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Suites et Relances de I à V 378 pages

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FRANCK LOZAC’H

SUITES / RELANCES

1


SUITES / RELANCES 1

2


I

Dans le silence qui inspire

pour éprouver, pour épouser de nouvelles formes

des fuites comme des éclairs,

des fluides qui circulent

Il suppose encore des possibilités,

des aptitudes - il suppose

Pour oublier le vieillissement, ou quémander

une part d’immortalité :

passer ou être demain ?

Il aurait voulu être aimé dans la vérité

chronologique - pour aujourd’hui et le futur aussi.

3


II

La bouche se nourrit d’extase, de substances claires,

un souffle encore dans les draps de l’amertume,

le miel de ton poème, - c’est ça : imagine

hors du tragique dans le possible

avec audace toutefois

appelle ça la passion,

on rira bien !

III

Subtils effets autres empruntés, exploités, volés,

permis ?

mélanges, variantes, prendre, extraire, tirer

Patrice Delbourg écrit : alchimie et plagiat entre le blanc

et la blessure

Moi, je dois dépasser ma limite,

absence de repaires

et l’écho constant en vérité éternelle

d’ennui et d’inutilités.

4


Quelle grandeur ? - Sentiment de petitesse

et crainte d’être en retard.

IV

Une ivresse éternelle avec l’espoir

de captiver l’interdit ou l’insignifiant

Une femme vacille dans le miroir flou de l’âme

je l’imagine chair, beauté et sensuelle.

Je capture le rêve pour lui interdire de m’échapper,

de fuir dans l’infini de ma conscience.

L’irréel et le factice des vérités rares,

impossibles, avec une constance dans le

déplacement de la norme.

5


J’entasse mollement des décombres du hasard

et je décompte les combinaisons-gains

me détestant plus encore

La réponse : RIEN

V

La position volante, imaginaire

voluptueuse et spirituelle

une sorte de lévitation

Le rêve qui remuait changeant les ombres,

les déplaçait dans les cases de la pensée

Il s’ennuyait, tentait de rendre sagace

son cerveau

produit,

La poésie c’est long et lent, surtout quand on a beaucoup

le savez-vous ?

6


VI

Pur désir impossible

azur sexuel - de pureté à atteindre

esclave de l’insomnie

azur utopique

constamment désenchanté

Ô mon cher inconnu qui ne recherches nulle gloire

sinon celle d’être soi et d’avoir accompli

ce qui semblait probable.

Oui, pénétrer encore son monde solitaire

afin d’accéder à des délices cérébrales

dans l’espace vide de l’imaginaire

Toi, oublié toujours dans tes parfums.

7


Par

Par l’intelligence,

allez à la pureté des choses.

Comment pourtant défaire le complexe ?

Par quelle méthode d’élévation claire

Atteindre la beauté des choses ?

Ceux qui l’aiment et veulent connaître,

Quel chemin, doivent-ils emprunter ?

8


Soleils annonciateurs

Soleils annonciateurs d’idées nouvelles

Que l’on griffonne sur les vieux murs de sa raison

Inspiration qui souhaite repartir fortifiée à nouveau

Dans le long chemin intérieur

Avec l’intelligence à ses côtés

Grand matin d’espoir avec conscience éveillée

Dans le silence, l’attente et le désir

Avec les morts aimés, les grands révélateurs

De la poésie d’hier - essayons de produire

Étendues reflétées sur le miroir littéraire

Avec vagues, flous et audaces d’avancées

Nouveaux espaces balayés par l’or des feux

D’autrefois, avec beautés et ordres premiers

L’élan créatif se veut agencements réguliers,

Constructions claires sur le zéphyr inventif

9


Amours poétiques sur l’aube éclairée de senteurs

Nocturnes, désireux de chercher un soleil de grâce

Que puis-je, moi avec tous ces éléments, ces images

Audacieuses produire d’utile et d’enchanteur ?

Tout s’en retournera, peut-être, à jamais dans le

Dérisoire et le stupide du sommeil éternel

10


Quelle folie en soi

Quelle folie en soi d’écriture vaine

À extraire constamment !

Ma bouche roule les mots absurdes

Qu’il me faut associer.

Boursouflée la pense, je deviens

Une immense poubelle où s’entassent

Les déchets de toute une vie.

Je m’emporte dans l’absurde bourbier,

Dans l’inutile où croupissent des tas

De poètes inconnus - jamais lus - jamais.

Et je reste comme eux rempli

D’images aberrantes, enfouies

Dans l’antre de l’oubli que

Seuls les frères acceptent de reconstruire.

11


Je m’endormis allégé

Je m’endormis allégé dans un songe de femme

Et je voulais m’y réfugier.

J’apaisais ma douleur qui constamment me harcèle

Et je nourrissais mon somme de sucs printaniers.

Qu’il doit être doux de demeurer constamment

Dans l’ombre d’un plaisir,

Bercé par le grand sommeil

Qui dure éternellement !

À jamais, ce beau mourir !

À jamais !

12


I

J’observais au fond du Moi

Ce vocabulaire amorphe

Inapte à s’associer

Pour obtenir des coups heureux

Jamais je ne parviendrai

À l’optimiser

Cette matière douteuse

Détestable et stupide

La faute m’en incombe

D’autres, autrement

Avec leurs réels moyens

Sont parvenus à purifier,

Élever, simplifier, charmer

Et je pense à Jiménez.

13


II

Sa forme est simplifiée,

Il utilise des mots

Qui enchantent les simples

Mais il n’est pas aisé

Avec du trois fois rien

D’obtenir cet écrit :

Je regarde en tes yeux couler

L’eau de ton cœur,

Transparent ruisseau,

Dont le soleil illumine le fond.

Comme on y sera bien,

La passion de l’été s’y étant apaisée

Sous les fraîches eaux pures

De ton amour !

14


Le coursier

Coursier fier, galopant

Ta chevelure d’or clair

Et tu sonnes la fière bande

De ton allure, vainqueur

Agile, tu embrasses l’étendue

Ta forme et ta couleur

Prennent de la hauteur

Sur tes reins une femme est nue

Ho ! Les rêves construits par le

Désir, le soupir et l’espoir

Pour le pur exil des Dieux

Te nourrissant de myrrhe invisible

Tu galvanises le vertige beau

Par ton puissant rêve mystérieux

15


Le porte-parole ensanglanté

De tous côtés les flèches

Invisibles s’enfoncent dans la chair

Et le poète hurle le sang

Et son poison. L’air emporte

Le silence - la portée du cri,

La transmission de la souffrance,

Tout semble se cogner contre

Les voûtes invincibles du ciel.

Que d’abominables hurlements,

Porte-parole des frissons et des larmes

Du tas d’avachis d’humains !

Auront-ils quelque miséricorde

Tous ceux qui nous accordent

La vie comme supplice ?

16


Le moi dédoublé

Je compterai mes roses

Et je boirai mon sang ;

Le baume détestable

Emplira ma panse de

Poète trahi ; je brûlerai

Mon jardin d’enfance,

Je dilapiderai mes baisers

Et m’enfuirai dans une solitude

Désespérante. Quitter, aller,

S’envoler avec personne,

Oui ce moi dédoublé qui

Toujours me comprend,

Nous deux ensemble sans elle

Sans qui ? Ô luxe de l’ego !

17


Délices insoupçonnées

Délices insoupçonnées

Légères comme des songes d’enfance

Accompagnées d’envolées lyriques,

La chair s’envole pour son plaisir …

Harmonie musicienne

D’où s’exhale quelque fraîcheur,

La chair s’enivre d’un parfum.

Ô soleil d’écriture,

Veuille obtenir un effet

D’ombre mélodieuse !

Lyre antique, sois essence

Lumineuse vers les cimes

Cristallines et les airs sibyllins !

18


Immense feu intense

Immense feu intense

Qu’enflamme ma vue

Constamment, et m’interdis

D’y voir, jamais tu ne

T’évanouis ! Moi qui cherche

L’envol clair des caresses,

La perte des sens, la brise

Aérienne de la femme amoureuse,

Qui prétends à l’appel musicien,

Qui me flétris dans l’irréel,

Oui, l’âme se meurt doucement

Doucement, en couronnes d’orgasmes

Pour l’infini des choses

À capter nuitamment.

19


L’impossible

Un front comme un vaste ciel,

Projection pensée des parois nocturnes,

Plénitudes au plus profond du moi,

Royaume infini cherchant l’harmonie

Avec sens et battements d’ailes

Comme un peuple de cygnes blancs

Pour s’élever vers un idéal supérieur.

Atteindre le faîte de soi-même

Pour épouser la vérité immortelle

Dans le savoir parfait des Dieux !

Et voilà la folie qui tout à coup

S’empare de ma personne ! Voilà

L’insensé dans l’audace prétentieuse

Pleurant encore sur sa nature stupide …

20


Éloignée

Éloignée, en soi-même

Au moment de la toucher

À l’infini vers moi,

Pourtant tu disparais

Ma bouche cherche un songe

Afin d’y fixer l’oubli ;

Les ombres que tu vois

Chancellent librement dans mon âme.

Je t’offre l’incendie

Nourri de braises claires,

D’idéal purifié

Seuls ou encore à deux

Soleil et lune sexuels,

L’énergie harmonieuse.

21


Autres limbes

J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,

Où la confusion cotonneuse rend informe

Tous les objets de la veille. Je glissais

Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie

Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte

De transe imaginative offerte à la raison

Toutefois.

Des élans de pensées jaillissaient çà et là,

Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.

C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit

Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent

Par recomposition et mémoire activée des souvenirs

D’autrefois.

Puis j’entendis douloureusement la voix

Suave du Christ qui m’invitait à le suivre

Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.

22


Bilan

Voilà déjà cinq cents sonnets qui ont été écrits

Parfois de manière satisfaite, parfois avec

Une stylistique douteuse. De nombreux thèmes

Ont pu être abordés, l’amour, la chair, la religion,

Les contradictions de l’âme, les espoirs et les déceptions.

Mallarmé, Rimbaud, Baudelaire, Du Bellay,

Et plus récemment Deguy, Roubaud, Jiménez

Quelques autres encore - que j’ai oubliés, ont participé

Directement ou indirectement à cette vaste production.

Je les en remercie, sans eux ces textes eurent été

Plus faibles encore.

Je suis toujours en selle,

Et j’espère que les années à venir m’offriront la

Possibilité d’obtenir des produits supérieurs,

De qualité élevée, - on peut rêver, n’est-ce pas ?

23


Restitution

Offre à ta certitude lassée

Quelque riche excédent d’autrefois

Fané peut-être, bouquet dans une cage étroite,

Possibilité volubile non reconnue.

Prudent poète, producteur de feuillets

Qui amasses encore ce qui semble désuet,

Tu exécutes ton œuvre maudite,

Inutile et hors normes. Excite-toi,

Agis ! Pour qu’une vieille tourterelle

Se frotte contre ta panse éclatante

De rimes, de métaphores ou d’allégories ;

Pour que le roucoulement cérébral propose

Quelques jouissances à l’âme, au cœur,

À l’esprit - c’est ça : récupère et écris.

24


La compréhension du mystère

C’est le souffle indistinct de la Mort haletante,

Ce sont des frissons de velours feutrés qui soupirent,

C’est le glissement hésitant de l’aveugle qui marche,

Des respirations douceâtres enveloppent ma chair.

Je sens des mouvements me ceindre d’air glacial,

J’écoute attentif pour comprendre ce mystère,

J’offre une oreille tendue, - je veux interpréter

Ces étonnants messages venus de l’au-delà.

Suis-je un intermédiaire ? Car je crois imiter

Cet étonnant mystère de médium dérouté,

Il faut pouvoir comprendre, savoir séparer

L’imaginaire pur d’un possible inconnu,

Se trouver dans le vrai avec la raison et les sens :

Objectivité et audace ? Oui, audace maîtrisée.

25


Incolore

Incolore, bleu pâle dans l’âme

Avec élans jaillissant clairs,

La voûte cérébrale s’illuminait parfois

Ce soir, c’est un Néant intérieur.

Je suppose dans l’ombre des audaces accessibles,

J’avance chancelant sur des houles imaginaires,

Je perçois le crissement d’un cristal parfait,

Choses étonnantes difficiles à saisir,

À rendre par l’image en si peu de temps.

Il n’est pas question de se souvenir,

Il faut percevoir ou comprendre la nouveauté,

La création étant trop pompeuse. Ainsi il

S’élève logiquement pour des strates indéfinies

Construisant encore contre cette voûte cérébrale.

26


Le diadème d’or

Repenser avec la mémoire dérivée,

Prétendre avec la conscience de l’instant,

Doubler ou tripler le sens des choses,

C’est encore malaxer autrement la matière.

J’entrevois la limite de la résistance, de la

Fatigue, de l’inaptitude à aller outre

Par une sorte d’impuissance cérébrale,

De blocage de don - limite d’homme.

Il faut pourtant constamment se projeter

Dans son espace intérieur et prétendre encore

À la possible plénitude de l’être,

Développer sa propre présence dans des

Méandres insoupçonnés, descendre encore

Au plus lointain, pour en extraire le diadème d’or.

27


L’architecture imaginaire

Les houles encore là-bas

roulis qui sans cesse ressassent

Pour recommencer encore

le mouvement éternel des flux

Et cet écho perturbateur perdu

dans le sel des choses

Comme un prolongement de la pensée

désire transmettre sa substance

C’est encore une sorte de tracé sonore

avec pureté de cristal et tempêtes

au rythme de l’amertume et de l’oubli

Dans le fracas incessant de la rime,

l’espace se déploie en lignes d’écriture

et semble construire une architecture imaginaire

28


Ainsi lové

Ainsi lové en soi-même avec son profond silence,

Balancé sur un rêve qui agite l’insouciance

Mollement, tendrement, ainsi ; baigné dans

La pénombre, chaudement protégé comme un

Petit mammifère brun qui hiberne nuitamment ;

Activant une mémoire confuse, vaguement claire,

Je plonge lentement dans l’oubli Éternel.

29


Oubliez-moi !

Voici mon heure, et le poème stupide s’offre

à la raison,

voix implorant l’aide des Dieux

voix suppliant la voûte céleste d’entendre

une humble supplique

Dieu est-il sourd ?

Voici ma voix projetée vers l’avenir,

ma voix cherchant un chemin parmi les ruines

de syllabes

inutile dans le méandre des milliards de prières

quotidiennes

Oubliez-moi ! Effacez-moi d’un simple

rejet sans estime ! Projetez-moi dans le Néant

puisque mon existence est un événement insignifiant

dans l’intemporel ou l’éternité de l’Univers

30


Lumière

Lumière, resplendis en moi !

Mes yeux sont une torche vivante.

Le foyer de la raison

Constamment veut s’éclairer.

Au-dedans, le bel intérieur

Construit avec des mots de saveur

Et de haine au nom de la poésie.

Derrière le mur, l’ombre.

La tentative, la volonté

D’ajouter, de mieux faire

Et cette clarté en trompe-l’œil :

Lutte qui oppose lune et soleil,

Élévation et néant, éclat

Et noirceur, espoir et misère.

31


L’ami, le frère

Des têtes très éloignées

de ton idéal d’écriture,

qui pensent autrement

Une telle richesse

et de telles divergences !

On peut te détester ! …,

t’évincer pour des futilités

… Et tu seras bien seul,

refuser par l’ensemble

Ignoré par l’élite

Tel un pauvre poète oublié

rasant ses tristes murs du canal

Et croisant peut-être la silhouette

chancelante d’un Verlaine aimé

32


Le public

Rejeter l’aptitude poétique

Comme médiocrité vomie

Par un pédéraste éphèbe

Passion fragile d’homosexualité cérébrale

Le stupide producteur d’images creuses

Ridicule inconnu qui persiste,

Prend des grands airs

S’imagine - un nain réel

Vous êtes à contretemps, à contre usage,

Comment osez-vous appeler ça de l’art ?

Ne m’intéresse pas, tirez-vous, allez ailleurs.

Autre chose à faire avec mon temps

Et mon argent de réelles conneries, oui.

Finissez dans le Néant la vie, c’est autre chose.

33


Toute volonté

Toute volonté d’écrire,

Est un emploi dérivé d’autrui.

L’idée de la pensée

Se transforme indéfiniment.

En croisant les pensées,

Les fragments de pensées,

L’on parviendra peut-être

À produire de nouvelles idées.

Nous cherchons à ajouter,

À ajouter sur soi et sur autrui

Dans la certitude infinie

Que le peu sur le peu encore produit.

Est-ce progrès de civilisé

Que de vouloir s’élever ?

34


L’invasion de mots

Une invasion de mots

Comme des cavaliers blancs

Recouvrant l’espace

Inondant la voûte poétique :

La cervelle est encerclée

De syllabes, de chocs de mots

De paroles, de conflits de syntaxes.

Pour écraser le silence

Dans des batailles tumultueuses

Des hordes pénètrent en lui.

De cette violence aberrante

De résistance et de furies

Explose en gerbes multicolores

Le poème inconnu qui vient de naître.

35


À E. Jabès

Avec toi, je produis l’écho mauvais. La volonté transmise.

La bonne brise légère, en cette heure. Avec toi, j’essaie le don

du poème.

Avec toi, en vigueur et l’audace. Je revois les vérités

premières de l’adolescence. Je pense à Phrases de Rimbaud.

Avec toi, l’écriture saine d’images fixes.

À Moi

Traumatisé dans ton estime. Te supposant, te croyant

autre, supérieur peut-être. Méprisant l’art du vers.

Le nombre fixe que tu déplaces à la dérive, à la dérive.

Les yeux détestent avant que le poème soit achevé.

Encore tu étales. Le jeu des énigmes furtives. Mauvaises

combinaisons. Alphabet vulgaire. La bouche crache la phrase

comme un vomissement hideux.

Je t’offre mon fruit, mes décombres, la faiblesse de la

raison. La médiocrité de l’âme

36


*

Dans et autour du miroir

qui tourbillonne en rotation à 360°

infini continu de mouvement perpétuel

pénétrer le miroir et changer

d’espace

de temps

de vitesse

Catalyseur. Le prétendre. Essayer. Cocteau.

37


Les mots

Les mots se sont accrochés

Puis se sont effacés de

Ma voix silencieuse.

La mémoire s’est nourrie de son

Sommeil, la pensée

Consumée dans l’inutile

S’éteint misérablement.

La médiocrité est illimitée

Dans le Néant des images.

Le temps aura trop fait

De vite m’engloutir.

L’éternité écrase l’insignifiant

Et le fait disparaître

Dans le trou noir du vide

38


Je m’éloigne

Je m’éloigne je m’enfuis

Autre race autrement

J’ai pour espoir le Néant

La palme, la victoire

L’arc-en-ciel désuet

Je l’offre aux littéraires

Les voix discordantes

M’appellent pour l’abîme

J’entends je me prépare

Les échecs, les pertes

La nuit éternelle enflammée

Et cette certitude d’inutilité

De spirales envoûtantes, enivrantes

Et de déchets immortels

39


I

On sait qu’elle est inutile,

désuète

dépassée

On sait que l’image est splendide

numérisée

avec un son digital

C’est le progrès sur le progrès

Et l’outil poétique s’avère obsolète

fini

achevé

Alors ?

Reviendra-t-elle, la poésie ?

cette poésie de l’écrit ?

Pour qui ? Pourquoi ?

De valeur unitaire, pour le poète seul

qui s’auto-congratule,

qui se gargarise de sa propre substance

40


Elle n’est plus à prononcer

Elle est à oublier

Elle se meut doucement

comme un artisanat du temps jadis.

II

La parole écrite prouve la distance

ce qui sépare l’obscurité

de la pleine lumière

l’opacité

de la transparence.

Mon ombre, mes ombres

le retour dans le Néant

dans mon Néant

pour moi uniquement

41


III

Plus jamais elle ne reviendra

dans l’ombre dans l’éclatante beauté plus jamais

Dans l’interdit

Sans la passion

Offerte au vide

non plus jamais

Elle n’est plus à exprimer

ni à prononcer

ni à resonger

Elle disparaît, comparaison furtive,

dans la filante de l’imaginaire clair

42


IV

La parole si faible

La parole

pour percevoir

pour offrir l’émotion

la sensibilité

La parole, transmetteur d’énergie

de vibrations

Fébrile et tremblante

Est-ce le réel moyen

pour fabriquer des images ?

43


V

De par le prononcer,

le rejeter en soi

à cacher comme un fœtus inutile

La honte que je porte

ce nom que nul ne veut entendre

VI

Pour que se construise en moi

une sorte d’extase impossible poétique

Les chants de l’intérieur

Les vêpres de l’âme

Jusqu’à la finalité du silence

À toi - l’autre - à toi - à Moi.

44


VII

Être

c’est prétendre vivre à l’intérieur du Moi

Que peut l’Autre pour Moi ?

dans mon étendue cérébrale ?

pour ma construction interne ?

Les murs. Grand nombre de portes,

Ouvrir pour l’infini inutile,

Élaborer sur des assises incertaines.

45


I

Tant de poèmes écrits

Dans l’inutile de soi-même

Cherchant toujours une pos

Sibilité avec les mots offerts.

Nul caprice, Nulle folie

d’aventure, mais un système assez

Rigide d’obéissance et d’appartenance.

Une réelle méthode d’investi-

gation personnelle avec logique,

Raison, imitation, production.

N’ai-je fait que de perdre

Mon temps toujours à prétendre

Au songe illusoire, éclairant

Vainement l’obscur désir poétique ?

