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FRANCK LOZAC’H
SUITES / RELANCES
1
SUITES / RELANCES 1
2
I
Dans le silence qui inspire
pour éprouver, pour épouser de nouvelles formes
des fuites comme des éclairs,
des fluides qui circulent
Il suppose encore des possibilités,
des aptitudes - il suppose
Pour oublier le vieillissement, ou quémander
une part d’immortalité :
passer ou être demain ?
Il aurait voulu être aimé dans la vérité
chronologique - pour aujourd’hui et le futur aussi.
3
II
La bouche se nourrit d’extase, de substances claires,
un souffle encore dans les draps de l’amertume,
le miel de ton poème, - c’est ça : imagine
hors du tragique dans le possible
avec audace toutefois
appelle ça la passion,
on rira bien !
III
Subtils effets autres empruntés, exploités, volés,
permis ?
mélanges, variantes, prendre, extraire, tirer
Patrice Delbourg écrit : alchimie et plagiat entre le blanc
et la blessure
Moi, je dois dépasser ma limite,
absence de repaires
et l’écho constant en vérité éternelle
d’ennui et d’inutilités.
4
Quelle grandeur ? - Sentiment de petitesse
et crainte d’être en retard.
IV
Une ivresse éternelle avec l’espoir
de captiver l’interdit ou l’insignifiant
Une femme vacille dans le miroir flou de l’âme
je l’imagine chair, beauté et sensuelle.
Je capture le rêve pour lui interdire de m’échapper,
de fuir dans l’infini de ma conscience.
L’irréel et le factice des vérités rares,
impossibles, avec une constance dans le
déplacement de la norme.
5
J’entasse mollement des décombres du hasard
et je décompte les combinaisons-gains
me détestant plus encore
La réponse : RIEN
V
La position volante, imaginaire
voluptueuse et spirituelle
une sorte de lévitation
Le rêve qui remuait changeant les ombres,
les déplaçait dans les cases de la pensée
Il s’ennuyait, tentait de rendre sagace
son cerveau
produit,
La poésie c’est long et lent, surtout quand on a beaucoup
le savez-vous ?
6
VI
Pur désir impossible
azur sexuel - de pureté à atteindre
esclave de l’insomnie
azur utopique
constamment désenchanté
Ô mon cher inconnu qui ne recherches nulle gloire
sinon celle d’être soi et d’avoir accompli
ce qui semblait probable.
Oui, pénétrer encore son monde solitaire
afin d’accéder à des délices cérébrales
dans l’espace vide de l’imaginaire
Toi, oublié toujours dans tes parfums.
7
Par
Par l’intelligence,
allez à la pureté des choses.
Comment pourtant défaire le complexe ?
Par quelle méthode d’élévation claire
Atteindre la beauté des choses ?
Ceux qui l’aiment et veulent connaître,
Quel chemin, doivent-ils emprunter ?
8
Soleils annonciateurs
Soleils annonciateurs d’idées nouvelles
Que l’on griffonne sur les vieux murs de sa raison
Inspiration qui souhaite repartir fortifiée à nouveau
Dans le long chemin intérieur
Avec l’intelligence à ses côtés
Grand matin d’espoir avec conscience éveillée
Dans le silence, l’attente et le désir
Avec les morts aimés, les grands révélateurs
De la poésie d’hier - essayons de produire
Étendues reflétées sur le miroir littéraire
Avec vagues, flous et audaces d’avancées
Nouveaux espaces balayés par l’or des feux
D’autrefois, avec beautés et ordres premiers
L’élan créatif se veut agencements réguliers,
Constructions claires sur le zéphyr inventif
9
Amours poétiques sur l’aube éclairée de senteurs
Nocturnes, désireux de chercher un soleil de grâce
Que puis-je, moi avec tous ces éléments, ces images
Audacieuses produire d’utile et d’enchanteur ?
Tout s’en retournera, peut-être, à jamais dans le
Dérisoire et le stupide du sommeil éternel
10
Quelle folie en soi
Quelle folie en soi d’écriture vaine
À extraire constamment !
Ma bouche roule les mots absurdes
Qu’il me faut associer.
Boursouflée la pense, je deviens
Une immense poubelle où s’entassent
Les déchets de toute une vie.
Je m’emporte dans l’absurde bourbier,
Dans l’inutile où croupissent des tas
De poètes inconnus - jamais lus - jamais.
Et je reste comme eux rempli
D’images aberrantes, enfouies
Dans l’antre de l’oubli que
Seuls les frères acceptent de reconstruire.
11
Je m’endormis allégé
Je m’endormis allégé dans un songe de femme
Et je voulais m’y réfugier.
J’apaisais ma douleur qui constamment me harcèle
Et je nourrissais mon somme de sucs printaniers.
Qu’il doit être doux de demeurer constamment
Dans l’ombre d’un plaisir,
Bercé par le grand sommeil
Qui dure éternellement !
À jamais, ce beau mourir !
À jamais !
12
I
J’observais au fond du Moi
Ce vocabulaire amorphe
Inapte à s’associer
Pour obtenir des coups heureux
Jamais je ne parviendrai
À l’optimiser
Cette matière douteuse
Détestable et stupide
La faute m’en incombe
D’autres, autrement
Avec leurs réels moyens
Sont parvenus à purifier,
Élever, simplifier, charmer
Et je pense à Jiménez.
13
II
Sa forme est simplifiée,
Il utilise des mots
Qui enchantent les simples
Mais il n’est pas aisé
Avec du trois fois rien
D’obtenir cet écrit :
Je regarde en tes yeux couler
L’eau de ton cœur,
Transparent ruisseau,
Dont le soleil illumine le fond.
Comme on y sera bien,
La passion de l’été s’y étant apaisée
Sous les fraîches eaux pures
De ton amour !
14
Le coursier
Coursier fier, galopant
Ta chevelure d’or clair
Et tu sonnes la fière bande
De ton allure, vainqueur
Agile, tu embrasses l’étendue
Ta forme et ta couleur
Prennent de la hauteur
Sur tes reins une femme est nue
Ho ! Les rêves construits par le
Désir, le soupir et l’espoir
Pour le pur exil des Dieux
Te nourrissant de myrrhe invisible
Tu galvanises le vertige beau
Par ton puissant rêve mystérieux
15
Le porte-parole ensanglanté
De tous côtés les flèches
Invisibles s’enfoncent dans la chair
Et le poète hurle le sang
Et son poison. L’air emporte
Le silence - la portée du cri,
La transmission de la souffrance,
Tout semble se cogner contre
Les voûtes invincibles du ciel.
Que d’abominables hurlements,
Porte-parole des frissons et des larmes
Du tas d’avachis d’humains !
Auront-ils quelque miséricorde
Tous ceux qui nous accordent
La vie comme supplice ?
16
Le moi dédoublé
Je compterai mes roses
Et je boirai mon sang ;
Le baume détestable
Emplira ma panse de
Poète trahi ; je brûlerai
Mon jardin d’enfance,
Je dilapiderai mes baisers
Et m’enfuirai dans une solitude
Désespérante. Quitter, aller,
S’envoler avec personne,
Oui ce moi dédoublé qui
Toujours me comprend,
Nous deux ensemble sans elle
Sans qui ? Ô luxe de l’ego !
17
Délices insoupçonnées
Délices insoupçonnées
Légères comme des songes d’enfance
Accompagnées d’envolées lyriques,
La chair s’envole pour son plaisir …
Harmonie musicienne
D’où s’exhale quelque fraîcheur,
La chair s’enivre d’un parfum.
Ô soleil d’écriture,
Veuille obtenir un effet
D’ombre mélodieuse !
Lyre antique, sois essence
Lumineuse vers les cimes
Cristallines et les airs sibyllins !
18
Immense feu intense
Immense feu intense
Qu’enflamme ma vue
Constamment, et m’interdis
D’y voir, jamais tu ne
T’évanouis ! Moi qui cherche
L’envol clair des caresses,
La perte des sens, la brise
Aérienne de la femme amoureuse,
Qui prétends à l’appel musicien,
Qui me flétris dans l’irréel,
Oui, l’âme se meurt doucement
Doucement, en couronnes d’orgasmes
Pour l’infini des choses
À capter nuitamment.
19
L’impossible
Un front comme un vaste ciel,
Projection pensée des parois nocturnes,
Plénitudes au plus profond du moi,
Royaume infini cherchant l’harmonie
Avec sens et battements d’ailes
Comme un peuple de cygnes blancs
Pour s’élever vers un idéal supérieur.
Atteindre le faîte de soi-même
Pour épouser la vérité immortelle
Dans le savoir parfait des Dieux !
Et voilà la folie qui tout à coup
S’empare de ma personne ! Voilà
L’insensé dans l’audace prétentieuse
Pleurant encore sur sa nature stupide …
20
Éloignée
Éloignée, en soi-même
Au moment de la toucher
À l’infini vers moi,
Pourtant tu disparais
Ma bouche cherche un songe
Afin d’y fixer l’oubli ;
Les ombres que tu vois
Chancellent librement dans mon âme.
Je t’offre l’incendie
Nourri de braises claires,
D’idéal purifié
Seuls ou encore à deux
Soleil et lune sexuels,
L’énergie harmonieuse.
21
Autres limbes
J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,
Où la confusion cotonneuse rend informe
Tous les objets de la veille. Je glissais
Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie
Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte
De transe imaginative offerte à la raison
Toutefois.
Des élans de pensées jaillissaient çà et là,
Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.
C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit
Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent
Par recomposition et mémoire activée des souvenirs
D’autrefois.
Puis j’entendis douloureusement la voix
Suave du Christ qui m’invitait à le suivre
Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.
22
Bilan
Voilà déjà cinq cents sonnets qui ont été écrits
Parfois de manière satisfaite, parfois avec
Une stylistique douteuse. De nombreux thèmes
Ont pu être abordés, l’amour, la chair, la religion,
Les contradictions de l’âme, les espoirs et les déceptions.
Mallarmé, Rimbaud, Baudelaire, Du Bellay,
Et plus récemment Deguy, Roubaud, Jiménez
Quelques autres encore - que j’ai oubliés, ont participé
Directement ou indirectement à cette vaste production.
Je les en remercie, sans eux ces textes eurent été
Plus faibles encore.
Je suis toujours en selle,
Et j’espère que les années à venir m’offriront la
Possibilité d’obtenir des produits supérieurs,
De qualité élevée, - on peut rêver, n’est-ce pas ?
23
Restitution
Offre à ta certitude lassée
Quelque riche excédent d’autrefois
Fané peut-être, bouquet dans une cage étroite,
Possibilité volubile non reconnue.
Prudent poète, producteur de feuillets
Qui amasses encore ce qui semble désuet,
Tu exécutes ton œuvre maudite,
Inutile et hors normes. Excite-toi,
Agis ! Pour qu’une vieille tourterelle
Se frotte contre ta panse éclatante
De rimes, de métaphores ou d’allégories ;
Pour que le roucoulement cérébral propose
Quelques jouissances à l’âme, au cœur,
À l’esprit - c’est ça : récupère et écris.
24
La compréhension du mystère
C’est le souffle indistinct de la Mort haletante,
Ce sont des frissons de velours feutrés qui soupirent,
C’est le glissement hésitant de l’aveugle qui marche,
Des respirations douceâtres enveloppent ma chair.
Je sens des mouvements me ceindre d’air glacial,
J’écoute attentif pour comprendre ce mystère,
J’offre une oreille tendue, - je veux interpréter
Ces étonnants messages venus de l’au-delà.
Suis-je un intermédiaire ? Car je crois imiter
Cet étonnant mystère de médium dérouté,
Il faut pouvoir comprendre, savoir séparer
L’imaginaire pur d’un possible inconnu,
Se trouver dans le vrai avec la raison et les sens :
Objectivité et audace ? Oui, audace maîtrisée.
25
Incolore
Incolore, bleu pâle dans l’âme
Avec élans jaillissant clairs,
La voûte cérébrale s’illuminait parfois
Ce soir, c’est un Néant intérieur.
Je suppose dans l’ombre des audaces accessibles,
J’avance chancelant sur des houles imaginaires,
Je perçois le crissement d’un cristal parfait,
Choses étonnantes difficiles à saisir,
À rendre par l’image en si peu de temps.
Il n’est pas question de se souvenir,
Il faut percevoir ou comprendre la nouveauté,
La création étant trop pompeuse. Ainsi il
S’élève logiquement pour des strates indéfinies
Construisant encore contre cette voûte cérébrale.
26
Le diadème d’or
Repenser avec la mémoire dérivée,
Prétendre avec la conscience de l’instant,
Doubler ou tripler le sens des choses,
C’est encore malaxer autrement la matière.
J’entrevois la limite de la résistance, de la
Fatigue, de l’inaptitude à aller outre
Par une sorte d’impuissance cérébrale,
De blocage de don - limite d’homme.
Il faut pourtant constamment se projeter
Dans son espace intérieur et prétendre encore
À la possible plénitude de l’être,
Développer sa propre présence dans des
Méandres insoupçonnés, descendre encore
Au plus lointain, pour en extraire le diadème d’or.
27
L’architecture imaginaire
Les houles encore là-bas
roulis qui sans cesse ressassent
Pour recommencer encore
le mouvement éternel des flux
Et cet écho perturbateur perdu
dans le sel des choses
Comme un prolongement de la pensée
désire transmettre sa substance
C’est encore une sorte de tracé sonore
avec pureté de cristal et tempêtes
au rythme de l’amertume et de l’oubli
Dans le fracas incessant de la rime,
l’espace se déploie en lignes d’écriture
et semble construire une architecture imaginaire
28
Ainsi lové
Ainsi lové en soi-même avec son profond silence,
Balancé sur un rêve qui agite l’insouciance
Mollement, tendrement, ainsi ; baigné dans
La pénombre, chaudement protégé comme un
Petit mammifère brun qui hiberne nuitamment ;
Activant une mémoire confuse, vaguement claire,
Je plonge lentement dans l’oubli Éternel.
29
Oubliez-moi !
Voici mon heure, et le poème stupide s’offre
à la raison,
voix implorant l’aide des Dieux
voix suppliant la voûte céleste d’entendre
une humble supplique
Dieu est-il sourd ?
Voici ma voix projetée vers l’avenir,
ma voix cherchant un chemin parmi les ruines
de syllabes
inutile dans le méandre des milliards de prières
quotidiennes
Oubliez-moi ! Effacez-moi d’un simple
rejet sans estime ! Projetez-moi dans le Néant
puisque mon existence est un événement insignifiant
dans l’intemporel ou l’éternité de l’Univers
30
Lumière
Lumière, resplendis en moi !
Mes yeux sont une torche vivante.
Le foyer de la raison
Constamment veut s’éclairer.
Au-dedans, le bel intérieur
Construit avec des mots de saveur
Et de haine au nom de la poésie.
Derrière le mur, l’ombre.
La tentative, la volonté
D’ajouter, de mieux faire
Et cette clarté en trompe-l’œil :
Lutte qui oppose lune et soleil,
Élévation et néant, éclat
Et noirceur, espoir et misère.
31
L’ami, le frère
Des têtes très éloignées
de ton idéal d’écriture,
qui pensent autrement
Une telle richesse
et de telles divergences !
On peut te détester ! …,
t’évincer pour des futilités
… Et tu seras bien seul,
refuser par l’ensemble
Ignoré par l’élite
Tel un pauvre poète oublié
rasant ses tristes murs du canal
Et croisant peut-être la silhouette
chancelante d’un Verlaine aimé
32
Le public
Rejeter l’aptitude poétique
Comme médiocrité vomie
Par un pédéraste éphèbe
Passion fragile d’homosexualité cérébrale
Le stupide producteur d’images creuses
Ridicule inconnu qui persiste,
Prend des grands airs
S’imagine - un nain réel
Vous êtes à contretemps, à contre usage,
Comment osez-vous appeler ça de l’art ?
Ne m’intéresse pas, tirez-vous, allez ailleurs.
Autre chose à faire avec mon temps
Et mon argent de réelles conneries, oui.
Finissez dans le Néant la vie, c’est autre chose.
33
Toute volonté
Toute volonté d’écrire,
Est un emploi dérivé d’autrui.
L’idée de la pensée
Se transforme indéfiniment.
En croisant les pensées,
Les fragments de pensées,
L’on parviendra peut-être
À produire de nouvelles idées.
Nous cherchons à ajouter,
À ajouter sur soi et sur autrui
Dans la certitude infinie
Que le peu sur le peu encore produit.
Est-ce progrès de civilisé
Que de vouloir s’élever ?
34
L’invasion de mots
Une invasion de mots
Comme des cavaliers blancs
Recouvrant l’espace
Inondant la voûte poétique :
La cervelle est encerclée
De syllabes, de chocs de mots
De paroles, de conflits de syntaxes.
Pour écraser le silence
Dans des batailles tumultueuses
Des hordes pénètrent en lui.
De cette violence aberrante
De résistance et de furies
Explose en gerbes multicolores
Le poème inconnu qui vient de naître.
35
À E. Jabès
Avec toi, je produis l’écho mauvais. La volonté transmise.
La bonne brise légère, en cette heure. Avec toi, j’essaie le don
du poème.
Avec toi, en vigueur et l’audace. Je revois les vérités
premières de l’adolescence. Je pense à Phrases de Rimbaud.
Avec toi, l’écriture saine d’images fixes.
À Moi
Traumatisé dans ton estime. Te supposant, te croyant
autre, supérieur peut-être. Méprisant l’art du vers.
Le nombre fixe que tu déplaces à la dérive, à la dérive.
Les yeux détestent avant que le poème soit achevé.
Encore tu étales. Le jeu des énigmes furtives. Mauvaises
combinaisons. Alphabet vulgaire. La bouche crache la phrase
comme un vomissement hideux.
Je t’offre mon fruit, mes décombres, la faiblesse de la
raison. La médiocrité de l’âme
36
*
Dans et autour du miroir
qui tourbillonne en rotation à 360°
infini continu de mouvement perpétuel
pénétrer le miroir et changer
d’espace
de temps
de vitesse
Catalyseur. Le prétendre. Essayer. Cocteau.
37
Les mots
Les mots se sont accrochés
Puis se sont effacés de
Ma voix silencieuse.
La mémoire s’est nourrie de son
Sommeil, la pensée
Consumée dans l’inutile
S’éteint misérablement.
La médiocrité est illimitée
Dans le Néant des images.
Le temps aura trop fait
De vite m’engloutir.
L’éternité écrase l’insignifiant
Et le fait disparaître
Dans le trou noir du vide
38
Je m’éloigne
Je m’éloigne je m’enfuis
Autre race autrement
J’ai pour espoir le Néant
La palme, la victoire
L’arc-en-ciel désuet
Je l’offre aux littéraires
Les voix discordantes
M’appellent pour l’abîme
J’entends je me prépare
Les échecs, les pertes
La nuit éternelle enflammée
Et cette certitude d’inutilité
De spirales envoûtantes, enivrantes
Et de déchets immortels
39
I
On sait qu’elle est inutile,
désuète
dépassée
On sait que l’image est splendide
numérisée
avec un son digital
C’est le progrès sur le progrès
Et l’outil poétique s’avère obsolète
fini
achevé
Alors ?
Reviendra-t-elle, la poésie ?
cette poésie de l’écrit ?
Pour qui ? Pourquoi ?
De valeur unitaire, pour le poète seul
qui s’auto-congratule,
qui se gargarise de sa propre substance
40
Elle n’est plus à prononcer
Elle est à oublier
Elle se meut doucement
comme un artisanat du temps jadis.
II
La parole écrite prouve la distance
ce qui sépare l’obscurité
de la pleine lumière
l’opacité
de la transparence.
Mon ombre, mes ombres
le retour dans le Néant
dans mon Néant
pour moi uniquement
41
III
Plus jamais elle ne reviendra
dans l’ombre dans l’éclatante beauté plus jamais
Dans l’interdit
Sans la passion
Offerte au vide
non plus jamais
Elle n’est plus à exprimer
ni à prononcer
ni à resonger
Elle disparaît, comparaison furtive,
dans la filante de l’imaginaire clair
42
IV
La parole si faible
La parole
pour percevoir
pour offrir l’émotion
la sensibilité
La parole, transmetteur d’énergie
de vibrations
Fébrile et tremblante
Est-ce le réel moyen
pour fabriquer des images ?
43
V
De par le prononcer,
le rejeter en soi
à cacher comme un fœtus inutile
La honte que je porte
ce nom que nul ne veut entendre
VI
Pour que se construise en moi
une sorte d’extase impossible poétique
Les chants de l’intérieur
Les vêpres de l’âme
Jusqu’à la finalité du silence
À toi - l’autre - à toi - à Moi.
44
VII
Être
c’est prétendre vivre à l’intérieur du Moi
Que peut l’Autre pour Moi ?
dans mon étendue cérébrale ?
pour ma construction interne ?
Les murs. Grand nombre de portes,
Ouvrir pour l’infini inutile,
Élaborer sur des assises incertaines.
45
I
Tant de poèmes écrits
Dans l’inutile de soi-même
Cherchant toujours une pos
Sibilité avec les mots offerts.
Nul caprice, Nulle folie
d’aventure, mais un système assez
Rigide d’obéissance et d’appartenance.
Une réelle méthode d’investi-
gation personnelle avec logique,
Raison, imitation, production.
N’ai-je fait que de perdre
Mon temps toujours à prétendre
Au songe illusoire, éclairant
Vainement l’obscur désir poétique ?
