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FRANCK LOZAC’H
RÉSONANCES
1
RÉSONANCES I
2
Qui seras-tu
Qui seras-tu tu ne sauras pas qui j’étais
Je t’ai connu très peu produis-moi !
Par ces lignes, pareilles aux lignes de X
Que la main s’active dans le jour, dans la nuit
Par-delà l’impossible à atteindre, à transmettre
Niant les mamelons, le pubis, les pieds des femmes
Cherchant un sacre aléatoire, dérisoire, nombriliste
Ton front large, vide, chargé de livres
Et l’axe de ton sexe, limite tendue
La femme est abstraite, irréelle, jambes longues,
Ta bouche prophétique murmure quelques airs
Virgiliens, davidiques, saloniques
Vers moi, je descends, plonge,
Les Dieux toujours devant mes yeux,
Je remonte pour y tirer de l’ancien
Corde et puits, - plus tu lui prends, plus il est grand -
Malgré moi, conscient du rien, j’insiste.
Pour peu de sexe peut-être
Mon jour s’enfonce dans ta nuit
D’épiderme, de rides, mascaras, chevelure,
Nous échangeons nos souffles
3
Je me transfuse en toi.
Suis-je
Suis-je l’ange de moi à moi
de moi à toi ?
Il faut quoi ? _____ rien
Je te le dis : redescends
Et puis non : je ne sais
here want to stay here
Don’t want to ? ...
Le désir d’être, sans paraître
pour son propre règne,
sa propre gloire ____grandeur
4
Je crains
Je crains de me décevoir de détester ce que je suis je souffre d’une
envie la mémoire se déforme je jongle avec le vent le manquant
s’impose le dérisoire succède au dérisoire ma lutte ne sera comprise de
personne je refuse de parler je prétends penser n’est-ce pas ridicule ?
je vous ennuie je vous ai dit d’entrer, et personne n’a franchi le seuil.
Je te devance
Je te devance, tu me crois meilleur, m’espère Propose pour toi - de toi à toi. Un
nouvel être mieux formé, plus précis. Une fièvre intérieure, d’aventure. Avançons,
disais-tu. Je t’aide, t’aide ; il faut du encore, du mieux. Corrections, neurones,
cerveau, ce mécanisme associatif. Cette volonté d’ajouter. Protège-toi, évolue, monte.
Recueille des produits nouveaux.
On saisit le fulgurant, au bord de son tremplin, de vide, de rien. Qu’est-ce que la
pré-inspiration divine ? Cet impalpable de substance créatrice ?
Oui, dans l’insécurité de l’invention où l’on cherche du valoir.
5
À nos z'actes marqués
Je pense à ton échec, à tes manqués, à tous ceux que tu indiffères, - elles les
ombres te connaissent, t’admirent, te crucifient. On se penche sur tes travaux qui
n’excitent que ton habitude métroaniaque. Tu survies sans la fréquentation des autres,
en parfaite egocratie - c’est ça - je suis un egocrate - esclave et dictateur de
moi-même. Rends-toi compte : tu vas disparaître de chez les hommes, disparaître !
Et cette élévation
Et cette élévation que je désire en exploitant ce que tu me concèdes. Je cherche
autrement, par du peu varié, déplacé - enfin ! ...
Il ne s’agit pas d’une imposture, c’était une vérité oubliée, rejetée mais vérité
toutefois.
J’avance dans ma certitude ?
OK je doute.
6
Mélange
J’ai l’indécidable, des continues sans dérivées, être, ne pas être en alternance,
inclus, exclu, contradictoire, j’ai besoin d’une philosophie ouverte et non figée
d’après Bachelard,
j’ai d’après Deguy le seul à seul, l’inusable, ma réplique grise, ou cervelle de
résonance ?
Le tri, le choix, le vol,
Le rangement, l’enfilade, le côte à côte, une à une confondu,
Je juxtapose son principe et le mien - connu de personne, témoin du silence,
dessous - moi, quoi !
7
Yeats - translate
I
Non, ceci n’est pas une contrée pour hommes âgés, les jeunes, dans les bras l’un
l’autre, les oiseaux dans les arbres - ces profusions d’effluves - et leur chant - les
repères des saumons, les maquereaux en foule dans la mer, tout ce qui est poisson, ou
plume célèbre tout au long de l’été ce qui va concevoir, naître et mourir.
Emportée dans cette musique sensuelle, toute vie rejette les mouvements de la
fluide intelligence.
II
Un homme qui a vieilli est bien pauvre chose, des lambeaux de guenilles sur un
maigre bâton à moins que son esprit ne s’enthousiasme et ne chante toujours plus fort
à chaque nouvelle écharde de son manteau de mort.
Pourtant, il n’est pour le chant qu’une école, celle qui consiste à étudier les
moments où l’âme resplendit de sa propre magnificence.
Voilà pourquoi, je suis allé au-delà des mers pour atteindre la Sainte Cité de
Byzance.
8
Ici vraiment peu
Ici vraiment peu ou rien rien que du papier avec des droites
avec des courbes quelques signes
sans fonds sans forme qui veulent naître
qui provoquent la nausée.
Je comprends aisément l’indifférence
puisque je vais vers le néant - mon néant
J’y vais seul
je ne veux pas vous entraîner
Je plonge dans mon Temple
quelque chose de solitaire
Parmi les déplaisirs d’un produit méprisé
9
Sans et honte
Écriture sans pensée, sans avenir, sans mémoire grecque ou latine, sans espoir
d’un meilleur, sans règle, sans loi, sans invention, sans création, d’initiation, de rien
peut-être. Quelle est ma certitude ? Certitude d’angoisse. Ma maîtresse - la science -
faible esclave poétique, je suis soumis à la honte, à la médiocrité, et j’admire sa
grandeur. Comment, comment puis-je me débarrasser des chaînes de la honte
chargées de ridicule ?
Enculé
Où vais-je prenant et prenant la Muse ?
Où vais-je quelque chose de dur en moi, d’inversé - est-elle derrière moi ?
Oui, essaie, essaie, encore plus loin - c’est ça. A genoux, soumis, puis - humilié,
ridicule, éjaculant encore
Bête et ange, premier et esclave
La preuve est faite qu’il faut savoir évoluer
10
Du encore
Où seras-tu dans mille ans ?
Suppose que ton avenir soit,
sous quel prince, quel dominateur
sous quel régime ?
Merveilles et apothéoses des sciences,
des sciences appliquées
et toi, là-haut peut-être !
Tu es petit, je le sais
et tu vas disparaître
Qu’importe...
Et tu espérais finir à tout jamais,
dormir, dormir éternellement
Ou mêler le passé au futur
dans un étrange ballet
était avec sera
Le plus difficile est de s’admettre immortel
Que peut-on faire du temps ?
il en reste partout, partout...
11
et mon ombre m’effraie
J’ai une répulsion pour le vivant
la survie est angoissante
mais existera toujours
N’a jamais voulu exister
c’est donc du encore...
12
Marche en soi-même
Comment aller vers sa propre écoute ?
Comment marcher en soi-même ?
Comment s’élever ?
Je ne suis qu’une onde infiniment rien
qui pénètre, sillonne, s’enfuit
désireuse d’atteindre le lieu secret de la raison
prétendant y découvrir un soleil
un flux constant de désirs
C’est un rêve de chaleur poétique
qui nourrit ma nuit
J’enveloppe ma chair intérieure,
je la dénude
et la pousse aux soupirs comme avec une femme
épuisé, serein, exténué, je m’endors
repu parfois
Qui me soutiendrait ?
13
des glaces évocatrices
J’ai dans la tête
des miroirs courts, menteurs, faussés
sous des braises exhalées
Non, je veux m’étendre
chaudes et phosphorescentes
Peut-être y trouverai-je
l’or que j’y cherche ?
14
Jérusalem
Jérusalem, je suis venu à toi
Ma voix prophétique
se nourrissait des paroles d’Isaïe
paroles d’avenir
paroles de vérité
dans une langue claire et pure
du savoir ancien et j’avançais
sous la voûte du futur.
Je franchissais la porte
Je suis venu, annonciateur de la certitude
du fils de Dieu.
Quel Juif accepterait d’entendre ?
Car il a déployé son arôme
de messianisme, de Chrême, et d’amour
sur les toits de la sainte ville
mais personne ne l’a cru
15
Toi - imagine
Toi - imagine le ciel clair, l’aube, la naissance du poète, les livres, l’inspiration,
la présence à sa table, la ténacité, la volonté et,... etc.
Alors va, produis, pense
16
I
Je t’ai pensé, imaginé
J’ai pénétré en toi
ce nous propose un accouplement bizarre,
hétéroclite, de jumeaux ennemis
En dedans, en moi, les yeux retournés
II
Une au sexe ébahi
les pores, les cils, les genoux,
la vulve, les alvéoles,
la chair volage
l’éja, l’éja, heu ! Jacques !
Puis Roubaud, Deguy, Adonis
La chair - non
donc la femme idéale, interdite
17
Les papillons
Les papillons sont lourds
Papillons gras, de sexes de femme
Les papillons s’écrasent dans les moiteurs ternes
Leurs ailes sont des couteaux qui cisaillent la nuit
Leur déplacement des erreurs, des faussetés d’actions
Ils pénètrent, voltigent, agonisent
Dans les ouvertures, glissières d’orgasmes
Auréolés d’espoirs.
Les papillons se meurent dans les ténèbres
Ils remontent, bandent, érectent,
Les poils, les odeurs, le désir,
Puis l’égarement, la lente tombée
La renaissance.
18
Re commencement
Le soleil lèche à nouveau les vitres
L’oiseau attend
Et l’or encore laiteux coule avec abondance
Les seuils de porte humides semblent sécher
La révolution permanente des astres
Tombe sur ma tête rousse
Tandis que les sapins sont bleus
L’homme à la béquille
Tirant sur un sale destin
Agrippe sa malédiction honteuse
Des milliers d’aiguilles sont enfoncés dans son corps
Agrippe, tire, etc.
19
Moi, solitaire et tel
Moi, solitaire et tel
Avec mots et signes au bout des doigts
Je construis de l’intérieur un autre monde
Faible, de complexité nulle
Les forces mauvaises me menacent
Avec des aiguilles dans les articulations
Tu détestes ce que tu fais
Le prétendant malingre, mièvre et ridicule
Tu aspires à du gain,
Tu veux te rassasier
Tu as faim
Lis et c’est peu - voilà ton Tout !
Pourquoi as-tu planté dans mon coeur
Une graine poétique ?
20
Qui a su resplendir
Magnifique l’Esprit qui a su resplendir
Par-delà les images, en pures paraboles
Qui offrait du futur à nos pauvres horloges
Et méprisait nos jours dépourvus d’avenir
Son lieu éternel nous était inconnu
Nous nagions dans l’éphémère et le surnaturel
Le porteur de messages s’éloignait dans le vide
Sublime apprentissage, ô besogne infinie
Tu as nourri en moi mes désirs et mes troubles
Le pays est immense et les veilleurs attendent
Le bon grain est semence et les récoltes abondent
Toujours la nourriture pour combler l’appétence
21
On a renoncé
On a renoncé au désir
De prendre sexe pour sexe
Et imposé le mutisme
Malgré l’appel des corps
De chevaucher
La chair humaine
Après avoir subi
La haine de la mort
Il s’en est allé agoniser
Dans les contorsions
De ses étranges douleurs
Sur le seuil éternel
Le silence explose dans mon crâne
Où j’apprends à écouter
L’horreur du vide
22
Vendredi saint
Journée déchirante
Avec descentes au plus profond du moi
sublime comme un orgasme
Messie à genoux
abandonné au Mal
Les prières, les suppliques inutiles
Frappé dès sa jeunesse,
d’une innocence indécise
Toujours les âmes des pourritures agressives,
cruelles et vicieuses
emplissaient les lieux
23
Où es-tu
Où es-tu pour m’ignorer ? Suis-je insignifiant ? D’ailleurs, qui m’entend ?
espère.
Ainsi, dans cet espace, étranger près de la porte édifiée, - par-là je monte et
Qui sait réellement quoi ?
Je traverse, transpose, prétends
24
Que reste-t-il ?
Et il veillait écoutant grandir ses yeux
Il avivait des soies, des étoffes
des soufflés
à formuler
Eut-il cru au surnaturel ?
Eut-il une fois embrassé
l’esprit d’avenir
d’inconnu ?
Feux en soi
Feux éteins par la langue affolée
Qui a plongé ?
Qui a porté ?
que reste-t-il ?
des riens
Deguy dit : des propositions
qui croire ?
25
Le temps s’envolait
Le temps s’envolait, le vent essayait de percer, et ta voix lointaine caressait mon
oreille, je voulais m’en souvenir.
Seule une lune laiteuse se déplaçant lentement, je t’attendais encore.
Le ciel se déchirera-t-il, s’ouvrira-t-il encore une fois ?
Autre jour
Écrasé par les vicissitudes du mal, j’essaie toutefois de me libérer de mon
enveloppe charnelle,
je recherche l’état d’extase, de lévitation étendu sur le lit.
Au-dehors, ces milliers de petites étoiles sont des bougies qui veillent sur ma
souffrance
26
Parenthèse inutile
Nul ne t’a expliqué
Qu’il te fallait oser et aimer
Oser au-delà du Toi
Aimer au-delà de la chair ?
Tu es instruit de désespoir
C’est une lanterne qui éclaire ta raison
J’aurais dû t’apprendre
Que la mort était la seule fin possible.
Tu es trop jeune, tu es un enfant peut-être !
Comment pourrais-tu comprendre ?
Tu ne prendras jamais rien
Tu rejetteras ce que le monde a de bon
Trop pressé d’en finir avec ces obligations
Tu espères une apothéose de roses
Mortes pour dormir éternellement
Tu es jeune, tu deviendras vieux
Prépare-toi
Ce n’était qu’une parenthèse inutile.
27
Vide créateur
L’âme plonge
dans le vide créateur
La pensée foudroyée
est morte, est vivante
du moins sa lumière
est phosphorescente
Au plus profond,
Penser est un vice
La fille s’étire
avide qui se dévide
est un infime
tout élan
commencement de l’intelligence
Il construit dans le rien,
dans le peu, dans le mièvre
il y cherche des preuves
28
L’univers en soi
Étire sa toute puissance
29
Avec sa complexité, l’homme
Nécessité de l’esprit de choisir,
Entre se purifier et accéder à l’œuvre
La purification est à l’intérieur
Quand l’œuvre expulse de l’homme son mal
Faire prophète, poète ou saint
N’est pas acte d’impureté
Rien aux ténèbres ! Tout pour la lumière !
L’homme avec sa complexité, l’homme.
30
Le choix - Yeats - Traduction
L’intelligence de l’homme est dans l’obligation de choisir
Entre perfectionner l’existence ou l’œuvre,
S’il désire la seconde, il doit renoncer
Aux Demeures du ciel et pour quelle rage !
Et dans quelles ténèbres !
Quand toute son affaire est achevée,
Quel bilan en vérité ?
Chanceux ou pas, la peine aura laissé
Ses cicatrices. L’éternel tourment de la bourse vide
Ou l’instant de gloire, le remords de la nuit ?
31
Le zéphyr bleu
Pourquoi te blâmerai-je d’avoir tenté,
D’avoir échoué dans le zéphyr bleu ?
Pourquoi ? ... Tu t’es rempli
hautes les envolées
composées dans le courage
désirées, bafouées
mais tu n’as point trouvé ton esprit de paix
Dans la noblesse de l’exil
cette beauté vaillante
t’aura permis d’accéder à de l’immortel
Oui, c’est de la grandeur altière
Avec de la froideur, froideur de solitaire
Y avait-il une torche,
une possibilité de feu ?
32
Que je
Que je m’élève et m’envole, m’enfuis pour l’au-delà
Que je m’y construise une raison
Faite de conscience et de savoir
J’aurai une grenade, une ruche,
Je serai architecte
Dans cette pureté toute spirituelle,
Je vivrai songeant à la perfection des Dieux
J’y boirai quelque paix
Endroit où le temps disparaît
Où l’éternité s’impose
Que je m’élève, que je m’emporte cette nuit
J’entends ce cœur qui cherche à s’enfuir
Non. Ce n’est pas l’heure encore.
Sache attendre - sache.
33
J’espère, j’entends
J’espère, j’entends Souffles de peu
Puis une violence de corps à corps
Grêle, feu, sur l’orage
Assailli, pris, explosant, chair
Chant à être soi en moi le coeur
Constamment refusant, saisissant
34
Ton enveloppe astrale
Ton enveloppe astrale est cachée en toi
Ton squelette t’accompagne
sur le chemin de ton existence
Je vais de la vie à la mort
de la mort à la vie, peut-être
Ton coeur bat le décompte final
Le vieillissement te rappelle
Que ta tombe se creuse
Que ton sépulcre sonne le creux
Tu es fasciné par l’espoir
d’une construction nouvelle
dans l’invisible et l’impalpable
où ton esprit épanouira son Spirituel
mais il te faut attendre, - vivre, - passer, etc.
35
Convertissez-vous
Ne dites pas : il a tort
il se trompe
nous avons de la valeur
il ne sait pas
Toi tu es rose première
Tel autre : cendres chaudes
Lui, c’est une aube
Convertissez-vous en valeur scientifique
et pesez-vous !
36
Puissante
Puissante
Elle doit être puissante pour ne pas disparaître dans la nuit inutile
Pour ne pas être oubliée, humiliée, rejetée
Pour tout ce qu’ont pu produire les poètes d’important, d’insignifiant, pour leur
conscience, pour leurs œuvres, pour leurs productions
pour tout ce que leur raison a pu imaginer
Mais la foule est morte et le peuple méprise.
Nos corps sont fatigués par les travaux, nos chairs quémandent quelque lumière
dans ces nuits de souffrance, de jouissance où l’esprit prétend encore
pour la chaleur humide de ces statues de bronze
pour la description de la fièvre
pour ne pas oublier
Je ne cherche même plus à faire jouir cet amas de chair,
J’ai la vigilance d’une conscience pensante
qui se conçoit incessamment dans son miroir.
J’habite un lieu, je rejette la certitude extérieure.
37
Je n’attends pas, j’exécute
avec ces perceptions, ces lectures, ces vibrations
qui constellent mon quotidien
L’embrassement littéraire s’opère, s’obtient
Le mouvement universel se poursuit
Moi, éternellement seul dans mon tragique espace vide
Je me prétends sentinelle
Je sais que je vais disparaître,
Que rien ne restera
Car il y a cette inévitable fatalité de l’inutile
Mon produit intellectuel n’a pu transpercer
la conscience d’autrui - où, je vais mourir
tout en étant - sans être.
38
La chair est une douleur
La chair est une douleur qui insiste, insiste
L’esprit imite la chair et souffre, souffre
Ils vont par deux leur chemin et s’infligent des pleurs
Et des supplices sur l’ensemble de leur existence
J’ai voulu habiter une absence pour être libre
de ne pas souffrir - tendre vers une vie insignifiante
pour ne plus endurer. Je suis lâche, n’est-ce pas ?
Nous errons pitoyables, subissant des intensités
de haine et de violence, moi et ma femme
attendant ou poursuivant ce soleil rouge
tumultueux et assassin
pour achever cette immense tristesse
39
Les météores
Des pensées d’écriture percent ou semblent disparaître dans un néant aléatoire.
Le rien retourne au rien. J’attends. Je me crois inutile à tenter de tirer des phrases et
des structures assis à cette table de papier !
Nous sommes des météores qui passons, disparaissons pour mourir à tout jamais.
40
Le soleil de jeunesse
Je plonge dans le soir emporté par la fatigue sur la grâce d’une idée
La nuit offre, la nuit inspire
L’endroit poétique me semble le même, sans évolution réelle
J’ai pourtant l’impression de progresser, d’offrir de manière autre la pensée à
l’infini dérivée
J’espère au matin qu’un soleil de jeunesse apparaisse
41
L’avenir en Dieu
Me voici encore, prêt à être oublié, évidemment, dans l’inutilité de ma
production
J’attends pour l’au-delà, pour l’après, en vérité - car ici bas, quel espoir ?
Je me roule dans mon désert de sable que je prétends richesse et or - mais nul ne
me croit - qui a raison ?
J’accomplis, je noircis pour assouvir un désir constamment recommencé
Non, tout ceci est nul et va disparaître, car la chose était médiocre
Le seul avenir est en Dieu - s’il le souhaite.
42
La médiocrité
Je sais que j’accéderai à la médiocrité
Je suis dans l’ombre de moi-même
Je poursuis dans mes nuits ma certitude de rien
C’est l’effrayante indifférence d’un Dieu créateur de tout, qui refuse même de
jeter quelques miettes de peu
Espoir et peine, attendant vainement un gain
Et dans la Mort, que me restera-t-il ?
L’obligation de me reconnaître et de me déterminer avec cela ! Pauvre de moi !
43
Le miroir
J’en ai la certitude, c’est bien délibérément que je m’en retourne à cette unicité
de l’être humain
où s’agite le miroir du moi-même pour apercevoir quelques images fugaces
des variables de différences en halos, halos qui s’enfuient
Je m’attache vainement à des souvenirs anciens pour toujours revenir vers toi
Tu déplaces une vérité pour éblouir ma conscience “ d’autrement vrai ”
Ma pensée est une interrogation qui tente une possibilité de probables et désire
comprendre ce que le hasard a entrevu
Il fait gratifier la lucidité du mensonge
Es-tu perte avec déformation truquée de la vie exacte ?
Tu souffres d’indifférence dans ta bulle irréelle.
Tu insistes seulement compris de ton image
Parce que ta tête est pleine, tu la crois utile mais elle n’intéresse personne.
Quelle aube ? Quelle connaissance ?
Les actions s’effacent par la purification de l’esprit
44
Il faut passer par l’ombre
pour accéder à ta lumière
Projette-toi dans le futur, si tu t’en crois capable
Ou encore s’en référer à Dieu, au Père etc.
Ta vie sera une constante médiocrité de toi-même
Espère le contraire.
45
Bilan
Je sais que je m’en vais vers l’inutilité
Je sais déjà dans l’ombre de moi-même
J’avance dans la nuit obscure
Avec la certitude poétique à mes côtés.
Nous marchons sur de l’éternel éphémère
Le temps balaie les heures, dispersera mes sueurs
méprisera ma dévotion
La distance parcourue est nulle,
je m’en retourne à mon point de départ
sans lecteur, sans crédit, avec le rien.
Quelle belle solitude, toutefois !
Y a-t-il peine, effort, volonté ?
46
Longue marche
Longue marche inaccessible en soi-même
Le vent pousse, - on en a grandement besoin de ce vent-là !
La nuit a son parfum d’interrogation, son souffle de soupirs
La nuit - me voici !
La nuit, cette habitude d’écriture voluptueuse par le plaisir de l’esprit.
J’habille le silence, des voix confuses et disparates s’entendent au loin
Quelques oiseaux hagards déchirent le vaste ciel
Construire dans l’absence, dans le rien un piètre espoir de poème
Produire pour mon hiver
pour mon semblant de gloire ?
Nous avançons ensemble moi et moi
Les deux certitudes essaient de se comprendre
comme la violence et la douceur s’accouplent pour l’orgasme
47
Il s’y essaie encore
Il s’y essaie encore nettoyant, combinant
D’autres propositions. Le sonnet qu’il produit
Lui apparaît piteux. Il voudrait autrement,
Une forme inconnue, il voudrait déplacer
Le centre d’autrefois. Je pense à Du Bellay ;
A Mallarmé, à Valéry, à Baudelaire.
Je me crois médiocre en tâchant d’obtenir
Un quatorze insensé qui va je ne sais où.
Il y a Neruda et ses sonnets d’amour.
Que peut-il inspirer ? En quoi peut-il aider ?
Me viendrait à l’esprit un idéal fatal,
Référence inouïe à toujours imiter.
On peut toujours rêver - ceci est de la prose !
On cherchera encore mais on a échoué.
48
Si écrire est penser
Je pense
si écrire est penser
il s’accumule en moi des certitudes
que chaque livre confirme
La médiocrité toujours
en basique d’existentiel
présence infiniment peu, de rien,
oui, exact
Alors que faire ?
Comment changer cela ?
La jeunesse est passée,
J’entre dans l’âge mûr
Comment produire sans commettre trop d’erreurs
Éloigne-toi de la honte
49
Constat
Je suis entouré de décombres
de fossiles
d’échecs, de peines,
Je me construis sur du passé
Je m’évade sur un exil
C’est l’espoir
C’est la peur
C’est l’angoisse
J’écris
personne ne me lit
Personne ne me lira qu’importe !
J’extrais des tentatives
Enveloppées dans des tissus de soies
dans des linges ensanglantés
je défigure ma vérité
50
Je travaille aidé de Dieu
Qui est souvent absent
Constamment je l’appelle
Retour, retour en moi-même
Et je crains d’être fusillé paf le temps
A moins que ce soit l’indifférence
qui, peu à peu,
m’oublie
51
Consolider le songe
C’est vrai j’ignore tout de sa capacité, de ses limites, de ses potentialités
J’ignore la finalité et l’exploitation maximale
Allez outre ! Aller jusqu’au dernier jour pour y extraire ce que le Destin autorise.
Oui, écrire.
Ma voix veut porter pour annoncer la bataille intérieure. Il faut consolider le
songe. Les hommes écrivent des vers, pourquoi ?
Écrasé par le poids de l’ennui, l’aptitude inventive s’essouffle, demande grâce
quand la volonté veut poursuivre encore.
52
Jeu d’échecs
Femmes habillées en cuir noir, soumises sur l’échiquier géant ; reine splendide et
garce protégeant, dominant son roi ; Tour, donjon de supplice où le plaisir gémit
d’aise ; cavalier d’homme, de fou pervers et lubrique accomplissant quelconque
domination sur filles en tenue claire et blanche ; filles prises aimées, aimantes,
implorant l’extase du sexe black.
Ligne entrecoupée comme des barreaux de prisons. Voici votre avenir, de la
jouissance, de l’extase, de la pénétration - jour et nuit, dans cet espace infiniment
limité pour un jeu éternel de chaînes, de fouet, de jambes infiniment longues, - pour
le rêve et l’agonie.
Par l’imaginaire fantastique.
53
Le miroir
Mon image fugace tremble dans ce miroir
J’y invente un espace, bel outil primitif
D’un monde virtuel. Des reflets incessants
Construisent un univers habitable parfois
Là, je suis au Salon d’Imagina, bien sûr
Et le progrès est tel que l’on peut supposer
Le Temple d’Athéna, l’édifice de Rhodes
Se dresser devant vous comme un musée vivant
O le transfert lucide d’un Moi qui me contemple
O reflets irréels, réels pour mon esprit
Qui se suffit de peu, et prétend la toucher
Ou la faire apparaître là, devant ses deux yeux
Je dois toujours attendre ces messages futurs
Qui développeront mon pur Imaginaire.
54
Poétesse
Tu n’étais qu’une oiselette
Sans aptitude pour écrire
Et te voilà avec ton Damoiseau
Porteuse d’une rose au coeur
Oh ! Fille toute jeunette
Es-tu armée pour ce bas monde ?
55
Culture méditerranéenne
Culture méditerranéenne
De pureté romaine et grecque,
Sur les rivages
Puis les Anglo-saxons
Les Asiatiques, les marchés,
Les croissances, les espoirs
Dans ce petit village planétaire
Avec échanges, Net line
IBM, MACINTOSH
De Cyber cafés, d’avenir
D’Art, de métissage
Puis la mort pour plus tard
56
Problème de la grâce
Se peut-il que cette enfant
Pure et aérienne
Se transforme en essence de haine,
De cruauté immonde
Par la métamorphose
Du vice et de la chair ?
Que ce corps innocent
Se vide de sa substance élevée
Pour emmagasiner de l’horreur ?
Qu’enfin elle donne naissance
A une conscience démoniaque
Assassinant, écorchant, brûlant
Et que son avenir soit dans l’antre
De l’enfer à tout jamais éternisé ?
57
Moi encore
Moi encore agressé et
Elle en face sur l’écran
Contre lumière, clair-obscur,
Sexe, perles, jambes, chair, cul
Balancement du corps, beauté des seins,
Et visage
Moi, espèce de voyeur, voyant, vicieux,
Sans vice, d’esthétique, d’art, d’oeil,
Enfin ne sais, l’ensemble et tout
Me regarde, me sourit
“ Que faites-vous en cet instant ? ”
- J’écris avec Pasolini, j’écris de faux vers
- Cela vous amuse-t-il ?
- M’amuser ? Je retourne dans la boue, dans l’inexplicable, le bizarre, le difficile.
Conversation ? Laquelle ? Très peu.
58
- De quoi voulez-vous parler ?
Laisse tomber, et toi va dans ta production que personne ne comprend.
59
Le prisonnier
comme quelqu’un qui veut en finir...
Dieu, aide-moi ! Libère-moi
Cesse de te taire, agis enfin.
Empreint de la beauté artistique,
j’offre une nostalgie nue
un espoir oublié dans le vent créatif
prétendant ici et là atteindre un idéal de forme
Tu te tais, - ils se taisent
je me nourris de leurs dédains,
de leur mépris
Comment éveiller leur intelligence ?
Ces faux spectateurs en fuite d’œuvre,
En ai-je réellement ?
Je suis dans une citadelle de lâcheté
à l’intérieur,
gardien et complice de moi-même
60
Nulle oisiveté, mais constance de travail
Ma liberté est-elle d’écrire ?
C’est encore le mépris
Y a-t-il utilité à exploiter ses rêves ?
Dieu de perfection,
Que me reste-t-il à faire ?
61
Sexe, plaisir,
Sexe, plaisir, oubli de la misère
Rester seul et crever
S’endormir dans son rêve
Il y a des roses et des citrons
Chez Pasolini
- C’est vrai - ça va bien ensemble
Pourquoi ces bouts, ces segments insignifiants ?
Car rien n’en découle,
On ne peut en tirer quelque chose d’utile...
Voilà donc du puéril et de l’insignifiant.
Peut-on réellement comparer l’intelligence
D’une vache et d’une autre vache ?
Que représente l’aptitude de l’homme
Face à la création divine ?
62
Je m’interroge peu
Je m’interroge peu, je produis, je produis
Je nomme et je dénomme pour flatter ma patience
Plongeant dans l’infini d’une nuit qui avance
Et j’étudie la langue abrupte des poètes
Je m’use sous le poids d’une lourde mémoire
Et désire vainement en combinant des mots
Accéder à l’orgasme sublime de l’esprit.
O miroirs insensés où je vois tant d’idées
Se mêler malhabiles pour une piètre histoire
Mon doute constamment me répète en secret
Que le tout est stupide et sera périssable.
Cette énergie secrète active ma cervelle
Et m’impose à agir pour dépasser le Moi
Je n’ai nulle promesse d’un avenir lointain.
63
Le Juif
Quand comprendront-Ils enfin ?
Quand le Juif intégrera-t-il cette vérité ?
Car le salut vient du Peuple Élu. Mais sa nuque est raide.
O toi, Fils, chez nous, en dehors, pour nous,
avec avenir de vie après la mort,
avec vérité messianique.
Quelle chance d’être chrétien, - de savoir par l’éducation, par la culture, par la
transmission
Tandis qu’eux s’escriment à détruire ,à prouver le contraire
etc.
64
Sérénité
Sérénité parfaite où la présence rayonne
dans ma chair pour un bonheur de mystique
J’illumine mon bureau de mes certitudes intérieures
Mon âme est épuisée, mais je produis encore
Je vis de sentiments, de perceptions, j’abolis
la vérité scientifique - je ne suis que fibres,
Je reste à cette table, espérant quoi ?
65
La capacité d’analyse
C’est à peine si aujourd’hui, j’ai pu produire quelques mots - toujours les
sentinelles en face, agressives, prêtes à bondir, à violenter etc.
Je retourne dans hier, j’écoute mes pensées disparues, imprimées à la va-vite
avec quelle encre noire de stylo, ou de plume désinvolte. Comme j’aimais à les
combiner !
Tristes tentatives, car la basse certitude interdisait toute élévation niveau
Polytechnique, Grande École - Y avait-il réellement équivalence de valeur ? Cela ne
se situait pas en dessous ?
J’ai vraiment la capacité d’analyser, d’étudier et de comprendre - j’ai vraiment eu
la connaissance.
66
Ciel silencieux
Ciel silencieux au milieu des douleurs
Je suis, dit-on, mais la mort ici et là
Tortionnaire, agressive, constamment présente
Je n’entends toujours rien, mais j’espère encore
Dans l’éblouissement des quelques cierges
De quelque certitude d’église d’au-delà
Priant, comprenant, intervenant ?
Vous recevrez ma dernière prière
ma dernière supplique
67
Je parle seul
Je parle seul, j’espère
Je suis peut-être dans un état de recherches, d’attente, d’espoirs.
Il y a un vacarme intérieur, inconnu pour une grande oreille plaintive.
Sainte II
De loin l’aurais-je vu avancer pure et claire, nu-pieds glissant sur l’écume des
eaux, portée par la vérité et l’immense présence ?
J’ai longtemps pensé, essayant d’intégrer son essence parfaite.
68
L’écrit/le risque/le cul
L’écriture / la production/ La fille belle, invisible, ima
L’espoir / la volonté ginée, d’impossible perfection /
Intellectuelle / l’avenir Le sexe / le sexe / l’érection /
Mon manque / ma certitude L’éjac / l’éjac cul / la tion
De faiblesse, d’inutilité / Le fouet / les menottes / les pieds,
La formation / Dieu comprendra La jouissance / dominant / dominé /
Le Saint aidera / - je m’en Encu / Enculé au quotidien
Sortirai / Ils ont des consciences / Par les banques le pouvoir /
Ils peuvent juger / le temps implac le travail / le profit etc..:
cable qui file, fuit, dis / Tranche de vie - quoi ! -
Paraît.
La crainte, constante / l’avertissement /
La détermination / le risque /
La bêtise, le ridicule / le vouloir
Le progrès, le savant / Pourquoi
Cette peur ? N’est-il pas là ? Pas là ?
69
Ici vraiment peu
Ici vraiment peu, faiblement
papier noirci - de blanc vers le noir.
La santé, l’explosion, l’écriture, l’aptitude - oui - quelle capacité ?
Une poussée étonnante de neurones phosphorés
Prétends savoir, comprendre - en vérité, Quelle certitude ?
Pour aller vers le rien, le nul, l’insignifiant
Je vous suis - cela est non - car il y a Mallarmé au-delà plus fort, - Human Bomb
- sachant faire exploser votre 26 de signes autrement construit
pour le plaisir de la guerre littéraire
70
Comprenant
Comprenant et comprenant encore les raisons de l’échec, je constate une réelle
impuissance à résoudre le problème de l’exclusion, du désintérêt général.
Gagner en soi, est-ce véritablement suffisant ? Cela représente-t-il une victoire
certaine ?
Ruines déplorables, conscience, rêverie, utopies, vérités naïves, échecs,
décroissances, élans négatifs, critique, leçons de ténèbres, le manquant, cette éternelle
honte, l’expérience dans le rien, la fin de son monde, les déchets, le seuil de la mort,
Que reste-t-il de ma croyance ? Un infiniment peu qui s’évade en ronds de fumée
pour disparaître paraître ? Adieu Salut Arthur Pourquoi pas
etc.
71
Ex
clu
Non, tu n’existeras jamais chez les hommes.
Te voilà exclu, certain de ta faiblesse
Tu as donc raté,
L’on ne t’a jamais édité, imprimé, lu etc.
En souffres-tu réellement ?
Tu as perdu sans jamais perdre
Par omission, par oubli de l’un, de l’autre
Ton Moi a refusé d’être des leurs
Avec leur vitesse, leur lenteur, leur environnement,
Habillage de palabres, disais-tu
Ex-clu, fuyant les miroirs, recherchant un vain tiers
72
L’oracle
C’est la conscience de braises, la figure intérieure tremble, s’essouffle, hurle.
Elle cherche un oracle.
1
S’avance de l’oubli confuse la nuée
- Esprits, graines et flamme qui ardents descendirent
Ils honorèrent sans feu avec claire présence
L’élu portant en lui le chrême de l’immortel
Lui rêveur idéal d’une blonde venue
À foison et pluie d’or qu’il désire aduler
2
Extrême de sagesse portant sublime ouvrage
Pour une gloire profonde - oui rêve de s’instruire
Dans l’Antique et les hommes, et la beauté des Dieux
73
3
Et du réel Absent, qui désigne la part ?
Car on lui refusa un infime tirage...
4
Géniteur éternel, ô Père rayonné,
Conçois avec sagesse l’entendement de l’homme !
Qu’en éther lumineux offerte soit sa tête
Dans la suite d’honneur d’un accomplissement !
Mais il n’est point tombé, le germe et la semence,
N’a point fructifié dans l’estime les autres !
5
Je recherche toujours l’impossible à trouver
Les excès de l’esprit perturbent le plus sage
L’impénétrable voie est source de délices
Oui, consulter l’oracle par les Dieux entrevus
Dans la Chambre du Sud - force est de désirer
74
Séquences
Ce qui est puissant, sexuel, érectif
Ainsi le vice, l’audace, le risque
Et encore ? Quoi !
Des on pourrait - des plus loin - très loin - au-delà, - retiens - orgasmes éternels -
d’éblouissements, d’éclaboussements de sperme, de décharges - que je te défonce -
t’encule, te fais jouir.
De folies soumises - suceuses - engodeuses - vicieuses - de plaisirs - de encore.
De blououou - ok - éjac - je prends - je reçois - viens - trops - ouis
Laisse-moi me reposer - mon amour - repos - cigarette - je t’aime.
75
1
La coupe, qui la prend, voit à l’intérieur
La peine ensanglantée sertie de glaires noires
Et buvant le premier, je la rends détestable
Aux hôtes du banquet conviés à ma table
Car moi, ce flux de nectar, Pindare, n’est point fruit
Pour l’esprit du vainqueur, ainsi je prophétise
La lyre et le cristal dans l’apparat des flûtes
Avec vrais crissements et douleurs du buveur
Ô puissante lignée par les jours éternels
De mémoire, de mémoire aux futurs couronnés
Ils habitent l’azur, tous ces princes en exil
Et je voudrais pour eux annoncer ces propos
De la beauté certaine, toujours il faut s’instruire
Aller vers l’avenir en cherchant le repos
76
I
O sublime mortel, illuminé par l’ange
Ils créèrent sans feu l’odieux sacrifice
Offrant mes actes purs à l’immonde Satan.
J’avance dans l’oubli escorté par le Mal
Car de monter très haut dans l’estime du peuple,
Cela ne me sied guère, et la poussière m’emporte
II
Mais quel choix, le meilleur, pour prendre l’avenir ?
La fièvre de l’esprit égare même un sage
Prétend maître Pindare. Va consulter l’oracle
Te dire si oui ou non, le futur te couronne
Ou encore le bâton pour frapper l’olivier
77
D’observer un devoir
D’observer un devoir imminent chez les hommes
Par un saint brûlement attendrirait le Père ?
Il est de la vaillance d’accéder à l’écrit.
S’avance dans l’oubli le poète inconnu,
Détesté de ses frères, sans blonde Chrysalide.
Pleuraient à profusion des délices de coeur.
Mais instruit de sagesse, il lève vers les Dieux
L’impossible chemise détenant le poème.
Il hurle, prie, suffoque, le Ciel frissonne-t-il ?
Les hommes par l’argent se partagent la terre.
Les nouveaux Immortels veulent franchir la Porte.
Seras-tu enfouie, ô mon œuvre inconnue ?
Oui, emporte-moi, Seigneur pour l’excellente peine.
Les premiers descendirent honorer le Suprême.
78
L’Absent
L’Absent, toujours l’Absent, éloigné du Soleil,
De l’astre triomphant et transmettant la vie
Du poème intégré et lu par le public
O toi, Gal rejetant le grand serment des Dieux
Que venu et comblé, Il remit sur sa tête
Du Chrême par le six, - mais pourrais-tu comprendre ?
Tombé en vérité dans l’oubli éternel
En dehors d’un tirage limité même à cent
Il se voit décroissant allant dans la ténèbre
Ainsi cette parole dans la Sphère lumineuse
Est suite sans honneur et le Germe n’est point
Porteur de Noms illustres, daignez en vos grandeurs
Considérer un frère inconnu et maudit
Consentez, je vous prie, quelque clinquant d’images !
79
Je ne t’accuse pas
Je ne t’accuse pas, je constate, voilà tout.
Rien ne peut réussir dans cette pauvre vie.
J’obtiens en même temps et les livres et la nuit,
Ce superbe dessein s’achève par l’échec.
J’ai donc construit une muraille de papier
À leurs yeux inutiles, aux chapitres insensés.
J’ai désiré offrir - ce n’était que foutaise !,
Le rêve s’en retourne à sa réalité.
Ô mon sublime exil, envole-moi bien loin
Les manuscrits m’emportent dans la sphère idéale !
De la légende grecque à la mythologie
Je poursuis, j’agrandis cette bibliothèque.
Tyrannies de syntaxe, traités de l’impossible,
Aidez-moi malgré tout à composer mon œuvre.
80
C’est l’ombre de moi-même
C’est l’ombre de moi-même qui me poursuit encore
Mystérieuse et pure en longeant ce grand mur.
Quelle est ma part dans ce destin ? Est-ce bien moi
Qui produis tous ces signes dans le soir infini ?
Le mot est un marqueur indiquant le départ,
Les signes s’accompagnent, construisant la syntaxe,
Le pas est incertain et j’avance à tâtons.
Je le sais, je le sais, je m’enterre, je m’oublie.
Cette couleur du temps s’efface doucement.
Mon spectre sans phosphore descend dans son sépulcre.
Et l’auteur du poème imitant ses faux frères
Se meurt ayant atteint cette piètre limite
Où l’ordre de ses pas allait cahin-caha.
Sublime était l’écrit suivi de l’anathème.
81
Seulement le silence
Seulement le silence - un destin oublié
Inutile et perdu - cette fille me poursuit
Pour cet acte stupide qui n’en finit jamais
Qui n’a pas d’avenir. Je construis une route,
Éternelle, infinie - je longe une muraille.
Et de l’autre côté, - ce sont des cris d’enfants,
Des paroles, des bouches, qui persiflent et critiquent
Ce sont de grands soupirs tout étoilés d’orgasmes
Je ne veux pas entendre - je suis un obsédé
J’avance avec des jalons d’œuvre, avec constance.
Je ressemble à ces hommes - ces zombies de la nuit
Constructeurs de château, rénovant des villages,
- Une tâche incroyable de punition divine
Avec de noirs esprits qui toujours m’accompagnent.
82
Accomplir un travail
Accomplir un travail qui soit utile aux autres
Proposer un produit que chacun pourrait lire
Écrire tout simplement en refusant l’emphase
Oui, je me dis tout ça mais ne sais comment faire.
Ma pauvre mère me dit : “ Tes écrits sont complexes,
Je ne puis achever un livre commencé.”
C’est vrai : je n’écris pas pour séduire un lecteur.
Je recherche avant tout la poursuite du Moi,
La production intense, l’aptitude maximale,
Et l’éblouissement de ma métamorphose.
Ainsi je me vois seul, autrui ne peut comprendre,
Me jette et me méprise : Lozac’h est un déchet
À haïr, à maudire, à exclure en tout cas.
Mais je poursuis mon œuvre détesté de l’ensemble.
83
Le ciel monte
Le ciel monte vers l’enfance défunte
L’eau devient l’élément révélateur
l’élément de vérité
Toute la pensée se fait oscillante,
désireuse de comprendre
de déplacer la certitude
car il faut mentir pour accéder au vrai
Plus loin, Éole danse sur de clairs pommiers
et offre sa révérence
à l’ancêtre qui se tait.
84
Écrouer
Écrouer la lumière qui valsait au fond des ruelles
Le non-sens est d’accord avec moi
Il y a absence de fête
de sexe
de plaisir
L’élévation certaine se conçoit au coin des regards
les voix murmurent quelque vérité
il y a encore mouvements des cités
des labyrinthes
des tunnels de chair
dans l’invisibilité de la raison
puis des hommes qui volent
Tout cela dans une pensée cosmique,
aléatoire,
impossible
possible
85
Marche
Marche qui conçoit l’espace comme une certitude
où j’écarte l’asphalte, le droit à l’interdit
en fait : j’exulte
m’indispose et prétends.
Donc j’avance sans chaîne, sans traverse, pénètre,
Je peux un geste vers elle,
je l’épuise des yeux, la prends, la reprends, ne sais ... comme personne :
je l’emporte !
Route jalonnée de femmes, de comparaisons, de sexes tendus, de sachants,
de sensuels, de Mois en vérité !
Je pousse nu sur l’un sur l’autre de mes pieds
Ai-je besoin de vous revoir - non, je continue, je poursuis
La piété me force à lécher - je lèche - j’aime
Le dessein élaboré d’une âme qui espère
86
je n’ai pas à
Il aimerait comprendre, trouver
me retourner
Le mouvement de l’eau poursuivi
là-haut les nuages
L’avancée sur le chemin, encore encore.
87
Il faut
Sous la paupière, disais-tu
dans la distance d’éveil
transformer en fixant le vertige
enveloppé d’imaginaire, de lyre délirante
auréolée d’espoirs - il faut.
Il faut donc esquisser une figure
La tour
Songe aux grandeurs, aux laids
leur forme première est référencée
Le poids de l’inconnu
le tatouage de la pierre
les envolées pour le cygne
il faut longtemps habiter ta tour
88
Alors ?
Toujours le jour de brume
nulle éclaircie
l’énergie fantastique de création intense,
qu’en firent-ils ? En avaient-ils réellement ?
dans les rues nerveuses de l’intelligence
la virtuosité du mouvement voulait capter
quelques messages
alors ?
89
L’épitaphe
Tu es dans le silence, tu ne vois presque pas.
Quelques lumières éparses semblent t’accompagner.
Devant toi, avec toi, le vieux soleil s’endort.
De tristes flamboiements éclairent ta confusion,
Mais tu espères encore une lune sublime
Auréolée d’orgasmes, de feux et d’écarlate.
Un miroir apparaît. Avec obstination,
Tu l’observes, le regardes. Des certitudes en toi,
Semblent imposer un centre que d’autres ont déplacé.
Tu poursuis cette voix qui va tout au-dedans
Éclairé de phosphore qui s’éteint, qui s’allume
Sans trouver un produit de quelque utilité.
Te voilà bien poète ! Et c’est bientôt ta mort
Avec pour épitaphe : Retourne d’où tu t’en viens.
90
Sa vie
Le poète de biais,
Le poète, son étendue, son profil,
Qui trace des lignes de signes
Saluant les seuils d’autrui, au passage
Il avance
Il se nourrit des génies
vit dans l’indifférence - qu’importe !
Il construit un songe où la beauté bleue
est une constellation sublime
sublime aux reflets parfaits
Veut-il inventer une forme nouvelle
qui n’intéressera personne ?
Il cherche, prétend trouver, échoue
Quand il offre son produit, le plus souvent
c’est l’incompréhension
le rejet
le non - pas moi,
91
le aller - voir - ailleurs,
Était-ce un filou ? Alors ?
Sa vie est riche - sa vie !
Guère de crédit hospitalier...
92
Homme puissant
Homme puissant, caché, invisible
au-dedans
homme incertain
blessé, de sang bleu
il parle dans son silence
à sa femme
homme poète
Syntaxes
Syntaxes justesse de mon être
qui plonge en soi
quelque chose d’aléatoire et de risqué
ego renvoyé
Le sang, le phosphore, l’énergie mentale
et remonte
Syntaxes de modernité
d’avenir ?
Que sais-je ?
93
Sera-ce ?
Phrases Phrases d’énervements de recherches
Demi-siècles pensées virevoltées
Refus élisions envolées fuites éclairs
Images analogies compas comparaisons
Variables, variantes déplacements dérivées
Hyperboles de ma mémoire audaces, risques
Explosions figures projeter
Contorsions violences expulsions
Accords ensemble insistance
Saute-mouton grands écarts triangle
Certitude fugace je prends, je jette
Sélec tion coupe
Sera-ce suffisant pour obtenir le poème ?
94
Voleur
Voleur volant perdu cherchant
par Deguy
L’homme peut-être poétisant
liant liant l’infini au méprisable
le connu au mystère
95
Remonte
Remonte au-delà de l’utopie
reviens produire encore
Le je sais le je-ne-sais-pas.
balance contrebalancée dans l’illusoire
de l’oscillation
double raison d’ambiguïté
de bi-certitude
encore Moi
Fantôme désirant désiré
en prise en prisme
sous le voile d’un christ
96
Le geste
la torche éclairait le bleu
pourquoi pas ?
Le geste fut de mépriser, de rejeter, d’ignorer
nulle opacité
nulle
Plus loin ailleurs peut-être là-haut ! disent-ils -
Au zénith de soi-même
Être célébré
Plonger dans le triste puits
terrestre, donc de pertes, enfin d’imprécis
Inverse, raisonne
dans l’espace obsédé de quelque avenir aléatoire,
On réclame, on veut couper, aiguiser les guillotines, frapper les sabres célestes,
qu’ils explosent en gerbes multicolores rouge sang
Au lever de son jour, l’horreur, la haine
Mais il faut poursuivre n’est-ce pas ?
Alors poursuivons.
97
Froidure
Froidure ____ explose en bulles microscopiques
dans l’aube interdite de décembre
dans cette froidure, le poème
de petites lettres hurle, veut vivre
cris, crissements, début.
La cité désertique
Parole sur parole
Passe devant les seuils,
Conçois ta cité désertique
les grandeurs, les temples, les statues
Idem
Poème :
Je te hais pour ta faiblesse
phie : Ce qui m’intéresse actuellement chez L’homme, c’est sa dimension spirituelle. Ce
qui m’effraie le plus, c’est sa petitesse et son insignifiance.
98
La pompe de l’indifférence
Qu’importent les quantités, les productions
les refus des éditeurs, le mépris d’autrui
Qu’importe cette violence - ils finiront bien
par comprendre me disais-je ____ ils finiront
Et ses frères le vendirent au Mal, comme Joseph - [(où est Joséphine et pine, et
pine ?, - à l’arrière de la Simca 1000 - quel humour - quel humour !)]
Les jours doivent être utiles - riches, encombrés de substance, de nourriture
poétique,
Sur les heures, au galop !
pour la visible création, invention
C’est ça - une montagne d’avenir et de futur
Donc le temps à intégrer, à prendre
le temps successif qui s’impose
qui trône sur lui-même
Et toujours la volonté de plénitude
d’extase
99
dans la lucidité ou les brouillards du soir
Il a fait du 12, du 13, du verset
Il s’est mis à penser, - enfin il l’a cru -
Il s’est battu pour cette rose
essayant de capturer l’instant éternel
Les lames, les pieux, les aiguilles s’enfoncèrent dans son corps
Étonnante défaite ! Profond silence !
Dans ce labyrinthe d’injustice où règne la terreur
où le poète est transpercé par le fer invisible
La victoire du Mal, ses gains, ses prélèvements, ses destructions,
la fatigue, les cachets, les somnifères
les sommeils interdits, les repos de douleurs, de tortures
Mais les bonnes gens n’en ont que faire ! Chacun l’ignore, croit au délire,
au mensonge... croit.
Il écrit donc des vers, et une voix profonde surgit de son néant
100
honte
Bataille insipide et ridicule pour la pompe de l’indifférence et les médailles de la
Et l’homme obscur se meurt dans sa chambre lugubre.
101
Autre fille
Et soudain, l’élan
Le flux vital
Comme une gerbe.
Pensée inespérée
Venue de l’intérieur
Conçue par moi, pour moi
Je scrute. Qui est-elle ?
Échappée d’un néant
Enfuie d’un labyrinthe.
Fille délicieuse, la même,
Éclaboussure qui commence
Qui explose et tremble.
Derrière ma certitude,
Elle disait : “ Peut-être. ”
Mais la voilà qui roule, boule
M’emporte et m’entraîne
Et rit de son possible
Je vais avec elle
Courant vers l’avenir
102
Une seconde, une minute,
Une heure - son destin
Avec le mien, et je sais
Désormais qu’elle m’est unie
Par cette écriture qui se conçoit.
103
I
Pour vivre j’ai besoin
D’argent, de femmes, de liberté,
D’îles, d’avions, de sexe,
De santé, de puissance, de temps,
D’intelligence, d’amour, de Dieu
J’ai besoin d’être pur,
Sans foule, en unité avec moi-même
Je veux un nom, un titre, une histoire,
Une immortalité, un avenir,
La certitude avant une naissance
Un Dieu qui m’a prévu et m’aime
Tout simplement
104
II
Tout dire, oui,
Tout écrire,
Tout croire
Mon ciel, mon Dieu,
Mon pur Azur
Dans la production
Incessante et stupide
De moi-même
Un additionnel de syllabes
Un élan de dialogue
Toi et l’autre.
Vous, deux.
Accrochez-vous,
Couple de paroles !
Oui et non - encore
Oui, oui,
Non, peut-être, vas’y - essaie
Le non a raison parfois
Le oui, supplie, veut avancer
105
Il a tort.
Le non ..... doute
III
Jette l’écriture
Les signes, les images
Je te veux menteur, truqueur,
Inventeur, poète, en fait.