46


II

Fluide l’existence, si claire

Et cette ligne infinie sous

Prétexte d’écriture qui me fuit

Et va de toi à Moi. Telle est.

Ce prétexte de produire, pour atteindre.

Rien qui aille ! et l’on poursuit.

Présence - miroir - papier blanc.

Scruter pour la pénétration interne

En vain, triste habitude morne

D’échéance inutile, soi !

Je m’égare dans la faiblesse

Poétique tâchant d’extraire encore

Des solutions dérisoires et crétines

Invoquant une présence sublime.

47


Mon écriture ?

Mon écriture ?

Mais elle est insignifiante.

Ma poésie ?

Un tas d’immondices,

De honte et de médiocrité.

L’espoir est dans l’oubli.

Dis-moi, dis-moi, la Mort

À quelle heure faut-il partir ?

Dis-moi, dis-moi, la Vie

À quoi peut bien servir

D’avoir écrit ?

48


Gainée de soie

Gainée de soie sensuelle

Elle pense que la chair

Est un orgasme à satisfaire,

Que l’homme est un pénis

En érection

Elle pense que le désir, le soupir

Disparaissent dans des cris

Et se nourrissent

De nombreux espoirs

Que l’aube régénère son corps

Malgré l’effort et l’abandon

Nourrie de fantasmes,

Voilée de soie noire

Dans ses folies illusoires

Elle se fait prendre et reprendre

Attacher et suspendre

Dans l’agonie des soirs

49


Gainée, vêtue, fouettée et foutue

Des lianes noires

Traversent sa mémoire

Douleurs - douceurs

Spasmes et caviar

Des flammes rouges lèchent sa croupe

Incendiaire

Font bondir son sang dans ses veines

Bleues

Elle se tord, soupire, supplie, implore

Et reçoit par-devant, par-derrière

Le feu éternel de la passion

Elle aime, pleure, quémande,

Les yeux remplis de reconnaissance

Pour une nouvelle naissance

Immense cri

Qui déchire le ciel

Gainée de soie sensuelle

50


Construction architecturée

Construction architecturée sur un socle structuré

Vaste bâtisse équilibrée et harmonieuse

Je t’observe au parfait du Midi !

Ta pensée est mûre, tes tours édifiées.

O monument d’éternité,

Quelle beauté de rigueur tu formes !

Élaborée par des siècles d’apprentissage,

Et d’imitation, ta façon

Semble régner dans la quiétude.

Hautaine et debout, crains gloire

De briques, fragile géant, crains

Qu’un Dieu invisible et superbe, rageur

Destructeur ne vienne ridiculiser ton orgueil

Et te réduise à un tas d’immondes poussières.

51


Attendre la mort

Si je déteste une chose, c’est bien de vivre

C’est de subir ce corps détestable,

Usine inutile à produire

De la matière fécale.

J’attends que le temps passe,

Que la Mort - la vraie -

Vienne abolir mon souffle insignifiant.

J’espère m’endormir à tout jamais

Dans la sombre ténèbre.

Ai-je aimé la nature ? Parfois.

La femme ? Certainement idéale et pure,

Splendide et belle !

J’ai constamment désiré sortir,

Sortir hors de ma chair

Pour enfin connaître la vérité

De l’au-delà, de l’après-vie.

52


Je voulais en cesser avec cette prison

De souffrance infinie

Et de jouissance dérisoire.

Il me faudra pourtant attendre,

Mon sens de bon-chrétien

M’interdit de devancer l’appel.

53


Avec du vent

Avec du vent et la parole vive

Avec du vent soufflée

halée

Écume de lettres blanches

pour laver la noire réalité

Encore seul

m’ensevelir

me remplir de papier

de la bouche aux oreilles

Écrire

puis le mot - évocateur

vibrant

ensoleillé

c’est un feu de plumes

une allégorie d’extase

une folie mesurée

Ta manière te semble triste ?

54


Que pouvais-tu espérer ?

Avec du vent et de la parole vive,

qu’obtient-on réellement ?

55


L’idée de progrès

Favorisant la création artistique, intellectuelle,

scientifique, technologique.

Des lieux où la compréhension commune permettrait

d’ajouter, d’inventer, d’oser supposer.

Il est vrai que la raison économique impose une rentabilité

de l’audace et du risque. Ceci doit déboucher immédiatement

sur quelque chose de concret, et non pas profiter au monde,

mais aux investisseurs et aux actionnaires.

Faut-il créer ou produire ? CAD satisfaire un besoin sans

spéculation désintéressée ? Qu’en est-il de la physique

expérimentale ou du petit chercheur au fond de son garage se

préparant pour le concours Lépine ?

Faire avancer le travail, la civilisation, l’existence de

l’homme en vérité, c’est pourquoi il est nécessaire de créer des

structures satisfaisantes.

En vérité, je lis Lois créatrices de Walt Whitman, poète

56


américain du XIXe siècle, je songe également à la notion de

progrès proposée par Victor Hugo. C’est pourquoi ce fragment

m’est venu à l’esprit.

57


Entre

Entre. Approche. N’aie nulle crainte. Elle signifie la

médiocrité, le rejet, l’inutilité. Mais parfois les humains se

nourrissent d’insignifiance. Voilà, rejette. Ce sont pourtant des

substances délétères, difficiles à capter, des frôlements de

jouissances cérébrales, pourquoi pas ? C’est une femme

insaisissable qui s’évanouit quand on prétend l’avoir capturée.

Approche encore. Sur son sein palpitant, tu te nourriras

d’ivresse. Elle offre ses baisers. Tout est dans l’interprétation.

Chacun la désire ou la voit à sa guise.

Elle est visitable écrit Sarrion, mais il songe à Ornella

Mutti, quand je pense à la poésie, difficile d’accès, certes mais

possible. Peut-elle prétendre rivaliser avec l’image animée

quand elle est image à concevoir, à produire, à faire ? Elle

nécessite effort de l’intelligence, et tel est son malheur.

58


Un mouvement elliptique

Un mouvement elliptique de retour

De toi à moi dans l’âme

À la vitesse de l’énergie mentale

Particules de lumière qui irradient

L’intérieur de la raison

Moi, sur mon promontoire

Considérant ce tour de force

Ce mouvement de flux clair et spatial

Il ne faut pas la craindre, il faut l’aimer, car elle offre de

merveilleuses délices à qui veut l’embrasser ou la saisir. J’en ai

fait une femme délétère, ma compagne du plaisir mais il s’agit

d’effets subtils de la raison, et l’on se rit de moi. J’aime

l’opacité dont elle s’entoure. Son mystère n’en est que plus

grand.

59


Tout est écrit

Tout est écrit

Comment ça ? Comment ça ?

Il faut encore produire ?

La rime usée,

Les combinaisons-pertes à oublier.

Il reste un poète passable,

Inconnu, à enterrer.

Prends cette feuille de papier

Trouve un cadre

Et glose-toi de ton génie

Quand, en passant,

Tu admireras ton œuvre !

60


I

Production et inspiration, c’est un devoir !

Obtention de résultats satisfaisants,

c’est une nécessité !

Constamment cette sorte d’élan mental

Et cette volonté d’ajouter,

de construire sur soi.

Nul répit, nulle paix

La haine, la transformation,

l’évolution - croissance ! …

Bondis dans ta cervelle,

Exige de ta raison plus grande audace !

Que la qualité soit !

61


II

Faudra-t-il concevoir autrement ? Se former autrement ?

Changer sa façon de penser devrait permettre d’accéder à

d’autres possibilités créatives et artistiques. Etre soi, rester soi

mais sentir une sorte de donne différente qui suggère des

fragments ou des produits intellectuels nouveaux.

Quel remarquable intérêt à pouvoir déplacer son aptitude à

concevoir ! Il n’est pas question de s’estimer, de se prévaloir

ou de tirer encore quelconque gloriole d’un résultat obtenu.

Cela ne doit pas relever d’une satisfaction unique et

personnelle, mais bénéficier à l’ensemble et au commun.

62


III

Je pensais réellement qu’il était quasiment impossible de

relever le défi de la science ; que les possibilités offertes par la

Poésie se situaient fort en dessous de ce qu’il était permis

d’espérer dans les domaines scientifiques et techniques.

Je ne voyais plus guère de solutions, et cette sorte de fuite

dans le complexe, dans l’illisible, me paraissait une preuve

d’incapacité à redéfinir avec satisfaction ce produit littéraire.

IV

J’arpente donc un intérieur, angoissé, inquiet.

Mes cris déchirent une voûte cérébrale.

Mes hurlements de désespéré pour cette cause perdue,

impossible.

Je cherche le mieux, le autrement, le rajout, le plus sur

l’ancien. Est-ce concevable ?

63


V

Élève-toi, mon âme et essaie de comprendre. Tant de

choses t’échappent ! Tu n’es qu’une toute petite cervelle

nécessitant l’apprentissage et le savoir !

Orgueilleuse la poésie ! qui siffle et persifle devant sa

sœur studieuse la science. Arpèges légers qui s’évadent et

s’envolent. Formes brumeuses qui prétendent solidifier le

poème. Cascades de fantômes phonétiques accentués aux

rythmes de toutes les langues ! Et pour qui ces danses

voltigeantes, ces profonds torrents d’amertume et de rires ?

Nul écho dans le lointain. Tumultueux poèmes qui prétendez

dompter l’alphabet infini avec vos génies et vos géants, moi

terré dans ma chambre, j’idéalise encore vos possibilités de

rêve.

64


La quincaillerie insignifiante

Féconde panse aux enfants multiples

Te voilà débordante de cris et de joies !

Peux-tu te prévaloir de la nature

De tes rejetons ? Cette opulence généreuse

Est-elle sœur de la qualité et de la profondeur ?

Qu’en est-il du contenu de ta matrice ?

Te voilà, baignant et baignant encore

Dans les eaux de ton abondance.

Ô Maîtresse de tes propres crues

Sont-ce de précieuses cargaisons

Que tu transportes là ?

Offre donc tous tes trésors brillants et brillants

Qui provoquent le rire des flibustiers

N’y voyant que de la quincaillerie insignifiante !

65


Les frères

Mon but, obtenir un résultat poétique satisfaisant,

Prétendre connaître ma possibilité cérébrale,

Désirer atteindre une sorte de maximisation du Moi.

Tout en utilisant l’image ou le support,

L’aide de l’Autre - l’Autre, c’est-à-dire

Le grand frère, le poète, le littéraire

Qui a vu, a produit, pensé des lignes, des pages

Et des recueils nouveaux et différents.

Car je ne suis qu’un médiocre imitateur,

Ne possédant nulle capacité de créativité,

D’invention ou de sublimation inconnue.

Je quantifie mes faiblesses,

Je dois ingurgiter vos œuvres copieuses

Et si je parviens à être ce que je suis

Je le devrais également à votre travail

Et à votre compétence.

66


Les hypothèses chimériques

La seule possibilité

relever le défi de la Science

parvenir à défaire son complexe,

lui offrir d’autres problèmes,

d’autres méthodes,

d’autres principes d’investigation.

DEVENIR UTILES ! ! !

Apporter sa contribution.

À savoir si l’homme de raison exploitera les hypothèses

chimériques des poètes.

Pour prétendre offrir à ce haut rang, il faut tout d’abord

que l’esprit ait atteint une sorte d’élixir. Mais comment

préparer son intelligence et lui permettre d’accéder à des

sommets qu’elle est incapable de supposer ?

67


Avancée

Progressant en poème forcé sans hasard, du moins en

essayant de l’abolir ou de ne lui offrir qu’une partir

insignifiante,

l’itinéraire imagé semble peut convainquant à l’esprit qui

avance dans cette cohorte épaisse.

La pensée conseille, suppose et considère les importantes

pertes subies depuis déjà vingt ans.

Des lueurs intermittentes éclairent faiblement un horizon

tumultueux. Nul lieu de repos, nulle clairière, nulle limite

même provisoire.

Au loin, oui, des ombres légères à peine identifiables.

S’esquissent faiblement des possibilités d’êtres, des formes

nuageuses.

68


La vieille femme

Tout a suffisamment été écrit.

Que peut-on rajouter ? Une sensibilité nouvelle, encore

inconnue ?

Continue ! - Continue !

L’alphabet usé, l’analogie ringarde.

Tout semble désormais connu.

Comment cette vieille femme à la matrice usée

parviendra-t-elle à faire des enfants vigoureux ?

69


Des espaces, des lieux

Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos,

Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles

À délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches

Ce qui les sépare - ce qui les convertit.

Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels.

Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement

Des moments de l’activité humaine ?

L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant

Et relevant les images floues, s’octroyant

Un rôle de maître absolu cherchant et décidant.

Le propriétaire de Soi.

Le retrait de l’Être. La mise en hibernation,

Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle,

Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?

70


La révélation mystique

La révélation mystique abolit-elle l’utilité

De l’action philosophique ? L’illuminé, l’éclairé

Est-il entré dans une phase terminale humaine ?

Le mystique sait Dieu mais il n’en connaît pas son

Fondement, ses origines ou sa finalité.

Où Dieu met-il les limites et les suffisances de l’homme ?

Dans quel schéma évolutif prétend-il à une quelconque

Satisfaction ? Quel est le trajet de la pensée ?

Méditations sur le mouvement de l’esprit dans

La volonté du progrès, et recherches de puissance,

De plus, d’ajouts pour comprendre mieux, pour

Savoir autrement, pour tendre vers une forme délévation,

- n’est pas une vérité commune

À tous les êtres ?

71


Les gardiennes de l’Oeuvre

Creusées, plongées jusqu’au tréfonds.

Chancelantes, avec béquilles,

contre un mur invisible.

Elles attendent, attendent,

Ces gardiennes de l’œuvre

L’espoir du digital,

L’avenir du numérique.

72


Triste mélange

J’ignore réellement qui je serai

Laisse-moi, ne me lis pas.

Le bouillonnement intellectuel

Les lancées intérieures telles des flammèches

À la recherche du bon feu

Tes faiblesses de style, ton impuissance

Ton incapacité à tout dire,

Ton manque de subtilité, de finesse,

D’audace. Ta fragmentation incohérente

Alanguie la rose et bijoux bleus

Percée claire dans baie étrange

Le murmure de tes lèvres

La proximité de ton incohérence

Je ne sais ce qu’il faut extraire

Oublie-moi dans cette baveuse déception

73


Faiseur

Faiseur d’utilités - de poèmes - pourquoi pas ?

S’appliquer à la tâche servile

Renaître chaque jour d’une production

Défectueuse pour en tirer une autre,

Plus défectueuse encore

Aller dans la faiblesse, s’enliser.

Constamment se redéfinir,

S’essayer en soi en quelque sorte

Avec du matériel délétère

dérisoire

Mais comment offrir quelque chose de supérieur ?

Dans quel miroir ?

Avec quelle analyse ?

74


Inutile, peut-être

Extrais, arrache, extirpe encore

Faiblesse de ton cri

Faiblesse de ton œuvre

Oui, de toutes ces choses mauvaises

Que conservera le poème ?

Des formes détestables

Qui dégoûtent tout lecteur.

L’indifférence, l’ennui, le rejet d’autrui

Et ta recherche

inutile peut-être.

75


Dictame :

Arrache, viens, vends

je ne sais plus comment arranger ce cortège

de sonorités !

pour ton existence balancement

échappe au mouvement contradictoire de l’écrit

construis ton ectoplasme

l’incohérence de Deguy

l’ici, l’ailleurs

ses sauts, ses équerres, ses moutons

L’impossibilité poétique

comment ajouter sur la science ?

Jactance

76


Dans l’éclatement

Dans l’éclatement, la mobilité sinistre

Les sexes qui pensent

Les oiseaux qui parlent

Les nuages qui peignent des poèmes

Dans les rues, des hippopotames

à la croix gammée

des rhinocéros

C’est la face d’un monde rectangulaire

L’apparition constante dans l’effacement

Une heure, une nuit, un éternel, micron temporel

77


L’homo desertus

(l’homme du désert)

Waldlichtung, la clairière en forêt ; je

Lui préfère le désert en soi - le vide - l’espace

Infini, sans. C’est libre, c’est ouvert, c’est visible.

C’est le rien. Avancer ou construire ? Avec quel

Matériel ? C’est en marchant que l’on rencontre d’autres

Paysages. Il faut donc accomplir de l’action.

Les horizons du temps et la taille de l’espace,

Ces dimensions universelles y sont également représentées.

L’intensité de la lumière est fonction de la lucidité

De l’œil. Prétendre constituer ou reconstituer

Du vrai en marchant. Degré de subjectivité

De la conscience ?

Pensée intuitive, pensée

Spéculative - réside déjà la possibilité

De choisir le mode d’actions - ébauche de liberté.

78


Nuancier de faux

La certitude du faux ; la certitude de son savoir ;

Avec ses faiblesses, ses preuves - ses à-exclure ; à

Mettre au-retrait. Dans l’ombre, dans le fermé.

Constamment vérifié son non-fondement ; sa présence,

À rejeter.

Peut-on offrir un degré dans les différents

― Faux ‖ ? Un faux puissant s’élimine, un faux léger

Peut servir, et participe après nettoyage à une avancée

Vers la vérité.

Les différents calculs de, de plus

En plus précis - tendre vers le vrai que l’on n’atteint

Jamais, toutefois.

Dans quelle mesure peut-on exclure

Tout doute ? Déterminer la non-présence comme telle ?

Mutations, évolutions de l’essence du Faux et de

La Vérité par l’accès au Savoir.

79


Déterminent les limites de la vérité.

Les limites de l’étant

80


Le retard dans l’esprit

Ta Vénus en fourrure

souviens-toi de la tentation

de la domination

de l’excès de jouissance

de la recherche maximisée du plaisir.

Et Sex Pistols était la solution

Puis Husserl, puis la pensée Post-Heideggérienne,

en vérité, tu cherchais

là-bas plus loin

avec ce séminaire de 82/83

consacré aux Équations aux dérivées partielles

hyperboliques et holomorphes

Tu étais encore en retard malgré

Gisants de Deguy

ton Boulez et confrères.

Enfin, tu cherchais …

81


J’étais donc invisible

J’étais donc invisible, hors présence,

Caché - dedans. Était-ce un tort ? Les

autres ne s’intéressaient guère à ma possibilité.

Je disparaissais de leur présence. C’était le retrait

en plein soleil.

Une sorte d’apparition inutile,

Je m’effaçais cyniquement - la réclusion.

Je devenais sauvage et solitaire.

C’est cela : travailler en soi-même,

à la recherche d’un soleil total,

Lumière pour le confort du cerveau.

Il fallait reconnaître que l’autre était peu,

Médiocre contact en qui je doutais.

Qui lui-même méprisait, persiflait,

Alors que faire ?

Soi et soi - et agir à l’intérieur.

Retrait - se retirer. Pour le dedans

avec Forces-livres, - instruction et apprentissage.

82


Sans la mathématique

Sans la mathématique, où serions-nous ? Dans un espace

allégorique, dérisoire - château de cartes ? Château en Espagne

? Réfléchissant à quoi ? A l’idéal de mensonge, à

l’impossibilité non renouvelable ? Quelles seraient les

solutions de ces questions à énigme ?

Rien ne ressemblerait à rien, nulle convertibilité de

l’écriture en topologie, de raison en physique, d’hypothèses en

applications.

Il y aurait de l’inconnu, du faux-vrai, des élucubrations

cérébrales, du non-transmissible, du non-interprétable. Aucune

possibilité de retour sur soi. Il faudrait s’en référer à un Dieu

de la Bible, avec ses discutables interprétations.

Il n’y aurait que l’illusion, l’illusion d’attraper un homme

derrière un miroir, sans être capable de reconnaître un soimême.

Il n’y aurait que feindre.

83


Tranche d’après-midi

Le rapport de la mathématique à la physique

J’ai la théorie ergodique

et le théorème de Poincaré-Birkoff

Téléphoner à l’éditeur Hermann pour savoir ce qui est sorti

en 98/99.

Voir à Laboratoire sur le CD4 Universalis.

Dans l’oreille, le Out Of Control des Stones No Security –

le public.

Et du Ravel, du Bach, du Led Zeppelin

Devant mes yeux Gisants de Deguy

Il est 15 H 50, le 27 avril 99

Sur ma gauche, une TV espagnole au son coupé

J’ai rendez-vous à 17 H avec Bruno d’INFO MATIC pour

enregistrer des fragments via mon prochain cédérom.

Penser à appeler le peintre Nicaud pour lui proposer un

Site Web etc.

84


Profil-voir

Profil-voir d’un certain angle - telle face,

Tel angle et les deux associés ? La luma,

CAD la caméra 360°, le panorama tel qu’il est

Proposé dans les encyclopédies. Tout l’ensemble.

Encore d’en haut, d’en bas, dessous - dessus.

pensées.

Non pas un seul qui regarde, mais à plusieurs, associer les

Toi et non-moi. Je n’étais pas dans ma certitude.

J’extrais, produis, analyse de manière contradictoire.

Brassages de paradoxes,

La fuite pour les extrêmes,

Le retour au centre.

Je te fais délirer, tangages de la raison.

Tourbillons, tourbillons, prends de la vitesse,

Puis stabilise-toi,

En position dialectique.

85


Chanson lavabo

Lissez, oscillez

What can I do

What can I do

What can I do ? Do do what can I do ?

Sur les étendards

Restons débonnaires

Avec la fille de l’air

Bourrée d’églantines

Je suis le roi des survivants

Qui rime en peinant

En peignant pour qu’dalle

En peignant la girafe,

Grande fille africaine

Néomie Cambell

Je dors et tu souris

Derrière c’est l’gonze de la crise

Qui justifie

86


C’est la crise de l’orgasme

Qui éclabousse en jouissant

En peinant.