46
II
Fluide l’existence, si claire
Et cette ligne infinie sous
Prétexte d’écriture qui me fuit
Et va de toi à Moi. Telle est.
Ce prétexte de produire, pour atteindre.
Rien qui aille ! et l’on poursuit.
Présence - miroir - papier blanc.
Scruter pour la pénétration interne
En vain, triste habitude morne
D’échéance inutile, soi !
Je m’égare dans la faiblesse
Poétique tâchant d’extraire encore
Des solutions dérisoires et crétines
Invoquant une présence sublime.
47
Mon écriture ?
Mon écriture ?
Mais elle est insignifiante.
Ma poésie ?
Un tas d’immondices,
De honte et de médiocrité.
L’espoir est dans l’oubli.
Dis-moi, dis-moi, la Mort
À quelle heure faut-il partir ?
Dis-moi, dis-moi, la Vie
À quoi peut bien servir
D’avoir écrit ?
48
Gainée de soie
Gainée de soie sensuelle
Elle pense que la chair
Est un orgasme à satisfaire,
Que l’homme est un pénis
En érection
Elle pense que le désir, le soupir
Disparaissent dans des cris
Et se nourrissent
De nombreux espoirs
Que l’aube régénère son corps
Malgré l’effort et l’abandon
Nourrie de fantasmes,
Voilée de soie noire
Dans ses folies illusoires
Elle se fait prendre et reprendre
Attacher et suspendre
Dans l’agonie des soirs
49
Gainée, vêtue, fouettée et foutue
Des lianes noires
Traversent sa mémoire
Douleurs - douceurs
Spasmes et caviar
Des flammes rouges lèchent sa croupe
Incendiaire
Font bondir son sang dans ses veines
Bleues
Elle se tord, soupire, supplie, implore
Et reçoit par-devant, par-derrière
Le feu éternel de la passion
Elle aime, pleure, quémande,
Les yeux remplis de reconnaissance
Pour une nouvelle naissance
Immense cri
Qui déchire le ciel
Gainée de soie sensuelle
50
Construction architecturée
Construction architecturée sur un socle structuré
Vaste bâtisse équilibrée et harmonieuse
Je t’observe au parfait du Midi !
Ta pensée est mûre, tes tours édifiées.
O monument d’éternité,
Quelle beauté de rigueur tu formes !
Élaborée par des siècles d’apprentissage,
Et d’imitation, ta façon
Semble régner dans la quiétude.
Hautaine et debout, crains gloire
De briques, fragile géant, crains
Qu’un Dieu invisible et superbe, rageur
Destructeur ne vienne ridiculiser ton orgueil
Et te réduise à un tas d’immondes poussières.
51
Attendre la mort
Si je déteste une chose, c’est bien de vivre
C’est de subir ce corps détestable,
Usine inutile à produire
De la matière fécale.
J’attends que le temps passe,
Que la Mort - la vraie -
Vienne abolir mon souffle insignifiant.
J’espère m’endormir à tout jamais
Dans la sombre ténèbre.
Ai-je aimé la nature ? Parfois.
La femme ? Certainement idéale et pure,
Splendide et belle !
J’ai constamment désiré sortir,
Sortir hors de ma chair
Pour enfin connaître la vérité
De l’au-delà, de l’après-vie.
52
Je voulais en cesser avec cette prison
De souffrance infinie
Et de jouissance dérisoire.
Il me faudra pourtant attendre,
Mon sens de bon-chrétien
M’interdit de devancer l’appel.
53
Avec du vent
Avec du vent et la parole vive
Avec du vent soufflée
halée
Écume de lettres blanches
pour laver la noire réalité
Encore seul
m’ensevelir
me remplir de papier
de la bouche aux oreilles
Écrire
puis le mot - évocateur
vibrant
ensoleillé
c’est un feu de plumes
une allégorie d’extase
une folie mesurée
Ta manière te semble triste ?
54
Que pouvais-tu espérer ?
Avec du vent et de la parole vive,
qu’obtient-on réellement ?
55
L’idée de progrès
Favorisant la création artistique, intellectuelle,
scientifique, technologique.
Des lieux où la compréhension commune permettrait
d’ajouter, d’inventer, d’oser supposer.
Il est vrai que la raison économique impose une rentabilité
de l’audace et du risque. Ceci doit déboucher immédiatement
sur quelque chose de concret, et non pas profiter au monde,
mais aux investisseurs et aux actionnaires.
Faut-il créer ou produire ? CAD satisfaire un besoin sans
spéculation désintéressée ? Qu’en est-il de la physique
expérimentale ou du petit chercheur au fond de son garage se
préparant pour le concours Lépine ?
Faire avancer le travail, la civilisation, l’existence de
l’homme en vérité, c’est pourquoi il est nécessaire de créer des
structures satisfaisantes.
En vérité, je lis Lois créatrices de Walt Whitman, poète
56
américain du XIXe siècle, je songe également à la notion de
progrès proposée par Victor Hugo. C’est pourquoi ce fragment
m’est venu à l’esprit.
57
Entre
Entre. Approche. N’aie nulle crainte. Elle signifie la
médiocrité, le rejet, l’inutilité. Mais parfois les humains se
nourrissent d’insignifiance. Voilà, rejette. Ce sont pourtant des
substances délétères, difficiles à capter, des frôlements de
jouissances cérébrales, pourquoi pas ? C’est une femme
insaisissable qui s’évanouit quand on prétend l’avoir capturée.
Approche encore. Sur son sein palpitant, tu te nourriras
d’ivresse. Elle offre ses baisers. Tout est dans l’interprétation.
Chacun la désire ou la voit à sa guise.
Elle est visitable écrit Sarrion, mais il songe à Ornella
Mutti, quand je pense à la poésie, difficile d’accès, certes mais
possible. Peut-elle prétendre rivaliser avec l’image animée
quand elle est image à concevoir, à produire, à faire ? Elle
nécessite effort de l’intelligence, et tel est son malheur.
58
Un mouvement elliptique
Un mouvement elliptique de retour
De toi à moi dans l’âme
À la vitesse de l’énergie mentale
Particules de lumière qui irradient
L’intérieur de la raison
Moi, sur mon promontoire
Considérant ce tour de force
Ce mouvement de flux clair et spatial
Il ne faut pas la craindre, il faut l’aimer, car elle offre de
merveilleuses délices à qui veut l’embrasser ou la saisir. J’en ai
fait une femme délétère, ma compagne du plaisir mais il s’agit
d’effets subtils de la raison, et l’on se rit de moi. J’aime
l’opacité dont elle s’entoure. Son mystère n’en est que plus
grand.
59
Tout est écrit
Tout est écrit
Comment ça ? Comment ça ?
Il faut encore produire ?
La rime usée,
Les combinaisons-pertes à oublier.
Il reste un poète passable,
Inconnu, à enterrer.
Prends cette feuille de papier
Trouve un cadre
Et glose-toi de ton génie
Quand, en passant,
Tu admireras ton œuvre !
60
I
Production et inspiration, c’est un devoir !
Obtention de résultats satisfaisants,
c’est une nécessité !
Constamment cette sorte d’élan mental
Et cette volonté d’ajouter,
de construire sur soi.
Nul répit, nulle paix
La haine, la transformation,
l’évolution - croissance ! …
Bondis dans ta cervelle,
Exige de ta raison plus grande audace !
Que la qualité soit !
61
II
Faudra-t-il concevoir autrement ? Se former autrement ?
Changer sa façon de penser devrait permettre d’accéder à
d’autres possibilités créatives et artistiques. Etre soi, rester soi
mais sentir une sorte de donne différente qui suggère des
fragments ou des produits intellectuels nouveaux.
Quel remarquable intérêt à pouvoir déplacer son aptitude à
concevoir ! Il n’est pas question de s’estimer, de se prévaloir
ou de tirer encore quelconque gloriole d’un résultat obtenu.
Cela ne doit pas relever d’une satisfaction unique et
personnelle, mais bénéficier à l’ensemble et au commun.
62
III
Je pensais réellement qu’il était quasiment impossible de
relever le défi de la science ; que les possibilités offertes par la
Poésie se situaient fort en dessous de ce qu’il était permis
d’espérer dans les domaines scientifiques et techniques.
Je ne voyais plus guère de solutions, et cette sorte de fuite
dans le complexe, dans l’illisible, me paraissait une preuve
d’incapacité à redéfinir avec satisfaction ce produit littéraire.
IV
J’arpente donc un intérieur, angoissé, inquiet.
Mes cris déchirent une voûte cérébrale.
Mes hurlements de désespéré pour cette cause perdue,
impossible.
Je cherche le mieux, le autrement, le rajout, le plus sur
l’ancien. Est-ce concevable ?
63
V
Élève-toi, mon âme et essaie de comprendre. Tant de
choses t’échappent ! Tu n’es qu’une toute petite cervelle
nécessitant l’apprentissage et le savoir !
Orgueilleuse la poésie ! qui siffle et persifle devant sa
sœur studieuse la science. Arpèges légers qui s’évadent et
s’envolent. Formes brumeuses qui prétendent solidifier le
poème. Cascades de fantômes phonétiques accentués aux
rythmes de toutes les langues ! Et pour qui ces danses
voltigeantes, ces profonds torrents d’amertume et de rires ?
Nul écho dans le lointain. Tumultueux poèmes qui prétendez
dompter l’alphabet infini avec vos génies et vos géants, moi
terré dans ma chambre, j’idéalise encore vos possibilités de
rêve.
64
La quincaillerie insignifiante
Féconde panse aux enfants multiples
Te voilà débordante de cris et de joies !
Peux-tu te prévaloir de la nature
De tes rejetons ? Cette opulence généreuse
Est-elle sœur de la qualité et de la profondeur ?
Qu’en est-il du contenu de ta matrice ?
Te voilà, baignant et baignant encore
Dans les eaux de ton abondance.
Ô Maîtresse de tes propres crues
Sont-ce de précieuses cargaisons
Que tu transportes là ?
Offre donc tous tes trésors brillants et brillants
Qui provoquent le rire des flibustiers
N’y voyant que de la quincaillerie insignifiante !
65
Les frères
Mon but, obtenir un résultat poétique satisfaisant,
Prétendre connaître ma possibilité cérébrale,
Désirer atteindre une sorte de maximisation du Moi.
Tout en utilisant l’image ou le support,
L’aide de l’Autre - l’Autre, c’est-à-dire
Le grand frère, le poète, le littéraire
Qui a vu, a produit, pensé des lignes, des pages
Et des recueils nouveaux et différents.
Car je ne suis qu’un médiocre imitateur,
Ne possédant nulle capacité de créativité,
D’invention ou de sublimation inconnue.
Je quantifie mes faiblesses,
Je dois ingurgiter vos œuvres copieuses
Et si je parviens à être ce que je suis
Je le devrais également à votre travail
Et à votre compétence.
66
Les hypothèses chimériques
La seule possibilité
relever le défi de la Science
parvenir à défaire son complexe,
lui offrir d’autres problèmes,
d’autres méthodes,
d’autres principes d’investigation.
DEVENIR UTILES ! ! !
Apporter sa contribution.
À savoir si l’homme de raison exploitera les hypothèses
chimériques des poètes.
Pour prétendre offrir à ce haut rang, il faut tout d’abord
que l’esprit ait atteint une sorte d’élixir. Mais comment
préparer son intelligence et lui permettre d’accéder à des
sommets qu’elle est incapable de supposer ?
67
Avancée
Progressant en poème forcé sans hasard, du moins en
essayant de l’abolir ou de ne lui offrir qu’une partir
insignifiante,
l’itinéraire imagé semble peut convainquant à l’esprit qui
avance dans cette cohorte épaisse.
La pensée conseille, suppose et considère les importantes
pertes subies depuis déjà vingt ans.
Des lueurs intermittentes éclairent faiblement un horizon
tumultueux. Nul lieu de repos, nulle clairière, nulle limite
même provisoire.
Au loin, oui, des ombres légères à peine identifiables.
S’esquissent faiblement des possibilités d’êtres, des formes
nuageuses.
68
La vieille femme
Tout a suffisamment été écrit.
Que peut-on rajouter ? Une sensibilité nouvelle, encore
inconnue ?
Continue ! - Continue !
L’alphabet usé, l’analogie ringarde.
Tout semble désormais connu.
Comment cette vieille femme à la matrice usée
parviendra-t-elle à faire des enfants vigoureux ?
69
Des espaces, des lieux
Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos,
Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles
À délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches
Ce qui les sépare - ce qui les convertit.
Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels.
Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement
Des moments de l’activité humaine ?
L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant
Et relevant les images floues, s’octroyant
Un rôle de maître absolu cherchant et décidant.
Le propriétaire de Soi.
Le retrait de l’Être. La mise en hibernation,
Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle,
Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?
70
La révélation mystique
La révélation mystique abolit-elle l’utilité
De l’action philosophique ? L’illuminé, l’éclairé
Est-il entré dans une phase terminale humaine ?
Le mystique sait Dieu mais il n’en connaît pas son
Fondement, ses origines ou sa finalité.
Où Dieu met-il les limites et les suffisances de l’homme ?
Dans quel schéma évolutif prétend-il à une quelconque
Satisfaction ? Quel est le trajet de la pensée ?
Méditations sur le mouvement de l’esprit dans
La volonté du progrès, et recherches de puissance,
De plus, d’ajouts pour comprendre mieux, pour
Savoir autrement, pour tendre vers une forme délévation,
- n’est pas une vérité commune
À tous les êtres ?
71
Les gardiennes de l’Oeuvre
Creusées, plongées jusqu’au tréfonds.
Chancelantes, avec béquilles,
contre un mur invisible.
Elles attendent, attendent,
Ces gardiennes de l’œuvre
L’espoir du digital,
L’avenir du numérique.
72
Triste mélange
J’ignore réellement qui je serai
Laisse-moi, ne me lis pas.
Le bouillonnement intellectuel
Les lancées intérieures telles des flammèches
À la recherche du bon feu
Tes faiblesses de style, ton impuissance
Ton incapacité à tout dire,
Ton manque de subtilité, de finesse,
D’audace. Ta fragmentation incohérente
Alanguie la rose et bijoux bleus
Percée claire dans baie étrange
Le murmure de tes lèvres
La proximité de ton incohérence
Je ne sais ce qu’il faut extraire
Oublie-moi dans cette baveuse déception
73
Faiseur
Faiseur d’utilités - de poèmes - pourquoi pas ?
S’appliquer à la tâche servile
Renaître chaque jour d’une production
Défectueuse pour en tirer une autre,
Plus défectueuse encore
Aller dans la faiblesse, s’enliser.
Constamment se redéfinir,
S’essayer en soi en quelque sorte
Avec du matériel délétère
dérisoire
Mais comment offrir quelque chose de supérieur ?
Dans quel miroir ?
Avec quelle analyse ?
74
Inutile, peut-être
Extrais, arrache, extirpe encore
Faiblesse de ton cri
Faiblesse de ton œuvre
Oui, de toutes ces choses mauvaises
Que conservera le poème ?
Des formes détestables
Qui dégoûtent tout lecteur.
L’indifférence, l’ennui, le rejet d’autrui
Et ta recherche
inutile peut-être.
75
Dictame :
Arrache, viens, vends
je ne sais plus comment arranger ce cortège
de sonorités !
pour ton existence balancement
échappe au mouvement contradictoire de l’écrit
construis ton ectoplasme
l’incohérence de Deguy
l’ici, l’ailleurs
ses sauts, ses équerres, ses moutons
L’impossibilité poétique
comment ajouter sur la science ?
Jactance
76
Dans l’éclatement
Dans l’éclatement, la mobilité sinistre
Les sexes qui pensent
Les oiseaux qui parlent
Les nuages qui peignent des poèmes
Dans les rues, des hippopotames
à la croix gammée
des rhinocéros
C’est la face d’un monde rectangulaire
L’apparition constante dans l’effacement
Une heure, une nuit, un éternel, micron temporel
77
L’homo desertus
(l’homme du désert)
Waldlichtung, la clairière en forêt ; je
Lui préfère le désert en soi - le vide - l’espace
Infini, sans. C’est libre, c’est ouvert, c’est visible.
C’est le rien. Avancer ou construire ? Avec quel
Matériel ? C’est en marchant que l’on rencontre d’autres
Paysages. Il faut donc accomplir de l’action.
Les horizons du temps et la taille de l’espace,
Ces dimensions universelles y sont également représentées.
L’intensité de la lumière est fonction de la lucidité
De l’œil. Prétendre constituer ou reconstituer
Du vrai en marchant. Degré de subjectivité
De la conscience ?
Pensée intuitive, pensée
Spéculative - réside déjà la possibilité
De choisir le mode d’actions - ébauche de liberté.
78
Nuancier de faux
La certitude du faux ; la certitude de son savoir ;
Avec ses faiblesses, ses preuves - ses à-exclure ; à
Mettre au-retrait. Dans l’ombre, dans le fermé.
Constamment vérifié son non-fondement ; sa présence,
À rejeter.
Peut-on offrir un degré dans les différents
― Faux ‖ ? Un faux puissant s’élimine, un faux léger
Peut servir, et participe après nettoyage à une avancée
Vers la vérité.
Les différents calculs de, de plus
En plus précis - tendre vers le vrai que l’on n’atteint
Jamais, toutefois.
Dans quelle mesure peut-on exclure
Tout doute ? Déterminer la non-présence comme telle ?
Mutations, évolutions de l’essence du Faux et de
La Vérité par l’accès au Savoir.
79
Déterminent les limites de la vérité.
Les limites de l’étant
80
Le retard dans l’esprit
Ta Vénus en fourrure
souviens-toi de la tentation
de la domination
de l’excès de jouissance
de la recherche maximisée du plaisir.
Et Sex Pistols était la solution
Puis Husserl, puis la pensée Post-Heideggérienne,
en vérité, tu cherchais
là-bas plus loin
avec ce séminaire de 82/83
consacré aux Équations aux dérivées partielles
hyperboliques et holomorphes
Tu étais encore en retard malgré
Gisants de Deguy
ton Boulez et confrères.
Enfin, tu cherchais …
81
J’étais donc invisible
J’étais donc invisible, hors présence,
Caché - dedans. Était-ce un tort ? Les
autres ne s’intéressaient guère à ma possibilité.
Je disparaissais de leur présence. C’était le retrait
en plein soleil.
Une sorte d’apparition inutile,
Je m’effaçais cyniquement - la réclusion.
Je devenais sauvage et solitaire.
C’est cela : travailler en soi-même,
à la recherche d’un soleil total,
Lumière pour le confort du cerveau.
Il fallait reconnaître que l’autre était peu,
Médiocre contact en qui je doutais.
Qui lui-même méprisait, persiflait,
Alors que faire ?
Soi et soi - et agir à l’intérieur.
Retrait - se retirer. Pour le dedans
avec Forces-livres, - instruction et apprentissage.
82
Sans la mathématique
Sans la mathématique, où serions-nous ? Dans un espace
allégorique, dérisoire - château de cartes ? Château en Espagne
? Réfléchissant à quoi ? A l’idéal de mensonge, à
l’impossibilité non renouvelable ? Quelles seraient les
solutions de ces questions à énigme ?
Rien ne ressemblerait à rien, nulle convertibilité de
l’écriture en topologie, de raison en physique, d’hypothèses en
applications.
Il y aurait de l’inconnu, du faux-vrai, des élucubrations
cérébrales, du non-transmissible, du non-interprétable. Aucune
possibilité de retour sur soi. Il faudrait s’en référer à un Dieu
de la Bible, avec ses discutables interprétations.
Il n’y aurait que l’illusion, l’illusion d’attraper un homme
derrière un miroir, sans être capable de reconnaître un soimême.
Il n’y aurait que feindre.
83
Tranche d’après-midi
Le rapport de la mathématique à la physique
J’ai la théorie ergodique
et le théorème de Poincaré-Birkoff
Téléphoner à l’éditeur Hermann pour savoir ce qui est sorti
en 98/99.
Voir à Laboratoire sur le CD4 Universalis.
Dans l’oreille, le Out Of Control des Stones No Security –
le public.
Et du Ravel, du Bach, du Led Zeppelin
Devant mes yeux Gisants de Deguy
Il est 15 H 50, le 27 avril 99
Sur ma gauche, une TV espagnole au son coupé
J’ai rendez-vous à 17 H avec Bruno d’INFO MATIC pour
enregistrer des fragments via mon prochain cédérom.
Penser à appeler le peintre Nicaud pour lui proposer un
Site Web etc.
84
Profil-voir
Profil-voir d’un certain angle - telle face,
Tel angle et les deux associés ? La luma,
CAD la caméra 360°, le panorama tel qu’il est
Proposé dans les encyclopédies. Tout l’ensemble.
Encore d’en haut, d’en bas, dessous - dessus.
pensées.
Non pas un seul qui regarde, mais à plusieurs, associer les
Toi et non-moi. Je n’étais pas dans ma certitude.
J’extrais, produis, analyse de manière contradictoire.
Brassages de paradoxes,
La fuite pour les extrêmes,
Le retour au centre.
Je te fais délirer, tangages de la raison.
Tourbillons, tourbillons, prends de la vitesse,
Puis stabilise-toi,
En position dialectique.
85
Chanson lavabo
Lissez, oscillez
What can I do
What can I do
What can I do ? Do do what can I do ?
Sur les étendards
Restons débonnaires
Avec la fille de l’air
Bourrée d’églantines
Je suis le roi des survivants
Qui rime en peinant
En peignant pour qu’dalle
En peignant la girafe,
Grande fille africaine
Néomie Cambell
Je dors et tu souris
Derrière c’est l’gonze de la crise
Qui justifie
86
C’est la crise de l’orgasme
Qui éclabousse en jouissant
En peinant.
