans la durée,

Dans l’espace-temps donné à tous

Elle arrange des éléments

Préexistants, elle les modifie

A volonté et produit autre chose

Pour la spiritualité

L’intelligence, la création, etc.

Est-ce travail habituel de la pensée ?

344


Pénétrer encore

Il y a une sorte de fond

Que l’on essaie de pénétrer encore,

Plus loin, plus loin comme une extase

Sexuelle, - il faut pousser

Dans la raison, l’audace et le risque

Il y faut du travail, du travail d’homme

L’on croit apercevoir un espace autre

Le pénétrer n’est pas s’en satisfaire

Il y a toujours déception, volonté

Autre, décision nouvelle, soi

En vérité

345


Construire un homme

Rien ne permettra de l’extraire, de la faire venir,

De combiner les mots, de les rendre actifs

Les uns avec les autres. Non. Pas d’inspiration.

Donc. Autre chose. Construis un homme. De l’intérieur.

Comment se faire et avoir raison ? Est-ce méthode

Intellectuelle, pénétration scientifique ? Qu’est-ce ?

Peut-on amasser toute la science ? Accéder à

L’unification du savoir pour en tirer la vérité ?

Comprendre l’au-delà, apprendre à se sauver.

La connaissance humaine et ridicule. L’on peut comparer

Les fourmis. C’est : conclusions ?

Connaître la vie, philosopher, généraliser,

Synthétiser, réfléchir, pénétrer plus encore

346


La zébrée

Fulgurante et docile,

Obéissante et douce,

Dans les tremblements de l’imperceptible,

Dans les bruissements aléatoires de la raison.

Je te donne vie, avec obscurité, avec

Sensibilité - avec conscience et vérité.

Toi, stérile devenue femme par mon vouloir,

Je te mêle et t’emmêle dans le mystère

Et le silence. Je t’imprègne de sueurs,

Tu accèdes à mon espace qui n’est point créatif.

Vitesse, accélération et je t’emporte, toi l’inconnue

La presque-rien, l’inexistante, je produis de l’élan, je te conçois dans le Moi.

Immense, les pieds sonores, contemplant les splendeurs

D’autrefois, dans ma voûte, tu me suis,

Légère et fugace avec effleurement.

Tu es, tu n’es pas, je te fais disparaître,

T’efface, j’efface tes traces,

347


Je mémorise tes rumeurs, - toi

Pour quelle utilité à présent ? - Rien

Donc te revoilà :

Fulgurante et docile,

Obéissante et douce,

Dans les tremblements de l’imperceptible,

Dans les bruissements aléatoires de la raison.

Je referme les portes de ma conscience,

Plus personne ne peut y entrer.

348


Suite

La douleur me pénètre, je perds mon temps, j’espère qu’elle cessera, j’arrache des

larmes acides.

À l’extérieur, nul ne sait, nul ne croit - : cela est affaire poétique de pleurnicheries

et de jérémiades.

ciel.

Je me sens crucifié au milieu de cette forêt d’épines. J’écoute la grande muette, le

Je répands cette chaux vive sur mon corps pour faire disparaître mes restes, et ma

semence s’en retourne dans mon néant.

L’écorce des arbres saigne, j’y inscris mes fragments. Je fais germer de

l’amertume.

Triste et honteux comme un enfant, j’attends l’aumône divine, la conscience du

ciel, le remboursement.

C’est le vide en soi-même, la perte, l’insignifiance, la médiocrité. C’est l’habituelle

vérité qui amène la certitude.

349


Tout est perdu. On ne récupérera pas son devoir. La forêt d’épines m’aura crucifié.

On s’en retournera dans sa honte de sa misère poétique.

Un espoir ? Non. Nulle apparition, nul au-delà pour aider ou compenser. Il faut

indemniser. Qui ? Comment ?

Entends hurler le cri de l’impuissance ! Transcender mon aptitude. Permets-moi

d’atteindre... le gibet du maudit. Ha aaaa !

Et pour quel Chrême ? Quelle foudre irradiant mon espace intérieur ?

350


D’après J.P. Sartre

Une idée fondamentale de la phénoménologie

de Husserl : l’intentionnalité

L’Esprit-Araignée attire les choses dans sa toile,

Les mastique, les couvre de sa bave blanche,

Lentement les déglutit et les réduit à sa propre

Substance.

Il y a l’aliment avalé, les choses perçues

De loin, l’état de ma conscience, mon

Aptitude de perceptions.

Oui, nutrition, alimentation, assimilation,

J’agis, - je vais des choses aux idées

Des idées aux idées, - de l’idée à l’esprit.

Les résistances sont rongées, ainsi tout est

Assimilé, unifié, identifié, - la matière

Est pensée. Tout ce qui n’est pas esprit

Devient brouillard, ouate, filament.

351


En vérité, peut-on dissoudre toutes les choses

Dans la conscience ? Cet arbre-là

N’est pas de même nature que ma conscience,

Il ne peut entrer dans ma conscience

D’après Husserl.

La conscience et le monde sont donnés d’un seul coup.

Si je veux connaître, je m’éclate vers,

Je m’arrache, je file, j’atteins l’arbre,

Lui et moi, moi et lui, séparés toutefois.

Maintenant j’imagine une suite d’éclatements,

Je vais vers l’extérieur, dans la poussière

Sèche du monde, sur la rude terre,

Parmi les choses, monde indifférent, hostile,

Rétif.

“ Toute conscience est conscience de quelque chose ”,

D’après Husserl.

“ Être, c’est être-dans-le-monde ”

D’après Heidegger.

352


Exister comme conscience autre que soi, c’est

L’intentionnalité.

À la représentation de l’objet, j’y ajoute

Le sentiment.

Irai-je au Traité des passions ?

353


Le but

Et quelle potentialité dans le fait de vouloir ajouter

sur le monde, ce monde difficile, - complexe ?

Quelle force pour s’enfermer nuit et jour

afin d’y extraire la lumière ?

Cet élan, cette fonction, cette possibilité, cette constance de volonté, tous ces

ingrédients de ténacité atavique bretonne pour accéder à un but suprême de haute

poésie ?

Est-ce sensé ? Audacieux ? Est-ce folie d’évidence ?

Des flux, des élans, des incandescences, des phosphores de la pensée gonflent mon

espace intérieur et produisent des objets invisibles.

Des sortes de réminiscences, des résurgences explosent çà et là dans ce dédale

sirupeux. On veut déplacer la Mort en prétendant s’éterniser tout en sachant que

l’avenir est incertain.

354


Quelle horreur !

Chaque jour dans la poursuite de soi, dans l’enchaînement de l’écriture. Nulle voix

nouvelle. La fraîcheur de l’esprit, c’était hier. L’individu se veut clair, construction

épurée, simplifiée, à offrir. Non, ce n’est pas étendre sa vérité, c’est plutôt avancer

avec un matériel légèrement différent, à dériver, à combiner autrement.

Voilà pourquoi j’espère, je refuse la répétitivité de l’acte, - du moins je le

prétends, car ces solutions ne sont peut-être que d’anciennes propositions déjà

exploitées.

Je vis dans le travail. Est-ce comportement poétique ? Guère d’insouciance, de

légèreté, de rêverie. Il y a volonté, production, système ego-économique de

rentabilité. Quelle horreur !

355


Poussière

Te voilà devenue une armoire bien pleine !

Tu n’étais hier encore qu’un petit tas de feuilles...

Oui, déjà vingt années ont fondu comme neige,

Et tu prétends écrire dans ton attente vaine.

Ton espérance a fui de te voir édité.

Constamment refusé, méprisé par autrui,

Tu retournes en toi-même dans ton pur labyrinthe.

C’est ici que s’achève l’utopie d’un destin,

Et ton ombre oubliée s’efface comme une trace.

Voilà pourquoi tu es un instant dans le temps,

Une poussière d’homme scrutant l’éternité.

De ton insignifiance nul ne se souviendra.

Tu seras un squelette au fond du cimetière

À moins qu’un peu plus haut Dieu ait songé à toi.

356


Laver l’impur

Une sublimation élevée s’offre dans la nuit et tente çà et là quelque lumière

fugace...

Le poète s’accuse, se reproche encore de répéter son ancien, sans créativité, son

évolution quelconque dans cette transcendance d’hier.

Il extirpe hors de soi des expériences stupides, erronées, dépassées. Il a du moins

le privilège de laver son esprit impur.

357


Sentiment de nullité

Plus faible encore dans la médiocrité de sa conscience, dans l’insignifiance de

l’acte, avec de l’incapable, du pour-soi ridicule. Tous ces élans poétiques qui ne

servent à rien.

De la pensée élémentaire dans une vérité obscurcie et des élans stériles, inutiles. De

bien maigres mystères dans un cosmos intérieur, dérisoire.

Ou rechercher la rêveuse, l’y glisser mollement dans des effets de miroirs pour

projeter l’image. C’est ça : évoquer l’espace avec des souvenirs de chair.

Non - car la conscience resurgit, plus forte encore, réelle, destructrice, dévastatrice,

certitude de pauvreté littéraire.

Sur ces restes d’écrits, plus rien ne tressaillit. Ne survivent que des larves de vers,

d’alexandrins perdus à tout jamais.

Un sentiment de nullité m’envahit, d’insignifiance poétique, de réelle faiblesse.

Il faut m’enterrer, m’oublier, me recouvrir de terre, m’effacer moi l’incapable, moi

l’inconnu.

358


Contre-ut

Je ne sais que trembler,

trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère,

de l’impalpable, du cristal,

Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.

Je ne fais que vibrer

Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe

intellectuel. Je suis devenu une vibration

Impossible, irréelle, délétère.

J’accède à une forme

de conscience épurée, translucide, je rejette

la confusion. Je reconstruis le monde avec

des concepts autres, nouveaux, interdits.

Cette passion dévorante anime, produit de l’activité.

Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation

De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort,

Je sais pertinemment que rien ne restera.

359


Des vérités bleues

1

Ainsi pendant la nuit,

Je conçois à travers le prisme des lumières,

Et je prétends posséder. Quel pouvoir ?

Des vérités bleues, claires apparaissent,

Semblent s’étendre.

Toujours très à l’intérieur.

Descendre vite ou très lentement ?

Je refuse le silence, j’agite des idées.

Encore l’éveil, l’esprit, la conscience.

Pourquoi dormir, pourquoi ?

Je crois observer d’infimes particules

Brillent devant mes yeux.

360


2

J’avance dans la pureté, l’œil ouvert

Je perçois quelque peu la lumière

L’intelligence est en éveil - conscience...

Je vois des mots, je commets une erreur.

Je les prends, les arrache, les fais tourbillonner

La phrase se déchire, nulle pensée ne s’élève.

La pureté.

Ces lettres qui s’accumulent, s’engendrent

Que l’on déplie sur un long film

Et cette encre qui a nourri la pensée,

Pour lui faire pénétrer la matière

C’est un enchevêtrement de signes à l’infini.

On lit, on trouve cela faible,

On comprend mal comment la mémoire

Peut engendrer de telles possibilités.

Cela paraît insuffisant.

361


Un tas épais de feuilles pour mourir en hiver,

Pour oublier l’absence poétique

Dont ils n’avaient que faire.

362


1

Une certitude réelle

une conscience lumineuse, éclairée, en soi

- il n’y a pas d’erreur d’homme, il faut donc condamner cette faiblesse.

Oui, être impitoyable, et rechercher le progrès.

2

Il évoquait dans ce miroir son passé

Il contemplait la tragédie de l’existence,

la damnation des tortionnaires, le sang de la cruauté,

l’horreur de la vie.

Il finira enterré ou donné aux rapaces

comme de la charpie, comme des restes de chien puant.

3

Il détestait cette conscience

sa certitude lui était en horreur

363


son abondance était un pare-feu,

une duperie cachant la vérité

car l’ensemble était faible, inutile, illisible, etc.

364


RÉSONANCES IV

365


1

Quant au livre...

Une soie dans l’élixir du temps

S’accompagne quelque peu

De frissons diaprés

Émis par mainte bouche

D’extase et de saveurs

Plaintifs en gémissements.

Et je te sais souffrir

En douces humeurs, nue

Et contente, acclamant

Par ce jeu un élan futur.

Noyé dans l’épaisse touffe

Je titille d’un bout de

Langue rosée, le diamant

De jouissance esclaffé.

366


2

Dans la nuit décadente

Tu, désirant extraire

Quelque fiole oubliée

D’un vertige mallarméen

- T’y essayant encore

Par l’ivresse de l’essence

D’hier - prétends faire

Jaillir d’un naufrage

D’épave la chevelure

Déployée en baume rare

De fille blonde en poupe

De navire, et toi-même

Ballotté, chavirant

Dans le rêve existant.

367


3

Jamais, la solitude

À deux évidemment,

Cygne bleu et plumes d’or,

D’une gloire inconnue

Et s’admirant soi-même,

Jamais, drapeau déchiré

Linge doré consacrant

Sa gloriole pour autrui

Fugace inutilité de

Poète stupide, il reste

Toi, jubilation de chair

D’orgasmes, - je plaide

Le nom de génie, tu le crois

N’est-ce pas, douce Irène ?

368


4

Tonnèrement entendu

De la prière explosive

Éclatant là-haut en

Hurlements avec furie

Et violence, - enfin

Le silence sur l’écho

De paix pour produire,

Extraire et tirer, et je

Fais jaillir l’orgasme

Poétique d’un pur sanglot

Pour déchirer le ciel

D’une plainte jouissive

Espérant l’écriture.

369


5

Car il se tire ailleurs

N’ayant pas sur leur plaine

Cela me va hormis l’y taire

Et m’exprimer quelque peu

Refusant la structure d’obus

Issance, du trois fois rien

À tirer, mes élans me lancent

Vers l’écrivain à statufier.

Ni invasion, ni menace

Ni tranchée pour se battre

Mais en soi-même évidemment

Avec vierge à la braguette

Toi adorable Kate

Ma chair et mon tourment.

370


6

Mon médiocre essai

Ne saurait, s’il vous plaît,

Atteindre les hauteurs

De vos subtiles essences.

Même en ronds de fumée,

Transports de la pensée,

Ma vile décadence

Ne peut être humée.

Par la cendre envolée

Le piètre insignifiant

En sa littérature

Qui jamais ne rature

Ici-bas en exil

Demain volera-t-il ?

371


7

Explose en ramier de couleurs

L’élan inventif et tel

Qui n’ayant su peindre les cœurs,

Ne pu suffire au bas mortel

Dans l’éphémère aptitude telle

D’un blanc cendré et cygne pur

Se mêle le battement pastel

Lancé dans le piteux Azur

Mais jamais renié en soi

En gerbes de savoirs réelles

Il méprise la simple aquarelle,

Et sa gloire au faîte du Moi

Unique, inconnue et vraie

Va au tombeau et disparaît.

372


8

L’âme enfin exilée

Si nous l’expirons

Fuit, écume envolée

Délétère et sans ronds.

J’atteste l’élévation

De la pensée égarée

Dans quelque future Sion

D’espace clair épuré.

Et bondir hors le vil

Spectacle bas de la chair

Frottant le corps en terre à terre

Par la semence du viril,

Vers le retour des génies aïeux

Y discourir en termes heureux.

373


9

Naïvement a dû

S’imprègnent de quelque saveur

La raison ivre perdue

Fixer le pur savant rêveur

Comblé de doutes, à l’ar

Tifice décadent mais tremblant

Cherchant, apeuré et hagard,

Rose livide effleurant

J’ai un sanglot qui, oui

Expire, sur mon sein, le mien

Flux d’extase évanoui

Inutile, peut-être, refrain

D’hier sans avant-garde

Oublié comme un jeu, par mégarde.

374


10

Subtil rêveur, et je prolonge

Sur quelque humeur ancienne

Nocturne évadée par mensonge

La piètre harmonie musicienne,

Nenni ! Chaque battement qui frisonne

Pour l’écriture souveraine

Frappe son air d’un coup que sonne

L’heure de la pendule d’Irène.

S’y essayant en échotier

Si cette rime te semble à l’aise

Comme un rameur en canotier

Dans ta rumeur et sans rature

Que ta pensée douce s’apaise

Sur le roulis de ta lecture.

375


11

Par la réelle médiocrité

De n’obtenir qu’insignifiance

Et honte d’écrivain,

De faiblesse sue, mais quoi ?

Quelle allure autre, décisive ?

Cette pensée soulève de

Vastes écumes en tourbillons de bile !

Mais lui, ivre d’exploits

De sciences adulées, il

Espère une saveur supérieure.

Il foudroie le passé, pense

Son devenir, et se sait nul

D’effets. La foi spirituelle,

Sera-ce le possible de demain ?

376


12

Qu’elle soit pure aux baumes

Du futur ! Que l’exil sur Chimère

Entame un avenir certain ! Qu’il

Puisse contempler en miroir une image

Autre qu’un triste reflet malade !

Méditant en soi-même sur cette

Certitude, j’ai, ta chair

Splendide pour nourrir mon baiser.

Je ne puis enivrer mes yeux contents

Trop conscient encore de la place

Exactitude de mes écrits stupides !

Mais comment ? Comment ajouter ?

Obtenir plus, avec qualité ex-

Quise d’amant, de poète,

De troubadour internaute ? Comment ?

377


13

La conscience se meurt

Dans la certitude du jeu

Intellectuel de l’écriture,

... C’est blasphème de honte,

C’est coffret de lettres

Agencées maladroite-

Ment pour un résultat de

Faiblesse ridicule !

Et rêve tristement de

Quelque espoir égaré

Dans un futur scientifique

Interdit, inaccessible

De beauté pure, d’idéales,

De formules parfaites...

378


14

Au seul désir d’y essayer

Quelques vers égarés par erreur

Sur la pureté plane et blanche

Tu vois, je noircis bêtement

Insistant, prétendant

Obtenir ce luxe incompris

D’associations douteuses

De choix, de combinaisons,

De sonorités aigres, ou harmonieuses

Je sais exploiter le précieux

Gisement, le tiers, si,

Grâce à toi, cher Stéphane

De pierreries couleur diaphane

Point ne suis diamant.

379


15

La gloire de n’être pas,

- Nul espoir de poète !

Dodeline la tête

Disant : « Hélas ! Hélas !

Je ne suis pas. »

Sur le temps immortel

Le battement d’aile de

La Renommée fuit le maudit

Tel - de la pensée, sur,

Il n’est point de laurier.

Au plus triste, encore

Nul avenir vrai

Et enfin disparaître

Dans le caveau plombé.

380


16

Dionysos

Nulles convives pour

Jouir ou élargir la joie

Avec Dionysos, et sexe,

Et vin, et femmes, et Moi

D’orgies, de coupes hautes

De lèvres couronnant le sage

Et le poète de louanges,

Pipeaux et tambourins

Servantes bondissantes et nues,

De chair offertes avec rires

Et plaisirs, - oui couronné

Partageant avec frères la gloire

De la haute lyre poétique, ainsi

Admiré dans leur sublime rang...

381


17

Est-ce orgueil, recherche

De gloire pour que l’immortelle

Pensée s’élève constamment

Au crépuscule des Dieux ?

Ou richesse morte, oubliée

Disparue dans le couloir de

La mort, dans le sépulcre

Du néant, isolé sous quelque

Marbre froid, qu’est-ce ?

Douleurs d’hier inutiles peut-être

Pour être et n’être pas !

Qui console l’inconnu, le banni

Isolé de tous à la sève

Chantante, abandonné encore ?

382


18

Rien pas même un salut

En guise de certitude

Qui signifie : Vrai, je suis

Parmi vous, frères d’écumes !

Ne pas désigner maint

Vainqueur, les « divers autrement »

Que le bloqué ne peut comprendre

S’admettant soi-même uniquement ;

Voici toute une troupe de clairs

Poètes levant la coupe, la leur

Si, certifiant : oui, nous avec gloire !

... D’un comité dérisoire,

Imbu et ridicule

Que nulle divinité ne rétribue.

383


1

Au-delà de cette mémoire, de cette parabole de certitude, - oui, par le

triomphe, pour la gloire aujourd’hui proposés dans quelque grimoire moderne

numérique encore,

je m’installe en moi-même, espérant malgré ce manque de science réelle,

accéder à l’Oeuvre. Resserré en deux piliers, de bouquins spirituels et d’herbiers

poétiques, - le moi s’achemine et avance.

Si je me compare à Toi, ô Grand Frère, je ne puis que ricaner bêtement, trop

conscient de ma pâle réalité.

2

Oui, doubler, tripler la pensée, pour la rendre profonde, inconsciente, au-delà.

Oui, s’approfondir dans son pur midi.

Soit - immense et inconnu, nourri de vues et de visions - « si nous le visitons ...

» veut se parer d’une lucidité belle, sans jardins de fleurs exhalées.

Aller par l’élan, supporter par l’Idée, accompagné de l’Antique beauté grecque

ou latine ; oui, surgir - tel d’un bond - recommencé - et grandir dans l’orgueil de sa

384


raison - si orgueil se doit ...

3

Idole de toi-même - ahuri - voici la victoire stupide et primaire de l’affreux

radoteur de vers.

Fragments et gloire, génie d’écumes, or, sang, tempête - c’est cela - repais-toi -

dors dans ce royal tombeau que nul ne vient visiter.

Oui, attarde-toi aux relents de ta propre fête. Offre une avalanche de souffles

clairs sur ton casque et prétends y secouer une cascade de fleurs de vigne

et de figuier !

385


1

Cascade, ô blonds cheveux, bondissant à l’extrême

Comme foule excessive de lanières dorées,

Je dirais : pose-toi tel un casque célèbre

Imite en sa chaleur ce généreux foyer.

Car pour te figurer, il sortirait des flammes,

Ors fustigés, soupirs, clair joyau par le feu.

Cette sainte parure qui nimbe toute femme

Enivre le poète quand il plonge ses yeux.

Ta souple nudité semble soupirer d’aise,

Alanguie et riante contemplant le foyer

Et l’exploit de beauté que cette chair apaise

S’étale bienheureuse, murmure contre mon corps

Un désir lancinant qu’il faudrait satisfaire

Pour l’extase divine d’un merveilleux effort.

386


2

Et mon âme indolente s’épuise vers ton front

Baigné de lassitude, encombré de mémoire ;

Ainsi, va s’épuisant sur cette chair domptée

Par un combat subtil de milliers de baisers,

Mais toi, indifférente et lasse, mélancolique

Apaisée et heureuse respirant l’évasion

Ton corps à l’infini s’éloigne vers ailleurs -

Vers ailleurs inconnu où flottent des vaisseaux,

Des mouchoirs ahuris qu’agitent des passants,

Des silhouettes fines en guise d’un adieu.

Invite-moi alors pour le profond naufrage

Et mes yeux amoureux s’y plongeront longtemps,

Emporte-moi là-bas au-delà des orages

Dans le luxe éternel des étés triomphants.

387


3

Splendide et solitaire, je l’imagine tel

Apte à se sublimer lui génie en démence

Accédant au fatal triomphe de maint poète

Offrant sa coupe vide d’élixirs envolés.

Car il sait se suffire de sa superbe estime

Prétendant en soi-même connaître un incompris.

Il construit pour sa gloire les portes d’un tombeau

Et triomphe en absent s’accordant nulle fête.

Il méprise l’orgueil exhalé par les hommes.

Le rite est de produire par l’immense puissance

Décidée par les Dieux, - il est humble et honteux.

Conscient de la Force qui anime l’espace

De l’étendue sans fin qu’Il a su conquérir,

Il veut le supplier et toujours le chérir.

388


4

Constamment, à tes heures, et sans nulle fatigue,

En exploitant encore la vétusté d’hier

La fugitive fille apparaît, disparaît

Dans l’invisible glace repolie par Stéphane

De mousseline nulle, mais nudité exquise

Et voltige et voltige en cercles et tourbillons

Pour l’antique pensée datant du dix-neuvième

Quand la course réelle se fait sur écran plat

À moins qu’un vrai mélange de cygnes et de beautés

Dans l’azur toujours clair de quelque tentative

Toutefois organise et conçoit le poëme

Avec solennité cherchant la vaine tierce

J’achève ce sonnet sans vol supérieur

Ayant irradié quelque peu mon esprit.

389


5

Oui, l’Ombre est menaçante et impose sa loi

Et veut me faire périr dans la honte funèbre

Pour n’avoir pas voulu me flatter d’un orgueil

Poétique et stupide, moi roi de la misère.

Vain luxe d’écriture, je prétends n’être pas.

Je démens tout orgueil et me crois aux ténèbres.

Je le sais que jamais quelques valeurs célèbres

N’éblouiront mes yeux en adulant ma foi.

Le néant, le lointain dans cette nuit, la mienne

Obscurcissent toujours, ma noire réalité,

Je plonge au plus profond d’un sinistre mystère,

Et je meurs oublié dans mon éternité

Cet espace inconnu où triomphe l’oubli

Est un masque macabre que nul génie n’envie.

390


6

Avec des mains très claires élevées vers les sphères

Il m’arrive de croire non sans quelque ironie

En une certitude de saint évanoui ;

De moi-même élevé, dans l’azur idéal,

Éloigné à jamais de tout vice, de tout mal

Refusant le Néant dont le démon s’honore,

Recueillant des pensées et des actes parfaits

De créatures fines comme idéalisées

Béates et célestes et de lumière blonde ...

Mais proche d’accéder à ces temps éternels

Moi défunt dans l’oubli de cette basse terre

J’agonise peut-être selon un vain décor

Et m’en irai vacant possédé par le feu

Retrouver la femelle saignante et belle et bleue.

391


7

Est-ce ou verrai-je ici l’ombre d’une beauté ?

À mes yeux tant cernés de fatigue, encore las

L’esprit noie son désir dans la forme inconnue.

Éloigne l’irréelle plongeant son clair torrent

De chevelure éparse que la lumière floue

Agite en ma faveur trompée par le mensonge ...

Car mon corps solitaire fabrique délétère

Par l’image confuse la chair à ses côtés.

Un lointain nonchaloir attire l’irréelle

De masses vaporeuses vers ma réalité

Vaine, hélas ! de blondeur et de touffe superbes.

Et ma fatale fièvre se résigne et soupire

À toujours espérer l’insaisissable essence

De flammes et de feu qu’attise le désir.

392


8

Je t’apporte un poème à la pensée saignante,

À la plume dorée sur une aile immortelle

Parfumé de nectars, et d’arômes brûlé.

Moi, je gis oublié contre ce triste hiver

Dont la morne pâleur éclaire encore hélas !

Ce front désabusé qui m’offre son ennui.

Si la mémoire frémit et se veut vagabonde

Activant l’Autrefois dans cette solitude,

Elle acclame en son sein la sombre catacombe

De poèmes défunts disparus à jamais.

M’y essayant encore, tu vois, fille à mes pieds

Ce que cette naissance m’a permis de produire.

Je lui préfère encore cette stérilité

Sibylline, idéale qui dans l’Azur s’enfuit.

393


9

Humilié, honteux dans l’ombre même, vainqueur

Inconnu des foules et, se glorifiant soi ;

Pour n’avoir pas joui d’une grandeur fugace

Dans l’assemblée des hommes ; exclus, au plus profond ;

Sans sursaut, sans tombeau et suppliant les Pères

D’honorer quelque peu l’éblouissant soleil,

Mélange de lumière et de tristes ténèbres ;

N’a pas su le génie, ô sinistre désastre

Transmettre son crédit de présent, d’avenir

Et subi le Blasphème de la Malédiction,

Vieil espoir de poète qui s’orne du Néant,

Vain triomphe futur, plongeant dans son silence ;

Ne veux-tu, ô Seigneur, couronner ton prophète

Et oindre à tout jamais ton éternelle voix ?

394


10

Inconnu, immortel et sublime en soi-même

Éclairant de ses mains un sinistre flambeau,

Serai-je en un lieu sûr, absent de leur Poème

N’ayant pu me suffire de leur piètre présence ?

Nul élu pour la fête ! L’enferme tout entier

Épuré, à l’écart, Moi le Dieu magnifique.

Car il devra chanter seulement au profond

De l’Assemblée secrète.

La triste opacité

De vos consciences sourdes incapables d’éveil,

Si j’allume un matin un fier soleil d’azur,

Ignorerait encore le triomphe réel !

Avec magnificence, prends l’orbe de satin

Et ce royal drapé dont Sagesse dispose

Et laisse au plus offrant le bas bouquet de roses.

395


11

Une voix ancienne sur un ton symbolique

Acclamant nuitamment des vestiges d’hiver

Réchauffe quelque peu les plis de la mémoire

Comme des draps rangés au fond d’une commode.

Ho ! Cet appel lointain venu des profondeurs,

Cet étrange cantique de versets implorant

Des litanies funèbres dans l’agonie du cœur.

Elle chante, oui, chante, cette magique femme

Disparue et vivante, et ombre tourmentée

Désespérée, hantée, par ses voiles défaite

Élevant des éclats de sinistres douleurs.

Suppliera-t-elle encore sa voix languissante ?

Jettera-t-elle un cri ivre d’or et d’écume

Dans l’infini du ciel désespérément sombre ?

396


1

Qu’elle soit ivre de blondeur

D’éclairs bleus, d’équilibre parfait

Qu’elle tourbillonne nue

Hors de son miroir, et voltige

Ou s’enroule dans sa robe

Pailletée d’or et de diamants ;

Que s’exaltent les parfums clairs

D’aromates chauds et lourds de

Femme qui emporte dans la nuit

L’âme chère du poète fantasque,

Amant éternel à la recherche

De l’idéal de perfection

Pour s’endormir dans la jouissance

Du spasme ou expirer content.

397


2

La solitude s’abolit

Par l’existence du Suprême

Qui octroie comme un pur

Diadème l’onction d’un maudit,

Et ce sinistre noir conflit

D’un génie luttant en Enfer

Contre ses fantômes supplie

Au Saint un plus plaisant mystère.

Au mur opaque, viens-t’y mirer

Encore je saurai l’admirer

Cet autre Dieu comme toi-même.

Selon moi, éloigne la Mort

Et chasse le sinistre sort

Tel un pitoyable blasphème.

398


3

Esprit, oui, s’enflammant par la pensée extrême

D’accéder plus encore à l’Idéal posthume

Prétendant au-delà de l’éclat diamanté

Jouir de son génie incompris de la masse.

Dans ses crises sublimes, il tempête et tempête

Et le Ciel ténébreux accède à sa supplique

Craignant de voir trembler ses voûtes et colonnes.

Ne vous semble-t-il pas qu’un excès de pouvoir

Pénalise et maudit le poète terrestre

Dont l’unique souci dans son rêve illusoire

Est auprès de ses Frères de se mieux voir paraître ?

Comme après le combat, un immortel repos

Capturant ses images lui le superbe héros

Paresseux et sublime sur le lit agonise.

399


4

Je ne veux plus jamais extirper de ton corps

Les cris agonisants, les déchirures d’extase,

Ni faire gémir ta chair dans un sublime effort

Dans le feu absolu des ors et des topazes.

Je demande à ta couche débordant de soupirs

Le bienheureux sommeil du héros triomphant.

Ta dépouille enfiévrée qui constamment conspire,

Nourrie de ses baisers, supplie en gémissant.

Le désir absolu non jamais n’agonise

Ô nymphe, nymphe en rut sur qui souffle l’Été

Comme un combat d’amants emporté vers Venise.

Ton sein, la pure offrande qu’on ne peut apaiser,

S’érecte tel un sceau rougissant et dressé

Et implore et implore le feu qui s’éternise.

