LOYAUTÉS ET FAMILLES - Yapaka

d’incorporation des valeurs et interdits parentaux,
de répétition conservatrice et démoniaque du destin
parental, de fidélité aux interdits et de fixation aux
penchants infantiles.
Lacan reprend cette question de l’éthique et plus
particulièrement dans son séminaire de 1 5 -1 60 :
“Que devons-nous faire pour agir de façon droite,
étant donné notre condition d’homme”. Pour les
psychanalystes, la psychanalyse n’a pas à promouvoir
des conduites idéales, par exemple quant
à l’amour, ou à l’authenticité, à la loyauté, pas plus
d’ailleurs que la non-dépendance ou l’autonomie. Le
champ des vertus n’est pas celui du psychanalyste.
Il déblaye le terrain afin que le sujet puisse, ensuite,
en connaissance de cause, rechoisir lui-même ses
valeurs, ses idéaux et ses interdits.
Nous voyons comment cette éthique peut être en
contradiction avec les projets des équipes de soins,
de prise en charge hospitalière, thérapeutique ou
sociale.
à la fin de son séminaire, Lacan avance une formule
plus énigmatique et, à mon sens, beaucoup moins
heureuse “S’il existe une éthique de la psychanalyse,
elle pourrait se ressaisir dans cette formule : Ne
pas céder sur son désir”. Formule très ambiguë et
embarrassante, si l’on prend en compte le statut du
désir comme fondamentalement meurtrier, cannibalique
et incestueux. Trop souvent cette formule
a été entendue, voire traduite : “il faut réaliser ce
que je veux pour ne plus être frustré, pour être
heureux…”. Ici on passe du désir au vouloir, on
passe à une croyance au bonheur sans frustration
et privation …et l’on passe aussi de “ne pas céder
sur” à “céder à ”…
C’est oublier que le désir est intimement lié aux lois
du langage qui véhiculent les interdits fondateurs de
l’humain. C’est oublier que le désir n’a pas d’objet,
mais bien une cause que Lacan nomme : objet
cause du désir. C’est oublier que cet objet cause du
désir est universel et n’est rien d’autre qu’un paradis
perdu, un paradis que l’homme va tenter toute
sa vie de retrouver, bien que cela soit radicalement
impossible.
L’éthique psychanalytique, celle où le désir du sujet
est un axe majeur, implique une analyse des identifications
aliénantes aux valeurs et interdits parentaux,
ou encore à celles et ceux du groupe, elle implique
la sortie de la répétition du destin familial ou personnel
et un abandon des fixations aux pensées et
comportements de l’enfance.
Cette éthique est difficile à soutenir dans des unités
de soins, dans des prises en charge, qu’elles soient
hospitalières ou aient lieu dans un centre puisque
d’autres impératifs sociaux, économiques, politiques…
doivent être respectés.
La clinique psychanalytique
“Le pari d’un psychanalyste est de défaire par la
parole ce qui s’est effectué (noué) par la parole ou
son absence” (formations de l’inconscient, secret
de famille, mensonges, non-dit, fantasmes, loyautés
invisibles …).
Pour Freud, la clinique psychanalytique est un mode
d’exploration de la vie psychique. Dans son texte
“On bat une enfant”, il écrit : “Ne mérite d’être
reconnu psychanalyse correcte que l’effort analytique
qui a réussi à lever le voile d’amnésie qui
dissimule à l’adulte la connaissance des débuts de
sa vie infantile (c’est-à-dire de la période qui va de
la seconde à la sixième année) ; on ne le dira jamais
assez fort et l’on ne le répètera jamais assez souvent
parmi les psychanalystes“. Il poursuit : “… Celui qui
néglige l’analyse de l’enfance doit nécessairement
succomber aux erreurs les plus lourdes de conséquences.
En mettant l’accent sur l’importance des
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