Lissez, oscillez

What can I do

What can I do

What can I do

Do do I do

Si cela suffit

Faire relire les écrits

À occire

Plus rien n’est compris

À l’agonie

On crie, on crie

Lissez, oscillez

Etc.

87


*

Réinsérer, réinventer, re-libre

À stratifications impures ; débranche, rebranche, active.

Quelques effets poétiques avec des personnages dits pontifes.

Série, poèmes stupides, agencements de mots douteux.

Entrefaites, entrelacs. Et pour quel délire ? Des onomatopées

incertaines, des candélabres décadents, des souffleries diverses

auréolées de nombreuses impuissances. C’est peut-être un

rapport énigmatique à l’allure incertaine, une volée d’oiseaux

criards se perdrait ici et là dans les méandres d’une mémoire

absolue. Et je te dis : persiste. Ce n’est pas une chose

incohérente, à la démarche grotesque. Il te faut réécrire le

scénario avec pas mal de blondes sensuelles, avec pas mal de

petits crétins qui t’offrent de l’écriture faiblement imitable.

88


*

Encore de-ci delà proche et absent

éloigné mais encore oui si proche

déployé largement ouvert sur le ciel délavé

Empourpré de fantasmes de langages décevants

d’expérimentations douteuses il prétend régner.

Quelle galéjade !

Avalant ses branchages

pendu contre ses excréments

suppliant la barbe blanche

Et toujours dans son délire phonétique

prétendant associer des mots

pour lui, pour personne

sonne

89


*

Avec la force intérieure pour se dégager du cercle,

d’autres cercles, les uns sur les autres,

infiniment dérivés.

90


Le rapport

Le rapport, l’effet pervers bizarrement obtenu, en fluidité

exquise, en mal d’extase, luminescence claire, situation et

pensée à décrypter sur les vagues générales de l’amertume.

Donc, toujours des effets poétiques sirupeux.

Revisiter le scénario, débilo-politico lyrique avec les effets

à réinventer, toujours par là dessous avec compréhensions

incertaines.

Est-ce clair ?

91


SUITES / RELANCES II

92


Paysages effilés, filants, fuyants

Dans le lointain

le mouvement circulaire

Les horizons bancals,

Les arbres nains

pour l'œil inventif

Le ciel est créateur de choses nouvelles

93


*

Déclinations fixations et vertiges

Fuites obscures dans un sexe sanglant

Dans un triangle de soupirs

nourri de gémissements

et de plaintes heureuse

haut lieu qui hante l'orgasme

l'expulsion sacrée

i veut y demeurer

pour une ébauche d'éternité

croyant sans doute que ses petits

éclatements de micro-jouissance

rendent la vie somptueuse

Que la luxure dans une chair rousse

idéalise le temporel pour le rendre invariant

94


*

J'entends des musiques criardes

agressives et tendues

fibres de chevelures prêtes à casser

de chevaux qui hennissent de plaisir

et des soupirs de jeunes filles en orgasmes

envolées dans les tourbillons du vent

Des concordances étonnantes

entre sécrétions mielleuses

de femmes gémissantes

et guitares électriques

toi, mon amour nue,

tendue à l'extrême

quémandant l'explosion impossible

95


*

L'exploit de l'écriture

la montagne de papier fascine, intrigue

abondance, luxuriance,

pléthore sans limite

De l'impossibilité à tout percevoir,

à tout comprendre

Est-ce analyse vraie ?

La discipline se déplace

se conçoit autrement

avec de l'inexpliqué, de l'âpre, du difficile ?

Constamment apprendre,

constamment reconsidérer la formation

Faut-il insister, s’acharner ?

Pour qui ? Pour quelle gloire ?

Ou quel désespoir ?

96


L'éternel arpenteur des structures à remplir

avec raison, avec science,

avec pénétration mathématique.

On se cherche dans des vides inexpliqués

On souffle sur de l'abîme

La sublimation salvatrice

nous éloigne de notre médiocrité quotidienne.

97


*

Je n'envisage plus- je n'extrapole plus- je subis

J'élabore, je suppute, je suppose, j'espère qu'une

Nouvelle syntaxe viendra là se déployer sous mes yeux.

Alors je travaille, j'agite cette piètre cervelle et

J'espère obtenir un exercice pour l'esprit. Car je suis bien

Las de ces résultats- des tendances inutiles,

Sans reflets. Ce vocabulaire combiné, transformé,

Déplacé, fusionné n'offre que de faibles solutions

Pour le critique foudroyant que je suis.

Arrêt. Départ.

Arrêt. Re-tentative- re-écrire, et puis quoi ? Non et non

La rumeur intérieure, les regrets, l'absence de génie. Les

Remords. Et nulle consolation. L'analyse de l’autre :

Ses vagues successives d'écriture fluide. Je m'obstine

Amèrement.

98


Dénué de sens et de mouvement, sans merveille,

Sans sel. Pas la moindre possibilité d'explosion

Immortelle. Une sorte d'espace de néants

Internes. Quelles flammes tressailliraient en moi ?

Spectrale, éclatée, insignifiante. Toujours le

Prétexte lui impose à jaillir. Comprendre

Cette brune délétère, cette substance claire

Dans l'espace de la mémoire. Horizon lointain, inconnu

À percevoir.

99


1

Nulle mort, nulle fin. Condamné à vivre, en compagnie de soi - soi

détestable. Subir la haine d'un autre en soi. Sorte d'incubation ou de pourriture

invisible.

2

Entretiens perturbés par le doute de la critique. Échanges de

mauvaises solutions, de procédés boiteux, communique méchamment mais

cherche à travailler avec l'autre - dialogue de lanceur et de combineur, réticences

cérébrales. Chacun se prétend l'avertisseur de l'autre.

3

Vrai, cela est certitude. Je ne puis commettre l'erreur, il s'agit d'un 2

+ 2. Il ne s'agit pas de se découvrir, il est de savoir.

Non, nul besoin de m'arracher à ma désacralisation poétique. Je

dois remodéliser

des systèmes existants.

100


*

Est-ce une liberté permise,

un déplacement continuel du vrai, du plausible,

de l'impensable, de l’essayé ?

La maîtrise sera pour plus tard.

Le problème est de pénétrer,

- la filante claire fuyant allant

comme une essence de perception fine,

fluide, allant...

Percevoir avec de l'audace et de manquant,

la construction s'opérera par la suite.

101


*

" Injecte-moi tes microbes,

fais couler ta salive dans ma bouche

Pour un Système d'Aide au Décisionnel

Interactif (SADI)",

supplie et quémande mon PC qui ne

craint aucun virus, et qui communique

sur le NET avec un autre PC aux États-Unis

102


*

Le poème - mâcher comme du bon vin -

un sonnet de Baudelaire

le buccal pour l'oreille et l'activation

de la mémoire - la fabrication d'images

le prononcé se satisfait avec du murmuré

103


Évanescence et périmètre

De si loin

pensées au plus profond

transmissions concevables

sans doute agitées par ma mémoire

lancées, montées, explosées

Là enfin

poussés par le souffle

Quelques mouvements dans nos rêves

des mots offerts

De moi-même, évanescence

incandescence

pour l'élaboration de l'œuvre

J'observe fixement l'exaltante envolée

des feuilles voltigeant

pensées englouties irréelles

surgissantes déplacées

104


J'y perçois quelque lumière...

Des groupes de mots, des familles, des appartenances

avec l'analogie, la symbolique etc.

Un mécanisme bien huilé, en vérité.

Voilà le périmètre insignifiant de mon esprit.

105


Syntaxes amoindries

Insufflées poussées

extases d'écrivain

Le non-probable, la certitude de l'échec

Associe tes coups mélange

avec ta substance amoindrie

pour tes quantités multiples

Il est nécessaire d'aller longtemps

puiser au fond de soi-même

106


Conquérant du dérisoire

La discipline se perd

la longue formation n'est guère utile

Tout pour soi, rien pour autrui

les efforts faciles, peu coûteux

Les grands conquérants du dérisoire

107


La tierce impossible

Martingales procédés potentiels

mais lance te dis-je

lance ta chance

Un peu de sel sur les paumes

prétends à l'état pur

travaille avec l'Esprit

Perles et roses, éclats ce matin même

c'est essentiellement un désespoir

borné dans du satin

Tu regretteras les jeux d'analyse, les

tentatives risquées, les audaces réalistes.

Ainsi de la poésie à l'Esprit, de l'Esprit au jeu,

du mouvement à la recherche et au travail.

C'est une immense dérive qu'ils prétendent inutiles.

À l'horizon, les yeux couchés

je mords tes lèvres de menteur

108


Rien dans la nature

rien sur la pièce

tout au divin

Qui pourra me suivre avec cette tierce impossible ?

*

La poésie vide à remplir,

blocage à débloquer

impossibilité à convertir

exclusion à gérer

109


Un autre je

Toi par l'énergie, le fantasme

Toi, élevée dans mes mains

Toi, la statue vivante

Moi, aimerai-je amant stimulant menteur

avec un autre je semblable au mien ?

La complicité des langues,

des bouches, des muqueuses

Mais la nudité évidente qui fraîchit,

la complicité des faces,

des variables de pensées ?

À contresens pourtant lié

suspendu à ton délire,

nous cherchons.

110


*

Non plus. Non pas. Ne peut ajouter. Doit se suffire. Ne

parviendra pas à dépasser la limite poétique des autres.

Mais comment. Y a-t-il un moyen, une possibilité toutefois ?

Cherche avec du sans, avec du non pas.

différemment.

Recycler autrement les lettres. Reconnaître les mots

*

Brassage mental de flou et de brouillard, - espèce de lucidité

obscure avec jets clairs d'images et de lancées dorées.

Fluide qui se démêle, s'enchevêtre, se confond, existe et meurt.

111


*

Nous agissons sans maîtrise

et prétendons produire une autre poésie.

*

Ni l'un ni l'autre

mais l'un dans l'autre

Le grand Un qui conserve ses idées

Il n'y a rien à s'échanger

Le partage d'un côté

Tu voulais deux,

il ne restera qu'Un

112


*

À dire ou à écrire

La ressemblance offre la continuité

Distinguer la chose de la chose

*

Tourner autour du saut

circuler contre les bords

113


La réserve de savoirs

L'insignifiant pour l'un

l'impossible pour l'autre

L'imagerie désuète

les miroirs perturbateurs de la poésie

aux prolongements incertains

N'existe pas, voué à l'oubli

La pensée sans nulle espérance

Y a-t-il une réserve réelle de savoirs ?

*

Je ne cesse de prétendre

doutant doutant encore

Ma croyance éternelle

en un être qui se perd

114


*

Redéfinir avec l'aide de la mathématique. Transfert-suppositionprolongement

actif- Que les équations offertes transmettent l'effet, le

résultat, la séquence à obtenir. Ce sont encore de nouvelles élaborations

avec les Raisons du Lieu.

de rejets – mais ?

Non pas un rapport énigmatique d'incompréhensions, d'exclusions

*

Dans le vide pour plonger

au bord de mon insignifiance

et pour surplomber mon deuil

Présence de nullité,

précision floue

L'errance claire

divague sur le raisonnement

115


I

J'ai dé-pensé me déplaçant

perforant ce mur d'incertitudes

cherchant le monde naissant derrière,

ou à côté

Une pénétration sans expérience

par ressemblance prolongée

exploitant, refusant l'autrefois

Oui, rendre possible un avenir inconnu

Comment rendre un autrement vraisemblable ?

II

Suppose-le si je puis dire

Il s'agit de transformer

d'offrir la chose nouvelle,

celle qui n'existe pas

116


Des propositions déboussolantes

pour s'épater ou se détester

Peux-tu concevoir différemment

cette approche,

dépoussiérer sans t’exclure ?

III

Définir de nouveaux verbes.

Toi, tu en es encore à symboliser exploitant les vieilleries rimbaldiennes et

mallarméennes. Peux-tu appeler cela du prolongement ?

Toujours tes entrelacs stupides, inutiles, illisibles.

117


*

Les chaînes de l'avancée

poursuivre le chemin balisé

enveloppé dans l'humeur folle d'un avenir

C'est encore un prolongement simple ou complexe

d'une vérité d'hier que l'on cherche à imposer

Marcher longtemps tenant ferme deux piquets

dans les mains scrutant des espaces clairs

longeant les lignes illimitées d'un avenir certain

Mais c'est encore à prouver !

Les blocs de chaque côté, les blocs

une sorte de Livingstone de la pensée

Tu connais l'origine, tu as une hypothèse

avance te dis-je, avance !

118


*

Ce soir plus laid encore

Tu t'approches planté dans ton ombre,

Avec la sueur amère de ton peuple

La quantité s'est liquéfiée

La décadence n'a plus de sens

Tu es belle, tu grandis, produis, ajoute, - toi

J'affirme dans ma main ton silence

*

Une flèche sans avenir

mais l'espace se construit avec des lancées

Tu connais des sons

tu habilles des vocables sans distinction

maladroitement

Des poussées en esprit

119


Nulle intelligence pour considérer

le nouvel espace offert

*

Planquer une pensée de troc

souffrir d'écrire

L'intensité âcre du fruit qui se délivre

gorgé et regorgeant d'idées

L'activité agaçante refuse de s'extraire

C'est encore une passivité nerveuse

pénible à supporter

*

Ton miroir, ne le dédouble pas.

Tu te plais dans l'ombre hypocrite de toi-même,

cherchant le nuancier des songes comme si la vérité

se reflétait dans la chose floue. Toi, te figurant.

120


*

L'arracher, l'extraire hors de la cervelle

La tirer, regarder dessous

Est-ce coffre vide ?

Pour l'un l'image, pour l'autre le mot

Les yeux ont raison de voir là-bas

L'oreille s'inquiète du mouvement du poème

121


*

Il n'y pas d'échange, il y a prélèvement,

Volonté de capter, d'extraire, de fusionner

Et de faire voltiger le sac de vocabulaire.

Je ne trouve rien en moi à offrir d'utile.

Je lutte misérablement contre l'ombre de moi-même.

Il prétend régner, il est sur un socle chimérique.

La réalité de ma médiocrité me harcèle.

JE ME HAI-ME subissant la passion

D'une fleur flamboyante. La volonté demeure.

Le ventre arrache encore quelques vieux hurlements,

Faiblesse lancinante qui crie stupidement.

J'accuse encore le vieux Narcisse au blanc miroir

Toi, toi, qui donc aimes-tu ? Honte écœurante

D'un édenté pourri, ridé se contemplant encore !

122


*

Nul esprit ne saurait animer le souffle, nulle pensée ne permettrait

d'aller outre. C'est l'asphyxie dans l'insignifiant, l'étouffement de l'action par

faiblesse de corps.

Un dernier élan pour un tourbillon d'ivresse ou de folie, d'extase

raisonnée, de ravissement

maîtrisé ?

Faut-il transformer, faire varier constamment l'être pour s'imposer

une sorte de nécessité

d'écriture ? Y a-t-il ordre des mots, ordre des images, ordre du langage ?

Savoir faire éclater cette tête, au-delà du raisonnable. Les pénétrants

battements internes rythment l'ivresse de l'écriture, expulsent du sang sacré,

décident du feu et de l'orgueil.

123


I

Le mot inlassablement dérivé

le mot

je ne sais

Il fixerait l'étrange interprétation

d'une variable imprécise

Le mot prétend à la chose

il s'organise avec l'autre mot

Voilà la ligne qui classe les désordres !

Seront-elles me suffire ces lignes

qui se rejettent elles-mêmes

pour toujours revenir ?

124


II

Le mot cherche se détermine

d'après autour de lui

Il flotte ici un parfum d'images

irréelles déplacées agressées par le temps

Le mouvement clair enflamme

s'étire emporté par le soleil

intérieur tout en fixant le vide

Je confonds le ciel cérébral

de mon espace imaginaire

avec une possibilité d'invention poétique

125


III

L’image et le mot

l'un avec l'autre

tout dépend de l'hémisphère cérébral !

Les yeux voient ce que l'esprit écrit

La pensée rôde, esquisse en mouvements le poème

Comment fixer le silence

dans le vertical de son vide invisible ?

126


Paysage d'en face

L'air arrache de vieilles feuilles à l'arbre malingre. Les yeux voient un

squelette d’homme édenté et courbé.

Que devient la matière revisitée par l'œil ? Le merle et la meule là-bas

rappellent la quête éternelle de Manet. Quelques brebis comme des tâches

blanches sur une herbe jaunie et brûlée par la violence d'un soleil.

Le jour écrase la campagne, la soumet à des forces de chaleurs

implacables. Le jour refuse de disparaître, il est plaqué et dure comme un

lutteur immobilisé par un adversaire.

Là-bas de l'autre côté, ce sont des vignes claires et chantantes nourries

de soleil, lourdes de fruits à naître, par-dessous.

Un pigeonnier du dix-septième fatigué, branlant, soutenu par des

bâtisses de consolidation. Une chemise rouge gesticule, - c'est le fils du

voisin.

L'horizon éclaté offre mille saveurs de parfums, de brises, de lumière

et de formes.

127


C'est une sorte de beauté désespérante, une fixation du réel qui donne

au temps un goût d'éternité.

128


*

Marcher sur ton corps avec deux doigts en

pensant à l'autre, la claire, l'idéale, la belle

transfigurée par la sublimation sexuelle ;

La langue suçant, léchant, la langue posée

sur ta chair conçue pour la prise, pour l'assaut,

pour la violence des caresses.

Le sexe comme des yeux scrutateurs pénètre

l'acidité profonde de la femme en détresse.

Tout glisse en toi, et ma pensée défigure

le sens de la passion, de l'insignifiance de l'acte

avec cette présence de chose éphémère.

129


*

Dans le ciel cloué le noir d'un nuage

La violence marquée au plus haut

Je vole sur l'aquarelle haineuse

J'invente un fantôme chargé de mensonges

Tout à coup ce roulis d'ivresse, ce souffle bas

Fort, accablant toute pensée.

J'associe avec

Rudesse, avec vigueur la ferveur de ce flot

D'écriture. Ce qui est caché, bien en dessous

Semble émerger, monter, jaillir tel un geyser d'eau

Lumineuse ou phosphorescente.

Mes paupières

Des lancées claires sur un brouillard sombre.

Est-ce de l'énergie mentale ? Une autre forme

D'activité intellectuelle qui façonne ou organise

Le poème à obtenir ? L'obtention est celle-là.

130


*

La nuit noire, mauve et bleue, le regard

Cherche en lui quelque quiétude aérienne.

L'invasion des nuages déplace la pensée,

La vitesse des traits et des images emporte

Les mots hors du champ de conscience, la lancée

Des possibilités poétiques chargées de musc,

De parfums, d'aigreurs se déploie en gerbes

Multicolores.

Il faut apaiser l'ardeur, calmer

L'élan fougueux du jeune homme qui inspire,

Certifier l'espace de sa transcendance interne,

Maîtriser cette ventilation en soi pour le hors soi.

Car la vitesse jette, déplace, mange, oublie

Parfois l'essentiel, parfois le pseudo-insignifiant

Qui est le nouveau vecteur ou le schème de conduite.

131


L'immense réservoir humain

Ne parlons pas d’Art - Ceci serait prétentieux,

Parlons d'écriture ou de poésie - Le cadre dans lequel

Se situe l'auteur est plus modeste...

S'installer, lancer

De l'énergie, combiner une sélection de mots d'a-

Près des critères de ?... (Trop long à expliquer

Sur un sonnet)

L'espace mental, l'action visuelle -

Quelles vérités scientifiques pour comprendre et analyser

Le geste de composer ? Informatique et Biologie

Pour supposer cette dimension cérébrale, cette possibilité

de sublimation humaine ! Le sixième continent,

Comprendre L'intelligence avec son intelligence,

Le cerveau avec son cerveau.

Temps, Moyens,

Travail en commun, synergie de la compréhension

Pour accéder à l'immense réservoir humain.

132


L'art et le trois fois insignifiant

L'art déplace le temps, l'immortalise

Reconsidère la mort. Il fixe le travail

De l'homme, il ressuscite ce qui a disparu,

Ce qui semble détruit peut ressurgir du Néant,

Cela est vrai pour tout vestige.

Cette ruine

Figure l'impérissable pour la raison qu'elle n'a plus

À périr - elle est ressuscitée de ses propres cendres,

Écrit Bernard Noël dans le poème Pompéi.

Il est le génie de l'homme comme le nid est

L'architecture de l'oiseau, le barrage la cons-

Truction du castor, la fourmilière la ville de

L'insecte.

Qu'est-ce que cela à comparer à l'orga-

Nisation de la nature divine, de l'immensité

Infinie de la création ? Le trois fois rien insignifiant.

133


L'image-mensonge et l'écran cinématographique

Des flammèches de mots lancées dans l'espace

Littéraire pour des oreilles et des muqueuses dévorantes ;

Des fluides lumineux comme des filles aériennes ;

Des vocables en projection explosant ou

S'accouplant pour une portée incomprise ; le son

Se charge de sens et embrasse le poème

Réactif.

L'espace se remplit et se vide d'un

Suc nourricier ou d'une sérénade grossière.

Le front est un monde et la porte est ouverte

Mais nul ne veut y entrer prétendant le spec-

Tacle inutile, éphémère, d'un dérisoire médiocre.

Faut-il produire des images-mensonges quand l'écran

Magique sublime le génie cinématographique ?