400


5

Tu me reprends la place

Par ta malédiction,

Et le petit Damné

Ne dit point de bêtises ...

L’Affreux vers de terre avorté

S’éprend de ce noir commentaire

Et finira pour l’éternité

Dans le Néant ou dans l’éther.

Le papier blanc que je caresse

Crie à l’immortalité

Quand la Mort tortionnaire

S’acharne, attaque et agresse

Pour la douleur incendiaire

D’un génie à crucifier.

401


6

Le Maître admiratif est descendu pour voir,

De soi-même et d’un autre, les premiers sacrements

De l’apprenti poète gavé sur maint savoir

De chair trop délétère et de baume enivrant.

De mystère, nenni. L’avenir se décide

Dans l’au-delà pensé qu’un présent recolore.

L’on conçoit aisément que l’écrivain avide

Reproduit le connu qui toujours s’élabore.

Agitez-vous encore, ô spectres immortels !

De nard et d’ambroisie, nourrissez cet enfant

A moins qu’un désaveu, sur le sinistre autel

Sacrifie son génie au diable sous-jacent

Et que l’âme élevée en un lieu dérisoire

Se meurt à tout jamais pour ce rêve illusoire.

402


7

Le Tombeau de l’Immortel

Malgré son noir silence, le poète endeuillé

Sait extraire de ce marbre quelque éloge funèbre,

Et veut glorifier le pur génie célèbre

Que la masse d’humains avait trop oublié.

Pourtant ne voit-il pas disons que le triomphe

Amicalement a grandi dans sa croissance,

Que la sublime estime tutrice de sa naissance

Fortifie l’immortel, et en sa chair le gonfle ?

N’éclate nul orgueil sous cette vraie démence

De grandeurs et de fleurs et d’orchidées aussi.

L’esprit dans l’au-delà se conçoit et se pense,

Irradiant soi-même le sacre avec ses frères.

Dans cette certitude enfin il réussit

Et offre à tout venant la clé de son mystère.

403


8

Toi si pure et si chaste, toi délice d’un Saint

Et je songe parfois à quelque hostie vivante

Élevée et soumise telle une humble servante

A l’orbe rayonnant dont l’Église te ceint.

Te souviens-tu ? Pour moi, ce fut la certitude

De pouvoir t’observer dans l’espace temporel

Réservé à un Dieu, havre surnaturel,

Langage murmuré de la béatitude.

Ne peux-tu, s’il te plaît, prier en ma faveur

Car voilà trop longtemps que ma raison soupire.

Je délire et délire suppliant le Sauveur.

Constamment possédé par l’âme maléfique

N’en est-il pas assez de se savoir maudire,

Subissant en sa chair d’abominables piques ?

404


9

Au lecteur

Le sac

Saisis-toi de ce sac de vers et d’amertume,

O sinistre lecteur qui jamais ne voulut

Pénétrer le recueil d’humeur et de tempêtes !

Extrais la pure substance qui nourrit le génie

L’éveille et le grandit sur le sein poétique.

De nard et de lait gras, encore le fortifie !

Mais ne crois surtout pas que ces sucs printaniers

Mêlés d’ivresse rare dans une bouche pleine

Abêtissent l’esprit à le rendre impuissant.

Ne va pas lacérer au couteau le satin

Qui coule en avalanches sur des nymphes et des voiles.

Voilà pour l’affamé reliefs et festins,

Qui méprise le vin, le gosier, les étoiles ...

Et voit en ce trésor emballage de toiles.

405


10

L’antre de l’horreur

C’est dans nos vrais bouquins qu’il faut les admirer

Ces partisans de gloire, ces héros de la rime

Qui s’escriment encore à parfaire leur génie.

La gloire de n’être pas au profond de la terre

Les rejette à jamais dans l’ombre du mystère

Et toujours refusés, éternels incompris,

Ils agonisent là détestés et maudits.

Se peut-il que Là-Haut quelque tison d’espoir

Anime et flambe un peu les restes d’un poète ?

Qu’un Esprit élevé puisse prendre en piété

L’avenir pitoyable d’un sinistre inutile ?

Mais plus bas, oui plus bas dans l’antre de l’horreur

Où croupit la crapule accouplée à maint faune

Est l’ignoble inconnu dictant ses quelques vers.

406


11

Et la tristesse encore sanglotait dans mon coeur

Quand mon âme rêveuse noyée sur mainte fleur

Croyait avec espoir aux soupirs des pardons,

Croyait à l’avenir, la chair à l’abandon.

Ma rêverie aimait à voler dans l’ivresse

Quand soudain toi Marie, m’apparus tel un songe

Irréelle et légère, les pieds baignés de roses

La chevelure libre parfumée de tristesse.

Ne sais-tu pas, mon fils, qu’il faut aimer ton frère ?

Dans les nuits oubliées parfois je veux t’entendre

Et supplie le baiser sur le front le plus tendre.

Ma claire divinité, au plus pur de douceur,

Su le frisson de l’aile, extase tourmentée

Est venue t’implorer, et veuille l’apaiser.

407


12

Écrits sans

Rien à espérer de, écrits sans

À n’élever aucune coupe

Se noyer dans sa propre insolence

De rejets, d’exclusions - soi

Avec fragments, divers -

Sections, analyses - sexe -

Fonds du ciel - violences -

Je m’engage à extraire - pourquoi ?

La Nef ! La Nef ! La solitude ...

Voile - étoile - au-delà

Et prince - de quoi ? De peu

La pureté pour le poète.

L’oubli - l’envie - la mort

S’achever - oui, mourir peut-être.

408


13

Le désir

Explose femme claire dans l’élan du fantasme,

À l’assaut - éclats éphémères, éblouis

Toute chair tendre à l’extrême

Bouche bavante d’écume, d’extase

Y ont bu cent amants de fantasmes,

De folie et d’ivresse dans la chimère

De la jouissance à toujours renouveler

Agonise, agonise et consent

Au plus profond du plaisir funèbre

Trois fois dans les trouées célèbres

Je veux y dormir soupirante

Repue de grasse coulée blanche

Enivrée de liqueur

Parfum d’amante épanouie, heureuse.

409


14

Quelle soit

Quelle soit ivre aux solstices du printemps

Avec éphémère et belle nudité d’orgasmes

Sans chimère, d’extases vraies

La chair longue, le torse bombé, quelle soit

Bouche renversée avec salive de bonheur

D’extase libre, aimant, suçant, léchant

Pour la morsure de son prince nourricier

Quelle soit explosante d’ivresse, de

Diamant étouffé dans des cris de passions,

Recevant, suppliant l’audace interdite

Gémissant un nouveau départ, constamment

Assoiffée, pénétrée, comblée

De soupirs, de langueurs, de dormirs

Pour l’éternel retour du plaisir

410


15

L’univers-loupe

Non, pas la plus infime particule

De savoir, de compréhension

Dans cet univers-loupe

Crie la tentation du poète

Repu de chimères, d’ivresse et d’insouciance

Désireux de posséder la logique vraie

Avec axiomes, théorèmes et lois

Quelle folie, cet imaginaire sans

Vérités apparentes, où la confusion côtoie

L’indécis, où l’esthétique du beau

Est une constance de tangage !

Fastueux choix dans les créations d’autrui

Avec rejets, avec je, avec greats

Pour l’épanouissement cérébral du Moi

411


16

Plus, mieux

Constamment recherchant, désirant

Ce plus, ce mieux, cet autrement

Et inapte à l’atteindre ... cet

Effort de l’esprit - pourquoi ? Pourquoi ?

Une voix intérieure lance, lance :

« Encore, plus fort, toi - là-bas,

Il y a » - mais la pensée est-elle

Suivie de son écho ? ... Éclater, là-haut.

C’est cela - maigre soupir

Et la raison comprend

Que nul en vérité ne pourra atteindre

L’élixir de grâce, de spirituel,

D’idéal rationnel, scientifique

Que l’inapte poète ne saurait offrir.

412


17

En gain de solitude

Pour le résultat, pour le plus

Seul, éternellement libre, en soi

Haï d’autrui - qu’importe

Il faut extraire, comprendre, savoir

Se préparer, produire

L’homo economico poeticus

Plonge au pur couchant de l’ignorance

Tel l’oiseau-poignard assassiné

Par sa souffrance et son délire

Dans l’onde suprême et impétueuse

Pour la jouissance de l’orgasme

Pour la nudité d’Éléonore

Pour l’amour de la spéculation encore

413


1

Un axe plus loin désemparé

ainsi sommes-nous de ne pas le reprendre

déçu de la verticalité de son don

avec fenêtres se croisant et fenêtres encore

Aller au bal voisin chez Deguy

Et fuites de ligne sur le sable aride

Toi ton polyèdre amorphe, à lancer

Et Florence avec sa musique claire spacieuse

que l’on évoque sur une mémoire cristalline, elle

Faudrait-il assister à la fête libre

avec ombres et savoirs à oublier ?

pour le rayonnement de l’intérieur

414


2

Qui était coupable ? Le poète ?

Le barbare fiévreux ?

pour la quintessence et la paix spirituelle ...

Les langues se croisent, s’évadent,

se salivent l’humeur

Les convives du banquet connaissaient le coupable

Combats d’intelligence à mouche touchée

et voilà pour une égratignure !

Par charge pour l’Absent, d’avoir tort -

cent fronts contre Un !

Anneaux, bourreaux de ma lente vie,

d’analogie sans l’extase

en perspective d’un Christ en lévitation

m’attendant

415


3

lambris et cendres

Faisceaux qui tournoient

chacun à la traîne de l’autre

citrons et roses - amertumes de vie

de poésie,

et frousse et ombres - et monde du travail,

l’angoisse - la vraie !

la femme - à la tienne

les enfants - peu - un - difficile - enfant !

Mariages qui font se détester les couples

se joignent à la mairie

se détestent au lit

s’enfuient sur le dédale de la mort

lambris et cendres

416


4

Dans l’immortel de n’être pas

Fut le poète inconnu

Satisfait de son échec,

Se prétend ... ivre de soi,

De ses parfums, de ses substances, de son génie.

Qu’importe : je le sais, moi ! Piètres incapables,

inaptes d’apercevoir - oui, plus tard,

pour les générations autres, pour l’intelligence nouvelle

... Puis la mort

Quoi ? Nul éclat ? Nul trésor supérieur

d’Esprit ? C’est donc le vide, le néant ? Mais alors ?

Absence, tombe, Mallarmé, Le vierge, Ses purs ongles

Un cygne, la croisée, l’ombre, cela me va,

Éléments qui cognent dans le crâne, puis l’immense

silence avec la conscience à son paroxysme de

lucidité pour le mot tri-dimensionné : RIEN

417


5

Avec puits, plongeon, goulot de bouteille,

fuite désespérée en soi

Le barbare, l’invasion, la paix intérieure, la fièvre,

Bûcher, tortionnaires, condamnations, violences,

cruauté, honte, pourriture, chiens,

histoire lamentable, putes,

Avec franchise dis-tu - franchise

toi scribe de colombes, d’exil,

d’inconnus

veines et sirènes

Ourlet bleu, de lignes de femmes,

en perspective impossible, pour un corps interdit

418


6

Elle, en perspective de salut

Un ange la pense pour son avenir

L’amour la mort l’extase, l’absence,

que vais-je en faire ? - Pense l’ange -

Pour l’au-delà aux larges perspectives

D’une Marie sans chimère, de beauté claire ?

Femme spirituelle - insensée n’est-ce pas ?

avec imaginaire de pureté.

Tu es mon signe, l’augure de ma décision

je te vois en flammèches d’or élevées,

te suppose

Viens-t’en viens-t’en

419


7

Le mot chargé de non-sens

prête sa substance délétère

l’azur tire vers ce que je puis

s’exalte - m’obéit

j’t’y flanque un cygne tourbillonnant

dans des orgasmes d’éthers

Qui qu’en veut ?

Moi ? Vais-je tolérer ce

mélange audacieux, l’impossible association ?

tendre vers le décalage du sens pour

accéder à un nuancier - une palette de variables ?

pour l’infructueux produit inutilisable,

illisible

Alors, que faire ?

420


8

Entre les pins, entre

palpite mon ombre tourmentée

toutes les fois que la lumière s’évade

J’accours avec le vent acide et aigre

songeant à ton cheval qui m’emporte au plus loin

m’endormant doucement dans le cimetière urbain

connaissant le passage pour fuir, y accéder

prophète des solitudes - prophète

J’ai aussi :

lancées d’abeille voltigeant dans le songe aérien

qu’en faire ? Poétiser ?

421


P.A.I.

Penchée

suçante

ta Phèdre

bandante cheveux liés

brune - et les yeux suppliant Hippolyte

Hippolyte, laisse-moi te sucer la b... ?

Lui, cherchant à fuir

condamnant l’artifice, le désir.

Puis Andromaque femme perfide et rusée

glissant quelque poison rendant stérile

Hermione amante et femme de Pyrrhus

assez vicieuse à en... en fait

et toi pureté d’Iphigénie

pleurante, quémandante - sublime sacrifice

sur l’autel tu t’offres silencieuse

Toi, peut-être dans mon idéal impossible

422


*

Avec miroitements insensibles

sur la fragilité de l’épiderme

variations et décalages

visage en vibrations

à l’image dérivée

S’envolent des effets d’ombres

dans le pur néant de ma vision interne

Associée juxtaposée

pour la vibration exquise

la tige contre la tige

dans l’éphémère aux reflets cendrés et or

le spectre matinal

s’élève lentement changeant

L’âme varie, s’adapte

aux métamorphoses du jour

intègre la durée et l’instant

423


Penchée courbée dans son extrême

fleur d’idée

de semence claire

avec chevelure tressant un bouquet

et les yeux de lueurs vives écoutent

le fouetté des ailes

chacun cherche à fuir

les lignes violentes explosent

fleur, chevelure, yeux, idées

cherche à fuir

Sur sa droite

Sur la gauche

le jet flamboyant de lumière

un feu de nuées

Le diamant fuyant les souffrances

Lui ensanglanté

Vers le futur il court

son Destin l’épouse

il tourbillonne dans la consécration de soi-même

424


humilié, détruit,

au fait de sa substance

tenant au zénith de son innocence

l’épée de persécuté

Marche qui se déploie dans mon espace

sur un almanach géant

Prisonnier des distances, je sais poindre l’amertume

j’avance sous le joug de l’injustice

Distincts mêlés

puis la pensée allant

comme une rumeur du fond du Moi

les sons et les mots s’enflamment, s’exaltent

emportant la raison

et me projettent dans l’inconnaissable

Encerclé par des images poétiques

dans l’espace limité qu’il a conçu soi-même

recevant une avalanche de vapeurs, de sueurs

ensanglantées et violentes

425


il veut fuir, faire éclater cet ensemble

incohérent de mensonges - veut tournoyer

426


a

Sur la hanche de la femme

pigmentation de chair les fourmis s’activent

toi Mygale perverse t’accaparant

de la substance de l’homme

b

rien

Visage dis-tu encore apparence et mensonges de rire de

toi dans ta plaie ouverte

tu atteins ton vide sanglant

tu t’exerces tu décentres la vérité

Devant toi accroché à la torture

le gibet de la damnation

de Ta damnation

Tu baves des poèmes par la bouche remplie d’acide

Est-ce Christ ? Est-ce renégat ?

Tes yeux te poursuivent dans l’aléatoire

427


la stèle du temps se déplace constamment

Disparaissent les oiseaux hagards, cibles et poignards

Tu sais qui t’accompagne - c’est ta douleur éternelle

orageuse, haineuse, - oui, ta douleur

c

Entre nous de toi à moi sur mes lèvres

cette accumulation de lignes

pour quelle fin d’écriture ? Quel avenir ?

: Les femmes se pâment d’extase en lisant des vers

: Les songe-creux imaginent l’impossible et le vivent

d

Lacis de jambes grises

vieilleries empaillées

qui ivres balancent

à trois tournois de la renommée

chacun déployant à travers l’air

des nuées d’invraisemblances

428


donc cortège de faux, de femmes,

d’excès, de rien,

cela semble multicolore et s’éclaire

difficilement comme à l’orée d’un rêve

puis ce sont des mariages qui poussent

de tonitruants cortèges

Tout se perd dans l’imagerie loufoque :

les jambes, les vieilleries, les cortèges, et

les mariages

N’est-il pas bon de pouvoir s’en retourner à la réalité ?

e

Le corps fuyant

le corps s’enroule dans le vent du désir

le corps éclaté éblouissant d’orgasmes

il explose en idéal impossible

Lui - l’autre Christ - pendu - maudit

au gibet

et moi cherchant le vertical - le temps

429


dimensionnant mon espace malgré l’apesanteur

désireux de me parfaire, d’ajouter

de pénétrer plus encore l’amère difficulté poétique

volonté de se fortifier

f

L’œuvre ne porte pas de nom

consultant l’oracle prophétique d’avenir

littéraire incertain

conspué par la Pythie accusant

dans ce cercle achevé, tu enseignes Ta vérité

430


a

Savoir pourquoi tu m’es si difficile

avec tous ces fragments à inventer

il y a désir d’ajouter pour séduire l’écart

Je cherche la puissance, moi l’homme ...

N’est-ce pas ridicule ?

Je gravite dans ma sphère idéale

bordée d’éclairs, privé de raisons

Je m’assoie sur de l’épais

Leurs mots construisent un univers d’illusions

ce sont des mages, des faiseurs de fable

les lecteurs sont distants

J’écris pour me pénétrer

Heureux celui à qui tu puisses plaire !

431


b

Sa beauté la sacralise

idolâtrer sa chair parfaite

perle d’idéal féminin

le visage s’éclairait

Tu es composée de signaux, de carrés,

de fragments,

Tu inventes une image

c

D’âge où les vers sont des douceurs,

des ombrelles, des baisers, du délicat, de l’exquis

Par l’accusation de mots se construit

le poème, lui dis-je

Le sens fait de la tâche,

la tâche fabrique du texte

432


d

Les lignes de ta chair que j’avais empruntées

Avec le verbe aimer

J’ai suivi de ma langue

Les sinuosités de tes formes

Elles étaient claires et fines,

Subtiles et légères

Comme des méduses alanguies

Ces femmes belles épanouies

e

A la traverse dans l’existant

pour : la pénétration cérébrale

concevoir du propice

empiler des cercles sur des cercles,

savoir s’échapper

et plus loin - stèles, bornes - limites

déplacement de la fixité

de l’obéissance

de la règle

433


Un nouvel espace - sa lumière,

son horizon, ses portes

f

Dans ton espace - dis-tu

espace et imaginaire

ou créer des mondes libres de toute contingence,

est-ce possible ?

L’avenir ne se conçoit qu’avec du passé ....

Faut-il la délivrer de la raison ?

lui offrir de l’audace

du libre-accès ?

Toi toujours dans la fuite, dans l’envol

avec volonté de construire une base

déplacer la sécurité

l’exigence

la solidarité

ainsi redéfinir la rigueur

434


Accéder à

Accéder à l’épuisement sublime

éternellement seul en plénitude du Moi

Prétendre s’élever encore,

exploitant à merveille l’énergie mentale

déployée en son extrême

puis en apothéose d’agonie mourir enfin !

Sur l’ordre de sa voix produire encore

dans cet espace-risque où la pensée

se nourrit d’imaginaire

Concevoir de l’inconnu,

.... et toi tu m’es chancelante, ô nuit d’extase

accidents et faits mentaux dérivés,

combinés, extrapolés

Tu redoutes de rencontrer

tu préfères fuir sur du délétère

435


Tu erres sur des traînes infinies

qui n’ont nulle plénitude d’avenir -

la charge émotionnelle déployée n’est qu’un leurre,

qu’une variable de combinaison douteuse

L’œil se remplit pour l’intérieur

tu inventes la réponse - nulle question n’était posée

la vérité se déploie comme un arc-en-ciel

La route est certainement mensongère, mais que faire ?

En cesser là ? Poursuivre toutefois ?

Déplace les distances - et insiste encore.

Y aurait-il un lieu ? - Marcher ! Errer !

Est-ce aventure de poète ?

pénètre

Va, rampe, progresse, - jamais renoncer -

Nulle halte, nul arrêt, décampe, toi, l’incertain !

Poursuivre l’écho - l’écho de ta propre voix

oui, là, là-bas, à l’affût

436


Peut-être découvriras-tu ce que

tu t’étais évertué à fuir ?

Oui - toujours s’obstiner

avec aptitude et force intellectuelle mêlées

437


1

Son intelligence lui offre la fuite,

la fluidité du comportement.

Il craint l’araignée dans sa toile,

lui maigre abeille du suc douteux

Sait-il ? Déplace-t-il ?

Excuse - mille excuses !

telle est la réponse.

2

C’est encore une question de limite -

d’aptitude à aller outre.

Est-il possible d’ajouter sur soi ? N’est-ce pas

un besoin d’homme de toujours vouloir faire plus,

faire mieux ?

J’ai grande pitié de moi,

Le mensonge se complique.

438


3

Te savoir dans ton extrême

dans ta difficulté de produire

pour ta puissance à l’écart, exclus

Je t’offre ma substance pour remplir ton vide

ta surface se noircit

Ta main se froisse, tu tressailles d’extase

j’aiguise ta pensée

Qu’obtiendrons-nous ?

4

encore l’élan irrationnel qui s’évertue à

s’implanter en toi

Entends

est-ce possible ?

toujours dans ton attente d’illuminée

439


l’idée reviendra plus tard

Qui se souviendra de toi ?

assourdi en ses pensées funèbres

espaces arides où la certitude prétend circuler

Librement - librement !

5

Au commencement c’est une intention,

un fragment de perception

à associer

Le poète dit : j’invoque dans le silence

la vibration émotive ....

......... peut-être

Combinaison phonétique mal agencée avec

un matériel de mots

Certains offrent avec limpidité, lucidité

d’autres cryptent, symbolisent, font fusionner

440


des élans incompatibles

De la variation infinie

Le poème résonne

441


Définition de la pensée

Au-delà de la conscience personnelle du temps,

j’ai besoin de recherches logiques,

j’ai besoin de comprendre l’association pure

de l’élément simplifié.

Il ne s’agit pas ici de synthèse passive, car l’espace dans lequel l’élément

s’impose - est un espace conscient où le travail de l’esprit s’assume.

L’élément s’associe à l’élément. C’est un point-source, une énergie d’atome,

une lumière d’étoile dans mon ciel constellé de vie. Je dois connecter. Je dois aussi

comprendre son origine - ses parties - ses caractères.

Il n’est pas apparition, il est emplacement, chargé de mémoire, apte à

s’associer, objet scintillant, vérité en soi-même, - il contient du pur, du vécu. S’il

s’associe - il se déplace - il va vers de l’expérience, et produit un nouveau caractère

avec l’élément qu’il a conquis.

C’est une sorte de fait mental - une charge dans une niche de neurones. Oui, je

veux encore étudier son caractère.

442


De tout cela, de tous ces faits ponctuels, mentaux, qui s’associent, s’éloignent,

se connectent et s’engendrent, je sais qu’il y a la pensée.

De cette pensée, j’en tire ma certitude, ma conscience, ma réalité d’homme

existant en vérité.

443


1

Espacer - compresser

combiner - rattacher

un espace pour l’imaginaire

puis raisonner dans l’audace

il n’y a ni fuite ni envol

il y a donne nouvelle du matériel connu

il faut menacer la sécurité

défaire les solidarités matérielles

et logiques

Redéfinir le rôle de la rigueur

aller autre

2

La création pour l’impossible

pour l’interdit

en Absurdie - c’est conscience

pour fabriquer de l’image

444


Volume, élans, actions, souffles

Quels sont mes pouvoirs ? Où sont mes facultés ?

l’acte d’imagination - ce qu’il produit vient

de la mémoire activée

3

C’est ignorer le beau, l’offre poétique,

la volonté grecque et latine

est-ce pour l’intérieur, pour l’espace-soi ?

Faut-il rendre absent le monde ?

est-ce possible, d’ailleurs ?

Je gère ma fuite, ou construis ma maison

Je doute au fond du puits

Si je constate l’intelligence de l’autre,

je la veux en alliance

C’est une volonté d’accumuler du poème pour l’avenir

445


4

Le choix sensible

la perception vibratoire

j’interroge l’espace-mémoire

espérant y concevoir des connexions de qualité

446


Recherche

Réfléchissons : il doit bien y avoir

une perception émotive plus fine, plus subtile

comme un fragment d’onde sensibilisée

possédant un spectre compressé de propriétés inconnues,

mêlées, mélangées peut-être

difficiles à dissocier

réelles toutefois

N’est-ce pas dans cet espace de vérités filantes

que le poète doit composer, connecter, redéfinir,

extraire, rejeter, prendre, associer, enfin agir

Capter n’est pas suffisant - il faut fragmenter,

symboliser, fusionner.

447


Mémoire et Temps

1

La conscience compressée du temps trompeuse,

mensongère, excavée, avec choix,

avec rejets, avec refus, avec mensonge

de faiblesse - cette étrange constitution de l’esprit !

Une corbeille, une armoire à tiroirs

avec papier jauni, clés oubliées, rangement certain,

etc.

Ou j’imagine un horizon jalonné d’années,

afin de restituer, de recomposer ce qui a été compressé,

je vois, j’entrevois, je retrouve.

C’est un passé déterminé, non pas conçu de vides,

mais possédant de la mémoire douteuse peut-être mais

de la mémoire toutefois

448


2

Il y a un entonnoir gigantesque dans lequel le présent plonge dans le passé.

Ceci est une chute sans fin, libre, infinie, constante, fuyante.

L’homme a conscience de sa fuite, de son absorption par le Néant, et c’est acte

de non-croyance.

449


1

La perception, je la veux songeuse

au bord du désespoir

pour extraire l’impossible

Les mains tremblantes pour la grande respiration

l’élan, le retour,

le calme et les battements du sang

le cri dans les veines

l’écho dans les tempes

Mais soudain le blocage,

Pourtant j’accomplissais un parcours dans la mémoire

2

C’est un lieu d’avenir

une structure vide à remplir

fragilité intentionnelle que je m’efforce de capter

avec conscience du néant

où tout pourrait disparaître

450


.....être et disparaître

peut-être

3

Ainsi croyais percevoir des vérités nouvelles

éblouissantes révélations

de points pigmentés dans l’aube de soi-même

Étaient-ce des pensées à saisir

dans le déchirement de l’esprit ?

Je devais percevoir, pénétrer les lignes de forces

concevoir dans le désir de vibration

4

J’activais ces points-réponses,

mes yeux au centre

j’esquivais une réponse vraie, fausse,

qu’importe !

Je passais sur du délétère

451


c’est ça : je captais

croyant à ma force

Elle ondoyait sur des feutres crissants

Les paupières clignotaient, aptes à percevoir le message

Je plongeais dans des vagues océanes,

coulais, remontais quelques poissons d’argent,

- c’étaient mes points-réponses.

5

Ces perceptions grossières,

je veux les affiner - comprendre le point

son origine, sa vérité, son association.

Je me fuis pour me retrouver

ce n’est plus la clé pour le silence,

ce n’est pas un code à composer,

c’est la puce à intégrer,

le plus petit

de l’oeil à la loupe

de la loupe au microscope

pour définir le caractère de l’apparition.

452


La conscience de l’image, sa pigmentation

ses points composés pour fabriquer la trace

l’origine de cette organisation

non pas la fonction d’apparition

mais la vérité sur le point

6

Il ne s’agit pas ici d’être spectateur

mais d’analyser les mécanismes conscient et inconscient

du Moi

Il faut donc être actif pour l’intérieur

Ne pas réduire, mais comprendre les attractivités,

les inclusions d’espaces dans les espaces

453


a

Je l’ai pensée insignifiante,

Je la faisais ondoyer au milieu dans mes cieux

la perdais désireux de trouver la réponse

l’associais, la dérivais,

la faisais bondir

je plongeais frémissant

j’aillais outre

b

Atteindre la vérité sublime

tu avançais dans la simplicité de ta raison

tu observais le puits, le chemin,

tu te déplaçais encore dans un espace

Le repère était la certitude logique

tu exploitais cette énergie

l’avancée pas à pas se voulait souveraine

Obéissant à la voix inconnue

était-ce un toi-même enfoui dans l’ombre,

454


était-ce un Dieu sublime imposant sa décision,

tu t’es risqué à l’écriture poétique

c

Tu ne sais que produire

Peux-tu prétendre que ton résultat est satisfaisant

Pour quel but véritable ? Quelle verticale ?

Bondir sur la distance Tu cherches l’extase

inconnu

Oui, pénétration et prétendre à la fabrication artificielle d’un espace

455


1

Le tu avec le moi

Pensée qui se dédouble

A l’intérieur puis le monde

Le corps cette armure

La bouche instrument de transmission

Toujours du vécu pour de l’avenir

La chair féminine,

Quelques gouttes de sperme

2

La lutte interne

Définir du complexe,

Le pénétrer,

Savoir en produire,

L’offrir et se crédibiliser

456


3

Bondissait la fumée

D’un avenir à transformer,

A faire apparaître

Dans l’ombre se concevait

Le feu. Tu offrais tes yeux

A ta conscience

Le geste intérieur

Décrivait des courbes

L’élan était pensé

Il désirait se mieux concevoir

4

Qui se souviendra de toi ?

Les cendres, le tombeau, la mort

457


5

Dehors, pour le dedans

Tu empiles de la mémoire

En strates infinies

Faiblesses, néant, inutilités

Nuages, bulles ou

Segments, droites, axiomes

Par la mathématique imaginaire

Exaltation du Moi

Toujours en egocratie

Pour rien peut-être

La fixité et l’attention

Pour la perception interne

Le sourire de l’ange

Pourtant tu n’es jamais satisfait

458


6

Plonger dans ton mystère

La nuit évoquer dans son

Miroir étincelant

Les possibilités les plus audacieuses

Puis l’aube nourrit tes yeux

Tu avales la substance invisible,

Le brouillard de vérité

Ta mort est une perception subtile

D’un avenir proche

Le noir est éblouissant de certitude,

Tu fuis dans la profondeur du néant

Tu avales ton fantôme,

Ton enveloppe te fortifie

Retrouve l’arche du présent

459


7

Le Moi en lamelles

Le je relié par le cordon d’argent

Les dés pipés du destin

La vérité en prescience

Le présent à réaliser.

La grâce, où est la grâce, si ? etc.

Tes yeux palpent

Il faut lécher, sucer la peau de l’autre

La femme en idéale de sainte

Un concept contrit en trois dimensions

Là face à Moi splendide et vrai.

Oui, je te contemple

L’avancée constante en soi

Le tremplin, le mur, le tremplin, le mur

La matière-vitesse à expliquer

La certitude qui stagne

Et ne peut se déplacer

460


L’alphabet éclaté

Le désir qui nous harcèle

8

Construisant, vidant

La corbeille de tête

Des bulles de vérités

A douter, à éclater.

D’autres bulles

L’attention des yeux

La fixité échappe,

La finalité est douteuse

Comment élaborer,

Architecture avec de l’illusion ?