Lissez, oscillez
What can I do
What can I do
What can I do
Do do I do
Si cela suffit
Faire relire les écrits
À occire
Plus rien n’est compris
À l’agonie
On crie, on crie
Lissez, oscillez
Etc.
87
*
Réinsérer, réinventer, re-libre
À stratifications impures ; débranche, rebranche, active.
Quelques effets poétiques avec des personnages dits pontifes.
Série, poèmes stupides, agencements de mots douteux.
Entrefaites, entrelacs. Et pour quel délire ? Des onomatopées
incertaines, des candélabres décadents, des souffleries diverses
auréolées de nombreuses impuissances. C’est peut-être un
rapport énigmatique à l’allure incertaine, une volée d’oiseaux
criards se perdrait ici et là dans les méandres d’une mémoire
absolue. Et je te dis : persiste. Ce n’est pas une chose
incohérente, à la démarche grotesque. Il te faut réécrire le
scénario avec pas mal de blondes sensuelles, avec pas mal de
petits crétins qui t’offrent de l’écriture faiblement imitable.
88
*
Encore de-ci delà proche et absent
éloigné mais encore oui si proche
déployé largement ouvert sur le ciel délavé
Empourpré de fantasmes de langages décevants
d’expérimentations douteuses il prétend régner.
Quelle galéjade !
Avalant ses branchages
pendu contre ses excréments
suppliant la barbe blanche
Et toujours dans son délire phonétique
prétendant associer des mots
pour lui, pour personne
sonne
89
*
Avec la force intérieure pour se dégager du cercle,
d’autres cercles, les uns sur les autres,
infiniment dérivés.
90
Le rapport
Le rapport, l’effet pervers bizarrement obtenu, en fluidité
exquise, en mal d’extase, luminescence claire, situation et
pensée à décrypter sur les vagues générales de l’amertume.
Donc, toujours des effets poétiques sirupeux.
Revisiter le scénario, débilo-politico lyrique avec les effets
à réinventer, toujours par là dessous avec compréhensions
incertaines.
Est-ce clair ?
91
SUITES / RELANCES II
92
Paysages effilés, filants, fuyants
Dans le lointain
le mouvement circulaire
Les horizons bancals,
Les arbres nains
pour l'œil inventif
Le ciel est créateur de choses nouvelles
93
*
Déclinations fixations et vertiges
Fuites obscures dans un sexe sanglant
Dans un triangle de soupirs
nourri de gémissements
et de plaintes heureuse
haut lieu qui hante l'orgasme
l'expulsion sacrée
i veut y demeurer
pour une ébauche d'éternité
croyant sans doute que ses petits
éclatements de micro-jouissance
rendent la vie somptueuse
Que la luxure dans une chair rousse
idéalise le temporel pour le rendre invariant
94
*
J'entends des musiques criardes
agressives et tendues
fibres de chevelures prêtes à casser
de chevaux qui hennissent de plaisir
et des soupirs de jeunes filles en orgasmes
envolées dans les tourbillons du vent
Des concordances étonnantes
entre sécrétions mielleuses
de femmes gémissantes
et guitares électriques
toi, mon amour nue,
tendue à l'extrême
quémandant l'explosion impossible
95
*
L'exploit de l'écriture
la montagne de papier fascine, intrigue
abondance, luxuriance,
pléthore sans limite
De l'impossibilité à tout percevoir,
à tout comprendre
Est-ce analyse vraie ?
La discipline se déplace
se conçoit autrement
avec de l'inexpliqué, de l'âpre, du difficile ?
Constamment apprendre,
constamment reconsidérer la formation
Faut-il insister, s’acharner ?
Pour qui ? Pour quelle gloire ?
Ou quel désespoir ?
96
L'éternel arpenteur des structures à remplir
avec raison, avec science,
avec pénétration mathématique.
On se cherche dans des vides inexpliqués
On souffle sur de l'abîme
La sublimation salvatrice
nous éloigne de notre médiocrité quotidienne.
97
*
Je n'envisage plus- je n'extrapole plus- je subis
J'élabore, je suppute, je suppose, j'espère qu'une
Nouvelle syntaxe viendra là se déployer sous mes yeux.
Alors je travaille, j'agite cette piètre cervelle et
J'espère obtenir un exercice pour l'esprit. Car je suis bien
Las de ces résultats- des tendances inutiles,
Sans reflets. Ce vocabulaire combiné, transformé,
Déplacé, fusionné n'offre que de faibles solutions
Pour le critique foudroyant que je suis.
Arrêt. Départ.
Arrêt. Re-tentative- re-écrire, et puis quoi ? Non et non
La rumeur intérieure, les regrets, l'absence de génie. Les
Remords. Et nulle consolation. L'analyse de l’autre :
Ses vagues successives d'écriture fluide. Je m'obstine
Amèrement.
98
Dénué de sens et de mouvement, sans merveille,
Sans sel. Pas la moindre possibilité d'explosion
Immortelle. Une sorte d'espace de néants
Internes. Quelles flammes tressailliraient en moi ?
Spectrale, éclatée, insignifiante. Toujours le
Prétexte lui impose à jaillir. Comprendre
Cette brune délétère, cette substance claire
Dans l'espace de la mémoire. Horizon lointain, inconnu
À percevoir.
99
1
Nulle mort, nulle fin. Condamné à vivre, en compagnie de soi - soi
détestable. Subir la haine d'un autre en soi. Sorte d'incubation ou de pourriture
invisible.
2
Entretiens perturbés par le doute de la critique. Échanges de
mauvaises solutions, de procédés boiteux, communique méchamment mais
cherche à travailler avec l'autre - dialogue de lanceur et de combineur, réticences
cérébrales. Chacun se prétend l'avertisseur de l'autre.
3
Vrai, cela est certitude. Je ne puis commettre l'erreur, il s'agit d'un 2
+ 2. Il ne s'agit pas de se découvrir, il est de savoir.
Non, nul besoin de m'arracher à ma désacralisation poétique. Je
dois remodéliser
des systèmes existants.
100
*
Est-ce une liberté permise,
un déplacement continuel du vrai, du plausible,
de l'impensable, de l’essayé ?
La maîtrise sera pour plus tard.
Le problème est de pénétrer,
- la filante claire fuyant allant
comme une essence de perception fine,
fluide, allant...
Percevoir avec de l'audace et de manquant,
la construction s'opérera par la suite.
101
*
" Injecte-moi tes microbes,
fais couler ta salive dans ma bouche
Pour un Système d'Aide au Décisionnel
Interactif (SADI)",
supplie et quémande mon PC qui ne
craint aucun virus, et qui communique
sur le NET avec un autre PC aux États-Unis
102
*
Le poème - mâcher comme du bon vin -
un sonnet de Baudelaire
le buccal pour l'oreille et l'activation
de la mémoire - la fabrication d'images
le prononcé se satisfait avec du murmuré
103
Évanescence et périmètre
De si loin
pensées au plus profond
transmissions concevables
sans doute agitées par ma mémoire
lancées, montées, explosées
Là enfin
poussés par le souffle
Quelques mouvements dans nos rêves
des mots offerts
De moi-même, évanescence
incandescence
pour l'élaboration de l'œuvre
J'observe fixement l'exaltante envolée
des feuilles voltigeant
pensées englouties irréelles
surgissantes déplacées
104
J'y perçois quelque lumière...
Des groupes de mots, des familles, des appartenances
avec l'analogie, la symbolique etc.
Un mécanisme bien huilé, en vérité.
Voilà le périmètre insignifiant de mon esprit.
105
Syntaxes amoindries
Insufflées poussées
extases d'écrivain
Le non-probable, la certitude de l'échec
Associe tes coups mélange
avec ta substance amoindrie
pour tes quantités multiples
Il est nécessaire d'aller longtemps
puiser au fond de soi-même
106
Conquérant du dérisoire
La discipline se perd
la longue formation n'est guère utile
Tout pour soi, rien pour autrui
les efforts faciles, peu coûteux
Les grands conquérants du dérisoire
107
La tierce impossible
Martingales procédés potentiels
mais lance te dis-je
lance ta chance
Un peu de sel sur les paumes
prétends à l'état pur
travaille avec l'Esprit
Perles et roses, éclats ce matin même
c'est essentiellement un désespoir
borné dans du satin
Tu regretteras les jeux d'analyse, les
tentatives risquées, les audaces réalistes.
Ainsi de la poésie à l'Esprit, de l'Esprit au jeu,
du mouvement à la recherche et au travail.
C'est une immense dérive qu'ils prétendent inutiles.
À l'horizon, les yeux couchés
je mords tes lèvres de menteur
108
Rien dans la nature
rien sur la pièce
tout au divin
Qui pourra me suivre avec cette tierce impossible ?
*
La poésie vide à remplir,
blocage à débloquer
impossibilité à convertir
exclusion à gérer
109
Un autre je
Toi par l'énergie, le fantasme
Toi, élevée dans mes mains
Toi, la statue vivante
Moi, aimerai-je amant stimulant menteur
avec un autre je semblable au mien ?
La complicité des langues,
des bouches, des muqueuses
Mais la nudité évidente qui fraîchit,
la complicité des faces,
des variables de pensées ?
À contresens pourtant lié
suspendu à ton délire,
nous cherchons.
110
*
Non plus. Non pas. Ne peut ajouter. Doit se suffire. Ne
parviendra pas à dépasser la limite poétique des autres.
Mais comment. Y a-t-il un moyen, une possibilité toutefois ?
Cherche avec du sans, avec du non pas.
différemment.
Recycler autrement les lettres. Reconnaître les mots
*
Brassage mental de flou et de brouillard, - espèce de lucidité
obscure avec jets clairs d'images et de lancées dorées.
Fluide qui se démêle, s'enchevêtre, se confond, existe et meurt.
111
*
Nous agissons sans maîtrise
et prétendons produire une autre poésie.
*
Ni l'un ni l'autre
mais l'un dans l'autre
Le grand Un qui conserve ses idées
Il n'y a rien à s'échanger
Le partage d'un côté
Tu voulais deux,
il ne restera qu'Un
112
*
À dire ou à écrire
La ressemblance offre la continuité
Distinguer la chose de la chose
*
Tourner autour du saut
circuler contre les bords
113
La réserve de savoirs
L'insignifiant pour l'un
l'impossible pour l'autre
L'imagerie désuète
les miroirs perturbateurs de la poésie
aux prolongements incertains
N'existe pas, voué à l'oubli
La pensée sans nulle espérance
Y a-t-il une réserve réelle de savoirs ?
*
Je ne cesse de prétendre
doutant doutant encore
Ma croyance éternelle
en un être qui se perd
114
*
Redéfinir avec l'aide de la mathématique. Transfert-suppositionprolongement
actif- Que les équations offertes transmettent l'effet, le
résultat, la séquence à obtenir. Ce sont encore de nouvelles élaborations
avec les Raisons du Lieu.
de rejets – mais ?
Non pas un rapport énigmatique d'incompréhensions, d'exclusions
*
Dans le vide pour plonger
au bord de mon insignifiance
et pour surplomber mon deuil
Présence de nullité,
précision floue
L'errance claire
divague sur le raisonnement
115
I
J'ai dé-pensé me déplaçant
perforant ce mur d'incertitudes
cherchant le monde naissant derrière,
ou à côté
Une pénétration sans expérience
par ressemblance prolongée
exploitant, refusant l'autrefois
Oui, rendre possible un avenir inconnu
Comment rendre un autrement vraisemblable ?
II
Suppose-le si je puis dire
Il s'agit de transformer
d'offrir la chose nouvelle,
celle qui n'existe pas
116
Des propositions déboussolantes
pour s'épater ou se détester
Peux-tu concevoir différemment
cette approche,
dépoussiérer sans t’exclure ?
III
Définir de nouveaux verbes.
Toi, tu en es encore à symboliser exploitant les vieilleries rimbaldiennes et
mallarméennes. Peux-tu appeler cela du prolongement ?
Toujours tes entrelacs stupides, inutiles, illisibles.
117
*
Les chaînes de l'avancée
poursuivre le chemin balisé
enveloppé dans l'humeur folle d'un avenir
C'est encore un prolongement simple ou complexe
d'une vérité d'hier que l'on cherche à imposer
Marcher longtemps tenant ferme deux piquets
dans les mains scrutant des espaces clairs
longeant les lignes illimitées d'un avenir certain
Mais c'est encore à prouver !
Les blocs de chaque côté, les blocs
une sorte de Livingstone de la pensée
Tu connais l'origine, tu as une hypothèse
avance te dis-je, avance !
118
*
Ce soir plus laid encore
Tu t'approches planté dans ton ombre,
Avec la sueur amère de ton peuple
La quantité s'est liquéfiée
La décadence n'a plus de sens
Tu es belle, tu grandis, produis, ajoute, - toi
J'affirme dans ma main ton silence
*
Une flèche sans avenir
mais l'espace se construit avec des lancées
Tu connais des sons
tu habilles des vocables sans distinction
maladroitement
Des poussées en esprit
119
Nulle intelligence pour considérer
le nouvel espace offert
*
Planquer une pensée de troc
souffrir d'écrire
L'intensité âcre du fruit qui se délivre
gorgé et regorgeant d'idées
L'activité agaçante refuse de s'extraire
C'est encore une passivité nerveuse
pénible à supporter
*
Ton miroir, ne le dédouble pas.
Tu te plais dans l'ombre hypocrite de toi-même,
cherchant le nuancier des songes comme si la vérité
se reflétait dans la chose floue. Toi, te figurant.
120
*
L'arracher, l'extraire hors de la cervelle
La tirer, regarder dessous
Est-ce coffre vide ?
Pour l'un l'image, pour l'autre le mot
Les yeux ont raison de voir là-bas
L'oreille s'inquiète du mouvement du poème
121
*
Il n'y pas d'échange, il y a prélèvement,
Volonté de capter, d'extraire, de fusionner
Et de faire voltiger le sac de vocabulaire.
Je ne trouve rien en moi à offrir d'utile.
Je lutte misérablement contre l'ombre de moi-même.
Il prétend régner, il est sur un socle chimérique.
La réalité de ma médiocrité me harcèle.
JE ME HAI-ME subissant la passion
D'une fleur flamboyante. La volonté demeure.
Le ventre arrache encore quelques vieux hurlements,
Faiblesse lancinante qui crie stupidement.
J'accuse encore le vieux Narcisse au blanc miroir
Toi, toi, qui donc aimes-tu ? Honte écœurante
D'un édenté pourri, ridé se contemplant encore !
122
*
Nul esprit ne saurait animer le souffle, nulle pensée ne permettrait
d'aller outre. C'est l'asphyxie dans l'insignifiant, l'étouffement de l'action par
faiblesse de corps.
Un dernier élan pour un tourbillon d'ivresse ou de folie, d'extase
raisonnée, de ravissement
maîtrisé ?
Faut-il transformer, faire varier constamment l'être pour s'imposer
une sorte de nécessité
d'écriture ? Y a-t-il ordre des mots, ordre des images, ordre du langage ?
Savoir faire éclater cette tête, au-delà du raisonnable. Les pénétrants
battements internes rythment l'ivresse de l'écriture, expulsent du sang sacré,
décident du feu et de l'orgueil.
123
I
Le mot inlassablement dérivé
le mot
je ne sais
Il fixerait l'étrange interprétation
d'une variable imprécise
Le mot prétend à la chose
il s'organise avec l'autre mot
Voilà la ligne qui classe les désordres !
Seront-elles me suffire ces lignes
qui se rejettent elles-mêmes
pour toujours revenir ?
124
II
Le mot cherche se détermine
d'après autour de lui
Il flotte ici un parfum d'images
irréelles déplacées agressées par le temps
Le mouvement clair enflamme
s'étire emporté par le soleil
intérieur tout en fixant le vide
Je confonds le ciel cérébral
de mon espace imaginaire
avec une possibilité d'invention poétique
125
III
L’image et le mot
l'un avec l'autre
tout dépend de l'hémisphère cérébral !
Les yeux voient ce que l'esprit écrit
La pensée rôde, esquisse en mouvements le poème
Comment fixer le silence
dans le vertical de son vide invisible ?
126
Paysage d'en face
L'air arrache de vieilles feuilles à l'arbre malingre. Les yeux voient un
squelette d’homme édenté et courbé.
Que devient la matière revisitée par l'œil ? Le merle et la meule là-bas
rappellent la quête éternelle de Manet. Quelques brebis comme des tâches
blanches sur une herbe jaunie et brûlée par la violence d'un soleil.
Le jour écrase la campagne, la soumet à des forces de chaleurs
implacables. Le jour refuse de disparaître, il est plaqué et dure comme un
lutteur immobilisé par un adversaire.
Là-bas de l'autre côté, ce sont des vignes claires et chantantes nourries
de soleil, lourdes de fruits à naître, par-dessous.
Un pigeonnier du dix-septième fatigué, branlant, soutenu par des
bâtisses de consolidation. Une chemise rouge gesticule, - c'est le fils du
voisin.
L'horizon éclaté offre mille saveurs de parfums, de brises, de lumière
et de formes.
127
C'est une sorte de beauté désespérante, une fixation du réel qui donne
au temps un goût d'éternité.
128
*
Marcher sur ton corps avec deux doigts en
pensant à l'autre, la claire, l'idéale, la belle
transfigurée par la sublimation sexuelle ;
La langue suçant, léchant, la langue posée
sur ta chair conçue pour la prise, pour l'assaut,
pour la violence des caresses.
Le sexe comme des yeux scrutateurs pénètre
l'acidité profonde de la femme en détresse.
Tout glisse en toi, et ma pensée défigure
le sens de la passion, de l'insignifiance de l'acte
avec cette présence de chose éphémère.
129
*
Dans le ciel cloué le noir d'un nuage
La violence marquée au plus haut
Je vole sur l'aquarelle haineuse
J'invente un fantôme chargé de mensonges
Tout à coup ce roulis d'ivresse, ce souffle bas
Fort, accablant toute pensée.
J'associe avec
Rudesse, avec vigueur la ferveur de ce flot
D'écriture. Ce qui est caché, bien en dessous
Semble émerger, monter, jaillir tel un geyser d'eau
Lumineuse ou phosphorescente.
Mes paupières
Des lancées claires sur un brouillard sombre.
Est-ce de l'énergie mentale ? Une autre forme
D'activité intellectuelle qui façonne ou organise
Le poème à obtenir ? L'obtention est celle-là.
130
*
La nuit noire, mauve et bleue, le regard
Cherche en lui quelque quiétude aérienne.
L'invasion des nuages déplace la pensée,
La vitesse des traits et des images emporte
Les mots hors du champ de conscience, la lancée
Des possibilités poétiques chargées de musc,
De parfums, d'aigreurs se déploie en gerbes
Multicolores.
Il faut apaiser l'ardeur, calmer
L'élan fougueux du jeune homme qui inspire,
Certifier l'espace de sa transcendance interne,
Maîtriser cette ventilation en soi pour le hors soi.
Car la vitesse jette, déplace, mange, oublie
Parfois l'essentiel, parfois le pseudo-insignifiant
Qui est le nouveau vecteur ou le schème de conduite.
131
L'immense réservoir humain
Ne parlons pas d’Art - Ceci serait prétentieux,
Parlons d'écriture ou de poésie - Le cadre dans lequel
Se situe l'auteur est plus modeste...
S'installer, lancer
De l'énergie, combiner une sélection de mots d'a-
Près des critères de ?... (Trop long à expliquer
Sur un sonnet)
L'espace mental, l'action visuelle -
Quelles vérités scientifiques pour comprendre et analyser
Le geste de composer ? Informatique et Biologie
Pour supposer cette dimension cérébrale, cette possibilité
de sublimation humaine ! Le sixième continent,
Comprendre L'intelligence avec son intelligence,
Le cerveau avec son cerveau.
Temps, Moyens,
Travail en commun, synergie de la compréhension
Pour accéder à l'immense réservoir humain.
132
L'art et le trois fois insignifiant
L'art déplace le temps, l'immortalise
Reconsidère la mort. Il fixe le travail
De l'homme, il ressuscite ce qui a disparu,
Ce qui semble détruit peut ressurgir du Néant,
Cela est vrai pour tout vestige.
Cette ruine
Figure l'impérissable pour la raison qu'elle n'a plus
À périr - elle est ressuscitée de ses propres cendres,
Écrit Bernard Noël dans le poème Pompéi.
Il est le génie de l'homme comme le nid est
L'architecture de l'oiseau, le barrage la cons-
Truction du castor, la fourmilière la ville de
L'insecte.
Qu'est-ce que cela à comparer à l'orga-
Nisation de la nature divine, de l'immensité
Infinie de la création ? Le trois fois rien insignifiant.
133
L'image-mensonge et l'écran cinématographique
Des flammèches de mots lancées dans l'espace
Littéraire pour des oreilles et des muqueuses dévorantes ;
Des fluides lumineux comme des filles aériennes ;
Des vocables en projection explosant ou
S'accouplant pour une portée incomprise ; le son
Se charge de sens et embrasse le poème
Réactif.
L'espace se remplit et se vide d'un
Suc nourricier ou d'une sérénade grossière.
Le front est un monde et la porte est ouverte
Mais nul ne veut y entrer prétendant le spec-
Tacle inutile, éphémère, d'un dérisoire médiocre.
Faut-il produire des images-mensonges quand l'écran
Magique sublime le génie cinématographique ?
