You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
foto Roberto ROGNONI<br />
Fiche technique<br />
Scène 8x8 m<br />
Gril non nécessaire<br />
Obscurité totale<br />
Puissance électrique 15 kw<br />
Montage 4h<br />
Durée 90 min<br />
Genre théâtre d’acteur<br />
QUELLI DI GROCK<br />
Via Emanuele Muzio 3<br />
20124 Milano - Italie<br />
Tel. +39 02.66988993<br />
Fax +39 02.6690173<br />
www.quelli<strong>di</strong>grock.it<br />
international@quelli<strong>di</strong>grock.it<br />
DESCRIPTION ARTISTIQUE<br />
Le romancier et essayiste Alfred Jarry, connu surtout comme le créateur du<br />
masque grotesque de Père <strong>Ubu</strong> - partage avec ses amis du groupe “Mercure<br />
de France” l’esthétisme décadent et le style symbolique, très élevé, mais il s’en<br />
<strong>di</strong>stingue par un esprit comique mordant capable de saisir la réalité avec une<br />
plume extrêmement caricaturale.<br />
Le personnage de <strong>Ubu</strong> <strong>Roi</strong> est une marionnette monstrueuse. Jarry la présenta<br />
dans la pièce éponyme jouée une première fois en 1896 au Théâtre de l’Œuvre et<br />
déjà, elle fut considérée comme annonciatrice du théâtre de l’Absurde. <strong>Ubu</strong> <strong>Roi</strong><br />
reste un événement qui marque nettement la rupture entre le théâtre naturaliste<br />
et le nouveau théâtre symbolique, c’est essentiellement une paro<strong>di</strong>e sarcastique<br />
et grotesque sur le monde des puissants. C’est une œuvre désacralisante,<br />
révolutionnaire, dépourvue de tout psychologisme, qui a brisé les règles du théâtre<br />
romantique bourgeois.<br />
<strong>Ubu</strong> est un personnage anormal qui révèle la déroutante nu<strong>di</strong>té du mécanisme<br />
<strong>di</strong>ctatorial et totalitaire dans lequel la <strong>di</strong>mension héroïque et obscure du prince<br />
machiavélique <strong>di</strong>sparaissent pour révéler toute la vacuité infantile et féroce de la<br />
violence des rapports de pouvoir. A travers la trahison et le massacre de la famille<br />
royale, Père <strong>Ubu</strong> – avide, sans mé<strong>di</strong>tation, cruel, goinfre, lâche sans pudeur et traitre<br />
sans remords – élimine physiquement, et avec beaucoup de légèreté, toute la<br />
noblesse, la finance, la magistrature, passant ainsi d’obscure personnage à noble<br />
Polonais. À partir du moment où il les a exterminés, il pense certainement avoir<br />
tué quelques coupables et peut ainsi endosser tranquillement le costume austère<br />
de l’homme moral et normal. Cependant, le Père <strong>Ubu</strong> n’est pas d’une stature<br />
que l’on peut définir de normale. Il renferme avant tout sous cette corpulence le<br />
symptôme le plus explicite de son ascendance inconnue; sur son ventre est peinte<br />
la cible provocatrice qui est la destination finale de toutes ses convoitises.<br />
Les personnages qui font irruption sur scène sont des antihéros, caricaturaux,<br />
grotesques, contra<strong>di</strong>ctoires, un genre de race sous-humaine qui se <strong>di</strong>stingue<br />
aussi du reste de l’humanité par son esprit comique mordant. Le jeu grotesque<br />
des acteurs, leur présence physique, le ton fabuleux, la rythmique de pantin, la<br />
mécanisation du corps nous ont permis de pénétrer dans le monde de Jarry avec<br />
légèreté et esprit lu<strong>di</strong>que, sans cependant oublier l’actualité dramatique des<br />
thèmes que la pièce affronte: la guerre, la séduction du pouvoir, la mégalomanie,<br />
la course aux armes.