04.03.2013 Views

du génie - Amicale 17 RGP

du génie - Amicale 17 RGP

du génie - Amicale 17 RGP

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Membre de la Fédération Nationale<br />

des Associations Parachutistes<br />

(FNAP)<br />

Paras<br />

<strong>du</strong> <strong>génie</strong><br />

Le magazine de l’amicale <strong>du</strong><br />

<strong>17</strong> e Régiment <strong>du</strong> <strong>génie</strong><br />

parachutiste<br />

n°37 - 1 er quadrimestre 2004<br />

DIEN BIEN PHU<br />

13 mars - 7 mai 1954.<br />

Descen<strong>du</strong>s <strong>du</strong> ciel,<br />

ils découvrirent l’enfer,<br />

où 56 jours <strong>du</strong>rant,<br />

l’héroïsme, l’abnégation,<br />

le dépassement de soi,<br />

l’honneur des armes...<br />

les con<strong>du</strong>isirent<br />

au sacrifice suprême<br />

ou à la captivité .


EDITO<br />

Dans le précédent bulletin (n°36) en dernière page de couverture une affiche rappelait le 50 e anniversaire de Dien<br />

Bien Phu. Qu'un hommage soit ren<strong>du</strong> à ses défenseurs et par extension à tous les combattants <strong>du</strong> Corps expéditionnaire<br />

français en Extrême-Orient est un impérieux devoir d'information.<br />

Dien Bien Phu, par exemple, voilà "un nom qui tonne, détonne et résonne" mais il ne faudrait pas qu'il étonne<br />

les futures générations.<br />

Dans l'indifférence d'une nation au sortir de la guerre, en l'absence d'un réel soutien politique des gouvernements<br />

successifs et avec l'opposition ouverte <strong>du</strong> parti communiste français, nos soldats ont lutté contre un nouveau totalitarisme<br />

qui s'étendait "<strong>du</strong> rideau de fer au rideau de bambou".<br />

02<br />

A 12000 kilomètres de distance<br />

A 12000 kilomètres d'où tu danses<br />

A 12000 kilomètres d'ignorance<br />

A 12000 kilomètres de mouvance<br />

D'indifférence, d'insouciance et de silence<br />

A la minute même où personne n'y pense<br />

Un Français meurt pour la France<br />

Et la fête continue.<br />

"ni fleur, ni couronne"<br />

(Michel TAURIAC)<br />

A ce poignant poème, j'ajouterai deux interrogations formulées par le Général Arnaud de FOÏARD :<br />

"Pourquoi nous avoir laissé condamner sans nuance de mener un combat colonialiste ?"<br />

"Pourquoi laisser mettre globalement l'action colonisatrice de la France au ban de l'humanité ?"<br />

<br />

Il ne m'appartient pas de revenir sur la bataille et sur les opérations en général. S'il subsiste des interrogations, il<br />

ne faut guère s'attendre à trouver désormais des réponses. Les responsabilités politiques, stratégiques et tactiques, à<br />

défaut d'être toutes rigoureusement définies, se sont diluées avec le temps. Ce qu'on a su dégager, c'est que, dans la<br />

réalité de la boue, des rizières, des progressions dans la végétation luxuriante, des crapahuts dans des reliefs<br />

accusés, l'application des schémas tactiques conventionnels n'avait plus cours face à la guerre révolutionnaire.<br />

<br />

Je me suis attaché à rappeler les débuts <strong>du</strong> <strong>génie</strong> aéroporté en Indochine.<br />

Que nous soyons in<strong>du</strong>strieux et in<strong>génie</strong>ux, c'est tout à notre honneur, mais que nous souffrions d'humilité et de<br />

discrétion est dommageable dans la mesure où les documents d'histoire en notre possession ne rendent pas compte de<br />

manière exhaustive des pages de gloire des paras <strong>du</strong> <strong>génie</strong>.<br />

Les acteurs à l'époque n'ont pas été incités à coucher sur le papier leur vécu. C'est dramatique car le <strong>génie</strong> parachutiste<br />

ne figure pratiquement pas dans la quinzaine d'ouvrages de référence.<br />

Avant qu'il ne soit trop tard je lance un appel vibrant à nos grands anciens, d'Indochine, de la Corée et d'Algérie,<br />

aux veuves de nos chers disparus afin de me confier des photos, des souvenirs, des témoignages (dont je me porte garant<br />

de la restitution), qui constitueront l'indispensable et précieux fonds historique qui nous fait cruellement défaut.<br />

Je suis reconnaissant à tous les amicalistes qui ont témoigné dans ce bulletin, et tout particulièrement au<br />

Colonel <strong>du</strong> BOUCHER qui nous confie une version <strong>génie</strong> de l'opération Hirondelle à méditer.<br />

S'il vous plait, à vos plumes et à vos albums photos... un grand merci d’avance.


LE MOT DU CHEF DE CORPS<br />

Ce premier semestre 2004 a été marqué par une phase particulièrement dense de préparation<br />

opérationnelle <strong>du</strong> Régiment.<br />

La première activité majeure a été le camp régimentaire à LA COURTINE au mois de<br />

février. Tout au long de cette période, nous avons renoué avec la rusticité, l'aguerrissement et<br />

les valeurs intérieures très fortes de cohésion, de camaraderie et d'esprit d'équipe qui font <strong>du</strong><br />

sapeur parachutiste un soldat d'élite et un exemple pour les autres. Ce camp a été fondé sur<br />

le retour aux fondamentaux <strong>du</strong> soldat où l'on se contente de peu de confort pour s'en<strong>du</strong>rcir,<br />

où on apprend à se connaître soi-même pour mieux se faire accepter par les autres, où on<br />

surmonte la douleur et la souffrance partagées dans un effort indivi<strong>du</strong>el, collectif et totalement<br />

gratuit, mais aussi dans l'esprit, c'est-à-dire sans état d'âme et sans arrière pensée.De plus,<br />

nous nous sommes aussi préparés à l'exercice de PC de la Brigade "AURIGE 2004" qui a eu<br />

lieu en mars. Derrière notre chef, le Général BETH et avec tous nos camarades de la Brigade<br />

Parachutiste et de l'Armée de l'air, nous avons mis en œuvre deux principes auquel je crois :<br />

le <strong>génie</strong> est une arme (et on peut y associer le service) de proximité et d'imbrication avec l'interarmes.<br />

Pour ce faire, et en ce qui nous concerne, le Régiment <strong>du</strong> <strong>génie</strong> de brigade interarmes<br />

doit, à tout moment, être capable d'apporter une réponse <strong>génie</strong> globale et cohérente à sa Brigade d'appartenance. Cela met en<br />

évidence le principe de la spécificité nécessaire et calculée au plus juste, composant avec la juste suffisance de l'homogénéité des<br />

besoins globaux et transverses de tous les régiments <strong>du</strong> <strong>génie</strong> de brigade interarmes.<br />

Quant à la deuxième partie <strong>du</strong> semestre, les événements récents qui ont douloureusement atteint nos amis Espagnols,<br />

con<strong>du</strong>iront le Régiment à s'impliquer très fortement dans la première mission qui incombe aux armées de la République: la sécurité<br />

<strong>du</strong> territoire, notamment par une très forte participation aux plans VIGIPIRATE ou autres.<br />

Nous nous retrouverons à MONTAUBAN, si les événements nous le permettent, pour fêter les 30 ans <strong>du</strong> Régiment les 18,<br />

19, et 20 juin 2004. En effet, cette fête sera conditionnée au niveau d'alerte VIGIPIRATE qui nous sera imposé. Quoique qu'il arrive,<br />

le Régiment, derrière son drapeau, participera, avec une fierté légitime, au défilé motorisé de sa Brigade le 14 juillet à PARIS.<br />

A l'issue, j'aurai l'honneur et l'humilité de céder la place à la tête <strong>du</strong> "<strong>17</strong>" au Lieutenant-colonel (TA) KUNTZ, le 29 juillet 2004.<br />

Il est déjà venu prendre contact. Nous avons prévu de nous voir souvent et le Régiment lui est totalement ouvert pour assurer une<br />

continuité dans l'action mais aussi dans l'esprit qui est le nôtre: cohésion, camaraderie et esprit de corps.<br />

Mes derniers mots vont vers mon très cher ami le capitaine Aimé BAJON, mort à OUADIDOUM le 13 novembre 2003.<br />

Noblesse de cœur, exemple de courage, de volonté et de ténacité, il était un Maréchal <strong>du</strong> <strong>génie</strong> parachutiste qui doit rester, à jamais,<br />

au plus profond de nos cœurs. Nous l'honorerons à la prise d'armes des "30 ans" comme le grand "<strong>17</strong>" sait le faire !<br />

LE MOT DU PRÉSIDENT<br />

Votre fidèle attachement et vos encouragements contribuent à ce que le bureau de l'<strong>Amicale</strong><br />

ressente de légitimes satisfactions, entretienne son enthousiasme et conforte son dévouement pour<br />

améliorer son action afin que la grande famille des sapeurs parachutistes, toutes générations confon<strong>du</strong>es,<br />

se rassemble davantage.<br />

Vous répondez à nos attentes et, au nom de tous, je vous remercie et vous exprime ma<br />

reconnaissance pour vos témoignages, vos photos, vos remarques, vos réflexions qui sont indispensables.<br />

Notre satisfaction résulte également des 100 réponses aux 367 lettres de rappel transmises<br />

aux camarades qui d'amicalistes adhérents s'étaient transformés en simples sympathisants.<br />

Chaque sapeur parachutiste a sa place réservée à l'<strong>Amicale</strong> : qu'il revienne et nous le recevrons sans<br />

arrières pensées comme l'enfant prodigue de l'Evangile.<br />

Nous mesurons et apprécions également l’efficacité <strong>du</strong> travail de nos délégués. L’accueil<br />

chaleureux et les marques d’amitié, que j’ai reçus dans notre belle Alsace, m’ont permis de voir à<br />

quel point l’<strong>Amicale</strong> est bien ancrée et vivante.<br />

Quant aux moments privilégiés des futures retrouvailles, retenez dès à présent quelques dates majeures.:<br />

18 juin Bal régimentaire<br />

18, 19 et 20 juin manifestations autour <strong>du</strong> 30 e anniversaire de la recréation <strong>du</strong> régiment<br />

(Les modalités pratiques feront l'objet d'une correspondance particulière)<br />

29 juillet Cérémonie de passation de commandement <strong>du</strong> régiment<br />

entre le Colonel Jean-Yves DOMINGUEZ et le Lieutenant-colonel (TA) Jean-Luc KUNTZ<br />

Septembre Assemblée Générale 2004 et Festivités de la Saint Michel<br />

16 novembre Cérémonie anniversaire <strong>du</strong> départ de la <strong>17</strong>/1 pour l’Algérie en novembre 1954 (voir page 36)<br />

REJOIGNEZ-NOUS, VENEZ NOMBREUX, RESTEZ FIDÈLES<br />

ET QUE PAR SAINT MICHEL : VIVENT LES PARAS !<br />

03


1. RAPPEL HISTORIQUE DU GENIE AEROPORTE<br />

1.1. PREMIER ENGAGEMENT : BAC-KAN<br />

C'est au cours <strong>du</strong> 4e trimestre 1947 que fut créée la<br />

première unité <strong>du</strong> <strong>génie</strong> aéroportée.<br />

De la taille d'une section, cette unité regroupée au sein de<br />

la 2e Cie <strong>du</strong> 61e Bataillon Colonial <strong>du</strong> Génie fut brevetée à<br />

HANOÏ. Commandée par le Sous-lieutenant GRAFF elle<br />

reçut le baptême <strong>du</strong> feu lors de l'opération LEA en sautant<br />

sur BAK KAN le 9 octobre avec le 1er Bataillon de Choc, puis<br />

à LA HIEN le 26 novembre dans le cadre de l'opération<br />

CEINTURE.(voir bulletins 35 et 36)<br />

1.2. ENGAGEMENTS ULTÉRIEURS<br />

Une section organisée à partir de volontaires parachutistes<br />

appartenant à la 2e Cie <strong>du</strong> 71e Bataillon de Marche<br />

<strong>du</strong> Génie constitua en 1948 l'appui <strong>génie</strong> de la base aéroportée<br />

Sud et opéra en COCHINCHINE. Commandée par<br />

le Sous-lieutenant TOUX elle fut brevetée à TAN DINH dès<br />

le mois de janvier. Elle participa aux opérations aéroportées<br />

HURON (région de PHUOC AN - 13 juin), CAÏBE (NONH<br />

BINH - 7 juillet), DRAGON (BA THU - 13 août) et en 1949 à<br />

JONQUILLE (Plaine des JONCS - 2 Juin).<br />

A SETIF, en juillet 1948, une section destinée à<br />

devenir l'unité <strong>génie</strong> <strong>du</strong> groupement aéroporté Nord (TON-<br />

KIN) fut constituée à partir d'une quarantaine de volontaires<br />

<strong>du</strong> groupement <strong>du</strong> <strong>génie</strong> n° <strong>17</strong>. Rattachée au II/1 er RCP elle<br />

embarqua à ALGER le 2 septembre. Commandée par le<br />

Lieutenant MEYRAN elle débarqua à HAIPHONG et s'installa<br />

à SAÏGON à la "concession". Dès le <strong>17</strong> octobre elle<br />

participa à VALENTINE (MAÏ SUU) puis ONDINE (VIETRI,<br />

en novembre) et PEGASE (PHU LY) où son chef fut tué à<br />

YEN COC le 11 décembre.<br />

04<br />

HISTOIRE<br />

LE "<strong>17</strong>" à DIEN-BIEN-PHU<br />

Son remplaçant, le Lieutenant GUICHARD multiplia<br />

les interventions en 1949 : PARASOL (NI YE en janvier),<br />

DIANE 1 (THANH SON en février), POMONE 1 (PHU<br />

LO en avril), POMONE 2 (PHU DOAN, TUYEN QUANG en<br />

juin), CANIGOU (VINH YEN en août), au raid de destruction<br />

amphibie dans la région <strong>du</strong> cap BOUTON (NORD ANNAM),<br />

lors de l'opération JUNON (début octobre) et fin décembre<br />

à DIABOLO dans le secteur <strong>du</strong> canal des bambous.<br />

En mars 50, elle se distingua à QUADRILLE<br />

(région de PHU LY). Le 27 mai avec le 3 e BCCP elle sauta<br />

sur DONG KHE et contribua à la reconquête <strong>du</strong> poste enlevé<br />

le jour même par un ennemi numériquement supérieur<br />

(4 bataillons viet minh). Toujours en appui <strong>du</strong> 3 e BCCP elle<br />

fut larguée sur CAO BANG dans le massif de KE SANG<br />

(ALBATROS).