Qu'exige aujourd'hui réellement le public ?
134
L'agencement élaboré et la critique dérisoire
L'air se noie dans la terre épaisse, la matière
De l'esprit lourde de relents ingurgite encore
Quelques possibles nourritures ; l'on voit plantés
Ici et là de faibles arbrisseaux à la sève
Chantante - Quel avenir pour leurs fruits ? Ap-
Prendre à mâcher, à lentement saliver le suc
Rare pour en tirer la quintessence salvatrice de
L'âme. Contempler le pur soleil divin, tenter
D'atteindre sa beauté redoutable. Dans son
Horizon constellé de bleus phosphorescents et
Rouges, il espère encore quelque reconnaissance
Amère ou avide, mais reconnaissance toutefois
Car il offre au lecteur subtil l'agencement
Élaboré d'un poème que l'on prétend dérisoire.
135
Qui veut parier ?
L'élan, la volonté, le devoir pour contredire
L'immense pouvoir du temps, pour contrecarrer cette
Détestable destruction - essayer de rester
Inchangé face au Soleil, cette lente usure
De soi-même, cette dégénérescence, cette capacité
Cérébrale qui peu à peu, lentement se détruit,
Ho ! Certes de manière insidieuse mais constatée
Toutefois. La fuite vers un Néant s'il n'y a pas
De dieu, la cessation de soi, la plongée dans
Un cachot, sorte de finalité heureuse, peut-être !
Ou encore le sublime éblouissement, l'Autre Ciel,
L'avenir avec nouveaux principes, nouvelles lois,
Obéissance religieuse, système de perception,
Connaissance d'avenir, d'âme et d'esprit, pourquoi pas !
136
*
Le présent est en attente, il espère cette chose
Indéfinie, imperceptible. Il demande à violer
L'absence, il scrute des traces, il en suggère
D'autres. Il y a pénétration en moi d'écrits, d'humeurs,
De lueurs.
Les mots se passent de sens, mais ils pro-
Posent des possibilités d'idées, de lancées claires ou
Vides auréolées d'espoirs.
Moi et vous - Moi sans
Vous, c'est Moi - seul qui me comprends. Vous, c'est la
Transposition, la fabrication d'un processus différent
Qui engendre l'image, les mouvements, les
Couleurs, la violence, la passion.
Et nous voudrions
Encore rivaliser avec l'image offerte,
Pauvres séniles d'une autre époque que nous sommes,
Seulement capables d'être relus par nous-mêmes.
137
*
Le mot seul inutile quand l'image animée ;
Où vais-je avec ces grandes folies littéraires ?
De plus, le sachant pourrais-je m'y fixer ?
Le retour à l'action précise- le mot qui
Chasse le mot pour la boucle finie.
Faut-il
M'abolir en toi ou construire sur des décombres,
Plonger dans ton abîme, creuser ton précipice ?
Je sais, je sais, j’insiste - j'explique en utili-
Sant d'autres termes, d'autres forces -
La tombola
De la gloire, - veulent-ils chasser l'affaire ?
S'agissait-il d'abnégation terrestre, de variable
Temporelle indomptée ?
Je constate l'immense dé-
Sarroi intérieur, l'offre interdite, le don exclu,
La plongée inéluctable vers ses ruines éternelles.
138
*
Le rejet - ce n'était pas un blasphème - c'était
un cri de la conscience, une vérité sortie de ma bouche.
Le poème était voué à la mort, se détruisant soi-même par son inutilité.
Encore l’élan - toutefois - sous le crâne,
enfiévré - la chair veut du soleil !
Recueille ton âme pour personne, ô toi l'esprit purifié !
Pétrifie, haineux devant l'incompréhension des hommes !
139
Sur l'écrit à paraître
Déterminer le vide ; transcender l'inexistant ; au-delà
Du mystère, mesurer l'indéterminable ; le souffle
De l'esprit se prolonge dans la nuit. Un volume
De sonorités se dégage, se déplace dans les airs.
La façon de se plonger dans l'obscur - une substance
Intellectuelle, une image quantifiable, des lancées
De fluides, des magmas de sens - la syllabe qui se
Crisse, se brise, s'encastre, s'accouple, s'unit,
Se fortifie, offre la vibration - l'incident en
Quelque sorte !
La mémoire valse, la tête s'obstine
À sortir des combinaisons dérisoires dans l'es-
Pace aléatoire des voyelles pour une jouissance triste
Et personnelle. Encore un horizon inachevé,
Un regard dédaigneux sur l’écrit à paraître.
140
I
La nuit. Et tu m'as devancé dans l'ignorance de
moi-même. Je me fluidifie contre ton ombre.
En nous, un ciel ténébreux, épais de ses secrets,
lançant ici et là ses constellations éblouissantes.
Dans la nuit, j'ai étouffé la question, refusant
le médiocre murmure de tes lèvres, te laissant l'âme
chancelante.
J'ai longtemps interrogé mais ne recevais nulle
réponse. Je suis resté profondément anxieux me doutant
que tout savoir humain était insignifiant et ridicule
face à l'Éternité.
Plongeant au creux de ma chair, j'ai pleuré amèrement.
141
II
L'incandescence de soi ou l'immense jet intime ?
Moi dans mon propre sang, le cœur noir de douleurs.
Pulsations, et quoi ? Et quoi ? Et pour qui ?
Plus loin, la lumière claire...
III
Je te respire, te pense, je m'engourdis en toi,
je m'écrase sous ton poids, incapable de déterminer
les distances, la périphérie de la gerbe, l'intensité
de feux.
La violence de nos chairs...
142
L’air éclate
L'air éclate comme une séquence impossible, je
Prétends voir la matière. Les doigts sont ouverts
Au magma. Des effets lumineux très pervers.
Un souffle crache de la poussière mentale. Le
Long de ma paroi interne suinte de la vérité à
Lécher. La pensée frappe les structures des tempes et
Cherche à sortir. La fille se retire, la fille
S'étire. J'embrasse ses paupières, elle disparaît.
Le jeu de la tête à représenter. La démonstration
Verbale. Une vraie logique d'artiste avec du
Manquant et de l'inspiration.
Où allons-nous tous deux ?
L'histoire d'un ridicule accouplement. Fade miroir de
Ses yeux ou sublime soleil sexuel ? Que dit-il lui le
Lecteur voyeur, critique subtil, méprisant toutefois ?
143
*
Dans l'infinie langueur de soi-même, avec rien à écrire.
Rien qu'un lent processus de médiocrité et de pertes. Toujours
l'image, toujours. Ils veulent de l'image animée. Que faire ?
Que dire ? Qu'écrire ?
Majestur
Avant que sa raison atteignit la maturité, sa conscience
était constellée d'angoisse et de frayeur. Il ne pouvait évincer
cette vérité-là qui constamment giclait dans sa cervelle sourde.
Pouvait-il se soutenir, supporter cette atroce charge intérieure ?
Le suicide eut été une bonne chose. Il résout aisément les problèmes
impossibles. On coupe une tête et le tout est fini, mais Majestur
curieux de sa personne, à l'écoute de son propre génie, décida
d'aller outre et d'accompagner cet horrible fardeau toute sa vie
durant.
144
*
Les rues tanguent sur notre passage
Les rues tanguent
Est-ce la raison de l'ivresse,
de l'angoisse, de la phobie ?
Un air plus frais frappe
mes méninges,
Un air plus frais
J'avance dans le chaos de moi-même
Avenir sombre,
Nulle lumière
La peur, l'angoisse,
L'angoisse, la peur
145
À Emily Dickinson
Titre sublime que le Tien !
Poétesse endeuillée de blanc
Une place certaine t'est conférée !
À l'écoute de l'immense silence intérieur
Consacrée d'œillets clairs invisibles
Fiancée embrasée par le souffle littéraire,
Emportée dans l'ivresse de l'écriture !
Avec la pâmoison du poème
Substance pure et symbolique
Le sais-tu parfois que
L'Immortel et l'Intemporel caressent
Tes tempes gracieuses
Comme un bouquet improvisé
De parfums enivrants ?
146
*
Les poèmes sont des torches vivantes
Qui n'éclairent qu'eux-mêmes
Pour quelques instants.
Le soleil de l'intelligence
Dont la lumière est vitale
Gerboie d'autres feux,
D'autres substances et nourritures.
Dans le Néant de la chimère
L'âme, reine orgueilleuse,
À la cour d'elle-même,
Égoïste et persiflante
Se prévaut de sa grandeur.
La sagesse de la raison
Est de craindre l'immense créateur.
147
I
Au zénith, la nuit obscure dans la tête. La volonté
de comprendre, d'aller outrer. Sous le poids de l'ignorance.
Méninges, rapiécer avec techniques, espère-t-il les éléments.
L'œil plonge dans son espace, la main récolte les caractères
et syllabes.
Demi-tour, à l'intérieur ! La pensée prétend
triompher et ressuscite. Je dirai d'une voix basse : "Tel est
ton triomphe, - cela et rien de plus. Le poème est écrit."
II
La stupide limite pour l'horizon cérébral. Tu vois tout ! ,
mon petit Franck. Seul le son est capable de se détacher
du corps, écrit Brodsky. Tel est ton discours. As-tu songé
jusqu'où ira la trace de ton poème ?
- Dans la nuit noire, je le crains bien.
148
III
Encore, à la recherche de la pure immortalité, tel un
christ irréprochable. Pauvreté de mon blanc, face à un
Dieu producteur de l'univers !
- Muse, est-ce à moi d'écrire ? Dans la chambre, pour
les allées et les venues des esprits et des fantômes, la
gloire ! Au pays de du délétère et de l'insoupçonné avec
la grammaire en bandoulière !
IV
Ainsi Jérôme, à traduire la Bible, Le Coran, Qoumrân
et les Écrits Intertestamentaires, puis des prophéties ! cela
est vrai.
Prétendant encore qu'ailleurs, là-bas la Science etc.
Quand l'heure sera enfin de mourir, serai-je encore
maudit, persécuté, haï, détesté de l'au-delà ?
149
Moi, je gratte près de mes démons quand toi tu baillais
près de ton lion. Et c'est la soupe à la grimace avec
aiguilles enfoncées dans la chair. Les os, la douleur !
Quel rêve pour les affreuses chauves-souris et les
corbeaux noirs cachés dans les arbres invisibles ! D'autres
forces mauvaises, sans doute !
V
De quoi se nourrit le spectre ? De ma propre substance,
comme un vampire assoiffé. Salut Victor ! Et toc ! Toc ! Toc !
La torture, la cruauté au quotidien, l'ignorance et l'imbécillité.
Tout pour moi ! En surdose, en surcharge ! Merci. Bonne idée.
Poursuis et écris !
- J'écris donc.
Qui vient me tourmenter dans la nuit noire ? Rentrez chez
Vous ! Constamment, on est en service recommandé d'aiguilles
et de viols de l'intimité.
150
...Le voilà le vilain corbeau noir cloué sur les linteaux de sa
maison, lui qui a refusé de faire le cygne au milieu des Cygnes !
Un cygne d'autrefois se souvient que c'est Lui !
Magnifique mais qui sans l'espoir de leur plaire,
Je peux signifier que l'exil est plus beau...
C'est ça l'immortalité, la célébrité au ciel. La neige
qui tournoie est la poussière des demeures célestes,
écrit Brosky.
Point de pardon pour l'intrusion. Encore une apparition !
Et rien à faire, toujours à supporter l'ennemi, les piqûres,
le vice et la bêtise. Ainsi toute une vie, facile hein !
151
*
Je n'étais que cela
Qu'un insensé au milieu des hommes
Se nourrissant de chimères
Et de songe-creux
Toujours dans la nuit couleur encre
Le front mélancolique
Accoudé et cherchant
Je n'étais que cela
Discernant vaguement des contours
Utopiques, déterminant des limites
Floues, allongeant des traits
D'écriture et prétendant encore
Obtenir un résultat.
Et c'est encore toi, mon ardente
Pensée qui murmurais des soupirs
De jade, ma voix humide
Sanglotait parfois et
152
Appelait humblement
De consolantes douceurs.
J'implorais une trace, une lumière
Vaine à suivre nuitamment
Et je restais à attendre
Dans le vague dérisoire
De ma pensée inutile.
153
Séquences
Femmes, lesbiennes, léchées, léchantes, merci, merci
Auguste buste, penchées et suppliantes. La dentelle
Entre les doigts si fins - Formes, mouvements en
Constance de changements - L'idéal statique !
Sources de vie et muscles souples. Le plaisir temporel
Des caresses devant et derrière en vous serait si tendre
Partout ensemencées
J'ai ta pluie d'or, doucement à
L'oreille, en toi le puits, demeure accroché
À tes mamelles le temps de l'extase est bref
Je m'oublie dans tes prunelles vives
Et cette cervelle
Impossible qui ne ressemble à rien Je n'entre pas
Je butte à l'extérieur pensées de femelle !
La sérénade sensuelle d'appartenance de liberté
Le mâle est-il conçu pour comprendre la femme ?
154
*
Au fond du Moi, il insiste, encore et maintenant.
Il prétend respirer, il dicte, souffle haletant hors
d'atteinte l'autre
contemple la Cité et cette logique de mots, de
constructions de langage et d'assemblage forme
irréelle ou fantomatique structure délétère.
*
Vie pensée de faiblesse et d'angoisse, vie
Qui se froisse dans l'indifférence du Moi. Être,
Être humain - l'œil creuse l'objet en pers-
Perspective. Des cathédrales de papier, des estrades
Qui vacillent, des sanctuaires de poussière. Ainsi
Constamment dans la prière, dans l'ombre pour la joie
Extrême. Des cohortes de mots que je récolte
Le long de mes murailles de sueurs à boire.
Et pour quelle sinistre ou détestable désillusion ?
Hypothétique réussite notoire qui offre
Au poète le droit d'entrée dans l'histoire littéraire
155
*
Des lignes illimitées La pensée Soi sur soi
Concevoir dans cette cervelle épuisée
Droites fuyant à l'infini Autrement, ailleurs
Des courbes Des méandres Des vertiges
Considérer l'ordre des actions Des déplacements
Reconstruire Planifier Aller !
Sur la page encore fumante,
l'accumulation des caractères
L'espace d'illusion où s'exploite l'image
Autre ligne Couverture Papier et ?
La pensée la plus noire fait de jets lumineux
En mémoire si tu dures L'Éternité artistique !
C'est beau ça !
Dans la béatitude de la jouissance narcissique !
156
*
L'observateur caché dans le miroir d’en face, sans reflets,
décomposant en cent mille paillettes les infimes parties
du Moi, ici et là cliquetis de phosphores
désireux de comprendre comment cet assemblage hétéroclite,
ordonné, désordonné avec du manquant, ombre et clarté
parvient à offrir à l'intelligence les sucs rares de l'esthétique,
de la sublimation et du créatif.
Pénétré ces formes curieuses dans l'ardu et le sensoriel,
le subtil et l'évaporé, avec le mécanisme cérébral propre à
chacun ; déchiré ce labyrinthe de papier ou l'emprunter avec
un système de déduction et de compréhension,
voilà ce que peu de personnes s’essayent à faire, préférant
l'image facile de l'écran qui passe et disparaît au détriment
de l'image de mots plus difficile certes à concevoir, mais
dont la substance rare tel un parfum éternel embaume
l'âme de l'amateur.
157
*
Je ne sais plus quels traits me renvoient la vérité,
j'observe le retour de ce miroir dompté, un futur vieillard
m'y guette. Je tends nerveusement les traits de mon
visage, espérant y retrouver la face d'autrefois.
Mais ce beau visage de vieillard, est-il sève et avenir
d'immortalité ? Je pense au Fils, à ce qu'il a dit, à ce que
ses Pères ont transmis. Cheveux blancs sertis d'une parure
ou en gage de gloire éternelle ! Je ris cyniquement...
Je n'ai pas eu le temps de faire grand-chose. Avais-je
réellement les moyens d'accomplir des actions profondes
moi qui ne polis que des surfaces insignifiantes ?
Telle est la médiocrité de mes propos, ce soir.
158
SUITES / RELANCES III
159
Son but
Se déplacer lentement dans l’étonnant labyrinthe
De son âme était pour lui un jeu intellectuel,
L’univers du poème un espace curieux à
Concevoir. L’aventure d’un possible audacieux, par-
Fois. Était-ce une passion, un vice, une dose
D’exercices quotidiens ? Il voulait tenter de
Déterminer sa propre limite, reconsidérer son
Complexe, élargir les moyens de comprendre.
Y parvenait-il ? Il prétendait avec hésitations
Régler l’ordre, l’agitation et le tumulte,
Il prétendait… Mais ce n’était que chimères,
Qu’espoirs vainement soufflés par l’orgueil du Moi,
Que folie permise par un idéal poétique rêvé :
La probabilité réelle de sa réussite était nulle.
160
Les miroirs J. L Borges
Je me demande encore, après maint jour et mainte
Nuit perplexe sous la variété des cieux,
Par quel hasard étrange ou quel vouloir des dieux
Tout miroir me saisit de malaise et de crainte.
Miroirs, cieux, surfaces, espaces
Fragile et éphémère, poète tremblant dans le
Miroir de l’imaginaire, espace bariolé de reflets
Infinis avec l’impossible qui côtoie
L’invraisemblable — un univers de risques, de faux,
Et de pulsions émotives ;
mais encore, - azur qui
Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans
Un ciel irréel ; lac, surface lisse où
La pureté d’un cygne vient troubler le
Repos du dormeur.
161
Variétés, formes du hasard
Pour l’intelligence complexe, c’est l’art de
Tisser les lis avec subtilité !
Miroirs, cieux,
Surfaces, espaces pensés et regardés comme un
Hasard modulable, lieu du questionnement où
L’audace poétique s’associe à la raison de l’écrivain.
162
Les utopies délirantes
Vie rêvée. Avec des déchets inutiles. De poèmes.
Finissons-en. Pour quelle montagne de syllabes ? Encore
Être, être humain. Prolongement de soi, peut-être.
Aller plus loin.
Feuille sur feuille. Écrits sur
Écrits. Fragile, horripilé.
Dans le mépris d’au-
Trui, prétendant obtenir… Quoi ? — Rien. Rien.
L’inutilité de l’objet. Nul au-delà, nulle
Histoire. Pas une âme dans la lucarne de mon
Poème.
Toujours pénétration interne pour comprendre
Le jeu des choses, les possibilités extrêmes, les vraies
Limites.
C’est cela : insister, supposer, prétendre.
Pour quel cheminement de la pensée ?
Dans le couchant
163
De soi-même, la paupière multicolore bariolant
Des images sacrées ou des utopies délirantes peut-être.
164
Enfin, Soi !
Échec sur échec. Constance de refus, de
Médiocrité, de mépris. Pourquoi poursuivre, quelle
Flamme, quelle folie suscite ou pousse l’écrivain
À s’essayer encore à ce type de spéculation ?
Il n’y a nul espoir — du rien, du néant, de l’exclusion.
On produit donc pour soi. Car il y a là au fond de l’âme
Tout un mécanisme d’extraction : une vieille mine
Couine et travaille encore.
Peut-être : produire
Pour l’Au-delà, pour la Mort, pour l’après-vie en se
Disant que sur terre tout est perdu, que le seul
Espoir réside dans sa propre fin avec une possibilité
De structures d’accueil sans fric, sans banque, sans éditeur
Où la vérité exacte du poète est transmise avec
Réalité, logique, certitude,…. Enfin SOI, etc.
165
Le trésor du sauvage
Rien qu'un destin isolé de poète rejeté.
Rien que l'ombre de sa main sur le papier,
Qu'une image qui s'étale dans l'infini de
L'oubli, rien.
Qui suis-je pour toi qui m'accompagnes
Dans l'illusion de l'impossible ? Qu'un éclair
De bravoure, qu'un instant de poussière ?
Là, au fond de l'antre ténébreux ; là, au fond
D'une âme intarissable dont le trésor est une
Offense, et je pense aux îles d'or, au sauvage
Inconnu, disparu à tout jamais.
Voilà le marbre,
La mort nécessaire, la fuite, la cessation du tout,
Le retour au fini, le sommeil éternel, - oui, mourir !
Sera-ce l'éblouissante clarté, l'amour, le vrai ciel,
Le Néant total, ou l'horrible condamnation d'un Dieu ?
166
La paupière pense
La paupière pense. Activité retournée, intérieure,
Vers le cerveau, - l'ami ! Les yeux fermés, il
Ne dort pas - il conçoit ! Des mots à connecter.
L'encre et le papier sont les supports seconds. Le
Cerveau mêle, démêle, associe, combine. Il
Prétend, et c'est peine perdue... la faiblesse
L'accable. Depuis vingt-deux ans, il fixe le feu.
Son feu. Envahi par du phosphore inconnu, inutile.
"Pure imagination, disent-ils. Insignifiance,
Non, rien." De jour en jour, pour le dedans. Flot
D'écriture qui se déverse au dehors par la bouche,
Par la main sans avenir pour le papier qui finira
Dans la poubelle de l'oubli. Tout sera-t-il écrit ?
Un sentiment d'empoisonnement envahit mon âme.
167
Rien n'évolue
Rien n'évolue, tout stagne dans cette cervelle
Étroite. Nulle lueur ne jaillit, nulle flammèche. De
De détestables ténèbres envahissent l'espace supposé
Clair. Il se déplace en cercles concentriques.
Puis il rêve. Il fabrique de la Chine Antique.
On appelle cela des applications. Des vases, des
Murailles, de la monnaie scripturale, de la mathématique
D'époque. Il repasse par le Maghreb, Rome, la Grèce.