Déguise-toi en quelque chose
Sois en variables d’effets
Un toi-même dérivé
Je t’offrirai des noms
Des situations, des idées
Voilà des titres, voilà l’histoire
C’est ça : conçois une autre naissance
Vas’y - produis - produis
106
IV
On voit en soi l’autre Soi
Dérivé, varié, autre
Une infinité de tons
D’humeur, de feelings
De sentiments - palette
De peintre mêlant ses couleurs
Pensant, changeant, concevant
On ne sait jamais, on espère
Que fais-tu ? Qu’as-tu voulu faire ?
Est-ce là ta pensée
Intégrée dans la matière ?
Tu es fragile, existant à peine,
Pouvant t’effacer, te nier,
Trompeur, trompé - qui le saura ?
Et tu vas disparaître
.....Pour réapparaître - Merci Solar -
Un jour viendra
Où tu seras ce que tu étais
107
Tu verras que ton Toi est Faux
Mais que faire ? Les laisser dire
Et t’en satisfaire ! ... peut-être
108
Absence de femme
Absence de femme
Je me libère de la soumission
Je jette les pieds, les odeurs, le triangle
Je fixe mon temps, je m’appartiens
Et ce silence devient fertile d’écriture,
De pulsions intellectuelles,
D’infinis, de recherches,
Absence de femme,
J’exploite mon énergie
Je pense ma matière
Je déifie la beauté,
Je transforme, déplace, prétends.
Ces petits outils que sont les signes,
M’appartiennent, m’obéissent, exécutent
Je conçois la chair autrement,
Avec vice, avec pureté
109
Cet instant de mort me semble peu
Je veux y ajouter - mais quoi ?
Autre forme, autre matière
110
Architecture splendide
Architecture splendide
toi de droites et de courbes
d’équilibre de femme
idéale d’obliques
Je suis en ton vouloir
je pense ton centre
de sexe tendu
quémandant, suppliant quelque orgasme
Tes espaces, tes interdits
Sexe, anus, vulve, seins,
pieds, mains, tête, chevelure,
volumes, odeurs, sécrétions
Tu imposes tes ordres
Je te conçois dans un impossible dessein
J’abdique et ne fais que te deviner
111
L’insomnie
Je suis dans mon sommeil, nu sans être apaisé.
Je dors. Je ne dors pas car la chair me tourmente.
Je te sais éloignée, si proche par le rêve.
En vagues successives infiniment je plonge.
Je m’envole à présent sur des lits aériens,
J’accède à ton espace, je me nourris de toi
De ta mémoire, de ton fantasme, et de ton corps
J’emporte le délire mais je ne puis t’atteindre.
Et là-bas, tu reposes, bel abandon de lignes
Cœur sanglant espérant me voir dans ta blessure.
Mais pareil à l’esclave dont les mains sont liées,
Je reste à supplier sur le bord de ton rêve.
112
Laisse-toi
Laisse-toi lentement aller au bercement doux et paresseux
De toi-même à toi-même au roulis amoureux
Une légèreté d’extase et de plaisir
Est à capter, là comme une onde d’écume
Par le toucher imperceptible de ta chair
Qui te conduit au comble du délice.
113
Mouvements des corps
Pulsation de plaisir,
La chair s’active,
S’humecte, désire
L’haleine chaude et lourde
Chargée de salive
Pour l’échange du baiser
Les langues mêlées
Les caresses, le soleil contre moi
L’ivresse, l’abîme, la folie
Les corps se fondent, se confondent
L’océan, les envolées, les battements,
Les vagues successives
Le retour sur le sable
Les chairs ballottées, l’écume de chair
Le sommeil.
114
La mort
C’est le frémissement de la mort qui s’en vient
Comme un souffle glacé enveloppant ma chair.
Je ne suis point aveugle, je sens autour de moi
Des présences ennemies percevant mes secrets
Pénétrant, comprenant le subtil et la fin
Qui s’animent dans l’âme en mystères dispersés.
Je suis nimbé de pureté, je sais le Mal
J’entends frapper le coeur inquiet et peureux
Je me cache en moi-même espérant échapper
Aux tortures du vice qui troublent mon destin.
Qu’il est dur de subir cette engeance rebelle !
En entrant dans la vie, on plonge dans l’horreur
De fantômes gazés qui s’acharnent et s’acharnent.
Mais qui le comprendrait, croyant à l’invention ?
115
Je m’exile
Au plus profond du Moi, je m’exile ou me cache
Je ne veux pas me gaver de mémoire
Comme un vieillard sans avenir
Dans l’inutilité de son histoire
Ma vie n’est qu’un long silence
Sans éditeur, sans lecteur, sans métier
Enveloppé dans la mort
Je tremble face à cette femme ridée et vieille
Oui, c’est moi qui frémis de crainte, de certitude
Et de futur perdu
116
*
La mémoire, une vieille femme ridée
L’avenir, une jeune fille souriante aux formes rebondies
*
Oublie ta faiblesse et ta nullité
Veuille croire encore
Qu’au-delà de la boue,
Qu’au-delà de la lie...
117
Quelle médiocrité !
Constamment mépriser le produit poétique
Le prétendre vanité stupide
Et vomissements de pourri
Passion de concierge
Inapte à rivaliser avec les autres techniques
De l’image, du son, de la vidéo
Dédaigner, rejeter, nier
Cet agglomérat de mots qui ne produit
Aucun effet visuel facile, d’évocation
Ha ! Le stupide penseur d’opérette,
Sur un piédestal risible
Ha ! Cet invertébré à son gueuloir poétique
Qui ne convainc que lui-même
Ridicule et obscène
En vérité, le pauvre con
A contretemps du temps,
Dépassé, à oublier
118
Matière à penser
Intégrer de la parole dans la matière
C’est écrire
C’est sculpter avec des signes,
C’est laisser une empreinte dans une pureté de page
Transformer, transférer, imprimer,
Sur de la blanche substance
Percevoir le subtil, l’indistinct
L’engendré
Et prétendre le combiner pour lui donner existence
N’est-ce pas cela qu’écrire ?
119
Trois graines d’écriture
Aujourd’hui un simple songe, demain la poussière
Rien, peu, infiniment peu, et le bel oubli
Le retour au néant, l’idéal où je me complais
Cette stupide ambition, ce point de nullité
Combat de la vie, combat contre soi-même
Je suis d’une faiblesse détestable, insignifiance extrême
Je m’épuise à chercher, prétendrai-je trouver ?
Hier a déjà disparu, que lui ai-je voler ?
Trois graines d’écriture à l’avenir douteux
Dont la pousse est informe, et le fruit à paraître, le fruit !
J’hésite, j’hésite encore, la mort me précipite
Son cours tumultueux m’emporte au plus profond
Voilà ma peine et mon souci, ho ! Nature de l’homme
Dans les entrailles de la terre, j’obtiens ma sépulture.
120
L’éclair de vie
Vie, le mot qui t’accompagne est brièveté
Ce corps est si fragile, il vieillit en s’usant
L’usure est immédiate, à chaque instant en cette chair
Le passé, la mémoire s’éloignent, l’avenir et la mort
S’approchent, s’imposent, roi et reine à la faux
Voilà le rien, et là est le peu qui ne seront
Et c’est nature d’homme - l’ambition, la va
La vanité - quoi sous le soleil, quoi ? Il faut donc
Durer - aspirer à durer quand les guerres puniques
Détruisent Carthage, quand une civilisation disparaît
Pour laisser des ruines,... et toi tu es poète
Tombeau, espérance, éternité, tel qu’en lui-même, etc.
Vole avec le vent au gré de ton mensonge
Et arrive la mort sans te précipiter...
121
La ridicule histoire
Ici commence la ridicule histoire. C’étaient
Des petits bouts de fragments à accoler les uns aux
Autres. Je prenais mes habitudes, j’allai dans mon
Jardin. J’y fabriquai une personne. Les boutons d’or
De l’enfance se mourraient et les premières pensées bleues
Semblaient éclore. J’y dessinais une femme splendide,
Inouïe, impossible. Non, elles étaient plusieurs, car une
Seule... Dans le vent soufflé, j’offrai un coeur baigné
D’azur, d’écrits, de poèmes, de messages, j’offrai,
J’y déposai des oiseaux, des rossignols, des lyres,
Puis loin, elle irréelle, caressant des substances rares,
Circulant dans le parc fabuleux. L’étang, l’énergie
Mentale, les élans, j’observais encore, encore,
Et l’histoire de l’écriture, des tentatives, des peut-être...
... Pour finir sur un crépuscule de jardin embaumé, oublié.
122
L’homme et la fleur
Viens-t’en. Sors de là : elle se cache inconnue, méprisée des mortels. Éclaire,
offre des parfums subtils, délétères, à capter - des élans de fille vierge - Prends tes
aises, ton temps, épanouis-toi. Ombre de contre-jour : Je suis ton humus mauvais,
j’en tire tes senteurs. Approche-moi de toi - la pensée se courbe, je te visite, t’ajoute,
t’élève.
C’est une danse, un essai, un couple d’idées, d’homme et de fleur.
Approche-toi d’elle : de gaze, d’insouciance, de légèreté, elle est. Approche-toi
avec trouble visuel, avec perception faussée - elle molle, paraît, disparaît. A visiter, à
prendre, - ballet sensuel, sexuel. A vêtir de nudité d’orgasmes, parfaite, synchro.
C’est encore cette volonté nuptiale, l’assaut pour accéder à la beauté. Suis-je à
présent mouche, insecte inutile, parasitaire ?
Je rampe sur ta tige, t’idéalise, te baise dans ma douceur d’amant. Je veux
t’inonder, te baigner d’air cristallin, mêler ton pollen au mien, te balancer, te cambrer,
en spasmes de plaisir pour exploser en gerbes magnifiques.
Encore : difforme, virtuelle, velouté, désir, sur pensée revêche, hésitante d’une
123
affirmation prétendue,
Existeras-tu réellement ?
124
Perdurer
Le mépris, la poésie
Le mépris
Plus loin encore, mais seul
Matin, nuit, après-midi
Se méprenait, insistait
Au coeur de soi-même,
Au centre de sa vie,
Se méprenait
Les étoiles, la rosée,
L’intérieur, la femme,
Se méprenait encore.
125
L’œuvre
Sauve-la, du moins essaie
Car tout va disparaître
Le destin c’est toi qui décides
Produis, nettoie, informatise,
Numérise
Ce que tu seras, sera fonction
De ton élan
De ta volonté
De l’énergie que tu auras injectée
Dans ton travail
Succède-toi
Prépare-toi à ta mort
Prie pour que cela soit satisfaisant
Mais ne laisse pas
Le temps te manger,
De t’empêcher d’exister
Et en définitive de te perdre
126
Bilan
I
Les années ont fui
Bercées de solitude
Aujourd’hui, je m’en vais
Comme tant d’autres
Emporté par la mort
Par le temps ennemi
Qu’ai-je fait ? J’ai écrit
Entouré de songes
De rêveries et d’impossibles
Obscure ou limpide
Cette écriture a été une raison
Tandis que ma vie était un prétexte
J’ai pénétré, cherché, saturé
Et voulu accéder à l’irréelle
Aptitude littéraire, poétique
127
Je me suis égaré, j’ai conduit
Fait mille tours sans trouver mon chemin
Suis-je sincère en noircissant ceci ?
N’est-ce pas un sentiment de l’instant ?
Il est que tu existes,
Tandis que ma pensée déjà est ailleurs.
II
Mon écriture,
Ma poésie ? Où en suis-je ?
Mon avenir,
Et mon passé, sera-ce
était-ce Moi ?
L’exil, ma certitude,
La mort, ma conscience
Oui je suis, tu es
128
Victoire du Néant
Couche-toi pour en finir.
III
Moi, je me cache
Pour y produire de l’invention
Qu’importe si vous me perdez
Je disparais de la Mémoire,
De l’histoire collective.
Voilà je ne suis Rien.
Je meurs comme un poète qui passe,
Comme un flot d’images fugaces
Je suis celui que l’on efface
Dont l’avenir est dans la tombe
Je m’en retourne dans mon désert
Peuple d’inutilités
Dont l’esprit est construit de livres
Illisibles, stériles, à rejeter
Je vous laisse, je fuis, je me meurs,
M’éloigne - qu’ai-je à regretter ?
129
Si tu me lis un jour
C’est un peu de ma mémoire
Qui sera au fond de ton âme
IV
En toi-même, pour toujours,
Tu resteras endormi
Harassé de fatigue
A la limite, espérant encore
Sublimant des illusions
Impossibles à atteindre
Tu es abattu, du dedans
Comme un chêne mort
Au ramage épuisé
L’amertume ? Quelle amertume !
Non, rien, peut-être le regret
De n’avoir pu produire ce que, etc.
130
Donc soupirs, terre de soupirs,
D’hélas, la déception pour cette fausse
Puissance, - un désir alangui,
Une capacité déjà épuisée...
F
131
Femme présente,
Par l’idéal d’image
Je te reconstruis
Avec du délétère
Ton visage apparaît
Je veux y fixer le temps,
Pour l’infinité de la durée
Cette constante de beauté
Ne doit jamais s’éteindre
C’est ta forme sans la matière
Qui me vient
Le reste m’est insignifiance
I
132
J’exprime la vérité,
Sa vérité - diront certains.
Je voulais trouver
Un moyen de progresser
Qu’ai-je besoin de proposer
Ici un médiocre bilan !
L’homme est assez heureux
Avec soi-même
Il s’écoute, se prétend,
Se sait...
II
133
Je ne suis que faiblesse et inutilité.
Je me crois stupide chez les hommes.
Suis-je digne d’eux ?
C’est sans peine que je préfère
Me cacher en moi-même
A l’abri de leur critique.
J’ai peuplé mon silence,
L’encombrant de poèmes
Ai-je rejeté la chair
Pour me construire un monument de livres ?
Je me suis asservi,
Rendu l’esclave de mots
Je vomis des fantômes
Je hurle sur du vent
Tel est mon pouvoir
Quelle écriture !
Immense et piètre production,
134
Âme tâchant de construire
Je travaille avec le souffle,
Avec l’ivresse
Constamment je m’égare
Tu m’as soumis à de la petitesse
À de la médiocrité
Tu m’as chassé du ciel
Me voilà avec les chairs,
Pourquoi ? Pour rien, peut-être
Ne m’oublie pas.
Je dois bientôt revenir
Ne m’abandonne pas
J’ai tant besoin de protection
III
135
Non espérons un principe,
Mais n’avons nulle certitude
Poètes emmurés
Qui essayons de comprendre
Nous inventons une loi
De liberté, d’audace,
Et finissons par laisser des traces
Stupides
136
J’imagine
J’ignore véritablement où peut mener cette poésie. Il faut produire, produire,
pour qui ? Pourquoi ? Comment ? Quel est le réel avenir de cette qualité-là ? On me
jugera au poids, le poids de la littérature...
Le sphinx
Le sphinx
Est une certitude
Éternelle dans la pierre
Forêt claire
Ta forêt est troublante
C’est une araignée claire
De désir, d’humidité, de secrets
Qui appelle l’espérance,
En soupirs et souffles d’air
137
Je m’enfonçais
Je m’enfonçais,
Dans la certitude
certitude d’être un incompris
Que me fallait-il faire pour que cela plaise ?
Années d’agonie
d’agonie en moi-même
Reste en toi,
Ici ma vérité
en toi,
vérité poétique !
138
Chanson populaire
La lune jongle dans la nuit
Avec sa sphère visible, invisible
Quatre filles se baignent à la rivière
Le bel homme les contemple, les désire
Les quatre filles s’esclaffent, rient et s’amusent
Elles se jettent de l’eau
Dans leur superbe nudité
Hélas ! Hélas ! Hélas ! Il n’ose s’approcher
De crainte de les effaroucher
La lune est triste dans la nuit
Le beau jeune s’est enfui
Les quatre filles iront au champ
Mais jamais n’auront de mari
139
L’œuvre magique
C’est une œuvre magique, c’est un verre cristallin
Un instrument unique, hyperbole à ses yeux.
Ainsi s’épanouit un idéal de songe,
Apparaît justement un fragment de conscience...
On voudrait l’aduler, l’admirer plus encore
La prétendue éternelle dans l’espace enivré !
O monument de gloire sur la voûte du ciel
Construit par le poète dans sa langue superbe !
Hélas l’orgueil humain est grandeur éphémère
Qu’excite la raison de celui qui se trompe.
Il n’est en vérité qu’un électron infime,
Illusion fatale qui trouble ses regards
D’une vie ridicule face à l’immensité...
... De l’albatros sublime voltigeant dans ses airs
140
Le poète, encore
Tu produis des images. Tu es l’image même
Détestée, rejetée, ta présence est haïe.
Fuis ! Va-t’en ! Dégage,... sur tes puissants zéphyrs
Où nul individu ne veut t’accompagner.
Tu répands sur la terre l’invisible semence
Composée de nectar, de sucs et de doux miels.
Tu veux nourrir les hommes et offrir à autrui
Les bonnes nourritures qui ravissent l’esprit.
Tu divagues en pensées sur d’étonnantes traces,
Tu construis du Néant ravagé par le temps,
Tu contemples les Dieux étant toi-même un Dieu
Que nul n’admirera... Apaise-toi, grandeur
O génie éternel composant dans ta sphère.
Repais-toi de ta gloire sur ton immensité !
141
Le mathématicien illettré
- D’où tu es ?
- Chais pas !
- D’où tu viens ?
- Chais pas non plus !
- Comment qu’ tu t’appel’ ?
- P’tit Jean !
... Petit Jean ! ... Oui ... N’oublie pas de résoudre le problème supérieur
d’opérations différentielles que je t’avais ...
... ça chais faire, M’essieu... et j’ai bon ! J’en suis sûr !
142
Le poète dans son exil
Le poète dans son exil
Le poète seul, libre
se nourrit de l’indifférence d’autrui
Il veut inventer quelque chose
pour personne
pour lui seul
d’aucune utilité
Oui, il possède un trésor
de solitaire
de pierreries, de pacotilles
inchangeables
à mettre à la poubelle
étroites ou larges à feuilles cachées
Ce sont donc des lignes accumulées
à écrits de tiroirs
La voix venue du ciel le prétend
On veut le faire premier !
143
assure, exige
quoi ? Quoi !
Ce sera la ruine, la honte, l’exclusion
rien, en vérité.
144
Les yeux
Les yeux coulaient de fatigue
paysage de l’âme
nature paisible
avec quelques inattendus
Remontais les pertes
les relisais
essayais de mieux faire
prétendais pouvoir progresser,
vers le nouveau recueil
vers le etc.
145
RÉSONANCES II
146
Visage
Visage lait de femme
paysage de beauté
quiétude et plaisir de l’oeil
Stabilité et raison
bien-être
Ô certitude de paix
Toi, en vérité
Des mots
Des mots secrets et interdits
cachés au plus profond de l’être
Guérissons-nous de nos souffrances ?
Dans les plis de la certitude
l’union s’impose
nous espérons sans réel avenir
147
Par où
Mots,
Par où la pensée pleure :
l’homme - le reflet - la nudité
la surprise - je veux, je cherche, origine
le propice, le souhaitable, le médiocre,
le Moi, encore - écrire.
Le geste d’éclairer
Ce fut le geste d’éclairer : réel serviteur incompris de la masse. La torche
s’élevait royale au milieu d’eux. Que comprirent-ils ? Que purent-ils intégrer ?
Les lointains, les passants,
Ici au plus profond du puits
148
Vers l’avant
Toujours vers l’avant, toujours plus. Mais je m’aperçois que mon progrès est
faible, quasi insignifiant. Les livres s’accumulent, sans réelle nouveauté ou certitude
d’évolution. Que faire ? Ne s’agit-il pas ici de vieillissement cérébral ? De
ralentissement de l’activité créatrice ?
Repère infini
Repère infini composé de finis
de certitudes
mais qui s’enfuit avec le temps
pour délivrer, ajouter une quantité insignifiante
en espérant que l’ensemble grandira,
sera supérieur
meilleur
149
*
Les livres se superposent sur les livres
On pense au possible
on le désire
Il y a volonté
est-elle accompagnée du mot pouvoir ?
Lecture, déception, lecture, re-espoir, et quoi ?
des tonnes de signes
à vide des déferlantes de productions
à vide
Le mot chargé d’insignifiants
se conçoit nouvellement
par la variable du langage autre
150
Une aptitude
Une aptitude ne pas ne pas cela seulement
à plusieurs que faisons-nous ?
architecture.
volumes, reliefs, Tri-D dans
la mémoire avec constructions de mots, de solides, ainsi une
J’ignore le rayonnement
Je vais à ma fenêtre dans la conscience
mon ombre, ce soir
D’autres exigent un théâtre, une scène,
une vitrine, de l’extérieur
151
Par l’œil
Par l’œil pour l’intérieur
l’esprit
le mental, l’action
la production, la méthode, le principe, le système, la programmation
Et quel but ?
quelle satisfaction doit-il atteindre ?
Y parviendra-t-il réellement ?
Sera-t-il considéré, rejeté, méprisé, haï, à côté, éloigné - ne sait...
Encore
La république du mal
constante durable agressive
152
Sa transparence
Quand il revient, il voit sa transparence,
il l’habite
il conçoit à nouveau la pureté intime,
intérieure,
de saint
il revient en lui-même, conscient
de sa perfection
de son idéal d’être
Il embrasse d’autres saints,
d’autres saintes
tout s’éclaire blanc, éblouissant
de lucidité
Victoire du torturé
sur la souffrance
sur l’excrément de la violence
du Mal
153
Vie
Ils se regardent, se pensent, se pèsent
Ils veulent se dominer
Le noir sur la blanche, la blanche sur le noir
Elle pense chaînes, soumission, esclavage
Il pense sexe, prise, jouissance
Ils ont des pions, des cavaliers, des fous,
Ils biaisent, avancent, se mangent,
Conçoivent avec stratégie, avec intelligence
Ils s’amollissent, s’élèvent, s’abaissent
Les couleurs se désirent, se rejettent, se haïssent
Voilà le roi, voilà la reine
Et les joueurs de chair
S’attirent irrésistiblement
Pour s’écraser et se détruire
154
Moi qui tremble
Moi qui tremble devant la torture, devant l’horreur
Qui tremble dans l’espace de cruauté
Qui ne sais où finit la souffrance
Qui implore implore Dieu, la cessation
De l’ignominie, qui supplie Dieu la fin
Du Mal, de son droit à la destruction
Mais seul, à la prière vaine
D’un écho inutile, de retour stérile
Moi qui me sais affaibli, fragilisé,
Par la violence invisible des tortionnaires,
Je demande encore maintes fois, encore
Sans faire varier le ciel
Sans provoquer quelconque entendement des Dieux
Au vouloir silencieux et vain
Il faut donc les détruire sans pitié
Les rendre esclaves de l’horreur, du vice
Les exterminer et leur faire connaître
155
L’atrocité de l’existence
De l’éternelle durée
156
Ce matin-là
Les premières senteurs matinales
l’ivresse d’un réveil
l’effacement du rêve,
la conscience m’appelle au présent
Je rentre dans mon histoire journalière avec
ses obligations, ses déceptions, ses répétitivités
Je m’attelle au présent
mais je cherche un autre temps
peuplé de mémoire, où le souvenir côtoie l’oubli
dans sa profusion d’erreurs,
de mélanges, de dérives
Si ce matin-là pouvait satisfaire mes désirs !
157
Toujours présente
Avec peu, avec rien l’esprit des roses
s’évade dans l’ivresse de la mémoire,
Je puis y embrasser l’oubli
et retrouver cette rose
bleue ou violette peut-être
S’efface le souvenir, le charme de ton passé
mais je te rends éclatante par la magie du vers
Oui, te voilà éblouissante
avec ta blondeur, ta beauté,
la multitude de tes orgasmes
avec tes bijoux, tes parfums
Oui, sublime femme d’hier et d’autrefois
toujours présente par l’essence du parfum
158
Soir pensé
Soir pensé de sueurs productrices,
soir stupide ou génial
enrichi de pensées déployées en gerbes
soir dans l’intimité d’une richesse unique
Le poète
Pénétrer dans sa complexe intelligence excita sa convoitise. Il voulait se faire et
se défaire du poème stupide à la vibration émotive, douteuse pour avancer
rationnellement. Il croyait parfois accéder à quelque chose de délicat, de difficile. Il
ignorait que la résistance était en science et en science appliquée.
Nul ne voulut le suivre. Il insista, dans sa splendide solitude, auréolée de sa
propre gloire, - enfin il se supposait, car nul ne l’avait encensé.
159
Le raffiné
Se laisser emporter sur la subtile mélodie de l’air composée d’éclatantes et
d’aiguës, de sombres et de graves ; percevoir l’étonnante association des sons qui
s’échangent, se mêlent et s’emportent pour un ballet acoustique d’une finesse
extrême ; ou mastiquer, mâcher le vin des syllabes prononcées avec saveur, avec le
respect immodéré de l’ecclésiastique, - tel est le privilège de l’esprit, nourri
d’élévation, de rareté poétique et désireux d’accéder à quelque chose de supérieur.
Que m’importent les rejets
Qu’importent les rejets, les considérations mesquines, les certitudes d’autrui - je
sais : tout semble médiocre, inutile et vain. Faut-il continuer à les écouter ? Je les
oublie et je travaille. Que m’importent leurs racontars, leurs rejets
ou leur méchanceté !
Oui, dans ta plénitude comme une femme féconde...
160
Pour soi-même, uniquement
I
Soit pour quelque jugement : -
oui, à rejeter, à nier, à exclure
C’est de la faiblesse, de l’insignifiance, - ignorons !
Obstiné, cette charge m’était légèreté, volonté de voler, de m’élever
J’embrassais l’horizon tourmenté d’incertitudes, j’apprenais à être
Le monde poétique paraissait bien difficile à pénétrer, à comprendre, à intégrer
Les poètes m’ignoraient dans l’indifférence la plus totale. Que pourrais-je faire ?
Fallait-il ânonner du 300 lignes sur 5 ans, tirer une petite plaquette pour me placer
dans leur rythme ?
Cette richesse inconnue d’autrui, comme de Dieu, n’est-ce pas en vérité la seule
utilité raisonnable ? Car la gloire des hommes n’est rien.
Je lui restituerai ma pauvreté, au retour.
161
II
Se poursuivre dans le labyrinthe de soi-même
L’univers curieux du poème
L’aventure interne, vers le génie d’autrui
vers la spiritualité
Fougueuses passions de la femme qui inspire
l’homme qui juge, refuse, rejette
perplexes, complexes sinuosidaux,
courbes extrêmes
La pensée experte dans ses hésitations
jamais n’entra l’autre
Tissage d’une forme présente et invisible
pour qui ?
pour soi, uniquement.
162
Rennes
Mon souvenir de bâtiments à Rennes
Ses squares, ses jardins, ses herbes
Parfaitement coupées
Ses immeubles, ses ensembles,
Ses aires de jeux
La vue imprenable sur Bécherel
À 25 kilomètres
L’école, Maurepas - peut pour presque peu,
Parent motivé pour travailler
La bonne moyenne - 12ème !
Les enfants, les petits copains, le foot,
Le manque d’énergie mentale,
L’insouciance, l’ennui, le désœuvrement
Parfois, rarement
Les héroïques chantiers de constructions
Le quartier, quoi !
163
1
Il reste. Humiliation, médiocrité, honte, faiblesse, certitude du peu, de
l’insignifiant.
Il y a. La science, l’intelligence, les hommes ensemble, travaillant pour
resplendir, pour aller vers l’avenir.
Le poète lui se renferme sur ses livres dérisoires qu’il contemple comme des
archives.
2
A l’intérieur, un bruit sourd à exploiter, à extraire. Jean-Luc Steinmetz écrit : Le
soleil, chevelure du géant peinte et tressée.
Donc, je descends, j’avance. Il ajoute : Une feuille bouge, s’enflamme. Les
grains éclatent en formant des jardins. L’ovale de ma bouche me conseille d’écouter
ce qui sort, ce qui se propose. Pourtant je n’ai pas entendu, - je dois croire encore.
vérité.
L’inaudible, l’indiscernable, le moi-manquant - certains paramètres poétiques, en
164
3
Je veux donner aux structures quelques assises. Les groupes de pensées, de mots
croissent et se développent de manière anarchique.
Alors tu prétends intervenir pour juguler l’ensemble, le maîtriser et lui donner un
mouvement d’actions cohérent.
Ainsi tu interviens, faiblement, avec une censure de vieillard timoré et tu laisses
aller le tout où bon lui semble, avec liberté. Certains prétendent que cela s’appelle de
la poésie. Enfin, - verra bien !
4
Les mots éclatés. Je les expulse et veux les arranger autrement.
effort.
Je relis sans patience, sans méthode, sans principe mallarméen, sans alchimique
Quelques explosions sporadiques !
Activation de l’intelligence, - du moins on le prétend !
ce qui vibre, s’exulte, s’expulse
165
dans le souffle de l’écriture
s’obtient faiblement
Mais que faire ?
Tête penchée
pleine de lettres
Il comprend mieux les mots
5
6
La distance est ridicule
si peu qu'ai-je accompli
de toi à moi,
si peu
Je ne puis croire que cela soit suffisant
il me faut travailler
166
7
Encore tu veux du encore
quelques structures pour construire
avec solidité, dis-tu
s’entassent, se superposent
Tu agis, interviens,
et voilà ta faiblesse !
167
1
La distance obtenue semble insignifiante
l’on pousse en soi
pour quel résultat ?
2
Tête pensante de rien de rien
composée de lettres
cherchant encore
se faire soi et disparaître de chez l’homme
qu’importe !
Venu eu su disparu
3
La poésie brûlée, rejetée
nul ne voudra lire
168
4
Ni rien
quelques mots
rien pour moi
bribes que j’invente
5
Il est convaincu
de l’ombre de son ombre
de sa misère, de sa faiblesse
sa seule trace
soi-même
il recule, abandonne,
espère, exulte... et
6
Son appui, sa pensée
il codifie l’instant,
le veut vrai
exige de sa raison
une implication certaine
169
Il espère être
Il espère être. Il demeure. Recherches hexagonales d’alvéoles, de grenades, de
constructions internes, de connexions, ensembles complexes avec mémoire, avec
mathématiques spéculatives, avec risques de l’esprit.
Tentatives insignifiantes, oubliées dans des archives du temps passé. Il échoue, le
sait. Il ne doit pas perdre son œuvre, il la conservera pour lui seul.
L’associatif offre des possibilités d’écriture. Dehors, tout est connu, il faut donc
assembler autrement : nature, homme, travail, femme, sexe, etc.
Et. C’est encore une durée, une limite, j’offre ces syllabes ex, xe, tera et je
prétends pouvoir poursuivre cette recherche de mots, de combinaisons, de vie
peut-être.
Ou reprise, conception nouvelle avec du matériel ancien.
170
A
Certitude. Médiocrité. Élans toutefois.
Pensée. brisée. ne élevée. tu en espères mille. s’identifier au rêve.
honte dans le malheur, petitesse. nous avançons ensemble. je suis où tu habites.
Ton corps n’a aucune utilité, ne sert à rien. coeur semblant
Où tu vis
B
maison intérieure avec calculs,
je voudrais tant. Par toi. Mais toi ?
la pensée s’élève, l’âme veut la contourner
je, - et quoi ?
C
Hallucination Visité. Quoi ?
Dans ton néant désertique.
Marcher en soi-même parfois à quelque chose.
tâtonnant, murmurant
171
salle obscurité, ce me semble.
D
Oui, un développement de la pensée
en exploitant le poème de l’autre
C’est donc un système de variantes
de dérivées
[Mathieu Bénézet écrit toie avec un e - Pas mal !]
On pousse, pousse doucement
pour obtenir quelle finalité ?
172
Dédoublement
Je
parle de moi sans me connaître ne
recherchant à savoir si... à peine,
Petitement Donc je m’aperçois faisant
des signes Je suis entré en moi. C’est
encore de la mémoire à activer. Je
nous vois dans le miroir de nous-mêmes
déplaçant le geste de l’un quand l’autre
l’analyse. Il y a dédoublement de Gemini
J ’ignore si tu es pour autrui puisqu’il prétend
être sans paraître glissons-le dans notre mémoire
commune, que l’on conserve quelque avenir
quelque avenir... Eh ! Oui.
173
Que dirons-nous
Que dirons-nous
A la chair qui s’éveille ?
Tu ne fais que chiffrer
Année défunte, amie d’autrefois
[Ce sont donc des bribes flottantes en
mémoire]
Déchirer une âme
Déchirer un rêve
Déchirer une conscience écrit Mathieu Bénézet
Toi, il te faut avancer
Misérable principe associatif,
Comment donc combiner autrement ?
174
1
Dans ton rêve - fuite impalpable.
ce que tu cherches : à extraire,
à passer, à combiner
le sens, la pénétration, la profondeur,
toi, descends
sur la pointe des pieds, dans le vide
tu tournes, tournes
2
. l’étendue. de mes songes.
pensée spacieuse. ici l’idéal de confort.
possibilité difficile. exécute avec rapidité.
la certitude t’abandonne. augmente la vérité.
La où est le poème, l’autre te rejette.
175
3
Séquence interne qui palpe
qui s’exprime,
qui attend
Le vide dis-tu remplit ta solitude
Tu recharges ton âme
Tu repenses avec autrui
Tu dérives, exploites
l’intelligence des écrivains et poètes
sur le bord de ton cercle, tu te penches
tu agites le miroir
4
l’imaginaire. corrections. pensées.
en moi.
pour explorer, développer
176
comprendre
cette ténèbre vers une certitude de phosphore
Une tête de poèmes
5
Je suis là, masse inerte dans ma chair
espérant quelque modernité d’écriture
masse pensante fixant un mur
une hauteur
un impossible
Désireuse d’élévation
de nouveauté
de grandeur
Je prétends, j’espère, je veux y croire
tout en sachant pertinemment
l’utopie de ces dires
de ces élans
de ces rêves
177
a
D’autres dans la nuit
fins subtiles ou stupides
d’autres
Tu t’es nourri d’absences, me dit-on
qu’avais-je à combattre ?
essentiellement mon impuissance,
ma faiblesse, ma médiocrité, mon ridicule poétique
Que faire contre la science ?
b
Quelque poésie qui soit utile,
- est-ce possible ?
Tu perds, tu le sais bien,
Tu es peu, - veux-tu te comparer ?
Tu embrasses le ridicule, il dort
à tes côtés, - c’est un toi-même qui te contemples !
178
c
Tu pénètres un peu plus loin la matrice.
Ton sens tactile te permet de toucher
d’autres parois
d
Trop peu de temps
pour produire, penser, ajouter
Dépouillé, volé, exclu
e
Efface rature repense
de toi à moi, le toi-moi
179
f
Et encore tu donnes quelques fragments
solidité. Se développant
de tir
Les mots s’organisent oui, non,
leur donner vie
frottements
Je déteste la patience
je m’interromps ma lumière
180
Les ténèbres de la poésie
Les ténèbres de la poésie. Au plus profond du moi. Je suis exclu. Autrui
m’ignore. Vous m’avez tous rejeté, prétendant que j’avais trop, que c’était inutile,
que vous aviez plus, autrement. Je demeure solitaire.
Il reste à construire, pour soi, pour personne peut-être. Tant pis !
Je marchais dans ce vaste cirque de l’esprit, activant la mémoire inconnue par
élan poétique. Je prétendais y laisser quelque trace. Le cirque se transforma en jardin.
Je plongeais dans mon vide. Accroître, dissiper, disposer du bonheur. J’accédais à
mon sommeil et décidais d’en cesser là.
181
1
Ô poèmes répudiés
par l’éditeur royal - que deviendrez-vous ?
Ils étaient donc hors de tout savoir
de toute utilité ?
La forme était vaine et stupide ?
Faut-il penser encore, travailler encore,
Le souffle est - le souffle
2
Choix solutions propositions tentatives
combinaisons au sein de l’écriture
en constance de phosphore
mots vides de sens à accoler,
mot vides
se posent sur la longueur de la ligne
182
3
Encore dans mon désordre,
quelques vérités floues
dans mon errance cherchant
Extrêmement noble, actif
dans ma région cérébrale
Je puise des vérités refusées
mon temps est pour plus tard
qu’importe !
4
Le souci d’aujourd’hui
sur ma buée
Je coule
à ma fenêtre ouverte
je vois ce que je veux,
du peu, du rien
183
5
Il y a cette certitude
en laquelle tu n’as jamais cru
La chimie d’un impossible
que tu voulais définir
Des possibilités pensées - tu n’as
jamais gagné
6
J’insiste avec des mots
puis à droite à gauche
Je condense avec ce choix de solutions
simples, complexes
vers un espoir de souffle, de rien
c’est donc du encore
184
7
Me revois cherchant
- déchirement - doute - abstraction
Il fallait continuer
8
Pourquoi si peu de crédit
dans le sein de sa propre certitude ?
Nul futur, nul espoir d’avenir
Faut-il combler une attente éternelle ?
Je balbutie encore des mots
dans le flux de mon écriture
9
La nuit m’enveloppe
je vais dans l’exil majestueux
exclus, nié qu’importe !
pénétrant cet espace infini de mots
185
construisant avec l’angoisse de l’échec
pour des possibilités douteuses
10
Pourquoi tenter de s’élever
quand le bonheur est en soi-même ?
A la recherche des formes fluides scintillantes,
rayonnements, éclats, poèmes etc.
Être ensemble au fond du Moi,
Est-ce sagesse ?
11
La pensée détruite : certitude de rien
pour toujours
D’un bond à l’autre de la raison
balancement, tangage
et fuite vers la nullité
186
12
Il est convaincu de son échec
de son incapacité à plaire
avec du volume d’écriture
La trace de son ombre
va disparaître
il s’enfuit, s’éteint
oiseau de cendres,
fils de la poussière
13
Explosif l’alphabet en 26
les mots désordonnés
Je vais regagner ma tombe
à présent
187
14
La nuit s’invente à ma fenêtre
il faut trouver un nouvel espace
188
Portrait d’un raté
Je prends Alain Bosquet, je relis ces Sonnets
Pour une fin de siècle. Cela m’amuse encore.
Ce léger badinage dont le ton est charmant
Saura me divertir avec quelques babioles.
Il y a cent façons de produire un poème.
Un tel a une école quand l’autre veut fonder
Un futur mouvement qui durera cent ans.
Moi, je m’en vais tout doucement vers le silence
Méprisé des Maisons, détesté des poètes,
A mois que par bonheur, je puisse retrouver
Tout là-haut des auteurs qui connaissent mon nom.
Oui, cela est raté : je n’ai pas édité
J’ai accompli une œuvre - mais pour quel devenir ?
Le temps s’étire encore, je n’ai plus qu’à mourir.
189
La bonne mixture
Jamais ils me comprirent, jamais ils ne voulurent
Comprendre ou penser autrement la chose lue.
Mais pourquoi condamner ? Je prétends, je le dis
Que la faute en incombe au poète lui-même.
Il n’est pas de faveur qui vienne du destin.
La cause des échecs doit trouver sa raison
Dans le produit inadapté à la culture,
A cette forme de culture si dérisoire...
Il reste le sourire un peu désabusé
Du poète perdant n’ayant pu réussir
Et prétendant toujours posséder du génie...
“ Pourtant, je vous assure, pourtant je vous assure... ”
Cela ne suffit pas : car il faut ajouter
À un génie intense un talent généreux.
190
L’essai infructueux
Maîtriser sa syntaxe ou aller librement,
Perdre son écriture sur le sentier rêveur,
Voilà bien l’aventure qui pousse le poète
À composer une œuvre loin du regard des hommes
Des formes se présentent - il les cueille une à une
Comme on aime les femmes dans le miroir des anges
Il prétend découvrir la très complexe issue
Qui offre le pouvoir d’accéder au suprême
Passe-t-il par le noir d’un sombre labyrinthe
Pour enfin percevoir la lumière sublime ?
Quelle est l’utilité de ce qu’il a trouvé ?
Son monde imaginaire semble bien dérisoire
Et nul n’acceptera de poursuivre ses traces
On lui reconnaîtra l’essai infructueux
191
Constat
Toi tu prétends aller vers un but inconnu
Tu ignores le chemin, tu en empruntes mille
Tu vas cahin-caha, la nuit toujours existe
“ Un flamboiement confus délire dans le soir ”,
Écrit Borges, écrit. C’est l’affront en toi-même,
Le renvoi des images. Tu poursuis le miroir,
Le soleil est couché et tu songes à mourir.
Si cette blonde lune était femme parfaite
Tu pourrais la saisir comme un ballon doré.
La galette est sanglante et l’inspiration
Se désespère, se dé dans ton propre néant.
Tout est déjà fini, le poème s’oxyde
Ta vie est un échec, le temps, le temps se meurt
Et l’immense rejet, pour enfin disparaître.
192
Poète, je te laisse
Poète, je te laisse avec ton sac de vers.
J’ignore si tout cela donnera quelque chose,
Si à perdre tes heures, j’imiterais ton sort.
Voilà ton amertume, voilà ton peu de gloire...
Mais véritablement es-tu indispensable,
Et pouvais-tu prendre que cela débouchait
Sur un produit utile pour l’ensemble des hommes ?
Ta certitude, ta cer dans cette tour d’ivoire ...
Le peuple te fusille, tu te prétends martyr
Héroïque bataille rappelant ta mémoire.
Sur le marbre défunt, j’admire ta statue...
Ton immortalité s’exalte dans tes livres,
La critique d’autrui ne saurait te toucher,
Et le soleil se lève sur ton œuvre majeure.
193
L’exilé
Je rêve que la mer m’encense de ses flots
Comme une femme blanche sur l’écume d’amour,
Que des sirènes belles délirantes m’appellent
Et me supplient, supplient un orgasme céleste.
Sur le sel infini que mon esprit active
La tempête sexuelle m’attire constamment,
Et je me vois plonger comme un puissant navire
Dont les lourds flancs s’encombrent de désirs enivrants.
Le miroir me renvoie des images fugaces.
Je crois y contempler ma vérité profonde
Et j’aperçois là-bas le phare d’un autre monde.
Je suis très loin si seul et j’ai dû fuir les miens,
Mais comment leur crier ma détresse réelle !
Et qui voudrait m’entendre ? Je suis un exilé.
194
Wimbledon 97
Je regarde RTL et nous sommes jeudi
À quatorze heures quarante, les tous petits hommes verts
- Des ramasseurs de balles s’activent contre la pluie
Et bâchent les terrains des courts de Wimbledon.
Et voilà c’est la pluie, - cela fait trois semaines
Qu’il pleut et pleut encore sans discontinuer.
Le match entre Sampras et l’Allemand Becker
- Un quart simple Messieurs est remis à plus tard.
J’attends, j’attends encore, je zappe sur CNN
Sur Sky, sur NBC ou vais sur Eutelsat
Y trouver d’autres chaînes proposant autre chose.
C’est donc mon quotidien en écrivant des vers
Avec Alain Bosquet et son œuvre complète.
Quel sera l’avenir de ce sonnet en prose ?
195
Back, Back
I
Me revoilà encore assis à cette table
Je prétends proposer un autre agencement
De notes et de structures qui frappent ma cervelle...
II
Tu es l’autre et le même, est-ce toi qui inventes ?
Moi, ai-je été l’Absent ? - Non j’étais l’inutile,
L’incapable de plaire, l’inapte à satisfaire
Aux écrits littéraires, diktats du Comité.
Donc j’étais le refus.
III
Diverses faiblesses, nullité à écrire,
peu, rien !
196
Le temps cherche le lieu
Pour un temps infini
dans un lieu indéterminable
l’écriture s’accomplit sereine en elle-même
la nuit efface la lumière
pour rester nuit
Cécité qui suppose en tâtonnant
attraper son soleil
Le temps se construit et se demande :
quel avenir ? Comment puis-je conquérir l’oubli ?
Le lieu n’est d’aucun secours
Je veux épouser le sacré, déterminer l’exil
Il se retrouve seul et maître de soi-même
197
Le fils du néant
Le fils du néant dans son pseudo-savoir
avec pensées irréelles sur une certitude qui frémit
De l’abstrait palpable, du concert invisible
Va s’éclairer de lumière noire
Éternel à renaître
Du possible, de l’indécidable, de l’extrêmement faux,
du poème, en vérité
Le poète avec son propre risque, ses méthodes,
ses principes de pénétration
plonge dans son mystère
à la recherche d’un commencement d’éternité
198
1
Pensée
Qui cherche la certitude
De sa profondeur
Supérieure
Par élévation, par onction
D’un dieu fait de lumière
Espérant
Telle beauté d’écriture
De poésie impossible
Espérant
De ce souffle
Assurant sa production
199
2
Espoir qui nous vient puis perte rien
Solitude
Tu rayonnes de n’être plus
Aspirant quelque souffle avivé
mais rien
3
permets-moi avec conscience
avec certitude
de soulever l’éclair
d’agir sans liaison
de percevoir par l’ange l’exil nouveau
fuyant, pénétrant l’inconnu
recommence l’impossible exploit de faire poète
dessine le regard et le sommeil de l’autre
impose ta signature et veille
accéder à ton propre concept de beauté
200
La Dentellière
C’est entre ces deux extrêmes
De flux de sperme
Et de flux de sang
Que La Dentellière
Tisse le souffle de vie
Entre ces deux puissances
Contraires et complémentaires
Le corps jouit et supplie,
L’âme épouse les méandres
Du corps - est-ce donc cela
L’existence de l’homme
Avant d’atteindre l’éternel
Ou de plonger dans son Néant ?
201
Léda et le cygne
Soudain, le heurt d’un vent : les grandes ailes encore
Battent sur la fille chancelante dont les cuisses
Sont caressées par les palmes noires, dont la nuque
Est captive du bec, il maintient sa poitrine
Prisonnière sous son cou.
Comment ces faibles doigts
Pourraient-ils vaguement repousser tant de gloire,
Ses cuisses sont si faibles ? Sous cette ruée blanche,
Comment un corps ne sentirait-il pas un coeur
Frapper étrangement où il est allongé ?
Un frisson dans les reins fait alors resurgir
L’image des remparts et du toit enflammé
Et des tours flamboyantes, Agamemnon, sa mort !
La voilà emportée, écrasée par le sang
Brutal de l’air. Pria-t-elle ses science et force
Avant qu’indifférent le bec l’eût laissé choir ?
202
Cette même pensée
Cette même pensée
hier tu l’exploitais autrement
elle gît là au fond du Moi
sifflements et murmures
Tu la sens, elle t’apparaît perte
Tu soupires, veux t’exalter
Tu cherches à faire vibrer l’émotion
pour percevoir, - quoi ?
L’heure n’est plus souveraine, tu ne dictes plus,
tu subis la vérité aléatoire
C’est une angoisse sous cette carapace cervicale
dans ce cortex spongieux
région que nul ne pénètre à l’exception de Dieu
Tu divagues, encore désirant l’essence d’un songe,
la fluidité d’une image
Je te laisse à ta confusion
203
A
Certitudes. Faiblesses. Élan d’apprentissage.
Science, tirée vers le haut. Poème, décadence.
Légers progrès, guère suffisants.
Science exceptionnelle. Poésie limitée.
Que faire ?
L’image. Le caméscope. La réalisation.
Plus faible dans ton malheur
Tremblant, semblant, sachant
Ce que tu produis, ce que tu vois,
Ta conscience.
B
Cœur ouvert
Maintenant je voudrais
Certains se couronnent
204
toi tu contournes
avec lucidité, quelques mots
Tu vas mourir, ils vont t’oublier ! Qu’importe !
Ils t’ont visité ? Était-ce réel ?
C
Toi dans ton désert
tu marches tu sais
Tu supplies un Dieu d’apparaître
de te libérer
nul ne se présente personne
Tu marches avec ton mécanisme cérébral
bouché, ou lumineux, tu marches
murmurant, combinant
205
D
Quelle distance parcourue ici ?
faiblement quelque chose
traversaient parfois des filles élégantes
des filles
tout s’enchaînait ; le présent, le
passé, le futur - l’espoir
Toi, en multiple enfermé dans ton cercle
206
1
Oui, une raison à te plaindre
dans la constance de toi-même
quelque chose à mieux parfaire
et jouir de soi
de toif
2
peine d’écriture
d’impossibilités à mieux tirer
- cette réflexion exprimée ici
difficilement, autre chose
3
Toi, tel est-ce suffisant
à quoi sert le sens ?
ne s’aime pas
qui veut lire ? personne - et pourquoi ?
207
1
S’inspirer. Exploiter l’autre, le tordre, lui extirper quelque substance. Secouer le
poème, en faire tomber des fruits d’images - produire
Un peu de toi avec moi. Tu vois, tu existes encore, - je suis une brindille de ta
ramification, un élément nouveau, variable de ton identité.
C’est notre histoire, n’est-ce pas ?
2
Toi - ils prétendent que non, allez voir ailleurs. Alors tu y vas. Ailleurs,
on te dit : “ - Non, ceci n’est pas pour moi. Je n’y peux rien. Cela ne m’intéresse
pas.”
Je vous jugerai avec l’instrument que vous avez utilisé pour juger. Et s’il avait
quelque aptitude...
Quelle valeur, lui ai-je donné, moi ? Quelle valeur ?
208
3
Ta verticale est lumineuse
Je parfume ton orgasme
avec mes senteurs sexuelles
Triangle, femme, ventre, abondance
Sur ta bouche,
deux fois deux
ton corps demande la mort
bête secouée de spasmes étranges
C’est encore notre histoire
4
Imaginer et plaire
pour qui ?
Balance ta semence
l’entrecroisement d’une ténèbre
et rien, hélas !
209
De la mort
Effroi et forte crainte
Pour l’homme qui se meurt
Sans dimension spirituelle
L’homme immensément seul
Devant son propre néant
L’orgueil n’est plus, l’orgueil !
Ne reste que la dérision,
Que sa faiblesse, qu’un souffle
Évadé, le libérant, le tirant
Vers le haut, vers l’extase préférée
Peut-être - il s’extrait, est sorti
Et là que voit-il ? Soit la lumière,
Soit le gouffre éternel de la douleur.
210
Le diadème dérisoire
Qu’il fut travailleur à ses débuts, actif
Volontaire, - allant dans sa solitude
Pour y extraire des réflexions, des textes, et des proses
Portées sur des pensées charmées de vérités !
On vous déteste, on vous méprise, on vous ignore
N’est-ce pas le lot de la poésie ?
Je bois à ce vers puisque je l’ai rempli !
Peu importe le poids de cette indifférence
Car des solutions assez subtiles, aléatoires
Se combinent pour produire cette extase délicate
Cette vérité, je la tiens contre moi
Comme un diadème dérisoire,
Que mon élan n’a pu maîtriser
Ai-je véritablement besoin d’autre chose ?
211
Le Christ du monde
Il rêve que la beauté s’éternise
comme une image incrustée dans le ciel,
que la merveille s’idéalise sur une flamme argentée,
que les hommes succombent devant sa fascination
Nos âmes s’envolent et tourbillonnent
Les esprits tournoient dans un ballet spirituel
et filent immensément sur des bains d’écume
Son visage apparaît dans l’éblouissement de la grâce
Sur vos genoux, les anges, pour la pureté du Moi
tandis que son Intelligence bondit dans la voie lactée
à travers l’immensité.
212
Le Tour de France 97
Je regarde l’A2, j’y vois le Tour de France
C’est le contre-la-montre de St Étienne à St
Étienne. Ulrich écrase le tour, il est vainqueur
Du moins on le prétend car il reste les Alpes...
Oui le pauvre Virenque a beaucoup de souci :
Il perd dix minutes sur un temps intermédiaire !
Ulrich est le plus fort et Riis n’y pourra rien.
Voilà ce qu’on me dit, voilà ce que j’entends.
Et moi stupidement j’écris quelques poèmes
Tandis que des millions de téléspectateurs
S’exaltent et s’enthousiasment sur l’écran en couleur.
Mon travail d’écrivain me semble bien modeste,
Je ne peux attirer le regard de quelqu’un.
Je m’en vais, oublié, jamais ne serai lu.
213
Le critique
Pourquoi l’accuserais-je d’avoir méprisé,
Ignoré ce travail littéraire ?
D’avoir rejeté comme un objet stupide
A la rue ma production poétique ?
Cela lui était faiblesse, rien.
- Allez voir aller ! ...
Ailleurs, peut-être, pourquoi pas !
214
Poème sur poème
Les années me sourient
J’accumule poème sur poème,
livre sur livre
Je parle encore de moi, je ne sais plus
il n’y a pas offrande,
tout restera caché, inconnu
Le coeur se nourrit de substances
se remplit, se vide - enfin on le dit !
Aller toujours en soi
pour y tirer quelque désir
quelque folie audacieuse
de littéraire
de petit penseur
Muse, et m’abuse, prétends... pour ne rien obtenir
215
Voilà les insignifiances qui constellent cette cervelle
en cet après-midi.
Il est préférable de se taire. J’ouvre Gide, son 39-49 Jo T2, et puis quoi ?
peu, faible chez moi.
Ta durée ?
Oui.