En août 1950, une nouvelle section commandée<br />

par le Lieutenant ELISSALDE fut formée en AFN en vue de<br />

la relever. Cette unité devint la section <strong>génie</strong> de la base<br />

aéroporté Nord. Mise à contribution aussitôt en sautant le<br />

1 er octobre à THAÏ NGUYEN (opération PHOQUE) avec les<br />

lieutenants CONCHE puis BERTHELOT, elle assura auprès<br />

des bataillons paras sur toute la superficie <strong>du</strong> Delta tonkinois,<br />

l'indispensable appui <strong>génie</strong> : VINH YEN, MAO KHE,<br />

opérations CITRON et MANDARINE. Dans le cadre de l'opération<br />

combinée LOTUS, le 14 novembre 1951, elle<br />

sauta sur HOA BINH et agit en liaison avec la 71/2 <strong>du</strong><br />

Lieutenant JUSANX qui avait remplacé le Lieutenant<br />

PAGES en 1949 et avait participé à de nombreuses ouvertures<br />

d'itinéraires (plaine des oiseaux et opération PARTI-<br />

SAN). Cette même 71/2 de nouveau au Sud, s'engagea<br />

dans un raid amphibie puis lors de l'opération TOUR-<br />

BILLON 5 avec le Lieutenant MEMAIN.<br />

Le 1 er août 1952, la section <strong>du</strong> Lieutenant <strong>du</strong> BOU-<br />

CHER, formée d'éléments <strong>du</strong> <strong>17</strong> e BGAP releva celle<br />

d'ELISSALDE et s'illustra tout particulièrement <strong>du</strong>rant l'opération<br />

LORRAINE (PHU DOAN) le 9 novembre 1952 et<br />

lors <strong>du</strong> raid d'aéroporté HIRONDELLE (LANGSON) en<br />

juillet 1953 (voir article pages suivantes). Précédemment,<br />

elle avait renforcé l'organisation défensive de NASAN en<br />

décembre 52 puis début 53, elle avait œuvré successivement<br />

sur la RC6, dans le secteur de QUE SON TRI, dans<br />

le secteur de PHU LY, VAN DINH et le secteur de<br />

HADONG <strong>du</strong> 9 au 14 mai, tandis que la 71/2 effectuait les<br />

travaux défensifs <strong>du</strong> camp retranché de la plaine des JAR-<br />

RES avec un saut sur SAM NEUA le 24 décembre 52 (opération<br />

NOEL).<br />

1.3. CRÉATION DE LA <strong>17</strong>e COMPAGNIE PARACHUTISTE<br />

DU GÉNIE.<br />

Une réorganisation des TAP en Indochine fin 1953<br />

fut marquée notamment par la création de la <strong>17</strong>e Compagnie Parachutiste <strong>du</strong> Génie le 1er novembre 1953 à<br />

HANOÏ. Constituée de la 71/2 et de la section para <strong>génie</strong> de<br />

la compagnie de garde et d'appui de la base aéroportée<br />

Nord, elle fut placée sous les ordres <strong>du</strong> Capitaine <strong>du</strong> BOU-<br />

CHER nouvellement promu.<br />

Chaque section d'un effectif de 90 hommes auquel<br />

il convient d'ajouter l'apport vietnamien fut intégrée au<br />

Bataillon divisionnaire aéroporté. La compagnie forte de<br />

270 hommes était stationnée à HA DUONG. Elle ne possédait<br />

pas de fanion. C'est celui de la section <strong>génie</strong> para qui<br />

le remplaça. La mention Légion Etrangère sur un côté correspond<br />

à la présence de 25 légionnaires dans ses rangs.<br />

A noter que presque simultanément, une compagnie<br />

para <strong>du</strong> <strong>génie</strong> vietnamien fut crée (3e Cie ). Elle était<br />

commandée par le Capitaine CRAMONT, précédent adjoint<br />

<strong>du</strong> Capitaine <strong>du</strong> BOUCHER.<br />

La première action de la <strong>17</strong>e Compagnie para ne<br />

tarda pas, puisque le 20 novembre, elle fût parachutée sur<br />

DIEN BIEN PHU (1) .<br />

Relevée par le 31e Bataillon de marche <strong>du</strong> <strong>génie</strong>,<br />

elle quitta DIEN BIEN PHU et rejoignit HANOÏ le 9 décembre<br />

1953.<br />

Le 1er janvier 1954, elle fut rattachée au bataillon<br />

divisionnaire aéroporté.<br />

A la mi-janvier elle agit avec le 2e BEP, le 1er Bataillon Nord vietnamien (1BPVN) et le groupe de marche<br />

<strong>du</strong> 35e RALP à NHA TRANG (Sud Annam) afin de prendre<br />

part à l'opération ARETHUS première phase de l'opération<br />

HISTOIRE<br />

ATLANTE. Elle fut engagée ensuite dans des actions visant<br />

à dégager la RC 19 et ses abords, d'ANKHE à PLEIKU. De<br />

retour au TONKIN, elle intervint sur l'axe HANOÏ-<br />

HAÏDUONG pendant près d'un mois. Fin août, elle retourna<br />

en COCHINCHINE pour s'installer à SAÏGON-BAQUEO.<br />

Dissoute le 31 décembre 1954, elle fut recréée le<br />

1 er janvier 1955 aux ordres <strong>du</strong> Lieutenant THORAUD<br />

comme unité administrative élémentaire de la base aéroportée<br />

d'Extrême Orient qui se substitua à la Base aéroportée<br />

Sud. Sous le commandement <strong>du</strong> Lieutenant<br />

CAMESCASSE à partir <strong>du</strong> 16 juin, elle fut définitivement<br />

dissoute le 30 juin 1955.<br />

A noter qu'il n'existe pas d'insigne spécifique <strong>du</strong><br />

<strong>génie</strong> parachutiste français en Indochine. Les sapeurs de la<br />

61/2 portaient l'insigne <strong>du</strong> 61 e Bataillon, ceux de la 71/2<br />

celui <strong>du</strong> 71 e Bataillon. La demande formulée par la <strong>17</strong> e CPG<br />

pour la confection d'un insigne n'aboutit pas. En revanche,<br />

la 3 e compagnie parachutiste <strong>du</strong> <strong>génie</strong> (vietnamien) disposait<br />

d'un insigne.<br />

(1) Chef lieu de l’administration provinciale frontalière.<br />

1.4. MISSIONS PRIVILÉGIÉES DU GÉNIE PARACHUTISTE<br />

-ouverture d'itinéraire, comblement de coupures, dégagement<br />

d'obstacles, déminage, dépiégeage;<br />

-ré<strong>du</strong>ction de points forts, destruction d'installations et de<br />

matériels pris à l'ennemi;<br />

-destruction de barrages vietminh sur les canaux;<br />

-réfection de routes et de voies ferrées;<br />

-aménagement de gués;<br />

-relevage de travées de ponts sabotés;<br />

-lancement et repliement de ponts métalliques, notamment<br />

Bailey;<br />

-construction de postes et organisation défensive <strong>du</strong> terrain;<br />

-réalisation de terrains d'atterrissage pour avions légers;<br />

-protection de chantiers.<br />

2. LA <strong>17</strong>e COMPAGNIE PARACHUTISTE DU GÉNIE À<br />

DIEN BIEN PHU.<br />

2.1. MISE À TERRE<br />

Appuyant le GAP 1, c'est avec le 6e BPC, le 2/1er RCP et deux batteries <strong>du</strong> groupement de marche <strong>du</strong> 35e RALP que la <strong>17</strong>e CPG sauta le 20 novembre 1953 à partir<br />

de 10h30 sur la zone de saut n° 759 (DZ NATACHA).<br />

05


2.2. MISSION REÇUE<br />

-En priorité : reconnaître dès que possible l'emplacement<br />

d'un terrain pour MORANE et en commencer l'aménagement<br />

dans les plus brefs délais,<br />

-Baliser les gués sur la NAM-YOUN;<br />

-Pour la nuit de J (20 novembre) à J+1, participer à la<br />

défense de DBP sous les ordres <strong>du</strong> chef de Bataillon commandant<br />

le 6 BPC (BIGEARD).<br />

2.3. DÉROULEMENT<br />

Dès son arrivée au sol, la compagnie fut accrochée.<br />

Les feux d'armes légères et de mortiers furent meurtriers<br />

et accentuèrent la dispersion.<br />

La compagnie constituée de 3 officiers (CNE<br />

DUBOUCHER, LTN RAGOT et MEMAIN, auxquels il faut<br />

rajouter le CNE CHARLET, conseiller Génie), de 6 sousofficiers<br />

dont BONNIN, FORCET, SERBON et LANGELEZ)<br />

et de 60 sapeurs parachutistes se regroupa seulement à<br />

15h30. On dénombra deux tués : les sergents BONNIN (2) et<br />

FORCET, et trois blessés (dont LANGELEZ), blessé au<br />

ventre à côté de son capitaine (évacué aussitôt, avec dixsept<br />

perforations intestinales, il sera sauvé).<br />

En fin de soirée, les 6 gaines de matériel et d'explosifs<br />

furent récupérées. C'est seulement le lendemain<br />

que le largage des gros équipements débuta. La mise à<br />

terre s'effectua sur la DZ OCTAVIE, à l'écart des zones<br />

"personnel". Le parachutage commença dans l'après-midi.<br />

Si le contenu d'un Dakota représentant 2,5 tonnes<br />

d'outillage divers put être réceptionné sans problème, il<br />

n'en fut pas de même en ce qui concerne le premier bulldozer<br />

(7 tonnes) qui, largué d'un Fairchild C119 Packet<br />

(flying boxcar) se décrocha de sa voilure et s'écrasa, s'enfonçant<br />

de trois mètres dans la rizière.<br />

Le 23 décembre, après cette expérience malheureuse,<br />

le conditionnement amélioré contribua à un poser en<br />

douceur d'un deuxième engin, "d'aplomb sur ses chenilles".<br />

Il convient de souligner que ces bulls, comme les<br />

trois autres largués ultérieurement en "avaient vu d'autres":<br />

ils avaient servi <strong>du</strong>rant la campagne d'Italie, la libération de<br />

la France et la pénétration en Allemagne. Ils étaient en service<br />

depuis le début des opérations en Indochine.<br />

06<br />

HISTOIRE<br />

(2) Extrait <strong>du</strong> CR de décès <strong>du</strong> sergent Jean<br />

BONNIN, 23 ans, marié depuis un an.<br />

"…Pris à partie par des armes automatiques,<br />

le sergent BONNIN fut atteint par une balle<br />

dans la région rénale. Sa mort ne fut pas<br />

instantanée, il fut achevé au coupe-coupe par<br />

des éléments viet-minh."<br />

2.4. RÉALISATIONS<br />

Les travaux d'aménagement d'une piste<br />

pour MORANE furent entrepris dès la prise<br />

de DBP. Une piste de 400 mètres fut livrée le<br />

21 au soir (J + 1).<br />

Le chantier de rétablissement <strong>du</strong> terrain<br />

pour DAKOTA débuta dès J + 1 midi. Cette<br />

remise en état de la piste d'atterrissage fut<br />

l'effort principal de la compagnie. Il s'agissait<br />

d'une mission d'appui à la mobilité… aérienne<br />

puisque l'objectif était de rendre opérationnelle<br />

un terrain construit avant-guerre, consciencieusement<br />

endommagé par le creusement de plus de 1200 trous<br />

à bords francs d'un mètre cube rendant inutilisable l'aire de<br />

poser.<br />

Si les opérations de dégagement ne soulevèrent<br />

pas de problèmes sérieux, le comblement constitua une<br />

"opération rustines" laborieuse. Un mélange de paille, de<br />

gravier, de terre et d'huile de vidange, proposé par le CNE<br />

CHARLET, fut retenu et le compactage sommaire à l'aide<br />

de dames s'avéra efficace puisque le chantier s'acheva le<br />

25 matin, en avance d'une semaine sur les prévisions.<br />

Encore faut-il préciser que tous les soirs, il convenait de<br />

recharger les trous systématiquement. Quoiqu'il en soit, les<br />

sapeurs parachutistes "firent merveille" puisqu'à 11h30, le<br />

25, le premier DAKOTA se posait.<br />

Dès le déconditionnement <strong>du</strong> bulldozer, l'aménagement<br />

d'alvéoles pour avions et pour dépôts de munitions fut<br />

entrepris.<br />

En bout de piste, un pont en madriers fut construit<br />

pour l'accès des avions au parking. Ce pont qui tiendra malgré<br />

le bouleversement ultérieur <strong>du</strong> terrain (bombardements<br />

et inondations), fut qualifié "d'extraordinaire" par le CDT<br />

SUDRAT arrivé le 28 décembre pour prendre les fonctions<br />

de commandant <strong>du</strong> Génie <strong>du</strong> camp retranché après la relève<br />

<strong>du</strong> <strong>17</strong> par le 31 e Bataillon de marche <strong>du</strong> Génie aérotransporté<br />

respectivement les 4 décembre (3 e compagnie),<br />

le 12 décembre (2 e compagnie) et le 7 janvier 54 (détachement<br />

de soutien et d'entretien de la 21 e compagnie).