Une pensée faite d'et cætera. De sauts en sauts,
D'analogies en symbolisations, en tentatives de péné-
Trations.
Si je parvenais à considérer une forme
Nouvelle ; pour qui ? Pour moi ! Une sorte d'espoirs
Achevés, impossibles, d'au-delà du connu ? Ta fai-
Blesse créatrice t'interdit toute supposition poétique.
168
Des labyrinthes fangeux
Des labyrinthes fangeux, des structures internes
Complexes et déplorables, un néant à combler
Par le travail, par la studieuse constance pour
Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement,
Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans
L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance.
Seul, toujours seul.
Qu'importe d'être compris, d'être
Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbre, solitude, oublis !
N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?
Comment achever cette vie inutile faite de rejets,
De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas
Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ?
Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question ;
Des labyrinthes fangeux, des structures internes.
169
Nul orbe, nulle limite
Il n'aperçoit nul orbe, nulle limite éclairée.
C'est encore une infime partie de soi-même. (L'activation
Des mots est un des paramètres de la création poétique.)
Là-bas des étincelles de feu dans l'horizon métallisé.
La profondeur, les cieux, l'aurore que l'on supplie.
(Des lignes construisent un nouvel espace en 2D)
170
De rejets et d'oublis
Être Moi dans la monotonie de mon quotidien,
Routine de l'écriture qui se reproduit inlassa-
Blement. Aujourd'hui ressemble à hier. La
Solitude en dépôt sur les tempes, l'alphabet qui
Se déploie comme une vague, comme une vague
Pour accomplir l'exercice d'autrefois, obsolète -
C'est de la poésie ! Misérable, sans exploit. Mais je
Poursuis. Pour quelle peine ! Je puis rêver d'autres
Écrivains, d'autres littéraires dont la tache mystérieuse
S'est révélée au grand jour, pour une apothéose im-
Mortelle ! Je le pressens - tout est pour l'échec : l'œuvre,
La quantité, les recueils, les traductions, la Bible,
Le Coran, Qumrân, le théâtre. Ha ! Maigre univers
De douleurs, d'amertumes, de rejets et d'oublis, je le sais.
171
L'immense effroi
Ce fut l'effroi, l'immense angoisse, la tragique
Conscience d'un Moi qui comprenait trop bien
L'insignifiance de l'acte poétique. Mais il
Fallait obéir à des Forces supérieures, à des Dieux,
À un au-delà surnaturel, il fallait...
J'avais besoin
De temps pour sculpter des formes dans du délétère,
De l'impalpable et de l'imperceptible. O l'éphémère
Du souffle, vois je te tiens à présent dans des re-
Cueils, certes inutiles, que nul ne lira, mais je te
Tiens !
Était-ce l'un des sens de ma vie, écrire,
Écrire des livres ? Accumuler des lignes, produire, penser
Mal à des possibilités dérivées, variées, différentes ?
Et encore cette peur du lendemain, comment l'ensemble
Sera perçu par les Dieux qui nous régissent là-haut ?
172
Je le cherche encore
Je le cherche encore et toujours ce divin éditeur
Qui me fera l'aumône de prendre quelques-uns de
Mes textes. Tant d'insuccès, de rejets, d'humilia-
Tions, de dégoûts de soi vers soi, avec constam-
Ment cette question : Pourquoi ces refus ? Etait-ce
Réellement justifié ? Plongent-ils dans l'indifférence,
Dans l'inaptitude de jugement ? Sont-ils véritable-
Ment éclairés ?
L'ensemble va se perdre, oublié
Dans les relents du mépris, l'ensemble va se perdre...
De l'éveil au déclin, l'ombre croîtra-t-elle ?
Le tout est actuellement tenu sur un CD Rom, - mieux
Que rien !... Mais nulle diffusion, nulle copie. Le Net
Peut-être,... l'offre gratuite, le don car il n'y a
Point de lecteurs. L'éditeur, est-ce Franck Lozac'h ?
173
Encore pure, élevée
Encore pure, élevée, cherchant quelque saveur,
Dans la lumière, chaste, vaguement je discerne
Ses contours impalpables, oui déjà je respire
Le bouquet interdit des parfums féminins.
Une poussière de rose dans le feu des étoiles,
La musique s'évade vers l'azur toujours clair.
La chair encore la chair dans les jardins du soir
La désire et l'espère pour mourir lentement.
Que l'on aime embrasser cette musique étrange !
Puis dans le clair-obscur des tout premiers rayons,
L'éveil encore l'éveil pour le plaisir des corps
L'accouplement de sens, le ballet des substances.
Au-delà de l'Esprit toujours libre et qui pense
Le poète solitaire aspire à d'autres cieux.
174
Plus l'espoir du marbre
Plus l'espoir du marbre ou d'une gloriole artistique !
Il faut se plonger dans son âpre néant. L'effort
Régulier du travail poétique... Ô l'effort. Toi
L'homme solitaire... Il n'est pas un écho nourri d'un
Avenir.
L'erreur ?
Je n'avais pas commis d'erreur, j'apprenais
À être tout simplement dans l'utopie cérébrale
Du Moi pour la recherche intérieure, la volonté
D'exploiter ses ressources intimes.
175
Il faut donc s'enfoncer
Il faut donc s'enfoncer dans l'au-delà et le mystère,
Pénétrer un espace nouveau où les lois, les principes,
Les systèmes de valeurs sont différents avec la crainte,
L'angoisse, la condamnation, l'incompréhension d'autrui,
Avec le droit à la haine, à la souffrance, à la
Cruauté. La juste malédiction ! Le rejet !
Ou
Encore l'amour, l'amitié, la fraternité, l'intelligence,
Etc.
176
Avec de l'intuition
Avec de l'intuition, du caché au plus profond,
Avec ce volume mental enfoui, que l'on prétend
" Génération spontanée «, qui m'apparaît travail réel
De l'esprit - à mon insu.
Mêler, emmêler, démêler, défaire, aller outre,
Percevoir, comprendre, prédire, supposer, emmagasiner,
Faire jaillir, extraire, tirer, prétendre, croire,
Accompagner, douter, rejeter, évincer,
Toujours combiner, arranger, prolonger, intégrer, exploiter
L'Autre, les Autres, ou soi encore dans sa caverne
Interdite.
L'analyse - c'est ça : enchevêtrer des amas de syllabes
Pour une bouchée incomprise d'effets, de saveur et
De sens. Ils appellent cela : un poème inutile !
177
Absent
Absent pour les hommes, jeté, rejeté - éloigné
du moins, car en trop-plein, en surabondance vaine.
Faut-il que je m'inquiète, m'indigne pour cela ?
178
1
Jette ton dé,
J'abolis le hasard
J'avance dans la certitude divine
Écriture hachée, désarticulée, libre,
mensongère et audacieuse
Écris, explique, agonise, relève-toi,
produis
Dis-leur ! - Oui, dis-leur !
L'avancée dans la nuit claire
pour un ailleurs le même le Ciel peut-être !
179
2
Je me voyais c'était réel
seulement pour ma personne qu'importait !
Eux voyaient à travers leur propre prisme
Qui avait tord, raison ?
Eux parlaient de vérité, - de leur vérité
fragmentée, limitée, sectaire,
parlaient toutefois..
Où se situait la certitude ?
180
3
Années, années de solitude,
mon théâtre artistique
de vérités bafouées, de mensonges crédibles
Autour de moi, la censure
et le trou béant pour y plonger
181
*
Dans le cercle de la bouche,
ovale de poème,
- souffle, pousse doucement
tel un halo de fumée
très doucement
Le pensé et le non-pensé,
L'un contre l'autre,
l'un et l'autre veulent coexister
Seigneur et vassal, obligé et obligeant
la lèvre qui diffuse, la lèvre qui se ferme
182
*
Les yeux retournés pour le mouroir de l'âme,
J'observe.
Paroi, précipice, chute.
Sueurs sur les parois.
Ame se disloquant, tourbillons de chiures
proche de l'éclatement
183
*
Nuits enfouies, pénétrées
de bleu ou de noir
Vastes profondeurs infinies
lancées à la recherche extrême de l'intime
Visées intérieures dans le tréfonds
de l'inconnu
Désireux de remonter à la surface
les substances délétères, variables, insoupçonnées
Re - pour le visible
Y a-t-il un Temple pour l'Archéologue ?
Des traces de poussière, était-ce la vie ?
184
*
Déplacée dans la mémoire,
mais la trace est trompeuse
Écriture articulée avec des sombres
et des claires, pieds grecs et pieds latins
*
Va à l'oeil, le mot
et retourne sur le papier !
Particules de signes croisés, entrecroisés
Dans un mini-déluge cérébral !
(C’était ainsi que.
Il en était toutefois).
Voilà le doute, et son cortège
de points de suspension. Puis le silence
185
Un silence, et commence à tourbillonner
Une idée claire de possibilités, de déformations
continuelles
accrochée, oui là, à la voûte intérieure,
- toujours pour le poème.
186
*
Dé repensé
dans l'espace du hasard
à la chute réelle
Ecriture de doutes et d'extase
Ecriture qui fuit
sur les lignes invisibles
À la recherche de la distance.
Elle-même. Les rayons tourbillonnent
dans la nuit opaque
C'est une autre jactance...
187
*
Allais, allais pour nulle part
As-tu encore souci de toi ?
De biais, de face, en oblique,
Dessus, dessous - rien à discerner,
disaient-ils.
Parlaient, parlaient pour critiquer - normal -
pour rejeter.
Toujours l'opacité.
188
*
Nul souci de toi,
et pour cause ! Quel intérêt ?
Certains se prévalent
de posséder un nom.
D'autres s'en indiffèrent,
.... travaillent, passent et crèvent...
Pourquoi pas !
Aucun moyen de les éveiller.
Se sont endormis.
Sont couchés à jamais.
189
*
C'est encore
cette légèreté d'insouciance
posée sur l'âme
C'est le souffle clair
qui éveille l'esprit,
et je ris en toi
Le tout finira bien
par germer
et par être compris
190
*
Plus loin, en soi, ailleurs,
Les autres mondes
Du vrai et du non-vrai
Là, par-là, de manière intermittente,
puis être sans être
Et le Temps somptueux s'étalait,
scintillait par phases,
grimpant comme du plasma,
redescendait et débordait
Se retrouver par moments
Ce Néant était inexistant
191
Vaticiner
Le prophétisé, le prédit, en passant par Toi
Descends le dire
Ici-bas encore prêt, disponible
Hors du Temps, dans quel Espace ?
Longueur, largeur, profondeur, tic-tac
La germination : - retrouver le Pré-pensé,
L'extraire et l'appliquer.
192
*
Silence dans un espace connu
Des mains pensantes
pour le vide intérieur
Des mains perlées de cendres
que l'on bénit de larmes
Avec un flot de vin régénérateur
Silence fusionné d'or
et des fumées suaves
baignées de parfums étranges
Oui, des couronnes légères
qui s'évadent comme des halos
intemporels
Silence pour placer mon absolu
et le rendre immortel
193
*
Puisant des paroles, sourcier
Avançant sur le sol du silence,
écrit Paul Celan.
Un pas, l'autre, la baguette
de coudrier, les syllabes s'entendent,
Les pas, les pieds
La trace s'associe à l'ombre
Pour former de la mémoire.
Sur ma propre terre,
Faisant jaillir mon sang
Pour la soif de vengeance
Poète sauvage et violent.
Tel chemin à parcourir.
La flammèche qui s'embrase
Dans une volée de vapeur
Comme une boule lumineuse
À saisir, activités du Moi
Changé et transformé
194
*
Fractionné en soi en deux,
deux hémisphères
Des identités, - à dire :
Masse de cervelle vivante, activée par
autrui, reconsidérée par soi avec rejet, choix
et variabilité infinie.
Rejet : prétendre
choix : décisionnel
variabilité : courir, courir en évinçant,
ajoutant, condensant.
Actions appliquées à la poésie.
Encore filant, fuyant, dit-il.
Fais éclater l'orgasme poétique
dans ta bouche lumineuse
195
*
Passage entre deux êtres - forme
Dialogue sensuel d'écriture
Pour ta haute jetée, tu es le seul
à jouir de ton délire
L'un conçoit, l'autre mange
Il y a refus de modestie, pourtant.
Illumine ton espace et le sonde encore !
Passage - liaison entre les deux hémisphères
Écoute l'opération offerte
196
*
En l'air, plus loin, que disent-ils ?
Ils condamnent, n'est-ce pas ?
Marche là-haut, toi l'exilé,
Le rejeté, le maudit !
Ils te haïssent, n'est-ce pas ?
Ils ont refusé de comprendre, de voir autrement,
leur logique était une logique de force et de violence,
d'applications haineuses avec des schémas, des œillères de
cheval...
Toi clair-obscur avec syllabes diffuses, ils t'ont détesté,
n'est-ce pas ?
197
*
Les yeux, seuls au monde dans le mouroir d'ici-bas.
J'arrive.
L'immense plongée, la chute.
Faible lumière zébrée.
J'apporte la haine, le sang, la honte.
Tout suinte le long de mes parois.
Mon ombre. D'autres ombres.
L'âme va s'étirant en position ouateuse,
Fileuse et glissant,
L'âme modulable
Comme un nuage de certitude.
Gésir, gémir, souffrir, mourir, dormir.
Avec la nuit, dans le tunnel de la mort.
198
*
Dans la bouche, le halo
Ex-pensée, le retour
Le jaillissement interne
Tu prétends encore - Pour qui ? Pour Toi ?
L'Un et l’Autre - Conçu et écrit.
Cervelle prétend et main applique.
*
Lancé
hors de toi telle une gerbe
Poussé dans les relents de la nuit
Pour quel astre, quel ciel,
Constamment égaré ?
199
Ici, là-bas encore, affolé
Je tressaille recouvert de paillettes d'or
Je m'insulte, je supplie, j'exige un
Autrement, éloigné du mépris
Mon être phallique, poétique, détesté en Moi !
Déploiement de paroles sexuelles !
Je retombe bavant sur mes semences
Je m'envahis apportant des calices clairs
Remplis de sang
Je me vois mort dans l'abîme du matin
Et je replonge au fond de mon esprit
200
*
Plus haut, lève-toi, étranger, inconnu,
Dans le lointain pour accomplir ton devoir
Connecte des mots qui vont apparaître
Dans l'influence des signes, inscrits pour le possible
Caresser les berceaux, embrasser les tombes
Re-dire, re-prophétiser, offrir des vérités interdites,
- Pour quelle oreille ?
En bas, est-ce disponible ? Vers quel accès ?
Et plus loin, - qu'en disent-ils ?
Hors du Temps !
201
*
Rester là, accumuler dans l'ombre,
Pour qui ? - Pour moi ?
L'inutile, le raté, le maudit !
Voilà de merveilleux attributs poétiques !
202
*
Silence, et cette impossibilité d'écrire
quoi que ce soit. Ténèbres et Ténèbres.
Ô la Grande Grise ! Que me proposes-tu
maintenant ?
L'esprit perdu, l'esprit suppliant une once d'écriture,
or puis pyrite - l'immense déclin, peine et autrefois.
La détestable conscience, en halo, en halo
s'élevant vers demain pour que l'essence de la poésie
subsiste encore.
Et qu'attendre ?
203
*
Ce poids de la vieillesse enfoncé dans le corps,
cette lourdeur de fatigue infinie
Avec la mort, tout s'en ira, tout s'en ira...
204
*
Piqué-avançant, - dans la chair -
" Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon ? "
Obtenant du non-sens rêvé, à la table
des fantômes.
Combine comme il faut, - algèbre et analyse,
chimie et doute - audace et risque,
choisis dans du variable conçu par la mémoire.
Crayon à bille qui roule, ligne noire éternelle,
suis-moi puisque je produis. -
Me liras-tu ? - Toi en toi, de pensées exquises
ou détestables ?
Le front éclate, l'or bouillonne et explose, résidus
de scories.
Avance, idée gueulante et bavée !
205
Tête astrale, cherchant je-ne-sais-quoi
d'instable et d'éphémère
Les lancées bleues pour le monde d'à-côté !
empanachées dans une explosion gerboyante et
retombante... de médiocrité,... qu'ils disent
- Dans un feu de tempêtes ; mille folies d'étoiles
bariolées !
Déjà l'horloge du Temps m'ordonne de plier
feuilles, de ranger livres, de me préparer au
procès du Ciel avec accusateurs, sans défense...
déjà !
Pureté d'un autre monde avec lettres belles aux
lèvres, peut-être !
206
*
Le déjà-mort, le poète en attente
de cessation de vie, l'attente pénible
du puni terrestre... à la recherche du Néant.
Images et cendres du purifié prêt à remonter,
né pour le Ciel, - dialogues d'âmes.
Les comprendre, s'écouter,
effets de puretés, de perceptions en prescience.
Qui prend le tunnel étroit de moi à Toi ?
207
*
L'être dans son Néant, dans sa
demeure éternelle d'incompris, d'exclus.
Souffle ta fumée hors de tes vertèbres
Fais remonter ton oeil
Mon couteau-sexe enfoncé dans sa gorge
Fille pure avec sadisme ambivalent
La Chair se répand encore
208
*
Dans la folie de l'exquise,
avec références délirantes, persécutions abruptes,
délices expiatoires, provocations sereines, meurtres
enflammés de sexe et de sang ;
Avec langues aiguisées de poison, bavant
du sperme infecté, avec langues fourbies pénétrantes
dans chair de femme - pour l'élévation sexuelle !
Vices, cruautés, outrages - fellations vives,
plaintives comme un couteau dans la gorge nourrie
d'excréments !
Je demande la paix, la solitude de la joie intérieure...
Assez de ces images lancées dans un cerveau qui hurle !
Assez de ces obscénités détestables
qui pourrissent mon âme de damné !
209
*
Extirpé hors la chair, comme d'infectes
pourritures nauséabondes. Voilà mes relents d'histoire !
Penser et produire, et extraire d'autres fadaises
de l'esprit.
À détester, à cracher, à vomir !
210
*
Dans l'angle clair de ma potentialité cérébrale,
avec pâleurs, avec rancoeur, avec excès aussi.
Une pluie noire et monotone crachote ses quelques
possibilités poétiques.
Je me fourvoie en lâches constatations - et
toujours l'idéal de rêve suintant par mes tempes ...
Ils finiront par s'endormir, par se languir, me disais-je,
... ils finiront par comprendre, peut-être.
L'oiseau de malheur, moi-même, la tête inondée
de transpirations incertaines et de bêtises,
de doutes et d'audaces,
Planté dans ma nuit, comme un sexe, attendant
l'accouplement avec ma Muse, - la femme sexuellement
nouvelle, à risques, à sang, à vices - viens, salope !
211
Pasolini dans Une vitalité désespérée propose :
(J’extrais quelques endroits) la prétextualité de
l'inspiration littéraire, la vérité évanescente,
l'obsession narcissique, le fondement absurde du poème.
Moi, je dors dans une paix immonde, sachant toutefois
la fausse vérité du moment, - j'exploite des mondes.
Dans l'angle clair de ma potentialité cérébrale ...
212
*
Je ne puis m'enrichir - il n'est question que de ma médiocrité
- vaste haleine débordante d'excréments
et de pensées nauséabondes,
Le Vers s'implante alors - la mort, les rapaces,
les tortionnaires, les pourritures de pus, et au loin
une lumière tiède et discrète, insoucieuse.
La névrose s'installe, - elle vient, je l'éprouve
dans l'angoisse du quotidien. Puis une liane
de phosphore qui irise là un intérieur noirci
par le vieillissement, par la rouille séculaire
d'une mémoire endormie.
Autres références : les champs tendus - comme des nerfs
cérébraux parés pour une entame, - parties d'échecs,
de poker menteur, de bridge subtil, - ou bataille simple -
certains coups sont évidents.
213
*
Ce crépuscule stupide que l'on attend -
vers des trouées noires poétiques
*
Reste charitable, prends pitié de ta modestie,
de ta médiocrité. Offre-toi l'aumône du mépris
et de l'insignifiance.
L'écriture de rien, de peu - dans l'immense désert
intérieur - nul pour y passer - nul.
N'y a-t-il pas un grand plaisir à se suffire à soi,
dans sa propre solitude,
puisque rien n'est possible ?
La poésie est de la micro-littérature.
214
*
La puberté récalcitrante pour une enfance défunte. Des
spectres abrutis inventant un délire impossible. Des audaces
interdits, des fixations étranges, et plus là-bas, comme
un indice de vérité. Seulement un indice.
Tourne, tourne et retourne. Pense allègrement avec
du délire poétique bourrant ton crâne, pense, pense !
Toi, tu déplaces l'étoile - tu veux te libérer du joug pesant.
Repose aussi longtemps que tu pourras, fixe-toi
dans l'instant. Retire, mens, retire. Et alors ?
Les signes les plus fous s'agitent encore dans ma mémoire.
Les manifestations sont inutiles. Et pour quelle avancée ?
215
*
Pour l'insignifiant,
dépourvu de lecteur
De Toi à Moi : - rien.
I
Elle s'élargit enfin
Comme une corolle imaginaire
Elle déplace la frontière
Derrière laquelle je me sentais
Enfermé.
Les limites, les bordures,
Le silence, puis un écho infime
Qui renaît d'un lointain interrompu
Une présence oubliée grandit
Telle une espérance, doucement
Se propage à la mesure
De la capacité de l'esprit.
216
En moi, tout au fond
Une angoisse transpire
Et c'est mon pur Néant.