Qu'exige aujourd'hui réellement le public ?

134


L'agencement élaboré et la critique dérisoire

L'air se noie dans la terre épaisse, la matière

De l'esprit lourde de relents ingurgite encore

Quelques possibles nourritures ; l'on voit plantés

Ici et là de faibles arbrisseaux à la sève

Chantante - Quel avenir pour leurs fruits ? Ap-

Prendre à mâcher, à lentement saliver le suc

Rare pour en tirer la quintessence salvatrice de

L'âme. Contempler le pur soleil divin, tenter

D'atteindre sa beauté redoutable. Dans son

Horizon constellé de bleus phosphorescents et

Rouges, il espère encore quelque reconnaissance

Amère ou avide, mais reconnaissance toutefois

Car il offre au lecteur subtil l'agencement

Élaboré d'un poème que l'on prétend dérisoire.

135


Qui veut parier ?

L'élan, la volonté, le devoir pour contredire

L'immense pouvoir du temps, pour contrecarrer cette

Détestable destruction - essayer de rester

Inchangé face au Soleil, cette lente usure

De soi-même, cette dégénérescence, cette capacité

Cérébrale qui peu à peu, lentement se détruit,

Ho ! Certes de manière insidieuse mais constatée

Toutefois. La fuite vers un Néant s'il n'y a pas

De dieu, la cessation de soi, la plongée dans

Un cachot, sorte de finalité heureuse, peut-être !

Ou encore le sublime éblouissement, l'Autre Ciel,

L'avenir avec nouveaux principes, nouvelles lois,

Obéissance religieuse, système de perception,

Connaissance d'avenir, d'âme et d'esprit, pourquoi pas !

136


*

Le présent est en attente, il espère cette chose

Indéfinie, imperceptible. Il demande à violer

L'absence, il scrute des traces, il en suggère

D'autres. Il y a pénétration en moi d'écrits, d'humeurs,

De lueurs.

Les mots se passent de sens, mais ils pro-

Posent des possibilités d'idées, de lancées claires ou

Vides auréolées d'espoirs.

Moi et vous - Moi sans

Vous, c'est Moi - seul qui me comprends. Vous, c'est la

Transposition, la fabrication d'un processus différent

Qui engendre l'image, les mouvements, les

Couleurs, la violence, la passion.

Et nous voudrions

Encore rivaliser avec l'image offerte,

Pauvres séniles d'une autre époque que nous sommes,

Seulement capables d'être relus par nous-mêmes.

137


*

Le mot seul inutile quand l'image animée ;

Où vais-je avec ces grandes folies littéraires ?

De plus, le sachant pourrais-je m'y fixer ?

Le retour à l'action précise- le mot qui

Chasse le mot pour la boucle finie.

Faut-il

M'abolir en toi ou construire sur des décombres,

Plonger dans ton abîme, creuser ton précipice ?

Je sais, je sais, j’insiste - j'explique en utili-

Sant d'autres termes, d'autres forces -

La tombola

De la gloire, - veulent-ils chasser l'affaire ?

S'agissait-il d'abnégation terrestre, de variable

Temporelle indomptée ?

Je constate l'immense dé-

Sarroi intérieur, l'offre interdite, le don exclu,

La plongée inéluctable vers ses ruines éternelles.

138


*

Le rejet - ce n'était pas un blasphème - c'était

un cri de la conscience, une vérité sortie de ma bouche.

Le poème était voué à la mort, se détruisant soi-même par son inutilité.

Encore l’élan - toutefois - sous le crâne,

enfiévré - la chair veut du soleil !

Recueille ton âme pour personne, ô toi l'esprit purifié !

Pétrifie, haineux devant l'incompréhension des hommes !

139


Sur l'écrit à paraître

Déterminer le vide ; transcender l'inexistant ; au-delà

Du mystère, mesurer l'indéterminable ; le souffle

De l'esprit se prolonge dans la nuit. Un volume

De sonorités se dégage, se déplace dans les airs.

La façon de se plonger dans l'obscur - une substance

Intellectuelle, une image quantifiable, des lancées

De fluides, des magmas de sens - la syllabe qui se

Crisse, se brise, s'encastre, s'accouple, s'unit,

Se fortifie, offre la vibration - l'incident en

Quelque sorte !

La mémoire valse, la tête s'obstine

À sortir des combinaisons dérisoires dans l'es-

Pace aléatoire des voyelles pour une jouissance triste

Et personnelle. Encore un horizon inachevé,

Un regard dédaigneux sur l’écrit à paraître.

140


I

La nuit. Et tu m'as devancé dans l'ignorance de

moi-même. Je me fluidifie contre ton ombre.

En nous, un ciel ténébreux, épais de ses secrets,

lançant ici et là ses constellations éblouissantes.

Dans la nuit, j'ai étouffé la question, refusant

le médiocre murmure de tes lèvres, te laissant l'âme

chancelante.

J'ai longtemps interrogé mais ne recevais nulle

réponse. Je suis resté profondément anxieux me doutant

que tout savoir humain était insignifiant et ridicule

face à l'Éternité.

Plongeant au creux de ma chair, j'ai pleuré amèrement.

141


II

L'incandescence de soi ou l'immense jet intime ?

Moi dans mon propre sang, le cœur noir de douleurs.

Pulsations, et quoi ? Et quoi ? Et pour qui ?

Plus loin, la lumière claire...

III

Je te respire, te pense, je m'engourdis en toi,

je m'écrase sous ton poids, incapable de déterminer

les distances, la périphérie de la gerbe, l'intensité

de feux.

La violence de nos chairs...

142


L’air éclate

L'air éclate comme une séquence impossible, je

Prétends voir la matière. Les doigts sont ouverts

Au magma. Des effets lumineux très pervers.

Un souffle crache de la poussière mentale. Le

Long de ma paroi interne suinte de la vérité à

Lécher. La pensée frappe les structures des tempes et

Cherche à sortir. La fille se retire, la fille

S'étire. J'embrasse ses paupières, elle disparaît.

Le jeu de la tête à représenter. La démonstration

Verbale. Une vraie logique d'artiste avec du

Manquant et de l'inspiration.

Où allons-nous tous deux ?

L'histoire d'un ridicule accouplement. Fade miroir de

Ses yeux ou sublime soleil sexuel ? Que dit-il lui le

Lecteur voyeur, critique subtil, méprisant toutefois ?

143


*

Dans l'infinie langueur de soi-même, avec rien à écrire.

Rien qu'un lent processus de médiocrité et de pertes. Toujours

l'image, toujours. Ils veulent de l'image animée. Que faire ?

Que dire ? Qu'écrire ?

Majestur

Avant que sa raison atteignit la maturité, sa conscience

était constellée d'angoisse et de frayeur. Il ne pouvait évincer

cette vérité-là qui constamment giclait dans sa cervelle sourde.

Pouvait-il se soutenir, supporter cette atroce charge intérieure ?

Le suicide eut été une bonne chose. Il résout aisément les problèmes

impossibles. On coupe une tête et le tout est fini, mais Majestur

curieux de sa personne, à l'écoute de son propre génie, décida

d'aller outre et d'accompagner cet horrible fardeau toute sa vie

durant.

144


*

Les rues tanguent sur notre passage

Les rues tanguent

Est-ce la raison de l'ivresse,

de l'angoisse, de la phobie ?

Un air plus frais frappe

mes méninges,

Un air plus frais

J'avance dans le chaos de moi-même

Avenir sombre,

Nulle lumière

La peur, l'angoisse,

L'angoisse, la peur

145


À Emily Dickinson

Titre sublime que le Tien !

Poétesse endeuillée de blanc

Une place certaine t'est conférée !

À l'écoute de l'immense silence intérieur

Consacrée d'œillets clairs invisibles

Fiancée embrasée par le souffle littéraire,

Emportée dans l'ivresse de l'écriture !

Avec la pâmoison du poème

Substance pure et symbolique

Le sais-tu parfois que

L'Immortel et l'Intemporel caressent

Tes tempes gracieuses

Comme un bouquet improvisé

De parfums enivrants ?

146


*

Les poèmes sont des torches vivantes

Qui n'éclairent qu'eux-mêmes

Pour quelques instants.

Le soleil de l'intelligence

Dont la lumière est vitale

Gerboie d'autres feux,

D'autres substances et nourritures.

Dans le Néant de la chimère

L'âme, reine orgueilleuse,

À la cour d'elle-même,

Égoïste et persiflante

Se prévaut de sa grandeur.

La sagesse de la raison

Est de craindre l'immense créateur.

147


I

Au zénith, la nuit obscure dans la tête. La volonté

de comprendre, d'aller outrer. Sous le poids de l'ignorance.

Méninges, rapiécer avec techniques, espère-t-il les éléments.

L'œil plonge dans son espace, la main récolte les caractères

et syllabes.

Demi-tour, à l'intérieur ! La pensée prétend

triompher et ressuscite. Je dirai d'une voix basse : "Tel est

ton triomphe, - cela et rien de plus. Le poème est écrit."

II

La stupide limite pour l'horizon cérébral. Tu vois tout ! ,

mon petit Franck. Seul le son est capable de se détacher

du corps, écrit Brodsky. Tel est ton discours. As-tu songé

jusqu'où ira la trace de ton poème ?

- Dans la nuit noire, je le crains bien.

148


III

Encore, à la recherche de la pure immortalité, tel un

christ irréprochable. Pauvreté de mon blanc, face à un

Dieu producteur de l'univers !

- Muse, est-ce à moi d'écrire ? Dans la chambre, pour

les allées et les venues des esprits et des fantômes, la

gloire ! Au pays de du délétère et de l'insoupçonné avec

la grammaire en bandoulière !

IV

Ainsi Jérôme, à traduire la Bible, Le Coran, Qoumrân

et les Écrits Intertestamentaires, puis des prophéties ! cela

est vrai.

Prétendant encore qu'ailleurs, là-bas la Science etc.

Quand l'heure sera enfin de mourir, serai-je encore

maudit, persécuté, haï, détesté de l'au-delà ?

149


Moi, je gratte près de mes démons quand toi tu baillais

près de ton lion. Et c'est la soupe à la grimace avec

aiguilles enfoncées dans la chair. Les os, la douleur !

Quel rêve pour les affreuses chauves-souris et les

corbeaux noirs cachés dans les arbres invisibles ! D'autres

forces mauvaises, sans doute !

V

De quoi se nourrit le spectre ? De ma propre substance,

comme un vampire assoiffé. Salut Victor ! Et toc ! Toc ! Toc !

La torture, la cruauté au quotidien, l'ignorance et l'imbécillité.

Tout pour moi ! En surdose, en surcharge ! Merci. Bonne idée.

Poursuis et écris !

- J'écris donc.

Qui vient me tourmenter dans la nuit noire ? Rentrez chez

Vous ! Constamment, on est en service recommandé d'aiguilles

et de viols de l'intimité.

150


...Le voilà le vilain corbeau noir cloué sur les linteaux de sa

maison, lui qui a refusé de faire le cygne au milieu des Cygnes !

Un cygne d'autrefois se souvient que c'est Lui !

Magnifique mais qui sans l'espoir de leur plaire,

Je peux signifier que l'exil est plus beau...

C'est ça l'immortalité, la célébrité au ciel. La neige

qui tournoie est la poussière des demeures célestes,

écrit Brosky.

Point de pardon pour l'intrusion. Encore une apparition !

Et rien à faire, toujours à supporter l'ennemi, les piqûres,

le vice et la bêtise. Ainsi toute une vie, facile hein !

151


*

Je n'étais que cela

Qu'un insensé au milieu des hommes

Se nourrissant de chimères

Et de songe-creux

Toujours dans la nuit couleur encre

Le front mélancolique

Accoudé et cherchant

Je n'étais que cela

Discernant vaguement des contours

Utopiques, déterminant des limites

Floues, allongeant des traits

D'écriture et prétendant encore

Obtenir un résultat.

Et c'est encore toi, mon ardente

Pensée qui murmurais des soupirs

De jade, ma voix humide

Sanglotait parfois et

152


Appelait humblement

De consolantes douceurs.

J'implorais une trace, une lumière

Vaine à suivre nuitamment

Et je restais à attendre

Dans le vague dérisoire

De ma pensée inutile.

153


Séquences

Femmes, lesbiennes, léchées, léchantes, merci, merci

Auguste buste, penchées et suppliantes. La dentelle

Entre les doigts si fins - Formes, mouvements en

Constance de changements - L'idéal statique !

Sources de vie et muscles souples. Le plaisir temporel

Des caresses devant et derrière en vous serait si tendre

Partout ensemencées

J'ai ta pluie d'or, doucement à

L'oreille, en toi le puits, demeure accroché

À tes mamelles le temps de l'extase est bref

Je m'oublie dans tes prunelles vives

Et cette cervelle

Impossible qui ne ressemble à rien Je n'entre pas

Je butte à l'extérieur pensées de femelle !

La sérénade sensuelle d'appartenance de liberté

Le mâle est-il conçu pour comprendre la femme ?

154


*

Au fond du Moi, il insiste, encore et maintenant.

Il prétend respirer, il dicte, souffle haletant hors

d'atteinte l'autre

contemple la Cité et cette logique de mots, de

constructions de langage et d'assemblage forme

irréelle ou fantomatique structure délétère.

*

Vie pensée de faiblesse et d'angoisse, vie

Qui se froisse dans l'indifférence du Moi. Être,

Être humain - l'œil creuse l'objet en pers-

Perspective. Des cathédrales de papier, des estrades

Qui vacillent, des sanctuaires de poussière. Ainsi

Constamment dans la prière, dans l'ombre pour la joie

Extrême. Des cohortes de mots que je récolte

Le long de mes murailles de sueurs à boire.

Et pour quelle sinistre ou détestable désillusion ?

Hypothétique réussite notoire qui offre

Au poète le droit d'entrée dans l'histoire littéraire

155


*

Des lignes illimitées La pensée Soi sur soi

Concevoir dans cette cervelle épuisée

Droites fuyant à l'infini Autrement, ailleurs

Des courbes Des méandres Des vertiges

Considérer l'ordre des actions Des déplacements

Reconstruire Planifier Aller !

Sur la page encore fumante,

l'accumulation des caractères

L'espace d'illusion où s'exploite l'image

Autre ligne Couverture Papier et ?

La pensée la plus noire fait de jets lumineux

En mémoire si tu dures L'Éternité artistique !

C'est beau ça !

Dans la béatitude de la jouissance narcissique !

156


*

L'observateur caché dans le miroir d’en face, sans reflets,

décomposant en cent mille paillettes les infimes parties

du Moi, ici et là cliquetis de phosphores

désireux de comprendre comment cet assemblage hétéroclite,

ordonné, désordonné avec du manquant, ombre et clarté

parvient à offrir à l'intelligence les sucs rares de l'esthétique,

de la sublimation et du créatif.

Pénétré ces formes curieuses dans l'ardu et le sensoriel,

le subtil et l'évaporé, avec le mécanisme cérébral propre à

chacun ; déchiré ce labyrinthe de papier ou l'emprunter avec

un système de déduction et de compréhension,

voilà ce que peu de personnes s’essayent à faire, préférant

l'image facile de l'écran qui passe et disparaît au détriment

de l'image de mots plus difficile certes à concevoir, mais

dont la substance rare tel un parfum éternel embaume

l'âme de l'amateur.

157


*

Je ne sais plus quels traits me renvoient la vérité,

j'observe le retour de ce miroir dompté, un futur vieillard

m'y guette. Je tends nerveusement les traits de mon

visage, espérant y retrouver la face d'autrefois.

Mais ce beau visage de vieillard, est-il sève et avenir

d'immortalité ? Je pense au Fils, à ce qu'il a dit, à ce que

ses Pères ont transmis. Cheveux blancs sertis d'une parure

ou en gage de gloire éternelle ! Je ris cyniquement...

Je n'ai pas eu le temps de faire grand-chose. Avais-je

réellement les moyens d'accomplir des actions profondes

moi qui ne polis que des surfaces insignifiantes ?

Telle est la médiocrité de mes propos, ce soir.

158


SUITES / RELANCES III

159


Son but

Se déplacer lentement dans l’étonnant labyrinthe

De son âme était pour lui un jeu intellectuel,

L’univers du poème un espace curieux à

Concevoir. L’aventure d’un possible audacieux, par-

Fois. Était-ce une passion, un vice, une dose

D’exercices quotidiens ? Il voulait tenter de

Déterminer sa propre limite, reconsidérer son

Complexe, élargir les moyens de comprendre.

Y parvenait-il ? Il prétendait avec hésitations

Régler l’ordre, l’agitation et le tumulte,

Il prétendait… Mais ce n’était que chimères,

Qu’espoirs vainement soufflés par l’orgueil du Moi,

Que folie permise par un idéal poétique rêvé :

La probabilité réelle de sa réussite était nulle.

160


Les miroirs J. L Borges

Je me demande encore, après maint jour et mainte

Nuit perplexe sous la variété des cieux,

Par quel hasard étrange ou quel vouloir des dieux

Tout miroir me saisit de malaise et de crainte.

Miroirs, cieux, surfaces, espaces

Fragile et éphémère, poète tremblant dans le

Miroir de l’imaginaire, espace bariolé de reflets

Infinis avec l’impossible qui côtoie

L’invraisemblable — un univers de risques, de faux,

Et de pulsions émotives ;

mais encore, - azur qui

Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans

Un ciel irréel ; lac, surface lisse où

La pureté d’un cygne vient troubler le

Repos du dormeur.

161


Variétés, formes du hasard

Pour l’intelligence complexe, c’est l’art de

Tisser les lis avec subtilité !

Miroirs, cieux,

Surfaces, espaces pensés et regardés comme un

Hasard modulable, lieu du questionnement où

L’audace poétique s’associe à la raison de l’écrivain.

162


Les utopies délirantes

Vie rêvée. Avec des déchets inutiles. De poèmes.

Finissons-en. Pour quelle montagne de syllabes ? Encore

Être, être humain. Prolongement de soi, peut-être.

Aller plus loin.

Feuille sur feuille. Écrits sur

Écrits. Fragile, horripilé.

Dans le mépris d’au-

Trui, prétendant obtenir… Quoi ? — Rien. Rien.

L’inutilité de l’objet. Nul au-delà, nulle

Histoire. Pas une âme dans la lucarne de mon

Poème.

Toujours pénétration interne pour comprendre

Le jeu des choses, les possibilités extrêmes, les vraies

Limites.

C’est cela : insister, supposer, prétendre.

Pour quel cheminement de la pensée ?

Dans le couchant

163


De soi-même, la paupière multicolore bariolant

Des images sacrées ou des utopies délirantes peut-être.

164


Enfin, Soi !

Échec sur échec. Constance de refus, de

Médiocrité, de mépris. Pourquoi poursuivre, quelle

Flamme, quelle folie suscite ou pousse l’écrivain

À s’essayer encore à ce type de spéculation ?

Il n’y a nul espoir — du rien, du néant, de l’exclusion.

On produit donc pour soi. Car il y a là au fond de l’âme

Tout un mécanisme d’extraction : une vieille mine

Couine et travaille encore.

Peut-être : produire

Pour l’Au-delà, pour la Mort, pour l’après-vie en se

Disant que sur terre tout est perdu, que le seul

Espoir réside dans sa propre fin avec une possibilité

De structures d’accueil sans fric, sans banque, sans éditeur

Où la vérité exacte du poète est transmise avec

Réalité, logique, certitude,…. Enfin SOI, etc.

165


Le trésor du sauvage

Rien qu'un destin isolé de poète rejeté.

Rien que l'ombre de sa main sur le papier,

Qu'une image qui s'étale dans l'infini de

L'oubli, rien.

Qui suis-je pour toi qui m'accompagnes

Dans l'illusion de l'impossible ? Qu'un éclair

De bravoure, qu'un instant de poussière ?

Là, au fond de l'antre ténébreux ; là, au fond

D'une âme intarissable dont le trésor est une

Offense, et je pense aux îles d'or, au sauvage

Inconnu, disparu à tout jamais.

Voilà le marbre,

La mort nécessaire, la fuite, la cessation du tout,

Le retour au fini, le sommeil éternel, - oui, mourir !

Sera-ce l'éblouissante clarté, l'amour, le vrai ciel,

Le Néant total, ou l'horrible condamnation d'un Dieu ?

166


La paupière pense

La paupière pense. Activité retournée, intérieure,

Vers le cerveau, - l'ami ! Les yeux fermés, il

Ne dort pas - il conçoit ! Des mots à connecter.

L'encre et le papier sont les supports seconds. Le

Cerveau mêle, démêle, associe, combine. Il

Prétend, et c'est peine perdue... la faiblesse

L'accable. Depuis vingt-deux ans, il fixe le feu.

Son feu. Envahi par du phosphore inconnu, inutile.

"Pure imagination, disent-ils. Insignifiance,

Non, rien." De jour en jour, pour le dedans. Flot

D'écriture qui se déverse au dehors par la bouche,

Par la main sans avenir pour le papier qui finira

Dans la poubelle de l'oubli. Tout sera-t-il écrit ?

Un sentiment d'empoisonnement envahit mon âme.

167


Rien n'évolue

Rien n'évolue, tout stagne dans cette cervelle

Étroite. Nulle lueur ne jaillit, nulle flammèche. De

De détestables ténèbres envahissent l'espace supposé

Clair. Il se déplace en cercles concentriques.

Puis il rêve. Il fabrique de la Chine Antique.

On appelle cela des applications. Des vases, des

Murailles, de la monnaie scripturale, de la mathématique

D'époque. Il repasse par le Maghreb, Rome, la Grèce.