Un autre pont en bois fut construit sur la NAM<br />

YOUN pour relier la piste PAVIE et le terrain d'aviation à la<br />

route provinciale 41 (RP 41) venant de TUAN GIAO.<br />

A noter que les travaux furent con<strong>du</strong>its par les cadres<br />

<strong>du</strong> Génie.<br />

Leur exécution fut assurée par les bataillons successivement<br />

de jour comme de nuit (une compagnie relevée<br />

toutes les 6 heures).<br />

2.5. FIN DE MISSION<br />

Les missions fixées furent menées à bien en un<br />

temps très court grâce à la coopération efficace des<br />

bataillons.<br />

Le 8 décembre 1953, la <strong>17</strong> e compagnie parachutiste<br />

<strong>du</strong> Génie quitte la cuvette. Cette cuvette qui ne tardera<br />

pas à être qualifiée de "fond d'un casque colonial retourné<br />

dont les vietnamiens tiennent les bords”. En effet, avec l'évolution<br />

inquiétante de la situation militaire avant la fin janvier,<br />

suite à l'abandon des reconnaissances à longue distance<br />

et la perte de la bataille pour le contrôle des hauteurs,<br />

la cuvette devint d'une grande vulnérabilité et ressembla<br />

désormais davantage à un grand stade (18 km x 6 km) aux<br />

gradins occupés par l'ennemi.<br />

3. ÉVOLUTION DE LA MISSION DU GÉNIE.<br />

Interrompre les considérations sur l'Appui <strong>génie</strong> de<br />

la base aéroterrestre au moment <strong>du</strong> rapatriement de la <strong>17</strong>e compagnie parachutiste <strong>du</strong> <strong>génie</strong> serait incomplète. Il<br />

convient, dans le cadre de cette évocation de DBP, d'élargir<br />

le propos à la bataille toute entière, et de ne pas négliger,<br />

avec la réalité <strong>du</strong> camp retranché, le volet <strong>génie</strong> qui figure<br />

trop souvent de manière succincte dans les multiples exposés,<br />

compte ren<strong>du</strong>s et témoignages.<br />

La vulnérabilité grandissante <strong>du</strong> camp fut à court<br />

terme accentuée par les effets d'une météo prévisible<br />

détestable. En effet, les installations, sans protection efficace<br />

aux vues et aux coups ne seront en aucune manière préservées<br />

des précipitations saisonnières.<br />

HISTOIRE<br />

Avec la mise en place de moyens <strong>génie</strong> plus conséquents,<br />

les travaux entrepris par les unités <strong>du</strong> 31 e BMG<br />

s'inscrivirent sur une plus grande échelle en privilégiant l'infrastructure<br />

centrale, le recouvrement de la piste et la construction<br />

de ponts pour le passage de chars (18 tonnes).<br />

Quand le commandement fixa le niveau de protection<br />

des installations aux coups de 105, cette prescription<br />

ne put être observée ; même le PC central et l'hôpital sur<br />

lesquels le <strong>génie</strong> marqua un de ses efforts, ne furent à l'épreuve<br />

<strong>du</strong> 105, encore moins <strong>du</strong> 120 et <strong>du</strong>rent faire l'objet<br />

de renforcements.<br />

07


Que de nombreux officiers des formations aient pu<br />

ignorer, comme il a été écrit, tout des fortifications de campagne,<br />

la diffusion de notices d'organisation <strong>du</strong> terrain ne<br />

leur fut pas d'une grande aide dans la mesure où ils manquaient<br />

de matériaux.<br />

En effet, le problème majeur résida dans une<br />

"immense pénurie" de matériaux. A titre d'exemple, le bois,<br />

tant nécessaire, fut prélevé dans les villages au grand désespoir<br />

des indigènes, ainsi que dans les forêts. Mais, les 2<br />

200 tonnes ainsi récupérées, auxquelles s'ajoutèrent 3 500<br />

tonnes aérotransportées ne suffisèrent pas à assurer la protection.<br />

Quand bien même l'option de fortifier la position<br />

aurait été retenue, l'acheminement de tonnages faramineux<br />

de ciment, de bois de coffrage et d'installations de concassage<br />

aurait été impossible.<br />

Le commandant SUDRAT, commandant <strong>du</strong> Génie<br />

de DBP évalua les besoins à 36 000 tonnes.<br />

L'acheminement exclusif de ce fret aurait mobilisé la totalité<br />

<strong>du</strong> potentiel de transport aérien <strong>du</strong>rant 5 mois.<br />

De surcroît, même si les bataillons avaient pu<br />

disposer des matériaux, encore aurait-il fallu qu'ils puissent<br />

s'attacher aux travaux de protection pendant 2 mois alors<br />

qu'ils étaient très souvent engagés.<br />

Dans les faits, <strong>du</strong> 20 novembre au 7 mai 1954, le<br />

tonnage <strong>du</strong> matériel livré à DBP (largué ou déposé) s'éleva<br />

à 22 275 tonnes. A noter qu'à partir <strong>du</strong> mois d'avril, 30 %<br />

étaient per<strong>du</strong>s, largués dans les lignes ennemies.<br />

Pour le Génie, il fut alloué en supplément <strong>du</strong> bois 4<br />

000 tonnes décomposées principalement en 3 000 t de fil<br />

de fer barbelé (dont les rouleaux de 150 kg étaient appelés<br />

"oreillers de fakir"), 510 t de plaques PSP (22 800 pièces<br />

qui recouvrirent les 6 000 m² de piste), 44 t d'éléments de<br />

pont Bailey, 5 t de fers I.P.N., 40 t d'engins, 30 000 mines…<br />

08<br />

HISTOIRE<br />

On était loin des 36 000 t réclamées.<br />

On ne put pas davantage "tirer DPB de l'eau" ni<br />

s'appliquer au camouflage d'autant que le Génie eut d'autres<br />

tâches à remplir : abris pour avions, dépôt de ravitaillement,<br />

fourniture d'énergie électrique et alimentation en eau<br />

potable…<br />

4. CONCLUSION.<br />

Il n'est pas exagéré de dire que dans ce déploiement<br />

d'urgence, les sapeurs parachutistes ont su par la<br />

maîtrise des savoir-faire techniques, l'audace et l'ingéniosité<br />

devant les situations et la ténacité farouche, remplir leur<br />

mission de manière exemplaire.<br />

En leur rendant hommage en ce cinquantième<br />

anniversaire de la chute <strong>du</strong> camp retranché de DBP, n'oublions<br />

pas tous nos camarades <strong>du</strong> 31 e BMG, marqués par le<br />

sacrifice de 24 des leurs, qui ont poursuivi avec courage et<br />

abnégation sous les feux et les assauts des "viets" pendant<br />

cinq mois, le travail que nous avions commencé dans la<br />

cuvette.<br />

Le Génie, une fois de plus, fit des miracles. Mais,<br />

il ne faudrait pas oublier la formule :<br />

"Pas assez…… trop tard."


CONSIDERATIONS GENERALES<br />

Le Vietminh voulait poursuivre la guerre avec les<br />

prisonniers dont il entendait faire des instruments de propagande<br />

après les avoir "réé<strong>du</strong>qués".<br />

L'univers carcéral <strong>du</strong> Vietminh, décrit dans des<br />

ouvrages qui font autorité, est une diabolique machine de<br />

déshumanisation et d'élimination dont les rescapés ont su<br />

décortiquer les rouages.<br />

En s'appesantissant sur l'abomination des camps<br />

nazis, certains ont bien cherché à occulter les horreurs des<br />

bagnes communistes. Fort heureusement il n'en est rien et<br />

l'on est édifié à la lecture des traitements pratiqués dans ce<br />

système totalitaire malgré l'arrogance et les dénégations<br />

vertueuses de tous ceux qui se cramponnent à "leur vérité".<br />

Aussi apparait-il indispensable, qu’en préalable au devoir<br />

de mémoire, un impérieux combat d’information soit<br />

mené.<br />

Lors d'une rencontre récente, le Colonel <strong>du</strong> <strong>génie</strong><br />

Charles CLERGET(promotion nouveau bahut 45-47) me<br />

raconta que son séjour en Indochine s'était prolongé après<br />

CAO BANG par quatre années de captivité <strong>du</strong>rant lesquelles<br />

où il côtoya des camarades d'infortune qui avaient déjà<br />

été internés quelques années plus tôt en Allemagne.<br />

En ce 50 e anniversaire de la fin de la guerre<br />

d’Indochine, il est pertinent de revenir en quelques pages<br />

sur cette tragédie vécue par des dizaines de milliers de<br />

combattants dont presque les trois quarts ne survécurent<br />

pas au calvaire imposé.<br />

Officiellement, les mots de crimes de guerre et, encore<br />

moins ceux de crimes contre l'humanité, ne sont retenus<br />

pour ces faits. La loi établissant l'imprescriptibilié des crimes<br />

contre l'humanité (1964) alimentera encore longtemps<br />

des débats car si un arrêt de la cour de cassation (1er avril<br />

1993) restreint cette notion "aux actes commis en Europe<br />

par et pour l'Allemagne nazie", tous les auteurs, coupables<br />

ou responsables, d'exactions en relation avec d'autres systèmes<br />

totalitaires sont exonérés de tout châtiment.<br />

Par ailleurs, on enregistra des trahisons parmi nos<br />

concitoyens. Ces indivi<strong>du</strong>s bénéficièrent de la loi d'amnistie<br />

<strong>du</strong> 18 juin 1966, qui, déstinée à l’origine à la guerre d’Algérie,<br />

avait été élargie aux évènements consécutifs à l'insurrection<br />

vietnamienne. Mais, s'ils purent ainsi échapper à la<br />

justice, il est singulier qu'ils aient pu intégrer le service<br />

public!<br />

Le cas de Georges BOUDAREL, décédé le 26<br />

décembre 2003, illustre cette situation. Le 13 février 1991,<br />

cet universitaire, maître de conférence à PARIS VIII, éminent<br />

vietnamologue fut rattrapé par son passé.<br />

Tiède séminariste transformé en missionnaire <strong>du</strong> communisme,<br />

enseignant politisé, il rejoignit à 24 ans le Vietminh<br />

pour devenir frère prêcheur <strong>du</strong> verbe marxiste.<br />

Son action en qualité de cadre (can bo) au camp n° 113 (de<br />

réé<strong>du</strong>cation par le travail et le repentir) sous l'appellation<br />

de DAÏ PHONG( fraternité universelle) marqua à tel point<br />

les prisonniers, notamment avec ses cours de réé<strong>du</strong>cation<br />

politique qui n'avaient rien des veillées des chaumières,<br />

que la leçon fut bien apprise et qu'ils le reconnurent quarante<br />

ans plus tard.<br />

PRISONNIERS DES VIETS<br />

RÉFLÉXIONS<br />

Malgré quelques aveux où il précisa même "qu'il<br />

n'était ni un idéaliste, ni un salaud mais un con" les interrogations<br />

subsisteront quant à la sincérité de son début de<br />

travail de contrition alors que soutenu par les habituels<br />

intellectuels, irré<strong>du</strong>ctibles nostalgiques des "justes causes"<br />

idéologiques qui ont la vie <strong>du</strong>re, il se lança dans des démarches<br />

juridiques difficiles à admettre.<br />

Suite à une opposition de la justice d’instruire une<br />

plainte pour crime contre l’humanité, confirmée en appel et<br />

en cassation, le professeur modèle déposa plainte contre x<br />

pour dénonciation calomnieuse. Malgré le dossier accablant<br />

établi par la Gendarmerie, la justice prononça un nonlieu<br />

et ordonna le dépôt au greffe. L’irrecevabilité d’une<br />

plainte en citation directe fut confirmé en appel et en cassation.<br />

Jusqu’au bout cet authentique apparatchik, glacial<br />

et cynique, affirma qu’il ne regrettait rien.<br />

UN SEJOUR EN ENFER COMMUNISTE<br />

Le système vietminh n'avait pas pour but principal<br />

d'éliminer le prisonnier ayant combattu contre "le paradis<br />

rouge" mais de le manipuler, le retourner et le convertir à l'idéologie<br />

communiste. Ainsi en accord avec "la ligne <strong>du</strong><br />

parti", il pourra devenir un "agent actif" de l'anti-impérialisme<br />

et de l'anti colonialisme dès sa libération ; liberté bien<br />

particulière puisque la rectitude de sa con<strong>du</strong>ite conditionnera<br />

la liberté d'autres prisonniers.<br />

Le statut de prisonnier de guerre ne lui sera pas reconnu :<br />

tout non-communiste est un fasciste et systématiquement<br />

qualifié de criminel de guerre. Jugé comme un "déchet<br />

social", il est d'abord mis au ban de la société et passe par<br />

un système de réé<strong>du</strong>cation, véritable retournement psychologique<br />

qui s'appuie sur un enseignement comparable à<br />

une véritable torture morale qu'un aumônier parachutiste,<br />

Jean-Pierre JEANDEL qualifia de "supplice de la propagande"<br />

en soulignant "que les Viets avaient une patience infinie,<br />

la patience de la goutte d'eau qui finit par trouer la pierre".<br />

C'est bien un voyage… au bout de l'enfer qui est imposé<br />

au captif.<br />

Les organisateurs sont des commissaires politiques<br />

(can bo), "in<strong>génie</strong>urs de l'âme" chargés de l'endoctrinement<br />

par un savant dosage de gavage de propagande,<br />

d'alimentation chichement consentie, de travaux et de marches<br />

forcées, d'humiliations diverses accentuées par des<br />

conditions d'hygiène abominables et la prolifération de maladies<br />

en l'absence de contrôle <strong>du</strong> Comité de la Croix-rouge<br />

jugé "organisation internationale d'espionnage à la solde<br />

des puissances capitalistes".<br />

Parmi les conclusions des études communistes sur<br />

les expériences de lavage de cerveau, les temps moyens<br />

de conversion sont nettement différenciés selon les groupes<br />

sociaux : si l'homme <strong>du</strong> rang se soumet au bout de 6<br />

mois, il faut compter 18 mois pour le sous-officier et plusieurs<br />

années pour l'officier dont un nombre conséquent<br />

reste réfractaire à cette "expérience" qui, pire qu'une tuerie,<br />

est une véritable destruction intérieure menée selon des<br />

procédés dignes de ceux des tortionnaires nazis.<br />

09


RÉFLÉXIONS<br />

LA METHODE<br />

Elle se décompose en trois parties :<br />

La prise en main déstabilisatrice<br />

Pour débuter, il convient de mettre le prisonnier en<br />

condition. Il faut extirper et chasser de lui le "vieil homme"<br />

bourgeois, égoïste, impérialiste et colonialiste. Il importe<br />

qu'il rompe avec son passé (habitudes, pensées, vocabulaire<br />

…) même la tenue militaire est remplacée par une<br />

autre qui fera <strong>du</strong> porteur un bagnard anonyme à qui on<br />

enlève les derniers vestiges de son appartenance à l'Armée<br />

Française.<br />

C'est au psychisme <strong>du</strong> prisonnier qu'on s'attaque et<br />

la prise en main est brutale même pour les valides avec<br />

fouille, déséquipement, confiscation, élimination de<br />

marques distinctives… bousculades et le martèlement de<br />

discours déjà vus imprimés sur des tracts vietminh ou dans<br />

les feuilles de l'Humanité " :<br />

-"vous êtes des colonialistes, des criminels de<br />

guerre qui ne méritent aucun égard. Nous allons vous<br />

réé<strong>du</strong>quer.<br />

-Le peuple vietnamien ne vous tient pas rancune et<br />

grâce à la haute clémence de notre vénéré président HO<br />

CHI MINH vous pourrez bientôt retrouver votre famille.<br />

-Vous êtes tous des chiens enragés et assoiffés <strong>du</strong><br />

sang des peuples. Nous vous ferons expier vos crimes abominables.<br />

-La guerre des colonialistes français contre le peuple<br />

<strong>du</strong> Vietnam est une guerre injuste et criminelle.<br />

-Votre libération dépend de votre aptitude à assimiler<br />

la vérité et aussi <strong>du</strong> bon vouloir <strong>du</strong> peuple de France<br />