II
Pour le vide intérieur
Avec l'énergie vive
Comme une force à maîtriser ;
Elle libère des pulsions,
Se répand dans des espaces
Inconnus, jaillit telle
Une démente et harcèle
La raison. Au plus profond,
Dans le lointain inconnu,
Une rumeur d'exil
Excite le Temps, lui impose
À apparaître pour construire un
"Etre-là" qui s'appelle poème.
217
III
L'absolu du destin,
Le parcours nécessaire,
La vieille raison qui dit :
Je ne te reconnais pas.
Le cheminement intérieur
L'ardeur du travail
Suppose une substance
Future des plus douteuses
Il y a l’essentiel
Tu te construis régulièrement
Ou t'envoles prétendant
Dépasser les frontières impossibles
De la logique et du bon sens,
La folie poétique à tes côtés.
218
*
Les rancœurs de l'écriture
Le jeu des doutes, des rejets,
Des prélèvements - sont-ce
De vaines spéculations de l'esprit ?
J'exploite encore, je pénètre
Ma misère, j'étreins du délétère
L'obstacle est en moi-même, j'attise
Le feu, - la lumière claire, aérienne
M'indique encore le chemin intérieur.
Pourtant cette immense conscience
S'embrouille dans son vrai, le déplace,
Le prétend autre, se trompe parfois.
Quelle poésie, atteindrai-je ?
Le néant d'un inconnu, peut-être !
219
*
Plus pure encore, là peut-être
Dans le calme des eaux
Aux tremblements légers,
Avec bruissements sensibles
Avec clartés de ciel,
Défaisant le mystère
De la fille aux seins nus,
Aux jambes d'opale comme fuseaux
Aériens
Là oui, l'on suppose dans la transparence
D'un rêve qui tressaille
Pour la voir apparaître
Dans l'espace invisible,
Ô désir inassouvi de poète !
220
Lola
Toi, toi changeante (bouleversée, tu m’émeus)
Toi, toujours plus changeante
Que l'on cherche à sonder
à exploiter autrement
Tu vacilles de grillages en libertés
de carcans en nudités
Tu oscilles dans l'éclatement
de l'étonnement
Inutile de te prendre, de te capturer,
La fausse mensongère qui invente, dissimule ;
veut sortir un instant, halète, supplie,
gémit - cendres et flammes
avec profusion de Néant
J'étais toi, de toi à moi,
habitudes qui coïncidaient avec l'orgasme cérébral
pour des sortes d'effractions éphémères
221
Fulgurants coïts ou piétinements littéraires
d'agencements ;
- de nuit, phosphorescent et mielleux en neiges
sanglantes
S'allonger, s'étirer comme une muqueuse sensuelle
et sexuelle ; avec sécrétions - pour la très lourde
inquiétude de n'obtenir RIEN
Regarde où j'en suis – exclu ;
Accouplons-nous en nuits chatoyantes et dorées
Encore, en vain, en de si nombreuses lignes
inutiles ou perverses
O toi, tombée dans le mental pour ce peu
Moi, je t'accompagne avec de méchantes douleurs
les plus profondes - sombres
Deuils, deuils et morts,
en décalage, sans stabilité,
les tiens, les miens, à personne
toujours dans notre attente..
222
*
Silences déshabillés
Silences en scintillements d'attentes
nourris d'espoirs
dans la fixité du temps
Silences pour la spéculation exacerbée,
extrême dans son audace
absorbée dans son doute
répandue dans la solitude
Où l'offre concise paraît insignifiante
Où le refus efface tout élan
J'invoque le droit d'écrire,
J'invoque pour n'obtenir
Qu'une pâle réplique de moi-même,
hélas.
223
*
Et toi, dans ton intime,
espérant quelque rêve d'or,
rare baume versé dans un calice,
subtile essence claire,
toi, jaillissant
comme substance aléatoire
pour jouir d'une éternité poétique,
qu'éprouves-tu encore
lorsque tu lis autrui ?
224
*
Hors de moi-même
pour créer quelque peu
Mes bien-aimés ou vos crânes remplis
de réponses
Les uns pour m'élever,
Les autres pour me gaspiller
Qu'écrire ?
225
*
Accroché à la fièvre plongeant dans l'ire
Affûté de couteaux
des petits monstres courent dans ma mémoire
Flux, poussés, lancés,
Ténèbres et phosphores,
neurones et chimie
Rimaille qui rime à quoi ?
(Ils dansent encore, tes petits monstres !)
La fièvre, l'ire, la volonté floue
Considère l'acte qui t'impose à manier,
Guide l'instinct, imite le repos du poète
Puis, goulot et corps planté dans la terre du poème
recherchant mes puissances,
aux livres lié
réactions d'écriture, crache
226
Autre séquence :
N'ayant-jamais-voulu-être-lu,
digne de l'oubli, spéculation en soi
Donc toujours cette fièvre
Consume-toi, imite-les
Travaille.
227
*
Hors moi
qui jaillit et je m'incline
créant faiblement quelque forme nouvelle
recherche de l'éveil, de l'appel
avec bégaiements littéraires et rimes vierges
- Elles reviennent de là-bas, elles dansent
Je traîne maladroitement
Je veux rentrer en elles, filles de l'écriture
à l'allure d'extase
Je succède à mon Ciel
mais bien peu de choses ici bas.
228
*
Une humeur tiède et lointaine
Vague et nostalgique
Dans une aube perdue
Comme un désir qui s'évade
Là-bas, là-bas
La fièvre se répand
Enroule le rêve,
S'étale dans l'ombre
Pour mourir quelque peu
La tiédeur fugitive
Caresse tes rondeurs
Pour un désir azurin
Le sucré de tes lèvres
Est la clé de l'orgasme
229
Hymne au Divin
Combien en cercles, toi pensé et repensé
en éternité de vrai, combien
Source d'amour intense, - sur la parabole
en interfaces, en confidences, avec la similitude
Par la profusion d'essence, par le souffle
- cohésion réelle et force !
Tu vois là-haut, - moi-même
et donner le Sel et l'Évangile
La plume à apprendre - pourquoi ?
qui se dit à soi-même : poète raté
sans rareté
Toi, sommité de savoirs et merveille !
230
*
Hors de moi
lancé puis qui s'incline
créant par le processus mental
M'élever
qui viennent et reviennent, s'installent
avec cacophonies littéraires
ou tendres bégaiements
Doucement, en vieil alchimiste
Délabrement d'écriture
231
*
Que cherches-tu ? Où iras-tu ? As-tu
Parfois considéré tes limites, piètres limites
D'humain vieillissant ? Quel suc coulera
En toi jusqu’à l'épuisement des sens ?
De toi à moi, tout autour ; de vers en vers
Avec cette logique radoteuse, avec cette va-
Riabilité de science indistincte où
J'étrangle l'audace, où j'exalte le risque.
N'as-tu jamais songé, dis, toi en signes de
Mensonges, en fantôme délétère d'idées
Ou d'intuition, quel avenir t'attendait ?
Intenses
Espoirs de meilleurs, d'ajouts, de plus ; modèles
D'imitation des plus grands, toi Poucet d'écriture
Supposant possible un projet littéraire futur.
232
*
Nul réconfort, de faiblesse absolue
Toi, toujours stagnant dans ta médiocrité
Littéraire - comment m'identifierai-je
À cette vague organisation insignifiante ?
Active tes misères, qu'elles vivent et croissent !
Pour l'inutile et l'illisible, poète d'ombre,
D’obscurs culs-de-sac, où l'on se cogne
La tête contre l'impossible à poursuivre ;
Où l'évolution créatrice n'existe pas,
Où l'abondance poétique a nulle raison.
Voici la trace de ton cimetière, voici
Tes poèmes perdus qui encombrent ton cadavre
Lapis-lazuli, ou tonnes de pommes de terre.
Comment jugera la Maître Intemporel ?
233
*
Figure où le vide
figure sans mémoire
de lumière déplacée vers un autre centre
jamais utile pour nul éclairage
Figure où l'image se penche dans le vide
et renvoie l'éclair fugace de grains d'éternité
Lumière/ renvoie pour atteindre le lieu
En poussées obstinées
d'insistance puissante
Formes sacrifiées à l'inutile
de tiédeur de rien
de souvenances dérivées mornes couleurs
qui se désintègrent
Je crois aux illusions
234
*
Langueur. Douceur. (Ceci est un commencement)
Petites tornades de plaisir. Efficience en plus.
Comment ont-ils ? Comment eux-t-ils ?
Se débusquer des albums très anciens.
(Ceci est une manière de voir)
Apeurés, effleurant le vent.
La médaille, et mon optique.
(Engrange le délire)
Je te propose à foison.
(Mais ne pas en rire serait meilleur)
Puis le flot de particules - à extraire,
Tout cela est tendu, à rire - tendu - ris
Il dit à peu près : " Manquement dans l'Azur ".
Passe par en dessous, joins-toi, joins-moi, et à nous deux ?...
Partout l'humide. L'humide dans le sec.
235
Empilés sur des rayons. Mais pourquoi ?
Je te fais cercueil. Tu triches.
La potentialité-tornade dans l'aube des interdits.
(Il vise à quoi avec ces impossibles à gérer,
avec ces contradictions insensées ? - freiner la conscience)
236
*
Entre dans toute joie :
(Mise à la disposition du vers pilé)
d'une clairière uniquement chancelante.
Cépages. Arbrisseaux. Écobuages.
Donc le balancement des idées.
Les sublimes soupirs à ébaucher - le tintamarre
plus que parfait.
En toute gratuité, pour nul connaisseur
L'entrelacement des triangles :
Pensées-applications-lecteurs,
D'autres triangles.
Je reviens à ton a-forêt, pipeaux sylvestres
tes gradins d'écriture,
base et élévation - monte
Mais l'a-forêt ?
237
Toi dans le lieu, nulle âme autre
La tienne seulement
la goutte perle, se distille.
Nulle célébration du lieu,
mais la goutte -----) qui est signe.
Cela s'accumule, n'est-ce pas ?
Parc, sentiers, squares corrects -----) je
te dis que l'oeuvre avance, que le tout
s'organise. Tu ne sais pas lire ?
Tout est construit - qui voudrait s'y promener ?
238
*
D'obscur en obscur,
que je ne connais pas
Que vienne l'obscur !
Extraire de l'ombre quelque lumière claire
Se rendre à soi-même utile, et surgir !
Nulle phosphorescence ou création de jets, pourtant.
Une bouche avide, une langue qui essaie
pour l'accomplissement d'une quelconque écriture.
Non de soi, non de l'autre mais pour qui ?
Retours au Néant et à l'obscur.
239
Et que faire, que dire, qu'écrire ?
Ainsi tu n'obtiens rien
exhale ton obscur, exhale.
240
SUITES / RELANCES IV
241
Efface-moi et souviens-toi de rien.
Détruis l’aurore constellée de mensonges,
d’élixirs trompeurs, de chairs aventureuses, d’excréments
subliminaux. Casse toute faim dans les remparts du rejet.
Ta fatale médiocrité n’a pas d’avenir.
Vanité de ta plainte naïve ! De tes pleurnicheries
de poète détestable ! Répands tes larmes stupides
sur les jupons de tes maîtresses ! Produis encore !
242
*
Donc de s’anéantir immédiatement,
La mort vraie, réelle,
En explosion, en cataclysme de jouissance !
Le marbre beau - finissons-en !
La bouche remplie de haine, de fiels,
D’excréments et d’injustice !
Qui marche vers l’œuvre, pourtant !
Dans l’amertume de l’inutilité
Auréolé de désespoir
Buvant la lie de sa verrue.
Les ombres volent méchamment.
La sagesse est-elle de rechercher
L’oubli ? D’espérer une aube nouvelle
Avec un Christ nourricier de vie
243
*
Va au-delà de ton ombre,
Au-delà de toi-même.
Délaisse les hasards médiocres
De la femme et des poètes.
Puise au fond de ta chair
Les ressources de ton immortalité.
Active ton génie, nourris-le
A la sève de la sublimation.
Ce à quoi tu penses, jamais
Ne sera suffisant. Élève.
De néant et de splendeur, gave
Ta nuit éclairée. Arrache-toi.
244
*
Absent et libre
Qui constamment jaillit
De son propre désert.
Comment transmettre
Une profusion de richesse
Inutile à l’homme ?
Pourquoi s’en inquiéterait-il ?
Il faut rester ivre de soi
Dans son humilité.
Compter l’or en trompe-l’œil.
Soupirer, produire, soupirer
Et mourir pour le bien-être
Ou pour la condamnation
D’un Au-delà violent.
245
*
Parce que tu changes
- encore toi - tu n’es pas la plus changeante
mais tu balances de toi à moi
tu oscilles de pensées en extases
de soumissions en exaltations
étonnement toi
De t’accompagner
à la poursuite de l’inutile peut-être
pour saisir l’instant au dehors puis revenir
Tu n’y étais pas, tu habitais l’éphémère
nos coïncidences étaient fortuites
De te tordre la taille
pour la saisie aventureuse
figurant coït ou danse de piétinements
toute la nuit pour ta senteur embaumée
de femme-miel neige de blondeurs etc.
246
Élancements sensuels pour ta très mouvante
et délicieuse volte comme un orgasme enchanteur
Oui, nous en de si nombreuses lignes versées
et renversées pour l’accumulation du rien,
pleurs de pluies de fille gémissante,
je m’emporte avec toi
Puis je tords, je fouette ta chair et
pour des douleurs et des jouissances aussi
Sexe-poésie, poésie-sexe d’écriture tendancieuse
qui est pourtant mienne, fille que je conçois
par l’impossible imaginaire
Toi à personne, en vérité à moi.
247
*
Mes silences d’écriture
Puis des scintillements d’images,
Pour que l’image apparaisse
Poète aveugle, avance
Prince de la dérision
Incapable d’innover, d’ajouter
Quoi que ce soit d’utile sur
Autrui.
Mes silences de soustractions,
De moins, de plus faible que,
D’incapable, de "Qu’est-ce
Que ces débris de poésie ? "
Dans l’étude et l’analyse
Du spécialiste qui raille,
Rejette et méprise.
248
Être soi, être faible
Si peu, se suffire de rien
Dans l’indifférence
De sa propre honte.
249
Rétro-pense
Omniprésente et néanmoins insignifiante,
Délétère et légère, oui, fugace, là
Toi qui vas à la suite de tes traces claires
Que tu lances et génères dans le Néant du Moi,
Cherchant l’idée intense, prétendant que l’ac-
Cumulation de pensées t’offriraient une maturité
De vieillesse
passée et dépassée
De toute évidence
Tous ces préceptes expriment ta défaillance interne.
Quelle lumière ? Quel éblouissement littéraire ?
Rétro-pense avoir commis des erreurs de rigueur,
De force, rétro-pense à sa faiblesse de poète
Ou se suffit de ses folies meurtrières de chambre
Avec ténèbres pour l’esprit, immense désespoir, certainement.
250
*
Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés
Dans l’aurore virtuelle de l’esprit. Dodelinements
De la tête de jeune éléphant qui active
Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et
Fièvres de l’activité avec doutes parsemés d’éveil.
Dans ce Néant presque, haute entreprise ; les rayons
A larges jets diffusent quelques élans clairs.
Des vents légers et aériens ; le ciel se charge
De rouge incandescent — c’est l’aurore explosive,
Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence
De l’écriture, et des applications pour la feuille
De papier. De ce magma, que restera-t-il
Réellement d’utile ?
Des manières poétiques,
Des élans stupides que tous rejetteront, en vérité.
251
*
Rien, et la médiocrité se déclare
désenchantements
désillusions littéraires
Présent à rejeter, hurlements internes,
et tout ce qui existe, — rien
Ton oeil seul, et sois !
Produis, encadre les mots
L’élan poétique se dégoûte, s’exclut
De la fertilité à la réduction artistique
De peu, de rien, à exclure, disent-ils
As-tu programmé ta mort ?
252
Mort proche ?
Suis-je mort proche, fin d’extase
Ou seulement quelque poussière
D’image (ton souffle veut peut-être
Encore se déployer ?) La flamme
Agonise et va selon l’humeur de son
Destin. Traces délétères fuyant
Le mensonge hypocrite du poète.
Nulle pensée, nul espoir, nul futur.
Présence plongeant dans l’abîme irréel
Pour déchirer le voile de l’existence,
Ou lentement détisser l’ouvrage
Qui se lézarde, vieille femme fardée.
La vie n’était qu’un mensonge
Qui s’en retournera auprès du Parfait.
253
L’heure n’était pas voleuse
La mémoire trompeuse écrasait le passé
Pour n’en retenir que quelques bribes, et l’esprit
Prétendait que le temps était un assassin,
Que le vol de la flèche, que les rides ennemies,
Que l’irréparable outrage, etc.
Réplique mensongère d’une âme instable !
Le temps a eu sa durée mais l’homme vacille !
Sa dimension spirituelle ne l’anime guère !
La peur, la mort - la peur, la transmission de la vie !
N’être pas, être peu - jamais ! et le silence éternel !
La particule insignifiante s’en retourne au Néant !
L’heure n’était pas voleuse, l’heure grain de sable sur
Grain de sable, goutte après goutte tombait lentement.
L’insignifiance de sa nature fait amèrement pleurer l’homme.
254
Le nuage
Un nuage étranger fixe l’image
l’étend ou la fait disparaître
Proche dans l’absence, résident
sur l’horizon
Il cherche l’inaccessible, côtoie
l’inapprochable, fuit l’omniprésence
Il conçoit à volonté ses formes
délétères, esquisses ses déplacements
Il guide l’idée, l’associe autrement
C’est une sorte de supra conscience,
de père de l’intuition qui décide
du sacré à obtenir
Je doute de ses applications,
Nous cheminons ensemble.
255
Ciel
Ciel constellé d’ombres,
J’y songe un avenir meilleur !
Ma lampe, tu te déchires
En flammèches évanescentes.
Ma lampe, errante dans le
Silence incompris, constellée
De lances qui appellent et
Veulent comprendre.
Ciel de savoirs, condamnez
Le simulacre de l’homme,
Instruisez-le d’un souffle
Divin ; le reflet de l’Ange
Éclaire mon avenir d’une vérité
Sublime, semence du Verbe.
256
Prier avant d’écrire
Prier avant d’écrire comme un geste
incantatoire
Ô signes blancs ! Ô l’espoir en supplique !
Tu vois, Muse, j’implore encore ta chair claire
d’élever quelque peu mon humeur mensongère
vers l’idéal rêvé
J’allume les candélabres pour embraser de phosphore
la chambre enténébrée
Vers ton haleine chaude, vers tes parfums, tes chaleurs
de fille exquise, offrant l’orgasme cérébral
au poète chancelant
257
Toute chose…
Toute chose comme de produire n’importe quoi avec du
matériel insignifiant, d’associer des sons et des idées, de
symboliser l’abstraction, de dériver le centre, de rapprocher
les traits, — toute chose avec la toile à plat pour déterminer
l’équation exacte à déplacer. Et de produire, encore !
Écrire, écrire !
Frappée de saveurs, elle n’est pourtant qu’un essai
prémonitoire dans l’éphémère du temps. Elle purifie le
symbole, reconsidère le signe, synthétise l’idée claire ou
extrait des substances inconnues. Elle s’approprie un espace
pour l’approbation de la suprême application.
Elle veut concevoir l’Unité, le vrai associé sur sa dimension
de papier. A l’intérieur de l’intelligence elle a décidé de
rapprocher les distances, de lancer des liens, de rendre
compatible l’ambiance interne. C’est toutefois un espace de
raison où l’imaginaire assure sa continuité.
258
Impression de lune
La lune passe et repasse
sous les halos intermittents
Sa version — cadavre gris -
se lit avec du muet
Femme sans cheveux, maquillage blafard
sans Pierrot pour la guider
ou la faire sourire
Sur ta tranche de miroir,
vacille et vacille, femme gracile
Le réverbère d’à côté
n’est pas un homme à mater
Rien ne t’empêche de t’éclipser,
de dériver lentement
pour fuir le soleil se levant
259
Le nuage de vérité
Il est inaccessible, ventripotent,
gonflé de voile, inapprochable
Il prétend se fixer, mais le voilà fuyant.
Il s’associe encore avec ses frères
formant une armée de nuages, plus haut
ramassé, changeant de couleurs.
Il prévient le Trône du Ciel, toujours condescendant,
parfois violent avec les hommes.
Il déplace la vérité, la rend douteuse
et délétère, ailleurs, plus loin, jamais peut-être
260
*
Etre - seulement soi
La ressemblance mensongère
Pour autrui — cela lui suffira-t-il ?
Son savoir — critique
En partie détachable
Prétend juger. (Le poète
Offre le droit à la critique
En remettant le poème.)
La liaison de moi à l’autre
Puis son analyse, sa perception
De son vrai qui lui paraît faux
Un autre — autrui. Recommençons.