Plus loin qu’une nuit éternelle dans la rumeur fébrile qui fuit
J’y abandonne mon miroir de syllabes
Je m’enveloppe de soupirs, de tes extases, de tes cris
Je m’étale dans ton ventre sirupeux
pour oublier la cruauté des jours
Tu es ma constance de jouissance
quelle sera ta durée ?
216
1
Dans mon front, et ce qui pense
le pronom je est clair
il n’y a que du vide à remplir
la certitude en moi, le vouloir
le conglomérat - l’éblouissement
l’association
2
Me déclinerai en moi
pour y extraire
quelques solutions nouvelles
3
Le sexe s’ouvre-t-il davantage ?
l’obscur et l’interdit
217
Encore
Les mots exploités - je les veux synergiques,
alchimiques, évocateurs
nourris de sève spirituelle
Je réemploie le dérisoire, le faible
J’interprète (mal) le matériel
Il y faut de l’élan, une forme,
de la lumière intérieure
Et l’ensemble est déception
on espère autrement, avec nouveauté
On reprend d’autres mots
pour d’autres poèmes
etc.
218
Poursuis
C’est-à-dire un produit nouveau avec une méthode d’investigation - l’excitation
jusqu’à l’extrême - et l’emploi d’autrui - autrui différent, de l’Antiquité jusqu’à la
modernité d’avenir.
Puis toi avec ton vieillissement, ta potentialité qui semble constamment la même
- que sauras-tu écrire ? Tu deviens ennuyeux, à la production inutile.
On te sait, on t’a toisé - on prétend détenir la vérité concernant ta valeur,
concernant ton niveau.
Tu insistes - tu en veux encore - sans te forcer, dis-tu. Tu encombres ton armoire
de livres - de tes propres livres, et personne ne s’y intéressera. Poursuis.
219
Les nuits propices
Les nuits étaient propices à toute sorte d’inspiration. Penser était la seule raison,
la seule obsession, la seule logique à appliquer. Il fallait concevoir de nouvelles
formes - enfin on le prétendait - car en vérité, en était-on réellement capable ?
On prenait X ou Y. On voulait ajouter sur sa substance, le dériver. C’était du
grand, du haut, de l’élevé - et l’on était toujours peu, encore rien.
La pensée tourmentée voulait accéder à du supérieur, c’était du faible, du
ridicule, de l’impubliable.
Mais pourquoi vouloir exister ? Pourquoi aller vers l’extérieur quand la sage
certitude se suffit d’une pâle lumière douceâtre ?
Donc je pénétrais ce néant d’images niaises et illisibles.
220
Récréation
La chanson du roi Dagobert
Le bon roi Dagobert
Disait au cousin Philibert
Pourrais-tu plus que moi,
Je n’y mets qu’un doigt ?
La reine à l’envers
A besoin d’un dessert.
- C’est bon dit-il au roi,
Elle en reprendra pour trois fois.
1
2
Et comme il la prenait,
Elle en re re redemandait.
- A l’endroit, à l’envers
Me veux-tu, Philibert ?
Si tu as la longueur
Tu ne peux me faire peur.
- C’est vrai, celle du roi
Semble bien plus courte que toi.
221
3
Le bon roi Dagobert
S’essaya un jour à des vers.
Le grand saint Eloi
Lui dit : ô mon roi,
Votre majesté
Ne sait pas les scander.
- C’est vrai, lui dit le roi,
J’imitai ma diction sur toi
4
Le bon roi Dagobert
Prenait sa monture de travers.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Votre majesté
Est appareillée !
- C’est vrai, lui dit le roi,
Sur la reine, je suis mieux, je crois.
222
5
Le bon roi Dagobert
Se retrouva le cul en l’air.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Ainsi désarçonné
Vous voilà tout crotté.
- C’est vrai, lui dit le roi,
Sur des deux reins, transporte-moi.
6
Le bon roi Dagobert
Aimait le vin, buvait des verres
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Votre majesté
Est bien frelatée.
- Vrai, hoqueta le roi,
Au fond du tonneau, je me noie.
223
Le bon roi Dagobert
Fit battre monnaie à l’envers.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Dans toute la contrée
Vous serez la risée.
Tant pis, lui dit le roi,
Du portrait on se souviendra.
7
8
Le bon roi Dagobert
Chassait dans la plaine le cerf.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Votre majesté
Semble tout essoufflée !
- C’est vrai, lui dit le roi,
Car le cerf courait après moi.
224
9
Régnait roi Dagobert
Gant de velours et main de fer
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi :
Avec fermeté
Mais avec bonté.
- Je sais, lui dit le roi
Mains de velours et gant de soie.
10
Le bon roi Dagobert
Semait du blé durant l’hiver
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Blés qu’avez semés
Ne moissonnerez.
- C’est vrai, lui dit le roi,
Les blés sont morts transis de froid.
225
11
Le bon roi Dagobert
Devenu vieux, se croyait vert.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Votre majesté
Semble toute émoussée.
- C’est vrai, lui dit le roi,
Vive jeunesse et je festoie.
12
Le bon roi Dagobert
Se mit à danser au dessert.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Votre majesté
Semble toute émoussée
- C’est vrai, lui dit le roi,
Car j’y danse mieux qu’autrefois.
226
13
Le bon roi Dagobert
Lorgnait deux poires dans corset vert.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Votre majesté
Veut encore détrousser ?
- C’est vrai, lui dit le roi,
J’en glousserai encore de joie.
14
Le bon roi Dagobert
Se pissa dessus de travers.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Votre majesté
S’est éclaboussée.
- C’est vrai, lui dit le roi,
Mets’y ta main, plutôt qu’un doigt.
227
15
Le bon roi Dagobert
Des péchés voulut se défaire.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Votre majesté
Ne sera pardonnée ! ...
- Tant pis, lui dit le roi,
Au purgatoire, j’irai, ma fois !
16
Le bon roi Dagobert
Eut peur de finir en enfer.
Le grand saint Éloi
Lui dit : ô mon roi,
Votre majesté
S’est bien trop dépensée !...
- Tant pis, lui dit le roi,
Je dirai que t’étais avec moi.
228
I
Ici la mort resplendit d’aise
d’assurance, de certitude, de pouvoir
puissante et éternelle
imposant sa vérité
Lumière rouge de haine et de méchanceté,
cendres chaudes et violentes
entourent l’innocent
Nourrie d’horreur et de cruauté,
de vexations et de blâmes
dans les confins de la bêtise
et de l’insupportable
Au néant ! emportée par un feu de sang,
pour la torture juste de l’ordure
et du pourri
Comment implorer Dieu ?
Comment le convaincre ?
229
II
Ici la mort resplendit d’aise
elle impose son pouvoir surhumain
de cruauté, d’aiguilles, de douleurs
On espère une bienheureuse lumière
d’éclatements, d’éblouissements
Ta potentialité s’épuise,
Tu produis de moins en moins
Comme un vieillard à l’approche de sa fin
230
Pour personne
Des écritures nouvelles jaillissent de l’ombre, comme des boules de phosphore ;
La cité inconnue, de mirages, où grouillent la poésie et la littérature ;
Aucun espoir de vie - tout espoir réside dans la mort . Ce n’est pas une ambition,
ce n’est pas une certitude d’avenir, c’est le bon sens qui m’offre cette vérité-là.
Il n’y a pas à comprendre - cela est.
Notre chant est un chant de misère, détesté de tous.
Ont-ils réellement tort ? Peut-on parler d’injustice ?
L’évidente certitude - LA CONSCIENCE.
Ils disent : “ Non. Nous sommes. C’est autrement.”
Et pourtant quel refus ! Quel rejet ! Alors ? ...
Je suis dans mon ombre, j’y sélectionne quelques solutions, sans convoitise, sans
prétention.
J’avance lentement et propose du n’importe quoi.
Nulle crainte. J’écris pour personne.
231
Les extrêmes
Entre ces deux extrêmes
La pensée de l’homme est oscillante
Contradictions, contraires
Se détruisent et s’appellent
Dans le ballet de la vie.
Le corps et l’esprit
La nuit et le jour, mourir et
Vivre, est-ce la raison
De l’homme ? Et pour quel devenir ?
Cœur délabré
Cœur délabré, détesté, haï, en dehors du monde, tapi en soi, à l’intérieur tu es
pur. Expulse encore, soupire, dans l’éclosion de ton matin.
Ton espoir caché, au plus profond ; ton phosphore illumine ta nuit, - ton néant !
232
La nymphe
Conçois cet instant où elle se fige
elle s’assoie, se lève, revient, pense
la fille aux jambes hautes
les doigts sur tes doigts
te permettant d’écrire
Nous sommes sur l’axe de la pensée
Prononce-t-elle quelques mots ?
S’extirpe-t-il un rire
des syllabes mouillées de salive ?
Plonger dans sa bouche,
y extraire des fruits d’extase
Ses seins, ses pieds, cercles de femme
cette nymphe commune envahit l’intelligence
233
Le lecteur
Nul besoin d’un lecteur
d’un autre moi-même peut-être
Tu es ma référence, mon critique sachant
J’observe ton vide - j’y plonge
eau et néant
repense ton alphabet
Je m’engorge de ton mélange.
234
1
Sa beauté l’efface
L’impuissance de nos espoirs déçus
De près de loin de
J’épouse ses délices, ses formes, sa fuite
Plus près pourtant
Pour une mélodie exquise
Pour un déchirement extrême
Dans l’orgasme de la vie qui s’éloigne
2
Âge où les pieds sont peu
où le dollar est extrême
Elle m’emporte dans ses bras
d’images en images
s’enlace le poème
vers cet espace inconnu des hommes
Elle me fait signes
elle m’offre ses lettres
235
3
Maintenant j’exploiterai une langue
accessible à tous,
aisée dans son concept
Oui tu seras ma femme, mon unique
et ma belle
Nous remplirons de sens aléatoire ces feuilles disparates et délétères
J’offrirai à autrui le secret de nos charmes
Nous avons besoin d’absence pour nous engendrer
Nous devons repenser l’écriture
4
Savante, tu m’es savante
Je t’aime dans mon absence
A l’extrémité de ton esprit,
il y a mes doigts
Ton détail de corps est ta pensée
point de toutes convergences
où j’émerge
grâce au détail de tes combinaison
236
5
Maintenant elle peut venir inspirer
elle peut montrer sa figure
nous sommes disposés à l’entendre
à l’écouter pleurnicher
à moins que...
à moins qu’elle se décide d’offrir
un grand souffle libérateur
d’explosion formidable
Cette femme coiffée d’Eléonore
de mouvements bleus et jaunes
d’apothéoses
Tu es ma promise, mon envolée d’orgasmes
ma fuite cérébrale
237
Une autre histoire
Et certes, il fallait une autre histoire
où l’esprit pouvait s’élever
il fallait jeter ce néant stupide sans
possibilités créatrices
Oui, il fallait trouver un nouveau néant - non pas de sommeil,
d’engourdissement, de paresse,
mais un lieu de vie où le vide n’est pas à l’infini
Il fallait s’en référer à un nouveau Dieu, repenser l’aventure, ou l’élévation
Faire renaître ce soleil fatigué, épuisé par les recherches
C’était encore de l’espérance folle ou utopique, mais de l’espérance toutefois
Nouvelle association de mots, de sens, de sons et d’idées, - pour inventer dans
une matière inconnue.
avec le massacre de la mort à ses côtés...
vers une certitude de nullité et de médiocrité...
238
Comment obtenir ? La fuite dans le gouffre obscène de la honte sachant
pertinemment que cela était impossible - qu’il s’agissait d’une plaisanterie en vérité.
239
La main paranoïaque
Le détruit du soleil les vasques aériennes les experts décontenancés
par la vulve scrabreuse les tendances obsessionnelles les parades gestatives
les libidos d’orgasmes, audacieuses, de vices, de rien
Encore la guerre, j’exploite cet impossible
les délires
les cruautés
Et tandis que sous la pluie, j’embrasse l’éclatement lunaire, ma main
paranoïaque ose m’invectiver pendant quelques secondes
L’élévation s’émeut le sens se perd l’idéal féminin comme une
merveille d’ensemble, de millions de chairs complémentaires les explosions
de diamants l’interdit à aimer la beauté à suspendre
240
L’heure éternelle
Crainte et angoisse
Pour l’homme qui meurt
L’homme suppute, suppose
Espère, supplie une fuite
D’avoir, d’au-delà
Enfin ! Il s’extirpe,
Quitte son enveloppe,
Monte, monte, s’élève
L’homme immensément infini
Devant la petitesse divine
Comprend, comprend trop tard
Ne se nourrit que de son pardon
Jette son orgueil, son dérisoire
Épouse la vérité religieuse
Quand l’heure est passée,
Est dépassée, est éternelle
241
Méditation
Je médite sur l’aptitude scientifique
Sur l’essor formidable des techniques appliquées
Je pense à la pauvreté littéraire,
A ces hommes travaillant cachés entourés
D’un mur de livres et s’essayant à écrire
Chacun pour soi, sans synergie d’intelligences
Il y a pourtant de grandes œuvres,
Le poète peut-il se comparer au savant ?
Je m’éloigne - le public lui depuis longtemps
A opté pour la science, et méprise aisément
Le faiseur de vers. Plus encore demain l’écart
Grandira, et le poète ne sera plus qu’un bouffon
Méprisable et ridicule. Il s’en retournera
Avec ses rêves, ses utopies, ses médiocrités
Qu’il sera le seul à apprécier ! le seul !
Y a-t-il pourtant bonheur de l’intellect ?
Satisfaction à composer, à extraire, à produire ?
Est-ce le bonheur de l’aquarelliste,
De la brodeuse de napperons ? Qui parle
242
De grandeur, d’élixirs, de gloire ?
Il veut triompher de l’éternité, et toujours être.
Être ! Avec quoi ? Avec ses piètres poèmes ?
O savant que penses-tu du poète ?
Te fait-il aimablement sourire ? Et quoi,
Quand tout aura disparu, quand la trace
Insignifiante de l’humain sera effacée ?
Quoi ? L’espoir est là-bas peut-être.
Y aura-t-il repos et bien-être
Où la mémoire active sera honorée ?
243
La torche
Pourquoi lui en voudrais-je d’avoir autorisé
L’immonde torture sur un futur saint,
D’avoir tué la vérité
D’avoir étouffé les cris et les sanglots
Les longs déchirements qu’expirait sa bouche ?
D’avoir offert aux rustres et aux ordures
Le droit à la violence et au crime impuni ?
La grandeur d’âme découle-t-elle
De la douleur infligée
Sur le corps de l’innocent ?
L’immense cruauté comme l’immense barbarie nazie
Doit-elle se nourrir de sang et de l’âme
Des purifiés ? Quels siècles ! Quel système !
Quelle horreur !
Et cette torche maudite - qu’embrassera son ciel,
Pour quelles immondices brûlera-t-elle ?
244
Les songe-creux
Accumulez autant de poèmes que vous pourrez
Épanouissez-vous, considérez la hauteur
De vos ambitions, libérez-vous, engendrez
Du soleil sous la grisaille de vos écrits.
Oui, travaillez et travaillez encore. La chair
De la femme n’est que faiblesse. N’oubliez jamais
Cette vérité. Les femmes aiment l’argent, elles
Détestent l’insouciance du rêveur. Tous les
Songes creux doivent mourir ou disparaître.
L’effort de l’intellect doit s’accompagner d’abondance
Financière, d’or entassé - L’effort : cette œuvre
Produite par votre raison, qu’elle ne s’envole pas
Dans les gaspillages de l’infortune ! Allez rieurs
Dans la sinistre tombe pour ne rien regretter.
245
Créateur du vide inconnu
Dans la nuit indignée
Qui déchire la rose ?
Qui s’éloigne vers les éthers,
Vers les bleus turquoise
Quand l’esprit de l’homme
Aspire à la liberté ?
Imite-le, culbute l’orgasme
Créateur du vide inconnu.
246
Légères mouvances
Les eaux s’éloignent, s’enfuient tel le temps
Légères ou profondes sous le ciel obscurci
Un lac, un fossé - je pense à Yeats
Est-ce cela l’essence de l’âme ?
Encore des algues féminines - légères mouvances
247
Le pardon d’avenir
Seul lui pouvait nous instruire, nous apprendre
Le danger de ces mille chemins de traverse
Lui seul était le guide, la parfaite direction.
Tous nous avons œuvré dans le bois, dans la pierre,
Dans la matière, dans la chair,
A la fois prétendant savoir et ne sachant rien
A la culture parfaite, à l’érudition insignifiante
Homme d’esprit, homme de peine
Et chaque fois qu’il montrait du doigt la vérité
Nous le méprisions, refusions de le comprendre
Dans notre orgueil d’humain
Nous voilà aujourd’hui dans la douleur
Regrettant notre passé
Aurons-nous le pardon d’avenir ?
Dieu le sait.
248
Le futur du poète
O l’esprit épuisé, accorde-toi quelque repos
Nourris-toi de paix et de silence
Dans ce crépuscule insensé, il n’est rien d’utile
Baigne-toi d’effluves saints, - respire.
L’amour est à changer, la pensée épouse
Les flammes de la mystique interdite, - la pensée.
N’es-tu pas las d’avoir entassé tous ces poèmes
De la liberté qui se sont enfuis dans le mensonge ?
Il n’est que le travail. Pour quelle fraternité, là-haut ?
Mes frères me haïront, la malédiction est un sceau
Sur mon front. Ma précieuse vie se meurt.
Et qui sait, coeur, esprit, - car le poète se cache
Avec le temps sur son côté, comptabilisant la
Précieuse rosée du matin, ce qu’est son futur ?
249
Fatalité
Vouloir écrire après une longue attente,
C’est remplir son vide d’existence en y relatant
Son amertume - c’est disserter pour en finir
Avec le trop plein qui gît au fond de soi
Le corps finira par s’éteindre
250
Ôter le masque
- Dégage-toi de ce masque
Qui aveugle l’autre, lui ment,
Et lui brûle le regard.
Offre la vérité.
- Oui, mais de cette vérité-là,
Ils n’en ont que faire, ils la rejettent et la nient.
Il faut donc mentir, prétendre autrement.
J’ai rempli mon esprit, j’ai proposé mes sucs poétiques...
- ... Laissez donc tout cela. Cette flamme n’a aucune utilité. Restez-en là.
251
À deux, avec soi-même
vérité.
- Cherche ce qui est en toi. Développe le spirituel. Accède à une sorte de divine
- Délaisse la gloriole poétique, ridicule et insignifiante. Laisse le zèle aux petits
hommes désireux de porter le vert.
avenir.
- Regarde ce feu, il est en toi. Il est l’énergie qui te permettra d’atteindre ton
- Il y a le salut, le Fils, l’au-delà.
252
Conclusion
On se satisfait de peu
On saisit les premières solutions
Craignant de les perdre,
On les applique immédiatement
C’est l’éternelle déception,
On insiste bêtement
Ayant la certitude de mieux faire
On prétend que le nouveau recueil
Sera de meilleure qualité
On jette l’ancien, on pense
A de nouvelles possibilités
En travaillent avec d’autres auteurs
En vérité, l’on est toujours soi
Et cette identité-là est difficile
A intégrer dans l’esprit de l’autre,
Qui méprise, rejette - allez voir
Ailleurs ! - Ailleurs ! Pourquoi pas ?
253
RÉSONANCES III
254
L’aventure interne
Surgit le cygne sublime et blanc
Qui est symbole encore
Comme l’âme a plongé au fond de soi-même
Pour y chercher science et a-science
Il y faut de la vitesse, des battements d’aile
Impétueux, de l’extase, quelques vérités,
Du vin et de l’ivresse
Et ces pensées mal maîtrisées, triste sort
De ma condition, ces pensées s’agitent encore
Quand j’essaie de bondir, de m’extraire,
De m’éloigner de ce vil environnement
J’ai besoin d’extravagance pour mon esprit
Ou de sucs subtils, cartésiens, pascaliens
C’est encore une immense aventure interne.
255
Les limbes
Les premiers souffles clairs s’exaltent, je m’extrais
Doucement de l’évanouissement de mon rêve vers mon
Rêve envolé. Je conçois quelque peu dans la
Conscience du vrai. J’étais dans un autre temps.
Voici que la valeur converge vers la lucidité.
Je délaisse l’amoncellement d’images floues,
J’accable l’avenir de ne pouvoir se mieux dessiner.
Le cycle temporel de l’homme, présent, passé,
Futur, imaginaire, espaces parallèles, tourbillonne
Pour une certitude aléatoire. Vais, vais et reviens.
Je m’offre un reste dans ma mémoire où le temps circule
Avec l’espace. Je crois abolir l’oubli de ma folie
Réelle, pensée, en fuite. C’est encore un matin
D’éveil, et l’ivresse active ma raison sereine.
256
Le miroir entrouvert
Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair,
La purifie, l’envole, l’exile dans les airs.
Je me crois entouré d’un éclatant soleil
Qui offre à ma raison des substances vermeilles.
Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse
Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.
Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes
Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre.
Je suis toujours pressé et je veux aller voir,
Je subis le Néant de ma propre misère.
Et les années s’écoulent pour cette délivrance,
Ce départ, cet élan vers un nouvel espace.
L’avalanche de mots me rappelle en moi-même
La médiocrité de ma raison réelle.
257
Le néant de soi-même
Te voici devenu un échec, une mine de pertes,
Tu te noies sous la honte de ton ridicule.
Tous ces soins stupides épuisés dans l’attente
D’un espoir ! Ton passé a-t-il un avenir ?
Se peut-il que ce que tu as produit leur convienne ?
Tu offres la gratuité qu’ils méprisent. Ont-ils tort ?
Le recueil enfante le recueil. Que te dit-on au ciel ?
On te dit : “ Oui, oui, tu es, c’est toi ! ”
Et tu les crois tous ces fantômes farceurs nourris
A la sève de ton imaginaire ! Ton effort
Poussé par ta volonté t’impose à poursuivre,
Ton combat est vain. Cela n’a plus de sens, de raison.
Va, poursuis ton ombre fatale et disparais,
Oui, disparais à tout jamais dans le néant de toi-même.
258
Litanie
O purifié, ta chair est en pleurs,
je t’entends souffrir.
Il y a des rires, les rires du Mal. La bande de tortionnaires est aux affûts, prête à
fracasser les os de l’innocent. Les rapaces s’assemblent, t’entourent, enfoncent leur
bec invisible sous ta peau, dans tes nerfs. Oh ! Le joyeux festin, le privilège de
l’atrocité, la sublimation de la cruauté !
Il était là, bavant sa salive claire, horriblement mutilé, laissé en harpies, comme un
tas d’immondices, recouvert de sang.
Le combat dura toute une vie. Cent fois gisant cent fois relevé pour être à nouveau
attaqué, agressé par le vice des sadiques et des chiens assoiffés d’horreur.
Festins pour le Mal, festin sur festin, et lui pauvre être rampant, suppliant un Dieu
indifférent quelques paix ou quelques repos pour panser ses plaies, n’entend que le
silence du créateur pour répondre à l’infortuné.
Le coeur était angoissé : y aura-t-il une solution de liberté, une clameur entendue ?
Car tout sera détruit, tout sera perdu et les longs aiguillons pénétreront
la chair encore !
259
L’homme était vacillant et se savait s’éteindre. L’amour ne pouvait plus l’envahir,
il était écrasé par la violence du Mal.
Intermède
Sont entassées les images de la nuit,
Restées pensées mortes dans la conscience obscure.
Cette volonté d’imiter, d’exploiter, de faire varier
La proposition de l’autre, ces résonances.
Donc connexion, associations.
260
1
En feu !
Elle doit être exceptionnelle !
Lamentez-vous, femmes impures,
Fuyez, je ne saurais vous voir
blanches, dévêtues.
Il est déjà trop tard,
Je dois mourir, en finir.
Je fus actif, inventif, audacieux.
La vie s’en est allée,
dans quel avenir, épouserai-je ?
2
Montagne de femmes, de chair, de sexes pensants,
gémissants, suppliants, ébahis,
en avalanches d’orgasmes.
261
Mines d’hommes associés, combinant pour l’œuvre,
produisant du soleil, dans un labyrinthe de fourmis.
Nos espoirs pour nos fronts,
Nos désirs pour nos chairs.
La science et le sexe.
3
Indices de femmes claires
filantes, allongées, excitantes
Des pieds gracieux, des mains fuselées
Elles s’ingénient à transmettre
à leurs enfants
de l’amour, de l’émotion
de la vibration affective
pour que nous devenions des hommes de coeur, de chair
Femmes légères de beauté
transmettant leur science à l’enfance ébahie
262
Un poète à sa bien aimée
Je t’apporte de mes mains respectueuses
Les livres de mes rêves innombrables
Blanche femme usée par la passion
Comme le sable gris perle est usé par la vague
Dont le coeur a plus vieilli que la corne
Qui déborde du feu pâle du temps :
Blanche femme aux rêves innombrables
Je t’apporte ma passion poétique.
William Brether Yeats
Traduction
263
Le poète homosexuel et son père
- Il a peu, très peu, si peu
Sa constitution est faible
Il faudrait le nourrir de science, de mathématique,
De structures solides, basées, irréversibles,
D’une vérité absolue,
Mais voici que Monsieur, poète, insouciant, aérien,
S’occupe du vol plané des libellules
S’emporte sur des rêveries insouciantes,
Se suffit de l’air du temps
Et ça voudrait réussir sa vie !
De l’inutilité, oui,
Du parasitage.
Tu finiras...
- Par disparaître, paraître, être, être académicien,
Grand, très grand, premier, etc.
Je sais la voie est difficile, mais crois-moi,
264
Sois patient.
- ... Je vais te nourrir jusqu’à soixante-dix ans, et j’en aurais quatre-vingt-dix avec ma
pauvre retraite de fonctionnaire. As-tu songé à ton père ? Et tu as l’outrecuidance de
m’annoncer que tu es homosexuel ! Homosexuel ! Moi qui ai tant aimé les femmes,
tu ne trouves pas que c’est difficile d’entendre de telles paroles ? Poète et
homosexuel !
- ... J’inviterai Roger seulement une fois pas semaine... Mais non, je plaisante.
265
De biais
Le poète de biais
Le poète sans norme, sans vérité, sans certitude
sur le seuil de la misère avance médiocrement
il veut s’accroître, évoluer, grandir
Se grandir
Il reprend la lampe bleue de l’idéal féminin
Il l’envole pour des espérances impossibles.
Il réinvente l’interdit et prétend à quelque chose de supérieur. N’est-ce pas
en vain ? Y a-t-il une solution nouvelle ?
Il faut donc produire et travailler.
266
Miroitements
Faibles miroitements
incisés dans le temps
que j’essaie de capter,
qui m’échappent
Le visage dans l’éparpillement du Moi
l’homme par fragments de vers éclatés
essaie de reconstruire le monde
267
Visible à soi
L’homme visible à soi
invisible aux autres
Descend, plonge
l’homme demi-dieu, sauvage
construit un langage réel
incompris, inconnu,
libre, réglé
et finit absorbé dans sa propre lumière
268
La nuit
Souffle de nuit bleutée
qui vagabonde quand tout devient invisible
dans l’immense désert du poète
La nuit s’éteint, s’éclaire, veut vivre
je descends, descends,
prétends obtenir, trouver
En vérité, c’est une forme d’angoisse
qui m’apparaît
qui m’impose à écrire,
à chercher
269
L’idéal menteur
Paroles sur paroles,
tentatives sur échecs
Imagine la possibilité de pureté des flots bleus
conçois des statues de grâce dont la chair
est plus douce que la soie des femmes
Que l’azur devienne miroir polissant ses idées d’idéal menteur
Observe l’ombre claire s’enflammer d’orgasmes aériens,
réinvente un génie impossible, pascalien
et toi écrasé de soleil, roulant-boulant
sur des airs agressifs, propose ce colosse aux pieds d’argile, cette construction
remplie de vides, qu’ils disent !
Émeus-toi, tressaille de plaisirs intuitifs, portés par des phares musicaux
Syntaxes cinglantes comme des lames d’acier
Ce qui agresse, ce qui violente
ce qui semble faire souffrir
270
n’est qu’un additionnel de syllabes
évocatrices, trompeuses, mensongères
exploitées pour produire de l’émotion
Et vous tous savez que le mensonge, l’excès,
l’ignoble tromperie sont des outils poétiques
indispensables pour concevoir un texte de qualité.
271
Poursuivre
Écrire un poème après une longue attente,
Est un plaisir, un soulagement.
Il ne faut pas que des mots qui ne demandent
Qu’à vivre les uns à côté des autres soient laissé
Dans le pur imaginaire invisible de l’homme,
Que l’ensemble soit voilé par une lampe hasardeuse,
Et qu’un contretemps hostile efface une lancée poétique.
Nous devons discuter, venir, revenir et tourner
Sur les thèmes savants chers à notre pensée.
Nous devons poursuivre notre recherche intérieure
Pour contrecarrer cette irréversible fatalité du temps.
Le vieillissement, la décrépitude du corps est sagesse,
Écrit Yeats. Jeunesse passe, et semble l’ignorer...
272
Aigreurs
J’avance constellé d’évidences
Une vieille femme littéraire m’indique le chemin
Une personne respectable, transparente et pure
Pourtant je rêve, j’idéalise le corps de la beauté
Sur le feu du plaisir, pour l’orgasme éblouissant
Je pense à la douleur que j’ai subie
Que je subis encore, et la rage m’envahit
Comme un immense éclair
Un flot d’images claires explose dans l’ombre
Qui se nourrit d’interdits, de risques, d’audace,
- Du moins, je le prétends !
La forme du poème me trahit
Et ce philtre artistique n’est qu’une pâte grossière
De marc de café
Il n’y a nulle compensation à soulager sa peine
Telle est la voix de l’écriture, hélas !
273
L’effort
Caché, enfoui,
Subissant sa propre dérision
Essayant de s’en défaire
La raison pour certitude
Le sens exact jamais trompé,
Toujours vrai,
Avec l’esprit vaillant, prêt à agir,
À bondir, ... enfin ...
Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir,
Combiner, exploiter, utiliser autrui,
Sa substance, son génie, le dériver,
Le compresser, le condenser,
En vérité,
Travailler avec l’intelligence.
J’ai besoin d’une force
Pour que la Nuit fructifie
Pour que le Mystère s’éclaire
Je m’exalte d’une immense joie
274
L’a-vérité
J’obtiens une a-vérité qui est à côté,
Qui se conçoit dans l’âme, que l’on prend, jette,
Qu’il faut étudier. Elle peut servir, être
Une sorte de catalyseur d’intelligence, elle peut
... Si l’on veut s’en servir.
Elle ne sert pas à détruire l’autre,
Elle cherche à s’unir, à s’associer.
Grande est sa difficulté à exister, elle évolue
Dans le rêve. Elle est la reine des pensées.
L’Aveugle s’en défend, s’en glose,
Dénigre, méprise,
Le Critique poétique l’exclut
De son mécanisme cérébral,
Le lecteur ? ... Il n’y a pas de Lecteur.
275
Réflexion
J’ai cherché, prétendu en exploitant de nouvelles idées.
Suis-je âgé ? Puis-je espérer encore tirer
Quelque chose de ce piètre cerveau ?
Je dois me contenter de ce peu.
Ai-je besoin de me rassurer ? Je crains
De vivre avec des vieilleries nourries d’insignifiant.
Ai-je chevauché des allégories fantastiques
Enveloppé dans des mirages trompeurs ?
Il n’y a pas d’amertume ni de regrets,
Il y a seulement une conscience, la conscience
D’être un homme, avec sa petitesse, sa faiblesse,
Son néant.
276
L’image
L’image n’est jamais achevée,
Elle s’adapte à toute forme d’intelligence
Chacun la reçoit, l’interprète à sa guise
Son origine n’est pas dans la pureté de l’esprit
Elle n’est qu’un principe associatif, combinatoire
Niche en A avec Niche en B,
Variables d’éléments de A avec
Variables d’éléments de B
Éléments de A dérivés
Éléments de B dérivés
277
Ce serait
Ce serait une prose versifiée assez souple
Pour se lire aisément, assez structurée
Pour que l’on puisse y déceler le rythme et les accents.
Cela ne viendrait pas de l’âme, de l’insouciance,
De la légèreté d’aile, cela aurait pour origine
La raison qui associée à la conscience
Produit une pensée sereine, maîtrisée, apte.
Il faut que des éléments subtils ou grossiers,
Composés de combinaisons de mots s’associent,
Je dirai, s’organisent de manière harmonieuse
Pour offrir un effet satisfaisant à l’oeil critique.
Sera-ce de la réflexion, une pensée nouvelle,
Associant quelques extravagances à de la folie poétique ?
J’ai besoin de savoir et de poursuivre.
278
Ont bondi
Ont bondi les images fades, inutiles et stupides
Qu’il fallait unir les unes aux autres
Dans un ballet littéraire ou poétique
Ce que le poète dédaigne
Ce qui résonne dans sa nuit
Est insignifiance d’homme
Il faut fabriquer de l’imaginaire
Par l’invisible, par l’impensable
Il faut
Recréer cette lune millénaire
Son halo d’or brillant
Célébrer l’idéal de l’étoile
L’esprit doit concevoir
Sans victoire, sans marbre
Rempli d’amertume
279
Les amants
1
Maintenant il me faut exploiter un langage
nouveau
O ma femme sublime
J’arrache ta robe pour me draper
D’autres femmes plus humbles se nourriront des paroles
prononcées
Nous sommes dans ce pseudo-labyrinthe
Entends les pas remontés vers nos esprits
L’heure est venue où le poème se fixe
Tu es mon épouse, mon complément spirituel,
ma vérité à trouver, en toi, dans ton intelligence
Je recrée le conflit d’amour
280
2
Il me faut donc une âme prête à s’enfuir
Sur des ondes inconnues, pour des paysages lointains,
Un visage de femme douce, feuille et miroir,
Une étoffe de poète souple qu’une main de déesse
Viendrait caresser, il faut se froisser, tressaillir,
Frissonner et inventer un épiderme pour ta chair
Laiteuse, picorée de taches rousses, ô ma très belle,
J’ai besoin de ton vide sensuel à remplir
De mes doutes, de mes espoirs, de ma tendresse,
J’ai besoin de ta peau pour mourir lentement
Sous ton regard de braises.
3
À peine ouvre-t-elle son sexe,
Baille-t-elle d’une forme ovale
Je plonge dans ses muqueuses buccales et vaginales,
J’enveloppe d’un geste pensé la rondeur de ses seins
Je baise sa chair vagabonde
Je topographie du volume, des cercles,
281
Et se transforme la fille en nymphe virtuelle
Par la magie de l’intelligence
4
Sa beauté l’éternise
de plus près ses sécrétions vaginales perlent
femme pure, impure, parfaite
Toi dans les délires de la Grèce
Tunique claire que tu lavas
dans le torrent de mon inspiration
où j’ai confondu ton image
avec l’idéal du génie féminin
Encore ton visage, toi que j’idolâtre
reformant tes courbes, tes volumes
en qui vont mes délices
Pour prendre ton corps
pour baiser tes pieds
amante, par pitié,
Je suis comme un soleil qui te supplie
282
Le po
Le poème inconnu,
Illisible, inutile, à rejeter
Les lauriers de pacotilles
Le nom à oublier
La survivance du rien
La vérité de l’Au-delà
La distance, la culpabilité, l’aptitude, l’exclusion.
Cela pour se priver de frères
Pour n’être plus rien et disparaître
Dans la fontaine de l’oubli
283
La table
La table appelle l’Écriture
Le soleil semble poindre
pour une illumination intérieure
Un souffle se lève,
Les ailes s’agitent et fouettent l’air rougi
les dernières brumes s’effacent
quand d’autres vapeurs ou brouillards
s’amoncellent dans l’âme du poète
C’est une nuit d’ébène où le sang de la femme
veut se mêler à l’appel cristallin
C’est le rêve d’Icare pour idéaliser sa pensée,
une sorte de perfection impossible
L’éternel apprenti prétend encore
C’est une folie impossible
l’élan s’en retournera dans son échec
284
Conseils
Monte par le chemin inventif
après l’interminable tentative
de rassemblement, d’associations de mots
Range tes idées, tes opinions
qu’ils s’accumulent les uns près des autres
Sois enfin la pensée qui s’élève
avec l’absence de réussite à ton côté
Comporte-toi en chef de raison qui d’un
mouvement circulaire lamine toutes les pensées défectueuses,
qui efface, gomme, fait disparaître
la faiblesse et l’insignifiant
Quémande à l’Esprit supérieur de t’aider
quelque peu, invoque, implore, supplie
La voix, la voix de l’Autre,
du Dieu, - car il s’agit de prier
t’entendra peut-être
285
I
À peine ouvre-t-elle sa chair
par désir ou soupir
mon visage s’évanouit dans ses yeux
je rejette l’intelligence pour accéder
à son ventre de fille-nymphe
Je l’aide à défaire sa pudeur
Je pose l’ange sur l’extrémité de mon ongle
craignant qu’elle ne s’effarouche,
qu’elle ne s’envole
Je cherche la pureté attentive
par le détail de ses mains
par l’évidence claire de son oeil
Parviendrai-je au-delà de l’acte physique
à conserver quelque blanche émotion
sur son col de cygne, parviendrai-je ?
286
II
L’air l’envole dans ses nuées
L’élan physique entoure sa chair rose,
alourdit ses bras, s’empare de sa taille
On dispose de ses rondeurs,
s’éprend de ses hanches
Les murs, la tapisserie suintent de cette odeur de
plaisir, de désir, de muqueuses parfumées
dont les femmes sont capables
à l’orée et dans les profondeurs de leur chair
Elle resserre doucement
ses jambes, elle transforme les couleurs de la nuit
Je remplis son vide de fille évanouie
épanouie
dans l’hymne de l’orgasme
Je lui invente des ailes, elle déplace ma perspective
d’idéale endormie
Je me nourris de ses soupirs
et meurs lentement sous son regard.
287
La gloire
Je te laisse inconnu et oublié des hommes
À moitié dans l’échec à moitié dans la gloire,
Dans la gloire de toi-même, poète prétentieux
Qui n’a pas su pourtant convaincre ou charmer l’autre
Demeure au plus profond de ton caveau étroit
Éloigne-toi toujours de ce ciel indécis
Que tu as vu briller et qui s’est obscurci
Quand tu as désiré le prendre ou l’embrasser
Cet infini sans bornes te cerne et te limite
A n’adorer que toi dans ton imaginaire
Je te laisse insensé chevaucher tes murailles
D’images et de papier, de rêves enfouis,
Te permet d’accéder à la gloire irréelle
Que tes frères avant toi ont prétendu atteindre
288
Sagesse
Produisez autant de poèmes que vous pourrez
Ayez soin de votre ambition, tourmentez-vous
Accélérez le mécanisme de votre crédit
Soyez zélés pour autrui
Tous les poètes sont fous
Considérant leur propre valeur
Préparez-vous à votre sort funèbre
Dès la vingtième année de votre génie
Démontrez l’effort de votre intelligence,
Prouvez, argumentez,
Et vous irez bienheureux
Dans la tombe de votre misère
Quelle œuvre sublime pensée par vos mains !
On vous nommera, vous passerez - cela est certain
Les têtes blondes s’instruiront dans vos textes
L’éducation nationale vous fera une place de choix
Et cette statue sur la grande place,
C’est vous peut-être !
289
À moins que craignant votre Seigneur
Et vous sachant fourmi parmi les fourmis
Vous quémandiez le pardon et la miséricorde
Trop heureux de sauver votre vie ! ...
290
I
Obligation de l’homme : entre choisir
D’accomplir une vie humaine, charnelle
Remplie d’excréments, de femmes et d’enfants,
Et choisir l’hostie, l’élévation spirituelle,
La sortie hors du corps, le Christ, les Dieux
Donc : choisir et choisir
Pour quelle pureté, pour quelles ténèbres ?
Et renoncer à l’un pour jouir de l’autre
Ou se prévaloir d’accomplir, de maîtriser
Les deux règnes opposés.
Et quand l’heure de la mort tourmente l’âme
La femme, l’enfant, l’excrément disparaissent
Mais nul orgueil, nulle gloriole
Dans la demeure du ciel.
291
II
Tanguer entre ces extrêmes.
L’homme suppose, pense, suggère
Soleil, femmes, enfants,
Se mêlent, s’engendrent, se reproduisent
La nuit pénètre le jour
Le corps s’exalte quand l’esprit est en feu
C’est de la vie pour de la mort
C’est l’éternel élan
Pour les générations qui se succèdent
Tels sont les mouvements
Qui agitent l’espèce humaine.
292
L’amende honorable
Combien de littéraires zélés appartenant
À une génération de savants, de sachants,
D’experts en quotidien sont aujourd’hui tombés
Dans l’oubli le plus total ! Ils appartenaient
À des comités, à des revues, ils étaient édités
Eux-mêmes, leurs références étaient certitude.
Certains licenciés, d’autres agrégés connaissaient
Sur le doigt le latin et le grec, ils faisaient
Autorités. Ils ont ballotté de grandes choses sur le
Bout de leur langue, raillant certains, en méprisant
D’autres. Que reste-t-il de ces messieurs ? Où sont-ils ?
Sont-ils au ciel sur le banc des lecteurs ?
Ont-ils disparu comme de vieux grimoires à effacer !
N’ai-je pas blâmé à mon tour lorsque j’étais jeune,
Refusant de comprendre l’autre avec sa différence,
N’ayant nulle lucidité pour juger je critiquai toutefois ?
Que cette stupide injustice rende mon avenir meilleur,
J’ai fait amende honorable, espérant un futur, espérant.
293
Pensé autrement
C’est pensé autrement avec Syracuse
Vous n’y êtes pas c’est la manière c’est Deguy
C’est cause on prend la pente on glisse
Ses Naïades, ses sirènes en feu, la flamme
Transparente auréolée le temps de tourner
Au coin de la rue c’est le bon sens - n’est-ce pas ?
Je te congédie, cherche ailleurs cette espèce de souk
Fidèle à la modernité boutiques de luxe, de sexe
Encore pour les hommes à l’affût chair affamée
C’est conçu avec pertes avec Éléonore
Avec l’église le linge du Christ
J’ai besoin d’un endroit les agences de location
Pourtant, fidélité au passé, aux antiques
Que veut dire ce sonnet est-ce un sonnet ?
294
C’est elle
Sa beauté l’éternise
Son buste est une idole le plus près ma langue
pour lécher ses perles de sueurs le visage s’éclaire
en certitude de déesse
J’exploite encore l’image grecque ou romaine
le corps classique ses courbes sa tunique
C’est elle
295
Les frères vagabonds
Je sais leurs chevaux vagabonder dans les airs cristallins,
enveloppant de bruits sourds, leur éternelle renommée
apparaissant dans l’ombre du crépuscule,
surgissant dans l’éveil d’une aube sublimée
Ils sont le vent qu’ils inspirent, qui les inspirent
Ils transforment la nuit lourde en certitude de lumière
Certains s’évanouissent en gémissant,
d’autres soupirent et construisent d’étonnants nuages mouvants,
constamment renouvelés
Leurs élucubrations sont Vanité, Orgueil,
Gloire de soi et Rêves d’un éternel désir
O mon amour constamment cherchée, ma tête sur ta poitrine,
laisse reposer ma chevelure lourde de poèmes imaginés.
Je nourris l’heure solitaire d’exploits stupides
et regagnerai plus tard
l’antre absolu de mes frères vagabonds
296
Te lire dans la glace
Contre la puissance la pensée récidivait, insistait la vision satellitaire
emmurant un poète sylphe stupide s’essayant à des airs très anciens aux pieds
de soi-même esclave et maître critiquant, supposant enfin ! production
insignifiante l’échelle des valeurs changeait la certitude se désarticulait
Dieu l’Esprit la Vérité l’intelligence la Pléiade l’imitation
l’apprentissage le travail l’abondance la construction
l’œuvre
La femme le sexe la femme le sexe
Vitesse hallucinante couche mésentente
possibilités de luxe, de pauvreté, de rien
As-tu une seule fois pensé à te lire dans la glace ?
297
Chanson
Je ne me crois pas
Je ne me vois pas
Et j’ai oublié
Ce que je serai
À quoi ai-je passé
Mon éternité ?
À espérer
Ce qu’il m’avait promis
Ce qui m’aurait dû être conquis
298
- Qu’est-ce que rater en poésie ?
- C’est se figurer être quelque chose et n’être rien en vérité.
*
Qui étais-tu ?
Pour qui te prenais-tu ?
Que t’ont-ils dit ?
Pourquoi ne les avoir pas crus ?
Je ne pouvais pas
Je n’existais pas
Je ne te crois pas
L’histoire de tout ça,
Te reviendra
J’ai besoin de rien
Besoin d’être un saint
Un peu d’eau et de vin
Un peu d’eau et de pain
Reviens, reviens
299
Qu’est-ce écrire ?
Le poème insiste, s’arrache, veut s’extirper de ce dédale verbeux et sirupeux, il
s’active et prétend s’extraire de ce labyrinthe de l’intelligence où la créativité loin
d’être une fille splendide de l’esprit, n’est qu’une marâtre détestable et méchante
inapte à offrir les fruits sacrés du sublime...
On pénètre au-dedans pour aller au dehors. Par quel chemin ? Quelle voie ? Qui a
bien pu laisser quelques traces à suivre ? Sont-ce des encombrements, des surcharges
de l’aptitude de l’autre, de vulgaires réminiscences...
Ces désirs verbeux, ces blancs insipides entre les fragments disparates, ces silences
de ponctuation participent à l’élaboration d’un discours final ! Il y a donc intensité,
vivacité, éléments de nerfs.
S’assurer un passage, avancer çà et là, jalonner des endroits qui ont été sélectionnés
par l’intéressé. Avancer dans du rien plutôt que dans un espace, est-ce cela écrire ?
300
Il avance
Son étendue
Sa verticale
lui de biais
Pensant Descartes Pascal
Raison et sagesse de l’Esprit France
Saupoudrant cette certitude d’images, de doutes,
Il épouse une nymphe bleue
Va sur le Net
oscille entre le Français, l’Anglais et l’Espagnol
s’encombre d’une multitude de programmes
de Pléiades
C’est certain : il avance
Vibrant dans une constellation de mots
s’acclamant fabriquant un suffrage unitaire
se prétendant,...
il travaille en pur amateur sa pyrite ridicule, se fait pousser des ailes
Victoire sur soi-même
aptitude insignifiante toutefois
301
Crainte
Notre nature possède-t-elle encore quelque utilité ? Sans doute pas.
Ce buissonnement d’idées débouchera-t-il sur un ensemble cohérent pour autrui ?
L’étrange fabrication d’images avec des mots laisse le public coi, médusé
et indifférent.
Que faire ?
302
La perle froissée
Désireux de pénétrer cette inconnue
D’accéder au miroir de la mort
Au plus loin, dans la nuit, au -
Ton évidence, telle, si.
Encore, inspire-moi dans la perle froissée
Décline, sois la certitude faible
Souffle le sang, dépeins le mensonge
Ose la poussée vers l’au-delà
La mort est au ralenti de sa com
préhension. Le tunnel noir t’aspire
Vers la nuit tu exhales le suicide
Veiné de quelques alvéoles, auréoles de grâce
Creuse le précipice, pactise avec la jeunesse
La vérité est d’accéder à un futur
Mesure-toi, meurs
S’évanouir dans l’effacement
Suivre en symbiose la propagation
303
De son image, de ses vibrations
De peu à moi, à peu - à rien ?
304
1
SU :
pensée inerte - mélange, pieds, lourdeur,
accumulation de fausses vérités
de certitudes douteuses
au plus loin dans cette chose
combinant toujours
avec explications
on ne sait pourquoi
puis ton visage de beauté blême
et j’en cesse avec ma tâche
2
Les erratiques sauts d’humeur
compressant la pensée
lui infligeant d’exploser
qui y a-t-il à extraire - y a-t-il ?
(étonnante cage de résonance
305
où le Moi tremble pour l’Autre)
puis le retour stable
3
Ceci n’est pas obscur
c’est du côté de la glace
probable - sûr - en pensées poursuivies
esquissant le lointain
établissant des faisceaux de grâce
à suivre - la ligne modulée
avec effets de danseuse en fuite de mouvements
décide ce qui doit être
4
Impossibilité d’accéder
à une sensibilité extrême
Je pénètre dans des espaces sombres
et je ne puis m’orienter
Quel espoir de revenir en arrière ?
Y a-t-il une issue réelle ?
306
5
Pénétrer sa propre absurdité
c’est la nécessité d’aller au-dedans
avec contradictions, luttes, fluctuations,
rejeter son pire, aller vers son meilleur
- Quoique... le pire est parfois exploitable
de New York à Londres,
de Paris à Tokyo
et vivre, voyager, extirper, prendre,
toujours en soi, le moi-je
Oui, oscillations, giclées et petites trouées
ci
ti
os la ons
donc des actions avec sels et amertumes,
vieillissements et rides, mais que faire ?
307
6
Avec ses Ups avec ses Dows
avec ses Rises et ses espoirs
ne serait-ce qu’une réplique ?
n’y a-t-il pas progression ?
Répé titi vité répé
pourquoi pas, plus ? mieux, autrement ?
- car vous n’en êtes pas capable, me dit-on, prétend-on !
308
a
Avec ton nom qu’ils ne connaissent pas
qu’ils n’ont pas à connaître, qu’ils ne connaîtront jamais,
ton nom qui n’intéresse personne
Toi tu as essayé de te faire grossir,
tu as grossi, mais l’autre, les poètes, le public,
t’ont constamment prétendu invisible
Tu as offert tes loupes, ils ont fermé les yeux
Ce n’était pas de la haine, c’était de l’indifférence
pour quelque chose qui leur semblait inutile
b
Agite-toi, poète,
Fais valser ces pensantes d’idées
ces possibilités douteuses ou insignifiantes qui doivent
par la magie de l’écriture produire un texte.
309
Exploite ces souffles chauds venus de l’intérieur,
ces nouvelles qui semblent flotter dans l’espace de l’imaginaire
c
Sera-ce, pourquoi, est-ce encore
la filandreuse tirade de l’interdit
avec cuivres, cymbales et excès
qui remonte vers le non-sens de l’écriture
je parfume légèrement mes cadavres de poètes
dans ce charnier j’extrais ma mixture
Je vais de moi à moi, cultivé, sans nudité
Jamais je ne serai ta pensée pure
310
*
Par Aragon
Je suis assis au bord du sable
Chantant la mort et ses baisers
Je vois dans le ciel embrasé
Le vil portrait reconnaissable
De l’avenir couleur de fable
Je suis assis au bord du vent
J’entends, j’entends le bruit des ailes
De longs soupirs me parlant d’Elle
D’Elle en orages et dérivant
Nuages clairs en se courbant
Je suis assis au bord des mers
Et les murmures des naufragés
Semblent monter ou vont plonger
Au plus profond des gouffres amers
Les vrais amants s’y sont jetés
311
Je suis assis au bord du temps
Qui bat qui bat qui bat bien vite
Veut-il vraiment que tu me quittes
Mon coeur est rouge et palpitant
Je pense à toi à tout instant
312
Le couple d’ennemis
Je suis l’ennemi de tes écrits, le bel indifférent, je détruis ce que tu prétends gain,
je méprise ce que tu t’es évertué à développer. Je suis ton mal poétique, ta critique
extrême, j’assassine, j’exécute, je détruis. Combien de fois t’ai-je tué ? Depuis trop
longtemps, je te dis : non. J’arrête ton bras, je rends stérile ta substance, j’assèche, je
souffle l’aridité et je t’espère silencieux.
L’un et l’autre - toi avec moi.
Avançons !
*
Accroché à cette merveille, aspirant son essence, beauté glissante sur le dédale de
la ville
A qui pouvions-nous offrir quelque faveur ?
313
TRUST - COZ !
À partir d’un certain chiffre
Tout le monde écoute
T’as beau te dire : combien ça coûte
Ce tas d’ pognon, tu t’en empiffres
J’achète des femmes pour mon harem
Je vends des drames où j’ dis je t’aime
Le monde entier a b’soin d’argent
Y’a qu’à s’ baisser évidemment
Alors je pense à m’enrichir
On se fait chier pour s’enrichir
Pour s’enrichir ça sert à quoi
A pisser dans des chiottes nickel
C’est mon confort chez Isabelle
J’ai des idées de temps en temps
Et je les vends au plus offrant
Le plus offrant me les rachète
Échange-échange ou bien racket !
314
À partir d’un certain risque
La vie est démence
Et la mort te confisque
Ton droit à l’existence
De la vie à la mort
Tu en veux et tu mords
De la vie à la mort
Es-tu en vie tu es mort
Je suis bien né pour travailler
Et je travaille pour m’enrichir
Pour m’enrichir y’a ça qui aille
L’argent l’argent j’veux du travail
315
Ton visage
Ton visage blanc et blême,
ton visage transparent
ton invisible démarche,
car tu n’existes pas - tu es mort.