représenté par ses organisations démocratiques autour <strong>du</strong><br />

PCF.<br />

10<br />

-Aveuglés, trompés par les colonialistes avides et<br />

les impérialistes cupides qui se servent de vous comme de<br />

chair à canon, vous vous êtes ren<strong>du</strong>s coupables de crimes<br />

et d'atrocités sans nombre.<br />

-Vous vous trouvez à la frontière <strong>du</strong> camp de la paix<br />

et <strong>du</strong> camp de la guerre.<br />

-Vous devez choisir : ou vous restez des criminels<br />

de guerre ou vous aurez été des victimes. On pardonne aux<br />

victimes, pas aux criminels. Vous prouverez votre sincérité<br />

par des actes.<br />

-Vos esprits sont beaucoup plus malades que vos<br />

corps et les replis de votre cerveau plus sales et plus pourris<br />

que vos doigts de pieds ; Commencez donc à guérir de<br />

la tête avant de songer à vos pieds…."<br />

On pratique la douche écossaise : on amène le prisonnier<br />

(Hu Binh) au bord <strong>du</strong> désespoir et promptement on<br />

le rassérène avant qu'il ne chute. L'accalmie est de courte<br />

<strong>du</strong>rée bien enten<strong>du</strong> ! Cette succession de phases de<br />

détente calculée et de reprise en main rigoureuse semble<br />

ne vouloir jamais s'arrêter. Tout en effet repose sur la répétition<br />

: alors quand c'est fini, ça recommence !<br />

La difficulté repose sur le fait qu'avec le délabrement<br />

physique et moral qui s'accentue, il s'enfonce davantage.<br />

Peu à peu le souhait de voir tout s'arrêter traverse<br />

l'esprit et devient lancinant alors que la misère physique ne<br />

cesse de s'altérer.<br />

La mise en condition évolue lentement mais en<br />

Asie où le temps ne compte pas, à force de patience, l'effet<br />

recherché sera obtenu et l'infusion <strong>du</strong> poison s'insinuera<br />

doucement dans les esprits.


L'ENDOCTRINEMENT PROPREMENT DIT<br />

Les captifs peuvent aborder la deuxième partie de<br />

la conversion et l'é<strong>du</strong>cation politique va pouvoir démarrer.<br />

Dès que le doute s'installe chez le prisonnier, il est<br />

mûr pour recevoir les signaux et les messages de la propagande<br />

qui suinte partout. D'ailleurs selon certains observateurs,<br />

la carence alimentaire en graisse maintiendrait le<br />

corps en équilibre de survie et les esprits en état de réceptivité.<br />

Le "vieil homme" a per<strong>du</strong> une grande partie de ses<br />

moyens d'autodéfense : il est malléable, disposé à accueillir<br />

les messages et à acquérir les réflexes qui en feront un<br />

"homme nouveau" progressiste et socialiste.<br />

Cette phase d'endoctrinement, dans un syncrétisme<br />

de communisme et de confucianisme est une version<br />

particulière de la catéchisation : les mots sont courts, scolaires,<br />

familiers, les phrases sont récitées sur un ton liturgique<br />

et les discours réglés comme un office religieux.<br />

Ces procédés se révèlent d'une redoutable efficacité<br />

pour l'acquisition des réflexes conditionnés indispensables<br />

; d'autant que les can bo sont animés d'une foi politique<br />

quasi-religieuse, affichent une conviction et s'arment d'une<br />

patience infinie dans l'éternelle méthode répétitive. Pour les<br />

dirigeants il va de soi que la rigueur de l'endoctrinement<br />

prévaut pour toute la population également.<br />

Comme dans un ordre religieux, la Règle - catéchisme<br />

<strong>du</strong> Bien et <strong>du</strong> Mal - façonne chacun en "hommes<br />

nouveaux". Tout y concourt : exercices, chants patriotiques,<br />

meetings, abstinences matérielles et instructions,<br />

confessions écrites, autocritiques…<br />

Progressivement les propos des captifs ne sont<br />

plus l'objet de discussion. Rien n'est compliqué dans la<br />

mesure où pour susciter les réflexes "pavloviens", les slogans<br />

sont simples et les associations d'idées claires<br />

comme des paroles d'évangile qui s'imposent aux prisonniers.<br />

Ainsi, les impérialistes sont liés aux Américains, les<br />

capitalistes aux "fauteurs de guerre", le rat est associé à<br />

visqueux, la vipère à lubrique, la clémence à "HO CHI<br />

MINH", la "grande sœur" à "l'Union Soviétique" et le<br />

CEFEO à " l'instrument aveugle <strong>du</strong> colonialisme".<br />

De guerre lasse, devant l'insistance <strong>du</strong> can bo, la<br />

réponse convenable qu'il attend tombe. Néanmoins ce n'est<br />

pas suffisant ; encore faut-t-il que le prisonnier explique ce<br />

qu'il a compris réellement. Et, tant que la leçon n'est pas<br />

récitée correctement, on recommence quand bien même on<br />

peut tomber d'accord sur un point avec le commissaire.<br />

Cette convergence ponctuelle est nécessaire pour<br />

que le piège diabolique se déclenche. Certes la démarche<br />

n'est pas régulière, il y a des défaillances, des retours en<br />

arrière, des rechutes, des blocages, mais à la longue, les<br />

points sont admis les uns après les autres et le prisonnier<br />

trouve "la lumière qui éclaire le chemin de la liberté" et se<br />

range à l'idée que "le communisme est le système idéal<br />

dans lequel l'humanité vivra heureuse, libre et pacifique,<br />

débarrassée de ses contradictions internes dans l'égalité, le<br />

travail et le bonheur".<br />

L'emploi des remèdes de la psychologie collective pour<br />

améliorer la pensée et en extirper le mal vont se poursuivre.<br />

à suivre...<br />

RÉFLÉXIONS<br />

prochain article “le sort des prisonniers”<br />

11


TÉMOIGNAGE<br />

LE BARRAGE<br />

D'octobre 1958 à octobre 1959, j'ai participé au sein de<br />

la 75 e Compagnie <strong>du</strong> <strong>génie</strong> Aéroporté de la 25 e DP à la construction<br />

<strong>du</strong> barrage électrifié (Barrage Avant côté tunisien).<br />

J'étais sergent et j'eus alors pour chef de section le Souslieutenant<br />

LOMBARD (appelé) puis les Adjudants DESBOIS et<br />

LORRAIS et comme commandants de compagnie le Capitaine<br />

PRIMAUX puis le Capitaine BASTID.<br />

C'est une période dont les anciens de la 75 ne parlent<br />

pas beaucoup et pourtant ils peuvent être fiers <strong>du</strong> travail qu'ils ont<br />

fourni pendant plus de 15 mois.<br />

J'ai complété et ravivé mes souvenirs en reprenant<br />

contact avec le Lieutenant-colonel SCHOULZ, qui présent à l'unité<br />

de 1959 à 1961, y commandait comme Sous-lieutenant la 3 e<br />

Section pendant la période des travaux sur le Barrage Avant. Son<br />

aide m'a été précieuse.<br />

En 1956, profitant de l'accueil de la Tunisie et <strong>du</strong> Maroc,<br />

le gouvernement provisoire de la république algérienne commence<br />

à s'organiser et à entretenir des camps d'incorporation et d'instruction<br />

le long des frontières. L'Armée de Libération Nationale y<br />

prépare des hommes pour le combat. Une fois formés, ces soldats<br />

repassent la frontière en unités constituées pour renforcer les six<br />

Willayas (circonscription de commandement dont l'ensemble couvrait<br />

toute l'Algérie).<br />

Il a donc fallu construire un obstacle défensif dont la fonction<br />

première était d'enrayer et de ralentir le passage de ces djounouds<br />

ainsi que des agents de liaison, des transporteurs d'armes<br />

et de fonds qui faisaient la navette au travers des frontières.<br />

La seconde fonction <strong>du</strong> barrage était, à chaque franchissement,<br />

une tentative, une localisation <strong>du</strong> point où avait lieu l'incident,<br />

en vue d'intervenir en force.<br />

A cette fin, toute tentative de coupure ou de neutralisation<br />

de la haie électrique déclenchait une alerte sonore à l'intérieur <strong>du</strong><br />

poste de surveillance (tous les 10 km) et l'appareillage de mesure,<br />

utilisant le principe de WHEATSTONE, indiquait par simple lecture<br />

sur des cadrans, le lieu de fonctionnement.<br />

Le plus proche des détachements blindés qui circulaient<br />

en permanence sur la piste le long <strong>du</strong> barrage, prévenu par radio,<br />

pouvait alors réagir rapidement sur les lieux. (on appelait cela la<br />

herse).<br />

Le commandement avait donc opté pour la construction<br />

de la "ligne MORICE", <strong>du</strong> nom <strong>du</strong> ministre des armées de l<br />

'époque, sur les deux frontières.<br />

Il va de soi, qu'un tel ouvrage, réalisé sur plus de 1500<br />

kilomètres de frontière, ne pouvait être parfaitement étanche, particulièrement<br />

de nuit.<br />

A sa mise en service, le barrage fit de nombreuses victimes<br />

par électrocution parmi les candidats au franchissement. Puis<br />

assez rapidement, le F.L.N. mit au point des techniques, soit pour<br />

passer sans déclencher l'arc électrique (tunnel, échelle, etc) donc<br />

sans localisation possible, soit pour neutraliser l'obstacle rapidement<br />

et franchir dans la foulée avant la réaction de la HERSE et<br />

s'évanouir dans la nature (utilisation de cisailles isolantes, bengalores,<br />

etc.) On assista donc à une course permanente entre techniques<br />

nouvelles de franchissement côté F.L.N. et parades côté<br />

Armée Française, par renforcements successifs de l'ouvrage, dont<br />

le plus lourd fut la pose de mines, d'abord hors des barbelés puis<br />

dans les barbelés.<br />

Le tracé de ce barrage côté tunisien, commencé en fin<br />

1956, poursuivi en 1957, passait à certains endroits assez loin de<br />

la frontière, pour des raisons tenant à la nature <strong>du</strong> relief, à l'implantation<br />

des unités d'intervention, à l'économie des moyens de<br />

construction et de surveillance.<br />

Pour améliorer l'obstacle, fut alors décidée la réalisation<br />

<strong>du</strong> Barrage-Avant, qui partant de la région de NEGRINE au sud et<br />

remontant jusqu'au Cap ROUX au nord doublait la ligne MORICE<br />

en passant au plus près possible de la frontière ;<br />

12<br />

Ainsi les bandes rebelles , signalées entre les deux<br />

réseaux, étaient prises dans une masse et neutralisées plus efficacement.<br />

C' est à la construction de ce Barrage Avant que la 75 e<br />

CGAP a participé, détachée de la 25 e DP et mise à la disposition<br />

<strong>du</strong> Génie Divisionnaire N° 2 de la Zone Est Constantinois, de juin<br />

1958 à octobre 1959.<br />

Au cours de cette période, la compagnie, partant <strong>du</strong> sud<br />

algérien se vit attribuer six tronçons successifs de barrage à réaliser<br />

: NEGRINE, BIR el ATER, BEKARIA, AIN ZERGA, LAMY,Col<br />

des 4 vents, LETARF, le Cap ROUX, soit un total de plus de 100<br />

kilomètres.<br />

Dans l’avancement des travaux de construction <strong>du</strong><br />

Barrage vers le nord, le commandement réservait à la 75 les tronçons<br />

présentant le plus de contraintes techniques et de difficultés<br />

opérationnelles, <strong>du</strong> fait de la nature <strong>du</strong> relief, des problèmes d'accès,<br />

de l'éloignement des bases d'approvisionnement et des unités<br />

d'intervention.<br />

La compagnie releva le défi crânement, sans état d'âme.<br />

A chaque début de mise en chantier d'un tronçon, l'unité,<br />

après une reconnaissance rapide, prenait deux jours pour installer,<br />

à l'emplacement le mieux adapté, son camp de toile et y organiser<br />

son dispositif défensif.<br />

Il ne faut pas oublier que la 75 e C.G.A.P formait corps.<br />

Donc tout ce qui concernait la vie d'un corps de troupe devait trouver<br />

place au bivouac, sous les guitounes et y fonctionner. Du groupe<br />

effectifs-secrétariat assurant la gestion complète de plus de<br />

300 hommes (officiers, sous-officiers et hommes <strong>du</strong> rang), au<br />

groupe assurant toute l'intendance, en passant par l'approvisionnement<br />

en munitions et explosifs, en carburants, l'atelier 3 e échelon<br />

des véhicules et engins, <strong>du</strong> Toubib et son infirmerie, aux<br />

feuillées, en passant par le trésorier, le vaguemestre, l'ordinaire, la<br />

popote, le ravitaillement en vivres et tout cela changeait d'implantation<br />

et de rattachement tous les deux à trois mois en plein djebel.<br />

S'ajoutant à cela le recrutement, la gestion et le paiement<br />

d'environs 300 ouvriers civils.<br />

Le plus souvent, les premiers jours de notre installation,<br />

les fellagas venaient "tâter" le dispositif par un harcèlement de nuit<br />

aux armes automatiques : ce fut le cas à AIN ZERGA, au Col des<br />

4 vents et au Cap ROUX.<br />

<br />

Puis il fallait passer à la mission. Le chantier se déroulait<br />

en s'appuyant le plus souvent sur une route ou piste existante<br />

parallèle à la frontière qui, une fois l'ouvrage achevé, devait servir<br />

pour la circulation des unités de surveillance et d'intervention<br />

(herse).<br />

Sur quelques tronçons la Compagnie a même eu à créer<br />

cette piste sur plusieurs kilomètres.<br />

La première phase <strong>du</strong> chantier consistait à dégager le<br />

long de cette piste une plate-forme aussi plane que possible, large<br />

d'une bonne vingtaine de mètres.<br />

Les travaux de déboisement lors de la traversée de forêts<br />

de chênes lièges, de pétardements de rochers, de dégagement et<br />

nivellement au bull-dozer et la finition à la pelle-pioche et à la scie,<br />

se succédaient en fonction de la nature <strong>du</strong> terrain et de la végétation.<br />