L’esprit face à l’âme

La raison et le spirituel

Le savoir explose

461


En gerbes de confettis

- Reconstruire le puzzle

9

L’hallucination verbale

Le sacrifice du poète

Au fond du miroir

Soi face à Soi,

Face à l’autre

Dans la pensée équivoque

Narcissisme - ego, plato

L’écriture, la fureur

L’oeil renversé

La chair qui pend en moi

L’immense ouverture - la plongée

462


10

Le savoir la pensée les yeux

L’élan galvanisé pour produire

Ses gerbes d’ombre

Absorbe ta substance

Le fluo, pense

Limpidité, élégance du choix

De la pureté pour accéder

Au cristal.

11

La mort habille l’avenir

Tu te morfonds dans ta blessure

Toi toujours là-haut penser

Disais-tu. Que reste-t-il ?

Le temps boit ta substance

Se nourrit de ton énergie

463


12

Suis-je moi, ne suis-je pas constamment

en train de déplacer la vérité ?

Est-ce une proposition qui désigne la

certitude du moment ?

Car cette substance fuit, échappe, s’éloigne

encore quand je prétends la contrôler

La pensée m’écrase, m’inflige son joug

despotique. Elle déteste ce que j’aimerais lui

faire exécuter.

J’entends mon doute s’esclaffer, s’indigner,

m’accompagnant toutefois dans ce labyrinthe

insupportable

Je devrais être un autre.

464


B.I. 98

Fleuves impassibles ....... non, plus guidé par les haleurs

OK, criards avec cibles

Poteaux nus, naked black colors

D’accord, équipages, blés flamands, du Rubens,

Du Rembrandt, Vermeer aussi, .... puis ?

Laisse-moi aller où je veux,

Laisse-moi, - je descendis, je glisse

L’hiver, toujours l’hiver et les cervelles vides

Avec potentialité intellectuelle.

Allez outre - plus loin - là-bas

D’autres espaces, d’autres lieux, d’autres rives

Encore de la tempête, de la folie interne

De la danse à l’intérieur, - c’est ça : bondir

Ou rouler - roulé-boulé - OK rock

465


Partir avec l’eau verte d’Arthur

Du vin bleu, des vomissures, de l’ivresse,

De l’alcool, de la défonce, pourquoi pas ?

Gouverne-toi, tiens le bon cap dans la fuite

De la mer - astres, lactescent, azurs verts,

C’est - : pensif, noyé, descends.

Ou folie avec bleutés, délires, rythmes lents,

Accélérés, dingues - est-ce sexe ?

Va-et-vient ? - Avec lyres - électriques ?

Ca fermente - ça devient - des sécrétions

Vaginales. Tu bouffes - c’est bon - tu bouffes.

Donc des éclairs, des orgasmes - courants, des peuples

Des colombes - c’est pas joli, ça ?

Et voir ce que l’homme croit voir.

Voir nourri de vérités mystiques

S’illuminer - fuir sur des figements violets,

Rêver de neiges éblouies, de sèves éternelles,

De phosphores, d’éveils, d’élans purifiés

466


Heurter d’incroyables Florides, des panthères sexuelles

A peaux de chair, des femmes-lynx scandinaves

Encore de la pourriture, des gouffres de honte

Où l’on cache sa misère de poète,

Son ridicule et sa médiocrité

O soleils, ô cieux d’amour,

Quelque miséricorde ! Parfums de haine !

C’est certain - toujours à la recherche de vents

Supérieurs - ailes légères ou l’ère

Peut se déplacer.

Il y a cette femme à genoux - toutes les

Femmes à genoux - j’ai dit : toutes

Recule, recule - je suis derrière.

Ou encore : poète c’est-à-dire :

Bateau perdu, ouragan, carcasse ivre d’eau,

Hippocampes, planche folle, cieux ultramarins,

Tremblements, angoisses, solitude,

467


C’est bien dans ces nuits sans fond que tu dors

Et t’exiles, ô puissance infinie,

O vigueur inconnue

Des aubes scintillantes, des torpeurs sanglantes

Des soleils amers

Ou encore : le retour à l’enfance,

Car on ne peut jamais - non jamais

Supporter le fardeau de cette horrible vie.

Non jamais.

468


Chaude rousseur

O chaude rousseur qui fait s’éveiller les souvenirs, qui rappelle à la raison la

mémoire de jadis.

Je te revois encore Jessica, brise claire et fine enveloppée dans ta soie subtile,

nous poursuivions les ères célestes croyant y supposer quelque miracle. Oui, très

pure, dans l’autre monde, dans la substance inhabitée.

Je considère encore l’énergie de force accouplée à la puissance de la science

qui toujours s’est échappée de ma raison, que j’invoquais désespérément - dis - t’en

souviens-tu ?

Nous passions par l’avare pays de la poésie où nous étions des orphelins

maudits, détestés de l’espace mais cherchant toutefois.

469


Cieux crasseux

Ce sont encore des cieux crasseux gris métal. Des architectures audacieuses,

métalliques, montantes. Des constructions de vers translucides où viennent s’éclater,

exploser des hélicos. Plus bas atterrés et rampants des hommes et des machines dans

ces circuits, dans des artères de fourmis. Tout s’échange à vitesse grand V. Les ponts

s’abaissent ou se balancent, semblent gesticuler couverts d’automobiles. Ce sont des

mâts, des signaux, des coudes reliant d’autres rives, plus loin, là-bas.

L’eau, morte et polluée, est bleue et large.. Des paquets d’effets lumineux

semblent tomber du soleil invisible.

Ce sont des lieux de vie et la cité tourbillonne, nourrit de son quotidien

l’insignifiance de l’acte humain.

470


TRAPPED

Assez, assez, vu et vu.

L’extase, la vision.

Le soleil - le soleil, et toujours.

Connaître encore. Les élans de la vie.

Fragilité de l’être et fuites en soi-même.

Quelle origine ? Quelle finalité ?

Cherche encore.

471


H

Pour Hélène ...... sur des lacs transparents d’été. Oui, des ombres pures avec

soleils ravageurs. Oui, silence astral, immobilités bleues, - l’ardeur puissante de

l’amour et les parfums d’extases envolés.

Les cris, les rumeurs folles, les frissons, les silhouettes, les légendes infinies,

et ses yeux, et ses charmes dans l’élévation, dans le supérieur encore atteignant

l’extrême du beau pour ma conscience exaltée

472


Le fouetté des gerbes d’or

Le fouetté des gerbes d’or dans un tourbillon aérien.

Les prés s’éclairent, bondissent, atteignent d’autres vallées multicolores, et

dansent encore.

Des fleurs courent, échangent leur magique parfum. O l’ivresse ! O la nature !

Accorde encore deux attraits à ses effets enchanteurs !

Plus loin là-bas, c’est une coulée d’orage. Dans la pénombre, s’étirent des

fluides limpides et chauds. Il y a accumulation de vapeur et d’effets très curieux.

473


Mégalomane

Saint en prière, génie en lévitation, purifié accédant aux Merveilles, prophète

recevant des Dieux le message. Une vérité bien ordinaire quand on est un Christ.

Toujours à apprendre et ne sachant rien, entouré d’une muraille de livres,

cherchant en soi-même les pulsions de ses délires littéraires !

Que l’on m’enterre enfin dans ce sépulcre, au plus profond de l’être, dans

l’épaisse tiédeur du bien-être, à tout jamais.

Je conçois et produis malingrement. Je compte me refaire. Y parviendrai-je ?

474


Beauté élaborée

Beauté élaborée possédant de lumineuses jambes longues, - pureté scandinave

de femme bleu pâle dans un ciel magnétique. Des musiques tombent doucement sur

le lac-miroir. Des effets spéciaux de lumières tièdes tremblent et se déplacent de

manière curieuse. Là-bas, ce sont encore des merveilles de filles claires qui te

ressemblent éternellement, de splendides déesses pures prêtes à recevoir la perfection

du ciel.

Leur chair superbe tourbillonne et voltige. J’attends désespérément. Quoi ?

475


Pitoyable génie !

I

Pitoyable génie ! Toutes ces atroces veillées funèbres à supputer l’espoir d’un

exil poétique ! Cette volonté désespérée d’accéder à quelque chose de supérieur,

d’impossible à toucher ! Enfin il le croyait. Et moi, bêtement je l’aidais, écrivais à sa

place, prenais de grands airs d’inspiration aléatoire.

Il disait : « Encore, encore, tu es mon double et ma passion ». J’étais esclave

de sa médiocrité, j’obéissais toutefois. Je supportais ses bizarreries, ses audaces

sexuelles, ses divertissements cyniques, - il ricanait ou passait par des excès très

sérieux.

Après ces conversations poussées fort tard dans la nuit, vaguement stupides,

j’allais me coucher, repus de poèmes et de syllabes honteuses, - prétendant encore

pouvoir obtenir quelque chose de nouveau, du moins de différent.

En toute sincérité, j’insistais, - pensais, poussais sur ce hasard d’impulsions, de

combinaisons, espérant encore découvrir une méthode, un système de production, un

principe.

476


II

Il ne satisfaisait aucun désir, - il poursuivait inlassablement cette quête

impossible pour un idéal d’écriture. Il prétendait que la pénétration, que la recherche

interne permettait de déboucher sur quelque chose de réaliste, d’objectif. En vérité,

rien, - le néant.

Il croyait ! - Tout ceci était risible et insignifiant. Son effort et sa potentialité

lui offraient des perspectives d’œuvre. Donc, il croyait.

Beaucoup de femmes l’aimèrent. Il les jetait, il se savait trop pris par

soi-même pour se consacrer uniquement à l’être tendre.

Il s’instruisait dans les maîtres absolus, désireux d’y extraire quelque saveur

délétère ou idéale.

Il ne se haïssait pas mais espérait construire une capacité forte et résistante où

il pourrait évoluer en toute certitude.

477


Malédiction

Des imbéciles très résistants. A grand nombre fut donné pouvoir de torture et

de cruauté. Ils s’empressaient de mettre en œuvre leurs vices et leurs violences.

C’était du zèle de Pétain pour la botte Allemande et satanique. Des collabos d’une

cruauté inouïe éprouvant de la jouissance en donnant des coups sur un Jean Moulin.

« Tu dois souffrir », répétaient-ils dans leur immonde cynisme et je souffrais,

subissant des sévices et douleurs effrayantes.

Les yeux hagards, je suppliais, espérant qu’un Dieu, qu’une lueur inconnue

allait arrêter ce massacre. Les aiguilles invisibles s’enfonçaient plus profondément

encore dans la chair, les marques étaient à l’intérieur, inexistantes sur l’épiderme

supérieur.

Le visage déformé subissant d’atroces brûlures, je quémandais la cessation de

l’horreur. Ils frappaient de plus belle, dans leur ratonnade infernale.

Que faisait le Ciel ? Pourquoi laissait-on de tels déments accomplir de telles

atrocités ? Les yeux ensanglantés, ces sinistres démons agissaient encore.

478


Assez lu !

Assez lu ! Nulle possibilité future ne me permettra d’extraire davantage de

coups satisfaisants. Cela a été chanté sur tous les airs ! Le soleil, la nature, le mal, la

femme, et quoi encore ?

caboche !

Assez écrit ! Assez pensé ! Il n’y a plus rien d’utile à extraire de cette piètre

C’est la fuite pour une autre aventure, réaliste cette fois, et non plus illusoire !

479


Par aimantation

Tu travailles donc par aimantation, tu exploites l’autre, tu te frottes, tu l’attires

et lui prends son envol, son énergie mais de façon il n’en est point. Ta manière est

décevante, ridicule le plus souvent.

Encore cette volonté pour pénétrer plus profondément. Reconnais que tout cela

est un transfert sexuel qui arrange le principe de sublimation freudien.

480


Enfant

Enfant, j’admirais leur immense capacité à produire des livres, j’imaginais

facilement les pages s’accumulant les unes sur les autres et recomposant un cerveau

fait des lamelles de feuilles.

Je ne parvenais pas à comprendre comment le paragraphe pouvait engendrer le

paragraphe, moi qui, piètre élève en français, tirait la langue après la seconde page de

rédaction.

Je mettais cette raison sur le compte de la lecture et prétendais que la

nourriture du livre fabriquerait du zèle de stylistique.

Le travail de la mathématique paraissait plus raisonnable, plus logique dans sa

certitude et sa démonstration. Son objectivité ne pouvait être remise en cause. Tout

était clair, vrai. Il n’y avait qu’une seule vérité, le résultat à obtenir et la manière

importait peu.

481


Je m’en vais par la mort

Je m’en vais par la mort accomplir le supplice

D’être jugé enfin par les dieux sublimés.

Ai-je su bien agir ? Ai-je commis des vices ?

Ai-je su aimer l’homme comme il fallait l’aimer ?

Le temps est accompli, les images défilent.

Cette jeunesse a fui, je crois la retrouver

Et je vois tout à coup un ténébreux sourcil

Qui déjà me rappelle que tout est achevé.

Non, ne me pleurez pas, point de noirs artifices.

Abandonnez, amis, tous ces gémissements.

J’espère que là-haut l’horrible maléfice

Me laissera en paix pour dormir doucement.

482


Analyse

Je n’ai guère le souci ou la capacité de créer quoique ce soit de nouveau. Mon

esprit saturé se suffit de ses niaiseries ou de ses insignifiances. Puis-je prétendre avoir

apporté quelque chose, avoir découvert une méthode d’investigation ou de production

d’écriture ? La qualité est détestable, trop nombreux sont les éditeurs spécialistes

méprisant avec ironie le travail offert : « Comment avez-vous pu m’envoyer ces tas de

poèmes ? Je m’aperçois que vous ne connaissez pas notre maison, sinon vous

n’auriez pas même osé nous présenter vos livres ! » Ont-ils véritablement tort ? Si

leur analyse était vraie, fondée sur une raison et une expérience accumulée depuis

trente ans, que pourrais-je dire, qu’aurais-je à répliquer ? Rien, évidemment. Leur

certitude de professionnels fait foi.

Il n’y a pas d’aigreur en moi. C’est vrai : je suis exclu, marginalisé, autrement,

différent et inutile. Pourtant une immense force me pousse à produire, à extraire et à

tirer de nouvelles solutions ou combinaisons d’écriture.

Je dois aller outre, sans trop me soucier de la critique acerbe, parfois

médisante, ne possédant qu’un seul angle d’analyse et commettant de mémorables

bévues le plus souvent.

Il est vrai toutefois que si je ne parviens pas à crédibiliser ces ouvrages

aujourd’hui, alors que je suis vivant et en pleine santé physique, je n’y arriverais pas

483


mieux, moins bien encore, trépassé et encombré de lourdes mottes de terre.

Ainsi c’est le jeu, certains président des structures littéraires, s’imposant une

petite place dans un cercle réduit, quand d’autres remplis de zèle et de foi attendent

désespérément le mépris d’un regard et se meurent oubliés à tout jamais dans la fosse

de l’insignifiance.

484


Le néant du solitaire

O les énormes potentialités poétiques, confondues, perdues dans les méandres

de l’indifférence ! Qu’ai-je fait ? Me faut-il expliquer encore ? Je vous offrirai ces

richesses inouïes, ces dorures inutiles, ces aptitudes vaines ! Je possède un trésor, je

connais l’accumulation des choses délaissées et désuètes. Cette sagesse est

dédaignée. Qu’importe ! Dans mon néant de solitaire, je veux me repaître et jouir

atrocement.

485


L’abstraction

J’avale de fameuses gorgées d’imbécillités ! Je me nourris à toutes les

bouches. Je transforme tous les poèmes lus, sus, pensés, dérivés, j’agis quoi !

J’accomplis des pas dans ma conscience. C’est encore du venin et ma cervelle me

brûle.

Ce que je cherche, et j’ai la conviction que cela ne pourra guère aller bien loin,

ce que je cherche c’est une sorte d’abstraction élevée, complexe, difficile à

percevoir, peut-être impossible à comprendre, nécessitant non pas de la capacité

intellectuelle pour être intégrée, mais de la sensibilité autre, globalisante. Et pourtant

je sais que le principe phénoménologique de Husserl ne peut qu’en partie résoudre

mon problème.

486


La finalité

C’est encore ta médiocrité ! Ta faiblesse ! Les ambitions, - à rire, en vérité !

Tout cela est insignifiant. Ai-je cru une seule fois pouvoir obtenir un résultat

satisfaisant ? Je n’y croyais pas, je me voyais très nettement en dessous, inapte à

rivaliser avec les disciplines scientifiques. Quant à ce suave concert spirituel propre

aux disciplines artistiques, j’hésitais, doutais. Les recherches de l’émotion et de la

sensibilité me paraissaient certes intéressantes, mais insuffisantes dans leur finalité.

*

Par l’émotion, on accède à l’amour et par l’amour au Fils, n’est-ce pas ? Alors

qu’est-ce à dire ?

487


Le mendiant

Rien. Une grasse soirée d’écriture où coule une production détestable, repue

des lectures des anciens ! Ici le silence veut s’instruire.

C’est un goût âcre de cendres tièdes, là dans la bouche qui colle au palais.

Pourquoi s’éterniser à écrire quand l’œuvre est nulle pour autrui ?

Pour soin peut-être ! Aller encore au plus profond, prétendre y découvrir des

secrets inconnus, des combinaisons heureuses de sons, de formes et de sens. Pourquoi

pas !

Tu es un mendiant, sollicitant toutes les mains, implorant quelques aumônes

auprès de tes pères. Je veux te voir travailler, extraire par toi-même de la sublime

pensée, celle qui dort là au fond de ta cervelle. Mais en es-tu capable ? Seras-tu apte à

réorganiser, à dériver, à déplacer, à réactiver ta mémoire avec ta sensibilité

personnelle ? Sera-ce suffisant ? Le produit « nouveau » obtenu sera-t-il digne des

résultats d’autrefois ? J’en doute fortement.

488


La condamnation

Qui se prétend supérieur ? Qui se croit très fort ? Quel poète prétentieux,

certain de son aptitude, de son élévation, jure de posséder une œuvre illustre, capable

de passer à la postérité ? Tous, en vérité se nourrissent de leur propre idéal,

s’enchantent à leur propre sève et s’exaltent dans un concert d’éloges.

Qui recule, s’étonne, se répand en basses caresses honteuses, jure du contraire,

change du tout au tout ?

- Les mêmes quand enfin la vérité céleste les atteint pleinement.

Riez, esclaffez-vous, poursuivez votre ronde cynique,

- Je vous condamnerai.

489


La vocation

Je me dois aux vers. Telle est ma nature. Que je le veuille ou non, l’ordre est

d’obéir. Cette écriture n’est pour personne. Je la conserverai uniquement pour moi,

comme bien céleste remis par le Seigneur.

Je me dois au Christ. Telle est ma nature. N’ai-je pas transformé et transcrit le

livre sacré ? On me pardonnera mes erreurs. J’ai gagné la Porte, non ? Donnez-moi

mon dû. Laissez-moi entrer.

Là-haut ce ne sont que des âmes silencieuses. Il faut se taire. Telle est la Loi.

Je ne dévoilerai aucun mystère. Tout sera caché au fond du Moi comme un trésor

splendide, interdit et inaccessible.

Toi tu avais du talent. Ce que tu transmettais se comprenait aisément. Il y a

quelque chose de magique dans ton système. Ta méthode est foudroyante. L’on me

déteste, me méprise, m’ignore. Qu’importe ! Tu vois, j’ai la ténacité atavique de ma

descendance et j’insiste encore.

Je veux accumuler, produire, tirer de mon vide quelques substances

heureuses ! C’est ma passion, mon travail en vérité.

490


Phrases

Une matinée lourde d’excréments et d’horreurs nocturnes, un goût détestable

de ta chair repue près de la mienne. Quel saccage ! Quel gâchis de temps et de génie !

*

Oui, sensibles et fragiles, cassant le cristal jusqu’à l’obtention de la note

sublime. Qui cherche à se purifier ? Aériens et supérieurs. Du moins nous le

prétendons ... car en vérité ?

*

Vois je suis ta mendiante, je t’implore la rigueur, et cherche à me mieux faire.

Tu es un monstre pour moi, la représentation du savoir ! La pénétration extrême ! Je

suis dans le vil désespoir et j’espère me parfaire. Offre-moi quelques-uns de tes

déchets, je veux m’en repaître. Ca t’est égal ? Tu te ris de moi ?

*

C’est le luxe, la quiétude, le bien-être total dans la richesse absolue et la santé

parfaite. C’est l’idéal de vie terrestre avec femmes splendides, obéissantes et serviles.

C’est du Baudelaire !

C’est la purification extrême pour accéder à l’au-delà prometteur. Ce sont les

491


Houris et les boissons rafraîchissantes.

La vie, quoi !

Et le rêve s’évanouit !

492


Bornes

Bornes, - bloquées - bornes à déplacer.

Vers est la volonté de tendre, de pousser

Je marche avec l’attente

les portes que je pousse,

les marches que je monte

les pas qui descendent

Je vis ou survis sans m’arrêter

Quelle hauteur génitrice ?

Quel au-delà supérieur ?

Je fais valdinguer les quatre dimensions connues,

moi le sage - ma frontière ?

Nulle patience

Dans la nuit, avec ta marche

ou courir pour atteindre les extrémités

Cet espoir dans le lointain

constellé de galaxies, de points infiniment peu,

493


infiniment grand,

toi, dans ta quête éternelle, impossible, folle

exploitant l’émotion douloureuse,

perverse ou ambiguë

dans ton volume de rêves

494


*

Ainsi d’une méthode.

Me pénétrer.

Ce principe d’investigation cérébral.

Combinaisons brutes à purifier.

Au-dedans, plus loin, encore.

A l’envers, à l’endroit. En moi.

Au-delà de l’absurde, chercher, trouver.

Démence et rage d’écrire.

Toujours. Sans jouissance.

Pour quelle extase intellectuelle ?

495


*

Tant de nuits se ressemblent.

Je commence par marcher, marcher pour ne plus m’arrêter, ne plus

m’arrêter pour aller en Toi.

Oui, encore.

Je suis l’amant d’un poète. Continuellement, je t’obéis.

Tu penses, j’écris. Je te relis.

Attention. Évitons de commettre des erreurs. Travaillons.

Il tressaille, j’écoute.

Je vis avec son ombre.

496


*

Ta chair encore, ta chair.

Le cerveau-sexe.

Je pense, je palpe, je conçois, j’envisage.

Plus prolifique que dans le ventre de l’orgasme.

La petite mort pour la Grande Mort.

De la jouissance à la métaphysique.

J’accouche de Dieu lui-même

O sublime conscience,

aspirée par la Vérité, par l’A-vérité.

Éternelle interrogation.

497


*

Les consciences se superposent

en strates, les unes sur les autres

Une cervelle à étages

à degrés

Des voûtes, des voûtes, bleus, noires, claires

Passer de la certitude princière

à l’élévation la plus élaborée

à une perception supérieure et limpide

Accéder à la lumière suprême

Mêlez, mélangez, embrouillez-vous !

Tu es : l’Action pensive, l’esprit intensif sans invention.

498


*

Cette fois encore c’est de l’énergie pour ma misère

Profondément mon apparat qui donc es-tu ?

Que représentes-tu ?

Je t’ai su, vautour

Avec mon âme perdue dans ses gaspillages

Je me suis exilé dans des souffles

D’applaudissements

La quantité obtenue, la mort désirée,

L’écrit achevé

La complicité de l’un avec l’autre

Inquiet, insomniaque, attendant - quoi ?

Sonné, sonnant, bouche auréolée

D’orgasmes poétiques chanteurs

Ho ! Suavité enchanteresse, qu’il dit !

A lire ....... à entendre, en vérité.

499


Légèreté de style, d’audace

Poursuis encore.

500


*

Quand j’idéalise la femme, je détruis la réalité

Quand je connecte des combinaisons, je déraisonne

et j’abolis ma science

Ma pensée, ma beauté, ma rigueur

Je dégraisse la lumière quand

César Valléjo fait du miel pensé

Ensemble, qu’obtiendrons-nous ?

501


*

Nul ne sait qui je suis.

J’habite une bulle métaphysique

J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore,

Je palpe du silence.

Je broie de la Lumière, je l’accouple

avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit,

se développe, s’impose.

Qui prétend accéder à mes limites ?

Je dénonce les distances, je les déplace,

je pousse les bornes.

Suis-je seul, de Moi à Moi,

Quelle avancée ? Jusqu’où ?

Décalez-vous sur mes limites. Ajoutez,

allez plus loin.

502


*

Cette fois avec violence, énergie de haine

Obliquement en toi pour exploser

en rimes de rumeur

Je te prends, te reprends,

t’expose sur ma façade d’écriture

d’exil.

Il y a symboles, suavités d’orgasmes,

Sources, volcans, torrent impétueux

de chevelure de femme

Tu vois, je produis encore

par l’image, la mémoire, l’autre - je produis

503


*

Mer avec volumes d’oxygène, brassages d’idées, force

Tu pousses l’homme, tu l’élances et les vagues tournent et retournent l’insensé

qui apprend à penser

Conception dans les hauteurs comme une pluie éphémère qui viendrait baigner

une tête idéale

fuit

Spiritualité belle et claire qui offre ses souffles et ses tremblements au jour qui

Et ma philosophie, qu’elle vole, s’envole

sur l’érudition de la mer, craintive, pleine

d’espoirs, fixant l’avenir.

504


*

Le soleil s’étale dans ta main claire.

Il serpente parmi les sinuosités de tes doigts.

Il est le fluide invisible qui anime ta curiosité.

Je bois, je lèche, cette substance de désir au goût succulent d’avidité.

Tiédeur obscure, je cache mon visage sereinement pour comprendre.

Ô crépuscule d’or, pénètre en moi ta substance sublime - coupoles illuminées

de certitude, nourrissez-moi de vos formes parfaites.

Je sens naître l’apothéose qui fera exploser ma conscience.

505


*

Surexciter la cervelle. Fondre l’ombre. En faire couler de la lumière. Instaurer

l’écriture numérique, vraie, unique.

La poésie ? Une mauvaise manière pour qui fait de la mathématique, un

non-sens, une faiblesse, une situation en dessus - NE PAS INSISTER.

Les poètes ? Des rêveurs, inutiles, has been, à l’émotion désuète.

...... Essayait d’échapper, d’échapper encore.

- L’art populaire est bien le cinéma.

La voix dans la blessure, fausse, mensongère,

- me contemplant hurlant, suppliant,

Des yeux avec poignard en plastique - sang

et perles abondants. Est-ce trucage ?

L’image est une invention.

506


*

L’étang s’achevait dans les rumeurs interdites

L’étang clair d’idées, de mots à pécher

Le bavard - le pécheur - toi, en vérité

Il y avait cette chaude soirée d’extase

Tu y allais, en revenais, y allais

Tes plaintes, tes écritures, ta façon - détestable

De supplier, de partir, de chercher

Ta raison plongeait encore

A la recherche de quelque substance rare

507


1

La semence

L’intérieur

La durée avec de l’énergie mentale

dans l’actif - le cerveau

produire - penser - produire - essayer

ce langage.

Construire avec la confusion d’images

dans l’ombre de soi

réalités trompeuses, mensongères

en vérité - matériel de poète.

Vue et envoyée sur le papier

entrecroisements de voyelles et de consonnes

sensations magiques - esprit magnétique

il s’autorise - il risque - il prend

508


2

Battements

énergie en soi

situation de combinaisons à caramboler

Dans les synapses - la poussée

pousser du langage

pour le dehors

Nulle patience pourtant - le coup à espérer

à prendre le coup

Hiéro - le sacre de soi-même

la certitude de la valeur

Les siècles des autres poètes - des littéraires

Mon langage expiatoire - qui ? quoi ?

Écrire - ne pas dire - se taire - Écrire -

Tu assassines des mots - pourquoi ?

509


*

Je sais qui je suis

en moi jongleries littéraires

conjuguer les mots-passe

il n’y a jamais création - mais emprunts

exploitations dérivées

Je pressens le lieu à atteindre

Sont-ce des perceptions ?

éléments vibrants chargés de masse pensante

510


*

Plonge au plus profond de mes yeux d’or

Mon éternité te cherche encore

Je t’offre mes calices, mes hosties et mon vin

Tu es mon amour, ma croix tendre,

Je prophétise dans mon désert

Je donne vie à la mort. Nous nous unissons.

Déchirée, distante, ailleurs,

S’enfuit l’Inspiration

Viens Beauté sans chair, sur la nuée,

D’extases – viens-t’en t’épanouir d’orgasmes

Clairs et licencieux de plaisirs

Ainsi je suis l’Esprit qui engendre le poème,

L’homme cherchant la femme parfaite

Pour l’épuiser dans des épousailles mystiques.

511


*

Je lis César Valléjo. Il m’accompagne,

il a dans RETABLE:

des lyres en deuil,

des vaisseaux sacrés

des sorciers bleus

le suicide monotone de Dieu

De l’or absurde

J’accuse mon organisation - je prétends .....

Le puis-je réellement ?

512


*

J’échappe enfin à l’excrément, à

la puanteur funeste, j’espère m’élever, fuir

la bassesse détestable.

Je le sais : personne ne constatera mon

départ - ma fin est bien une misère de quidam

Sera-ce assez, sera-ce suffisant ?

513


*

Quelle capacité réelle avec ces volumes

en surnombre ? Tu ne peux te résoudre à n’être

que cela. Qui saurait te consoler ? Trouveras-tu

quelques substances satisfaisantes en toi ?

Tu offres aux hommes des écrits : des milliers de

feuilles multicolores encerclent les lecteurs. Étonnés

puis méprisants, cela ne saurait les intéresser.

Tu aurais toujours la certitude de te

construire une personnalité quand bien même ton œuvre

n’aurait aucun avenir.

514


*

Descends dans l’ombre au plus profond

escalier plus bas encore encore descends

Creuser dis-tu dans ce dédale

avec confusion, espaces réduits,

interdits,

bouchés

carbone sans cristal.

Nulle clarté - j’amasse de l’ombre

Ne rien voir, ne rien entendre

puis des lettres, des signes là-bas au fond

Le rouge de ton coeur,

la femme-passion - la flamme braises claires

le fleuve sang de l’amour

515


*

Bornes détestables - limites haïssables

d’interdits de blocage de liberté concise

ennemis qui me brident,

que l’on m’empêche de déplacer

Mes bases, mes sommets, mes étendues

Ces bulles religieuses de belle atmosphère,

suffis-t’en ! Suffis-t’en !

Les pas, la vitesse sur le cercle-limite

toujours tourner - toujours !

Hauteur intérieure qui espère faire exploser

ce couvercle bloquant

Je parlerai plus tard de la dimension temporelle,

principe à intégrer dans l’espace poétique mien.

516


Élévation sacrée

Lune, ornement sacrée dans la nuit noire

ou bleue

Joyau, couronne de lumière qui fait

le ciel songeur

Toi, douceur qui s’enfuit en lente parabole

de diamants

Dans cette projection fantastique d’ors et

Je contemple ma pensée mystérieuse et altière

qui se disperse dans ce flux de lumière, avec cet

orbe et cette aura.

Je crois y supposer le futur d’un idéal parfait.

517


La patience

La patience, - nulle patience

avec musique

J’avance sur les douze cristaux

par l’Esprit.

Réécrire - ressortir ce qui a été pré-pensé

Dans quelle zone du cerveau se situe ce travail ?

de tentatives

Constellé de mensonges, de recherches, de doutes,

L’on construit la suite avec le matériel antérieur,

expulsion cérébrale appliquée sur la feuille blanche

Fabriquer du sensible, connecter l’émotion d’autrui,

s’approprier l’histoire de l’autre, - mentir pour trouver

Le vouloir semble fort. Qu’obtient-il réellement ?