Idem. Critique identique. Que
Taire ? Rester en soi ? Le retour
261
Expiation d’essence
Ce fut le souffle court qui l’enveloppe
et la soulève
et la couche comme une écume baveuse
La fille à l’anneau d’or s’envolait dans
sa chevelure
Beauté, elle, expiation d’essence telle
dans le mouvement des eaux
Baignée par le sommeil
filant dans l’endormissement, elle songe
Et le baume exalté nourri sa chair
d’ivresse, de soupirs et de désirs inassouvis
262
I
Les deux pensées divergent -
Je me dépense en toi — l’autre souffre
mais rien n’arrive réellement
Sa démence, sa semence
Je crois en mon levain
L’union
Je me console — tu m’as foudroyé
La nuit reconsidère le vrai, le déplace
Le conçoit différemment
263
II
Dans la poussière extrême qui implique le poème
Je t’attends et cet espace intérieur
Quel que soit le lieu
La sève monte avec exactitude
J’imite les filaments et les dendrites neuronales
Je m’entortille en moi-même
Ici s’anime le nombre de combinaisons
Et de choix — je me réserve du peu
264
III
L’aimée du soleil, l’autre colporte ses nuages
Quand il s’ouvre il regorge de pêches
Tes actions dérivent inlassablement
Un bac de fluides remonte vers la cité
Pour tout ce que les morts t’ont spolié
Exige le rendu
Je te massacre en toute parole repensée
265
*
Ici la volonté d’associer dans l’éclatant
miroir de l’âme avec l’exil dérivé en
contance de logique
Une pensée dévolue à l’acte variant
Redispose l’arc irradiant de mots
Est-ce somme encastrée par des éléments
de liaison ? Quelle somme ?
Le buissonnement d’idées pour l’échelle
inhabituelle du vrai.
De manière irrationnelle avec le vent
et le nuage comme étalon mesure.
A peine captifs, il faut déjà les redéployer
pour des situations telles,
et nul à présent en cheminement
de lecture
266
L’écriture empressée, peu soucieuse d’attendre
l’ordre critique
Quelques vérifications à la vitesse de l’éclair
267
I
Sur les bords d’une onde nouvelle
pour se rapprocher de la fille très claire
Ici nulle science, nulle a-science,
variabilités du langage peut-être
Cette rumeur de soie qui fragilise
la pureté de l’étendue
Pour quel outrage ?
II
En d’autres Espaces furent
pour de médiocres choses
qu’il se dit à lui-même
La pensée ruisselant stigmatise mal la rose
Le goutte-à-goutte des mots
268
Remplir le vide avec sa constance aléatoire
Quels résultats ?
III
Insignifiant que ne fut insignifiant
Apparemment sans connaissance pour qui ?
De cet aveu puis ce silence pour rien
IV
Ce poème à écrire — comment ?
Pour la caresse buccale du prononcé
Pour la douceur gracile, fragile
D’une bouche qui savoure
269
*
Je vous l’offre, c’est ma langue,
ma tristesse, — fixez mes images
Nourrissez-vous de mes diversités
270
*
Le poète gémit, inapte à produire quelque écriture
nouvelle. Des plaintes molles dans l’esprit impuissant.
Ce sont encore des grincements dérisoires pour un
improbable. Des gémissements qu’on ne saurait
entendre comme une musique suppliante. Quel puits
de ténèbres ! Les sons s’écrasent lamentables contre
les murs de ma raison.
Plus loin, là-bas ce sont de belles pleureuses assistant
à mes funérailles littéraires.
Quelle détestable inutilité, soupireront-elles !
Si la plainte s’élève quelque peu, un Dieu de pardon
m’accordera peut-être sa pitié.
271
*
Cela n’est pas d’écrire — cela est d’inventer, d’être
autrement, de rajouter, de déplacer, d’associer
différemment.
Je te soupçonne à la lisière de ton orage berçant de
pensées claires les folies audacieuses.
J’ai beau chercher, me crisper — que puis-je ?
*
Amas inutiles d’œuvre, ô médiocrité, ô tristesse alanguie
et là-bas ce sont des propos inintelligibles. Le poète plonge
dans ces vasques d’or à la recherche de quelque anneau.
*
Tu ne sais le danger qu’il te manque
Le naufragé en bordure d’exil
J’ai jeté tes soupçons impossibles
Je m’imagine dans l’interdit à atteindre
272
*
Le vent dépasse son droit d’élan
La métamorphose des poètes
Le soleil avec son oeil jaune
détermine la verticale
Phrases lentes, phrases saccadées offertes
dans un espace inutile
Un autre géomètre prend le soleil
et lui dessine son horizon
Que veux-tu ? Combiner, arranger, dériver,
additionner ?
Détermine le silence, va au-delà des ressemblances,
apprécie ta fuite
Je te change en manne impossible
Ho ! Pensée limitée dans mon dédale répétitif
Je me rapproche de ton extase
273
*
Saint Octobre déplaçait ses fusions d’extase. La lune
mélancolique suait avidement. L’esprit macérait dans
des pensées elliptiques, tournant tournant éternellement.
L’auréole de la femme était un bouton à saisir, puis les
bouquets, des filaments de parfums.
Virtuose, je m’essayais sur des lyres exotiques,
broyant mon humeur détestable. Je plongeais encore,
attendant, espérant… quoi ?
*
Peut-être n’était-ce qu’un jugement truqueur, qu’une
appréciation erronée, que de vagues folies mensongères
animant l’esprit en proie aux déchirures et aux tourments.
La pensée vagabondait d’extases en sources, de relents
en vérités. Moi, je m’agenouillais espérant d’un idéal divin
quelques aumônes artistiques.
274
*
Ce fut le geste de penser. Ho ! Certes d’une manière
médiocre, insuffisante, bien en deçà de ce qu’autrui était
capable d’appliquer, mais ce fut le geste.
Les zéniths, les excès, les génies étaient faiblement
à mon médiocre caractère. Les chutes étaient détestables,
les plongées infinies. Je remontais toutefois depuis le fond
de moi-même, considérant quelques rares lumières, opale
claire ou bleue, qui m’indiquaient la voie à suivre.
275
I
Silence d’écriture pour ne rien produire
Rien qu’un Néant dérisoire et médiocre
De quoi demain sera-t-il fait ?
Cela a-t-il encore quelque utilité ?
Cela faiblement pour s’en aller mourir
A la fin, aujourd’hui tombe et retombe
Bien sûr, moi ici, et là et là-bas peut-être
Dans le début de ma nuit
La faux, la fille, la vieille
Ce que le poète applique avec des mots
Qui s’échappent, fluides invisibles,
Puis reviennent avec de la matière
Se positionner sur la feuille de papier
Silence d’écriture ici
276
II
Ce qui s’échappe, ce qui m’échappe
Filaments clairs dans l’obscurité de l’âme
Puis ta houle intérieure, inventive
Ta nébuleuse intuitive qui se conçoit
En dehors de ton temps
La pensée suppose, implose
Pour s’éjecter sur le rectangle blanc
L’oeil qui étudie
Le choix dans l’éclair
III
Le fluide tourbillonne sur lui-même
Revient toucher l’oeil
Le sens de la critique est aiguisé
L’effet-miroir — feuille d’écriture
277
Avide de sens, délimitant la pensée
Appartenance et faisceaux de satisfaction,
D’appréciation
278
Alpha
Ce qu’il te faut produire
De sang et d’excréments,
De médiocrités et de laideurs
D’horreurs à rejeter
Tu cherches pour ne rien obtenir
Pour te languir dans l’inutile
Dans le dérisoire de ta misère
Pauvre état de poète !
Constamment ; constamment cet échec
La fuite de l’autre, le refus
Et toi dans ton immense désespoir
Capturant quelque rêve impossible
Tu prétends accéder à l’essence
D’un savoir éternel, ridicule crétin.
279
Bêta
Toi, tes frères, tes collègues
D’écriture, de travail s’essayent
A ses fades exercices
C’est un jeu de langage
Pour le plaisir des mots.
Ils poursuivent dans le silence
L’exercice dérisoire
Attelés à la tache
Prisonniers d’eux-mêmes,
Ils accumulent poème sur poème
Pour le secret de leurs tiroirs
Leur seule gloire est de se
Comprendre, d’aimer se relire
Pour finir à tout jamais oubliés.
280
*
Toi, dans ton espace, tu gis, médiocre poète
t’essayant encore à quelque joute spirituelle !
L’écriture t’obsède, t’enlace. Tu noues des syllabes
inutiles
*
Le poète en profondeur
La plongée dans l’inutile
Il est là pour se satisfaire de l’insignifiant
Il trace par la filante
*
Tu me déséquilibres. De toi à moi, je recherche
mon centre. La répartition du vrai est difficile.
Certains points sont altérés. Les chiffres me manquent.
Je conçois l’ensemble.
281
Cet espace qui s’ouvre, toi là et rien. Plus loin en
déplaçant cet horizon. Le proche et le lointain se
confondent. Les surfaces se superposent en épaisseurs
feuilletées.
Le fluide et l’élan de la mer circulent
inlassablement.
282
*
Histoire d’y être - c’est fou ! Pour qui ?
Le vide la plongée le vide
Enchaîné au secret pour l’immense fuite
Souverain dans le regard, à la recherche du
mixage,
C’est-à-dire un ensemble d’influences mêlées,
décidées, choisies, composées, interactivées
Il ne s’agit plus de symboliser, mais d’associer
en conservant la saveur de chaque influence
283
*
Nous espérons inventer un acte d’écriture,
un acte de progrès, d’évolution de langage
Essentiellement, - le progrès dans le langage
Chaque poème appliqué est une volonté d’ajout
Les fines suppositions ou l’offre de solutions
supplémentaires
Tu retires le centre et balances sur les bords et
tournes et tournes et tournes,
- Pour trouver quoi ?
284
*
La poésie impose l’acte créatif
qui se jette au dehors et retourne au-dedans
pour le plaisir inutile
d’être regardé tel un incapable
L’errance de la voix vagabonde sur des poèmes
L’écrit poétique ne se partage pas,
il est œuvre de solitaire
Qui étonner, qui instruire, qui charmer ?
285
*
Tout se mêle, se mêle
et se démêle
mais autrement
Est-ce addition d’opportunités ?
Maîtriser la déferlante de la mémoire
*
J’ai cherché, c’était hier, un monde
un songe ou une vapeur d’idée
J’avançais avec une pensée monotone et
monocorde
J’avançais
286
Je percevais leurs souffles, je pénétrais
leurs labyrinthes subtils ou insensés
prétendant retrouver leur centre
Je rêvais de leurs formes, de leur méthode,
de leur formule - les poètes m’étaient
indispensables -
287
*
Absence du poète ? Clameur pour rien !
Quel relationnel ? Quelle
inattendue ?
Vers vous, l’appel ?
Non. De rien. De peu. Je
Concevais de l’intérieur. Mes entrailles nourrissaient
Mon angoisse, je n’existais que faiblement.
Je plongeais dans mon vide, j’y découvrais la
Mort - la mienne, belle et souveraine, resplendis -
Et boréale.
Accumulant des lignes,
L’espérance étant un défi - des élans stériles, diront
Certains, mais c’était un défi - de Moi à Moi
Prétention et folie, utopie et stupidité ;
C’était présence de chambre, de travail d’écriture
Pour l’infiniment soi, l’infiniment rien, diront-ils
Encore. Je ne crois pas qu’ils auront raison.
288
*
Tu parles encore, esprit,
Tu parles. À qui ?
Tu es venu de l’Invisible
Pour y chercher la Clairière
Les vipères, l’obscurité, là et là
Envole-toi sur le vent pour mieux comprendre
289
*
Chemin d’exploitation - la route claire
Les feux, les lumières qui pendent à l’âme
et veulent indiquer la voie idéale,
la voie réelle
Proéminence d’oiseaux ciseleurs
comme des entailles qui prononcent des cris
annonciateurs
J’avance toutefois avec le doute écrasant
à mes côtés
290
*
La lumière vacille, vacille
en flux concentriques
La lumière étale sa splendeur
et prétend être
Elle circule sur l’eau,
cherche à l’épouser,
l’entoure, la nimbe
Épousailles spirituelles
de deux éléments
qui s’attirent et s’excluent
Épousailles
291
*
La pureté, celle de l’eau
Sur les ailes et la lumière
baigne mon esprit
Les reflets dans la clairière
inondent mon âme, là et là-bas
La certitude traverse
le lac royal où
s’agitent tendrement des roseaux
Les souffles qui survivent
assèchent l’herbe amère
et la raison prétend savoir
La vision s’étale dans l’air
plonge encore
pour atteindre l’espace et l’au-delà
292
*
À Johannes Bobrowski
Le miroir s’éclaire, les fronts
Se touchent, les pensées s’échangent
J’appelle ici et là, et quelqu’un vient
Ma tête contre ta tête,
La certitude d’être à deux
Tu m’offres ta vérité
Vérité que je dérive
Je déplace ton pas et marche avec toi
Puis je m’élève, je deviens, je Suis
Le vent m’emporte,
Je ne puis redescendre
Me voilà enlevé, libéré
Fuyant à tout jamais dans l’idéal
Du Mensonge et de la Vérité aussi.
293
*
Les roseaux très serrés
L’incompréhension de Husserl,
La vérité de Pascal
Et là-bas le déplacement des Cygnes
La haute pensée du Midi clair
Une compréhension de points sources
M’envole, m’éloigne du vrai
Je cherche solitude, ombre et paix
J’entends des formes abstraites,
Des sortes de Dieux m’envoyant leurs messages
Puis je m’interroge :
Combien de temps encore
A supporter cette détestable destinée
De poids, d’inutilités et de souffrances ?
294
*
Ici le spectacle dans l’obscurité.
La fille danse encore
Et je lèche les parois des murs.
Elle va, elle vient
Elle éclabousse de lumière blanche
Mon obscurité pour accéder au clair
Royaume de l’Irréel !
Je déplace mon souffle, je crie, j’expulse
Elle baise mes yeux, caresse mes cheveux
Calme mon ardeur.
L’écriture se fait sereine
J’immobilise ma vérité
Ses brises d’ailes s’envolent là-bas
Je regarde alentour : le Néant est en moi.
295
*
Celui qui pense là,
Avec le poison dans sa bouche ;
Je lance la trace,
J’expulse l’éclair.
La profondeur pour l’incertitude,
L’errance sans l’intelligence.
Tu bondis avec le doute,
Les applications sont vides de sens.
Et tu prétends que la lumière
Etait venue comme un appel de Vérité
Déployant son ombre,
Déterminant une marche à suivre.
Ombre-lumière : la bouche expulsait
Ses sublimations sanguinolentes.
296
*
Celui qui voit par la fenêtre
Celui qui pénètre par la pensée
Dans l’invisible de ton âme
Prétend à la vérité.
Ce n’est qu’une émotion de sensations
Imperceptibles sans fondements,
Papillons d’ailes ou givres transparents,
Approches d’ombre sur la surface de l’eau.
Ta bouche est pleine de sang,
Et des crachats immondes tapissent
La caverne purulente de ta cervelle.
Ton ventre chargé d’excréments
Expulse l’ignoble déchet
De ta détestable réalité poétique.
297
*
Les flammes incandescentes, les flammes hurlantes
Au milieu des roseaux
Les flammes s’élèvent vers un Ciel inconnu
Là pataugent grassement des cygnes oubliés
298
*
La constellation irréelle survole
Un impossible à découvrir
Les forêts d’acacias expriment
La complexité difficile
À pénétrer
Les bouchent s’ouvrent, implorent, appellent
Qui acceptera de nourrir ?
Il dira peut-être :
Peux-tu me montrer quelque chose
Qui te tienne à cœur ?
299
*
Ta voix
Pénètre dans la clairière idéale,
Lumière contre lumière
J’emporte le sens,
Le silence obscur
De l’interdit à comprendre
300
*
Au-delà des haines,
Des paroles tombent
Comme des fardeaux inutiles
Tout est consternation
Dans ce ciel de givre
Ceux qui sont méprisés,
Rejeté, ignoré
Dans leur bouche crient
A la vengeance
Je suis seul, libre
Constellé
De ma pure vérité
Je hurle encore
Sur le tombeau de marbre
301
*
Le silence isolé
La lumière sans éclat
Le poète caché dans l’obscur
Enfoui dans ses racines
Recherche quelques traces
Les voix l’emportent
Vers d’autres îles interdites
Un chant étrange
L’attire tout à coup
Il veut capturer
Les notes fulgurantes
Qui jaillissent
Comme des fluides
Dans sa cervelle inutiles
302
*
Être là et attendre
La mort, belle,
Éblouissante d’apothéoses
Pour en finir
Avec la vie inutile
La terre remplie de crânes
Attend le mien.
*
J’avais supposé une semence
Plus complexe.
Je suis sans Elle
Essayant de grandir
Vaine turpitude
D’imagination
Décadente
303
*
Au milieu de ta voix
Les paroles plongent dans le Néant,
Voltigent ou volent tout autour.
La pensée pénètre dans son obscurité,
L’humeur respire quelque doute.
J’emporte ma raison
Vers l’interdit à atteindre.
L’onde à peine perceptible
Traverse ma demeure.
Le visage me questionne,
L’écrit m’apparaît
Constamment détestable.
304
*
Remonte de ta clairière
Les feuilles passent,
Le bras vieillit
Je ne pénètre pas le feu
Souffle-moi, pense-moi,
Éclaire
305
*
Écrire, c’est fragmenter
Son pseudo vrai
Ligne après ligne
Page après page
C’est prétendre
A sa vérité
Par l’accumulation
De signes
Le poète veut trouver,
Quoi ?
Sa variable
Sa sensibilité
Son autrement
Son lui-même appliqué
306
*
Percevoir la distance
La mesurer de l’intérieur
Évoluer dans une sphère idéalisée
Par la mathématique pure
Se déplacer, osciller,
Chercher le centre de la vérité
L’œil éclairé se fixe là
En 360 degrés
Pour décider
Le noyau l’éclate.
307
*
En marge de moi, d’autrui
Cherchant la distance
Créant l’espace
À côté
Je vais seul
Dans l’erreur ?
Avance
Pour toi uniquement
308
*
Ta main dans ma main confondue
Ta lèvre à ma lèvre cousue
Les premières chaleurs florales
Alliées à la violence de notre sang
Aube d’abondance,
En vagues et sables bouleversés
Pour nous-mêmes
Dans nos chairs
Hors de nous-mêmes.
309
SUITES / RELANCES V
310
Accompagnant tes cendres,
écrit Paul Auster,
Oui, moi, l’Absent avec Autrui m’effaçant
Le banni, l’exclu, l’inutile
Chaque syllabe devient entreprise ardue
L’encre est lourde à déplacer
*
Parmi les spasmes du plaisir
Dans la lumière tendre
La distance de toi à moi
Tu regardes le feu mourir
Et la chair se creusant
Et la chair se creusant
D’algues émouvantes
Qui te lient encore à moi
311
*
Bouche prophétique
Prononçant ses fétides paroles
Jamais la voix n’est entendue
Sinistre elle dort dans l’oubli
Qui écouterait ? Qui ?
312
*
Je me vautre dans ta plainte naïve
Je fulmine contemplant le lointain
A la lisière de l’espérance, il n’est nul avenir
Je prodigue mes colères
A pas chargés
Pour quelle avancée ?
Quelle finalité à atteindre ?
313
*
Fragments imperceptibles animés
d’un écho aérien,
Souffles saccadés par un esprit sourd.
Dans la lumineuse nuit invisible,
l’or fondu en sourdes paroles coule
ses segments incertains.
Tu conçois maigrement en suivant
ce ruisseau.
Passe et repasse dans ta mémoire
une solution d’écriture décevante.
Le message construit n’a nulle emprise
sur ta conscience.
Des bribes que l’on jette comme des semences
douteuses à la volée du vent.
314
*
Oui, j’étais dans l’absence
Je ne possédais qu’une seule parole
La mienne
J’étais dans mon silence
J’apprenais l’avenir
Avec mes propres écrits
J’approchais les poètes
Avec leurs substances créatrices,
Leurs livres, images contre images
Je me nourrissais de leur sang
Des fluides invisibles
Offraient des communications
Inconnues, subtiles
Mais vraies toutefois
315
*
Nuit. Et j’avance dans ma nuit
Cramponné à l’ombre de moi-même
Essayant d’extraire de nouvelles paroles.
Nul secret, nulle mouvance d’extase
Vidé, sans constellation
Ni sublimation.
Mon médiocre Néant, nulle réponse
Pour personne,
Perdu, au plus profond
À jamais peut-être.
Le questionnement
Vers une source d’éternité
Dieu d’éclairs et de savoirs,
Mon obscur fascinant.
316
*
Écouter le silence
comme un ru qui murmure
qui va et s’abonne à la lisière du rien
La voix haute s’épuise
et s’enfuit dans le vide
La voix gît ignorée
dans le matin limpide
La voix pour son silence
écho modérateur
qui ne parle jamais
qui ne parle jamais
317
*
Pensées invisibles qui cherchent la lumière
et s’évanouissent au premier appel d’air.
L’élan se meut et tombe dans son néant :
la respiration et plus rien,
Rien qu’un souffle dérisoire.
Ciel sombre sans distance encombré
de pierres noires,
Je n’entends plus que le son détestable
de ma voix.
318
*
Il veut être seul
et s’unir au singulier
À partir de la bouche qui prétend construire
Chaque parole qu’il prononce est en lui
sa langue offre la semence,
la salive s’échappe
la respiration se conçoit dans le silence
Il ne veut rien
rien que rester au fond de soi
Pour créer un espace autre
de vérités et de mensonges
bariolé d’images poétiques
insensées
Nul ne voudra le suivre
319
*
C’est un interdit,
c’est un obstacle,
c’est le mur
L’impossible crédibilité auprès d’autrui
Le langage personnel introverti
Le poète tourne en rond
320
*
Tout n’est qu’illusions, qu’imperceptibles
froissements d’écumes clairs
Dans le souffle aérien qui s’éloigne
Vapeurs ou substances comme des gouttelettes
invisibles qui dansent et s’en viennent mourir sue la feuille poétique
Entre mémoire et espoirs, doutes et refus,
poussières à ressouder avec le passage du temps
Et des bribes incertaines circulent encore,
échos annonciateurs des poèmes à écrire…
321
*
Toujours dans la solitude
il souffle des mots stupides
Il vit de rien, plongé dans son silence
entouré d’une montagne de mots
Qui viendrait le délivrer ?