Alors commençait, après piquetage <strong>du</strong> tracé, la seconde<br />

phase, la construction échelonnée de l'ouvrage. Successivement<br />

et dans l'ordre en partant côté tunisien, un réseau dense de barbelés<br />

sur piquets fer, puis une haie de barbelés électrifiés posée<br />

BIR EL ATER, le barrage (1958)


sur poteaux bois avec isolateurs (hauteur 2,5 m) ancrés dans les<br />

plots de béton et enfin un réseau dense de barbelés identique côté<br />

Herse. Tout ce travail de tressage de barbelés (pelote de 10 kg)<br />

était fait à la main.<br />

Il arrivait que pour franchir une zone rocheuse, la pose<br />

de chaque piquet devait faire l'objet d'un avant trou creusé au perforateur.<br />

Au passage <strong>du</strong> Col des 4 vents sur des pentes à plus de<br />

50 %, les sapeurs devaient même travailler encordés.<br />

Enfin le tronçon terminé, on passait aux vérifications de<br />

fonctionnement avec mise en tension de la haie électrique : ce qui<br />

entraînait améliorations, rectifications, réparations.<br />

Le minage <strong>du</strong> réseau fut réalisé ultérieurement par d'autres<br />

unités de <strong>génie</strong> en liaison avec nous.<br />

De la création de la plate-forme jusqu'à la finition, la 1 ère ,<br />

2 e et 3 e section renforcées <strong>du</strong> groupe engins assumaient toutes<br />

ces tâches jusqu'à ce que le tronçon fonctionne parfaitement.<br />

La 4 e section, quant à elle, était spécialisée dans la construction<br />

en béton armé des postes électrifiés(un tous les 10 km)<br />

permettant l'installation des groupes électrogènes de 4000 V, des<br />

appareils de mesures, <strong>du</strong> stockage <strong>du</strong> carburant et de la zone vie<br />

de l'escouade d'électromécaniciens chargés <strong>du</strong> fonctionnement<br />

continu.<br />

Poste électrique de BIR EL ATER, réalisé par la section <strong>du</strong> SLT<br />

BOUCHON.<br />

L'équipement électrique proprement dit était installé par<br />

une unité d'électromécaniciens. De surcroît, cette 4 e section eut à<br />

construire dans le sud, là où le terrain offrait les meilleures conditions<br />

d'exploitation, deux postes fortifiés de radars de détection au<br />

sol.<br />

De la main d'œuvre locale civile (300 hommes) était<br />

recrutée sur place et distribuée en renfort aux sections pendant<br />

les heures de chantier pour travailler dans les mêmes conditions<br />

que les sapeurs. Les candidats ne manquaient pas et faisaient<br />

parfois quotidiennement trois heures à pied pour venir travailler.<br />

Les employés civils à la construction <strong>du</strong> barrage.<br />

BIR EL ATER 1958.<br />

Le salaire était satisfaisant et régulièrement payé, mais on peut<br />

s'interroger sur ce qui revenait au F.L.N. ?<br />

TÉMOIGNAGE<br />

Quoi qu'il en soit, li faut souligner que les Français de<br />

souche nord africaine qui travaillaient pour nous, payèrent un<br />

lourd tribut. Début 1959, un camion Willems qui transportait sur la<br />

piste de la Herse une quarantaine de nos ouvriers à proximité de<br />

AIN ZERGA sauta sur une mine placée la nuit ; il y eut une vingtaine<br />

de morts et de nombreux blessés.<br />

La remise en chantier quotidienne était le moment crucial<br />

de la journée. Il fallait toujours être en éveil pendant la circulation<br />

sur la piste et avant de commencer le travail, se méfier de la présence<br />

toujours possible de pièges mis en place la nuit.<br />

Le sergent VILLETTE,<br />

chef de groupe<br />

Transmission<br />

(réglage <strong>du</strong> détecteur<br />

de mine SCR 625)<br />

Alors que la compagnie achevait son tronçon dans la<br />

région <strong>du</strong> TARF, eut lieu la plus importante destruction <strong>du</strong> réseau<br />

par le FLN. En août 1959, quelques jours avant la visite annoncée<br />

<strong>du</strong> Général de GAULLE, sur le Barrage Avant en voie de d'achèvement<br />

dans la zone dite de "bec de canard" (1) , une impressionnante<br />

manœuvre de destruction opérée la nuit, entraîna une centaine<br />

de coupures entre le TARF et LAMY rendant complètement<br />

inopérant le barrage sur 70 kilomètres.<br />

Des embuscades simultanées, avaient neutralisé ou<br />

détruit les éléments de la herse et de puissants harcèlements de<br />

postes avaient bloqué toutes interventions immédiates. Au petit<br />

matin, sur notre tronçon, plusieurs portions (environ 400 mètres)<br />

avaient été détruites. Tous les piquets avaient été déterrés et les<br />

barbelés découpés à l'explosif ou arrachés par les bourricots qu'utilisaient<br />

les fells.<br />

On estima à 10 000 hommes l'effectif appliqué à cette<br />

attaque réussie puis replié sur la Tunisie. Deux jours et deux nuits<br />

furent nécessaires à la compagnie pour réparer les dégâts et récupérer<br />

environ trois cents bengalores artisanaux qui n'avaient pas<br />

explosé, rien que sur notre tronçon.<br />

L'importance de l'objectif et la priorité des délais à tenir firent que<br />

les chantiers se déroulaient pratiquement en continu, sans repos,<br />

même le dimanche hormis Saint-Barbe, Saint-Michel, 14 juillet,<br />

Noël et Jour de l'An, avec pour seule distraction le changement de<br />

bivouac et les trop rares séances de sauts d'entretien à PHILIP-<br />

PEVILLE.<br />

BIR EL ATER 1958,<br />

le SCH GOOMIDHTT et la mascotte.<br />

13


TÉMOIGNAGE<br />

C'était un travail qu'il fallait pousser avec un maximum de rendement,<br />

malgré des conditions climatiques le plus souvent rudes :<br />

que ce soient les vents de sable de NEGRINE, le froid et la neige<br />

<strong>du</strong> Col des 4 vents ou la canicule moite et les moustiques <strong>du</strong> CAP<br />

ROUX. Travail répétitif, fastidieux, qui quotidiennement décapait<br />

l'âme, déguenillait les treillis et lardait les mains malgré les gants<br />

à barbelé, mais travail qui n'entama jamais l'essentiel à savoir le<br />

MORAL et la DISCIPLINE d'une unité à 90 % d'appelés, à la<br />

cohésion et l'efficacité sans faille, à la faculté d'adaptation remarquable<br />

et qui fit honneur, là aussi à notre devise "SAPEUR suis<br />

PARA demeure".<br />

Seules coupures dans le rythme : de temps à autre une<br />

escouade était envoyée en déminage sur zone suspecte, après la<br />

destruction d'un véhicule ou blindé ami ou bien une section était<br />

détachée en accompagnement d'un groupement opérationnel<br />

pendant deux ou trois jours, généralement en zone interdite. C'est<br />

ainsi qu'au lendemain de l'attaque massive des fellagas sur le<br />

réseau électrifié, en août 59 la 3 e section fut intégrée à un groupement<br />

constitué d'un bataillon <strong>du</strong> 15 e R.T.A et d'un escadron <strong>du</strong><br />

1 er R.E.C. Elle y ouvrit, sur une vingtaine de kilomètres longeant le<br />

"Bec de Canard", le passage aux blindés en dégageant manuellement<br />

de multiples obstacles sur la piste. Sur les 300 abattis traités<br />

certains, compte tenu <strong>du</strong> diamètre important des arbres, réclamèrent<br />

le pétardement par charges intérieures.<br />

Fin octobre 1959, la 75 e C.G.A.P. avait honoré la mission<br />

que lui avait fixée le commandement <strong>du</strong> <strong>génie</strong> de la 2 e Division de<br />

la Zone Est Constantinois et c'est avec joie et enthousiasme qu'elle<br />

retrouva le giron de la 25 e Division Parachutiste pour être lancée<br />

dans les opérations "PIERRES PRECIEUSES" dès le 1 er<br />

novembre .<br />

Au cours de cette période passée sur le Barrage Avant,<br />

nous eûmes à déplorer la disparition de plusieurs camarades : un<br />

sapeur para fut écrasé par son bull-dozer, un autre fit une chute<br />

mortelle lors d'une séance de saut. Quant au Caporal-chef<br />

ASTROU et au Sapeur BENOIS, ils furent tués le 12 octobre 1959<br />

dans l'explosion d'une mine au passage de la jeep <strong>du</strong> Capitaine<br />

BASTID (lui même très grièvement blessé), lors d'une reconnaissance<br />

à proximité <strong>du</strong> bivouac <strong>du</strong> cap ROUX.<br />

14<br />

Centre Transmissions<br />

La Jeep <strong>du</strong> capitaine BASTID,<br />

12 octobre 1959 (côte 205)<br />

Par son ordre <strong>du</strong> jour N° 8 <strong>du</strong> 21 octobre 1959, le<br />

Général DULAC, commandant la Zone Est Constantinois rendit<br />

cet hommage à la compagnie :<br />

"La 75 e Compagnie <strong>du</strong> Génie Aéroporté vient de quitter la<br />

Zone Est Constantinois après un séjour de dix neuf mois <strong>du</strong>rant<br />

lequel elle a participé à tous les travaux de protection de la frontière<br />

algéro-tunisienne en prenant une part importante à la réalisation<br />

<strong>du</strong> Barrage Avant.<br />

Malgré les tâches ingrates qui lui furent confiées, elle a<br />

toujours su garder son dynamisme et son ardeur qui sont les<br />

caractéristiques <strong>du</strong> <strong>génie</strong> aéroporté.<br />

J'adresse toutes mes félicitations à son commandant d'unité,<br />

à ses officiers, sous-officiers et sapeurs qui ont donné une<br />

fois de plus la mesure de leurs qualités de courage et d'abnégation<br />

par un travail acharné et une activité inlassable dans des<br />

régions particulièrement dangereuses, contribuant ainsi à la<br />

défense de la frontière et à l'œuvre de pacification de l'Armée<br />

Françaises en Algérie".<br />

Claude MARECHAL<br />

Chef de bataillon (er)<br />

(1) Le bec de canard appelé également "pépinière fellouze" par les<br />

militaires était une zone boisée où le plus gros des troupes de<br />

l'A.L.N. s'abritait.


TÉMOIGNAGE<br />

15


TÉMOIGNAGE<br />

16<br />

GASTONVILLE 1960,<br />

ferme Ste Croix,<br />

l’écusson<br />

sur le château d’eau.<br />

La 3 e section au travail, région de LAMY<br />

Tronçon <strong>du</strong> Cap-Roux,<br />

le sapeur parachutiste STOESSEL<br />

et un MOC/FSNA<br />

Bivouac à LAMY.<br />

(3 e section)


TÉMOIGNAGE<br />

Dans les pages suivantes, aux habituelles<br />

scènes de combats, il a été privilègié un<br />

regroupement de documents moins connus<br />

pour rendre compte de la guerre d’Indochine.<br />

<strong>17</strong>


18<br />

SOUVENIRS


L’exotisme fascine. Exposition coloniale de 1931.<br />

(30 millions de tickets ven<strong>du</strong>s!)<br />

Affiche <strong>du</strong> gouvernement provisoire d’Alger, 1943.<br />

La baie d’Along.<br />

De Gaulle fait campagne.<br />

SOUVENIRS<br />

19


20<br />

SOUVENIRS<br />

Avant la guerre.


Méfiez-vous des filles, agents <strong>du</strong> Viêt-Minh.<br />

SOUVENIRS<br />

Taisez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent.<br />

Habituelle représentation carricaturale. La réponse des anciens combattants.<br />

21


24<br />

SOUVENIRS<br />

“Légion étrangère ou liberté<br />

Quitter la Légion signifie retour au pays.”<br />

Campagne anti-guerre PCF.


Recrutement de l’Armée cambodgienne.<br />

“L’indépendance ou la mort.”<br />

“Indépendance, prospérité, paix”<br />

SOUVENIRS<br />

25


26<br />

SOUVENIRS<br />

Armée et forces régionales Viêt-Minh, 1951.<br />

Exaltation de la lutte pour l’indépendance, 1946.<br />

Le Viêt-Minh revendique le NAM-BÔ<br />

(la Cochinchine), 1946.


Tract anti-guerre à l’attention<br />

des soldats africains.<br />

SOUVENIRS<br />

27


28<br />

SOUVENIRS


SOUVENIRS<br />

29


30<br />

SOUVENIRS<br />

Largage <strong>du</strong> deuxième bulldozer.