518


*

Nourrissez-vous de gloire. Je n’en ai nul besoin.

Je ne m’agite pas. J’aime l’indifférence.

Ceci est vérité. Comblez-vous de triomphes !

Je cherche la formule élaborée et pure

Contenant les essences des plus profonds mystères.

Assistez-moi pourtant, prêtez-moi vos ouvrages,

J’ai besoin de substances et d’auras poétiques.

Une pensée astrale s’évade dans les airs

Absurde et insensée difficile à saisir,

Impression délétère tel un oiseau qui fuit.

L’essai est transpiré. Que faut-il espérer ?

Une critique acerbe toute nourrie d’aigreurs ?

Serai-je dans l’excès ? Je travaille avec vous.

Sans vos purs exercices, qu’aurais-je su écrire ?

519


*

Une conscience de difficultés

de solitude

d’exclusion

libre mais seul

de soi à soi

à l’intérieur

la voûte

Toujours plus

il faut concevoir

Épurer la raison,

éclairer la certitude

Travail intensif

Volonté interne - désir de s’élancer

C’est donc de l’énergie mentale mise au service

de la poésie. Pour quel résultat réel ?

520


*

Descends maintenant, déclouez-le !

O mon interminable douleur, mon amour éternel,

déclouez-le !

Retourne dans ton désert - irrigue-le d’Esprit.

Vomis ta ciguë, engorge-toi d’antipoison.

Tu nous offres tes vins - déclouez-le ! vous dis-je.

Tu marches - ta chair n’est jamais morte. Nous avons

glorifié ta mort au fil des millénaires.

Elles ont tressé le deuil, les femmes nourries du

miel de chasteté.

Tes femmes, ton Dieu, ton désert, ton Esprit, tes clous,

- l’espérance de l’humanité est entre tes mains.

521


*

Douleur plaisir trois filles

âme légère le pied libre le corps voltigeant

Devant mes yeux dans le front

l’espace du mensonge

La bouche intérieure

Grâces ou Muses, qu’importe !

La parole un seul auditeur moi-même

la connaissance pour mon éternité cérébrale

J’efface les filles. Que reste-t-il devant mes yeux ?

L’intemporel, l’immuable, l’inusable

522


*

Ceci : battements, je tremble

sans colère au pied de mon soleil

embrasant l’incendie

j’agonise en moi

Puis près des ailes, filant, filant et profondeur

Pensée qui me vient

j’offre aux feuilles - quoi ?

le regard - le miroir -

Les soupirs agonisent, se meurent

je ne puis dériver le sens

Possibilité affligeante du mot !

Tu vois - je fuis encore, je tremble,

du moins je m’y essaie

Je persiste et veux combler mon mystère.

523


I

Voici, c’est du second. Non il faudrait

atteindre le troisième degré. C’est encore la

plume avec les lettres. On est loin d’une leçon

de physique expérimentale. On est loin !

A toi du signe à la feuille, de la

feuille à la page, etc. Oui, écrire, mais quoi ?

L’amour, l’immatériel, la masse, la gravitation,

la liberté de l’art ? Grimace et réfléchis,

et trash et trash, et non !

II

Muse agitée dans l’espace, Muse que

l’on espère - l’on appelle son règne - descends,

viens-t’en, ordonne au gosier chanteur au-delà

des crissements détestables - ordonne avec ce

souffle impétueux et grandiloquent.

524


III

Qui détermine la limite ? Quel horizon,

quel interdit ? Quel blocage, encore ? Et pourquoi ?

Voilà le vrai discours : il faut aller outre. Aller !

Regarder tout droit, autour, dessus, dessous - avec

l’invisible, avec la machine, avec Dieu - bien sûr.

Encore en soi, y faire une trace, trace et mémoire,

pas lunaires d’homme !

IV

Encore sa pureté. Il n’est rein

de plus difficile à atteindre. En soi, sans péché.

Des feuilles blanches d’arbre clair. Blanc, c’est

plus saint. Or et jaune pour le pape - le Vatican.

Muse, si tu entres, tu me salis. Au

paradis, peut-être, saurai-je produire avec

du parfait ? Rejeter les excréments de l’esprit.

détestable.

En moi. Nettoyer mon C : ma mémoire

525


V

Au-delà des limites

pour l’élan, pour la vie, pour l’espoir,

pour la construction interne et invisible,

Voilà la vérité !

Dans le royaume des airs ? Pourquoi pas !

De bons souffles d’oxygène. La bouche

y est meilleure. Elle y produit de doux vocables.

Dans ce monde, la pensée se conçoit. L’esprit

la comprend. Et l’image, alors ? Les amitiés vaines

que l’on appelle âmes !

526


I

Vie poétique. Pensées arrachées au quotidien

Inutile. Sentiments froissés. Subsiste encore

Une possibilité d’extase, d’évasion, d’écrit

Cela se conçoit dans le front, puis il balbutie

De sinistres paroles. Il souffle de l’air chargé

De syntaxes. Homme cherchant, poussant, éreinté

Pour un idéal utopique et impossible. Feuilles noircies.

Il déplace l’angle d’appréciation, l’analyse

Le plus souvent, est détestable. Lui fragile, écumant,

Prétendant encore, fixant d’autres certitudes.

Sont-elles siennes ? Il voit autrement. Cette hypothé-

Tique mémoire, illusoire, d’avenir. C’est bien cela :

Un chimérique clown fabriquant ses images

Stupides, et l’Histoire se rira bien de sa mémoire !

527


II

Dans ces rues, des flux de pensées circulent.

Méandres, superpositions des idées, de la sensibilité.

Cerveau accomplissant, ayant accompli encore et se ...

Cherchant à entreprendre, à reproduire, ignorant

L’ordre de l’événement. Transmettre ! Se cogner !

Pénétrer ! L’élan de l’esprit se déplace

Essayant de rendre cohérents des semblants

Délétères d’entités.

Écrit autrement : sur la page

Tu frissonnes, la pression, entrecroisements, lignes et

Figures. Tes flammèches d’idées. Plans

D’espaces, dis-tu pour construire, virgules à l’infini.

La plume se mêle à la nuit noire. La main

Prétend conserver la matière. La boue coule

Sur le papier. Que la lie soit féconde !

528


III

L’air. Bulles de mots nourris d’oxygène. Avec

Le souffle poussé chargé de sonorités et de langage.

Accumulation, masse pesante d’axiomes. Pensées

Qui se conçoivent en songes. La bouche dicte du vrai.

Où est ta pureté ? Signes noirs sur feuilles blanches.

Dans la grotte de l’alphabet avec coups, usures

Et combinaisons connues et surconnues.

Le promontoire de la grammaire rigide et vraie

Où flottent nonchalants des oiseaux libres qui

Refusent l’interdit et vont hagards s’accoupler.

Encore associer les sonnantes, les éclatantes,

Les graves - que les oiseaux dans ce paradis ou

Cet enfer de corbeaux et de chauves-souris

S’associent, s’accouplent, exultent en rimes de rumeur.

529


*

Bornes qui explosent, qui se déplacent,

Bornes fragmentées.

Ma reconsidération, ma certitude, mon espoir

d’actions. Avec bases, verticales et sommets.

Poussées et montées dans le petit, l’insignifiant.

530


*

Je n’étais que cela

Qu’une médiocrité s’essayant

A l’estime poétique

Dans la nuit macabre

J’étais stupide et faible

En dessous du suffisant

Comprenant la bêtise

D’une discipline décadente

L’outil dérisoire, faisait

Ricaner les jeunes filles

Je n’étais pas aveugle,

J’étais plein de conscience

J’analysais les traces

Laissées par la mémoire

Mieux valait se cacher

Tant la honte était grande.

531


Et je créais des mondes

Que j’aurais dû abandonner

Que j’aurais dû enterrer

Sous le marbre de l’oubli.

532


RÉSONANCES V

533


Introduction

Tu produis le jour Tu penses A quoi ?

Tu t’essaies à des solutions le plus souvent faciles

Tu n’as donc aucun mérite ceci est eau qui coule

Elle dort, elle parle Tu notes

En vérité tu sais fort bien que

cela est plus compliqué que tu ne l’écris

534


I

Jour d’ennui avec rien

Contre le mur

Le faire exploser - explo

Définir une autre ligne

Vider le texte pour le remplir

Achever Résonances IV et

Chercher le V. Quel contenu,

Quelles possibilités, quel avenir ?

Du peu avec faiblesse

Insister toutefois

535


II

Jeux stupides d’écrivain

Qui obtient du jamais

Inconsolables tentatives

Qui débouchent sur du Néant,

De la perte, du rien

Le temps nous rend aveugles

Nous sommes les perdants

III

Est-ce de l’impuissance,

De l’inaptitude ? Cette

Volonté de construire

Un espace, de l’animer

De mots et de structures,

- Ces résultats ? Sont-ce

Des échecs de la raison ?

536


IV

Des ruches, des alvéoles

Ont été élaborées, conçues

Puis remplies d’extase, de miel,

De sperme sublimé.

L’oeil décide pour

S’extraire ou échapper

De son trou noir

V

La Nature - l’invisible,

L’intérieur - mes espaces à

Comprendre, développer, poursuivre

Mes défauts, mes erreurs,

Mes certitudes. Évincer les pertes.

Comment en être certain ?

537


VI

A la recherche de l’éternel

Une Oeuvre qui se meurt

Limiter les défauts

Je me perds - je suis peu

Les idioties au quotidien

Affiner la cervelle, dévelop-

Per l’ouïe, - la perception

“ Et pour vous, quel est l’âge de

L’univers ? ” Faisons du bruit en

Compagnie.

538


VII

Le triomphe de ma bêtise

De mon insignifiance

Pont de gloire chez les Anges

Et pour quelle compagnie,

Là-haut ? Je vous le demande !

Je poursuis le Mal qui

Accomplit sa violence.

C’est donc le contenu

Avec son poison - sa

Camomille - un sac

D’ordures. Je ronchonne

Et cherche à mieux faire.

Que vaut le monde à cet instant ?

Quelle question ! Quelle utilité !

Poursuis, concentre-toi. Agis.

539


VIII

J’accède à mon futur

Du moins je le crois.

Fureur, étincelles et mots

Pourquoi pas ! Pourquoi pas !

Les pensées dans l’urne

Du devenir. La tête hésite,

Elle recolle ses déchets.

La paume tient la plume,

Situations internes.

Le front cherchant,

Le feu, la lumière.

540


IX

J’ai peur de ce contenu

Je produis du rien.

Les images de la lune,

Je devrais m’en servir !

Puis-je comprendre et

Mesurer les espaces,

Les intérieurs dans lesquels

J’évolue ?

La bombe sous le bras

Pour l’explosion. Un

Avenir éclaté, une myriade

De petits Mois dépendants

Mais autonomes.

541


C’est une série

C’est une série d’arrangements, de combinaisons, de choix

Car il faut abolir le hasard, - ou le bien tenir

Serré, sérieux ; ce sont parfois ces traces insoupçonnées,

Puériles, douteuses que l’esprit doit considérer pourtant.

Projections dans l’âme ; déplacer le sens des mots ;

L’orgasme de la poétesse en gémissant ; attributs

Et grammaire, - suivre ; faux, sembler, imiter.

L’étendue qui protège ; nulle part et absence ;

Quant à la médiocrité, - elle est toujours présente.

Mon double s’épongeant, tremblant, cachant

Les vieux rictus de l’échec. La salive âcre

Accumulée dans la bouche. Et pour quelle jouissance ?

Le Temps compresse le passé. - Le résultat est vain.

L’avenir du Moi ? - Une vulgaire inutilité, en fait.

542


Le parcours de la conscience

De nulle part. De l’éphémère insoupçonné comme

Intuition, peut-être - pas encore - substance,

Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G

De Spearman sans doute. A la recherche de

L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,

De la fusion - du risque, de l’audace - outils

D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux

Accéder aux plus belles productions de la raison.

Encore avec intelligence, et langage - y faisant

Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.

A moins que je puisse espérer l’intuition pure -

Il ne faut pas douter ! - Plus tard encore la

Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et

J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.

543


La misère poétique

Je n’étais que cela

Qu’une usure inutile de moi-même

Qui s’est efforcée de penser

La nuit dense ou claire.

Je n’étais que cela

Que pouvais-je associer ?

Vague faiblesse de l’esprit.

Pourtant toi, ardent,

Agitant sans cesse la raison,

Tu lançais des murmures

Dans la vaillance éveillée

Toi qui déchirais

La nuit, qui entendais

La voix venue des profondeurs

Tu voyais pour l’intérieur

Tu délimitais des traces

Que je m’efforçais de faire

544


Disparaître, des traces ?

Des lumières.

L’on prétendait construire des mondes,

Des espaces de vie, d’audace,

D’imagination. Qu’était-ce

En vérité ? Une misère poétique.

545


Encore des solutions

Encore des solutions à des problèmes enfantins,

Risibles - à pouffer - rien dans la pénétration.

L’Esprit cherche, - enfin ! Donc : nuages, fugacité,

Ombres, toisons bleues de femmes, jambes effilées,

Valses, pensées scabreuses, lignes de chair parfaites.

La femme. Je la veux numérique, faite de 1 et de 0

Pour ma jouissance cérébrale. Non je pense au second,

Au troisième univers. Est-ce de l’intuition ?

Et la science. Lisez, divertissez-vous ! Cela sera

Votre suffisance. Car votre capacité est vaine.

Mais des modèles de recherches, il n’en est point question.

Toi, toujours, accumule, produis, pense, - avance

Empile poème sur poème. Pour qui ? Pourquoi ?

La ligne mélodique future est encore à trouver.

546


Doubles consciences

Doubles consciences communicantes

Claires, saines et séparées

Il y a transfert d’idées, d’énergie

Pour l’intérieur - à deux - y arriverons-nous ?

Élans, volontés - actions - combinaisons

Oui, toujours.

Vérités simultanées de certitudes jumelées,

La trace - le fantôme sont derrière

Comme l’ombre et la silhouette

Mais l’ombre se dégageant de la silhouette

Peut anticiper le pas, le provoquer, - le suggérer.

547


Je fixe le phosphore

Je fixe le phosphore - l’oeil du coq veille.

Parfois dans mon désert, des fantômes d’idées

Apparaissent. C’est espoir à satisfaire. L’alphabet

- Abêtissez la substance des mots, la lettre c ...

L’oeil cligne pour le caché, l’intérieur. Le Poète

Solitaire crache l’encre sur le papier. La cervelle

Broie de la pensée brute, la malaxe, l’extirpe,

La répand comme une substance dégueulasse

De vomis, de sueurs, d’excréments, de pleurs,

- La broie. Extases, jouissances, chiottes,

- Va-t’en, tu pues. Alors je déclenche l’acte

De purification, prête sacrificateur, à l’esprit élevé,

Au savoir parfait - j’exulte des stances claires

Et belles. Le silence envahit ma bouche - je cherche.

548


Subsiste encore une recherche possible

Le murmure éternel dans les tempes. Le souffle

Qui casse le silence - des bruits indistincts

Travaillant, travaillant au plus lointain -

Jamais satisfait. La souffrance, la fracture,

Le peu, - les fibres émotives - subsiste encore

Une recherche possible, impossible, déçue.

Je réorganise le passé, y ajoutant les déchets

D’avenir. Dans d’autres circonstances, - la sensa-

Tion détestable. Comblez ce déficit, comblez.

Inlassable, désireux. Ce qu’il faut pour écrire.

Impétueux fantasme de puissance ubuesque !

Illusion d’espoir, d’Allez, de poussées, d’élans

Mentaux. Le voilà à nouveau porté, lancé

Vers l’inrêvable à atteindre. Pourquoi pas l’impossible ?

549


L’analyse - les méditations

L’analyse - les méditations - l’immortel.

J’assassine ma pensée. Une volonté singulière

Audacieuse, déconcertante, - mon essence d’homme,

Différente, messianique, - désirer autrement.

Toujours se questionnant pour se dépasser, quel projet ?

Décomposer l’âme, délaisser le corps - la chair -

Concevoir des représentations vraies, unifier les

Substances - c’est ça : se transcender, est-ce

Son choix d’être ? Quelles propriétés, quel pouvoir ?

Suis-je fatigué de moi ? Une nouvelle force. En

Serai-je capable ? - Le doute suprême du jamais

Car l’interrogation ouvre sur la conscience et le possible.

550


Le chemin de l’âme

L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience

D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité

Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -

La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.

La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?

Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,

Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !

La modification proposée pour le Christ, le dessein,

La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.

Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour... ?

La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-

Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,

De perceptions, les rapports, les constructions etc.

Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?

551


La mémoire de l’histoire

L’absence qui n’a pas été retrouvée, comment la

Saisir et où ? Est-elle perdue dans l’A-histoire ?

Mes mutations, mes essences progressives de vérité,

Parfois, moi l’homme, je m’en souviens, - je les ai inscrites...

Est-ce mon degré de conscience qui détermine ma

Volonté d’histoire, elle-même liée à une

Recherche de métaphysique ? Singe, je transmettais

Mon patrimoine génétique, du moins, homme, j’ai

Ma langue, mon sacré, mon profane, ma culture,

Un monde historisque. Je conçois l’histoire

Dans le principe évolutif de Darwin. Husserl me

Paraît impossible et Heidegger trop sectaire entre deux

États - l’avant et l’après grec. Ce que je sais :

J’ai toujours besoin du passé pour construire l’avenir.

552


L’homme et son double

L’homme et son double. Son Moi pensant, supérieur,

Transcendé, qui condamne la chair, la repense - s’élève,

Qui subit cette relation d’homme à l’être avec nécessités

De satisfaire les besoins terrestres - Lui qui s’évanouirait

Dans la transparence - qui est englobé, écrasé dans

Cette chair ténébreuse et puante ! - Oui, d’autres limites,

D’autres possibilités. Il est avec l’Autre, relation

Étrange, détestable, de dominant-dominé, de

Faible-fort-d’espoirs et de réalités. Cette bipolarité,

Cette correspondance. L’homme tend vers la Terre, quand

L’Esprit est attiré vers le Ciel. J’attends, je fais du sang,

J’attends fébrilement la mort - la rupture, la coupure,

La cessation, la fin - pour cette liberté spirituelle

D’accession à l’Idéal parfait de la Divinité.

553


L’errance

L’errance. Pour découvrir une autre vérité. Au-delà

De l’époque. Ignorer toutes les histoires passées -

Est-ce réellement possible ? Et je pense à Arthur -

L’errance, est-ce une erreur ? Moi, je lui ai préféré :

La synthèse à l’intérieur avec les produits d’autrui.

Et j’ai fait œuvre de jeunesse - de valeur inférieure.

Cela va s’en dire, mais j’ai cherché également.

J’ai insisté, sans faire preuve d’aberrance - avec fréquence

Toutefois. Étais-je égaré ? Non, tout ceci était borné,

Banalisé, sûr, certain, fort et grand - il me fallait

Fusionner le savoir de l’autre, des autres - il fallait.

Destin avec Destins. Alors “ la liberté-le sacrifice ”

Ou “ le malheur-la réflexion ? ” Pour quelle détresse ? Quel homme ?

554


La pauvreté

La pauvreté - en constance de manque, d’interdit,

De blocage - de privation, avec certitude

De faiblesse. Relation de l’homme à soi. La

Vertu est-elle une richesse ? Faut-il se dépouiller,

Se purifier, rejeter l’animal-subsistance ? La métaphysique

Exige la pauvreté. Dieu étant le fabricant,

Est-il le donnant ? A quoi possède-t-on ?

Où sera la suffisance de l’âme, de l’esprit,

De l’homme, de l’athée ? Jusqu’où iront les hommes ?

L’élévation. La finitude pour la perfection - l’espoir ;

A quelle extrémité de dénuement ? Dans le désarroi

De notre Néant, de notre sinistre profondeur ?

La pauvreté - l’homme sans facultés, l’homme avec

Dieu, mais toujours peu. Avec le Fils mais ignorant,

Avec l’Esprit mais impur. Faut-il faire l’Ange ?

555


L’homo lozachus

Un homme qui pense sans fonctions biologiques, homme

Sans appartenance à la nature - la délaissant, la niant,

La refusant - Corps-prison - sexe bas - actions primaires

Rejetant la vie dite essentielle - homme parlant-écrivant,

Apte à percevoir le sensible - essence qui pense -

Pourquoi ? Pour sortir, s’élever - rejeter la chair.

Esprit aspirant à la liberté spirituelle, l’au-delà.

Être en attente de mort, soucieux de vie cérébrale,

Se préparant, se construisant - mystique-actif -

Désireux d’accéder au supérieur, le supposant -

Le pré-sachant - existant sans les organes, toutefois.

Non pas le pari, mais la certitude - les preuves visuelles -

Se formant pour accéder au grand principe de compréhension

Universelle. Mais est-ce raisonnable ? Est-ce ?

556


L’être subissant

Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.

Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,

Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche

Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre

Accéder à un état purifié pour changer mes relations

Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.

Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,

La logique, le sensible, le saut etc., les outils -

Rationalité, expérience, futur - le matériel, et

D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation

Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.

Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.

Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.

Finalité de l’homme - Est-ce but ultime de la vie ?

557


Le temps et la mort

La mort. Quelle mort ? Terrestre, de présence, d’à-côté ?

Fait biologique ? Que craindre ? La vérité révélée,

Enfin ? D’avenir - d’existence - d’au-delà.

La mort possible à chaque instant. Suis-je menacé ?

Le temps peut-être qui condamne mon projet.

L’avant-mort avec déchéance de vieillissement.

L’être-pour-la-mort se projette en avant de soi.

Il devance son objectif.

La rupture - le changement

D’espace - d’autre vie. ESPOIRS ! Y a-t-il une chose ?

Quelque chose ? C’est affaire de croyance ou de foi.

L’immortalité rapatrie la vie auprès d’autres existences,

Mais quelle conscience pour l’élu ?

Qui dans son espace

D’homme s’est réalisé ? La certitude de l’ennemi, le temps.

Toujours à mes côtés. Augmenter le volume des jours.

558


Reste l’absence

Reste l’absence. Pour quelle présence ? Vers qui ? Personne.

Tout en Moi. Sans détresse. Avec raison et avancée.

Il n’y a nul désespoir, mais conscience du dedans.

Il s’agit d’une formidable activité interne, cérébrale.

Ne s’aventure pas dehors, sachant la faiblesse,

La part inutile de l’autre. S’instruit dans des livres.

Travaille avec les Anciens. Est-ce calcul, analyse ?

Est-ce vrai ? Pourquoi le doute n’explose-t-il pas

En suprême pensée ? Craint-il la mort ? Il l’attend,

Certain de l’au-delà, de l’avenir. Quelle menace ?

Crainte de l’impureté figée dans l’accumulation

Humaine, de débris, de pourriture, de soi, en vérité.

Donc se faire Christ ou Saint, s’élever, at-

Teindre l’intemporel, ou l’effrayant néant, peut-être.

559


L’homo spacialus

Une planète qui se rétrécie. Le travail uni-

Versel. The Global Village, la mondialisation.

La sacro-sainte évolution technologique, le partage,

Les ressources naturelles, le risque atomique, les pays

En voie de développement, les nations riches, l’ONU.

C’est le seuil d’une époque, le troisième millénaire -

Contrôles, tests nucléaires, CNN, les Coms.

Les races disparaissent. Les villes cosmopolites de Rimbaud.

Le Big Brother, faut-il en avoir peur ? C’est non,

C’est l’ami, c’est l’espoir. Vigilance et espoirs.

C’est conscience par l’homme spatial de son insignifiance,

De la boule bleue, unique, si petite dans l’Univers.

C’est la plate-forme ALPHA de coopération, d’amitiés.

Est-ce de la naïveté ? Le progrès selon Victor Hugo !

560


Eléonore

Dans mon rêve l’image, le dessin, la couleur,

Et l’écho de ma voix qui implore le progrès

Qui se plaint, qui gémit, qui espère, fanfaronne.

Le bord de l’océan est ce lit qui implore

J’ai oublié, très clair - le reflet de ton ombre

Et soudain l’insensé hurlant : “ Éléonore ! ”

La cendre de tes cheveux est éparpillée

Les bribes de ta bouche s’efforcent de parler

Tu te transformes encore en volutes élevées

Tu disparais, réapparais dans non Néant sexuel

Ta voilà mollement et la lune est si triste

Orgie poussière et lit, j’accumule du vide

La semence s’envole sur ta chair délétère

Ma mémoire vacille mais elle te cherche encore

561


La nouvelle syntaxe

- Ha ! Vous jargonnez s’agissant de syntaxes

De nouvelles structures offertes à vos écrits !

Comment osez-vous déplacer les langues grecque et latine ?

Quelle audace, quelle audace ! Il y a résistance

Du sens avec ces nouveaux concepts ...il me faut

Inventer des substantifs. - Quel risque heideggérien !

Et les audaces beaufrétiennes de traductions. Cette

Précocité archaïsante en est presque cocasse ou coquette.

- Détestable tautologie ou analogie trop facile.

Non, Messieurs, exploitez la bonne logique d’Aristote,

Avancez à coup sûr avec Descartes pour comprendre.

L’être n’est pas un sens abstrait concrétisé par la suite.

Le mot “est” a un sens bien précis. On ne saurait

Le ramener à un simple concept. C’est pourtant évident.

(Dialogue entre un latiniste zélé et un écrivain)

562


La stratégie

La stratégie - le but - l’objectif - le désir.

Que veut cette pensée humaine ? Comprendre l’Essence.

C’est-à-dire l’origine et la finalité. Est-ce

Les deux, il y a l’homme, donc Alpha et Oméga.

Le dessein de l’origine de Dieu, le dessein de la

Finalité de Dieu. L’homme se situe entre les deux,

A un temps défini. La pensée est dans l’homme. Cette

Pensée là n’est peut-être qu’accident assez insignifiant.

Il faut se purifier. C’est donc un schéma mystique.

Il faut apprendre à déposséder pour nous jeter

Hors de nous-mêmes.

La finitude est dans l’être toutefois.

Il s’agit d’accéder au plaisir ou à la jouissance,

Une sorte de bonheur de vivre que l’on nous promet.

Ou l’éternelle douleur dans un profond Néant, peut-être.

563


Le dépouillement

Le dépouillement - la destruction des valeurs,

Le renoncement de la chair - l’abolition financière,

La remise en cause de l’acquis. A poil ou

Ne passe pas. Votre savoir. Votre ignorance. Moi,

Dieu. Je détruis vos structures. J’abolis vos principes.

J’offre un nouveau destin - changez ! l’essence de la

Vérité. Achevez le schéma de la subsistance, de la

Jouissance. Vous appliquerez mes nouvelles lois.

Ce nouveau vrai dans un espace révélé, différent.

Ta valeur ne compte plus ; condamné à effacer

L’âme transcendée ; - le partage ; est-ce survivance

Élaborée dans époque future ? Abandon immédiat

De soi - autre logique - autre certitude, autre

Objectivité ? Pour quelle richesse, en vérité ?

564


Le calcul

Le calcul. Le pari de Pascal. La garantie future,

La méthode de l’arriviste. La constance de

Certitude. La vérité dans l’invisible. La perception.

Rationalité et paranormal. Science et au-delà.

Se refaire. Se reconstruire avec du délétère,

De l’impalpable. Penser avec l’inconnu. Supposer.

Est-ce audace, risque ?

Une vérité unique,

Intransmissible, pour soi-même, - expérience personnelle

Volonté de rechercher avec l’objectivité.

Le doute - la fiabilité de ses sens - les résultats.

Est-ce nouvelle essence métaphysique en auto-prospection ?

L’avenir. Le Dieu vrai. Le bonheur, le bien-être. L’utopie.

Ou l’éternel néant. La finalité du rien. De la mort

Totale, biologique, absolue. - Qu’en est-il de jouer ?

565


Les conditions du possible

Ce que l’on ignore et qui est possible ; la limite

Temporelle imposée à l’homme ; le cadre de l’époque ;

Concevoir l’imposable par le risque et la créativité ;

L’impensable, - l’absurde, - puis un élément insignifiant

Vrai participant à l’élaboration du projet, second

Élément ; troisième élément, - les contours se dessinent.

Un désir qui porte au-devant de soi dans un espace

Nouveau, inconnu encore. Suis-je capable d’at-

Teindre ce que je désire ? La condition du possible

Se situe dans l’homme qui veut devenir être ; pouvoir ;

L’origine du désir, - ses gènes sexuels et cérébraux ?

Est-ce de l’énergie alimentaire transformée ? Qu’est-ce ?

Ce besoin, ce facteur G de Spearman, cet indice C

D’élans, d’actions. Qui le produit en soi, qui ?

566


La détresse

La détresse. La conscience du faible, du peu,

De l’insignifiant. La volonté, l’appel, la supplique.

Un Dieu ? Ce Dieu ! Lui peut prendre en pitié,

Aider, aimer, ajouter, - offrir des miettes - Lui peut.

Moi, nulle puissance, - nulle intelligence. La fourmi

Médiocre, au souffle insignifiant. Qui parle d’essence,

D’essence humaine ? Il faut donc changer de nature,

Passer à l’ange c’est-à-dire au Soi exalté sans la

Chair, la nourriture, les excréments, le sang, le sperme.

Délaisser l’habit de corps pour embrasser l’enveloppe

Spirituelle. Se transcender en force nouvelle, pure,

Élaborée, consciente, élevée, claire et sainte.

C’est cela : se sanctifier dans l’Élévation du Ciel,

Quelque chose de pur et de surnaturel ...

567


Le schéma intérieur

L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour.

La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme.

La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer -

Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.

Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur,

Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier !

L’oeil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ?

La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.

Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiero

Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ?

Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer

Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard.

Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ?

Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.

568


C’est ça : imagine !

Suppose, conçois, suppute, c’est ça : imagine ! -

Toujours face au miroir blanc. Tu prétends proposer

Une heure nouvelle, d’inconnu et de liberté.

Tu parles, écris en anonyme comme autrui. Peut-il

S’identifier à toi ? Les influences, l’accroissement de

Signes, de mots, de lettres. Les dessins que font

Tes mots. Encore la création. Sont-ce tou-

Jours les mêmes pensées ? Toi dans ton extraordinaire

Monologue avec l’indifférence des hommes, cela

Est ta devise. Tu te fortifies. Tu as survécu.

L’Absent, l’inconnu, le Raté, toi dans ton brassage

De spectres, subissant la violence, espérant toutefois

Accéder à un produit littéraire meilleur, - supérieur.

569


Comprendre/hostilité

Faire croire que l’on voit, offrir de l’image.

L’objet visé se situe à l’intérieur. Il faut le refabriquer.

L’oeil, le cerveau, les corrections et la qualité de l’image.

L’étoile n’est pas à sa place a prétendu Einstein.

Et vous, voyez-vous comme moi. Voyez-vous l’Albatros

De Baudelaire, le Bateau ivre de Rimbaud, percevez-vous

Le Cimetière de Valéry ? Et le Vierge, le vivace de

Mallarmé ? Où situez-vous votre aptitude à imaginer ?

“ Cette chanson est la mienne, c’est mon histoire d’amour.

Je ressens comme vous. Vous l’avez écrite pour moi.”

“ J’ai le sens de votre esthétique. Nous partageons

La même beauté .” “ Moi, je suis hostile à votre École,

Cela n’a pas de sens, ni présent, ni passé, ni avenir.

Allez voir ailleurs.” “ J’irai et vous n’y serez pas.”