L’insuffisance
Il n’est pas besoin d’un lecteur, d’un comité
d’un éditeur, il est besoin d’une feuille pure et simple
sur laquelle je produirai ma destinée
Je dois aller outre mon insuffisance
pour y extraire la vérité intérieure
Je regarde ton visage dans mon miroir
Je pense noir sur du blanc - il n’ y a
nulle difficulté, seulement de la faiblesse
avec cet alphabet
C’est un dessin à exécuter
316
I
Reposent
insensées
encensées
dans les stances de la mémoire
se nourrissent du silence
Et quelles, elles ?
oubliées dans le puits du Moi
Agitées dans l’ombre
qui feront quelques particules dorées
à rapprocher de tes yeux
comme larme sèche
irisée de mots et d’effets
317
II
L’impubliable
de toi à moi
tourbillonne mon front
constellé de sueurs
Tout est pour l’intérieur
nul n’est lecteur, qu’importe !
318
Tranche de vie / Tranche de haine
Il ne reste que la crasse
Sors du lycée
Avant qu’on te lynche
Il faut que tu te casses...
... Casses pour apprendre à travailler
Cherche un boulot
Vainqueur, gagnant,
Puissant et fort
Dur à l’amour, fort à l’effort
Nulle promesse, nul espoir
Si l’on veut te haïr
Ca va saigner
De blues, de rock, de cafard
Ca va pleurer
Fallait pas te trahir
319
Tu vas gagner
Il te reste la petite
Qu’il faut éduquer
Pas comme ton père,
À coups de triques
Mais avec des baisers
Et il te reste Isabelle
T’as toujours besoin d’elle
Pour lécher pour aimer
Pour prendre et t’envoler
T’envoler avec ailes
Et ne plus retomber
320
Brusquement surgit
Brusquement surgit dans le ciel constellé.
Un flot de mots déverse sa substance.
Mon toit ! Quelque chose de confus, - embarras
Mélange qui provient du passé
J’exulte, me tords, me courbe, reçois
D’un au-delà imaginé une essence supérieure.
Je perçois derrière cet impossible vrai
Des solutions nouvelles qui se proposent,
Dont je dispose, j’entrouvre la rose etc.
... Qui donc se réjouira de ces poudreux pétales
Amorphes, vivants, colorés, flottant dans
L’air de cet espace, voltigeant, tourbillonnant
Pour un idéal rêvé et utopique, pour
La magie poétique à lire, à évoquer ?
321
322
L’insignifiance du don
Tu te déplaces à travers ta propre vérité.
Prétends posséder une réelle certitude. Ton but
Est de parvenir à comprendre un peu mieux
Ce qui se passe en toi, et ce que tu produis.
Un flamboiement confus délire dans le soir.
Mais bientôt au levant surgit et se dilate
Une lune d’affront, d’opprobre et d’écarlate,
Écrit Borges à la mémoire de Quevedo.
Tu regardes ta vie dans ton triste miroir.
Levant les yeux très haut, tu imploses l’Immortel
Qui n’entend et ne veut te concéder d’aumône.
Le soir tombe, te voilà tête basse cherchant
Encore quelques possibilités d’écriture poétique,
Tu comprends enfin l’insignifiance de ton don.
323
Le vrai sens
Les pensées chaudes de la nuit, les cendres d’hier
S’envolent dans le tourbillon du matin. Le front
Rouge de sueurs et de sang coagulés, l’espoir
Disparu, enfin dans les méandres de l’amertume.
Je perds pieds, chancelle et tombe enfin.
C’est bien un marais fangeux, livide et infecté
De noires créatures qui tout à coup surgissent
M’assaillent, me persécutent, encore ! C’est ça :
Ma fin désastreuse, détestable, ridicule, - la mort
Les insultes, les rejets et la honte. Je suis
Prêt à mourir, à recevoir les haleines, les lances,
La bataille, la vengeance, moi qui n’ai pu
Découvrir le vrai sens de ma vie, qui n’ai pu
Accéder au suprême intérieur jamais conquis.
324
1
L’insoupçonné, la variation sensitive
Le Moi tenant à Lui
La fragilité décomposée
en substances aléatoires
comme un cristal qui se crispe, qui cède
à l’élan
au souffle d’air
quand s’agite l’âme
quand vibre sa certitude
le front en sueurs invisible
2
Nul effet ici
pénétrer pour l’intérieur
à l’ombre des yeux
accéder au vide parfait
enfouie par l’unité du langage
325
la lettre cherche à se déployer
dans des fonds bizarres, hétéroclites,
non c’est du rien
s’y accumulent des ruines
le magma nécessaire à tout acte créatif,
puis, l’explosion !
3
Substances
inouïes
la feuille délétère,
légère
puis la trace d’encre
le silence du poète,
aller percer l’invisible,
l’indiscernable,
et pour quels satisfecit ?
encore enfouies dans le néant de l’écriture
l’imperceptible battement d’aile,....effacé
326
la couleur fascinante du mot,
le sens, l’envie
le déplacement
4
Au profond clair. Descendre encore
accroché à une chevelure de femme. Y frotter
des fragments d’étoiles. Filer le long de
la tresse pour y chercher un idéal, un interdit,
un autrement. Se saisir de signes, figurer l’image,
la soupçonner.
L’impossible est à déplacer
L’inconcevable ne peut plus même être pensé,
par le concept de l’imaginaire.
327
Ta Phèdre
Avec colère, avec violence, avec volonté
D’aller outre, de gagner, de l’emporter,
D’extraire des potentialités intellectuelles ou
Artistiques - à chacun sa mamelle ! - toi,
Tu meurs soulevant encore des apothéoses inconnues,
Nues de gloire dans ce désert tragique d’oublis !
Tu te perds dans des tourbillons d’amertumes, de sucs acides
Ou gras de certitudes comme un bourgeois à la panse
Écarlate ; tu comprends l’ultime décennie que
Tu n’as pas su perpétuer le miracle d’autrefois,
Tu agonises dans le néant de ta propre merde
Satisfait et repu, conscient, tricheur - trichant
La suppliant encore, ta Phèdre en porte-jarretelles
Incapable de faire bander ton lecteur éventuel.
328
La même résonance
Rien qu’une répétition détestable d’hier.
La même résonance, une possibilité qui ne m’appartient pas,
Que j’emprunte, que je vole à autrui.
Nulle invention, nulle création. Je m’accompagne
et espère aller autrement. Une tentative indéfinissable
dans une zone poussiéreuse à la durée tenace. Lui,
lui, il court, il s’exalte, retrouve une sorte
de nouvelle jeunesse, mais qu’obtient-il en vérité ?
Un instant de bravoure, un éclair d’écriture.
Et la certitude du peu, du Néant en soi-même.
329
Sur l’horloge qui fuit
Vers l’oubli éternel, mais que méritais-tu ?
Quelque gloire artistique de pan auréolé ?
Ta pensée prophétique s’éteint dans ton manoir,
La lune te sourit, la chevelure est blonde...
Non, ne regrette pas cet échec poétique.
Cette folle conscience aura su engendrer
Dans ton imaginaire de purs élans jouissifs.
Il y avait des glaces, des corridors, des sexes
De femmes, de l’abondance de chair, de la pensée.
Tu poussais une porte, elle se refermait
Constamment derrière toi ; tu volais, t’étirais
Sur l’aile du Néant espérant la Splendeur
Ou la beauté antique. Te voilà dépourvu,
Le rimailleur comique sur l’horloge qui fut !
330
Je m’abolis en toi
Les premières ténèbres de la vie - la certitude
Dans la conscience - le drame associé au tragique,
Je comprends - lucidité exceptionnelle de vé-
Rités - je m’attends au pire, sachant. Il faut
M’accabler, car ce passé dans ces pensées cycliques
Éternelles de retour - me dicte la raison,...
Quoi ? réellement ? L’histoire quotidienne du peu
Oui, un jour ou l’autre qui m’extrait, m’expulse de mon
Sort, - que je puisse effacer de ma mémoire
Car le temps est une aide, je vais vers l’oubli.
C’est à vous, c’est à toi aussi - pour l’envolée, est-ce
Possible ? - Je dois abolir cette vérité, a !
Ma chair, mon corps, mon visage et la charité
Effaçant le geste - je m’abolis en toi.
331
Le voile discret et la pudeur
Le clair fini dans l’imperceptible silence,
Le rêve élevé, inaccessible à l’âme.
Je perçois avec Toi dans cette permanence intime,
Je capte l’instant usuel espérant obtenir quelque écriture nouvelle.
Il est une pénombre pour que cet entretien épouse le voile discret de la pudeur.
La pensée est frôlée doucement, caressée et s’évade comme un parfum délétère
pour capter un souvenir bleu, insignifiant,
symbole effacé, mystérieux paysage invisible
de désir poétique.
332
L’homme
Le marbre, il n’en que faire ! La gloire ?
Sa vérité est ailleurs dans les bras du Fils. C’est
L’effort intellectuel qui conduit à la science,
L’assiduité à la tâche qui élève quelque peu
L’âme primaire, l’esprit amer de sa condition.
Homme, dans son tumulte et dans les fastes de
L’entreprise cérébrale, qui va cherchant, se
Répondant pour un écho perturbateur de conscience
Basse ; homme, au service de soi-même, témoin
De son aptitude, désireux de se mieux faire,
Dans la lumière et dans l’horreur de la certitude ;
Encor à se détruire, à se chérir, l’éternel
Combat, et cette continuité sans repentir,
Sans honte, excluant le péché. Les cieux rougis
De l’intérieur pour quelque clarté tamisée, les rais
De mars, les rayons de juillet, - quelle aube ?
333
Puis oublier pour injecter, intégrer de la matière
Nouvelle, éviter les redites sénilisantes,
Travailler dans l’abstrait, l’insignifiant, - ainsi.
La montée de l’homme, sa chute, ses os, sa fin,
Son néant ou sa splendide lumière future.
334
L.A.E.T.I.T.I.A.
Le hasard, non la certitude, le choix,
La loi précise des mots balancés, pesés
Avec le je doute, je fais la moue, je prends,
Je jette.
Tu y parviens... fort mal. Tu
Ca y est - c’est presque - difficile ? Paf !
Facil - Lucile - Hé ! Ouais, l’alexandrin...
Trash, Métal, Hard, tape sur le rock,
Frock, Franck, violence avec lasers d’or
Comme flammes étonnantes dans les zébrures de la
Rébellion, de l’autrement, du nouveau peut-être ?
On se coltine des roses, des parfums aériens, des
Orgasmes d’une poétesse scabreuse, inassouvie
A la jouissance étonnante - oui, moi dans l’essentiel
De l’écriture.... cherchant encore et ainsi de suite.
335
Vouloir constamment extirper le mal qui
Revient sans cesse en soi, que l’on produit
Avec sa propre substance détestable, impure,
Allumer de ses yeux l’incendie de chair
Fulminer en passions torrides - Atteindre
La limite extrême de l’impossible à écrire.
Enfin, le croire ! Ainsi du rouge, du noir,
Du blanc comme des plaques clouées sur le mur
De la vie, puis se faire dévorer par la mort qui terrorise
Mouvements de l’existence
336
La mort du Quidam
La finalité est ignorée, l’esprit se forme encore
Par cette volonté, par cet effort recommencés.
C’est la nuit tragique - au plus profond - il
Discerne mal, il pénètre, descend - qu’assemble-
T-il dans l’air brumeux ? Qu’est-ce ? L’idéal
Peut-être ? Soi ? Alors ?
Le sang - la tombe - vers la croix - les douze pieds,
Et : en terre ! Vieux granit, sans miroir, sans retour,
Sans rappel, - l’immense oubli - quelle âme ?
Quelle ? Je l’ignore -
Mais c’était quoi ? - Se connaître ? L’outil était-il
Satisfaisant, apte ? Car la science, le chiffre, la technique
Appliquée, - mais enfin, - cela n’était que peu complexe ?
C’est mieux sans doute que de mourir Quidam.
337
L’insatisfait
La pensée extraite, extirpée de la raison, que
Vaut-elle réellement ? Est-ce de la piètre
Poussière cérébrale inapte à rivaliser avec la
Substance philosophique, ne contenant aucune
Proposition utile ou intéressante ?
L’insupportable réalité poétique du médiocre, de
L’insignifiant. - Oui, ses regards interrogatifs
Tournés vers l’intérieur essaient de savoir,
De prétendre ! ...
Il cherche, il renvoie dans sa nuit.
Que renferment ces possibles ? Quelles méthodes,
Systèmes, mécanismes mentaux ?
Dans le lointain, la mutation, le dérivé
Des formations, l’acte prime, la consolidation,
La condensation, que sais-je ? Que puis-je ?
Et lui avec ses défauts, ses craintes, ses objectifs
Qui n’a pu s’assouvir, se satisfaire.
338
La pacotille
Le vol, l’injustice, la médiocrité, cette lamentable
Obtention d’un résultat poétique inférieur à un niveau
Scientifique, incapable de rivaliser, fort en dessous
Et c’est cette certitude qui constamment m’accompagne,
Cette vérité interdite à dire, qui vexe les poètes,
Parce que etc.
Et Moi, Moi avec la Vérité de l’insignifiant,
De la petitesse de pacotille,
Dans la crainte de la technique, de sa croissance
Exceptionnelle,
Moi, sachant l’exponentiel, en lisant les productions
Poétiques, les déterminant de valeur moindre
ou, effrayé, craignant, travaillant dans le secteur
De la chiure, essayant de compenser par la quantité
L’insignifiance de l’acte, me voyant péon sur
Une terre inculte, fade, ridicule,
Accompagné de gens sans compétence, des amateurs
De fin de semaine
339
Mais taisez-vous, tais-toi, ne dis rien.
Il faut poursuivre ainsi avec la conscience, la vérité
Et le 2 + 2 = 4 à côté de soi
Ils vont te rejeter. Non, c’est toi qui partiras,
Car tu as compris, tu sais... et c’est la honte.
Exact.
340
La rame
Sur la berge de l’ancienne lenteur, je ne sais rien
De leur façon, de leurs méthodes, de leur rigueur,
Je ne puis aller bien loin. Et cela paraît si faible.
Ma tête constamment cherche le signe,
Veut abolir la forme stérile et prétend
Accéder au mystère. Je persiste dans la nuit.
La tâche terminée, je recouvre le tout d’oubli.
De cet effort, je jette la souvenance
Car je prétends que le résultat est insignifiant.
Ce n’était que cela. Pourtant je prétendais pouvoir
Faire mieux ! J’avance et de chaque côté le
Désert avec cette volonté mystique d’avancer
Toutefois.
341
Volonté du progrès
Rien, seulement la conscience de sa médiocrité et la volonté utopique de vouloir
s’en sortir, comme pour accéder à quelque chose de meilleur. Vouloir plus et mieux,
car l’intelligence prétend être capable.
Rien qu’une suite insignifiante de propos qui n’intéressera personne. Mais
comment faire ? Comment ajouter sur soi, et s’estimer à une valeur autre ?
Pourquoi suis-je dans la nuit à comprendre, à vouloir paraître plus ? Jusqu’où ira
cet arrivisme de soi-même ? Pourquoi cet élan, cet effort de l’esprit ?
N’est-ce point détestable de constamment lutter avec soi-même, et de tenter de
pénétrer la potentialité de l’esprit ? Je crois peut-être que l’immense réserve de
richesse s’y trouve ? Que le lieu de production de la valeur ajoutée se situe dans le
crâne ?
Nul ne sut mieux exprimer que lui les souffrances de l’âme, les horribles
déchirements de l’esprit.
Il implore, explique, démontre, qui l’entend ? Il hurle dans sa tour d’ivoire,
méprisé, ignoré.
342
Les espaces d’écriture
Remplir le vide, noircir le blanc
Pour la pression interne
Assouvir sa force, exciter sa raison
Quand il suscite de l’action
Il pénètre des espaces d’écriture
On le prétend rassasié,
Il se nourrit encore
Dans la dimension de l’homme
Avec son temporel, que
Représente sa forme délétère ?
Fixant sa pensée avec la cendre
De ses idées, il pénètre l’inconnu
Au lointain de l’être, en soi
Par la saveur du poème à naître
343
La pensée
Elle s’élargit enfin
Dans l’espace intérieur
Elle déplace la frontière
Elle prétend savoir
Elle pousse l’inconscient
Se fortifie sur l’intuition
Active l’imperceptible
Elle est dans la durée,
Dans l’espace-temps donné à tous
Elle arrange des éléments
Préexistants, elle les modifie
A volonté et produit autre chose
Pour la spiritualité
L’intelligence, la création, etc.
Est-ce travail habituel de la pensée ?
344
Pénétrer encore
Il y a une sorte de fond
Que l’on essaie de pénétrer encore,
Plus loin, plus loin comme une extase
Sexuelle, - il faut pousser
Dans la raison, l’audace et le risque
Il y faut du travail, du travail d’homme
L’on croit apercevoir un espace autre
Le pénétrer n’est pas s’en satisfaire
Il y a toujours déception, volonté
Autre, décision nouvelle, soi
En vérité
345
Construire un homme
Rien ne permettra de l’extraire, de la faire venir,
De combiner les mots, de les rendre actifs
Les uns avec les autres. Non. Pas d’inspiration.
Donc. Autre chose. Construis un homme. De l’intérieur.
Comment se faire et avoir raison ? Est-ce méthode
Intellectuelle, pénétration scientifique ? Qu’est-ce ?
Peut-on amasser toute la science ? Accéder à
L’unification du savoir pour en tirer la vérité ?
Comprendre l’au-delà, apprendre à se sauver.
La connaissance humaine et ridicule. L’on peut comparer
Les fourmis. C’est : conclusions ?
Connaître la vie, philosopher, généraliser,
Synthétiser, réfléchir, pénétrer plus encore
346
La zébrée
Fulgurante et docile,
Obéissante et douce,
Dans les tremblements de l’imperceptible,
Dans les bruissements aléatoires de la raison.
Je te donne vie, avec obscurité, avec
Sensibilité - avec conscience et vérité.
Toi, stérile devenue femme par mon vouloir,
Je te mêle et t’emmêle dans le mystère
Et le silence. Je t’imprègne de sueurs,
Tu accèdes à mon espace qui n’est point créatif.
Vitesse, accélération et je t’emporte, toi l’inconnue
La presque-rien, l’inexistante, je produis de l’élan, je te conçois dans le Moi.
Immense, les pieds sonores, contemplant les splendeurs
D’autrefois, dans ma voûte, tu me suis,
Légère et fugace avec effleurement.
Tu es, tu n’es pas, je te fais disparaître,
T’efface, j’efface tes traces,
347
Je mémorise tes rumeurs, - toi
Pour quelle utilité à présent ? - Rien
Donc te revoilà :
Fulgurante et docile,
Obéissante et douce,
Dans les tremblements de l’imperceptible,
Dans les bruissements aléatoires de la raison.
Je referme les portes de ma conscience,
Plus personne ne peut y entrer.
348
Suite
La douleur me pénètre, je perds mon temps, j’espère qu’elle cessera, j’arrache des
larmes acides.
À l’extérieur, nul ne sait, nul ne croit - : cela est affaire poétique de pleurnicheries
et de jérémiades.
ciel.
Je me sens crucifié au milieu de cette forêt d’épines. J’écoute la grande muette, le
Je répands cette chaux vive sur mon corps pour faire disparaître mes restes, et ma
semence s’en retourne dans mon néant.
L’écorce des arbres saigne, j’y inscris mes fragments. Je fais germer de
l’amertume.
Triste et honteux comme un enfant, j’attends l’aumône divine, la conscience du
ciel, le remboursement.
C’est le vide en soi-même, la perte, l’insignifiance, la médiocrité. C’est l’habituelle
vérité qui amène la certitude.
349
Tout est perdu. On ne récupérera pas son devoir. La forêt d’épines m’aura crucifié.
On s’en retournera dans sa honte de sa misère poétique.
Un espoir ? Non. Nulle apparition, nul au-delà pour aider ou compenser. Il faut
indemniser. Qui ? Comment ?
Entends hurler le cri de l’impuissance ! Transcender mon aptitude. Permets-moi
d’atteindre... le gibet du maudit. Ha aaaa !
Et pour quel Chrême ? Quelle foudre irradiant mon espace intérieur ?
350
D’après J.P. Sartre
Une idée fondamentale de la phénoménologie
de Husserl : l’intentionnalité
L’Esprit-Araignée attire les choses dans sa toile,
Les mastique, les couvre de sa bave blanche,
Lentement les déglutit et les réduit à sa propre
Substance.
Il y a l’aliment avalé, les choses perçues
De loin, l’état de ma conscience, mon
Aptitude de perceptions.
Oui, nutrition, alimentation, assimilation,
J’agis, - je vais des choses aux idées
Des idées aux idées, - de l’idée à l’esprit.
Les résistances sont rongées, ainsi tout est
Assimilé, unifié, identifié, - la matière
Est pensée. Tout ce qui n’est pas esprit
Devient brouillard, ouate, filament.
351
En vérité, peut-on dissoudre toutes les choses
Dans la conscience ? Cet arbre-là
N’est pas de même nature que ma conscience,
Il ne peut entrer dans ma conscience
D’après Husserl.
La conscience et le monde sont donnés d’un seul coup.
Si je veux connaître, je m’éclate vers,
Je m’arrache, je file, j’atteins l’arbre,
Lui et moi, moi et lui, séparés toutefois.
Maintenant j’imagine une suite d’éclatements,
Je vais vers l’extérieur, dans la poussière
Sèche du monde, sur la rude terre,
Parmi les choses, monde indifférent, hostile,
Rétif.
“ Toute conscience est conscience de quelque chose ”,
D’après Husserl.
“ Être, c’est être-dans-le-monde ”
D’après Heidegger.
352
Exister comme conscience autre que soi, c’est
L’intentionnalité.
À la représentation de l’objet, j’y ajoute
Le sentiment.
Irai-je au Traité des passions ?
353
Le but
Et quelle potentialité dans le fait de vouloir ajouter
sur le monde, ce monde difficile, - complexe ?
Quelle force pour s’enfermer nuit et jour
afin d’y extraire la lumière ?
Cet élan, cette fonction, cette possibilité, cette constance de volonté, tous ces
ingrédients de ténacité atavique bretonne pour accéder à un but suprême de haute
poésie ?
Est-ce sensé ? Audacieux ? Est-ce folie d’évidence ?
Des flux, des élans, des incandescences, des phosphores de la pensée gonflent mon
espace intérieur et produisent des objets invisibles.
Des sortes de réminiscences, des résurgences explosent çà et là dans ce dédale
sirupeux. On veut déplacer la Mort en prétendant s’éterniser tout en sachant que
l’avenir est incertain.
354
Quelle horreur !
Chaque jour dans la poursuite de soi, dans l’enchaînement de l’écriture. Nulle voix
nouvelle. La fraîcheur de l’esprit, c’était hier. L’individu se veut clair, construction
épurée, simplifiée, à offrir. Non, ce n’est pas étendre sa vérité, c’est plutôt avancer
avec un matériel légèrement différent, à dériver, à combiner autrement.
Voilà pourquoi j’espère, je refuse la répétitivité de l’acte, - du moins je le
prétends, car ces solutions ne sont peut-être que d’anciennes propositions déjà
exploitées.
Je vis dans le travail. Est-ce comportement poétique ? Guère d’insouciance, de
légèreté, de rêverie. Il y a volonté, production, système ego-économique de
rentabilité. Quelle horreur !
355
Poussière
Te voilà devenue une armoire bien pleine !
Tu n’étais hier encore qu’un petit tas de feuilles...
Oui, déjà vingt années ont fondu comme neige,
Et tu prétends écrire dans ton attente vaine.
Ton espérance a fui de te voir édité.
Constamment refusé, méprisé par autrui,
Tu retournes en toi-même dans ton pur labyrinthe.
C’est ici que s’achève l’utopie d’un destin,
Et ton ombre oubliée s’efface comme une trace.
Voilà pourquoi tu es un instant dans le temps,
Une poussière d’homme scrutant l’éternité.
De ton insignifiance nul ne se souviendra.
Tu seras un squelette au fond du cimetière
À moins qu’un peu plus haut Dieu ait songé à toi.
356
Laver l’impur
Une sublimation élevée s’offre dans la nuit et tente çà et là quelque lumière
fugace...
Le poète s’accuse, se reproche encore de répéter son ancien, sans créativité, son
évolution quelconque dans cette transcendance d’hier.
Il extirpe hors de soi des expériences stupides, erronées, dépassées. Il a du moins
le privilège de laver son esprit impur.
357
Sentiment de nullité
Plus faible encore dans la médiocrité de sa conscience, dans l’insignifiance de
l’acte, avec de l’incapable, du pour-soi ridicule. Tous ces élans poétiques qui ne
servent à rien.
De la pensée élémentaire dans une vérité obscurcie et des élans stériles, inutiles. De
bien maigres mystères dans un cosmos intérieur, dérisoire.
Ou rechercher la rêveuse, l’y glisser mollement dans des effets de miroirs pour
projeter l’image. C’est ça : évoquer l’espace avec des souvenirs de chair.
Non - car la conscience resurgit, plus forte encore, réelle, destructrice, dévastatrice,
certitude de pauvreté littéraire.
Sur ces restes d’écrits, plus rien ne tressaillit. Ne survivent que des larves de vers,
d’alexandrins perdus à tout jamais.
Un sentiment de nullité m’envahit, d’insignifiance poétique, de réelle faiblesse.
Il faut m’enterrer, m’oublier, me recouvrir de terre, m’effacer moi l’incapable, moi
l’inconnu.
358
Contre-ut
Je ne sais que trembler,
trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère,
de l’impalpable, du cristal,
Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.
Je ne fais que vibrer
Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe
intellectuel. Je suis devenu une vibration
Impossible, irréelle, délétère.
J’accède à une forme
de conscience épurée, translucide, je rejette
la confusion. Je reconstruis le monde avec
des concepts autres, nouveaux, interdits.
Cette passion dévorante anime, produit de l’activité.
Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation
De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort,
Je sais pertinemment que rien ne restera.
359
Des vérités bleues
1
Ainsi pendant la nuit,
Je conçois à travers le prisme des lumières,
Et je prétends posséder. Quel pouvoir ?
Des vérités bleues, claires apparaissent,
Semblent s’étendre.
Toujours très à l’intérieur.
Descendre vite ou très lentement ?
Je refuse le silence, j’agite des idées.
Encore l’éveil, l’esprit, la conscience.
Pourquoi dormir, pourquoi ?
Je crois observer d’infimes particules
Brillent devant mes yeux.
360
2
J’avance dans la pureté, l’œil ouvert
Je perçois quelque peu la lumière
L’intelligence est en éveil - conscience...
Je vois des mots, je commets une erreur.
Je les prends, les arrache, les fais tourbillonner
La phrase se déchire, nulle pensée ne s’élève.
La pureté.
Ces lettres qui s’accumulent, s’engendrent
Que l’on déplie sur un long film
Et cette encre qui a nourri la pensée,
Pour lui faire pénétrer la matière
C’est un enchevêtrement de signes à l’infini.
On lit, on trouve cela faible,
On comprend mal comment la mémoire
Peut engendrer de telles possibilités.
Cela paraît insuffisant.
361
Un tas épais de feuilles pour mourir en hiver,
Pour oublier l’absence poétique
Dont ils n’avaient que faire.
362
1
Une certitude réelle
une conscience lumineuse, éclairée, en soi
- il n’y a pas d’erreur d’homme, il faut donc condamner cette faiblesse.
Oui, être impitoyable, et rechercher le progrès.
2
Il évoquait dans ce miroir son passé
Il contemplait la tragédie de l’existence,
la damnation des tortionnaires, le sang de la cruauté,
l’horreur de la vie.
Il finira enterré ou donné aux rapaces
comme de la charpie, comme des restes de chien puant.
3
Il détestait cette conscience
sa certitude lui était en horreur
363
son abondance était un pare-feu,
une duperie cachant la vérité
car l’ensemble était faible, inutile, illisible, etc.
364
RÉSONANCES IV
365
1
Quant au livre...
Une soie dans l’élixir du temps
S’accompagne quelque peu
De frissons diaprés
Émis par mainte bouche
D’extase et de saveurs
Plaintifs en gémissements.
Et je te sais souffrir
En douces humeurs, nue
Et contente, acclamant
Par ce jeu un élan futur.
Noyé dans l’épaisse touffe
Je titille d’un bout de
Langue rosée, le diamant
De jouissance esclaffé.
366
2
Dans la nuit décadente
Tu, désirant extraire
Quelque fiole oubliée
D’un vertige mallarméen
- T’y essayant encore
Par l’ivresse de l’essence
D’hier - prétends faire
Jaillir d’un naufrage
D’épave la chevelure
Déployée en baume rare
De fille blonde en poupe
De navire, et toi-même
Ballotté, chavirant
Dans le rêve existant.
367
3
Jamais, la solitude
À deux évidemment,
Cygne bleu et plumes d’or,
D’une gloire inconnue
Et s’admirant soi-même,
Jamais, drapeau déchiré
Linge doré consacrant
Sa gloriole pour autrui
Fugace inutilité de
Poète stupide, il reste
Toi, jubilation de chair
D’orgasmes, - je plaide
Le nom de génie, tu le crois
N’est-ce pas, douce Irène ?
368
4
Tonnèrement entendu
De la prière explosive
Éclatant là-haut en
Hurlements avec furie
Et violence, - enfin
Le silence sur l’écho
De paix pour produire,
Extraire et tirer, et je
Fais jaillir l’orgasme
Poétique d’un pur sanglot
Pour déchirer le ciel
D’une plainte jouissive
Espérant l’écriture.
369
5
Car il se tire ailleurs
N’ayant pas sur leur plaine
Cela me va hormis l’y taire
Et m’exprimer quelque peu
Refusant la structure d’obus
Issance, du trois fois rien
À tirer, mes élans me lancent
Vers l’écrivain à statufier.
Ni invasion, ni menace
Ni tranchée pour se battre
Mais en soi-même évidemment
Avec vierge à la braguette
Toi adorable Kate
Ma chair et mon tourment.
370
6
Mon médiocre essai
Ne saurait, s’il vous plaît,
Atteindre les hauteurs
De vos subtiles essences.
Même en ronds de fumée,
Transports de la pensée,
Ma vile décadence
Ne peut être humée.
Par la cendre envolée
Le piètre insignifiant
En sa littérature
Qui jamais ne rature
Ici-bas en exil
Demain volera-t-il ?
371
7
Explose en ramier de couleurs
L’élan inventif et tel
Qui n’ayant su peindre les cœurs,
Ne pu suffire au bas mortel
Dans l’éphémère aptitude telle
D’un blanc cendré et cygne pur
Se mêle le battement pastel
Lancé dans le piteux Azur
Mais jamais renié en soi
En gerbes de savoirs réelles
Il méprise la simple aquarelle,
Et sa gloire au faîte du Moi
Unique, inconnue et vraie
Va au tombeau et disparaît.
372
8
L’âme enfin exilée
Si nous l’expirons
Fuit, écume envolée
Délétère et sans ronds.
J’atteste l’élévation
De la pensée égarée
Dans quelque future Sion
D’espace clair épuré.
Et bondir hors le vil
Spectacle bas de la chair
Frottant le corps en terre à terre
Par la semence du viril,
Vers le retour des génies aïeux
Y discourir en termes heureux.
373
9
Naïvement a dû
S’imprègnent de quelque saveur
La raison ivre perdue
Fixer le pur savant rêveur
Comblé de doutes, à l’ar
Tifice décadent mais tremblant
Cherchant, apeuré et hagard,
Rose livide effleurant
J’ai un sanglot qui, oui
Expire, sur mon sein, le mien
Flux d’extase évanoui
Inutile, peut-être, refrain
D’hier sans avant-garde
Oublié comme un jeu, par mégarde.
374
10
Subtil rêveur, et je prolonge
Sur quelque humeur ancienne
Nocturne évadée par mensonge
La piètre harmonie musicienne,
Nenni ! Chaque battement qui frisonne
Pour l’écriture souveraine
Frappe son air d’un coup que sonne
L’heure de la pendule d’Irène.
S’y essayant en échotier
Si cette rime te semble à l’aise
Comme un rameur en canotier
Dans ta rumeur et sans rature
Que ta pensée douce s’apaise
Sur le roulis de ta lecture.
375
11
Par la réelle médiocrité
De n’obtenir qu’insignifiance
Et honte d’écrivain,
De faiblesse sue, mais quoi ?
Quelle allure autre, décisive ?
Cette pensée soulève de
Vastes écumes en tourbillons de bile !
Mais lui, ivre d’exploits
De sciences adulées, il
Espère une saveur supérieure.
Il foudroie le passé, pense
Son devenir, et se sait nul
D’effets. La foi spirituelle,
Sera-ce le possible de demain ?
376
12
Qu’elle soit pure aux baumes
Du futur ! Que l’exil sur Chimère
Entame un avenir certain ! Qu’il
Puisse contempler en miroir une image
Autre qu’un triste reflet malade !
Méditant en soi-même sur cette
Certitude, j’ai, ta chair
Splendide pour nourrir mon baiser.
Je ne puis enivrer mes yeux contents
Trop conscient encore de la place
Exactitude de mes écrits stupides !
Mais comment ? Comment ajouter ?
Obtenir plus, avec qualité ex-
Quise d’amant, de poète,
De troubadour internaute ? Comment ?
377
13
La conscience se meurt
Dans la certitude du jeu
Intellectuel de l’écriture,
... C’est blasphème de honte,
C’est coffret de lettres
Agencées maladroite-
Ment pour un résultat de
Faiblesse ridicule !
Et rêve tristement de
Quelque espoir égaré
Dans un futur scientifique
Interdit, inaccessible
De beauté pure, d’idéales,
De formules parfaites...
378
14
Au seul désir d’y essayer
Quelques vers égarés par erreur
Sur la pureté plane et blanche
Tu vois, je noircis bêtement
Insistant, prétendant
Obtenir ce luxe incompris
D’associations douteuses
De choix, de combinaisons,
De sonorités aigres, ou harmonieuses
Je sais exploiter le précieux
Gisement, le tiers, si,
Grâce à toi, cher Stéphane
De pierreries couleur diaphane
Point ne suis diamant.
379
15
La gloire de n’être pas,
- Nul espoir de poète !
Dodeline la tête
Disant : « Hélas ! Hélas !
Je ne suis pas. »
Sur le temps immortel
Le battement d’aile de
La Renommée fuit le maudit
Tel - de la pensée, sur,
Il n’est point de laurier.
Au plus triste, encore
Nul avenir vrai
Et enfin disparaître
Dans le caveau plombé.
380
16
Dionysos
Nulles convives pour
Jouir ou élargir la joie
Avec Dionysos, et sexe,
Et vin, et femmes, et Moi
D’orgies, de coupes hautes
De lèvres couronnant le sage
Et le poète de louanges,
Pipeaux et tambourins
Servantes bondissantes et nues,
De chair offertes avec rires
Et plaisirs, - oui couronné
Partageant avec frères la gloire
De la haute lyre poétique, ainsi
Admiré dans leur sublime rang...
381
17
Est-ce orgueil, recherche
De gloire pour que l’immortelle
Pensée s’élève constamment
Au crépuscule des Dieux ?
Ou richesse morte, oubliée
Disparue dans le couloir de
La mort, dans le sépulcre
Du néant, isolé sous quelque
Marbre froid, qu’est-ce ?
Douleurs d’hier inutiles peut-être
Pour être et n’être pas !
Qui console l’inconnu, le banni
Isolé de tous à la sève
Chantante, abandonné encore ?
382
18
Rien pas même un salut
En guise de certitude
Qui signifie : Vrai, je suis
Parmi vous, frères d’écumes !
Ne pas désigner maint
Vainqueur, les « divers autrement »
Que le bloqué ne peut comprendre
S’admettant soi-même uniquement ;
Voici toute une troupe de clairs
Poètes levant la coupe, la leur
Si, certifiant : oui, nous avec gloire !
... D’un comité dérisoire,
Imbu et ridicule
Que nulle divinité ne rétribue.
383
1
Au-delà de cette mémoire, de cette parabole de certitude, - oui, par le
triomphe, pour la gloire aujourd’hui proposés dans quelque grimoire moderne
numérique encore,
je m’installe en moi-même, espérant malgré ce manque de science réelle,
accéder à l’Oeuvre. Resserré en deux piliers, de bouquins spirituels et d’herbiers
poétiques, - le moi s’achemine et avance.
Si je me compare à Toi, ô Grand Frère, je ne puis que ricaner bêtement, trop
conscient de ma pâle réalité.
2
Oui, doubler, tripler la pensée, pour la rendre profonde, inconsciente, au-delà.
Oui, s’approfondir dans son pur midi.
Soit - immense et inconnu, nourri de vues et de visions - « si nous le visitons ...
» veut se parer d’une lucidité belle, sans jardins de fleurs exhalées.
Aller par l’élan, supporter par l’Idée, accompagné de l’Antique beauté grecque
ou latine ; oui, surgir - tel d’un bond - recommencé - et grandir dans l’orgueil de sa
384
raison - si orgueil se doit ...
3
Idole de toi-même - ahuri - voici la victoire stupide et primaire de l’affreux
radoteur de vers.
Fragments et gloire, génie d’écumes, or, sang, tempête - c’est cela - repais-toi -
dors dans ce royal tombeau que nul ne vient visiter.
Oui, attarde-toi aux relents de ta propre fête. Offre une avalanche de souffles
clairs sur ton casque et prétends y secouer une cascade de fleurs de vigne
et de figuier !
385
1
Cascade, ô blonds cheveux, bondissant à l’extrême
Comme foule excessive de lanières dorées,
Je dirais : pose-toi tel un casque célèbre
Imite en sa chaleur ce généreux foyer.
Car pour te figurer, il sortirait des flammes,
Ors fustigés, soupirs, clair joyau par le feu.
Cette sainte parure qui nimbe toute femme
Enivre le poète quand il plonge ses yeux.
Ta souple nudité semble soupirer d’aise,
Alanguie et riante contemplant le foyer
Et l’exploit de beauté que cette chair apaise
S’étale bienheureuse, murmure contre mon corps
Un désir lancinant qu’il faudrait satisfaire
Pour l’extase divine d’un merveilleux effort.
386
2
Et mon âme indolente s’épuise vers ton front
Baigné de lassitude, encombré de mémoire ;
Ainsi, va s’épuisant sur cette chair domptée
Par un combat subtil de milliers de baisers,
Mais toi, indifférente et lasse, mélancolique
Apaisée et heureuse respirant l’évasion
Ton corps à l’infini s’éloigne vers ailleurs -
Vers ailleurs inconnu où flottent des vaisseaux,
Des mouchoirs ahuris qu’agitent des passants,
Des silhouettes fines en guise d’un adieu.
Invite-moi alors pour le profond naufrage
Et mes yeux amoureux s’y plongeront longtemps,
Emporte-moi là-bas au-delà des orages
Dans le luxe éternel des étés triomphants.
387
3
Splendide et solitaire, je l’imagine tel
Apte à se sublimer lui génie en démence
Accédant au fatal triomphe de maint poète
Offrant sa coupe vide d’élixirs envolés.
Car il sait se suffire de sa superbe estime
Prétendant en soi-même connaître un incompris.
Il construit pour sa gloire les portes d’un tombeau
Et triomphe en absent s’accordant nulle fête.
Il méprise l’orgueil exhalé par les hommes.
Le rite est de produire par l’immense puissance
Décidée par les Dieux, - il est humble et honteux.
Conscient de la Force qui anime l’espace
De l’étendue sans fin qu’Il a su conquérir,
Il veut le supplier et toujours le chérir.
388
4
Constamment, à tes heures, et sans nulle fatigue,
En exploitant encore la vétusté d’hier
La fugitive fille apparaît, disparaît
Dans l’invisible glace repolie par Stéphane
De mousseline nulle, mais nudité exquise
Et voltige et voltige en cercles et tourbillons
Pour l’antique pensée datant du dix-neuvième
Quand la course réelle se fait sur écran plat
À moins qu’un vrai mélange de cygnes et de beautés
Dans l’azur toujours clair de quelque tentative
Toutefois organise et conçoit le poëme
Avec solennité cherchant la vaine tierce
J’achève ce sonnet sans vol supérieur
Ayant irradié quelque peu mon esprit.
389
5
Oui, l’Ombre est menaçante et impose sa loi
Et veut me faire périr dans la honte funèbre
Pour n’avoir pas voulu me flatter d’un orgueil
Poétique et stupide, moi roi de la misère.
Vain luxe d’écriture, je prétends n’être pas.
Je démens tout orgueil et me crois aux ténèbres.
Je le sais que jamais quelques valeurs célèbres
N’éblouiront mes yeux en adulant ma foi.
Le néant, le lointain dans cette nuit, la mienne
Obscurcissent toujours, ma noire réalité,
Je plonge au plus profond d’un sinistre mystère,
Et je meurs oublié dans mon éternité
Cet espace inconnu où triomphe l’oubli
Est un masque macabre que nul génie n’envie.
390
6
Avec des mains très claires élevées vers les sphères
Il m’arrive de croire non sans quelque ironie
En une certitude de saint évanoui ;
De moi-même élevé, dans l’azur idéal,
Éloigné à jamais de tout vice, de tout mal
Refusant le Néant dont le démon s’honore,
Recueillant des pensées et des actes parfaits
De créatures fines comme idéalisées
Béates et célestes et de lumière blonde ...
Mais proche d’accéder à ces temps éternels
Moi défunt dans l’oubli de cette basse terre
J’agonise peut-être selon un vain décor
Et m’en irai vacant possédé par le feu
Retrouver la femelle saignante et belle et bleue.
391
7
Est-ce ou verrai-je ici l’ombre d’une beauté ?
À mes yeux tant cernés de fatigue, encore las
L’esprit noie son désir dans la forme inconnue.
Éloigne l’irréelle plongeant son clair torrent
De chevelure éparse que la lumière floue
Agite en ma faveur trompée par le mensonge ...
Car mon corps solitaire fabrique délétère
Par l’image confuse la chair à ses côtés.
Un lointain nonchaloir attire l’irréelle
De masses vaporeuses vers ma réalité
Vaine, hélas ! de blondeur et de touffe superbes.
Et ma fatale fièvre se résigne et soupire
À toujours espérer l’insaisissable essence
De flammes et de feu qu’attise le désir.
392
8
Je t’apporte un poème à la pensée saignante,
À la plume dorée sur une aile immortelle
Parfumé de nectars, et d’arômes brûlé.
Moi, je gis oublié contre ce triste hiver
Dont la morne pâleur éclaire encore hélas !
Ce front désabusé qui m’offre son ennui.
Si la mémoire frémit et se veut vagabonde
Activant l’Autrefois dans cette solitude,
Elle acclame en son sein la sombre catacombe
De poèmes défunts disparus à jamais.
M’y essayant encore, tu vois, fille à mes pieds
Ce que cette naissance m’a permis de produire.
Je lui préfère encore cette stérilité
Sibylline, idéale qui dans l’Azur s’enfuit.
393
9
Humilié, honteux dans l’ombre même, vainqueur
Inconnu des foules et, se glorifiant soi ;
Pour n’avoir pas joui d’une grandeur fugace
Dans l’assemblée des hommes ; exclus, au plus profond ;
Sans sursaut, sans tombeau et suppliant les Pères
D’honorer quelque peu l’éblouissant soleil,
Mélange de lumière et de tristes ténèbres ;
N’a pas su le génie, ô sinistre désastre
Transmettre son crédit de présent, d’avenir
Et subi le Blasphème de la Malédiction,
Vieil espoir de poète qui s’orne du Néant,
Vain triomphe futur, plongeant dans son silence ;
Ne veux-tu, ô Seigneur, couronner ton prophète
Et oindre à tout jamais ton éternelle voix ?
394
10
Inconnu, immortel et sublime en soi-même
Éclairant de ses mains un sinistre flambeau,
Serai-je en un lieu sûr, absent de leur Poème
N’ayant pu me suffire de leur piètre présence ?
Nul élu pour la fête ! L’enferme tout entier
Épuré, à l’écart, Moi le Dieu magnifique.
Car il devra chanter seulement au profond
De l’Assemblée secrète.
La triste opacité
De vos consciences sourdes incapables d’éveil,
Si j’allume un matin un fier soleil d’azur,
Ignorerait encore le triomphe réel !
Avec magnificence, prends l’orbe de satin
Et ce royal drapé dont Sagesse dispose
Et laisse au plus offrant le bas bouquet de roses.
395
11
Une voix ancienne sur un ton symbolique
Acclamant nuitamment des vestiges d’hiver
Réchauffe quelque peu les plis de la mémoire
Comme des draps rangés au fond d’une commode.
Ho ! Cet appel lointain venu des profondeurs,
Cet étrange cantique de versets implorant
Des litanies funèbres dans l’agonie du cœur.
Elle chante, oui, chante, cette magique femme
Disparue et vivante, et ombre tourmentée
Désespérée, hantée, par ses voiles défaite
Élevant des éclats de sinistres douleurs.
Suppliera-t-elle encore sa voix languissante ?
Jettera-t-elle un cri ivre d’or et d’écume
Dans l’infini du ciel désespérément sombre ?
396
1
Qu’elle soit ivre de blondeur
D’éclairs bleus, d’équilibre parfait
Qu’elle tourbillonne nue
Hors de son miroir, et voltige
Ou s’enroule dans sa robe
Pailletée d’or et de diamants ;
Que s’exaltent les parfums clairs
D’aromates chauds et lourds de
Femme qui emporte dans la nuit
L’âme chère du poète fantasque,
Amant éternel à la recherche
De l’idéal de perfection
Pour s’endormir dans la jouissance
Du spasme ou expirer content.
397
2
La solitude s’abolit
Par l’existence du Suprême
Qui octroie comme un pur
Diadème l’onction d’un maudit,
Et ce sinistre noir conflit
D’un génie luttant en Enfer
Contre ses fantômes supplie
Au Saint un plus plaisant mystère.
Au mur opaque, viens-t’y mirer
Encore je saurai l’admirer
Cet autre Dieu comme toi-même.
Selon moi, éloigne la Mort
Et chasse le sinistre sort
Tel un pitoyable blasphème.
398
3
Esprit, oui, s’enflammant par la pensée extrême
D’accéder plus encore à l’Idéal posthume
Prétendant au-delà de l’éclat diamanté
Jouir de son génie incompris de la masse.
Dans ses crises sublimes, il tempête et tempête
Et le Ciel ténébreux accède à sa supplique
Craignant de voir trembler ses voûtes et colonnes.
Ne vous semble-t-il pas qu’un excès de pouvoir
Pénalise et maudit le poète terrestre
Dont l’unique souci dans son rêve illusoire
Est auprès de ses Frères de se mieux voir paraître ?
Comme après le combat, un immortel repos
Capturant ses images lui le superbe héros
Paresseux et sublime sur le lit agonise.
399
4
Je ne veux plus jamais extirper de ton corps
Les cris agonisants, les déchirures d’extase,
Ni faire gémir ta chair dans un sublime effort
Dans le feu absolu des ors et des topazes.
Je demande à ta couche débordant de soupirs
Le bienheureux sommeil du héros triomphant.
Ta dépouille enfiévrée qui constamment conspire,
Nourrie de ses baisers, supplie en gémissant.
Le désir absolu non jamais n’agonise
Ô nymphe, nymphe en rut sur qui souffle l’Été
Comme un combat d’amants emporté vers Venise.
Ton sein, la pure offrande qu’on ne peut apaiser,
S’érecte tel un sceau rougissant et dressé
Et implore et implore le feu qui s’éternise.
400
5
Tu me reprends la place
Par ta malédiction,
Et le petit Damné
Ne dit point de bêtises ...
L’Affreux vers de terre avorté
S’éprend de ce noir commentaire
Et finira pour l’éternité
Dans le Néant ou dans l’éther.
Le papier blanc que je caresse
Crie à l’immortalité
Quand la Mort tortionnaire
S’acharne, attaque et agresse
Pour la douleur incendiaire
D’un génie à crucifier.
401
6
Le Maître admiratif est descendu pour voir,
De soi-même et d’un autre, les premiers sacrements
De l’apprenti poète gavé sur maint savoir
De chair trop délétère et de baume enivrant.
De mystère, nenni. L’avenir se décide
Dans l’au-delà pensé qu’un présent recolore.
L’on conçoit aisément que l’écrivain avide
Reproduit le connu qui toujours s’élabore.
Agitez-vous encore, ô spectres immortels !
De nard et d’ambroisie, nourrissez cet enfant
A moins qu’un désaveu, sur le sinistre autel
Sacrifie son génie au diable sous-jacent
Et que l’âme élevée en un lieu dérisoire
Se meurt à tout jamais pour ce rêve illusoire.
402
7
Le Tombeau de l’Immortel
Malgré son noir silence, le poète endeuillé
Sait extraire de ce marbre quelque éloge funèbre,
Et veut glorifier le pur génie célèbre
Que la masse d’humains avait trop oublié.
Pourtant ne voit-il pas disons que le triomphe
Amicalement a grandi dans sa croissance,
Que la sublime estime tutrice de sa naissance
Fortifie l’immortel, et en sa chair le gonfle ?
N’éclate nul orgueil sous cette vraie démence
De grandeurs et de fleurs et d’orchidées aussi.
L’esprit dans l’au-delà se conçoit et se pense,
Irradiant soi-même le sacre avec ses frères.
Dans cette certitude enfin il réussit
Et offre à tout venant la clé de son mystère.
403
8
Toi si pure et si chaste, toi délice d’un Saint
Et je songe parfois à quelque hostie vivante
Élevée et soumise telle une humble servante
A l’orbe rayonnant dont l’Église te ceint.
Te souviens-tu ? Pour moi, ce fut la certitude
De pouvoir t’observer dans l’espace temporel
Réservé à un Dieu, havre surnaturel,
Langage murmuré de la béatitude.
Ne peux-tu, s’il te plaît, prier en ma faveur
Car voilà trop longtemps que ma raison soupire.
Je délire et délire suppliant le Sauveur.
Constamment possédé par l’âme maléfique
N’en est-il pas assez de se savoir maudire,
Subissant en sa chair d’abominables piques ?
404
9
Au lecteur
Le sac
Saisis-toi de ce sac de vers et d’amertume,
O sinistre lecteur qui jamais ne voulut
Pénétrer le recueil d’humeur et de tempêtes !
Extrais la pure substance qui nourrit le génie
L’éveille et le grandit sur le sein poétique.
De nard et de lait gras, encore le fortifie !
Mais ne crois surtout pas que ces sucs printaniers
Mêlés d’ivresse rare dans une bouche pleine
Abêtissent l’esprit à le rendre impuissant.
Ne va pas lacérer au couteau le satin
Qui coule en avalanches sur des nymphes et des voiles.
Voilà pour l’affamé reliefs et festins,
Qui méprise le vin, le gosier, les étoiles ...
Et voit en ce trésor emballage de toiles.
405
10
L’antre de l’horreur
C’est dans nos vrais bouquins qu’il faut les admirer
Ces partisans de gloire, ces héros de la rime
Qui s’escriment encore à parfaire leur génie.
La gloire de n’être pas au profond de la terre
Les rejette à jamais dans l’ombre du mystère
Et toujours refusés, éternels incompris,
Ils agonisent là détestés et maudits.
Se peut-il que Là-Haut quelque tison d’espoir
Anime et flambe un peu les restes d’un poète ?
Qu’un Esprit élevé puisse prendre en piété
L’avenir pitoyable d’un sinistre inutile ?
Mais plus bas, oui plus bas dans l’antre de l’horreur
Où croupit la crapule accouplée à maint faune
Est l’ignoble inconnu dictant ses quelques vers.
406
11
Et la tristesse encore sanglotait dans mon coeur
Quand mon âme rêveuse noyée sur mainte fleur
Croyait avec espoir aux soupirs des pardons,
Croyait à l’avenir, la chair à l’abandon.
Ma rêverie aimait à voler dans l’ivresse
Quand soudain toi Marie, m’apparus tel un songe
Irréelle et légère, les pieds baignés de roses
La chevelure libre parfumée de tristesse.
Ne sais-tu pas, mon fils, qu’il faut aimer ton frère ?
Dans les nuits oubliées parfois je veux t’entendre
Et supplie le baiser sur le front le plus tendre.
Ma claire divinité, au plus pur de douceur,
Su le frisson de l’aile, extase tourmentée
Est venue t’implorer, et veuille l’apaiser.
407
12
Écrits sans
Rien à espérer de, écrits sans
À n’élever aucune coupe
Se noyer dans sa propre insolence
De rejets, d’exclusions - soi
Avec fragments, divers -
Sections, analyses - sexe -
Fonds du ciel - violences -
Je m’engage à extraire - pourquoi ?
La Nef ! La Nef ! La solitude ...
Voile - étoile - au-delà
Et prince - de quoi ? De peu
La pureté pour le poète.
L’oubli - l’envie - la mort
S’achever - oui, mourir peut-être.
408
13
Le désir
Explose femme claire dans l’élan du fantasme,
À l’assaut - éclats éphémères, éblouis
Toute chair tendre à l’extrême
Bouche bavante d’écume, d’extase
Y ont bu cent amants de fantasmes,
De folie et d’ivresse dans la chimère
De la jouissance à toujours renouveler
Agonise, agonise et consent
Au plus profond du plaisir funèbre
Trois fois dans les trouées célèbres
Je veux y dormir soupirante
Repue de grasse coulée blanche
Enivrée de liqueur
Parfum d’amante épanouie, heureuse.