"Aux jeunes <strong>du</strong> <strong>17</strong> actuel qui savent si bien entretenir la flamme".<br />

Colonel Bernard <strong>du</strong> BOUCHER<br />

Chef de corps <strong>du</strong> <strong>17</strong>° RGAP 1970-1971<br />

“<strong>17</strong> juillet, avant l’envol vers LANGSON. L’air un peu <strong>du</strong>bitatif !!<br />

La chaleur y était pour beaucoup, il est vrai.”<br />

"16 juillet : il fait chaud, très chaud même, en ce mois de juillet<br />

1983 à HANOÏ. L'avant veille, un défilé en l'honneur de notre fête<br />

nationale, a réuni en particulier quatre bataillons parachutistes.<br />

En fait, c'était une excellente raison de rassembler, sans trop<br />

éveiller l'attention des Viëts, les paras à proximité des terrains d'aviation<br />

car une opération aéroportée était programmée dans le<br />

plus grand secret pour le <strong>17</strong> juillet.<br />

En fin de matinée, le chef de la section <strong>génie</strong> des Troupes<br />

Aéroportées Nord est convoqué au PC <strong>du</strong> Colonel Ducourneau,<br />

chef prestigieux des TAP Nord qui lui expose sa mission :<br />

Destruction massive d'armes et franchissement.<br />

Classique pour un sapeur… moins classique, c'est que la mise en<br />

place et l'assaut se feront par parachutage et que ce sera très <strong>du</strong>r<br />

physiquement : Au moins 80 km à parcourir en zone viet, "à fond<br />

la caisse", dirait-on aujourd'hui et surtout… à pied évidemment.<br />

"Combien de temps vous faut-il pour réaliser la destruction de plusieurs<br />

centaines d'armes, camions, munitions ?" demande le colonel.<br />

Prudent, le chef de section répond : "une demie-journée."<br />

"Je vous conseille d'établir vos prévisions sur des bases moins<br />

LANGSON<br />

(<strong>17</strong>-18 juillet 1953)<br />

Langson, au fond les calcaires de Ky Lua : l’objectif.<br />

TÉMOIGNAGE<br />

élevées" rétorque Ducourneau qui ajoute : "Briefing ce soir à 21<br />

heures. Nous sautons demain matin. Prévoyez beaucoup d'explosif.<br />

Ne prenez que des gens en parfaite condition physique".<br />

Quid de la destruction ? Mystère… On n'a guère le temps d'y penser<br />

car il faut percevoir les explosifs (500 kg de plastic qui seront<br />

largués d'un avion spécial), conditionner les gaines, les bateaux<br />

pneumatiques, quelques mines… ça peut servir lorsqu'on est<br />

poursuivi !<br />

Le soir arrive très vite. C'est l'heure <strong>du</strong> briefing. Beaucoup de<br />

"beau monde" : les patrons des 6 e BPC, 8 e BPC, 2 e BEP entre autres.<br />

L'objectif est dévoilé : LANGSON… ça promet !<br />

Rapidement mené, le briefing se déroule : deux bataillons sur les<br />

dépôts, un bataillon en recueil à 40 km de LANGSON pour tenir un<br />

passage sur le SONG KY CONG.<br />

Pour les sapeurs, les 2/3 de la section sur les dépôts, 1/3 sur le<br />

SONG KY CONG (heureusement que la section est en fait une<br />

petite compagnie de 95 personnels).<br />

Retour à la base, ultime réunion et répartition des tâches. Seul, le<br />

chef de section connaît l'objectif et ne peut encore le divulguer.<br />

Il est minuit. Tout le monde au lit pour un sommeil aussi bref que<br />

réparateur, sinon illusoire.<br />

Et réveil à 4 heures, le <strong>17</strong> juillet : direction le terrain de BACH-MAÏ<br />

où les dakotas attendent Et la longue attente commence. Vers 7<br />

heures, l'heure d'embarquement arrive enfin. La séance de sauna<br />

commence dans les avions déjà surchauffés. Pour détendre ( ?)<br />

l'atmosphère, le chef de section peut, enfin, dévoiler l'objectif :<br />

LANGSON; les anciens tordent le nez, les jeunes prennent un air<br />

dégagé (et forcé).<br />

Enfin, le décollage. L'avion tabasse sérieusement, ce qui ajoute<br />

aux délices d'une sudation abondante et au poids <strong>du</strong> harnachement<br />

un petit supplément !<br />

Puis c'est la délivrance <strong>du</strong> "debout, accrochez !"<br />

Le saut et, presque immédiatement, l'atterrissage car le largage<br />

s'effectue à 150 mètres en raison de la présence probable d'un<br />

comité d'accueil… viet bien sur, fort heureusement absent.<br />

La seule difficulté vient de la boue de la DZ qui n'est rien d'autre<br />

qu'une rizière et qui gène le dé-harnachement.<br />

31


TÉMOIGNAGE<br />

Une courte pose pour DUCOURNEAU<br />

et BIGEARD.<br />

32<br />

“J’ai chu mollement dans la bonne<br />

merde...”<br />

Les calcaires de Ky Lua.


L’entrée de la grotte.<br />

Un des quatre camions russes MOLOTOVA.<br />

TÉMOIGNAGE<br />

Ci-dessous, FM SKODA<br />

et leurs caisses.<br />

33


TÉMOIGNAGE<br />

*Récupération des caisses d'explosifs et acheminement vers les<br />

grottes-dépôt. Les habitants <strong>du</strong> coin se proposent spontanément à<br />

transporter les caisses. Leur accueil est extraordinaire car ils<br />

croient que notre retour est définitif ; Ils racontent tout ce qu'ils ont<br />

souffert depuis deux ans que le communisme pur et <strong>du</strong>r les a<br />

asservis. Mieux que n'importe quel discours, les écouter justifie<br />

cette guerre contre ce régime inhumain.<br />

Hélas pour eux, la présence des paras n'est que momentanée.<br />

Pendant ce temps le 6° BPC donne l'assaut aux défenseurs des<br />

grottes qui se battent vaillamment mais ne peuvent pas grand'<br />

34<br />

Les paras ne perdent rien <strong>du</strong> spectacle.<br />

“Le “grand chef” parait satisfait, au fond le dépôt brûle”.<br />

chose contre le bataillon Bigeard qui occupe les grottes et nous<br />

les livre.<br />

La grotte principale est un magnifique amphithéâtre, vraie caverne<br />

d'Ali-Baba : Des caisses et des caisses de fusils mitrailleurs<br />

tchèques, tout neufs, encore encoconnés, des camions Molotova,<br />

des fûts d'essence, des munitions, des explosifs et jusqu'à 11000<br />

paires de chaussettes (leur intendance, comme toutes les intendances,<br />

n'est pas à l'abri de certaines erreurs : on n'a jamais vu un<br />

bo-doï avec des chaussettes !).


Pas question de perdre <strong>du</strong> temps. Le PC donne l'ordre de décrocher<br />

dans deux heures, car une colonne viet est signalée.<br />

L'explosif est bourré dans les caisses de FM et sur les moteurs<br />

des Molotova, les grenades incendiaires sont fixées sur les fûts<br />

d'essence et pour éviter un retour de quelques Viets survivants<br />

dans les siphons au fond de la grotte, des mines sont placées.<br />

Ainsi la mise à feu pourra se dérouler normalement.<br />

Six mises à feu simultanées sont mises en œuvre. Repli rapide.<br />

Sueurs froides (avec 40° à l'ombre !). Le chef de section, seul<br />

devant ses responsabilités, les yeux fixés sur la trotteuse de sa<br />

montre.<br />

Libération de l'exploson … Le sol a tremblé et le souffle a renversé<br />

"les spectateurs" postés à 500 mètres. Une grosse fumée noire<br />

s'échappe par un puit naturel dans le piton. C'est gagné.<br />

Mais ce n'est pas terminé. La section s'intègre dans le dispositif,<br />

saluée au passage par Bigeard d'un "c'est bien les sapeurs".<br />

Il va falloir marcher rapidement car la colonne viet approche. La<br />

pose de mines pour la retarder est abandonnée car une foule de<br />

civils vietnamiens veut se replier avec les paras. Elle se ré<strong>du</strong>ira au<br />

fur et à mesure des kilomètres nocturnes en raison de la fatigue.<br />

Cette fatigue est maintenant présente. C'est le "marche ou crève"<br />

cher à la Légion Etrangère. Il faut atteindre LOCN-BINH où le 2°<br />

BEP et le reste de la section <strong>génie</strong> ont sauté avant les Viets.<br />

Chose faite vers 2 heures <strong>du</strong> matin. Les sapeurs ont aménagé un<br />

va et vient avec six bateaux pneumatiques accomplis et le franchissement<br />

se fait sans difficulté. Un peu de repos est le bienvenu<br />

car il va falloir repartir. Auparavant un dakota vient nous larguer<br />

notre ravitaillement avec, attention qui nous touche beaucoup, un<br />

apéritif anisé bien connu et… des blocs de glace. Non, décidément,<br />

notre intendance est moins bête que la leur.<br />

Et la marche reprend. Encore bien des kilomètres avant de retrouver<br />

le GM5 venu de la mer. Il faut marcher vite. Deux paras <strong>du</strong> 6°<br />

BPC meurent d'épuisement. Le manque de sommeil s'ajoute à la<br />

fatigue. On dort en marchant : et ce n'est pas une galéjade! On se<br />

“Le franchissement <strong>du</strong> 6 e BPC à l’aide de nos petit bateaux”<br />

TÉMOIGNAGE<br />

réveille quant on vient buter contre celui qui vous précède. Les<br />

toubibs, admirables, se dépensent sans compter tout au long de<br />

la colonne, administrant force piqûres de Vitascorbol.<br />

A 1 heure <strong>du</strong> matin, la jonction est établie. Le GM5 et les camions<br />

tant espérés sont là. On va pouvoir enfin dormir. Certains s'endorment<br />

sur place… pour s'apercevoir au réveil qu'ils ont dormi<br />

comme des bienheureux dans la cour d'une pagode pavée de<br />

cailloux en essaim.<br />

La section est au complet. Pas de perte à signaler.<br />

Le lendemain retour à HANOÏ pour un repos mérité.<br />

Mais ceci est une autre histoire.<br />

Ainsi s'achève l'opération HIRONDELLE puisqu'hirondelles il y a.<br />

Elle illustre bien la déclaration pleine d'humour britannique <strong>du</strong><br />

Colonel Bramble d'André Maurois : "le métier militaire est rude et<br />

parfois mêlé de réels dangers".<br />

35


LA VIE DE L’AMICALE<br />

AVIS<br />

aux anciens de la 1 ère Compagnie <strong>du</strong> <strong>17</strong> e BGAP<br />

"nous avions eu 20 ans dans les Aurès"<br />

Maître Clément VAQUEZ, avocat honoraire, retiré à NOUMEA, est attaché à son <strong>17</strong> et à sa première compagnie. Il se souvient que<br />

le 16 novembre 1954, la première compagnie <strong>du</strong> <strong>17</strong>ème BGAP quittait la caserne BANEL pour rejoindre l'ALGERIE.<br />

Commandant d'unité Capitaine ELISSALDE<br />

Officier adjoint Lieutenant MEMAIN (†)<br />

Services administratifs Adjudant MANS (†)<br />

Services techniques Sergent-chef AYMARD (†)<br />

Adjudant de compagnie Adjudant FOUGNIE<br />

Chefs de section Sous-lieutenant VAQUEZ, Adjudant-chef BECHELEM, Sergent-chef LEMERRER (†)<br />

Pour le 50 e anniversaire de ce départ, il a envisagé que tous ceux qui ont vécu ce moment : militaires d'active, engagés et appelés<br />

des 54/1 et 54/2 ayant servi <strong>du</strong> <strong>17</strong>/11/54 au 1/09/55 et qui ont prolongé leur séjour "sous les drapeaux" jusqu'à 32 voire 36 mois, se<br />

retrouvent pour une journée <strong>du</strong> souvenir le mardi 16 novembre 2004 dans cette même caserne BANEL à CASTELSARRASIN.<br />

Il est demandé aux personnes concernées de diffuser l'information aux camarades non amicalistes et de prendre contact avec<br />

L'<strong>Amicale</strong> M. Roger LEONARD Général (cr) Claude MOUTON<br />

Quartier Doumerc - BP 766 3, impasse Emile de Girardin 23, route de Montech<br />

82087 MONTAUBAN Cedex 82100 CASTELSARRASIN 82000 MONTAUBAN<br />

TEL 05.63.91.31.24 TEL 05.63.32.14.58 TEL 05.63.20.07.28<br />

Les modalités pratiques, organisation matérielle, programme, déroulement feront l'objet d'une communication ultérieure.<br />

36<br />

LE PRESIDENT ET LES MEMBRES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION VOUS ANNONCENT<br />

Avec joie la naissance de<br />

Maiann chez le Caporal-chef Frédéric BLOUQUIN le 23 novembre 2003<br />

Aude chez le Sergent Pierre-Henri MENANT le 23 janvier 2004<br />

Avec plaisir le mariage de<br />

Caporal-chef Nicolas LECOINTE et Mademoiselle Sonia SEREGANDA le 29 novembre 2003<br />

Avec de profonds regrets le décès de<br />

Jacques Roger BORAS le 08 décembre 2003<br />

Philippe MILLET le 05 janvier 2004<br />

Patricia (fille de Patrick HENNION) le 11 janvier 2004<br />

Paul BOULIN (père de l’ADC BOULIN) le 02 février 2004<br />

Phillipe MILLET, retourné à la vie civile avec le grade de sergent, avait fait son service militaire au <strong>17</strong> de 1988 à 1989.<br />

Il nous a quittés sous des rafales d'armes automatiques terroristes en Irak, lors d'une mission de sécurité au profit d’une organisation<br />

civile.<br />

Jacques Roger BORAS s'est éteint à l’âge de 70 ans.<br />

Ancien officier de réserve <strong>du</strong> Génie Parachutiste, il compta parmi ceux qui fondèrent le para-club de Dordogne et l'Union Nationale<br />

des Parachutistes <strong>du</strong> département de Dordogne. Diverses fonctions lui furent confiées : trésorier <strong>du</strong> musée militaire, président départemental<br />

des PEEP et de l'association de Bertrand-de-Born, Administrateur de l'office des HLM et membre <strong>du</strong> Syndicat d'initiative où<br />

il s'occupait des relations publiques.<br />

Paras <strong>du</strong> Génie:<br />

Bulletin de l’<strong>Amicale</strong><br />

<strong>du</strong> <strong>17</strong> e <strong>RGP</strong><br />

Les articles signés n’engagent que<br />

la responsabilité de leurs auteurs.<br />

Directeur de la publication et de la rédaction:<br />

Général (CR) Claude MOUTON<br />

Secrétaire:<br />

Madame Sylvie CARON<br />

Collaboration technique,conception, réalisation:<br />

CCH Fabien LONGUET<br />

Impression:<br />

Techni Print Montauban<br />

Crédit photos:<br />

Privées et archives INFOCOM <strong>17</strong> e <strong>RGP</strong>.<br />

Adresse:<br />

<strong>Amicale</strong> <strong>du</strong> <strong>17</strong>e <strong>RGP</strong><br />