Une pensée faite d'et cætera. De sauts en sauts,

D'analogies en symbolisations, en tentatives de péné-

Trations.

Si je parvenais à considérer une forme

Nouvelle ; pour qui ? Pour moi ! Une sorte d'espoirs

Achevés, impossibles, d'au-delà du connu ? Ta fai-

Blesse créatrice t'interdit toute supposition poétique.

168


Des labyrinthes fangeux

Des labyrinthes fangeux, des structures internes

Complexes et déplorables, un néant à combler

Par le travail, par la studieuse constance pour

Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement,

Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans

L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance.

Seul, toujours seul.

Qu'importe d'être compris, d'être

Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbre, solitude, oublis !

N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?

Comment achever cette vie inutile faite de rejets,

De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas

Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ?

Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question ;

Des labyrinthes fangeux, des structures internes.

169


Nul orbe, nulle limite

Il n'aperçoit nul orbe, nulle limite éclairée.

C'est encore une infime partie de soi-même. (L'activation

Des mots est un des paramètres de la création poétique.)

Là-bas des étincelles de feu dans l'horizon métallisé.

La profondeur, les cieux, l'aurore que l'on supplie.

(Des lignes construisent un nouvel espace en 2D)

170


De rejets et d'oublis

Être Moi dans la monotonie de mon quotidien,

Routine de l'écriture qui se reproduit inlassa-

Blement. Aujourd'hui ressemble à hier. La

Solitude en dépôt sur les tempes, l'alphabet qui

Se déploie comme une vague, comme une vague

Pour accomplir l'exercice d'autrefois, obsolète -

C'est de la poésie ! Misérable, sans exploit. Mais je

Poursuis. Pour quelle peine ! Je puis rêver d'autres

Écrivains, d'autres littéraires dont la tache mystérieuse

S'est révélée au grand jour, pour une apothéose im-

Mortelle ! Je le pressens - tout est pour l'échec : l'œuvre,

La quantité, les recueils, les traductions, la Bible,

Le Coran, Qumrân, le théâtre. Ha ! Maigre univers

De douleurs, d'amertumes, de rejets et d'oublis, je le sais.

171


L'immense effroi

Ce fut l'effroi, l'immense angoisse, la tragique

Conscience d'un Moi qui comprenait trop bien

L'insignifiance de l'acte poétique. Mais il

Fallait obéir à des Forces supérieures, à des Dieux,

À un au-delà surnaturel, il fallait...

J'avais besoin

De temps pour sculpter des formes dans du délétère,

De l'impalpable et de l'imperceptible. O l'éphémère

Du souffle, vois je te tiens à présent dans des re-

Cueils, certes inutiles, que nul ne lira, mais je te

Tiens !

Était-ce l'un des sens de ma vie, écrire,

Écrire des livres ? Accumuler des lignes, produire, penser

Mal à des possibilités dérivées, variées, différentes ?

Et encore cette peur du lendemain, comment l'ensemble

Sera perçu par les Dieux qui nous régissent là-haut ?

172


Je le cherche encore

Je le cherche encore et toujours ce divin éditeur

Qui me fera l'aumône de prendre quelques-uns de

Mes textes. Tant d'insuccès, de rejets, d'humilia-

Tions, de dégoûts de soi vers soi, avec constam-

Ment cette question : Pourquoi ces refus ? Etait-ce

Réellement justifié ? Plongent-ils dans l'indifférence,

Dans l'inaptitude de jugement ? Sont-ils véritable-

Ment éclairés ?

L'ensemble va se perdre, oublié

Dans les relents du mépris, l'ensemble va se perdre...

De l'éveil au déclin, l'ombre croîtra-t-elle ?

Le tout est actuellement tenu sur un CD Rom, - mieux

Que rien !... Mais nulle diffusion, nulle copie. Le Net

Peut-être,... l'offre gratuite, le don car il n'y a

Point de lecteurs. L'éditeur, est-ce Franck Lozac'h ?

173


Encore pure, élevée

Encore pure, élevée, cherchant quelque saveur,

Dans la lumière, chaste, vaguement je discerne

Ses contours impalpables, oui déjà je respire

Le bouquet interdit des parfums féminins.

Une poussière de rose dans le feu des étoiles,

La musique s'évade vers l'azur toujours clair.

La chair encore la chair dans les jardins du soir

La désire et l'espère pour mourir lentement.

Que l'on aime embrasser cette musique étrange !

Puis dans le clair-obscur des tout premiers rayons,

L'éveil encore l'éveil pour le plaisir des corps

L'accouplement de sens, le ballet des substances.

Au-delà de l'Esprit toujours libre et qui pense

Le poète solitaire aspire à d'autres cieux.

174


Plus l'espoir du marbre

Plus l'espoir du marbre ou d'une gloriole artistique !

Il faut se plonger dans son âpre néant. L'effort

Régulier du travail poétique... Ô l'effort. Toi

L'homme solitaire... Il n'est pas un écho nourri d'un

Avenir.

L'erreur ?

Je n'avais pas commis d'erreur, j'apprenais

À être tout simplement dans l'utopie cérébrale

Du Moi pour la recherche intérieure, la volonté

D'exploiter ses ressources intimes.

175


Il faut donc s'enfoncer

Il faut donc s'enfoncer dans l'au-delà et le mystère,

Pénétrer un espace nouveau où les lois, les principes,

Les systèmes de valeurs sont différents avec la crainte,

L'angoisse, la condamnation, l'incompréhension d'autrui,

Avec le droit à la haine, à la souffrance, à la

Cruauté. La juste malédiction ! Le rejet !

Ou

Encore l'amour, l'amitié, la fraternité, l'intelligence,

Etc.

176


Avec de l'intuition

Avec de l'intuition, du caché au plus profond,

Avec ce volume mental enfoui, que l'on prétend

" Génération spontanée «, qui m'apparaît travail réel

De l'esprit - à mon insu.

Mêler, emmêler, démêler, défaire, aller outre,

Percevoir, comprendre, prédire, supposer, emmagasiner,

Faire jaillir, extraire, tirer, prétendre, croire,

Accompagner, douter, rejeter, évincer,

Toujours combiner, arranger, prolonger, intégrer, exploiter

L'Autre, les Autres, ou soi encore dans sa caverne

Interdite.

L'analyse - c'est ça : enchevêtrer des amas de syllabes

Pour une bouchée incomprise d'effets, de saveur et

De sens. Ils appellent cela : un poème inutile !

177


Absent

Absent pour les hommes, jeté, rejeté - éloigné

du moins, car en trop-plein, en surabondance vaine.

Faut-il que je m'inquiète, m'indigne pour cela ?

178


1

Jette ton dé,

J'abolis le hasard

J'avance dans la certitude divine

Écriture hachée, désarticulée, libre,

mensongère et audacieuse

Écris, explique, agonise, relève-toi,

produis

Dis-leur ! - Oui, dis-leur !

L'avancée dans la nuit claire

pour un ailleurs le même le Ciel peut-être !

179


2

Je me voyais c'était réel

seulement pour ma personne qu'importait !

Eux voyaient à travers leur propre prisme

Qui avait tord, raison ?

Eux parlaient de vérité, - de leur vérité

fragmentée, limitée, sectaire,

parlaient toutefois..

Où se situait la certitude ?

180


3

Années, années de solitude,

mon théâtre artistique

de vérités bafouées, de mensonges crédibles

Autour de moi, la censure

et le trou béant pour y plonger

181


*

Dans le cercle de la bouche,

ovale de poème,

- souffle, pousse doucement

tel un halo de fumée

très doucement

Le pensé et le non-pensé,

L'un contre l'autre,

l'un et l'autre veulent coexister

Seigneur et vassal, obligé et obligeant

la lèvre qui diffuse, la lèvre qui se ferme

182


*

Les yeux retournés pour le mouroir de l'âme,

J'observe.

Paroi, précipice, chute.

Sueurs sur les parois.

Ame se disloquant, tourbillons de chiures

proche de l'éclatement

183


*

Nuits enfouies, pénétrées

de bleu ou de noir

Vastes profondeurs infinies

lancées à la recherche extrême de l'intime

Visées intérieures dans le tréfonds

de l'inconnu

Désireux de remonter à la surface

les substances délétères, variables, insoupçonnées

Re - pour le visible

Y a-t-il un Temple pour l'Archéologue ?

Des traces de poussière, était-ce la vie ?

184


*

Déplacée dans la mémoire,

mais la trace est trompeuse

Écriture articulée avec des sombres

et des claires, pieds grecs et pieds latins

*

Va à l'oeil, le mot

et retourne sur le papier !

Particules de signes croisés, entrecroisés

Dans un mini-déluge cérébral !

(C’était ainsi que.

Il en était toutefois).

Voilà le doute, et son cortège

de points de suspension. Puis le silence

185


Un silence, et commence à tourbillonner

Une idée claire de possibilités, de déformations

continuelles

accrochée, oui là, à la voûte intérieure,

- toujours pour le poème.

186


*

Dé repensé

dans l'espace du hasard

à la chute réelle

Ecriture de doutes et d'extase

Ecriture qui fuit

sur les lignes invisibles

À la recherche de la distance.

Elle-même. Les rayons tourbillonnent

dans la nuit opaque

C'est une autre jactance...

187


*

Allais, allais pour nulle part

As-tu encore souci de toi ?

De biais, de face, en oblique,

Dessus, dessous - rien à discerner,

disaient-ils.

Parlaient, parlaient pour critiquer - normal -

pour rejeter.

Toujours l'opacité.

188


*

Nul souci de toi,

et pour cause ! Quel intérêt ?

Certains se prévalent

de posséder un nom.

D'autres s'en indiffèrent,

.... travaillent, passent et crèvent...

Pourquoi pas !

Aucun moyen de les éveiller.

Se sont endormis.

Sont couchés à jamais.

189


*

C'est encore

cette légèreté d'insouciance

posée sur l'âme

C'est le souffle clair

qui éveille l'esprit,

et je ris en toi

Le tout finira bien

par germer

et par être compris

190


*

Plus loin, en soi, ailleurs,

Les autres mondes

Du vrai et du non-vrai

Là, par-là, de manière intermittente,

puis être sans être

Et le Temps somptueux s'étalait,

scintillait par phases,

grimpant comme du plasma,

redescendait et débordait

Se retrouver par moments

Ce Néant était inexistant

191


Vaticiner

Le prophétisé, le prédit, en passant par Toi

Descends le dire

Ici-bas encore prêt, disponible

Hors du Temps, dans quel Espace ?

Longueur, largeur, profondeur, tic-tac

La germination : - retrouver le Pré-pensé,

L'extraire et l'appliquer.

192


*

Silence dans un espace connu

Des mains pensantes

pour le vide intérieur

Des mains perlées de cendres

que l'on bénit de larmes

Avec un flot de vin régénérateur

Silence fusionné d'or

et des fumées suaves

baignées de parfums étranges

Oui, des couronnes légères

qui s'évadent comme des halos

intemporels

Silence pour placer mon absolu

et le rendre immortel

193


*

Puisant des paroles, sourcier

Avançant sur le sol du silence,

écrit Paul Celan.

Un pas, l'autre, la baguette

de coudrier, les syllabes s'entendent,

Les pas, les pieds

La trace s'associe à l'ombre

Pour former de la mémoire.

Sur ma propre terre,

Faisant jaillir mon sang

Pour la soif de vengeance

Poète sauvage et violent.

Tel chemin à parcourir.

La flammèche qui s'embrase

Dans une volée de vapeur

Comme une boule lumineuse

À saisir, activités du Moi

Changé et transformé

194


*

Fractionné en soi en deux,

deux hémisphères

Des identités, - à dire :

Masse de cervelle vivante, activée par

autrui, reconsidérée par soi avec rejet, choix

et variabilité infinie.

Rejet : prétendre

choix : décisionnel

variabilité : courir, courir en évinçant,

ajoutant, condensant.

Actions appliquées à la poésie.

Encore filant, fuyant, dit-il.

Fais éclater l'orgasme poétique

dans ta bouche lumineuse

195


*

Passage entre deux êtres - forme

Dialogue sensuel d'écriture

Pour ta haute jetée, tu es le seul

à jouir de ton délire

L'un conçoit, l'autre mange

Il y a refus de modestie, pourtant.

Illumine ton espace et le sonde encore !

Passage - liaison entre les deux hémisphères

Écoute l'opération offerte

196


*

En l'air, plus loin, que disent-ils ?

Ils condamnent, n'est-ce pas ?

Marche là-haut, toi l'exilé,

Le rejeté, le maudit !

Ils te haïssent, n'est-ce pas ?

Ils ont refusé de comprendre, de voir autrement,

leur logique était une logique de force et de violence,

d'applications haineuses avec des schémas, des œillères de

cheval...

Toi clair-obscur avec syllabes diffuses, ils t'ont détesté,

n'est-ce pas ?

197


*

Les yeux, seuls au monde dans le mouroir d'ici-bas.

J'arrive.

L'immense plongée, la chute.

Faible lumière zébrée.

J'apporte la haine, le sang, la honte.

Tout suinte le long de mes parois.

Mon ombre. D'autres ombres.

L'âme va s'étirant en position ouateuse,

Fileuse et glissant,

L'âme modulable

Comme un nuage de certitude.

Gésir, gémir, souffrir, mourir, dormir.

Avec la nuit, dans le tunnel de la mort.

198


*

Dans la bouche, le halo

Ex-pensée, le retour

Le jaillissement interne

Tu prétends encore - Pour qui ? Pour Toi ?

L'Un et l’Autre - Conçu et écrit.

Cervelle prétend et main applique.

*

Lancé

hors de toi telle une gerbe

Poussé dans les relents de la nuit

Pour quel astre, quel ciel,

Constamment égaré ?

199


Ici, là-bas encore, affolé

Je tressaille recouvert de paillettes d'or

Je m'insulte, je supplie, j'exige un

Autrement, éloigné du mépris

Mon être phallique, poétique, détesté en Moi !

Déploiement de paroles sexuelles !

Je retombe bavant sur mes semences

Je m'envahis apportant des calices clairs

Remplis de sang

Je me vois mort dans l'abîme du matin

Et je replonge au fond de mon esprit

200


*

Plus haut, lève-toi, étranger, inconnu,

Dans le lointain pour accomplir ton devoir

Connecte des mots qui vont apparaître

Dans l'influence des signes, inscrits pour le possible

Caresser les berceaux, embrasser les tombes

Re-dire, re-prophétiser, offrir des vérités interdites,

- Pour quelle oreille ?

En bas, est-ce disponible ? Vers quel accès ?

Et plus loin, - qu'en disent-ils ?

Hors du Temps !

201


*

Rester là, accumuler dans l'ombre,

Pour qui ? - Pour moi ?

L'inutile, le raté, le maudit !

Voilà de merveilleux attributs poétiques !

202


*

Silence, et cette impossibilité d'écrire

quoi que ce soit. Ténèbres et Ténèbres.

Ô la Grande Grise ! Que me proposes-tu

maintenant ?

L'esprit perdu, l'esprit suppliant une once d'écriture,

or puis pyrite - l'immense déclin, peine et autrefois.

La détestable conscience, en halo, en halo

s'élevant vers demain pour que l'essence de la poésie

subsiste encore.

Et qu'attendre ?

203


*

Ce poids de la vieillesse enfoncé dans le corps,

cette lourdeur de fatigue infinie

Avec la mort, tout s'en ira, tout s'en ira...

204


*

Piqué-avançant, - dans la chair -

" Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon ? "

Obtenant du non-sens rêvé, à la table

des fantômes.

Combine comme il faut, - algèbre et analyse,

chimie et doute - audace et risque,

choisis dans du variable conçu par la mémoire.

Crayon à bille qui roule, ligne noire éternelle,

suis-moi puisque je produis. -

Me liras-tu ? - Toi en toi, de pensées exquises

ou détestables ?

Le front éclate, l'or bouillonne et explose, résidus

de scories.

Avance, idée gueulante et bavée !

205


Tête astrale, cherchant je-ne-sais-quoi

d'instable et d'éphémère

Les lancées bleues pour le monde d'à-côté !

empanachées dans une explosion gerboyante et

retombante... de médiocrité,... qu'ils disent

- Dans un feu de tempêtes ; mille folies d'étoiles

bariolées !

Déjà l'horloge du Temps m'ordonne de plier

feuilles, de ranger livres, de me préparer au

procès du Ciel avec accusateurs, sans défense...

déjà !

Pureté d'un autre monde avec lettres belles aux

lèvres, peut-être !

206


*

Le déjà-mort, le poète en attente

de cessation de vie, l'attente pénible

du puni terrestre... à la recherche du Néant.

Images et cendres du purifié prêt à remonter,

né pour le Ciel, - dialogues d'âmes.

Les comprendre, s'écouter,

effets de puretés, de perceptions en prescience.

Qui prend le tunnel étroit de moi à Toi ?

207


*

L'être dans son Néant, dans sa

demeure éternelle d'incompris, d'exclus.

Souffle ta fumée hors de tes vertèbres

Fais remonter ton oeil

Mon couteau-sexe enfoncé dans sa gorge

Fille pure avec sadisme ambivalent

La Chair se répand encore

208


*

Dans la folie de l'exquise,

avec références délirantes, persécutions abruptes,

délices expiatoires, provocations sereines, meurtres

enflammés de sexe et de sang ;

Avec langues aiguisées de poison, bavant

du sperme infecté, avec langues fourbies pénétrantes

dans chair de femme - pour l'élévation sexuelle !

Vices, cruautés, outrages - fellations vives,

plaintives comme un couteau dans la gorge nourrie

d'excréments !

Je demande la paix, la solitude de la joie intérieure...

Assez de ces images lancées dans un cerveau qui hurle !

Assez de ces obscénités détestables

qui pourrissent mon âme de damné !

209


*

Extirpé hors la chair, comme d'infectes

pourritures nauséabondes. Voilà mes relents d'histoire !

Penser et produire, et extraire d'autres fadaises

de l'esprit.

À détester, à cracher, à vomir !

210


*

Dans l'angle clair de ma potentialité cérébrale,

avec pâleurs, avec rancoeur, avec excès aussi.

Une pluie noire et monotone crachote ses quelques

possibilités poétiques.

Je me fourvoie en lâches constatations - et

toujours l'idéal de rêve suintant par mes tempes ...

Ils finiront par s'endormir, par se languir, me disais-je,

... ils finiront par comprendre, peut-être.

L'oiseau de malheur, moi-même, la tête inondée

de transpirations incertaines et de bêtises,

de doutes et d'audaces,

Planté dans ma nuit, comme un sexe, attendant

l'accouplement avec ma Muse, - la femme sexuellement

nouvelle, à risques, à sang, à vices - viens, salope !

211


Pasolini dans Une vitalité désespérée propose :

(J’extrais quelques endroits) la prétextualité de

l'inspiration littéraire, la vérité évanescente,

l'obsession narcissique, le fondement absurde du poème.

Moi, je dors dans une paix immonde, sachant toutefois

la fausse vérité du moment, - j'exploite des mondes.

Dans l'angle clair de ma potentialité cérébrale ...

212


*

Je ne puis m'enrichir - il n'est question que de ma médiocrité

- vaste haleine débordante d'excréments

et de pensées nauséabondes,

Le Vers s'implante alors - la mort, les rapaces,

les tortionnaires, les pourritures de pus, et au loin

une lumière tiède et discrète, insoucieuse.

La névrose s'installe, - elle vient, je l'éprouve

dans l'angoisse du quotidien. Puis une liane

de phosphore qui irise là un intérieur noirci

par le vieillissement, par la rouille séculaire

d'une mémoire endormie.

Autres références : les champs tendus - comme des nerfs

cérébraux parés pour une entame, - parties d'échecs,

de poker menteur, de bridge subtil, - ou bataille simple -

certains coups sont évidents.

213


*

Ce crépuscule stupide que l'on attend -

vers des trouées noires poétiques

*

Reste charitable, prends pitié de ta modestie,

de ta médiocrité. Offre-toi l'aumône du mépris

et de l'insignifiance.

L'écriture de rien, de peu - dans l'immense désert

intérieur - nul pour y passer - nul.

N'y a-t-il pas un grand plaisir à se suffire à soi,

dans sa propre solitude,

puisque rien n'est possible ?

La poésie est de la micro-littérature.

214


*

La puberté récalcitrante pour une enfance défunte. Des

spectres abrutis inventant un délire impossible. Des audaces

interdits, des fixations étranges, et plus là-bas, comme

un indice de vérité. Seulement un indice.

Tourne, tourne et retourne. Pense allègrement avec

du délire poétique bourrant ton crâne, pense, pense !

Toi, tu déplaces l'étoile - tu veux te libérer du joug pesant.

Repose aussi longtemps que tu pourras, fixe-toi

dans l'instant. Retire, mens, retire. Et alors ?

Les signes les plus fous s'agitent encore dans ma mémoire.

Les manifestations sont inutiles. Et pour quelle avancée ?

215


*

Pour l'insignifiant,

dépourvu de lecteur

De Toi à Moi : - rien.

I

Elle s'élargit enfin

Comme une corolle imaginaire

Elle déplace la frontière

Derrière laquelle je me sentais

Enfermé.

Les limites, les bordures,

Le silence, puis un écho infime

Qui renaît d'un lointain interrompu

Une présence oubliée grandit

Telle une espérance, doucement

Se propage à la mesure

De la capacité de l'esprit.

216


En moi, tout au fond

Une angoisse transpire

Et c'est mon pur Néant.