322
*
Chair dedans, et toute autre ?
Et toute chair prise
dans un souffle dernier
d’extase et d’abandon
Ma force vive en toi,
toi qui exiges ma petite mort
Je ne te remplis pas,
concevant un espace supérieur
croyant encore aux chimères poétiques,
appelant follement ces choses infinies
La nuit pense et repense,
opaque de songes
Dans l’impossibilité d’atteindre
l’orgasme littéraire
je tourne sur toi
je meurs et je m’abat
323
*
La tête éclatée contre un mur de paroles
La tête ensanglantée, dégoulinant de mots
impurs
Constatation et médiocrité,
Certitude de rien
Un langage inutile pour se donner
l’apparence d’un monde
Est-ce fabrication d’un nouvel espace ?
de mémoire repensée et activée ?
324
*
Déplacer le silence
qui accompagne sa propre parole
Déplacer la mouvance
de son acte d’écriture
Purifier la voix pour n’être plus
qu’un silence éternel dans le Néant de soi
Plus de voix
Il le dira à l’espace
qui lui renverra son silence
Qu’il parle ou qu’il se taise
la fin est en soi
325
*
Vers quelles limites ? Quelles possibilités ?
Il n’est que du Néant
Je suis nulle part
*
J’habitais mon absence, j’existais
dans ma parole qui m’entourait
de ses halos
J’écoutais mon silence, j’errais
dans l’espace poétique-mien,
C’était un abominable nombrilisme,
je prétendais avec le travail d’autrui
arriver à mes fins
Comme si le quelque part était en moi
plus loin, ailleurs, dans l’infini mensonge
de ma réalité poétique
326
1
Délaissant ton corps et sans cesse délaissant
Cherchant une autre brèche
une autre pensée
de tangente intérieure
puis vomir ses entrailles spirituelles
d’esprit se faisandant
Jusqu’à la complète putréfaction
de mon âme pourrie
Mémoire, corps, avenir exterminés.
2
Aujourd’hui encore cherchant et cherchant
de nouvelles formes d’écriture,
moi médiocre plagiste
À l’ouverture de vos regards
les lèvres de l’espoir
pour quelque paix poétique
327
Les mots dérivés, déplacés,
volés et repensés
Pour quelles applications ?
3
Est-ce frémissement,
froissement d’étoffe claire ?
Mais que dire ? Que dire ?
Comment poursuivre ?
328
*
Tu te donnes à l’inutile
Tu produis pour le Néant
Est-ce élan de mort ?
Mon souffle assagi reconsidère
son passé
Je décompose hier
Comment faire mieux
autrement
en variabilités de moi-même
avec de la mémoire renouvelée
La maigre parole réclame encore
de l’espoir
que je lui promettrais jamais plus
329
*
Pensé à partir de l’insignifiant
Dans le pur espace infini
En soi
Pour quels mots
Quelles solutions d’images
Quel apparaître ?
Ici ce sont encore des champs de persécution,
Des chaos d’écriture
Des pénétrations dans l’âme
Puis une direction mentale
Pour un réel à inventer
Qui miroite maigrement
Un futur illusoire
330
*
Là encore dans les tourbières
Ton attente semble infinie
La pataugeoire de l’âme
Où se mêle confusément
Des termes impurs et inutiles
*
Tu construisais dans l’absence,
accompagné de ta parole
qui constamment te possédait.
Édifiant le silence, tu errais
en toi-même à la recherche de ton propre
inconnu.
Ce n’était pas du quelque part, mais
un long murmure qui se gravait dans
ta mémoire.
Poésie-pensée, poésie imprimée à tout
jamais, pour toi seul évidemment
331
*
Déferlées, déferlantes et
l’attente d’un jet
Pas d’ombre de mesure
Pas de mètre de fumée
Pas d’outil critique
Vol d’oiseau de détermination
Mais fumées qui se disjoignent
et se rejoignent en un point
332
*
Pour le mixage, le brassage,
et l’infinie dérivée
D’une frontière à l’autre
Tu cherches avec qui ?
Pourquoi ?
Pensé et repensé,
éloigné pour le très près
Le front avance, la lèvre reprend
et balbutie son insignifiant
333
Je
me déçois, dans l’inutilité du Rien
*
La poésie se putréfie au fond de moi-même
Que je retrouve la force
d’expulser de nouveaux jaillissements
Hors du Néant,
Hors
Pour le vent à nouveau
334
*
Reviens dans l’esprit,
rejets, expulsions et Muse !
Délabrements, exil
avec la nécessité de l’être qui fuit…
Le savoir-faire pour l’opinion
et la raison pour soi
Autrui de rien, autrui l’inutile !
Donne-leur ce matin où le poème flotte
où l’idée est soufflée comme étamine claire
Accroche cela au ciel mauvais
de torrents, de tornades et d’éclairs aussi
Accroche cela, oui, avec des flores, des oiseaux
des papillons d’extases et des folles nuitées
Tous ces chaos fuyant dans des violences
de particules - ça prétendrait former
335
un poème logique de possibilités
à entrevoir !
Te voilà mystifié, grommelant,
homme à la parole coupée avec des yeux
mouillés pour retourner vers l’intérieur.
Parle, parle, poursuis ce monologue
336
*
Conçu à partir du Néant,
Le plus intime pour la parole
Avec l’heure qui veille
— La production-ailleurs
Et le jamais-n’est-lu
Toi qui sortis de ma bouche
Geyser et chaos,
Fluidité insoutenable des mots
Qui coulaient
Pensées méconnaissables derrière
Ce flux d’images incohérentes
Puissamment évocatrices d’un doute
Je méconnais encore
De l’écrit, toujours je cherche
337
*
Rien pour soi en pensée réflexive
Dans son propre Néant, sans lecteur
Et toi agenouillé dans ta nuit
de pureté
Le mot en retour, à l’intérieur
La blancheur de ton été,
de ton silence
seul en vérité
338
*
Ma vitesse pour assimiler le travail de l’autre,
les volontés pour comprendre, pour extraire la substance,
Mes certitudes d’échec, mes poèmes inutiles
Le résultat te convient-il
La raison condamne la syntaxe
Je reste présent, espérant encore quelques douces
finalités
Lancées et pertes
Nulle raison d’avenir et de gains
339
*
Je pratique la critique et condamne
l’inspiration qui s’épuise. Je me ridiculise
prétendant posséder un tour meilleur.
Constamment le sérieux du travail sans invention,
vile besogne secondaire d’un auteur qui espère !
Mais quoi ? - Nulle fortune ne passe entre
mes doigts, et le rire amer condamne encore l’écrit.
340
*
Des trous dans la conscience et une façon
incertaine de faire le poète. Les matières
délirantes dont se gave stupidement l’écrivain.
Quels souffles dans ces murs de papier ?
Le silence dubitatif.
Et la loufoque histoire de la poésie qui
aurait une utilité !
341
*
Lancé par l’invisible jet
En gerbes d’écriture
Sous quel flamboiement incertain ?
- Chevelure cassée
De fluides poétiques clairs
Ou ensanglantés
Je tourbillonne autour de Toi
Fille élégante ou scabreuse putain
Jurons fondus en une seule bouche
Ou élixirs porte-grenades
De mets savoureux
Avec des noms et de semences
Plongés dans des calices
Où le sang messianique est à boire
342
I
De clair arrondi
Sous des poussières taciturnes
Au sortir de l’eau
Avec l’air fluide
Parcourant quelque peu les tempes
Mes adieux :
Voyelles et sonorités interdites
Ceci serait le vrai :
Penser sans la douleur
Par le truchement des verbes animés
Encore chez soi, dans le mot
Et question de question
Pour réponses médusées, détournées,
Obliques
343
Parlant dans le silence
Yeux ahuris cherchant
Quelque torve lumière
Le vent inutile vient se briser
Sur le front
Flamboiement incertain
Sur les lèvres inventives
II
Syllabes endurcies
Dans l’élévation du soleil
Telle une hostie rouge et saignante,
Calice de l’extrême
En violence d’offrande
Pour l’épanouissement de la lumière éternelle
À quelle fin de ténèbres telles ?
Vidé dans le soupir du rien
344
III
Traversé d’espaces irréels
Mon deuil
De poètes morts mais présents
L’esprit filant
Pour quelques perspectives de vécus
À la dérive
Aperçu, mon aperçu, entrevu, là
Spirale tourbillonnante pour
L’agencement d’un poème nouveau
Signes et le dire
Sur la variable transparente
Des mots qui s’effacent
L’œil critique au visage dur
Condamne la trace
Le goût de l’inachevé
Lettre contre lettre
Dans le cristal de l’espoir
345
*
Au plus profond les racines
Séquestrée, en soi
Elle, elle sur le souffle de la parole
Inaudible comme un obscurcissement
de pensées
Front, en moi, bascules lancinantes
sur les tempes du gris
Seulement la parole
Yeux de sang
346
*
Plaqué léchant ton œil obscène
Dans la colère du gerboyant
Ta pensée s’y mirait tremblante
*
échappé des fanges obscènes
plongeant dans le rictus poétique
j’élabore un monde différent
347
*
Je te harangue mes baisers obscènes
Fouette la déchirure de tes orgasmes
Sécrète le suc de l’interdit
Faufile-toi dans la soie
*
Oui, accrochée à toi
Par l’invisible lien de la mauvaise réplique
Suppose : dans l’oeil de la vipère
accrochée aux neurones défectueux
- Pour l’élixir, et la soupente mène au Néant.
Poursuis l’explosion délicate et absurde, existe
entre trois balbutiements verbeux.
348
Il s’assoit sur son trône, prince ridicule
imbu de soi, mièvre et médiocre - il s’assoit.
Il prétend : ses victimes, cuisses ouvertes, sexes béants,
trous d’extase - à la naissance de la folie…
Les poignards s’enfoncent dans la chair à critiquer
- Fantômes, ennemies, au-delà - et ce Dieu,
dangereux et puissant - que dira-t-il ?
349
*
Choses de soie fragiles
Mots plongeant dans l’amertume de la vie
Filiations souterraines d’œuvres en œuvres
coulant dans la lumière invisible
Je tremble couché contre la mémoire
Le souffle multicolore gerboie sa flambée
d’extase, pourpre, hallucinante
Tu ruisselles dans les méandres boueux
de l’interdit
Le message éclaté en rimes de rumeur
se déteste, s’exclut, se vide
Ne reste qu’une trace fluide filant vers l’inconnu
350
*
De te perdre. Et toutes les pertes
non ensemencées dans l’esprit — jusqu’à la
mort même.
Commencer avec cette certitude.
La lumière en apothéose de couleurs
gerboie dans l’air saturé
Ce sont là des amas de brouillards
qui voltigent et fuient
Avance dans l’idée. Exulte dans l’effort.
Tout cela finira bien pour apparaître.
351
*
Mémoire qui persiste et fuit
et là-bas le fruit excrémentiel des
douceurs oubliées
Les impossibles avalanches
Les courses dans l’éclat
La chute comme une apothéose d’orgasmes
Et l’orgueil désabusé, ridicule et moqueur.
352
*
Illisible ! Application de l’éclat, pourtant.
Ne jamais être lu.
Quand apparaîtras-tu ? Quand ?
À la frontière de l’invisible.
Tu savais que tu étais seul. S’élaborait
la construction d’un sauvage.
353
*
Tu ne condamneras pas l’attente
Tu te contempleras dans l’ombre de toi-même
Désireux de changer ton visage
Toi qui d’obscurité en obscurité
Essaies fasciné par la beauté du Néant
Respire ta propre haleine,
Enferme-toi dans la voix silencieuse
Barricade-toi dans ta prison de fer forgé
Et là-bas, ce seront peut-être des appels lointains
Toi qui gis sur ta mort souveraine
Et glaciale
Sublimes terreurs que les appels de tes frères maudits !
354
I
Qui pénètre par la croisée
Se veut voleur de savoirs
Je lui ouvre la porte
Et lui conseille
De ne point passer
Par la cheminée
Je lui donne mes dictionnaires
Mes almanachs et ma connexion
Au réseau
L’intelligence pure va outre
Accomplit de surprenants sauts
Refuse l’apprentissage
Et prétend ajouter
Sur les Anciens
355
II
Tu empruntes la passerelle
Laisse les feuilles mortes
Tu fouettes le petit caillou
Qui fait ses ricochets.
Comprendras-tu enfin
Qu’il te faut aller outre
Au-delà des soleils
Et des folies boréales ?
Souffle-toi, envole-toi,
Invente-toi un nouvel idéal.
Construis à la vitesse
De la pensée un monde
D’audaces et de beautés.
De ton Néant jaillira l’extase.
356
SUITES / RELANCES
357
SUITES / RELANCES I
TABLE DES MATIERES
I
II
III
IV
V
VI
Par
Soleils annonciateurs
Quelle folie en soi
Je m’endormis allégé
I
II
Le coursier
Le porte-parole ensanglanté
Le moi doublé
Délices insoupçonnées
358
Immense feu intense
L’impossible
Éloignée
Autres limbes
Bilan
Restitution
La compréhension du mystère
Incolore
Le diadème d’or
L’architecture imaginaire
Ainsi lové
Oubliez-moi !
I
L’ami, le frère
Le public
Toute volonté
L’invasion de mots
A. E. Jabès
À M Les mots
Je m’éloigne
I
II
III
359
IV
V
VI
VII
I
II
Mon écriture ?
Gainée de soie
Construction architecturée
Attendre la mort
Avec du vent
L’idée de progrès
Entre
Un mouvement elliptique
Tout est écrit
I
II
III
IV
V
La quincaillerie insignifiante
Les frères
Les hypothèses chimériques
360
Avancée
La vieille femme
Des espaces, des lieux
La révélation mystique
Les gardiennes de l’œuvre
Triste mélange
Faiseur
Inutile, peut-être
Dictame :
Dans l’éclatement
L’homo desertus
Nuancier de faux
Le retard dans l’esprit
J’étais donc invisible
Sans la mathématique
Tranche d’après-midi
Profil-voir
Chanson lavabo
Le rapport
361
SUITES / RELANCES II
TABLE DES MATIERES
Paysages effilés
Déclinaisons
J'entends
L'exploit de l'écriture
Je n'envisage plus
1 Nulle mort
2 Entretiens perturbés
3 Vrai
Est-ce une liberté permise
Injecte-moi
Le poème
Évanescence et périmètre
Syntaxes amoindries
Conquérant du dérisoire
La tierce impossible
362
La poésie vide à remplir
Un autre je
Non plus. Ne pas.
Brassage mental
Nous agissons
Ni l'un ni l'autre
À dire ou à écrire
Tourner
La réserve de savoirs
Je ne cesse de prétendre
Redéfinir
Dans le vide pour plonger
I J'ai dé-pensé
II Suppose-le
III Définir de nouveaux verbes
Les chaînes de l'avancée
Ce soir, plus laid encore
Une flèche sans avenir
Planquer une pensée de troc
Ton miroir
L'arracher, l'extraire
Il n'y a pas échange
Nul esprit ne saurait
363
I Le mot inlassablement
II Le mot cherche
III L'image et le mot
Paysage d'en face
Marcher sur ton corps
Dans le ciel cloué
La nuit noire
L'immense réservoir humain
L'art et le trois fois rien insignifiant
L'image-mensonge de l'écran cinématographique
L'agencement élaboré et la critique dérisoire
Qui veut parier ?
Le présent est en attente
Le mot seul inutile
Le rejet
Sur l'écrit à paraître
I La nuit.
II L'incandescence de soi
III Je te respire
L'air éclate
Dans l'infinie langueur
Majestur
Les rues tanguent
364
Titre sublime que le Tien
Les poèmes sont des torches vives
I Au zénith
II La stupide limite
III Encore, à la recherche
IV Ainsi Jérôme
V De quoi se nourrit le spectre ?
Je n'étais que cela
Séquences
Au fond du Moi
Vie pensée
Des lignes illimitées
L'observateur caché
Je ne sais plus quels traits
365
SUITES / RELANCES III
TABLE DES MATIERES
Son but
Miroirs, cieux, surfaces, espaces
Les utopies délirantes
Enfin, Soi !
Le trésor du sauvage
La paupière pense
Rien n'évolue
Des labyrinthes fangeux
Il n'aperçoit nul orbe
De rejets et d'oublis
L'immense effroi
Je le cherche encore
Encore pure, élevée
Plus d'espoir d'un marbre
Je n'avais pas considéré
Il faut donc s'enfoncer
366
Absent pour les hommes
Avec de l'intuition
1 Jette ton dé
2 Je ne voyais
3 Années, années
Dans le cercle de la bouche
Les yeux retournés
Nuits enfouies
Déplacée dans la mémoire
Va à l’œil, le mot
Dé repensé
Allais, allais
Nul souci de toi
C'est encore
Plus loin, en soi, ailleurs
Vaticiner
Silence dans un espace connu
Puisant des paroles, sourcier
Fractionné en soi
Passage entre deux êtres
En l'air, plus loin, que disent-ils ?
Les yeux, seuls au monde
367
Dans la bouche le halo
Lancé hors de toi telle une gerbe
Plus haut, lève-toi
Rester-là
Silence, et cette impossibilité d'écrire
Ce poids de la vieille
Piqué-avançant
Le déjà-mort
L'Être dans son néant
Dans la folie de l'exquise
Extirpé hors la chair
Dans l'angle clair
Je ne puis m'enrichir
Ce crépuscule
Reste charitable
La puberté récalcitrante
Pour l'insignifiant
I Elle s'élargit enfin
II Pour le vide intérieur
III L'absolu du destin
Les manœuvres de l'écriture
Plus pure encore
Lola
368
Silences déshabillés
Et toi, dans ton intime
Hors de moi-même
Accroché à la fièvre
Hors de moi qui jaillit
Une humeur tiède et lointaine
Hymne au Divin
Que cherches-tu ?
Nul réconfort
Figure où le vide
Rien de ce qui subsiste
Langueur. Douceur.
Entrer dans toute joie
D'obscur en obscur
369
SUITES / RELANCES IV
TABLE DES MATIERES
Efface-moi
Donc de s’anéantir
Va au-delà de ton ombre
Absent et libre
Parce que tu changes
Mes silences d’écriture
Rétro-pense
Mouvements de pensées
Rien, et la médiocrité
Mort proche ?
L’heure n’était pas voleuse
Le nuage
Ciel
Prier avant d’écrire
Toute chose…
370
Impression de lune
Le nuage de vérité
Etre seulement soi
Expiation d’essence
I Les deux pensées divergent
II Dans la poussière extrême
III L’aimée du soleil
Ici la volonté d’associer
I Sur les bords d’une onde nouvelle
II En d’autres espaces
III Insignifiant qui ne fut
IV Ce poème à écrire
Je vous l’offre
Le poète gémit
Cela n’est pas d’écrire
Amas inutiles d’œuvres
Tu ne sais le danger
Le vent dépasse son droit d’élan
Saint Octobre
Jugement trompeur
Ce fut le geste de penser
I Silence d’écriture
II Ce qui s’échappe
371
III Le fluide tourbillonne
Alpha
Bêta
Toi, dans ton espace
Le poète en profondeur
Tu me déséquilibres
Histoire d’y être
Nous espérons inventer
La poésie impose
Tout se mêle
J’ai cherché, c’était hier
Absence du poète ?
Tu parles, esprit
Chemin d’exploitation
La lumière vacille
La pureté, celle de l’eau
Le miroir s’éclaire
Les roseaux très serrés
Ici le spectacle dans l’obscurité
Celui qui pense là
Celui qui voit par la fenêtre
Les flammes incandescentes
Ta voix pénètre
372
Au-delà des haines
Le silence isolé
Etre là et attendre
J’avais supposé une semence
Au milieu de ta voix
Remonte de ta clairière
Écrire, c’est fragmenter
Percevoir la distance
En marge de moi
Ta main dans ma main confondue
373
SUITES / RELANCES V
TABLE DES MATIERES
Accompagnant tes cendres
Parmi les spasmes du plaisir
Bouche prophétique
Je me vautre
Fragments imperceptibles
Oui, j’étais dans l’absence
Nuit.
Écouter le silence
Pensées invisibles
Il veut être seul
C’est un interdit
Tout n’est qu’illusions
Toujours dans sa solitude
Chair dedans
374
La tête éclatée
Déplacer le silence
Vers quelles limites ?
J’habitais mon silence
Délaissant ton corps
Aujourd’hui encore
Est-ce un frémissement
Tu te donnes à l’inutile
Pensé à partir de l’insignifiant
Là encore dans les tourbières
Tu construisais
Déferlées, déferlantes
Pour le mixage
Je me déçois
Reviens dans l’esprit
Conçois à partir du Néant
Pour soi en pensée réflexive
Ma vitesse
Je pratique la critique
Des trous dans la conscience
Lancé par l’invisible jet
I De clair arrondi
II Syllabes endurcies
375
III Traversé d’espaces irréels
Au plus profond, les racines
Plaqué léchant
Échappé des fanges obscènes
Je te harangue
Oui, accroché à toi
Suppose
Choses de soie fragiles
De te prendre.
La lumière en apothéose
Mémoire qui persiste
Illisible ! Tu ne condamneras pas l’attente
376
377
378