Quartier DOUMERC, BP 766<br />

82087 MONTAUBAN Cedex<br />

Association loi 1901<br />

déclarée le 15 avril 1981<br />

JO <strong>du</strong> 20 mai 1981 (n°148 - page4910)<br />

Membre de la FNAP<br />

Tel/Fax:05 63 91 31 24 ou tel 05 63 21 72 42<br />

E-mail: amicale<strong>17</strong>@freesurf.fr<br />

Site internet: http//www.<strong>Amicale</strong><strong>17</strong>.org


RETOURS COURRIER POSTAL<br />

Georges ADAM, Olivier LYAET, Daniel FRATICOLA, René PAR-<br />

TOUCHE, Thierry FECHOZ-CHRISTOPHE, Laurence TEMPERE,<br />

Eric CELESTIN, Guy SAHLER, Stéphane CALMETS, Dominique<br />

MOTA, Bruno LORE, Denis ORACZ, Benoît BROUHEZ, Patrick<br />

ALLEMAND, Bernard LAVIGNE, Jacques AUDRY, Pascal COP-<br />

POLANI, Jean-Philippe SOLIER, Guy MAZEVET.<br />

DONS<br />

Guy GENRIES, Guy LEON-DUFOUR, Claude LUCAZEAU, Louis<br />

PORCU, Philippe MIGNOT, Andre BESAMAT, Paul MUDRY,<br />

Jean-Marie BRIET, Jean-Marie SUPPER, Philippe KJAN, Paul<br />

IRIGOYEN, Jacky DELIN, Marie FAVREAU.<br />

PETITES ANNONCES<br />

La FNAP a désormais son site internet. http://webfnap.free.fr<br />

RECHERCHES<br />

Ancien EV de la 84/02 et de la section Malaise, 1° compagnie,<br />

actuellement policier sur la cote, je cherche des personnes ayant<br />

servi avec moi.<br />

Contacter JOFFRE<br />

jofre1@club-internet.fr<br />

Je recherche les sapeurs de la section Lagrange 84/06<br />

pour correspondre via le net.<br />

Contacter Olivier LENOIR<br />

olivier.brigitte.angelique@wanadoo.fr<br />

Recherche personne classe 77/10 Compagnie d Appui<br />

et ayant effectué un séjour à Djibouti<br />

Contacter<br />

egoetdeus@hotmail.com / 06.62.91.33.26<br />

Recherche ancien de la 78/08 a 79/02<br />

Compagnie Commandement Services atelier 2b<br />

Contacter Pascal CASTIGLIONE<br />

espacepascal@aol.com<br />

Cherche à contacter le Colonel Berger<br />

je suis un de ses ancien chauffeur a la 11°<br />

lorsqu'il était Capitaine au <strong>17</strong> <strong>RGP</strong><br />

Contacter Michel DELL'AIRA<br />

djmimi@evhr.net<br />

Parmi vous de 87 à 91, j'ai retrouvé puis per<strong>du</strong> Xavier Dewas (surnom:Half)<br />

quand il était Policier à Bourges(18).<br />

Si vous savez ou il est...<br />

Contacter Fabrice<br />

phoenix.fabrice86@wanadoo.fr<br />

Je recherche des personnes de la classe 94/10<br />

de la 2° Compagnie.<br />

Contacter Mourad<br />

mimarazene@sdvp.fr / 06.08.43.70.48<br />

Quelle unité de paras était stationnée à Sétif (Algérie)<br />

dans les années 1946/1948/1949 et 1950.<br />

Quelqu'un aurait-il connu Guy Languillé ?<br />

Contacter Jean-Pierre LANGUILLE<br />

languille@oreka.com<br />

Recherche toutes photos de mon groupe de la 11° Cie sous les<br />

ordres de l'Aspirant Saint Germain ou Sergent-chef CASTOR.<br />

Contacter Frédéric ROUSSEL<br />

is.ferreira@free.fr<br />

Classe 94/04 et deux ans de VSL, j'ai participé au BATINF2 avec<br />

la 2° Cie. Si vous voulez discuter ou échanger des photos…<br />

Contacter Amar CHELIBANE<br />

zarma57@aol.com<br />

ILS NOUS ONT REJOINTS<br />

Jacques DELRIEU ( 71), Eric VIAUD (98), Jean-Pierre BOURGER<br />

(54), Maurice LEBOUT (59), Hubert AYMARD (75), Frederic REYX<br />

(24), Mickael PILLER (82), Pascal AGNERAY (59), Edmond KUTA<br />

(59), Guy LEON-DUFOUR (92), Seng-Ly LAM (82), Jean-Baptiste<br />

VILLAIN (59), Pierre-Henri MENANT (25), Carlos MATEOS (82),<br />

Olivier ESTEVE (31), Christophe GOETZ (67), Michel HECQUET<br />

(28), Pascal DHAENE (59), Michel LAGUILHON (31), Patrice<br />

MAILLARD (13). Michel ROBLIN (89), Laurent JAMBOU (75),<br />

Gérard SKONIECZNY (94), Claude LAURENS (82), Eric BRU-<br />

DER (91), Philippe FOURNIER (94), Claude FELIX (59), Didier<br />

CLICQ (46), Alfred SWIERGIEL (59), Michel PALAU (82), Jean<br />

Philippe PORTAL (83).<br />

MUTATIONS<br />

(connues à ce jour, liste non définitive)<br />

ARRIVANTS<br />

LCL (TA) Jean-Luc KUNTZ (futur Chef de corps),LCL Joseph<br />

BLONDE , LCL Christian JOUSLIN DE NORAY, SLT Steve<br />

SILLON, LT David RIBEIRO, LT Thierry BAUER, CBA Jean-Luc<br />

BRETON, CNE Stéphane REMY (Aumonier), SCH Guillaume<br />

COCHE, SCH David ESTABES, SCH Laurent GAUZI, SCH Marc<br />

TOMBOLAN, SCH Patrick HOUDBINE, SGT Christophe DUBOIS,<br />

SGT Ly LAM SENQ, SGT Henri AVEROUS, SGT David PUJOL,<br />

CPL Christophe CHOCAT, CPL Laurent TEISSIER, SDT Joel<br />

REIATUA,<br />

PARTANTS<br />

LTC Jacques DEMAN ECOLE ETAT MAJOR COMPIEGNE, LTC<br />

Michel ESPARSA STAT PC GPT EXP VERSAILLES,<br />

LT Philippe GAILLARD-MIDOL ESOA CADRES ST MAIXENT,<br />

CBA Yves JUSTINIEN ETAP PAU,<br />

CNE Sylvain PRADINE CEPC MAILLY LE CAMP,<br />

ADJ Olivier VIALLE 2° RPIMA ST PIERRE REUNION,<br />

ADC Alain SCHOULZ BIL-BG POLYNESIE,<br />

SCH Alain PAYET 6° RG ANGERS,<br />

SCH David PINTORE 2° RG METZ,<br />

SCH David LE PIOLET CNAM BRIANÇON,<br />

SGT Tony KOESSLER 1° RG ILLKIRCH,<br />

SGT Yann STANISLAWSKI 501-503° RCC MOURMELON,<br />

CCH Emmanuel POMMEY BASE PETROL.I.ARMEES. CHA-<br />

LONS/SAONE.<br />

CCH Michael ALLART 2° RPIMA ST PIERRE REUNION,<br />

CCH Arnaud LEBRUN GROUP SOUT LOURCINE PARIS,<br />

1CL Arnaud SIMON ESAG CADRES ANGERS,<br />

1CL Sébastien LATRE 31° RG CASTELSARRASIN<br />

CCH Christophe NICOD<br />

LA VIE DE L’AMICALE<br />

RETRAITE<br />

Pour obtenir le timbre de cotisation 2004,<br />

il vous est demandé,en joignant votre carte,<br />

de vous acquitter de la somme<br />

de <strong>17</strong> avant le 1 er juin 2004<br />

Il est demandé aux titulaires de la carte <strong>du</strong> combattant<br />

ou <strong>du</strong> TRN, d’adresser au bureau de l’<strong>Amicale</strong> le N° <strong>du</strong><br />

document le plus rapidement possible.<br />

Petit rappel concernant les images que vous envoyez:<br />

Evitez les photocopies, les photos imprimées, privilégiez<br />

les photos sur support argentique.<br />

Pour les photos numériques, les adresser sur un support<br />

informatique (disquette, CD, zip...) et évitez de les<br />

insérer dans un document word.<br />

37


DÉLÉGATIONS<br />

NORD / PAS-DE-CALAIS / PICARDIE<br />

Le 30 novembre 2003, la délégation<br />

Nord/Pas-de-Calais/Picardie invitée à<br />

Lille pour célébrer le "100 e anniversaire<br />

<strong>du</strong> Génie".<br />

Notre fanion parmi les porte-drapeaux<br />

Français, Belges et Allemands.<br />

38<br />

Grâce à la Délégation… Ils se sont retrouvés en 2000, 30 ans après !<br />

Daniel RISSELIN<br />

69 1/C<br />

Brevet : 286587<br />

Jean-Noël FLORIN<br />

69 1/C<br />

Brevet : 286588<br />

Invitée par la municipalité de<br />

Roncq, notre délégation<br />

Nord/Pas-de-Calais/Picardie a<br />

assisté à la cérémonie <strong>du</strong> 11<br />

novembre 2003.


C'est avec joie et honneur que nous avons accueilli, samedi<br />

soir notre président à la gare de Strasbourg, suivi d'une<br />

petite soirée tartes flambées. En effet, pour la cinquième<br />

année où nous commémorons la libération de<br />

Grussenheim, le Général (cr) MOUTON était des nôtres.<br />

C'est le dimanche 25 janvier à 9 h 45, par une belle journée<br />

fraîche, comme il se doit en Alsace, que débuta les cérémonies<br />

présidées par Monsieur Gilbert MEYER, député<br />

maire de Colmar, Messieurs les Généraux PORMENTE,<br />

président de l'association de la 2 e DB et MOUTON, ainsi<br />

que Monsieur Charles LECLERC de HAUTECLOQUE. Le<br />

Général de division DUPRE s'était excusé, retenu par d'autres<br />

obligations au sein de la Région Terre Nord- Est<br />

Le Dépôt de gerbes au monument aux morts <strong>du</strong> village fut<br />

suivi par la grand-messe, en mémoire des victimes, célébrée<br />

par le Père ROTH et rehaussée par la chorale Sainte<br />

Cécile. A l'issue <strong>du</strong> déplacement en bon ordre dans le village<br />

pavoisé, plusieurs gerbes furent déposées à la stèle <strong>du</strong><br />

souvenir, principalement celle de l'amicale portée par le<br />

Général et moi-même.<br />

Un vin d'honneur clôtura ces cérémonies. A cette occasion<br />

le drapeau des anciens de la 2 e DB fut remis à Monsieur<br />

SEYLER, maire <strong>du</strong> village, pour la garde de celui-ci.<br />

Plus proche de nous, deux anciens <strong>du</strong> <strong>17</strong> e Régiment<br />

Coloniale <strong>du</strong> Génie, le Lieutenant-colonel (H) BERNARD et<br />

l'Adjudant-chef (H) MIARD firent connaissance, tous deux<br />

ayant participé aux combats de la poche de Colmar, mais<br />

dans des compagnies différentes. Ce fut certainement un<br />

grand moment pour eux de se rencontrer 59 ans après ces<br />

évènements. Il est à noter que Monsieur MIARD faisait partie<br />

de la 2 e compagnie, celle ayant subi les lourdes pertes<br />

ALSACE / LORRAINE<br />

DÉLÉGATIONS<br />

sur la rivière Blind, le 27 janvier 1945. (voir article joint)<br />

Après un arrêt sur le point de franchissement, nous rejoignîmes<br />

le fort RAPP à Reischtett pour la suite des festivités.<br />

Après un sympathique accueil, monsieur SHULER, président<br />

des "amis <strong>du</strong> fort Rapp" nous présenta un petit historique<br />

fort sympathique de cet ouvrage.<br />

A l'issue de la remise <strong>du</strong> cadeau à notre président (photo <strong>du</strong><br />

fort encadrée), une choucroute bien garnie suivi d'un fromage<br />

de Munster nous rassasia. Le tout bien évidemment<br />

arrosé d'un petit vin d'Alsace.<br />

La nuit était tombée depuis bien longtemps et les chants qui<br />

avaient fait vibrer le fort s'étaient tus, lorsque les derniers<br />

quittèrent les lieux.<br />

Nous nous rappellerons longtemps de cette journée pleine<br />

de souvenirs et de bonne humeur, renforcée par la présence<br />

et quelle présence ! de notre président.<br />

Je tiens à remercier tous les participants et particulièrement<br />

le Lieutenant-colonel KUNTZ et Monsieur Robert EBEL<br />

pour leur aide si précieuse dans la préparation de cette<br />

manifestation.<br />

Amicalistes présents lors de cette journée. : M. le Général<br />

(cr) MOUTON, M. le Lieutenant-colonel KUNTZ et<br />

Madame, M. LE Chef de bataillon (H) SALEMBIER et<br />

Madame, M. le Chef de bataillon (H) STOLL et Madame, M.<br />

Le Capitaine CASTILLE et Madame, M. le Capitaine MON-<br />

TURET et Madame, M. MASSON, M. WAGNER, M..<br />

STEMMER, M. KORNETZKY et Madame, M. BENETAS et<br />

Madame, M. BARTHER, M. LETROUBLON et Madame, M.<br />

PIAT, M. FISCHER (porte fanion) , M. EBEL (le Père<br />

Fouras) et mon épouse.<br />

M. Robert EBEL, ancien de la 60, (foyer<br />

de campagne et vaguemestre) s’investit<br />

aujourd’hui dans la réfection <strong>du</strong> Fort<br />

RAPP.<br />

39


DÉLÉGATIONS<br />

Héritier des traditions <strong>du</strong> <strong>17</strong> e Bataillon Colonial <strong>du</strong> <strong>génie</strong>, le<br />