570


La dette de l’apprentissage

La dette de l’apprentissage ; trop de savoir, pas

Assez d’oubli ; apprendre à désapprendre ; le poème

Par du poétique, c’est-à-dire par de la pensée poétisée ;

La poétisation de Heidegger ; le sur-poète, le méta-poète.

Pour côtoyer l’essence de la poésie, être-temps-langage etc.

La parole-mensonge, l’inauthentique, surprenante, solitaire ;

Le morphisme du poème, sa structure interne, son unité ;

Chez moi, concept-limite, pensée mystique, fatale ;

Un individu crée de la vie, il l’offre ; effort de

Théorie, - avec syntaxe de langage ; chez certains :

“ Conscience de quelque chose ... source d’intuition ... Il y a ...

Essaie de la pensée ... nuit claire, vibration émotive.

Matin élevé, sphère idéale épurée, la pensée,

Lavée, débarrassée de ses scories. Purification.”

571


Topologies

Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,

Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer

Sur son propre chemin. Croisements, lieux et

Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,

De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.

Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.

Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,

Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.

De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.

Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,

Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder

A l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,

Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,

Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.

572


Les vêpres de la pensée

Sorte de religiosité interne. “ Les Vêpres de

La pensée ” dont parle Beaufret. Cette espèce d’essence

Eschatologique qui veut sacraliser l’instant.

Une perception pure permettant d’accéder au Suprême.

Pourtant nécessité, pour expliquer la chose de lui

Associer du matériel de mots, d’adjectifs, de verbes.

Dialogue conçu par Un, pour le Même, puis offert.

Linguistique supérieure, transe théologique maîtrisée.

Mais l’homme est homme et ne peut communiquer avec les

Dieux. Acte réflexif de Moi à Moi. Ou encore

De Moi aux Frères - aux Hommes - aux Suprêmes qui jugent

De la médiocrité du langage. Écrire, est-ce détresse ?

Supplique, appel ? Transmission ? Poésie ; sens et essences ?

573


Le temps

Le présent, un passé qui s’enfuit. L’entonnoir,

Le goulet, la spirale infernale qui happe l’homme ;

Le maintenant échappe ; fragmenter les instants en T 1 , T n ;

Processus, procédé, maîtriser la fuite, l’éloignement.

La décomposition répétitive, idem d’un jour à l’autre ;

L’accélération, l’intelligence, la vitesse. Aller

Sur le temps ; je prends du passé pour aller vers l’avenir ...

J’habite un présent ; perception unique du temps.

Le flux continu ; de là-bas à là-bas ; mon essence

Est dans la mémoire ; le passé porte la substance ;

Perceptions qui s’éloignent, qui se fixent, - parcelles

De temps divisées, à devenir insignifiantes, - leur durée.

Le temps est une apparence quand la vérité est intemporelle.

L’espoir est dans l’avenir qui est déjà programmé.

574


Les moyens/l’action

Le savoir. La maîtrise de la logique, la con-

Naissance théologique, le nécessaire pour comprendre,

Le suffisant, les limites cérébrales, le travail en

Commun, l’homme avec l’homme, la part du QI.

L’élévation. Ses faiblesses, ses forces, l’adaptation.

Innover, la vérité des sciences, l’essence de l’art.

Le dépassement, la mièvrerie poétique, la matrice

De la vieille femme âgée de 3 000 ans, les enfants

Chétifs, la philosophie évolutive, la certitude

Divine. L’insignifiance humaine. Et pour quelle

Gloire ? Je vous le demande ! ... demande !

Car la finitude est bien le tombeau. Ou l’enfer. Si

Condamnation, il y a, ou la pureté idéale avec

Nouvelles perceptions, nouveaux langages, nouvelles aptitudes.

575


La stratégie pensante

La stratégie pensante. Le mécanisme cérébral.

La méthode pour produire, pour extraire, exploiter.

La volonté autre, nouvelle, supérieure, non pas

A la manière de Nietzsche, débouchant sur un

National-social - SS et Shoa, mais Soi

Avec Dieu, avec les hommes, tous les hommes quels que soient

La race, le pays, le sexe. Je cherche : intelligence

Avec machine, histoire, futur. Non pas le paraître

Du poète, superficiel et insignifiant, mais l’être

Du penseur. Une nouvelle perception et maximiser,

- Augmenter, ajouter sur l’autre, sur Autrui et sur Soi.

S’éloigner de l’ignorance, le fléau, ô Arthur !

Conception personnelle méprisée, incompréhensive, qu’importe !

Soi dans sa paranoïa d’orgueil et de méfiance.

576


Poème/lecteur

Ne pas penser, poème, mais percevoir. Le rapport

Au langage, le moment dit évocateur. Le

Panorama d’images, l’avalanche, la composition,

L’offre : Le voyez comme moi, la force, la passion,

La flexibilité de l’intelligence, l’adaptation du lecteur.

Densités des effets, distorsions, audaces, le dia-

Logue avec le pseudo-spectateur, agis par Moi.

Les mots deviennent des choses. Je t’emporte où je ne suis pas.

Le droit au mensonge. Mon illogisme, l’irrationnel,

L’improbable, l’invraisemblable, lire-avec lire-pour

L’imaginaire, l’espace où l’interdit est interdit, le guide.

Nourris-toi de mon idée. Y a-t-il quelque chose réellement ?

L’angoisse et la conscience. Ses Ténèbres, ses Erreurs,

Ses énormes Fautes. Un homme en vérité, médiocre.

577


La clé

La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet.

Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée

De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant

Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique.

Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ?

Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ?

La représentation non pas de l’arrangement, de la combi-

Naison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin,

Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ? La

Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre.

Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les

Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ?

Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ?

Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.

578


Circuit artistique

L’art nouveau venu du précédent ; la science évolutive.

De l’opacité à la lumière par étapes et strates successives ;

Enfermons-nous pour comprendre à plusieurs, pour trouver ;

Le Moi associé à Autrui, pour aller ... vers le sens de l’Histoire !

(C’est dans l’ordre des choses ! C’est le sens de l’histoire !

Détestable fatalité et acceptation de l’homme. Est-ce

L’ombre de Dieu qui rappelle à l’homme sa nature ?)

Lui dans son for intérieur s’ouvre, il offre son Oeuvre

A l’Autre. De la théorie poétique, le désespoir !

Plus rien, trop faible, passé dépassé. Mais travail,

Actes intellectuels. Acceptation et attente. Devenir ?

La mort ? La belle mort resplendissante de roses, de lauriers,

Quelle valeur ? Le langage, les signes, la poésie, - quel futur ?

579


La transcendance du médiocre

La vérité mystique. Le poète tourné vers le sacré.

La conscience : l’angoisse, le désespoir, l’impossible, le réel.

La certitude du faible. L’auto-médiocrité, le rien.

Mais il y a lutte, élan, travail, volonté et forces.

Un savoir reposant sur la vérité sociale, scientifique,

Artistique, sur 3 000 ans de certitudes humaines et divines.

Ils ont modélisé, codifié, imposé, prouvé, certifié.

La poésie : est-ce l’outil-images, la boîte à sensibles,

La perception émotive ? Est-ce un monde dépassé ? Est-ce ?

Extrême détresse ? Le pouvoir du solitaire, l’élan toutefois.

L’Angoissé guide le Conscient. La lumière la plus brûlante.

Elle instaure la comparaison. Dramatiser en position

Finale. Est-ce une transcendance de médiocre imbécile ?

580


Le Destin

La pensée, - pousser ou se contredire, l’opposition

Avec élans, l’entreprise cérébrale, l’outil-langage

De signes, de mots, palette de peintre. J’aurais

Préféré l’axiome, la certitude, mais enfin ! Enfin !

La beauté du langage poétique. Quelle est la desti-

Nation de la pensée ? L’essence de l’âme ? Ils veulent

Reconstruire l’édifice philosophique craignant toujours

De l’exactitude des plans et fondations. Husserl. Ils

Veulent. Auto-dépenser = des pensées, avec rigueur,

Et concepts (lesquels ? ...) (Ironie !). Science et hors,

Hors et dedans, la saisie, l’élan, l’attention. Ad-

Dition d’élans cérébraux. L’aube de l’intelligence : ainsi

Comprendre et apprendre, puis créer. Amalgame à purifier,

Produire du nouveau qui sera du connu. Est-ce le Destin ?

581


La part du mystique

La part du mystique, les éléments sacrés, le destin

Religieux, la Quête du Sacré. La provenance

De l’être et sa finalité. L’acte de purification.

Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante

Insignifiance de l’être. La conscience, les limites

De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les

Trois ne font qu’un. Accéder au monde spirituel.

Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec

Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai

Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,

Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.

L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit

Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur

Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.

582


Le métier

Le savoir-faire dans un métier. L’habileté, l’intelligence,

L’obéissance, l’application ; le salaire-services ; l’élément

Intégré dans un rouage ; travail pour autrui // le chercheur,

L’homme de science ; le doctorat ; le créateur, le poète ;

Utile//Inutile ? Sciences, arts et métiers, la connais-

Sance expérimentale, ou produire des sons, des formes, des

Sens. Quelle valeur pour l’identité poétique ? Aucune.

A partir d’expérience avec et l’inexistant ; le malaxage

Cérébral ; la donne intérieure qui produit un nouvel

Angle ; l’environnement différent engendre des produits dif-

Férents. L’art, - maîtrise d’une technique, - d’une pensée ;

L’anti-technique, - la liberté ; la valeur subjective ;

L’auto-affirmation, la certitude unitaire.

La vérité ?

583


Différents temps

L’écriture contre le temps, la durée de la pensée.

L’espace est du temps. Le temps est de l’espace. La

Symbolisation, la mesure. L’observateur qui se situe

En dehors de l’espace ignore le temps-lumière.

Le présent avec du passé immédiat. Nous ne percevons

Que du passé. Il y faut mémoire et conscience.

Le rapport du temps au langage, pour Bergson, est

Le rapport du fluide au solide. “ Nous tendons indis-

Tinctement à solidifier nos impressions pour les ex-

Primer par le langage ”. Les mots sont l’extérieur de l’âme.

Le subterfuge du romancier, de l’artiste qui déplace

La réalité du temps, et se situe ou nous situe dans

Un autre espace-présent.

Le fantôme d’écrivain

Obsédé par la conscience du temps et qui prie ...

584


Le saut

Le saut, c’est l’anticipation de ce qui semble possible.

C’est le je pourrai, c’est un acte volontaire de la

Pensée. “ Les yeux plus gros que le ventre ? ” Est-ce

Délimitation objective ? Je suis là. Je dois aller là-bas.

Entre les deux, la distance, - taille énorme, possible ?

Audace ? Impossible ? Trop loin - Les limites réelles ?

Penser, étudier, supputer, supposer et croire. L’élan

De l’être.

La part du rêve ? L’essence du risque ? Pour-

Quoi ? Se projeter en face des choses futures. Se projeter

Hors du centre de notre raison. Concevoir une autre

Représentation du Moi et du Monde. C’est la liberté.

Du moins, une de ses composantes.

S’il y a échec ? L’intelligence

S’est flouée. S’il y a réussite, l’anticipation était vraie.

Que sont les pas en arrière ? Vieillissement. Sénilité.

585


La vocation de la pensée

La vocation de la pensée, - appeler l’Être. Le

Transmetteur de l’homme à l’Être. Transmetteur bourré

D’énergie. La valeur de la Relation épurée.

Abandonner tout instinct, toue spontanéité bestiale.

De l’homme à l’Être, transmission et écoute, remise

A l’essence supérieure. L’Agir comprend : de l’élan,

De l’action, du mouvement, permet : l’élévation, la

Compréhension, l’Application, - donne un sens à la vie.

L’Essence accumule de l’expérience que lui offre l’homme.

Elle n’est donc pas libre du matériel, mais possède

Une pseudo-liberté d’analyse. Elle est dans l’Histoire,

Dans la tradition. Elle se meurt dans un espace historique

Bien défini. C’est avec du matériel donné, qu’elle pré-

Tend, penser. Peut-elle réellement se situer au-dessus ?

586


Le challenge

Rendre possible ce qui n’est pas. Éloigner les limites

De ses actions et de sa pensée. Aller outre. Le

Pouvoir. Accomplir ce qui n’a pu être supposé. Aller

Au-delà de la finitude même. Créer. Un champ

D’élans, d’actions. Accéder au-delà. Imaginer et

Rendre pensable ce qui jamais ne s’est présenté à soi.

C’est une possibilité abstraite, - une aspiration de l’être.

Sans l’Autre, rien n’est possible. Le frère,

Le père, l’instructeur, - moi et le Monde. Et les hommes.

Moi seul je suis un subsistant.

Puis la dépossession,

L’aptitude à rejeter, à se vider, c’est un schéma

Mystique. De l’homme à Dieu. De l’âme au spirituel.

L’être détient-il suffisamment de cohérence et de

Puissance pour accéder à une vérité avec assises nouvelles ?

587


Le futur

L’avenir. Avec vérités, certitudes, le temps,

La fatalité. Distinguer le futur vrai d’une hypo-

Thétique possibilité. Défaire, avancer dans l’assu-

Rance de soi. L’avenir est-il inscrit ? Ne ferai-je

Qu’accomplir des actes présupposés ? Le dessein du destin !

Est-ce un plan décidé, conçu ? Ma part de liberté ?

Puis-je pénétrer le futur comme je puis ressusciter le

Passé ? Quelle est l’intensité de ma possibilité ?

L’élan, le passé, le présent, le futur donnent

Naissance à l’action que le Destin saisit

Dans sa totalité. C’est le passé qui rend possible le

Futur. En-avant-de-soi. Le futur est indéter-

Minable. Inaptitudes de l’homme à maîtriser le temps.

Homme-esclave soumis à la dimension suprême.

588


La pauvreté

La pauvreté. Ce qu’a l’homme et ce qu’il est.

Le manque. Étant rien, c’est l’être même. De ne

Pas posséder. Faible langage, faible propriété,

Faible pensée. Les facultés traditionnelles dans la

Volonté de croissance. Le possible et son maximum.

L’atteindre, croître et le dépasser. Posséder et

Se mettre en position pour apprendre, comprendre et

Appliquer. Le rapport de l’homme au monde, à son monde,

Son peu, son rien, sa nature d’homme. La générosité

Divine, - à rire ? Dieu existe : débrouillez-vous tout seuls !

Détenir, vieillir. La durée de la propriété ? Une plaisanterie.

La potentialité, la substance, les échanges affectifs.

La richesse : la blancheur de pureté, l’élévation

Messianique, l’homme élu, l’homme - Christ - le Voyant.

589


La raison du questionnement

Toujours en soi, le pourquoi, le comment ?

A demander, l’inaptitude à répondre. “ L’homme a

Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en

A pas suffisamment pour y répondre ”. Implorer,

Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la

Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir.

Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et

Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant !

L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin

Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans

Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.

La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le

Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle.

L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?

590


La question en suspens

La question en suspens : est pratique, mais ne résout rien.

Comment déterminer la vraie question, utile ? Comment le

Cerveau doit-il penser la véritable activité ? Élaborer

Le meilleur des questionnements. Le cerveau cherche :

Le rapport entre l’aptitude à répondre et la difficulté

La plus élevée à résoudre. La nécessité, la primauté.

Élucubrations, gesticulations, les gestuelles de l’esprit.

Résoudre, et avancer. Les données de la résistance. La

Capacité maximisée. Les limites, les moyens nouveaux

Pour avancer. Autrui, la mémoire, la sélection, le

A plusieurs.

La question sans le langage, qui est seulement

Un transmetteur. Le penser-parler qui est un moyen, toutefois.

Le langage, piètre porte-parole de l’être. Pour se défaire

De son dénuement, l’extrémité de l’homme semble inconnue.

591


Du singe à l’ange

Une pensée de la purification. Du singe à l’ange.

Ce qui s’éclaire. De la caverne à la lumière.

La clarté intérieure de l’être, la conscience, par la

Sensibilité, d’un : autre chose, transcendant, supérieur ;

Par le culte des morts ? Nécessité logique d’élévation.

Car il faut accéder à l’Au-delà. Est-ce bonheur ?

Ce qui explique la captivité de l’âme dans l’homme,

De l’être dans l’homme, de l’essence dans l’être. Jaillit !

La vérité de son essence ! vers l’ange ! Avec perceptions

Plus fortes, plus grandes, plus amples. Enfin il comprend

La possibilité mystérieuse et pénétrable. C’est déjà

Une métaphysique positive, d’espoir, d’avenir épurés.

Pourquoi cet abaissement ? Ce médiocre régime terrestre ?

Tout n’est pas explicité par les Livres Sacrés. Ces Dieux ! !

592


Le questionnement de l’Être

La pensée n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être.

La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion,

Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations.

- Outils employés par l’être pour trouver la réponse.

La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée

Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à

L’être : langage et sensibilité par les sens des organes.

Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier.

L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend

Ou cherche à comprendre.

“ En attente du savoir ”, “Je

Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard.” Savoir,

Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire

Pour rendre possible l’action de compréhension.

593


Des vérités

I

La vérité en dehors de toute chose concrète est vraie.

Dans le vide universel, sous terre, dans l’espace, ailleurs.

Une vérité économique est une vérité locale avec du

Matériel d’homme. L’essence de la vérité serait divine.

Les trouvailles de vérités, des offres à l’homme, comme la

Mine d’or. Qui a fabriqué l’or ? L’essence de la vérité

Serait associée à Dieu, à la Shékina. L’action avec

Du rapport engendre de la vérité d’animal, d’homme,

De nature biologique, par exemple.

Elle

Serait à la droite de Dieu ou dans Dieu. Le vrai

Que l’on connaît, que nous ignorons. Ce qui peut agir,

Ce qui n’agit pas mais peut agir, peut “ être ”

Le non-vrai

Dure parfois, - le vrai n’est pas toujours l’étant, - la vérité est

Intemporelle. La vérité du moment d’après le matériel

Mis à la disposition, par analyse du moment.

594


II

La validité de la vérité, exploitable, utilisable

Comme étant, - favorise l’action, - évidente dans

Son fondement. Possède son contraire, - le faux.

La mathématique offre l’indécidable.

La contradiction

Dans l’analyse et le raisonnement annule la

Validité de l’offre, le choix du décideur. L’un

Jette l’information, l’autre saisit l’information après avoir

Considéré l’énoncé. Les deux s’accordent l’essence de

La vérité.

Le vrai est vrai jusqu’à ce que l’on puisse prouver

Le contraire, le subtil, le distinguo, le autrement, le

Plus précis, - remettre en cause son évidence.

La vérité

Religieuse ... scientifique ... psychologique, l’évolution

Du savoir, le déplacement de la vérité, le “Autrement”

Le jugement, le “ne sais pas”, le “j’agis” toutefois.

595


III

La concordance de l’énoncé avec une chose ; la chose

Qu’on ne sait pas et qui est ; la conversion de l’énoncé

Avec la chose est liée aux outils employés pour prouver.

Valeurs des outils employés ? Le langage, - valeur des

Termes utilisés ? Comment s’accorde-t-on sur ce vrai ?

D’après la définition que l’on donne aux choses.

La fiabilité de la vérité. On ne peut l’obliger à changer.

Si l’on change la vérité, cela devient du faux.

Autre remarque.

La non-vérité n’est pas toujours démontrée. Elle est prise

Parfois pour de la vérité. L’on s’accorde par ignorance

Sur sa fiabilité, incapable de défaire les contradictions

Avec la pure essence. La pseudo-vérité offre une solution

Acceptable pour la communauté. Elle est entendue, il y a

De la résistance, mais cela suffit pour le moment, du moins.

596


IV

Il y a ce qui n’est pas créé et qui serait de la vérité

Toutefois ; il y a l’indémontrable ressenti comme étant

Du vrai. “ La loi de la gravitation ” était dans l’air du

Temps. C’est compatible avec l’idéa de l’intellect ;

L’unité du plan divin serait inaccessible à la capacité

Humaine ; l’ordre du monde conçu par l’Esprit ;

“ Les voies de Dieu sont impénétrables ”. Il faudra penser,

Trouver dans tous les secteurs d’activités. Analyser.

Valeur du vrai dans l’imaginaire. Vérités avec temps,

Espaces, culture, époque ; le déplacement du vrai ;

La faillibilité de l’homme rend possible l’analyse du faux

En tant que détermination du vrai ; le vrai avec du

Manquant permet toutefois d’aller et de progresser.

Dévoiler lentement d’après sagesse, la science de l’homme.

597


V

Par le langage. Correspondance de valeurs. L’énoncé

Doit se convertir en réalité quantifiable, équivalente.

Le bouchon bleu doit être le bouchon bleu. La mesure

D’une représentation adéquate. Se mettre d’accord sur

Les définitions données au sens et aux termes employés.

Le verbe, son action rendant possible la convertibilité

De l’énoncé avec le vrai, le égal, le implique,

Le donne, le cela équivaut à. Rend possible

La conformité. Le jugement transmet son résultat.

C’est la définition du verbe qui convertit l’énoncé en

Vérité. Mêmes en nature, en qualité, en quantité.

Le fondement est possible. La loi est conforme. Peut

S’effectuer la convertibilité. Qualités de la mesure ?

Ma liberté d’action permet-elle d’accéder au vrai ?

598


Vérité et liberté

La planification de la recherche hors de toute liberté.

Pourtant volonté d’accéder à une vérité nouvelle. Agir

Dans la contrainte sociale, est-ce liberté toutefois ?

La liberté jalonnée de la mathématique. Qui peut agir,

Choisir, décider. La vérité sans liberté. La vérité

En dehors de l’arbitraire humain : exemples : les lois

Fondamentales qui régissent l’Univers. Existaient avant

L’homme. Donc, en dehors de la subjectivité de l’humain.

Règne une certaine essence de la vérité au-dessus des hommes.

Ajouter sur la Formule de Taylor-Lagrange, est-ce de

L’essence de vérité ? C’est prolongement mathématique voilà tout.

Le choix aléatoire. Random, proposé à la machine,

Est-ce la liberté ? En vérité. Non. L’animal, le

Végétal possèdent toutefois un choix décisionnel.

599


Le blocage

Le blocage interdit le dévoilement ; il y a volonté,

Recherche, reconsidération de l’objet offert, mais

Il y a incapacité à se représenter autrement lédit-donné.

La résistance rend vaine toute tentative. Que faire ?

Le refus de l’étant apparaît dans sa totalité ou de

Manière fragmentaire comme une impuissance à aller outre,

Comme une faiblesse de la condition humaine. Il assure

La connaissance résiduelle, fragmentée, parcellaire

De l’étant.

Cela engendre - 1 - de la non-vérité admise,

Révélée, subie, reconnue, avec un laisser-être - 2 -

Une rébellion interne qui refuse de subir ce manquant.

Soumis ; esclaves ; satisfaits, repus, avec bien-être

Et passivité. Voilà la première race ! Cherchant,

Refusant, allant, progressant, gagnant : seconde race !

600


Subsistance

La conscience de son incapacité à aller outre. Les

Déterminations de ses propres limites observables reçues,

Perçues par la scolarité, par la comparaison avec l’autre.

“Ne saurait aller au-delà, mais peut espérer cela.”

Les nécessités sociales, le lieu, la sélection, le “Mal né”,

“N’est pas au bon endroit”, les obligations - engendrent

De la non-vérité, de la suffisance, quand bien même

L’intelligence comprendrait qu’il y a énigmes, mystères,

Indécisions, dissimilations. La curiosité

N’est pas tombée dans l’oubli. Elle est inaccessible, voilà

Tout. Grands nombres en souffrent. Le projet est perdu.

Ne fallait-il pas toutefois produire de la progéniture

Et satisfaire aux besoins essentiels, survivre ? Sont-ce

Les raisons du règne vivant que ces afflux biologiques ?

601


L’errance

L’errance fantasmatique s’étale sur la ville.

L’homme médium coule son fluide sur les objets

De la cité, - il les contourne, les palpe, les perçoit,

Tente de les saisir. Il va par sa substance

Unificatrice associer des idées, des comportements, des

Objets indépendants les uns des autres, fusionner,

Condenser, symboliser, extraire, dériver, rejeter,

Sélectionner et d’autres verbes encore !

Pour choir, pour échouer, les risques, l’audace,

Mais l’errance

Le ravin, le trou, la mort ? Les limites de l’errance ?

Pour le lieu de recherche, pour trouver, aller au hasard,

Vie d’artiste ! Non pas l’erreur, mais l’autre chose, avec

Égarements, outrance, le déplacement de l’habitude,

Du vrai, par la non-conformité, - démarche heureuse ?

602


Langage (fragment)

Le langage pour la transmission de la vérité, outil

Sophistiqué. Avant le langage, la gestuelle, l’arti-

Culation sonore pour l’étant de l’autre. De moi

Au clan, m’entendez-vous ? De moi à toi, nous deux.

Mais avant le langage, la fabrication du concept,

Le doute, le choix, les combinaisons, l’expulsion,

Le râle du singe-homme.

De la pensée de l’Être.

Langage, libération

603


I - Nature de la substance

La nature de la substance que l’on possède, l’être.

Peut-on réellement le concevoir tel qu’il est ? Ceux

Qui possèdent l’existence. Ainsi de tous les vivants ...

Ainsi de machines programmables et dotées d’une espérance

De vie. Y a-t-il des objections ? Vous avez raison.

L’accouplement sexuel fabrique le corps. L’enfant est animé,

Il a donc une âme. Origine de l’âme, car grosso modo

ÂME = ÊTRE.

Il faut repenser la substance de l’Être,

Si après la mort il y a la vie. L’être serait un prédicat

Réel, existant en son autonomie, mais étant inclus

Dans le corps. L’étant est inclus dans le corps.

Si l’Être

N’était qu’un effet vital articulé au corps, la définition

De l’étant n’aurait pas lieu. Mais l’intuition de sa vérité

Post mortem débouche sur sa liaison à Dieu ou au Divin.

604


II - L’étant conduit à l’Etre

L’étant conduit à l’Être. Il représente

Le fondement ? Objection. Comment se forme l’étant ?

Sa substance ? Son origine ? Son “ moi ” ? Son primitif

Serait une accumulation de vérités basiques de survie,

D’instincts, de subsistance et de développements de la raison

Au détriment d’actes mécaniques. C’est ce que l’on sait.

L’étant avec le soupçon de Dieu. L’Être avec ou

Sans Dieu. L’Être occidental peut rejeter Dieu.

(Je parle de l’Être et je le définis par Sujet.) La

Limite de l’étant à l’Être est difficilement perceptible.

Les outils d’analyse, de détermination peu fiables.

Est-ce l’aptitude basique d’accomplir des opérations

Primaires de l’entendement ? Ces opérations se conçoivent-elles

Avec de l’intuition sensible ? Au moyen des organes ?

605


III - Activités de l’Etre

Existence et Être en dehors des capacités de notre

Entendement des vérités inconnues mais vraies, de

Passé, de présent, de futur et d’ailleurs. Que vaut

L’Être pour juger et prétendre ? Que lui manque-t-il ?

De la perception ultra. Parviendra-t-il à une

Détermination suffisante de leurs essences et contenus ? C’est

L’additionnel ou la synergie entre les intelligences qui

Permettrait l’accession aux vérités échappées.

C’est l’utilité qui autorise la relation de l’objet

À l’Être, utilité économique, philosophique ou

Religieuse. L’être doit fixer l’objet qui fuit,

Le poser et le représenter, lui offrir des propriétés

Pour le rendre existant. La définition de son caractère

Le rend jugeable. Les limites exactes de la compréhension ?

606


*

“Être” comme présence se dévoilant ? Être définir

Par : ce qui est vivant ; et se dévoilant correspond

À l’évolution de l’être, c’est action du progrès, d’ou-

Verture de conscience. L’Être et ses modalités sont à

Définir à partir de leur rapport à l’entendement d’après

Kant.

607


I - La mort

L’Être vers la mort - la fuite ou le devancement ?

Transmettre la vie, laisser une œuvre pour accéder

Rapidement à l’extrême ? - Fuir la vie -, les drogues,

L’être vers la mort. L’attente du bon croyant ...

Anticiper sur son futur, vouloir savoir, supposer.

Les outils religieux pour supposer. Les expériences para-

Normales. Les témoignages de vie après la vie. Ou

N’être plus rien. Anticiper, spéculer. La certitude

Du mystique. Qu’est-ce qui départage exactement

L’homme de l’homme ? L’athée du croyant ? A quelles

Raisons, deux pensées opposées certifient posséder leur

Vraie vérité ? L’un dit : limite, l’autre dit : éternité.

Est-ce finitude déterminée ? Simple acte biologique ?

Possibilité métaphysique, dimension autre de l’homme ?

608


II

La fuite. S’éloigner hors de soi. Fuir son squelette.

La crainte, la recherche d’un avenir. La formation,

La préparation à l’inconnu, à l’autre espace. Qui croire ?

La mort. Suis-je à chaque instant menacé ? Est-ce une

Finitude naturelle de la présence de l’Être ? Je

Vis donc je suis là. Serai-je ailleurs ?

La mort :

Preuve du temps. Heidegger écrit : L’Etre-pour-la-mort

Est la médiation indispensable pour passer de la

Temporalité comme structure unitaire des trois dimensions

Du temps à la temporalité comme ouverture de soi à soi

En tant que projet.

Ouverture de soi vers ailleurs,

En tant que projet ? Sera-ce l’au-delà, le néant ?

Le retour, la réincarnation ? La rétrospective ? Le progrès ?

Faut-il aborder le problème de l’immortalité socratique ?

609


I - L’A-près

La situation réflexive. La vie en boucle. “ Retourne à ”.

L’esprit rapatrié. Encore en bas ? Ce n’est plus : le trou

Mais la possibilité nouvelle au sein de l’existence.

Que disent les Guides ? Les prophètes ? Les hommes de Dieu ?

Sont-ils crédibles, et pourquoi ? La mort éclatante,

Belle, d’espoir, d’avenir, disent-ils. Qu’ai-je à perdre ?

Elle devient système, métamorphose, actions inconnues,

Espaces nouveaux, principes différents. Lesquels ? Lesquels ?

La surprise. Ou l’éternel rejet... Quelle valeur doit-on

Accorder au temps ? Les limites du temps ? L’immortalité !

Le pouvoir d’être constamment. Mais être différent car

Pensant, analysant avec un autre matériel. Le “ Moi ”

Subira des modifications liées à l’espace autre. Au soleil

De la mort, enfin savoir ! Je suis en sursis de curiosité.

610


II - En soi

Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir,

Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir,

Etre-pour-soi. Etre-par-le-monde toutefois.

Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension,

De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures

De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein.

Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de

Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont

Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.

Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique

D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant

La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre,

Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir.

Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?

611


La question même

La transcendance philosophique : à la recherche de la

Vérité. LA VERITE. Conscience du vrai dans

L’édification de la connaissance. Moult disciplines :

Sciences, sciences humaines, sciences appliquées, psychologie,

Etc. La certitude fondamentale avec sujet analysant,

Et hors sujet c’est-à-dire, certitude universelle.

Évidemment, - problèmes avec l’intuition, la sensibilité.

Certains moyens peu fiables mais utiles toutefois. Jamais certains

Totalement.

Quelle est la question même ? C’est la recherche

De la vérité. Les faits psychiques ne sont que des micro-éléments

Propres à la nature du vivant. La psychologie pure pourtant ...

Il faudrait du moins s’entendre sur le sens de ce terme.