409
14
Quelle soit
Quelle soit ivre aux solstices du printemps
Avec éphémère et belle nudité d’orgasmes
Sans chimère, d’extases vraies
La chair longue, le torse bombé, quelle soit
Bouche renversée avec salive de bonheur
D’extase libre, aimant, suçant, léchant
Pour la morsure de son prince nourricier
Quelle soit explosante d’ivresse, de
Diamant étouffé dans des cris de passions,
Recevant, suppliant l’audace interdite
Gémissant un nouveau départ, constamment
Assoiffée, pénétrée, comblée
De soupirs, de langueurs, de dormirs
Pour l’éternel retour du plaisir
410
15
L’univers-loupe
Non, pas la plus infime particule
De savoir, de compréhension
Dans cet univers-loupe
Crie la tentation du poète
Repu de chimères, d’ivresse et d’insouciance
Désireux de posséder la logique vraie
Avec axiomes, théorèmes et lois
Quelle folie, cet imaginaire sans
Vérités apparentes, où la confusion côtoie
L’indécis, où l’esthétique du beau
Est une constance de tangage !
Fastueux choix dans les créations d’autrui
Avec rejets, avec je, avec greats
Pour l’épanouissement cérébral du Moi
411
16
Plus, mieux
Constamment recherchant, désirant
Ce plus, ce mieux, cet autrement
Et inapte à l’atteindre ... cet
Effort de l’esprit - pourquoi ? Pourquoi ?
Une voix intérieure lance, lance :
« Encore, plus fort, toi - là-bas,
Il y a » - mais la pensée est-elle
Suivie de son écho ? ... Éclater, là-haut.
C’est cela - maigre soupir
Et la raison comprend
Que nul en vérité ne pourra atteindre
L’élixir de grâce, de spirituel,
D’idéal rationnel, scientifique
Que l’inapte poète ne saurait offrir.
412
17
En gain de solitude
Pour le résultat, pour le plus
Seul, éternellement libre, en soi
Haï d’autrui - qu’importe
Il faut extraire, comprendre, savoir
Se préparer, produire
L’homo economico poeticus
Plonge au pur couchant de l’ignorance
Tel l’oiseau-poignard assassiné
Par sa souffrance et son délire
Dans l’onde suprême et impétueuse
Pour la jouissance de l’orgasme
Pour la nudité d’Éléonore
Pour l’amour de la spéculation encore
413
1
Un axe plus loin désemparé
ainsi sommes-nous de ne pas le reprendre
déçu de la verticalité de son don
avec fenêtres se croisant et fenêtres encore
Aller au bal voisin chez Deguy
Et fuites de ligne sur le sable aride
Toi ton polyèdre amorphe, à lancer
Et Florence avec sa musique claire spacieuse
que l’on évoque sur une mémoire cristalline, elle
Faudrait-il assister à la fête libre
avec ombres et savoirs à oublier ?
pour le rayonnement de l’intérieur
414
2
Qui était coupable ? Le poète ?
Le barbare fiévreux ?
pour la quintessence et la paix spirituelle ...
Les langues se croisent, s’évadent,
se salivent l’humeur
Les convives du banquet connaissaient le coupable
Combats d’intelligence à mouche touchée
et voilà pour une égratignure !
Par charge pour l’Absent, d’avoir tort -
cent fronts contre Un !
Anneaux, bourreaux de ma lente vie,
d’analogie sans l’extase
en perspective d’un Christ en lévitation
m’attendant
415
3
lambris et cendres
Faisceaux qui tournoient
chacun à la traîne de l’autre
citrons et roses - amertumes de vie
de poésie,
et frousse et ombres - et monde du travail,
l’angoisse - la vraie !
la femme - à la tienne
les enfants - peu - un - difficile - enfant !
Mariages qui font se détester les couples
se joignent à la mairie
se détestent au lit
s’enfuient sur le dédale de la mort
lambris et cendres
416
4
Dans l’immortel de n’être pas
Fut le poète inconnu
Satisfait de son échec,
Se prétend ... ivre de soi,
De ses parfums, de ses substances, de son génie.
Qu’importe : je le sais, moi ! Piètres incapables,
inaptes d’apercevoir - oui, plus tard,
pour les générations autres, pour l’intelligence nouvelle
... Puis la mort
Quoi ? Nul éclat ? Nul trésor supérieur
d’Esprit ? C’est donc le vide, le néant ? Mais alors ?
Absence, tombe, Mallarmé, Le vierge, Ses purs ongles
Un cygne, la croisée, l’ombre, cela me va,
Éléments qui cognent dans le crâne, puis l’immense
silence avec la conscience à son paroxysme de
lucidité pour le mot tri-dimensionné : RIEN
417
5
Avec puits, plongeon, goulot de bouteille,
fuite désespérée en soi
Le barbare, l’invasion, la paix intérieure, la fièvre,
Bûcher, tortionnaires, condamnations, violences,
cruauté, honte, pourriture, chiens,
histoire lamentable, putes,
Avec franchise dis-tu - franchise
toi scribe de colombes, d’exil,
d’inconnus
veines et sirènes
Ourlet bleu, de lignes de femmes,
en perspective impossible, pour un corps interdit
418
6
Elle, en perspective de salut
Un ange la pense pour son avenir
L’amour la mort l’extase, l’absence,
que vais-je en faire ? - Pense l’ange -
Pour l’au-delà aux larges perspectives
D’une Marie sans chimère, de beauté claire ?
Femme spirituelle - insensée n’est-ce pas ?
avec imaginaire de pureté.
Tu es mon signe, l’augure de ma décision
je te vois en flammèches d’or élevées,
te suppose
Viens-t’en viens-t’en
419
7
Le mot chargé de non-sens
prête sa substance délétère
l’azur tire vers ce que je puis
s’exalte - m’obéit
j’t’y flanque un cygne tourbillonnant
dans des orgasmes d’éthers
Qui qu’en veut ?
Moi ? Vais-je tolérer ce
mélange audacieux, l’impossible association ?
tendre vers le décalage du sens pour
accéder à un nuancier - une palette de variables ?
pour l’infructueux produit inutilisable,
illisible
Alors, que faire ?
420
8
Entre les pins, entre
palpite mon ombre tourmentée
toutes les fois que la lumière s’évade
J’accours avec le vent acide et aigre
songeant à ton cheval qui m’emporte au plus loin
m’endormant doucement dans le cimetière urbain
connaissant le passage pour fuir, y accéder
prophète des solitudes - prophète
J’ai aussi :
lancées d’abeille voltigeant dans le songe aérien
qu’en faire ? Poétiser ?
421
P.A.I.
Penchée
suçante
ta Phèdre
bandante cheveux liés
brune - et les yeux suppliant Hippolyte
Hippolyte, laisse-moi te sucer la b... ?
Lui, cherchant à fuir
condamnant l’artifice, le désir.
Puis Andromaque femme perfide et rusée
glissant quelque poison rendant stérile
Hermione amante et femme de Pyrrhus
assez vicieuse à en... en fait
et toi pureté d’Iphigénie
pleurante, quémandante - sublime sacrifice
sur l’autel tu t’offres silencieuse
Toi, peut-être dans mon idéal impossible
422
*
Avec miroitements insensibles
sur la fragilité de l’épiderme
variations et décalages
visage en vibrations
à l’image dérivée
S’envolent des effets d’ombres
dans le pur néant de ma vision interne
Associée juxtaposée
pour la vibration exquise
la tige contre la tige
dans l’éphémère aux reflets cendrés et or
le spectre matinal
s’élève lentement changeant
L’âme varie, s’adapte
aux métamorphoses du jour
intègre la durée et l’instant
423
Penchée courbée dans son extrême
fleur d’idée
de semence claire
avec chevelure tressant un bouquet
et les yeux de lueurs vives écoutent
le fouetté des ailes
chacun cherche à fuir
les lignes violentes explosent
fleur, chevelure, yeux, idées
cherche à fuir
Sur sa droite
Sur la gauche
le jet flamboyant de lumière
un feu de nuées
Le diamant fuyant les souffrances
Lui ensanglanté
Vers le futur il court
son Destin l’épouse
il tourbillonne dans la consécration de soi-même
424
humilié, détruit,
au fait de sa substance
tenant au zénith de son innocence
l’épée de persécuté
Marche qui se déploie dans mon espace
sur un almanach géant
Prisonnier des distances, je sais poindre l’amertume
j’avance sous le joug de l’injustice
Distincts mêlés
puis la pensée allant
comme une rumeur du fond du Moi
les sons et les mots s’enflamment, s’exaltent
emportant la raison
et me projettent dans l’inconnaissable
Encerclé par des images poétiques
dans l’espace limité qu’il a conçu soi-même
recevant une avalanche de vapeurs, de sueurs
ensanglantées et violentes
425
il veut fuir, faire éclater cet ensemble
incohérent de mensonges - veut tournoyer
426
a
Sur la hanche de la femme
pigmentation de chair les fourmis s’activent
toi Mygale perverse t’accaparant
de la substance de l’homme
b
rien
Visage dis-tu encore apparence et mensonges de rire de
toi dans ta plaie ouverte
tu atteins ton vide sanglant
tu t’exerces tu décentres la vérité
Devant toi accroché à la torture
le gibet de la damnation
de Ta damnation
Tu baves des poèmes par la bouche remplie d’acide
Est-ce Christ ? Est-ce renégat ?
Tes yeux te poursuivent dans l’aléatoire
427
la stèle du temps se déplace constamment
Disparaissent les oiseaux hagards, cibles et poignards
Tu sais qui t’accompagne - c’est ta douleur éternelle
orageuse, haineuse, - oui, ta douleur
c
Entre nous de toi à moi sur mes lèvres
cette accumulation de lignes
pour quelle fin d’écriture ? Quel avenir ?
: Les femmes se pâment d’extase en lisant des vers
: Les songe-creux imaginent l’impossible et le vivent
d
Lacis de jambes grises
vieilleries empaillées
qui ivres balancent
à trois tournois de la renommée
chacun déployant à travers l’air
des nuées d’invraisemblances
428
donc cortège de faux, de femmes,
d’excès, de rien,
cela semble multicolore et s’éclaire
difficilement comme à l’orée d’un rêve
puis ce sont des mariages qui poussent
de tonitruants cortèges
Tout se perd dans l’imagerie loufoque :
les jambes, les vieilleries, les cortèges, et
les mariages
N’est-il pas bon de pouvoir s’en retourner à la réalité ?
e
Le corps fuyant
le corps s’enroule dans le vent du désir
le corps éclaté éblouissant d’orgasmes
il explose en idéal impossible
Lui - l’autre Christ - pendu - maudit
au gibet
et moi cherchant le vertical - le temps
429
dimensionnant mon espace malgré l’apesanteur
désireux de me parfaire, d’ajouter
de pénétrer plus encore l’amère difficulté poétique
volonté de se fortifier
f
L’œuvre ne porte pas de nom
consultant l’oracle prophétique d’avenir
littéraire incertain
conspué par la Pythie accusant
dans ce cercle achevé, tu enseignes Ta vérité
430
a
Savoir pourquoi tu m’es si difficile
avec tous ces fragments à inventer
il y a désir d’ajouter pour séduire l’écart
Je cherche la puissance, moi l’homme ...
N’est-ce pas ridicule ?
Je gravite dans ma sphère idéale
bordée d’éclairs, privé de raisons
Je m’assoie sur de l’épais
Leurs mots construisent un univers d’illusions
ce sont des mages, des faiseurs de fable
les lecteurs sont distants
J’écris pour me pénétrer
Heureux celui à qui tu puisses plaire !
431
b
Sa beauté la sacralise
idolâtrer sa chair parfaite
perle d’idéal féminin
le visage s’éclairait
Tu es composée de signaux, de carrés,
de fragments,
Tu inventes une image
c
D’âge où les vers sont des douceurs,
des ombrelles, des baisers, du délicat, de l’exquis
Par l’accusation de mots se construit
le poème, lui dis-je
Le sens fait de la tâche,
la tâche fabrique du texte
432
d
Les lignes de ta chair que j’avais empruntées
Avec le verbe aimer
J’ai suivi de ma langue
Les sinuosités de tes formes
Elles étaient claires et fines,
Subtiles et légères
Comme des méduses alanguies
Ces femmes belles épanouies
e
A la traverse dans l’existant
pour : la pénétration cérébrale
concevoir du propice
empiler des cercles sur des cercles,
savoir s’échapper
et plus loin - stèles, bornes - limites
déplacement de la fixité
de l’obéissance
de la règle
433
Un nouvel espace - sa lumière,
son horizon, ses portes
f
Dans ton espace - dis-tu
espace et imaginaire
ou créer des mondes libres de toute contingence,
est-ce possible ?
L’avenir ne se conçoit qu’avec du passé ....
Faut-il la délivrer de la raison ?
lui offrir de l’audace
du libre-accès ?
Toi toujours dans la fuite, dans l’envol
avec volonté de construire une base
déplacer la sécurité
l’exigence
la solidarité
ainsi redéfinir la rigueur
434
Accéder à
Accéder à l’épuisement sublime
éternellement seul en plénitude du Moi
Prétendre s’élever encore,
exploitant à merveille l’énergie mentale
déployée en son extrême
puis en apothéose d’agonie mourir enfin !
Sur l’ordre de sa voix produire encore
dans cet espace-risque où la pensée
se nourrit d’imaginaire
Concevoir de l’inconnu,
.... et toi tu m’es chancelante, ô nuit d’extase
accidents et faits mentaux dérivés,
combinés, extrapolés
Tu redoutes de rencontrer
tu préfères fuir sur du délétère
435
Tu erres sur des traînes infinies
qui n’ont nulle plénitude d’avenir -
la charge émotionnelle déployée n’est qu’un leurre,
qu’une variable de combinaison douteuse
L’œil se remplit pour l’intérieur
tu inventes la réponse - nulle question n’était posée
la vérité se déploie comme un arc-en-ciel
La route est certainement mensongère, mais que faire ?
En cesser là ? Poursuivre toutefois ?
Déplace les distances - et insiste encore.
Y aurait-il un lieu ? - Marcher ! Errer !
Est-ce aventure de poète ?
pénètre
Va, rampe, progresse, - jamais renoncer -
Nulle halte, nul arrêt, décampe, toi, l’incertain !
Poursuivre l’écho - l’écho de ta propre voix
oui, là, là-bas, à l’affût
436
Peut-être découvriras-tu ce que
tu t’étais évertué à fuir ?
Oui - toujours s’obstiner
avec aptitude et force intellectuelle mêlées
437
1
Son intelligence lui offre la fuite,
la fluidité du comportement.
Il craint l’araignée dans sa toile,
lui maigre abeille du suc douteux
Sait-il ? Déplace-t-il ?
Excuse - mille excuses !
telle est la réponse.
2
C’est encore une question de limite -
d’aptitude à aller outre.
Est-il possible d’ajouter sur soi ? N’est-ce pas
un besoin d’homme de toujours vouloir faire plus,
faire mieux ?
J’ai grande pitié de moi,
Le mensonge se complique.
438
3
Te savoir dans ton extrême
dans ta difficulté de produire
pour ta puissance à l’écart, exclus
Je t’offre ma substance pour remplir ton vide
ta surface se noircit
Ta main se froisse, tu tressailles d’extase
j’aiguise ta pensée
Qu’obtiendrons-nous ?
4
encore l’élan irrationnel qui s’évertue à
s’implanter en toi
Entends
est-ce possible ?
toujours dans ton attente d’illuminée
439
l’idée reviendra plus tard
Qui se souviendra de toi ?
assourdi en ses pensées funèbres
espaces arides où la certitude prétend circuler
Librement - librement !
5
Au commencement c’est une intention,
un fragment de perception
à associer
Le poète dit : j’invoque dans le silence
la vibration émotive ....
......... peut-être
Combinaison phonétique mal agencée avec
un matériel de mots
Certains offrent avec limpidité, lucidité
d’autres cryptent, symbolisent, font fusionner
440
des élans incompatibles
De la variation infinie
Le poème résonne
441
Définition de la pensée
Au-delà de la conscience personnelle du temps,
j’ai besoin de recherches logiques,
j’ai besoin de comprendre l’association pure
de l’élément simplifié.
Il ne s’agit pas ici de synthèse passive, car l’espace dans lequel l’élément
s’impose - est un espace conscient où le travail de l’esprit s’assume.
L’élément s’associe à l’élément. C’est un point-source, une énergie d’atome,
une lumière d’étoile dans mon ciel constellé de vie. Je dois connecter. Je dois aussi
comprendre son origine - ses parties - ses caractères.
Il n’est pas apparition, il est emplacement, chargé de mémoire, apte à
s’associer, objet scintillant, vérité en soi-même, - il contient du pur, du vécu. S’il
s’associe - il se déplace - il va vers de l’expérience, et produit un nouveau caractère
avec l’élément qu’il a conquis.
C’est une sorte de fait mental - une charge dans une niche de neurones. Oui, je
veux encore étudier son caractère.
442
De tout cela, de tous ces faits ponctuels, mentaux, qui s’associent, s’éloignent,
se connectent et s’engendrent, je sais qu’il y a la pensée.
De cette pensée, j’en tire ma certitude, ma conscience, ma réalité d’homme
existant en vérité.
443
1
Espacer - compresser
combiner - rattacher
un espace pour l’imaginaire
puis raisonner dans l’audace
il n’y a ni fuite ni envol
il y a donne nouvelle du matériel connu
il faut menacer la sécurité
défaire les solidarités matérielles
et logiques
Redéfinir le rôle de la rigueur
aller autre
2
La création pour l’impossible
pour l’interdit
en Absurdie - c’est conscience
pour fabriquer de l’image
444
Volume, élans, actions, souffles
Quels sont mes pouvoirs ? Où sont mes facultés ?
l’acte d’imagination - ce qu’il produit vient
de la mémoire activée
3
C’est ignorer le beau, l’offre poétique,
la volonté grecque et latine
est-ce pour l’intérieur, pour l’espace-soi ?
Faut-il rendre absent le monde ?
est-ce possible, d’ailleurs ?
Je gère ma fuite, ou construis ma maison
Je doute au fond du puits
Si je constate l’intelligence de l’autre,
je la veux en alliance
C’est une volonté d’accumuler du poème pour l’avenir
445
4
Le choix sensible
la perception vibratoire
j’interroge l’espace-mémoire
espérant y concevoir des connexions de qualité
446
Recherche
Réfléchissons : il doit bien y avoir
une perception émotive plus fine, plus subtile
comme un fragment d’onde sensibilisée
possédant un spectre compressé de propriétés inconnues,
mêlées, mélangées peut-être
difficiles à dissocier
réelles toutefois
N’est-ce pas dans cet espace de vérités filantes
que le poète doit composer, connecter, redéfinir,
extraire, rejeter, prendre, associer, enfin agir
Capter n’est pas suffisant - il faut fragmenter,
symboliser, fusionner.
447
Mémoire et Temps
1
La conscience compressée du temps trompeuse,
mensongère, excavée, avec choix,
avec rejets, avec refus, avec mensonge
de faiblesse - cette étrange constitution de l’esprit !
Une corbeille, une armoire à tiroirs
avec papier jauni, clés oubliées, rangement certain,
etc.
Ou j’imagine un horizon jalonné d’années,
afin de restituer, de recomposer ce qui a été compressé,
je vois, j’entrevois, je retrouve.
C’est un passé déterminé, non pas conçu de vides,
mais possédant de la mémoire douteuse peut-être mais
de la mémoire toutefois
448
2
Il y a un entonnoir gigantesque dans lequel le présent plonge dans le passé.
Ceci est une chute sans fin, libre, infinie, constante, fuyante.
L’homme a conscience de sa fuite, de son absorption par le Néant, et c’est acte
de non-croyance.
449
1
La perception, je la veux songeuse
au bord du désespoir
pour extraire l’impossible
Les mains tremblantes pour la grande respiration
l’élan, le retour,
le calme et les battements du sang
le cri dans les veines
l’écho dans les tempes
Mais soudain le blocage,
Pourtant j’accomplissais un parcours dans la mémoire
2
C’est un lieu d’avenir
une structure vide à remplir
fragilité intentionnelle que je m’efforce de capter
avec conscience du néant
où tout pourrait disparaître
450
.....être et disparaître
peut-être
3
Ainsi croyais percevoir des vérités nouvelles
éblouissantes révélations
de points pigmentés dans l’aube de soi-même
Étaient-ce des pensées à saisir
dans le déchirement de l’esprit ?
Je devais percevoir, pénétrer les lignes de forces
concevoir dans le désir de vibration
4
J’activais ces points-réponses,
mes yeux au centre
j’esquivais une réponse vraie, fausse,
qu’importe !
Je passais sur du délétère
451
c’est ça : je captais
croyant à ma force
Elle ondoyait sur des feutres crissants
Les paupières clignotaient, aptes à percevoir le message
Je plongeais dans des vagues océanes,
coulais, remontais quelques poissons d’argent,
- c’étaient mes points-réponses.
5
Ces perceptions grossières,
je veux les affiner - comprendre le point
son origine, sa vérité, son association.
Je me fuis pour me retrouver
ce n’est plus la clé pour le silence,
ce n’est pas un code à composer,
c’est la puce à intégrer,
le plus petit
de l’oeil à la loupe
de la loupe au microscope
pour définir le caractère de l’apparition.
452
La conscience de l’image, sa pigmentation
ses points composés pour fabriquer la trace
l’origine de cette organisation
non pas la fonction d’apparition
mais la vérité sur le point
6
Il ne s’agit pas ici d’être spectateur
mais d’analyser les mécanismes conscient et inconscient
du Moi
Il faut donc être actif pour l’intérieur
Ne pas réduire, mais comprendre les attractivités,
les inclusions d’espaces dans les espaces
453
a
Je l’ai pensée insignifiante,
Je la faisais ondoyer au milieu dans mes cieux
la perdais désireux de trouver la réponse
l’associais, la dérivais,
la faisais bondir
je plongeais frémissant
j’aillais outre
b
Atteindre la vérité sublime
tu avançais dans la simplicité de ta raison
tu observais le puits, le chemin,
tu te déplaçais encore dans un espace
Le repère était la certitude logique
tu exploitais cette énergie
l’avancée pas à pas se voulait souveraine
Obéissant à la voix inconnue
était-ce un toi-même enfoui dans l’ombre,
454
était-ce un Dieu sublime imposant sa décision,
tu t’es risqué à l’écriture poétique
c
Tu ne sais que produire
Peux-tu prétendre que ton résultat est satisfaisant
Pour quel but véritable ? Quelle verticale ?
Bondir sur la distance Tu cherches l’extase
inconnu
Oui, pénétration et prétendre à la fabrication artificielle d’un espace
455
1
Le tu avec le moi
Pensée qui se dédouble
A l’intérieur puis le monde
Le corps cette armure
La bouche instrument de transmission
Toujours du vécu pour de l’avenir
La chair féminine,
Quelques gouttes de sperme
2
La lutte interne
Définir du complexe,
Le pénétrer,
Savoir en produire,
L’offrir et se crédibiliser
456
3
Bondissait la fumée
D’un avenir à transformer,
A faire apparaître
Dans l’ombre se concevait
Le feu. Tu offrais tes yeux
A ta conscience
Le geste intérieur
Décrivait des courbes
L’élan était pensé
Il désirait se mieux concevoir
4
Qui se souviendra de toi ?
Les cendres, le tombeau, la mort
457
5
Dehors, pour le dedans
Tu empiles de la mémoire
En strates infinies
Faiblesses, néant, inutilités
Nuages, bulles ou
Segments, droites, axiomes
Par la mathématique imaginaire
Exaltation du Moi
Toujours en egocratie
Pour rien peut-être
La fixité et l’attention
Pour la perception interne
Le sourire de l’ange
Pourtant tu n’es jamais satisfait
458
6
Plonger dans ton mystère
La nuit évoquer dans son
Miroir étincelant
Les possibilités les plus audacieuses
Puis l’aube nourrit tes yeux
Tu avales la substance invisible,
Le brouillard de vérité
Ta mort est une perception subtile
D’un avenir proche
Le noir est éblouissant de certitude,
Tu fuis dans la profondeur du néant
Tu avales ton fantôme,
Ton enveloppe te fortifie
Retrouve l’arche du présent
459
7
Le Moi en lamelles
Le je relié par le cordon d’argent
Les dés pipés du destin
La vérité en prescience
Le présent à réaliser.
La grâce, où est la grâce, si ? etc.
Tes yeux palpent
Il faut lécher, sucer la peau de l’autre
La femme en idéale de sainte
Un concept contrit en trois dimensions
Là face à Moi splendide et vrai.
Oui, je te contemple
L’avancée constante en soi
Le tremplin, le mur, le tremplin, le mur
La matière-vitesse à expliquer
La certitude qui stagne
Et ne peut se déplacer
460
L’alphabet éclaté
Le désir qui nous harcèle
8
Construisant, vidant
La corbeille de tête
Des bulles de vérités
A douter, à éclater.
D’autres bulles
L’attention des yeux
La fixité échappe,
La finalité est douteuse
Comment élaborer,
Architecture avec de l’illusion ?
L’esprit face à l’âme
La raison et le spirituel
Le savoir explose
461
En gerbes de confettis
- Reconstruire le puzzle
9
L’hallucination verbale
Le sacrifice du poète
Au fond du miroir
Soi face à Soi,
Face à l’autre
Dans la pensée équivoque
Narcissisme - ego, plato
L’écriture, la fureur
L’oeil renversé
La chair qui pend en moi
L’immense ouverture - la plongée
462
10
Le savoir la pensée les yeux
L’élan galvanisé pour produire
Ses gerbes d’ombre
Absorbe ta substance
Le fluo, pense
Limpidité, élégance du choix
De la pureté pour accéder
Au cristal.
11
La mort habille l’avenir
Tu te morfonds dans ta blessure
Toi toujours là-haut penser
Disais-tu. Que reste-t-il ?
Le temps boit ta substance
Se nourrit de ton énergie
463
12
Suis-je moi, ne suis-je pas constamment
en train de déplacer la vérité ?
Est-ce une proposition qui désigne la
certitude du moment ?
Car cette substance fuit, échappe, s’éloigne
encore quand je prétends la contrôler
La pensée m’écrase, m’inflige son joug
despotique. Elle déteste ce que j’aimerais lui
faire exécuter.
J’entends mon doute s’esclaffer, s’indigner,
m’accompagnant toutefois dans ce labyrinthe
insupportable
Je devrais être un autre.
464
B.I. 98
Fleuves impassibles ....... non, plus guidé par les haleurs
OK, criards avec cibles
Poteaux nus, naked black colors
D’accord, équipages, blés flamands, du Rubens,
Du Rembrandt, Vermeer aussi, .... puis ?
Laisse-moi aller où je veux,
Laisse-moi, - je descendis, je glisse
L’hiver, toujours l’hiver et les cervelles vides
Avec potentialité intellectuelle.
Allez outre - plus loin - là-bas
D’autres espaces, d’autres lieux, d’autres rives
Encore de la tempête, de la folie interne
De la danse à l’intérieur, - c’est ça : bondir
Ou rouler - roulé-boulé - OK rock
465
Partir avec l’eau verte d’Arthur
Du vin bleu, des vomissures, de l’ivresse,
De l’alcool, de la défonce, pourquoi pas ?
Gouverne-toi, tiens le bon cap dans la fuite
De la mer - astres, lactescent, azurs verts,
C’est - : pensif, noyé, descends.
Ou folie avec bleutés, délires, rythmes lents,
Accélérés, dingues - est-ce sexe ?
Va-et-vient ? - Avec lyres - électriques ?
Ca fermente - ça devient - des sécrétions
Vaginales. Tu bouffes - c’est bon - tu bouffes.
Donc des éclairs, des orgasmes - courants, des peuples
Des colombes - c’est pas joli, ça ?
Et voir ce que l’homme croit voir.
Voir nourri de vérités mystiques
S’illuminer - fuir sur des figements violets,
Rêver de neiges éblouies, de sèves éternelles,
De phosphores, d’éveils, d’élans purifiés
466
Heurter d’incroyables Florides, des panthères sexuelles
A peaux de chair, des femmes-lynx scandinaves
Encore de la pourriture, des gouffres de honte
Où l’on cache sa misère de poète,
Son ridicule et sa médiocrité
O soleils, ô cieux d’amour,
Quelque miséricorde ! Parfums de haine !
C’est certain - toujours à la recherche de vents
Supérieurs - ailes légères ou l’ère
Peut se déplacer.
Il y a cette femme à genoux - toutes les
Femmes à genoux - j’ai dit : toutes
Recule, recule - je suis derrière.
Ou encore : poète c’est-à-dire :
Bateau perdu, ouragan, carcasse ivre d’eau,
Hippocampes, planche folle, cieux ultramarins,
Tremblements, angoisses, solitude,
467
C’est bien dans ces nuits sans fond que tu dors
Et t’exiles, ô puissance infinie,
O vigueur inconnue
Des aubes scintillantes, des torpeurs sanglantes
Des soleils amers
Ou encore : le retour à l’enfance,
Car on ne peut jamais - non jamais
Supporter le fardeau de cette horrible vie.
Non jamais.
468
Chaude rousseur
O chaude rousseur qui fait s’éveiller les souvenirs, qui rappelle à la raison la
mémoire de jadis.
Je te revois encore Jessica, brise claire et fine enveloppée dans ta soie subtile,
nous poursuivions les ères célestes croyant y supposer quelque miracle. Oui, très
pure, dans l’autre monde, dans la substance inhabitée.
Je considère encore l’énergie de force accouplée à la puissance de la science
qui toujours s’est échappée de ma raison, que j’invoquais désespérément - dis - t’en
souviens-tu ?
Nous passions par l’avare pays de la poésie où nous étions des orphelins
maudits, détestés de l’espace mais cherchant toutefois.
469
Cieux crasseux
Ce sont encore des cieux crasseux gris métal. Des architectures audacieuses,
métalliques, montantes. Des constructions de vers translucides où viennent s’éclater,
exploser des hélicos. Plus bas atterrés et rampants des hommes et des machines dans
ces circuits, dans des artères de fourmis. Tout s’échange à vitesse grand V. Les ponts
s’abaissent ou se balancent, semblent gesticuler couverts d’automobiles. Ce sont des
mâts, des signaux, des coudes reliant d’autres rives, plus loin, là-bas.
L’eau, morte et polluée, est bleue et large.. Des paquets d’effets lumineux
semblent tomber du soleil invisible.
Ce sont des lieux de vie et la cité tourbillonne, nourrit de son quotidien
l’insignifiance de l’acte humain.
470
TRAPPED
Assez, assez, vu et vu.
L’extase, la vision.
Le soleil - le soleil, et toujours.
Connaître encore. Les élans de la vie.
Fragilité de l’être et fuites en soi-même.
Quelle origine ? Quelle finalité ?
Cherche encore.
471
H
Pour Hélène ...... sur des lacs transparents d’été. Oui, des ombres pures avec
soleils ravageurs. Oui, silence astral, immobilités bleues, - l’ardeur puissante de
l’amour et les parfums d’extases envolés.
Les cris, les rumeurs folles, les frissons, les silhouettes, les légendes infinies,
et ses yeux, et ses charmes dans l’élévation, dans le supérieur encore atteignant
l’extrême du beau pour ma conscience exaltée
472
Le fouetté des gerbes d’or
Le fouetté des gerbes d’or dans un tourbillon aérien.
Les prés s’éclairent, bondissent, atteignent d’autres vallées multicolores, et
dansent encore.
Des fleurs courent, échangent leur magique parfum. O l’ivresse ! O la nature !
Accorde encore deux attraits à ses effets enchanteurs !
Plus loin là-bas, c’est une coulée d’orage. Dans la pénombre, s’étirent des
fluides limpides et chauds. Il y a accumulation de vapeur et d’effets très curieux.
473
Mégalomane
Saint en prière, génie en lévitation, purifié accédant aux Merveilles, prophète
recevant des Dieux le message. Une vérité bien ordinaire quand on est un Christ.
Toujours à apprendre et ne sachant rien, entouré d’une muraille de livres,
cherchant en soi-même les pulsions de ses délires littéraires !
Que l’on m’enterre enfin dans ce sépulcre, au plus profond de l’être, dans
l’épaisse tiédeur du bien-être, à tout jamais.
Je conçois et produis malingrement. Je compte me refaire. Y parviendrai-je ?
474
Beauté élaborée
Beauté élaborée possédant de lumineuses jambes longues, - pureté scandinave
de femme bleu pâle dans un ciel magnétique. Des musiques tombent doucement sur
le lac-miroir. Des effets spéciaux de lumières tièdes tremblent et se déplacent de
manière curieuse. Là-bas, ce sont encore des merveilles de filles claires qui te
ressemblent éternellement, de splendides déesses pures prêtes à recevoir la perfection
du ciel.
Leur chair superbe tourbillonne et voltige. J’attends désespérément. Quoi ?
475
Pitoyable génie !
I
Pitoyable génie ! Toutes ces atroces veillées funèbres à supputer l’espoir d’un
exil poétique ! Cette volonté désespérée d’accéder à quelque chose de supérieur,
d’impossible à toucher ! Enfin il le croyait. Et moi, bêtement je l’aidais, écrivais à sa
place, prenais de grands airs d’inspiration aléatoire.
Il disait : « Encore, encore, tu es mon double et ma passion ». J’étais esclave
de sa médiocrité, j’obéissais toutefois. Je supportais ses bizarreries, ses audaces
sexuelles, ses divertissements cyniques, - il ricanait ou passait par des excès très
sérieux.
Après ces conversations poussées fort tard dans la nuit, vaguement stupides,
j’allais me coucher, repus de poèmes et de syllabes honteuses, - prétendant encore
pouvoir obtenir quelque chose de nouveau, du moins de différent.
En toute sincérité, j’insistais, - pensais, poussais sur ce hasard d’impulsions, de
combinaisons, espérant encore découvrir une méthode, un système de production, un
principe.
476
II
Il ne satisfaisait aucun désir, - il poursuivait inlassablement cette quête
impossible pour un idéal d’écriture. Il prétendait que la pénétration, que la recherche
interne permettait de déboucher sur quelque chose de réaliste, d’objectif. En vérité,
rien, - le néant.
Il croyait ! - Tout ceci était risible et insignifiant. Son effort et sa potentialité
lui offraient des perspectives d’œuvre. Donc, il croyait.
Beaucoup de femmes l’aimèrent. Il les jetait, il se savait trop pris par
soi-même pour se consacrer uniquement à l’être tendre.
Il s’instruisait dans les maîtres absolus, désireux d’y extraire quelque saveur
délétère ou idéale.
Il ne se haïssait pas mais espérait construire une capacité forte et résistante où
il pourrait évoluer en toute certitude.
477
Malédiction
Des imbéciles très résistants. A grand nombre fut donné pouvoir de torture et
de cruauté. Ils s’empressaient de mettre en œuvre leurs vices et leurs violences.
C’était du zèle de Pétain pour la botte Allemande et satanique. Des collabos d’une
cruauté inouïe éprouvant de la jouissance en donnant des coups sur un Jean Moulin.
« Tu dois souffrir », répétaient-ils dans leur immonde cynisme et je souffrais,
subissant des sévices et douleurs effrayantes.
Les yeux hagards, je suppliais, espérant qu’un Dieu, qu’une lueur inconnue
allait arrêter ce massacre. Les aiguilles invisibles s’enfonçaient plus profondément
encore dans la chair, les marques étaient à l’intérieur, inexistantes sur l’épiderme
supérieur.
Le visage déformé subissant d’atroces brûlures, je quémandais la cessation de
l’horreur. Ils frappaient de plus belle, dans leur ratonnade infernale.
Que faisait le Ciel ? Pourquoi laissait-on de tels déments accomplir de telles
atrocités ? Les yeux ensanglantés, ces sinistres démons agissaient encore.
478
Assez lu !
Assez lu ! Nulle possibilité future ne me permettra d’extraire davantage de
coups satisfaisants. Cela a été chanté sur tous les airs ! Le soleil, la nature, le mal, la
femme, et quoi encore ?
caboche !
Assez écrit ! Assez pensé ! Il n’y a plus rien d’utile à extraire de cette piètre
C’est la fuite pour une autre aventure, réaliste cette fois, et non plus illusoire !
479
Par aimantation
Tu travailles donc par aimantation, tu exploites l’autre, tu te frottes, tu l’attires
et lui prends son envol, son énergie mais de façon il n’en est point. Ta manière est
décevante, ridicule le plus souvent.
Encore cette volonté pour pénétrer plus profondément. Reconnais que tout cela
est un transfert sexuel qui arrange le principe de sublimation freudien.
480
Enfant
Enfant, j’admirais leur immense capacité à produire des livres, j’imaginais
facilement les pages s’accumulant les unes sur les autres et recomposant un cerveau
fait des lamelles de feuilles.
Je ne parvenais pas à comprendre comment le paragraphe pouvait engendrer le
paragraphe, moi qui, piètre élève en français, tirait la langue après la seconde page de
rédaction.
Je mettais cette raison sur le compte de la lecture et prétendais que la
nourriture du livre fabriquerait du zèle de stylistique.
Le travail de la mathématique paraissait plus raisonnable, plus logique dans sa
certitude et sa démonstration. Son objectivité ne pouvait être remise en cause. Tout
était clair, vrai. Il n’y avait qu’une seule vérité, le résultat à obtenir et la manière
importait peu.
481
Je m’en vais par la mort
Je m’en vais par la mort accomplir le supplice
D’être jugé enfin par les dieux sublimés.
Ai-je su bien agir ? Ai-je commis des vices ?
Ai-je su aimer l’homme comme il fallait l’aimer ?
Le temps est accompli, les images défilent.
Cette jeunesse a fui, je crois la retrouver
Et je vois tout à coup un ténébreux sourcil
Qui déjà me rappelle que tout est achevé.
Non, ne me pleurez pas, point de noirs artifices.
Abandonnez, amis, tous ces gémissements.
J’espère que là-haut l’horrible maléfice
Me laissera en paix pour dormir doucement.
482
Analyse
Je n’ai guère le souci ou la capacité de créer quoique ce soit de nouveau. Mon
esprit saturé se suffit de ses niaiseries ou de ses insignifiances. Puis-je prétendre avoir
apporté quelque chose, avoir découvert une méthode d’investigation ou de production
d’écriture ? La qualité est détestable, trop nombreux sont les éditeurs spécialistes
méprisant avec ironie le travail offert : « Comment avez-vous pu m’envoyer ces tas de
poèmes ? Je m’aperçois que vous ne connaissez pas notre maison, sinon vous
n’auriez pas même osé nous présenter vos livres ! » Ont-ils véritablement tort ? Si
leur analyse était vraie, fondée sur une raison et une expérience accumulée depuis
trente ans, que pourrais-je dire, qu’aurais-je à répliquer ? Rien, évidemment. Leur
certitude de professionnels fait foi.
Il n’y a pas d’aigreur en moi. C’est vrai : je suis exclu, marginalisé, autrement,
différent et inutile. Pourtant une immense force me pousse à produire, à extraire et à
tirer de nouvelles solutions ou combinaisons d’écriture.
Je dois aller outre, sans trop me soucier de la critique acerbe, parfois
médisante, ne possédant qu’un seul angle d’analyse et commettant de mémorables
bévues le plus souvent.
Il est vrai toutefois que si je ne parviens pas à crédibiliser ces ouvrages
aujourd’hui, alors que je suis vivant et en pleine santé physique, je n’y arriverais pas
483
mieux, moins bien encore, trépassé et encombré de lourdes mottes de terre.
Ainsi c’est le jeu, certains président des structures littéraires, s’imposant une
petite place dans un cercle réduit, quand d’autres remplis de zèle et de foi attendent
désespérément le mépris d’un regard et se meurent oubliés à tout jamais dans la fosse
de l’insignifiance.
484
Le néant du solitaire
O les énormes potentialités poétiques, confondues, perdues dans les méandres
de l’indifférence ! Qu’ai-je fait ? Me faut-il expliquer encore ? Je vous offrirai ces
richesses inouïes, ces dorures inutiles, ces aptitudes vaines ! Je possède un trésor, je
connais l’accumulation des choses délaissées et désuètes. Cette sagesse est
dédaignée. Qu’importe ! Dans mon néant de solitaire, je veux me repaître et jouir
atrocement.
485
L’abstraction
J’avale de fameuses gorgées d’imbécillités ! Je me nourris à toutes les
bouches. Je transforme tous les poèmes lus, sus, pensés, dérivés, j’agis quoi !
J’accomplis des pas dans ma conscience. C’est encore du venin et ma cervelle me
brûle.
Ce que je cherche, et j’ai la conviction que cela ne pourra guère aller bien loin,
ce que je cherche c’est une sorte d’abstraction élevée, complexe, difficile à
percevoir, peut-être impossible à comprendre, nécessitant non pas de la capacité
intellectuelle pour être intégrée, mais de la sensibilité autre, globalisante. Et pourtant
je sais que le principe phénoménologique de Husserl ne peut qu’en partie résoudre
mon problème.
486
La finalité
C’est encore ta médiocrité ! Ta faiblesse ! Les ambitions, - à rire, en vérité !
Tout cela est insignifiant. Ai-je cru une seule fois pouvoir obtenir un résultat
satisfaisant ? Je n’y croyais pas, je me voyais très nettement en dessous, inapte à
rivaliser avec les disciplines scientifiques. Quant à ce suave concert spirituel propre
aux disciplines artistiques, j’hésitais, doutais. Les recherches de l’émotion et de la
sensibilité me paraissaient certes intéressantes, mais insuffisantes dans leur finalité.
*
Par l’émotion, on accède à l’amour et par l’amour au Fils, n’est-ce pas ? Alors
qu’est-ce à dire ?
487
Le mendiant
Rien. Une grasse soirée d’écriture où coule une production détestable, repue
des lectures des anciens ! Ici le silence veut s’instruire.
C’est un goût âcre de cendres tièdes, là dans la bouche qui colle au palais.
Pourquoi s’éterniser à écrire quand l’œuvre est nulle pour autrui ?
Pour soin peut-être ! Aller encore au plus profond, prétendre y découvrir des
secrets inconnus, des combinaisons heureuses de sons, de formes et de sens. Pourquoi
pas !
Tu es un mendiant, sollicitant toutes les mains, implorant quelques aumônes
auprès de tes pères. Je veux te voir travailler, extraire par toi-même de la sublime
pensée, celle qui dort là au fond de ta cervelle. Mais en es-tu capable ? Seras-tu apte à
réorganiser, à dériver, à déplacer, à réactiver ta mémoire avec ta sensibilité
personnelle ? Sera-ce suffisant ? Le produit « nouveau » obtenu sera-t-il digne des
résultats d’autrefois ? J’en doute fortement.
488
La condamnation
Qui se prétend supérieur ? Qui se croit très fort ? Quel poète prétentieux,
certain de son aptitude, de son élévation, jure de posséder une œuvre illustre, capable
de passer à la postérité ? Tous, en vérité se nourrissent de leur propre idéal,
s’enchantent à leur propre sève et s’exaltent dans un concert d’éloges.
Qui recule, s’étonne, se répand en basses caresses honteuses, jure du contraire,
change du tout au tout ?
- Les mêmes quand enfin la vérité céleste les atteint pleinement.
Riez, esclaffez-vous, poursuivez votre ronde cynique,
- Je vous condamnerai.
489
La vocation
Je me dois aux vers. Telle est ma nature. Que je le veuille ou non, l’ordre est
d’obéir. Cette écriture n’est pour personne. Je la conserverai uniquement pour moi,
comme bien céleste remis par le Seigneur.
Je me dois au Christ. Telle est ma nature. N’ai-je pas transformé et transcrit le
livre sacré ? On me pardonnera mes erreurs. J’ai gagné la Porte, non ? Donnez-moi
mon dû. Laissez-moi entrer.
Là-haut ce ne sont que des âmes silencieuses. Il faut se taire. Telle est la Loi.
Je ne dévoilerai aucun mystère. Tout sera caché au fond du Moi comme un trésor
splendide, interdit et inaccessible.
Toi tu avais du talent. Ce que tu transmettais se comprenait aisément. Il y a
quelque chose de magique dans ton système. Ta méthode est foudroyante. L’on me
déteste, me méprise, m’ignore. Qu’importe ! Tu vois, j’ai la ténacité atavique de ma
descendance et j’insiste encore.
Je veux accumuler, produire, tirer de mon vide quelques substances
heureuses ! C’est ma passion, mon travail en vérité.
490
Phrases
Une matinée lourde d’excréments et d’horreurs nocturnes, un goût détestable
de ta chair repue près de la mienne. Quel saccage ! Quel gâchis de temps et de génie !
*
Oui, sensibles et fragiles, cassant le cristal jusqu’à l’obtention de la note
sublime. Qui cherche à se purifier ? Aériens et supérieurs. Du moins nous le
prétendons ... car en vérité ?
*
Vois je suis ta mendiante, je t’implore la rigueur, et cherche à me mieux faire.
Tu es un monstre pour moi, la représentation du savoir ! La pénétration extrême ! Je
suis dans le vil désespoir et j’espère me parfaire. Offre-moi quelques-uns de tes
déchets, je veux m’en repaître. Ca t’est égal ? Tu te ris de moi ?
*
C’est le luxe, la quiétude, le bien-être total dans la richesse absolue et la santé
parfaite. C’est l’idéal de vie terrestre avec femmes splendides, obéissantes et serviles.
C’est du Baudelaire !
C’est la purification extrême pour accéder à l’au-delà prometteur. Ce sont les
491
Houris et les boissons rafraîchissantes.
La vie, quoi !
Et le rêve s’évanouit !
492
Bornes
Bornes, - bloquées - bornes à déplacer.
Vers est la volonté de tendre, de pousser
Je marche avec l’attente
les portes que je pousse,
les marches que je monte
les pas qui descendent
Je vis ou survis sans m’arrêter
Quelle hauteur génitrice ?
Quel au-delà supérieur ?
Je fais valdinguer les quatre dimensions connues,
moi le sage - ma frontière ?
Nulle patience
Dans la nuit, avec ta marche
ou courir pour atteindre les extrémités
Cet espoir dans le lointain
constellé de galaxies, de points infiniment peu,
493
infiniment grand,
toi, dans ta quête éternelle, impossible, folle
exploitant l’émotion douloureuse,
perverse ou ambiguë
dans ton volume de rêves
494
*
Ainsi d’une méthode.
Me pénétrer.
Ce principe d’investigation cérébral.
Combinaisons brutes à purifier.
Au-dedans, plus loin, encore.
A l’envers, à l’endroit. En moi.
Au-delà de l’absurde, chercher, trouver.
Démence et rage d’écrire.
Toujours. Sans jouissance.
Pour quelle extase intellectuelle ?
495
*
Tant de nuits se ressemblent.
Je commence par marcher, marcher pour ne plus m’arrêter, ne plus
m’arrêter pour aller en Toi.
Oui, encore.
Je suis l’amant d’un poète. Continuellement, je t’obéis.
Tu penses, j’écris. Je te relis.
Attention. Évitons de commettre des erreurs. Travaillons.
Il tressaille, j’écoute.
Je vis avec son ombre.
496
*
Ta chair encore, ta chair.
Le cerveau-sexe.
Je pense, je palpe, je conçois, j’envisage.
Plus prolifique que dans le ventre de l’orgasme.
La petite mort pour la Grande Mort.
De la jouissance à la métaphysique.
J’accouche de Dieu lui-même
O sublime conscience,
aspirée par la Vérité, par l’A-vérité.
Éternelle interrogation.
497
*
Les consciences se superposent
en strates, les unes sur les autres
Une cervelle à étages
à degrés
Des voûtes, des voûtes, bleus, noires, claires
Passer de la certitude princière
à l’élévation la plus élaborée
à une perception supérieure et limpide
Accéder à la lumière suprême
Mêlez, mélangez, embrouillez-vous !
Tu es : l’Action pensive, l’esprit intensif sans invention.
498
*
Cette fois encore c’est de l’énergie pour ma misère
Profondément mon apparat qui donc es-tu ?
Que représentes-tu ?
Je t’ai su, vautour
Avec mon âme perdue dans ses gaspillages
Je me suis exilé dans des souffles
D’applaudissements
La quantité obtenue, la mort désirée,
L’écrit achevé
La complicité de l’un avec l’autre
Inquiet, insomniaque, attendant - quoi ?
Sonné, sonnant, bouche auréolée
D’orgasmes poétiques chanteurs
Ho ! Suavité enchanteresse, qu’il dit !
A lire ....... à entendre, en vérité.
499
Légèreté de style, d’audace
Poursuis encore.
500
*
Quand j’idéalise la femme, je détruis la réalité
Quand je connecte des combinaisons, je déraisonne
et j’abolis ma science
Ma pensée, ma beauté, ma rigueur
Je dégraisse la lumière quand
César Valléjo fait du miel pensé
Ensemble, qu’obtiendrons-nous ?
501
*
Nul ne sait qui je suis.
J’habite une bulle métaphysique
J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore,
Je palpe du silence.
Je broie de la Lumière, je l’accouple
avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit,
se développe, s’impose.
Qui prétend accéder à mes limites ?
Je dénonce les distances, je les déplace,
je pousse les bornes.
Suis-je seul, de Moi à Moi,
Quelle avancée ? Jusqu’où ?
Décalez-vous sur mes limites. Ajoutez,
allez plus loin.
502
*
Cette fois avec violence, énergie de haine
Obliquement en toi pour exploser
en rimes de rumeur
Je te prends, te reprends,
t’expose sur ma façade d’écriture
d’exil.
Il y a symboles, suavités d’orgasmes,
Sources, volcans, torrent impétueux
de chevelure de femme
Tu vois, je produis encore
par l’image, la mémoire, l’autre - je produis
503
*
Mer avec volumes d’oxygène, brassages d’idées, force
Tu pousses l’homme, tu l’élances et les vagues tournent et retournent l’insensé
qui apprend à penser
Conception dans les hauteurs comme une pluie éphémère qui viendrait baigner
une tête idéale
fuit
Spiritualité belle et claire qui offre ses souffles et ses tremblements au jour qui
Et ma philosophie, qu’elle vole, s’envole
sur l’érudition de la mer, craintive, pleine
d’espoirs, fixant l’avenir.
504
*
Le soleil s’étale dans ta main claire.
Il serpente parmi les sinuosités de tes doigts.
Il est le fluide invisible qui anime ta curiosité.
Je bois, je lèche, cette substance de désir au goût succulent d’avidité.
Tiédeur obscure, je cache mon visage sereinement pour comprendre.
Ô crépuscule d’or, pénètre en moi ta substance sublime - coupoles illuminées
de certitude, nourrissez-moi de vos formes parfaites.
Je sens naître l’apothéose qui fera exploser ma conscience.
505
*
Surexciter la cervelle. Fondre l’ombre. En faire couler de la lumière. Instaurer
l’écriture numérique, vraie, unique.
La poésie ? Une mauvaise manière pour qui fait de la mathématique, un
non-sens, une faiblesse, une situation en dessus - NE PAS INSISTER.
Les poètes ? Des rêveurs, inutiles, has been, à l’émotion désuète.
...... Essayait d’échapper, d’échapper encore.
- L’art populaire est bien le cinéma.
La voix dans la blessure, fausse, mensongère,
- me contemplant hurlant, suppliant,
Des yeux avec poignard en plastique - sang
et perles abondants. Est-ce trucage ?
L’image est une invention.
506
*
L’étang s’achevait dans les rumeurs interdites
L’étang clair d’idées, de mots à pécher
Le bavard - le pécheur - toi, en vérité
Il y avait cette chaude soirée d’extase
Tu y allais, en revenais, y allais
Tes plaintes, tes écritures, ta façon - détestable
De supplier, de partir, de chercher
Ta raison plongeait encore
A la recherche de quelque substance rare
507
1
La semence
L’intérieur
La durée avec de l’énergie mentale
dans l’actif - le cerveau
produire - penser - produire - essayer
ce langage.
Construire avec la confusion d’images
dans l’ombre de soi
réalités trompeuses, mensongères
en vérité - matériel de poète.
Vue et envoyée sur le papier
entrecroisements de voyelles et de consonnes
sensations magiques - esprit magnétique
il s’autorise - il risque - il prend
508
2
Battements
énergie en soi
situation de combinaisons à caramboler
Dans les synapses - la poussée
pousser du langage
pour le dehors
Nulle patience pourtant - le coup à espérer
à prendre le coup
Hiéro - le sacre de soi-même
la certitude de la valeur
Les siècles des autres poètes - des littéraires
Mon langage expiatoire - qui ? quoi ?
Écrire - ne pas dire - se taire - Écrire -
Tu assassines des mots - pourquoi ?
509
*
Je sais qui je suis
en moi jongleries littéraires
conjuguer les mots-passe
il n’y a jamais création - mais emprunts
exploitations dérivées
Je pressens le lieu à atteindre
Sont-ce des perceptions ?
éléments vibrants chargés de masse pensante
510
*
Plonge au plus profond de mes yeux d’or
Mon éternité te cherche encore
Je t’offre mes calices, mes hosties et mon vin
Tu es mon amour, ma croix tendre,
Je prophétise dans mon désert
Je donne vie à la mort. Nous nous unissons.