<strong>17</strong> e <strong>RGP</strong> s'associe à toutes les pages de gloire et de deuil<br />

des sapeurs de ce bataillon.<br />

C'est à ce titre que la délégation Alsace-Lorraine de<br />

l'<strong>Amicale</strong> participe annuellement aux manifestations commémoratives<br />

des combats de GRUSSENHEIM, organisées<br />

par les anciens de la 2 e Division Blindée, présidée par le<br />

Général de Corps d'Armée (cr) Georges PORMENTE,<br />

ancien chef de corps <strong>du</strong> 9 e RCP et ancien commandant de<br />

la 2 e DB.<br />

Ces combats s'inscrivent dans le cadre d'une offensive de<br />

la 1 ère Armée (Général de LATTRE) qui s'est déroulée <strong>du</strong> 23<br />

janvier au 10 février 1945. Elle répondait, après l'échec de<br />

la contre-offensive allemande dans les Ardennes de la midécembre<br />

1944, poursuivie en France, le 31 décembre par<br />

une manœuvre sans succès sur le versant lorrain des VOS-<br />

GES, à une nouvelle poussée sur l'ALSACE, arrêtée sur<br />

40<br />

GRUSSENHEIM<br />

28 janvier 1945 - 28 janvier 2004<br />

l'ILL par la 1 ère DFL (Général GARBAY) le 12 janvier après<br />

un <strong>du</strong>r combat rétrograde et au prix de lourdes pertes.<br />

Il s'agissait d'une manœuvre conjuguée visant pour le 2 e<br />

CORPS (Général de MONTSABERT à attaquer plein Est,<br />

en vue d'atteindre les passages <strong>du</strong> Rhin, (à hauteur de<br />

NEUF-BRISACH) tout en détruisant, au fur et à mesure<br />

les résistances rencontrées (notamment le verrou de<br />

GRUSSENHEIM) et après jonction avec le 1 er CORPS<br />

(Général BETHOUART) agissant sur la direction générale<br />

MULHOUSE-COLMAR, s'emparer de cette dernière ville.<br />

Dans la zone d'action qui nous intéresse, le 2 e CORPS<br />

disposait <strong>du</strong> SUD vers le NORD, de la 5 e DB(Général de<br />

VERNEJOUL), de la 3 e DI-US, de la 1 ère DFL et de la 2 e DB<br />

(Général LECLERC) qui engagea ses groupements successivement,<br />

renforcée d'un bataillon de Légion Etrangère<br />

(Chef de Bataillon de SAIRIGNE).


C'est dans des conditions hivernales très marquées avec<br />

un épais manteau neigeux et des températures descendant<br />

jusqu'à -25° , que la contre-attaque <strong>du</strong> 2 e CORPS fut<br />

déclenchée, dans la nuit <strong>du</strong> 22 au 23 janvier sur la direction<br />

générale ILLHAUESERN-MARCKOLSHEIM.<br />

"Le combat dans la neige glacée, sous les bombardements<br />

sans fin, avec des balles invisibles qui sifflent, a quelque<br />

chose d'effrayant. Soldats, devenus fantômes sous les<br />

draps de lit ficelés sur leurs épaules, ils subissent ce froid<br />

et cette humidité qui grimpent le long des jambes après<br />

avoir immobilisé les orteils. Ils voient, de leurs yeux brûlés<br />

par la réverbération de la lumière sur la neige, s'inscrire<br />

devant eux, jour après jour, le décompte des combats.<br />

Heureusement des vêtements sont arrivés et chacun a pu<br />

recevoir, en plus, une peau de mouton…<br />

Il faut obliger les hommes, sans cesse, à organiser le terrain<br />

malgré leurs fatigues : on creuse le sol gelé sur lequel<br />

rebondissent, en tintant les barres à mines." Général<br />

SAINT-HILLIER<br />

La progression était barrée par trois coupures successives<br />

avant d'aborder le RHIN. D'OUEST en EST, on trouvait, au<br />

débouché, l'ILL, brèche de moyenne importance (de l'ordre<br />

de 50 m), puis la BLIND, affluent de l'ILL, qui nécessitait des<br />

moyens de pontage et enfin, le canal <strong>du</strong> RHONE au RHIN.<br />

Malgré le rétablissement d'un passage par moyens Bailey,<br />

sur l'ILL, face à ILLHAEUSERN, sous des feux quasi-permanents<br />

et à la lueur des incendies <strong>du</strong> village, la 1 ère DFL<br />

fut bloquée par l'ennemi bien retranché et ne put déboucher<br />

que 72 heures plus tard.<br />

La manœuvre de ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> verrou de GRUSSENHEIM,<br />

confié au sous-groupement <strong>du</strong> Lieutenant-colonel PUTZ (2 e<br />

DB) était conditionnée par le rétablissement rapide de l'itinéraire<br />

au passage de la BLIND. Dès l'aube <strong>du</strong> 27 janvier,<br />

la décision de ponter avec <strong>du</strong> matériel TREADWAY, mis à<br />

disposition par la division voisine au SUD (3 e DI-US) fut<br />

prise, mais les camions BROAKWAY ne regagnèrent<br />

jamais la BLIND (enlisement, ennuis mécaniques…)<br />

Avec ce contretemps, le Lieutenant-colonel PUTZ comprit<br />

qu'il était illusoire de vouloir encore enlever GRUSSEN-<br />

HEIM avant le crépuscule et tandis que le bataillon de la<br />

Légion Etrangère renforcé de deux chars traversait par<br />

moyens discontinus pour contrôler un espace de sécurité<br />

en vue de créer une tête de pont <strong>du</strong>rant l'après midi, la solution<br />

de construire de nuit, un pont BAILLEY fut arrêtée.<br />

Alors que les réactions ennemies restaient faibles, les<br />

reconnaissances techniques s'effectuèrent à la tombée de<br />

la nuit et le chantier fut entrepris vers 19h30.<br />

Toutes les conditions d'indiscrétion (bruits divers, chocs<br />

métalliques, commandements à la voix, signaux lumineux,…)<br />

étaient malheureusement réunies sous le nez de<br />

l'ennemi, qui vers 23 heures déclencha de violents tirs<br />

meurtriers d'artillerie et d'un char qui s'abattirent sur le pont<br />

en cours de montage. La section perdit 12 hommes et<br />

compta une vingtaine de blessés. Le chef de la section relevante<br />

mesura la difficulté de poursuivre l'implantation d'un<br />

pont fixe. Le lancement d'un TREADWAY s'imposa à lui et<br />

un arrangement avec le <strong>génie</strong> de la 5 e DB faisant fi des cheminements<br />

procé<strong>du</strong>riers réglementaires contribua à disposer<br />

rapidement d'un BROAKWAY sur le site vers 3h30. Le<br />

TREADWAY lancé sans réaction ennemie fut livré à l'aube<br />

et la majeure partie des moyens était déployée sur l'autre<br />

rive à 10 heures.<br />

DÉLÉGATIONS<br />

Les légionnaires attaquèrent le village par l'Ouest tandis<br />

que le Lieutenant-colonel PUTZ effectuait un large débordement<br />

pour l'aborder par le SUD. Les combats très intenses<br />

et meurtriers se prolongèrent toute la journée <strong>du</strong> 28. A<br />

la nuit GRUSSENHEIM tomba. Les pertes étaient très lourdes<br />

: 400 hommes mis hors de combat, 12 engins blindés<br />

ren<strong>du</strong>s inutilisables sans parler <strong>du</strong> village dévasté : Parmi<br />

les morts il faut citer nos camarades <strong>du</strong> <strong>17</strong> e BCG mais également<br />

le Lieutenant-colonel PUTZ, un des libérateurs de<br />

STRASBOURG dont on a écrit : "la figure émaciée de ce<br />

grand baroudeur, de ce combattant de 1945, puis de<br />

l'Espagne, puis des Corps Francs, s'empourpre de sang<br />

dans la grande blancheur de cet après-midi neigeux".<br />

La conquête de GRUSSENHEIM allait permettre la libération<br />

de la poche de Colmar et la marche vers le Rhin.<br />

Les morts de la 3 e section de la 2 e Cie <strong>du</strong> <strong>17</strong> e BCG <strong>du</strong> 27 janvier<br />

figurent sur une stèle en contrebas <strong>du</strong> pont qui franchit la Blind :<br />

Aspirant Marcel SILLON, sergent Joseph CAS-<br />

SADO, caporal Robert GASTON, maîtreouvrier<br />

Gabriel PUISELVERT, sapeur Jacques<br />

CHARPENTIER, sapeur Charles CHAUVET,<br />

sapeur Lucien DOGNAUX, sapeur Marcel<br />

DUDOUIT, sapeur Albert JACQUES, sapeur<br />

Henry LENY, sapeur André VION, le 27 janvier.<br />

Sergent-chef CASEMAJOUR, le 2 février.<br />

Deux anciens, le lieutenant-colonel (H) BERNARD<br />

et l’adjudant-chef (H) MIARD se souviennent.<br />

41


DÉLÉGATIONS<br />

42


DÉLÉGATIONS<br />

43


CEUX QUI…<br />

Ceux qui volontairement<br />

Ceux qui d'office<br />

Ceux qui campagne simple aux T.O.E.<br />

en attendant que ça passe<br />

Ceux qui traquent<br />

Ceux qui détraquent<br />

Ceux qui half-traquent<br />

Ceux qui pitonnent<br />

Ceux qui bétonnent<br />

Ceux qui bobonnent<br />

Ceux qui déconnent<br />

Ceux qui biberonnent<br />

Ceux qui ouvrent la route et qui ont juste le droit<br />

de la fermer<br />

Ceux qui l'ancre au calot<br />

Ceux qui l'encre au stylo<br />

Ceux qui donnent des ordres<br />

Ceux qui les transmettent en les améliorant<br />

Ceux qui se demandent comment les exécuter<br />

Ceux qui se disent qu'on est commandé par des cons,<br />

sans se rendre compte qu'ils pourraient<br />

faire partie <strong>du</strong> haut commandement<br />

Ceux qui cravate verte<br />

Ceux qui cravate noire<br />

Ceux qui aimeraient bien en avoir une<br />

de la couleur de leur burnous<br />

Ceux qui n'ont pas besoin de couleur pour cravater<br />

Ceux qui prennent des armes à l'ennemi<br />

Ceux qui font plutôt des prises d'armes entre amis<br />

Ceux qui au Régiment<br />

Ceux qui à la Brigade<br />

Ceux qui à la Division<br />

Ceux qui au Corps d'Armée<br />

Ceux qui à l'Armée<br />

Ceux qui "à l'assaut"<br />

et qui n'ont rien parce qu'ils se retrouvent<br />

tout seuls<br />

Ceux qui meurent en héros modestes<br />

Ceux qui ne sont ni des héros, ni des modestes,<br />

mais qui ne meurent pas<br />

Ceux qui "Parapluie…ont"<br />

Ceux qui "en avant, vous autres !"<br />

Ceux qui tirent sur tout ce qu'ils voient<br />

Ceux qui tirent sur tout avant de voir<br />

Ceux qui ont compris<br />

et qui se couchent en voyant arriver la Marine<br />

Ceux qui se planquent<br />

même là où la Marine ne vient pas<br />

Ceux qui chinoise<br />

Ceux qui viêtnamienne<br />

Ceux qui cambodgienne<br />

Ceux qui laotienne<br />

Ceux qui vénérienne<br />

Ceux qui plieuse de parachutes<br />

pour avoir la solde à l'Air<br />

Ceux qui se contentent<br />

d'amours masculines ancillaires<br />

Ceux qui base arrière<br />

Ceux qui semaine anglaise<br />

Ceux qui boissons glacées<br />

Ceux qui rue Paul Bert<br />

Ceux qui croix de guerre avec palme<br />

pour n'avoir pas hésité à se rendre en<br />

zone dangereuse<br />

Ceux qui ventilateurs et sieste obligatoire<br />

Ceux qui : bureau fermé, repassez demain<br />

Ceux qui veulent pas l' savoir<br />

Ceux qui taxi-girl chinoise<br />

Ceux qui le Bal de l'<strong>Amicale</strong><br />

Ceux qui ont un séjour pénible…<br />

Et il y a :<br />

Ceux qui deux ans de poste<br />

Ceux qui patrouille d'ouverture<br />

Ceux qui réparation de la digue<br />

Ceux qui les pieds dans l'eau et la tête au soleil<br />

Ceux qui rôle <strong>du</strong> Chef de poste<br />

Ceux qui opération cacahuète<br />

Ceux qui seront relevés dans six mois<br />

et attendent encore à dix<br />

Ceux qui cabane bambou<br />

Ceux qui droppent la diguette<br />

Ceux qui vingt-quatre heures sur vingt-quatre<br />

Ceux qui alerte de nuit<br />

Ceux qui font tout avec rien<br />

Ceux dont on ne parle pas<br />

Parce qu'il n'y a rien à en dire<br />

ou peut-être rien à dire<br />

ou peut-être alors trop à dire<br />

mais qu'on gratifiera d'une médaille coloniale<br />

avec agraphe "Extrême- Orient"<br />

ou "Deux ans de bons et loyaux services<br />

en béton"<br />

Je n'en sais rien… et ne veux rien savoir<br />

car au fond c'est une chance d'être de<br />

Ceux qui font encore un effort<br />

Ceux qui ont de la chance de faire des économies<br />

et puis c'est normal qu'il y ait<br />

Ceux qui sèment et<br />

Ceux qui récoltent<br />

Ceux qui jouent et<br />

Ceux qui regardent.<br />

Ecrit le 14 août 1952<br />

par le Lieutenant André GAITTE<br />

tué au combat le 6 décembre 1952<br />

à YEN BINH (TONKIN)

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!