II

Pour le vide intérieur

Avec l'énergie vive

Comme une force à maîtriser ;

Elle libère des pulsions,

Se répand dans des espaces

Inconnus, jaillit telle

Une démente et harcèle

La raison. Au plus profond,

Dans le lointain inconnu,

Une rumeur d'exil

Excite le Temps, lui impose

À apparaître pour construire un

"Etre-là" qui s'appelle poème.

217


III

L'absolu du destin,

Le parcours nécessaire,

La vieille raison qui dit :

Je ne te reconnais pas.

Le cheminement intérieur

L'ardeur du travail

Suppose une substance

Future des plus douteuses

Il y a l’essentiel

Tu te construis régulièrement

Ou t'envoles prétendant

Dépasser les frontières impossibles

De la logique et du bon sens,

La folie poétique à tes côtés.

218


*

Les rancœurs de l'écriture

Le jeu des doutes, des rejets,

Des prélèvements - sont-ce

De vaines spéculations de l'esprit ?

J'exploite encore, je pénètre

Ma misère, j'étreins du délétère

L'obstacle est en moi-même, j'attise

Le feu, - la lumière claire, aérienne

M'indique encore le chemin intérieur.

Pourtant cette immense conscience

S'embrouille dans son vrai, le déplace,

Le prétend autre, se trompe parfois.

Quelle poésie, atteindrai-je ?

Le néant d'un inconnu, peut-être !

219


*

Plus pure encore, là peut-être

Dans le calme des eaux

Aux tremblements légers,

Avec bruissements sensibles

Avec clartés de ciel,

Défaisant le mystère

De la fille aux seins nus,

Aux jambes d'opale comme fuseaux

Aériens

Là oui, l'on suppose dans la transparence

D'un rêve qui tressaille

Pour la voir apparaître

Dans l'espace invisible,

Ô désir inassouvi de poète !

220


Lola

Toi, toi changeante (bouleversée, tu m’émeus)

Toi, toujours plus changeante

Que l'on cherche à sonder

à exploiter autrement

Tu vacilles de grillages en libertés

de carcans en nudités

Tu oscilles dans l'éclatement

de l'étonnement

Inutile de te prendre, de te capturer,

La fausse mensongère qui invente, dissimule ;

veut sortir un instant, halète, supplie,

gémit - cendres et flammes

avec profusion de Néant

J'étais toi, de toi à moi,

habitudes qui coïncidaient avec l'orgasme cérébral

pour des sortes d'effractions éphémères

221


Fulgurants coïts ou piétinements littéraires

d'agencements ;

- de nuit, phosphorescent et mielleux en neiges

sanglantes

S'allonger, s'étirer comme une muqueuse sensuelle

et sexuelle ; avec sécrétions - pour la très lourde

inquiétude de n'obtenir RIEN

Regarde où j'en suis – exclu ;

Accouplons-nous en nuits chatoyantes et dorées

Encore, en vain, en de si nombreuses lignes

inutiles ou perverses

O toi, tombée dans le mental pour ce peu

Moi, je t'accompagne avec de méchantes douleurs

les plus profondes - sombres

Deuils, deuils et morts,

en décalage, sans stabilité,

les tiens, les miens, à personne

toujours dans notre attente..

222


*

Silences déshabillés

Silences en scintillements d'attentes

nourris d'espoirs

dans la fixité du temps

Silences pour la spéculation exacerbée,

extrême dans son audace

absorbée dans son doute

répandue dans la solitude

Où l'offre concise paraît insignifiante

Où le refus efface tout élan

J'invoque le droit d'écrire,

J'invoque pour n'obtenir

Qu'une pâle réplique de moi-même,

hélas.

223


*

Et toi, dans ton intime,

espérant quelque rêve d'or,

rare baume versé dans un calice,

subtile essence claire,

toi, jaillissant

comme substance aléatoire

pour jouir d'une éternité poétique,

qu'éprouves-tu encore

lorsque tu lis autrui ?

224


*

Hors de moi-même

pour créer quelque peu

Mes bien-aimés ou vos crânes remplis

de réponses

Les uns pour m'élever,

Les autres pour me gaspiller

Qu'écrire ?

225


*

Accroché à la fièvre plongeant dans l'ire

Affûté de couteaux

des petits monstres courent dans ma mémoire

Flux, poussés, lancés,

Ténèbres et phosphores,

neurones et chimie

Rimaille qui rime à quoi ?

(Ils dansent encore, tes petits monstres !)

La fièvre, l'ire, la volonté floue

Considère l'acte qui t'impose à manier,

Guide l'instinct, imite le repos du poète

Puis, goulot et corps planté dans la terre du poème

recherchant mes puissances,

aux livres lié

réactions d'écriture, crache

226


Autre séquence :

N'ayant-jamais-voulu-être-lu,

digne de l'oubli, spéculation en soi

Donc toujours cette fièvre

Consume-toi, imite-les

Travaille.

227


*

Hors moi

qui jaillit et je m'incline

créant faiblement quelque forme nouvelle

recherche de l'éveil, de l'appel

avec bégaiements littéraires et rimes vierges

- Elles reviennent de là-bas, elles dansent

Je traîne maladroitement

Je veux rentrer en elles, filles de l'écriture

à l'allure d'extase

Je succède à mon Ciel

mais bien peu de choses ici bas.

228


*

Une humeur tiède et lointaine

Vague et nostalgique

Dans une aube perdue

Comme un désir qui s'évade

Là-bas, là-bas

La fièvre se répand

Enroule le rêve,

S'étale dans l'ombre

Pour mourir quelque peu

La tiédeur fugitive

Caresse tes rondeurs

Pour un désir azurin

Le sucré de tes lèvres

Est la clé de l'orgasme

229


Hymne au Divin

Combien en cercles, toi pensé et repensé

en éternité de vrai, combien

Source d'amour intense, - sur la parabole

en interfaces, en confidences, avec la similitude

Par la profusion d'essence, par le souffle

- cohésion réelle et force !

Tu vois là-haut, - moi-même

et donner le Sel et l'Évangile

La plume à apprendre - pourquoi ?

qui se dit à soi-même : poète raté

sans rareté

Toi, sommité de savoirs et merveille !

230


*

Hors de moi

lancé puis qui s'incline

créant par le processus mental

M'élever

qui viennent et reviennent, s'installent

avec cacophonies littéraires

ou tendres bégaiements

Doucement, en vieil alchimiste

Délabrement d'écriture

231


*

Que cherches-tu ? Où iras-tu ? As-tu

Parfois considéré tes limites, piètres limites

D'humain vieillissant ? Quel suc coulera

En toi jusqu’à l'épuisement des sens ?

De toi à moi, tout autour ; de vers en vers

Avec cette logique radoteuse, avec cette va-

Riabilité de science indistincte où

J'étrangle l'audace, où j'exalte le risque.

N'as-tu jamais songé, dis, toi en signes de

Mensonges, en fantôme délétère d'idées

Ou d'intuition, quel avenir t'attendait ?

Intenses

Espoirs de meilleurs, d'ajouts, de plus ; modèles

D'imitation des plus grands, toi Poucet d'écriture

Supposant possible un projet littéraire futur.

232


*

Nul réconfort, de faiblesse absolue

Toi, toujours stagnant dans ta médiocrité

Littéraire - comment m'identifierai-je

À cette vague organisation insignifiante ?

Active tes misères, qu'elles vivent et croissent !

Pour l'inutile et l'illisible, poète d'ombre,

D’obscurs culs-de-sac, où l'on se cogne

La tête contre l'impossible à poursuivre ;

Où l'évolution créatrice n'existe pas,

Où l'abondance poétique a nulle raison.

Voici la trace de ton cimetière, voici

Tes poèmes perdus qui encombrent ton cadavre

Lapis-lazuli, ou tonnes de pommes de terre.

Comment jugera la Maître Intemporel ?

233


*

Figure où le vide

figure sans mémoire

de lumière déplacée vers un autre centre

jamais utile pour nul éclairage

Figure où l'image se penche dans le vide

et renvoie l'éclair fugace de grains d'éternité

Lumière/ renvoie pour atteindre le lieu

En poussées obstinées

d'insistance puissante

Formes sacrifiées à l'inutile

de tiédeur de rien

de souvenances dérivées mornes couleurs

qui se désintègrent

Je crois aux illusions

234


*

Langueur. Douceur. (Ceci est un commencement)

Petites tornades de plaisir. Efficience en plus.

Comment ont-ils ? Comment eux-t-ils ?

Se débusquer des albums très anciens.

(Ceci est une manière de voir)

Apeurés, effleurant le vent.

La médaille, et mon optique.

(Engrange le délire)

Je te propose à foison.

(Mais ne pas en rire serait meilleur)

Puis le flot de particules - à extraire,

Tout cela est tendu, à rire - tendu - ris

Il dit à peu près : " Manquement dans l'Azur ".

Passe par en dessous, joins-toi, joins-moi, et à nous deux ?...

Partout l'humide. L'humide dans le sec.

235


Empilés sur des rayons. Mais pourquoi ?

Je te fais cercueil. Tu triches.

La potentialité-tornade dans l'aube des interdits.

(Il vise à quoi avec ces impossibles à gérer,

avec ces contradictions insensées ? - freiner la conscience)

236


*

Entre dans toute joie :

(Mise à la disposition du vers pilé)

d'une clairière uniquement chancelante.

Cépages. Arbrisseaux. Écobuages.

Donc le balancement des idées.

Les sublimes soupirs à ébaucher - le tintamarre

plus que parfait.

En toute gratuité, pour nul connaisseur

L'entrelacement des triangles :

Pensées-applications-lecteurs,

D'autres triangles.

Je reviens à ton a-forêt, pipeaux sylvestres

tes gradins d'écriture,

base et élévation - monte

Mais l'a-forêt ?

237


Toi dans le lieu, nulle âme autre

La tienne seulement

la goutte perle, se distille.

Nulle célébration du lieu,

mais la goutte -----) qui est signe.

Cela s'accumule, n'est-ce pas ?

Parc, sentiers, squares corrects -----) je

te dis que l'oeuvre avance, que le tout

s'organise. Tu ne sais pas lire ?

Tout est construit - qui voudrait s'y promener ?

238


*

D'obscur en obscur,

que je ne connais pas

Que vienne l'obscur !

Extraire de l'ombre quelque lumière claire

Se rendre à soi-même utile, et surgir !

Nulle phosphorescence ou création de jets, pourtant.

Une bouche avide, une langue qui essaie

pour l'accomplissement d'une quelconque écriture.

Non de soi, non de l'autre mais pour qui ?

Retours au Néant et à l'obscur.

239


Et que faire, que dire, qu'écrire ?

Ainsi tu n'obtiens rien

exhale ton obscur, exhale.

240


SUITES / RELANCES IV

241


Efface-moi et souviens-toi de rien.

Détruis l’aurore constellée de mensonges,

d’élixirs trompeurs, de chairs aventureuses, d’excréments

subliminaux. Casse toute faim dans les remparts du rejet.

Ta fatale médiocrité n’a pas d’avenir.

Vanité de ta plainte naïve ! De tes pleurnicheries

de poète détestable ! Répands tes larmes stupides

sur les jupons de tes maîtresses ! Produis encore !

242


*

Donc de s’anéantir immédiatement,

La mort vraie, réelle,

En explosion, en cataclysme de jouissance !

Le marbre beau - finissons-en !

La bouche remplie de haine, de fiels,

D’excréments et d’injustice !

Qui marche vers l’œuvre, pourtant !

Dans l’amertume de l’inutilité

Auréolé de désespoir

Buvant la lie de sa verrue.

Les ombres volent méchamment.

La sagesse est-elle de rechercher

L’oubli ? D’espérer une aube nouvelle

Avec un Christ nourricier de vie

243


*

Va au-delà de ton ombre,

Au-delà de toi-même.

Délaisse les hasards médiocres

De la femme et des poètes.

Puise au fond de ta chair

Les ressources de ton immortalité.

Active ton génie, nourris-le

A la sève de la sublimation.

Ce à quoi tu penses, jamais

Ne sera suffisant. Élève.

De néant et de splendeur, gave

Ta nuit éclairée. Arrache-toi.

244


*

Absent et libre

Qui constamment jaillit

De son propre désert.

Comment transmettre

Une profusion de richesse

Inutile à l’homme ?

Pourquoi s’en inquiéterait-il ?

Il faut rester ivre de soi

Dans son humilité.

Compter l’or en trompe-l’œil.

Soupirer, produire, soupirer

Et mourir pour le bien-être

Ou pour la condamnation

D’un Au-delà violent.

245


*

Parce que tu changes

- encore toi - tu n’es pas la plus changeante

mais tu balances de toi à moi

tu oscilles de pensées en extases

de soumissions en exaltations

étonnement toi

De t’accompagner

à la poursuite de l’inutile peut-être

pour saisir l’instant au dehors puis revenir

Tu n’y étais pas, tu habitais l’éphémère

nos coïncidences étaient fortuites

De te tordre la taille

pour la saisie aventureuse

figurant coït ou danse de piétinements

toute la nuit pour ta senteur embaumée

de femme-miel neige de blondeurs etc.

246


Élancements sensuels pour ta très mouvante

et délicieuse volte comme un orgasme enchanteur

Oui, nous en de si nombreuses lignes versées

et renversées pour l’accumulation du rien,

pleurs de pluies de fille gémissante,

je m’emporte avec toi

Puis je tords, je fouette ta chair et

pour des douleurs et des jouissances aussi

Sexe-poésie, poésie-sexe d’écriture tendancieuse

qui est pourtant mienne, fille que je conçois

par l’impossible imaginaire

Toi à personne, en vérité à moi.

247


*

Mes silences d’écriture

Puis des scintillements d’images,

Pour que l’image apparaisse

Poète aveugle, avance

Prince de la dérision

Incapable d’innover, d’ajouter

Quoi que ce soit d’utile sur

Autrui.

Mes silences de soustractions,

De moins, de plus faible que,

D’incapable, de "Qu’est-ce

Que ces débris de poésie ? "

Dans l’étude et l’analyse

Du spécialiste qui raille,

Rejette et méprise.

248


Être soi, être faible

Si peu, se suffire de rien

Dans l’indifférence

De sa propre honte.

249


Rétro-pense

Omniprésente et néanmoins insignifiante,

Délétère et légère, oui, fugace, là

Toi qui vas à la suite de tes traces claires

Que tu lances et génères dans le Néant du Moi,

Cherchant l’idée intense, prétendant que l’ac-

Cumulation de pensées t’offriraient une maturité

De vieillesse

passée et dépassée

De toute évidence

Tous ces préceptes expriment ta défaillance interne.

Quelle lumière ? Quel éblouissement littéraire ?

Rétro-pense avoir commis des erreurs de rigueur,

De force, rétro-pense à sa faiblesse de poète

Ou se suffit de ses folies meurtrières de chambre

Avec ténèbres pour l’esprit, immense désespoir, certainement.

250


*

Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés

Dans l’aurore virtuelle de l’esprit. Dodelinements

De la tête de jeune éléphant qui active

Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et

Fièvres de l’activité avec doutes parsemés d’éveil.

Dans ce Néant presque, haute entreprise ; les rayons

A larges jets diffusent quelques élans clairs.

Des vents légers et aériens ; le ciel se charge

De rouge incandescent — c’est l’aurore explosive,

Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence

De l’écriture, et des applications pour la feuille

De papier. De ce magma, que restera-t-il

Réellement d’utile ?

Des manières poétiques,

Des élans stupides que tous rejetteront, en vérité.

251


*

Rien, et la médiocrité se déclare

désenchantements

désillusions littéraires

Présent à rejeter, hurlements internes,

et tout ce qui existe, — rien

Ton oeil seul, et sois !

Produis, encadre les mots

L’élan poétique se dégoûte, s’exclut

De la fertilité à la réduction artistique

De peu, de rien, à exclure, disent-ils

As-tu programmé ta mort ?

252


Mort proche ?

Suis-je mort proche, fin d’extase

Ou seulement quelque poussière

D’image (ton souffle veut peut-être

Encore se déployer ?) La flamme

Agonise et va selon l’humeur de son

Destin. Traces délétères fuyant

Le mensonge hypocrite du poète.

Nulle pensée, nul espoir, nul futur.

Présence plongeant dans l’abîme irréel

Pour déchirer le voile de l’existence,

Ou lentement détisser l’ouvrage

Qui se lézarde, vieille femme fardée.

La vie n’était qu’un mensonge

Qui s’en retournera auprès du Parfait.

253


L’heure n’était pas voleuse

La mémoire trompeuse écrasait le passé

Pour n’en retenir que quelques bribes, et l’esprit

Prétendait que le temps était un assassin,

Que le vol de la flèche, que les rides ennemies,

Que l’irréparable outrage, etc.

Réplique mensongère d’une âme instable !

Le temps a eu sa durée mais l’homme vacille !

Sa dimension spirituelle ne l’anime guère !

La peur, la mort - la peur, la transmission de la vie !

N’être pas, être peu - jamais ! et le silence éternel !

La particule insignifiante s’en retourne au Néant !

L’heure n’était pas voleuse, l’heure grain de sable sur

Grain de sable, goutte après goutte tombait lentement.

L’insignifiance de sa nature fait amèrement pleurer l’homme.

254


Le nuage

Un nuage étranger fixe l’image

l’étend ou la fait disparaître

Proche dans l’absence, résident

sur l’horizon

Il cherche l’inaccessible, côtoie

l’inapprochable, fuit l’omniprésence

Il conçoit à volonté ses formes

délétères, esquisses ses déplacements

Il guide l’idée, l’associe autrement

C’est une sorte de supra conscience,

de père de l’intuition qui décide

du sacré à obtenir

Je doute de ses applications,

Nous cheminons ensemble.

255


Ciel

Ciel constellé d’ombres,

J’y songe un avenir meilleur !

Ma lampe, tu te déchires

En flammèches évanescentes.

Ma lampe, errante dans le

Silence incompris, constellée

De lances qui appellent et

Veulent comprendre.

Ciel de savoirs, condamnez

Le simulacre de l’homme,

Instruisez-le d’un souffle

Divin ; le reflet de l’Ange

Éclaire mon avenir d’une vérité

Sublime, semence du Verbe.

256


Prier avant d’écrire

Prier avant d’écrire comme un geste

incantatoire

Ô signes blancs ! Ô l’espoir en supplique !

Tu vois, Muse, j’implore encore ta chair claire

d’élever quelque peu mon humeur mensongère

vers l’idéal rêvé

J’allume les candélabres pour embraser de phosphore

la chambre enténébrée

Vers ton haleine chaude, vers tes parfums, tes chaleurs

de fille exquise, offrant l’orgasme cérébral

au poète chancelant

257


Toute chose…

Toute chose comme de produire n’importe quoi avec du

matériel insignifiant, d’associer des sons et des idées, de

symboliser l’abstraction, de dériver le centre, de rapprocher

les traits, — toute chose avec la toile à plat pour déterminer

l’équation exacte à déplacer. Et de produire, encore !

Écrire, écrire !

Frappée de saveurs, elle n’est pourtant qu’un essai

prémonitoire dans l’éphémère du temps. Elle purifie le

symbole, reconsidère le signe, synthétise l’idée claire ou

extrait des substances inconnues. Elle s’approprie un espace

pour l’approbation de la suprême application.

Elle veut concevoir l’Unité, le vrai associé sur sa dimension

de papier. A l’intérieur de l’intelligence elle a décidé de

rapprocher les distances, de lancer des liens, de rendre

compatible l’ambiance interne. C’est toutefois un espace de

raison où l’imaginaire assure sa continuité.

258


Impression de lune

La lune passe et repasse

sous les halos intermittents

Sa version — cadavre gris -

se lit avec du muet

Femme sans cheveux, maquillage blafard

sans Pierrot pour la guider

ou la faire sourire

Sur ta tranche de miroir,

vacille et vacille, femme gracile

Le réverbère d’à côté

n’est pas un homme à mater

Rien ne t’empêche de t’éclipser,

de dériver lentement

pour fuir le soleil se levant

259


Le nuage de vérité

Il est inaccessible, ventripotent,

gonflé de voile, inapprochable

Il prétend se fixer, mais le voilà fuyant.

Il s’associe encore avec ses frères

formant une armée de nuages, plus haut

ramassé, changeant de couleurs.

Il prévient le Trône du Ciel, toujours condescendant,

parfois violent avec les hommes.

Il déplace la vérité, la rend douteuse

et délétère, ailleurs, plus loin, jamais peut-être

260


*

Etre - seulement soi

La ressemblance mensongère

Pour autrui — cela lui suffira-t-il ?

Son savoir — critique

En partie détachable

Prétend juger. (Le poète

Offre le droit à la critique

En remettant le poème.)

La liaison de moi à l’autre

Puis son analyse, sa perception

De son vrai qui lui paraît faux

Un autre — autrui. Recommençons.