Déchirée, distante, ailleurs,
S’enfuit l’Inspiration
Viens Beauté sans chair, sur la nuée,
D’extases – viens-t’en t’épanouir d’orgasmes
Clairs et licencieux de plaisirs
Ainsi je suis l’Esprit qui engendre le poème,
L’homme cherchant la femme parfaite
Pour l’épuiser dans des épousailles mystiques.
511
*
Je lis César Valléjo. Il m’accompagne,
il a dans RETABLE:
des lyres en deuil,
des vaisseaux sacrés
des sorciers bleus
le suicide monotone de Dieu
De l’or absurde
J’accuse mon organisation - je prétends .....
Le puis-je réellement ?
512
*
J’échappe enfin à l’excrément, à
la puanteur funeste, j’espère m’élever, fuir
la bassesse détestable.
Je le sais : personne ne constatera mon
départ - ma fin est bien une misère de quidam
Sera-ce assez, sera-ce suffisant ?
513
*
Quelle capacité réelle avec ces volumes
en surnombre ? Tu ne peux te résoudre à n’être
que cela. Qui saurait te consoler ? Trouveras-tu
quelques substances satisfaisantes en toi ?
Tu offres aux hommes des écrits : des milliers de
feuilles multicolores encerclent les lecteurs. Étonnés
puis méprisants, cela ne saurait les intéresser.
Tu aurais toujours la certitude de te
construire une personnalité quand bien même ton œuvre
n’aurait aucun avenir.
514
*
Descends dans l’ombre au plus profond
escalier plus bas encore encore descends
Creuser dis-tu dans ce dédale
avec confusion, espaces réduits,
interdits,
bouchés
carbone sans cristal.
Nulle clarté - j’amasse de l’ombre
Ne rien voir, ne rien entendre
puis des lettres, des signes là-bas au fond
Le rouge de ton coeur,
la femme-passion - la flamme braises claires
le fleuve sang de l’amour
515
*
Bornes détestables - limites haïssables
d’interdits de blocage de liberté concise
ennemis qui me brident,
que l’on m’empêche de déplacer
Mes bases, mes sommets, mes étendues
Ces bulles religieuses de belle atmosphère,
suffis-t’en ! Suffis-t’en !
Les pas, la vitesse sur le cercle-limite
toujours tourner - toujours !
Hauteur intérieure qui espère faire exploser
ce couvercle bloquant
Je parlerai plus tard de la dimension temporelle,
principe à intégrer dans l’espace poétique mien.
516
Élévation sacrée
Lune, ornement sacrée dans la nuit noire
ou bleue
Joyau, couronne de lumière qui fait
le ciel songeur
Toi, douceur qui s’enfuit en lente parabole
de diamants
Dans cette projection fantastique d’ors et
Je contemple ma pensée mystérieuse et altière
qui se disperse dans ce flux de lumière, avec cet
orbe et cette aura.
Je crois y supposer le futur d’un idéal parfait.
517
La patience
La patience, - nulle patience
avec musique
J’avance sur les douze cristaux
par l’Esprit.
Réécrire - ressortir ce qui a été pré-pensé
Dans quelle zone du cerveau se situe ce travail ?
de tentatives
Constellé de mensonges, de recherches, de doutes,
L’on construit la suite avec le matériel antérieur,
expulsion cérébrale appliquée sur la feuille blanche
Fabriquer du sensible, connecter l’émotion d’autrui,
s’approprier l’histoire de l’autre, - mentir pour trouver
Le vouloir semble fort. Qu’obtient-il réellement ?
518
*
Nourrissez-vous de gloire. Je n’en ai nul besoin.
Je ne m’agite pas. J’aime l’indifférence.
Ceci est vérité. Comblez-vous de triomphes !
Je cherche la formule élaborée et pure
Contenant les essences des plus profonds mystères.
Assistez-moi pourtant, prêtez-moi vos ouvrages,
J’ai besoin de substances et d’auras poétiques.
Une pensée astrale s’évade dans les airs
Absurde et insensée difficile à saisir,
Impression délétère tel un oiseau qui fuit.
L’essai est transpiré. Que faut-il espérer ?
Une critique acerbe toute nourrie d’aigreurs ?
Serai-je dans l’excès ? Je travaille avec vous.
Sans vos purs exercices, qu’aurais-je su écrire ?
519
*
Une conscience de difficultés
de solitude
d’exclusion
libre mais seul
de soi à soi
à l’intérieur
la voûte
Toujours plus
il faut concevoir
Épurer la raison,
éclairer la certitude
Travail intensif
Volonté interne - désir de s’élancer
C’est donc de l’énergie mentale mise au service
de la poésie. Pour quel résultat réel ?
520
*
Descends maintenant, déclouez-le !
O mon interminable douleur, mon amour éternel,
déclouez-le !
Retourne dans ton désert - irrigue-le d’Esprit.
Vomis ta ciguë, engorge-toi d’antipoison.
Tu nous offres tes vins - déclouez-le ! vous dis-je.
Tu marches - ta chair n’est jamais morte. Nous avons
glorifié ta mort au fil des millénaires.
Elles ont tressé le deuil, les femmes nourries du
miel de chasteté.
Tes femmes, ton Dieu, ton désert, ton Esprit, tes clous,
- l’espérance de l’humanité est entre tes mains.
521
*
Douleur plaisir trois filles
âme légère le pied libre le corps voltigeant
Devant mes yeux dans le front
l’espace du mensonge
La bouche intérieure
Grâces ou Muses, qu’importe !
La parole un seul auditeur moi-même
la connaissance pour mon éternité cérébrale
J’efface les filles. Que reste-t-il devant mes yeux ?
L’intemporel, l’immuable, l’inusable
522
*
Ceci : battements, je tremble
sans colère au pied de mon soleil
embrasant l’incendie
j’agonise en moi
Puis près des ailes, filant, filant et profondeur
Pensée qui me vient
j’offre aux feuilles - quoi ?
le regard - le miroir -
Les soupirs agonisent, se meurent
je ne puis dériver le sens
Possibilité affligeante du mot !
Tu vois - je fuis encore, je tremble,
du moins je m’y essaie
Je persiste et veux combler mon mystère.
523
I
Voici, c’est du second. Non il faudrait
atteindre le troisième degré. C’est encore la
plume avec les lettres. On est loin d’une leçon
de physique expérimentale. On est loin !
A toi du signe à la feuille, de la
feuille à la page, etc. Oui, écrire, mais quoi ?
L’amour, l’immatériel, la masse, la gravitation,
la liberté de l’art ? Grimace et réfléchis,
et trash et trash, et non !
II
Muse agitée dans l’espace, Muse que
l’on espère - l’on appelle son règne - descends,
viens-t’en, ordonne au gosier chanteur au-delà
des crissements détestables - ordonne avec ce
souffle impétueux et grandiloquent.
524
III
Qui détermine la limite ? Quel horizon,
quel interdit ? Quel blocage, encore ? Et pourquoi ?
Voilà le vrai discours : il faut aller outre. Aller !
Regarder tout droit, autour, dessus, dessous - avec
l’invisible, avec la machine, avec Dieu - bien sûr.
Encore en soi, y faire une trace, trace et mémoire,
pas lunaires d’homme !
IV
Encore sa pureté. Il n’est rein
de plus difficile à atteindre. En soi, sans péché.
Des feuilles blanches d’arbre clair. Blanc, c’est
plus saint. Or et jaune pour le pape - le Vatican.
Muse, si tu entres, tu me salis. Au
paradis, peut-être, saurai-je produire avec
du parfait ? Rejeter les excréments de l’esprit.
détestable.
En moi. Nettoyer mon C : ma mémoire
525
V
Au-delà des limites
pour l’élan, pour la vie, pour l’espoir,
pour la construction interne et invisible,
Voilà la vérité !
Dans le royaume des airs ? Pourquoi pas !
De bons souffles d’oxygène. La bouche
y est meilleure. Elle y produit de doux vocables.
Dans ce monde, la pensée se conçoit. L’esprit
la comprend. Et l’image, alors ? Les amitiés vaines
que l’on appelle âmes !
526
I
Vie poétique. Pensées arrachées au quotidien
Inutile. Sentiments froissés. Subsiste encore
Une possibilité d’extase, d’évasion, d’écrit
Cela se conçoit dans le front, puis il balbutie
De sinistres paroles. Il souffle de l’air chargé
De syntaxes. Homme cherchant, poussant, éreinté
Pour un idéal utopique et impossible. Feuilles noircies.
Il déplace l’angle d’appréciation, l’analyse
Le plus souvent, est détestable. Lui fragile, écumant,
Prétendant encore, fixant d’autres certitudes.
Sont-elles siennes ? Il voit autrement. Cette hypothé-
Tique mémoire, illusoire, d’avenir. C’est bien cela :
Un chimérique clown fabriquant ses images
Stupides, et l’Histoire se rira bien de sa mémoire !
527
II
Dans ces rues, des flux de pensées circulent.
Méandres, superpositions des idées, de la sensibilité.
Cerveau accomplissant, ayant accompli encore et se ...
Cherchant à entreprendre, à reproduire, ignorant
L’ordre de l’événement. Transmettre ! Se cogner !
Pénétrer ! L’élan de l’esprit se déplace
Essayant de rendre cohérents des semblants
Délétères d’entités.
Écrit autrement : sur la page
Tu frissonnes, la pression, entrecroisements, lignes et
Figures. Tes flammèches d’idées. Plans
D’espaces, dis-tu pour construire, virgules à l’infini.
La plume se mêle à la nuit noire. La main
Prétend conserver la matière. La boue coule
Sur le papier. Que la lie soit féconde !
528
III
L’air. Bulles de mots nourris d’oxygène. Avec
Le souffle poussé chargé de sonorités et de langage.
Accumulation, masse pesante d’axiomes. Pensées
Qui se conçoivent en songes. La bouche dicte du vrai.
Où est ta pureté ? Signes noirs sur feuilles blanches.
Dans la grotte de l’alphabet avec coups, usures
Et combinaisons connues et surconnues.
Le promontoire de la grammaire rigide et vraie
Où flottent nonchalants des oiseaux libres qui
Refusent l’interdit et vont hagards s’accoupler.
Encore associer les sonnantes, les éclatantes,
Les graves - que les oiseaux dans ce paradis ou
Cet enfer de corbeaux et de chauves-souris
S’associent, s’accouplent, exultent en rimes de rumeur.
529
*
Bornes qui explosent, qui se déplacent,
Bornes fragmentées.
Ma reconsidération, ma certitude, mon espoir
d’actions. Avec bases, verticales et sommets.
Poussées et montées dans le petit, l’insignifiant.
530
*
Je n’étais que cela
Qu’une médiocrité s’essayant
A l’estime poétique
Dans la nuit macabre
J’étais stupide et faible
En dessous du suffisant
Comprenant la bêtise
D’une discipline décadente
L’outil dérisoire, faisait
Ricaner les jeunes filles
Je n’étais pas aveugle,
J’étais plein de conscience
J’analysais les traces
Laissées par la mémoire
Mieux valait se cacher
Tant la honte était grande.
531
Et je créais des mondes
Que j’aurais dû abandonner
Que j’aurais dû enterrer
Sous le marbre de l’oubli.
532
RÉSONANCES V
533
Introduction
Tu produis le jour Tu penses A quoi ?
Tu t’essaies à des solutions le plus souvent faciles
Tu n’as donc aucun mérite ceci est eau qui coule
Elle dort, elle parle Tu notes
En vérité tu sais fort bien que
cela est plus compliqué que tu ne l’écris
534
I
Jour d’ennui avec rien
Contre le mur
Le faire exploser - explo
Définir une autre ligne
Vider le texte pour le remplir
Achever Résonances IV et
Chercher le V. Quel contenu,
Quelles possibilités, quel avenir ?
Du peu avec faiblesse
Insister toutefois
535
II
Jeux stupides d’écrivain
Qui obtient du jamais
Inconsolables tentatives
Qui débouchent sur du Néant,
De la perte, du rien
Le temps nous rend aveugles
Nous sommes les perdants
III
Est-ce de l’impuissance,
De l’inaptitude ? Cette
Volonté de construire
Un espace, de l’animer
De mots et de structures,
- Ces résultats ? Sont-ce
Des échecs de la raison ?
536
IV
Des ruches, des alvéoles
Ont été élaborées, conçues
Puis remplies d’extase, de miel,
De sperme sublimé.
L’oeil décide pour
S’extraire ou échapper
De son trou noir
V
La Nature - l’invisible,
L’intérieur - mes espaces à
Comprendre, développer, poursuivre
Mes défauts, mes erreurs,
Mes certitudes. Évincer les pertes.
Comment en être certain ?
537
VI
A la recherche de l’éternel
Une Oeuvre qui se meurt
Limiter les défauts
Je me perds - je suis peu
Les idioties au quotidien
Affiner la cervelle, dévelop-
Per l’ouïe, - la perception
“ Et pour vous, quel est l’âge de
L’univers ? ” Faisons du bruit en
Compagnie.
538
VII
Le triomphe de ma bêtise
De mon insignifiance
Pont de gloire chez les Anges
Et pour quelle compagnie,
Là-haut ? Je vous le demande !
Je poursuis le Mal qui
Accomplit sa violence.
C’est donc le contenu
Avec son poison - sa
Camomille - un sac
D’ordures. Je ronchonne
Et cherche à mieux faire.
Que vaut le monde à cet instant ?
Quelle question ! Quelle utilité !
Poursuis, concentre-toi. Agis.
539
VIII
J’accède à mon futur
Du moins je le crois.
Fureur, étincelles et mots
Pourquoi pas ! Pourquoi pas !
Les pensées dans l’urne
Du devenir. La tête hésite,
Elle recolle ses déchets.
La paume tient la plume,
Situations internes.
Le front cherchant,
Le feu, la lumière.
540
IX
J’ai peur de ce contenu
Je produis du rien.
Les images de la lune,
Je devrais m’en servir !
Puis-je comprendre et
Mesurer les espaces,
Les intérieurs dans lesquels
J’évolue ?
La bombe sous le bras
Pour l’explosion. Un
Avenir éclaté, une myriade
De petits Mois dépendants
Mais autonomes.
541
C’est une série
C’est une série d’arrangements, de combinaisons, de choix
Car il faut abolir le hasard, - ou le bien tenir
Serré, sérieux ; ce sont parfois ces traces insoupçonnées,
Puériles, douteuses que l’esprit doit considérer pourtant.
Projections dans l’âme ; déplacer le sens des mots ;
L’orgasme de la poétesse en gémissant ; attributs
Et grammaire, - suivre ; faux, sembler, imiter.
L’étendue qui protège ; nulle part et absence ;
Quant à la médiocrité, - elle est toujours présente.
Mon double s’épongeant, tremblant, cachant
Les vieux rictus de l’échec. La salive âcre
Accumulée dans la bouche. Et pour quelle jouissance ?
Le Temps compresse le passé. - Le résultat est vain.
L’avenir du Moi ? - Une vulgaire inutilité, en fait.
542
Le parcours de la conscience
De nulle part. De l’éphémère insoupçonné comme
Intuition, peut-être - pas encore - substance,
Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G
De Spearman sans doute. A la recherche de
L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,
De la fusion - du risque, de l’audace - outils
D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux
Accéder aux plus belles productions de la raison.
Encore avec intelligence, et langage - y faisant
Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.
A moins que je puisse espérer l’intuition pure -
Il ne faut pas douter ! - Plus tard encore la
Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et
J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.
543
La misère poétique
Je n’étais que cela
Qu’une usure inutile de moi-même
Qui s’est efforcée de penser
La nuit dense ou claire.
Je n’étais que cela
Que pouvais-je associer ?
Vague faiblesse de l’esprit.
Pourtant toi, ardent,
Agitant sans cesse la raison,
Tu lançais des murmures
Dans la vaillance éveillée
Toi qui déchirais
La nuit, qui entendais
La voix venue des profondeurs
Tu voyais pour l’intérieur
Tu délimitais des traces
Que je m’efforçais de faire
544
Disparaître, des traces ?
Des lumières.
L’on prétendait construire des mondes,
Des espaces de vie, d’audace,
D’imagination. Qu’était-ce
En vérité ? Une misère poétique.
545
Encore des solutions
Encore des solutions à des problèmes enfantins,
Risibles - à pouffer - rien dans la pénétration.
L’Esprit cherche, - enfin ! Donc : nuages, fugacité,
Ombres, toisons bleues de femmes, jambes effilées,
Valses, pensées scabreuses, lignes de chair parfaites.
La femme. Je la veux numérique, faite de 1 et de 0
Pour ma jouissance cérébrale. Non je pense au second,
Au troisième univers. Est-ce de l’intuition ?
Et la science. Lisez, divertissez-vous ! Cela sera
Votre suffisance. Car votre capacité est vaine.
Mais des modèles de recherches, il n’en est point question.
Toi, toujours, accumule, produis, pense, - avance
Empile poème sur poème. Pour qui ? Pourquoi ?
La ligne mélodique future est encore à trouver.
546
Doubles consciences
Doubles consciences communicantes
Claires, saines et séparées
Il y a transfert d’idées, d’énergie
Pour l’intérieur - à deux - y arriverons-nous ?
Élans, volontés - actions - combinaisons
Oui, toujours.
Vérités simultanées de certitudes jumelées,
La trace - le fantôme sont derrière
Comme l’ombre et la silhouette
Mais l’ombre se dégageant de la silhouette
Peut anticiper le pas, le provoquer, - le suggérer.
547
Je fixe le phosphore
Je fixe le phosphore - l’oeil du coq veille.
Parfois dans mon désert, des fantômes d’idées
Apparaissent. C’est espoir à satisfaire. L’alphabet
- Abêtissez la substance des mots, la lettre c ...
L’oeil cligne pour le caché, l’intérieur. Le Poète
Solitaire crache l’encre sur le papier. La cervelle
Broie de la pensée brute, la malaxe, l’extirpe,
La répand comme une substance dégueulasse
De vomis, de sueurs, d’excréments, de pleurs,
- La broie. Extases, jouissances, chiottes,
- Va-t’en, tu pues. Alors je déclenche l’acte
De purification, prête sacrificateur, à l’esprit élevé,
Au savoir parfait - j’exulte des stances claires
Et belles. Le silence envahit ma bouche - je cherche.
548
Subsiste encore une recherche possible
Le murmure éternel dans les tempes. Le souffle
Qui casse le silence - des bruits indistincts
Travaillant, travaillant au plus lointain -
Jamais satisfait. La souffrance, la fracture,
Le peu, - les fibres émotives - subsiste encore
Une recherche possible, impossible, déçue.
Je réorganise le passé, y ajoutant les déchets
D’avenir. Dans d’autres circonstances, - la sensa-
Tion détestable. Comblez ce déficit, comblez.
Inlassable, désireux. Ce qu’il faut pour écrire.
Impétueux fantasme de puissance ubuesque !
Illusion d’espoir, d’Allez, de poussées, d’élans
Mentaux. Le voilà à nouveau porté, lancé
Vers l’inrêvable à atteindre. Pourquoi pas l’impossible ?
549
L’analyse - les méditations
L’analyse - les méditations - l’immortel.
J’assassine ma pensée. Une volonté singulière
Audacieuse, déconcertante, - mon essence d’homme,
Différente, messianique, - désirer autrement.
Toujours se questionnant pour se dépasser, quel projet ?
Décomposer l’âme, délaisser le corps - la chair -
Concevoir des représentations vraies, unifier les
Substances - c’est ça : se transcender, est-ce
Son choix d’être ? Quelles propriétés, quel pouvoir ?
Suis-je fatigué de moi ? Une nouvelle force. En
Serai-je capable ? - Le doute suprême du jamais
Car l’interrogation ouvre sur la conscience et le possible.
550
Le chemin de l’âme
L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience
D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité
Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -
La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.
La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?
Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,
Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !
La modification proposée pour le Christ, le dessein,
La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.
Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour... ?
La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-
Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,
De perceptions, les rapports, les constructions etc.
Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?
551
La mémoire de l’histoire
L’absence qui n’a pas été retrouvée, comment la
Saisir et où ? Est-elle perdue dans l’A-histoire ?
Mes mutations, mes essences progressives de vérité,
Parfois, moi l’homme, je m’en souviens, - je les ai inscrites...
Est-ce mon degré de conscience qui détermine ma
Volonté d’histoire, elle-même liée à une
Recherche de métaphysique ? Singe, je transmettais
Mon patrimoine génétique, du moins, homme, j’ai
Ma langue, mon sacré, mon profane, ma culture,
Un monde historisque. Je conçois l’histoire
Dans le principe évolutif de Darwin. Husserl me
Paraît impossible et Heidegger trop sectaire entre deux
États - l’avant et l’après grec. Ce que je sais :
J’ai toujours besoin du passé pour construire l’avenir.
552
L’homme et son double
L’homme et son double. Son Moi pensant, supérieur,
Transcendé, qui condamne la chair, la repense - s’élève,
Qui subit cette relation d’homme à l’être avec nécessités
De satisfaire les besoins terrestres - Lui qui s’évanouirait
Dans la transparence - qui est englobé, écrasé dans
Cette chair ténébreuse et puante ! - Oui, d’autres limites,
D’autres possibilités. Il est avec l’Autre, relation
Étrange, détestable, de dominant-dominé, de
Faible-fort-d’espoirs et de réalités. Cette bipolarité,
Cette correspondance. L’homme tend vers la Terre, quand
L’Esprit est attiré vers le Ciel. J’attends, je fais du sang,
J’attends fébrilement la mort - la rupture, la coupure,
La cessation, la fin - pour cette liberté spirituelle
D’accession à l’Idéal parfait de la Divinité.
553
L’errance
L’errance. Pour découvrir une autre vérité. Au-delà
De l’époque. Ignorer toutes les histoires passées -
Est-ce réellement possible ? Et je pense à Arthur -
L’errance, est-ce une erreur ? Moi, je lui ai préféré :
La synthèse à l’intérieur avec les produits d’autrui.
Et j’ai fait œuvre de jeunesse - de valeur inférieure.
Cela va s’en dire, mais j’ai cherché également.
J’ai insisté, sans faire preuve d’aberrance - avec fréquence
Toutefois. Étais-je égaré ? Non, tout ceci était borné,
Banalisé, sûr, certain, fort et grand - il me fallait
Fusionner le savoir de l’autre, des autres - il fallait.
Destin avec Destins. Alors “ la liberté-le sacrifice ”
Ou “ le malheur-la réflexion ? ” Pour quelle détresse ? Quel homme ?
554
La pauvreté
La pauvreté - en constance de manque, d’interdit,
De blocage - de privation, avec certitude
De faiblesse. Relation de l’homme à soi. La
Vertu est-elle une richesse ? Faut-il se dépouiller,
Se purifier, rejeter l’animal-subsistance ? La métaphysique
Exige la pauvreté. Dieu étant le fabricant,
Est-il le donnant ? A quoi possède-t-on ?
Où sera la suffisance de l’âme, de l’esprit,
De l’homme, de l’athée ? Jusqu’où iront les hommes ?
L’élévation. La finitude pour la perfection - l’espoir ;
A quelle extrémité de dénuement ? Dans le désarroi
De notre Néant, de notre sinistre profondeur ?
La pauvreté - l’homme sans facultés, l’homme avec
Dieu, mais toujours peu. Avec le Fils mais ignorant,
Avec l’Esprit mais impur. Faut-il faire l’Ange ?
555
L’homo lozachus
Un homme qui pense sans fonctions biologiques, homme
Sans appartenance à la nature - la délaissant, la niant,
La refusant - Corps-prison - sexe bas - actions primaires
Rejetant la vie dite essentielle - homme parlant-écrivant,
Apte à percevoir le sensible - essence qui pense -
Pourquoi ? Pour sortir, s’élever - rejeter la chair.
Esprit aspirant à la liberté spirituelle, l’au-delà.
Être en attente de mort, soucieux de vie cérébrale,
Se préparant, se construisant - mystique-actif -
Désireux d’accéder au supérieur, le supposant -
Le pré-sachant - existant sans les organes, toutefois.
Non pas le pari, mais la certitude - les preuves visuelles -
Se formant pour accéder au grand principe de compréhension
Universelle. Mais est-ce raisonnable ? Est-ce ?
556
L’être subissant
Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.
Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,
Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche
Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre
Accéder à un état purifié pour changer mes relations
Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.
Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,
La logique, le sensible, le saut etc., les outils -
Rationalité, expérience, futur - le matériel, et
D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation
Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.
Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.
Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.
Finalité de l’homme - Est-ce but ultime de la vie ?
557
Le temps et la mort
La mort. Quelle mort ? Terrestre, de présence, d’à-côté ?
Fait biologique ? Que craindre ? La vérité révélée,
Enfin ? D’avenir - d’existence - d’au-delà.
La mort possible à chaque instant. Suis-je menacé ?
Le temps peut-être qui condamne mon projet.
L’avant-mort avec déchéance de vieillissement.
L’être-pour-la-mort se projette en avant de soi.
Il devance son objectif.
La rupture - le changement
D’espace - d’autre vie. ESPOIRS ! Y a-t-il une chose ?
Quelque chose ? C’est affaire de croyance ou de foi.
L’immortalité rapatrie la vie auprès d’autres existences,
Mais quelle conscience pour l’élu ?
Qui dans son espace
D’homme s’est réalisé ? La certitude de l’ennemi, le temps.
Toujours à mes côtés. Augmenter le volume des jours.
558
Reste l’absence
Reste l’absence. Pour quelle présence ? Vers qui ? Personne.
Tout en Moi. Sans détresse. Avec raison et avancée.
Il n’y a nul désespoir, mais conscience du dedans.
Il s’agit d’une formidable activité interne, cérébrale.
Ne s’aventure pas dehors, sachant la faiblesse,
La part inutile de l’autre. S’instruit dans des livres.
Travaille avec les Anciens. Est-ce calcul, analyse ?
Est-ce vrai ? Pourquoi le doute n’explose-t-il pas
En suprême pensée ? Craint-il la mort ? Il l’attend,
Certain de l’au-delà, de l’avenir. Quelle menace ?
Crainte de l’impureté figée dans l’accumulation
Humaine, de débris, de pourriture, de soi, en vérité.
Donc se faire Christ ou Saint, s’élever, at-
Teindre l’intemporel, ou l’effrayant néant, peut-être.
559
L’homo spacialus
Une planète qui se rétrécie. Le travail uni-
Versel. The Global Village, la mondialisation.
La sacro-sainte évolution technologique, le partage,
Les ressources naturelles, le risque atomique, les pays
En voie de développement, les nations riches, l’ONU.
C’est le seuil d’une époque, le troisième millénaire -
Contrôles, tests nucléaires, CNN, les Coms.
Les races disparaissent. Les villes cosmopolites de Rimbaud.
Le Big Brother, faut-il en avoir peur ? C’est non,
C’est l’ami, c’est l’espoir. Vigilance et espoirs.
C’est conscience par l’homme spatial de son insignifiance,
De la boule bleue, unique, si petite dans l’Univers.
C’est la plate-forme ALPHA de coopération, d’amitiés.
Est-ce de la naïveté ? Le progrès selon Victor Hugo !
560
Eléonore
Dans mon rêve l’image, le dessin, la couleur,
Et l’écho de ma voix qui implore le progrès
Qui se plaint, qui gémit, qui espère, fanfaronne.
Le bord de l’océan est ce lit qui implore
J’ai oublié, très clair - le reflet de ton ombre
Et soudain l’insensé hurlant : “ Éléonore ! ”
La cendre de tes cheveux est éparpillée
Les bribes de ta bouche s’efforcent de parler
Tu te transformes encore en volutes élevées
Tu disparais, réapparais dans non Néant sexuel
Ta voilà mollement et la lune est si triste
Orgie poussière et lit, j’accumule du vide
La semence s’envole sur ta chair délétère
Ma mémoire vacille mais elle te cherche encore
561
La nouvelle syntaxe
- Ha ! Vous jargonnez s’agissant de syntaxes
De nouvelles structures offertes à vos écrits !
Comment osez-vous déplacer les langues grecque et latine ?
Quelle audace, quelle audace ! Il y a résistance
Du sens avec ces nouveaux concepts ...il me faut
Inventer des substantifs. - Quel risque heideggérien !
Et les audaces beaufrétiennes de traductions. Cette
Précocité archaïsante en est presque cocasse ou coquette.
- Détestable tautologie ou analogie trop facile.
Non, Messieurs, exploitez la bonne logique d’Aristote,
Avancez à coup sûr avec Descartes pour comprendre.
L’être n’est pas un sens abstrait concrétisé par la suite.
Le mot “est” a un sens bien précis. On ne saurait
Le ramener à un simple concept. C’est pourtant évident.
(Dialogue entre un latiniste zélé et un écrivain)
562
La stratégie
La stratégie - le but - l’objectif - le désir.
Que veut cette pensée humaine ? Comprendre l’Essence.
C’est-à-dire l’origine et la finalité. Est-ce
Les deux, il y a l’homme, donc Alpha et Oméga.
Le dessein de l’origine de Dieu, le dessein de la
Finalité de Dieu. L’homme se situe entre les deux,
A un temps défini. La pensée est dans l’homme. Cette
Pensée là n’est peut-être qu’accident assez insignifiant.
Il faut se purifier. C’est donc un schéma mystique.
Il faut apprendre à déposséder pour nous jeter
Hors de nous-mêmes.
La finitude est dans l’être toutefois.
Il s’agit d’accéder au plaisir ou à la jouissance,
Une sorte de bonheur de vivre que l’on nous promet.
Ou l’éternelle douleur dans un profond Néant, peut-être.
563
Le dépouillement
Le dépouillement - la destruction des valeurs,
Le renoncement de la chair - l’abolition financière,
La remise en cause de l’acquis. A poil ou
Ne passe pas. Votre savoir. Votre ignorance. Moi,
Dieu. Je détruis vos structures. J’abolis vos principes.
J’offre un nouveau destin - changez ! l’essence de la
Vérité. Achevez le schéma de la subsistance, de la
Jouissance. Vous appliquerez mes nouvelles lois.
Ce nouveau vrai dans un espace révélé, différent.
Ta valeur ne compte plus ; condamné à effacer
L’âme transcendée ; - le partage ; est-ce survivance
Élaborée dans époque future ? Abandon immédiat
De soi - autre logique - autre certitude, autre
Objectivité ? Pour quelle richesse, en vérité ?
564
Le calcul
Le calcul. Le pari de Pascal. La garantie future,
La méthode de l’arriviste. La constance de
Certitude. La vérité dans l’invisible. La perception.
Rationalité et paranormal. Science et au-delà.
Se refaire. Se reconstruire avec du délétère,
De l’impalpable. Penser avec l’inconnu. Supposer.
Est-ce audace, risque ?
Une vérité unique,
Intransmissible, pour soi-même, - expérience personnelle
Volonté de rechercher avec l’objectivité.
Le doute - la fiabilité de ses sens - les résultats.
Est-ce nouvelle essence métaphysique en auto-prospection ?
L’avenir. Le Dieu vrai. Le bonheur, le bien-être. L’utopie.
Ou l’éternel néant. La finalité du rien. De la mort
Totale, biologique, absolue. - Qu’en est-il de jouer ?
565
Les conditions du possible
Ce que l’on ignore et qui est possible ; la limite
Temporelle imposée à l’homme ; le cadre de l’époque ;
Concevoir l’imposable par le risque et la créativité ;
L’impensable, - l’absurde, - puis un élément insignifiant
Vrai participant à l’élaboration du projet, second
Élément ; troisième élément, - les contours se dessinent.
Un désir qui porte au-devant de soi dans un espace
Nouveau, inconnu encore. Suis-je capable d’at-
Teindre ce que je désire ? La condition du possible
Se situe dans l’homme qui veut devenir être ; pouvoir ;
L’origine du désir, - ses gènes sexuels et cérébraux ?
Est-ce de l’énergie alimentaire transformée ? Qu’est-ce ?
Ce besoin, ce facteur G de Spearman, cet indice C
D’élans, d’actions. Qui le produit en soi, qui ?
566
La détresse
La détresse. La conscience du faible, du peu,
De l’insignifiant. La volonté, l’appel, la supplique.
Un Dieu ? Ce Dieu ! Lui peut prendre en pitié,
Aider, aimer, ajouter, - offrir des miettes - Lui peut.
Moi, nulle puissance, - nulle intelligence. La fourmi
Médiocre, au souffle insignifiant. Qui parle d’essence,
D’essence humaine ? Il faut donc changer de nature,
Passer à l’ange c’est-à-dire au Soi exalté sans la
Chair, la nourriture, les excréments, le sang, le sperme.
Délaisser l’habit de corps pour embrasser l’enveloppe
Spirituelle. Se transcender en force nouvelle, pure,
Élaborée, consciente, élevée, claire et sainte.
C’est cela : se sanctifier dans l’Élévation du Ciel,
Quelque chose de pur et de surnaturel ...
567
Le schéma intérieur
L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour.
La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme.
La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer -
Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.
Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur,
Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier !
L’oeil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ?
La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.
Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiero
Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ?
Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer
Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard.
Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ?
Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.
568
C’est ça : imagine !
Suppose, conçois, suppute, c’est ça : imagine ! -
Toujours face au miroir blanc. Tu prétends proposer
Une heure nouvelle, d’inconnu et de liberté.
Tu parles, écris en anonyme comme autrui. Peut-il
S’identifier à toi ? Les influences, l’accroissement de
Signes, de mots, de lettres. Les dessins que font
Tes mots. Encore la création. Sont-ce tou-
Jours les mêmes pensées ? Toi dans ton extraordinaire
Monologue avec l’indifférence des hommes, cela
Est ta devise. Tu te fortifies. Tu as survécu.
L’Absent, l’inconnu, le Raté, toi dans ton brassage
De spectres, subissant la violence, espérant toutefois
Accéder à un produit littéraire meilleur, - supérieur.
569
Comprendre/hostilité
Faire croire que l’on voit, offrir de l’image.
L’objet visé se situe à l’intérieur. Il faut le refabriquer.
L’oeil, le cerveau, les corrections et la qualité de l’image.
L’étoile n’est pas à sa place a prétendu Einstein.
Et vous, voyez-vous comme moi. Voyez-vous l’Albatros
De Baudelaire, le Bateau ivre de Rimbaud, percevez-vous
Le Cimetière de Valéry ? Et le Vierge, le vivace de
Mallarmé ? Où situez-vous votre aptitude à imaginer ?
“ Cette chanson est la mienne, c’est mon histoire d’amour.
Je ressens comme vous. Vous l’avez écrite pour moi.”
“ J’ai le sens de votre esthétique. Nous partageons
La même beauté .” “ Moi, je suis hostile à votre École,
Cela n’a pas de sens, ni présent, ni passé, ni avenir.
Allez voir ailleurs.” “ J’irai et vous n’y serez pas.”
570
La dette de l’apprentissage
La dette de l’apprentissage ; trop de savoir, pas
Assez d’oubli ; apprendre à désapprendre ; le poème
Par du poétique, c’est-à-dire par de la pensée poétisée ;
La poétisation de Heidegger ; le sur-poète, le méta-poète.
Pour côtoyer l’essence de la poésie, être-temps-langage etc.
La parole-mensonge, l’inauthentique, surprenante, solitaire ;
Le morphisme du poème, sa structure interne, son unité ;
Chez moi, concept-limite, pensée mystique, fatale ;
Un individu crée de la vie, il l’offre ; effort de
Théorie, - avec syntaxe de langage ; chez certains :
“ Conscience de quelque chose ... source d’intuition ... Il y a ...
Essaie de la pensée ... nuit claire, vibration émotive.
Matin élevé, sphère idéale épurée, la pensée,
Lavée, débarrassée de ses scories. Purification.”
571
Topologies
Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,
Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer
Sur son propre chemin. Croisements, lieux et
Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,
De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.
Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.
Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,
Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.
De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.
Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,
Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder
A l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,
Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,
Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.
572
Les vêpres de la pensée
Sorte de religiosité interne. “ Les Vêpres de
La pensée ” dont parle Beaufret. Cette espèce d’essence
Eschatologique qui veut sacraliser l’instant.
Une perception pure permettant d’accéder au Suprême.
Pourtant nécessité, pour expliquer la chose de lui
Associer du matériel de mots, d’adjectifs, de verbes.
Dialogue conçu par Un, pour le Même, puis offert.
Linguistique supérieure, transe théologique maîtrisée.
Mais l’homme est homme et ne peut communiquer avec les
Dieux. Acte réflexif de Moi à Moi. Ou encore
De Moi aux Frères - aux Hommes - aux Suprêmes qui jugent
De la médiocrité du langage. Écrire, est-ce détresse ?
Supplique, appel ? Transmission ? Poésie ; sens et essences ?
573
Le temps
Le présent, un passé qui s’enfuit. L’entonnoir,
Le goulet, la spirale infernale qui happe l’homme ;
Le maintenant échappe ; fragmenter les instants en T 1 , T n ;
Processus, procédé, maîtriser la fuite, l’éloignement.
La décomposition répétitive, idem d’un jour à l’autre ;
L’accélération, l’intelligence, la vitesse. Aller
Sur le temps ; je prends du passé pour aller vers l’avenir ...
J’habite un présent ; perception unique du temps.
Le flux continu ; de là-bas à là-bas ; mon essence
Est dans la mémoire ; le passé porte la substance ;
Perceptions qui s’éloignent, qui se fixent, - parcelles
De temps divisées, à devenir insignifiantes, - leur durée.
Le temps est une apparence quand la vérité est intemporelle.
L’espoir est dans l’avenir qui est déjà programmé.
574
Les moyens/l’action
Le savoir. La maîtrise de la logique, la con-
Naissance théologique, le nécessaire pour comprendre,
Le suffisant, les limites cérébrales, le travail en
Commun, l’homme avec l’homme, la part du QI.
L’élévation. Ses faiblesses, ses forces, l’adaptation.
Innover, la vérité des sciences, l’essence de l’art.
Le dépassement, la mièvrerie poétique, la matrice
De la vieille femme âgée de 3 000 ans, les enfants
Chétifs, la philosophie évolutive, la certitude
Divine. L’insignifiance humaine. Et pour quelle
Gloire ? Je vous le demande ! ... demande !
Car la finitude est bien le tombeau. Ou l’enfer. Si
Condamnation, il y a, ou la pureté idéale avec
Nouvelles perceptions, nouveaux langages, nouvelles aptitudes.
575
La stratégie pensante
La stratégie pensante. Le mécanisme cérébral.
La méthode pour produire, pour extraire, exploiter.
La volonté autre, nouvelle, supérieure, non pas
A la manière de Nietzsche, débouchant sur un
National-social - SS et Shoa, mais Soi
Avec Dieu, avec les hommes, tous les hommes quels que soient
La race, le pays, le sexe. Je cherche : intelligence
Avec machine, histoire, futur. Non pas le paraître
Du poète, superficiel et insignifiant, mais l’être
Du penseur. Une nouvelle perception et maximiser,
- Augmenter, ajouter sur l’autre, sur Autrui et sur Soi.
S’éloigner de l’ignorance, le fléau, ô Arthur !
Conception personnelle méprisée, incompréhensive, qu’importe !
Soi dans sa paranoïa d’orgueil et de méfiance.
576
Poème/lecteur
Ne pas penser, poème, mais percevoir. Le rapport
Au langage, le moment dit évocateur. Le
Panorama d’images, l’avalanche, la composition,
L’offre : Le voyez comme moi, la force, la passion,
La flexibilité de l’intelligence, l’adaptation du lecteur.
Densités des effets, distorsions, audaces, le dia-
Logue avec le pseudo-spectateur, agis par Moi.
Les mots deviennent des choses. Je t’emporte où je ne suis pas.
Le droit au mensonge. Mon illogisme, l’irrationnel,
L’improbable, l’invraisemblable, lire-avec lire-pour
L’imaginaire, l’espace où l’interdit est interdit, le guide.
Nourris-toi de mon idée. Y a-t-il quelque chose réellement ?
L’angoisse et la conscience. Ses Ténèbres, ses Erreurs,
Ses énormes Fautes. Un homme en vérité, médiocre.
577
La clé
La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet.
Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée
De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant
Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique.
Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ?
Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ?
La représentation non pas de l’arrangement, de la combi-
Naison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin,
Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ? La
Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre.
Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les
Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ?
Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ?
Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.
578
Circuit artistique
L’art nouveau venu du précédent ; la science évolutive.
De l’opacité à la lumière par étapes et strates successives ;
Enfermons-nous pour comprendre à plusieurs, pour trouver ;
Le Moi associé à Autrui, pour aller ... vers le sens de l’Histoire !
(C’est dans l’ordre des choses ! C’est le sens de l’histoire !
Détestable fatalité et acceptation de l’homme. Est-ce
L’ombre de Dieu qui rappelle à l’homme sa nature ?)
Lui dans son for intérieur s’ouvre, il offre son Oeuvre
A l’Autre. De la théorie poétique, le désespoir !
Plus rien, trop faible, passé dépassé. Mais travail,
Actes intellectuels. Acceptation et attente. Devenir ?
La mort ? La belle mort resplendissante de roses, de lauriers,
Quelle valeur ? Le langage, les signes, la poésie, - quel futur ?
579
La transcendance du médiocre
La vérité mystique. Le poète tourné vers le sacré.
La conscience : l’angoisse, le désespoir, l’impossible, le réel.
La certitude du faible. L’auto-médiocrité, le rien.
Mais il y a lutte, élan, travail, volonté et forces.
Un savoir reposant sur la vérité sociale, scientifique,
Artistique, sur 3 000 ans de certitudes humaines et divines.
Ils ont modélisé, codifié, imposé, prouvé, certifié.
La poésie : est-ce l’outil-images, la boîte à sensibles,
La perception émotive ? Est-ce un monde dépassé ? Est-ce ?
Extrême détresse ? Le pouvoir du solitaire, l’élan toutefois.
L’Angoissé guide le Conscient. La lumière la plus brûlante.
Elle instaure la comparaison. Dramatiser en position
Finale. Est-ce une transcendance de médiocre imbécile ?
580
Le Destin
La pensée, - pousser ou se contredire, l’opposition
Avec élans, l’entreprise cérébrale, l’outil-langage
De signes, de mots, palette de peintre. J’aurais
Préféré l’axiome, la certitude, mais enfin ! Enfin !
La beauté du langage poétique. Quelle est la desti-
Nation de la pensée ? L’essence de l’âme ? Ils veulent
Reconstruire l’édifice philosophique craignant toujours
De l’exactitude des plans et fondations. Husserl. Ils
Veulent. Auto-dépenser = des pensées, avec rigueur,
Et concepts (lesquels ? ...) (Ironie !). Science et hors,
Hors et dedans, la saisie, l’élan, l’attention. Ad-
Dition d’élans cérébraux. L’aube de l’intelligence : ainsi
Comprendre et apprendre, puis créer. Amalgame à purifier,
Produire du nouveau qui sera du connu. Est-ce le Destin ?
581
La part du mystique
La part du mystique, les éléments sacrés, le destin
Religieux, la Quête du Sacré. La provenance
De l’être et sa finalité. L’acte de purification.
Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante
Insignifiance de l’être. La conscience, les limites
De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les
Trois ne font qu’un. Accéder au monde spirituel.
Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec
Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai
Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,
Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.
L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit
Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur
Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.
582
Le métier
Le savoir-faire dans un métier. L’habileté, l’intelligence,
L’obéissance, l’application ; le salaire-services ; l’élément
Intégré dans un rouage ; travail pour autrui // le chercheur,
L’homme de science ; le doctorat ; le créateur, le poète ;
Utile//Inutile ? Sciences, arts et métiers, la connais-
Sance expérimentale, ou produire des sons, des formes, des
Sens. Quelle valeur pour l’identité poétique ? Aucune.
A partir d’expérience avec et l’inexistant ; le malaxage
Cérébral ; la donne intérieure qui produit un nouvel
Angle ; l’environnement différent engendre des produits dif-
Férents. L’art, - maîtrise d’une technique, - d’une pensée ;
L’anti-technique, - la liberté ; la valeur subjective ;
L’auto-affirmation, la certitude unitaire.
La vérité ?
583
Différents temps
L’écriture contre le temps, la durée de la pensée.
L’espace est du temps. Le temps est de l’espace. La
Symbolisation, la mesure. L’observateur qui se situe
En dehors de l’espace ignore le temps-lumière.
Le présent avec du passé immédiat. Nous ne percevons
Que du passé. Il y faut mémoire et conscience.
Le rapport du temps au langage, pour Bergson, est
Le rapport du fluide au solide. “ Nous tendons indis-
Tinctement à solidifier nos impressions pour les ex-
Primer par le langage ”. Les mots sont l’extérieur de l’âme.
Le subterfuge du romancier, de l’artiste qui déplace
La réalité du temps, et se situe ou nous situe dans
Un autre espace-présent.
Le fantôme d’écrivain
Obsédé par la conscience du temps et qui prie ...
584
Le saut
Le saut, c’est l’anticipation de ce qui semble possible.
C’est le je pourrai, c’est un acte volontaire de la
Pensée. “ Les yeux plus gros que le ventre ? ” Est-ce
Délimitation objective ? Je suis là. Je dois aller là-bas.
Entre les deux, la distance, - taille énorme, possible ?
Audace ? Impossible ? Trop loin - Les limites réelles ?
Penser, étudier, supputer, supposer et croire. L’élan
De l’être.
La part du rêve ? L’essence du risque ? Pour-
Quoi ? Se projeter en face des choses futures. Se projeter
Hors du centre de notre raison. Concevoir une autre
Représentation du Moi et du Monde. C’est la liberté.
Du moins, une de ses composantes.
S’il y a échec ? L’intelligence
S’est flouée. S’il y a réussite, l’anticipation était vraie.
Que sont les pas en arrière ? Vieillissement. Sénilité.
585
La vocation de la pensée
La vocation de la pensée, - appeler l’Être. Le
Transmetteur de l’homme à l’Être. Transmetteur bourré
D’énergie. La valeur de la Relation épurée.
Abandonner tout instinct, toue spontanéité bestiale.
De l’homme à l’Être, transmission et écoute, remise
A l’essence supérieure. L’Agir comprend : de l’élan,
De l’action, du mouvement, permet : l’élévation, la
Compréhension, l’Application, - donne un sens à la vie.
L’Essence accumule de l’expérience que lui offre l’homme.
Elle n’est donc pas libre du matériel, mais possède
Une pseudo-liberté d’analyse. Elle est dans l’Histoire,
Dans la tradition. Elle se meurt dans un espace historique
Bien défini. C’est avec du matériel donné, qu’elle pré-
Tend, penser. Peut-elle réellement se situer au-dessus ?
586
Le challenge
Rendre possible ce qui n’est pas. Éloigner les limites
De ses actions et de sa pensée. Aller outre. Le
Pouvoir. Accomplir ce qui n’a pu être supposé. Aller
Au-delà de la finitude même. Créer. Un champ
D’élans, d’actions. Accéder au-delà. Imaginer et
Rendre pensable ce qui jamais ne s’est présenté à soi.
C’est une possibilité abstraite, - une aspiration de l’être.
Sans l’Autre, rien n’est possible. Le frère,
Le père, l’instructeur, - moi et le Monde. Et les hommes.
Moi seul je suis un subsistant.
Puis la dépossession,
L’aptitude à rejeter, à se vider, c’est un schéma
Mystique. De l’homme à Dieu. De l’âme au spirituel.
L’être détient-il suffisamment de cohérence et de
Puissance pour accéder à une vérité avec assises nouvelles ?
587
Le futur
L’avenir. Avec vérités, certitudes, le temps,
La fatalité. Distinguer le futur vrai d’une hypo-
Thétique possibilité. Défaire, avancer dans l’assu-
Rance de soi. L’avenir est-il inscrit ? Ne ferai-je
Qu’accomplir des actes présupposés ? Le dessein du destin !
Est-ce un plan décidé, conçu ? Ma part de liberté ?
Puis-je pénétrer le futur comme je puis ressusciter le
Passé ? Quelle est l’intensité de ma possibilité ?
L’élan, le passé, le présent, le futur donnent
Naissance à l’action que le Destin saisit
Dans sa totalité. C’est le passé qui rend possible le
Futur. En-avant-de-soi. Le futur est indéter-
Minable. Inaptitudes de l’homme à maîtriser le temps.
Homme-esclave soumis à la dimension suprême.
588
La pauvreté
La pauvreté. Ce qu’a l’homme et ce qu’il est.
Le manque. Étant rien, c’est l’être même. De ne
Pas posséder. Faible langage, faible propriété,
Faible pensée. Les facultés traditionnelles dans la
Volonté de croissance. Le possible et son maximum.
L’atteindre, croître et le dépasser. Posséder et
Se mettre en position pour apprendre, comprendre et
Appliquer. Le rapport de l’homme au monde, à son monde,
Son peu, son rien, sa nature d’homme. La générosité
Divine, - à rire ? Dieu existe : débrouillez-vous tout seuls !
Détenir, vieillir. La durée de la propriété ? Une plaisanterie.
La potentialité, la substance, les échanges affectifs.
La richesse : la blancheur de pureté, l’élévation
Messianique, l’homme élu, l’homme - Christ - le Voyant.
589
La raison du questionnement
Toujours en soi, le pourquoi, le comment ?
A demander, l’inaptitude à répondre. “ L’homme a
Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en
A pas suffisamment pour y répondre ”. Implorer,
Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la
Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir.
Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et
Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant !
L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin
Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans
Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.
La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le
Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle.
L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?
590
La question en suspens
La question en suspens : est pratique, mais ne résout rien.
Comment déterminer la vraie question, utile ? Comment le
Cerveau doit-il penser la véritable activité ? Élaborer
Le meilleur des questionnements. Le cerveau cherche :
Le rapport entre l’aptitude à répondre et la difficulté
La plus élevée à résoudre. La nécessité, la primauté.
Élucubrations, gesticulations, les gestuelles de l’esprit.
Résoudre, et avancer. Les données de la résistance. La
Capacité maximisée. Les limites, les moyens nouveaux
Pour avancer. Autrui, la mémoire, la sélection, le
A plusieurs.
La question sans le langage, qui est seulement
Un transmetteur. Le penser-parler qui est un moyen, toutefois.
Le langage, piètre porte-parole de l’être. Pour se défaire
De son dénuement, l’extrémité de l’homme semble inconnue.
591
Du singe à l’ange
Une pensée de la purification. Du singe à l’ange.
Ce qui s’éclaire. De la caverne à la lumière.
La clarté intérieure de l’être, la conscience, par la
Sensibilité, d’un : autre chose, transcendant, supérieur ;
Par le culte des morts ? Nécessité logique d’élévation.
Car il faut accéder à l’Au-delà. Est-ce bonheur ?
Ce qui explique la captivité de l’âme dans l’homme,
De l’être dans l’homme, de l’essence dans l’être. Jaillit !
La vérité de son essence ! vers l’ange ! Avec perceptions
Plus fortes, plus grandes, plus amples. Enfin il comprend
La possibilité mystérieuse et pénétrable. C’est déjà
Une métaphysique positive, d’espoir, d’avenir épurés.
Pourquoi cet abaissement ? Ce médiocre régime terrestre ?
Tout n’est pas explicité par les Livres Sacrés. Ces Dieux ! !
592
Le questionnement de l’Être
La pensée n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être.
La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion,
Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations.
- Outils employés par l’être pour trouver la réponse.
La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée
Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à
L’être : langage et sensibilité par les sens des organes.
Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier.
L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend
Ou cherche à comprendre.
“ En attente du savoir ”, “Je
Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard.” Savoir,
Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire
Pour rendre possible l’action de compréhension.
593
Des vérités
I
La vérité en dehors de toute chose concrète est vraie.
Dans le vide universel, sous terre, dans l’espace, ailleurs.
Une vérité économique est une vérité locale avec du
Matériel d’homme. L’essence de la vérité serait divine.
Les trouvailles de vérités, des offres à l’homme, comme la
Mine d’or. Qui a fabriqué l’or ? L’essence de la vérité
Serait associée à Dieu, à la Shékina. L’action avec
Du rapport engendre de la vérité d’animal, d’homme,
De nature biologique, par exemple.
Elle
Serait à la droite de Dieu ou dans Dieu. Le vrai
Que l’on connaît, que nous ignorons. Ce qui peut agir,
Ce qui n’agit pas mais peut agir, peut “ être ”
Le non-vrai
Dure parfois, - le vrai n’est pas toujours l’étant, - la vérité est
Intemporelle. La vérité du moment d’après le matériel
Mis à la disposition, par analyse du moment.
594
II
La validité de la vérité, exploitable, utilisable
Comme étant, - favorise l’action, - évidente dans
Son fondement. Possède son contraire, - le faux.
La mathématique offre l’indécidable.
La contradiction
Dans l’analyse et le raisonnement annule la
Validité de l’offre, le choix du décideur. L’un
Jette l’information, l’autre saisit l’information après avoir
Considéré l’énoncé. Les deux s’accordent l’essence de
La vérité.
Le vrai est vrai jusqu’à ce que l’on puisse prouver
Le contraire, le subtil, le distinguo, le autrement, le
Plus précis, - remettre en cause son évidence.
La vérité
Religieuse ... scientifique ... psychologique, l’évolution
Du savoir, le déplacement de la vérité, le “Autrement”
Le jugement, le “ne sais pas”, le “j’agis” toutefois.
595
III
La concordance de l’énoncé avec une chose ; la chose
Qu’on ne sait pas et qui est ; la conversion de l’énoncé
Avec la chose est liée aux outils employés pour prouver.
