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foto Roberto ROGNONI<br />
Père <strong>Ubu</strong>: Diavolo,<br />
madre <strong>Ubu</strong>. Non<br />
capisco che cosa tu stia<br />
<strong>di</strong>cendo.<br />
Mère <strong>Ubu</strong>: Sei talmente<br />
stupido! Ma chi ti<br />
impe<strong>di</strong>sce <strong>di</strong> massacrare<br />
tutta la famiglia reale e<br />
prendere il loro posto?<br />
Capitaine Bordure: Stia<br />
in guarda, Padre <strong>Ubu</strong>.<br />
E’ re da cinque giorni<br />
ed ha commesso più<br />
omici<strong>di</strong> <strong>di</strong> quanti ne<br />
occorrano per dannare<br />
tutti i santi del para<strong>di</strong>so.<br />
Il sangue del re e dei<br />
nobili grida vendetta<br />
e le sue grida saranno<br />
ascoltate.<br />
Bougrelas: Avanti amici<br />
miei! Ora che quella<br />
strega <strong>di</strong> Madre <strong>Ubu</strong> se<br />
ne è andata, aiutatemi<br />
a rimettere sul trono <strong>di</strong><br />
Polonia la <strong>di</strong>nastia dei<br />
miei avi. Lanciate pietre!<br />
Lanciate pietre, amici<br />
miei! Saltiamo il fossato e<br />
la vittoria sarà nostra!<br />
NOTE DE MISE EN SCENE<br />
Aujourd’hui encore, après l’avoir affronté, mis en scène, <strong>di</strong>géré et métabolisé,<br />
l’<strong>Ubu</strong> <strong>Roi</strong> d’Alfred Jarry reste en nous en nous laissant la sensation d’avoir<br />
traversé un fleuve en crue, d’avoir fait un tour de montagnes russes, d’avoir<br />
été enseveli sous une avalanche (c’est ce que nous font ressentir Père <strong>Ubu</strong> et<br />
sa bande de malfrats).<br />
Les personnages de ce drame, représentés par des masques monstrueux,<br />
amoraux et féroces sont avides, capricieux, grotesques et caricaturaux -<br />
autant qu’un être humain puisse devenir horrible, autant que la séduction<br />
du pouvoir soit irrésistible, la mégalomanie dévastante et autant que, suivant<br />
cette logique, le conflit, la bataille, la guerre soient l’unique stratégie possible<br />
pour détruire l’ennemi et être les seuls à gouverner le monde. Et si tout cela<br />
ne suffisait pas, on peut toujours abandonner le camp et fuir, quoi qu’il en soit,<br />
pour sauver au moins sa peau.<br />
Nous voici donc aux prises avec un texte d’une provocation extraor<strong>di</strong>naire, pour<br />
celui qui l’interprète et pour le spectateur, et qui encore malencontreusement<br />
parle de nous et de notre modernité. C’est cela qui nous a motivé le plus pour<br />
mettre en scène <strong>Ubu</strong> <strong>Roi</strong>, mais également les grandes possibilités de jeu des<br />
acteurs et de la mise en scène que la pièce offre.<br />
Le jeu des acteurs, en effet, car les personnages expriment de nombreuses<br />
émotions <strong>di</strong>fférentes, ils changent sans cesse de <strong>di</strong>rection, ils sont exagérés<br />
dans leurs expressions infantiles, ils sont agressifs et doux en même temps,<br />
traîtres et malhonnêtes, mais aussi ingénus et poétiques, tout aussi ironiques<br />
et spirituels qu’ils sont tragiques et dramatiques. En fait, nous avons à faire à<br />
des personnages qui forment un ensemble de bribes d’histoires, un recueil de<br />
“choses”, un monde d’ordures, une décharge magique.<br />
Magique, exactement comme la scénographie que nous avons choisi pour<br />
faire vivre le drame, composée d’objets, de canapés, de chaises, de matelas,<br />
de parapluies, d’escaliers, de matériel de recyclage, qui, en l’occurrence<br />
deviennent le château, le trône, l’intérieur de la maison, le char d’assaut, la<br />
barque, la grotte, la colline sur laquelle ils grimpent, dans un jeu imaginaire.<br />
Justement, il s’agit d’un jeu pataphysique, au cri du “tout est possible” où<br />
acteurs et objets travaillent ensemble dans une transformation irrépressible de<br />
soi et de l’espace, en vagabondant dans des lieux réels et métaphoriques, en<br />
s’amusant et en nous amusant à raconter un mélodrame, mais qui ressemble<br />
beaucoup plus à une paro<strong>di</strong>e, à un farce où la force du drame ne se manifeste<br />
pas dans la pièce, mais dans l’inquiétante réalité qui nous entoure. C’est pour<br />
cela qu’il est bon de rire avec <strong>Ubu</strong> <strong>Roi</strong>, avant de pleurer lorsqu’on se rend<br />
compte que, bien que la pièce ait été jouée une première fois en 1896, nous<br />
sommes toujours entourés de tyrans crapuleux.<br />
En donnant à notre mise en scène une atmosphère fabuleuse, un ton lu<strong>di</strong>que<br />
et estu<strong>di</strong>antin, à nos acteurs un rythme de pantin et de masques grotesques,<br />
nous pensons pouvoir restituer la beauté d’un texte icône pour ceux qui<br />
connaissent cette pièce, un pièce qui reste encore étrangère à la majeur<br />
partie du public.<br />
Susanna Baccari et Clau<strong>di</strong>o Orlan<strong>di</strong>ni