Idem. Critique identique. Que

Taire ? Rester en soi ? Le retour

261


Expiation d’essence

Ce fut le souffle court qui l’enveloppe

et la soulève

et la couche comme une écume baveuse

La fille à l’anneau d’or s’envolait dans

sa chevelure

Beauté, elle, expiation d’essence telle

dans le mouvement des eaux

Baignée par le sommeil

filant dans l’endormissement, elle songe

Et le baume exalté nourri sa chair

d’ivresse, de soupirs et de désirs inassouvis

262


I

Les deux pensées divergent -

Je me dépense en toi — l’autre souffre

mais rien n’arrive réellement

Sa démence, sa semence

Je crois en mon levain

L’union

Je me console — tu m’as foudroyé

La nuit reconsidère le vrai, le déplace

Le conçoit différemment

263


II

Dans la poussière extrême qui implique le poème

Je t’attends et cet espace intérieur

Quel que soit le lieu

La sève monte avec exactitude

J’imite les filaments et les dendrites neuronales

Je m’entortille en moi-même

Ici s’anime le nombre de combinaisons

Et de choix — je me réserve du peu

264


III

L’aimée du soleil, l’autre colporte ses nuages

Quand il s’ouvre il regorge de pêches

Tes actions dérivent inlassablement

Un bac de fluides remonte vers la cité

Pour tout ce que les morts t’ont spolié

Exige le rendu

Je te massacre en toute parole repensée

265


*

Ici la volonté d’associer dans l’éclatant

miroir de l’âme avec l’exil dérivé en

contance de logique

Une pensée dévolue à l’acte variant

Redispose l’arc irradiant de mots

Est-ce somme encastrée par des éléments

de liaison ? Quelle somme ?

Le buissonnement d’idées pour l’échelle

inhabituelle du vrai.

De manière irrationnelle avec le vent

et le nuage comme étalon mesure.

A peine captifs, il faut déjà les redéployer

pour des situations telles,

et nul à présent en cheminement

de lecture

266


L’écriture empressée, peu soucieuse d’attendre

l’ordre critique

Quelques vérifications à la vitesse de l’éclair

267


I

Sur les bords d’une onde nouvelle

pour se rapprocher de la fille très claire

Ici nulle science, nulle a-science,

variabilités du langage peut-être

Cette rumeur de soie qui fragilise

la pureté de l’étendue

Pour quel outrage ?

II

En d’autres Espaces furent

pour de médiocres choses

qu’il se dit à lui-même

La pensée ruisselant stigmatise mal la rose

Le goutte-à-goutte des mots

268


Remplir le vide avec sa constance aléatoire

Quels résultats ?

III

Insignifiant que ne fut insignifiant

Apparemment sans connaissance pour qui ?

De cet aveu puis ce silence pour rien

IV

Ce poème à écrire — comment ?

Pour la caresse buccale du prononcé

Pour la douceur gracile, fragile

D’une bouche qui savoure

269


*

Je vous l’offre, c’est ma langue,

ma tristesse, — fixez mes images

Nourrissez-vous de mes diversités

270


*

Le poète gémit, inapte à produire quelque écriture

nouvelle. Des plaintes molles dans l’esprit impuissant.

Ce sont encore des grincements dérisoires pour un

improbable. Des gémissements qu’on ne saurait

entendre comme une musique suppliante. Quel puits

de ténèbres ! Les sons s’écrasent lamentables contre

les murs de ma raison.

Plus loin, là-bas ce sont de belles pleureuses assistant

à mes funérailles littéraires.

Quelle détestable inutilité, soupireront-elles !

Si la plainte s’élève quelque peu, un Dieu de pardon

m’accordera peut-être sa pitié.

271


*

Cela n’est pas d’écrire — cela est d’inventer, d’être

autrement, de rajouter, de déplacer, d’associer

différemment.

Je te soupçonne à la lisière de ton orage berçant de

pensées claires les folies audacieuses.

J’ai beau chercher, me crisper — que puis-je ?

*

Amas inutiles d’œuvre, ô médiocrité, ô tristesse alanguie

et là-bas ce sont des propos inintelligibles. Le poète plonge

dans ces vasques d’or à la recherche de quelque anneau.

*

Tu ne sais le danger qu’il te manque

Le naufragé en bordure d’exil

J’ai jeté tes soupçons impossibles

Je m’imagine dans l’interdit à atteindre

272


*

Le vent dépasse son droit d’élan

La métamorphose des poètes

Le soleil avec son oeil jaune

détermine la verticale

Phrases lentes, phrases saccadées offertes

dans un espace inutile

Un autre géomètre prend le soleil

et lui dessine son horizon

Que veux-tu ? Combiner, arranger, dériver,

additionner ?

Détermine le silence, va au-delà des ressemblances,

apprécie ta fuite

Je te change en manne impossible

Ho ! Pensée limitée dans mon dédale répétitif

Je me rapproche de ton extase

273


*

Saint Octobre déplaçait ses fusions d’extase. La lune

mélancolique suait avidement. L’esprit macérait dans

des pensées elliptiques, tournant tournant éternellement.

L’auréole de la femme était un bouton à saisir, puis les

bouquets, des filaments de parfums.

Virtuose, je m’essayais sur des lyres exotiques,

broyant mon humeur détestable. Je plongeais encore,

attendant, espérant… quoi ?

*

Peut-être n’était-ce qu’un jugement truqueur, qu’une

appréciation erronée, que de vagues folies mensongères

animant l’esprit en proie aux déchirures et aux tourments.

La pensée vagabondait d’extases en sources, de relents

en vérités. Moi, je m’agenouillais espérant d’un idéal divin

quelques aumônes artistiques.

274


*

Ce fut le geste de penser. Ho ! Certes d’une manière

médiocre, insuffisante, bien en deçà de ce qu’autrui était

capable d’appliquer, mais ce fut le geste.

Les zéniths, les excès, les génies étaient faiblement

à mon médiocre caractère. Les chutes étaient détestables,

les plongées infinies. Je remontais toutefois depuis le fond

de moi-même, considérant quelques rares lumières, opale

claire ou bleue, qui m’indiquaient la voie à suivre.

275


I

Silence d’écriture pour ne rien produire

Rien qu’un Néant dérisoire et médiocre

De quoi demain sera-t-il fait ?

Cela a-t-il encore quelque utilité ?

Cela faiblement pour s’en aller mourir

A la fin, aujourd’hui tombe et retombe

Bien sûr, moi ici, et là et là-bas peut-être

Dans le début de ma nuit

La faux, la fille, la vieille

Ce que le poète applique avec des mots

Qui s’échappent, fluides invisibles,

Puis reviennent avec de la matière

Se positionner sur la feuille de papier

Silence d’écriture ici

276


II

Ce qui s’échappe, ce qui m’échappe

Filaments clairs dans l’obscurité de l’âme

Puis ta houle intérieure, inventive

Ta nébuleuse intuitive qui se conçoit

En dehors de ton temps

La pensée suppose, implose

Pour s’éjecter sur le rectangle blanc

L’oeil qui étudie

Le choix dans l’éclair

III

Le fluide tourbillonne sur lui-même

Revient toucher l’oeil

Le sens de la critique est aiguisé

L’effet-miroir — feuille d’écriture

277


Avide de sens, délimitant la pensée

Appartenance et faisceaux de satisfaction,

D’appréciation

278


Alpha

Ce qu’il te faut produire

De sang et d’excréments,

De médiocrités et de laideurs

D’horreurs à rejeter

Tu cherches pour ne rien obtenir

Pour te languir dans l’inutile

Dans le dérisoire de ta misère

Pauvre état de poète !

Constamment ; constamment cet échec

La fuite de l’autre, le refus

Et toi dans ton immense désespoir

Capturant quelque rêve impossible

Tu prétends accéder à l’essence

D’un savoir éternel, ridicule crétin.

279


Bêta

Toi, tes frères, tes collègues

D’écriture, de travail s’essayent

A ses fades exercices

C’est un jeu de langage

Pour le plaisir des mots.

Ils poursuivent dans le silence

L’exercice dérisoire

Attelés à la tache

Prisonniers d’eux-mêmes,

Ils accumulent poème sur poème

Pour le secret de leurs tiroirs

Leur seule gloire est de se

Comprendre, d’aimer se relire

Pour finir à tout jamais oubliés.

280


*

Toi, dans ton espace, tu gis, médiocre poète

t’essayant encore à quelque joute spirituelle !

L’écriture t’obsède, t’enlace. Tu noues des syllabes

inutiles

*

Le poète en profondeur

La plongée dans l’inutile

Il est là pour se satisfaire de l’insignifiant

Il trace par la filante

*

Tu me déséquilibres. De toi à moi, je recherche

mon centre. La répartition du vrai est difficile.

Certains points sont altérés. Les chiffres me manquent.

Je conçois l’ensemble.

281


Cet espace qui s’ouvre, toi là et rien. Plus loin en

déplaçant cet horizon. Le proche et le lointain se

confondent. Les surfaces se superposent en épaisseurs

feuilletées.

Le fluide et l’élan de la mer circulent

inlassablement.

282


*

Histoire d’y être - c’est fou ! Pour qui ?

Le vide la plongée le vide

Enchaîné au secret pour l’immense fuite

Souverain dans le regard, à la recherche du

mixage,

C’est-à-dire un ensemble d’influences mêlées,

décidées, choisies, composées, interactivées

Il ne s’agit plus de symboliser, mais d’associer

en conservant la saveur de chaque influence

283


*

Nous espérons inventer un acte d’écriture,

un acte de progrès, d’évolution de langage

Essentiellement, - le progrès dans le langage

Chaque poème appliqué est une volonté d’ajout

Les fines suppositions ou l’offre de solutions

supplémentaires

Tu retires le centre et balances sur les bords et

tournes et tournes et tournes,

- Pour trouver quoi ?

284


*

La poésie impose l’acte créatif

qui se jette au dehors et retourne au-dedans

pour le plaisir inutile

d’être regardé tel un incapable

L’errance de la voix vagabonde sur des poèmes

L’écrit poétique ne se partage pas,

il est œuvre de solitaire

Qui étonner, qui instruire, qui charmer ?

285


*

Tout se mêle, se mêle

et se démêle

mais autrement

Est-ce addition d’opportunités ?

Maîtriser la déferlante de la mémoire

*

J’ai cherché, c’était hier, un monde

un songe ou une vapeur d’idée

J’avançais avec une pensée monotone et

monocorde

J’avançais

286


Je percevais leurs souffles, je pénétrais

leurs labyrinthes subtils ou insensés

prétendant retrouver leur centre

Je rêvais de leurs formes, de leur méthode,

de leur formule - les poètes m’étaient

indispensables -

287


*

Absence du poète ? Clameur pour rien !

Quel relationnel ? Quelle

inattendue ?

Vers vous, l’appel ?

Non. De rien. De peu. Je

Concevais de l’intérieur. Mes entrailles nourrissaient

Mon angoisse, je n’existais que faiblement.

Je plongeais dans mon vide, j’y découvrais la

Mort - la mienne, belle et souveraine, resplendis -

Et boréale.

Accumulant des lignes,

L’espérance étant un défi - des élans stériles, diront

Certains, mais c’était un défi - de Moi à Moi

Prétention et folie, utopie et stupidité ;

C’était présence de chambre, de travail d’écriture

Pour l’infiniment soi, l’infiniment rien, diront-ils

Encore. Je ne crois pas qu’ils auront raison.

288


*

Tu parles encore, esprit,

Tu parles. À qui ?

Tu es venu de l’Invisible

Pour y chercher la Clairière

Les vipères, l’obscurité, là et là

Envole-toi sur le vent pour mieux comprendre

289


*

Chemin d’exploitation - la route claire

Les feux, les lumières qui pendent à l’âme

et veulent indiquer la voie idéale,

la voie réelle

Proéminence d’oiseaux ciseleurs

comme des entailles qui prononcent des cris

annonciateurs

J’avance toutefois avec le doute écrasant

à mes côtés

290


*

La lumière vacille, vacille

en flux concentriques

La lumière étale sa splendeur

et prétend être

Elle circule sur l’eau,

cherche à l’épouser,

l’entoure, la nimbe

Épousailles spirituelles

de deux éléments

qui s’attirent et s’excluent

Épousailles

291


*

La pureté, celle de l’eau

Sur les ailes et la lumière

baigne mon esprit

Les reflets dans la clairière

inondent mon âme, là et là-bas

La certitude traverse

le lac royal où

s’agitent tendrement des roseaux

Les souffles qui survivent

assèchent l’herbe amère

et la raison prétend savoir

La vision s’étale dans l’air

plonge encore

pour atteindre l’espace et l’au-delà

292


*

À Johannes Bobrowski

Le miroir s’éclaire, les fronts

Se touchent, les pensées s’échangent

J’appelle ici et là, et quelqu’un vient

Ma tête contre ta tête,

La certitude d’être à deux

Tu m’offres ta vérité

Vérité que je dérive

Je déplace ton pas et marche avec toi

Puis je m’élève, je deviens, je Suis

Le vent m’emporte,

Je ne puis redescendre

Me voilà enlevé, libéré

Fuyant à tout jamais dans l’idéal

Du Mensonge et de la Vérité aussi.

293


*

Les roseaux très serrés

L’incompréhension de Husserl,

La vérité de Pascal

Et là-bas le déplacement des Cygnes

La haute pensée du Midi clair

Une compréhension de points sources

M’envole, m’éloigne du vrai

Je cherche solitude, ombre et paix

J’entends des formes abstraites,

Des sortes de Dieux m’envoyant leurs messages

Puis je m’interroge :

Combien de temps encore

A supporter cette détestable destinée

De poids, d’inutilités et de souffrances ?

294


*

Ici le spectacle dans l’obscurité.

La fille danse encore

Et je lèche les parois des murs.

Elle va, elle vient

Elle éclabousse de lumière blanche

Mon obscurité pour accéder au clair

Royaume de l’Irréel !

Je déplace mon souffle, je crie, j’expulse

Elle baise mes yeux, caresse mes cheveux

Calme mon ardeur.

L’écriture se fait sereine

J’immobilise ma vérité

Ses brises d’ailes s’envolent là-bas

Je regarde alentour : le Néant est en moi.

295


*

Celui qui pense là,

Avec le poison dans sa bouche ;

Je lance la trace,

J’expulse l’éclair.

La profondeur pour l’incertitude,

L’errance sans l’intelligence.

Tu bondis avec le doute,

Les applications sont vides de sens.

Et tu prétends que la lumière

Etait venue comme un appel de Vérité

Déployant son ombre,

Déterminant une marche à suivre.

Ombre-lumière : la bouche expulsait

Ses sublimations sanguinolentes.

296


*

Celui qui voit par la fenêtre

Celui qui pénètre par la pensée

Dans l’invisible de ton âme

Prétend à la vérité.

Ce n’est qu’une émotion de sensations

Imperceptibles sans fondements,

Papillons d’ailes ou givres transparents,

Approches d’ombre sur la surface de l’eau.

Ta bouche est pleine de sang,

Et des crachats immondes tapissent

La caverne purulente de ta cervelle.

Ton ventre chargé d’excréments

Expulse l’ignoble déchet

De ta détestable réalité poétique.

297


*

Les flammes incandescentes, les flammes hurlantes

Au milieu des roseaux

Les flammes s’élèvent vers un Ciel inconnu

Là pataugent grassement des cygnes oubliés

298


*

La constellation irréelle survole

Un impossible à découvrir

Les forêts d’acacias expriment

La complexité difficile

À pénétrer

Les bouchent s’ouvrent, implorent, appellent

Qui acceptera de nourrir ?

Il dira peut-être :

Peux-tu me montrer quelque chose

Qui te tienne à cœur ?

299


*

Ta voix

Pénètre dans la clairière idéale,

Lumière contre lumière

J’emporte le sens,

Le silence obscur

De l’interdit à comprendre

300


*

Au-delà des haines,

Des paroles tombent

Comme des fardeaux inutiles

Tout est consternation

Dans ce ciel de givre

Ceux qui sont méprisés,

Rejeté, ignoré

Dans leur bouche crient

A la vengeance

Je suis seul, libre

Constellé

De ma pure vérité

Je hurle encore

Sur le tombeau de marbre

301


*

Le silence isolé

La lumière sans éclat

Le poète caché dans l’obscur

Enfoui dans ses racines

Recherche quelques traces

Les voix l’emportent

Vers d’autres îles interdites

Un chant étrange

L’attire tout à coup

Il veut capturer

Les notes fulgurantes

Qui jaillissent

Comme des fluides

Dans sa cervelle inutiles

302


*

Être là et attendre

La mort, belle,

Éblouissante d’apothéoses

Pour en finir

Avec la vie inutile

La terre remplie de crânes

Attend le mien.

*

J’avais supposé une semence

Plus complexe.

Je suis sans Elle

Essayant de grandir

Vaine turpitude

D’imagination

Décadente

303


*

Au milieu de ta voix

Les paroles plongent dans le Néant,

Voltigent ou volent tout autour.

La pensée pénètre dans son obscurité,

L’humeur respire quelque doute.

J’emporte ma raison

Vers l’interdit à atteindre.

L’onde à peine perceptible

Traverse ma demeure.

Le visage me questionne,

L’écrit m’apparaît

Constamment détestable.

304


*

Remonte de ta clairière

Les feuilles passent,

Le bras vieillit

Je ne pénètre pas le feu

Souffle-moi, pense-moi,

Éclaire

305


*

Écrire, c’est fragmenter

Son pseudo vrai

Ligne après ligne

Page après page

C’est prétendre

A sa vérité

Par l’accumulation

De signes

Le poète veut trouver,

Quoi ?

Sa variable

Sa sensibilité

Son autrement

Son lui-même appliqué

306


*

Percevoir la distance

La mesurer de l’intérieur

Évoluer dans une sphère idéalisée

Par la mathématique pure

Se déplacer, osciller,

Chercher le centre de la vérité

L’œil éclairé se fixe là

En 360 degrés

Pour décider

Le noyau l’éclate.

307


*

En marge de moi, d’autrui

Cherchant la distance

Créant l’espace

À côté

Je vais seul

Dans l’erreur ?

Avance

Pour toi uniquement

308


*

Ta main dans ma main confondue

Ta lèvre à ma lèvre cousue

Les premières chaleurs florales

Alliées à la violence de notre sang

Aube d’abondance,

En vagues et sables bouleversés

Pour nous-mêmes

Dans nos chairs

Hors de nous-mêmes.

309


SUITES / RELANCES V

310


Accompagnant tes cendres,

écrit Paul Auster,

Oui, moi, l’Absent avec Autrui m’effaçant

Le banni, l’exclu, l’inutile

Chaque syllabe devient entreprise ardue

L’encre est lourde à déplacer

*

Parmi les spasmes du plaisir

Dans la lumière tendre

La distance de toi à moi

Tu regardes le feu mourir

Et la chair se creusant

Et la chair se creusant

D’algues émouvantes

Qui te lient encore à moi

311


*

Bouche prophétique

Prononçant ses fétides paroles

Jamais la voix n’est entendue

Sinistre elle dort dans l’oubli

Qui écouterait ? Qui ?

312


*

Je me vautre dans ta plainte naïve

Je fulmine contemplant le lointain

A la lisière de l’espérance, il n’est nul avenir

Je prodigue mes colères

A pas chargés

Pour quelle avancée ?

Quelle finalité à atteindre ?

313


*

Fragments imperceptibles animés

d’un écho aérien,

Souffles saccadés par un esprit sourd.

Dans la lumineuse nuit invisible,

l’or fondu en sourdes paroles coule

ses segments incertains.

Tu conçois maigrement en suivant

ce ruisseau.

Passe et repasse dans ta mémoire

une solution d’écriture décevante.

Le message construit n’a nulle emprise

sur ta conscience.

Des bribes que l’on jette comme des semences

douteuses à la volée du vent.

314


*

Oui, j’étais dans l’absence

Je ne possédais qu’une seule parole

La mienne

J’étais dans mon silence

J’apprenais l’avenir

Avec mes propres écrits

J’approchais les poètes

Avec leurs substances créatrices,

Leurs livres, images contre images

Je me nourrissais de leur sang

Des fluides invisibles

Offraient des communications

Inconnues, subtiles

Mais vraies toutefois

315


*

Nuit. Et j’avance dans ma nuit

Cramponné à l’ombre de moi-même

Essayant d’extraire de nouvelles paroles.

Nul secret, nulle mouvance d’extase

Vidé, sans constellation

Ni sublimation.

Mon médiocre Néant, nulle réponse

Pour personne,

Perdu, au plus profond

À jamais peut-être.

Le questionnement

Vers une source d’éternité

Dieu d’éclairs et de savoirs,

Mon obscur fascinant.

316


*

Écouter le silence

comme un ru qui murmure

qui va et s’abonne à la lisière du rien

La voix haute s’épuise

et s’enfuit dans le vide

La voix gît ignorée

dans le matin limpide

La voix pour son silence

écho modérateur

qui ne parle jamais

qui ne parle jamais

317


*

Pensées invisibles qui cherchent la lumière

et s’évanouissent au premier appel d’air.

L’élan se meut et tombe dans son néant :

la respiration et plus rien,

Rien qu’un souffle dérisoire.

Ciel sombre sans distance encombré

de pierres noires,

Je n’entends plus que le son détestable

de ma voix.

318


*

Il veut être seul

et s’unir au singulier

À partir de la bouche qui prétend construire

Chaque parole qu’il prononce est en lui

sa langue offre la semence,

la salive s’échappe

la respiration se conçoit dans le silence

Il ne veut rien

rien que rester au fond de soi

Pour créer un espace autre

de vérités et de mensonges

bariolé d’images poétiques

insensées

Nul ne voudra le suivre

319


*

C’est un interdit,

c’est un obstacle,

c’est le mur

L’impossible crédibilité auprès d’autrui

Le langage personnel introverti

Le poète tourne en rond

320


*

Tout n’est qu’illusions, qu’imperceptibles

froissements d’écumes clairs

Dans le souffle aérien qui s’éloigne

Vapeurs ou substances comme des gouttelettes

invisibles qui dansent et s’en viennent mourir sue la feuille poétique

Entre mémoire et espoirs, doutes et refus,

poussières à ressouder avec le passage du temps

Et des bribes incertaines circulent encore,

échos annonciateurs des poèmes à écrire…

321


*

Toujours dans la solitude

il souffle des mots stupides

Il vit de rien, plongé dans son silence

entouré d’une montagne de mots

Qui viendrait le délivrer ?