L’outil que l’homme m'est à sa disposition pour comprendre,

Déterminer, certifier. Valeur de son outil, donc de son vrai ?

612


La route

I

Sur le seuil de sa porte, l’enfance et l’adolescence,

La raison cartésienne, le bon sens. Puis les premiers pas

Dans la honte, dans l’audace, dans l’exclusion,- cette

Soif d’écriture, - ce moyen, l’outil poétique. Il avance

Avec le temps, son ennemi, et regarde s’éloigner les amis

D’autrefois d’une Bretagne qui s’efface, s’efface ...

Adieu la Nostalgie. Au travail, et sois ! : Tirer,

Extirper, produire avec Rimbaud, Baudelaire,

Valéry, Mallarmé et combien d’autres encore ! Vouloir

Trouver, comprendre et appliquer, - les idées, les formes,

La stylistique, l’accumulation de combinaisons, les choix !

C’est ça : une montagne de situations, d’erreurs, d’entreprises,

Pour se voir autrement, ne jamais accéder à son but.

Salutations et révérences pour finir à tout jamais oublié.

613


II

Avec de grands poètes, l’instruction dans les anciens,

La pénétration et la recherche des invisibles. Faire et

Défaire, décomposer, analyser, étudier les fréquences

Et trouver. Problèmes de pensées. Imiter, comprendre,

Et appliquer. Que de maladresses ! Que de prétentions !

N’est-ce pas le jeu ? L’amusement cérébral ?

Les premiers

Choix. Les génies, le XVIIe, le XIXe, attentif, pénétrant,

Réfléchi, vouloir comprendre et appliquer.

Le temps :

Déjà, l’ennemi. Comment Lui, Rimbaud, comment Radiguet,

Et Lautréamont ? Comment faire une œuvre de jeunesse qui

Soit de qualité ? Nul rêve, mais travail et rationalité.

Oui, croître : passer de l’obscurité à la réelle lumière,

Accéder à une forme de maturité poétique ou littéraire

Sous la protection des âmes voltigeantes de la Pléiade ...

614


III

Le temps de croître et de mûrir, de changer le mécanisme

Interne d’extractions, d’associations de sons, d’idées,

Et des mots. Intelligence sans préparation, faiblement

Formée qui se dépense dans l’ivresse. Ne point rester

À demeure mais combiner avec autrui. Ce n’est pas

Uniquement un problème de langage mais d’outillage

Cérébral.

Le troubadour de l’artifice, l’employé

Métromaniaque de la feuille de papier. Vainement

S’imposer une sorte d’ordre, d’inspiration poétique ! Uto

Pie ! Aller se disperser, et oublier le chemin de sa

Raison. Non pas entraver l’œuvre ou le travail, mais

L’organiser, l’expulser avec logique et maîtrise.

Obtenir une possible harmonie d’ensemble toutefois,

Et l’habile artisan défera de nombreuses énigmes ...

615


Procédé mental

Suppose et décide. Perçois autrement. Avance

Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche

Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes.

À l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit

S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en

Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers

L’inconnu. La consistance de ton Être ?

Penser c’est

Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer.

Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ?

Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ?

L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique

Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’ac-

Tivation, de l’association dérivée. Processus mental ?

616


Approches du temps

L’être en dehors du temps, dans l’intemporel.

Définissable par une qualité, le lieu. Etre et là

“ Je suis ” nulle part, est-ce possible ? Dans cette suite

D’instants ou de positions apparaissent ou

Disparaissent des suites à construire ou élaborées de

Passé ou d’avenir. En dehors de l’observateur. Y a-t-il

Irréversibilité des processus temporels ? C’est affaire de

Connaissance en physique et c’est pour demain ! Le temps en

Dehors de la sensibilité et de l’entendement humain.

Le temps avant la cosmogenèse. Qu’a accumulé l’énergie

Dans le dé à coudre ? Combien de temps cela a-t-il

Demandé ? Comment s’est formé celui qui a accumulé l’énergie ?

C’est encore le problème du Divin. Il manque de dimensions

Pour définir avec conscience vraie les sens du mot “ temps ”

617


I - Le destin de l’Essence

Le destin de l’Essence dans l’homme : se purifier,

S’élever, croître. Aller au-delà par la dimension

Spirituelle. Il y faut tout d’abord : l’éveil

De la conscience qui s’apparente au doute. “ Si

Tu ne me cherchais pas, tu ne m’aurais pas déjà trouvé ”,

Dit le Fils. “ Y a-t-il quelque chose ? ” Si oui,

Tu me trouveras. Poussé vers un monde inconnu, différent,

Nouveau où les principes et les systèmes de valeurs sont autres.

Nul homme ne peut apporter son expérience, nulle méditation

Ne permet d’éclairer le mystère. L’heure, c’est la mort.

Le lieu, c’est ailleurs. Penser la nouvelle histoire à partir

Du Livre et des pseudo-témoignages non renouvelables, - affaires

De foi. Est-ce l’histoire pour l’autre lieu ? Et quelles

Garanties pour l’Essence si la métamorphose survient ?

618


II - Acte de foi

Le péril de l’Être - ce qu’il est - ce qu’il a fait. La

Culpabilité, le système de valeurs incompris, autre, nouveau.

Le Livre, permet-il la mise en garde ? Son mode

D’actions est-il compatible avec la vue de l’Être Suprême ?

A-t-il été requis, pensé pour accomplir un dessein ?

La crainte du jugement. Comment se construire dans son vrai

Qui soit le vrai de l’Autre, des autres ?

Quel était l’essentiel ?

Le nécessaire, l’imposé, l’obligatoire ? Comment se mettre

En garde ? Qui est l’avertisseur de la conscience ? Y a-t-il

Suffisance à sa propre lumière ? Que faut-il savoir ?

Est-ce l’élan de curiosité, l’énergie du savoir, qui

Offrira à la conscience le doute ? Car le péril est bien

La disgrâce auprès du Meilleur.

The key solution était

La mansuétude et le pardon auprès du Sauveur - acte de foi.

619


La recherche philosophique

Compréhension du monde, de la conscience et du

Rapport entre les choses. Sera-t-elle l’objectivité

De la raison ? Possède-t-elle une visée scientifique ?

Quelle est sa méthode de pénétration ? Elle étudie

Les phénomènes qui sont accessibles à la conscience, elle

Suppute sur les phénomènes inconnus mais possibles.

Valeur de la méthode ? Le vrai de la méthode.

Ce vrai est-il le meilleur ? ... Jusqu’à ce qu’un

Autre vrai lui soit supérieur. Cherche-le. Trouve-le.

L’homme avec l’homme ; l’homme avec la machine ; l’homme

Avec Dieu ; l’homme avec l’aumône divine ... certainement ;

Le chien avec l’homme ; le chien savant mais chien toutefois.

Les limites de la science, de la philosophie, de la technique.

Mais, en vérité, y a-t-il un autre choix ? Quelle visée ?

620


La pensée :

Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe,

N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre

Pensée. Alvéolée avec un autre alvéole. Nécessité

De groupement, d’association. N’a nulle fondation.

Éveil et disponibilité dans une direction incertaine

Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller

Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de

L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui,

Autrui-dedans, autrui-dehors.

Elles s’organisent pour

Former une configuration. Leurs charges indiquent les

Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles,

Etc.

Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme,

Avec machines, puis société, civilisations, - évolution

Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.

621


Le vrai philosophique

Le vrai de la philosophie comme prouvé, démontré,

Explicité avec langage, avec exemples. Vrai dans

Un cas précis. Nulle valeur universelle. Vérité de quartier,

De pays, de civilisation. Peut-être substance, ou

Axiome, ou indécidable.

La philosophie comme

Perception du sensible et non pas pure science de l’exact,

D’où son matériel, son aléatoire, ses autrements. CAD

Une interprétation avec du rationnel, avec de l’irrationnel.

C’est aussi : spéculation audacieuse sans fondement vérifié.

Mais il y a Descartes. Alors Science rigoureuse ? Quel

Crédit accordé à la subjectivité de la conscience ?

Faudra-t-il avancer en possibilités logiques ? Faut-il

Lui donner des règles, des carcans ?

Le vrai serait

Le vrai divin inaccessible à l’intelligence humaine, hélas !

622


L’audace spéculative

L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître

Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-

Met l’embrouillamini, le manquant, le saut, le risque.

Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit

D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !

Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa

Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis

Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller

Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.

S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.

Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.

C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une

Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret

Et du réel dans un dessein de futur accompli.

623


Une sorte d’intuition

Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être,

Avec points de suspension. Semble sortir. Perception

Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière.

Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà

Audace et prétention que de parler de la sorte. Je

Dirais, à peine perceptible, peut disparaître à tout

Instant.

Pourquoi la conscience y croit-elle ? Pourquoi demande-

T-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de

Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante ?

L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté

De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes,

De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de

Défaire du noué.

Étude biochimique du cerveau ? L’intuition

S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.

624


Le retrait de la présence

Le retrait de la présence. Conscience de la

Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse

Du degré d’utilité, détermination de la valeur.

Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus.

C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non

Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage.

Pourquoi ?

La représentation extérieure est ordinaire,

Inutile, en perte de temps, de composants, de structures.

La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins

Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière

Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde.

Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine

Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité.

Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.

625


Valeur du principe

Valeur du principe. Trouvez-mieux : je prends. Cherchez !

Détermination avec science et raison humaine. C’est son

Fondement. Mon vrai technique et scientifique. Mon rationnel.

Je puis démontrer, prouver du concret. Objets humains,

Hors de toute incertitude.

626


L’un et l’un

Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “ l’être ”.

La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.

Introspection psychologique, désir absolu de comprendre

Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,

Avec son langage, son espace, ses structures.

Comment

Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut

Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,

“L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là

Est enclos, en sorte que dans la parole il est” écrit Heidegger.

Le langage permet d’articuler les combinaisons,

Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.

Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.

À quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps

Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?

627


Insister, c’est espérance pour l’esprit

Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,

Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc

Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?

Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le

Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment

Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?

Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé

Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours

De la dissimulation de la nature.

J’ai besoin d’insister,

De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour

L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est

De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert

Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté

D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !

628


La négativité

La négativité, est-ce conscience réelle du vrai ?

Est-ce angoisse ? Analyse exacte de la situation !

Il n’y a pas brouillage, mais séparation, décision,

Volonté objective de concevoir le réel. C’est prétendre

Possible l’action de ces paramètres dans le futur. C’est

Spéculation de l’être lui-même, c’est manière de penser.

Dévoilement à soi de l’hypothèse plausible d’avenir.

C’est l’intégration du temps avec chemin caché,

pour prendre

Soin de se prémunir. À quelles lumières ? Perceptions délétères,

Assemblage de fragments, expérience ? L’être condense

Son vrai. Il est à lui-même certain. Le dialogue est clos.

629


Le Moi astral

Une sorte de Moi astral supérieur dans son essence

A l’être, qui perçoit et accomplit des pensées, qui capte

Par la sensibilité, dont les propriétés de précognition

Ne sont pas exclues. Sa volonté serait de tendre vers

La purification.

Subissant l’être, le sachant de

Valeur moindre. C’est une sorte d’élévation sur l’être,

Sur la pensée, sur l’homme.

Conclusion

J’apprends, je me forme, j’apprends

Je prétends en l’utilité de mon acte

allées et venues en moi-même

quelque chose de su. Tendre vers mon meilleur,

le dépasser.

630


RESONANCES VI

631


Introduction

Lisant et relisant, me relisant,

me détestant encore - comprenant le faible

et le dérisoire je questionne :

pourquoi cet outil inutile, obsolète et perdu ?

632


Acte supérieur

Acte supérieur, activité rejetée, bannie de la masse.

Ce que possède la clé pour comprendre, pénétrer, - pour le dedans ?

Les poètes eux-mêmes se persiflent, ironisent et s’ignorent.

A ne pas comprendre pas B qui refuse C dont l’École etc.

Pourquoi faire l’effort pour fabriquer l’image quand l’image

Apparaît splendide et belle, onirique, idéale sur l’écran ?

Construisez des clips poétiques - ils seront regardés. L’on

Vous dira ce que l’on en pense …

Ô l’inconnue, pour quelle sérénité,

Pour quelle essence de pureté, toi la méprisée, l’exclue,

Subiras-tu longtemps encore l’humiliation et le rejet ?

Iras-tu t’endormir espérant un autre règne ? Pourtant

Tu fus riche en langage, désireuse de ressources nouvelles,

Audacieuse dans tes volontiers d’aller outre !

633

Ha ! L’ingratitude

Des hommes, le rejet éternel pour les causes perdues !


La nouvelle inspiratrice

Désire autre chose - sans l’errance - avec la construc-

Tion. La logique, le décisionnel vrai. Assez de cette

Allure de jeune fille éplorée - : une athlète bionique

Courant le 100 mètres haies - avec vitesse et efficacité.

Fille enveloppée dans l’obscurité des dires impossibles,

En luxe et pauvreté d’habits, avec vices ou élégance,

Il faut donc penser une nouvelle inspiratrice, sportive,

Dynamique, agressive, belle, saine et blonde ! Actions !

Ou noire, pourquoi pas !

Etre-autre-chose de fort, de grand,

De crédible auprès d’autrui - le public méprisant.

Quitter le palais impossible - débordant de pierreries et

De poudres immortelles. Pénétrer dans le stade pour le

Challenge de l’intelligence et de l’audace, des spectateurs

Enthousiastes acclamant et payant pour la prestation !

634


Conscience et analyse

C’est perdu ! Trop d’écarts, trop d’hommes d’intel-

Ligence supérieure, en synergie d’actions. Que

Pourront les poètes avec leurs petites plaquettes de 30 feuillets !

Trois pets et trois pleurnicheries. “ Tirez-vous, jetez-vous,

Allez voir ailleurs ! ” Et ils y vont ! Mais il n’y a personne.

Qu’eux - qu’eux-mêmes - se repliant, étudiant leur nombril,

Prétendant encore posséder du génie !

Que faire ? Que faire ?

Ne pas critiquer, ne rien dire, mais s’autoproclamer

Comme dans un congrès du parti communiste albanais. Travailler

A temps partiel, le dimanche avec une formation d’instituteur

Ou autre … et prétendre rivaliser avec les exploits de la

NASA, de la Navette, - juger, comprendre le fonctionnement

D’une centrale nucléaire, d’un réacteur de la SMECA. Persifler,

Mépriser et dire : Quel imbécile, il n’a donc rien compris !

635


Le laboratoire de papier

Un poème est un laboratoire pour le langage, une

Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,

Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire

Avancer le génie de la langue.

Parfois bijou ciselé,

Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation

De l’image mentale.

C’est également un outil d’extraction

De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger

Du matériel nouveau par l’apport extérieur.

De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne

Pour élaborer le produit différent.

Recherche d’une

Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer

Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.

636


Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,

Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?

637


L’impossible ailleurs

Être sans attachement pour apprendre à s’élever,

A sortir hors de sa chair, silhouette impalpable

D’esprit errant.

L’ombre dans le futur exil pour

L’autrement, le différent avec mémoire terrestre toutefois.

Pour quel soleil ? Quelle extase ? Quelles ténèbres ?

Un visage purifié qui m’entraîne, qui m’enveloppe

Et m’aime, et je m’enfuis avec ma vie mentale

À la vitesse du rêve.

J’offre encore cette poésie

Famélique, pleurnicheuse, sans complexité ni profondeur.

Telle est ma punition cérébrale de médiocre né.

Je cherche la blonde sainte, idéale d’extase,

Égérie immortelle, etc.

638


Qui sait le lieu, le lieu ?

Sans pesanteur, de légèreté déviée. Au seul souci

De s’éterniser pour un impossible ailleurs d’amour peut-être ?

639


Détermination de la valeur

Se jette stupidement sur le carré blanc, pollue

Le purifié ;

crainte de la valeur, de la détermination,

Ne sait convertir la lettre ne chiffre.

Ce qui semble connu,

Certain - son dérisoire - sa crainte ; l’homme caché, replié,

Honteux, homme de la peur ;

Faible, - peu - progresse - élève-toi.

le murmure éternel lui dit :

Qu’est-ce qu’un poète ?

Peut-on déterminer son utilité ? Il modifie encore l’ordre

De sa mémoire, espérant quelque situation favorable

D’associations alphabétiques. Son immense silence dans

La nuit étoilée !

Veut crier dans le dédale de soi-même,

Invoque les Dieux ; nulle réponse. Habitude, habitude !

640


Toujours, miroir en soi, hors soi

qui se double et se dédouble

Puis l’exercice scientifique de pénétration

de profondeur

de connaissance

La feuille grecque avec spéculation

refusant le mauvais hasard

qui cherches à te reconsidérer

Est-ce toi, toujours toi

à te modifier à volonté ?

dans l’éclatante volte-face

par mille effets conjugués

pour un dérisoire, détestable :

“ Ce n’était que cela ? ”

L’œuvre était accomplie et j’attendais encore.

641


Encore insaisissable, encore - pour comprendre,

Supposer, et prétendre

élans efféminés de l’intérieur

amant proche de la séduction,

de la séparation des mots et des signes

qui évoque sa musique dans le miroir de l’âme,

et cherche désespérément la promiscuité de l’extase

Pour ne jamais savoir

marche furieusement dans le fruit de la science

pour en extraire des sucs de saveur

d’apprentissage supérieur

sans conscience religieuse

en dehors de toute sensibilité

afin de construire ses lignes de vérités

d’avancer sur un échiquier éternel bleu et blanc

Il faut allier : science avec conscience

642


I

À l’intérieur pour l’ermite

toujours là - enfermé - obscurité et lumière

en plénitude idéale du Moi

ne jamais sortir

La balance s’agite et suppose ton poids

prétend avec erreurs.

II

Pour quelle clarté ? La lumière se dérobe,

inquiète, effarouchée, fille savante

si troublée dans sa vérité,

angoissée déjà !

Difficile de jouir de ces grâces éblouissantes !

La conscience se ferme,

le visage vieillit.

643


III

Non - mais fabricant des visions

toujours à mentir pour chercher la vérité.

Le sanctuaire

N’y avait-il rien dans le sanctuaire ? As-tu

longtemps prié, pensé, appelé ? Tu n’es donc pas capable

d’y trouver ce qu’il y a ?

Ô visage ô sainte

Pour l’intérieur de tes portes, moi j’ai su comprendre …

644


Porteur

Porteur de l’invisible vérité,

- Quelle vérité ?

charge dans l’intelligence inconnue de l’homme,

Entre l’ennui et le désir,

grand souffle, envole-moi !

perfections à atteindre …

pour s’approcher de la lumière,

fascinés que nous sommes par le lointain

pour se grandir ou se détruire.

645


Une pensée d’étoile

Une pensée d’étoile obscurcie,

une pépite de trésor enfouie

un et un seul pour essayer de découvrir

Une jeune fille qui gicle dans l’Être

pour élaborer une forme

et qui devient une femme

reconstruit notre espace

Additionnel de filles, de lignes et de lianes,

d’enchevêtrement de perceptions et de suppositions

par montage solide ou délétère

à saisir, à tenir, … à effacer.

646


Ce qu’il faut élaborer

Le autrement avec soi-même, ce qu’il faut élaborer.

Est-il nécessaire de comprendre ? N’y a-t-il pas une sorte

D’abord incompatible, impossible à percevoir ? L’être

Conçoit une possibilité risquée. Doit-il décider

Pour rendre cohérent sa recherche d’une harmonie

Compréhensible ?

Aptitude à assembler, à dériver, à

Organiser de la mémoire proche et lointaine sur un support

Sensible - énergie mentale qui agit. Est-ce là

L’un des fondements de la détermination de l’être ?

Faut-il de la clarté ? Et quelles formes d’intuition ? Pourquoi

Faut-il rendre manifeste ? Pourquoi montrer ? C’est la force

De la pulsion ou du désir qui impose à montrer.

Efforts pour conquérir, pour construire dans son Étant, savoir

Ce que l’on peut faire, les variables temporelles

Et l’environnement transformant constamment l’objet fabriqué.

647


La luminosité prospective

La luminosité prospective, - moment de chercher,

De découvrir - éveillée par la curiosité - aller

Au fond d’elle-même. Quelle est l’origine de cette

Volonté intentionnelle ? Pourquoi le Moi décide-t-il

De se transcender ? Parviendra-t-on un jour à comprendre

Les mécanismes qui régissent l’acte de création ?

648


Husserl, Heidegger

Les impasses, les blocages, les culs-de-sac d’Husserl,

Les volontés de passer outre avec des difficultés extrêmes

D’analyse, de démonstrations vraies.

Les gains en biochimie

Du cerveau permettent de mieux comprendre les mécanismes

D’invention, de création, de pseudo-transcendance ;

Pour mieux savoir, mieux penser l’homme, faut-il la science

Ou la philosophie ? Ou la psychologie ?

Les remarquables

Définitions de Heidegger : Ici tout se retourne, ou encore

Temps : clairière dû se retirer de la présence.

Les transformations arbitraires de la pensée - les volontés d’approches.

Le besoin de justifier un sens exact, est-ce encore possible ?

Mutation de la détermination par rapport à l’ancienne,

Nécessité d’une pluri-référence variable d’une situation.

649


L’action totale

L’action totale pour la pensée spécialisée ; la Vérité

Est une assise sur laquelle se pose une autre Vérité.

Spécialisation, car l’intelligence n’a pas le temps

De généraliser. Etre avec l’Autre, car le Moi seul

Ne peut presque rien ; c’est la synergie des Esprits

Qui engendre le progrès ;

Elle seule - possède du manquant ;

parts de vérités ; elle et

Être implique :

Conscience pensante ; la vérité de l’être est essence …

Variable selon l’être ; elle est sa pensée pure.

Personnellement pure - certitude unitaire, non pas universelle ;

Le Savoir se prétend en soi-même ;

à quel degré de valeur

Peut-on considérer “la Vérité absolue” qui agit là en soi ?

650


Conflits, balancements

Il y faut du litige, de la discorde, une sorte

D’élan interne avec de la contrainte et de la passion.

Il faut étudier le cas. Voilà une possibilité offerte

À la pensée. C’est l’une de ses affaires. C’est une faible

Manière d’aborder le problème de l’investigation

Pour le Savoir.

Comment la pensée survient, est avant tout

Un problème biochimique. Les spéculations de Kant

Ou d’Hegel sont légitimes, mais elles sont de siècles

Passés avec faible science et ignorance totale du

Mécanisme cérébral.

651


Philosophie et …

Philosophie et environnement et degré de civilisation

Convient mieux que : Philosophie et Histoire. Histoire,

C’est : faits historiques tels que guerres, sacres royaux, etc.

Le philosophe face à l’Extérieur, propose toutefois un

Dialogue interne. Doit analyser la situation é-

Galement. Rapport d’extériorité. Essaie de

Déterminer le déroulement avec objectivité.

La Pensée

Se nourrit de faits extérieurs, les ingurgite, les recrache

Et tire son suc ;

la pensée active qui prend, sélectionne

Est apte à concevoir certains produits à certaines époques,

Elle exploite son expérience acquise, et connaît constamment

Un processus évolutif ou changeant d’après l’humeur, l’aptitude

Et l’environnement du moment.

652


Sublimations de l’étant

L’étant se dirige vers Être par la pensée ;

Si l’étant accède à la Pensée Totale, il est dans Être ;

Il a changé d’essence. Il a atteint le Concept absolu.

Être atteint l’idéal métaphysique. La nature de

Être est transcendée et peut s’apparenter à la divinité

Extatique ou pure dans son identité.

C’est un principe

Associatif de matériel fixé dans la mémoire qui permet

De passer du non-pensé au pensé. Se fait et se défait

Comme un nombre illimité de combinaisons avec des jeux de cartes.

Degré de luminosité intérieure, possibilité du Sachant ?

Ce qui apparaît de plus en plus clairement, est-ce du vrai ?

Pourquoi pas, si la certitude se déploie par la Science.

La vérité par la Science, par l’Art, par la Religion

Non renouvelable peut permettre d’accéder à la transcendance

Immédiate, et offre à l’étant le changement d’essence

Pour accéder à son propre Être en contemplant Être parfait.

653


(Cf. Les visions des futurs saints).

654


Puissance/Travail/Don

La volonté de puissance ne s’exprime pas sous forme

De travail. Car la puissance de l’homme est quasi-nulle,

Ridicule et insignifiante. Ce ne sont que des écrits

Qui restent et qui donnent une illusion de quantité.

Le travail d’un cadre supérieur se quantifie en salaire

Et l’ensemble de ses prestations s’est évaporé telle

La rosée. Et pourtant quelles actions n’a-t-il pas engendré ?

L’essence du travail est de l’énergie mentale appliquée.

C’est une transformation d’une proposition de langage,

C’est de dire papa et maman, mais en plus compliqué

Évidemment. Voilà tout.

C’est une aptitude de choix,

De combinaisons, d’arrangements avec du matériel

Supérieur sélectionné qui permet au travailleur d’accéder

À une œuvre dont la puissance et la forme atteignent

Ce rang.

A quel degré de l’échelle, vous situez-vous ?

Quelle hauteur, sautez-vous ? 1 m ? 1,30 m ? 1, 60 m ?

655


1,90 m ? 2,30 m ? Vous pensez à 2,30 m ? Est-ce du travail,

Est-ce un don ?

656


L’Absolu

L’homme face à l’Absolu. Peut-il y parvenir ?

Peut-il se dépasser pour l’atteindre ? S’apparente-t-il

À Dieu ?

Il serait une sorte de porche final ouvrant

Sur le néant éternel et infini. Cet Absolu est

Relatif à nos capacités maximisées.

L’Absolu de

La fourmi sur une étendue d’eau. L’Absolu de l’homme

Voyageant dans le cosmos. L’Absolu de Dieu. In-

Déterminé - Indéterminable - Incomposé - Informe.

L’Etre - le Temps et l’Espace

S’apparente pas à un Dieu inaccessible.

Dans mon esprit, ne

657


Rassembler en soi

Rassembler en soi des possibilités choisies pour agir,

Pour obtenir la meilleure attaque et résultante finale.

Non pas mettre à sa disposition la totalité du

Matériel, mais offrir la sélection optimisée pour

L’action. Car il y aurait charge, usure et poids

Inutiles de l’intelligence.

Le péril de l’intelligence

Est encore la dissimulation et l’incapacité de mettre

À la disposition de la conscience les outils nécessaires

À l’élaboration de l’action.

L’étude doit définir

Les limites réelles de chaque individu : le ne-peut-aller-

Outre, est bloqué-cérébralement-à, sa-tâche-consiste-à :

La maximisation d’un volume de chaîne HIFI ; la potentialité

D’une calculatrice programmée ; - limites de l’homme seul ?

Rassembler en soi, est-ce destin de l’être ? Qu’il

Le veuille ou non, l’homme est une autonomie. L’heure

De naissance, l’heure de mort prouvent l’autonomie.

658


Rassembler en soi ou se dépouiller - perdre -

Désassocier, ou désactiver, rejeter, oublier. Contraires.

659


Husserl

Husserl s’est-il réellement trompé ? Sa description

Des actes de la conscience est-elle réellement fondée ?

S’est-il égaré dans son analyse phénoménologique ?

A-t-il considéré par une représentation de points-source

Des images offertes à la conscience ? A-t-il été

Au-delà de l’acte psychologique, dans le fondement

Même de la perception, de la réception des faits mentaux ?

Par-delà la logique, est-ce une étude philosophique

Nouvelle qui est ainsi proposée ? Ou une étude biochimique

De l’imagerie des messages ?

C’est vouloir trouver l’origine,

L’explication fondamentale, pure, transcendante, cela

Nécessite une objectivité parfaite de l’analyste lui-même.

Comme se définissent les actes vécus ? etc.

660


Incandescent, exalté

Incandescent, exalté, bouillonnant

inclus en lui

dans mes propres cieux, construisant son espace,

- le savoir de l’autre fait irruption

et s’associe au sien !

Dansons avec l’armure, - mathématique et poésie !

fixement caparaçonnées, soyons prudents, l’œil fixe !

Et là-bas la neige, la soie, l’éclat !

Et toi, le réfléchissant, oscillant dans tes brises,

qui devient visible là-bas ? Est-ce la Vérité ?

l’attente, l’entendement d’une claire certitude

car l’Absolu du savoir est utopique, mais

s’apparente aux Dieux.

661


Partenariat

Le mettre-avec, le avance-avec, ou encore

Structures invisibles se déployant par-dessus. Espèces

D’armures métalliques avec câbles souples permettant

De solidifier l’architecture de l’homme. Est-ce

La rigueur du poète, de l’artiste ?

Propre de gains ?

Sera-ce une certitude

L’industrie cinématographique est un

Mariage réussi entre la rigueur économique et l’audace

Artistique.

Devons-nous diriger notre pensée avec rigueur,

Liberté, audace maîtrisée ? Est-ce un savant cocktail

Selon l’adaptation à la situation du moment ?

Sur le

Chemin, en copropriété, du Moi-libre avec le Moi-pensant ?

662


Cérébralement différent

I

Transformer le mécanisme de penser. Délaisser une

Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer

Un système d’extraction ou de production autre.

Il ne s’agit pas de passer de l’homme à l’Etre,

Mais de reconsidérer l’appareil productif interne

De l’homme. Prétendre différemment les possibilités

De l’action humaine. Appréhender l’étant avec

Plus d’efficacité, d’objectivité, de réalisme.

Il ne faut pas nier l’éphémère, l’impalpable, le délétère,

L’intuition sensible, ou artistique, mais il faut mieux

Canaliser.

L’évolution dans la Nature engendrera-t-elle

Un homme historique nouveau ?

663


II

Être ou la dérision de soi. L’un prétend au

Discours quand l’autre ne propose qu’un bavardage oiseux.

Méditons sur Être, sur ce sujet insignifiant …

Emprunter la voie de la pensée, pourquoi pas ?

Faut-il s’en offusquer ? Quel éclairage, quelles vérités

Nouvelles les hommes réellement pourront-ils apporter ? Et pourtant !

C’est nécessité absolue pour l’humanité que de penser !

Apprendre, écouter, appliquer, tirer.

Optimiser la potentialité propre à chacun.

Ou mieux encore :

664


Le rêveur volage

Tu es l’insoupçonné, le rêveur volage,

Le capteur de l’indécis, du frissonnement

La bulle à saisir, tu es … et déjà tu n’es plus.

Ainsi je prends mes mots, mes vibrations délétères

Là-bas comme une fontaine lointaine,

L’imperceptible chuchotement.

665


Progrès pour l’esprit

A la racine de la pensée. Les chemins du questionnement,

Avec plusieurs réponses plausibles ; l’obtention d’objets

Nouveaux engendrait de nouveaux questionnements ;

La solution vers une autre interrogation ; c’est la

Maximisation de nous-mêmes qui engendre le progrès.

Je prétends à des solutions - exemple : création d’un

Concept car, puis la voiture achevée, soi-disant

Parfaite, correspondant à un segment, à un besoin etc.

N’est pas si parfaite que je le prétendais - je repense,

Je transforme, je fais évoluer encore, - ainsi j’avance,

Et c’est progrès pour l’esprit.

666


Du primitif à l’ange

L’étant posséderait en soi l’origine du primitif.

L’évolution lente et progressive de la raison ou

De la conscience offrirait un devenir à l’étant

Qui essayerait de tendre vers Être.

L’étant est dans l’ombre noire quand Être est dans

La clarté parfaite. L’étant est dans la caverne

Quand Être accède à la perfection de pureté.

Comment passe-t-on de l’Étant à Être ?