Valeurs des outils employés ? Le langage, - valeur des
Termes utilisés ? Comment s’accorde-t-on sur ce vrai ?
D’après la définition que l’on donne aux choses.
La fiabilité de la vérité. On ne peut l’obliger à changer.
Si l’on change la vérité, cela devient du faux.
Autre remarque.
La non-vérité n’est pas toujours démontrée. Elle est prise
Parfois pour de la vérité. L’on s’accorde par ignorance
Sur sa fiabilité, incapable de défaire les contradictions
Avec la pure essence. La pseudo-vérité offre une solution
Acceptable pour la communauté. Elle est entendue, il y a
De la résistance, mais cela suffit pour le moment, du moins.
596
IV
Il y a ce qui n’est pas créé et qui serait de la vérité
Toutefois ; il y a l’indémontrable ressenti comme étant
Du vrai. “ La loi de la gravitation ” était dans l’air du
Temps. C’est compatible avec l’idéa de l’intellect ;
L’unité du plan divin serait inaccessible à la capacité
Humaine ; l’ordre du monde conçu par l’Esprit ;
“ Les voies de Dieu sont impénétrables ”. Il faudra penser,
Trouver dans tous les secteurs d’activités. Analyser.
Valeur du vrai dans l’imaginaire. Vérités avec temps,
Espaces, culture, époque ; le déplacement du vrai ;
La faillibilité de l’homme rend possible l’analyse du faux
En tant que détermination du vrai ; le vrai avec du
Manquant permet toutefois d’aller et de progresser.
Dévoiler lentement d’après sagesse, la science de l’homme.
597
V
Par le langage. Correspondance de valeurs. L’énoncé
Doit se convertir en réalité quantifiable, équivalente.
Le bouchon bleu doit être le bouchon bleu. La mesure
D’une représentation adéquate. Se mettre d’accord sur
Les définitions données au sens et aux termes employés.
Le verbe, son action rendant possible la convertibilité
De l’énoncé avec le vrai, le égal, le implique,
Le donne, le cela équivaut à. Rend possible
La conformité. Le jugement transmet son résultat.
C’est la définition du verbe qui convertit l’énoncé en
Vérité. Mêmes en nature, en qualité, en quantité.
Le fondement est possible. La loi est conforme. Peut
S’effectuer la convertibilité. Qualités de la mesure ?
Ma liberté d’action permet-elle d’accéder au vrai ?
598
Vérité et liberté
La planification de la recherche hors de toute liberté.
Pourtant volonté d’accéder à une vérité nouvelle. Agir
Dans la contrainte sociale, est-ce liberté toutefois ?
La liberté jalonnée de la mathématique. Qui peut agir,
Choisir, décider. La vérité sans liberté. La vérité
En dehors de l’arbitraire humain : exemples : les lois
Fondamentales qui régissent l’Univers. Existaient avant
L’homme. Donc, en dehors de la subjectivité de l’humain.
Règne une certaine essence de la vérité au-dessus des hommes.
Ajouter sur la Formule de Taylor-Lagrange, est-ce de
L’essence de vérité ? C’est prolongement mathématique voilà tout.
Le choix aléatoire. Random, proposé à la machine,
Est-ce la liberté ? En vérité. Non. L’animal, le
Végétal possèdent toutefois un choix décisionnel.
599
Le blocage
Le blocage interdit le dévoilement ; il y a volonté,
Recherche, reconsidération de l’objet offert, mais
Il y a incapacité à se représenter autrement lédit-donné.
La résistance rend vaine toute tentative. Que faire ?
Le refus de l’étant apparaît dans sa totalité ou de
Manière fragmentaire comme une impuissance à aller outre,
Comme une faiblesse de la condition humaine. Il assure
La connaissance résiduelle, fragmentée, parcellaire
De l’étant.
Cela engendre - 1 - de la non-vérité admise,
Révélée, subie, reconnue, avec un laisser-être - 2 -
Une rébellion interne qui refuse de subir ce manquant.
Soumis ; esclaves ; satisfaits, repus, avec bien-être
Et passivité. Voilà la première race ! Cherchant,
Refusant, allant, progressant, gagnant : seconde race !
600
Subsistance
La conscience de son incapacité à aller outre. Les
Déterminations de ses propres limites observables reçues,
Perçues par la scolarité, par la comparaison avec l’autre.
“Ne saurait aller au-delà, mais peut espérer cela.”
Les nécessités sociales, le lieu, la sélection, le “Mal né”,
“N’est pas au bon endroit”, les obligations - engendrent
De la non-vérité, de la suffisance, quand bien même
L’intelligence comprendrait qu’il y a énigmes, mystères,
Indécisions, dissimilations. La curiosité
N’est pas tombée dans l’oubli. Elle est inaccessible, voilà
Tout. Grands nombres en souffrent. Le projet est perdu.
Ne fallait-il pas toutefois produire de la progéniture
Et satisfaire aux besoins essentiels, survivre ? Sont-ce
Les raisons du règne vivant que ces afflux biologiques ?
601
L’errance
L’errance fantasmatique s’étale sur la ville.
L’homme médium coule son fluide sur les objets
De la cité, - il les contourne, les palpe, les perçoit,
Tente de les saisir. Il va par sa substance
Unificatrice associer des idées, des comportements, des
Objets indépendants les uns des autres, fusionner,
Condenser, symboliser, extraire, dériver, rejeter,
Sélectionner et d’autres verbes encore !
Pour choir, pour échouer, les risques, l’audace,
Mais l’errance
Le ravin, le trou, la mort ? Les limites de l’errance ?
Pour le lieu de recherche, pour trouver, aller au hasard,
Vie d’artiste ! Non pas l’erreur, mais l’autre chose, avec
Égarements, outrance, le déplacement de l’habitude,
Du vrai, par la non-conformité, - démarche heureuse ?
602
Langage (fragment)
Le langage pour la transmission de la vérité, outil
Sophistiqué. Avant le langage, la gestuelle, l’arti-
Culation sonore pour l’étant de l’autre. De moi
Au clan, m’entendez-vous ? De moi à toi, nous deux.
Mais avant le langage, la fabrication du concept,
Le doute, le choix, les combinaisons, l’expulsion,
Le râle du singe-homme.
De la pensée de l’Être.
Langage, libération
603
I - Nature de la substance
La nature de la substance que l’on possède, l’être.
Peut-on réellement le concevoir tel qu’il est ? Ceux
Qui possèdent l’existence. Ainsi de tous les vivants ...
Ainsi de machines programmables et dotées d’une espérance
De vie. Y a-t-il des objections ? Vous avez raison.
L’accouplement sexuel fabrique le corps. L’enfant est animé,
Il a donc une âme. Origine de l’âme, car grosso modo
ÂME = ÊTRE.
Il faut repenser la substance de l’Être,
Si après la mort il y a la vie. L’être serait un prédicat
Réel, existant en son autonomie, mais étant inclus
Dans le corps. L’étant est inclus dans le corps.
Si l’Être
N’était qu’un effet vital articulé au corps, la définition
De l’étant n’aurait pas lieu. Mais l’intuition de sa vérité
Post mortem débouche sur sa liaison à Dieu ou au Divin.
604
II - L’étant conduit à l’Etre
L’étant conduit à l’Être. Il représente
Le fondement ? Objection. Comment se forme l’étant ?
Sa substance ? Son origine ? Son “ moi ” ? Son primitif
Serait une accumulation de vérités basiques de survie,
D’instincts, de subsistance et de développements de la raison
Au détriment d’actes mécaniques. C’est ce que l’on sait.
L’étant avec le soupçon de Dieu. L’Être avec ou
Sans Dieu. L’Être occidental peut rejeter Dieu.
(Je parle de l’Être et je le définis par Sujet.) La
Limite de l’étant à l’Être est difficilement perceptible.
Les outils d’analyse, de détermination peu fiables.
Est-ce l’aptitude basique d’accomplir des opérations
Primaires de l’entendement ? Ces opérations se conçoivent-elles
Avec de l’intuition sensible ? Au moyen des organes ?
605
III - Activités de l’Etre
Existence et Être en dehors des capacités de notre
Entendement des vérités inconnues mais vraies, de
Passé, de présent, de futur et d’ailleurs. Que vaut
L’Être pour juger et prétendre ? Que lui manque-t-il ?
De la perception ultra. Parviendra-t-il à une
Détermination suffisante de leurs essences et contenus ? C’est
L’additionnel ou la synergie entre les intelligences qui
Permettrait l’accession aux vérités échappées.
C’est l’utilité qui autorise la relation de l’objet
À l’Être, utilité économique, philosophique ou
Religieuse. L’être doit fixer l’objet qui fuit,
Le poser et le représenter, lui offrir des propriétés
Pour le rendre existant. La définition de son caractère
Le rend jugeable. Les limites exactes de la compréhension ?
606
*
“Être” comme présence se dévoilant ? Être définir
Par : ce qui est vivant ; et se dévoilant correspond
À l’évolution de l’être, c’est action du progrès, d’ou-
Verture de conscience. L’Être et ses modalités sont à
Définir à partir de leur rapport à l’entendement d’après
Kant.
607
I - La mort
L’Être vers la mort - la fuite ou le devancement ?
Transmettre la vie, laisser une œuvre pour accéder
Rapidement à l’extrême ? - Fuir la vie -, les drogues,
L’être vers la mort. L’attente du bon croyant ...
Anticiper sur son futur, vouloir savoir, supposer.
Les outils religieux pour supposer. Les expériences para-
Normales. Les témoignages de vie après la vie. Ou
N’être plus rien. Anticiper, spéculer. La certitude
Du mystique. Qu’est-ce qui départage exactement
L’homme de l’homme ? L’athée du croyant ? A quelles
Raisons, deux pensées opposées certifient posséder leur
Vraie vérité ? L’un dit : limite, l’autre dit : éternité.
Est-ce finitude déterminée ? Simple acte biologique ?
Possibilité métaphysique, dimension autre de l’homme ?
608
II
La fuite. S’éloigner hors de soi. Fuir son squelette.
La crainte, la recherche d’un avenir. La formation,
La préparation à l’inconnu, à l’autre espace. Qui croire ?
La mort. Suis-je à chaque instant menacé ? Est-ce une
Finitude naturelle de la présence de l’Être ? Je
Vis donc je suis là. Serai-je ailleurs ?
La mort :
Preuve du temps. Heidegger écrit : L’Etre-pour-la-mort
Est la médiation indispensable pour passer de la
Temporalité comme structure unitaire des trois dimensions
Du temps à la temporalité comme ouverture de soi à soi
En tant que projet.
Ouverture de soi vers ailleurs,
En tant que projet ? Sera-ce l’au-delà, le néant ?
Le retour, la réincarnation ? La rétrospective ? Le progrès ?
Faut-il aborder le problème de l’immortalité socratique ?
609
I - L’A-près
La situation réflexive. La vie en boucle. “ Retourne à ”.
L’esprit rapatrié. Encore en bas ? Ce n’est plus : le trou
Mais la possibilité nouvelle au sein de l’existence.
Que disent les Guides ? Les prophètes ? Les hommes de Dieu ?
Sont-ils crédibles, et pourquoi ? La mort éclatante,
Belle, d’espoir, d’avenir, disent-ils. Qu’ai-je à perdre ?
Elle devient système, métamorphose, actions inconnues,
Espaces nouveaux, principes différents. Lesquels ? Lesquels ?
La surprise. Ou l’éternel rejet... Quelle valeur doit-on
Accorder au temps ? Les limites du temps ? L’immortalité !
Le pouvoir d’être constamment. Mais être différent car
Pensant, analysant avec un autre matériel. Le “ Moi ”
Subira des modifications liées à l’espace autre. Au soleil
De la mort, enfin savoir ! Je suis en sursis de curiosité.
610
II - En soi
Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir,
Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir,
Etre-pour-soi. Etre-par-le-monde toutefois.
Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension,
De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures
De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein.
Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de
Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont
Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.
Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique
D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant
La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre,
Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir.
Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?
611
La question même
La transcendance philosophique : à la recherche de la
Vérité. LA VERITE. Conscience du vrai dans
L’édification de la connaissance. Moult disciplines :
Sciences, sciences humaines, sciences appliquées, psychologie,
Etc. La certitude fondamentale avec sujet analysant,
Et hors sujet c’est-à-dire, certitude universelle.
Évidemment, - problèmes avec l’intuition, la sensibilité.
Certains moyens peu fiables mais utiles toutefois. Jamais certains
Totalement.
Quelle est la question même ? C’est la recherche
De la vérité. Les faits psychiques ne sont que des micro-éléments
Propres à la nature du vivant. La psychologie pure pourtant ...
Il faudrait du moins s’entendre sur le sens de ce terme.
L’outil que l’homme m'est à sa disposition pour comprendre,
Déterminer, certifier. Valeur de son outil, donc de son vrai ?
612
La route
I
Sur le seuil de sa porte, l’enfance et l’adolescence,
La raison cartésienne, le bon sens. Puis les premiers pas
Dans la honte, dans l’audace, dans l’exclusion,- cette
Soif d’écriture, - ce moyen, l’outil poétique. Il avance
Avec le temps, son ennemi, et regarde s’éloigner les amis
D’autrefois d’une Bretagne qui s’efface, s’efface ...
Adieu la Nostalgie. Au travail, et sois ! : Tirer,
Extirper, produire avec Rimbaud, Baudelaire,
Valéry, Mallarmé et combien d’autres encore ! Vouloir
Trouver, comprendre et appliquer, - les idées, les formes,
La stylistique, l’accumulation de combinaisons, les choix !
C’est ça : une montagne de situations, d’erreurs, d’entreprises,
Pour se voir autrement, ne jamais accéder à son but.
Salutations et révérences pour finir à tout jamais oublié.
613
II
Avec de grands poètes, l’instruction dans les anciens,
La pénétration et la recherche des invisibles. Faire et
Défaire, décomposer, analyser, étudier les fréquences
Et trouver. Problèmes de pensées. Imiter, comprendre,
Et appliquer. Que de maladresses ! Que de prétentions !
N’est-ce pas le jeu ? L’amusement cérébral ?
Les premiers
Choix. Les génies, le XVIIe, le XIXe, attentif, pénétrant,
Réfléchi, vouloir comprendre et appliquer.
Le temps :
Déjà, l’ennemi. Comment Lui, Rimbaud, comment Radiguet,
Et Lautréamont ? Comment faire une œuvre de jeunesse qui
Soit de qualité ? Nul rêve, mais travail et rationalité.
Oui, croître : passer de l’obscurité à la réelle lumière,
Accéder à une forme de maturité poétique ou littéraire
Sous la protection des âmes voltigeantes de la Pléiade ...
614
III
Le temps de croître et de mûrir, de changer le mécanisme
Interne d’extractions, d’associations de sons, d’idées,
Et des mots. Intelligence sans préparation, faiblement
Formée qui se dépense dans l’ivresse. Ne point rester
À demeure mais combiner avec autrui. Ce n’est pas
Uniquement un problème de langage mais d’outillage
Cérébral.
Le troubadour de l’artifice, l’employé
Métromaniaque de la feuille de papier. Vainement
S’imposer une sorte d’ordre, d’inspiration poétique ! Uto
Pie ! Aller se disperser, et oublier le chemin de sa
Raison. Non pas entraver l’œuvre ou le travail, mais
L’organiser, l’expulser avec logique et maîtrise.
Obtenir une possible harmonie d’ensemble toutefois,
Et l’habile artisan défera de nombreuses énigmes ...
615
Procédé mental
Suppose et décide. Perçois autrement. Avance
Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche
Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes.
À l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit
S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en
Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers
L’inconnu. La consistance de ton Être ?
Penser c’est
Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer.
Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ?
Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ?
L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique
Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’ac-
Tivation, de l’association dérivée. Processus mental ?
616
Approches du temps
L’être en dehors du temps, dans l’intemporel.
Définissable par une qualité, le lieu. Etre et là
“ Je suis ” nulle part, est-ce possible ? Dans cette suite
D’instants ou de positions apparaissent ou
Disparaissent des suites à construire ou élaborées de
Passé ou d’avenir. En dehors de l’observateur. Y a-t-il
Irréversibilité des processus temporels ? C’est affaire de
Connaissance en physique et c’est pour demain ! Le temps en
Dehors de la sensibilité et de l’entendement humain.
Le temps avant la cosmogenèse. Qu’a accumulé l’énergie
Dans le dé à coudre ? Combien de temps cela a-t-il
Demandé ? Comment s’est formé celui qui a accumulé l’énergie ?
C’est encore le problème du Divin. Il manque de dimensions
Pour définir avec conscience vraie les sens du mot “ temps ”
617
I - Le destin de l’Essence
Le destin de l’Essence dans l’homme : se purifier,
S’élever, croître. Aller au-delà par la dimension
Spirituelle. Il y faut tout d’abord : l’éveil
De la conscience qui s’apparente au doute. “ Si
Tu ne me cherchais pas, tu ne m’aurais pas déjà trouvé ”,
Dit le Fils. “ Y a-t-il quelque chose ? ” Si oui,
Tu me trouveras. Poussé vers un monde inconnu, différent,
Nouveau où les principes et les systèmes de valeurs sont autres.
Nul homme ne peut apporter son expérience, nulle méditation
Ne permet d’éclairer le mystère. L’heure, c’est la mort.
Le lieu, c’est ailleurs. Penser la nouvelle histoire à partir
Du Livre et des pseudo-témoignages non renouvelables, - affaires
De foi. Est-ce l’histoire pour l’autre lieu ? Et quelles
Garanties pour l’Essence si la métamorphose survient ?
618
II - Acte de foi
Le péril de l’Être - ce qu’il est - ce qu’il a fait. La
Culpabilité, le système de valeurs incompris, autre, nouveau.
Le Livre, permet-il la mise en garde ? Son mode
D’actions est-il compatible avec la vue de l’Être Suprême ?
A-t-il été requis, pensé pour accomplir un dessein ?
La crainte du jugement. Comment se construire dans son vrai
Qui soit le vrai de l’Autre, des autres ?
Quel était l’essentiel ?
Le nécessaire, l’imposé, l’obligatoire ? Comment se mettre
En garde ? Qui est l’avertisseur de la conscience ? Y a-t-il
Suffisance à sa propre lumière ? Que faut-il savoir ?
Est-ce l’élan de curiosité, l’énergie du savoir, qui
Offrira à la conscience le doute ? Car le péril est bien
La disgrâce auprès du Meilleur.
The key solution était
La mansuétude et le pardon auprès du Sauveur - acte de foi.
619
La recherche philosophique
Compréhension du monde, de la conscience et du
Rapport entre les choses. Sera-t-elle l’objectivité
De la raison ? Possède-t-elle une visée scientifique ?
Quelle est sa méthode de pénétration ? Elle étudie
Les phénomènes qui sont accessibles à la conscience, elle
Suppute sur les phénomènes inconnus mais possibles.
Valeur de la méthode ? Le vrai de la méthode.
Ce vrai est-il le meilleur ? ... Jusqu’à ce qu’un
Autre vrai lui soit supérieur. Cherche-le. Trouve-le.
L’homme avec l’homme ; l’homme avec la machine ; l’homme
Avec Dieu ; l’homme avec l’aumône divine ... certainement ;
Le chien avec l’homme ; le chien savant mais chien toutefois.
Les limites de la science, de la philosophie, de la technique.
Mais, en vérité, y a-t-il un autre choix ? Quelle visée ?
620
La pensée :
Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe,
N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre
Pensée. Alvéolée avec un autre alvéole. Nécessité
De groupement, d’association. N’a nulle fondation.
Éveil et disponibilité dans une direction incertaine
Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller
Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de
L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui,
Autrui-dedans, autrui-dehors.
Elles s’organisent pour
Former une configuration. Leurs charges indiquent les
Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles,
Etc.
Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme,
Avec machines, puis société, civilisations, - évolution
Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.
621
Le vrai philosophique
Le vrai de la philosophie comme prouvé, démontré,
Explicité avec langage, avec exemples. Vrai dans
Un cas précis. Nulle valeur universelle. Vérité de quartier,
De pays, de civilisation. Peut-être substance, ou
Axiome, ou indécidable.
La philosophie comme
Perception du sensible et non pas pure science de l’exact,
D’où son matériel, son aléatoire, ses autrements. CAD
Une interprétation avec du rationnel, avec de l’irrationnel.
C’est aussi : spéculation audacieuse sans fondement vérifié.
Mais il y a Descartes. Alors Science rigoureuse ? Quel
Crédit accordé à la subjectivité de la conscience ?
Faudra-t-il avancer en possibilités logiques ? Faut-il
Lui donner des règles, des carcans ?
Le vrai serait
Le vrai divin inaccessible à l’intelligence humaine, hélas !
622
L’audace spéculative
L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître
Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-
Met l’embrouillamini, le manquant, le saut, le risque.
Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit
D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !
Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa
Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis
Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller
Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.
S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.
Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.
C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une
Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret
Et du réel dans un dessein de futur accompli.
623
Une sorte d’intuition
Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être,
Avec points de suspension. Semble sortir. Perception
Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière.
Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà
Audace et prétention que de parler de la sorte. Je
Dirais, à peine perceptible, peut disparaître à tout
Instant.
Pourquoi la conscience y croit-elle ? Pourquoi demande-
T-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de
Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante ?
L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté
De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes,
De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de
Défaire du noué.
Étude biochimique du cerveau ? L’intuition
S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.
624
Le retrait de la présence
Le retrait de la présence. Conscience de la
Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse
Du degré d’utilité, détermination de la valeur.
Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus.
C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non
Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage.
Pourquoi ?
La représentation extérieure est ordinaire,
Inutile, en perte de temps, de composants, de structures.
La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins
Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière
Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde.
Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine
Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité.
Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.
625
Valeur du principe
Valeur du principe. Trouvez-mieux : je prends. Cherchez !
Détermination avec science et raison humaine. C’est son
Fondement. Mon vrai technique et scientifique. Mon rationnel.
Je puis démontrer, prouver du concret. Objets humains,
Hors de toute incertitude.
626
L’un et l’un
Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “ l’être ”.
La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.
Introspection psychologique, désir absolu de comprendre
Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,
Avec son langage, son espace, ses structures.
Comment
Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut
Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,
“L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là
Est enclos, en sorte que dans la parole il est” écrit Heidegger.
Le langage permet d’articuler les combinaisons,
Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.
Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.
À quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps
Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?
627
Insister, c’est espérance pour l’esprit
Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,
Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc
Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?
Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le
Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment
Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?
Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé
Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours
De la dissimulation de la nature.
J’ai besoin d’insister,
De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour
L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est
De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert
Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté
D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !
628
La négativité
La négativité, est-ce conscience réelle du vrai ?
Est-ce angoisse ? Analyse exacte de la situation !
Il n’y a pas brouillage, mais séparation, décision,
Volonté objective de concevoir le réel. C’est prétendre
Possible l’action de ces paramètres dans le futur. C’est
Spéculation de l’être lui-même, c’est manière de penser.
Dévoilement à soi de l’hypothèse plausible d’avenir.
C’est l’intégration du temps avec chemin caché,
pour prendre
Soin de se prémunir. À quelles lumières ? Perceptions délétères,
Assemblage de fragments, expérience ? L’être condense
Son vrai. Il est à lui-même certain. Le dialogue est clos.
629
Le Moi astral
Une sorte de Moi astral supérieur dans son essence
A l’être, qui perçoit et accomplit des pensées, qui capte
Par la sensibilité, dont les propriétés de précognition
Ne sont pas exclues. Sa volonté serait de tendre vers
La purification.
Subissant l’être, le sachant de
Valeur moindre. C’est une sorte d’élévation sur l’être,
Sur la pensée, sur l’homme.
Conclusion
J’apprends, je me forme, j’apprends
Je prétends en l’utilité de mon acte
allées et venues en moi-même
quelque chose de su. Tendre vers mon meilleur,
le dépasser.
630
RESONANCES VI
631
Introduction
Lisant et relisant, me relisant,
me détestant encore - comprenant le faible
et le dérisoire je questionne :
pourquoi cet outil inutile, obsolète et perdu ?
632
Acte supérieur
Acte supérieur, activité rejetée, bannie de la masse.
Ce que possède la clé pour comprendre, pénétrer, - pour le dedans ?
Les poètes eux-mêmes se persiflent, ironisent et s’ignorent.
A ne pas comprendre pas B qui refuse C dont l’École etc.
Pourquoi faire l’effort pour fabriquer l’image quand l’image
Apparaît splendide et belle, onirique, idéale sur l’écran ?
Construisez des clips poétiques - ils seront regardés. L’on
Vous dira ce que l’on en pense …
Ô l’inconnue, pour quelle sérénité,
Pour quelle essence de pureté, toi la méprisée, l’exclue,
Subiras-tu longtemps encore l’humiliation et le rejet ?
Iras-tu t’endormir espérant un autre règne ? Pourtant
Tu fus riche en langage, désireuse de ressources nouvelles,
Audacieuse dans tes volontiers d’aller outre !
633
Ha ! L’ingratitude
Des hommes, le rejet éternel pour les causes perdues !
La nouvelle inspiratrice
Désire autre chose - sans l’errance - avec la construc-
Tion. La logique, le décisionnel vrai. Assez de cette
Allure de jeune fille éplorée - : une athlète bionique
Courant le 100 mètres haies - avec vitesse et efficacité.
Fille enveloppée dans l’obscurité des dires impossibles,
En luxe et pauvreté d’habits, avec vices ou élégance,
Il faut donc penser une nouvelle inspiratrice, sportive,
Dynamique, agressive, belle, saine et blonde ! Actions !
Ou noire, pourquoi pas !
Etre-autre-chose de fort, de grand,
De crédible auprès d’autrui - le public méprisant.
Quitter le palais impossible - débordant de pierreries et
De poudres immortelles. Pénétrer dans le stade pour le
Challenge de l’intelligence et de l’audace, des spectateurs
Enthousiastes acclamant et payant pour la prestation !
634
Conscience et analyse
C’est perdu ! Trop d’écarts, trop d’hommes d’intel-
Ligence supérieure, en synergie d’actions. Que
Pourront les poètes avec leurs petites plaquettes de 30 feuillets !
Trois pets et trois pleurnicheries. “ Tirez-vous, jetez-vous,
Allez voir ailleurs ! ” Et ils y vont ! Mais il n’y a personne.
Qu’eux - qu’eux-mêmes - se repliant, étudiant leur nombril,
Prétendant encore posséder du génie !
Que faire ? Que faire ?
Ne pas critiquer, ne rien dire, mais s’autoproclamer
Comme dans un congrès du parti communiste albanais. Travailler
A temps partiel, le dimanche avec une formation d’instituteur
Ou autre … et prétendre rivaliser avec les exploits de la
NASA, de la Navette, - juger, comprendre le fonctionnement
D’une centrale nucléaire, d’un réacteur de la SMECA. Persifler,
Mépriser et dire : Quel imbécile, il n’a donc rien compris !
635
Le laboratoire de papier
Un poème est un laboratoire pour le langage, une
Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,
Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire
Avancer le génie de la langue.
Parfois bijou ciselé,
Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation
De l’image mentale.
C’est également un outil d’extraction
De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger
Du matériel nouveau par l’apport extérieur.
De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne
Pour élaborer le produit différent.
Recherche d’une
Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer
Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.
636
Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,
Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?
637
L’impossible ailleurs
Être sans attachement pour apprendre à s’élever,
A sortir hors de sa chair, silhouette impalpable
D’esprit errant.
L’ombre dans le futur exil pour
L’autrement, le différent avec mémoire terrestre toutefois.
Pour quel soleil ? Quelle extase ? Quelles ténèbres ?
Un visage purifié qui m’entraîne, qui m’enveloppe
Et m’aime, et je m’enfuis avec ma vie mentale
À la vitesse du rêve.
J’offre encore cette poésie
Famélique, pleurnicheuse, sans complexité ni profondeur.
Telle est ma punition cérébrale de médiocre né.
Je cherche la blonde sainte, idéale d’extase,
Égérie immortelle, etc.
638
Qui sait le lieu, le lieu ?
Sans pesanteur, de légèreté déviée. Au seul souci
De s’éterniser pour un impossible ailleurs d’amour peut-être ?
639
Détermination de la valeur
Se jette stupidement sur le carré blanc, pollue
Le purifié ;
crainte de la valeur, de la détermination,
Ne sait convertir la lettre ne chiffre.
Ce qui semble connu,
Certain - son dérisoire - sa crainte ; l’homme caché, replié,
Honteux, homme de la peur ;
Faible, - peu - progresse - élève-toi.
le murmure éternel lui dit :
Qu’est-ce qu’un poète ?
Peut-on déterminer son utilité ? Il modifie encore l’ordre
De sa mémoire, espérant quelque situation favorable
D’associations alphabétiques. Son immense silence dans
La nuit étoilée !
Veut crier dans le dédale de soi-même,
Invoque les Dieux ; nulle réponse. Habitude, habitude !
640
Toujours, miroir en soi, hors soi
qui se double et se dédouble
Puis l’exercice scientifique de pénétration
de profondeur
de connaissance
La feuille grecque avec spéculation
refusant le mauvais hasard
qui cherches à te reconsidérer
Est-ce toi, toujours toi
à te modifier à volonté ?
dans l’éclatante volte-face
par mille effets conjugués
pour un dérisoire, détestable :
“ Ce n’était que cela ? ”
L’œuvre était accomplie et j’attendais encore.
641
Encore insaisissable, encore - pour comprendre,
Supposer, et prétendre
élans efféminés de l’intérieur
amant proche de la séduction,
de la séparation des mots et des signes
qui évoque sa musique dans le miroir de l’âme,
et cherche désespérément la promiscuité de l’extase
Pour ne jamais savoir
marche furieusement dans le fruit de la science
pour en extraire des sucs de saveur
d’apprentissage supérieur
sans conscience religieuse
en dehors de toute sensibilité
afin de construire ses lignes de vérités
d’avancer sur un échiquier éternel bleu et blanc
Il faut allier : science avec conscience
642
I
À l’intérieur pour l’ermite
toujours là - enfermé - obscurité et lumière
en plénitude idéale du Moi
ne jamais sortir
La balance s’agite et suppose ton poids
prétend avec erreurs.
II
Pour quelle clarté ? La lumière se dérobe,
inquiète, effarouchée, fille savante
si troublée dans sa vérité,
angoissée déjà !
Difficile de jouir de ces grâces éblouissantes !
La conscience se ferme,
le visage vieillit.
643
III
Non - mais fabricant des visions
toujours à mentir pour chercher la vérité.
Le sanctuaire
N’y avait-il rien dans le sanctuaire ? As-tu
longtemps prié, pensé, appelé ? Tu n’es donc pas capable
d’y trouver ce qu’il y a ?
Ô visage ô sainte
Pour l’intérieur de tes portes, moi j’ai su comprendre …
644
Porteur
Porteur de l’invisible vérité,
- Quelle vérité ?
charge dans l’intelligence inconnue de l’homme,
Entre l’ennui et le désir,
grand souffle, envole-moi !
perfections à atteindre …
pour s’approcher de la lumière,
fascinés que nous sommes par le lointain
pour se grandir ou se détruire.
645
Une pensée d’étoile
Une pensée d’étoile obscurcie,
une pépite de trésor enfouie
un et un seul pour essayer de découvrir
Une jeune fille qui gicle dans l’Être
pour élaborer une forme
et qui devient une femme
reconstruit notre espace
Additionnel de filles, de lignes et de lianes,
d’enchevêtrement de perceptions et de suppositions
par montage solide ou délétère
à saisir, à tenir, … à effacer.
646
Ce qu’il faut élaborer
Le autrement avec soi-même, ce qu’il faut élaborer.
Est-il nécessaire de comprendre ? N’y a-t-il pas une sorte
D’abord incompatible, impossible à percevoir ? L’être
Conçoit une possibilité risquée. Doit-il décider
Pour rendre cohérent sa recherche d’une harmonie
Compréhensible ?
Aptitude à assembler, à dériver, à
Organiser de la mémoire proche et lointaine sur un support
Sensible - énergie mentale qui agit. Est-ce là
L’un des fondements de la détermination de l’être ?
Faut-il de la clarté ? Et quelles formes d’intuition ? Pourquoi
Faut-il rendre manifeste ? Pourquoi montrer ? C’est la force
De la pulsion ou du désir qui impose à montrer.
Efforts pour conquérir, pour construire dans son Étant, savoir
Ce que l’on peut faire, les variables temporelles
Et l’environnement transformant constamment l’objet fabriqué.
647
La luminosité prospective
La luminosité prospective, - moment de chercher,
De découvrir - éveillée par la curiosité - aller
Au fond d’elle-même. Quelle est l’origine de cette
Volonté intentionnelle ? Pourquoi le Moi décide-t-il
De se transcender ? Parviendra-t-on un jour à comprendre
Les mécanismes qui régissent l’acte de création ?
648
Husserl, Heidegger
Les impasses, les blocages, les culs-de-sac d’Husserl,
Les volontés de passer outre avec des difficultés extrêmes
D’analyse, de démonstrations vraies.
Les gains en biochimie
Du cerveau permettent de mieux comprendre les mécanismes
D’invention, de création, de pseudo-transcendance ;
Pour mieux savoir, mieux penser l’homme, faut-il la science
Ou la philosophie ? Ou la psychologie ?
Les remarquables
Définitions de Heidegger : Ici tout se retourne, ou encore
Temps : clairière dû se retirer de la présence.
Les transformations arbitraires de la pensée - les volontés d’approches.
Le besoin de justifier un sens exact, est-ce encore possible ?
Mutation de la détermination par rapport à l’ancienne,
Nécessité d’une pluri-référence variable d’une situation.
649
L’action totale
L’action totale pour la pensée spécialisée ; la Vérité
Est une assise sur laquelle se pose une autre Vérité.
Spécialisation, car l’intelligence n’a pas le temps
De généraliser. Etre avec l’Autre, car le Moi seul
Ne peut presque rien ; c’est la synergie des Esprits
Qui engendre le progrès ;
Elle seule - possède du manquant ;
parts de vérités ; elle et
Être implique :
Conscience pensante ; la vérité de l’être est essence …
Variable selon l’être ; elle est sa pensée pure.
Personnellement pure - certitude unitaire, non pas universelle ;
Le Savoir se prétend en soi-même ;
à quel degré de valeur
Peut-on considérer “la Vérité absolue” qui agit là en soi ?
650
Conflits, balancements
Il y faut du litige, de la discorde, une sorte
D’élan interne avec de la contrainte et de la passion.
Il faut étudier le cas. Voilà une possibilité offerte
À la pensée. C’est l’une de ses affaires. C’est une faible
Manière d’aborder le problème de l’investigation
Pour le Savoir.
Comment la pensée survient, est avant tout
Un problème biochimique. Les spéculations de Kant
Ou d’Hegel sont légitimes, mais elles sont de siècles
Passés avec faible science et ignorance totale du
Mécanisme cérébral.
651
Philosophie et …
Philosophie et environnement et degré de civilisation
Convient mieux que : Philosophie et Histoire. Histoire,
C’est : faits historiques tels que guerres, sacres royaux, etc.
Le philosophe face à l’Extérieur, propose toutefois un
Dialogue interne. Doit analyser la situation é-
Galement. Rapport d’extériorité. Essaie de
Déterminer le déroulement avec objectivité.
La Pensée
Se nourrit de faits extérieurs, les ingurgite, les recrache
Et tire son suc ;
la pensée active qui prend, sélectionne
Est apte à concevoir certains produits à certaines époques,
Elle exploite son expérience acquise, et connaît constamment
Un processus évolutif ou changeant d’après l’humeur, l’aptitude
Et l’environnement du moment.
652
Sublimations de l’étant
L’étant se dirige vers Être par la pensée ;
Si l’étant accède à la Pensée Totale, il est dans Être ;
Il a changé d’essence. Il a atteint le Concept absolu.
Être atteint l’idéal métaphysique. La nature de
Être est transcendée et peut s’apparenter à la divinité
Extatique ou pure dans son identité.
C’est un principe
Associatif de matériel fixé dans la mémoire qui permet
De passer du non-pensé au pensé. Se fait et se défait
Comme un nombre illimité de combinaisons avec des jeux de cartes.
Degré de luminosité intérieure, possibilité du Sachant ?
Ce qui apparaît de plus en plus clairement, est-ce du vrai ?
Pourquoi pas, si la certitude se déploie par la Science.
La vérité par la Science, par l’Art, par la Religion
Non renouvelable peut permettre d’accéder à la transcendance
Immédiate, et offre à l’étant le changement d’essence
Pour accéder à son propre Être en contemplant Être parfait.
653
(Cf. Les visions des futurs saints).
654
Puissance/Travail/Don
La volonté de puissance ne s’exprime pas sous forme
De travail. Car la puissance de l’homme est quasi-nulle,
Ridicule et insignifiante. Ce ne sont que des écrits
Qui restent et qui donnent une illusion de quantité.
Le travail d’un cadre supérieur se quantifie en salaire
Et l’ensemble de ses prestations s’est évaporé telle
La rosée. Et pourtant quelles actions n’a-t-il pas engendré ?
L’essence du travail est de l’énergie mentale appliquée.
C’est une transformation d’une proposition de langage,
C’est de dire papa et maman, mais en plus compliqué
Évidemment. Voilà tout.
C’est une aptitude de choix,
De combinaisons, d’arrangements avec du matériel
Supérieur sélectionné qui permet au travailleur d’accéder
À une œuvre dont la puissance et la forme atteignent
Ce rang.
A quel degré de l’échelle, vous situez-vous ?
Quelle hauteur, sautez-vous ? 1 m ? 1,30 m ? 1, 60 m ?
655
1,90 m ? 2,30 m ? Vous pensez à 2,30 m ? Est-ce du travail,
Est-ce un don ?
656
L’Absolu
L’homme face à l’Absolu. Peut-il y parvenir ?
Peut-il se dépasser pour l’atteindre ? S’apparente-t-il
À Dieu ?
Il serait une sorte de porche final ouvrant
Sur le néant éternel et infini. Cet Absolu est
Relatif à nos capacités maximisées.
L’Absolu de
La fourmi sur une étendue d’eau. L’Absolu de l’homme
Voyageant dans le cosmos. L’Absolu de Dieu. In-
Déterminé - Indéterminable - Incomposé - Informe.
L’Etre - le Temps et l’Espace
S’apparente pas à un Dieu inaccessible.
Dans mon esprit, ne
657
Rassembler en soi
Rassembler en soi des possibilités choisies pour agir,
Pour obtenir la meilleure attaque et résultante finale.
Non pas mettre à sa disposition la totalité du
Matériel, mais offrir la sélection optimisée pour
L’action. Car il y aurait charge, usure et poids
Inutiles de l’intelligence.
Le péril de l’intelligence
Est encore la dissimulation et l’incapacité de mettre
À la disposition de la conscience les outils nécessaires
À l’élaboration de l’action.
L’étude doit définir
Les limites réelles de chaque individu : le ne-peut-aller-
Outre, est bloqué-cérébralement-à, sa-tâche-consiste-à :
La maximisation d’un volume de chaîne HIFI ; la potentialité
D’une calculatrice programmée ; - limites de l’homme seul ?
Rassembler en soi, est-ce destin de l’être ? Qu’il
Le veuille ou non, l’homme est une autonomie. L’heure
De naissance, l’heure de mort prouvent l’autonomie.
658
Rassembler en soi ou se dépouiller - perdre -
Désassocier, ou désactiver, rejeter, oublier. Contraires.
659
Husserl
Husserl s’est-il réellement trompé ? Sa description
Des actes de la conscience est-elle réellement fondée ?
S’est-il égaré dans son analyse phénoménologique ?
A-t-il considéré par une représentation de points-source
Des images offertes à la conscience ? A-t-il été
Au-delà de l’acte psychologique, dans le fondement
Même de la perception, de la réception des faits mentaux ?
Par-delà la logique, est-ce une étude philosophique
Nouvelle qui est ainsi proposée ? Ou une étude biochimique
De l’imagerie des messages ?
C’est vouloir trouver l’origine,
L’explication fondamentale, pure, transcendante, cela
Nécessite une objectivité parfaite de l’analyste lui-même.
Comme se définissent les actes vécus ? etc.
660
Incandescent, exalté
Incandescent, exalté, bouillonnant
inclus en lui
dans mes propres cieux, construisant son espace,
- le savoir de l’autre fait irruption
et s’associe au sien !
Dansons avec l’armure, - mathématique et poésie !
fixement caparaçonnées, soyons prudents, l’œil fixe !
Et là-bas la neige, la soie, l’éclat !
Et toi, le réfléchissant, oscillant dans tes brises,
qui devient visible là-bas ? Est-ce la Vérité ?
l’attente, l’entendement d’une claire certitude
car l’Absolu du savoir est utopique, mais
s’apparente aux Dieux.
661
Partenariat
Le mettre-avec, le avance-avec, ou encore
Structures invisibles se déployant par-dessus. Espèces
D’armures métalliques avec câbles souples permettant
De solidifier l’architecture de l’homme. Est-ce
La rigueur du poète, de l’artiste ?
Propre de gains ?
Sera-ce une certitude
L’industrie cinématographique est un
Mariage réussi entre la rigueur économique et l’audace
Artistique.
Devons-nous diriger notre pensée avec rigueur,
Liberté, audace maîtrisée ? Est-ce un savant cocktail
Selon l’adaptation à la situation du moment ?
Sur le
Chemin, en copropriété, du Moi-libre avec le Moi-pensant ?
662
Cérébralement différent
I
Transformer le mécanisme de penser. Délaisser une
Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer
Un système d’extraction ou de production autre.
Il ne s’agit pas de passer de l’homme à l’Etre,
Mais de reconsidérer l’appareil productif interne
De l’homme. Prétendre différemment les possibilités
De l’action humaine. Appréhender l’étant avec
Plus d’efficacité, d’objectivité, de réalisme.
Il ne faut pas nier l’éphémère, l’impalpable, le délétère,
L’intuition sensible, ou artistique, mais il faut mieux
Canaliser.
L’évolution dans la Nature engendrera-t-elle
Un homme historique nouveau ?
663
II
Être ou la dérision de soi. L’un prétend au
Discours quand l’autre ne propose qu’un bavardage oiseux.
Méditons sur Être, sur ce sujet insignifiant …
Emprunter la voie de la pensée, pourquoi pas ?
Faut-il s’en offusquer ? Quel éclairage, quelles vérités
Nouvelles les hommes réellement pourront-ils apporter ? Et pourtant !
C’est nécessité absolue pour l’humanité que de penser !
Apprendre, écouter, appliquer, tirer.
Optimiser la potentialité propre à chacun.
Ou mieux encore :
664
Le rêveur volage
Tu es l’insoupçonné, le rêveur volage,
Le capteur de l’indécis, du frissonnement
La bulle à saisir, tu es … et déjà tu n’es plus.
Ainsi je prends mes mots, mes vibrations délétères
Là-bas comme une fontaine lointaine,
L’imperceptible chuchotement.
665
Progrès pour l’esprit
A la racine de la pensée. Les chemins du questionnement,
Avec plusieurs réponses plausibles ; l’obtention d’objets
Nouveaux engendrait de nouveaux questionnements ;
La solution vers une autre interrogation ; c’est la
Maximisation de nous-mêmes qui engendre le progrès.
Je prétends à des solutions - exemple : création d’un
Concept car, puis la voiture achevée, soi-disant
Parfaite, correspondant à un segment, à un besoin etc.
N’est pas si parfaite que je le prétendais - je repense,
Je transforme, je fais évoluer encore, - ainsi j’avance,
Et c’est progrès pour l’esprit.
666
Du primitif à l’ange
L’étant posséderait en soi l’origine du primitif.
L’évolution lente et progressive de la raison ou
De la conscience offrirait un devenir à l’étant
Qui essayerait de tendre vers Être.
L’étant est dans l’ombre noire quand Être est dans
La clarté parfaite. L’étant est dans la caverne
Quand Être accède à la perfection de pureté.
Comment passe-t-on de l’Étant à Être ?
Être tire l’étant, veut le faire évoluer,
Progresser.
Du primitif à l’ange.
Il y aurait des phases de retour à l’étant, avec
Glissades, rappels, régressions.
Les possibilités subliminales ou transcendantales
Ne seraient accessibles qu’à une forme
D’élite intellectuelle.
667
*
Se destiner. A se promouvoir. Évolution des
Modes de l’être. Transformation lente mais
Continue. Avance en soi, accumule, construit.
Le déroulement d’événements présupposés, conçus dans
La logique du probable. Ce qui doit avoir lieu.
Prévoir du futur, s’y intégrer pour le : voilà-donc.
Si l’histoire a lieu par la volonté du destin personnel,
C’est que l’homme est libre. L’être se destine-t-il lui-même ?
C’est encore le problème de Dieu et de la Grâce.
668
Le Grand Être
Surmonter son Néant, sortir la tête hors du gouffre.
La douleur de l’homme, c’est sa conscience infiniment faible ;
Son espoir, c’est d’ajouter et de transmettre. Car son
Faible est également un faible temporel.
Son destin est
Intimement lié aux autres, en raison de l’insignifiance de
Sa nature, à l’image de fourmis ou d’abeilles - le Social.
Comment la personnalité peut-elle se construire pour faire
Un Grand Être ? Le développement, le déploiement intérieurs ?
De Gaule.
“ Ceux qui ne sont pas d’un grand être (wesen)
N’aboutissent à rien quoiqu’ils œuvrent ”, Maître Eckhart.
669
Langage outre
Penser sans le langage en compressant le message,
A l’intérieur. La volonté de penser par la vitesse,
L’imperceptible, le fugace, sans le langage pour
Aller plus vite, pour se décharger du poids des mots.
Sur les fibres, dans les neurones, mettre des 1 et des 0,
Code digital. Parvenir toutefois à s’orienter, à
Œuvrer par la certitude vraie dans l’intuition ou la
Prescience. Essayer d’évincer cette sublime
Dimension intérieure qui est la langue, et communiquer
Outre.
670
Être, pourquoi ?
Être, pourquoi ? Le but ? La finalité ?
L’être, le temps et le résultat obtenu
Être avec quoi, par qui ? Grâce à qui ? Le
Rapport de soi aux êtres, aux choses ? Au visible,
À l’invisible.
Être en présence d’être, et se
Suffire de soi. Ne pas chercher le dévoilement,
Ne pas donner, ne pas faire - se suffire - en
Son propre état - encore-le-même.
Est-ce incapacité de progrès, d’aller outre, de blo-
Cage ? Le encore-le-même engendre de la
Dégradation par rapport à la civilisation qui avance.
Le temps et le mouvement du progrès ; adviendra qui
Voudra - c’est encore de la race des faibles ; le
Laisser-la présence est une régression dans un environnement
En constance de changement, d’évolution et de gains.
671
La négativité
La négativité - ou la conscience du vrai - du réel.
La logique du conscient au-delà de l’enthousiasme,
Est-ce certitude absolue ? Où est l’audace, le risque ?
Cette part de rêve nécessaire à toute entreprise ?
La réflexion d’éveil pour penser, décider, balancer ?
C’est supposer rendre exact la détermination du
Contenu futur - c’est donc une projection - c’est
Analyse de projet. L’économique essaie d’annihiler
Le hasard dans ses actes. Le système bancaire y
Parvient-il ? Et l’homme dans ses choix d’actions ?
L’homme maîtrise-t-il ou pourra-t-il maîtriser son
Avenir ? Le lieu de l’avenir est-il en lui-même
S’il peut décider de son Destin ? Est-il lui-même
Face à l’Absolu ? - L’événement se trouve révélé.
Ce qui veut dire : que le pouvoir de l’homme est
Relatif - il est plus victime de son destin qu’il n’est
Apte à maîtriser ses actions quand bien même il se
Prévaudrait de son libre arbitrage pour décider et agir.
672
*
Le sens de la vie est-il d’accomplir des actions
Imprévues par l’homme, ou serait-il également
D’accomplir des actions programmées à son insu ?
- Je savais ce que tu allais devenir - peut
Prétendre Être Suprême.
673
La discipline
La discipline peut s’interdire d’avancer dans l’erreur.
Le déplacement de la vérité. Le déplacement de la
Discipline. L’interdit d’hier, l’imposé d’aujourd’hui.
L’interdit d’interdire. Les espaces imaginaires de l’homme.
Son matériel créatif pour y parvenir. Le mélange,
L’exploitation d’autrui. La liberté de l’esprit.
L’utilité négative de la mathématique. Ne pas
Aller outre. Rester dans sa certitude - platitude ?
La censure et la critique de Kant. La poésie est
Un système d’illusion utile.
A pas certains, avec précaution, avec pure authenticité,
Sans sophismes, ni apparence trompeuse.
L’imaginaire faux peut induire sur du vrai.
674
I
Le temps - Les bornes - Se former - Tombe la mort.
Rien - peu - Hélas ! Et que faire ? Nature d’homme !
La masse. L’élite. Les génies. Voir un peu, au-delà.
Les Dieux. Les perspectives d’avenir. Nulle nostalgie
De la vie.
Et toi, qu’as-tu compris, vu, su ?
II
L’esprit de l’homme - les affres de la sainteté.
La connaissance. Les voies de l’avenir.
Les Dieux descendent. Les signes. Les certitudes
De l’au-delà. Le temps perdu.
L’inutilité de la poésie.
L’avant-soleil, - Toi.
675
L’inutile
C’était un inutile - une sorte de poète.
Disons un poète - qui reconstitue à sa
Manière l’ensemble des perceptions qu’il reçoit,
Une faible Essence de pensée, sans rigueur,
Qui travaillait avec de simples signes
Cherchant à se comprendre, à se méprendre.
Images stupides de perpétuelle médiocrité !
Il investissait dans de la pauvreté littéraire ! …
Que pouvait-il en espérer ? Le rejet, l’ex-
Clusion d’autrui - le moins-que-rien,
En vérité. Conscient que nul trésor
N’abondait en son âme, certain de l’échec
De son destin d’écrivain-fuyant, allant vers l’ombre,
Vers le néant de soi-même, du fond de l’inconnu.
676
Les structures métalliques
Des yeux scrutant à l’intérieur,
Repensant de nouveaux espaces,
Le vide, le désert, la construction,
La Nuit - moins la Nuit - le plus clair.
L’Éternel Néant - la volonté d’échafauder,
Structures métalliques invisibles à perte de vue.
Puis des visages, des corps, des sexes, des femmes,
Je regardais ma face sur ces structures
Qui renvoyaient son image - je glissai
Le long des structures.
Éternellement je recommençais,
Les structures réapparaissaient.
Je repensais le tout avec déformations scientifiques
Désireux d’y injecter du sensible et de l’émotion.
677
Le damné
Très loin - pour la pitié - avec plainte
Écho perturbateur.
Le ciel, je le priais,
- Sa profusion, son omniprésence, mais rien
Et c’était ma Mort.
Oui, éloigné de ma chair
Marbre, cadavre, femmes vues, enterrements,
puis un nouvel automne,
l’annonce d’un désespoir.
Les bornes infinies et la terre palpitant,
et respirant ma fin
Justifiant l’horreur du damné
l’annonce du chaos pour toujours
du condamné à l’éternel rejet.
678
Le rejet infini
Tu chancelles et chancelles cerveau
Le pourpre du matin cavale
c’est la débauche après la nuit
Sur eux également se déverse la chaux d’hier
La paroi magnétique est froide comme un serpent
Qu’importe ce soleil d’hiver,
Tu saurais en jouir de cette neige claire !
Sur le seuil point d’oiseau
la race des rapaces approche
Détesté des humains, condamné par les Dieux,
persécuté par les morts
à jamais, à jamais !
Dépose ta pierre, dépose encore
Pour qu’elle estime ?
Dans le rejet infini
679
Les gerbes d’or
L’esprit, chercher encore cette solennité poétique
y descendre par l’échelle créatrice
pour y trouver un être ou l’Être
Le prodige de sentir le soleil sous soi
mais plus solennelles encore les gerbes d’or de
la moisson ressuscitées au clair de ma conscience
offertes en profusion de saveurs à l’âme littéraire
désireuse de se nourrir d’Essence
680
Les intensités suprêmes
Les intensités suprêmes de la pensée
avec l’immense lassitude de l’esprit
Nul hommage intérieur
une conscience de honte et de médiocrité
La rare apparition, - la fille sublime
telle une intuition géniale
mais l’Éternité révèle l’insignifiance de l’homme
Son espoir est dans une possible esquisse d’immortalité
entourée de quelques élus sublimes
seulement
681
La douleur absolue
La douleur absolue
L’exil au plus profond du Moi
La transe, la mémoire pour produire
La substance pour se mouvoir
pour ne pas oublier
L’œil ouvert pour l’intérieur,
L’impossibilité d’en cesser avec la violence
et la chute éternelle dans les tempes
Dans le vide
Dans le vide, l’éternité qui fuit
Sur mes côtés le temps
De la mort à la vie
Faire exploser une Aube mortuaire
Recommencer à l’Est
682
L’emploi de l’autre
Je suis où je puis
dans la mécanique et le labyrinthe cérébral
constructions interdites avec élans neufs
Je regarde Paz, - j’ai :
sculpture qui devient matière intellectuelle,
magma
étincelle
lumière / génie
soleil
énergie intense
rituels
mémoire du passé - connaissance des anciens
Le corps et ses langages : nul intérêt
L’idée fixe ?