322


*

Chair dedans, et toute autre ?

Et toute chair prise

dans un souffle dernier

d’extase et d’abandon

Ma force vive en toi,

toi qui exiges ma petite mort

Je ne te remplis pas,

concevant un espace supérieur

croyant encore aux chimères poétiques,

appelant follement ces choses infinies

La nuit pense et repense,

opaque de songes

Dans l’impossibilité d’atteindre

l’orgasme littéraire

je tourne sur toi

je meurs et je m’abat

323


*

La tête éclatée contre un mur de paroles

La tête ensanglantée, dégoulinant de mots

impurs

Constatation et médiocrité,

Certitude de rien

Un langage inutile pour se donner

l’apparence d’un monde

Est-ce fabrication d’un nouvel espace ?

de mémoire repensée et activée ?

324


*

Déplacer le silence

qui accompagne sa propre parole

Déplacer la mouvance

de son acte d’écriture

Purifier la voix pour n’être plus

qu’un silence éternel dans le Néant de soi

Plus de voix

Il le dira à l’espace

qui lui renverra son silence

Qu’il parle ou qu’il se taise

la fin est en soi

325


*

Vers quelles limites ? Quelles possibilités ?

Il n’est que du Néant

Je suis nulle part

*

J’habitais mon absence, j’existais

dans ma parole qui m’entourait

de ses halos

J’écoutais mon silence, j’errais

dans l’espace poétique-mien,

C’était un abominable nombrilisme,

je prétendais avec le travail d’autrui

arriver à mes fins

Comme si le quelque part était en moi

plus loin, ailleurs, dans l’infini mensonge

de ma réalité poétique

326


1

Délaissant ton corps et sans cesse délaissant

Cherchant une autre brèche

une autre pensée

de tangente intérieure

puis vomir ses entrailles spirituelles

d’esprit se faisandant

Jusqu’à la complète putréfaction

de mon âme pourrie

Mémoire, corps, avenir exterminés.

2

Aujourd’hui encore cherchant et cherchant

de nouvelles formes d’écriture,

moi médiocre plagiste

À l’ouverture de vos regards

les lèvres de l’espoir

pour quelque paix poétique

327


Les mots dérivés, déplacés,

volés et repensés

Pour quelles applications ?

3

Est-ce frémissement,

froissement d’étoffe claire ?

Mais que dire ? Que dire ?

Comment poursuivre ?

328


*

Tu te donnes à l’inutile

Tu produis pour le Néant

Est-ce élan de mort ?

Mon souffle assagi reconsidère

son passé

Je décompose hier

Comment faire mieux

autrement

en variabilités de moi-même

avec de la mémoire renouvelée

La maigre parole réclame encore

de l’espoir

que je lui promettrais jamais plus

329


*

Pensé à partir de l’insignifiant

Dans le pur espace infini

En soi

Pour quels mots

Quelles solutions d’images

Quel apparaître ?

Ici ce sont encore des champs de persécution,

Des chaos d’écriture

Des pénétrations dans l’âme

Puis une direction mentale

Pour un réel à inventer

Qui miroite maigrement

Un futur illusoire

330


*

Là encore dans les tourbières

Ton attente semble infinie

La pataugeoire de l’âme

Où se mêle confusément

Des termes impurs et inutiles

*

Tu construisais dans l’absence,

accompagné de ta parole

qui constamment te possédait.

Édifiant le silence, tu errais

en toi-même à la recherche de ton propre

inconnu.

Ce n’était pas du quelque part, mais

un long murmure qui se gravait dans

ta mémoire.

Poésie-pensée, poésie imprimée à tout

jamais, pour toi seul évidemment

331


*

Déferlées, déferlantes et

l’attente d’un jet

Pas d’ombre de mesure

Pas de mètre de fumée

Pas d’outil critique

Vol d’oiseau de détermination

Mais fumées qui se disjoignent

et se rejoignent en un point

332


*

Pour le mixage, le brassage,

et l’infinie dérivée

D’une frontière à l’autre

Tu cherches avec qui ?

Pourquoi ?

Pensé et repensé,

éloigné pour le très près

Le front avance, la lèvre reprend

et balbutie son insignifiant

333


Je

me déçois, dans l’inutilité du Rien

*

La poésie se putréfie au fond de moi-même

Que je retrouve la force

d’expulser de nouveaux jaillissements

Hors du Néant,

Hors

Pour le vent à nouveau

334


*

Reviens dans l’esprit,

rejets, expulsions et Muse !

Délabrements, exil

avec la nécessité de l’être qui fuit…

Le savoir-faire pour l’opinion

et la raison pour soi

Autrui de rien, autrui l’inutile !

Donne-leur ce matin où le poème flotte

où l’idée est soufflée comme étamine claire

Accroche cela au ciel mauvais

de torrents, de tornades et d’éclairs aussi

Accroche cela, oui, avec des flores, des oiseaux

des papillons d’extases et des folles nuitées

Tous ces chaos fuyant dans des violences

de particules - ça prétendrait former

335


un poème logique de possibilités

à entrevoir !

Te voilà mystifié, grommelant,

homme à la parole coupée avec des yeux

mouillés pour retourner vers l’intérieur.

Parle, parle, poursuis ce monologue

336


*

Conçu à partir du Néant,

Le plus intime pour la parole

Avec l’heure qui veille

— La production-ailleurs

Et le jamais-n’est-lu

Toi qui sortis de ma bouche

Geyser et chaos,

Fluidité insoutenable des mots

Qui coulaient

Pensées méconnaissables derrière

Ce flux d’images incohérentes

Puissamment évocatrices d’un doute

Je méconnais encore

De l’écrit, toujours je cherche

337


*

Rien pour soi en pensée réflexive

Dans son propre Néant, sans lecteur

Et toi agenouillé dans ta nuit

de pureté

Le mot en retour, à l’intérieur

La blancheur de ton été,

de ton silence

seul en vérité

338


*

Ma vitesse pour assimiler le travail de l’autre,

les volontés pour comprendre, pour extraire la substance,

Mes certitudes d’échec, mes poèmes inutiles

Le résultat te convient-il

La raison condamne la syntaxe

Je reste présent, espérant encore quelques douces

finalités

Lancées et pertes

Nulle raison d’avenir et de gains

339


*

Je pratique la critique et condamne

l’inspiration qui s’épuise. Je me ridiculise

prétendant posséder un tour meilleur.

Constamment le sérieux du travail sans invention,

vile besogne secondaire d’un auteur qui espère !

Mais quoi ? - Nulle fortune ne passe entre

mes doigts, et le rire amer condamne encore l’écrit.

340


*

Des trous dans la conscience et une façon

incertaine de faire le poète. Les matières

délirantes dont se gave stupidement l’écrivain.

Quels souffles dans ces murs de papier ?

Le silence dubitatif.

Et la loufoque histoire de la poésie qui

aurait une utilité !

341


*

Lancé par l’invisible jet

En gerbes d’écriture

Sous quel flamboiement incertain ?

- Chevelure cassée

De fluides poétiques clairs

Ou ensanglantés

Je tourbillonne autour de Toi

Fille élégante ou scabreuse putain

Jurons fondus en une seule bouche

Ou élixirs porte-grenades

De mets savoureux

Avec des noms et de semences

Plongés dans des calices

Où le sang messianique est à boire

342


I

De clair arrondi

Sous des poussières taciturnes

Au sortir de l’eau

Avec l’air fluide

Parcourant quelque peu les tempes

Mes adieux :

Voyelles et sonorités interdites

Ceci serait le vrai :

Penser sans la douleur

Par le truchement des verbes animés

Encore chez soi, dans le mot

Et question de question

Pour réponses médusées, détournées,

Obliques

343


Parlant dans le silence

Yeux ahuris cherchant

Quelque torve lumière

Le vent inutile vient se briser

Sur le front

Flamboiement incertain

Sur les lèvres inventives

II

Syllabes endurcies

Dans l’élévation du soleil

Telle une hostie rouge et saignante,

Calice de l’extrême

En violence d’offrande

Pour l’épanouissement de la lumière éternelle

À quelle fin de ténèbres telles ?

Vidé dans le soupir du rien

344


III

Traversé d’espaces irréels

Mon deuil

De poètes morts mais présents

L’esprit filant

Pour quelques perspectives de vécus

À la dérive

Aperçu, mon aperçu, entrevu, là

Spirale tourbillonnante pour

L’agencement d’un poème nouveau

Signes et le dire

Sur la variable transparente

Des mots qui s’effacent

L’œil critique au visage dur

Condamne la trace

Le goût de l’inachevé

Lettre contre lettre

Dans le cristal de l’espoir

345


*

Au plus profond les racines

Séquestrée, en soi

Elle, elle sur le souffle de la parole

Inaudible comme un obscurcissement

de pensées

Front, en moi, bascules lancinantes

sur les tempes du gris

Seulement la parole

Yeux de sang

346


*

Plaqué léchant ton œil obscène

Dans la colère du gerboyant

Ta pensée s’y mirait tremblante

*

échappé des fanges obscènes

plongeant dans le rictus poétique

j’élabore un monde différent

347


*

Je te harangue mes baisers obscènes

Fouette la déchirure de tes orgasmes

Sécrète le suc de l’interdit

Faufile-toi dans la soie

*

Oui, accrochée à toi

Par l’invisible lien de la mauvaise réplique

Suppose : dans l’oeil de la vipère

accrochée aux neurones défectueux

- Pour l’élixir, et la soupente mène au Néant.

Poursuis l’explosion délicate et absurde, existe

entre trois balbutiements verbeux.

348


Il s’assoit sur son trône, prince ridicule

imbu de soi, mièvre et médiocre - il s’assoit.

Il prétend : ses victimes, cuisses ouvertes, sexes béants,

trous d’extase - à la naissance de la folie…

Les poignards s’enfoncent dans la chair à critiquer

- Fantômes, ennemies, au-delà - et ce Dieu,

dangereux et puissant - que dira-t-il ?

349


*

Choses de soie fragiles

Mots plongeant dans l’amertume de la vie

Filiations souterraines d’œuvres en œuvres

coulant dans la lumière invisible

Je tremble couché contre la mémoire

Le souffle multicolore gerboie sa flambée

d’extase, pourpre, hallucinante

Tu ruisselles dans les méandres boueux

de l’interdit

Le message éclaté en rimes de rumeur

se déteste, s’exclut, se vide

Ne reste qu’une trace fluide filant vers l’inconnu

350


*

De te perdre. Et toutes les pertes

non ensemencées dans l’esprit — jusqu’à la

mort même.

Commencer avec cette certitude.

La lumière en apothéose de couleurs

gerboie dans l’air saturé

Ce sont là des amas de brouillards

qui voltigent et fuient

Avance dans l’idée. Exulte dans l’effort.

Tout cela finira bien pour apparaître.

351


*

Mémoire qui persiste et fuit

et là-bas le fruit excrémentiel des

douceurs oubliées

Les impossibles avalanches

Les courses dans l’éclat

La chute comme une apothéose d’orgasmes

Et l’orgueil désabusé, ridicule et moqueur.

352


*

Illisible ! Application de l’éclat, pourtant.

Ne jamais être lu.

Quand apparaîtras-tu ? Quand ?

À la frontière de l’invisible.

Tu savais que tu étais seul. S’élaborait

la construction d’un sauvage.

353


*

Tu ne condamneras pas l’attente

Tu te contempleras dans l’ombre de toi-même

Désireux de changer ton visage

Toi qui d’obscurité en obscurité

Essaies fasciné par la beauté du Néant

Respire ta propre haleine,

Enferme-toi dans la voix silencieuse

Barricade-toi dans ta prison de fer forgé

Et là-bas, ce seront peut-être des appels lointains

Toi qui gis sur ta mort souveraine

Et glaciale

Sublimes terreurs que les appels de tes frères maudits !

354


I

Qui pénètre par la croisée

Se veut voleur de savoirs

Je lui ouvre la porte

Et lui conseille

De ne point passer

Par la cheminée

Je lui donne mes dictionnaires

Mes almanachs et ma connexion

Au réseau

L’intelligence pure va outre

Accomplit de surprenants sauts

Refuse l’apprentissage

Et prétend ajouter

Sur les Anciens

355


II

Tu empruntes la passerelle

Laisse les feuilles mortes

Tu fouettes le petit caillou

Qui fait ses ricochets.

Comprendras-tu enfin

Qu’il te faut aller outre

Au-delà des soleils

Et des folies boréales ?

Souffle-toi, envole-toi,

Invente-toi un nouvel idéal.

Construis à la vitesse

De la pensée un monde

D’audaces et de beautés.

De ton Néant jaillira l’extase.

356


SUITES / RELANCES

357


SUITES / RELANCES I

TABLE DES MATIERES

I

II

III

IV

V

VI

Par

Soleils annonciateurs

Quelle folie en soi

Je m’endormis allégé

I

II

Le coursier

Le porte-parole ensanglanté

Le moi doublé

Délices insoupçonnées

358


Immense feu intense

L’impossible

Éloignée

Autres limbes

Bilan

Restitution

La compréhension du mystère

Incolore

Le diadème d’or

L’architecture imaginaire

Ainsi lové

Oubliez-moi !

I

L’ami, le frère

Le public

Toute volonté

L’invasion de mots

A. E. Jabès

À M Les mots

Je m’éloigne

I

II

III

359


IV

V

VI

VII

I

II

Mon écriture ?

Gainée de soie

Construction architecturée

Attendre la mort

Avec du vent

L’idée de progrès

Entre

Un mouvement elliptique

Tout est écrit

I

II

III

IV

V

La quincaillerie insignifiante

Les frères

Les hypothèses chimériques

360


Avancée

La vieille femme

Des espaces, des lieux

La révélation mystique

Les gardiennes de l’œuvre

Triste mélange

Faiseur

Inutile, peut-être

Dictame :

Dans l’éclatement

L’homo desertus

Nuancier de faux

Le retard dans l’esprit

J’étais donc invisible

Sans la mathématique

Tranche d’après-midi

Profil-voir

Chanson lavabo

Le rapport

361


SUITES / RELANCES II

TABLE DES MATIERES

Paysages effilés

Déclinaisons

J'entends

L'exploit de l'écriture

Je n'envisage plus

1 Nulle mort

2 Entretiens perturbés

3 Vrai

Est-ce une liberté permise

Injecte-moi

Le poème

Évanescence et périmètre

Syntaxes amoindries

Conquérant du dérisoire

La tierce impossible

362


La poésie vide à remplir

Un autre je

Non plus. Ne pas.

Brassage mental

Nous agissons

Ni l'un ni l'autre

À dire ou à écrire

Tourner

La réserve de savoirs

Je ne cesse de prétendre

Redéfinir

Dans le vide pour plonger

I J'ai dé-pensé

II Suppose-le

III Définir de nouveaux verbes

Les chaînes de l'avancée

Ce soir, plus laid encore

Une flèche sans avenir

Planquer une pensée de troc

Ton miroir

L'arracher, l'extraire

Il n'y a pas échange

Nul esprit ne saurait

363


I Le mot inlassablement

II Le mot cherche

III L'image et le mot

Paysage d'en face

Marcher sur ton corps

Dans le ciel cloué

La nuit noire

L'immense réservoir humain

L'art et le trois fois rien insignifiant

L'image-mensonge de l'écran cinématographique

L'agencement élaboré et la critique dérisoire

Qui veut parier ?

Le présent est en attente

Le mot seul inutile

Le rejet

Sur l'écrit à paraître

I La nuit.

II L'incandescence de soi

III Je te respire

L'air éclate

Dans l'infinie langueur

Majestur

Les rues tanguent

364


Titre sublime que le Tien

Les poèmes sont des torches vives

I Au zénith

II La stupide limite

III Encore, à la recherche

IV Ainsi Jérôme

V De quoi se nourrit le spectre ?

Je n'étais que cela

Séquences

Au fond du Moi

Vie pensée

Des lignes illimitées

L'observateur caché

Je ne sais plus quels traits

365


SUITES / RELANCES III

TABLE DES MATIERES

Son but

Miroirs, cieux, surfaces, espaces

Les utopies délirantes

Enfin, Soi !

Le trésor du sauvage

La paupière pense

Rien n'évolue

Des labyrinthes fangeux

Il n'aperçoit nul orbe

De rejets et d'oublis

L'immense effroi

Je le cherche encore

Encore pure, élevée

Plus d'espoir d'un marbre

Je n'avais pas considéré

Il faut donc s'enfoncer

366


Absent pour les hommes

Avec de l'intuition

1 Jette ton dé

2 Je ne voyais

3 Années, années

Dans le cercle de la bouche

Les yeux retournés

Nuits enfouies

Déplacée dans la mémoire

Va à l’œil, le mot

Dé repensé

Allais, allais

Nul souci de toi

C'est encore

Plus loin, en soi, ailleurs

Vaticiner

Silence dans un espace connu

Puisant des paroles, sourcier

Fractionné en soi

Passage entre deux êtres

En l'air, plus loin, que disent-ils ?

Les yeux, seuls au monde

367


Dans la bouche le halo

Lancé hors de toi telle une gerbe

Plus haut, lève-toi

Rester-là

Silence, et cette impossibilité d'écrire

Ce poids de la vieille

Piqué-avançant

Le déjà-mort

L'Être dans son néant

Dans la folie de l'exquise

Extirpé hors la chair

Dans l'angle clair

Je ne puis m'enrichir

Ce crépuscule

Reste charitable

La puberté récalcitrante

Pour l'insignifiant

I Elle s'élargit enfin

II Pour le vide intérieur

III L'absolu du destin

Les manœuvres de l'écriture

Plus pure encore

Lola

368


Silences déshabillés

Et toi, dans ton intime

Hors de moi-même

Accroché à la fièvre

Hors de moi qui jaillit

Une humeur tiède et lointaine

Hymne au Divin

Que cherches-tu ?

Nul réconfort

Figure où le vide

Rien de ce qui subsiste

Langueur. Douceur.

Entrer dans toute joie

D'obscur en obscur

369


SUITES / RELANCES IV

TABLE DES MATIERES

Efface-moi

Donc de s’anéantir

Va au-delà de ton ombre

Absent et libre

Parce que tu changes

Mes silences d’écriture

Rétro-pense

Mouvements de pensées

Rien, et la médiocrité

Mort proche ?

L’heure n’était pas voleuse

Le nuage

Ciel

Prier avant d’écrire

Toute chose…

370


Impression de lune

Le nuage de vérité

Etre seulement soi

Expiation d’essence

I Les deux pensées divergent

II Dans la poussière extrême

III L’aimée du soleil

Ici la volonté d’associer

I Sur les bords d’une onde nouvelle

II En d’autres espaces

III Insignifiant qui ne fut

IV Ce poème à écrire

Je vous l’offre

Le poète gémit

Cela n’est pas d’écrire

Amas inutiles d’œuvres

Tu ne sais le danger

Le vent dépasse son droit d’élan

Saint Octobre

Jugement trompeur

Ce fut le geste de penser

I Silence d’écriture

II Ce qui s’échappe

371


III Le fluide tourbillonne

Alpha

Bêta

Toi, dans ton espace

Le poète en profondeur

Tu me déséquilibres

Histoire d’y être

Nous espérons inventer

La poésie impose

Tout se mêle

J’ai cherché, c’était hier

Absence du poète ?

Tu parles, esprit

Chemin d’exploitation

La lumière vacille

La pureté, celle de l’eau

Le miroir s’éclaire

Les roseaux très serrés

Ici le spectacle dans l’obscurité

Celui qui pense là

Celui qui voit par la fenêtre

Les flammes incandescentes

Ta voix pénètre

372


Au-delà des haines

Le silence isolé

Etre là et attendre

J’avais supposé une semence

Au milieu de ta voix

Remonte de ta clairière

Écrire, c’est fragmenter

Percevoir la distance

En marge de moi

Ta main dans ma main confondue

373


SUITES / RELANCES V

TABLE DES MATIERES

Accompagnant tes cendres

Parmi les spasmes du plaisir

Bouche prophétique

Je me vautre

Fragments imperceptibles

Oui, j’étais dans l’absence

Nuit.

Écouter le silence

Pensées invisibles

Il veut être seul

C’est un interdit

Tout n’est qu’illusions

Toujours dans sa solitude

Chair dedans

374


La tête éclatée

Déplacer le silence

Vers quelles limites ?

J’habitais mon silence

Délaissant ton corps

Aujourd’hui encore

Est-ce un frémissement

Tu te donnes à l’inutile

Pensé à partir de l’insignifiant

Là encore dans les tourbières

Tu construisais

Déferlées, déferlantes

Pour le mixage

Je me déçois

Reviens dans l’esprit

Conçois à partir du Néant

Pour soi en pensée réflexive

Ma vitesse

Je pratique la critique

Des trous dans la conscience

Lancé par l’invisible jet

I De clair arrondi

II Syllabes endurcies

375


III Traversé d’espaces irréels

Au plus profond, les racines

Plaqué léchant

Échappé des fanges obscènes

Je te harangue

Oui, accroché à toi

Suppose

Choses de soie fragiles

De te prendre.

La lumière en apothéose

Mémoire qui persiste

Illisible ! Tu ne condamneras pas l’attente

376


377


378

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