Être tire l’étant, veut le faire évoluer,

Progresser.

Du primitif à l’ange.

Il y aurait des phases de retour à l’étant, avec

Glissades, rappels, régressions.

Les possibilités subliminales ou transcendantales

Ne seraient accessibles qu’à une forme

D’élite intellectuelle.

667


*

Se destiner. A se promouvoir. Évolution des

Modes de l’être. Transformation lente mais

Continue. Avance en soi, accumule, construit.

Le déroulement d’événements présupposés, conçus dans

La logique du probable. Ce qui doit avoir lieu.

Prévoir du futur, s’y intégrer pour le : voilà-donc.

Si l’histoire a lieu par la volonté du destin personnel,

C’est que l’homme est libre. L’être se destine-t-il lui-même ?

C’est encore le problème de Dieu et de la Grâce.

668


Le Grand Être

Surmonter son Néant, sortir la tête hors du gouffre.

La douleur de l’homme, c’est sa conscience infiniment faible ;

Son espoir, c’est d’ajouter et de transmettre. Car son

Faible est également un faible temporel.

Son destin est

Intimement lié aux autres, en raison de l’insignifiance de

Sa nature, à l’image de fourmis ou d’abeilles - le Social.

Comment la personnalité peut-elle se construire pour faire

Un Grand Être ? Le développement, le déploiement intérieurs ?

De Gaule.

“ Ceux qui ne sont pas d’un grand être (wesen)

N’aboutissent à rien quoiqu’ils œuvrent ”, Maître Eckhart.

669


Langage outre

Penser sans le langage en compressant le message,

A l’intérieur. La volonté de penser par la vitesse,

L’imperceptible, le fugace, sans le langage pour

Aller plus vite, pour se décharger du poids des mots.

Sur les fibres, dans les neurones, mettre des 1 et des 0,

Code digital. Parvenir toutefois à s’orienter, à

Œuvrer par la certitude vraie dans l’intuition ou la

Prescience. Essayer d’évincer cette sublime

Dimension intérieure qui est la langue, et communiquer

Outre.

670


Être, pourquoi ?

Être, pourquoi ? Le but ? La finalité ?

L’être, le temps et le résultat obtenu

Être avec quoi, par qui ? Grâce à qui ? Le

Rapport de soi aux êtres, aux choses ? Au visible,

À l’invisible.

Être en présence d’être, et se

Suffire de soi. Ne pas chercher le dévoilement,

Ne pas donner, ne pas faire - se suffire - en

Son propre état - encore-le-même.

Est-ce incapacité de progrès, d’aller outre, de blo-

Cage ? Le encore-le-même engendre de la

Dégradation par rapport à la civilisation qui avance.

Le temps et le mouvement du progrès ; adviendra qui

Voudra - c’est encore de la race des faibles ; le

Laisser-la présence est une régression dans un environnement

En constance de changement, d’évolution et de gains.

671


La négativité

La négativité - ou la conscience du vrai - du réel.

La logique du conscient au-delà de l’enthousiasme,

Est-ce certitude absolue ? Où est l’audace, le risque ?

Cette part de rêve nécessaire à toute entreprise ?

La réflexion d’éveil pour penser, décider, balancer ?

C’est supposer rendre exact la détermination du

Contenu futur - c’est donc une projection - c’est

Analyse de projet. L’économique essaie d’annihiler

Le hasard dans ses actes. Le système bancaire y

Parvient-il ? Et l’homme dans ses choix d’actions ?

L’homme maîtrise-t-il ou pourra-t-il maîtriser son

Avenir ? Le lieu de l’avenir est-il en lui-même

S’il peut décider de son Destin ? Est-il lui-même

Face à l’Absolu ? - L’événement se trouve révélé.

Ce qui veut dire : que le pouvoir de l’homme est

Relatif - il est plus victime de son destin qu’il n’est

Apte à maîtriser ses actions quand bien même il se

Prévaudrait de son libre arbitrage pour décider et agir.

672


*

Le sens de la vie est-il d’accomplir des actions

Imprévues par l’homme, ou serait-il également

D’accomplir des actions programmées à son insu ?

- Je savais ce que tu allais devenir - peut

Prétendre Être Suprême.

673


La discipline

La discipline peut s’interdire d’avancer dans l’erreur.

Le déplacement de la vérité. Le déplacement de la

Discipline. L’interdit d’hier, l’imposé d’aujourd’hui.

L’interdit d’interdire. Les espaces imaginaires de l’homme.

Son matériel créatif pour y parvenir. Le mélange,

L’exploitation d’autrui. La liberté de l’esprit.

L’utilité négative de la mathématique. Ne pas

Aller outre. Rester dans sa certitude - platitude ?

La censure et la critique de Kant. La poésie est

Un système d’illusion utile.

A pas certains, avec précaution, avec pure authenticité,

Sans sophismes, ni apparence trompeuse.

L’imaginaire faux peut induire sur du vrai.

674


I

Le temps - Les bornes - Se former - Tombe la mort.

Rien - peu - Hélas ! Et que faire ? Nature d’homme !

La masse. L’élite. Les génies. Voir un peu, au-delà.

Les Dieux. Les perspectives d’avenir. Nulle nostalgie

De la vie.

Et toi, qu’as-tu compris, vu, su ?

II

L’esprit de l’homme - les affres de la sainteté.

La connaissance. Les voies de l’avenir.

Les Dieux descendent. Les signes. Les certitudes

De l’au-delà. Le temps perdu.

L’inutilité de la poésie.

L’avant-soleil, - Toi.

675


L’inutile

C’était un inutile - une sorte de poète.

Disons un poète - qui reconstitue à sa

Manière l’ensemble des perceptions qu’il reçoit,

Une faible Essence de pensée, sans rigueur,

Qui travaillait avec de simples signes

Cherchant à se comprendre, à se méprendre.

Images stupides de perpétuelle médiocrité !

Il investissait dans de la pauvreté littéraire ! …

Que pouvait-il en espérer ? Le rejet, l’ex-

Clusion d’autrui - le moins-que-rien,

En vérité. Conscient que nul trésor

N’abondait en son âme, certain de l’échec

De son destin d’écrivain-fuyant, allant vers l’ombre,

Vers le néant de soi-même, du fond de l’inconnu.

676


Les structures métalliques

Des yeux scrutant à l’intérieur,

Repensant de nouveaux espaces,

Le vide, le désert, la construction,

La Nuit - moins la Nuit - le plus clair.

L’Éternel Néant - la volonté d’échafauder,

Structures métalliques invisibles à perte de vue.

Puis des visages, des corps, des sexes, des femmes,

Je regardais ma face sur ces structures

Qui renvoyaient son image - je glissai

Le long des structures.

Éternellement je recommençais,

Les structures réapparaissaient.

Je repensais le tout avec déformations scientifiques

Désireux d’y injecter du sensible et de l’émotion.

677


Le damné

Très loin - pour la pitié - avec plainte

Écho perturbateur.

Le ciel, je le priais,

- Sa profusion, son omniprésence, mais rien

Et c’était ma Mort.

Oui, éloigné de ma chair

Marbre, cadavre, femmes vues, enterrements,

puis un nouvel automne,

l’annonce d’un désespoir.

Les bornes infinies et la terre palpitant,

et respirant ma fin

Justifiant l’horreur du damné

l’annonce du chaos pour toujours

du condamné à l’éternel rejet.

678


Le rejet infini

Tu chancelles et chancelles cerveau

Le pourpre du matin cavale

c’est la débauche après la nuit

Sur eux également se déverse la chaux d’hier

La paroi magnétique est froide comme un serpent

Qu’importe ce soleil d’hiver,

Tu saurais en jouir de cette neige claire !

Sur le seuil point d’oiseau

la race des rapaces approche

Détesté des humains, condamné par les Dieux,

persécuté par les morts

à jamais, à jamais !

Dépose ta pierre, dépose encore

Pour qu’elle estime ?

Dans le rejet infini

679


Les gerbes d’or

L’esprit, chercher encore cette solennité poétique

y descendre par l’échelle créatrice

pour y trouver un être ou l’Être

Le prodige de sentir le soleil sous soi

mais plus solennelles encore les gerbes d’or de

la moisson ressuscitées au clair de ma conscience

offertes en profusion de saveurs à l’âme littéraire

désireuse de se nourrir d’Essence

680


Les intensités suprêmes

Les intensités suprêmes de la pensée

avec l’immense lassitude de l’esprit

Nul hommage intérieur

une conscience de honte et de médiocrité

La rare apparition, - la fille sublime

telle une intuition géniale

mais l’Éternité révèle l’insignifiance de l’homme

Son espoir est dans une possible esquisse d’immortalité

entourée de quelques élus sublimes

seulement

681


La douleur absolue

La douleur absolue

L’exil au plus profond du Moi

La transe, la mémoire pour produire

La substance pour se mouvoir

pour ne pas oublier

L’œil ouvert pour l’intérieur,

L’impossibilité d’en cesser avec la violence

et la chute éternelle dans les tempes

Dans le vide

Dans le vide, l’éternité qui fuit

Sur mes côtés le temps

De la mort à la vie

Faire exploser une Aube mortuaire

Recommencer à l’Est

682


L’emploi de l’autre

Je suis où je puis

dans la mécanique et le labyrinthe cérébral

constructions interdites avec élans neufs

Je regarde Paz, - j’ai :

sculpture qui devient matière intellectuelle,

magma

étincelle

lumière / génie

soleil

énergie intense

rituels

mémoire du passé - connaissance des anciens

Le corps et ses langages : nul intérêt

L’idée fixe ?

Par Paul - pas maintenant

Lui propose : des : plantes grimpantes de l’air

sous des arbres de vent

des : manteau de flammes inventé

et dévoré par la flamme

En vérité, j’ignore comment exploiter l’autre,

683


Je voudrais mais ne puis.

insignifiantes

Ainsi j’offre des solutions banales et

Autrement, demain.

684


La plongée et la crainte

Entendus seul de moi à moi

des mots inutiles pour couvrir une ombre

La pensée comme un écho lointain

se baigne dans l’inutile

Marcher, peut-être, marcher en soi pour espérer

trouver autre chose

Attendre la lettre - l’autre lettre - mais quoi ?

Sous la braise - les mots - le soleil - la braise

Se noyer dans l’ombre de soi-même bêtement, faiblement

L’ouverture pour le front

Surplomber son immense paroi cérébrale,

craindre de s’y jeter,

de se faire foudroyer par l’éclair

La plongée et la crainte

685


Activer la mémoire

Activer la mémoire

reconnecter autrement

dériver, trier, jeter, prendre

et supposer ……. supposer

Vivre avec des idées, des métaphores,

des bulles, des reflets, des pourquoi-pas

De l’ocre, de l’argent, du cuivre,

mêlons, fusionnons, recommençons

La rumeur dans la pensée poétique

Le miroir perturbateur

Que vais-je faire réellement avec

ce matériel de mots, d’idées, de verbes ?

Où, jusqu’où puis-je aller ?

Connaîtrai-je mes limites ?

686


La vision oblique

La vision oblique

Le pensé le perçu le su

l’au-delà trompeur la mise poétique

Les coups foireux l’audace

Le mécanisme interne de transformations

des idées qui n’en sont pas,

des formes qui changent

L’imperceptible s’évapore,

L’élan me précipite dans l’inconnu

Les possibilités mentales sont comme des flux

activant, ressuscitant un alphabet groggy

Peut-on prétendre trouver, inventer ?

687


Fragments

Pertes et échecs

Tendances encore

A l’agonie

Pour ma fuite, moi

Je prends, je te déteste

J’invoque un Dieu

La nuit te traverse

Le noir est inutile

Le temps m’observe,

Me ponctionne de la

Vie. Je le fuis.

La fuite est impossible.

Je plonge vers le ciel

J’emporte mon corps

J’abandonne mon âme

L’heure est inhumaine

688


Existe et disparaît

Sa fille prend sa place

Des oiseaux des images

Dansent dans tes yeux

Je tète de l’inutile

Le poème insignifiant

Fait sa route à mes

Côtés. J’invoque encore

Sonore et frais

aux bras et aux chevilles

coule l’argent, écrit

Octavio Paz

Mon texte ridicule

doit s’achever ici.

Pour d’autres espoirs,

Sera-ce possible ?

Encore je doute. La nuit.

Je dors.

Dors.

689


L’Être/L’étant

L’être, ou la sublimation de l’étant ; l’étant

Ordinaire, jouisseur, sexuel, à la recherche de

L’obésité physique, très MAC DO ; veut faire

De l’argent ; assouvir - expérimenter, exploiter

Planifier, aménager, cherche l’innovation ; l’étant

Néglige l’être, en fait sa part bouddhiste, spi-

Rituelle, appelle Dieu : l’inexistant - craint

La mort, veut la fuir - craint le temps - aime l’auto-

L’être veut s’épanouir dans son essence. Il y a donc

Le bien et le mal, l’être et l’étant. L’homme primaire,

Le primitif, vivant avec ses instincts, et l’esprit supérieur,

Autre, au-delà, cherchant le Lieu, le Fils, le Futur.

L’ombre de l’étant interdit la lumière de l’être,

L’être est la partie pure de l’homme qui veut s’éclairer.

690


Transfert

Ils se pénètrent, s’approfondissent ;

un Moi inconnu

envoie une pensée profonde par l’image

que je dois défaire pour reconstruire

un espace invisible, caché, dedans

Éclipses, interdits à comprendre.

Soumis à interpréter.

Je dois expliquer.

691


La page

Solitaire, vacillante

poussée par le besoin,

désireuse de quelques solutions satisfaisantes

calme puis éblouissante,

que sera-t-elle ? Que donnera-t-elle ?

L’espoir comme un enfant …. mais c’est seulement

une page d’écriture.

692


La constellation irréelle

Est-ce toi, toi dans ta virtuelle réalité

de mensonges, de doutes et d’audaces d’écriture ?

Tu te conduis avec raison

pour élaborer un édifice.

au quotidien

Ne sont-ce pas de vaines constructions délétères,

infinies et inutiles ?

Est-ce élan ? Aptitude cérébrale qui offre

et organisme des produits de l’intelligence ?

N’est-ce pas faire preuve de prétention que d’oser

employer un tel terme : intelligence ?

Tout est pour l’intérieur. Autrui te détruit, te persifle,

te ponctionne, te méprise. Cela ne les intéresse pas.

Ils ont autre chose à faire. L’autre, oui - vous, non,

répètent constamment les éditeurs

693


Tu n’es pas réel - tu es un souffle transparent

qui disparaîtra avec sa mort. Tu es le manque, ô mon absent,

mon silence, mon caché, cet encore un en-toi.

S’il y a clameur, elle est interne - étouffée -

sachant à jamais confondue.

Pourtant tu le hurles sur cette feuille de papier.

Quelle force t’impose à l’écriture,

à le dire, à le proclamer ?

Ton désir est bien de construire

sous la constellation irréelle des étoiles poétiques

qui passent et disparaissent.

694


Absence

Absence du poète ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Qui m’appelle ? Vers qui me faut-il aller ?

J’accumule des lignes sur le papier,

Je remplis du vide.

Des élans inutiles.

Le réel parcours poétique

Il faudrait ici une force immense

Sur la cendre ou le génie de l’autre

Ou se purifier encore

Jusqu’à l’obtention du blanc spirituel.

Où trouver ? Comment extraire l’énergie ?

La production d’étoiles de poussières,

Pour l’infiniment rien …

Atteindre sa portée et finir dans le désastre

Et dans les ruines de soi-même …

695


Accéder au faîte de la montagne

Pour s’écraser sinistre et inconnu

Dans l’ignominieuse indifférence des hommes.

Tel est peut-être le réel parcours poétique

Du peu à l’envol, de l’envol à l’extase,

De l’extase à l’écrasement

Dans la médiocrité du vide et du désert littéraire.

696


1

Une mémoire stupide qui carambole encore

ici s’achève un commencement

J’ai voulu fuir mon corps

J’ai marché dans ma raison

2

Mille fréquences et la mienne

Mille et encore

à la recherche la subsistance

fragilité aux milieux des ombres

697


La perception insignifiante

Le besoin d’extraire pour fuir mon néant

Une envolée d’extase une esquisse fébrile

Un faible filament

saura-t-elle porter l’écrit nouveau ?

et cette perception insignifiante

Je m’essaie en toi,

je risque, j’expérimente si le terme est juste

j’attends l’instant satisfaisant

j’associe liberté et force

pour l’exaltation du poème

Ta passion m’éclaire d’une gerbe des saveurs

Nulle élégance, nul rythme, mais une violence

qui m’obsède pour une verticale

impossible à atteindre - ta verticale !

698


L’embonpoint bourgeois

Je ne crois plus en une possibilité

de progrès, de gains réels.

Je cherche à me redéfinir par l’écrit espérant

peut-être que le vieillissement cérébral -

l’embonpoint bourgeois - apportera quelque patine

agréable à l’entendement.

Je n’ai plus de vigueur - ces jours accumulés

qui lentement amoindrissent la pensée - me font

songer à une lente déchéance intellectuelle.

Patience, me chuchote l’esprit - patience -

Voici un matin, une aurore naissante.

De nouvelles pulsions agitent ta raison …

Viens te nourrir de ces lumières.

C’est un autre silence.

Les mots seront des plus briques solides,

une construction est à reconsidérer.

699


Tu dois me faire confiance,

moi qui depuis tant d’années élabore à tes côtés

une espèce d’élévation supérieure.

700


De ma salive à mes sueurs

Là où s’agite la mémoire inconnue

Là où l’éclair produit le miracle

Le corps se déteste et l’âme se développe

Je reconstruis ma pensée

Je cherche un nouveau terme

Encore la rumeur veut-elle exister ?

La bouche explose

de ma salive à mes sueurs,

Que vais-je obtenir ?

701


L’inspiratrice follement cartésienne

Elle murmure ou se tait dans son absence

Elle se mesure avec la forme du nuage

Elle constate dans son espace

et essaie de surprendre

On la dirait fugace et libre dans sa transcendance

Quand son ombre s’épaissit,

l’être qui l’accompagne se construit

Il demeure ou s’incline dans son lieu de naissance

Nos regards et le temps pour élaborer

et remplir les coques minces de l’estime,

nos regards !

Se considère ce qui sera formulé,

dans un ovale de bouche garni de cendres

et de poussière

702


Allez ! tourbillonne, tourbillonne,

Inspiratrice follement cartésienne

dans ton illogisme sensé,

tourbillonne !

703


La belle évaporée

Assoupie, endormie, rêvant encore

un peu de soie divine sur un sofa d’extase

fluide, alanguie, s’étirant, là, oui inachevée,

mais s’étirant encore

sous une lumière lymphatique et pâle

sublime énigme de confusion et de nonchalance

qui semble régner impérialement

Elle conçoit dans son rêve des images claires

qu’elle traverse nue

Elle embrasse des souffles d’orgasmes et va

cueillir des caresses nonchalantes

tremblantes et fuyantes

Je secoue cette masse belle de femme qui tombe

en poussière de songe devant mes yeux ahuris

704


Femme phosphorescente

Avec l’utilité du Néant

enjambant le cercle clair

elle avance obstinée et sage

pour construire dans le silence

Femme phosphorescente pensante et sexuelle

refusant la faiblesse

suscitant tant d’espoirs

dans la lumière naissante de l’écriture

brillant, éclairant çà et là

quelque ténébreuse recherche

soufflant sur des mots mystérieux et irréels,

dans l’arôme de sa bouche

Je désire son visage transcendé

et me colle à ses lèvres pour extraire le suc

de son savoir et l’exprimer ici

705


Le diadème d’or

L’image est un résidu insignifiant

le son disparaît dans l’inutile

la raison revient à l’éphémère

le monde poétique se perd dans l’oubli

Nulle possibilité incessante ne pourra les convaincre

Persister, insister toutefois mais la médiocrité demeure

Les noms se perdent dans l’inconnu de moi-même

J’avance péniblement - rien ne s’inscrit

réellement pour développer ton aptitude

Ta figure se fissure, les ans te changent

Et pour quel avenir ? Je te le demande !

Tu cherches avec patience et veux construire

La nuit sera-t-elle explosive, sinistre, détestable,

haïssable ? Y verras-tu briller le diadème d’or ?

706


Le songe qui pense

Ho ! L’ombre engourdie, sous-jacente, occulte

par la pensée appesantie se tait croulante !

J’offre l’immense brèche vers la mer aérienne,

le poème pousse son souffle dans l’orage créateur.

Là-bas vers d’autres ténèbres ou d’autres références

parmi les mots et la signification des contenus, là-bas.

Nul instant de repos, mais une aptitude à l’éclosion

à la recherche, à la compréhension - à la volonté

de s’émouvoir.

Cette main qui réfléchit est un songe qui pense

dans le mouvement aléatoire de l’inconnu,

dans le déplacement continuel des nuages inventeurs

qui désirent seulement redéfinir les choses, les arranger

les dériver, ou les combiner autrement.

707


Une forme souple

Une forme souple, qui plie et se replie,

Sous la tige, une insignifiance de graine.

Elle se développe, croît et durcit,

elle germe, substance nouvelle dans l’éclosion

de la lumière.

Une possibilité de vérité s’éblouit

dans le silence de la nature pour se développer

avec sérénité et paix.

708


L’utopie précaire

Est-ce une utopie précaire, une espérance dérisoire,

une probabilité douteuse ?

De cette blancheur insipide, puis-je imaginer tirer

quelque chose ?

C’est un souffle qui emporte l’âme féconde sur des

chemins extérieurs.

Il caresse des formes inconnues, il flotte près

d’une étoile qui luit, il disparaît dans la

poussière des songes.

Ce sont des sensations, des réalités de conscience

qui m’accompagnent avec ce murmure quotidien

dans les tempes.

709


La pensée espère

La pensée espère encore

dotée d’outils détestables et méprisables.

Le poète construit sa propre maison,

tout devient sourd en lui.

Là où se situe la fin, y aura-t-il un nouveau départ ?

Se peut-il que la production obtenue

offre des possibilités d’extractions belles ?

Le poète veut reconstruire une demeure souveraine,

souterraine peut-être.

Le travail d’hier pourra-t-il engendrer

le chaos de demain ?

710


La fille impossible

Je n’ai jamais pu croire même en pleine lumière

Tous ces nocturnes effets n’étaient que chimère

Qui aspiraient le vent de la splendide nuit

Le temps sur le temps accumulait de vaines choses

Les mots devenaient des idéaux d’impossibilités

J’espérais pourtant une sorte d’aurore subliminale

Je créais des obstacles que je chevauchais

Allégrement, la pulsion d’écrire jamais

Ne s’achevait… et j’espérais encore

Cette sorte d’idéale inaccessible peut-être

De beauté poétique bleue ou transparente, superbe

Toutefois - j’allais ivre de foulées légères

Dans la béatitude pour la fille parfaite

Cherchant, cherchant encore sans jamais la trouver.

711


Semences exaltées

Encore ces semences exaltées pour des espoirs stériles

Alors la plongée dans ses propres torpeurs avec la

Volonté dérisoire peut-être de mieux … enfin …

Et toujours non ! Toujours rien ou peu.

Mais comment ? Comment autrement ?

Des chants, des rêves impétueux qui circulent

Magistralement dans les méandres de l’âme,

Un calme qui se forme, respire et expulse,

Les dernières substances poétiques pures,

Et là, des mains inventives construisent avec du

Délétère des structures cristallines,

Invisibles, inutiles, mais construisent toutefois

Que j’efface que je trace dans un idéal d’espace

Feuille de papier imprégnée de soupçons.

712


L’antre du tiroir

Ici le poème n’a pas d’avenir,

il se meurt et disparaît dans l’antre du tiroir.

Il va, se superpose sur d’autres feuilles,

ce qui s’inscrit semble dérisoire.

Constant à la recherche d’autre chose,

mais quelle nouveauté ?

Ici ce que propose la main ne dure pas.

La parole est faible et s’enfuit

comme un écho indistinct dans l’âme du soir.

Ici la paix est détestée,

le travail est un leurre.

Dans la gestation de l’écriture,

le texte accompli est encore haï.

L’esprit demeure, persiste, espère

et prétend pour un futur.

713


La piètre maison

Là où supplie l’intelligence un progrès quelconque

demeure une certitude de médiocrité

et d’insignifiance

La nuit des Dieux est sourde

et refuse d’entendre la supplique

Je construis l’intérieur de ma piètre maison

Nul commencement nouveau,

Le corps veut se détruire

Le domaine est à l’esprit

Il n’y a nul chaos invisible

mais chaque élément, chaque brique

se place et s’entrepose

La langue parle simplement, logiquement

avec raison - dialogue de construction

714


L’esprit offre à la bouche

et la bouche à la

main qui noircit la feuille

Quels résultats ?

715


Ténacité de l’écrivain

Écrire c’est prétendre découvrir autre chose,

c’est avoir la certitude d’exploiter un nouvel espace,

c’est encore s’accoupler avec des mots pour espérer

une sorte de ballet nuptial - le plus souvent

détestable, perdu en vérité.

C’est une sorte de recherche impossible. L’écrivain

désire ardemment obtenir une page ou un poème rares.

Y parvient-il ? Jamais ! Il quête “ l’albatros ”

il invoque “ La jeune Parque ”, mais il se sacre

de dérisoire - de son dérisoire.

Il veut imiter, ressembler à - il chancelle dans

son impossible pari. Il échoue, se meurt et renaît.

Enfin il y croit. Et pourtant ! Que de déchets ! Et

combien de maigres espoirs anéantis à tout jamais !

Enfin il insiste.

716


La forme floue

Encore une forme floue, délétère et fuyante

J’habite une douleur inutile

J’attends mon silence, le repos de l’âme,

l’extension de ma volonté

Que pourrais-je réellement écrire ?

717


I

Pur désir mécanique esclave de l’insomnie

entre le sexe cérébral tendu et l’azur poétique

avec du rien dans son désert

cher inutile cultivant ta médiocrité !

L’inconnu sachant l’impossibilité réelle de plaire

Une vocation ? - Entendre l’ordre ou l’appel -

Exact !

Des mots en synergie d’actions - du moins le croire

Rendement intellectuel quand les autres s’accouplent.

Ils pénètrent des vulves et je m’essaie

à des jouissances spirituelles quelle rigolade !

C’est ça : des voluptés de l’esprit savamment

élaborées dans le génie de l’imaginaire pourquoi pas !

Et surtout les cacher,

ces poèmes de l’ombre !

718


II

Il veut subir

L’âme est ouverte

le poids des mots

la violence de la Femme

quand il conçoit des écrits

Nulle douceur acidité et râles râles

les pertes s’empilent sur la table

la bouche à pages une médiocrité de soi-même

Le sang fouetté dans la cervelle faible jouissance

il veut construire, produire encore encore

L’heure est complexe il n’obtient RIEN

719


De l’une à l’autre

Cette pensée décapitée dans l’ère de

l’innocence,

rejetée, songeuse et stupide comme

un coup cérébral qui a échoué ;

Cette autre pensée qui prend la place

de la première, se prétend meilleure, apparaît,

s’impose, tente de régner quelques instants

sur cette feuille de papier,

Banquet, razzia ou festin de propositions,

de solutions édentées, vieilles et corrompues ?

Nenni ! Refus, à évincer ! Car tout cela

semble insignifiant. Alors ? Pour une autre

inspiration, dans un autre moment, demain peut-être.

720


En lisant Blok

Extraire quelques pensées éparses

en lisant Blok avec dédain

et indifférence de soi

en achevant péniblement l’année 98,

en espérant que l’année 99 sera fructueuse,

intelligente, gonflée de recherches et

de possibilités nouvelles par le cerveau

L’esprit se fatigue, l’âme demande grâce

mais il y a cette volonté stupide qui impose

à écrire ou produire n’importe quoi

Pour concevoir des produits insignifiants et mièvres,

pour noircir ou courir après la plume, sans doute !

Alors on écrit des fadaises, des faiblesses - on écrit !

721


L’attente

C’est une attente accompagnée d’un espoir,

une pause dans la rêverie douloureuse.

On dirait que l’esprit soupire, que la rumeur

interne s’essouffle nuitamment.

Cela semble être soi, à l’intérieur caché.

Les signes hésitent, attendent, n’osent sortir hors

de la bouche.

Il y a un frein solennel et mystérieux

qui interdit l’échappée et le soulagement

par l’écrit.

722


Nuits fardées

Par la visite du poète

à l’arrivée de rien du tout

le bout de sa nuit

une finitude d’esprit

soi, à l’intérieur

alors pour autre chose

à chercher

enfoncer, défoncer, ailleurs, là-bas

je suis où tu n’es pas

avec agonies, nuits fardées, vomissements d’écrivain

La quarantaine légère merci !

La douleur, la grimace

ici tout semble inutile

Oui, qu’obtient-on réellement ?

723


Épilogue

Chercher sans réellement découvrir

dans la rumeur de soi

avec tangage de langage, - chercher

Quand la gestuelle pensante est monotone

sait pertinemment que demain sera comme hier

une vaste déception cérébrale

d’élans cassés

d’avancées perdues,

de futurs inutiles

Alors pourquoi cet étonnant labyrinthe en soi-même,

cette vaste cité intérieure ?

est-ce volonté de comprendre,

de développer une capacité interne ?

Est-ce aventure personnelle ?

Fuite en soi ?

724


Nulle réponse simple n’offrira de réelle vérité.

Est-ce travail d’homme ? De pseudo penseur ? De poète ?

Que répondra le lecteur ?

725


RESONANCES

726


727


RESONANCES I

TABLE DES MATIÈRES

Qui seras-tu

Suis-je

Je crains

Je te devance

A nos z'actes marqués

Et cette élévation

Mélange

Yeats - translate I

II

Ici vraiment peu

Sans et honte

Enculé

Du encore

Marche en soi-même

Jérusalem

728


Toi - imagine

I

II

Les papillons

Re commencement

Moi, solitaire et tel

Qui a su resplendir

On a renoncé

Vendredi saint

Où es-tu

Que reste-t-il ?

Le temps s’envolait

Autre jour

Parenthèse inutile

Vide créateur

Avec sa complexité, l’homme

Le choix - Yeats - Traduction

Le zéphyr bleu

Que je

J’espère, j’entends

Ton enveloppe astrale

Convertissez-vous

Puissante

729


La chair est une douleur

Les météores

Le soleil de jeunesse

L’avenir en Dieu

La médiocrité

Le miroir

Bilan

Longue marche

Il s’y essaie encore

Si écrire est penser

Constat

Consolider le songe

Jeu d’échecs

Le miroir

Poétesse

Culture méditerranéenne

Problème de la grâce

Moi encore

Le prisonnier

Sexe, plaisir,

Je m’interroge peu

Le Juif

Sérénité

730


La capacité d’analyse

Ciel silencieux

Je parle seul

Sainte II

L’écrit/le risque/le cul

Ici vraiment peu

Comprenant

Ex clu

L’oracle

I

2

3

4

5

Séquences

1

I

II

D’observer un devoir

L’Absent

Je ne t’accuse pas

C’est l’ombre de moi-même

Seulement le silence

731


Accomplir un travail

Le ciel monte

Écrouer

Marche

Il faut

La tour

Alors ?

L’épitaphe

Sa vie

Homme puissant

Syntaxes

Sera-ce ?