Par Paul - pas maintenant
Lui propose : des : plantes grimpantes de l’air
sous des arbres de vent
des : manteau de flammes inventé
et dévoré par la flamme
En vérité, j’ignore comment exploiter l’autre,
683
Je voudrais mais ne puis.
insignifiantes
Ainsi j’offre des solutions banales et
Autrement, demain.
684
La plongée et la crainte
Entendus seul de moi à moi
des mots inutiles pour couvrir une ombre
La pensée comme un écho lointain
se baigne dans l’inutile
Marcher, peut-être, marcher en soi pour espérer
trouver autre chose
Attendre la lettre - l’autre lettre - mais quoi ?
Sous la braise - les mots - le soleil - la braise
Se noyer dans l’ombre de soi-même bêtement, faiblement
L’ouverture pour le front
Surplomber son immense paroi cérébrale,
craindre de s’y jeter,
de se faire foudroyer par l’éclair
La plongée et la crainte
685
Activer la mémoire
Activer la mémoire
reconnecter autrement
dériver, trier, jeter, prendre
et supposer ……. supposer
Vivre avec des idées, des métaphores,
des bulles, des reflets, des pourquoi-pas
De l’ocre, de l’argent, du cuivre,
mêlons, fusionnons, recommençons
La rumeur dans la pensée poétique
Le miroir perturbateur
Que vais-je faire réellement avec
ce matériel de mots, d’idées, de verbes ?
Où, jusqu’où puis-je aller ?
Connaîtrai-je mes limites ?
686
La vision oblique
La vision oblique
Le pensé le perçu le su
l’au-delà trompeur la mise poétique
Les coups foireux l’audace
Le mécanisme interne de transformations
des idées qui n’en sont pas,
des formes qui changent
L’imperceptible s’évapore,
L’élan me précipite dans l’inconnu
Les possibilités mentales sont comme des flux
activant, ressuscitant un alphabet groggy
Peut-on prétendre trouver, inventer ?
687
Fragments
Pertes et échecs
Tendances encore
A l’agonie
Pour ma fuite, moi
Je prends, je te déteste
J’invoque un Dieu
La nuit te traverse
Le noir est inutile
Le temps m’observe,
Me ponctionne de la
Vie. Je le fuis.
La fuite est impossible.
Je plonge vers le ciel
J’emporte mon corps
J’abandonne mon âme
L’heure est inhumaine
688
Existe et disparaît
Sa fille prend sa place
Des oiseaux des images
Dansent dans tes yeux
Je tète de l’inutile
Le poème insignifiant
Fait sa route à mes
Côtés. J’invoque encore
Sonore et frais
aux bras et aux chevilles
coule l’argent, écrit
Octavio Paz
Mon texte ridicule
doit s’achever ici.
Pour d’autres espoirs,
Sera-ce possible ?
Encore je doute. La nuit.
Je dors.
Dors.
689
L’Être/L’étant
L’être, ou la sublimation de l’étant ; l’étant
Ordinaire, jouisseur, sexuel, à la recherche de
L’obésité physique, très MAC DO ; veut faire
De l’argent ; assouvir - expérimenter, exploiter
Planifier, aménager, cherche l’innovation ; l’étant
Néglige l’être, en fait sa part bouddhiste, spi-
Rituelle, appelle Dieu : l’inexistant - craint
La mort, veut la fuir - craint le temps - aime l’auto-
L’être veut s’épanouir dans son essence. Il y a donc
Le bien et le mal, l’être et l’étant. L’homme primaire,
Le primitif, vivant avec ses instincts, et l’esprit supérieur,
Autre, au-delà, cherchant le Lieu, le Fils, le Futur.
L’ombre de l’étant interdit la lumière de l’être,
L’être est la partie pure de l’homme qui veut s’éclairer.
690
Transfert
Ils se pénètrent, s’approfondissent ;
un Moi inconnu
envoie une pensée profonde par l’image
que je dois défaire pour reconstruire
un espace invisible, caché, dedans
Éclipses, interdits à comprendre.
Soumis à interpréter.
Je dois expliquer.
691
La page
Solitaire, vacillante
poussée par le besoin,
désireuse de quelques solutions satisfaisantes
calme puis éblouissante,
que sera-t-elle ? Que donnera-t-elle ?
L’espoir comme un enfant …. mais c’est seulement
une page d’écriture.
692
La constellation irréelle
Est-ce toi, toi dans ta virtuelle réalité
de mensonges, de doutes et d’audaces d’écriture ?
Tu te conduis avec raison
pour élaborer un édifice.
au quotidien
Ne sont-ce pas de vaines constructions délétères,
infinies et inutiles ?
Est-ce élan ? Aptitude cérébrale qui offre
et organisme des produits de l’intelligence ?
N’est-ce pas faire preuve de prétention que d’oser
employer un tel terme : intelligence ?
Tout est pour l’intérieur. Autrui te détruit, te persifle,
te ponctionne, te méprise. Cela ne les intéresse pas.
Ils ont autre chose à faire. L’autre, oui - vous, non,
répètent constamment les éditeurs
693
Tu n’es pas réel - tu es un souffle transparent
qui disparaîtra avec sa mort. Tu es le manque, ô mon absent,
mon silence, mon caché, cet encore un en-toi.
S’il y a clameur, elle est interne - étouffée -
sachant à jamais confondue.
Pourtant tu le hurles sur cette feuille de papier.
Quelle force t’impose à l’écriture,
à le dire, à le proclamer ?
Ton désir est bien de construire
sous la constellation irréelle des étoiles poétiques
qui passent et disparaissent.
694
Absence
Absence du poète ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Qui m’appelle ? Vers qui me faut-il aller ?
J’accumule des lignes sur le papier,
Je remplis du vide.
Des élans inutiles.
Le réel parcours poétique
Il faudrait ici une force immense
Sur la cendre ou le génie de l’autre
Ou se purifier encore
Jusqu’à l’obtention du blanc spirituel.
Où trouver ? Comment extraire l’énergie ?
La production d’étoiles de poussières,
Pour l’infiniment rien …
Atteindre sa portée et finir dans le désastre
Et dans les ruines de soi-même …
695
Accéder au faîte de la montagne
Pour s’écraser sinistre et inconnu
Dans l’ignominieuse indifférence des hommes.
Tel est peut-être le réel parcours poétique
Du peu à l’envol, de l’envol à l’extase,
De l’extase à l’écrasement
Dans la médiocrité du vide et du désert littéraire.
696
1
Une mémoire stupide qui carambole encore
ici s’achève un commencement
J’ai voulu fuir mon corps
J’ai marché dans ma raison
2
Mille fréquences et la mienne
Mille et encore
à la recherche la subsistance
fragilité aux milieux des ombres
697
La perception insignifiante
Le besoin d’extraire pour fuir mon néant
Une envolée d’extase une esquisse fébrile
Un faible filament
saura-t-elle porter l’écrit nouveau ?
et cette perception insignifiante
Je m’essaie en toi,
je risque, j’expérimente si le terme est juste
j’attends l’instant satisfaisant
j’associe liberté et force
pour l’exaltation du poème
Ta passion m’éclaire d’une gerbe des saveurs
Nulle élégance, nul rythme, mais une violence
qui m’obsède pour une verticale
impossible à atteindre - ta verticale !
698
L’embonpoint bourgeois
Je ne crois plus en une possibilité
de progrès, de gains réels.
Je cherche à me redéfinir par l’écrit espérant
peut-être que le vieillissement cérébral -
l’embonpoint bourgeois - apportera quelque patine
agréable à l’entendement.
Je n’ai plus de vigueur - ces jours accumulés
qui lentement amoindrissent la pensée - me font
songer à une lente déchéance intellectuelle.
Patience, me chuchote l’esprit - patience -
Voici un matin, une aurore naissante.
De nouvelles pulsions agitent ta raison …
Viens te nourrir de ces lumières.
C’est un autre silence.
Les mots seront des plus briques solides,
une construction est à reconsidérer.
699
Tu dois me faire confiance,
moi qui depuis tant d’années élabore à tes côtés
une espèce d’élévation supérieure.
700
De ma salive à mes sueurs
Là où s’agite la mémoire inconnue
Là où l’éclair produit le miracle
Le corps se déteste et l’âme se développe
Je reconstruis ma pensée
Je cherche un nouveau terme
Encore la rumeur veut-elle exister ?
La bouche explose
de ma salive à mes sueurs,
Que vais-je obtenir ?
701
L’inspiratrice follement cartésienne
Elle murmure ou se tait dans son absence
Elle se mesure avec la forme du nuage
Elle constate dans son espace
et essaie de surprendre
On la dirait fugace et libre dans sa transcendance
Quand son ombre s’épaissit,
l’être qui l’accompagne se construit
Il demeure ou s’incline dans son lieu de naissance
Nos regards et le temps pour élaborer
et remplir les coques minces de l’estime,
nos regards !
Se considère ce qui sera formulé,
dans un ovale de bouche garni de cendres
et de poussière
702
Allez ! tourbillonne, tourbillonne,
Inspiratrice follement cartésienne
dans ton illogisme sensé,
tourbillonne !
703
La belle évaporée
Assoupie, endormie, rêvant encore
un peu de soie divine sur un sofa d’extase
fluide, alanguie, s’étirant, là, oui inachevée,
mais s’étirant encore
sous une lumière lymphatique et pâle
sublime énigme de confusion et de nonchalance
qui semble régner impérialement
Elle conçoit dans son rêve des images claires
qu’elle traverse nue
Elle embrasse des souffles d’orgasmes et va
cueillir des caresses nonchalantes
tremblantes et fuyantes
Je secoue cette masse belle de femme qui tombe
en poussière de songe devant mes yeux ahuris
704
Femme phosphorescente
Avec l’utilité du Néant
enjambant le cercle clair
elle avance obstinée et sage
pour construire dans le silence
Femme phosphorescente pensante et sexuelle
refusant la faiblesse
suscitant tant d’espoirs
dans la lumière naissante de l’écriture
brillant, éclairant çà et là
quelque ténébreuse recherche
soufflant sur des mots mystérieux et irréels,
dans l’arôme de sa bouche
Je désire son visage transcendé
et me colle à ses lèvres pour extraire le suc
de son savoir et l’exprimer ici
705
Le diadème d’or
L’image est un résidu insignifiant
le son disparaît dans l’inutile
la raison revient à l’éphémère
le monde poétique se perd dans l’oubli
Nulle possibilité incessante ne pourra les convaincre
Persister, insister toutefois mais la médiocrité demeure
Les noms se perdent dans l’inconnu de moi-même
J’avance péniblement - rien ne s’inscrit
réellement pour développer ton aptitude
Ta figure se fissure, les ans te changent
Et pour quel avenir ? Je te le demande !
Tu cherches avec patience et veux construire
La nuit sera-t-elle explosive, sinistre, détestable,
haïssable ? Y verras-tu briller le diadème d’or ?
706
Le songe qui pense
Ho ! L’ombre engourdie, sous-jacente, occulte
par la pensée appesantie se tait croulante !
J’offre l’immense brèche vers la mer aérienne,
le poème pousse son souffle dans l’orage créateur.
Là-bas vers d’autres ténèbres ou d’autres références
parmi les mots et la signification des contenus, là-bas.
Nul instant de repos, mais une aptitude à l’éclosion
à la recherche, à la compréhension - à la volonté
de s’émouvoir.
Cette main qui réfléchit est un songe qui pense
dans le mouvement aléatoire de l’inconnu,
dans le déplacement continuel des nuages inventeurs
qui désirent seulement redéfinir les choses, les arranger
les dériver, ou les combiner autrement.
707
Une forme souple
Une forme souple, qui plie et se replie,
Sous la tige, une insignifiance de graine.
Elle se développe, croît et durcit,
elle germe, substance nouvelle dans l’éclosion
de la lumière.
Une possibilité de vérité s’éblouit
dans le silence de la nature pour se développer
avec sérénité et paix.
708
L’utopie précaire
Est-ce une utopie précaire, une espérance dérisoire,
une probabilité douteuse ?
De cette blancheur insipide, puis-je imaginer tirer
quelque chose ?
C’est un souffle qui emporte l’âme féconde sur des
chemins extérieurs.
Il caresse des formes inconnues, il flotte près
d’une étoile qui luit, il disparaît dans la
poussière des songes.
Ce sont des sensations, des réalités de conscience
qui m’accompagnent avec ce murmure quotidien
dans les tempes.
709
La pensée espère
La pensée espère encore
dotée d’outils détestables et méprisables.
Le poète construit sa propre maison,
tout devient sourd en lui.
Là où se situe la fin, y aura-t-il un nouveau départ ?
Se peut-il que la production obtenue
offre des possibilités d’extractions belles ?
Le poète veut reconstruire une demeure souveraine,
souterraine peut-être.
Le travail d’hier pourra-t-il engendrer
le chaos de demain ?
710
La fille impossible
Je n’ai jamais pu croire même en pleine lumière
Tous ces nocturnes effets n’étaient que chimère
Qui aspiraient le vent de la splendide nuit
Le temps sur le temps accumulait de vaines choses
Les mots devenaient des idéaux d’impossibilités
J’espérais pourtant une sorte d’aurore subliminale
Je créais des obstacles que je chevauchais
Allégrement, la pulsion d’écrire jamais
Ne s’achevait… et j’espérais encore
Cette sorte d’idéale inaccessible peut-être
De beauté poétique bleue ou transparente, superbe
Toutefois - j’allais ivre de foulées légères
Dans la béatitude pour la fille parfaite
Cherchant, cherchant encore sans jamais la trouver.
711
Semences exaltées
Encore ces semences exaltées pour des espoirs stériles
Alors la plongée dans ses propres torpeurs avec la
Volonté dérisoire peut-être de mieux … enfin …
Et toujours non ! Toujours rien ou peu.
Mais comment ? Comment autrement ?
Des chants, des rêves impétueux qui circulent
Magistralement dans les méandres de l’âme,
Un calme qui se forme, respire et expulse,
Les dernières substances poétiques pures,
Et là, des mains inventives construisent avec du
Délétère des structures cristallines,
Invisibles, inutiles, mais construisent toutefois
Que j’efface que je trace dans un idéal d’espace
Feuille de papier imprégnée de soupçons.
712
L’antre du tiroir
Ici le poème n’a pas d’avenir,
il se meurt et disparaît dans l’antre du tiroir.
Il va, se superpose sur d’autres feuilles,
ce qui s’inscrit semble dérisoire.
Constant à la recherche d’autre chose,
mais quelle nouveauté ?
Ici ce que propose la main ne dure pas.
La parole est faible et s’enfuit
comme un écho indistinct dans l’âme du soir.
Ici la paix est détestée,
le travail est un leurre.
Dans la gestation de l’écriture,
le texte accompli est encore haï.
L’esprit demeure, persiste, espère
et prétend pour un futur.
713
La piètre maison
Là où supplie l’intelligence un progrès quelconque
demeure une certitude de médiocrité
et d’insignifiance
La nuit des Dieux est sourde
et refuse d’entendre la supplique
Je construis l’intérieur de ma piètre maison
Nul commencement nouveau,
Le corps veut se détruire
Le domaine est à l’esprit
Il n’y a nul chaos invisible
mais chaque élément, chaque brique
se place et s’entrepose
La langue parle simplement, logiquement
avec raison - dialogue de construction
714
L’esprit offre à la bouche
et la bouche à la
main qui noircit la feuille
Quels résultats ?
715
Ténacité de l’écrivain
Écrire c’est prétendre découvrir autre chose,
c’est avoir la certitude d’exploiter un nouvel espace,
c’est encore s’accoupler avec des mots pour espérer
une sorte de ballet nuptial - le plus souvent
détestable, perdu en vérité.
C’est une sorte de recherche impossible. L’écrivain
désire ardemment obtenir une page ou un poème rares.
Y parvient-il ? Jamais ! Il quête “ l’albatros ”
il invoque “ La jeune Parque ”, mais il se sacre
de dérisoire - de son dérisoire.
Il veut imiter, ressembler à - il chancelle dans
son impossible pari. Il échoue, se meurt et renaît.
Enfin il y croit. Et pourtant ! Que de déchets ! Et
combien de maigres espoirs anéantis à tout jamais !
Enfin il insiste.
716
La forme floue
Encore une forme floue, délétère et fuyante
J’habite une douleur inutile
J’attends mon silence, le repos de l’âme,
l’extension de ma volonté
Que pourrais-je réellement écrire ?
717
I
Pur désir mécanique esclave de l’insomnie
entre le sexe cérébral tendu et l’azur poétique
avec du rien dans son désert
cher inutile cultivant ta médiocrité !
L’inconnu sachant l’impossibilité réelle de plaire
Une vocation ? - Entendre l’ordre ou l’appel -
Exact !
Des mots en synergie d’actions - du moins le croire
Rendement intellectuel quand les autres s’accouplent.
Ils pénètrent des vulves et je m’essaie
à des jouissances spirituelles quelle rigolade !
C’est ça : des voluptés de l’esprit savamment
élaborées dans le génie de l’imaginaire pourquoi pas !
Et surtout les cacher,
ces poèmes de l’ombre !
718
II
Il veut subir
L’âme est ouverte
le poids des mots
la violence de la Femme
quand il conçoit des écrits
Nulle douceur acidité et râles râles
les pertes s’empilent sur la table
la bouche à pages une médiocrité de soi-même
Le sang fouetté dans la cervelle faible jouissance
il veut construire, produire encore encore
L’heure est complexe il n’obtient RIEN
719
De l’une à l’autre
Cette pensée décapitée dans l’ère de
l’innocence,
rejetée, songeuse et stupide comme
un coup cérébral qui a échoué ;
Cette autre pensée qui prend la place
de la première, se prétend meilleure, apparaît,
s’impose, tente de régner quelques instants
sur cette feuille de papier,
Banquet, razzia ou festin de propositions,
de solutions édentées, vieilles et corrompues ?
Nenni ! Refus, à évincer ! Car tout cela
semble insignifiant. Alors ? Pour une autre
inspiration, dans un autre moment, demain peut-être.
720
En lisant Blok
Extraire quelques pensées éparses
en lisant Blok avec dédain
et indifférence de soi
en achevant péniblement l’année 98,
en espérant que l’année 99 sera fructueuse,
intelligente, gonflée de recherches et
de possibilités nouvelles par le cerveau
L’esprit se fatigue, l’âme demande grâce
mais il y a cette volonté stupide qui impose
à écrire ou produire n’importe quoi
Pour concevoir des produits insignifiants et mièvres,
pour noircir ou courir après la plume, sans doute !
Alors on écrit des fadaises, des faiblesses - on écrit !
721
L’attente
C’est une attente accompagnée d’un espoir,
une pause dans la rêverie douloureuse.
On dirait que l’esprit soupire, que la rumeur
interne s’essouffle nuitamment.
Cela semble être soi, à l’intérieur caché.
Les signes hésitent, attendent, n’osent sortir hors
de la bouche.
Il y a un frein solennel et mystérieux
qui interdit l’échappée et le soulagement
par l’écrit.
722
Nuits fardées
Par la visite du poète
à l’arrivée de rien du tout
le bout de sa nuit
une finitude d’esprit
soi, à l’intérieur
alors pour autre chose
à chercher
enfoncer, défoncer, ailleurs, là-bas
je suis où tu n’es pas
avec agonies, nuits fardées, vomissements d’écrivain
La quarantaine légère merci !
La douleur, la grimace
ici tout semble inutile
Oui, qu’obtient-on réellement ?
723
Épilogue
Chercher sans réellement découvrir
dans la rumeur de soi
avec tangage de langage, - chercher
Quand la gestuelle pensante est monotone
sait pertinemment que demain sera comme hier
une vaste déception cérébrale
d’élans cassés
d’avancées perdues,
de futurs inutiles
Alors pourquoi cet étonnant labyrinthe en soi-même,
cette vaste cité intérieure ?
est-ce volonté de comprendre,
de développer une capacité interne ?
Est-ce aventure personnelle ?
Fuite en soi ?
724
Nulle réponse simple n’offrira de réelle vérité.
Est-ce travail d’homme ? De pseudo penseur ? De poète ?
Que répondra le lecteur ?
725
RESONANCES
726
727
RESONANCES I
TABLE DES MATIÈRES
Qui seras-tu
Suis-je
Je crains
Je te devance
A nos z'actes marqués
Et cette élévation
Mélange
Yeats - translate I
II
Ici vraiment peu
Sans et honte
Enculé
Du encore
Marche en soi-même
Jérusalem
728
Toi - imagine
I
II
Les papillons
Re commencement
Moi, solitaire et tel
Qui a su resplendir
On a renoncé
Vendredi saint
Où es-tu
Que reste-t-il ?
Le temps s’envolait
Autre jour
Parenthèse inutile
Vide créateur
Avec sa complexité, l’homme
Le choix - Yeats - Traduction
Le zéphyr bleu
Que je
J’espère, j’entends
Ton enveloppe astrale
Convertissez-vous
Puissante
729
La chair est une douleur
Les météores
Le soleil de jeunesse
L’avenir en Dieu
La médiocrité
Le miroir
Bilan
Longue marche
Il s’y essaie encore
Si écrire est penser
Constat
Consolider le songe
Jeu d’échecs
Le miroir
Poétesse
Culture méditerranéenne
Problème de la grâce
Moi encore
Le prisonnier
Sexe, plaisir,
Je m’interroge peu
Le Juif
Sérénité
730
La capacité d’analyse
Ciel silencieux
Je parle seul
Sainte II
L’écrit/le risque/le cul
Ici vraiment peu
Comprenant
Ex clu
L’oracle
I
2
3
4
5
Séquences
1
I
II
D’observer un devoir
L’Absent
Je ne t’accuse pas
C’est l’ombre de moi-même
Seulement le silence
731
Accomplir un travail
Le ciel monte
Écrouer
Marche
Il faut
La tour
Alors ?
L’épitaphe
Sa vie
Homme puissant
Syntaxes
Sera-ce ?
Voleur
Remonte
Le geste
Froidure
La cité désertique
Idem
La pompe de l’indifférence
Autre fille
1
II
III
732
IV
Absence de femme
Architecture splendide
L’insomnie
Laisse-toi
Mouvements des corps
La mort
Je m’exile
Quelle médiocrité
Matière à penser
Trois graines d’écriture
L’éclair de vie
La ridicule histoire
L’homme et la fleur
Perdurer
L’œuvre
Bilan I
F
I
II
II
III
IV
733
III
J’imagine
Le sphinx
Forêt claire
Je m’enfonçais
Chanson populaire
L’œuvre magique
Le poète, encore
Le mathématicien illettré
Le poète dans son exil
Les yeux
734
RESONANCES II
TABLE DES MATIÈRES
Visage
Des mots
Par où
Le geste d’éclairer
Vers l’avant
Repère infini
Une aptitude
Par l’oeil
Encore
Sa transparence
Vie
Moi qui tremble
Ce matin-là
Toujours présente
Soir pensé
Le poète
Le raffiné
735
Que m’importe les rejets
Pour soi-même, uniquement I et II
Rennes
1
2
3
4
5
6
7
1
2
3
4
5
6
Il espère être
A
B
C
1
2 Dédoublement
736
3
1
2
3
4
15
a
b
c
d
e
f
Les ténèbres de la poésie
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
737
11
12
13
14
Portrait d’un raté
La bonne mixture
L’essaie infructueux
Constat
Poète, je te laisse
L’exilé
Wimbledon 97
Back, Back I
II
III
Le temps cherche le lieu
Le fils du néant
1
2
3
La Dentellière
Léda et le cygne
Cette même pensée
A
738
B
C
D
1
2
3
1
2
3
4
De la mort
Le diadème dérisoire
Le Christ du monde
Le Tour de France 97
Le critique
Poème sur poème
Ta durée ?
1
2
3
Encore
Poursuis
Les nuits propices
739
Récréation La chanson du roi Dagobert
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
I
II
Pour personne
Les extrêmes
Cœur délabré
La nymphe
740
Le lecteur
1
2
3
4
5
Une autre histoire
La main paranoïaque
L’heure éternelle
Méditation
La torche
Les songe-creux
Créateur du vide inconnu
Légères mouvances
Le pardon d’avenir
Le futur du poète
Fatalité
Ôter le masque
À deux, avec soi-même
Conclusion
741
RESONANCES III
TABLE DES MATIÈRES
L’aventure interne
Les limbes
Le miroir entrouvert
Le néant de soi-même
Litanie
Intermède
1
2
3
Un poète à sa bien aimée
Le poète homosexuel et son père
De biais
Miroitements
Visible à soi
La nuit
742
L’idéal menteur
Poursuivre
Aigreurs
L’effort
L’a-vérité
Réflexion
L’image
Ce serait
Ont bondi
Les amants 1
2
3
4
Le po
La table
Conseils
I
II
La gloire
Sagesse
I
II
L’amende honorable
743
Pensé autrement
C’est elle
Les frères vagabonds
Te lire dans la glace
Chanson
Qu’est-ce écrire ?
Il avance
Crainte
La perle froissée
1
2
3
4
5
6
a
b
c
Par Aragon
Le couple d’ennemis
TRUST-COZ !
Ton visage
L’insuffisance
744
I
II
Tranche de vie / Tranche de haine
Brusquement surgit
L’insignifiance du don
Le vrai sens 40
1 41
2
3
4
Ta Phèdre
La même résonance
Sur l’horloge qui fuit
Je m’abolis en toi
Le voile discret et la pudeur
L’homme
L.A.E.T.I.T.I.A.
La mort du Quidam
L’insatisfait
La pacotille
La rame
Volonté du progrès
Les espaces d’écriture
745
La pensée
Pénétrer encore
Construire un homme
La zébrée
Suite
D’après J.P. Sartre
Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl : l’intentionnalité
Le but
Quelle horreur !
Poussière
Laver l’impur
Sentiment de nullité
Contre-ut
Des vérités bleues 1
2
1
2
746
RESONANCES IV
TABLE DES MATIÈRES
Quant au livre
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
747
16 - Dionysos
17
18
1
2
3
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
1
2
3
4
5
6
748
2 - Le Tombeau de l’Immortel
8
Au lecteur
9 - Le sac
10 - L’antre de l’horreur
11
12 - Écrits sans
13 - Le désir
14 – Qu’elle soit
15 - L’univers-loupe
16 - Plus, mieux
17
1
2
3
4
5
6
7
8
P.A.I.
a
b
749
c
d
e
f
a
b
c
d
e
f
Accéder à
1
2
3
4
5
Définition de la pensée
1
2
3
4
?
Mémoire et Temps 1
750
1
2
3
4
5
6
a
b
c
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
B.I. 98
2
751
Chaude rousseur
Cieux crasseux
TRAPPED
H
Le fouetté des gerbes d’or
Mégalomane
Beauté élaborée
Pitoyable génie : 1
2
Malédiction
Assez lu !
Par aimantation
Enfant
Je m’en vais par la mort
Analyse
Le néant du solitaire
L’abstraction
La finalité
Le mendiant
La condamnation
La vocation
Phrases
Bornes
752
1
2
Élévation sacrée
I
753
RESONANCES V
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
C’est une série
Le parcours de la conscience
La misère poétique
Encore des solutions
Doubles consciences
754
Je fixe le phosphore
Subsiste encore une recherche possible
L’analyse - les méditations
Le chemin de l’âme
La mémoire de l’histoire
L’homme et son double
L’errance
La pauvreté
L’homo lozachus
L’être subissant
Le temps et la mort
Reste l’absence
L’homo spacialus
Éléonore
La nouvelle syntaxe
La stratégie
Le dépouillement
Le calcul
Les conditions du possible
La détresse
Le schéma intérieur
C’est ça : imagine !
Comprendre/hostilité
755
La lettre de l’apprentissage
Topologies
Les vêpres de la pensée
Le temps
Les moyens/l’action
La stratégie pensante
Poème/lecteur
La clé
Circuit artistique
La transcendance du médiocre
Le Destin
La part du mystique
Le métier
Différents temps
Le saut
La vocation de la pensée
Le challenge
Le futur
La pauvreté
La raison du questionnement
La question en suspens
Du singe à l’ange
Le questionnement de l’Être
756
Des vérités
Vérité et liberté
Le blocage
Subsistance
L’errance
Le langage (fragment)
I - Nature de la substance
II - L’étant conduit à l’Être
III - Activités de l’Être
I - La mort
II
I - L’A-près
II - En soi
La question même
La route
Procédé mental
Approches du temps
I
II
III
IV
V
I
II
III
757
Le destin de l’Essence
II - Acte de foi
La recherche philosophique
La pensée :
Le vrai philosophique
L’audace spéculative
Une sorte d’intuition
Le retrait de la présence
Valeur du principe
L’un et l’un
Insister, c’est espérance pour l’esprit
La négativité
Le Moi astral
Conclusion
758
RESONANCES VI
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Acte supérieur
La nouvelle inspiratrice
Conscience et analyse
Le laboratoire de papier
L’impossible ailleurs
Détermination de la valeur
I
II
III
Le sanctuaire
Porteur
Une pensée d’étoile
Ce qu’il faut élaborer
759
La luminosité prospective
Husserl, Heidegger
L’action totale
Conflits, balancements
Philosophie etc…
Sublimations de l’étant
Puissance/Travail/Don
L’Absolu
Rassembler en soi
Husserl
Incandescent, exalté
Partenariat
Cérébralement différent I
II
Le rêveur volage
Progrès de l’esprit
Du primitif à l’ange
Se destiner
Le Grand Être
Langage outre
Être, pourquoi ?
La négativité
Le sens de la vie
760
La discipline
I
II
L’inutile
Les structures métalliques
Le damné
Le rejet infini
Les gerbes d’or
Les intensités suprêmes
La douleur absolue
Dans le vide
L’emploi de l’autre
La plongée et la crainte
Activer la mémoire
La vision oblique
Fragments
L’Etre/L’étant
Transfert
La page
La constellation irréelle
Absence
Le réel parcours poétique
La perception insignifiante
761
L’embonpoint bourgeois
De ma salive à mes sueurs
L’inspiratrice follement cartésienne
La belle évaporée
Femme phosphorescente
Le diadème d’or
Le songe qui pense
Une forme souple
L’utopie précaire
La pensée espère
La fille impossible
Semences exaltées
L’antre du tiroir
La piètre maison
Ténacité de l’écrivain
La forme floue
I
II
De l’une à l’autre
En lisant Blok
L’attente
Nuits fardées
Épilogue
762
FRANCK LOZAC’H
RÉSONANCES
(Relevé de variantes)
763
Mélange
(Qu’est-ce, le donc, ce que je déteste)
J’ai l’indécidable, des continues sans dérivées, être, ne pas être en
alternance, inclus, exclu, contradictoire, j’ai besoin d’une philosophie
ouverte et non figée d’après Bachelard,
Yeats - translate
I
Non, ceci n’est pas une contrée pour hommes âgés, les jeunes, dans
les bras l’un l’autre, les oiseaux dans les arbres - ces profusions d’effluves -
et leur chant - les repères des saumons, les maquereaux en foule dans la
mer, tout ce qui est poisson, (tout ce qui est chair, tout ce qui est plume)
ou plume célèbre tout au long de l’été ce qui va concevoir, naître et mourir.
II
Un homme qui a vieilli est bien pauvre chose, des lambeaux de
guenilles sur un (pauvre) maigre bâton à moins que son esprit ne
s’enthousiasme et ne chante toujours plus fort à chaque nouvelle écharde
de son manteau de mort.
764
Moi, solitaire et tel
Tu détestes ce que tu fais
Le prétendant malingre, mièvre et (faible) ridicule
Tu aspires à du gain,
Tu veux te rassasier
Tu as faim
Que reste-t-il ?
Et il veillait écoutant grandir ses yeux
Il avivait des soies, des étoffes
(des riens) des soufflés
à formuler
Parenthèse inutile
Trop pressé d’en finir avec ces obligations
Tu espères (enfin) une apothéose de roses
Mortes pour dormir éternellement
(à tout jamais)
Tu es jeune, tu deviendras vieux
Prépare-toi (à en finir)
Ce n’était qu’une parenthèse inutile.
Le choix - Yeats - Traduction
765
L’éternel tourment de la bourse vide
Ou l’instant de gloire, le remords de la nuit ?
(le jour)
Puissante
d’insignifiant, pour leur conscience, pour leurs œuvres, pour leurs
productions
pour tout ce que leur (constance) raison a pu imaginer
Mais la foule est morte et le peuple méprise.
Le mouvement universel se poursuit
Moi, éternellement seul dans mon tragique espace vide (néant)
Je me prétends sentinelle
La chair est une douleur
Ils vont (ensemble) par deux leur chemin et s’infligent des pleurs
L’avenir en Dieu
recommencé
J’accomplis, je noircis pour assouvir un (besoin) désir constamment
Le seul (espoir) avenir est en Dieu - s’il le souhaite.
766
Le miroir
J’en ai la certitude, c’est bien délibérément que je m’en retourne à
cette (solitude) unicité de l’être humain
Tu insistes seulement compris (de ta personne) de ton image
Longue marche
La nuit, ( en constante) cette habitude d’écriture voluptueuse par le
plaisir de l’esprit.
Construire dans l’absence, (un aléatoire) dans le rien un piètre
espoir de poème
On cherchera encore mais on a échoué.
Jeu d’échecs
Femmes habillées en cuir noir, soumises sur l’échiquier géant ; reine
splendide et garce (grande) protégeant, dominant son roi ;
Culture méditerranéenne
Culture méditerranéenne
(Virgilienne)
De pureté romaine et grecque,
Sur les rivages
767
Je parle seul
Il y a (peut-être) un vacarme intérieur, inconnu pour une grande
oreille plaintive.
Séquences
trops - ouis
De blououou - ok - éjac - je prends - je reçois - viens – (décharges)
Seulement le silence
Seulement le silence - un destin oublié
Inutile et perdu - cette fille (m’accompagne) me poursuit
L’épitaphe
Tu es (marches) dans le silence, tu ne vois presque pas.
Remonte
double raison d’ambiguïté
de bi-certitude
encore Moi (Gemini, être double)
Fantôme désirant désiré
768
Idem
Philosophie :
Ce qui m’intéresse actuellement chez L’homme,
c’est sa (spiritualité) dimension spirituelle.
Autre fille
Je vais avec elle
Courant vers l’avenir
(Tremblant d’avenir)
III
Déguise-toi en quelque chose
Sois (toi) en variables d’effets
Un toi-même dérivé
L’insomnie
(Par) En vagues successives infiniment je plonge.
Matière à penser
Intégrer de la (pensée) parole dans la matière (parole)
C’est écrire
C’est sculpter avec des signes,
769
Trois graines d’écriture
Combat de la vie, combat contre (avec) soi-même
Je suis d’une faiblesse détestable, insignifiance extrême
(Le fruit) J’hésite, j’hésite encore, la mort me précipite
Son cours tumultueux m’emporte au plus profond
L’homme et la fleur
Encore : difforme, (inexistante) virtuelle, velouté, désir, sur pensée
revêche, hésitante d’une affirmation prétendue,
L’œuvre
De t’empêcher d’exister (de vivre)
Et en définitive de te perdre
Bilan
(Confession)
I
J’ai pénétré, cherché, saturé
Et voulu accéder à l’irréelle (l’impossible)
Aptitude littéraire, poétique
770
Je me suis égaré, j’ai conduit (cherché)
Fait mille tours sans trouver mon chemin
III
(Au profond du) Moi, je me cache
Pour y produire de l’invention
I
Je travaille avec le souffle, (le vent)
L’œuvre magique
On voudrait l’aduler, l’admirer plus encore
La prétendue éternelle dans l’espace enivré !
(S’imposer un monument construit)
Ô monument de gloire sur la voûte du ciel
Construit par le poète dans sa langue superbe !
Illusion fatale qui trouble ses regards
D’une vie ridicule face à l’immensité...
(… de l’air de l’albatros voltigeant dans ses airs)
... De l’albatros sublime voltigeant dans ses airs
Toujours présente
Oui, sublime femme d’hier et d’autrefois
771
toujours présente par (la magie) l’essence du parfum
Pour soi-même, uniquement
Les poètes m’ignoraient dans l’indifférence la plus totale. Que
pourrais-je faire ? Fallait-il ânonner du 300 lignes sur 5 ans, tirer une petite
plaquette (pour les comprendre) pour me (mettre) placer dans leur
rythme ?
Cette richesse inconnue d’autrui, comme de Dieu, n’est-ce pas en
vérité (l’unique) la seule utilité raisonnable ? Car la gloire des hommes
n’est rien.
4
(Activité)
Activation de l’intelligence, - du moins on le prétend !
ce qui vibre, s’exulte, s’expulse
dans le souffle de l’écriture
s’obtient faiblement
5
Tête penchée
(couverte) pleine de lettres
772
3
sur le bord de ton cercle, tu te penches
(tu parles de miroir)
tu agites le miroir
6
J’insiste avec des mots
puis à droite à gauche
Je condense avec ce choix de (mots) solutions
simples, complexes
8
Nul futur (Nulle attente), nul espoir d’avenir
Faut-il combler une attente éternelle ?
Constat
Ta vie est un échec, le temps, le temps se meurt
Et l’immense rejet, pour enfin disparaître.
[Le rejet, le rejet]
Poète, je te laisse
Mais véritablement es-tu indispensable,
(te croyais-tu utile ?)
1
773
Espérant
Telle beauté d’écriture
De poésie (impensable) impossible
Assurant sa production
(Qui assure)
3
recommence l’impossible exploit de faire poète
dessine (exploite) le regard et le sommeil de l’autre
Le diadème dérisoire
Je bois à ce vers puisque je l’ai rempli !
(puisqu’il est mien)
Les nuits propices
Donc je pénétrais ce (réel) néant d’images niaises et illisibles.
Le lecteur
Nul besoin d’un lecteur
d’un autre moi-même peut-être
Tu es ma référence, mon (savant) critique sachant
Tu es ma promise, mon envolée d’orgasmes
ma fuite (intellectuelle) cérébrale
774
Une autre histoire
l’élévation
(A moins qu’il faille faire confiance à Dieu)
Il fallait s’en référer à un nouveau Dieu, repenser l’aventure, ou
Faire renaître fatigué, épuisé par les recherches
Le pardon d’avenir
(Qui mieux que lui)
Seul lui pouvait nous instruire, nous apprendre
Le danger de ces mille chemins de traverse
A deux, avec soi-même
- Regarde ce feu, il est en toi. Il est l’énergie qui te permettra
d’atteindre ton avenir.
- Il y a le salut, le Fils, l’au-delà.
(- Et tu veux )
Conclusion
En vérité, l’on est toujours soi
(Quelque part)
Et cette identité-là est difficile
A intégrer dans l’esprit de l’autre,
*
Cent fois gisant cent fois relevé pour être à nouveau attaqué, agressé par le
775
vice des sadiques et des chiens assoiffés d’horreur. (de sang)
3
Des pieds gracieux, des mains fuselées
(comme des fuseaux)
Un poète à sa bien aimée
(J’offre le sceau sacré de mon immortalité)
Je t’apporte de mes mains respectueuses
Les livres de mes rêves innombrables
Blanche femme usée par la passion
Comme le sable gris (tourterelle) perle est usé par la vague
Dont le cœur a plus vieilli que la corne
Qui déborde du feu pâle du temps :
De biais
Il réinvente l’interdit et prétend à quelque chose de supérieur. N’est-ce pas en
vain ? Y a-t-il une (quelconque) solution nouvelle ?
L’effort
En vérité,
Travailler avec l’intelligence. (avec l’intelligible)
L’a-vérité
L’Aveugle s’en défend, s’en glose,
Dénigre, méprise,
776
Le Critique poétique (le rejeté) l’exclut
De son mécanisme cérébral
777
Conseils
Sois enfin la pensée qui s’élève (monte)
avec l’absence de réussite à ton côté
La voix, la voix de l’Autre,
du Dieu, - car il s’agit de prier (quémander)
t’entendra peut-être
La gloire
Éloigne-toi toujours de ce ciel indécis (imprécis)
L’amende honorable
Que cette stupide (vieille) injustice rende mon avenir meilleur,
J’ai fait amende honorable, espérant un futur, espérant.
Pensé autrement
Fidèle à la modernité boutiques de luxe, de sexe
Encore pour les hommes à l’affût chair affamée (assoiffée)
Les frères vagabonds
Je sais leurs chevaux vagabonder dans les airs cristallins, (purs)
778
La perle froissée
Le tunnel noir t’aspire
Vers la nuit tu exhales (le mensonge) le suicide
Veiné de quelques alvéoles, auréoles de grâce
4
Quel espoir de revenir en arrière ?
Y a-t-il une (possibilité) issue réelle ?
*
Au plus profond des gouffres amers
Les vrais amants s’y sont jetés
(Les purs amants hier s’aimèrent)
TRUST - COZ !
Alors je pense à m’enrichir
On se fait chier pour s’enrichir
Pour s’enrichir ça sert à quoi
A pisser dans des chiottes nickel
(C’est mon confort avec elle)
C’est mon confort chez Isabelle
779
I
Agitées dans l’ombre
qui feront quelques particules dorées
à rapprocher de tes yeux
comme (particule) larme sèche
irisée de mots et d’effets
1
(Oui, désormais)
L’insoupçonné, la variation sensitive
Le Moi tenant à Lui
comme un cristal qui se crispe, qui cède
à l’élan (de chair)
au souffle d’air
quand s’agite l’âme
quand vibre sa certitude
le front en sueurs invisible
(grand arbre)
780
Ta Phèdre
Satisfait et repu, conscient, tricheur - trichant
La suppliant encore, (cette) ta Phèdre en porte-jarretelles
Incapable de faire bander ton lecteur éventuel.
Sur l’horloge qui fuit
(Il reste cet oubli)
(A présent)
Vers l’oubli éternel, mais que méritais-tu ?
Quelque gloire artistique de pan auréolé ?
Ta pensée prophétique s’éteint dans ton manoir,
La lune te sourit, la chevelure est blonde...
(et les femmes sont blondes …)
Le voile discret et la pudeur
Le clair fini dans l’imperceptible silence,
Le rêve élevé, inaccessible à l’âme. (insensible, volée)
La pensée est frôlée doucement, caressée et s’évade comme un parfum
délétère (inacessible)
pour capter un souvenir bleu, insignifiant,
symbole effacé, mystérieux paysage invisible
de désir poétique.
(dans le mystère de l’écriture nouvelle)
(de l’espoir poétique)
781
La mort du Quidam
Il discerne mal, il pénètre, descend - qu’assemble-
T-il dans l’air brumeux ? Qu’est-ce ? (Pourquoi ?) L’idéal
Peut-être ? Soi ? Alors ?
L’insatisfait
Oui, ses regards interrogatifs
(ses yeux incessants)
Tournés vers l’intérieur essaient de savoir,
De prétendre ! ...
La pacotille
Moi, sachant l’exponentiel, en lisant les productions (la poésie)
Poétiques, les déterminant de valeur moindre
(Moi) ou, effrayé, craignant, travaillant dans le secteur
De la chiure, essayant de compenser par la quantité
L’insignifiance de l’acte, me voyant péon sur
Une terre inculte, fade, ridicule,
Pénétrer encore
Il y a une sorte de fond
Que l’on essaie de pénétrer encore,
Plus loin, plus loin comme une extase
782
(Rectale) Sexuelle,
La zébrée
Je te donne vie, avec obscurité, avec
Sensibilité - avec conscience et vérité. (la raison)
Des vérités bleues
1
Je crois (prétends) observer d’infimes particules
Brillent devant mes yeux.
1
Quant au livre...
Et je te sais souffrir
En douces (plaintes) humeurs, nue
Et contente, acclamant
Par ce jeu un élan futur.
6
Par la cendre envolée
Le (vil) piètre insignifiant
En sa littérature
7
Dans l’éphémère aptitude telle
D’un blanc cendré et cygne pur
Se mêle le battement pastel
783
(Envolé dans le sinistre Azur)
Lancé dans le piteux Azur
9
Naïvement a dû
S’imprègnent de quelque saveur
La raison ivre perdue
(Fixant/Imitant) Fixer le pur savant rêveur
15
(l’espoir)
Sur le temps immortel
Le battement d’aile de
La Renommée fuit le maudit
Tel -
1
(Cascade deblonds cheveux)
Cascade, ô blonds cheveux, bondissant à l’extrême
Comme foule excessive de lanières dorées,
S’étale bienheureuse, murmure contre mon corps
Un désir lancinant qu’il faudrait satisfaire
Pour l’extase divine d’un merveilleux effort.
(d’un sublime mystère)
6
(Ses pures mains si claires s’élevant vers les sphères)
Avec des mains très claires élevées vers les sphères
Il m’arrive de croire non sans quelque ironie
784
(et immortelles)
Béates et célestes et de lumière blonde ...
7
Et ma fatale fièvre se résigne et soupire
A toujours espérer l’insaisissable essence
(A n’espérer encore)
De flammes et de feu qu’attise le désir.
(De lumières, de couleur)
8
Moi, je gis oublié contre ce triste hiver
Dont la morne pâleur éclaire encore hélas !
Ce front désabusé qui m’offre son ennui.
(qui verse son ennui)
Je lui préfère encore cette stérilité
Sibylline, idéale qui dans l’Azur s’enfuit.
(s’égare/s’éclaire)
10
Serai-je en un lieu sûr, absent de leur Poème
N’ayant pu me suffire de leur piètre présence ?
(de leurs tristes lambeaux)
Et laisse au plus offrant le bas bouquet de roses.
11
785
Désespérée, hantée, par ses voiles défaite
Élevant des éclats de sinistres douleurs.
(de funèbres)
Selon moi, éloigne la Mort
Et chasse le sinistre sort
(Et sache)
Tel un pitoyable blasphème.
4
(telle une offrande)
Ton sein, la pure offrande qu’on ne peut apaiser,
S’érecte tel un sceau rougissant et dressé
6
Agitez-vous encore, o spectres immortels !
(D’un rayon de soleil)
De nard et d’ambroisie, nourrissez cet enfant
7
Le Tombeau de l’Immortel
(Avec )
Malgré son noir silence, le poète endeuillé
Sait extraire de ce marbre quelque éloge funèbre,
Que la sublime estime tutrice de sa naissance
786
Fortifie l’immortel, et en sa chair le gonfle ?
(en soi-même)
9
Le sac
Saisis-toi de ce sac de vers et d’amertume,
O sinistre lecteur qui jamais ne voulut
Pénétrer le recueil d’humeur et de tempêtes !
(Se saisir du recueil)
Qui méprise le vin, le gosier, les étoiles ...
Et voit en ce trésor emballage de toiles.
(et ordures)
12 - Écrits sans
Avec fragments, divers -
(Corps)
Sections, analyses - sexe -
Fonds du ciel - violences -
16 - Plus, mieux
C’est cela - maigre soupir (sanglot)
Et la raison comprend (soupire)
787
3
lambris et cendres (dans son espoir)
Faisceaux qui tournoient
chacun à la traîne de l’autre
lambris et cendres
6
Tu es mon signe, l’augure de ma décision
je te vois (pense) en flammèches d’or élevées,
7
Le mot chargé de non-sens
prête sa substance délétère (à qui mieux mieux)
l’azur tire vers ce que je puis
s’exalte (tourbillonne) - m’obéit
P.A.I.
et toi pureté d’Iphigénie
pleurante, (suppliante) quémandante - sublime sacrifice
sur l’autel tu t’offres silencieuse
Toi, peut-être dans mon idéal impossible
II
Qui débouchent sur du Néant,
De la perte, du rien (et la faiblesse)
788
IV
Des ruches, des alvéoles (des structures)
Ont été élaborées, conçues
Puis remplies d’extase, de miel,
De sperme sublimé.
L’œil (élabore) décide pour
S’extraire ou échapper
De son trou noir (Néant)
IX
(C’est de se contenir)
J’ai peur de ce contenu
Je produis du rien
Je fixe le phosphore
J’exulte des stances claires (parfaites)
Et belles. Le silence envahit ma bouche - je cherche.
Le chemin de l’âme
(Déterminations exactes)
La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-
Tionnel.
L’errance
(en insistant)
J’ai insisté, sans faire preuve d’aberrance - avec fréquence
Toutefois. Étais-je égaré ? Non, tout ceci était borné,
789
Banalisé, sûr, certain, fort et grand - il me fallait
Fusionner le savoir de l’autre, des autres - il fallait.
(Synthétiser)
Reste l’absence
Il n’y a nul désespoir, mais conscience du dedans.
(nulle détresse)
Il s’agit d’une formidable activité interne, cérébrale.
Eléonore
Dans mon rêve l’image, le dessin, la couleur, (le mouvement)
Et l’écho de ma voix qui implore le progrès
La stratégie
(la qualité)
La stratégie - le but - l’objectif - le désir.
Que veut cette pensée humaine ? Comprendre l’Essence.
Le calcul
(Défaire) Se refaire. Se reconstruire avec du délétère,
C’est ça : imagine !
Jours les mêmes pensées ? Toi dans ton extraordinaire
Monologue avec l’indifférence des hommes, cela
Est ta devise. Tu te fortifies. Tu as survécu.
790
(L’indifférence devant l’autre t’indiffère)
Comprendre/hostilité
(ni beau, ni laid)
Cela n’a pas de sens, ni présent, ni passé, ni avenir.
Allez voir ailleurs ”. “ J’irai et vous n’y serez pas ”.
791
La dette de l’apprentissage
La poétisation de Heidegger ; le sur-poète, le méta-poète.
( de Cocteau)
La vocation de la pensée
. La valeur (élevée) de la Relation épurée.
Abandonner tout instinct, toue spontanéité bestiale.
Le futur
Homme-esclave soumis (obéissant) à la dimension suprême.
L’étant conduit à l’Etre
L’étant conduit à l’Être. Il représente (Il est considéré)
Le fondement ?
L’A-près
inconnues,
Elle devient système,(principe) métamorphose, actions
Espaces nouveaux, principes différents.
En soi
Ainsi ce sont
Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.
(Les possibilités et le choix)
792
La route
Tirer,
Extirper, (travailler) produire avec Rimbaud, Baudelaire,
Valéry, Mallarmé et combien d’autres encore
Valeur du principe
Valeur du principe. Trouvez-mieux : je prends. Cherchez !
Détermination avec science et raison humaine. C’est son
Fondement. Mon vrai technique et scientifique. Mon rationnel.
Je puis démontrer, prouver du concret. Objets humains,
Hors de toute incertitude.
(de tout intentionnel)
Ce qu’il faut élaborer
Efforts pour conquérir, pour construire dans son Etant, savoir
Ce que l’on peut faire, les variables temporelles
(Changeantes)
Et l’environnement transformant constamment l’objet fabriqué.
L’Absolu
L’homme face à l’Absolu. Peut-il y parvenir ?
(Y parviendra-t-il ?)
793
Cérébralement différent
I
Transformer le mécanisme de penser. Délaisser (déconcentrer) une
Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer
Un système d’extraction ou de production autre.
II
Etre ou la dérision de soi. L’un prétend au
Discours quand l’autre ne propose qu’un bavardage oiseux.
Méditons sur l’Etre, sur ce sujet insignifiant … ( de dérision)
Emprunter la voie de la pensée, pourquoi pas ?
Du primitif à l’ange
(L’étant serait le primitif)
(L’étant serait à l’origine du primitif)
L’étant posséderait en soi l’origine du primitif.
L’évolution lente et progressive de la raison ou
De la conscience offrirait un devenir à l’étant
Qui essayerait de tendre vers l’Etre.
L’embonpoint bourgeois
De nouvelles pulsions agitent ta raison …
Viens te nourrir de ces (nouvelles) lumières.
794
Femme phosphorescente
Femme phosphorescente pensante et sexuelle
refusant la faiblesse
(effaçant) suscitant tant d’espoirs
Le diadème d’or
Les noms se perdent dans l’inconnu de moi-même
J’avance péniblement (sombrement) - rien ne s’inscrit
réellement pour développer ton aptitude
Le songe qui pense
Cette main qui réfléchit est un songe qui pense
dans le mouvement aléatoire de l’inconnu,
dans le déplacement (éternel) continuel des nuages inventeurs
qui désirent (avant tout) seulement redéfinir les choses, les arranger
les dériver, ou les combiner autrement.
Une forme souple
Une (nouvelle) possibilité de vérité s’éblouit
dans le silence de la nature pour se développer
avec sérénité et paix.
795
796
La fille impossible
Le temps sur le temps accumulait de vaines choses
Les mots devenaient des idéaux d’impossibilités
(A produire, à extraire, à donner)
J’espérais pourtant une sorte d’aurore subliminale
L’antre du tiroir
Il va, (suppose) se superpose sur d’autres feuilles,
ce qui s’inscrit semble (apparaît) dérisoire.
L’esprit demeure, persiste, espère (encore)
et prétend pour un futur.
La forme floue
(Pour qui, pour quoi ?)
Encore une forme floue, délétère et fuyante
J’habite une douleur inutile
(Conclusion) Epilogue
797
Résonances
(Relevé de variantes)
798
FRANCK LOZAC’H
Résonances II
Quelques corrections
799
800
801
802
803
804
805
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829
830
831
832
833
Résonances V
Corrections sur feuillets
834
FRANCK LOZAC’H
Résonances II
Quelques corrections
835
836
837
838
839
840
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