Voleur

Remonte

Le geste

Froidure

La cité désertique

Idem

La pompe de l’indifférence

Autre fille

1

II

III

732


IV

Absence de femme

Architecture splendide

L’insomnie

Laisse-toi

Mouvements des corps

La mort

Je m’exile

Quelle médiocrité

Matière à penser

Trois graines d’écriture

L’éclair de vie

La ridicule histoire

L’homme et la fleur

Perdurer

L’œuvre

Bilan I

F

I

II

II

III

IV

733


III

J’imagine

Le sphinx

Forêt claire

Je m’enfonçais

Chanson populaire

L’œuvre magique

Le poète, encore

Le mathématicien illettré

Le poète dans son exil

Les yeux

734


RESONANCES II

TABLE DES MATIÈRES

Visage

Des mots

Par où

Le geste d’éclairer

Vers l’avant

Repère infini

Une aptitude

Par l’oeil

Encore

Sa transparence

Vie

Moi qui tremble

Ce matin-là

Toujours présente

Soir pensé

Le poète

Le raffiné

735


Que m’importe les rejets

Pour soi-même, uniquement I et II

Rennes

1

2

3

4

5

6

7

1

2

3

4

5

6

Il espère être

A

B

C

1

2 Dédoublement

736


3

1

2

3

4

15

a

b

c

d

e

f

Les ténèbres de la poésie

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

737


11

12

13

14

Portrait d’un raté

La bonne mixture

L’essaie infructueux

Constat

Poète, je te laisse

L’exilé

Wimbledon 97

Back, Back I

II

III

Le temps cherche le lieu

Le fils du néant

1

2

3

La Dentellière

Léda et le cygne

Cette même pensée

A

738


B

C

D

1

2

3

1

2

3

4

De la mort

Le diadème dérisoire

Le Christ du monde

Le Tour de France 97

Le critique

Poème sur poème

Ta durée ?

1

2

3

Encore

Poursuis

Les nuits propices

739


Récréation La chanson du roi Dagobert

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

I

II

Pour personne

Les extrêmes

Cœur délabré

La nymphe

740


Le lecteur

1

2

3

4

5

Une autre histoire

La main paranoïaque

L’heure éternelle

Méditation

La torche

Les songe-creux

Créateur du vide inconnu

Légères mouvances

Le pardon d’avenir

Le futur du poète

Fatalité

Ôter le masque

À deux, avec soi-même

Conclusion

741


RESONANCES III

TABLE DES MATIÈRES

L’aventure interne

Les limbes

Le miroir entrouvert

Le néant de soi-même

Litanie

Intermède

1

2

3

Un poète à sa bien aimée

Le poète homosexuel et son père

De biais

Miroitements

Visible à soi

La nuit

742


L’idéal menteur

Poursuivre

Aigreurs

L’effort

L’a-vérité

Réflexion

L’image

Ce serait

Ont bondi

Les amants 1

2

3

4

Le po

La table

Conseils

I

II

La gloire

Sagesse

I

II

L’amende honorable

743


Pensé autrement

C’est elle

Les frères vagabonds

Te lire dans la glace

Chanson

Qu’est-ce écrire ?

Il avance

Crainte

La perle froissée

1

2

3

4

5

6

a

b

c

Par Aragon

Le couple d’ennemis

TRUST-COZ !

Ton visage

L’insuffisance

744


I

II

Tranche de vie / Tranche de haine

Brusquement surgit

L’insignifiance du don

Le vrai sens 40

1 41

2

3

4

Ta Phèdre

La même résonance

Sur l’horloge qui fuit

Je m’abolis en toi

Le voile discret et la pudeur

L’homme

L.A.E.T.I.T.I.A.

La mort du Quidam

L’insatisfait

La pacotille

La rame

Volonté du progrès

Les espaces d’écriture

745


La pensée

Pénétrer encore

Construire un homme

La zébrée

Suite

D’après J.P. Sartre

Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl : l’intentionnalité

Le but

Quelle horreur !

Poussière

Laver l’impur

Sentiment de nullité

Contre-ut

Des vérités bleues 1

2

1

2

746


RESONANCES IV

TABLE DES MATIÈRES

Quant au livre

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

747


16 - Dionysos

17

18

1

2

3

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

1

2

3

4

5

6

748


2 - Le Tombeau de l’Immortel

8

Au lecteur

9 - Le sac

10 - L’antre de l’horreur

11

12 - Écrits sans

13 - Le désir

14 – Qu’elle soit

15 - L’univers-loupe

16 - Plus, mieux

17

1

2

3

4

5

6

7

8

P.A.I.

a

b

749


c

d

e

f

a

b

c

d

e

f

Accéder à

1

2

3

4

5

Définition de la pensée

1

2

3

4

?

Mémoire et Temps 1

750


1

2

3

4

5

6

a

b

c

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

B.I. 98

2

751


Chaude rousseur

Cieux crasseux

TRAPPED

H

Le fouetté des gerbes d’or

Mégalomane

Beauté élaborée

Pitoyable génie : 1

2

Malédiction

Assez lu !

Par aimantation

Enfant

Je m’en vais par la mort

Analyse

Le néant du solitaire

L’abstraction

La finalité

Le mendiant

La condamnation

La vocation

Phrases

Bornes

752


1

2

Élévation sacrée

I

753


RESONANCES V

TABLE DES MATIÈRES

Introduction

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

C’est une série

Le parcours de la conscience

La misère poétique

Encore des solutions

Doubles consciences

754


Je fixe le phosphore

Subsiste encore une recherche possible

L’analyse - les méditations

Le chemin de l’âme

La mémoire de l’histoire

L’homme et son double

L’errance

La pauvreté

L’homo lozachus

L’être subissant

Le temps et la mort

Reste l’absence

L’homo spacialus

Éléonore

La nouvelle syntaxe

La stratégie

Le dépouillement

Le calcul

Les conditions du possible

La détresse

Le schéma intérieur

C’est ça : imagine !

Comprendre/hostilité

755


La lettre de l’apprentissage

Topologies

Les vêpres de la pensée

Le temps

Les moyens/l’action

La stratégie pensante

Poème/lecteur

La clé

Circuit artistique

La transcendance du médiocre

Le Destin

La part du mystique

Le métier

Différents temps

Le saut

La vocation de la pensée

Le challenge

Le futur

La pauvreté

La raison du questionnement

La question en suspens

Du singe à l’ange

Le questionnement de l’Être

756


Des vérités

Vérité et liberté

Le blocage

Subsistance

L’errance

Le langage (fragment)

I - Nature de la substance

II - L’étant conduit à l’Être

III - Activités de l’Être

I - La mort

II

I - L’A-près

II - En soi

La question même

La route

Procédé mental

Approches du temps

I

II

III

IV

V

I

II

III

757


Le destin de l’Essence

II - Acte de foi

La recherche philosophique

La pensée :

Le vrai philosophique

L’audace spéculative

Une sorte d’intuition

Le retrait de la présence

Valeur du principe

L’un et l’un

Insister, c’est espérance pour l’esprit

La négativité

Le Moi astral

Conclusion

758


RESONANCES VI

TABLE DES MATIÈRES

Introduction

Acte supérieur

La nouvelle inspiratrice

Conscience et analyse

Le laboratoire de papier

L’impossible ailleurs

Détermination de la valeur

I

II

III

Le sanctuaire

Porteur

Une pensée d’étoile

Ce qu’il faut élaborer

759


La luminosité prospective

Husserl, Heidegger

L’action totale

Conflits, balancements

Philosophie etc…

Sublimations de l’étant

Puissance/Travail/Don

L’Absolu

Rassembler en soi

Husserl

Incandescent, exalté

Partenariat

Cérébralement différent I

II

Le rêveur volage

Progrès de l’esprit

Du primitif à l’ange

Se destiner

Le Grand Être

Langage outre

Être, pourquoi ?

La négativité

Le sens de la vie

760


La discipline

I

II

L’inutile

Les structures métalliques

Le damné

Le rejet infini

Les gerbes d’or

Les intensités suprêmes

La douleur absolue

Dans le vide

L’emploi de l’autre

La plongée et la crainte

Activer la mémoire

La vision oblique

Fragments

L’Etre/L’étant

Transfert

La page

La constellation irréelle

Absence

Le réel parcours poétique

La perception insignifiante

761


L’embonpoint bourgeois

De ma salive à mes sueurs

L’inspiratrice follement cartésienne

La belle évaporée

Femme phosphorescente

Le diadème d’or

Le songe qui pense

Une forme souple

L’utopie précaire

La pensée espère

La fille impossible

Semences exaltées

L’antre du tiroir

La piètre maison

Ténacité de l’écrivain

La forme floue

I

II

De l’une à l’autre

En lisant Blok

L’attente

Nuits fardées

Épilogue

762


FRANCK LOZAC’H

RÉSONANCES

(Relevé de variantes)

763


Mélange

(Qu’est-ce, le donc, ce que je déteste)

J’ai l’indécidable, des continues sans dérivées, être, ne pas être en

alternance, inclus, exclu, contradictoire, j’ai besoin d’une philosophie

ouverte et non figée d’après Bachelard,

Yeats - translate

I

Non, ceci n’est pas une contrée pour hommes âgés, les jeunes, dans

les bras l’un l’autre, les oiseaux dans les arbres - ces profusions d’effluves -

et leur chant - les repères des saumons, les maquereaux en foule dans la

mer, tout ce qui est poisson, (tout ce qui est chair, tout ce qui est plume)

ou plume célèbre tout au long de l’été ce qui va concevoir, naître et mourir.

II

Un homme qui a vieilli est bien pauvre chose, des lambeaux de

guenilles sur un (pauvre) maigre bâton à moins que son esprit ne

s’enthousiasme et ne chante toujours plus fort à chaque nouvelle écharde

de son manteau de mort.

764


Moi, solitaire et tel

Tu détestes ce que tu fais

Le prétendant malingre, mièvre et (faible) ridicule

Tu aspires à du gain,

Tu veux te rassasier

Tu as faim

Que reste-t-il ?

Et il veillait écoutant grandir ses yeux

Il avivait des soies, des étoffes

(des riens) des soufflés

à formuler

Parenthèse inutile

Trop pressé d’en finir avec ces obligations

Tu espères (enfin) une apothéose de roses

Mortes pour dormir éternellement

(à tout jamais)

Tu es jeune, tu deviendras vieux

Prépare-toi (à en finir)

Ce n’était qu’une parenthèse inutile.

Le choix - Yeats - Traduction

765


L’éternel tourment de la bourse vide

Ou l’instant de gloire, le remords de la nuit ?

(le jour)

Puissante

d’insignifiant, pour leur conscience, pour leurs œuvres, pour leurs

productions

pour tout ce que leur (constance) raison a pu imaginer

Mais la foule est morte et le peuple méprise.

Le mouvement universel se poursuit

Moi, éternellement seul dans mon tragique espace vide (néant)

Je me prétends sentinelle

La chair est une douleur

Ils vont (ensemble) par deux leur chemin et s’infligent des pleurs

L’avenir en Dieu

recommencé

J’accomplis, je noircis pour assouvir un (besoin) désir constamment

Le seul (espoir) avenir est en Dieu - s’il le souhaite.

766


Le miroir

J’en ai la certitude, c’est bien délibérément que je m’en retourne à

cette (solitude) unicité de l’être humain

Tu insistes seulement compris (de ta personne) de ton image

Longue marche

La nuit, ( en constante) cette habitude d’écriture voluptueuse par le

plaisir de l’esprit.

Construire dans l’absence, (un aléatoire) dans le rien un piètre

espoir de poème

On cherchera encore mais on a échoué.

Jeu d’échecs

Femmes habillées en cuir noir, soumises sur l’échiquier géant ; reine

splendide et garce (grande) protégeant, dominant son roi ;

Culture méditerranéenne

Culture méditerranéenne

(Virgilienne)

De pureté romaine et grecque,

Sur les rivages

767


Je parle seul

Il y a (peut-être) un vacarme intérieur, inconnu pour une grande

oreille plaintive.

Séquences

trops - ouis

De blououou - ok - éjac - je prends - je reçois - viens – (décharges)

Seulement le silence

Seulement le silence - un destin oublié

Inutile et perdu - cette fille (m’accompagne) me poursuit

L’épitaphe

Tu es (marches) dans le silence, tu ne vois presque pas.

Remonte

double raison d’ambiguïté

de bi-certitude

encore Moi (Gemini, être double)

Fantôme désirant désiré

768


Idem

Philosophie :

Ce qui m’intéresse actuellement chez L’homme,

c’est sa (spiritualité) dimension spirituelle.

Autre fille

Je vais avec elle

Courant vers l’avenir

(Tremblant d’avenir)

III

Déguise-toi en quelque chose

Sois (toi) en variables d’effets

Un toi-même dérivé

L’insomnie

(Par) En vagues successives infiniment je plonge.

Matière à penser

Intégrer de la (pensée) parole dans la matière (parole)

C’est écrire

C’est sculpter avec des signes,

769


Trois graines d’écriture

Combat de la vie, combat contre (avec) soi-même

Je suis d’une faiblesse détestable, insignifiance extrême

(Le fruit) J’hésite, j’hésite encore, la mort me précipite

Son cours tumultueux m’emporte au plus profond

L’homme et la fleur

Encore : difforme, (inexistante) virtuelle, velouté, désir, sur pensée

revêche, hésitante d’une affirmation prétendue,

L’œuvre

De t’empêcher d’exister (de vivre)

Et en définitive de te perdre

Bilan

(Confession)

I

J’ai pénétré, cherché, saturé

Et voulu accéder à l’irréelle (l’impossible)

Aptitude littéraire, poétique

770


Je me suis égaré, j’ai conduit (cherché)

Fait mille tours sans trouver mon chemin

III

(Au profond du) Moi, je me cache

Pour y produire de l’invention

I

Je travaille avec le souffle, (le vent)

L’œuvre magique

On voudrait l’aduler, l’admirer plus encore

La prétendue éternelle dans l’espace enivré !

(S’imposer un monument construit)

Ô monument de gloire sur la voûte du ciel

Construit par le poète dans sa langue superbe !

Illusion fatale qui trouble ses regards

D’une vie ridicule face à l’immensité...

(… de l’air de l’albatros voltigeant dans ses airs)

... De l’albatros sublime voltigeant dans ses airs

Toujours présente

Oui, sublime femme d’hier et d’autrefois

771


toujours présente par (la magie) l’essence du parfum

Pour soi-même, uniquement

Les poètes m’ignoraient dans l’indifférence la plus totale. Que

pourrais-je faire ? Fallait-il ânonner du 300 lignes sur 5 ans, tirer une petite

plaquette (pour les comprendre) pour me (mettre) placer dans leur

rythme ?

Cette richesse inconnue d’autrui, comme de Dieu, n’est-ce pas en

vérité (l’unique) la seule utilité raisonnable ? Car la gloire des hommes

n’est rien.

4

(Activité)

Activation de l’intelligence, - du moins on le prétend !

ce qui vibre, s’exulte, s’expulse

dans le souffle de l’écriture

s’obtient faiblement

5

Tête penchée

(couverte) pleine de lettres

772


3

sur le bord de ton cercle, tu te penches

(tu parles de miroir)

tu agites le miroir

6

J’insiste avec des mots

puis à droite à gauche

Je condense avec ce choix de (mots) solutions

simples, complexes

8

Nul futur (Nulle attente), nul espoir d’avenir

Faut-il combler une attente éternelle ?

Constat

Ta vie est un échec, le temps, le temps se meurt

Et l’immense rejet, pour enfin disparaître.

[Le rejet, le rejet]

Poète, je te laisse

Mais véritablement es-tu indispensable,

(te croyais-tu utile ?)

1

773


Espérant

Telle beauté d’écriture

De poésie (impensable) impossible

Assurant sa production

(Qui assure)

3

recommence l’impossible exploit de faire poète

dessine (exploite) le regard et le sommeil de l’autre

Le diadème dérisoire

Je bois à ce vers puisque je l’ai rempli !

(puisqu’il est mien)

Les nuits propices

Donc je pénétrais ce (réel) néant d’images niaises et illisibles.

Le lecteur

Nul besoin d’un lecteur

d’un autre moi-même peut-être

Tu es ma référence, mon (savant) critique sachant

Tu es ma promise, mon envolée d’orgasmes

ma fuite (intellectuelle) cérébrale

774


Une autre histoire

l’élévation

(A moins qu’il faille faire confiance à Dieu)

Il fallait s’en référer à un nouveau Dieu, repenser l’aventure, ou

Faire renaître fatigué, épuisé par les recherches

Le pardon d’avenir

(Qui mieux que lui)

Seul lui pouvait nous instruire, nous apprendre

Le danger de ces mille chemins de traverse

A deux, avec soi-même

- Regarde ce feu, il est en toi. Il est l’énergie qui te permettra

d’atteindre ton avenir.

- Il y a le salut, le Fils, l’au-delà.

(- Et tu veux )

Conclusion

En vérité, l’on est toujours soi

(Quelque part)

Et cette identité-là est difficile

A intégrer dans l’esprit de l’autre,

*

Cent fois gisant cent fois relevé pour être à nouveau attaqué, agressé par le

775


vice des sadiques et des chiens assoiffés d’horreur. (de sang)

3

Des pieds gracieux, des mains fuselées

(comme des fuseaux)

Un poète à sa bien aimée

(J’offre le sceau sacré de mon immortalité)

Je t’apporte de mes mains respectueuses

Les livres de mes rêves innombrables

Blanche femme usée par la passion

Comme le sable gris (tourterelle) perle est usé par la vague

Dont le cœur a plus vieilli que la corne

Qui déborde du feu pâle du temps :

De biais

Il réinvente l’interdit et prétend à quelque chose de supérieur. N’est-ce pas en

vain ? Y a-t-il une (quelconque) solution nouvelle ?

L’effort

En vérité,

Travailler avec l’intelligence. (avec l’intelligible)

L’a-vérité

L’Aveugle s’en défend, s’en glose,

Dénigre, méprise,

776


Le Critique poétique (le rejeté) l’exclut

De son mécanisme cérébral

777


Conseils

Sois enfin la pensée qui s’élève (monte)

avec l’absence de réussite à ton côté

La voix, la voix de l’Autre,

du Dieu, - car il s’agit de prier (quémander)

t’entendra peut-être

La gloire

Éloigne-toi toujours de ce ciel indécis (imprécis)

L’amende honorable

Que cette stupide (vieille) injustice rende mon avenir meilleur,

J’ai fait amende honorable, espérant un futur, espérant.

Pensé autrement

Fidèle à la modernité boutiques de luxe, de sexe

Encore pour les hommes à l’affût chair affamée (assoiffée)

Les frères vagabonds

Je sais leurs chevaux vagabonder dans les airs cristallins, (purs)

778


La perle froissée

Le tunnel noir t’aspire

Vers la nuit tu exhales (le mensonge) le suicide

Veiné de quelques alvéoles, auréoles de grâce

4

Quel espoir de revenir en arrière ?

Y a-t-il une (possibilité) issue réelle ?

*

Au plus profond des gouffres amers

Les vrais amants s’y sont jetés

(Les purs amants hier s’aimèrent)

TRUST - COZ !

Alors je pense à m’enrichir

On se fait chier pour s’enrichir

Pour s’enrichir ça sert à quoi

A pisser dans des chiottes nickel

(C’est mon confort avec elle)

C’est mon confort chez Isabelle

779


I

Agitées dans l’ombre

qui feront quelques particules dorées

à rapprocher de tes yeux

comme (particule) larme sèche

irisée de mots et d’effets

1

(Oui, désormais)

L’insoupçonné, la variation sensitive

Le Moi tenant à Lui

comme un cristal qui se crispe, qui cède

à l’élan (de chair)

au souffle d’air

quand s’agite l’âme

quand vibre sa certitude

le front en sueurs invisible

(grand arbre)

780


Ta Phèdre

Satisfait et repu, conscient, tricheur - trichant

La suppliant encore, (cette) ta Phèdre en porte-jarretelles

Incapable de faire bander ton lecteur éventuel.

Sur l’horloge qui fuit

(Il reste cet oubli)

(A présent)

Vers l’oubli éternel, mais que méritais-tu ?

Quelque gloire artistique de pan auréolé ?

Ta pensée prophétique s’éteint dans ton manoir,

La lune te sourit, la chevelure est blonde...

(et les femmes sont blondes …)

Le voile discret et la pudeur

Le clair fini dans l’imperceptible silence,

Le rêve élevé, inaccessible à l’âme. (insensible, volée)

La pensée est frôlée doucement, caressée et s’évade comme un parfum

délétère (inacessible)

pour capter un souvenir bleu, insignifiant,

symbole effacé, mystérieux paysage invisible

de désir poétique.

(dans le mystère de l’écriture nouvelle)

(de l’espoir poétique)

781


La mort du Quidam

Il discerne mal, il pénètre, descend - qu’assemble-

T-il dans l’air brumeux ? Qu’est-ce ? (Pourquoi ?) L’idéal

Peut-être ? Soi ? Alors ?

L’insatisfait

Oui, ses regards interrogatifs

(ses yeux incessants)

Tournés vers l’intérieur essaient de savoir,

De prétendre ! ...

La pacotille

Moi, sachant l’exponentiel, en lisant les productions (la poésie)

Poétiques, les déterminant de valeur moindre

(Moi) ou, effrayé, craignant, travaillant dans le secteur

De la chiure, essayant de compenser par la quantité

L’insignifiance de l’acte, me voyant péon sur

Une terre inculte, fade, ridicule,

Pénétrer encore

Il y a une sorte de fond

Que l’on essaie de pénétrer encore,

Plus loin, plus loin comme une extase

782


(Rectale) Sexuelle,

La zébrée

Je te donne vie, avec obscurité, avec

Sensibilité - avec conscience et vérité. (la raison)

Des vérités bleues

1

Je crois (prétends) observer d’infimes particules

Brillent devant mes yeux.

1

Quant au livre...

Et je te sais souffrir

En douces (plaintes) humeurs, nue

Et contente, acclamant

Par ce jeu un élan futur.

6

Par la cendre envolée

Le (vil) piètre insignifiant

En sa littérature

7

Dans l’éphémère aptitude telle

D’un blanc cendré et cygne pur

Se mêle le battement pastel

783


(Envolé dans le sinistre Azur)

Lancé dans le piteux Azur

9

Naïvement a dû

S’imprègnent de quelque saveur

La raison ivre perdue

(Fixant/Imitant) Fixer le pur savant rêveur

15

(l’espoir)

Sur le temps immortel

Le battement d’aile de

La Renommée fuit le maudit

Tel -

1

(Cascade deblonds cheveux)

Cascade, ô blonds cheveux, bondissant à l’extrême

Comme foule excessive de lanières dorées,

S’étale bienheureuse, murmure contre mon corps

Un désir lancinant qu’il faudrait satisfaire

Pour l’extase divine d’un merveilleux effort.

(d’un sublime mystère)

6

(Ses pures mains si claires s’élevant vers les sphères)

Avec des mains très claires élevées vers les sphères

Il m’arrive de croire non sans quelque ironie

784


(et immortelles)

Béates et célestes et de lumière blonde ...

7

Et ma fatale fièvre se résigne et soupire

A toujours espérer l’insaisissable essence

(A n’espérer encore)

De flammes et de feu qu’attise le désir.

(De lumières, de couleur)

8

Moi, je gis oublié contre ce triste hiver

Dont la morne pâleur éclaire encore hélas !

Ce front désabusé qui m’offre son ennui.

(qui verse son ennui)

Je lui préfère encore cette stérilité

Sibylline, idéale qui dans l’Azur s’enfuit.

(s’égare/s’éclaire)

10

Serai-je en un lieu sûr, absent de leur Poème

N’ayant pu me suffire de leur piètre présence ?

(de leurs tristes lambeaux)

Et laisse au plus offrant le bas bouquet de roses.

11

785


Désespérée, hantée, par ses voiles défaite

Élevant des éclats de sinistres douleurs.

(de funèbres)

Selon moi, éloigne la Mort

Et chasse le sinistre sort

(Et sache)

Tel un pitoyable blasphème.

4

(telle une offrande)

Ton sein, la pure offrande qu’on ne peut apaiser,

S’érecte tel un sceau rougissant et dressé

6

Agitez-vous encore, o spectres immortels !

(D’un rayon de soleil)

De nard et d’ambroisie, nourrissez cet enfant

7

Le Tombeau de l’Immortel

(Avec )

Malgré son noir silence, le poète endeuillé

Sait extraire de ce marbre quelque éloge funèbre,

Que la sublime estime tutrice de sa naissance

786


Fortifie l’immortel, et en sa chair le gonfle ?

(en soi-même)

9

Le sac

Saisis-toi de ce sac de vers et d’amertume,

O sinistre lecteur qui jamais ne voulut

Pénétrer le recueil d’humeur et de tempêtes !

(Se saisir du recueil)

Qui méprise le vin, le gosier, les étoiles ...

Et voit en ce trésor emballage de toiles.

(et ordures)

12 - Écrits sans

Avec fragments, divers -

(Corps)

Sections, analyses - sexe -

Fonds du ciel - violences -

16 - Plus, mieux

C’est cela - maigre soupir (sanglot)

Et la raison comprend (soupire)

787


3

lambris et cendres (dans son espoir)

Faisceaux qui tournoient

chacun à la traîne de l’autre

lambris et cendres

6

Tu es mon signe, l’augure de ma décision

je te vois (pense) en flammèches d’or élevées,

7

Le mot chargé de non-sens

prête sa substance délétère (à qui mieux mieux)

l’azur tire vers ce que je puis

s’exalte (tourbillonne) - m’obéit

P.A.I.

et toi pureté d’Iphigénie

pleurante, (suppliante) quémandante - sublime sacrifice

sur l’autel tu t’offres silencieuse

Toi, peut-être dans mon idéal impossible

II

Qui débouchent sur du Néant,

De la perte, du rien (et la faiblesse)

788


IV

Des ruches, des alvéoles (des structures)

Ont été élaborées, conçues

Puis remplies d’extase, de miel,

De sperme sublimé.

L’œil (élabore) décide pour

S’extraire ou échapper

De son trou noir (Néant)

IX

(C’est de se contenir)

J’ai peur de ce contenu

Je produis du rien

Je fixe le phosphore

J’exulte des stances claires (parfaites)

Et belles. Le silence envahit ma bouche - je cherche.

Le chemin de l’âme

(Déterminations exactes)

La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-

Tionnel.

L’errance

(en insistant)

J’ai insisté, sans faire preuve d’aberrance - avec fréquence

Toutefois. Étais-je égaré ? Non, tout ceci était borné,

789


Banalisé, sûr, certain, fort et grand - il me fallait

Fusionner le savoir de l’autre, des autres - il fallait.

(Synthétiser)

Reste l’absence

Il n’y a nul désespoir, mais conscience du dedans.

(nulle détresse)

Il s’agit d’une formidable activité interne, cérébrale.

Eléonore

Dans mon rêve l’image, le dessin, la couleur, (le mouvement)

Et l’écho de ma voix qui implore le progrès

La stratégie

(la qualité)

La stratégie - le but - l’objectif - le désir.

Que veut cette pensée humaine ? Comprendre l’Essence.

Le calcul

(Défaire) Se refaire. Se reconstruire avec du délétère,

C’est ça : imagine !

Jours les mêmes pensées ? Toi dans ton extraordinaire

Monologue avec l’indifférence des hommes, cela

Est ta devise. Tu te fortifies. Tu as survécu.

790


(L’indifférence devant l’autre t’indiffère)

Comprendre/hostilité

(ni beau, ni laid)

Cela n’a pas de sens, ni présent, ni passé, ni avenir.

Allez voir ailleurs ”. “ J’irai et vous n’y serez pas ”.

791


La dette de l’apprentissage

La poétisation de Heidegger ; le sur-poète, le méta-poète.

( de Cocteau)

La vocation de la pensée

. La valeur (élevée) de la Relation épurée.

Abandonner tout instinct, toue spontanéité bestiale.

Le futur

Homme-esclave soumis (obéissant) à la dimension suprême.

L’étant conduit à l’Etre

L’étant conduit à l’Être. Il représente (Il est considéré)

Le fondement ?

L’A-près

inconnues,

Elle devient système,(principe) métamorphose, actions

Espaces nouveaux, principes différents.

En soi

Ainsi ce sont

Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.

(Les possibilités et le choix)

792


La route

Tirer,

Extirper, (travailler) produire avec Rimbaud, Baudelaire,

Valéry, Mallarmé et combien d’autres encore

Valeur du principe

Valeur du principe. Trouvez-mieux : je prends. Cherchez !

Détermination avec science et raison humaine. C’est son

Fondement. Mon vrai technique et scientifique. Mon rationnel.

Je puis démontrer, prouver du concret. Objets humains,

Hors de toute incertitude.

(de tout intentionnel)

Ce qu’il faut élaborer

Efforts pour conquérir, pour construire dans son Etant, savoir

Ce que l’on peut faire, les variables temporelles

(Changeantes)

Et l’environnement transformant constamment l’objet fabriqué.

L’Absolu

L’homme face à l’Absolu. Peut-il y parvenir ?

(Y parviendra-t-il ?)

793


Cérébralement différent

I

Transformer le mécanisme de penser. Délaisser (déconcentrer) une

Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer

Un système d’extraction ou de production autre.

II

Etre ou la dérision de soi. L’un prétend au

Discours quand l’autre ne propose qu’un bavardage oiseux.

Méditons sur l’Etre, sur ce sujet insignifiant … ( de dérision)

Emprunter la voie de la pensée, pourquoi pas ?

Du primitif à l’ange

(L’étant serait le primitif)

(L’étant serait à l’origine du primitif)

L’étant posséderait en soi l’origine du primitif.

L’évolution lente et progressive de la raison ou

De la conscience offrirait un devenir à l’étant

Qui essayerait de tendre vers l’Etre.

L’embonpoint bourgeois

De nouvelles pulsions agitent ta raison …

Viens te nourrir de ces (nouvelles) lumières.

794


Femme phosphorescente

Femme phosphorescente pensante et sexuelle

refusant la faiblesse

(effaçant) suscitant tant d’espoirs

Le diadème d’or

Les noms se perdent dans l’inconnu de moi-même

J’avance péniblement (sombrement) - rien ne s’inscrit

réellement pour développer ton aptitude

Le songe qui pense

Cette main qui réfléchit est un songe qui pense

dans le mouvement aléatoire de l’inconnu,

dans le déplacement (éternel) continuel des nuages inventeurs

qui désirent (avant tout) seulement redéfinir les choses, les arranger

les dériver, ou les combiner autrement.

Une forme souple

Une (nouvelle) possibilité de vérité s’éblouit

dans le silence de la nature pour se développer

avec sérénité et paix.

795


796


La fille impossible

Le temps sur le temps accumulait de vaines choses

Les mots devenaient des idéaux d’impossibilités

(A produire, à extraire, à donner)

J’espérais pourtant une sorte d’aurore subliminale

L’antre du tiroir

Il va, (suppose) se superpose sur d’autres feuilles,

ce qui s’inscrit semble (apparaît) dérisoire.

L’esprit demeure, persiste, espère (encore)

et prétend pour un futur.

La forme floue

(Pour qui, pour quoi ?)

Encore une forme floue, délétère et fuyante

J’habite une douleur inutile

(Conclusion) Epilogue

797


Résonances

(Relevé de variantes)

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FRANCK LOZAC’H

Résonances II

Quelques corrections

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Résonances V

Corrections sur feuillets

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FRANCK LOZAC’H

Résonances II

Quelques corrections

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